Je ne sais pas si parmi vous sont nombreux ceux qui – malgré la qualité assez mauvaise de la retransmission – se sont imposé de suivre en direct les débats du 36ème congrès du PCF. J’ai personnellement participé à beaucoup de congrès, certains joyeux, d’autres angoissants, quelques uns conflictuels. Mais j’avoue n’avoir jamais ressenti le sentiment de tristesse – et d’ennui – qui se dégageait de ce dernier congrès.
L’exercice de congrès est, il est vrai, un exercice compliqué. Il est clair qu’on ne peut pas vraiment construire un texte à six-cents. Le travail de réflexion est donc nécessairement fait en amont. Le congrès est là pour légitimer des arbitrages, de trancher solennellement des désaccords politiques. Seulement, cela demande un certain doigté. Il est clair qu’on ne peut amender un texte à six-cents comme on le ferait à l’Assemblée nationale. Tout simplement parce que les élus à l’Assemblée sont des professionnels, rompus à l’exercice, alors que les congressistes sont généralement des militants sans expérience de la procédure parlementaire. La discussion des amendements devient rapidement un exercice exercice rituel. Le débat sur les amendements revient à un ping-pong dans lequel un délégué propose un amendement et le “patron” de la commission des amendements – qui parle au nom de la commission sans jamais consulter ses membres – lui répond “on propose de ne pas retenir” ou “on propose de retenir” sans aucune explication puis, une fois les interventions épuisées on vote le paragraphe avec l’ensemble des amendements retenus par la commission. Cette procédure de “vote bloqué” retire au débat toute signification. En effet, ce processus ne permet aucun arbitrage politique: si l’amendement va dans le sens que la commission a voulu donner au texte, il est retenu. S’il va dans le sens contraire, il n’est pas retenu. Le texte qui est proposé ensuite au vote “bloqué” est donc le texte que la direction – parce que la fameuse “commission” est toujours présidée par un membre de la direction qui veille au grain, et qu’il n’y a que lui qui s’exprime sur les amendements à la tribune – a bien voulu accepter. Et comme on vote sur l’ensemble du paragraphe avec l’ensemble des amendements retenus, il n’existe aucun moyen de se prononcer sur un amendement précis: les délégués ne peuvent manifester leur désaccord avec la commission qu’en rejetant l’ensemble du paragraphe, ce qui dans le contexte légitimiste du PCF est proprement impensable (1). Le problème essentiel de cette procédure est que tous les amendements se trouvent placés sur un pied d’égalité. Les amendements “de fond”, qui nécessitent un véritable arbitrage politique (sur le sens du FdG, sur le contrôle des élus…), et des amendements anecdotiques quand ils ne sont pas de pure forme (féminisation de certains termes, ajouts de minorités opprimés supplémentaires, etc.). Les premiers mériteraient une véritable discussion couronnée par un vote, les seconds peuvent être laissés à la sagesse d’une commission. Mais ce n’est pas comme cela que ça se passe: des choix fondamentaux – la conversion maastrichienne, par exemple – pris dans le secret des coulisses, sont tamponnés par le congrès presque sans le vouloir et dans l’indifférence générale.
Car c’est là que le bât blesse: en fait, si l’exercice du congrès ne passionne personne, c’est parce qu’il n’a aucun effet sur la réalité. Les textes qui sortiront de ce congrès s’autodétruiront dans les jours qui suivront leur vote. Est-ce que quelqu’un se souvient du contenu des textes qui ont été votés lors du dernier congrès ? Bien sur que non. Dans la préparation du 36ème congrès, on n’a même pas esquissé l’exercice consistant à se demander comment les décisions prises lors du 35ème congrès ont été mises en oeuvre. Quant aux statuts, ils seront jetés aux oubliettes comme l’ont été tous ceux votés depuis le 28ème Congrès dès que la direction aura envie de faire quelque chose qu’ils interdisent. La réalité est qu’une fois le congrès terminé, la direction nationale aura les mains libres pour faire ce qu’elle voudra comme elle le voudra et sans rendre compte à personne, exactement comme elle le fait depuis bientôt vingt ans. On discutera longuement au Congrès des “-e-s”, mais la stratégie du Front de Gauche, l’adhésion au PGE maastrichien ou la stratégie d’alliances pour les municipales sont des questions beaucoup trop importantes pour être mis en débat publiquement. Mieux vaut prendre ces décisions dans le secret feutré du bureau du secrétaire national après discussion avec les “potentats” locaux. D’ailleurs, à quoi bon discuter une stratégie nationale pour les municipales ? Dans un Parti sans fonctionnement institutionnel, il n’y a que les rapports de force qui comptent. Là où un “grand élu”, un “notable” local a du poids, il fera ce qu’il voudra et sans rien demander.
Cela demande peut-être une explication. Depuis la fin des années 1990 et le “putch des élus”, la direction du PCF est une direction faible. Les batailles pour les candidatures au Comité National, qui font le psychodrame habituel de la dernière demie-journée de chaque Congrès occulte le fait que ce même Comité National ne décide en fait de rien. Il se contente de tamponner les propositions de la “coordination” qui fonctionne autour du secrétaire national, propositions qui sont négociées avec les “notables” qui détiennent en fait le véritable pouvoir place du Colonel Fabien. C’est cela qui explique l’absentéisme des membres du Comité National, absentéisme qui dépasse allègrement les 50%, et cela quelque soit l’importance du sujet inscrit à l’ordre du jour. C’est que les membres du CN – notamment ceux qui viennent de la province, pour qui faire le déplacement implique un véritable sacrifice – réalisent rapidement que l’instance ne sert à rien, et décident sagement d’économiser leur temps et leurs deniers en s’abstenant d’y paraître.
Une direction faible, donc, mais qui ne veut pas l’admettre. C’est pourquoi l’exercice du congrès tient du numéro de prestidigitateur, et que la présidence de séance est si “raide” – bien plus que dans le Parti autrefois réputé “stalinien” des années 1970 et 80 – à l’heure de tuer tout débat véritable qui semble pouvoir déraper (2). Cela s’est vu cette fois-ci particulièrement dans le débat sur les statuts, sur une question qui revient d’une manière récurrente à chaque congrès, et qui est emblématique du partage du pouvoir dans le Parti: j’ai parlé du reversement par les élus de leurs indemnités. Mais la question mérite peut-être une petite explication pour ceux qui ne connaissent pas les coulisses du PCF. Traditionnellement le Parti communiste exigeait de ses élus le reversement de salaires et indemnités reçues au titre de leurs fonctions électives, pour leur reverser un salaire correspondant à celui d’un ouvrier qualifié “selon la convention collective de la métallurgie parisienne”. Cette règle visait deux objectifs: le premier – moral – était d’empêcher que des militants communistes cherchent à profiter financièrement de leur activité politique. Le second, plus politique, était de garder les élus sous la dépendance économique du Parti, et donc soumis à sa discipline.
Bien entendu, une telle règle n’est tenable que si le Parti a les moyens de l’imposer aux élus. Cela était vrai jusqu’aux années 1980, parce que les élus devaient leur élection au Parti, qui n’hésitait à exclure et à faire battre les récalcitrants. Mais les années Mitterrand on vu un changement fondamental dans ce rapport de pouvoir: le Parti a eu de moins en moins les moyens de faire élire – et de faire battre – des élus, et ceux-ci sont devenus “propriétaires” de leurs sièges. Au point de conclure des alliances qui allaient contre la stratégie nationale en fonction de leurs intérêts ou de choisir leurs successeurs. Ce sont les élus, les “barons” qui depuis contrôlent le Parti, et pas l’inverse. D’abord, parce que ce sont eux qui apportent les sous – que ce soit par le reversement des indemnités ou par le biais du mécanisme du financement public des partis politiques. Mais aussi parce que leur position leur permet de proposer des emplois aux “faux permanents”, d’accorder des financements à des associations “amies”, et ainsi de se faire une clientèle. Conséquence: beaucoup d’élus refusent de reverser leurs indemnités, préférant les utiliser pour financer leur propre “courant” au sein du PCF, voire les garder pour améliorer leur niveau de vie, sans que le Parti ait la moindre prise sur eux.
A chaque congrès, cette question revient sur la table au grand dam de la direction qui ne peut rentrer dans ce débat sérieusement sans admettre qu’elle est totalement impuissante. A chaque fois, la réponse de la direction est toujours la même: occulter l’étendue du phénomène et déclarer qu’il s’agit “d’une question politique et qu’on ne règle pas les questions politiques par des mesures administratives”. Ainsi, lors du congrès de Martigues le trésorier national a refusé par trois fois – très biblique, n’est ce pas – de céder à une demande formelle du congrès de publier la liste des élus nationaux qui ne respectaient pas leur obligation, pourtant écrite dans les statuts. Cette fois-ci, la question est venue dans le débat à partir d’une intervention proposant de faire figurer sur les statuts une disposition exigeant aux candidats soutenus par le PCF de s’engager par contrat à reverser les indemnités, prévoyant l’exclusion de ceux qui ne respecteraient cet engagement et interdisant au PCF de soutenir un candidat sortant qui aurait manqué à son obligation. Prévisiblement, le responsable de la commission a répondu sèchement – et sans la moindre explication – qu’il n’était pas question de retenir cet amendement, et on est passé à autre chose. On comprend l’angoisse de la commission. Non pas qu’elle soit contre l’amendement. Mais ce n’est pas la peine d’être un grand stratège pour se rendre compte qu’il est totalement inapplicable. Tout simplement, parce que le PCF ne peut pas se permettre de pousser dehors un grand nombre d’élus ou prendre le risque de les faire battre. Déjà qu’un grand nombre d’élus communiste songe à chaque élection à cacher son appartenance au Parti, quand ce n’est pas à changer carrément de crémerie (Gatignon, Asensi, Fraysse…), imaginez ce qui se passerait si on leur appliquait ce genre de sanctions.
C’est pourquoi il ne faut pas se laisser abuser par le “show” et la prétendue “unité” du Parti matérialisée par le fait qu’il n’y a pas eu cette fois ci de “liste alternative” lors de l’élection du Comité National. En fait, cette “unité” tient tout simplement au fait que les héros sont fatigués, et que illustrés par les deux derniers congrès, personne ne s’est donné la peine d’en constituer une. Présenter un candidat aujourd’hui c’est un peu comme présenter un candidat à la succession du capitaine du Titanic après la collision avec l’iceberg. A quoi bon se fatiguer pour avoir des élus à une instance dans laquelle il ne se passe de toute manière jamais rien ? A quoi bon s’inscrire dans des commissions qui ne se réunissent jamais ?
C’est peut-être pour cela que le seul groupe combatif, ce fut le “gang des lesbiennes”. Pendant quatre jours, elles se sont mobilisées pour débusquer la plus petite trace de “patriarcat”, la moindre once de “machisme”, le moindre “-e-” oublié. Jusqu’au ridicule qui, heureusement pour les nouvelles amazones, ne tue pas. Ce rideau de fumée a permis d’animer des débats languissants d’ou les véritables analyses, la véritable interprétation du réel étaient absentes. Que dans une crise idéologique comme celle que nous vivons aujourd’hui les communistes réunis en congrès discutent en priorité de la parité de leurs directions et du “mariage pour tous” donne une idée du fossé béant qui existe aujourd’hui entre les préoccupations des couches populaires et celles des dirigeants du PCF.
Voilà pour mes impressions prises sur le vif. Je ferai une lecture commentée dès que les textes finalement votés seront disponibles…
Descartes
(1) la meilleure preuve en est qu’aucune procédure n’est prévue dans le cas où un paragraphe serait rejeté…
(2) Ceux qui ont observé par exemple la séance présidée par Le Hyaric ont pu observer combien le directeur de l’Humanité s’est appliqué à tuer dans l’oeuf tout débat.
Bonjour Descartes,
merci pour ces éléments, c’est toujours intéressant de voir la mécanique à l’oeuvre dans un parti. Ce qui m’étonne le plus n’est pas tant que les dirigeants préfèrent prendre des décisions dans
le feutré de leurs bureaux mais plutôt qu’il y est une telle absence de formalisme. Que les statuts ou le règlement intérieur soient aussi facilement piétinés devrait à tout le moins réveiller
certains militants? D’ailleurs, comment a été vécu le congrès par ces derniers? Apparemment vous n’étiez pas sur place mais vous avez du avoir des échos?
Que les statuts ou le règlement intérieur soient aussi facilement piétinés devrait à tout le moins réveiller certains militants?
En cela, les militants ont suivi la dérive anti-institutionnelle de la société toute entière. Il y a de cela trente ou quarante ans, au PCF les Statuts (à l’époque, ils portaient un “S”
majuscule) c’était les Tables de la Loi. Dans les années 1990, on a commencé à entendre les discours du genre “la vie est plus importante que les textes” ou bien “les règles sont faites pour être
violées”. Et dans les années 2000, on a pu entendre une secrétaire nationale du PCF – oui, vous savez, celle qui a fait 1,9% aux présidentielles, le plus mauvais score de l’histoire du PCF – dire
que les statuts étaient une “gangue” dont il fallait “se débarrasser”.
La gauche radicale se remplit la bouche du mot “démocratie”, mais n’a toujours pas compris qu’il ne peut y avoir démocratie s’il n’y a pas des règles quasi-sacrées qui empêchent la majorité de
piétiner la minorité.
D’ailleurs, comment a été vécu le congrès par ces derniers? Apparemment vous n’étiez pas sur place mais vous avez du avoir des échos?
Non, je n’étais pas sur place. Pour la première fois depuis que j’ai mémoire, je n’ai pas fait le déplacement, même pas par curiosité. C’est mauvais pour mon coeur. Mais bien entendu, j’ai eu pas
mal d’échos de copains qui sont encore au Parti – et de quelques lecteurs de mon blog. Mon impression est que cela a été vécu par beaucoup de militants avec un mélange de frustration et de
résignation. Il devient de plus en plus clair que le PCF ne peut changer. Qu’il n’y a aucune base sociologique pour battre la Sainte Alliance entre les apparatchiks et les
“notables”.
J’essaye de voir les choses du bon côté. Désormais, lorsque j’entends une affirmation péremptoire, je dis : “espèce de commission des amendements” !
J’aimerais d’ailleurs bien savoir d’où vient cette procédure par commission, qui retient au préalable les amendements à discuter, puis décide si l’on vote “pour” ou “contre” l’amendement. C’est
kafkaïen.
J’aimerais d’ailleurs bien savoir d’où vient cette procédure par commission, qui retient au préalable les amendements à discuter, puis décide si l’on vote “pour” ou “contre” l’amendement.
C’est kafkaïen.
Ce n’est pas la procédure “par commission” qui est en cause. C’est la composition de la commission et surtout l’esprit dans lequel elle fonctionne.
Il est évident qu’on ne peut à six-cents discuter chaque amendement. Il faut donc une procédure qui “filtre” les amendements. Le boulot de la commission est de séparer les amendements qui n’ont
pour fonction de ce clarifier le texte, d’améliorer sa rédaction, voire de faire mousser celui qui les propose de ceux qui représentent un véritable choix politique. Que la commission arbitre les
premiers en décidant ceux qu’on prend et ceux qu’on ne prend pas pour soumettre le “paquet” à un vote bloqué, c’est une bonne solution pour en pas perdre trop de temps. Le temps ainsi économisé
permettant de débattre les amendements qui supposent un véritable arbitrage politique, qui méritent une discussion approfondie suivie d’un vote spécifique.
Mais ce système suppose que la commission fonctionne dans un esprit de favoriser le débat politique, et non de l’étouffer. Or, c’est précisement ce que la commission des amendements fait depuis
le Congrès de Martigues. En se réfusant à hiérarchiser les amendements, elle ne laisse – pour des raisons de temps – que l’option du “vote bloqué” qui lamine toute possibilité de débat. Et c’est
problablement le but recherché: avec ce système, on réduit les risques de voir les congressistes voter des amendements qui pourraient changer le cours de la politique du Parti. C’est, comme tu le
dis si bien, kafkaïen.
Au fait, que pensez-vous de la disparition sur la carte d’adhérent de la faucille et du marteau?
Le plus grand mal, rassurez-vous. Je trouve cela franchement idiot. Un passé ne s’achète pas au détail. Ou bien on veut rompre avec le passé, et alors on jette aux oubliettes autant les “outils”
que le souvenir de la Résistance, ou alors on assume le passé avec ses ombres et ses lumières, et donc avec ses symboles.
Je trouve très révélateur la manière dont les “outils” ont été progressivement effacés des différents documents du PCF, d’abord des documents publics (affiches, “une” de l’Huma) puis des
documents purement internes, pour aboutir finalement à la carte, document que seuls les adhérents voient jamais. Les directions ont de toute évidence un problème avec l’histoire, histoire qu’ils
connaissent très mal d’ailleurs. Le fait est que jamais, dans l’histoire du PCF, on a eu une direction aussi ignare, et qui en plus est fière de son ignorance. Le PCF fait son mai 1968 avec
cinquante ans de retard.
Même du point de vue personnel, imaginez ce que peut représenter pour Pierre Laurent d’effacer un symbole que son père devait considérér comme sacré. Que penserait Paul Laurent s’il voyait son
fils défendre l’effacement de l’histoire qu’il avait contribué à écrire ?
Très, très mauvais signe, la disparition de la faucille et du marteau. Et je pense que tu as bien raison, Descartes, d’évoquer mai 68. On oublie la dialectique du maître et de l’esclave, et on se
coule dans le délire malthusien néo-paganiste cultivé par les gauchistes. Ne restera plus qu’à remplacer la faucille et le marteau par un dauphin et un panda…
Très, très mauvais signe, la disparition de la faucille et du marteau.
C’est pire que ça: ce n’est même pas un “signe”. Je pense que la direction du PCF a perdu toute notion de ce qu’il y a de tragique en politique, et du coup elle est incapable de constituer une
symbolique. La disparition des “outils” est un pur raisonnement publicitaire, le même qu’ont les grandes entreprises qui changent de “logo” tous les dix ou quinze ans pour donner une impression
de “dynamisme”. Est-ce que l’église catholique a songé un jour à abandonner la croix sous prétexte que ça fait ringard ou que ça rappelle l’inquisition ? Bien sur que non: une organisation qui
prétend marquer l’histoire ne peut elle même renier sa propre histoire. C’est pourquoi l’église catholique a tenu 2000 ans que le PCF risque d’aller rapidement dans le mur…
Ne restera plus qu’à remplacer la faucille et le marteau par un dauphin et un panda…
Pourquoi pas un bisounours ? Ca attendrit tout le monde, ça fait peur à personne… et ça n’a pas beaucoup de cervelle. La mascotte idéale…
Bonjour Descartes,
J’ai regardé une partie des débats de ce 36ème congrès et j’ai lâché la retransmission quand Pierre LAURENT a commencé son discours. Je n’en attendais rien, ai-je eu tort ?
N’ayant jamais assisté, ni regardé un autre congrès du PCF, j’ai vu dans les interventions une certaine résignation que cela soit dans les intervenants soutenant le texte majoritaire et qui
exprimaient quelques hésitations, ou dans les interventions des soutiens des textes minoritaires qui ne croyaient pas plus à leur pouvoir de changer le sens de l’histoire ?
Les adhérents du PCF ont fait leur choix qu’ils doivent assumer et que je respecte. Pour autant, il me semble ne donner aucune perspective. La ligne politique, plus à gauche que le PS, ne
m’apparaît nullement offrir une autre perspective aux français. Le PCF et Méluch’ peuvent attendre les Européennes et le Municipales avec impatience, il sombreront avec le gouvernement.
N’ayant jamais assisté, ni regardé un autre congrès du PCF, j’ai vu dans les interventions une certaine résignation que cela soit dans les intervenants soutenant le texte majoritaire et qui
exprimaient quelques hésitations, ou dans les interventions des soutiens des textes minoritaires qui ne croyaient pas plus à leur pouvoir de changer le sens de l’histoire ?
A mon sens, c’est la principale “nouveauté” de ce congrès. J’ai assisté a plusieurs congrès du PCF et j’en ai suivi beaucoup d’autres. Il y eut des congrès euphoriques (le 22ème par exemple) ou
l’on avait l’impression que l’histoire était en train d’avancer à grands pas. Il y eut des congrès angoissés où partisans et adversaires de la “ligne” se sont affrontés avec passion. Mais en
toute honneteté, c’est la première fois que j’assiste à un congrès aussi triste, où les congressistes ont eu autant l’impression de jouer un rituel qui n’a aucun effet sur le réel. Il faut dire
que la direction n’a même pas gardé les formes, l’illusion que les décisions de congrès pouvaient changer quelque chose: quinze jours plus tôt, on avait publié un “texte stratégique” et un autre
sur le “fonctionnement” du Front de Gauche, comme si le Congrès n’avait rien à dire là dessus. Un mois plus tôt, la direction sortante avait présentée la nouvelle carte d’adhérent sans les
“outils” et avec les étoiles européennes du PGE dessus… Si l’on ne demande pas l’avis du congrès ni sur la stratégie ni sur les symboles, à quoi peut-il bien servir ?
Les adhérents du PCF ont fait leur choix qu’ils doivent assumer et que je respecte.
Les adhérents du PCF n’ont fait aucun “choix”. Le processus de décision est totalement contrôlé par la direction et par les “notables”. Cela a toujours été un peu comme cela dans le PCF, mais il
fut un temps ou au moins la direction écoutait les adhérents. Ce n’est plus du tout le cas. On est passé dans une logique inverse: la direction recrute les adhérents dont elle a besoin et fait ce
qu’il faut pour faire partir les “anciens” qui sont nettement moins malléables. Et si tu ne me crois pas, regarde la composition des nouvelles instances du PCF…
La ligne politique, plus à gauche que le PS, ne m’apparaît nullement offrir une autre perspective aux français.
Je ne sais pas ce que “plus à gauche” ou “moins à gauche” veut dire. La “ligne politique” du PCF est inexistante. La structure ne fonctionne plus que pour sauver les postes des élus et des
“notables” et accessoirement pour satisfaire les ambitions de pouvoir de certains groupes tels le “gang des lesbiennes”. On déguise tout cela avec un gloubi-boulga vaguement
gaucho-libertaro-gentillet. Mais cela ne constitue pas une “ligne politique”.
Le PCF et Méluch’ peuvent attendre les Européennes et le Municipales avec impatience, il sombreront avec le gouvernement.
Je me fais pas de bile pour eux. Le PCF ira aux élections dans la classique configuration d’alliance “je t’aime moi non plus” avec le PS là où cela permettra de garder des élus, et dans des
alliances “Front de Gauche” pour mordre les mollets des socialistes là où cela ne porte pas à conséquence (soit qu’ils soient surs de l’emporter, soit qu’ils soient surs de perdre). D’ailleurs,
il ne faut pas surestimer la capacité de la direction du PCF a imposer une stratégie nationale. En matière municipale, chaque “notable” local est le seigneur de son fief, et fera ce qu’il voudra.
Certains ont d’ailleurs dejà négocié leurs alliances avec le PS, avec les verts et quelques uns même avec le Modem…
Quant aux troupes mélenchonniennes, il n’est pas très clair pour moi quelle sera leur stratégie. Taper sur le PS, c’est bien joli. Mais en France, l’implantation politique d’un parti commence
avec l’implantation municipale – c’est elle qui donne des “seigneuries” d’ou l’on peut distribuer des prébendes et bâtir des clientèles. Je ne doute pas que certains au PG aient très envie
d’avoir un siège de conseiller municipal ou, pourquoi pas, de maire. Ce qui, dans le contexte actuel, implique nécessairement un accord avec le PS…
Salut amis et camarades.
http://lepcf.fr/1944-la-faucille-et-le-marteau
Moi aussi, j’avais tiqué sur cette observation de Pierre Laurent. On a du mal à croire que le PCF ait pu imprimer des cartes en 1941-44. Mais admettons que cette carte ait existé, et qu’elle
n’ait pas porté les “outils”. Qu’est ce que cela signifierait ? Certainement pas que les communistes de 1944 ont souhaité faire disparaître ce symbole. On a du mal à imaginer Thorez, Duclos et
leurs camarades vouloir faire sciemment disparaître le symbole qui ornait les drapeaux victorieux de l’Armée Rouge…
A supposer que les “outils” soient absents de la carte 1944, il ne peut s’agir, compte tenu de l’orientation du Parti à l’époque, que d’un accident, un oubli, une erreur. Ce n’est plus du tout le
cas en 2013, et d’ailleurs Pierre Laurent n’invoque pas un accident. Au contraire, il fait de la nouvelle carte un choix politique. Dès lors, prendre appui sur la carte 1944 pour justifier ce
choix revèle une étonnante mauvaise foi. A moins que ce ne soit une totale ignorance de l’histoire…
Bonjour ami Descartes,
Je suis certain que cela va vous intéresser :
http://lepcf.fr/Hypotheses-sur-la-sociologie-du
Dites-moi…
Un certain nombre de réflexions de l’auteur de cet article rejoin les miennes, en particulier dans la tentative de définir les classes moyennes à partir des rapports de production, et la
caractérisation du PCF comme d’un parti appuyé sociologiquement sur les classes moyennes. Par contre, j’avoue que le paragraphe sur la Chine me laisse plutôt désorienté…
Il pointe tout de même une problématique intéressante, celle de la volonté de la direction du PCF de se débarrasser des “anciens militants” pour n’avoir plus que des “nouveaux militants”.
L’intérêt de l’opération est évident: mieux vaut pour une direction des jeunes inexpérimentés qu’on peut manipuler que des vieux à qui, du fait de leur expérience, il est plus difficile de faire
prendre des vessies pour des lanternes.
Cette vision avait été déjà formulée il y a une dizaine d’années par Marie-Pierre Vieu, une “huiste” convaincue qui avait déclaré “on ne fera pas le nouveau parti communiste avec les militants de
l’ancien parti communiste”.