Lorsqu’au début de la campagne présidentielle de 2012 Mélenchon avait qualifié François Hollande de « capitaine de pédalo », l’expression avait fait mouche. Et si elle avait fait mouche, c’est parce qu’avec ce talent si particulier de la formule Mélenchon avait touché juste. Quelque soient les qualités de notre président de la République – et il doit en avoir, puisqu’il est arrivé là où il est – l’autorité, le charisme, l’expérience, la puissance intellectuelle nécessaire au pilotage d’un grand navire ne figurent pas parmi celles-ci. François Hollande est désespéramment normal, alors que le sort lui a donné la fonction la plus « anormale » qui soit.
Cela ne serait pas grave si la situation était différente. Après tout, Jacques Chirac, un autre faux corrézien obligé de cacher son passage à l’ENA et sa passion pour les arts orientaux pour paraître proche du peuple a réussi à incarner la fonction malgré un immobilisme quasi total et une absence manifeste d’idées. Mais Chirac était porté par les dernières vagues de la pensée gaullienne, par « une certaine idée de la France » qui pour être plus radicale-socialiste que gaulliste n’avait pas moins son unité. Et puis, Chirac – c’est là une affaire de génération – avait sur Hollande l’avantage d’avoir le sens du tragique de l’action politique acquis dans les combats de la guerre d’Algérie auxquels il a participé comme jeune lieutenant, puis dans les combats au couteau à l’intérieur de la droite après le départ de Mongénéral des affaires, dans différentes fonctions ministérielles et même au plan intime, avec la maladie de sa fille. A côté, les dilemmes moraux et les tragédies de la vie d’Hollande paraissent négligeables : pas de guerre, pas d’affrontement sanglant, pas de meurtre du père… Certes, sa vie puis sa séparation vaudevillesque d’avec Ségolène a de quoi de quoi être traumatisante mais on ne peut pas vraiment dire que cela donne le genre de hauteur de vue nécessaire aux plus hautes responsabilités.
Or, l’heure est véritablement grave. Je pense pouvoir dire que le seul moment comparable dans notre histoire récente est la débâcle de 1940. Il y a d’ailleurs entre la débâcle de 1940 et celle de 2012 beaucoup de points communs. Hier comme aujourd’hui, les élites (1) françaises ont failli, par faiblesse, par incapacité de s’abstraire des intérêts particuliers, par lâcheté, lorsqu’il s’est agi de préparer le pays à se défendre. Et devant l’attaque, ces mêmes élites ont capitulé en rase campagne et expliqué au pays qu’il fallait accepter la souffrance qui seule pouvait purifier le pays. Bien sur, en 1940 il avait fallu deux ans entre les accords de Munich et l’occupation de la France. En 2012, entre le traité de Maastricht – Mitterrand ne dit pas « nous avons sauvé la paix de notre temps », mais l’idée y était – et le défilé des troupes d’occupation à Paris il s’est passé vingt ans. Mais les résultats sont à peu près les mêmes. Et comme en 1940, l’ennemi peut compter sur la quasi totalité de nos élites politiques pour nous expliquer que c’est notre paresse, notre insouciance, notre goût du plaisir qui expliquent notre défaite, et qu’il nous faut souffrir pour expier nos fautes et forger une nouvelle nation. La seule différence est qu’en 1940 les ordres venaient de Wiesbaden, et qu’aujourd’hui elles viennent de Bruxelles.
Poussons un peu plus l’analogie. En 1940 comme aujourd’hui, il y avait à Vichy ceux qui pensaient sincèrement que pour servir les intérêts de la France il fallait chercher la bienveillance de l’occupant. D’autres pensaient qu’il fallait ruser avec lui. Nous avons aujourd’hui ces deux mêmes écoles : chez Cahuzac et Moscovici on fait preuve d’orthodoxie européenne, tandis que Montebourg se gratte la tête pour trouver comment contourner les règles de la Commission. Mais en dernière instance, comme en 1940, les deux sont condamnés à échouer : les premiers, parce que l’occupant n’est pas intéressé par un compromis, les seconds parce qu’en fin de compte ils sont obligés de sacrifier l’essentiel pour gagner l’accessoire. Et en fin de comptes, les deux finiront par faire le jeu de l’occupant et se rendront complices du pillage et de l’abaissement du pays.
Oui, la situation est grave. Les Dieux de Francfort exigent chaque jour de nouveaux sacrifices. A Bercy, on se demande chaque jour qu’est ce qu’on peut couper pour entrer dans l’épure : Les retraites ? L’enseignement ? Les programmes de recherche ? Les allocations familiales ? Pour donner une idée de l’état des choses, il suffit de suivre certaines déclarations et rumeurs qui font le tour de la place de Paris. On se souvient il n’y a pas si longtemps des déclarations de l’ancien ministre mitterrandien Paul Quilès expliquant qu’il fallait abandonner la dissuasion nucléaire pour faire des économies. Cette semaine, « Le Point » fait référence à des fuites indiquant que le ministère de la Défense s’apprêterait à annoncer un plan d’économies drastiques incluant la suppression de 30 régiments, l’arrêt de la plupart des programmes techniques de l’armement et la vente où la « mise sous cocon » du porte-avions Charles de Gaulle. Comme en 1940, le régime semble prêt à abdiquer tout toute ambition de grandeur, toute espérance universelle, pour se résigner à un second rôle de province dans le « nouvel ordre européen ». En priant que cet abandon puisse nous valoir la bienveillance de l’occupant à l’heure de faire bouillir la marmite. La triste réalité d’aujourd’hui comme celle de 1940 est que les classes moyennes pour préserver leur petit confort sont prêtes à jeter par-dessus bord tout ce qui fait la grandeur de la France. En 1940 ces classes étaient pacifistes au point d’applaudir Munich et de s’opposer à toute intervention contre Hitler. En 2013 ces mêmes couches, beaucoup plus puissantes et plus nombreuses, sont prêtes à tous les abandons. Et elles ont trouvé en Hollande leur Maréchal.
C’est la panique à bord. Ceux de mes lecteurs qui fréquentent un organisme public savent le climat de crise qu’on y vit. Le jeu des « gels budgétaires » suivis des « surgels » puis des « sur-surgels » menacent d’araser des pans entiers de l’activité des organismes publics. Comme on ne peut toucher au personnel, comme les dépenses d’intervention sont généralement défendues par des lobbies puissants, c’est l’investissement qui souffre. Et donc les domaines où l’investissement est important : l’éducation, l’équipement, la défense, la recherche, les infrastructures. Des domaines où il faut souvent des dizaines d’années pour monter des équipes et des projets. Un véritable désastre en préparation et qui pourtant ne semble préoccuper personne. Vous trouvez que j’exagère ? Regardez donc les débats qui ont lieu aujourd’hui dans le microcosme politique. A part les questions sociétales, le reste s’est perdu dans les limbes. Le “grand débat national sur l’énergie” est sortie des radars, et si j’en crois ce que disent ceux qui y participent on discute un peu de tout… comme si la réalité n’existait pas. Comme si la question de financer les politiques qu’on propose ne se posait pas.
Certains croient – ou font semblant de croire – que la crise que nous vivons est un simple « accident » temporaire, causé par un ou deux banquiers indélicats, par un ou deux gouvernements imprudents. D’autres veulent voir la phase descendante d’un cycle économique. Les premiers comme les seconds nous expliquent qu’il suffit de tenir un peu, de se serrer la ceinture le temps que la machine reparte. Ces gens voient toujours la lumière au bout du tunnel, et expliquent qu’il suffit de continuer dans la même direction pour en sortir. Ils se trompent. Et ils se trompent parce qu’ils font une faute d’analyse, qui est celle de croire qu’il n’y a qu’une crise, alors qu’en fait il y en a deux. Il y a bien une crise du système financier international, liée l’explosion d’une « bulle » financière. Cette crise est, pour une large part, terminée. Mais cette crise à provoqué l’explosion d’une deuxième bulle dont tout el monde avait – volontairement – oublié l’existence, qui est la « bulle européenne ». Pendant les vingt ans qui ont suivi Maastricht, les déséquilibres entre les pays européens se sont creusés à l’ombre des illusions européennes, et cela indépendamment de la « bulle » financière. L’explosion de celle-ci n’est pas la cause de la crise européenne, mais son révélateur.
Si nos élites avaient la moindre imagination, elles auraient compris que le système qui a produit ces déséquilibres nécessite une profonde réforme pour pouvoir les éliminer. Mais nos élites n’ont pas d’imagination, tout simplement parce qu’elles n’ont pas assez de culture et de curiosité pour concevoir le monde autrement que comme il est. C’est pourquoi il ne leur vient d’autre idée que de renforcer les mécanismes et les institutions qui ont produit le déséquilibre, imaginant peut-être que si un peu d’Euro éloigne de la prospérité, beaucoup pourrait y rapprocher. Le traité de Maastricht – ceux qui l’ont suivi n’ont fait que confirmer et renforcer la même ligne – était dangereux non seulement parce qu’il créait le monstre, mais parce qu’il imposait – et impose toujours – des règles et des disciplines fondées sur l’orthodoxie libérale qui assurent non seulement que le monstre ne sera pas contrôlé, mais qu’il pourra prospérer et nous dévorer tous. Pour le plus grand profit de l’Allemagne.
Nos dirigeants ont oublié la leçon que Keynes avait tiré de la crise de 1929. Il est peut-être utile de rappeler quelques faits : de la fin du XIX siècle jusqu’à la deuxième guerre mondiale, le monde capitaliste a connu des crises cycliques profondes. L’amplitude des cyles était très grande parce que les gouvernements tendaient intuitivement à appliquer des politiques pro-cycliques : lorsque l’activité était florissante et les rentrées fiscales importantes, on augmentait la dépense publique, ce qui bien entendu augmentait la demande sur un appareil productif proche de sa pleine capacité, ce qui générait de l’inflation et tendait à la surchauffe de l’économie. Lors des phases descendantes, alors que l’activité diminuait et les rentrées fiscales avec, les gouvernements réduisaient la dépense publique, ce qui à son tour réduisait la demande sur un appareil productif sous-utilisé, ce qui à son tour augmentait le chômage, réduisant la demande et poussant l’économie dans une spirale dépressive.
En fait, l’idée dominante à l’époque était que l’Etat devait être géré « comme un ménage ». Quand on a un bon salaire, on peut dépenser beaucoup, quand on est au chômage, on réduit les dépenses. Mais après avoir vu en 1929 ce que ce genre de raisonnement peut produire, Keynes conclut qu’on ne pouvait pas comparer la logique des dépenses de l’Etat avec celle des particuliers. D’une part, parce que l’Etat est un acteur suffisamment gros pour que ses choix pèsent sur tous les autres acteurs, et d’autre part parce que c’est le seul acteur économique qui peut s’endetter à volonté alors que les autres acteurs économiques ne le peuvent plus, et donc dépenser pendant une crise. De cela sortent deux idées : la première est que les politiques publiques doivent être contre-cycliques, c’est à dire, qu’il faut augmenter la dépense publique pendant les périodes de vaches maigres et la réduire au contraire pendant les périodes fastes (2). La seconde idée est qu’il faut à l’économie des « stabilisateurs automatiques » qui soutiennent la dépense privée pendant les périodes récessives. C’était l’un des avantages secondaires des systèmes généreux de protection sociale : alors que les salaires diminuent et le chômage augmente, la sécurité sociale, les allocations familiales, les allocations chômage permettent de maintenir un niveau minimum de demande privée.
La mise en pratique des idées de Keynes explique pourquoi après 1945 les crises cycliques ont pratiquement disparu. Non que les cycles aient disparu, mais les politiques contre-cycliques rendaient les variations au cours du cycle relativement faibles. Grâce à la « pensée européenne » – en fait, allemande – nous sommes revenus à une vision pré-1929 de l’économie. Bruxelles est donc investie du pouvoir de vérifier que les Etats sont gérés comme le ménage cher à Mme Thatcher, en réduisant partout la dépense publique pour l’adapter à des ressources fiscales qui ne peuvent que diminuer du fait même de cette politique. Un cercle vicieux qui conduit l’Union Européenne à approfondir sa récession au moment où les états extérieurs à celle-ci – même ceux durement touchés par l’explosion de la « bulle » financière, comme l’Islande ou les Etats-Unis – commencent à en sortir.
Le gouvernement est aujourd’hui en grande difficulté. Le décrochage de la cote de popularité du président et du premier ministre, le fait qu’une large majorité de français souhaite le départ du gouvernement sont des signes inquiétants : jamais dans l’histoire un gouvernement n’a été aussi usé à peine dix mois après sa nomination. Mais la difficulté principale vient du fait qu’on voit mal comment la situation pourrait s’améliorer : les socialistes rêvent de pouvoir annoncer de bonnes nouvelles dans un ou deux ans tout en faisant une politique qui ne peut que rendre la situation encore pire. Ceux qui pensent que la déflation salariale nous rendra plus compétitifs devraient réfléchir au fait que dans la mesure où voisins font la même chose, nous ne pouvons restaurer la compétitivité qu’en allant plus loin qu’eux. Et si tout le monde joue à ce petit jeu, on se retrouvera tous avec le niveau de vie des philippins ou des indiens. Après nous avoir expliqué qu’on faisait l’Euro pour éviter les « dévaluations compétitives », on s’aperçoit qu’il nous oblige aux « déflations compétitives ». Pas vraiment un progrès.
Il semble donc une bonne idée politiquement de parier sur l’échec du gouvernement, et certains en sont tentés. Encore faut-il pouvoir le faire d’une manière crédible. C’est maintenant qu’il faudrait une organisation progressiste ayant pris de manière consistante une position nationale et eurosceptique (3). Ce qui rend la situation dangereuse, est que la seule organisation ayant une certaine surface politique qui ait pris une position sans équivoque sur ces questions est aujourd’hui le Front National. L’échec des socialistes risque donc d’alimenter l’extrême droite plutôt que l’extrême gauche…
Les temps sont durs. Raison de plus pour relire Marc Bloch… (4)
Descartes
(1) Dans tout ce qui suit, j’utilise le terme « élite » dans le sens de ceux qui occupent les plus hauts postes et fonctions et ceux qui font l’opinion. Je ne parle pas bien entendu de l’élite au sens éthymologique du terme, c’est à dire, ceux qui ont les plus hautes qualités. Il y a dejà un certain temps que les deux ne sont pas corrélées.
(2) Curieusement, la gauche – y compris la gauche radicale – est elle aussi anti-keynésienne : il faut se souvenir du débat sur la « cagnotte » au début des années 2000. En toute logique keynésienne, la « cagnotte » aurait du servir au désendettement, pour permettre au contraire de creuser la dette plus tard, en période récessive. La gauche « radicale » exigea au contraire que la cagnotte soit dépensée.
(3) Mais comme d’habitude, la « gauche radicale » a raté le train : eurosceptique alors que l’opinion ne jurait que sur l’Europe, elle est devenue europhile juste au moment où l’Europe est en train de se démoder.
(4) Je ne peux que recommander l’indispensable « L’Etrange défaite ». Une réflexion sur la défaillance des élites et le poids de la « petite France » qui n’a pas pris une ride… et qui m’a donné l’idée d’écrire ce papier !
On trouve dans les deux premiers paragraphes les thèmes de prédilection de notre hôte : la grande France contre la petite France, une idée d’un “destin” si implacable qu’il ne serait même pas
soumis au hasard, d’où l’idée du “tragique en politique”. Bien qu’assez schématiques – quand on veut penser grand, il faut être schématique – j’avoue que ces critères sont assez juste, du moment
que l’on considère la politique “en grand” ; c’est à dire, du moment que l’on se donne assez de recul pour considérer les évolutions politiques sur plus d’un siècle. Certes, les mécanismes de
domination de classes sur d’autres et de nations sur d’autres ont été changés. Mais après tout, le capitalisme est le même, et tout comme Catherine Deneuve n’a pas changé de nomn, la domination
reste la même, et ce n’est pas un changement de façade qui fera changer la nature même du capitalisme. Mais je crois que je digresse. Le billet de Descartes pourrait être mal interprété ; nous
sommes loin de penser qu’une génération ayant connu la guerre serait meilleure qu’une génération ne l’ayant pas connue. C’est même plutôt le contraire. Toutefois, force est de constater que les
enjeux politques de la résistance sont de plus en plus méprisés. Nous devenons un pays provincial qui se donne comme universalisme un différentialisme, souvent racial. “A chacun son sang” pourrait
être le nouveau slogan. Je n’en veux pas. Je ne veux pas m’étendre ici en raisons qui me sont personnelles, mais je tiens à vous livrer certains constats : bien souvent, ceux qui se gaussent d’être
“ouverts aux autres cultures” sont de la bourgeoisie la plus paternaliste qui soit, contente d’avoir passé un été dans un village tunisien factice du Club Med, dans un marché en papier mâché,
donnant des leçons à qui a assez de patience pour les entendre ; le vrai patriote français est ouvert sur le monde, le monde réel, et ne voit pas cette ouverture comme un obstacle à son
universalisme.
On trouve dans les deux premiers paragraphes les thèmes de prédilection de notre hôte : la grande France contre la petite France, une idée d’un “destin” si implacable qu’il ne serait même pas
soumis au hasard, d’où l’idée du “tragique en politique”.
Qui disait que la pédagogie c’est 80% de répétition… Je suis désolé de fatiguer ainsi mes lecteurs réguliers, mais on a du mal à ne pas revenir aux idées que l’on juge importantes. Par contre,
je n’ai pas très bien compris cette idée d’un “destin”. A quoi fais-tu référence ?
Le billet de Descartes pourrait être mal interprété ; nous sommes loin de penser qu’une génération ayant connu la guerre serait meilleure qu’une génération ne l’ayant pas connue.
Oui et non. L’expérience d’une “situation limite” est une expérience qui pour beaucoup d’hommes a été formatrice. Je ne sais pas si le fait de connaître une telle expérience nous rend
“meilleurs”, mais en tout cas elle nous change et nous fait voir le monde d’une manière différente. Et je pense que l’un des problèmes de notre société est qu’elle n’offre pas à ses jeunes – et
cela depuis plus d’une génération – des expériences de ce type. Est-ce que cela veut dire qu’il faut regretter la guerre ? Certainement pas. Il y a d’autres manières de créer une telle
expérience. Celle-ci peut même être symbolique (c’est ce qu’on appelle les cérémonies de passage ou d’initiation). Mais je persiste à croire que donner une telle expérience à chaque génération
est une nécessité. L’homme ne vit pas seulement d’iPad…
Je me souviens toujours d’une expérience personnelle. Il m’avait été donné, lorsque j’étais très jeune, d’être assis à un dîner en face de Marcel Paul. C’était après une soirée d’hommage aux
anciens déportés de Buchenwald, et à table Marcel Paul, qui aimait bien évoquer ses expériences devant les jeunes, a raconté toutes sortes d’anecdotes sur la guerre, la résistance, la
déportation. Et il les racontait avec une joie, avec un plaisir tellement évident qu’un garçon n’a pas pu se retenir de remarquer: “vous parlez de cette époque comme si vous en conserviez un
souvenir heureux”. Marcel Paul le regarda supris, réflechit quelques secondes, et puis il ouvrit les bras en disant “que voulez vous, nous étions jeunes”…
Bonsoir Descartes,
bravo encore sur ce papier. C’est marrant que vous parliez de 1940, mais le parallèle y est: Dans son dernier livre, JPChevenement avait lui aussi énoncé que la date réference fondatrice de notre
époque moderne n’est plus 1789, mais bien 1940! En effet, plus de 70 ans après cette défaite dont la France ne s’est jamais vraiment remise, on dirait que les mêmes maux provoqueront les mêmes
effets: le pillage de nos richesses, et un déclin durable, peut-être irréversible du pays.
J’imagine que votre référence à Chirac et Hollande n’est pas innocente, particulièrement lorsqu’on se rappelle de la vision qu’ils ont de la France occupée: j’ai été particulièrement estomaqué
par le discours du président Hollande l’été dernier au Vel d’Hiv, où il a nommément dit que la France (et non le régime iilégal de Vichy) avait déporté des juifs, le tout en gommant soigneusement
toute référence à l’Allemagne nazie, qui avait commandité la rafle… Un tel discours n’aurait jamais été possible si J.Chirac n’avait pas précédemment ouvert la voie en 1995. Il a été le premier
à explicitement liquider la doctorine De Gaulle sur la responsabilité du régime de Vichy pour ses crimes. Bien évidemment, la suprême saloperie (j’ai du mal à trouver un autre mot) de Hollande a
été de réduire la Résistance à des comportement individuels: bref, une bonne occasion de discréditer le pays, et donc empêcher toute prise de conscience et de confiance nécessaires à un
redressement…
Toute autre chose,plus en lien avec l’actualité, c’est la capitulation du gouvernement devant l’Allemagne (“La France veut être le bon élève de l’UE” dixit Hollande, avec A.Merkel comme
institutrice…). Ce gouvernement cumule la lâcheté avec un dogmatisme mortifère à propos de l’euro: je ferais la même
remarque que vous sur l’impossibilité des dévaluations compétitives qui poussent à la déflation salariales. Mais depuis 2008, je constate surtout que le bon vieux théorème de Lavoisier peut
s’appliquer à l’euro: rien ne se perd, rien ne se créée, tout se transforme. Ici l’euro a transformé la spéculation sur les monnaies (alias dévalution), en spéculation sur la dette des états! En
clair, la spéculation sur la marché de changes, qui avait rendu bien des services par le passé à notre économie, s’est transformée en spéculation sur les marchés de capitaux (ici obligataire),
qui est autrement plus dangereuse, non seulement si on considère les montants échangés, mais surtout, les échéances des titres ne sont pas les mêmes dans les deux marchés: là où les marchés des
changes spéculaient sur le présent (
En effet, plus de 70 ans après cette défaite dont la France ne s’est jamais vraiment remise,
Pourquoi dites vous ça ? La défaite de 1940 et une balafre de plus dans un corps national qui en compte beaucoup. Bien sur qu’on s’est remis, en grande partie grace à ce tandem assez improbable
que formèrent les gaullistes et les communistes. Le problème, c’est que la défaite de 1940 n’est pas une coïncidence. Elle est le résultat d’un mécanisme d’abandon, de repli, de haine de soi qui
est aussi “français” que notre vocation universaliste ou nos rêves de grandeur. Une histoire nationale ne s’achète pas au détail, et être français c’est aussi assumer notre part d’ombre.
Ce que j’ai voulu dire dans mon papier, c’est que cette mécanique interne que la société française a réfoulé après 1945 revient en force aujourd’hui. Et c’est pourquoi on retrouve beaucoup
d’idées, de réflexes, de réactions qui peuvent rappeller la France de la fin des années 1930.
Ici l’euro a transformé la spéculation sur les monnaies (alias dévalution), en spéculation sur la dette des états! En clair, la spéculation sur la marché de changes, qui avait rendu bien des
services par le passé à notre économie, s’est transformée en spéculation sur les marchés de capitaux (ici obligataire), qui est autrement plus dangereuse, non seulement si on considère les
montants échangés,
Tout à fait. La création de l’Euro ne supprime pas les incertitudes, ces incertitudes qui sont toujours au fondement de la spéculation. L’incertitude qui hier affectait la cotation des monnaies
s’est déplacée. Hier on pariait sur les parités, aujourd’hui sur les taux d’intérêt…
(2) Curieusement, la gauche – y compris la gauche radicale – est elle aussi anti-keynésienne : il faut se souvenir du débat sur la « cagnotte » au début des années 2000. En toute logique
keynésienne, la « cagnotte » aurait du servir au désendettement, pour permettre au contraire de creuser la dette plus tard, en période récessive. La gauche « radicale » exigea au contraire que la
cagnotte soit dépensée.
D’autant, si ma mémoire est bonne, que la “cagnotte” n’était pas un excédent, mais un déficit moindre qu’attendu.
Mais est-ce vraiment anti keynésien ? Le chômage de masse s’est installé chez nous depuis le milieu des années 1970, de sorte qu’on peut considérer que, depuis, nous sommes en dépression.
Mais est-ce vraiment anti keynésien ? Le chômage de masse s’est installé chez nous depuis le milieu des années 1970, de sorte qu’on peut considérer que, depuis, nous sommes en
dépression.
Non. Si nous étions en “dépression” depuis les années 1970, le PIB aujourd’hui serait inférieur à celui d’alors. Ce n’est pas, et de très loin, le cas. Il ne faut pas oublier que du point de vue
économique tous les chômages ne se valent pas: il y a un chômage “keynésien”, qui est le résultat d’une faiblesse de la demande. Mais il y a aussi un chômage “structurel”, qui tient lui à
d’autres causes…
Bonjour et merci pour ce long billet, toujours très intéressant!
Militant au sein de Debout la République, le parti gaulliste de Nicolas Dupont-Aignan, ce n’est pas la première fois que je lis un parallèle entre la situation actuelle et celle de
1940. Elle est effectivement grave, mais pour autant la comparaison est-elle si pertinente que cela? Sommes-nous confrontés à une situation aussi dramatique, avec des milliers de morts,
un occupant agressif et d’une brutalité sans nom, un effondrement psychologique et moral (etc.)? A l’évidence non.
Je suis même de ceux qui croient que ce genre de comparaison affaiblit notre discours (c’est-à-dire celui prônant la défense d’un protectionnisme raisonnable, la sortie de l’euro, une
certaine idée de la France). Les européistes ont beau jeu de nous traiter de cassandre et de nous moquer, d’autant que s’agissant de Nicolas Dupont-Aignan, cela fait quelques années
qu’il nous ressort le même discours sans pour autant que la situation ne s’effondre (même si je suis le premier à reconnaître qu’elle est très grave).
La même reflexion s’applique également aux parallèles avec 1789, qu’on voit aussi beaucoup parmi les militants gaullistes.
Une chose aussi me frappe dans vos billets: c’est votre référence aux élites. En discutant avec des militants de Debout la République, et souvent avec ceux qui sont issus de la gauche (parfois
radicale), on se rend compte à quel point le discours anti-élite fait mouche. D’ailleurs, les vidéos les plus appréciées de Nicolas Dupont-Aignan sont en général celles qui y font référence. Je
ne peux pas m’empêcher de penser combien la haine que certains professent à leur égard est dangereuse, peut-être beaucoup plus que les erreurs qu’on leur impute (à tort ou à raison
d’ailleurs).
Les élites sont extrêmement diverses dans notre société qui a atteint une complexité inouïe. En France, et c’est une réalité extrêmement pesante, les élites économiques subissent un matraquage
fiscal très important, plus fort en tout cas qu’à peu près partout dans le monde. Au delà de ces considérations matérielles, l’ambiance est beaucoup plus hostile que dans la plupart de nos
voisins: les élites, et particulièrement les élites économiques, ont l’impression d’être mal-aimées, que la réussite est forcément suspecte. Qu’elles sont responsables de tout, sauf des succès de
notre pays.
Bien à vous,
ce n’est pas la première fois que je lis un parallèle entre la situation actuelle et celle de 1940. Elle est effectivement grave, mais pour autant la comparaison est-elle si pertinente
que cela? Sommes-nous confrontés à une situation aussi dramatique, avec des milliers de morts, un occupant agressif et d’une brutalité sans nom, un effondrement psychologique et moral
(etc.)? A l’évidence non.
Le mérite de Newton a été de comprendre que le même mécanisme qui tient la terre en orbite autour du soleil est celle qui fait tomber les pommes du pommier. Bien entendu, une pomme n’a pas la
taille de la terre. Mais le mécanisme, la gravitation, est le même dans les deux cas. L’analogie avec la situation de 1940 n’implique pas qu’on doive s’attendre “à des milliers de morts et une
brutalité sans nom”. Simplement à observer que le même mécanisme qui hier avait conduit à cette situation est à l’oeuvre. Conduira-t-il aux mêmes résultats ? Probablement pas. La situation est
trop différente pour cela. Nous n’aurons pas à regretter des morts sur les champs de bataille ou dans les camps de concentration. Mais nous risquons, comme en 1940, à perdre notre liberté, notre
souveraineté, bref, la capacité de décider collectivement de notre destin. Cela me paraît dejà suffisamment grave…
Quant à l’occupant agressif et l’effondrement psychologique et moral… nous n’en sommes pas loin.
Je suis même de ceux qui croient que ce genre de comparaison affaiblit notre discours (c’est-à-dire celui prônant la défense d’un protectionnisme raisonnable, la sortie de l’euro, une
certaine idée de la France). Les européistes ont beau jeu de nous traiter de cassandre et de nous moquer,
Tant pis pour eux. La pire erreur qu’on puisse faire en politique est de modéler son discours sur demande de ses adversaires. Si nos analyses s’avèrent exactes, si nous sommes capables
d’expliquer de manière cohérente ce qui se passe et comment on pourrait le changer, si nous proposons une alternative crédible à l’européisme qui serve les intérêts de l’électorat populaire,
alors nous gagnerons, et peu importe ce que les européistes peuvent dire de nous.
d’autant que s’agissant de Nicolas Dupont-Aignan, cela fait quelques années qu’il nous ressort le même discours sans pour autant que la situation ne s’effondre (même si je suis le premier à
reconnaître qu’elle est très grave).
Parce que vous trouvez que la situation n’est pas en train de s’effondrer ? Prenez notre industrie automobile. Prenez notre sidérurgie. Prenez notre recherche publique…
Une chose aussi me frappe dans vos billets: c’est votre référence aux élites. En discutant avec des militants de Debout la République, et souvent avec ceux qui sont issus de la gauche
(parfois radicale), on se rend compte à quel point le discours anti-élite fait mouche.
Ce n’est certainement pas mon cas. J’ai au contraire essayé d’expliquer combien les élites sont absolument nécessaires, combien il est important de les former, de les protéger, de les utiliser.
Mais il faut s’entendre sur ce qu’on appelle “élite”. Celui qui a la connaissance et qui s’en sert pour inventer, soigner, construire… c’est ça “l’élite”. Il ne suffit pas pour faire partie de
l’élite de gagner beaucoup d’argent ou de passer à la télé.
les élites économiques subissent un matraquage fiscal très important,
C’est quoi, “les élites économiques” ? J’ai l’impression que vous aussi vous vous laissez berner par cette idée qui veut que gagner beaucoup d’argent vous ouvre les portes de l’élite. C’est qui,
“l’élite économique” pour vous ? Tapie ?
Personnellement, je pense qu’en République il n’y a qu’une élite, celle du mérite. Appartenir à l’élite est une question de compétence, et de mise de cette compétence au service de la société –
et non de son propre portefeuille.
Ceux dont les aïeux sont tombés sous les balles allemandes ou ont été déportés apprécieront votre analogie entre Bruxelles et Wiesbaden. Marc Bloch lui même applaudirait, j’en suis sûr. La
cuistrerie est décidemment sans limite.
Ceux dont les aïeux sont tombés sous les balles allemandes ou ont été déportés apprécieront votre analogie entre Bruxelles et Wiesbaden.
Certains oui, et d’autres non, probablement. Et il ne manque pas de fils et filles de déportés qui aujourd’hui dénoncent la soumission de la France à Bruxelles en termes encore plus durs que les
miens. Mais bon, contrairement à vous, je ne fais parler ni les morts, ni leurs descendants. Le débat serait peut-être plus intéressant si au lieu de vous cacher derrière les fils des morts et
des déportés, vous avanciez quelques arguments…
La cuistrerie est décidemment sans limite.
Et vous en êtes le vivant exemple de cette mâle affirmation…
Bonjour Descartes , oui et a propos de votre article je suis un peu déçu des interventions actuelles de Chevenement sur F Hollande ou alors faut il admettre que l on ne peut plus faire
marche arrière sur l euro !
Je ne sais pas à quelles interventions vous faites référence. Dans la seule intervention récente que je connaisse sur la question de l’Euro, il se contente de constater qu’il y a aujourd’hui
consensus entre la droite et la gauche pour rester dans l’Euro, tout en déclarant que “c’est une erreur d’avoir mises ensemble sous le même toit des monnaies qui sont celles de pays aux
structures économiques extrêmement différentes”.
Comparer les efforts de redressement budgétaire actuels à Vichy est tout simplement ahurissant et pour tout dire indigne. Quant à votre keynésianisme de bazar, il est serait risible s’il n’était
grotesque: cela fait 40 ans que la France fait de la relance Keynésienne avec les résultats que l’on sait: explosion du chômage, du nombre de fonctionnaires et de la charge de la dette. En bref,
la ruine du pays et son aliénation aux capitaux étrangers.
Comme vous le soulignez si bien, en 1940, les français (et pas seulement les classes moyennes) étaient pacifistes par confort; en 2012 ils sont keynésiens pour les mêmes raisons: la ruine de
l’Etat ne les concerne guère tant qu’on les laisse quitter l’usine à 18 heures et prendre leur retraite à 60 ans.
Comparer les efforts de redressement budgétaire actuels à Vichy est tout simplement ahurissant et pour tout dire indigne.
L’injure n’est pas un argument. Les “efforts de redressement budgétaires” ont tout de même un point commun avec pas mal de politiques de Vichy: ils sont le résultat du diktat d’une puissance
étrangère, et ils ne nous sont imposés que parce qu’une partie de notre soi-disant élite est disposée à s’en faire le relais. Que la comparaison puisse vous gêner, je peux le comprendre d’après
la tonalité de vos commentaires. Mais il faudra des arguments plus sérieux que les qualificatifs de “ahurissant” ou de “indigne” pour la réfuter.
Bien entendu, la “guerre économique” que nous sommes en train de perdre ne fera ni morts, ni blessés. Contraiement à Munich, il est peu probable que Maastricht aboutisse a des centaines de
milliers de morts et de déportés. Mais beaucoup de mécanismes à l’oeuvre dans la société française de 2013 rappellent de manière saisissante ceux qui ont rendu possible al débâcle de 1940. Et
comme en 1940, nous risquons de perdre notre capacité à décider collectivement de notre avenir. Cela me paraît assez grave pour qu’on sonne le tocsin…
Quant à votre keynésianisme de bazar,
Pourquoi, il y en a un autre ?
cela fait 40 ans que la France fait de la relance Keynésienne avec les résultats que l’on sait: explosion du chômage, du nombre de fonctionnaires et de la charge de la dette
Ah bon ? Pensez-vous vraiment que “depuis 40 ans” la France fait une politique keynésienne ? L’austérité de 1983-86, elle était “kéynesienne” ? La politique du “franc fort”, c’était kéynésien ?
La mise en place de l’Euro, c’était kéynésien ? Pour quelqu’un qui qualifie en permanence ce que les autres disent de “risible”, vous devriez faire attention…
Le discours libéral est partout et toujours le même: après 40 ans de politiques libérales, et alors que tout le monde peut apprécier le désastre qu’elles ont provoqué, on va nous expliquer qu’en
fait, on n’a pas fait du libéralisme mais du keynésianisme. Et que bien entendu si on avait fait du “vrai” libéralisme, on vivrait dans le paradis sur terre. Ca rappelle le discours de certains
communistes qui expliquent que l’URSS, ce n’était pas du “vrai” communisme…
les français (…) sont keynésiens(…) la ruine de l’Etat ne les concerne guère tant qu’on les laisse quitter l’usine à 18 heures et prendre leur retraite à 60 ans.
Juste par curiosité… A quelle heure quittez vous l’usine ?
Salut Descartes, d’accord avec toi de A à Z.
Mais je me pose la question : quel évènement décillera nos élites ou (ou non exclusif) le peuple ? Je veux dire par là qu’en 1940, il y avait une défaite de nature militaire : c’est visible,
c’est palpable, l’exil, les fusils, les militaires allemands qui défilent dans les rues, qui débarquent chez les gens, qui traquent les Juifs, etc. Tout ça, “ça se voit”.
Là, rien de tout ça. Le pays s’effondre tout autant, je te suis, mais c’est comme impalpable, personne n’est fusillé ni déporté, même si l’effet des politiques d’austérité est aussi, souvent, la
mort parce que les soins ne sont plus donnés, parce que les gens sont expulsés de leur logement, etc. Mais même les expulsions de logement, c’est la police qui s’en charge, pas les fonctionnaires
de Bruxelles. Il y a donc, malgré la férocité et la violence de la réalité à laquelle nous avons affaire, une sorte d’invisibilité de l’agression, un caractère impalpable de l’agresseur, qui fait
qu’on a quand même du mal à se dire que “Hermann Van Rompuy” ou “Jean-Claude Juncker” mériteraient le même sort qu’Hitler (naturellement ces deux eurocrates ne sont ni nazis ni antisémites, mais
leurs politiques font autant de ravages).
Mais je me pose la question : quel évènement décillera nos élites ou (ou non exclusif) le peuple ?
Si seulement je le savais… Peut-être la victoire de Marine Le Pen ?
J’ai du mal à croire à la “grande rupture” que certains nous prédisent. En même temps, j’ai du mal à me convaincre que les gens – et notamment les classes moyennes – soient prêts à accepter une
dégradation continue de leur situation une fois qu’ils auront perdu confiance dans les perspectives de sortie du tunnel.
Je dois avouer qu’il y a quelques mois je ne croyais pas du tout à une possibilité de rupture. Aujourd’hui, lorsque je vois comment la situation économique et budgétaire évolue, je commence à
penser qu’il y a un danger réel. Et lorsque je dis “danger”, et non “chance” c’est parce que je suis intimement convaincu que dans le contexte actuel une rupture bénéficierait d’abord aux
“libéraux-libertaires” d’un côté, à l’extrême droite de l’autre.
Bien sûr, je suis avec odp, même si plus poli. Deux points:
* croire que l’on rejoue la seconde guerre mondiale est toujours revigorant pour l’estime de soi, mais me semble un peu décalé vis à vis de la réalité que chacun vit
* indépendamment de la question de l’UE, est-ce que l’état peut continuer une politique de déficit budgétaire constant pendant longtemps?
Bien sûr, je suis avec odp, même si plus poli.
Le style, c’est l’homme…
* croire que l’on rejoue la seconde guerre mondiale est toujours revigorant pour l’estime de soi, mais me semble un peu décalé vis à vis de la réalité que chacun vit
Personne n’a dit qu’on “rejoue pas la seconde guerre mondiale”. On “joue” – si l’on peut utiliser ce mot dans ce contexte – une nouvelle confrontation. Une confrontation qui se joue avec d’autres
armes, et pour d’autres objectifs. Une confrontation qui tue – dieu merci – beaucoup moins de monde. Mais cela reste une confrontation.
Depuis bientôt un demi-siècle, un certain nombre de gens nous ont raconté une belle histoire. Dans cette histoire, pour des raisons qu’on a toujours eu le plus grand mal à comprendre, les pays de
ce continent béni qu’est l’Europe allaient cesser de se confronter les uns aux autres. Alors que pendant des siècles chacun avait cherché à agrandir son influence, à capter le plus possible de
richesses, tout à coup, par on ne sait quelle magie, tout le monde allait devenir copain, avoir des rapports coopératifs, et cesser de défendre ses intérêts pour aller vers le bien commun.
Certains ont tellement répété cette histoire irénique, qu’ils ont fini par la croire. Et cela était crédible parce que la magie de la peur d’un ennemi commun – les méchants de l’autre côté du
Rideau de Fer – a fait que pendant une trentaine d’années les rapports ont effectivement eu toute l’apparence de la fraternité.
Mais la confrontation entre les puissances européennes n’avait pas disparu. Alors que tout le monde la croyait morte, elle n’était qu’endormie et attendait le contexte favorable pour se
réveiller. Et ce contexte fut celui de la disparition de l’ennemi commun. Tout à coup, finies les grandes embrassades et les déclarations d’amour éternel du couple De Gaulle-Adenauer. L’Allemagne
une fois purgée sa peine est redevenue elle même, c’est à dire, une puissance continentale qui défend âprement ses intérêts et sa zone d’influence. Simplement, la guerre étant devenue trop
coûteuse, la confrontation avait pris d’autres formes, plus subtiles. C’est cette confrontation que nous avons – ou plutôt nous sommes en train – de perdre.
Cette défaite a des ressorts qui rappellent singulièrement ceux de la défaite de 1940. Le rappeller, c’est juste une invitation à apprendre de nos erreurs passées pour ne pas les reproduire. Et
nullement une manière de “revigorer l’estime de soi” en rejouant on ne sait quelle guerre…
* indépendamment de la question de l’UE, est-ce que l’état peut continuer une politique de déficit budgétaire constant pendant longtemps?
Eternellement, en fait. Imaginons un pays qui aurait une croissance de 2% par an. Cela veut dire – schématiquement – que je peux faire tourner la planche à billets pour accroitre la masse
monétaire de 2% chaque année sans même provoquer de l’inflation. Il me suffit alors que le déficit soit équivalent à cet accroissement pour que je puisse le financer avec la planche a billets, et
le tout sans inflation…
Le secret est là: dans la planche a billets. Elle permet à l’Etat de capter une partie de la croissance sans inflation. Et même sans croissance, elle permet de se financer grace à l’inflation.
L’inflation provoquée par la plance à billets est en fait un impôt à la monnaie – toute ressemblance avec ce qu’essaient de faire les chypriotes n’est pas un hasard. Chaque fois que j’imprime un
billet de 100 F, l’Etat a 100 F de plus et chaque détenteur de monnaie perd une partie de son encaisse du fait de la perte de valeur de la monnaie. Sans avoir recours à l’emprunt, un Etat peut
financer ses dépenses intégralement par l’impôt explicite (cas d’un budget équilibré) ou bien par une combinaison de l’impôt explicite et de l’impot implicite qu’est l’inflation en faisant
tourner la planche à billets. C’est d’ailleurs ce qu’a fait la France pendant la presque totalité des “trente glorieuses”.
Encore une fois, ne vous laissez pas abuser par le discours qui veut que le budget d’un Etat suit les mêmes règles que celui d’une entreprise ou d’un ménage. Contrairement au ménage où
l’entreprise, l’Etat bénéficie du droit d’imposer des prélèvements et de faire tourner la planche à billets. Cela change tout…
Ceux de mes lecteurs qui fréquentent un organisme public savent le climat
de crise qu’on y vit. Le jeu des « gels budgétaires » suivis des « surgels » puis des « sur-surgels » menacent d’araser des pans entiers de l’activité des organismes publics.
Comme vous le soulignez vous même, ceci ne semble préoccuper personne.
Moi-même j’avoue que je ne me rends pas compte du tout de la situation.
Ainsi, malgré la situation catastrophique sur le terrain que vous decrivez,
sur le papier la situation ne parait pas “si terrible que ça” si on compare avec d’autres pays qui ont réalisé des “ajustements budgétaires” bien plus importants (pour ne prendre que 2 cas, la
Grèce et l’Espagne). Or même dans ces pays, où la récession est plus forte, où les plans de rigueurs s’enchaînent et où le taux de chômage atteint des niveaux impressionnants (environ 25% de la
population active dans ces deux pays), il ne semble pas y avoir de rupture à l’horizon. Dans ces pays, l’ensemble des forces politiques (sauf le KKE en Grèce) sont favorables au maintien dans la
zone euro…
Mais la difficulté principale vient du fait qu’on voit mal
comment la situation pourrait s’améliorer
Le reste du monde retrouvant des niveaux de croissance proche du niveau
antérieur à la crise, il n’est pas impossible qu’une reprise légère pointe le bout de son nez, permettant par là la survie de l’euro. Il suffirait d’un peu de croissance pour que l’ajustement
soit mené à bien et alors la vie pourrait reprendre son cours (avec un euro qui se remettra vite à créer des bulles et qui continura de ralentir la croissance des pays du sud)
Je ne pense pas que la survie de l’euro puisse engendrer “une baisse
continue du niveau de vie”. L’euro réduit la compétitivité des pays à l’inflation (relativement) forte (le sud de l’Europe) ce qui engendre une réduction du taux de croissance du PIB (en
période “normale”, le niveau de vie peut très bien augmenter) et l’apparition de bulles (là où les taux d’intérêts sont trop faibles compte tenus des fondamentaux économiques). L’espoir existe,
et il me semble justifié, de voir le niveau de vie réaugmenter. Mais pour l’instant à court/moyen-terme, c’est sur qu’il va baisser. Quand à la sortie de l’euro, c’est le saut dans l’inconnu,
avec là aussi sans doute un impact à court terme négatif (plus grand/plus petit qu’avec l’euro ?). Moi-même, si je suis persuadé que la traité de Maastricht est (entre autre) la plus grosse
erreur de politique économique depuis …. très longtemps, j’ai du mal a avoir un avis tranché sur l’euro car je ne connais pas les couts de sortie (je trouve que c’est un bel exemple de
“dépendance du chemin”).
Cette absence de calcul fiable constitue un obstacle fort dans une société
qui a déjà du mal à supporter le risque collectif (cf le nucléaire), alors l’incertitude…
J’ai une dernière petite question sur la “classe moyenne”. Je suis souvent
marqué par l’importance politique que vous donnez à cette classe (ce n’est pas ce qui m’embête) alors que vous estimez, lorqu’on vous le demande, l’importance numérique de cette classe à, si mon
souvenir est bon, environ 20% de la population. Comme les partis dominés par les classes moyennes (tous sauf le FN et DLR si je vous suit) représentent environ 80% des voix à toutes les échéances
éléctorales, j’aimerai comprendre comment vous expliquez que la grande majorité des classes populaires (j’imagine quelles doivent représenter 70 à 80% de la population) votent aussi
majoritairement pour des partis qui ne défendent pas leurs intérêts?
Comme vous le soulignez vous même, ceci ne semble préoccuper personne. Moi-même j’avoue que je ne me rends pas compte du tout de la situation.
Là encore, le parallèle de 1940 est éclairant. A l’automne 1940, alors que la moitié du pays était occupé, la plus grande partie de la population et des élites – y compris celles proches du
gouvernement de Vichy – étaient loin d’avoir réalisé la gravité de la situation. Les français, qui avaient encore en tête l’exemple de la guerre perdue de 1870 (pour les français de 1940, la
guerre de 1870 était ce qu’est pour nous la guerre de 1940…) et l’occupation de la Ruhr étaient persuadés que la défaite suivrait le schéma habituel: une négociation plus ou moins dure, suivie
d’une évacuation et d’un traité de paix. On allait perdre l’Alsace, la Lorraine et peut-être même le Nord. La France serait donc territorialement diminuée mais pourrait se reconstruire et
préparer la Revanche. Ce n’est que bien plus tard que les français ont compris qu’ils étaient devant une guerre “d’un nouveau type” et que les catégories des guerres précédentes n’avaient plus de
cours.
De la même manière, nos élites et nos concitoyens ne voient pas la gravité de la situation parce qu’ils ont en tête les modèles de 1940. Puisqu’il n’y a pas de blessés, pas de morts, pas de
prisonniers, pas de villes détruites par les bombardements, ils se figurent qu’il n’y a pas de guerre…
Ainsi, malgré la situation catastrophique sur le terrain que vous decrivez, sur le papier la situation ne parait pas “si terrible que ça” si on compare avec d’autres pays qui ont réalisé des
“ajustements budgétaires” bien plus importants (pour ne prendre que 2 cas, la Grèce et l’Espagne). Or même dans ces pays, où la récession est plus forte, où les plans de rigueurs s’enchaînent et
où le taux de chômage atteint des niveaux impressionnants (environ 25% de la population active dans ces deux pays), il ne semble pas y avoir de rupture à l’horizon. Dans ces pays, l’ensemble des
forces politiques (sauf le KKE en Grèce) sont favorables au maintien dans la zone euro…
Revenons à l’exemple de 1940. Que pensaient les français de l’an 40 ? Que la situation était grave ? Qu’il fallait une rupture avec les allemands ? Non. Ils faisaient confiance à un Maréchal de
plus de 80 ans pour les conduire à bon port. La prise de conscience du danger dans lequel était la France n’a été que très graduelle.
Mais la difficulté principale vient du fait qu’on voit mal comment la situation pourrait s’améliorer
Là encore le parallèle avec 1940 est saississant… aujourd’hui on nous raconte que la sortie de l’UE et l’Euro serait le chaos et la fin de la civilisation. En 1940, on expliquait que le choix
était entre le “nouvel ordre européen” nazi et le “bolchevisme”. Mais vous avez raison sur un point: il ne suffit pas de pointer l’ennemi, il faut pouvoir proposer un projet crédible si l’on veut
sortir les gens du fatalisme.
Le reste du monde retrouvant des niveaux de croissance proche du niveau antérieur à la crise, il n’est pas impossible qu’une reprise légère pointe le bout de son nez, permettant par là la
survie de l’euro. Il suffirait d’un peu de croissance pour que l’ajustement soit mené à bien et alors la vie pourrait reprendre son cours (avec un euro qui se remettra vite à créer des bulles et
qui continura de ralentir la croissance des pays du sud)
Je n’y crois pas. Avec les politiques d’ajustement de la dépense publique que nous sommes en train de mettre en oeuvre, toute reprise de la croissance serait tuée dans l’oeuf. Le mécanisme de
l’Euro tue la croissance dans tous les pays qui ont des inflations structurelles supérieures à l’Allemagne, et je ne vois aucun mécanisme qui permettrait de renverser ce fonctionnement.
Je ne pense pas que la survie de l’euro puisse engendrer “une baisse continue du niveau de vie”. L’euro réduit la compétitivité des pays à l’inflation (relativement) forte (le sud de
l’Europe) ce qui engendre une réduction du taux de croissance du PIB (en période “normale”, le niveau de vie peut très bien augmenter)
Seulement par un accroissement de l’endettement. Si la réduction de leur compétitivité pousse les pays à forte inflation structurelle vers la récession, la seule manière de financer une
augmentation du niveau de vie est d’emprunter. Tu vois bien que ce n’est pas soutenable en régime de croisière. Ce n’est pas par hasard si les pays du sud ont non seulement des croissances
négatives, mais aussi des endettements monstrueux.
Quand à la sortie de l’euro, c’est le saut dans l’inconnu,
Un peu comme De Gaulle. Alors que Pétain…
avec là aussi sans doute un impact à court terme négatif
Pourquoi ?
(plus grand/plus petit qu’avec l’euro ?). Moi-même, si je suis persuadé que la traité de Maastricht est (entre autre) la plus grosse erreur de politique économique depuis …. très
longtemps,
Au hasard… 1938 ?
Cette absence de calcul fiable constitue un obstacle fort dans une société qui a déjà du mal à supporter le risque collectif (cf le nucléaire), alors l’incertitude…
Mais ce n’est pas nouveau. La carrière de Pétain à Vichy s’est construite sur cette même peur du “saut dans l’inconnu”.
Comme les partis dominés par les classes moyennes (tous sauf le FN et DLR si je vous suit) représentent environ 80% des voix à toutes les échéances éléctorales, j’aimerai comprendre comment
vous expliquez que la grande majorité des classes populaires (j’imagine quelles doivent représenter 70 à 80% de la population) votent aussi majoritairement pour des partis qui ne défendent pas
leurs intérêts?
Parce qu’elles n’ont pas le choix. Où sont les partis qui défendent leurs intérêts ? Les classes moyennes disposent de l’hégémonie idéologique. Ce sont elles qui fabriquent les idées. Comment
dans ces conditions pourrait surgir un mouvement représentant les couches populaires ? C’est là tout le problème.
Vous remarquerez d’ailleurs que l’électorat populaire vote de moins en moins…
Descartes,
la comparaison avec 1940 est osée mais assez saisissante. Je comprends que certains s’offusquent de ce parallèle. Votre comparaison fait passer pour des
collabos d’aujourd’hui ce qui actuellement soutiennent les politiques bruxelloises.
Il est étonnant qu’on ait perdu tout l’enseignement de Keynes, en tout cas sur le plan budgétaire. Pourtant ce n’est – pour 50% – que la reprise d’un principe énoncé il y a bien longtemps. Mettre
de côté en période de vaches grasses, pour pouvoir dépenser les réserves stockées en période de vaches maigres.
Beaucoup de gens ne comprennent pas que l’état n’est pas endetté parce qu’on aurait mené une politique keynésienne ces 30 dernières années mais parce qu’on a décidé de le priver progressivement
de ressources tout en maintenant les dépenses. Souvenons-nous que c’est un gouvernement de gauche qui baissa l’IS de 50 à 33% ! Et que dire de la baisse des taux marginaux de l’IR ? Il a bien
fallu que l’état comble la différence par l’emprunt et la vente de quelques fleurons industriels.
1815 – 1870 – 1940 – 2010, ça commence à faire beaucoup de défaites pour la France! Une grosse claque tous les 70 ans depuis 1870 et toujours infligée par le même ennemi. Je parle d’ennemi car
j’estime une paix à jamais possible entre ces deux peuples que tout oppose : la lumière de la Raison et la noirceur du Romantisme, l’universalisme et le provincialisme…
la comparaison avec 1940 est osée mais assez saisissante.
Je pense qu’elle est fondamentale. Dans notre histoire, la période 1930-1945 est peut-être la plus intéressante et la plus révélatrice des lignes de partage de la France moderne. Je suis un
passionné de l’histoire de cette période, et je peux t’assurer qu’on y trouve des situations et des personnages passionnants à l’heure de comprendre comment nous en sommes arrivés ou nous sommes
aujourd’hui.
Je comprends que certains s’offusquent de ce parallèle. Votre comparaison fait passer pour des collabos d’aujourd’hui ce qui actuellement soutiennent les politiques bruxelloises.
Qui se sent morveux se mouche… Plus sérieusement: oui, ce sont des “collabos”. Bien évidement, être “collabo” en 2013 ne vous rend pas complice des déportations et des meurtres. Mais la logique
sous-jacente à ce type d’attitude est très similaire à ce qu’elle était en 1940. Les mécanismes de la haine de soi sont intacts.
Beaucoup de gens ne comprennent pas que l’état n’est pas endetté parce qu’on aurait mené une politique keynésienne ces 30 dernières années mais parce qu’on a décidé de le priver
progressivement de ressources tout en maintenant les dépenses.
Exactement. Un commentateur sur ce même blog a fait l’erreur que vous dénoncez ici: croire qu’une politique est “keynésienne” simplement parce qu’elle fait du déficit. Il y a beaucoup de manières
de faire du déficit sans être keynésien…
1815 – 1870 – 1940 – 2010, ça commence à faire beaucoup de défaites pour la France! Une grosse claque tous les 70 ans depuis 1870 et toujours infligée par le même ennemi. Je parle d’ennemi
car j’estime une paix à jamais possible entre ces deux peuples que tout oppose : la lumière de la Raison et la noirceur du Romantisme, l’universalisme et le provincialisme…
La paix est toujours possible. Mais il faut arrêter de faire comme si on vivait chez les bisounours, et construire la paix sur une base réaliste. De Gaulle ne s’est pas trompé: d’abord il a doté
la France de la bombe atomique, puis il est allé négocier le traité de l’Elysée avec Adenauer. L’ordre de ces deux actes n’est nullement inocent…
avec là aussi sans doute un impact à court terme négatif
Pourquoi ?
Je ne suis pas un spécialiste de la question mais je vois déjà :
1) Les coûts de transaction liés au change Franc-Euro (mais c’est très marginal , sans doute 0,1% du PIB)
2) Le nouveau Franc doit se déprécier par rapport à l’Euro, ce qui engendre une hausse des prix des importations et donc est négatif à court-terme avant que la dépréciation ai fait effet sur les
exportations.
Ces deux effets sont limités dans leur ampleur et ne me pose pas de problèmes. Ce qui me parait plus fondamental se joue au sein du système financier.
3) La déstabilisation du système financier : beaucoup de placements sont effectués spécifiquement en euros (car monnaie “sure”), donc si l’on effectue un transfert en francs, il y aura sans doute
une fuite des capitaux (qui a l’effet bénéfique de déprécier le Franc). Par contre, l’existence d’un seul système financier intégré peut poser des problèmes. Les banques et les entreprises
ne se soucient plus du risque de change. Sa réapparition peut sans doute engendrer une déstabilisation de ces entités qui vont porter un risque supplémentaire. Certaines entreprises vont se
retrouver tout d’un coup avec des recettes en Euro et des dépenses en Franc, où le contraire. En toute logique, elles devront revoir leurs plans pour s’adapter à cette nouvelle situation
(peut-être certaines vont elles fermer car elles vont se rendre compte que leur modèle économique n’est plus viable [exemple : j’achète des composants en Allemagne qui coûtent tout d’un coup 25%
plus cher]) avant que de nombreuses autres se créent [si mes souvenirs sont juste, les premier effets d’une dépréciation se voient au bout 6 mois environ). Or un des enseignements
fondamentaux de Keynes est l’existence de rigidités dans l’économie (les ajustements de prix, de salaire, etc… prennet du temps et ont un coup), l’introduction du Franc, comme il nécessite un
ajustement des plans de très nombreuses entreprises aurait donc un coût . J’oublie sans doute d’autres éléments, n’étant pas spécialiste de la question.
Je pense donc qu’à court terme il y aurait, en cas de sortie de l’euro, un choc négatif sur l’économie française avant que les effets positifs se fassent sentir.
A très court terme, je pense effectivement que l’impact serait plutôt négatif – comme celui de n’importe quel changement de politique, d’ailleurs, vu l’aversion qu’ont les investisseurs à tout
changement. Mais cela n’est vrai que sur le très court terme. Il ne s’agit par ailleurs non plus de passer au Franc du jour au lendemain et sans préparation. Et d’ailleurs, le débat reste à faire
sur la politique monétaire qu’on ferait à la place. On peut penser à un système du type “serpent monétaire” avec un rajustement périodique des parités, qui réduit largement les risques de change,
ou bien un système de flotation intégral.
Je me demande si l’analogie avec 1940 ne serait pas dangereuse. Beaucoup de pays à haut niveau d’instruction vont mal, tous les pays latins sont fanatiquement et absurdement arrimés à
l’Allemagne. Ce pays lui-même tue ses clients principaux, n’accorde aucune attention à son vieillissement ultra-rapide. Les inégalités sociales y ont explosé et sont, je crois, beaucoup plus
importantes qu’au pays frère, le Japon. Cet amour pour l’argent est un signe de faiblesse.
Il est dans la nature de l’Allemagne d’être prédatrice, il est normal que les pays latins dorment le plus longtemps possible. J’ai l’impression d’un conformisme fanatisé qui finit par ravager les
sociétés et nous sommes condamnés à attendre que la situation soit très grave pour passer à une nouvelle étape pas forcément positive.
A mon avis, vaut mieux le FN de Marine Le Pen que la destruction totale de la société par nos amis du PS et de l’UMP. Mais je crois que le PS utilisera la probable montée en puissance du
parti lepéniste comme prétexte pour neutraliser la démocratie. Vous semblez considérer le FN comme un danger en lui-même.
Il est dans la nature de l’Allemagne d’être prédatrice,
Je m’insurge contre ce type de considération. Ce n’est pas une question de “nature” allemande, mais une logique générale: chaque nation défend “naturellement” ses intérêts, et non pas un “intérêt
européen” dont on ne sait pas très bien en quoi il consiste. Pourquoi l’Allemagne ferait-elle exception à cette règle ?
Si nous étions en position de force, c’est nous qui imposerions notre conception des institutions au reste de l’Europe. Nous l’avons d’ailleurs fait pendant longtemps, faisant de “l’Europe à six”
des années 1960 à notre image, avec une administration bruxelloise copiée sur beaucoup de points sur l’administration française. Aujourd’hui, pour des raisons que j’ai amplement développé dans
plusieurs papiers, nous sommes en position de faiblesse. L’Allemagne, elle, est en position de force et en profite. Quoi de plus naturel ? Il n’y a rien là dedans qui relève d’une quelconque
“nature de l’Allemagne”.
A mon avis, vaut mieux le FN de Marine Le Pen que la destruction totale de la société par nos amis du PS et de l’UMP.
Je vous avoue que je ne sais pas. J’ai une répugnance spontanée envers un parti politique dont le passé est marqué par le racisme, l’intégrisme catholique, les relents de l’OAS et toute une série
d’expressions qui me sont odieuses. En même temps, j’ai conscience que ce parti tend aujourd’hui à changer et que sa base sociologique et politique n’est plus la même. Seul le temps dira si ce
changement est cosmétique ou au contraire profond.
Mais bon, contrairement à vous, je ne fais parler ni les morts, ni
leurs descendants.
Les descendants des morts sont les citoyens du présent, je ne vois pas pourquoi on ne leur
donnerait pas la parole. Quant à faire parler les morts, que faites-vous donc quand vous embrigadez Marc Bloch dans vos analogies ubuesques qui amènent l’un de vos zélotes à comparer
Jean-Claude Juncker à Hitler?
L’injure n’est pas un argument. Les “efforts de redressement
budgétaires” ont tout de même un point commun avec pas mal de politiques de Vichy: ils sont le résultat du diktat d’une puissance étrangère, et ils ne nous sont imposés que parce qu’une partie de
notre soi-disant élite est disposée à s’en faire le relais.
Parce que comparer le chef de l’Etat à Pétain ce n’est pas l’injurier ? Je vous accorde que mes commentaires témoignent plus de ma colère que de la volonté d’avoir un débat
argumenté, mais c’est à l’aune de ma déception. En effet,
ayant lu, il y a quelques années et avec un certain bonheur, vos interventions sur le
blog de Mélenchon, j’ai été ravi de vous retrouver fortuitement sur ce blog que je croyais d’une certaine tenue intellectuelle. Mais ces comparaisons outrancières
en sont pour moi la négation.
Sans même aller jusqu’à dire qu’il y existe une différence de nature entre Vichy et le reste de l’histoire de France (ce qui
est néanmoins la vulgate commune et semble également être la conviction de nombre des lecteurs de ce blog, qui parlent de “régime illégal”), il y a, à tout
le moins, une différence de degré ; et
il faut probablement remonter à la guerre de 100 ans pour trouver trace d’une telle indignité. Aussi, comparer une tentative de réduction du déficit public de moins d’un point de PIB avec Vichy vous amène, je le crains, aux portes de la déraison et rend très difficile toute forme de discussion.
Néanmoins, je vais tout de même m’y essayer.
Pour commencer, je me permettrai de vous faire remarquer que, sur le
plan de la stricte politique économique, le dirigisme que vous prônez est dans la
droite ligne de la pensée vichyste (http://www.histoire-politique.fr/index.php?numero=09&rub=dossier&item=92) et qu’à rebours des
dévaluations perpétuelles et du laxisme budgétaire dont vous faites le champion, le Général de Gaulle pensait que la grandeur d’une Nation passe par la force de sa monnaie et de ses finances
publiques – il était même partisan d’un retour à l’étalon-or (http://musee.sitemestre.fr/6001/html/histoire/histoire_degaulle_monnaie.html). Aussi, vichystes dans leur
matrice et antagonistes avec celles du Général de Gaulle dans leur expression fiscale et monétaire, je ne suis pas sûr que vos conceptions économiques vous mettent dans la positon de distribuer
des brevets de Vichysme ou de Gaullisme à qui que ce soit.
Certes, dites-vous, pour justifier l’injustifiable,
“Mais bon, contrairement à vous, je ne fais parler ni les morts, ni leurs descendants”. Les descendants des morts sont les citoyens du présent, je ne vois pas pourquoi on ne leur donnerait
pas la parole.
Tout à fait. Mais vous ne leur donnez pas la parole, vous parlez à leur place. Et ce n’est pas vraiment la même chose.
Quant à faire parler les morts, que faites-vous donc quand vous embrigadez Marc Bloch dans vos analogies ubuesques
Certainement pas cela. Je vous mets au défi de me signaler où j’aurais attribué à Bloch des paroles ou des opinions. Au contraire: j’ai encouragé mes lecteurs à lire par eux mêmes “L’Etrange
Défaite” de Bloch et de tirer eux mêmes leurs propres conclusions.
qui amènent l’un de vos zélotes à comparer Jean-Claude Juncker à Hitler?
Je ne vois pas très bien de quel “zélote” vous voulez parler. Mais je ne suis pas responsable des bêtises écrites par d’autres, j’ai dejà assez avec les miennes. Et chaque fois qu’un de mes
commentateurs a fait ce type de comparaisons, j’ai pris la peine d’expliquer combien une telle analogie est absurde. Je le répète: mon intention était de pointer la ressemblance des mécanismes
qui ont conduit la France de 1940 à accepter la défaite et le vychisme comme un “moindre mal”, et combien ces mécanismes ressemblent à ceux qui aujourd’hui conduisent à avoir la même attitude
devant les politiques d’austérité imposées par l’Allemagne sous couvert de Bruxelles. C’est tout. Je n’ai pas fait de jugement moral sur Juncker ou qui que ce soit d’autre.
Parce que comparer le chef de l’Etat à Pétain ce n’est pas l’injurier ?
Je ne me souviens pas avoir comparé Hollande à Pétain. J’ai comparé des politiques, pas des personnes. Et dire que les politiques faites aujourd’hui sur injonction de l’Union européenne
sacrifient l’intérêt de notre peuple à celui d’une puissance étrangère, et qu’en cela elles ressemblent aux politiques suivies par le gouvernement de Vichy et reposent en partie sur les mêmes
ressorts n’est que la constatation de faits historiques. Vous pouvez être en désaccord avec mon analyse, bien entendu. Mais elle n’est en rien une “injure”.
Je vous accorde que mes commentaires témoignent plus de ma colère que de la volonté d’avoir un débat argumenté,
C’est ce que je regrette. Que vous soyez en désaccord avec mes vues, c’est légitime. Que vous les disputiez sur mon blog, rien de plus normal puisque ce blog existe précisement pour permettre un
débat le plus riche et ouvert possible. Echangeons nos arguments, et même si nous n’arrivons pas à nous convaincre mutuellement, au moins nous nous aurons mieux compris.
mais c’est à l’aune de ma déception. En effet, ayant lu, il y a quelques années et avec un certain bonheur, vos interventions sur le blog de Mélenchon, j’ai été ravi de vous retrouver
fortuitement sur ce blog que je croyais d’une certaine tenue intellectuelle. Mais ces comparaisons outrancières en sont pour moi la négation.
Je regrette que vous ayez cette perception. La “tenue intellectuelle” implique à mon avis la liberté de penser en dehors du “politiquement correct”, quitte à se tromper. Et je pense qu’il serait
plus intéressant de lire sous votre plume vous arguments démontrant que je me trompe plutôt que des attaques ad hominem.
Sans même aller jusqu’à dire qu’il y existe une différence de nature entre Vichy et le reste de l’histoire de France (ce qui est néanmoins la vulgate commune et semble également être la
conviction de nombre des lecteurs de ce blog, qui parlent de “régime illégal”), il y a, à tout le moins, une différence de degré ; et il faut probablement remonter à la guerre de 100 ans pour
trouver trace d’une telle indignité.
Je pense que cette vision est erronnée. Les forces qui ont permis au régime de Vichy de se constituer et de gouverner la France traversent notre histoire, et se sont manifestées cycliquement. Il
y a une certaine France – celle que j’ai appelé la “petite France” dans un autre papier – qui prefère capituler plutôt que se battre, qui prefère son petit “ça me suffit” plutôt que de payer le
prix de la grandeur. Bien entendu, lorsque cette “petite France” a pris le pouvoir les conséquences n’ont pas toujours été les mêmes. En 1940, la nature de l’ennemi devant lequel on a capitulé a
fait que les conséquences ont été dramatiques, sans comparaison dans notre histoire. Aujourd’hui, parce que l’Allemagne de Merkel n’est pas celle de Hitler, notre capitulation ne risque pas de
nous conduire aux camps de la mort. Mais, et c’est cela que je voulais montrer, le mécanisme qui est derrière ces deux capitulations est le même.
Comme je l’ai dit à un autre commentateur, la grandeur de Newton fut de comprendre que le mécanisme qui garde la terre autour du soleil est le même qui fait tomber une pomme dans le jardin. Cela
n’implique pas qu’on puisse confondre la terre avec une pomme.
Aussi, comparer une tentative de réduction du déficit public de moins d’un point de PIB avec Vichy vous amène, je le crains, aux portes de la déraison et rend très difficile toute forme de
discussion.
Ce n’est pas ce que j’ai dit. Il ne s’agit pas d’une “tentative de réduction du déficit public de moins d’un point”. Il s’agit d’une logique dans laquelle nous avons abdiqué le choix de notre
politique monétaire, économique et budgétaire. Nous n’avons plus le droit de choisir nos fournisseurs, de nationaliser un service public, de dévaluer notre monnaie ou de fixer les taux d’intérêt,
d’aider une industrie. Dans toute une série de domaines, notre gouvernement est sous injonction de faire une politique décidée ailleurs. Cela ressemble fort à la situation du gouvernement de
Vichy. Que l’occupant nous ordonne aujourd’hui de réduire d’un point de PIB le déficit plutôt que d’envoyer les juifs à la chambre à gaz, c’est certainement un grand progrès. Il ne reste pas
moins qu’on a le droit de se poser la question jusqu’où irait l’obéissance de notre gouvernement aux injonctions bruxelloises. Nous avons plusieurs exemples de gouvernements qui ont accepté de
condamner leur peuple à la misère et leur jeunesse à un avenir sombre où à l’émigration pour satisfaire les ordres de Bruxelles… si demain on nous commandait de supprimer la Sécurité Sociale
comme condition pour rester dans l’Euro, notre gouvernement le ferait-il ?
Néanmoins, je vais tout de même m’y essayer.
Je vous remercie, très sincèrement.
Pour commencer, je me permettrai de vous faire remarquer que, sur le plan de la stricte politique économique, le dirigisme que vous prônez est dans la droite ligne de la pensée vichyste
Cela ne veut rien dire. Le “dirigisme que je prône” implique que ceux qui “dirigent” le fassent au nom du peuple français et sous le contrôle de leurs représentants élus. On ne peut comparer le
“dirigisme” qui place le pouvoir dans les mains d’un homme providentiel échappant à tout contrôle avec le “dirigisme” d’un régime démocratique. Pensez-vous vraiment que le “dirigisme” de la
période 1946-1974 soit comparable à celui de Vichy ?
et qu’à rebours des dévaluations perpétuelles et du laxisme budgétaire dont vous faites le champion,
Qu’est ce qui vous fait penser que je me fasse “le champion” des “dévaluations perpétuelles” et du “laxisme budgétaire” ? J’ai l’impression que vous plaquez sur moi des politiques que vous
condamnez pour mieux me descendre… Non, je n’ai jamais défendu le “laxisme budgétaire”. Au contraire: j’ai défendu l’idée de Keynes selon laquelle il faut laisser filer le déficit – quitte à
s’endetter – pendant les périodes de récession pour ensuite, lorsqu’on passe sur la partie haute du cycle économique, réduire la dépense et augmenter l’impôt de manière à payer les dettes
creusées pendant la phase antérieure. En d’autres termes, je suis pour la rigueur budgétaire, mais à bon escient. Quant aux dévaluations, je défends l’idée qu’il faut laisser la monnaie se
stabiliser à sa parité réelle, c’est à dire, celle qui correspond à la réalité économique.
le Général de Gaulle pensait que la grandeur d’une Nation passe par la force de sa monnaie et de ses finances publiques – il était même partisan d’un retour à l’étalon-or
(http://musee.sitemestre.fr/6001/html/histoire/histoire_degaulle_monnaie.html).
J’admire le Général, mais je n’en fais pas un fétiche. Je pense que beaucoup de ses idées économiques étaient fausses ou archaïques. La grande vertu de De Gaule, c’etait son pragmatisme. Quelque
fussent ses idées en matière d’économie, il a su les mettre de côté ou les amodier lorsque la réalité lui a montré qu’elles étaient impratiquables. J’ajoute par ailleurs que l’article que vous
citez représente l’opinion de son auteur, mais ne donne finalement guère des références précises à des déclarations ou des actes précis de De Gaulle qui justifieraient ses affirmations. Que De
Gaulle ait vu dans le retour à l’étalon-or un moyen d’emmerder les américains, c’est certain. Mais qu’il ait réellement cru qu’un tel retour était possible, je demande à voir. En tout cas, il a
eu dix ans au pouvoir pour rétablir l’étalon-or en France… et il ne l’a pas fait.
Aussi, vichystes dans leur matrice et antagonistes avec celles du Général de Gaulle dans leur expression fiscale et monétaire, je ne suis pas sûr que vos conceptions économiques vous mettent
dans la positon de distribuer des brevets de Vichysme ou de Gaullisme à qui que ce soit.
Je ne me souviens pas d’avoir distribué des “brevets” de quoi que ce soit. J’ai trop critiqué sur ce blog ceux qui raisonnent par “étiquettes” pour commencer à en coller. A lire ce genre de
commentaire, je me demande si vous avez lu avec attention mon papier, ou si vous ne raisonnez plutôt par inférence…
Certes, dites-vous, pour justifier l’injustifiable,
Je regrette, mais votre commentaire est arrivé incomplet.
La comparaison est intéressante. Une autre comparaison à mon avis beaucoup moins osée, peut-être aussi plus commune, c’est Heinrich Brüning et les plans de rigueur pour rembourser une dette de
guerre impossible à rembourser. À l’époque les vainqueurs, dont nous, imposaient à l’Allemagne des plans d’austérité (les plans Dawes et Young) ; aujourd’hui c’est l’Allemagne qui impose
cela au reste de l’Europe, dont nous.
Si nos élites avaient la moindre imagination, elles auraient compris que le système qui a produit ces déséquilibres nécessite une profonde réforme pour pouvoir les éliminer. Mais nos élites
n’ont pas d’imagination, tout simplement parce qu’elles n’ont pas assez de culture et de curiosité pour concevoir le monde autrement que comme il est.
Si seulement le problème était un manque d’imagination. J’ai beaucoup de mal à le croire.
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La comparaison est intéressante. Une autre comparaison à mon avis beaucoup moins osée, peut-être aussi plus commune, c’est Heinrich Brüning et les plans de rigueur pour rembourser une dette
de guerre impossible à rembourser. À l’époque les vainqueurs, dont nous, imposaient à l’Allemagne des plans d’austérité (les plans Dawes et Young) ; aujourd’hui c’est l’Allemagne qui impose
cela au reste de l’Europe, dont nous.
La comparaison est tentante… même si les plans Dawes et Young ont été faits pour réduire el poids de la “dette impossible à rembourser”, et non pour “imposer des plans d’austérité”. Mais il y a
quelques différences: les réparations de guerre dues par l’Allemagne étaient censées réparer les dommages que les troupes allemandes avaient provoqué sur le territoire des pays qu’ils avaient
envahis. Alors que l’austérité imposée aujourd’hui par l’Allemagne au reste de l’Europe n’a aucune justification autre que la force pure.
Si seulement le problème était un manque d’imagination. J’ai beaucoup de mal à le croire.
Ce n’est certainement pas “le” problème, mais c’est “un” problème.
Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement
s’y emploie.
Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de
portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme…
A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place
entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la
Résistance !
Citation d’un article de Denis Kessler dans la revue Challenges le 4 octobre 2007
Ceux dont les aïeux sont tombés sous les balles allemandes ou ont été déportés apprécieront . Marc Bloch lui même applaudirait, j’en suis sûr.
Manifestement mon cher Descartes, dans l’analogie « osée » avec la période de l’occupation, vous n’êtes pas un pionnier : vous avez été précédé
depuis 6 ans ; simple différence, vous êtes dans l’autre camp… ce qui explique sans doute les cris d’orfraie de certaines grandes consciences a l’indignation sélective qui sont gênées non
pas par les mécanismes de l’asservissement, mais par le fait qu’ils soient dénoncés.
Manifestement mon cher Descartes, dans l’analogie « osée » avec la période de l’occupation, vous n’êtes pas un pionnier : vous avez été
précédé depuis 6 ans ; simple différence, vous êtes dans l’autre camp…
Vous savez, c’est curieux mais je trouve de plus en plus de textes qui réjoignent finalement mon analyse. Et il viennent quelquefois d’horizons surprenants.
Ainsi, voici ce qu’écrit aujourd’hui dans Le Monde Arnaud Leparmentier, grand europhile devant l’éternel:
“Aujourd’hui, plus rien ne fonctionne. Les parlementaires chypriotes n’ont pas accepteé de ratifier le diktat version 2013 (…). Pourtant, on les a
ménacés. Pas d’une nouvelle invasion par les turcs ou par les anglais, mais d’une mise en faillite ruineuse. L’armée étrangère d’aujourd’hui, c’est l’euro”.
C’est moi, bien entendu, qui souligne. Mais le texte est saisissant…
Et expliquez moi, ami : si en période de vache maigre, en plus de laisser filer la dette, on laissait filer un peu d’inflation, ça ne nous donnerait pas un peu d’air ? Évidemment, les Allemands
ne nous le permettraient pas, c’est ça ? Comment inscrivez-vous le processus inflationniste dans votre réflexion ?
Moi, j’aime bien l’inflation : j’ai le sentiment qu’elle amortirait la dette. Mais ça n’est pas très compatible avec l’euro fort. Et comme nous n’avons pas la maîtrise de notre monnaie…
Et expliquez moi, ami : si en période de vache maigre, en plus de laisser filer la dette, on laissait filer un peu d’inflation, ça ne nous donnerait pas un peu d’air ?
En fait, il est assez difficile de laisser filer l’inflation lorsqu’on se trouve en période basse du cycle économique: parce que l’appareil de production est sous-utilisé, imprimer de la monnaie
et donc de la demande supplémentaire ne se traduit pas par une augmentation des prix, puisqu’on peut augmenter la production à coût constant. C’est lorsque la machine économique repart, et que
l’appareil productif est utilisé à plein, que l’excès de demande produit de l’inflation, puisque la production ne peut pas suivre.
C’est pourquoi faire tourner la planche à billets pendant la partie basse du cycle économique s’apparente à un emprunt: cette masse monétaire supplémentaire ne fabriquera de l’inflation que plus
tard, lorsqu’on sera passé en partie haute du cycle. A ce moment là, il faudrait que la banque centrale retire de la circulation la monnaie qu’elle a injectée pendant la période de vaches
maigres…
Évidemment, les Allemands ne nous le permettraient pas, c’est ça ?
Par l’intermédiaire de la BCE, ils ne nous le permettraient pas. Exactement.
Comment inscrivez-vous le processus inflationniste dans votre réflexion ? Moi, j’aime bien l’inflation : j’ai le sentiment qu’elle amortirait la dette.
L’inflation est en fait un impôt à la monnaie, et comme tel elle a l’avantage de privilégier l’investissement productif contre la rente. A un niveau modéré (autour de 3-4%) c’est une excellente
chose.
Je me suis trompée de billet, alors je copie-colle mon message ici où il est plus approprié (en corrigeant les quelques fautes de frappe en passant), si vous me le permettez :
Bonjour Descartes,
Certains de vos billets ne trouvent aucun écho en moi et celui-ci, si, parce qu’on est en plein dans la tourmente, et que vous continuez à dire que seule Marine Le Pen, de manière outrancièrement
médiatisée (alors qu’il y en a d’autres mais soit non charismatiques : Dupont-Aignan, soit invisibles à la télé : Asselineau) propose une sortie de l’euro alors que votre cher ami
Jean-Luc a fait sensation ce matin sur France-info : http://www.franceinfo.fr/politique/les-invites-de-france-info/melenchon-met-en-garde-la-bce-je-menace-tous-ceux-qui-menacent-mon-pays-926361-2013
ses propres mots “Ou bien on réforme les statuts de la Banque centrale ou faudra passer par dessus-bord, l’euro” et il s’est, comme d’habitude, très royalement démarqué de tous ces
médiocres de gauche et de droite dont le métier de politicien, hélas n’est pas un sacerdoce mais juste un tremplin pour se remplir les poches !
Enfin, ceux qui rebutés par la propension du porte-parole du FDG à vouloir s’obstiner à voir l’Europe comme étant réformable, vont entendre d’autres sons de cloche de sortie de crise (par la
sortie de l’euro ?) que celles émises par le FN !
Vous avez tord de sous estimer parfois les capacités de rebondissement de Jean-Luc Mélenchon et loin de se laisser flouer, il avance avec tact et intelligence et dégainera le moment venu pour et
courtcircuiter les actions délétères du PS (parti scélérat) et rendre inaudible le catéchisme tape à l’oeil de la blonde aux yeux bleux !
Mais ce serait bien que vous nous énumériez, étape par étape, ce qui se passerait si demain, nous étions obligés de sortir de l’UE (le bien et le moins bien) ! ça me permettrait d’avoir des
arguments pour contrer ceux qui invariablement considèrent que sans l’Europe, on ne serait rien !
Merci Descartes de nous apporter vos lumières !
Sincèrement vôtre
Une inconnue qui vout lit en catimini de temps à autre en haussant les épaules parfois (pour ne pas dire souvent) mais qui n’en demeure pas moins curieuse et avide de comprendre ce qui lui semble
opaque.
Cordialement
et que vous continuez à dire que seule Marine Le Pen, de manière outrancièrement médiatisée (alors qu’il y en a d’autres mais soit non charismatiques : Dupont-Aignan, soit invisibles à la
télé : Asselineau) propose une sortie de l’euro
Pas tout à fait. J’ai dit que le seul parti ayant une certaine surface politique qui propose la sortie de l’Euro est le FN. Il y a d’autres groupes ou personnalités qui soutiennent la même ligne,
mais ils n’ont guère de “surface politique” aujourd’hui.
alors que votre cher ami Jean-Luc a fait sensation ce matin sur France-info : http://www.franceinfo.fr/politique/les-invites-de-france-info/melenchon-met-en-garde-la-bce-je-menace-tous-ceux-qui-menacent-mon-pays-926361-2013 ses propres mots “Ou bien on réforme
les statuts de la Banque centrale ou faudra passer par dessus-bord, l’euro”
Je vous paraîtrai peut-être vieu jeu… mais je continue à penser que “verba volant, scripta manent” (“les paroles s’envolent, les écrits restent”). Quand je verrai une proposition argumentée de
sortie de l’Euro dans un document du PG ou du FdG, alors j’y croirai. Une telle proposition signifierait une révision complète de tous les documents publiés jusqu’à aujourd’hui, du programme
“l’Humain d’abord” jusqu’aux livres de Jacques Généreux, qui tous vont dans le même sens. Je vous rappelle aussi que ce même JLM avait en son temps assimilé ceux qui proposent la sortie de l’Euro
aux “maréchalistes”.
De cette sortie de Mélenchon je ne tire qu’une conclusion: au fur et à mesure que le vent commence à souffler contre l’Euro, les girouettes commencent à changer de direction. Quand Mélenchon
m’expliquera comment il compte “passer par dessus bord l’Euro” et surtout pourquoi il a changé d’avis, j’y croirais. En attendant…
et il s’est, comme d’habitude, très royalement démarqué de tous ces médiocres de gauche et de droite dont le métier de politicien, hélas n’est pas un sacerdoce mais juste un tremplin pour se
remplir les poches !
Faudrait tout de même pas trop exagérer. Mélenchon a quitté l’enseignement depuis les années 1970. Depuis, c’est le “métier de politicien” qui remplit ses poches et fait bouillir sa marmite. Ce
n’est pas déshonorant, loin de là. Mais faire de Mélenchon un être de pur esprit qui se consacre à la politique bénévolement… faudrait tout de même pas pousser mémé dans les orties.
Enfin, ceux qui rebutés par la propension du porte-parole du FDG à vouloir s’obstiner à voir l’Europe comme étant réformable, vont entendre d’autres sons de cloche de sortie de crise (par la
sortie de l’euro ?) que celles émises par le FN !
Je pense que vous vous faites beaucoup d’illusions. Che Mélenchon, l’eurolâtrie n’est pas un choix de circonstance. C’est une continuité qui va avec sa dévotion pour Saint Mitterrand. Le fait
qu’il se soit laissé aller devant un journaliste à considerer la possibilité de “passer l’Euro par dessus bord” ne veut pas dire grande chose. Déjà pendant la campagne électorale il avait dit une
fois, pris au dépourvu, que “sur Maastricht, c’est Chèvenement qui avait raison”. Il n’a jamais confirmé cette déclaration, et a continué pendant toute sa campagne à défendre l’héritage
maastrichien.
Vous avez tord de sous estimer parfois les capacités de rebondissement de Jean-Luc Mélenchon et loin de se laisser flouer, il avance avec tact et intelligence et dégainera le moment venu pour
et courtcircuiter les actions délétères du PS (parti scélérat) et rendre inaudible le catéchisme tape à l’oeil de la blonde aux yeux bleux !
J’ai passé l’âge de croire au prince charmant qui viendra sur son beau destrier. Quelque soient les grandes qualités politique et personnelles de Mélenchon, il n’est pas moins prisonnier de son
personnage et de son passé. Et puis – et c’est loin d’être secondaire – il est très mal entouré.
Mais ce serait bien que vous nous énumériez, étape par étape, ce qui se passerait si demain, nous étions obligés de sortir de l’UE (le bien et le moins bien) !
Vous me demandez de faire tout seul le travail qui devrait être celui d’une véritable commission économique d’un parti politique. Mais je vais essayer de répondre quand même. D’abord, il faudrait
redefinir les rapports avec nos voisins. Sortir de l’UE n’implique pas tourner le dos à nos partenaires. Il faudrait donc travailler à un traité entre la France et l’UE qui règle les questions
commerciales, la circulation des personnes, des biens et des marchandises. Un tel traité doit être négocié sur la base d’une logique de “protectionnisme intelligent” (j’ai expliqué le concepte
dans un papier qui avait ce titre, vous pouvez le retrouver dans ce blog) dont la logique est d’équilibrer la balance des échanges extérieurs.
Le deuxième élément est la monnaie. Il nous faut un instrument monétaire national, et une politique monétaire. A mon avis, il faudrait suivre une logique du type de celle qui présidait au SME: la
fluctuation de la monnaie dans une bande étroite par rapport à l’Euro en temps normal, et un ajustement de la parité lorsque celle-ci s’avère trop éloignée de la parité réelle de la monnaie.
Quelles seraient les conséquences ? Un rencherissement des produits importés, et donc une plus grande demande de produits nationaux donc une relance de notre système productif. Donc, d’un côté
une baisse du pouvoir d’achat des salaires – et notamment ceux des classes moyennes – et de l’autre un moindre nombre de chômeurs à indemniser. Les deux effets s’équilibrant, le niveau de vie
moyen serait préservé au prix d’un aplatissement de la pyramide, avec une société libérée du chancre qu’est le chômage et donc socialement plus cohésive.
Une inconnue qui vout lit en catimini de temps à autre en haussant les épaules parfois (pour ne pas dire souvent) mais qui n’en demeure pas moins curieuse et avide de comprendre ce qui lui
semble opaque.
Le coup de la “mystérieuse étrangère” ? J’adore ! Vous êtes en tout cas la bienvenue sur ce blog, n’hésitez pas à vous exprimer…
Suite de mon précédent commentaire
Certes, dites-vous, pour justifier l’injustifiable; mais il existe “tout de même” des points communs entre Vichy et la politique économique du
gouvernement actuel. Notamment parce qu’elle se ferait sous la contrainte de l’étranger.
Je pourrai tout d’abord vous faire remarquer que ce n’est pas vrai puisque
l’engagement (d’essence gaullienne comme je viens de le préciser) de redressement graduel des finances publiques a été pris par François Hollande avant son accession au pouvoir et sans aucune
interférences étrangères (pour le Général dans le texte sur la monnaie et les finances publiques:
http://www.les-crises.fr/de-gaulle-smi-1 /).
Je vous pourrai également vous faire remarquer qu’à la différence de Nicolas
Sarkozy qui avait accepté l’effacement complet de la France sur la scène européenne en échange d’une liberté surveillée sur le plan domestique, François Hollande a su obtenir de l’Allemagne une
rupture radicale en matière de politique monétaire (symbolisée par l’engagement de la BCE de racheter sans limites les dettes souveraines des pays qui le demanderaient) en contrepartie d’un
engagement plus ferme de réduction des déficits publics en France.
Aussi, pas plus que l’intervention de Monsieur Draghi n’était, comme s’en
plaignait le Bild, « un complot français », les objectifs de réduction des déficits n’ont été mis en place pour honorer les « Dieux de Berlin ». Il s’agit d’un compromis; un
quasi-traité de puissance à puissance; et plutôt favorable aux français (si l’on veut bien prendre la peine de le regarder en détail) puisque l’on a obtenu des allemands l’impensable (la
monétisation sans limite des dettes publiques) en échange d’engagements de réduction des déficits modestes dans leur ampleur et flous dans leur calendrier.
Mais ce n’est à vrai dire pas là le sujet. Le sujet c’est, comme vous le
dites si bien dans l’un de vos commentaires, que, l’histoire d’un pays ne s’achète pas au détail et qu’il est de l’essence même des Nations d’être sous la contrainte extérieure.
Ainsi serait-il vichyste Talleyrand qui signe le Congrès de Vienne sous l’œil
des puissances mais assure l’intégrité du pré carré ? Gambetta qui entérine la perte de l’Alsace-Lorraine mais impose la République et prépare le redressement ? Delcassé qui accepte Fachoda
mais jette par ce biais les bases de l’Entente Cordiale qui sauvera nos armées, avec l’alliance Russe, à l’été 14 ? Vichyste encore Clémenceau qui signe le Traité de Versailles sous la dictée de
Wilson ? de Gaulle qui arrive dans les valises anglo-américaine en 1944 ou signe les accords d’Evian et laisse massacrer pieds-noirs et harkis ?
Non, évidemment non. L’histoire d’une Nation n’est pas un lit de roses et
encore moins faite pour les enfants et à vrai dire, s’il fallait employer ce mot mais sans vouloir vous offenser, ce qui me paraît vichyste à moi, c’est le défaitisme et la résignation qui
transpire de votre papier.
Au plaisir de vous lire,
Suite de mon précédent commentaire
Je pourrai tout d’abord vous faire remarquer que ce n’est pas vrai puisque l’engagement (d’essence gaullienne comme je viens de le préciser) de redressement graduel des finances publiques a
été pris par François Hollande avant son accession au pouvoir et sans aucune interférences étrangères (pour le Général dans le texte sur la monnaie et les finances publiques:
http://www.les-crises.fr/de-gaulle-smi-1 /).
Pas vraiment: je crois me souvenir que parmi les engagements de François Hollande figurait la rénégociation du TSCG pour le transformer en un programme de relance et de croissance. C’est par la
suite “d’interférences étrangères” (notamment parce que Angela Merkel a dit “nein”) que Flanby a finalement renoncé à sa promesse.
Je vous conseille par ailleurs de relire avec attention la page dont vous donnez la référence. Elle montre bien que la principale préoccupation de De Gaulle n’a jamais été la restauration de
l’équilibre budgétaire (c’est à dire des ressources et des dépenses de l’Etat), mais l’équilibre de la balance des paiements (c’est à dire, des importations et des exportations). Car De Gaulle,
contrairement aux eurolâtres, avait bien compris que ce qui menace l’indépendance nationale n’est pas le fait que l’Etat dépense plus qu’il ne prelève (cela peut toujours s’arranger avec les
leviers de la politique fiscale ou monétaire) mais que la nation importe plus qu’elle n’éxporte, ce qui l’oblige à s’endetter vis à vis de l’étranger.
Je vous pourrai également vous faire remarquer qu’à la différence de Nicolas Sarkozy qui avait accepté l’effacement complet de la France sur la scène européenne en échange d’une liberté
surveillée sur le plan domestique, François Hollande a su obtenir de l’Allemagne une rupture radicale en matière de politique monétaire (symbolisée par l’engagement de la BCE de racheter sans
limites les dettes souveraines des pays qui le demanderaient) en contrepartie d’un engagement plus ferme de réduction des déficits publics en France.
Je pense que vous avez une lecture très personnelle de la réalité. A ma connaissance, la BCE n’a jamais pris l’engagement de “racheter sans limite les dettes souveraines des pays qui le
demanderaient”. Pourriez-vous indiquer où et quand la BCE a pris un tel engagement ? Et si un tel engagement existe, qu’attendons nous pour refourguer nos bons du trésor à la BCE ?
François Hollande n’a rien obtenu du tout. La BCE a annoncé qu’elle était prête “à tout faire pour sauver l’Euro, y compris à acheter sans limite les titres de dette publique” (sans préciser les
contreparties) pour calmer les marchés, et cela a – pour le moment – suffi à faire baisser les primes de risque exigés à certains pays. Mais cela ne représente aucun “rupture radicale de la
politique monétaire”. C’est la simple extension de ce que la BCE a fait pendant plusieurs mois auparavant.
Aussi, pas plus que l’intervention de Monsieur Draghi n’était, comme s’en plaignait le Bild, « un complot français », les objectifs de réduction des déficits n’ont été mis en place pour
honorer les « Dieux de Berlin ». Il s’agit d’un compromis; un quasi-traité de puissance à puissance; et plutôt favorable aux français (si l’on veut bien prendre la peine de le regarder en détail)
puisque l’on a obtenu des allemands l’impensable (la monétisation sans limite des dettes publiques) en échange d’engagements de réduction des déficits modestes dans leur ampleur et flous dans
leur calendrier.
Je ne vois pas où est la “monétisation sans limite des dettes publiques” dont vous parlez. Prenez l’exemple de Chypre. La “monétisation” a été limitée à 10 Md€, et encore, assortie de conditions
si draconiennes que le parlement a préféré le saut dans l’inconnu plutôt que de les accepter. Je pense que vous inventez une “victoire” qui n’a jamais eu lieu: il n’y a aucun “quasi-traité” qui
oblige la BCE a monétiser “sans limite” quoi que ce soit. La BCE reste indépendante, et elle décide de “monétiser” ou pas comme elle veut et quand elle veut. Ce que Draghi a dit hier, il peut le
dédire aujourd’hui.
Mais ce n’est à vrai dire pas là le sujet. Le sujet c’est, comme vous le dites si bien dans l’un de vos commentaires, que, l’histoire d’un pays ne s’achète pas au détail et qu’il est de
l’essence même des Nations d’être sous la contrainte extérieure.
Sous la contraite oui. Sous la domination, non. Comme je l’ai dit à un autre comentateur, j’ai trouvé très révélateur le petit paragraphe publié dans Le Monde sous la plume d’Arnaud
Leparmentier: “Les parlementaires chypriotes n’ont pas accepté de ratifier le diktat version 2013 (…). Pourtant on les a menacés. Pas d’une invasion par les turcs ou les anglais, mais d’une
mise en faillite ruineuse. L’armée étrangère d’aujourd’hui, c’est l’Euro” (c’est moi qui souligne). Que Leparmentier, un europhile avoué peu suspect de souverainisme écrive
une telle phrase, qui réjoint finalement assez mon analyse, montre à quel point on commence à prendre conscience de la situation.
Ainsi serait-il vichyste Talleyrand qui signe le Congrès de Vienne sous l’œil des puissances mais assure l’intégrité du pré carré ? Gambetta qui entérine la perte de l’Alsace-Lorraine mais
impose la République et prépare le redressement ?
Bien sur que non. Gambetta, comme Talleyrand, tiraient les leçons d’une situation concrète et choisissaient le moindre mal. Mais toujours avec le projet de gagner du temps, de reprendre des
forces et de retablir plus tard la situation. On imagine mal Gambetta expliquant que la perte de l’Alsace et de la Lorraine étaient une bonne chose, et que d’ailleurs tout pays qui se respecte
s’enrichit en perdant quelques provinces. Cela contraste singulièrement avec le langage d’un Hollande – ou avec le votre, d’ailleurs – qui expliquent que le rétablissement des comptes publics est
une bonne chose, et qu’il faut d’ailleurs remercier l’Europe (et l’Allemagne) de nous l’imposer.
Il y a une grande différence entre celui qui se soumet aux circonstances en espérant demain pouvoir les changer, et celui qui se soumet en déclarant qu’elles sont justes et nécessaires. La grande
différence entre De Gaulle et Pétain n’est pas l’armistice. C’est l’idée que la défaite était en quelque sorte la “juste sanction” que le pays méritait, et qu’il fallait s’y résigner.
Au plaisir de vous lire,
De même.
Bonjour Descartes,
j’aurais une autre analogie à vous proposer par rapport à l’attitude de nos élites: je suis d’origine africaine, et bien que très éloigné de l’actualité du continent, j’en connais un peu les
ressorts par rapport à l’histoire de mes parents.
Pour moi, l’élite française se comporte de plus en plus comme les élites africaines et du tiers-monde: irresponsable, voire anti-démocratique. Plutôt qu’une défaite en rase-campagne comme en 40,
je vois que les choix économiques faits depuis 1983 créent un phénomène de tiers-mondisation de notre économie (accroissement spéctaculaire des inégalités sociales, affaiblissement de l’esprit de
service publique, déclin accéléré de l’industrialisation, écrasemement de la classe moyenne, etc…). Evidemment, la tradition étatiste française fait que ses institutions tiennent encore le choc
et lui permet de résister à ce phénomène. Seulement, dans le cas des dirigeants et des élites françaises, on a la sensation qu’elles sont complètement détachées du sort du lot commun: comme dans
beaucoup de pays d’Afrique, au lieu de défendre les intérêts du peuple français, elles préfèrent défendre égoïstement leurs intérêts, fusse au prix d’une abdication de souveraineté de fait: la
balance des paiements de ses dernières années en atteste.
Pire, et c’est relativement nouveau dans l’histoire de la France, l’européïsme et l’anti-patriotisme de nos gouvernants incitent nos forces vives à s’exiler: je suis stupéfait du nombre de jeunes
Français diplômés qui s’en vont du pays faute de travail, ou pire, indifférente au sort de leurs concitoyens… C’est sans précédent, ou presque: durant la Révolution, les Emigrés sont partis,
mais grâce aux Jacobins, et aux Thermidoriens (il faut bien qu’ils aient servi à quelque chose…), on a pu reconstituer une élite qui a bâti le pays actuel. A l’heure actuelle, je ne vois pas
comment on pourrait chasser celle qui se trompe toujours, et qui nous trahit depuis trente ans. C’est le grand danger pour l’avenir de notre pays, et pour son redémarrage une fois la crise
économique passée.
C’est pour cela que je compare notre situation à celle du tiers-monde: c’est à cause de la fuite des cerveaux, mais aussi de l’écrasement de la classe moyenne, qui est en train de scier la
branche sur laquelle elle assise…
Certes, on a encorer de la marge avant d’arriver au degré d’incurie des états du tiers-monde, mais le pli est pris! Seule une réindustrialisation du pays lui permettrait de recréer de véritables
richesses matérielles (et pas seulement des services…) et surtout, donnerait les moyens aux Français de reprendre véritable leur destin en main…
Votre observation est intéressante. Effectivement, on retrouve quelques éléments qui rappellent le fonctionnement du tiers monde, et notamment le comportement “tribal”, où l’homme politique ne se
conçoit plus comme serviteur de la collectivité nationale, mais comme devant des “faveurs” à son clan, en échange de son soutien.
Cher Descartes,
Il reste de nombreux points à régler et/ou clarifier dans notre querelle autour du Vichysme supposé de la politique économique et financière du gouvernement actuel, mais avant cela, je vous
engage à lire la retranscription du discours du Général de Gaulle du 28 Décembre 1958 sur la politique économique et financière qu’il entend mener.
Vous serez saisi, j’imagine, par les très nombreuses similitudes qui existent entre celle-ci et celle du gouvernement actuel: objectif de réduction du déficit, augmentation des impôts, notamment
sur les revenus élevés, désindexation des salaires… A vrai dire on a l’impression que François Hollande s’est fortement inspiré de ce discours et de la politique qui en suivi sous l’égide de
Pinay pour fixer son propre cap.
http://www.charles-de-gaulle.org/pages/l-homme/accueil/discours/le-president-de-la-cinquieme-republique-1958-1969/discours-sur-la-politique-de-rigueur-28-decembre-1958.php
A près ça, franchement, taxer la modeste (mais réelle) tentative actuelle de réduction des déficits publics de Vichysme, quel contresens!
PS: je me permets de préciser que je ne suis ni un expert ni un thuriféraire du Gaullisme mais qu’il me paraissait évident qu’un de Gaulle ne pouvait être que très orthodoxe en matière économique
et financière, pensant que “la Grandeur ça ne s’achète pas à crédit”.
Il reste de nombreux points à régler et/ou clarifier dans notre querelle autour du Vichysme supposé de la politique économique et financière du gouvernement actuel, mais avant cela, je vous
engage à lire la retranscription du discours du Général de Gaulle du 28 Décembre 1958 sur la politique économique et financière qu’il entend mener.
Je vous remercie d’avoir donné la référence de ce discours, que j’essayais de trouver depuis un certain temps, parce que précisement il me semble apporter de l’eau à mon moulin. Comparer ce
discours avec ceux du gouvernement actuel montre en effet une opposition aussi radicale que celle qui a pu séparer Pétain et De Gaulle:
Vous serez saisi, j’imagine, par les très nombreuses similitudes qui existent entre celle-ci et celle du gouvernement actuel: objectif de réduction du déficit, augmentation des impôts,
notamment sur les revenus élevés, désindexation des salaires…
Justement, non. Je suis saisi par les similitudes dans les moyens – et encore, celle-ci est moins évidente qu’on peut le croire à première vue – mais où sont les “buts” ? J’imagine que
vous n’insinuez pas que “la reduction du déficit”, “l’augmentation des impôts” ou la “désindexation des salaires” soient des “buts” en soi, n’est ce pas ?
Que vous – qui défendez dans cette querelle le gouvernement actuel – ayez fait ce lapsus est à mon sens révélateur: la lutte contre les déficits n’est pas un moyen qu’on se donne pour réaliser un
projet. C’est le projet. Et cela est possible parce que l’objectif n’est pas fixé en fonction d’une politique assumée, mais en fonction du “respect des engagements de la France”
(la formule est répétée comme un leitmotiv par notre ministre des Finances pour justifier la rigueur). Exactement à l’opposé du discours que vous citez.
D’abord, le diagnostic est différent. Si De Gaulle se lance dans un programme d’austérité, c’est d’abord à cause du déséquilibre de la balance extérieure, et accessoirement à cause du
déséquilibre budgétaire:
“Dans les derniers jours de mai, nous étions, à cet égard, sur la route de la catastrophe. La balance des comptes entre ce qu’il nous fallait acheter au-dehors et ce que nous pouvions y
vendre atteignait un déficit apparemment irréductible, tandis que les prêts étrangers se trouvaient presque épuisés. D’ailleurs, on ne voyait plus comment faire face normalement à toutes les
dépenses de l’État, les impôts n’y suffisant point et le crédit semblant s’éteindre. Enfin, les prix ne cessaient pas de monter, ainsi que l’inquiétude sociale”.
L’ordre n’est pas aléatoire: d’abord, le déséquilibre des comptes extérieurs. Ensuite, introduite par un “d’ailleurs”, le déficit budgétaire de l’Etat, et finalement, l’inflation. Et quelle
conclusion tire mongénéral ?
“Nous avons adopté et, demain, nous appliquerons tout un ensemble de mesures financières, économiques, sociales, qui établit la nation sur une base de vérité et de sévérité, la seule qui
puisse lui permettre de bâtir sa prospérité. Je ne cache pas que notre pays va se trouver quelque temps à l’épreuve. Mais le rétablissement visé est tel qu’il peut nous payer de tout”.
Notez bien: Il ne s’agit pas pour De Gaulle de céder à une quelconque règle dogmatique, intérieure ou extérieure. Il s’agit de “bâtir la prospérité”, et si des sacrifices sont demandés, “le
rétablisement visé est tel qu’il peut nous payer de tout”. Seriez-vous en mesure de me citer une déclaration de Hollande ou de n’importe lequel de ses ministres plaçant l’austérité actuelle dans
une perspective de croissance ? Qui explique pourquoi les sacrifices d’aujourd’hui valent la peine ? J’aimerais les connaître…
De Gaulle, lui, se plaçait dans une politique conquérante. Et c’est pourquoi son austérité n’était pas aveugle, mais avait des priorités claires:
“(…) tout doit être fait pour poursuivre, et même pour accroître, les investissements qui commandent notre avenir, soit dans le domaine social : logements, écoles, hôpitaux, soit dans le
domaine économique : énergie, équipement, communications. En outre, nous avons entrepris de transformer l’Algérie tandis qu’avance la pacification. Encore. nous faut-il concourir à la mise en
valeur des pays de la Communauté. Enfin, nous ne pouvons pas, dans l’état où est l’univers, nous dispenser d’une force militaire importante”.
Seriez-vous en mesure de m’indiquer un exemple de discours, de déclaration ou d’écrit dans lequel Hollande ou n’importe lequel de ses ministres exprime clairement le fait que les économies
d’aujourd’hui ne doivent pas conduire à sacrifier l’avenir ? Là encore, j’aimerais la connaître… Continuons avec le discours. Une fois les objectifs détaillés, on passe aux moyens:
“En voici l’essentiel. Accroître les impôts sur les sociétés et sur les revenus élevés. Taxer le vin, l’alcool, le tabac. Supprimer maintes subventions accordées par le Trésor et qui
s’appliquent, en particulier, à des produits de consommation. Réduire la participation du budget au financement des entreprises nationalisées, notamment des chemins de fer. Combler, dans le
fonctionnement des assurances sociales, le déficit dont les fonds publics ont à supporter la charge. Inviter les anciens combattants qui sont pourvus du nécessaire et qui ne sont pas invalides à
renoncer à leur retraite ; les pensions des veuves, des orphelins, des mutilés, restant, bien entendu, ce qu’elles sont. Abolir une série de ces indexations qui ne sont, en réalité, que
proclamations de méfiance à l’égard de la monnaie. En revanche, augmenter de 245 milliards, c’est-à-dire de 25 %, le montant des investissements qui sont notre richesse future et ouvrent carrière
à notre jeunesse. Voilà de rudes dispositions ! Je ne sais que trop ce que, dans l’immédiat, elles coûteront à beaucoup. Mais je les crois efficaces, je les tiens pour nécessaires, et je suis sûr
qu’en définitive tout le monde tirera profit de l’équilibre ainsi réalisé”.
On voit que malgré une ressemblance superficielle, le programme du général est exactement le contraire de celui du gouvernement actuel. Il s’agit d’économiser sur la consommation et sur le
fonctionnement pour pouvoir accroitre massivement l’investissement. Et non pour satisfaire on ne sait quelle norme de dépense dogmatiquement imposée. Avez vous l’impression qu’Hollande s’aprête à
accroitre les investissements de l’Etat de 25 % et à augmenter l’impôt sur les sociétés pour les financer ? Allons, soyons sérieux…
En fait, De Gaulle était l’homme de l’offensive: celui qui se fixe des objectifs et ensuite adapte les moyens pour les atteindre. Pétain était l’homme de la défensive, qui réagit à l’initiative
prise par l’ennemi. Le discours de De Gaulle est un discours de rigueur, mais de rigueur offensive, qui demande des sacrifices au nom d’un but supérieur et se donne les moyens de l’atteindre. Le
discours Hollande-Ayrault-Moscovici est un discours de soumission aux contraintes, qui demande aux gens de baisser la tête et de faire des sacrifices en attendant le jour miraculeux où la
croissance reviendra – magiquement, puisqu’on ne fait rien pour la stimuler. En d’autres termes, un discours défensif. Le discours de Pétain.
A vrai dire on a l’impression que François Hollande s’est fortement inspiré de ce discours et de la politique qui en suivi sous l’égide de Pinay pour fixer son propre cap.
Je me demande comment, ayant lu le discours, vous pouvez avoir une telle “impression”.
A près ça, franchement, taxer la modeste (mais réelle) tentative actuelle de réduction des déficits publics de Vichysme, quel contresens!
J’ai l’impression que vous m’avez mal compris. Je n’ai jamais taxé la politique de Hollande de “vichysme”. J’ai fait le parallèle entre la manière dont le gouvernement aujourd’hui aborde les
difficultés du pays avec la manière dont Pétain les abordait. Et la question, je le répète, n’est pas que le gouvernement réduise les déficits de peu ou de beaucoup. D’autres régimes l’ont fait,
et d’autres le feront. Le problème est dans la manière et dans les objectifs. Lorsqu’un gouvernement me dit qu’il faut équilibrer le budget “pour satisfaire aux engagements extérieurs de la
France”, lorsque je vois ce gouvernement sacrifier le futur du pays à un dogme, je crois entendre le Maréchal incitant les français à “accepter la défaite” comme une purification.
PS: je me permets de préciser que je ne suis ni un expert ni un thuriféraire du Gaullisme mais qu’il me paraissait évident qu’un de Gaulle ne pouvait être que très orthodoxe en matière
économique et financière, pensant que “la Grandeur ça ne s’achète pas à crédit”.
Et bien, la lecture du discours que vous proposez devrait vous détromper là dessus. Vous connaissez beaucoup “d’orthodoxes” qui proposent en pleine austérité d’augmenter les salaires des
fonctionnaires de 4%, d’augmenter l’investissement public de 25% ?
L’idée même “d’orthodoxie” implique l’adhésion à un dogme. Et De Gaulle était, du moins en économie, tout le contraire d’un dogmatique. C’était un pragmatique. Si seulement Hollande et ses boys
étaient la moitié du pragmatique qu’était De Gaulle…
Sur Vichy : au regard de la charge émotionnelle et symbolique de « ce passé qui ne passe pas », je pense sincèrement que l’analogie entre le gouvernement actuel et
la période de Vichy est non seulement tout à fait contestable sur le fond mais également profondément contreproductive dans la forme.
En effet, et c’est le plus évident, Vichy favorise l’hystérisation du débat et par conséquent incompréhensions et malentendus. Assimiler son interlocuteur à Vichy c’est le frapper d’indignité
nationale ; ce qui est encore le meilleur moyen de le disqualifier et de clore le dialogue avant même de l’avoir ouvert.
Par ailleurs, même si l’on décide de passer outre ce problème liminaire, Vichy étant l’un des phénomènes les plus complexes et protéiformes de l’histoire de France, il est très difficile de
savoir ce à quoi vous faites précisément référence. Le Vichysme de Pétain n’est pas celui de Laval, de Darlan ou de Giraud et encore moins celui de Doriot, Déat, Darnand ou Pucheu.
Pour préciser votre pensée, vous commencez par dire que le vichysme c’est l’action sous la contrainte extérieure mais reconnaissez ensuite que c’est l’essence même des nations que d’agir sous la
contrainte extérieure. Et s’il s’agit de dire que le Gaullisme c’est l’offensive et le Vichysme la défensive comme vous le dites ensuite; c’est franchement un peu court – voire puéril, et
laisse à penser que vous auriez fait un malheur au sein de l’Etat Major de Nivelle en 1917 quand vous auriez été le jouet de Koutouzov en 1812!
L’action de Delcassé, qui pour moi aura été peut-être plus décisive pour la France que celle d’un Clémenceau ou même d’un de Gaulle, illustre la vacuité de ce type de catégories pour qualifier
l’action politique. « Delcassé – Fachoda / Delcassé – Lâchoda » auriez-vous probablement scandé. En 1898, il recule sous la pression anglaise mais jette les bases de l’Entente
Cordiale ; en 1906 il démissionne pour faire grâce aux exigences allemandes mais donne à la France le temps de se préparer à la guerre qui vient. Paroxysme du Vichysme direz-vous ! Et
pourtant, quel français ! Vous préférez, j’imagine, l’action de Napoléon III qui se fait berner par Bismark en juillet 1870 et déclare la guerre « pour laver l’affront » et perd
l’Alsace et la Lorraine ! Charmes de l’offensive…
Pour finir, je me permets de vous communiquer ce lien qui est le compte-rendu d’une conférence d’Henri Rousso sur Vichy : http://www.histoire.ac-versailles.fr/IMG/pdf/Le_regime_de_Vichy-2-2.pdf. Vous verrez que rien, je dis bien rien, de
commun entre l’action actuelle du gouvernement et le régime de Vichy.
En effet, et c’est le plus évident, Vichy favorise l’hystérisation du débat et par conséquent incompréhensions et malentendus. Assimiler son interlocuteur à Vichy c’est le frapper d’indignité
nationale ; ce qui est encore le meilleur moyen de le disqualifier et de clore le dialogue avant même de l’avoir ouvert.
Je me refuse à accepter ce genre d’interdits. Il n’y a pas de “tabous” dans l’Histoire de France. Si l’on veut comprendre ce qui nous arrive, on ne peut faire l’impasse sur l’analyse des
différentes périodes historiques pour retrouver les forces et les mécanismes qui sous-tendent notre fonctionnement politique. Et pour cela, l’époque de Vichy est précieuse. Si je suivais votre
commentaire, à quelle période de l’histoire récente je devrais me référer ? Vous savez, chacune a ses “indignités”… ais-je le droit de rappeler les bons rapports entre Mitterrand et l’OAS sans
êtreaccusé de vouloir “disqualifier et clore le dialogue” ?
Le Vichysme de Pétain n’est pas celui de Laval, de Darlan ou de Giraud et encore moins celui de Doriot, Déat, Darnand ou Pucheu.
Bien entendu. Mais cet argument s’applique à n’importe quelle période de l’histoire et mouvement politique. Le “soixante-huitardisme” de July ou de Benni Levy n’était pas le même que celui de
Cohn-Bendit, le communisme de Thorez n’était pas le même que celui de Tillon, le gaullisme de Pompidou n’était pas celui de Chaban.
Cela étant dit, il y a quand même des points communs entre Thorez et Tillon. Et de la même manière, il y a des points communs entre Laval, Pétain et Darlan – vous faites un contresens en faisant
de Doriot et Déat et de la collaboration parisienne en général des “Vichystes” – qui permettent tout de même de définir le “vichysme”: le rejet de l’universalisme jacobin et d’une manière plus
générale de l’esprit des Lumières, l’idéalisation de la civilisation villageoise et provinciale opposée au monde urbain et cosmopolite, l’adhésion aux “hiérarchies naturelles”, la vision
doloriste et sacrificielle de l’histoire… Ce sont certaines de ces caractéristiques qu’on retrouve aujourd’hui dans l’idéologie de notre gouvernement, sous des formes quelquefois très
différentes de l’original, bien entendu, mais identiques sur le fond.
Pour préciser votre pensée, vous commencez par dire que le vichysme c’est l’action sous la contrainte extérieure mais reconnaissez ensuite que c’est l’essence même des nations que d’agir sous
la contrainte extérieure.
C’est l’essence de toute action, celle des nations comme celle des individus, de se faire sous la contrainte extérieure. Mais il y a différentes manières de gérer cette contrainte: on peut agir
dialectiquement sur elle, ou on peut se soumettre avec fatalisme comme si c’était une donnée immuable. Je n’ai jamais dit que “le vichysme c’est l’action sous la contrainte extérieure”. J’ai dit
que le vichysme c’est la soumission à la contrainte extérieure. Ce n’est pas tout à fait la même chose. De Gaulle et Pétain acceptaient tous deux que la contrainte extérieure
existe. Mais pour De Gaulle la contrainte extérieure est une force qu’il faut vaincre, alors que pour Pétain c’est une donnée à laquelle il faut se soumettre, pire, c’est une chance puisque cette
contrainte permet de se “purifier” par la soumission.
Et s’il s’agit de dire que le Gaullisme c’est l’offensive et le Vichysme la défensive comme vous le dites ensuite; c’est franchement un peu court – voire puéril, et laisse à penser que
vous auriez fait un malheur au sein de l’Etat Major de Nivelle en 1917 quand vous auriez été le jouet de Koutouzov en 1812!
Je ne pense pas que ces attaques ad-hominem fassent beaucoup avancer le débat. Traiter votre interlocuteur de “puéril” ne renforce guère votre argumentation, au contraire. On pourrait
finir par conclure que vous n’avez pas assez confiance dans vos propres arguments pour qu’ils s’imposent rationnellement d’eux mêmes sans avoir recours à une dévalorisation personnelle de votre
contradicteur.
Maintenant sur le fond: il ne s’agit pas ici de tactique, mais de stratégie. Je fais référence ici aux deux doctrines qui se sont opposés au sein de l’Etat-Major français dans les années 1930,
celle de la défensive, qui sous prétexte que l’offensive était couteuse en hommes et en matériel a voulu configurer les armées pour le combat statique derrière des protections fortifiées (la
ligne Maginot, pour ne donner qu’un exemple), et celle de l’offensive, qui soulignait que les progrès de la technologie (chars et aviation) rendaient peu probable une répétition de la guerre de
positions de 1914-18 et que dans une guerre de mouvements la capacité offensive était essentielle.
Bien entendu, ma remarque n’avait aucune visée tactique, et le choix d’une attitude offensive ou défensive dans un engagement dépend du contexte.
« Delcassé – Fachoda / Delcassé – Lâchoda » auriez-vous probablement scandé. En 1898, il recule sous la pression anglaise mais jette les bases de l’Entente Cordiale ; en 1906
il démissionne pour faire grâce aux exigences allemandes mais donne à la France le temps de se préparer à la guerre qui vient. Paroxysme du Vichysme direz-vous !
Non, je ne dirais rien de pareil. Et je vous invite à me demander ce que j’en pense plutôt que de mettre des mots dans ma bouche. Vous n’avez toujours pas compris la différence que j’ai faite
entre Vichy et De Gaulle: ce qu’on peut reprocher à Vichy, ce n’est pas d’avoir cédé, mais d’avoir abandonné le combat. C’est de s’être soumis aux contraintes au lieu de les affronter. Exactement
le contraire de Delcassé, qui a cédé sur le secondaire pour garder l’essentiel – un peu comme De Gaulle, qui a préféré quitter le territoire national plutôt que de continuer un combat sur le
terrain qu’il savait ne pas pouvoir gagner. La fuite de De Gaulle, comme les reculs de Delcassé, étaient des replis tactiques en vue d’une conquête stratégique. Tout le contraire de Pétain qui
signe l’armistice non pas en vue de refaire ses forces et reprendre les combats, mais avec une vision de purification par la souffrance.
Revenons à notre parallèle: ce que je reproche aujourd’hui à Hollande, c’est moins l’austérité que le fait que cette austérité n’a pas de programme. Contrairement au discours de De Gaulle de 1958
dont vous avez donné la référence, c’est une austérité sans projet, dont le but n’est pas de construire un avenir meilleur, mais de donner sa livre de chair à l’UE. En 1958, l’austérité était un
“repli tactique” visant à préparer une reconquête stratégique – et c’est pourquoi De Gaulle réduit les dépenses tout en préservant et même augmentant massivement l’investissement. En 2013,
l’austérité est une capitulation en espérant le miracle d’une reprise venue d’on ne sait où.
Pour finir, je me permets de vous communiquer ce lien qui est le compte-rendu d’une conférence d’Henri Rousso sur Vichy : http://www.histoire.ac-versailles.fr/IMG/pdf/Le_regime_de_Vichy-2-2.pdf. Vous verrez que rien, je dis bien rien, de
commun entre l’action actuelle du gouvernement et le régime de Vichy.
Je ne vois pas très bien comment vous arrivez à cette conclusion. La conférence en question porte essentiellement sur la nature du régime de Vichy – était-il un régime fasciste ? quelle était sa
légitimité ? – et non pas sur son action. Si vous voulez dire que la nature du gouvernement actuel et sa légitimité n’ont rien à voir avec celle de Vichy, je vous l’accorde volontiers. Il
n’empêche qu’il y a dans sa pensée et son action des éléments communs et des mécanismes très semblables…
Je me refuse à accepter ce genre d’interdits. Il n’y a pas de
“tabous” dans l’Histoire de France.
Certes non; et d’ailleurs, tout comme vous, je trouve que c’est l’une des périodes les plus “intéressantes” de notre histoire. A ce titre, si
vous ne l’avez déjà lu, je vous conseille vivement le livre de Philippe Burrin, La dérive fasciste, sur les trajectoires de Doriot, Déat et Bergery. C’est confondant.
Néanmoins, Vichy est, de mon point de vue, un phénomène bien trop complexe et bien trop enraciné dans son époque pour qu’il puisse donner lieu à
des analogies vraiment éclairantes. Qu’il alimente réflexions et interrogations, bien sûr, qu’il serve à l’édification des peuples et à la construction de l’identité nationale, évidemment. Qu’il
puisse être le miroir d’autres époques, j’en doute.
D’ailleurs, tout au long de notre discussion, nous avons pu constater comme il était difficile de s’entendre sur ce qui caractérisait cette
période, car Vichy ce n’est pas une doctrine, mais le fruit des circonstances et d’une adaptation permanente et tragique aux circonstances.
Quant à la cohérence idélologique que vous mentionnez (refus des Lumières, adhésion aux “hiérarchies naturelles”, ruralisme), bien qu’indéniable,
elle est tout de même à nuancer très fortement par l’adhésion massive de forces “progressistes” au régime: syndicalistes (Belin, Bidegarray, Cognat, Froideval…), cadres ou anciens cadres de la
SFIO (Déat, Faure, Marquet, Delmas…) et du PCF (Doriot, Marion, Sabiani, Gitton…), intellectuels de gauche (Fernandez, Rives, Jamet, Lefranc…). “Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance” disait Simon Epstein.
En bref, de mon point de vue, autant en rester aux choses simples: Vichy, c’est la trahison et le Vel d’Hiv et je ne vois rien dans le
gouvernement actuel qui s’approche de près ou de loin de cela – ni même d’ailleurs d’un refus des Lumières ou de la Modernité.
Nous ne sommes pas donc d’accord, dont acte.
Certes non; et d’ailleurs, tout comme vous, je trouve que c’est l’une des périodes les plus “intéressantes” de notre histoire. A ce titre, si vous ne l’avez déjà lu, je vous conseille vivement le
livre de Philippe Burrin, La dérive fasciste, sur les trajectoires de Doriot, Déat et Bergery. C’est confondant.
En effet, un livre intéressant, même si j’avoue que le côté “fascisme” – l’histoire de la collaboration “parisienne” n’est pas celui qui m’intéresse le plus. Puisqu’on est à recommander des
livres, je vous conseille “Les français de l’an 40” de Crémieux-Brilhac, qui traite d’une période au moins aussi intéressante que Vichy, celle de 1938-40.
Néanmoins, Vichy est, de mon point de vue, un phénomène bien trop complexe et bien trop enraciné dans son époque pour qu’il puisse donner lieu à des analogies vraiment éclairantes.
C’est là où nous ne sommes pas d’accord. Je pense au contraire que la singularité de la situation a mis à nu des mécanismes et des lignes de fracture de la société française qu’en temps normal
étaient difficiles voire impossibles à observer, et qu’elle a aussi révelé la profondeur de certaines oppositions elles aussi peu visibles en temps normal. Il ne s’agit pas, entendons nous bien,
de faire des “analogies”, mais de comprendre comment ces fractures et ces mécanismes “fonctionnent” dans la politique d’aujourd’hui.
D’ailleurs, tout au long de notre discussion, nous avons pu constater comme il était difficile de s’entendre sur ce qui caractérisait cette période, car Vichy ce n’est pas une doctrine, mais
le fruit des circonstances et d’une adaptation permanente et tragique aux circonstances.
Encore une fois, ce qui m’intéresse est moins la “doctrine” de Vichy, que sa pratique est surtout les fondements de celle-ci. Car je pense qu’il y a dans la mentalité des peuples un certain
nombre de “fondamentaux” qui changent très lentement. Par exemple, la fracture girondins/jacobins existait dejà sous d’autres formes sous Louis XIII, et elle réapparait dans notre histoire à
chaque crise.
Quant à la cohérence idélologique que vous mentionnez (refus des Lumières, adhésion aux “hiérarchies naturelles”, ruralisme), bien qu’indéniable, elle est tout de même à nuancer très
fortement par l’adhésion massive de forces “progressistes” au régime: syndicalistes (Belin, Bidegarray, Cognat, Froideval…), cadres ou anciens cadres de la SFIO (Déat, Faure, Marquet,
Delmas…) et du PCF (Doriot, Marion, Sabiani, Gitton…), intellectuels de gauche (Fernandez, Rives, Jamet, Lefranc…). “Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance”
disait Simon Epstein.
Ce n’est pas parce que quelqu’un a été “progressiste” dans sa jeunesse qu’il le reste toute sa vie. Doriot est il un “progressiste rallié au nazisme” ou plutôt un “nazi rallié quelque temps au
communisme” ? A mon avis, ni l’un ni l’autre. Simplement, il a changé d’avis. Les lignes de fracture de la société française sont stables, pas les individus.
En bref, de mon point de vue, autant en rester aux choses simples: Vichy, c’est la trahison et le Vel d’Hiv et je ne vois rien dans le gouvernement actuel qui s’approche de près ou de loin de
cela – ni même d’ailleurs d’un refus des Lumières ou de la Modernité.
Evidement, si pour vous Vichy=Vel d’Hiv, alors il n’y a rien en commun entre la politique de Vichy et celle de Hollande. Mais cette restriction est absolument arbitraire. Vichy, c’est beaucoup
plus que le Vel d’Hiv. C’est aussi la résignation à la contrainte extérieure, c’est une vision “sacrificielle” de la fonction politique, c’est l’incapacité de concevoir le futur autrement que
comme une répétition du passé. Et là, les ressemblances sont frappantes.
Nous ne sommes pas donc d’accord, dont acte.
Ca c’est évident. L’intérêt du débat, c’est de comprendre pourquoi…
Je ne pense pas que ces attaques ad-hominem fassent beaucoup
avancer le débat. Traiter votre interlocuteur de “puéril” ne renforce guère votre argumentation, au contraire. On pourrait finir par conclure que vous n’avez pas
assez confiance dans vos propres arguments pour qu’ils s’imposent rationnellement d’eux mêmes sans avoir recours à une dévalorisation personnelle de votre contradicteur.
Vous avez raison. Même si “l’attaque” est relativement benigne, je me suis laissé emporter. A
l’avenir, je ferai attention de ne pas tomber dans ce travers.
Excuses acceptées, l’incident est clos 😉
Si j’ai répondu ainsi, ce n’est pas pour le plaisir de vous tarter la gueule, mais parce que j’essaye de maintenir sur ce blog un débat de qualité. Et cela suppose que chacun fasse l’effort de
garder un certain climat aux échanges…
Bonjour, diriez-vous que l’on a réduit la dépense publique pendant les périodes fastes après 45 ? Avez-vous des exemples précis ?
P { margin-bottom: 0.08in; }
Oui. Ainsi, par exemple, pendant la “période faste” 1998-2001 on est passé de 53,5% à 51,7% du PIB. Mais je vous accorde que les politiques n’ont pas été suffisamment contre-cycliques depuis le
début des années 1970, et surtout depuis les années 1980. En fait, le problème des politiques contre-cycliques est qu’elles ne sont politiquement viables que lorsque l’alternance est un phénomène
rare et la stabilité des équipes au pouvoir est la règle. Dans un contexte d’alternance fréquente et de mandats courts, il faut à un gouvernement une volonté de fer et un dévouement hors du
commun pour réduire la dépense publique et augmenter les impôts alors que tout va bien et que les caisses sont pleines, et tout ça pour faire des réserves qui seront dépensées par ses
successeurs, qui plus est d’un autre courant politique. On l’a bien vu lors du débat sur la “cagnotte” Jospin…
Bonjour Descartes,
J’ai remarqué que l’Australie est souvent mise en avant en tant que contre exemple de l’utilité des politiques d’investissement en période de crise, car elle est sortie de la crise de 1929 sans appliquer ces politiques. Comment expliquez-vous cela ?
@Jean-François
Je ne sais pas qui c’est qui "met souvent en avant" l’Australie comme exemple. D’abord, l’économie de l’Australie dans les années 1930 est une économie exportatrice de matières premières et donc très dépendante de l’économie britannique qui en est le principal acheteur. La crise de 1929 qui affecte la Grande Bretagne aura de très fortes répercussions en Australie, qui connaît une période de grande misère et d’instabilité politique. L’économie ne récupérera que très lentement jusqu’à la fin de la décennie, et c’est la demande massive de matières premières liée à l’effort de guerre qui fera repartir l’économie…
Merci beaucoup.
J’ai une autre question. (J’espère que cela ne vous dérange pas — je sais que vous avez pour règle de répondre à tous les messages, donc si ce type de question en-dehors des débats vous dérange je peux arrêter.)
Les politiques contre-cycliques que vous décrivez ont été appliquées peu avant la deuxième guerre mondiale, guerre qui a engendré une activité exceptionnelle et qui a été suivie des trente glorieuses. Dans ces conditions, comment peut-on savoir que c’est l’application des idées de Keynes qui est à l’origine de la quasi dispartion des crises cycliques ?
[Je ne sais pas qui c’est qui "met souvent en avant" l’Australie comme exemple.]
Probablement des gens qui regardent trop d’émissions qui ne sont pas à la télévision ce que votre blog est à internet 🙂
@jean françois
[Les politiques contre-cycliques que vous décrivez ont été appliquées peu avant la deuxième guerre mondiale, guerre qui a engendré une activité exceptionnelle et qui a été suivie des trente glorieuses. Dans ces conditions, comment peut-on savoir que c’est l’application des idées de Keynes qui est à l’origine de la quasi disparition des crises cycliques ?]
En économie, on ne peut jamais "savoir" au sens qu’on donne à ce terme dans les sciences expérimentales, tout simplement parce qu’on ne peut jamais reproduire une situation donnée et essayer une autre politique économique pour comparer les résultats. On en est donc réduit à analyser les situations avec des instruments théoriques pour essayer de dégager les effets d’une politique donnée.
Il semble évident qu’une politique contre-cyclique aura pour effet de diminuer l’amplitude des cycles économiques, alors qu’une politique pro-cyclique tend à augmenter cette amplitude. Cette analyse n’est aujourd’hui contestée par personne, pas même par les libéraux les plus radicaux. D’ailleurs, lorsque l’amplitude du cycle devient trop grande (par exemple, devant un risque de "grande dépression" en 2008) même la très orthodoxe BCE s’est tout à coup mise à faire tourner la planche à billets. Ce qu’on peut constater, c’est que les politiques keynésiennes de la période 1932-74 ont réduit l’amplitude des cycles économiques jusqu’à les rendre quasi imperceptibles. Alors que les politiques libérales de l’après 1914-18 ont au contraire exacerbé les cycles jusqu’à la grande dépression des années 1930. Ce n’est donc pas la guerre qui a fait les "trente glorieuses", mais bien les politiques économiques keynésiennes…
OdP est un fan du gouvernement actuel. Je vois qu’il aime les quiches. Hollande était, est est restera un nullos.
La politique austéritaire du gouvernement actuel n’est pas mue par la volonté de redresser le pays mais par la pêur du père fouettard bruexellois qui impose de revenir à un déficit de de moins de
3% du PIB. D’ailleurs pourquoi 3% ? Pourquoi pas 1,5% ? D’où vient ce chiffre fétiche ?
La tactique de Normal 1er est claire. Obéir à Bruxelles, bazarder l’industrie française, et attendre qu’un retour de la croissance aux USA et dans les émergeants vienne doper nos exportations et
crée un peu d’emplois.
OdP est un fan du gouvernement actuel. Je vois qu’il aime les quiches. Hollande était, est est restera un nullos.
OdP a le droit à son opinion, et je trouve qu’il enrichit le débat en venant l’exprimer sur ce blog. Si c’est pour n’écouter que ceux qui sont d’accord avec nous, la confrontation n’a aucun
intérêt. C’est pourquoi je vous appelle à respecter l’opinion de ceux qui défendent leurs idées sur ce blog quelqu’elles soient.
C’est son droit en effet.
Mais je ne vois pas quelle crédibilité accorder à une personne qui écrit, ailleurs sur un autre blog, que le problème du déficit commercial n’a rien à voir avec l’Euro.
Il serait plus franc d’assumer son européisme que de se cacher derrière des arguments grotesques.
Mais je ne vois pas quelle crédibilité accorder à une personne qui écrit, ailleurs sur un autre blog, que le problème du déficit commercial n’a rien à voir avec l’Euro.
Je vous propose une tout autre démarche: ici la “crédibilité” des personnes n’a aucune importance. Ce qui importe, c’est la qualité des arguments, des exemples, des raisonnements exprimés. Une
erreur de raisonnement, cela arrive à tout le monde. Si vous mettez en doute ensuite tout ce que la personne peut dire sous prétexte qu’il a fait une telle erreur, vous allez appauvrir le débat
considérablement.
J’encourage les défenseurs de l’Euro et de la politique de Hollande à intervenir sur ce blog. Parce que j’ai envie de discuter avec des gens qui n’ont pas mes idées, et essayer de comprendre
pourquoi et comment ils arrivent à des conclusions différentes à partir d’une même réalité. Ne les éloignons pas avec des attaques ad-hominem ou des procès en crédibilité…
Je souhaitais continuer à préciser ma position sur Vichy, mais puisque je suis pris à partie par un autre
commentateur sur un tout autre sujet, je ferai d’abord quelques mises au point :
1. J’interviens sur ce blog comme sur celui de La lettre volée parce que je trouve les réflexions de leurs
auteurs toujours originales, souvent intéressantes et parfois fécondes. En effet, alors que la plupart des “non-conformistes” se contentent généralement d’incantations, d’injures et de pétitions
de principe, nos hôtes acceptent de se placer sous les auspices de l’argumentation rationnelle et de l’épreuve des faits. A une époque où l’hystérie du moi entraîne le règne de l’opinion plutôt
que de l’argumentation, ceci commande le respect et invite à l’échange de points de vue. Comme par ailleurs, malgré nos désaccords multiples (sur Vichy, sur Keynes, sur le gouvernement, sur
l’Euro..), nous partageons un langue commune (grosso modo celle de la République), je suis ravi de confronter mes opinions avec les leurs et compte continuer à le faire tant qu’ils daigneront
m’accorder leur attention.
2. J’ai voté Hollande au 1er et 2eme tour de la présidentielle avec comme objectif principal de faire
partir Sarkozy et consorts. Sur ce plan, neuf mois plus tard, je ne regrette rien: Valls n’est pas Hortefeux, Taubira n’est pas Dati, Montebourg n’est pas Estrosi, ni Repentin Morano. Par
ailleurs, le Ministère de l’Identité Nationale a disparu, tout comme les projets de déchoir de leur nationalité les français d’origine étrangère, les peines planchers et les jurys populaires dans
les tribunaux correctionnels. Enfin, la défiscalisation des heures supplémentaires et la TVA à 5.5% dans la restauration ont également été supprimées. Tout ça n’est pas rien.
3. Par ailleurs, en ce qui concerne la politique économique, je pense que l’orientation actuelle est la
bonne. Relever les impôts après une décennie de dépenses fiscales et alors que le déficit dépassait 5% était un impératif, notamment pour mettre à distance “le mur de l’argent”. Il y avait
également urgence à alléger la fiscalité sur le travail et en accroître la flexibilité. Le pacte de compétitivité ainsi que l’accord sur l’emploi me paraissent donc les bienvenus, même si
j’aurais souhaité qu’ils aillent plus loin. Bref, en ce qui concerne le gouvernement actuel, je suis sur la ligne d’un certain Jean-Pierre Chevènement dans son interview du 18 mars 2013:
http://www.chevenement.fr/Je-donne-du-temps-a-Francois-Hollande_a1472.html.
4. Plus généralement, tout comme l’hôte de ces lieux, je pense que nous sommes confrontés à une guerre
économique (déclenchée par les Anglo-Saxons plutôt que par l’Allemagne) et que ce n’est pas à coup de 35h payées 39h, de retraite à 60 ans, de fiscalité extravagante sur le travail ou de CDI
inamovibles que le pays la gagnera. Si je voulais être polémique, je comparerai d’ailleurs volontiers les défenseurs actuels des “acquis sociaux” aux pacifistes des années 30 ou du début du
siècle dernier ; mais comme j’ai conscience des faibles vertus heuristiques de la polémique, je m’abstiendrai de m’engager plus avant dans cette voie.
5. En ce qui concerne Vichy, je pense que cette “parenthèse” est le fruit de circonstances historiques
uniques dans l’histoire où se sont conjugués un effondrement militaire, la quasi-disparition de la démocratie sur le continent et la révolution bolchévique en URSS. Retirez une seule de ces
circonstances et Vichy n’existe pas. En conséquence, il me semble vain et dommageable de tenter l’analogie avec n’importe quelle autre de notre histoire. Vain car, comme je l’ai dit, Vichy est
unique ; dommageable car cela en appauvrit considérablement la réalité et hystérise le débat. Ceci dit, s’il fallait se résoudre, comme nôtre hôte, à réduire Vichy à une grande catégorie de
l’histoire nationale, je pense qu’en faire l’opposition entre la “petite France” et la “grande France” est sous certains aspects un contresens ; mais je développerai ce sujet dans un autre
commentaire.
6. Enfin, pour ce qui est du thème “Hollande est à la botte de Bruxelles” ou “Hollande est à la botte de Merkel”, j’ai beaucoup de mal à voir ce qui étaye cette allégation. L’Union Européenne est le
cadre actuel du jeu diplomatique européen tout comme le Concert des Nations l’était entre 1815 et 1914 et la SDN entre les deux guerres. Ni plus, ni moins. Hollande joue les cartes de la France
en fonction des opportunités qui lui sont offertes. Il a d’ailleurs obtenu, par le truchement de Monti et de Draghi, une réorientation considérable de la politique monétaire de la BCE (par le
biais de l’OMT) et il vient de refuser l’application stricte du pacte fiscal. Mais il est clair que, comme le dit Jean-Pierre Chevènement, l’Allemagne est en position de force et que sans une
coalition avec l’Espagne et l’Italie, la France est isolée ; ce qui est soit dit en passant le problème constant de la diplomatie française depuis 1815. La souveraineté n’existe pas ;
seule la puissance compte. Et la puissance ne se décrète pas ; elle s’obtient. D’où l’impératif redressement des finances publiques.
Comme par ailleurs, malgré nos désaccords multiples (sur Vichy, sur Keynes, sur le gouvernement, sur l’Euro..), nous partageons un langue commune (grosso modo celle de la République), je suis
ravi de confronter mes opinions avec les leurs et compte continuer à le faire tant qu’ils daigneront m’accorder leur attention.
Comme je l’ai dit plusieurs fois, vous êtes ici le bienvenu.
2. J’ai voté Hollande au 1er et 2eme tour de la présidentielle avec comme objectif principal de faire partir Sarkozy et consorts. Sur ce plan, neuf mois plus tard, je ne regrette rien: Valls
n’est pas Hortefeux, Taubira n’est pas Dati, Montebourg n’est pas Estrosi, ni Repentin Morano.
Et Cahuzac n’est pas Werth… pardon, ça m’a échappé…
Si le fait d’avoir Valls plutôt qu’Hortefeux ou Taubira plutôt que Dati suffit pour vous rendre heureux (vous êtes injuste en comparant Montebourg à Estrosi, c’est plutôt à Besson qu’il faudrait
le comparer, et franchement Besson était nettement mieux) c’est votre droit. L’ennui est que cette amélioration au niveau des têtes se paye d’une dégradation nette au niveau des politiques.
Par ailleurs, le Ministère de l’Identité Nationale a disparu, tout comme les projets de déchoir de leur nationalité les français d’origine étrangère, les peines planchers et les jurys
populaires dans les tribunaux correctionnels. Enfin, la défiscalisation des heures supplémentaires et la TVA à 5.5% dans la restauration ont également été supprimées. Tout ça n’est pas rien.
Non, mais ce n’est pas grande chose. A côté, on est en train de casser les organismes de recherche par un tour de vis général qui ne fait plus la distinction entre ce qui est fondamental et ce
qui est accessoire. On recommence à privatiser en douce (l’Etat à vendu 3% du capital de Safran la semaine dernière). On projette de réduire le budget des armées au point où la France cesserait
d’être une puissance sur la scène internationale. On décide d’arrêter le nucléaire, l’un des domaines d’excellence de notre industrie…
3. Par ailleurs, en ce qui concerne la politique économique, je pense que l’orientation actuelle est la bonne. Relever les impôts après une décennie de dépenses fiscales et alors que le
déficit dépassait 5% était un impératif, notamment pour mettre à distance “le mur de l’argent”.
Si la politique économique se réduisait à cela, je pourrais à la rigueur être d’accord avec vous. Mais malheureusement la politique du gouvernement Hollande/Ayrault ne se limite pas à relever les
impôts. Elle consiste surtout à réduire la dépense publique. Et c’est là que les choses se gâtent.
Il y avait également urgence à alléger la fiscalité sur le travail
Plus haut vous vous réjouissiez de la fin de la défiscalisation des heures supplémentaires… ne trouvez-vous pas qu’il y a un problème de cohérence ?
Bref, en ce qui concerne le gouvernement actuel, je suis sur la ligne d’un certain Jean-Pierre Chevènement dans son interview du 18 mars 2013:
http://www.chevenement.fr/Je-donne-du-temps-a-Francois-Hollande_a1472.html.
Vous voulez dire que vous pensez qu’il a tort de faire le “mariage pour tous” ? Qu’il “ne va pas dans la bonne direction par rapport à la monnaie unique dont il faudrait revoir les
règles” ? Qu’il “devra prendre la décision” de “modifier les règles du jeu au sein de la zone euro ou pour modifier l’euro lui-même” ? Allons… n’essayez pas de me mettre
en opposition avec le discours de Chèvenement, qui dans l’article en question ne donne aucun satisfecit à la politique de Hollande, contrairement à vous…
4. Plus généralement, tout comme l’hôte de ces lieux, je pense que nous sommes confrontés à une guerre économique (déclenchée par les Anglo-Saxons plutôt que par l’Allemagne)
Vous voulez dire que l’Euro a été créé par les anglosaxons ? Franchement, je ne vois pas sur quoi s’appuie votre raisonnement. C’est plutôt le contraire: les “anglo-saxons” sont restés en marge
de l’Euro précisement parce qu’ils ont bien compris qu’il s’agit d’un mécanisme qui allait enrichir l’Allemagne en appauvrissant les autres. Ce ne sont pas les anglo-saxons qui nous empêchent
d’adopter une politique monétaire adéquate qui mette notre monnaie à sa parité économique. Ce sont les allemands.
et que ce n’est pas à coup de 35h payées 39h, de retraite à 60 ans, de fiscalité extravagante sur le travail ou de CDI inamovibles que le pays la gagnera.
Tout à fait. Mais je ne comprends pas très bien alors pourquoi vous vous réjouissez de voir Hollande est ses boys à la place de Sarkozy. Pensez-vous qu’Hollande soit mieux à même d’abroger les 35
heures ou de réformer les retraites ?
5. En ce qui concerne Vichy, je pense que cette “parenthèse” est le fruit de circonstances historiques uniques dans l’histoire où se sont conjugués un effondrement militaire, la
quasi-disparition de la démocratie sur le continent et la révolution bolchévique en URSS. Retirez une seule de ces circonstances et Vichy n’existe pas. En conséquence, il me semble vain et
dommageable de tenter l’analogie avec n’importe quelle autre de notre histoire.
Tout évènement historique est singulier, et ce que vous dites est aussi vrai pour Vichy que pour n’importe quel autre grand évènnement de notre histoire. Que reste-t-il de la Commune sans la
défaite de Sédan, l’industrialisation incipiente qui a donné au prolétariat parisien un poids politique, et la diffusion des idées collectivistes ?
Vous ne voulez pas comprendre que je ne raisonne pas “par analogie”. Mon point, c’est que les circonstances “singulières” auxquelles vous faites référence ont mis en évidence l’existence de
divisions et de mécanismes de fonctionnement dans la société française, et que ces divisions et ces mécanismes sont des constantes de notre histoire. Sous d’autres circonstances – celles
d’aujourd’hui, par exemple – elles se manifestent, sous des formes certes différentes, mais reconnaissables.
6. Enfin, pour ce qui est du thème “Hollande est à la botte de Bruxelles” ou “Hollande est à la botte de Merkel”, j’ai beaucoup de mal à voir ce qui étaye cette allégation.
Vous pensez vraiment que si la contrainte européenne n’existait pas, Hollande ferait exactement la même politique qu’il fait aujourd’hui ? Qu’il chercherait à atteindre les mêmes cibles de
déficit dans les mêmes délais ? Et si vous ne le pensez pas, alors il vous faut bien admettre que cette politique lui est imposée par quelqu’un, non ? Dire alors qu’il est “à la botte de
Bruxelles” ne me parait pas exagéré. Quant à l’affirmation “Hollande est à la botte de Merkel”, je ne me souviens jamais avoir écrit pareille chose.
L’Union Européenne est le cadre actuel du jeu diplomatique européen tout comme le Concert des Nations l’était entre 1815 et 1914 et la SDN entre les deux guerres. Ni plus, ni moins.
Sauf que ni le Concert des Nations, ni la SDN n’avaient le pouvoir d’imposer aux états une politique budgétaire, et encore moins une politique monétaire. Le Concert des Nations et la SDN étaient
des forums de négociation entre états souverains, pas des organisations construites pour déposséder les états de différents leviers politiques.
Hollande joue les cartes de la France en fonction des opportunités qui lui sont offertes.
Pas seulement. Il les joue aussi en fonction de sa conception du monde, de ses intérêts de classe, de ses amitiés… un autre à sa place ferait autre chose. A moins que vous pensiez que toute
personne à la place de Hollande ferait pareil… et dans ce cas, à quoi servent les élections ? Autant tirer au sort celui qui ira “jouer les cartes de la France” à Bruxelles, puisqu’il n’y a
qu’un “jeu” possible…
Il a d’ailleurs obtenu, par le truchement de Monti et de Draghi, une réorientation considérable de la politique monétaire de la BCE (par le biais de l’OMT) et il vient de refuser
l’application stricte du pacte fiscal.
Cela m’a échappé. En quoi consiste exactement la “réorientation considérable” de la politique monétaire de la BCE obtenue par Hollande ? Quelles sont les conséquences exactes de son “refus
d’applicaiton stricte du pacte fiscal” ?
Mais il est clair que, comme le dit Jean-Pierre Chevènement, l’Allemagne est en position de force et que sans une coalition avec l’Espagne et l’Italie, la France est isolée ; ce qui est soit
dit en passant le problème constant de la diplomatie française depuis 1815. La souveraineté n’existe pas ; seule la puissance compte. Et la puissance ne se décrète pas ; elle s’obtient.
Fort bien. Je doute fort qu’on “obtienne” une quelconque “puissance” sans mettre en cause des traités qui nous étranglent pour le plus grand bénéfice de l’Allemagne. Croyez-vous vraiment que
Pétain aurait pu “redresser la France” tout en restant sous le contrôle de la Commission d’Armistice ?
D’où l’impératif redressement des finances publiques.
Mais c’est bien ça le problème. C’est qu’avec la politique actuelle, il n’y a pas la moindre chance de “redresser” quoi que ce soit. Comment une politique de réduction de la dépense qui sacrifie
l’investissement pourrait-elle préparer autre chose qu’une récession ad indefinitum ? Croyez-vous vraiment que la “flexibilité” et la fin des 35 heures sera suffisante pour rétablir la
compétitivité de nos industries vis-à-vis de l’Inde ou de la Chine ?
Je crois que vous n’avez pas compris mon point: ce que je critique chez Hollande n’est pas son objectif de “redresser les finances publiques”. C’est un objectif que je partage. Ce que je
critique, c’est que cet objectif est un prétexte pour faire passer une politique qui va dans les sens inverse. Et on le voit bien: notre président est incapable – contrairement au De Gaulle de
1958 dans le discours que vous avez eu la bonté de citer ici – de tracer la moindre perspective, la moindre lumière au bout du tunnel, le moindre aperçu de la société que nous aurons une fois que
les finances publiques seront redressées.
Valls n’est pas Hortefeux, Taubira n’est pas Dati, Montebourg
n’est pas Estrosi, ni Repentin Morano. Par ailleurs, le Ministère de l’Identité Nationale a disparu, tout comme les projets de déchoir de leur nationalité les français d’origine étrangère, les
peines planchers et les jurys populaires dans les tribunaux correctionnels. Enfin, la défiscalisation des heures supplémentaires et la TVA à 5.5% dans la restauration ont également été
supprimées.
Valls n’est pas Hortefeux et qu’est-ce que ça change ? Je n’ai pas l’impression que Valls mène une politique gauchiste. En revanche j’imagine que certains attendent qu’il leur fournisse une
armée d’immigrés corvéables à merci qui serviront de nounous, de femmes de ménages ou qui feront des travaux au black dans leurs maisons. Charité bien ordonnée commence par soi-même.
Taubira n’est pas Dati. La justice s’en porte-t-elle mieux ? Qu’a fait Taubira excepté le mariage pour tous ?
Le ministère de l’identité nationale a disparu. Mais la question des valeurs que nous voulons partager au sein de la communauté nationale ne disparait pas. Cacher la poussière sous le tapis ne la
fait pas disparaitre. On ne pourra pas faire l’économie dans un pays où les gens viennent d’horizons divers de la question de ce qui nous unit encore.
La TVA à 5,5% est passée à 7%. Elle n’a pas disparu !
La défiscalisation des heures supplémentaires vous gêne car elle remettait en cause les 35h. Entre loisirs et hausse du pouvoir d’achat, les catégories populaires avaient fait leur choix qui a du
vous décevoir. Les 35h étaient une grave erreur issue entre autre de l’idée que pour baisser le chômage, les travailleurs n’ont qu’à se partager le travail.
On peut déchoir de la nationalité TOUS les français. Depardieu aurait pu l’être lui qui parlait de rendre son passeport français.
3. Par ailleurs, en ce qui concerne la politique
économique, je pense que l’orientation actuelle est la bonne. Relever les impôts après une décennie de dépenses fiscales et alors que le déficit dépassait 5% était un impératif, notamment pour
mettre à distance “le mur de l’argent”. Il y avait également urgence à alléger la fiscalité sur le travail et en accroître la flexibilité. Le pacte de compétitivité ainsi que l’accord sur
l’emploi me paraissent donc les bienvenus, même si j’aurais souhaité qu’ils aillent plus loin.
=> Il n’y a pas
besoin d’alléger la fiscalité sur le travail. Il suffit pour être plus compétitif de laisser la monnaie se déprécier et d’instaurer une TVA sociale. Cette ritournelle de la baisse de la fiscalité
sur le travail nous a déjà été servie par les socialistes dans les années 80 avec les résultats que l’on sait. C’est un cercle vicieux. On prive l’état de moyens qui ensuite servent à justifier
le recul de l’état.
=> L’accord sur l’emploi ce n’est que de la
petite mesurette. En revanche j’aimerais savoir ce qu’il compte faire pour améliorer la productivité des entreprises françaises ?
pour ce qui est du
thème “Hollande est à la botte de Bruxelles” ou “Hollande est à la botte de Merkel”, j’ai beaucoup de mal à voir
ce qui étaye cette allégation. L’Union Européenne est le cadre actuel du jeu diplomatique européen
Pourquoi Hollande se donne-t-il pour objectif de
ramener le déficit budgétaire à 3% du PIB ? Et bien parce que c’est fixé dans Maastricht pardi ! Ce n’est pas lui qui a inventé ce chiffre.
Hollande joue les cartes de la France en
fonction des opportunités qui lui sont offertes.
Il pouvait changer les cartes. Rien ne l’obligeait à
jouer avec ces cartes pourries. L’impuissance du politique est bien un fait qu’il a assimilé et contre lequel il ne souhaite pas se battre. Ne venez donc pas me dire qu’il fait de son mieux.
Hollande est à l’image de ces hommes politiques contemporains pour qui seul l’ivresse de la conquête du pouvoir compte. Puis l’exercice du pouvoir est une longue purge entre deux
élections.
=> Il n’y a pas
besoin d’alléger la fiscalité sur le travail. Il suffit pour être plus compétitif de laisser la monnaie se déprécier et d’instaurer une TVA sociale.
L’objet d’une “TVA sociale”
est justement de réduire la fiscalité sur le travail en transferant cette charge vers la consommation. Ce n’est pas parce que la “baisse du coût du travail” a été le leitmotiv des socialistes que
c’est pour autant une mauvaise politique. Le problème des socialistes est qu’ils ont voulu baisser le coût du travail en transferant la charge sur la dette…
=> L’accord sur
l’emploi ce n’est que de la petite mesurette. En revanche j’aimerais savoir ce qu’il compte faire pour améliorer la productivité des entreprises françaises ?
Tu poses là la véritable
question. Celle de l’investissement, pour faire court…
Bonjour.
Un article très intéressant : http://criseusa.blog.lemonde.fr/2013/05/08/i-la-croissance-allemande-par-les-exportations-ou-les-raisons-de-la-recherche-de-la-competitivite-a-tout-prix/
"L’histoire ne semble pas servir de leçon ; il existe un Sonderweg allemand problématique hier comme aujourd’hui. Ce sonderweg est bien une customisation de la croissance américaine où l’enrichissement d’une fraction réduite de la population procède par des voies différentes. Cette passion aurait du se manifester après l’effondrement du communisme, la réunification, ses côuts et ses tâches l’ont inhibée. Elle s’est manifestée seulement au tournant du nouveau siècle.
L’Allemagne est donc en apparence sur une voie différente des celle suivie par les USA, les élites ont pourtant le même souci, les structures économiques les font procéder simplement de manière différente de part et d’autre de l’Atlantique. Les allemands se servent de leur puissance commerciale pour augmenter leur croissance, les exportations sont le levier de l’enrichissement des classes supérieures alors qu’aux USA les importations de biens de consommation bon marché sont le moyen de rendre tolérable la compression des revenus de la majeure partie de la population sous l’action de l’enrichissement du top ten.
Il n’est pas certains que nos voisins allemands aient rompu avec leur aptitude à avoir une politique étrangère dangereusement irréaliste et fortement provinciale dictée par des intérêts économiques mal compris. L’impeccable machine à gagner à l’export n’est pas mise au service d’un projet clairvoyant. Les élites économiques des différents pays sont déjà en concurrence et derrière eux les peuples s’affrontent sans le savoir.
Dans le monde, le projet allemand d’une croissance par les exportations est déjà questionnable, les chiffres que nous n’avons pas détaillé laisse apparaître des faiblesses qui ébranlent l’image d’une économie allemande triomphante. La pression qu’exerce les choix des élites allemandes sur les économies européennes est sans doute aussi peu jouable à moyen terme que le pari d’une conquête des marchés émergents qui est tout sauf gagné. C’est pourtant au travers de cette conquête que les dirigeants européens font miroiter une sortie de crise bien improbable."