Bayrou doit partir

« Delenda Carthago » (attribué à Caton l’Ancien, circa 150 AC)

Dans son effort désespéré de se maintenir au pouvoir malgré un rejet généralisé des citoyens, la macronie est en train de nous offrir son n-ième psychodrame. Voici François Bayrou qui se prend pour Henri IV et s’imagine qu’il peut encore rallier les Français derrière un panache blanc qu’on devine bien défraîchi. De toute évidence, cela ne marche pas. Et cela ne marche pas pour des raisons que nos commentateurs médiatiques, obsédés par la politique au jour le jour mais indifférents à l’histoire, omettent d’évoquer.

Bayrou nous parle avec des trémolos dans la voix de l’abîme qui s’ouvre devant nous. La dette, dit-il, finira par nous étouffer. Il faut de toute urgence faire des sacrifices. Il faut, nous dit-on, réduire la dépense publique de 44 Md€ en 2026, et ce n’est qu’un début. Et tous ceux qui ne veulent pas l’accepter sont des irresponsables qui mettent en danger l’avenir du pays.

La situation est-elle si grave qu’il le dit ? Je ne sais pas, et du point de vue institutionnel cela n’a pas beaucoup d’importance. S’il suffisait à un homme politique de dire la vérité pour être suivi par l’opinion, cela se saurait. Non, pour être écouté, pour susciter l’adhésion, il faut d’abord être crédible. Et la crédibilité n’est pas seulement attachée au discours lui-même, mais à la personne qui le prononce. Elle tient à une trajectoire, à la continuité et la cohérence entre ce que l’on dit et ce que l’on fait. Et de ce point de vue, François Bayrou n’est certainement pas l’homme de la situation. Car si notre premier ministre a fait de la réduction de l’endettement l’un des leitmotivs de ses discours passés – surtout quand il était dans l’opposition – il a systématiquement soutenu, quand il n’a pas été membre, des gouvernements qui ont eu une gestion pour le moins laxiste des finances publiques.

Admettons un instant que notre premier ministre dise vrai, que la situation du pays soit véritablement catastrophique et que des coupes radicales sur la dépense soient nécessaires. La première question qui se pose à un observateur intelligent est de savoir comment on en est arrivé là. Car les maux qui nous accablent ne résultent pas d’une malédiction divine ou d’une catastrophe naturelle. On ne peut rendre responsable à titre principal le COVID, par exemple, puisque d’autres pays semblables au nôtre s’en sortent nettement mieux en matière de dette publique, qu’ils soient ou non dans l’Euro ou l’UE d’ailleurs (1). Non, ces maux résultent de choix politiques, et tout particulièrement des choix politiques faits depuis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. Depuis cette date, le moins qu’on puisse dire est qu’on a géré le budget de l’Etat avec une certaine insouciance. Les notes des hauts-fonctionnaires de Bercy qui ont fuité dans la presse après le départ de Bruno Le Maire montrent d’ailleurs que les membres du gouvernement qui ont piloté cette politique étaient parfaitement au courant de ses effets, et qu’ils ont choisi sciemment de ne pas en tenir compte. Et ces choix politiques ne sont pas non plus attribuables à « l’irresponsabilité » des oppositions. Pendant cinq ans, Emmanuel Macron a disposé d’une majorité massive à l’Assemblée nationale qui lui permettait aux gouvernements successifs de faire ce que bon leur semblait sans craindre une censure.

François Bayrou, il ne faut jamais l’oublier, a été l’un des premiers soutiens d’Emmanuel Macron lorsque celui-ci songe à se présenter à l’élection présidentielle. Après son élection, il fut un soutien constant de ses gouvernements successifs. Pas une seule fois, pendant la période du macronisme triomphant, il n’a pris le ton apocalyptique qu’il utilise depuis qu’il est premier ministre pour dénoncer la dérive des comptes publics. Commissaire général au plan, il avait tout loisir – c’était même sa fonction – de tirer la sonnette d’alarme, et pourtant on ne trouve aucun rapport sous sa plume expliquant qu’on va dans le mur. Non, pour notre Béarnais, tout allait très bien, madame la marquise, du temps où Macron pouvait encore distribuer postes et prébendes, et qu’il ne faisait pas bon jouer les Cassandres. On en déduit que son discours catastrophiste d’aujourd’hui reflète moins la situation économique du pays que le contexte personnel de celui qui le prononce.

Mais quelle que soit la situation, quand on fait partie du problème on ne peut pas faire partie de la solution. Quand bien même François Bayrou dirait vrai aujourd’hui, quand bien même on serait au bord du précipice, quand bien même il serait nécessaire de se serrer la ceinture à hauteur de 44 Md€, quand bien même il serait prêt à rompre avec la doxa macroniste qui, et les faits sont là, a consisté à dépenser sans compter, François Bayrou serait très mal placé pour le faire. S’il faut aujourd’hui une rupture avec les politiques des dix ou vingt dernières années, il est ridicule de confier cette rupture à ceux-là mêmes qui ont été les plus fidèles soutiens de ces politiques quand ils ne les ont pas conduites elles-mêmes.

En politique, les symboles sont essentiels. Peut-on changer de politique sans changer les personnes qui la portent et l’incarnent ? Est-ce que ceux qui ont défendu jusqu’à l’absurde la gestion des finances publiques façon Le Maire peuvent obtenir la confiance du public pour en porter une autre façon de gérer ? Ont-ils la légitimité pour nous demander de nous serrer la ceinture, eux qui ont desserré la leur ? Je ne le pense pas. Pour que le changement de politique soit crédible, il faut un changement de personnel. Mais justement, et c’est là le problème, le personnel en question est cramponné à ses postes comme la moule à son rocher, et n’a aucune envie de céder sa place.

L’instabilité politique qu’on constate aujourd’hui est la conséquence logique d’un péché originel, dont Bayrou est en large mesure co-responsable : celui de ne pas vouloir reconnaître qu’une politique – et par conséquent l’équipe qui l’a portée – a échoué. Sous Hollande d’abord, sous Macron ensuite, cela fait plus de dix ans qu’on met en œuvre avec une parfaite constance la « politique de l’offre » dans le cadre fixé à Bruxelles. Eh bien, à l’issue de cette période d’essai fort raisonnable, le temps est venu d’en faire le bilan. Non seulement ce choix est rejeté par une majorité de Français, ce qui après tout peut être le résultat d’une « mauvaise pédagogie » ou de facteurs subjectifs, mais surtout il se traduit objectivement – et c’est un macroniste aussi distingué que François Bayrou qui le constate – par la poursuite de la désindustrialisation du pays et par des déséquilibres majeurs, que ce soit dans les finances publiques ou dans la balance commerciale. Des déséquilibres tellement forts qu’ils menacent, nous dit-il, la souveraineté de notre pays. C’est donc un macroniste de la première heure qui constate, même s’il ne le dit pas en ces termes, que les choix économiques de son idole conduisent au désastre. La logique voudrait donc qu’on change de politique – et avec elle le personnel chargé de la conduire. Mais les macronistes ne veulent pas se rendre à cette réalité. Ils veulent donc combattre les déséquilibres budgétaires sans remettre en cause ni la politique qui les a provoqués, ni l’équipe qui l’a conduite. Comment dans cette condition le gouvernement pourrait-il compter sur la confiance des citoyens ?

C’est pourquoi les tentatives de notre premier ministre de passer par-dessus les partis en faisant appel au peuple pour qu’il fasse pression sur ses élus ont peu de chance de succès. Tout comme ses ouvertures vers l’opposition sur le mode « tout est négociable ». Les politiciens ont beau avoir la mémoire courte, personne n’a oublié comment les socialistes se sont fait avoir – et c’est un euphémisme – lorsqu’ils ont accepté de laisser passer la loi de finances 2025 en échange d’un « conclave » sur les retraites où, déjà, « tout était négociable ». Pour découvrir rapidement qu’avec le passage des semaines, le périmètre des choses « négociables » se réduisait progressivement, jusqu’à se limiter aux sujets sur lesquels le MEDEF était prêt à discuter, autrement dit, rien. Il y a fort à parier que la « négociation » sur la loi de finances se réduira à la parodie de débat à laquelle les macronistes nous ont habitués depuis 2017, à savoir, tout le monde a le droit de s’exprimer, et ensuite on fait ce que Macron avait décidé préalablement.

On associe souvent le mot « centriste » avec une certaine flexibilité intellectuelle, une capacité de compromis qui serait absente chez les extrêmes. Mais c’est là une idée fausse. Le « centrisme » sert les intérêts d’un groupe social, et devient intransigeant dès que les intérêts de ce groupe sont menacés, tout autant que le RN ou LFI. Macron, cité en exemple lors de son élection pour son supposé pragmatisme et ses non moins supposées capacités à trouver des compromis, s’est révélé dans l’exercice du pouvoir comme l’un des présidents de la Vème République les plus intransigeants, les plus idéologues, les moins capables d’admettre la contradiction et d’accepter une véritable négociation. Et Bayrou est de la même étoffe.

Ce dernier coup de poker le montre d’ailleurs. Plutôt que de discuter avec les différents groupes parlementaires pour aboutir à une loi de finances susceptible d’être acceptée à défaut d’être votée, il se met dans la position infantile du gosse qui dans la cour de récréation crie « on joue comme je veux, ou alors je ne joue plus ». Et comme cela arrive dans la cour de récréation, le plus probable est que cela aboutisse à le voir bouder tout seul dans son coin, pendant que les autres enfants jouent sans lui (2).

François Bayrou nous explique aujourd’hui que le renverser serait « irresponsable ». Il utilise l’image du bateau qui fait eau de toutes parts. Mais il omet de nous dire que si le bateau est en train de couler, c’est parce que le capitaine Macron et son second Bayrou l’ont conduit sur les rochers. Dans cette situation, se défaire de ces officiers, loin de constituer un acte « irresponsable », semble être la première chose à faire. Notre premier ministre représente jusqu’à l’absurde l’indécence de ce « bloc central » qui, ayant échoué sur tous les plans – politique, économique et même moral – prétend se perpétuer au pouvoir envers et contre tout. Sanctionné dans les urnes, sanctionné par les indicateurs économiques, il continue à faire la leçon au monde entier, et notamment au petit peuple à qui il demande de se serrer la ceinture pour prévenir la catastrophe qu’il a lui-mêmes provoqué par son action. Les dirigeants de ce bloc central ont l’outrecuidance de nous menacer sur le mode « c’est nous ou le chaos » et de tancer « d’irresponsables » ceux qui ne leur font pas confiance.  Cette indécence doit cesser. François Bayrou, c’est le symbole même de la continuité dans l’erreur. Il n’aurait jamais dû être nommé à Matignon. Aujourd’hui, il doit partir.

Descartes

(1) Ainsi, par exemple, la Grande Bretagne atteint à peine les 100% de son PIB, l’Allemagne se trouve à 81%, alors que la France se trouve à 111%. En Europe, seules l’Italie et la Grèce sont plus endettées que nous…

(2) Je fais là preuve d’une particulière bienveillance, parce que l’attitude de Bayrou pourrait avoir une autre explication, bien moins flatteuse. Celle qui consiste à penser que François Bayrou a réalisé que « l’enfer de Matignon » est en train d’user impitoyablement son image, et que de rester au pouvoir ne peut que compromettre une candidature en 2027 à laquelle il songe chaque matin en se rasant. Aucun premier ministre sortant n’a réussi une campagne présidentielle. Il est donc impératif de quitter rapidement Matignon pour se refaire une virginité. Et quelle meilleure manière de quitter le navire que de se construire une image du capitaine de tempête cherchant à sauver la France et se voyant renversé par des oppositions « irresponsables » ?

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65 réponses à Bayrou doit partir

  1. cdg dit :

    Bayrou va partir car je vois pas comment il pourrait avoir un vote positif. Mais pour une fois qu on a un politicien qui ne fait pas tout pour conserver son poste, on devrait plutot le feliciter (je n oublie pas que Bayrou ministre de l education nationale avait ete un modele d immobilisme)
    Pour l ambiton de 2027 j ai quand meme des doutes. je sais que n importe qui actuellement en reve en se disant que “sur un malentendu ca peut marcher” (cf les bronzes) mais c est fini l epoque ou Chirac se fait elire face a Le Pen sans faire campagne avec 80% des voix. Par exemple Melanchon ou De Villepin, en admettant qu ils atteigent le second tour, ont de forte chance de perdre
    Quant a Bayrou, outre son age deja avancé il vient de rajouter un clou en attaquant son socle electoral a la TV avec sa tirade sur les boomers (c est quand meme le seul electorat qui votait encore a 40% macron aux dernieres elections!)
    Si on doit apres Bayrou mettre au pouvoir une equipe qui n a aucune responsabilite dans le desastre actuel il y a :
    – LFI (en excluant PS et les ecologistes au pouvoir avec Hollande): support populaire plus que limite et programme irrealiste comme vous l avez ecrit. Soit Melanchon se renie comme son modele Mitterrand (la fameuse rupture avec le capitalisme) et on obtient une politique economique proche de Macron soit il reste fidele a son programme et on va rejoindre le Venezuela
    – RN: Comme je l avait deja ecrit ici, j ai lu le livre de Bardella : comme son parti il n a aucune idee a mettre en oeuvre. Penser qu on va redresser les finances de la France en luttant contre la fraude et les gaspillages est risible
     
    La source de notre probleme est notre modele social. Il a ete concu en 45, a une epoque ou les jeunes etaient nombreux, travaillaient tous a 18 ans (et souvent avant). A l autre extremite, les gens touchaient une retraite faible a 65 ans (quand ils y arrivaient) et avaient le bon gout de mourir a 70.
    Maintenant les jeunes sont peu nombreux, les retraités sont souvent parti avant 60 avec des pensions si elevees que leur taux d epargne est de 20 % (cf INSEE) . Evidement ca coince. 
    Apres savoir qui sera capable de resoudre le probleme est une autre question. J en vient a souhaiter une victoire d un incapable (RN ou LFI peu importe) qui plantera l economie pour pouvoir repartir sur des bases saines. Mais entre le crash et le redemarrage il y aura au moins 20 ans. Pire le redemarrage n est pas garanti (cf Maduro au Venezuela)

    • Descartes dit :

      @ cdg

      [Bayrou va partir car je ne vois pas comment il pourrait avoir un vote positif. Mais pour une fois qu’on a un politicien qui ne fait pas tout pour conserver son poste, on devrait plutôt le féliciter (je n’oublie pas que Bayrou ministre de l’éducation nationale avait été un modèle d’immobilisme)]

      Je ne vois aucune raison de féliciter un politicien du seul fait qu’il a choisi de se suicider. Ce n’est pas pour cela qu’on le paye.

      [Pour l’ambition de 2027 j’ai quand même des doutes.]

      Vos doutes portent sur le fait qu’il ait envie de se présenter ? Ou sur le fait qu’il ait des chances d’être élu ?]

      [je sais que n’importe qui actuellement en rêve en se disant que “sur un malentendu ça peut marcher” (cf les bronzes) mais c’est fini l’époque ou Chirac se fait élire face à Le Pen sans faire campagne avec 80% des voix.]

      Mais l’époque où Macron se fait élire face à Marine Le Pen malgré son bilan au deuxième tour avec 58% des voix, elle dure toujours. Et je pense que pour Bayrou, 51% des voix suffiraient largement à le combler… Le fait est que, quand on regarde la qualité des leaders politiques aujourd’hui, n’importe qui ou presque peut se dire « pourquoi pas moi ». Si Attal, Bardella ou Bompard peuvent se rêver un destin national, pourquoi pas Bayrou ?

      [Quant à Bayrou, outre son âge déjà avancé il vient de rajouter un clou en attaquant son socle électoral a la TV avec sa tirade sur les boomers (c’est quand même le seul électorat qui votait encore à 40% macron aux dernières élections !)]

      Je ne vous ai pas dit que Bayrou ait une chance d’être élu, je vous dis qu’il a envie de se présenter. Ce n’est pas du tout la même chose. Après, si l’on suppose que Marine Le Pen ne gagnera pas la prochaine présidentielle – et je pense qu’il y a des chances qu’elle soit encore battue – il faudra bien que quelqu’un d’autre gagne. Et franchement, j’ai du mal à trouver un nom qui me semble être beaucoup mieux placé que Bayrou…

      [– LFI (en excluant PS et les écologistes au pouvoir avec Hollande): support populaire plus que limite et programme irréaliste comme vous l’avez écrit. Soit Mélenchon se renie comme son modèle Mitterrand (la fameuse rupture avec le capitalisme) et on obtient une politique économique proche de Macron soit il reste fidele a son programme et on va rejoindre le Venezuela]

      Cette hypothèse est peu crédible. Je ne doute pas que Mélenchon arrivé au pouvoir ferait une politique de centre, avec ici ou là quelques actes symboliques, comme le fit Mitterrand. Mais étant donné sa posture, je ne vois pas comment Macron pourrait le nommer à Matignon. Mélenchon ne peut arriver au pouvoir que par une élection présidentielle. Peut-être une personnalité LFI compatible mais plus modérée serait envisageable ?

      [– RN: Comme je l’avais déjà écrit ici, j’ai lu le livre de Bardella : comme son parti il n’a aucune idée à mettre en œuvre. Penser qu’on va redresser les finances de la France en luttant contre la fraude et les gaspillages est risible]

      Là encore, faut-il croire qu’une fois arrivé au pouvoir il appliquerait ce programme – ou plutôt, si j’en crois votre commentaire, son « non programme » ? Je n’en suis pas convaincu. Mais là encore on voit mal Macron nommer Bardella – ou quelque autre personnalité du RN – à Matignon. Comme pour Mélenchon, un coup de volant aussi radical ne peut venir que d’une élection présidentielle – ou peut-être législative.

      Mais il y a d’autres options. Celle qui me semble la plus crédible aujourd’hui, c’est un gouvernement de techniciens non-macronistes, dirigé par un vieux sage ayant une expérience consistante des institutions mais rangé des voitures et peu marqué politiquement (Fabius ?).

      [La source de notre problème est notre modèle social.]

      Surprise, surprise… le fait qu’on ait transféré 10% de la richesse nationale du travail vers le capital n’est pas « la source de nos problèmes ». La désindustrialisation – mot poli pour désigner le déplacement du capital ver les pays où l’on peut exploiter l’environnement et les hommes sans limite ou presque – n’est pas la « source de nos problèmes ». Non, tout, absolument tout, vient de notre « modèle social »…

      [Il a été conçu en 45, a une époque ou les jeunes étaient nombreux, travaillaient tous a 18 ans (et souvent avant). A l’autre extrémité, les gens touchaient une retraite faible a 65 ans (quand ils y arrivaient) et avaient le bon gout de mourir a 70. Maintenant les jeunes sont peu nombreux, les retraités sont souvent partsi avant 60 avec des pensions si élevées que leur taux d’épargne est de 20 % (cf INSEE). Evidement ça coince.]

      Malthusianisme, quand tu nous tiens… Oui, les actifs sont moins nombreux… mais dites, la productivité du travail n’a pas, elle aussi, évolué ces quatre-vingts dernières années ? Combien de valeur produit un actif aujourd’hui ? Entre 1945 et aujourd’hui, le PIB a été multiplié – en dollars constants – par 8. Autrement dit, a égalité de prélèvements nous aurions huit fois plus d’argent pour financer notre modèle social qu’en 1945. Et cela malgré la désindustrialisation, malgré la baisse du nombre d’enfants, malgré le chômage de masse. Imaginez-vous de ce dont on disposerait si l’on n’avait pas perdu nos industries, si tout le monde était au travail, si tout le monde payait ses cotisations. Et vous pensez que « la source de nos problèmes est notre modèle social » ?

      La « source de nos problèmes » est que le capital emporte une tranche de plus en plus importante de la valeur produite, et qu’il refuse de verser sa part de contribution au pot. Après, bien sûr, on peut toujours se chercher des boucs émissaires chez les pauvres, et taper sur « le modèle social ».

      Mais revenons aux pensions, que vous trouvez si généreuses. Imaginons que demain on les réduise. Je pense par exemple à ma mère, qui a une toute petite pension. Si elle baissait, est-ce que je la laisserais se morfondre avec le chauffage coupé ? Non, bien sûr que non, en bon fils j’augmenterai la part de mon propre revenu que je consacre à l’aider. Autrement dit, je paierais peut-être moins de cotisations, et plus par transfert bancaire. Sans compter que, prévoyant ma propre retraite, je serai obligé d’épargner une part plus importante de mon salaire pour me préparer. En quoi cela change radicalement les choses ? Ah oui : la différence est que tous les voisins de ma mère, qui n’ont pas la chance d’avoir un fils riche, devront couper le chauffage…

      [Apres savoir qui sera capable de résoudre le problème est une autre question. J’en vient à souhaiter une victoire d’un incapable (RN ou LFI peu importe) qui plantera l’économie pour pouvoir repartir sur des bases saines.]

      Et c’est quoi les « bases saines » ?

      • cdg dit :

         
        [Je ne vois aucune raison de féliciter un politicien du seul fait qu’il a choisi de se suicider. Ce n’est pas pour cela qu’on le paye.]
        Certes, mais ca change quand meme des politiciens dont le seul objectif est d arriver au pouvoir puis de s y cramponner comme une moule a son rocher. Qu importe si ca signifie ne rien faire ou planter le pays
        [Vos doutes portent sur le fait qu’il ait envie de se présenter ? Ou sur le fait qu’il ait des chances d’être élu ?]
        Les 2. Comme je l ai ecrit, si vous voulez vous presenter et etre elu, vous devez soigner votre base electorale. Vous imaginez Melanchon critiquer les «jeunes de banlieue» ? C est exactement ce qu a fait Bayrou en critiquant les boomers qui sont le gros de l electorat macroniste. Et meme si Bayrou n est pas tres bon en math, il sait que les jeunes ne pesent rien electoralement (27 % du corps electoral et en plus ils s abstiennent massivement). Donc troquer un electorat nombreux qu on a pour des electeurs hypothetiques et peu nombreux c est quand meme pas la recette ideale pour etre elu
         
        [Mais l’époque où Macron se fait élire face à Marine Le Pen malgré son bilan au deuxième tour avec 58% des voix, elle dure toujours.]
        Passer de 80 % sans reelle campagne avec chirac a 58 % signifie que la tendance est mauvaise. Certes un De Villepin ou Melanchon pensent pouvoir triompher mais ils pensent pouvoir se presenter en homme neuf, sans le passif macroniste. Ce qui est pas le cas de Bayrou
        [Après, si l’on suppose que Marine Le Pen ne gagnera pas la prochaine présidentielle – et je pense qu’il y a des chances qu’elle soit encore battue]
        Personellement j en doute. Ca depend evidement des candidats (face a Melanchon elle gagne sans probleme. Un Attal ou Phillippe ne passent eux meme pas le premier tour)
        Et n oubliez pas qu on peut avoir une surprise aussi cote RN avec l inegibilite de MLP. Bardella fera un meilleur score que MLP car il est moins connoté
        [Je ne doute pas que Mélenchon arrivé au pouvoir ferait une politique de centre]
        Je pense aussi que Melenchon est un escroc qui ne pense mot de ce qu il dit mais imaginez qu on se trompe, ou que Melanchon se mette a croire a ce qu il raconte …
        [Mais il y a d’autres options. Celle qui me semble la plus crédible aujourd’hui, c’est un gouvernement de techniciens non-macronistes, dirigé par un vieux sage ayant une expérience consistante des institutions mais rangé des voitures et peu marqué politiquement (Fabius ?).]
        Le probleme de cette hypothese c est que ca signifie que l immobilisme continue et qu aucun probleme de la France n est regle. Pas sur que ca soit la meilleure chose a faire de rester sur place pendant 2 ans alors que tout le monde bouge
        Pour information, l economie de la france repose sur 3 secteurs : l aeronautique, l automobile et le luxe. Le luxe a de gros problemes (pas uniquement les droits de douane de Trunp. En chine les createurs chinois ont le vent en poupe. Le prochain Chanel est peut etre chinois). L automobile est en voie de disparition. Non seulement on produit plus en France mais en plus on a loupe le virage de l electrique et du vehicule autonome. Reste l aeronautique qui survit encore mais il serait grand temps de trouver un autre secteur porteur avant de subir le sort de l egypte : grande civilisation mais c etait il y a longtemps
        [Oui, les actifs sont moins nombreux… mais dites, la productivité du travail n’a pas, elle aussi, évolué ces quatre-vingts dernières années ? Combien de valeur produit un actif aujourd’hui ? Entre 1945 et aujourd’hui, le PIB a été multiplié – en dollars constants – par 8. Autrement dit, a égalité de prélèvements nous aurions huit fois plus d’argent pour financer notre modèle social qu’en 1945]
        On a déjà evoque ce point. Je vais pas reecrire ce que j ai déjà ecrit. Mais il suffit de regarder autour de nous. La France est en concurrence avec le monde entier (en 45 la Chine par ex etait hors course). Si on met toute la valeur ajoutee dans notre fameux modele social alors que les autres pays investissent dans la recherche, les universités, l IA, les voitures autonomes …. on peut pas s etonner qu au final on soit largué
        Je vous conseille de lire le debut de https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_gouvernement_2025_cle07a761.pdf
        Vous y apprenez qu entre 1995 et maintenant le nombre de francais installe a l etranger a augmente de … 95 %. On parle pas ici de pépés qui vont se faire dorer au soleil du maroc mais de jeunes qui vont travailler et donc produire et developper un autre pays (vous lirez dans le rapport que les francais inscrit au consulat sont plus jeunes que ceux resident en france et les pays d expatriation sont pas vraiment des pays pour se dorer la pilule).
        [Mais revenons aux pensions, que vous trouvez si généreuses. Imaginons que demain on les réduise.]
        Cet été j ai eut l occasion de voir ma famille en Savoie. Un de mes oncles a du decouvrir cet été combien gagnait son petit fils qui vit a Paris. Ce qui a donné une discussion assez interessante sur les revenus des divers personnes a la table ce jour la. On est pas dans le petit retraité qui economise sur le chauffage, certains emargeaient a plus de 3000 sans avoir eut une carriere phenomenale (mais cumul de sa pension + reversion). Pour l oncle en question, la pension est inferieure a 1000 mais c est son budget tiercé. Il avait le sens des affaires et de la chance (il a revendu son affaire avant les JO d albertville a un prix inespere car a l epoque tous pensaient que les JO allaient etre l affaire du sciecle)
        Et ma famille n est pas une exception : https://www.boursorama.com/immobilier/credit/actualites/andre-et-rosalie-sont-retraites-et-souhaitent-acheter-une-residence-secondaire-4d4424f2c5af8b0072b13f5bc4f0b869
         
        [Je pense par exemple à ma mère, qui a une toute petite pension. Si elle baissait, est-ce que je la laisserais se morfondre avec le chauffage coupé ? Non, bien sûr que non, en bon fils j’augmenterai la part de mon propre revenu que je consacre à l’aider.]
        Actuellement c est l inverse, c est les grand parents qui doivent donner de l argent a leurs petit fils comme mon oncle. C est super motivant de ne pas pouvoir vivre de son travail a 35 ans. Et je vous retourne la question, vous faites comment si votre grand pere n avait pas la bosse du commerce ?
        Ma proposition n est pas d affamer les retraités qui vivent chichement mais de plafonner les retraites (2000 €/mois ?) et de faire que ceux ci doivent vendre une partie du capital s ils veulent se faire des extras
        [Et c’est quoi les « bases saines » ?]
        Saines veut dire qu on hypotheque pas l avenir pour entretenir un systeme dysfonctionnel. Apres on peut differer sur le nouveau systeme. Personnellement je serai pour un systeme ou l etat serait limite et ne subventionnerai pas a droite ou a gauche (je suis pas naif il y a aussi des entreprises qui vivent des subventions etatiques et disparaitraient sans). Voyez ca comme la france des annees 60 ou la Suisse actuellement. Mais d autres modeles sont possibles
         
         

        • Descartes dit :

          @ cdg

          [« Je ne vois aucune raison de féliciter un politicien du seul fait qu’il a choisi de se suicider. Ce n’est pas pour cela qu’on le paye. » Certes, mais ça change quand même des politiciens dont le seul objectif est d’arriver au pouvoir puis de s’y cramponner comme une moule a son rocher. Qu’importe si ca signifie ne rien faire ou planter le pays.]

          Oh, vous savez, il y a d’autres exemples. Prenez par exemple Sarkozy. Il était confortablement installé au ministère de l’Intérieur, et il est parti de son propre chef. Même chose pour Macron, qui quitta le ministère de l’Economie alors qu’il aurait pu y rester un an de plus… le fait que ces départs soient le résultat d’un calcul de carrière n’a, bien entendu, aucun rapport avec la question…

          Je pense que vous accordez à Bayrou le bon dieu sans confession. Je pense que ses motivations sont bien moins désintéressées que vous ne les faites, et qu’il est persuadé de sa capacité à obtenir un vote positif de l’Assemblée – et il l’obtiendra peut-être, vous savez, « souvent socialiste varie/bien fol qui s’y fie ». Sans compter avec les méchantes langues qui prétendent que tout ça est une manœuvre pour partir le front haut de Matignon pour pouvoir se présenter en 2027.

          [« Vos doutes portent sur le fait qu’il ait envie de se présenter ? Ou sur le fait qu’il ait des chances d’être élu ? » Les 2. Comme je l’ai écrit, si vous voulez vous présenter et être élu, vous devez soigner votre base électorale. Vous imaginez Mélenchon critiquer les « jeunes de banlieue » ? C’est exactement ce qu’a fait Bayrou en critiquant les boomers qui sont le gros de l’électorat macroniste.]

          Vous raisonnez comme si les politiciens faisaient en toute occasion le choix optimal, comme s’ils n’étaient pas sujets à l’erreur. Ce n’est pas le cas. On peut vouloir se présenter et se tirer une balle dans le pied par erreur. Et il est clair que Bayrou lui-même pense avoir fait une erreur : s’il avait vraiment dit ce qu’il voulait dire, alors il persisterait et signerait. Ce n’est pas le cas, il ne lui a fallu que quelques heures pour rétropédaler. Pourquoi le faire, si comme vous le pensez, il n’a aucune envie de se présenter à une élection plus tard ou de rester à Matignon ?

          [« Mais l’époque où Macron se fait élire face à Marine Le Pen malgré son bilan au deuxième tour avec 58% des voix, elle dure toujours. » Passer de 80 % sans reelle campagne avec chirac a 58 % signifie que la tendance est mauvaise.]

          Pas forcément. Vous analysez comme si l’électorat était un tout homogène, et que le départ de certains électeurs du camp macroniste en anonçait d’autres. Mais ce n’est pas forcément le cas. En 2002, Chirac pouvait encore compter avec un contingent important de voix venus des couches populaires (que ce soit à travers la gauche ou à travers le parti gaulliste, qui tous avaient encore une certaine implantation populaire). Ce bloc a été perdu, et son départ fait passer le « front républicain » de 80% à 58%. Mais une fois que ce bloc est parti, cela n’annonce nullement que d’autres prendront le même chemin (c’est la logique même du « plafond de verre »). On ne peut donc pas parler d’une « tendance »…

          [Certes un De Villepin ou Mélenchon pensent pouvoir triompher mais ils pensent pouvoir se présenter en homme neuf, sans le passif macroniste. Ce qui n’est pas le cas de Bayrou]

          Aujourd’hui, certainement pas. Mais dans deux ans, avec le profil de l’homme « raisonnable » qui voulait sauver la France et que les « affreux » ont foutu dehors, on peut s’interroger. On peut faire oublier pas mal de choses en deux ans – pensez à Sarkozy ou à Macron, qui ont quitté le bateau deux ans avant la présidentielle…

          Personnellement, je ne pense pas que Bayrou ait beaucoup de chances de se faire élire. Il est trop vieux, il est trop impulsif et n’a pas les nerfs solides – la sortie sur les « boomers » le montre – et surtout il n’a pas d’autre projet que la « rigueur éternelle ». On a vu ce que cela a donné avec Fillon. Les Français, j’en suis convaincu, sont parfaitement capables de sacrifices. Mais il faut leur présenter un objectif désirable – comme ce fut le cas lors du plan Rueff.

          [« Après, si l’on suppose que Marine Le Pen ne gagnera pas la prochaine présidentielle – et je pense qu’il y a des chances qu’elle soit encore battue » Personnellement j’en doute. Ça dépend évidemment des candidats (face à Mélenchon elle gagne sans problème. Un Attal ou Phillippe ne passent eux même pas le premier tour)]

          Dans les sondages, oui. Mais j’ai trop de mémoire pour avoir oublié qu’avant chaque élection les solutions « radicales » sont largement surévaluées par les sondages faits longtemps avant l’élection. En 2002, six mois avant l’élection Chevènement était donné à 12%, il ne fera même pas la moitié. En 2022, Zemmour était donné lui aussi à deux chiffres…

          Un an avant l’élection, les Français aiment bien rêver d’un changement radical. Mais lorsqu’on s’approche du scrutin, le « bon sens paysan » – nom élégant de la trouille – reprend le dessus, et le jour du vote on se rabat sur les mauvais connus plutôt que sur les bons à connaître. Même contre Mélenchon, je ne suis pas persuadé que les Français soient prêts à sauter le pas. Après tout, Mélenchon est un ancien socialiste trotsko-mitterrandien, et on sait ce que deviennent les discours radicaux de ces gens une fois installés au pouvoir. Ceux qui ont un peu de mémoire se souviendront que Mélenchon était un partisan ardent du traité de Maastricht, qu’il était membre du gouvernement Jospin et qu’il n’a pas eu la mauvaise idée de démissionner quand ce gouvernement prit des mesures clairement antipopulaires. Son gouvernement serait probablement désastreux de mon point de vue, mais c’est un désastre connu, pas très différent de celui de Hollande – ou de Macron. Marine Le Pen et Bardella, c’est vraiment le saut dans l’inconnu… et nos concitoyens détestent cela. En France on aime les révolutions, mais on déteste les changements.

          C’est pourquoi je suis très sceptique sur une victoire du RN en 2027, et d’autant plus sceptique que le candidat ne serait pas Marine Le Pen, mais Jordan Bardella…

          [Et n’oubliez pas qu on peut avoir une surprise aussi cote RN avec l’inéligibilité de MLP. Bardella fera un meilleur score que MLP car il est moins connoté]

          Si le fait d’être « connoté » chasse certains électeurs, c’est aussi cela qui en attire d’autres. MLP n’est pas seulement l’héritière de son père. C’est aussi la figure qui a porté la conversion du RN au social-souverainisme. Et c’est cette conversion qui explique largement les succès du RN ces dernières années, avec la conquête de nombreuses circonscriptions traditionnellement ouvrières – dont le fief même de Marine Le Pen, Hénin-Beaumont. Le discours de Bardella, plus proche de la droite convertie au néolibéralisme, attirera peut-être quelques électeurs de droite, mais risque d’aliéner l’électorat populaire dans lequel le RN est devenu dominant. Je ne suis pas persuadé que le bilan soit positif. A mon avis, Bardella fera un score inférieur à ce que ferait Marine Le Pen. Et je ne parle même pas des qualités humaines des deux candidats…

          [« Je ne doute pas que Mélenchon arrivé au pouvoir ferait une politique de centre » Je pense aussi que Mélenchon est un escroc qui ne pense mot de ce qu’il dit mais imaginez qu’on se trompe, ou que Mélenchon se mette à croire à ce qu’il raconte …]

          Vous voulez dire, qu’il décroche de son cœur le portrait de Mitterrand ? Allons… quand on voit la violence avec laquelle il réagit à la moindre remise en cause du « vieux », on a du mal à imaginer qu’il puisse croire un instant ce qu’il dit par ailleurs…

          [« Mais il y a d’autres options. Celle qui me semble la plus crédible aujourd’hui, c’est un gouvernement de techniciens non-macronistes, dirigé par un vieux sage ayant une expérience consistante des institutions mais rangé des voitures et peu marqué politiquement (Fabius ?). » Le problème de cette hypothèse c’est que ça signifie que l’immobilisme continue et qu’aucun problème de la France n’est réglé. Pas sûr que ça soit la meilleure chose à faire de rester sur place pendant 2 ans alors que tout le monde bouge]

          Je suis d’accord avec vous – même si nous différons sérieusement sur ce qui devrait changer pour que les « problèmes de la France » soient réglés. Mais je ne prétends pas décrire la meilleure solution, tout juste la plus « crédible »… et elle est « crédible » justement parce qu’elle correspond à l’esprit du temps, qui est celui « du chien crevé au fil de l’eau ». Le fait est que personne dans les partis de gouvernement ne propose un projet crédible et attractif, au nom duquel on pourrait demander à nos concitoyens de faire des sacrifices. Dans ces conditions, leur réaction est « surtout ne changeons rien tant qu’on peut continuer ». Ils sont encouragés dans cette attitude par des politiques qui, depuis vingt ans, prédisent périodiquement une catastrophe qui ne se produit jamais. Fillon nous avait expliqué en 2017 que « le pays était en faillite ». Depuis dix ans plus tard, on continue comme si de rien n’était, et la faillite on l’attend toujours. Comment voulez-vous que les gens croient ceux qui avertissent du danger alors qu’ils ont crié si souvent au loup pour faire accepter des soi-disant « réformes » au bénéfice exclusif de leur classe sociale ?

          [Pour information, l’économie de la France repose sur 3 secteurs : l’aéronautique, l’automobile et le luxe. Le luxe a de gros problèmes (…)]

          Inutile d’essayer de me convaincre de l’urgence à faire quelque chose, j’en suis convaincu par avance – même si, je précise, mes propositions ne coïncident certainement pas avec les vôtres.

          [Mais il suffit de regarder autour de nous. La France est en concurrence avec le monde entier (en 45 la Chine par ex était hors course). Si on met toute la valeur ajoutee dans notre fameux modele social alors que les autres pays investissent dans la recherche, les universités, l’IA, les voitures autonomes …. on peut pas s’étonner qu’au final on soit largué]

          Autrement dit, si je suis votre logique, la seule façon de ne pas se faire « larguer », c’est de réduire le niveau de vie de nos travailleurs à celui des indiens ou des chinois, seule manière de dégager la valeur ajoutée à investir dans la recherche, les universités, l’IA ou les voitures autonomes. Admettons. Mais quel est l’intérêt de « ne pas être largué » dans ces conditions ? Si le prix pour « ne pas être largué » est d’être misérable – alors que d’autres se gavent, parce que qui touche les bénéfices de tout cet « investissement dans la recherche, les universités, l’IA, les voitures autonomes » si le prix à payer est la démolition du modèle social – quel est l’intérêt ? A la rigueur, il vaut mieux être « largué » et profiter pendant qu’on peut.

          Je vous conseille de lire le début de (…) Vous y apprenez qu entre 1995 et maintenant le nombre de français installe à l’étranger a augmenté de … 95 %.]

          Je n’ai pas trouvé de comparaison avec le pourcentage de Britanniques, d’Américains, d’Allemands, d’Espagnols qui s’installent à l’étranger.

          [On parle pas ici de pépés qui vont se faire dorer au soleil du maroc mais de jeunes qui vont travailler et donc produire et developper un autre pays (vous lirez dans le rapport que les francais inscrit au consulat sont plus jeunes que ceux resident en france et les pays d expatriation sont pas vraiment des pays pour se dorer la pilule).]

          Lorsqu’on regarde le document, les conclusions que vous tirez sont loin d’être évidents. La distribution des âges montre que les plus de 60 ans représentent une fraction importante (16%) des immatriculés, alors que les 41 ans et plus représentent pratiquement la moitié. Les jeunes (18 à 25 ans) ne représentent qu’un immatriculé sur dix. C’est donc une migration de gens âgés et expérimentés…

          J’ajoute que si le nombre d’immatriculés – dont le rapport indique qu’il ne reflète que très imparfaitement le nombre de Français installés à l’étranger – a doublé depuis 1995, il évolue très peu depuis les années 2010. Ce qui tend à aller contre votre idée implicite selon laquelle les Français émigreraient en masse à la recherche de meilleures conditions économiques.

          Cela étant dit, je vais me répéter encore une fois : je ne vous ai jamais dit que la situation ne soit pas sérieuse, qu’il ne faille pas faire des choses – y compris des sacrifices – pour remettre sur pied notre économie, notre recherche, notre éducation. Mais je ne crois pas un instant qu’on puisse vendre politiquement un programme ou le sacrifice devient un but en soi. Le sacrifice ne sera accepté que si on peut présenter un projet, une vision de la France demain qui soit à la fois crédible et attractive. Et j’insiste sur « attractive ». Si vous proposez une société où l’on verra quelques Elon Musk empocher les bénéfices d’une économie dynamique en faisant travailler des gens taillables et corvéables à merci, personne ne vous suivra. Et je n’ouvre même pas la discussion de savoir si une telle société est souhaitable.

          [« Mais revenons aux pensions, que vous trouvez si généreuses. Imaginons que demain on les réduise. » Cet été j’ai eu l’occasion de voir ma famille en Savoie. Un de mes oncles a du découvrir cet été combien gagnait son petit-fils qui vit à Paris. Ce qui a donné une discussion assez intéressante sur les revenus des diverses personnes à la table ce jour-là. On n’est pas dans le petit retraité qui économise sur le chauffage, certains émargeaient a plus de 3000 sans avoir eu une carrière phénoménale (mais cumul de sa pension + reversion).]

          Pour avoir 3000 euros par mois, il faudrait avoir eu une carrière complète, sans périodes de chômage, et avoir un salaire terminal de l’ordre des 6000 euros par mois (le taux de couverture des pensions aujourd’hui est de l’ordre de 45%). Ce qui vous met assez proche du premier centile en termes de rémunération (7200 €/mois).

          [Pour l’oncle en question, la pension est inferieure a 1000 mais c’est son budget tiercé. Il avait le sens des affaires et de la chance (il a revendu son affaire avant les JO d’Albertville a un prix inespéré car a l’époque tous pensaient que les JO allaient être l’affaire du siècle)]

          Autrement dit, il coute 1000 € aux caisses de retraite. Le fait qu’il ait par ailleurs une fortune digne de Cresus ne change rien à l’affaire. Et il vous faut penser à tous ceux qui ont une pension de 1000€ et qui n’ont pas de fortune par ailleurs. Tiens, je vous fais une proposition : au lieu de réduire la pension, on peut taxer l’argent « des affaires et de la chance ». Comme ça, on peut réduire les revenus de votre oncle sans pour autant toucher ceux qui n’ont en tout et pour tout que leur retraite…

          [Et ma famille n’est pas une exception : (…)]

          Je ne vois pas comment d’un article qui présente un exemple imaginaire vous pouvez déduire que « votre famille n’est pas une exception ». L’exemple donné est tout à fait exceptionnel : pour avoir une retraite de 4200 € par mois, il a fallu au couple avoir un salaire terminal total supérieur à 8400 € par mois. A votre avis, combien de ménages ont ce montant de revenus ?

          Moi, je regarde le cas de mes parents. Ma mère a, entre sa propre pension et sa pension de réversion, 1100 € par mois. Elle est propriétaire de son appartement (35m2 dans un arrondissement périphérique de Paris), et quelques économies qu’elle garde « en cas de malheur ». Elle paye 300 € de charges par mois (chauffage compris), 50 € d’électricité, 100 € de mutuelle, 50 € d’internet/téléphone. Cela lui laisse 600 € par mois pour le reste, soit 20€ par jour. Si je ne l’aidais pas, a 94 ans, elle n’aurait pas de quoi se payer une femme de ménage qui vienne l’aider avec le ménage une fois par semaine ou de quoi partir en vacances. Et je pense que son cas est bien plus proche de la généralité que de l’exception.

          [« Je pense par exemple à ma mère, qui a une toute petite pension. Si elle baissait, est-ce que je la laisserais se morfondre avec le chauffage coupé ? Non, bien sûr que non, en bon fils j’augmenterai la part de mon propre revenu que je consacre à l’aider. » Actuellement c’est l’inverse, c’est les grands parents qui doivent donner de l’argent à leurs petit fils comme mon oncle. C’est super motivant de ne pas pouvoir vivre de son travail a 35 ans. Et je vous retourne la question, vous faites comment si votre grand père n’avait pas la bosse du commerce ?]

          Moi, je me suis débrouillé, et le moins qu’on puisse dire est que mon père n’avait pas « la bosse du commerce ». Quant à mon grand-père, le pauvre, il fut ouvrier la première partie de sa vie et, cassé physiquement par l’atelier, installa dans sa banlieue un petit commerce ensuite qui lui donna à peine de quoi vivre. Si j’avais du compter sur des aides ou sur l’héritage…

          Je pense que vous prenez votre cas pour une généralité, alors que c’est l’exception. Le salaire médian en France est de l’ordre des 2300 €, ce qui veut dire que la retraite médiane doit être autour de 1200 €. Les retraités « riches » seront de moins en moins nombreux. Les classes nées entre 1945 et 1955, qui ont peu souffert du chômage et vécu les années de vaches grasses, sont en train de disparaître, les suivantes, celles nées entre 1955 et 1965 sont celles qui se seront pris en pleine gueule le chômage de masse, la forte inflation, les chocs pétroliers, la désindustrialisation, le creusement des inégalités. Parmi eux, vous aurez beaucoup de retraités pauvres.

          [Ma proposition n’est pas d’affamer les retraités qui vivent chichement mais de plafonner les retraites (2000 €/mois ?) et de faire que ceux-ci doivent vendre une partie du capital s’ils veulent se faire des extras]

          Pourquoi pas. Pour avoir la même retraite, je paierai moins de cotisations et plus dans un compte épargne. Qu’est-ce que cela change globalement ? La seule différence, est que j’aurais le choix : je peux décider de vivre mieux ma jeunesse et de ne pas économiser, auquel cas j’aurai une vieillesse plus étriquée, ou l’inverse. Au fond, ce n’est pas une mauvaise idée : si je suis un ouvrier de sexe masculin, et que je sais que mon espérance de vie à la retraite est faible, je peux me permettre d’économiser moins, alors que si je suis une femme cadre supérieur, je serai obligé d’économiser beaucoup plus. Votre système évite le transfert au bénéfice des classes les plus riches, celles qui ont les meilleures espérances de vie. Finalement, c’est assez attractif…

          • cdg dit :

            [Prenez par exemple Sarkozy. Il était confortablement installé au ministère de l’Intérieur, et il est parti de son propre chef.]
            A ma connaissance Sarkozy ministre n a pas attaque son cœur de cible electoral comme l a fait Bayrou avec les boomers. J ignore les motivation de Bayrou mais c est surement pas 2027. Peut être de rester dans l histoire comme Mendes France
            [C’est pourquoi je suis très sceptique sur une victoire du RN en 2027, et d’autant plus sceptique que le candidat ne serait pas Marine Le Pen, mais Jordan Bardella…]
            Au contraire, Bardella passe mieux. Il ne porte pas le nom Le Pen, n est pas associé a JMLP, n a pas déjà 2 echecs a la presidentielle et n a pas les casseroles judiciaires de Marine
            [C’est aussi la figure qui a porté la conversion du RN au social-souverainisme.]
            La conversion est de facade. Vous avez vu le profil du depute RN qui a été pris pour fraude fiscale ?
            [La distribution des âges montre que les plus de 60 ans représentent une fraction importante (16%) des immatriculés, alors que les 41 ans et plus représentent pratiquement la moitié. Les jeunes (18 à 25 ans) ne représentent qu’un immatriculé sur dix. C’est donc une migration de gens âgés et expérimentés…]
            Avant 25 ans vous etes souvent encore etudiant. Et meme si vous vivez a l etranger vous ne vous inscrivez pas au consulat : c est pas obligatoire. Vous le faites quand vous savez que vous aller rester longtemps et qu a un certain moment ca va être complique de renouveler vos papier d identite, si vous voulez vous marier … Personnellement j ai vecu plus de 2 ans en RFA avant de faire les demarches
             
            [Et j’insiste sur « attractive ». Si vous proposez une société où l’on verra quelques Elon Musk empocher les bénéfices d’une économie dynamique en faisant travailler des gens taillables et corvéables à merci, personne ne vous suivra.]
            Je ne propose pas de revenir au moyen age ni meme au XIX mais plutôt a un système proche de la Suisse. Par contre vous soulevez un point important. Il faut que le projet soit attractif. Et ca risque d être complique : nous vivons a credit ce qui veut dire que globalement les francais vivent mieux que ce qu ils devraient. Supprimer ca signifie pour une majorité des francais une chute de niveau de vie (penser qu on va soutenir le niveau de millions de smicards en depouillant B Arnault n est pas sérieux). On va donc avoir des dirigeants qui nient le probleme (dans le monde on avait par ex de articles qui disaient que Bayrou exagere et que la France avait déjà été plus endette. C est vrai mais il y avait eut une guerre mondiale juste avant !). Mais au final la réalité gagne toujours. Et l atterrissage sera encore plus brutal
            [Pour avoir 3000 euros par mois, il faudrait avoir eu une carrière complète, sans périodes de chômage, et avoir un salaire terminal de l’ordre des 6000 euros par mois ]
            Relisez moi.  C est sa pension + reversion. La personne et son ex conjoint étaient loin des 6000 € /mois (secretaire+encadrement subalterne dans une usine). Vu que le depart a la retraite était il y a plus de 20 ans c est difficile de chiffrer les revenus qu ils auraient aujourd hui comme actif mais ca serait au mieux 4500 pour 2 a mon avis
            [Pour l’oncle en question, la pension est inferieure a 1000 mais c’est son budget tiercé. Il avait le sens des affaires et de la chance (il a revendu son affaire avant les JO d’Albertville a un prix inespéré car a l’époque tous pensaient que les JO allaient être l’affaire du siècle)]
            [Tiens, je vous fais une proposition : au lieu de réduire la pension, on peut taxer l’argent « des affaires et de la chance ». Comme ça, on peut réduire les revenus de votre oncle sans pour autant toucher ceux qui n’ont en tout et pour tout que leur retraite…]
            Comment allez vous faire ca ? comment savoir ce qui est du a la chance ?
            La première chance de mon oncle est de s être dispute avec mon grand père. Du coup au lieu de reprendre la ferme et de finir pauvre il est parti alors qu il avait une vingtaine d année (on est au début des annees 50). Comment taxer ca ?
            A un moment il achete des terrains agricoles a une veuve en viager. Coup de chance la veuve meure rapidement et quelques années plus tard certains terrains deviennent constructibles. Il revend le tout ce qui lui permet d acheter un commerce de tabac dans une petite ville perdue. Vous pouvez certes taxer la mais du coup vous le condamnez a rester comme il était
            La petite ville perdue devient une station de ski. Mon oncle etend son commerce et se lance dans la vente de souvenir puis prend des parts dans un supermarché qui vient de se créer. Au bout de 25 ans il revend tout avant les JO d Albertville au moment ou tous pensaient que les JO allaient faire leur fortune.
            Qu est ce qui est la chance ? qu est ce qui est le sens des affaires ? qu est ce qui est le travail ? Car l oncle en question partait régulièrement a 4 h du matin de chez lui pour voir des fournisseurs. Dans le cas normal, il était au travail a 6 pour ouvrir a 7. Le soir il rentrait chez lui vers 20 h
            Pour info la personne qui a rachete tout (sauf les parts du supermarché) a réussit a couler l affaire .
            [Je ne vois pas comment d’un article qui présente un exemple imaginaire vous pouvez déduire que « votre famille n’est pas une exception ».]
            L exemple de l article n est surement pas imaginaire mais doit correspondre a une demande du lectorat de la revue en question
            [pour avoir une retraite de 4200 € par mois, il a fallu au couple avoir un salaire terminal total supérieur à 8400 € par mois.]
            Je doute qu ils avaient de tel montant de revenus. Ils ont a priori juste 500 000 € d epargne (en ayant surement herite de leurs parents). A moins de flamber ou de faire comme l ex directeur de l INA, si vous gagnez 8400/mois a Poitier vous possédez plus qu une maisonnette et 500 000 € a la soixantaine  
            {[Ma proposition n’est pas d’affamer les retraités qui vivent chichement mais de plafonner les retraites (2000 €/mois ?) et de faire que ceux-ci doivent vendre une partie du capital s’ils veulent se faire des extras]
             Finalement, c’est assez attractif…}
            Ravi de le lire mais hélas ca ne sera jamais mit en œuvre vu l impact electoral
             
             

            • Descartes dit :

              @ cdg

              [« Prenez par exemple Sarkozy. Il était confortablement installé au ministère de l’Intérieur, et il est parti de son propre chef. » A ma connaissance Sarkozy ministre n’a pas attaque son cœur de cible électoral comme l’a fait Bayrou avec les boomers. J’ignore les motivations de Bayrou mais ce n’est surement pas 2027. Peut-être de rester dans l’histoire comme Mendes France.

              Je vais encore une fois utiliser le rasoir d’Occam. Je ne pense pas que Bayrou ait « attaqué son cœur de cible » dans une démarche réfléchie. Je pense que, comme souvent chez lui, il a fait un lapsus. En cherchant démagogiquement à capter les jeunes, il ne s’est pas rendu compte qu’il se mettait à dos les vieux. Et ce qui confirme cette interprétation, c’est que devant la marée des réactions il n’a pas tenu la position, mais a immédiatement rétropédalé en essayant de dire qu’il n’avait pas dit ce qu’il avait dit. Ce que Mendes-France n’aurait certainement pas fait.

              Je doute que Bayrou ait beaucoup de soucis quant à sa place dans l’histoire – qui lui est déjà réservée je pense sous la rubrique « nuisibles ». Pour lui, la question de la dette a toujours été une manière de se distinguer, de se faire passer par un politique « sérieux » tenant un « langage de vérité » au milieu des guignols. C’est pourquoi il nous fait ce numéro chaque fois qu’il veut se singulariser… et qu’il s’en dispense quand il est proche du pouvoir. Est-ce qu’il a tiré la sonnette d’alarme quand il était Commissaire au Plan – et c’était alors son boulot de le faire ? Non. Mais depuis qu’il est Premier ministre il a tout à coup découvert que la situation est critique et qu’il faut agir sans tarder. Curieux, vous ne trouvez pas, cette prise de conscience tardive…

              Non, Bayrou nous réédite une technique qu’il a utilisé systématiquement tout au long de sa carrière : le chantage. Il a toujours navigué dans le marigot de la politique n’on pas en étant une force positive, mais en menaçant les uns et les autres d’user de son pouvoir de nuisance. Il a essayé avec Sarkozy – qui n’y a pas cru. Il a essayé avec Hollande, et ça n’a pas marché. C’est comme ça qu’il a imposé à Macron sa nomination au Plan puis à Matignon. Et il recommence aujourd’hui, avec son discours « si vous me renversez, ce sera la crise institutionnelle et économique ». Le problème, c’est que personne ne semble y croire…

              [« C’est pourquoi je suis très sceptique sur une victoire du RN en 2027, et d’autant plus sceptique que le candidat ne serait pas Marine Le Pen, mais Jordan Bardella… » Au contraire, Bardella passe mieux.]

              « Passe mieux » auprès de qui ? Auprès des commentateurs médiatiques, certainement. Auprès des classes intermédiaires friquées, sans doute. Mais quid des électeurs d’Hénin-Beaumont ou de Florange ? Parce que c’est à ces derniers que le RN doit la remontada du RN ces dernières années, et c’est un électorat fragile, qui peut revenir vite à l’abstention s’il se sent délaissé.

              [Il ne porte pas le nom Le Pen, n’est pas associé à JMLP, n’a pas déjà 2 échecs a la présidentielle et n’a pas les casseroles judiciaires de Marine]

              Je pense que vous vous trompez dans votre analyse. Prenons les « deux échecs à la présidentielle ». Elle n’est pas la seule dans ce cas : Chirac était dans la même situation (1981 et 1988) et cela ne l’a pas empêché de se faire élire en 1995. Je doute que cela soit retenu contre elle. Quant au nom « Le Pen », il est un repoussoir pour certains… mais un attracteur pour d’autres. C’est cela qui a permis à MLP de verser dans le « social souverainisme » de Philippot sans pour autant perdre les électeurs traditionnels du RN. Bardella aura beaucoup plus de mal à tenir les deux bouts ensemble. Quant aux « casseroles judiciaires », cela n’a jamais empêché un candidat de se faire élire. Souvenez-vous de Jacques Médecin. En France, la justice n’a pas un prestige tel que le fait d’être condamné soit un véritable handicap. Les Français ont une vision assez réaliste du monde. Ils savent parfaitement que tous les partis politiques, sans exception, utilisent toutes les ficelles pour se financer. La différence est que certains sont condamnés, et d’autres pas. Le Parlement européen est beaucoup plus prompt à poursuivre une Le Pen qu’un Bayrou, par exemple, et les juges beaucoup plus sympas à l’heure du verdict. Je vous rappelle qu’un certain Jacques Chirac a pu être investi président de la République alors que ses comptes de campagne étaient irréguliers et qu’il aurait du être déclaré inéligible…

              [« C’est aussi la figure qui a porté la conversion du RN au social-souverainisme. » La conversion est de façade. Vous avez vu le profil du député RN qui a été pris pour fraude fiscale ?]

              Je ne vois pas le rapport. En quoi les actes d’un individu – humain et donc faillible – vous permet de déduire que la conversion à telle ou telle idée d’un parti politique serait « de façade » ?

              [« La distribution des âges montre que les plus de 60 ans représentent une fraction importante (16%) des immatriculés, alors que les 41 ans et plus représentent pratiquement la moitié. Les jeunes (18 à 25 ans) ne représentent qu’un immatriculé sur dix. C’est donc une migration de gens âgés et expérimentés… » Avant 25 ans vous êtes souvent encore étudiant.]

              Seulement si vous faites un bac+7, ce qui reste relativement rare.

              [Et même si vous vivez à l’étranger vous ne vous inscrivez pas au consulat : c’est pas obligatoire.]

              Et cela et vrai pour les vieux comme pour les jeunes. Mais il faut être cohérent : si vous me citez une statistique à l’appui de vos dires, vous ne pouvez pas venir ensuite m’expliquer que cette statistique n’est pas représentative.

              [Vous le faites quand vous savez que vous aller rester longtemps et qu a un certain moment ca va être complique de renouveler vos papier d identite, si vous voulez vous marier … Personnellement j ai vecu plus de 2 ans en RFA avant de faire les demarches]

              Je me souviens d’avoir vu passer un papier qui expliquait que cela dépend de la distance. Plus on va loin, et plus on s’inscrit au consulat. Ceux qui vont dans les pays voisins peuvent rentrer facilement en France pour faire leurs démarches administratives et ont facilement des nouvelles. C’est aussi une question de sécurité : plus un pays est classé « dangereux », et plus on a tendance à chercher la protection du consulat. Comme vous, j’ai vécu six ans en Grande Bretagne… et je ne me suis jamais inscrit.

              [« Et j’insiste sur « attractive ». Si vous proposez une société où l’on verra quelques Elon Musk empocher les bénéfices d’une économie dynamique en faisant travailler des gens taillables et corvéables à merci, personne ne vous suivra. » Je ne propose pas de revenir au moyen âge ni même au XIX mais plutôt à un système proche de la Suisse.]

              Je crains que vous soyez affecté par le syndrome du chercheur : ce qui marche bien à l’échelle du laboratoire ne marche pas nécessairement à l’échelle industrielle. Un petit pays, fait de communautés enclavées, que personne ne menace et dont la neutralité est rentrée dans les mœurs, et qui en plus est un paradis financier et fiscal depuis des siècles est un cas très particulier, qu’on imagine mal pouvoir étendre à un pays comme la France.

              [Par contre vous soulevez un point important. Il faut que le projet soit attractif. Et ca risque d être complique : nous vivons a crédit ce qui veut dire que globalement les Français vivent mieux que ce qu’ils devraient.]

              Qu’ils « devraient » selon quel critère ? Ici, vous mélangez des considérations économiques avec des considérations morales. Non, les Français ne vivent pas « mieux qu’ils ne devraient ». Par ailleurs, ce n’est pas parce qu’on consomme plus qu’on « vit mieux ». Vous pouvez dire, oui, que les Français consomment qu’ils ne produisent. Mais de là à dire qu’ils « vivent mieux » que ce qu’ils « devraient » il y a un pas. Pourquoi pas « mieux qu’ils ne méritent », puisqu’on y est.

              Deuxième remarque, vous parlez des « Français » comme s’ils constituaient un tout homogène. Mais ce n’est pas le cas. CERTAINS Français ont un niveau de consommation très largement supérieur à ce qu’ils produisent. Mais de là à conclure que c’est le cas de TOUS les Français, il y a un fossé à franchir…

              [Supprimer ça signifie pour une majorité des français une chute de niveau de vie (penser qu’on va soutenir le niveau de millions de smicards en dépouillant B Arnault n’est pas sérieux).]

              Si vous prenez le « niveau de vie » au sens de l’INSEE, c’est-à-dire, comme un indicateur lié à la capacité à consommer, oui. Mais il n’y a pas que l’argent dans la vie. La sécurité, la confiance dans l’avenir, la qualité de la sociabilité, l’environnement, la culture, tout cela n’est pas comptabilisé dans le « niveau de vie », mais fait partie de la « qualité de vie ». Un projet qui fait baisser le « niveau de vie » au sens économique mais qui fait remonter la « qualité de vie » peut parfaitement être désirable.

              Par ailleurs, je suis d’accord que prétendre soutenir le niveau de vie de millions de smicards en dépouillant B Arnault n’est pas sérieux. Je l’ai dit souvent sur ce blog : c’est l’effet pyramide. Les riches sont très riches, mais sont très peu nombreux. Par contre, on peut parfaitement soutenir le niveau de vie de millions de smicards en dépouillant en partie les classes intermédiaires…

              [On va donc avoir des dirigeants qui nient le problème (dans le monde on avait par ex de articles qui disaient que Bayrou exagère et que la France avait déjà été plus endette.]

              Parce qu’il n’y a pas de problème. Ou du moins, il n’y en a pas pour ceux qui écrivent les articles auxquels vous faite référence. Il ne vous aura pas échappé que cela fait trente ans que l’on s’endette, trente ans qu’on prédit la catastrophe, et rien ne se passe. Il est raisonnable dans ces conditions de se dire que cela tiendra dix, vingt ans de plus. Et après ? Le déluge. Dans le long terme on est tous morts, et notre civilisation individualiste a perdu le sens du long terme.

              Cela fait trente ans qu’on s’endette, et que les Cassandres divers et variés nous expliquent que le ciel va nous tomber sur la tête demain. Et puis, rien ne se passe. Pire, on retrouve quelque temps après les Cassandre en question participant à des gouvernements qui dépensent sans compter, et notamment pour gaver les patrons d’argent – ça s’appelle élégamment « politique de l’offre ». Comment dans ces conditions ne pas conclure que le problème en question est un croquemitaine imaginaire ?

              [Mais au final la réalité gagne toujours. Et l’atterrissage sera encore plus brutal]

              Brutal oui, mais pour qui ?

              [« Pour avoir 3000 euros par mois, il faudrait avoir eu une carrière complète, sans périodes de chômage, et avoir un salaire terminal de l’ordre des 6000 euros par mois » Relisez moi. C est sa pension + reversion. La personne et son ex conjoint étaient loin des 6000 € /mois (secretaire+encadrement subalterne dans une usine). Vu que le départ à la retraite était il y a plus de 20 ans c est difficile de chiffrer les revenus qu’ils auraient aujourd’hui comme actif mais ça serait au mieux 4500 pour 2 à mon avis]

              Je ne comprends pas votre calcul. Le taux de couverture des pensions est de l’ordre de 50%. A supposer que la réversion soit totale (ce qui n’est pas le cas) pour avoir 3000 € (d’aujourd’hui) par mois il aurait fallu que le revenu du couple soit de l’ordre de 6000 € (d’aujourd’hui). Comme la réversion n’est pas totale, il faudrait encore compter sur un revenu supérieur…

              [« Tiens, je vous fais une proposition : au lieu de réduire la pension, on peut taxer l’argent « des affaires et de la chance ». Comme ça, on peut réduire les revenus de votre oncle sans pour autant toucher ceux qui n’ont en tout et pour tout que leur retraite… » Comment allez-vous faire ça ? comment savoir ce qui est du a la chance ?]

              Au-delà de la difficulté technique, seriez-vous d’accord sur le principe ?

              [La première chance de mon oncle est de s’être dispute avec mon grand-père. Du coup au lieu de reprendre la ferme et de finir pauvre il est parti alors qu il avait une vingtaine d année (on est au début des annees 50). Comment taxer ca ?]

              Ça ce n’est pas de la chance. Même s’il ne s’était pas disputé avec son père, votre oncle aurait pu refuser de reprendre la ferme. Ca c’est un choix, pas une chance.

              [A un moment il achète des terrains agricoles a une veuve en viager.]

              Avec quel argent ?

              [Coup de chance la veuve meure rapidement et quelques années plus tard certains terrains deviennent constructibles. Il revend le tout ce qui lui permet d’acheter un commerce de tabac dans une petite ville perdue. Vous pouvez certes taxer la mais du coup vous le condamnez a rester comme il était]

              Normalement, cette « chance » est déjà taxée par le biais de l’impôt sur les plus-values immobilières, non ?

              [La petite ville perdue devient une station de ski. Mon oncle étend son commerce et se lance dans la vente de souvenir puis prend des parts dans un supermarché qui vient de se créer. Au bout de 25 ans il revend tout avant les JO d’Albertville au moment où tous pensaient que les JO allaient faire leur fortune.]

              [Qu est ce qui est la chance ? qu est ce qui est le sens des affaires ?]

              Pour moi il n’y a pas lieu de les distinguer. Le « sens des affaires », ce n’est finalement que la chance regardée rétrospectivement. D’autres que votre oncle auront acheté des viagers à d’autres veuves qui ont vécu centenaires, ou bien parié sur des villages qui ne sont pas devenus des stations de ski. Et même si c’est purement aléatoire, on dira de celui qui a fait le « bon » choix qu’il a « le sens des affaires ».

              [qu’est ce qui est le travail ? Car l’oncle en question partait régulièrement a 4 h du matin de chez lui pour voir des fournisseurs. Dans le cas normal, il était au travail a 6 pour ouvrir a 7. Le soir il rentrait chez lui vers 20 h]

              Possible. Mais quid de ceux qui partaient à 4h du matin, qui étaient au travail à 6 heures pour ouvrir à 7, qui rentraient chez eux vers 20h, et qui, parce qu’ils n’ont pas choisi le village qui est devenue une station de ski, ont eu une vie misérable ? En quoi ont-ils « travaillé » moins que votre oncle ? En quoi sont-ils moins « méritants » que lui d’une bonne retraite ?

              [« Je ne vois pas comment d’un article qui présente un exemple imaginaire vous pouvez déduire que « votre famille n’est pas une exception ». » L’exemple de l’article n’est surement pas imaginaire mais doit correspondre à une demande du lectorat de la revue en question]

              Je ne vois pas sur quoi vous vous appuyez pour penser que l’exemple en question correspond à une situation réelle, et encore plus, générale. Parce que pour en déduire que « votre famille n’et pas une exception », il faut que l’exemple en question corresponde à la généralité des cas.

              [« pour avoir une retraite de 4200 € par mois, il a fallu au couple avoir un salaire terminal total supérieur à 8400 € par mois. » Je doute qu ils avaient de tel montant de revenus.]

              C’est une simple question de taux de couverture. Si vous avez un revenu de 5000 € par mois en tant qu’actif, et qu’à votre départ à la retraite votre pension est de 4000 €, cela fait un taux de couverture de 80%. Et cela, j’ai le regret de vous le dire, n’existe pas. Aujourd’hui, le taux de couverture des pensions oscille entre 40 et 50%. Autrement dit, pour avoir 4200 € par mois de pension il vous faudrait un salaire terminal entre 8.200 € et 10.500 €

              [Ravi de le lire mais hélas ça ne sera jamais mis en œuvre vu l’impact électoral]

              Je ne vois pas pourquoi l’impact serait négatif. Les bénéficiaires d’une telle réforme (les couches populaires, dont les retraites atteignent rarement 2000 €/mois) seraient bien plus nombreuses que les perdants (les classes intermédiaires). Je ne crois pas que le problème soit « l’impact électoral ». C’est surtout que cela revient à affronter les classes intermédiaires, et donc à fracturer le bloc dominant…

  2. Gautier Weinmann dit :

    Bayrou, acteur central de la scène, voire Machiavel en puissance (avec des ambitions supposées pour 2027) ? Qui peut le croire ?
     
    La réalité, c’est que Macron est bien l’acteur central de cet épisode. Le Gouvernement n’avait aucun intérêt à solliciter la confiance sans majorité pour cela. C’est une entourloupe du Président, qui, lui, est protégé jusqu’au terme de son mandat et qui a déjà déclarer rester quoi qu’il arrive.
     
    La question de confiance est sollicitée dans le cadre d’une session extraordinaire. Or, le responsable de la convocation du Parlement en session extraordinaire est le Président de la République, et lui seul. C’est le Président qui prend l’initiative de convoquer le Parlement en session extraordinaire. Macron est bien l’acteur central de cette péripétie, même si formellement son Premier ministre a attiré les regards vers lui car c’est lui qui monte au front et endosse la responsabilité.
     
    Bayrou n’a aucun panache, ce blog en a déjà fait mention. Vu son tempérament, il aurait plus surement attendu une éventuelle censure à l’autonome, aux confins du moins de décembre, après des palabres parlementaires interminables et un énième 49-3. Son but était de durer, de faire l’anguille… Macron a scellé son sort bien avant cela.
     
    Il a choisi de faire liquider son Premier ministre et de l’envoyer au casse-pipe dès début septembre, avant même la vraie rentrée parlementaire. Il veut repartir avec du sang frais. C’est sa petite revanche sur le chantage originel exercé par Bayrou à sa nomination : un crime de lèse-majesté qu’il n’a surement pas avalé.
     
    Bayrou a fait de nombreuses gaffes, menti de manière éhonté dans l’affaire Bétharram. Des vidéos sketchs et complètement lunaires circulent de partout sur la toile sur ce pauvre François. Son impopularité est record. Bayrou n’a aucune autorité sur ses ministres. Il est vieux, usé et fatigué. Son cumul avec Pau a fait tache dès le début. Il est foutu. Il n’a jamais été l’homme de la situation. Sa nullité aura été totale, sur le fond comme sur la forme.
    Sous couvert de vote à l’Assemblée nationale, en l’apparence démocratique, c’est bien en fait un acte du Président de la République et lui seul peut prendre cet acte, je me répète, de signer l’arrêt de mort de son Premier ministre par « la grande porte » de l’Assemblée nationale.
     
    La suite ? La suite, c’est un nouveau Premier ministre, plus fringant, meilleur communiquant, à même d’intriguer quelques mois la presse, les commentateurs, et de susciter un peu d’attentisme et de bienveillance des Français. Un Premier ministre sûrement très lié à Macron, et qui lui devra tout, quand Bayrou pouvait avoir un peu d’indépendance vis-à-vis du château.
     
    La suite, aussi, c’est surement un budget un peu moins provocateur. Il faut un personnel neuf, non pas pour « changer de politique » (Macron n’a aucune intention de se dédire), mais pour retirer les mesures symboliques les plus impopulaires (la suppression des jours fériés par exemple ?).
     
    Une dissolution ? Ce n’est pas à écarter. Macron pourrait tenter le coup, dans la mesure où la gauche semble plus divisé qu’au moment de la constitution du NFP (avec une rupture nette de PS-LFI notamment, qui vont se faire concurrence et s’éliminer), et que le RN a pris un coup sur le crâne d’un point de vue judiciaire… la présidente du groupe sortant le plus important, la charismatique Le Pen, ne pourrait même pas candidater en cas de dissolution : cela ne manquerait pas de rejaillir sur l’image de tous les candidats RN.
     
    D’ailleurs, en cas de dissolution, une alliance nette, de premier tour de LR version Retailleau et de LREM pourrait cette fois donner des résultats significativement différents dans de nombreuses circonscriptions. Une campagne législative se gagne parfois à peu de choses, dans telle ou telle circonscription. Il faut se souvenir qu’à la sortie des européennes, cette alliance n’était pas scellée électoralement… Or, elle semble cette fois solide.

    • Descartes dit :

      @ Gautier Weinmann

      [Bayrou, acteur central de la scène, voire Machiavel en puissance (avec des ambitions supposées pour 2027) ? Qui peut le croire ?]

      François Bayrou fait de la politique depuis 50 ans. Il a été proche des cercles du pouvoir pendant presque toute sa carrière, il a été chef de parti, ministre et premier ministre. Il a été candidat à la présidence de la République et a fait un score qui n’a rien de négligeable. Je serais étonné si l’idée de briguer l’Elysée en 2027 ne lui était pas venu, si elle ne lui a été soufflé par ses amis et partisans.

      [La réalité, c’est que Macron est bien l’acteur central de cet épisode. Le Gouvernement n’avait aucun intérêt à solliciter la confiance sans majorité pour cela. C’est une entourloupe du Président, qui, lui, est protégé jusqu’au terme de son mandat et qui a déjà déclarer rester quoi qu’il arrive.]

      Attention de ne pas tomber dans cette forme de manichéisme qui suppose que le monde est organisé par une seule volonté revêtue des attributs de la toute-puissance.

      [La question de confiance est sollicitée dans le cadre d’une session extraordinaire. Or, le responsable de la convocation du Parlement en session extraordinaire est le Président de la République, et lui seul.]

      Pas tout à fait. D’abord, la question de confiance ne peut être posée par le président. La constitution ne lui donne pas cette faculté. Il peut bien entendu refuser de convoquer la session extraordinaire, tout comme il peut refuser en conseil des ministres l’autorisation au Premier ministre de demander un vote de confiance. Mais il ne peut pas forcer le Premier ministre à solliciter un tel vote. Autrement dit, si Bayrou n’avait pas voulu demander un vote de confiance à l’Assemblée, ce vote n’aurait pas eu lieu. Faire de Macron le deus ex machina de cette affaire…

      D’ailleurs, expliquez-moi quel serait pour le président l’intérêt de flinguer son premier ministre ? J’ai beaucoup de mal à croire que Macron ait poussé Bayrou dans cette direction. Je peux même imaginer qu’il ait essayé de l’en dissuader. Il pouvait difficilement lui refuser la convocation de l’Assemblée ou l’autorisation prévue à l’article 49-1. Il aurait risqué une démission assortie de l’accusation de priver son Premier ministre des leviers pour gouverner.

      [Bayrou n’a aucun panache, ce blog en a déjà fait mention. Vu son tempérament, il aurait plus surement attendu une éventuelle censure à l’autonome, aux confins du moins de décembre, après des palabres parlementaires interminables et un énième 49-3.]

      C’est pourquoi la question de la présidentielle me semble la seule explication possible. Je ne vois pas l’intérêt de Macron de le faire partir, et d’ailleurs il n’en avait pas les moyens. Et comme vous le dites, Bayrou n’a aucun panache, aucun souci pour sa place dans l’histoire. C’est pourquoi je pense que son calcul politique est de quitter le plus vite possible une fonction qui de toute évidence le « plombe » dans l’opinion et dont il ne tire politiquement aucun profit, pour redevenir un chef de parti pouvant avoir les plus hautes ambitions.

      [Il a choisi de faire liquider son Premier ministre et de l’envoyer au casse-pipe dès début septembre, avant même la vraie rentrée parlementaire.]

      Sauf que, je vous le répète, il n’en a pas le pouvoir. Vous n’expliquez pas comment Macron aurait pu forcer son premier ministre à demander la confiance à l’Assemblée…

      [Bayrou a fait de nombreuses gaffes, menti de manière éhonté dans l’affaire Bétharram. Des vidéos sketchs et complètement lunaires circulent de partout sur la toile sur ce pauvre François. Son impopularité est record. Bayrou n’a aucune autorité sur ses ministres. Il est vieux, usé et fatigué. Son cumul avec Pau a fait tache dès le début. Il est foutu. Il n’a jamais été l’homme de la situation. Sa nullité aura été totale, sur le fond comme sur la forme.]

      Oui. Et vous oubliez le fameux « conclave », où il a trahi sa parole envers les socialistes, qui ne sont pas près de lui pardonner…

      [La suite ? La suite, c’est un nouveau Premier ministre, plus fringant, meilleur communiquant, à même d’intriguer quelques mois la presse, les commentateurs, et de susciter un peu d’attentisme et de bienveillance des Français. Un Premier ministre sûrement très lié à Macron, et qui lui devra tout, quand Bayrou pouvait avoir un peu d’indépendance vis-à-vis du château.]

      Concrètement, vous pensez à qui ?

      Ce que j’ai essayé de montrer dans mon article est qu’un facteur de la crise actuelle est précisément l’incapacité de la macronie de reconnaître sa défaite, électorale mais aussi économique, incapacité qui se traduit par le refus de changer le personnel politique, de nommer un gouvernement qui ne soit pas composé de personnalités prises parmi les partisans du président. Nommer un « Premier ministre sûrement très lié à Macron » ne peut que prolonger la crise. Avec le risque de compromettre la confiance des financeurs et déclencher une spirale infernale sur la dette.

      Je l’avais dit lors de la nomination de Barnier, et je le pense toujours : seul un Premier ministre capable de se détacher de Macron, de montrer une certaine indépendance – et donc une disponibilité à remettre en cause certaines vaches sacrées du macronisme – a une chance de pouvoir monter un contrat de gouvernement à l’Assemblée qui lui permettre de revenir à une certaine stabilité. Barnier aurait pu jouer ce jeu-là, mais en refusant toute remise en cause de la réforme des retraites il a scellé son sort. Bayrou est trop lié à Macron pour pouvoir jouer ce rôle. J’ignore si Macron lit ce blog – ou si l’un de ses conseillers le fait. Mais si je devais lui donner un conseil, c’est de nommer à Matignon quelqu’un d’aussi éloigné de lui que possible. De préférence un vieux sage, sans ambitions pour la suite, et capable de diriger un gouvernement purement technique dont la fonction serait de tenir la boutique jusqu’en 2027.

      [Une dissolution ? Ce n’est pas à écarter. Macron pourrait tenter le coup, dans la mesure où la gauche semble plus divisée qu’au moment de la constitution du NFP (avec une rupture nette de PS-LFI notamment, qui vont se faire concurrence et s’éliminer), et que le RN a pris un coup sur le crâne d’un point de vue judiciaire… la présidente du groupe sortant le plus important, la charismatique Le Pen, ne pourrait même pas candidater en cas de dissolution : cela ne manquerait pas de rejaillir sur l’image de tous les candidats RN.]

      Quand on regarde la gauche en 2024, on s’aperçoit qu’elle était aussi divisée qu’aujourd’hui. On sortait là aussi d’une « rupture nette » de la NUPES, et d’une campagne électorale européenne pendant laquelle les noms d’oiseau avaient volé – souvenez-vous de ce que Glucksman, chef de la liste PS, avait dit de Mélenchon. Et pourtant, une dizaine de jours ont suffi pour voir tous ces gens derrière la même bannière. Quand l’intérêt commande… et tout le monde à gauche a trop à perdre dans une élection législative pour se permettre la désunion.

      Pour ce qui concerne le RN, Marine Le Pen ne pourra pas être candidate, mais cela n’aura d’effet que sur la circonscription d’Hénin-Beaumont. Pour les autres, rien ne l’empêchera d’aller faire campagne. Au contraire, elle pourra jouer les victimes et dénoncer hautement une cabbale judiciaire. Je ne crois pas que cela puisse affaiblir son score.

      Le risque d’une dissolution, c’est qu’elle affaiblisse le « bloc central » au point qu’aucune majorité ne soit possible sans LFI et sans le RN…

      [D’ailleurs, en cas de dissolution, une alliance nette, de premier tour de LR version Retailleau et de LREM pourrait cette fois donner des résultats significativement différents dans de nombreuses circonscriptions.]

      Différents, mais pas forcément meilleurs. Beaucoup de LREM et de LR ont sauvé leurs sièges grâce au « front républicain ». Or, l’efficacité de ce dernier diminue d’élection en élection. En 2024, le « front républicain » avait bien marché parce que la mémoire des 32% de Bardella aux européennes était dans toutes les têtes, et que les média sont fait monter la mayonnaise d’une éventuelle majorité RN. Ce coup-ci, je doute que cela marche aussi bien.

      Il ne faut pas non plus oublier que si Macron dissolvait l’assemblée, il ne pourra plus le faire jusqu’à la fin de son mandat. En effet, il ne peut pas dissoudre dans l’année qui suit une dissolution, ce qui nous amènerait à septembre 2026. On sera alors trop près de l’élection présidentielle.

      • Gautier Weinmann dit :

        Il me semble que Macron a la faculté de limogeage de son Premier ministre. C’est une tradition dans la Ve République. S’il demande à son Premier ministre sa démission, l’autre s’exécute… Donc à mon sens cette histoire de vote de confiance est un départ élégant voulu par Macron, et non par Bayrou. Il peut se retrancher ainsi sur un choix de la représentation nationale, ce qui est plus commode qu’un simple limogeage.
        Concernant les législatives en cas de nouvelle dissolution, cet article est très informatif :
        https://www.20minutes.fr/politique/4170355-20250830-cas-elections-legislatives-rn-largement-tete-selon-sondage?at_medium=RSS%20feed&at_campaign=ynews&utm_source=yahoo&utm_medium=rss&utm_campaign=news_feed&utm_content=read_more_link%22
        Effectivement, le “front républicain” prend du plomb dans l’aile. La gauche n’est pas en dynamique, ni le camp présidentiel. Le RN est encore très haut et domine la vie politique en terme de puissance électorale, de masse. Il semble bénéficier d’un socle d’un tiers fidèle d’électeurs, sans avoir d’alliés naturels toutefois…
        A suivre dans quelques jours… 

        • Descartes dit :

          @ Gautier Weinmann

          [Il me semble que Macron a la faculté de limogeage de son Premier ministre. C’est une tradition dans la Ve République. S’il demande à son Premier ministre sa démission, l’autre s’exécute…]

          C’est inexact. La question s’était posée lors de la première cohabitation, en 1986. La réponse de l’ensemble des constitutionnalistes a été unanime. L’article 8 de la Constitution dit que « Le Président de la République nomme le Premier ministre. Il met fin à ses fonctions sur la présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement ». Si l’article précise que le président « met fin à ses fonctions sur présentation de sa démission », cela implique qu’il ne peut pas « mettre fin à ses fonctions » alors que cette démission n’a pas été présentée, sans quoi cette phrase n’aurait pas de sens.

          Par ailleurs, contrairement à ce que vous pensez, si le président demande à son premier ministre sa démission, celui-ci n’est nullement tenu de « s’exécuter ». Au point que, selon la tradition orale probablement fausse, De Gaulle demandait à ses premiers ministres lors de leur nomination de signer une démission sans date, de manière de pouvoir les renvoyer le cas échéant…

          [Donc à mon sens cette histoire de vote de confiance est un départ élégant voulu par Macron, et non par Bayrou. Il peut se retrancher ainsi sur un choix de la représentation nationale, ce qui est plus commode qu’un simple limogeage.]

          Mais quel serait son intérêt ? Encore une fois, je ne peux que vous suggérer l’utilisation du rasoir d’Occam. Le renvoi de Bayrou ne résout aucun des problèmes auxquels est confronté Macron. Bayrou apparaît au contraire le mieux à même de défendre l’héritage de Macron, parce qu’ayant été associé à la plupart des mesures prises par les gouvernements successifs depuis 2017, il aurait du mal à se poser en alternative – on l’a bien vu lors du « conclave ». Par ailleurs, vu son âge il n’est pas à priori « présidentiable » et ne cherchera donc pas à se démarquer du président actuel comme le fait par exemple Attal. Dans ces conditions, pourquoi le renvoyer ? Pourquoi se créer le problème de devoir chercher un successeur, qui risque d’être bien mois accommodant, ou de dissoudre l’Assemblée avec la quasi-certitude de se retrouver ans une configuration encore moins favorable ?

          [Concernant les législatives en cas de nouvelle dissolution, cet article est très informatif : (…)]

          Tous les sondages convergent : en cas de dissolution, il y a de grandes chances que les extrêmes (RN mais aussi LFI) progressent au détriment du « bloc central ». Le risque est celui d’une Assemblée où un gouvernement ne pourrait survivre qu’avec le soutien de l’un des deux…

          • Gautier Weinmann dit :

            Avec une cote de confiance à 20 %, F. Bayrou tire E. Macron dangereusement vers les abîmes, et vers une fin de mandat précipitée, piteuse. La question pour le Président n’était plus s’il fallait changer de Premier ministre, mais quand.

            • Descartes dit :

              @ Gautier Weinmann

              [Avec une cote de confiance à 20 %, F. Bayrou tire E. Macron dangereusement vers les abîmes, et vers une fin de mandat précipitée, piteuse.]

              On voit mal le raisonnement. Quand il n’y a pas de majorité parlementaire, les cotes du Président et du Premier ministre ne sont pas corrélées. Et on voit mal comment la disparition de Bayrou pouvait aider Macron à se refaire une santé.

  3. claustaire dit :

    Face au marasme actuel et aux coups de poker menteur, une seule solution démocratique : DISSOLUTION !  Retour au peuple !
    Lui seul sait s’il doit continuer de (se) piétiner au centre d’une impasse… ou chercher une issue, plus à droite ou plus à gauche.
     
     
     

    • Descartes dit :

      @ claustaire

      [Face au marasme actuel et aux coups de poker menteur, une seule solution démocratique : DISSOLUTION ! Retour au peuple !]

      Je ne sais pas. Il est très difficile de prévoir ce que le peuple dirait s’il était à nouveau consulté. Dissoudre aujourd’hui, c’est sauter dans le vide sans être sûr d’avoir un parachute.

  4. MJJB dit :

    le moins qu’on puisse dire est qu’on a géré le budget de l’Etat avec une certaine insouciance. Les notes des hauts-fonctionnaires de Bercy qui ont fuité dans la presse après le départ de Bruno Le Maire montrent d’ailleurs que les membres du gouvernement qui ont piloté cette politique étaient parfaitement au courant de ses effets, et qu’ils ont choisi sciemment de ne pas en tenir compte

     
    “Insouciance”, vraiment ? Ou politique délibérée et mûrement réfléchie ? Bon sang, mais c’est bien sûr ! C’est la bonne vieille politique des caisses vides !… Je suis étonné, choqué, scandalisé ! Vraiment, quelle déception de ma part ! Je n’aurais jamais cru mes gouvernants capable d’une telle fourberie, d’un tel machiavélisme !…

    • Descartes dit :

      @ MJJB

      [“Insouciance”, vraiment ? Ou politique délibérée et mûrement réfléchie ?]

      Je me méfie toujours des explications qui reposent sur un Grand Komplot. Il faut toujours garder son rasoir d’Occam sous la main et prêt à l’utilisation…

      • MJJB dit :

        Personnellement, je trouve la perspective d’un Bruno Le Maire incompétent autrement plus terrifiante, que celle d’un Bruno Le Maire retors et machiavélique au point de se faire passer (à tort) pour un incompétent…

        • Descartes dit :

          @ MJJB

          [Personnellement, je trouve la perspective d’un Bruno Le Maire incompétent autrement plus terrifiante, que celle d’un Bruno Le Maire retors et machiavélique]

          Pas moi. Comme disait un grand leader politique, le meilleur ennemi est l’ennemi idiot.

  5. P2R dit :

    Je pense que le bloc central va tenter de purger Bayrou tout en lui faisant endosser son programme économique a 44mds  d’ « économies » pour placer un nouveau premier ministre qui viendra avec une copie bien moins ambitieuse mais de même nature, et qui par contraste semblera acceptable. J’imagine bien un Lecornu ou Darmanin avec un programme se contentant de raboter 20 ou 25 Mds. Mais même dans cette hypothèse, est-ce que ça passera ? C’est à quitte ou double. 
    L’autre option c’est en effet un gouvernement technique, avec par exemple un Thierry Breton premier ministre, qui par ses différentes saillies médiatiques a pu s’attirer une petite sympathie y compris chez des contempteurs du Macronisme… cependant, un gouvernement technique sera tenu de faire des choix politiques lors du budget, et il semble absolument exclu, tant que Macron sera président, d’envisager un changement de cap économique, je suis d’accord avec vous. 
    Dans tous les cas Macron va jouer son va-tout av c une de ces deux solutions, mais si le nouveau PM est censuré lors du budget, on évitera pas la dissolution. Avec les mêmes effets ? Pas sûr. La gauche se rappellera du refus de Macron de nommer un PM NFP après les précédentes législatives, ce qui me semble être un clou dans le cercueil du Front Républicain. Sans compter que du côté du bloc central, on peut être tenté de faire le pari de laisser la place de PM au RN histoire de le dégonfler avant les présidentielles et d’espérer rafler la mise en 2027. 
    mon pronostic est donc celui-ci: PM Macron compatible nommé dans la foulée après Bayrou, censuré en décembre lors de l’examen du budget, dissolution + législatives donnant une majorité au RN, auquel la Macronie mettra tous les bâtons possibles dans les roues au niveau institutionnel en espérant une crise économique, tandis que la gauche s’en donnera à cœur joie dans les rues et les cités, les uns pouvant aborder 2027 sous la bannière du parti de l’ordre et de la stabilité économique (je compte sur eux pour oser), les autres sous celle de la révolution contre le fascisme. Et tout le monde est content. 

    • Descartes dit :

      @ P2R

      [Je pense que le bloc central va tenter de purger Bayrou tout en lui faisant endosser son programme économique a 44 mds d’ « économies » pour placer un nouveau premier ministre qui viendra avec une copie bien moins ambitieuse mais de même nature, et qui par contraste semblera acceptable.]

      De toute façon, ne nous voilons pas la face, dès lors qu’on exclut toute politique ambitieuse de relance de la production et de transfert du revenu du capital vers le travail – qui supposerait des changements profonds dans les priorités, et sinon une sortie de l’Union européenne au moins une révision très sérieuse de nos rapports avec elle – il ne reste plus qu’une solution : faire des économies sur les services publics et sur les transferts, c’est-à-dire, sur le niveau de vie des plus modestes.

      Le bloc central a toujours été plus ou moins malthusien. Même s’il a enfourché le cheval néolibéral de la « politique de l’offre » – qui, du moins en théorie, implique une relance de la production – au fond de lui-même il n’y croit pas vraiment. Et on le voit bien : écoutez les discours « centristes », et vous reviendrez toujours à l’idée qu’il faut que l’Etat soit géré comme on gère un ménage. Et il n’y a aucune raison que cela change, parce que cette idéologie malthusienne est celle des couches sociales qui forment sa base électorale.

      [J’imagine bien un Lecornu ou Darmanin avec un programme se contentant de raboter 20 ou 25 Mds. Mais même dans cette hypothèse, est-ce que ça passera ? C’est à quitte ou double.]

      Je ne pense pas que cela se joue sur le chiffre. Ce n’est pas parce qu’on leur coupera un bras plutôt que deux qu’on amadouera les oppositions. La question à se poser est « qu’est ce que LR/LFI/RN/PS ont à gagner à voter un budget proposé par le « bloc central » ? Pourquoi lui feraient-ils une fleur, alors que les Français sont exaspérés par la volonté présidentielle de garder le cap malgré leur rejet ? Un gouvernement qui proposera de continuer dans la même voie, à 44 Md€ ou à 25 Md€, aura à mon sens le même problème. Il faut des gestes qui marquent une rupture, qui donnent sens au sacrifice demandé en le mettant au service d’une politique différente. Si on demande aux Français de se serrer la ceinture pour pouvoir continuer la même politique, la réponse sera – logiquement – négative. C’était là le sens de mon papier.

      [L’autre option c’est en effet un gouvernement technique, avec par exemple un Thierry Breton premier ministre, qui par ses différentes saillies médiatiques a pu s’attirer une petite sympathie y compris chez des contempteurs du Macronisme… cependant, un gouvernement technique sera tenu de faire des choix politiques lors du budget, et il semble absolument exclu, tant que Macron sera président, d’envisager un changement de cap économique, je suis d’accord avec vous.]

      C’est là le problème. Un gouvernement est forcé de faire un minimum de choix politiques, et ces choix ne seront acceptables pour les Français – et donc pour les oppositions parlementaires qui sont attentives à l’humeur de l’opinion et qui le seront de plus en plus au fur et à mesure que les échéances électorales approchent – que s’ils marquent une rupture avec une logique macroniste qu’ils on rejeté dans les urnes et qui se révèle un échec économique dans les faits. Or, il ne semble pas que Macron soit prêt à admettre son échec et donc accepter un premier ministre qui changerait le cap. Après, il est vrai qu’un premier ministre « technique » peut difficilement incarner un « changement de cap » qui par essence est de l’ordre du politique. On peut tout au plus une gestion rationnelle des affaires en attendant le véritable choix en 2027…

      [Dans tous les cas Macron va jouer son va-tout avec une de ces deux solutions, mais si le nouveau PM est censuré lors du budget, on n’évitera pas la dissolution. Avec les mêmes effets ? Pas sûr. La gauche se rappellera du refus de Macron de nommer un PM NFP après les précédentes législatives, ce qui me semble être un clou dans le cercueil du Front Républicain. Sans compter que du côté du bloc central, on peut être tenté de faire le pari de laisser la place de PM au RN histoire de le dégonfler avant les présidentielles et d’espérer rafler la mise en 2027.]

      On peut faire beaucoup de suppositions, mais le système a tellement de degrés de liberté qu’il est difficile de prédire son évolution. C’est pourquoi une dissolution est un saut dans l’inconnu. Dans l’humeur actuelle, je me demande si cela n’aboutirait pas à une négociation d’un « pacte de gouvernement » qui irait des écologistes et des socialistes à gauche aux LR à droite. Une sorte de « troisième force » pour utiliser le langage de la IVème République, ou bien un « néo-macronisme » pour utiliser des références plus récentes. Le problème est que dans ce pays bonapartiste qu’est la France, un tel pacte a besoin de s’incarner dans une figure, et que je vois mal qui elle pourrait être. Sans une telle figure, un accord de ce type pourrait apparaître comme une magouille de plus, un mariage de la carpe et du lapin pour garder les postes, et pourrait aboutir à un centre minoritaire coincé entre un groupe RN et un groupe LFI ayant à eux deux une majorité, ce qui rendrait le pays ingouvernable.

      [mon pronostic est donc celui-ci: PM Macron compatible nommé dans la foulée après Bayrou, censuré en décembre lors de l’examen du budget, dissolution + législatives donnant une majorité au RN, auquel la Macronie mettra tous les bâtons possibles dans les roues au niveau institutionnel en espérant une crise économique, tandis que la gauche s’en donnera à cœur joie dans les rues et les cités, les uns pouvant aborder 2027 sous la bannière du parti de l’ordre et de la stabilité économique (je compte sur eux pour oser), les autres sous celle de la révolution contre le fascisme. Et tout le monde est content.]

      Je n’y crois pas trop à ce scénario. Un PM macron-compatible ? C’est probable, compte tenu de l’incapacité de Macron à accepter la défaite. Mais il s’agira probablement de quelqu’un plus souple, moins orgueilleux et moins autiste que Bayrou. Il faut d’ailleurs rendre hommage sur ce point à notre président : en décembre 2024, il avait bien vu que Bayrou n’était pas l’homme de la situation. Son candidat préféré pour le poste à l’époque – Roland Lescure – était un homme bien plus capable de trouver des compromis et moins associé dans l’opinion avec le macronisme.

      Une censure au moment du budget ? C’est déjà moins probable : la pression des élus locaux sur leurs partis respectifs pour qu’ils trouvent un accord sera énorme, compte tenu de l’incidence d’un vote tardif du budget sur les dépenses locales – n’oubliez pas que 2026 est une année électorale.

      Mais supposons qu’il y ait censure et dissolution. Rien, absolument rien, ne permet d’anticiper aujourd’hui une victoire du RN. Le Rassemblement ferait probablement un très bon résultat, mais on le voit mal obtenir une majorité suffisante pour lui permettrait de gouverner seul. Et il n’aurait aucun intérêt à chercher une coalition – par exemple avec la droite – qui l’obligerait à mettre de l’eau dans son vin, notamment en matière économique, au risque de perdre une partie de son électorat. Mieux vaut rester sur l’Aventin et attendre 2027.

      Non, je persiste à croire que la solution la plus probable est celle d’un gouvernement « technique » qui sera en fait le syndic de faillite du macronisme… Thierry Breton, par exemple ?

      • Bob dit :

        @ Descartes
         
         il ne semble pas que Macron soit prêt à admettre son échec]
         
        Toute l’instabilité de ces derniers mois vient de là. Le vrai problème, in fine, c’est Macron.
        Mais Macron est tellement convaincu d’être supérieur à tout le monde et qu’il a toujours raison – même lorsqu’il a manifestement tort -, doublé de sa capacité à raconter n’importe quel bobard qui va dans son sens pour enfummer son monde, que l’espoir est vain que la solution vienne de lui.
         
        [un gouvernement « technique » qui sera en fait le syndic de faillite du macronisme]
         
        Je n’ai pas compris. Que voulez-vous dire ?

        • Descartes dit :

          @ Bob

          [Toute l’instabilité de ces derniers mois vient de là. Le vrai problème, in fine, c’est Macron.
          Mais Macron est tellement convaincu d’être supérieur à tout le monde et qu’il a toujours raison – même lorsqu’il a manifestement tort -, doublé de sa capacité à raconter n’importe quel bobard qui va dans son sens pour enfumer son monde, que l’espoir est vain que la solution vienne de lui.]

          Tout à fait. Malheureusement, il n’y a pas un dirigeant politique aujourd’hui ayant suffisamment de charisme et d’autorité pour prendre la tête d’un mouvement de destitution.

          [« un gouvernement « technique » qui sera en fait le syndic de faillite du macronisme » Je n’ai pas compris. Que voulez-vous dire ?]

          Quelle est la fonction d’un syndic de faillite dans une entreprise. Il n’est pas là pour faire des choix de politique industrielle ou commerciale, mais d’assurer la gestion courante, de veiller à la continuité de l’activité, et d’éponger les dettes creusées par la gestion précédente. N’est ce pas là ce qu’on demanderait à un gouvernement « technique » ?

      • P2R dit :

        @ Descartes
         
        [Mais supposons qu’il y ait censure et dissolution. Rien, absolument rien, ne permet d’anticiper aujourd’hui une victoire du RN. Le Rassemblement ferait probablement un très bon résultat, mais on le voit mal obtenir une majorité suffisante pour lui permettrait de gouverner seul. ]
         
        Vous ne croyez pas à la tentation des partis de “laisser la main” au RN avant 2027 -par exemple en abandonnant le front républicain lors d’une législative anticipée – dans l’espoir de les voir se saborder ? Peut-être qu’au fond ils ont peur que le RN réussisse ?
         
        [Non, je persiste à croire que la solution la plus probable est celle d’un gouvernement « technique » qui sera en fait le syndic de faillite du macronisme… Thierry Breton, par exemple ?]
         
        Macron ne tolérera jamais de plein gré un “syndic de faillite du Macronisme”. A moins d’y être forcé, c.a.d. après une nouvelle dissolution sans résultat clair.

        • Descartes dit :

          @ P2R

          [Vous ne croyez pas à la tentation des partis de “laisser la main” au RN avant 2027 – par exemple en abandonnant le front républicain lors d’une législative anticipée – dans l’espoir de les voir se saborder ? Peut-être qu’au fond ils ont peur que le RN réussisse ?]

          Franchement, je n’y crois pas. C’est un pari très incertain. D’abord, rien ne dit que le RN échouera – ou même s’il échoue, si les Français lui en tiendront rigueur. Mais surtout, personne ne peut dire à qui l’échec du RN profiterait. Est-ce à LR ? à LFI ? Au « bloc central » ? Aux socialistes ? Personne en politique ne fait un pari aussi aléatoire…

          Je ne connais pas d’exemple historique où un dirigeant ait « laissé la main » de cette manière. Mitterrand en 1986 a certes utilisé la cohabitation à son avantage, tout comme Chirac en 1997. Mais on peut difficilement dire qu’ils aient « laissé la main ». S’ils avaient pu gagner les élections, ils l’auraient fait !

          [« Non, je persiste à croire que la solution la plus probable est celle d’un gouvernement « technique » qui sera en fait le syndic de faillite du macronisme… Thierry Breton, par exemple ? » Macron ne tolérera jamais de plein gré un “syndic de faillite du Macronisme”. A moins d’y être forcé, c.a.d. après une nouvelle dissolution sans résultat clair.]

          Macron ne veut certainement pas accepter un « syndic de faillite », puisque ce serait reconnaître que son projet a échoué. Mais je pense qu’il préfère cette solution plutôt qu’une sortie anticipée de l’Elysee. Et s’il s’embarque dans une nouvelle dissolution, c’est un résultat très probable.

  6. Guy dit :

    Plus que Bayrou, c’est l’état francais et ses élites corrompues qui doivent partir. Chacune des régions peuvent se gérer par elle-même. La communauté avant la nation. Mort à la France et vive l’Europe fédérale.

    • Descartes dit :

      @ Guy

      [Plus que Bayrou, c’est l’état francais et ses élites corrompues qui doivent partir.]

      Pourriez-vous être plus spécifique ? Si ma mémoire ne me trompe pas, Bayrou est issu non pas des « élites de l’Etat français », mais au contraire des élites locales de son Béarn natal. Si vous voulez remplacer les « élites corrompues » de l’Etat central par des « élites régionales », c’est avec des personnages comme Bayrou que vous vous retrouverez…

      [Chacune des régions peuvent se gérer par elle-même. La communauté avant la nation.]

      Soyez au moins cohérent. Si vous mettez « la région avant la nation », il n’y a aucune raison de ne pas mettre le département avant la région, la commune avant le département, le hameau avant la commune, la famille avant le hameau… et par itération successive vous vous retrouvez avec l’individu-île qui « se gère lui-même » et n’a de devoirs envers personne. Je ne pense pas que ce soit un monde enviable, celui que vous nous promettez là.

      Personnellement, je raisonne exactement à l’inverse : je cherche à construire des solidarités entre les individus, et cela à l’échelle qui soit la plus large possible. Je suis attaché à la nation précisément parce que c’est l’ensemble le plus grand dans lequel il est possible de concevoir des solidarités inconditionnelles et impersonnelles entre les individus. Chaque fois qu’on est allé plus loin, cela n’a pas marché – comme le montre la dissolution des états dits « multinationaux ».

      [Mort à la France et vive l’Europe fédérale.]

      Là encore, soyez cohérent : pourquoi s’arrêter à une « Europe » fédérale ? Pourquoi ne pas étendre cela à des « régions » extra-européennes, où qu’elles soient dans le monde ? Qu’est-ce que « l’Europe » a de si particulier, qu’on doive exclure telle ou telle région votre « fédération » au motif qu’elle n’est pas « européenne » ? Pourquoi la Transilvanie oui, et la Kabylie non ?

      Mais je suis curieux : dans votre « Europe fédérale », quelles seront les compétences qui seront exercées au niveau de l’autorité fédérale, et celles qui seront exercées au niveau des régions ? Quelle sera la langue officielle de cet ensemble ?

      • Snell2025 dit :

        Bayrou est un homme politique qui a tpujours tenté d’exister au sein des institutions de la republique francaise, qui grace a la centralisation detournent les ressources des autrea provinces pour entretenir le clientelisme, la corruption est une consequence de cette tyrannie, pas un comportement empeché. Ces élites sont corrompue car elles utilisent les consensus sociaux (la monnaie, les services publiques, …) à leur bénéfice tout en se détournant de la participation au maintien operationel de ces derniers (paradis fiscaux et juridiques).
         
        L’Europe est le premier echelon qui  respecte le droit des communauté (langue, taxe, …).  Par ailleurs, il y a l’article 50 qui apaise les relations en cas de desaccord.
         
        Tous ce que nous voulons, c’est une autonomie dans la taxation, apres tout la seine saint denis est llus pleuplé que le luxenbourg mais ne peut choisir ses taxes , ni faire veto.
         
        L’Europe a ses defauts mais elle respecte l’autonomie.
         
         

        • Descartes dit :

          @ Snell2025

          [Bayrou est un homme politique qui a toujours tenté d’exister au sein des institutions de la république française, qui grâce a la centralisation détournent les ressources des autres provinces pour entretenir le clientélisme, la corruption est une conséquence de cette tyrannie, pas un comportement empêché.]

          Bayrou est l’épitomé du girondin, du notable local. Il a été conseiller général des Pyrénées-Atlantiques pendant 25 ans, dont huit ans comme président ; il a été maire de Pau et président de la communauté d’agglomération pendant 11 ans et député du coin pendant 10 ans. A côté de cela, il a été ministre pendant 5 ans en tout… alors on voit mal comment il aurait pu « détourner les ressources des autres provinces pour entretenir le clientélisme »…

          Ensuite, je trouve très drôle votre idée que la « corruption est la conséquence de cette tyrannie ». Si tel état le cas, on ne devrait pas voir la corruption et le clientélisme dans les pays fédéraux, là où il n’y a pas cette « centralisation » que vous dénoncez. Or, que constate-t-on ? Que le clientélisme et la corruption sont souvent bien pires que chez nous. Franchement, je trouve votre raisonnement incompréhensible : la tendance des politiciens à acheter des voix ou à monnayer leur pouvoir est universelle. Déjà dans l’Egypte ancienne les fonctionnaires du palais prenaient des pots de vin. Imaginer que « la corruption est la conséquence » de la centralisation est absurde. Ce serait plutôt le contraire : en concentrant les pouvoirs, en les éloignant du « terrain », on rend la corruption plus difficile. Il est bien plus facile pour moi de corrompre un maire qu’un ministre.

          [Ces élites sont corrompue car elles utilisent les consensus sociaux (la monnaie, les services publiques, …) à leur bénéfice tout en se détournant de la participation au maintien operationel de ces derniers (paradis fiscaux et juridiques).]

          Je ne sais pas très bien de qui vous parlez. C’est qui, les « élites » pour vous ? Vu que vous parlez de « ces élites » après un paragraphe sur Bayrou, j’imagine que vous parlez des gens comme lui. Je vois mal quels sont les « paradis fiscaux et juridiques » qui permettraient à des gens comme Bayrou de « se détourner de la participation au maintien opérationnel » de la monnaie ou des services publics…

          [L’Europe est le premier échelon qui respecte le droit des communauté (langue, taxe, …).]

          Pardon, mais en quoi l’Europe « respecte le droit des communautés » en matière de langues, par exemple ? Allez dans les services de la Commission et parlez-leur en basque ou en catalan, et vous verrez ce qui arrivera. Désolé de vous décevoir, mais les documents de la Commission sont de moins en moins traduits : ils sont disponibles uniquement en globish, qui devient aussi la langue unique des réunions. Quant aux taxes, là encore, je ne vois pas où est le respect du « droit des communautés ». Pourriez-vous expliciter ?

          [Par ailleurs, il y a l’article 50 qui apaise les relations en cas de desaccord.]

          Je ne vois pas en quoi l’article 50 (j’imagine que vous parlez du TFUE) pourrait « apaiser les relations en cas de désaccord ». L’article 50, qui permet le retrait unilatéral d’un pays de l’Union européenne n’est pas là pour gérer un « désaccord ». Vous imaginez ce que ce serait si chaque fois qu’il y a un désaccord les pays quittaient l’UE ?

          [Tous ce que nous voulons, (…)]

          Pardon, mais qui c’est ce « nous » ? Quelqu’un vous a-t-il mandaté pour parler en son nom, ou s’agit-il d’un pluriel de majesté ?

          [(…) c’est une autonomie dans la taxation, après tout la Seine Saint Denis est plus peuplé que le Luxembourg mais ne peut choisir ses taxes , ni faire veto.]

          Prenons la Seine Saint Denis, puisque vous le donnez en exemple. Imaginons que demain les départements aient une « autonomie dans la taxation ». Je suppose que par là vous entendez la possibilité de fixer librement leurs taxes. Dans un tel système, il serait aberrant de maintenir la péréquation, puisque cela favoriserait les passagers clandestins : un département pourrait choisir de baisser les taxes, sachant qu’il recevra de l’argent des autres départements qui, eux, font payer plein pot leurs habitants. Donc, chaque département fixera ses taxes et payera avec le produit ses services.

          Maintenant, la Seine Saint Denis est un département pauvre. Ce qui veut dire d’une part que l’assiette taxable est faible, et d’autre part que les dépenses sociales sont importantes. La Seine Saint Denis devrait donc fixer ses taxes à un niveau particulièrement élevé pour pouvoir se financer. Conséquence : les gens qui ont de l’argent déménageront à un département voisin plus riche et donc moins taxé, ce qui réduira encore la base taxable… et vous vous trouvez donc comme dans certains pays avec des départements en faillite d’un côté, des départements richissimes de l’autre. Si on évite ce phénomène chez nous, c’est parce qu’il y a un état central dont la tutelle permet d’éviter que les écarts de la fiscalité locale soient trop importants. Imaginez-vous ce que serait la Seine Saint Denis si le département devait fonctionner sur ses propres ressources, sans compter avec les “transferts depuis d’autres provinces” que vous condamnez tant…

          [L’Europe a ses défauts mais elle respecte l’autonomie.]

          Ah bon ? Vous trouvez que le marché unique, avec la privatisation forcée des services publics, « respecte l’autonomie » ? Je crains que votre haine de la nation vous aveugle. Vous êtes prêt à tout accepter, à condition qu’on vous laisse parler la langue locale à l’école. Je ne peux que vous signaler les dangers de ce genre de positionnement. Pensez aux nationalistes bretons pendant la dernière guerre mondiale…

  7. maleyss dit :

    Je ne suis pas sûr de bien vous comprendre. Pensez-vous vraiment qu’il soit possible de laisser encore filer la dette, quitte à se retrouver dans les pattes du  FMI, qui nous fera clairement comprendre que la fête est finie ?
    En d’autres termes, que les 35 heures, les allocations diverses et variées, les subventions à toutes les associations-théodule, nous pouvons en faire notre deuil.
    Par ailleurs, et je crois vous avoir déjà posé la question, est-ce que le transfert de la richesse du travail vers le capital ne répond pas à une certaine logique ? Dans la mesure où, la production étant de plus en plus laissée aux machines, la plus-value en revient à ceux qui ont les capitaux pour acheter lesdites machines, plutôt qu’aux ouvriers dont l’intervention réelle s’est ipso facto réduite ? 

    • Descartes dit :

      @ maleyss

      [Je ne suis pas sûr de bien vous comprendre. Pensez-vous vraiment qu’il soit possible de laisser encore filer la dette, quitte à se retrouver dans les pattes du FMI, qui nous fera clairement comprendre que la fête est finie ?]

      Non seulement je le pense, mais j’ai la preuve empirique. L’Italie a un rapport de la dette publique au PIB de 135%, et a même touché les 155% en 2022. Et Rome n’est pas allé solliciter le FMI que je sache. Nous sommes aujourd’hui à 110%, ce qui nous laisse donc quelque marge de manœuvre…

      Après, est-ce que c’est souhaitable ? Personnellement, je n’ai jamais été de ceux qui ont cru à « l’argent gratuit ». Cela ne veut pas dire qu’il ne soit pas utile de s’endetter, mais il faut s’endetter à bon escient. Je pense que personne ne contestera qu’il est utile et même nécessaire que l’Etat s’endette pour pouvoir faire des dépenses d’équipement et d’investissement. Ce type de dépenses crée à son tour de la valeur, et cette valeur permet de rembourser l’emprunt. Ce fut le cas par exemple du programme des grands barrages ou du programme électronucléaire d’EDF, ou bien du programme autoroutier.

      Il y a une deuxième situation où la dette est légitime, est c’est pour permettre de faire une politique contre-cyclique, comme l’explique Keynes. Lorsque l’économie se trouve en récession, l’Etat est le seul acteur qui peut s’endetter à un taux raisonnable. L’Etat injecter de l’argent sur l’économie pour créer la demande et la faire repartir, par exemple en réduisant les impôts ou en augmentant ses dépenses, quitte à s’endetter. Mais cela a une contrepartie : la reprise installée, l’Etat doit réduire sa dépense et augmenter les impôts pour payer les dettes qu’il a contracté dans la phase précédente, mais aussi pour éviter que l’économie ne « surchauffe ». Ce comportement est neutre fiscalement (la dette se creuse en bas du cycle économique, et se réduit lorsqu’on est en haut) et permet de réduire l’amplitude des cycles économiques. Le problème, c’est que les politiques contre-cycliques nécessitent de la part du politique une discipline de fer : si tout le monde sera d’accord pour dépenser plus et réduire les impôts en temps de récession, peu de gens seront d’accord pour voir les impôts augmenter et les dépenses baisser en temps de croissance – voir par exemple le débat sur la « cagnotte » du temps de Jospin.

      [En d’autres termes, que les 35 heures, les allocations diverses et variées, les subventions à toutes les associations-théodule, nous pouvons en faire notre deuil.]

      Curieusement, vous ne faites pas référence aux subventions et avantages divers offerts au capital. Ceux-là aussi, il faudra faire notre deuil ? Je vais vous dire : si on transfère à nouveau de la rémunération du capital vers celle du travail les dix points que ce dernier a perdu depuis 1981, je suis prêt à renoncer aux 35 heures et autres allocations diverses et variées. Nous sommes d’accord ?

      Si l’on propose des sacrifices qui touchent toujours les mêmes et eux seuls, il ne faut pas s’étonner que les gens les rejettent. Si la situation est aussi grave qu’on nous le dit, pourquoi le capital ne serait-il pas appelé à payer sa part ?

      [Par ailleurs, et je crois vous avoir déjà posé la question, est-ce que le transfert de la richesse du travail vers le capital ne répond pas à une certaine logique ? Dans la mesure où, la production étant de plus en plus laissée aux machines, la plus-value en revient à ceux qui ont les capitaux pour acheter lesdites machines, plutôt qu’aux ouvriers dont l’intervention réelle s’est ipso facto réduite ?]

      Pour répondre à cette question, vous m’obligez à revenir à la théorie de la valeur de Ricardo complétée par Marx – et qui reste encore aujourd’hui un des fondements de la pensée économique, même si certains ont cherché à la contester sans nécessairement arriver à des résultats très probants.

      Le principe de la théorie de la valeur est que seul le travail produit de la valeur. Et la valeur d’un bien est donc la quantité de travail socialement nécessaire pour le produire. Cela veut dire que la valeur d’un ordinateur est la somme du travail qu’il a fallu non seulement pour l’assembler, mais aussi pour fabriquer les composants qui l’intègrent et les machines qui interviennent dans sa fabrication.

      Maintenant, revenons à votre remarque. Prenons par exemple un atelier qui produit chaque mois 1000 mètres de drap, à l’aide de 10 métiers simples dont chacun a besoin d’un travailleur. Maintenant, supposons que je remplace les métiers simples par des métiers automatisés, et qu’il ne me faut plus qu’un seul ouvrier pour les faire fonctionner et obtenir la même production, avec la même quantité de matière première. En première approximation, que se passera-t-il ? En première approximation, la « valeur » du drap produit sera divisée par dix, puisqu’il me faut maintenant dix fois moins de travail pour le produire (en fait, la baisse de la valeur du drap sera moindre, parce qu’il me faut compter le travail humain contenu dans les machines modernes, qui est plus élevé que pour les métiers simples). Cette constatation est parfaitement conforme aux résultats empiriques : la modernisation des machines se traduit par une baisse de la valeur des biens. Une voiture aujourd’hui « vaut » beaucoup moins qu’elle ne valait du temps où elles étaient assemblées à la main.

      Revenons maintenant à votre question. L’introduction de machines modernes réduit le recours à la main d’œuvre, et donc la valeur de ce qui est produit. Il n’y a donc aucune raison que le partage de la valeur produite entre le capital et le travail soit modifié. Je pense que votre raisonnement est victime d’une illusion, celle qui voudrait que la machine produit PAR ELLE-MEME de la « valeur », ce qui suppose que lorsqu’on remplace un homme par une machine la valeur ainsi créée reste constante, sauf qu’elle est empochée en totalité par le propriétaire de la machine…

      Je sais que la théorie de la valeur peut sembler contre-intuitive, mais si vous la regardez attentivement, vous verrez qu’elle explique très bien les réalités économiques, et surtout permet d’éviter les contradictions auxquelles aboutissent d’autres définitions de “valeur”…

  8. maleyss dit :

    [Nous sommes aujourd’hui à 110%, ce qui nous laisse donc quelque marge de manœuvre…]
    Veuillez m’excuser, mais un pays endetté n’est-il pas plus ou moin l’obligé des prêteurs, autrement dit, des détenteurs de capital ? Par ailleurs, il me semble que l’Italie est en train de réduire sa dette “courante” ; est-ce juste ?
    [Ce fut le cas par exemple du programme des grands barrages ou du programme électronucléaire d’EDF, ou bien du programme autoroutier.]
    Remarquez qu’à cette époque, la France présentait un budger excédentaire ! O tempora…
     

    • Descartes dit :

      @ maleyss

      [« Nous sommes aujourd’hui à 110%, ce qui nous laisse donc quelque marge de manœuvre… » Veuillez m’excuser, mais un pays endetté n’est-il pas plus ou moins l’obligé des prêteurs, autrement dit, des détenteurs de capital ?]

      Votre question était de savoir « s’il était possible de laisser filer la dette » sans se retrouver avec le FMI à la porte. La réponse est oui : l’Italie a atteint des rapports dette/PIB supérieur à celui que nous avons aujourd’hui, et le FMI ne s’est pas pointé.

      Maintenant, votre question. C’est une question dont la réponse ne peut-être que dialectique. Oui, un débiteur est l’obligé des prêteurs. Mais les prêteurs, eux aussi, ont un intérêt à ne pas voir leur créancer sombrer, au risque de n’être jamais remboursés. C’est un peu la formule d’un ancien ministre de l’économie argentin, que je cite souvent : « si je dois un million, j’ai un problème. Si je dois dix mille milliards, le problème, c’est le banquier qui l’a ».

      [Par ailleurs, il me semble que l’Italie est en train de réduire sa dette “courante” ; est-ce juste ?]

      C’est juste. Mais cette réduction tient en grande partie au déversement des aides dans le cadre du « plan de relance » européen. En fait, l’Union européenne a conclu avec Meloni une sorte de pacte « donnant-donnant ». Meloni met en veilleuse son discours anti-européen, et en échange elle empoche les sous.

      [« Ce fut le cas par exemple du programme des grands barrages ou du programme électronucléaire d’EDF, ou bien du programme autoroutier. » Remarquez qu’à cette époque, la France présentait un budget excédentaire ! O tempora…]

      C’est clairement inexact pour le programme électronucléaire, qui a été lancé en 1974, c’est-à-dire la dernière année où la France a eu un budget en équilibre. C’est aussi inexact pour ce qui concerne les grands barrages, construits dans les années 1950 et 60. Ce n’est pas parce que le budget 1974 fut le dernier budget en équilibre que tous ceux qui l’ont précédé l’étaient. Ce n’est pas le cas : jusqu’en 1958, le remboursement des dettes contractées pendant la guerre 1939-45 plus les frais des guerres d’Indochine puis d’Algérie ont lourdement grevé le budget… mais il est vrai qu’à l’époque les rentrées étaient très importantes : non seulement on touchait les fruits de la croissance, mais en plus l’Etat empochait les profits du secteur public, qui étaient considérables : banques, assurances, gaz et électricité, tabacs, pétrole… Qui plus est, avec une inflation qui était autour de 4-5%, la dette était diminuée d’autant chaque année. Dans les années 1960, le taux de retour du capital était devenu négatif.

  9. Laurent dit :

    Je suis totalement d’accord avec votre note 2 (le reste aussi), c’est ce que je professe depuis le début : Bayrou prétend avoir trouvé des économies partout qui exigeront des efforts de tous (important l’égalité en France), mais n’a rien montré encore… Il n’a lancé que des coups de sonde médiatiques. Je pense qu’il n’a rien à montrer et se débrouille pour se faire démettre (martyr…) par des irresponsables (lui est responsable), avant d’avoir a montrer quoi que ce soit. Si cela n’avait pas été le cas, il aurait déposé son projet, aurait accepté le débat parlementaire (c’est le cadre où doit s’exprimer le débat, a dit Macron) et affronté l’éventuelle censure. La, il anticipe, parce qu’il n’a rien. Minable petite tactique politicienne centrée sur sa personne qui se croit encore un possible destin national..

    • Descartes dit :

      @ Laurent

      [Je suis totalement d’accord avec votre note 2 (le reste aussi), c’est ce que je professe depuis le début : Bayrou prétend avoir trouvé des économies partout qui exigeront des efforts de tous (important l’égalité en France), mais n’a rien montré encore…]

      Effectivement. Avec Bayrou, c’est toujours flou – et quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup. En fait, la proposition la plus précise est celle de « l’année blanche », c’est-à-dire grosso modo, la politique du chien crevé au fil de l’eau…

      [Je pense qu’il n’a rien à montrer et se débrouille pour se faire démettre (martyr…) par des irresponsables (lui est responsable), avant d’avoir à montrer quoi que ce soit.]

      C’est une hypothèse très vraisemblable. Partir ainsi lui permettrait d’arriver en 2027 avec une virginité refaite et sans être associé au bilan de Macron. Et si l’économie va dans le mur, encore mieux, il pourra toujours dit que c’est la faute des « autres », ceux qui lui ont refusé les moyens d’agir.

      [Minable petite tactique politicienne centrée sur sa personne qui se croit encore un possible destin national…]

      Compte tenu des minables qui comptent se présenter, il a un peu raison de croire en ses chances. Si Attal peut, pourquoi pas lui ?

      • Bob dit :

        @ Descartes
         
        [il (Bayrou) a un peu raison de croire en ses chances]
         
        Sa côte de popularité est très basse, il n’a jamais – et pour cause – suscité un réel enthousiasme au cours de sa (trop) longue carrière politique.
        Vous croyez vraiment que ce tour de passe-passe, cette manigance plutôt de dernière minute qu’il nous impose-là, suffira à lui donner l’aura et la virginité nécessaire pour 2027 et les chantiers énormes qui s’imposent ? J’en doute.

        • Descartes dit :

          @ Bob

          [Sa côte de popularité est très basse, il n’a jamais – et pour cause – suscité un réel enthousiasme au cours de sa (trop) longue carrière politique.]

          Oui… mais voyez-vous, j’avais dit la même chose au sujet de Hollande, et il a été élu quand même. Ce faux pas m’a rendu extrêmement prudent à l’heure de faire des prédictions. Les urnes ont des raisons que la raison ne connaît pas…

          [Vous croyez vraiment que ce tour de passe-passe, cette manigance plutôt de dernière minute qu’il nous impose-là, suffira à lui donner l’aura et la virginité nécessaire pour 2027 et les chantiers énormes qui s’imposent ? J’en doute.]

          Je ne sais pas. La raison me dit que non. Ayant regardé son entretien avec les journalistes hier, je dois reconnaître que je le vois mal arriver à se faire élire – ou même faire un bon résultat. On a vu un homme vieilli, incapable d’articuler un raisonnement, répétant des slogans, racontant des anecdotes invraisemblables – celle sur les « jeunes » qui lui auraient écrit pour le remercier d’avoir parlé d’eux est particulièrement gratinée – et surtout montrant une remarquable méconnaissance des dossiers.

          Le problème, c’est que les gens qu’il a pour concurrents dans son propre camp ne valent pas mieux. Et qu’à la fin, il faudra bien qu’il y ait un candidat au deuxième tour contre le candidat RN. Qui voyez-vous à cette place ? Qui mieux que Bayrou peut agglutiner l’électorat centriste ? Bayrou est nul, mais au moins, il ne fait peur à personne…

  10. cdg dit :

     
    Comme vous appelez de vous vœux une alternance, je me suis permis de vous faire un petit texte de science fiction. J espère que vous aimerez
    Dimanche soir, 20 h, second tour des législatives après la second dissolution. Cette fois ça y est ! C est la fête au RN, la victoire est nette grâce a l explosion de l alliance LFI-PS-Macron-LR. Dans de nombreuses villes une autre explosion a lieu : comme a Limoges en juillet, incendie de voitures et caillassage de pompiers/policiers sont au menu
    Mercredi : les émeutes urbaines touchent maintenant ne nombreuses villes moyennes. Retailleau qui espère sauver son poste négocie avec MLP. Bardella est nommé PM par Macron. Via ses contacts dans les milieux policiers les consignes passent : «pas de quartier on vous couvre»
    Samedi le gouvernement est au complet : une partie des LR sont allé à la soupe. Les émeutiers comptent 10 morts dans leurs rangs et quelques centaines de «disparus». Sandrine Rousseau annonce prendre le maquis pour lutter contre le fascisme
    Semaine suivante : les émeutes faiblissent. Le journal TV annonce un scoop en documentant la mort d un «disparu». Manque de chance pour le journaliste, le symbole s avère pourri comme pour Leonarda : le disparu se trouve être une racaille avec de multiple condamnations. La cote de popularité de Bardella atteint des sommets
    Premier conseil des ministres RN : Toutes les mesures de Bayrou sont annulés. Sachant que son électorat l attend surtout sur l immigration et que c est un sujet où les effets de manche sont facile, un projet de loi similaire a celui de Meloni pour les centre d asile en Albanie est annoncé
    2 mois plus tard : Le projet de loi pour refouler les migrants vient d être censuré par le conseil constitutionnel. Sur le plan économique les chasses aux gaspillages et fraudes préconisés par le RN ne mènent qu a de maigres résultats : les déficits grossissent
    Afin d occuper les esprits et redresser sa cote de popularité, Bardella organise un referendum sur les centres d asiles délocalisés. Une photo de Sandrine Rousseau se prélassant un jacuzzi d une villa corse permet de nous rassurer sur son état de santé 😉
    – Le referendum est largement gagné par le gouvernement. La joie au RN est assombrie par les nouvelles sur le front économique : la France est maintenant vue comme l homme malade de l Europe. Les taux d intérêt et le chômage montent. La comparaison avec l Italie devient cruelle. 2 lignes politiques s affrontent au RN. Bardella et les ancien de JM Le Pen prônent une ligne libérale. MLP une ligne étatique
    – Suite aux dissensions publiques, MLP décide de montrer qui est le chef et d éviter que Bardella soit atteint de Balladurite aiguë. Une réunion d urgence est décidée
    MLP commence la réunion en rappelant que l objectif est de gagner en 2027. Pour cela il faut conserver les électeurs âgés et conservateurs qui votaient LR ou Macron. Les actifs et les classes modestes sont considérés comme acquis car ils n iront pas voter LFI ou LR. Les mesures suivantes sont annoncés :
    – exemption d IR pour les moins de 19 ans (le RN avait promis pour les moins de 30 ans) . Vus que ça ne concerne quasiment personne la mesure ne coûte rien
    – relance de la politique du logement cher (PTZ, Pinel, déduction des intérêts d emprunt de l IR, arrêt de toutes les régulations anti Airbnb, fin de la taxe d habitation sur les résidences secondaire)
    – prime de vacances pour les retraités comme en Espagne
    – arrêt des versements a l UE pour financer les mesures en questions
    Grisé par le succès du referendum Bardella décide de jouer le bras de fer avec l UE
    – Réunion des ministres des finances de la zone Euro : le ministre RN se retrouve seul. Merz qui est talonné par l AfD dans son pays résume la situation : céder au RN c est se mettre la corde au cou car tous nos électeurs feront comme les français. Lors d un interview a la fin de la réunion le ministre français évoque la sortie de la zone euro en cas désaccord persistant mais n en pense pas un mot
    – Sur Instagram, YouTube … l interview devient virale. Les premiers distributeurs de billets commencent a être a sec
    – Sur les réseaux sociaux on est maintenant en train de filmer les queues aux distributeurs ou aux guichets des banques. Celles ci ne disposant que de peu de liquide, les premiers incidents éclatent, relayé sur internet
    – Le rêve de Cantona devient réalité. Les français demandent a retirer leur argent des banques, les entreprises et ceux qui le peuvent virent leur argent dans une banque étrangère. Réunion de crise a Matignon, la banque de France a prévenu que le système bancaire allait sauter dans 2 jours au mieux si rien n est fait
    – Bardella négocie un soutient de la BCE. Celle ci exige un plan crédible de retour a l équilibre budgétaire. Bardella est prêt a accepter. Suite a une demande de Sarkozy, Christine Lagarde fait fuiter sur X les conditions en les durcissant (le coup de la dépêche d Elm au XXI siècle)
    – Bardella déclare refuser le diktat de Francfort. Les fournisseurs étrangers d entreprises françaises exigent maintenant un paiement total à la commande. Pour éviter la faillite des banques le gouvernement interdit les retraits de plus de 300 euros par semaine (le coralito des argentins)
    – Le gouvernement annonce le Franc Nouveau. 1 FN = 1 Euro
    – Nombreuses pénuries en France car aucun importateur ne veut être payé en FN. De nombreuses industries sont a l arrêt car les fournisseurs étrangers ne livrent plus et aucun client veut d un produit partiel (essayez de vendre une voiture sans vitres). Premières faillites
    – 1 Euro =1.2 FN
    – l économie française subit une récession majeure. Ceux qui ont des euros les thésaurisent. De nombreux produits sont accessible uniquement en payant en euros. Le chômage et les faillites sont au plus haut car la consommation est réduite au minimum vital
    – Pour faire face au mécontentement, Bardella annonce une augmentation des allocations et des retraites. Pour les financer, une taxe sur les actionnaires (pour la galerie, les montants perçus sont trop faible) et la planche a billets
    – 1 Euro = 1.5 FN
    – décès de B Arnault. Curieusement tous ses enfants vivent a l étranger 😉 Nombre de start up ou PME ont transféré leur direction hors de France, même si théoriquement la société a toujours son siège en France
    – la une du Figaro met en rage MLP. 50 % de la dernière promotion de polytechnique travaille a l étranger. Comme l a dit un polytechnicien : si je travaille c est pas pour devoir vivre chez mes parents et faire du marché noir pour me procurer des euros pour pouvoir sortir le soir
    – Scission au RN : Marion créé son parti et appelle a un changement de cap
    – 3 mois avant le premier tour des présidentielles : Comme Orban avant lui, Bardella augmente massivement retraites et allocations destines aux groupes votant pour lui (ex paysans). La TV mise au pas diffuse la prose gouvernementale
    – 2027 résultat du premier tour : Marion a loupé son pari. N Sarkozy et MLP sont qualifié pour le second tour. MLP est élue au second tour avec une abstention massive
    – 2032 MLP annonce qu elle ne se représente pas. Le PIB par habitant de la France vient de passer en dessous de celui de la Pologne : le plombier français devient un épouvantail pour les élections dans certains pays car prés de la moitié des jeunes français quittent le pays dès qu ils le peuvent

    • Descartes dit :

      @ cdg

      [Comme vous appelez de vous vœux une alternance,]

      Qu’est ce qui vous fait penser que je serais « pour une alternance » ? Le départ de Bayrou n’implique pas nécessairement une « alternance ». Et je ne suis pas de ceux qui pensent qu’une dissolution arrangerait quoi que ce soit, au contraire…

      [Dimanche soir, 20 h, second tour des législatives après la seconde dissolution. Cette fois ça y est ! C’est la fête au RN, la victoire est nette grâce à l’explosion de l’alliance LFI-PS-Macron-LR. Dans de nombreuses villes une autre explosion a lieu : comme à Limoges en juillet, incendie de voitures et caillassage de pompiers/policiers sont au menu. Mercredi : les émeutes urbaines touchent maintenant ne nombreuses villes moyennes.]

      Mais pourquoi diable pensez-vous que des « émeutes urbaines » pourraient éclater ? Tous les commentateurs parlent de la « fatigue démocratique », du désintérêt pour la politique – particulièrement dans les cités – et de la conviction que « celui-là ou un autre… ». On peut d’ailleurs noter que c’est dans les cités où l’on vote le moins – de nombreux bureaux enregistrent des abstentions de l’ordre de 80% lors des dernières législatives. Et vous pensez cependant qu’une victoire du RN provoquerait immédiatement un soulèvement ? Qu’est ce qui vous fait penser que les habitants des cités, qui ne se déplacent pas pour voter, seront intéressés par les résultats de l’élection au point de réagir immédiatement par des émeutes ?

      Comme souvent, les récits de politique fiction sont une expression de désir. Je me souviens d’un roman écrit par une auteure – tombée dans un oubli largement mérité – qui fantasmait en 1980 sur une victoire de la gauche en 1981 qui ne pouvait être suivie, pensait-elle, que par un coup d’Etat à la chilienne, permettant à ses personnages, forcément socialistes, de s’habiller en résistants. Je crains que vous aussi, vous construisiez votre scénario sur la base de vos fantasmes. Elle ne nous dit rien de ce qui se passera, elle nous dit tout sur ce que vous voudriez voir advenir…

      [Premier conseil des ministres RN : Toutes les mesures de Bayrou sont annulés.]

      Quelles « mesures » ? Il ne vous échappera pas qu’en six mois aux affaires, Bayrou n’a guère pris de « mesures »…

      [Le projet de loi pour refouler les migrants vient d être censuré par le conseil constitutionnel. Sur le plan économique les chasses aux gaspillages et fraudes préconisés par le RN ne mènent qu a de maigres résultats : les déficits grossissent]

      Je vais vous poser une question très personnelle. Imaginons que la dissolution a lieu, que le RN arrive au pouvoir… et que sa gestion des affaires aboutit à réindustrialiser le pays, à rééquilibrer les comptes publics, à contrôler l’immigration. Et voici la question : si une telle perspective se réalisait, quel serait votre sentiment ? Seriez-vous ravi ? Seriez-vous déçu ? Pour le dire autrement, préféreriez-vous avoir raison dans vos prédictions catastrophiques ? Ou au contraire préféreriez-vous avoir tort ?

      Je ne peux qu’être d’accord avec Bouveresse : l’astrologie ne dit rien sur l’avenir, mais dit beaucoup sur l’astrologue. Ce qu’on prédit, c’est souvent ce qu’on désire, au fond de nous-même, voir advenir. Pour des raisons que j’ignore, vous semblez avoir une querelle avec vos concitoyens, au point de leur souhaiter d’être horriblement punis par un effondrement politique et économique. Vous me pardonnerez de ne pas partager ce sentiment. Même si les Français ont pu me décevoir en votant Mitterrand ou Macron, j’ai une tendresse et une reconnaissance pour eux qui m’empêche de leur souhaiter pareille chose…

      J’avoue que je n’ai lu le reste que superficiellement. Sans vouloir vous offenser, je trouve que votre « fiction » dit beaucoup sur la manière dont vous voudriez voir notre pays évoluer, et la considération que vous avez pour vos compatriotes : dans votre « scénario », on ne voit pas les syndicats agir, on ne voit pas les partis politiques, on ne voit les citoyens se mobiliser autrement que pour thésauriser leurs euros ou pour quitter le pays…

      Je retiens quand même un point intéressant : vous pensez que le RN voudrait VRAIMENT changer les choses. Autrement dit, vous n’êtes pas convaincu comme beaucoup qu’une fois arrivé au pouvoir le RN se coulerait dans le moule de la « pensée unique » en matière économique, un peu comme Meloni en Italie. Vous semblez convaincu que le RN serait même prêt à sortir de l’Euro…

      • cdg dit :

        >Qu’est ce qui vous fait penser que je serais « pour une alternance » ? Le départ de Bayrou n’implique pas nécessairement une « alternance ».
        C est sur que Macron peut nommer un Bayrou bis pour essayer de durer jusqu en 2027. Mais la situation sera de plus en plus intenable. Sur le plan politique LFI et le FN feront monter la pression et sur le plan économique le status quo sera mortifère
        Je ne suis pas un fan du RN mais actuellement une victoire du RN serait un moindre mal
         
        [Mais pourquoi diable pensez-vous que des « émeutes urbaines » pourraient éclater ? Tous les commentateurs parlent de la « fatigue démocratique », du désintérêt pour la politique]
        On a des émeutes pour une victoire du PSG (ou le 14 juillet comme à Limoges) alors penser qu il n y aura aucune reaction me semble très très optimiste
        [On peut d’ailleurs noter que c’est dans les cités où l’on vote le moins]
        Une partie des émeutiers ne votent pas (trop jeune, pas français). Et ils sont une infime minorité de la population habitant la (Pour le cas de Limoges ils parlent de 150 personnes https://www.franceinfo.fr/replay-jt/france-2/13-heures/limoges-nouvelle-nuit-d-emeutes-urbaines_7386805.html)
        [Et vous pensez cependant qu’une victoire du RN provoquerait immédiatement un soulèvement ?]
        Je ne parle pas d’un soulevement mais d émeute. Voitures brulées, tirs de mortiers, pillage de magasins. Ce qu’ on a eut pour Nael ou pour le PSG. Ce que vous appelez « expressif dans un de vos billets)
        [Je crains que vous aussi, vous construisiez votre scénario sur la base de vos fantasmes. Elle ne nous dit rien de ce qui se passera, elle nous dit tout sur ce que vous voudriez voir advenir…]
        J’ai pas particulièrement envie de voir des voitures ou des bibliothèques flamber mais c est quand meme maintenant assez courant en France et je serai surpris qu une victoire RN passe comme une lettre a la poste. Mais contrairement a ce que vous pensez je serai heureux qu il n y ait pas d emeutes
        [Il ne vous échappera pas qu’en six mois aux affaires, Bayrou n’a guère pris de « mesures »…]
        Je parlais ici de ce qu il prévoyait. Ce qui c est vrai n est pas encore validé. Mais je doute que le prochain PM s embarasse de ces nuances si ca peut le faire mousser
         
        [Et voici la question : si une telle perspective se réalisait, quel serait votre sentiment ? Seriez-vous ravi ? Seriez-vous déçu ? Pour le dire autrement, préféreriez-vous avoir raison dans vos prédictions catastrophiques ? Ou au contraire préféreriez-vous avoir tort ?]
        Je serai ravi. Je n y crois pas une seconde (je dois avouer que je ne crois pas aux miracles) mais je prefererai que mon pays soit dans un bon etat plutôt que dans une phase de déclin. Je prefere être le citoyen d un pays prospere et reconnu plutôt que comme celui d un pays en declin
        [vous semblez avoir une querelle avec vos concitoyens, au point de leur souhaiter d’être horriblement punis par un effondrement politique et économique.]
        Je reconnais que j ai consciement forcé le trait en imaginant la Pologne devancer la France en terme de PIB (mais l inversion de perspective plombier polonais/francais était trop tentante). Je ne souhaite pas un effondrement de la France mais j ai du mal a trouver une raison d être positif dans la situation actuelle.
        [ dans votre « scénario », on ne voit pas les syndicats agir, on ne voit pas les partis politiques, on ne voit les citoyens se mobiliser autrement que pour thésauriser leurs euros ou pour quitter le pays…]
        J ai fait bref et me suis concentre sur l economie (le début sur les émeutes était juste pour expliquer pourquoi Bardella s est surestimé quand il est allé au clash avec l UE), il est évident qu on peut imaginez plein d autre scenarios comme Bardella reniant ses promesses comme un Mitterrand en 82 mais reconnaissez que c est quand meme moins fun comme scenario
        En ce qui concerne les syndicats ou les partis politiques vous vous faites des illusions sur leur influence. Les partis sont des ecuries pour les présidentielles et sont discredités. Pour les syndicats c est guere mieux. La dernière « victoire » des syndicats date de Juppe, il y a 30 ans. Les dernieres actions syndicales ont été des echecs
        [vous pensez que le RN voudrait VRAIMENT changer les choses]
        Non c était juste pour faire un scenario. Comme je l ai ecrit, le livre de Bardella montre qu il n a aucune idée/conviction. Donc il y a peu de chance qu il fasse grand-chose qui sorte des sentiers battus vu qu il n a aucune conviction (ni légitimité a le faire car il n aura rien evoque lors de la campagne electorale)
        [Vous semblez convaincu que le RN serait même prêt à sortir de l’Euro…]
        Dans mon texte c était un accident. Une surestimation de la position de la France au sein de l UE, une panique bancaire via les réseaux sociaux et un coup de Jarnac de Sarkozy. Rien de premedité
         

        • Descartes dit :

          @ cdg

          [C’est sûr que Macron peut nommer un Bayrou bis pour essayer de durer jusqu’en 2027. Mais la situation sera de plus en plus intenable. Sur le plan politique LFI et le FN feront monter la pression et sur le plan économique le status quo sera mortifère]

          Macron a plusieurs fois montré une ténacité qui confine à l’entêtement. Je pense qu’il est persuadé que si vous tenez bon assez longtemps les vents finiront par tourner. On a pu voir ce fonctionnement plusieurs fois ces dernières années, et souvent cela lui a réussi. Il est vrai qu’il a été formé au sein d’une élite socialiste – et notamment hollandienne – qui ne se distingue pas par sa constance, et qu’on arrive facilement à avoir à l’usure… et le fait est que ça marche : alors qu’il y a une majorité pour revenir sur la réforme des retraites, l’entêtement de Macron paye. On en parle de moins en moins de cette question, la réforme rentre progressivement dans les mœurs… bientôt plus personne ne la contestera sérieusement.

          Dans ces conditions, on voit mal pourquoi Macron changerait de stratégie. Depuis 2024, il arrive à préserver son « héritage » contre vents et marées, alors qu’il n’a plus de majorité viable. Il a fait l’erreur de nommer Bayrou, un personnage rigide, pétri de certitudes et sans parole. C’est une erreur qu’il risque de payer cher. Il aurait mis quelqu’un de plus « rond » comme Lescure ou Lecornu à sa place, on aurait continué cahin-caha à négocier dans les couloirs, et on aurait eu finalement un budget moyennant quelques concessions symboliques ou réelles qu’on reprendrait ensuite en utilisant les moyens que la Constitution donne à l’exécutif pour exécuter le budget. Car si l’exécutif n’a pas beaucoup de moyens pour modifier les recettes votées par le Parlement, il a une grande liberté à l’heure de jouer sur les dépenses…

          [« Mais pourquoi diable pensez-vous que des « émeutes urbaines » pourraient éclater ? Tous les commentateurs parlent de la « fatigue démocratique », du désintérêt pour la politique » On a des émeutes pour une victoire du PSG (ou le 14 juillet comme à Limoges) alors penser qu’il n’y aura aucune réaction me semble très très optimiste]

          Il y a eu confusion de vocabulaire. Nous ne mettons pas la même chose dans les mots « soulèvement », « émeute » et « incident ». Lorsque vous parliez « d’émeutes urbaines », je pensais à des mouvements importants qui se prolongeraient plusieurs jours et mettraient le pays à l’arrêt. Qu’il puisse y avoir des incidents à l’échelle de ceux qui ont accompagné la victoire du PSG ou bien ceux de Limoges, c’est très probable en effet. Plusieurs nuits comme celles qui ont suivi la mort de Naël ? Je suis beaucoup plus sceptique.

          [« Je crains que vous aussi, vous construisiez votre scénario sur la base de vos fantasmes. Elle ne nous dit rien de ce qui se passera, elle nous dit tout sur ce que vous voudriez voir advenir… » Je n’ai pas particulièrement envie de voir des voitures ou des bibliothèques flamber mais c’est quand même maintenant assez courant en France et je serai surpris qu une victoire RN passe comme une lettre a la poste. Mais contrairement a ce que vous pensez je serai heureux qu’il n’y ait pas d’émeutes]

          Sans faire de la psychanalyse de comptoir, je vous invite amicalement à vous poser la question. En général, lorsqu’on échafaude des scénarios, il y a souvent un biais qui nous conduit à trouver des prédictions qu’on voudrait, inconsciemment, se voir réaliser. Ceux qui prédisent une catastrophe financière et une tutelle du FMI, pour ne prendre qu’un exemple, sont aussi ceux qui pensent que les Français ont « péché » et qu’il serait juste et bon qu’ils soient punis. Je veux bien croire que, consciemment, vous ne souhaitiez pas voir des émeutes dans notre pays. Mais peut-être qu’inconsciemment vous les souhaitez, d’une part parce qu’elles confirmeraient votre diagnostic, peut-être aussi parce que vous y voyez la possibilité d’un électrochoc sur la société qui nous sortirait du marasme actuel…

          [J’ai fait bref et me suis concentre sur l’économie (le début sur les émeutes était juste pour expliquer pourquoi Bardella s’est surestimé quand il est allé au clash avec l UE), il est évident qu on peut imaginez plein d’autre scenarios comme Bardella reniant ses promesses comme un Mitterrand en 82 mais reconnaissez que c’est quand même moins fun comme scenario]

          Ou bien Bardella allant au clash avec l’UE et sortant victorieux de la bataille ? Ca, ce serait un scénario bien plus fun, non ? Mais non, un tel scénario irait contre le dogme selon lequel rien ne peut être fait contre l’UE… Vous avez ici un exemple du biais que je citais plus haut.

          [La dernière « victoire » des syndicats date de Juppe, il y a 30 ans. Les dernieres actions syndicales ont été des echecs]

          Vous oubliez la « victoire » de la CFDT qui a réussi à « vendre » les 35 heures au gouvernement Jospin/Aubry, et à dissuader les gouvernements successifs de revenir dessus…

          [« vous pensez que le RN voudrait VRAIMENT changer les choses » Non c’était juste pour faire un scenario.]

          Au risque de me répéter, on ne choisit pas les « scénarios » au hasard, et la construction d’un scénario dit généralement beaucoup sur la personne qui le construit, de ses craintes, ses désirs, ses fantasmes…

          [Comme je l’ai écrit, le livre de Bardella montre qu’il n’a aucune idée/conviction. Donc il y a peu de chance qu’il fasse grand-chose qui sorte des sentiers battus vu qu’il n’a aucune conviction (ni légitimité à le faire car il n’aura rien évoqué lors de la campagne électorale)]

          Je pense que vous surestimez l’importance des hommes, surtout de ceux qui n’ont « aucune idée/conviction ». Un homme politique – surtout lorsqu’il n’est pas un égo-politicien, et Bardella n’est certainement pas de ce type là – n’est jamais seul. Il est le produit d’un groupe qui le promeut, qui le porte, et qui une fois arrivé au pouvoir lui pose ses exigences. Et un homme qui n’a « aucune idée/conviction » est d’autant plus perméable à ces exigences qu’il n’a aucune raison personnelle de les refuser.

          [« Vous semblez convaincu que le RN serait même prêt à sortir de l’Euro… » Dans mon texte c’était un accident.]

          Du tout. Si je relis votre « scénario », ce n’est pas le résultat d’un « accident », mais d’un choix. Que ce choix ne soit pas « prémédité » n’en fait pas moins un choix.

  11. Lhaa Francis dit :

    Aux alentours de 1900 il fallait quelques jours pour fabriquer de ” vieux tacots ” poussifs. Ajourd’hui, pour moins de temps, on a de la bagnole avec de toutes autres performances. L’heure moyenne de travail social         a-t’elle pris ou perdu de la valeur ?
     

    • Descartes dit :

      @ Lhaa Francis

      [Aux alentours de 1900 il fallait quelques jours pour fabriquer de ” vieux tacots ” poussifs. Ajourd’hui, pour moins de temps, on a de la bagnole avec de toutes autres performances. L’heure moyenne de travail social a-t’elle pris ou perdu de la valeur ?]

      « L’heure de travail social » étant l’étalon de la valeur, elle ne peut ni perdre ni gagner. Par contre, on peut dire que la voiture a perdu de la valeur. Une voiture fabriquée à la main et pour laquelle il fallait plusieurs jours de travail contenait bien plus de valeur qu’une voiture fabriquée en série en quelques minutes pour des performances équivalentes ou supérieures. Et c’est grâce à cela travailleur du XXIème siècle peut s’offrir une voiture pour un coût qui représente pour lui bien moins d’heures de travail…

      C’est là le but de la théorie de la valeur : ramener l’ensemble des biens à un patron commun qui permette de les comparer entre eux.

      • Lhaa Francis dit :

             Et si l heure  de travail social est trop differente en, par exemple au Viet nam et en chine ?

        • Descartes dit :

          @ Lhaa Francis

          [Et si l heure de travail social est trop differente en, par exemple au Viet nam et en chine ?]

          Je pense que vous faites référence au concept de “temps de travail socialement nécessaire”. Il s’agit du temps de travail nécessaire pour produire un bien en utilisant les meilleures techniques et organisations disponibles pour une civilisation donnée. Pour Ricardo, la “valeur” d’un bien est donnée par le temps de travail effectif nécessaire à sa production. Marx raffine le modèle en lui préférant le temps de travail socialement nécessaire. Ce raffinement permet d’expliquer pourquoi le progrès technologique fait baisser la valeur contenue dans les biens, un problème qui à l’époque de Ricardo, ou les technologies évoluaient plus lentement, n’était pas évident.

          Le “travail socialement nécessaire” est le même à Paris et en Chine, dès lors que la France et la Chine appartiennent au même système économique, que les technologies développées à un endroit sont accessibles à l’autre.

          • Lhaa Francis dit :

                 Bonsoir a tous ( je recommence j’ai fait une fausse manip ).                    Je me demande si les bisbilles Chine-URSSou bien la guerre sino-vietnamienne de 1979, ou les eng.. à propos des iles de la mer de Chine n’auraient pas plutot pour origine des differences de developpement-productivite du travail -masquees par du chauvinisme et le fameux interet national/patriotisme ?                                                                                  P.S Va faloir que je secoue ma flemme et que je me mette pour de bon à Prix Salaire Profit.

            • Descartes dit :

              @ Lhaa Francis

              [Bonsoir a tous ( je recommence j’ai fait une fausse manip ). Je me demande si les bisbilles Chine-URSS ou bien la guerre sino-vietnamienne de 1979, ou les eng.. à propos des iles de la mer de Chine n’auraient pas plutôt pour origine des différences de developpement-productivite du travail -masquees par du chauvinisme et le fameux interet national/patriotisme ? ]

              Je ne vois pas le raisonnement qui vous conduit à conclure cela. Les « bisbilles Chine-URSS » tiennent à des différences stratégiques fondées sur des constantes démographiques et politiques. La Chine, pays très densement peuplé, avait une analyse de « l’équilibre de la terreur » très différente de celle de l’URSS, qui voyait la question démographique d’un tout autre œil. Alors que du côté chinois on envisageait une guerre nucléaire comme une possibilité – souvenez-vous des discours sur le « tigre de papier » – l’URSS se plaçait dans une volonté de rendre la guerre nucléaire impossible, que ce soit par le biais du désarmement ou de la logique MAD (« mutually assured destruction ».

              La guerre sino-vietnamienne et les conflits en mer de Chine sont liées à des frictions sur les zones d’influence. Ce sont d’ailleurs des conflits qui plongent leurs racines très loin dans le temps…

              [P.S Va faloir que je secoue ma flemme et que je me mette pour de bon à Prix Salaire Profit.]

              Saine lecture !

  12. Cording1 dit :

    Vous abordez tellement d’aspects du problème que pose la situation actuelle qu’il est difficile de tout commenter. 
    En bref Bayrou a aussi l’impudence de se réclamer de Mendès-France qui n’aurait jamais mis le pays dans une telle situation et qui, on l’oublie ou ne le sait pas du tout, fût hostile au traité de Rome dans lequel il voyait bien les prémices des effets du libéralisme économique qu’il contenait. Ce vieux boomer de Bayrou culpabilise son propre électorat. 
    La FI de JLM ou la gauche dite radicale est une pseudo-alternative parce qu’eux et tous leurs membres et militants n’ont pas de culture économique et ne remettent pas en question l’euro, l’Europe et tous les engagements qu’elles comportent. De plus le choix en faveur de la cause palestinienne pour des questions électorales fracture un électorat de gauche acquis depuis toujours à la cause d’Israël. 
    Le 8 septembre il est plus probable que nous faisons un pot de départ de Bayrou en attendant celui de Macron dans 20 mois. A moins que poussé par la situation il ne démissionne. Toutefois le problème restera entier parce que le vrai problème ne réside pas dans tel ou tel dirigeant politique mais dans les choix économiques faits depuis au moins 1983. Là il y a un consensus dans la classe politique; seuls quelques marginaux tels Asselineau, Philippot et Kuzmanovic tiennent un autre discours. Comme je le disais à un ami marxiste “sois sérieux, il n’y a guère de chances qu’ils arrivent au pouvoir”. Tout autre discours politique et économique hétérodoxe est banni des médias depuis le soir du 29 mai 2005. 
    Pourtant au problème majeur qu’est l’économie il y a toujours des alternatives dont quelques économistes hétérodoxes tels Jacques Sapir, David Cayla et Frédéric Farah se font en vain jusqu’ici un écho et des propositions concrètes. Le second d’entre eux conseille une petite formation politique la G.R.S. ou Gauche Républicaine et Socialiste du député Emmanuel Maurel et de leur magazine “Le Temps des Ruptures”.  Ces 3 économistes inspirent ma réflexion économique. 

    • Descartes dit :

      @ Cording1

      [En bref Bayrou a aussi l’impudence de se réclamer de Mendès-France qui n’aurait jamais mis le pays dans une telle situation et qui, on l’oublie ou ne le sait pas du tout, fût hostile au traité de Rome dans lequel il voyait bien les prémices des effets du libéralisme économique qu’il contenait.]

      La référence à Mendes-France m’a toujours amusé. Je ne sais pas si elle parle beaucoup aux jeunes et même aux adultes. Qui se souvient encore de lui autrement que par une vague référence ? Mendes-France, c’est une figure « morale », mais son héritage politique est finalement assez limité. Il fut président du Conseil une seule fois, pour un mandat qui dura 8 mois et deux jours. Il fut ministre deux fois : affaires étrangères (7 mois), économie (7 mois). Qu’a-t-il laissé derrière lui ? Il a soldé la guerre d’Indochine (déjà perdue après le désastre de Dien Bien Phu). On peut lui créditer d’avoir lancé le programme nucléaire militaire. Ca fait pas beaucoup quand même, pour une figure qu’on voudrait « tutélaire ».

      Il est aussi notable de constater, comme vous le rappelez, que ceux qui prétendent être ses héritiers passent discrètement sur ce que Mendes-France pensait de la construction européenne en général et du traité de Rome en particulier.

      [Ce vieux boomer de Bayrou culpabilise son propre électorat.]

      Je pense que c’est là une erreur politique que Bayrou n’est pas près d’oublier. Il y a d’ailleurs une ambigüité dans ce qu’on appelle « boomers » qu’il faut à mon avis lever. Pour Bayrou, ce sont ceux nés entre 1945 et 1965. Ceux qui sont nés en 1945-50 peuvent être qualifiés raisonnablement de génération dorée : même s’ils ont subi des privations du fait des dommages de guerre dans leur première enfance, ils arrivent à l’âge de raison et entrent dans la vie active entre 1965 et 1970, alors que la croissance est dynamique, que les rémunérations augmentent et le marché de l’emploi en expansion. Mais peut-on dire la même chose de ceux qui sont nés entre 1960 et 1965 et qui entrent sur le marché du travail entre 1980 et 1985 ? Eux ont connu la croissance en berne, le chômage de masse… ils sont rentrés dans la vie active tôt – peu de gens allaient au-delà du bac – et ont travaillé 39 heures. Peut-on en faire des « privilégiés » ?

      [La FI de JLM ou la gauche dite radicale est une pseudo-alternative parce qu’eux et tous leurs membres et militants n’ont pas de culture économique et ne remettent pas en question l’euro, l’Europe et tous les engagements qu’elles comportent.]

      Je suis beaucoup plus sévère : la FI n’a pas de culture du tout. Pas de culture institutionnelle, pas de culture économique, pas de culture historique, pas de culture philosophique. LFI, c’est un syndicat étudiant qui a trop grandi. Le fonctionnement sectaire n’a pas que des effets sur les rapports humains. Il laisse aussi des séquelles intellectuelles. Dans une secte, on n’écoute que les discours approuvés, on ne lit que les lectures orthodoxes. Tout ce qui vient de l’extérieur, tout ce qui peut troubler ce discours, est exclu. Non seulement cela entraîne un appauvrissement intellectuel, mais cela finit par fabriquer une réalité parallèle. A force de répéter des slogans, on finit par les croire. Vous trouvez des militants LFI qui croient dur comme fer que le NFP a gagné les élections de 2024, et que si elle ne gouverne pas c’est parce que Macron n’a pas voulu nommer sa candidate à Matignon, alors qu’il suffit de compter les voix pour se rendre compte que ce n’est pas le cas.

      [De plus le choix en faveur de la cause palestinienne pour des questions électorales fracture un électorat de gauche acquis depuis toujours à la cause d’Israël.]

      Là, je ne suis pas d’accord. L’électorat de gauche n’est pas « depuis toujours acquis à la cause d’Israël ». Pour ne donner qu’un exemple, le PCF a toujours eu d’excellents rapports avec Yasser Arafat et le Fatah. Le représentant de l’OLP en France était systématiquement invité à la Fête de l’Humanité, tout comme le parti communiste palestinien (membre de l’OLP). J’ajoute que le parti communiste israélien était, lui aussi, invité.

      La fracture de l’électorat de gauche sur la question palestinienne n’est pas une invention de LFI, elle existe depuis des lustres. C’était déjà un sujet contentieux en mai 1968, c’est dire…

      [Le 8 septembre il est plus probable que nous faisons un pot de départ de Bayrou en attendant celui de Macron dans 20 mois. A moins que poussé par la situation il ne démissionne. Toutefois le problème restera entier parce que le vrai problème ne réside pas dans tel ou tel dirigeant politique mais dans les choix économiques faits depuis au moins 1983.]

      Pas seulement : il y a aussi des choix politiques, et notamment celui d’organiser l’impuissance du politique, en transférant des compétences tous azimuts (vers les collectivités territoriales, vers l’Europe, vers les juges, vers des autorités administratives, vers des commissions de toutes sortes) qui aboutissent à un système bloqué : personne n’a le pouvoir de faire, et du coup personne n’est responsable de rien. C’est cette impuissance organisée qui provoque la « lassitude démocratique ». A quoi bon militer, à quoi bon voter puisque personne ne peut finalement rien faire ?

      [Pourtant au problème majeur qu’est l’économie il y a toujours des alternatives dont quelques économistes hétérodoxes tels Jacques Sapir, David Cayla et Frédéric Farah se font en vain jusqu’ici un écho et des propositions concrètes.]

      Tout à fait d’accord, je suis les travaux de ces économistes qui sont souvent très intéressants. Mais ils sont marginaux. A droite, et c’est logique, ils sentent le soufre parce que le néolibéralisme reste l’idéologie dominante. A gauche, parce que le débat est dominé par des classes intermédiaires qui préfèrent le principe de plaisir au principe de réalité, et que Sapir, Cayla et Farah restent des penseurs matérialistes pour lesquels le travail reste central.

      • CVT dit :

        @Descartes,

        [Là, je ne suis pas d’accord. L’électorat de gauche n’est pas « depuis toujours acquis à la cause d’Israël ». Pour ne donner qu’un exemple, le PCF a toujours eu d’excellents rapports avec Yasser Arafat et le Fatah. Le représentant de l’OLP en France était systématiquement invité à la Fête de l’Humanité, tout comme le parti communiste palestinien (membre de l’OLP). J’ajoute que le parti communiste israélien était, lui aussi, invité.]

        Oui, j’ai connu cette époque où en France, la cohabitation entre pro-palestiniens et pro-israéliens étant relativement pacifique, au milieu des années 80, et pour une raison simple: bien que reconnu comme mouvement terroriste, le Fatah était avant tout nationaliste et non ISLAMISTE,  à l’instar des dirigeants égyptiens, syriens et irakiens de l’époque; quant aux pro-israéliens, les anti-sionistes avaient encore largement voix au chapitre, et étaient donc les plus plus ouverts au dialogue de paix.
        Sans même parler du PCF, il y avait énormément de partisans d’Arafat au sein du PS ce qui peut sembler bizarre pour un parti qui était réputé être judéophile; quant à la droite (je songe notamment à ce cher Chichi…), elle était aussi partisane plus ou moins assumée de l’OLP (réminiscence de la politique gaulliste pro-arabe, je suppose).
         
        Mais on parle ici de la fin des années 80 (plus de 35 ans, donc), et les positions se sont radicalisées: c’est pourquoi je ne comprends plus ni les partisans pro-palestiniens, qui pour moi soutiennent aveuglément les islamistes du Hamas, ni les partisans de Benjamin Nethanyhou, homme politique démagogue, belliciste et impérialiste, particulièrement corrompu et dangereux pour la paix. Le premier ministre actuel a commis, selon moi, un crime inexpiable: il a soutenu le parti des assassins d’Itzakh Rabin, et applaudi à la mort des accords d’Oslo.
         
        En 2025, me demander de choisir entre ces deux camps, revient à choisir entre la peste et le choléra, et autant je pouvais comprendre le fait d’avoir un parti pris en 1990, autant aujourd’hui j’ai vraiment beaucoup de mal: chacun des deux camps a réussi à rendre leur cause haïssable… 

        • Descartes dit :

          @ CVT

          [Oui, j’ai connu cette époque où en France, la cohabitation entre pro-palestiniens et pro-israéliens étant relativement pacifique, au milieu des années 80,]

          Vous avez je pense une vision angélique. Le sionisme de droite, suprémaciste et raciste, existe depuis le début du XXème siècle, avec des personnalités comme Vladimir Jabotinski et des organisations violentes comme le Betar. Même à l’intérieur du mouvement sioniste, la cohabitation entre un sionisme « de gauche » et ces organisations a été très difficile, voire violente – le conflit a failli provoquer une guerre civile opposant l’Irgoun à l’Haganah. Beaucoup d’analystes pensent qu’elle aurait eu lieu s’il n’y avait pas eu un ennemi commun pour unir la société israélienne contre lui.

          Mais il faut rappeler que dans les années 1980 le mouvement sioniste était dominé par la gauche laïque. Les travaillistes dominaient la vie politique israélienne – David Ben Gurion, Golda Meir, Itsak Rabin, Shimon Peres en sont tous issus. Côté palestinien, la gauche laïque dominait l’OLP à travers le Fatah et ses organisations amies. Bien sûr, tous ces gens se faisaient la guerre, mais avaient encore le sens du tragique, et du coup pouvaient au moins partager un cadre commun dans lequel le dialogue était possible.

          [et pour une raison simple: bien que reconnu comme mouvement terroriste, le Fatah était avant tout nationaliste et non ISLAMISTE, à l’instar des dirigeants égyptiens, syriens et irakiens de l’époque; quant aux pro-israéliens, les anti-sionistes avaient encore largement voix au chapitre, et étaient donc les plus plus ouverts au dialogue de paix.]

          Je ne pense pas que les anti-sionistes aient joué un rôle important dans l’affaire, si ce n’est que leur poids empêchait les sionistes de se faire les seuls porte-parole d’une fantasmatique « communauté juive ». Mais il y a un paramètre que vous oubliez, qui est la présence de l’Union soviétique, qui était un facteur de stabilisation importante. C’est la bipolarité qui a permis aux régimes laïques de s’installer en Syrie, en Irak, en Egypte.

          [Mais on parle ici de la fin des années 80 (plus de 35 ans, donc), et les positions se sont radicalisées: c’est pourquoi je ne comprends plus ni les partisans pro-palestiniens, qui pour moi soutiennent aveuglément les islamistes du Hamas, ni les partisans de Benjamin Nethanyhou, homme politique démagogue, belliciste et impérialiste, particulièrement corrompu et dangereux pour la paix.]

          Le problème est qu’il est difficile aujourd’hui de soutenir la cause palestinienne – et je suis convaincu que la revendication des palestiniens à un état est juste – sans soutenir le Hamas. Quand on assassine le directeur du cirque, ensuite on ne peut plus négocier qu’avec les lions. Israël – avec la complicité active ou passive des puissances occidentales – a tout fait pour affaiblir l’OLP, pour en faire une organisation croupion. Cela a permis – là encore, avec la complicité occidentale – de mettre la question palestinienne sous le tapis. La réalité est qu’on avait oublié les palestiniens : petit à petit, la colonisation préparait l’annexion de la Cisjordanie, les pays arabes signaient des accords de paix avec Israël. Encore quelques années, et on aurait pu archiver le dossier…

          Quoi qu’on pense du massacre du 7 octobre, le fait est qu’il a rompu cet agréable consensus des chancelleries occidentales et remis la question en haut de la pile diplomatique. Et cela donne au Hamas un statut particulier. Aujourd’hui, il peut raisonnablement parader comme étant la seule organisation représentant l’intérêt des Palestiniens. On voit bien d’ailleurs la difficulté : malgré les privations, malgré les destructions, les Palestiniens ne semblent pas décidés à faire confiance à une autorité palestinienne perçue comme un appendice des autorités d’occupation israéliennes. Imaginer que les occidentaux vont pouvoir choisir le représentant des palestiniens est une absurdité.

          [Le premier ministre actuel a commis, selon moi, un crime inexpiable : il a soutenu le parti des assassins d’Itzakh Rabin, et applaudi à la mort des accords d’Oslo.]

          Je doute, malheureusement, que ce crime, tout inexpiable qu’il puisse être, soit puni un jour. J’ai depuis longtemps cessé de croire que dans le monde réel le « bien » triomphe à la fin.

          [En 2025, me demander de choisir entre ces deux camps, revient à choisir entre la peste et le choléra, et autant je pouvais comprendre le fait d’avoir un parti pris en 1990, autant aujourd’hui j’ai vraiment beaucoup de mal : chacun des deux camps a réussi à rendre leur cause haïssable…]

          Avant de choisir « entre ces deux camps », il faut s’interroger sur la légitimité des deux causes. Le fait est qu’il y avait un peuple qui habitait une région (les arabes palestiniens) et qui ont été expulsés pour faire place à des gens venus d’ailleurs avec la bénédiction des grandes puissances au nom d’un « droit » vieux de 2000 ans. J’ai la faiblesse de croire que la réclamation des premiers est plus légitime que celle des seconds. Après, il y a une question de réalisme politique : même si l’expulsion était une injustice historique, le retour au statu quo ante parait impossible. Il faut donc trouver une solution qui satisfasse au mieux le cas palestinien, tout en étant réaliste. Or, la réalité est que personne n’est prêt à imposer par la force aux israéliens une quelconque concession, et que sans cela les israéliens n’ont aucune raison de consentir quelque concession que ce soit au projet du « grand Israël ». L’issue la plus probable du conflit est donc la déportation franche ou déguisée des palestiniens de Cisjordanie et de Gaza…

      • tmn dit :

        @Descartes [Mais peut-on dire la même chose de ceux qui sont nés entre 1960 et 1965 et qui entrent sur le marché du travail entre 1980 et 1985 ? Eux ont connu la croissance en berne, le chômage de masse… ils sont rentrés dans la vie active tôt – peu de gens allaient au-delà du bac – et ont travaillé 39 heures. Peut-on en faire des « privilégiés » ?]Autre chose à propos de la mention des “boomers” : j’ai l’impression qu’on entend de plus en plus de commentateurs, politiques et journalistes raisonner par “génération” : les boomers, la génération X, les millenials …etc.Certes il y a des différences entre les générations, mais c’est un peu facile de tout englober, entre un boomer cadre supérieur et un boomer ouvrier, n’y a t’il pas plus de différence qu’entre deux ouvriers de générations différentes ? Tout ça fleure bon la tentative de remise en cause du système de retraite par répartition, je le sens venir gros comme une maison à la prochaine occasion.

        • Descartes dit :

          @ tmn

          [Autre chose à propos de la mention des “boomers” : j’ai l’impression qu’on entend de plus en plus de commentateurs, politiques et journalistes raisonner par “génération” : les boomers, la génération X, les millenials …etc. Certes il y a des différences entre les générations, mais c’est un peu facile de tout englober, entre un boomer cadre supérieur et un boomer ouvrier, n’y a t’il pas plus de différence qu’entre deux ouvriers de générations différentes ?]

          La tendance à réfléchir en termes de « génération » a un certain sens. Les gens qui ont eu le même âge en même temps partagent certaines expériences, certaines références. Les gens qui avaient entre 18 et 25 ans entre 1914 et 1918 ont partagé en grande partie l’expérience de la guerre. Ceux qui avaient le même âge dans les années 1960 ont formé leur goût avec les Beatles et les Rolling Stones. Même si entre le cadre et l’ouvrier d’une même génération il y a des différences importantes, ils partagent quand même des références importantes.

          [Tout ça fleure bon la tentative de remise en cause du système de retraite par répartition, je le sens venir gros comme une maison à la prochaine occasion.]

          Le plus absurde dans cette affaire est que la retraite par capitalisation aurait abouti exactement au même résultat : la génération des « boomers », qui a profité des « trente glorieuses » aurait pu capitaliser des sommes très importantes et aurait une bonne retraite, les générations suivantes qui ont vécu le chômage de masse n’auront pas pu accumuler un gros capital, et auraient des retraites plus faibles…

  13. Glarrious dit :

    @Descartes
     
    Au fil des discussions, vous semblez croire que Macron ne changera pas de cap. Pourquoi ne pas aller au-delà. En plus de Bayrou, Macron ne doit-il pas partir aussi ? Ou bien vous estimez que c’est peu probable ?

    • Descartes dit :

      @ Glarrious

      [Au fil des discussions, vous semblez croire que Macron ne changera pas de cap. Pourquoi ne pas aller au-delà. En plus de Bayrou, Macron ne doit-il pas partir aussi ? Ou bien vous estimez que c’est peu probable ?]

      Très peu probable. Il vit dans un palais aux frais de la République, il peut peut voyager pour voir les grands de ce monde ou les recevoir chez lui, il peut pérorer devant les ministres une fois par semaine et devant les journalistes quand il veut. Il peut encore distribuer quelques postes et prébendes. Bref, il peut jouer à être président, le rôle qu’il préfère. Et personne ne peut le virer jusqu’à juin 2027. Pourquoi démissionnerait-il ?

      Pour un homme d’Etat, le pouvoir et les avantages qui y sont associés sont un moyen pour faire avancer un projet, pour atteindre un but. Quand il ne peut plus le faire, quand il sent que sa présence non seulement n’est plus utile mais pourrait paralyser les institutions, il s’en va. Parce que pour un homme d’Etat, par définition, l’Etat passe avant lui. Mais Macron n’est pas un homme d’Etat. Pour lui, le pouvoir et les avantages en question ne sont pas un moyen, mais un but en soi. Quand bien même il serait convaincu que son départ ferait de la France un pays plus riche, plus fort, il ne démissionnerait pas, parce que pour lui l’Etat, la France passent derrière ses petits intérêts.

      Un De Gaulle, un Chèvenement, un Séguin démissionnent sur un point de principe et sans avoir l’espoir d’un meilleur poste. Les humoristes ont même insisté sur cet aspect de leur personnalité. Même Chirac a claqué la porte en 1976, préférant partir plutôt que de faire la potiche. Mais ça, c’était avant. Aujourd’hui, je n’imagine pas de leader politique démissionnant parce qu’il est bloqué. Et Macron moins que n’importe quel. Même réduit à l’état d’ornement, on profitera aussi longtemps que possible de la soupe…

      Je ne vois en fait que deux hypothèses ou Macron partirait. La première, si le peuple soulevé lui cour derrière avec les fourches. Vous avouerez que c’est peu probable, quoique… La seconde, s’il arrive à concevoir une sortie dramatique, théâtrale, qui lui donne le bon rôle. N’oubliez jamais que c’est un acteur frustré qui siège à l’Elysée…

  14. Bob dit :

    @ Descartes
     
    [ La première, si le peuple soulevé lui cour derrière avec les fourches. Vous avouerez que c’est peu probable, quoique…]
     
    Ce n’est pas passé loin : les gilets jaunes étaient aux grilles du château, l’hélico pour exfiltrer Macron prêt à décoller…
     
    [N’oubliez jamais que c’est un acteur frustré qui siège à l’Elysée…]
     
    Tout à fait. Acteur amateur frustré qui a trouvé en Zelenski un compère.

    • Descartes dit :

      @ Bob

      [Ce n’est pas passé loin : les gilets jaunes étaient aux grilles du château, l’hélico pour exfiltrer Macron prêt à décoller…]

      N’exagérons rien. Les “Gilets Jaunes” avaient réussi à surprendre en défonçant la porte du siège du secrétaire d’état, porte parole du gouvernement. Le porte parole en question, Benjamin Griveaux, au lieu de rester à son bureau et tenir tête – ce qui aurait eu de la gueule – a préféré détaler par la porte dérobée du jardin. Mais jamais l’Elysée n’a été menacé.

  15. MJJB dit :

    Bayrou doit partir, certes ; mais Bayrou partira-t-il ? Toute cette “séquence” ressemble quand même furieusement à un énième épisode de “retenez-moi, ou je fais un malheur”. Le 8 septembre, la somme de ceux qui ont tout à perdre à un changement de la situation actuelle risque fort d’être supérieure à la somme de ceux qui voudront “renverser la table”. Pourquoi donc les “Républicains”, ainsi nommés (LR), le Péhesse, le Bloc central, en un mot, voudraient-ils se faire hara-kiri, en entraînant par une confiance refusée l’élection d’une assemblée RN-LFI, où ils auraient toutes les chances de ne pas se faire renouveler leur bail ? Il faudra s’attendre, pour demain, à une prolifération de discours du genre “oui, Bayrou est ce qu’il est, mais vu la situation actuelle, j’ai préféré prendre mes responsabilités et ne pas courir le risque de contribuer à jeter le pays dans le chaos (ou encore plus de chaos)”.
     
    Enfin bref, pour Bayrou, même s’il prend indéniablement un risque, c’est “jouable”. Son seul et unique atout, mais il est de taille, c’est qu’au moment suprême, trop de députés voudront continuer à aller à la soupe pour vouloir “renverser la table”.

    • Descartes dit :

      @ MJJB

      [Bayrou doit partir, certes ; mais Bayrou partira-t-il ? Toute cette “séquence” ressemble quand même furieusement à un énième épisode de “retenez-moi, ou je fais un malheur”.]

      Sauf que, vous le remarquerez, personne ne le retient. Bien sûr, le « bloc central » pousse des cris d’orfraie remplis de mots comme « stabilité » et « continuité », mais on sent bien que le cœur n’y est pas. Avec sa raideur, sa logique de chantage et sa manie de faire cavalier seul, il a fini par se mettre tout le monde à dos. Vous noterez que même ceux qui théoriquement le soutiennent n’en font pas un bon premier ministre : derrière les arguments de « stabilité » et « continuité » se cache un non dit : « il est nul, mais le renverser donnerait le mauvais signal ».

      [Le 8 septembre, la somme de ceux qui ont tout à perdre à un changement de la situation actuelle risque fort d’être supérieure à la somme de ceux qui voudront “renverser la table”. Pourquoi donc les “Républicains”, ainsi nommés (LR), le Péhesse, le Bloc central, en un mot, voudraient-ils se faire hara-kiri, en entraînant par une confiance refusée l’élection d’une assemblée RN-LFI, où ils auraient toutes les chances de ne pas se faire renouveler leur bail ?]

      Le problème, c’est que prolonger le mandat de Bayrou, c’est aussi se faire harakiri. Vous vous imaginez le PS revenant devant les électeurs de gauche pour leur expliquer qu’on a voté la confiance en Bayrou pour faire 44 Md€ d’économies sans toucher un cheveu de la tête des patrons ? Parce que le vote de confiance, c’est cela. Il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt : ce que Bayrou demande, c’est un blanc-seing pour faire sa politique. Tout les discours sur le « tout est négociable », on sait ce qu’ils valent après l’échec calamiteux du « conclave ».

      Bayrou a fait une grosse erreur de calcul. Le PS aurait peut-être laissé passer le budget, moyennant quelques concessions symboliques, parce que moyennant un 49.3 – son inventeur devrait avoir le prix Nobel de la politique – il aurait suffi de s’abstenir sur une motion de censure. Mais là, ce qu’on demande aux socialistes ce n’est pas simplement de couper l’amarre, on leur demande de monter dans le bateau en votant « oui » au budget Bayrou. Notre premier ministre n’a toujours pas compris qu’il y a une chose à ne jamais faire : humilier l’adversaire.

      [Il faudra s’attendre, pour demain, à une prolifération de discours du genre “oui, Bayrou est ce qu’il est, mais vu la situation actuelle, j’ai préféré prendre mes responsabilités et ne pas courir le risque de contribuer à jeter le pays dans le chaos (ou encore plus de chaos)”.]

      Celui qui tiendrait ce discours prendrait un risque énorme. Je vous concède que les socialistes seraient sans doute prêts à monter à bord s’il y avait dans l’électorat un fort courant qui les y incitait. Mais ce n’est pas le cas. Bayrou a réussi même cet exploit : il est devenu si impopulaire que le réflexe « Bayrou dehors » est plus fort que la peur du chaos, traditionnellement si forte chez les Français.

      • Lhaa Francis dit :

             C ‘est pas la peur du chaos, mais tant qu’ils peuvent faire  ” crac-crac  ” et ” miam-miam ” et se payer les quelques gadgets qui leur servent ” d’insignes de grade “,  ( comme disent les militaires ), le reste peu leur en chaut. Mais le soleil se leve à l’est……

    • MJJB dit :

      Je me suis trompé. Je me suis même doublement trompé : premièrement, parce que Bayrou a bien été renversé, et que le décompte des voix à l’Assemblée montre qu’il n’avait, en fait, pas la moindre chance.
       
      Mais la nomination de M. Lecornu montre que mon erreur était, en fait, beaucoup plus profonde. Implicitement, je posais que les gouvernements à la petite semaine, du genre Barnier ou Bayrou, allaient continuer, cahin-caha, leur petit bonhomme de chemin jusqu’en 2027.
       
      Mais c’est Sébastien Lecornu qui a été nommé Premier Ministre. Et cela, immédiatement, preuve que M. Macron avait mûri son choix depuis longtemps. Sébastien Lecornu, l’ancien ministre des Armées, à la tête donc d’un ministère que l’on appelait, en des temps moins pudibonds, le ministère de la guerre. Nommer un ministre des armées à Matignon, personne ne peut se méprendre sur ce que cela signifie. Surtout si l’on prend en considération d’autres “signaux faibles”, comme par hasard ces consignes adressées par le ministère de la Santé aux Agences régionales de santé, leur demandant de se tenir prêtes à une guerre de haute intensité. Le cinéma de MM. Macron, Starmer, Merz, ne serait-il donc que du cinéma ? que de vaines gesticulations ?
       
      Et certaines informations récentes nous amènent à remettre en cause certaines assertions à la mode concernant le soi-disant fossé existant entre Trump et ses vassaux européens. Lorsque Trump a rencontré Kim Jong-Un en 2019, c’était pour mieux tenter un coup tordu contre la Corée du Nord. Lorsque Trump permet au Qatar d’accueillir des représentants du Hamas pour des négociations, c’est pour leur lâcher des bombes dessus. Lorsque Trump a rencontré Poutine en Alaska, les néo-consses et atlantistes de tout poil ont rivalisé d’évanouissements scandalisés ; mais c’est trop d’injustice. Si l’on en juge par son modus operandi, cette soi-disant “détente” de la part de Trump ne pourrait bien être qu’un piège ; et les vassaux européens joueraient le rôle de chiens d’assaut, que l’on fait semblant de tancer, pour mieux les lâcher au moment opportun.
       
      Quant à Macron, si l’on y réfléchit bien, une guerre ouverte contre la Russie ne peut être, de son point de vue, que pain bénit. C’est tout ce qui lui reste pour rester en place, pour “sauver” ce qui peut l’être de son œuvre (de destruction de la France), et, surtout, le moment tant désiré où une situation de crise extrême pourrait enfin mener à son rêve de toujours et à son but ultime : le saut fédéral de l’Union Européenne ; d’ailleurs, Altiero Spinelli ne disait-il pas que seule une guerre contre la Russie pourrait provoquer la naissance de l’état européen uni qu’il appelait de ses vœux ?…

      • Descartes dit :

        @ MJJB

        [Je me suis trompé. Je me suis même doublement trompé : premièrement, parce que Bayrou a bien été renversé, et que le décompte des voix à l’Assemblée montre qu’il n’avait, en fait, pas la moindre chance.]

        Ça ne pouvait pas marcher. Bayrou s’est mis dans la position du maître chanteur, en menaçant les oppositions de terribles châtiments (crise financière, pas de budget…) au cas où elles oseraient le renverser. Les oppositions ne pouvaient céder à se discours sans perdre toute crédibilité. Il était clair que le vote serait négatif, et massif.

        [Mais c’est Sébastien Lecornu qui a été nommé Premier Ministre. Et cela, immédiatement, preuve que M. Macron avait mûri son choix depuis longtemps.]

        Là, vous surinterprétez. D’abord, Macron a eu au moins deux semaines pour faire son choix, puisque depuis que Bayrou a décidé de demander un vote de confiance il était évident qu’il allait à l’abattoir. Lecornu est gardé en réserve depuis très longtemps, son nom circule à chaque remaniement – y compris avant l’élection de 2024, lorsque Attal remplace Borne. Lecornu est un homme du président, l’un des rares qui mérite sa confiance à titre personnel. Ce qui n’était le cas d’aucun de ses prédécesseurs depuis 2017. Par certains côtés, on peut y voir une prise de conscience de la criticité de la situation. En mettant Lecornu à Matignon, l’Elysée prend la main directement et se prive d’un fusible.

        [Sébastien Lecornu, l’ancien ministre des Armées, à la tête donc d’un ministère que l’on appelait, en des temps moins pudibonds, le ministère de la guerre. Nommer un ministre des armées à Matignon, personne ne peut se méprendre sur ce que cela signifie.]

        Qu’est-ce que « cela signifie » ? L’appellation « ministère de la guerre » a été inventée par la Révolution en 1791 (un « secrétaire d’Etat à la guerre » existait depuis 1589) et a survécu à tous les régimes jusqu’en 1946. Il ne faut pas tomber dans la paranoïa, et lire des signes là où il n’y en pas. L’usage du rasoir d’Occam devrait vous aider. Lecornu a été aussi secrétaire d’Etat au ministère de l’environnement, ministre chargé des collectivités territoriales, ministre de l’outre-mer. Pourquoi ne pas associer sa nomination à ces postes-là, plutôt qu’à celui de ministre des armées ?

        [Surtout si l’on prend en considération d’autres “signaux faibles”, comme par hasard ces consignes adressées par le ministère de la Santé aux Agences régionales de santé, leur demandant de se tenir prêtes à une guerre de haute intensité.]

        Pourriez-vous indiquer la référence de ces « consignes » ? En matière de complots, je suis comme Saint Thomas : je ne crois que ce que je vois…

        [Et certaines informations récentes nous amènent à remettre en cause certaines assertions à la mode concernant le soi-disant fossé existant entre Trump et ses vassaux européens.]

        Pourriez-vous indiquer les sources de ces « informations récentes » ?

        [Lorsque Trump a rencontré Kim Jong-Un en 2019, c’était pour mieux tenter un coup tordu contre la Corée du Nord.]
        Comment le savez-vous ?

        [Lorsque Trump permet au Qatar d’accueillir des représentants du Hamas pour des négociations, c’est pour leur lâcher des bombes dessus.]

        J’ignorais que Trump « permettait au Quatar » d’accueillir des représentants de tel ou tel mouvement. Là encore, quelles sont vos sources ?

        [Lorsque Trump a rencontré Poutine en Alaska, les néo-consses et atlantistes de tout poil ont rivalisé d’évanouissements scandalisés ; mais c’est trop d’injustice. Si l’on en juge par son modus operandi, cette soi-disant “détente” de la part de Trump ne pourrait bien être qu’un piège ; et les vassaux européens joueraient le rôle de chiens d’assaut, que l’on fait semblant de tancer, pour mieux les lâcher au moment opportun.]

        Avec des « pourrait » et des « joueraient », on mettrait Paris en bouteille…

        [Quant à Macron, si l’on y réfléchit bien, une guerre ouverte contre la Russie ne peut être, de son point de vue, que pain bénit.]

        Même si l’abri anti-atomique de l’Elysée est fort confortable, je doute que Macron ait très envie d’y passer le reste de sa vie. S’il vous plaît, utilisez le rasoir d’Occam, c’est gratuit…

  16. Bob dit :

    @ Descartes
     
    Quel est votre avis sur le choix de Lecornu, un macroniste de la première heure, comme Premier ministre ?
    Et sur le fait que contrairement aux fois précédentes où Macron n’en finissait pas de tergiverser, cette fois-ci ça a été un choix express ?

    • Descartes dit :

      @ Bob

      [Quel est votre avis sur le choix de Lecornu, un macroniste de la première heure, comme Premier ministre ? Et sur le fait que contrairement aux fois précédentes où Macron n’en finissait pas de tergiverser, cette fois-ci ça a été un choix express ?]

      Sur le deuxième point, le choix n’est pas si « express » que ça : Macron a eu trois semaines pour s’y préparer, parce qu’il était évident, dès que Bayrou lui a parlé d’aller devant l’Assemblée que cela allait être un carnage.

      Le choix de Lecornu montre à mon avis un changement de stratégie. Avec Barnier ou Bayrou, le président avait choisi des personnalités qui, certes, ne lui étaient pas hostiles, mais qui ne lui étaient pas non plus proches personnellement. Barnier n’était pas véritablement un macroniste encarté – et c’est pourquoi Macron a fait en sorte de l’entourer étroitement de ministres à sa main. Bayrou a toujours été regardé avec méfiance au « château », ou personne n’ignorait que c’était une « planche pourrie ». Avec Lecornu, Macron confie les manettes à un homme de sa confiance, ce qui augure une forme de reprise en main des affaires par le président. En même temps, la proximité de Lecornu lui permettra de dire au président des choses désagréables qui en Bayrou ni Barnier n’avaient intérêt à lui dire…

      Et puis, Lecornu est jeune. Il a encore une longue carrière devant lui. Dans ces conditions, il n’a pas vraiment à lier son nom trop étroitement à une politique condamnée par l’opinion…

      • Frank dit :

        [Sur le deuxième point, le choix n’est pas si « express » que ça : Macron a eu trois semaines pour s’y préparer, parce qu’il était évident, dès que Bayrou lui a parlé d’aller devant l’Assemblée que cela allait être un carnage.]
        Je pense que le choix avait déjà été fait au moment où Bayrou a été nommé…
        [Le choix de Lecornu montre à mon avis un changement de stratégie.]
        Vous pensez vraiment que Macron a une «stratégie»?!? Une «stratégie» c’est un plan détaillé de long terme pour faire quelque chose. Qu’est-ce que Macron compte faire qui nécessite un tel plan ?!?
        [Et puis, Lecornu est jeune. Il a encore une longue carrière devant lui. Dans ces conditions, il n’a pas vraiment à lier son nom trop étroitement à une politique condamnée par l’opinion…]
        Je vous trouve extrêmement gentil avec Lecornu. Voici 7 ans qu’il est un ministre docile de Macron… Que vous faut-il pour lier «étroitement» son nom à une orientation politique ?
        Certes, la mémoire des électeurs est très très courte… Il peut, peut-être, compter là-dessus.
        Je vous avoue que la nausée ne me quitte plus devant le spectacle qui est donné par ces gens.

        • Descartes dit :

          @ Frank

          [Je pense que le choix avait déjà été fait au moment où Bayrou a été nommé…]

          Je ne pense pas. Au moment de la nomination de Bayrou, c’était Lescure plutôt que Lecornu qui tenait la corde. Bien sûr, le nom de Lecornu circulait déjà lors de la nomination de Barnier ou de Bayrou, mais je pense que vous faites trop d’honneur au président en pensant qu’il avait une stratégie à long terme, et qu’en nommant Bayrou il s’est dit « le prochain sera Lecornu ».

          [« Le choix de Lecornu montre à mon avis un changement de stratégie. » Vous pensez vraiment que Macron a une «stratégie»?!? Une «stratégie» c’est un plan détaillé de long terme pour faire quelque chose. Qu’est-ce que Macron compte faire qui nécessite un tel plan ?!?]

          Terminer son mandat dans les meilleures conditions, et dans la mesure du possible préserver son héritage et son image dans l’histoire. Ce n’est pas un objectif grandiose, mais suffisant pour qu’il y ait « stratégie ».

          [« Et puis, Lecornu est jeune. Il a encore une longue carrière devant lui. Dans ces conditions, il n’a pas vraiment à lier son nom trop étroitement à une politique condamnée par l’opinion… » Je vous trouve extrêmement gentil avec Lecornu. Voici 7 ans qu’il est un ministre docile de Macron… Que vous faut-il pour lier « étroitement » son nom à une orientation politique ?]

          « Docile » certes, mais fort discret. Même sur la question Ukrainienne, où il a pourtant un mot à dire, il n’est pas apparu très bavard ni très présent dans les médias. Dans un contexte où les ministres ont une certaine tendance à parler à propos et hors de propos, il a gardé là aussi un profil bas. Je ne crois pas que ce soit un hasard. Je doute que Madame Michu voie en Sébastien Lecornu le co-responsable de la réforme des retraites, de la répression des « Gilets Jaunes », de la gestion hasardeuse du budget ou des bêtises qui ont été dites pendant la crise COVID.

          [Je vous avoue que la nausée ne me quitte plus devant le spectacle qui est donné par ces gens.]

          Je partage un peu votre sentiment. Certains comportements deviennent obscènes.

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