Dans chaque grande gare parisienne, on trouve un monument plus ou moins discret, auquel les passants trop pressés ne consacrent souvent qu’un regard. Beaucoup de passagers seraient d’ailleurs incapables d’indiquer dans quel endroit dans la gare qu’ils arpentent deux fois par jour ce monument se trouve. Il s’agit, vous l’aurez compris, du monument rendant hommage aux cheminots morts pour la France dans l’exercice de leur métier.
Sur le monument érigé Gare de l’Est, à côté des écritures rappelant que c’est de là que sont partis de très nombreux combattants de la première guerre mondiale, que c’est par le réseau de l’Est qu’ont transité de nombreux convois transportant les déportés vers leur terrible destin, on trouve une plaque rappelant un évènement oublié. On peut y lire l’inscription suivante : « En souvenir du retour des prisonniers de guerre et déportés politiques ; en hommage aux cheminots de France qui, par leur ardeur au travail et leur dévouement, rendirent possible le retour rapide dans leur Patrie de centaines de milliers de Français ».
L’hommage est largement mérité. Il n’a pas dû être simple dans le chaos de l’époque de mener à bien, alors que le réseau ferroviaire français et allemand avait été fortement endommagé, que le matériel roulant était à bout de souffle, que toute sorte bombes non explosées se trouvaient encore dans les emprises ferroviaires, d’organiser le transport depuis l’Allemagne de centaines de milliers d’êtres humains. Cela fait du bien de voir que dans notre pays où l’on a maintenant l’habitude de râler à tout propos et hors de propos, quelqu’un ait pensé à rendre hommage « à l’ardeur au travail et au dévouement » d’une corporation dont on peut dire, pour utiliser l’expression consacrée, qu’elle a bien mérité de la Patrie.
Mais en passant devant cette plaque, je n’ai pas pu m’empêcher de me poser une question. Les cheminots qui ont travaillé nuit et jour dans des conditions forts dangereuses pour rapatrier aussi vite que possible déportés et prisonniers, ont-ils touché une prime spéciale « rapatriement » ? Se sont-ils mis en grève pour négocier cette prime ? Se sont-ils plaints de n’avoir pas pris leurs congés d’été ?
La réponse est, évidemment, négative. Et pourtant, la situation économique des travailleurs était infiniment pire qu’elle ne l’est aujourd’hui. Avec une pénurie générale qui poussait les prix vers le haut – au point de devoir imposer le rationnement de certaines denrées – une prime aurait mis un peu de beurre sur les épinards, ou même permis de mettre des épinards sans beurre dans l’assiette. Pourtant, les cheminots n’ont pas cherché à profiter du rapport de force créé par l’urgence de la situation pour gagner un avantage monétaire. Et lorsque d’autres travailleurs l’ont fait, les dirigeants ouvriers eux-mêmes sont allés expliquer à leurs ouailles que la bataille de la production et de la reconstruction était la première des priorités. Le 6 février 1944, devant le bureau politique du PCF, Thorez lui-même déclare qu’il faut « produire d’abord, revendiquer ensuite », et le 27 juillet 1945, dans un discours à Waziers, il dira que « produire, aujourd’hui, c’est la forme la plus élevée du devoir de classe, du devoir de Français », et que « gagner la bataille de la production est aussi important que d’avoir gagné la bataille de la Libération » (1).
Depuis, notre pays a bien changé, et on voit aujourd’hui toutes les catégories d’agents publics défiler au guichet. Policiers, cheminots, contrôleurs aériens et tutti quanti exigent que les contraintes et le surcroit de travail lié aux jeux olympiques de Paris soient compensées généreusement, et n’hésitent pas à se mettre en grève pour appuyer ces revendications. Avec le soutien des syndicats les plus radicalisés et d’une grande partie de la gauche politique. Chez ceux qui, comme moi, ont le sens du service public chevillé au corps, ces comportements provoquent à la fois préoccupation et indignation. Oui, je suis préoccupé de voir se généraliser une vision qui risque de dynamiter l’idée même de service public. La qualité de ces services repose en effet sur la logique du statut : en France, les agents publics bénéficient par rapport aux agents privés de toute une panoplie d’avantages. Sécurité de l’emploi, carrière à l’ancienneté, régime disciplinaire protecteur, protection fonctionnelle, pour n’en citer que quelques-uns. Et ces avantages qui, il faut toujours le rappeler, sont payés par l’ensemble de la collectivité, trouvent leur contrepartie dans des contraintes qui, elles aussi, sont exorbitantes du droit privé. Dédication complète, obéissance hiérarchique, devoir de neutralité et de réserve, pour ne donner que quelques exemples. Et parmi ces contraintes figure, à mon sens, celle de faire passer la continuité du service public en situation exceptionnelle avant ses besoins personnels. Autrement dit, les contraintes particulières liées aux Jeux Olympiques, comme celles hier liées aux urgences de la reconstruction, n’appellent pas de « compensation » particulière parce qu’elles font partie du métier d’agent public.
A ce propos, et au risque de me répéter, je rappellerai que dans la conception classique l’agent public ne touche pas un « salaire », censé rémunérer son travail, mais un « traitement », qui lui versé pour lui permettre de vivre dans des conditions qui assurent la dignité de sa fonction et qui l’éloignent des tentations de la corruption. Autrement dit, le fonctionnaire est censé travailler « pour l’honneur », car ce n’est pas son travail qui est rémunéré. Bien entendu, cette conception « aristocratique » n’est plus strictement vraie : les agents publics ont, tout comme dans le privé, une semaine de travail de 35 heures, et les dépassements sont rémunérés, au moins pour certaines catégories, en heures supplémentaires. Mais la symbolique reste opérante : la mystique du service public reste pour beaucoup d’agents publics une réalité, et en cas de « coup dur » il est bien plus facile d’obtenir une mobilisation exceptionnelle – et gratuite – dans le secteur public que dans le secteur privé. Je doute qu’il existe une entreprise privée dans ce monde qui puisse bénéficier d’une mobilisation comme celle des agents des industries électriques et gazières, actifs et inactifs – dans le statut des IEG, on ne parle pas de « retraités » – pour rétablir le réseau électrique après la tempête Lothar en 1999.
La banalisation des agents publics est en marche, avec la complicité des premiers intéressés et des organisations syndicales et politiques censées les représenter. De plus en plus, on conçoit le rapport entre l’agent public et son employeur comme un simple rapport contractuel, où toute modification dans l’exigence doit être nécessairement compensée en espèces sonnantes et trébuchantes. Et les camarades syndiqués y contribuent en projetant sur le secteur public les rapports et le langage du privé. Sans se rendre compte que ce faisant ils portent un coup mortel à la notion même du statut. Car si l’agent public est payé comme le serait un agent privé, et compensé d’un surcroît de travail comme lui, s’il n’est pas soumis à des sujétions particulières, si ses rapports avec son employeur sont régis par la même mécanique revendicative que pour les agents privés, qu’est ce qui justifie qu’il bénéficie de protections et bénéfices particuliers ?
Vous me direz qu’il y a une différence en termes d’urgence et d’importance entre la reconstruction ou le rapatriement des prisonniers en 1945 et les Jeux Olympiques de Paris en 2024. C’est vrai. Mais au-delà de cette différence, les Jeux restent une opération dans laquelle le prestige de notre pays est engagé. Des millions de visiteurs seront présents, les médias du monde entier seront braqués sur nous. Les mouvements revendicatifs en cours donnent la désagréable impression que le succès des Jeux Olympiques – avec ce que cela implique en termes de l’image que notre pays donne au monde – n’intéresse finalement que le gouvernement, que l’ensemble des agents publics n’y accorde aucune importance, au point d’être prêts à les mettre en danger si une compensation monétaire n’est pas accordée. C’est tout de même problématique.
Mais ne soyons pas trop durs avec les camarades syndicalistes. Après tout, ils ne font que suivre le mouvement général de notre société capitaliste. Un mouvement qui, comme le prédisait Marx, réduit tous les rapports humains à des rapports d’argent. La situation rappelle ce personnage de bande dessiné qui, accompagné par une très belle femme, déclare à un ami « je sais qu’elle m’aime plus pour mon argent que pour mes qualités, et cela ne me dérange pas, parce que des qualités, je n’en ai pas beaucoup, alors que mon argent est inépuisable ». Au plus haut niveau des classes dirigeantes, on ne conçoit qu’on puisse s’attacher le service et le dévouement des personnels autrement qu’en distribuant du vil métal. Les syndicats ne font qu’accompagner le mouvement. Alors, tout surcroît de travail, toute sujétion particulière doit se traduire non pas en termes de statut ou de reconnaissance sociale, mais en termes purement monétaires. Ce débat était apparu crûment à l’époque de la « prime covid » distribuée dans les administrations aux personnels qui avaient assuré leurs fonctions pendant la pandémie. Selon le décret du 14 mai 2020 qui crée cette prime, celle-ci doit être versée « aux agents particulièrement mobilisés » pendant la pandémie « afin de tenir compte d’un surcroît de travail significatif durant cette période ». Que nous dit ce texte ? Qu’un « surcroit de travail significatif » lié à des conditions exceptionnelles n’est plus inclus dans les devoirs statutaires de l’agent public, c’est une demande « hors contrat » qui doit être compensée. C’est là un exemple d’un mouvement de fond qui tend à banaliser l’agent public, à substituer au rapport statutaire un rapport contractuel (2). Et qui se retrouve avec une remarquable continuité dans toutes les réformes du secteur public depuis trente ans. Dans les métiers sous statut, le contractuel n’existait que pour assurer des tâches temporaires, ou bien pour permettre de s’adjoindre des compétences rares pour lesquelles il n’y avait pas de cadre prévu dans le statut. Aujourd’hui, c’est devenu une forme d’emploi permanent, qui concurrence de plus en plus l’emploi statutaire. La multiplication dans la fonction publique des agents contractuels, l’ouverture de l’ensemble des fonctions – y compris les fonctions régaliennes et les emplois de direction – aux agents de cette catégorie, la transformation des établissements publics en sociétés anonymes agissant dans un environnement concurrentiel aboutit nécessairement à gommer la spécificité de l’agent public. Quant aux statuts hors fonction publique, on les a vidés en grande partie de leur contenu, comme c’est le cas de celui des industries électriques et gazières, ou bien on les a mis en extinction comme celui des cheminots.
Les camarades syndicalistes sont d’autant plus excusables qu’ils savent que les dirigeants de l’Etat et des services publics n’hésiteraient pas un instant à profiter d’un rapport de forces favorables pour rogner sur les effectifs, les rémunérations, les retraites ou les conditions de travail, quitte là aussi à sacrifier la qualité du service rendu aux usagers. Ceux qui avec des trémolos dans la voix dénoncent à chaque grève « la prise en otage des usagers » sont les mêmes qui par des réductions massives des effectifs et des investissements, par un recours à la sous-traitance pour réduire les coûts, ont organisé une dégradation du service rendu qui rend le voyage sur certaines lignes SNCF une véritable aventure digne des « chemins de fer du bout du monde ». Pourquoi le personnel leur ferait-il des cadeaux ?
Rien d’anormal dans ces conditions de voir les comportements des agents publics converger avec ceux du privé. Les dirigeants qui ont mis en extinction le statut du cheminot peuvent difficilement se plaindre que les travailleurs du rail se comportent comme des agents privés et profitent du rapport de force pour tirer le plus d’avantages possibles avec une parfaite indifférence envers l’intérêt général. Celui-ci ne fait pas partie du contrat. Si une grève du personnel d’Amazon empêche le client de recevoir sa commande, c’est le problème de la direction d’Amazon, pas de ses employés. Pourquoi devrait-il en aller autrement pour des agents publics « banalisés », appelés à servir non plus un usager mais un client ?
Demain, sur les monuments du futur il n’y aura plus d’inscriptions comme celle qu’on peut lire gravée dans du marbre à la Gare de l’Est. Pourquoi reconnaître « le dévouement et l’ardeur au travail » de personnels qui ont déjà reçu compensation monétaire sonnante et trébuchante ? On peut avoir l’argent, on peut avoir la médaille. Mais on ne peut pas toucher l’un et espérer avoir l’autre. Entre la reconnaissance sociale et la reconnaissance monétaire, il faut choisir. Et le capitalisme a choisi pour nous. Dans un monde régi par l’argent, « le dévouement et l’ardeur au travail » sont des archaïsmes.
Descartes
(1) Mais pas, comme on le dit souvent, « il faut savoir terminer une grève ». Cette formule avait été prononcée en 1936, dans le contexte très différent du front populaire, et alors que les mouvements gauchistes, anarchistes ou trotskystes, voulaient prolonger les grèves après la signature des accords de Matignon. Il s’agissait à l’époque pour le PCF d’empêcher que le désordre emporte le Front Populaire. La position de Thorez était que, dès lors que l’essentiel des revendications était satisfait, la grève coutait cher à l’ensemble du pays et ne servait plus à rien. Cette position, tout comme celle prise en 1945, a été amèrement reprochée au PCF par les gauchistes de tout poil…
(2) L’exemple le plus extrême se trouve peut-être dans l’Education nationale, où chaque projet de réforme de l’école butte immédiatement sur la question de la rémunération des enseignants, et où chaque tâche nouvelle suscite immédiatement l’exigence d’une compensation monétaire. Mais il y a d’autres exemples amusants, comme l’exigence syndicale que les bénévoles prêtant leur concours à l’organisation des Jeux Olympiques soient rémunérés…
Au sujet des grèves on rappellera la formule triste mais vraie de Sarkozy : “Quand les gens font grèves, la plupart des gens ne le remarquent même pas”. En effet ça plus de 30 ans que les classes populaires vont de défaite en défaite pour soient l’augmentation des salaires et de l’amélioration de leurs cadres de travail ou même simplement de défendre leurs emplois. Donc à partir de là difficile de reprocher aux grévistes de mener des grèves opportunistes.
[ C’est vrai. Mais au-delà de cette différence, les Jeux restent une opération dans laquelle le prestige de notre pays est engagé. Des millions de visiteurs seront présents, les médias du monde entier seront braqués sur nous. Les mouvements revendicatifs en cours donnent la désagréable impression que le succès des Jeux Olympiques – avec ce que cela implique en termes de l’image que notre pays donne au monde – n’intéresse finalement que le gouvernement, que l’ensemble des agents publics n’y accorde aucune importance, au point d’être prêts à les mettre en danger si une compensation monétaire n’est pas accordée. C’est tout de même problématique.]
Sur les JO, je pense que vous surestimez cet évènement car comme je vous l’ai dit dans un précédent billet il y a chez les français une certaine indifférence et même à l’étranger. Ainsi j’ai vu au JT que les réservations dans l’hôtellerie sont faible – ils s’attendaient à une surcapacité des places – avec des chambres vides dans cette période. Je vous le dit le prestige de la France est morte. Rien qu’avec la sécurité ça décourage les gens notamment la mise en place d’ un état de siège de Paris comme on l’a vu à Marseille pour l’arrivé de la flamme olympique. Je peux vous rajouter la finale de la ligue de champion 2022 (Real Madrid-Liverpool) où toute la racaille des cités sous la coupe des gangs francilienne ont convergé pour attaquer, voler ou parasiter la finale où le MONDE ENTIER A VU l’insécurité + les émeutes de juin dernier. Face à tout face cela ne vaut pas la peine d’assister.
@ Glarrious
[Donc à partir de là difficile de reprocher aux grévistes de mener des grèves opportunistes.]
Qu’ils mènent des grèves « opportunistes », c’est dans la logique d’une société régie par le rapport monétaire. Il n’y a donc pas grande chose à leur reprocher. Cela m’attriste, parce que je reste attaché à une conception qu’on pourrait qualifier d’aristocratique, dans laquelle le rapport au travail n’est pas purement un rapport d’argent, où l’honneur et la fierté de l’ouvrage bien fait, et pour les travailleurs du secteur public l’attachement à l’intérêt général, jouent un rôle important dans les rapports de travail – que ce soit chez le travailleur ou chez l’employeur, d’ailleurs. Oui, je le sais, je suis un dinosaure…
[Sur les JO, je pense que vous surestimez cet évènement car comme je vous l’ai dit dans un précédent billet il y a chez les français une certaine indifférence et même à l’étranger.]
Cela se comprend. Cela fait quelque temps que les Jeux Olympiques ne sont plus « la fête du sport », mais une opération éminemment commerciale. Difficile de s’enthousiasmer pour une cérémonie d’ouverture à 2000 € la place, par un passage de la flamme où seules sont traversées les communes qui ont accepté de cracher au bassinet, par une multiplication à l’infini des disciplines olympiques poussée par les vendeurs d’équipements. On et là encore dans cette logique qui réduit tout à un rapport d’argent. Mais vous verrez que les audiences seront au rendez-vous à la télévision…
[Ainsi j’ai vu au JT que les réservations dans l’hôtellerie sont faibles – ils s’attendaient à une surcapacité des places – avec des chambres vides dans cette période.]
Faut dire que les hôteliers – comme les particuliers à qui on a fait miroiter des prix de location courte durée fabuleux à longueur de reportages – ont été beaucoup trop gourmands. Et puis, à quoi bon venir en personne à Paris pour les jeux, alors qu’on peut regarder les compétitions à la télévision avec des images d’une qualité et des points de vue qu’on n’aura jamais depuis une tribune ?
[Je vous le dis le prestige de la France est mort.]
Il ne faut pas exagérer dans cette logique de haine de soi. Paris n’est peut-être plus la « ville lumière », mais ce qui se passe chez nous intéresse le monde. Pensez à la résonance mondiale qu’a eu l’attentat de Charlie Hebdo. Quand vous lisez les journaux étrangers, vous vous apercevez que le prestige de la France – et tout particulièrement de Paris – reste internationalement assez présent.
[Rien qu’avec la sécurité ça décourage les gens notamment la mise en place d’un état de siège de Paris comme on l’a vu à Marseille pour l’arrivé de la flamme olympique.]
Je ne sais pas. Sur quoi vous appuyez-vous pour conclure que cette sécurité « décourage les gens » ? J’aurais tendance plutôt à penser que cela les rassure. En tout cas, à Marseille il y avait beaucoup de monde…
[Je peux vous rajouter la finale de la ligue de champion 2022 (Real Madrid-Liverpool) où toute la racaille des cités sous la coupe des gangs francilienne ont convergé pour attaquer, voler ou parasiter la finale où le MONDE ENTIER A VU l’insécurité + les émeutes de juin dernier. Face à tout face cela ne vaut pas la peine d’assister.]
A côté, vous avez les réussites comme la coupe du monde de foot en 1998, ou celle de rugby en 2023, qui ont été de superbes réussites. Bien sûr, s’exposer sous les projecteurs implique prendre le risque de faire un impair. Est-ce une raison pour vivre caché ? Je ne le pense pas. L’expérience de la ligue des champions 2022 montre qu’il faut prendre la problématique de sécurité au sérieux, non seulement vis-à-vis du terrorisme mais aussi de la criminalité ordinaire.
[ Il ne faut pas exagérer dans cette logique de haine de soi. Paris n’est peut-être plus la « ville lumière », mais ce qui se passe chez nous intéresse le monde. Pensez à la résonance mondiale qu’a eu l’attentat de Charlie Hebdo.]
Et la résonance mondiale s’est illustré comment ? Par ce fameux défilé de certains chefs d’Etats selon vous ? Je vous rappelle que Obama n’était même pas venu. Pour ma part cette résonance s’est illustré dans le monde musulman par des manifestations à grand de cri de “A bas la France”, “Mort au français” et que pour eux l’attentat était justifié par les caricatures.
[ Quand vous lisez les journaux étrangers, vous vous apercevez que le prestige de la France – et tout particulièrement de Paris – reste internationalement assez présent.]
N’étant pas aux nouvelles des journaux étrangers, pouvez-vous me décrire comment le prestige se présente sur leurs papiers ?
[Je ne sais pas. Sur quoi vous appuyez-vous pour conclure que cette sécurité « décourage les gens » ? ]
Par le fait des parisiens ne resteront pas probablement sur place durant l’évènement.
[ L’expérience de la ligue des champions 2022 montre qu’il faut prendre la problématique de sécurité au sérieux, non seulement vis-à-vis du terrorisme mais aussi de la criminalité ordinaire.]
Que l’actualité montre que le problème n’est pas pris au sérieux:
-attaque au couteau dans le métro de Lyon
-attaque au péage contre un bus de supporter lors de la finale de Coupe de France (PSG-OL)
-évasion d’un trafiquant de drogues qui conduit aux meurtres d’agents pénitencier lors du convoi.
-la transformation des prisons en club Med version éco+
Et j’en passe
@ Glarrious
[« Il ne faut pas exagérer dans cette logique de haine de soi. Paris n’est peut-être plus la « ville lumière », mais ce qui se passe chez nous intéresse le monde. Pensez à la résonance mondiale qu’a eu l’attentat de Charlie Hebdo. » Et la résonance mondiale s’est illustré comment ?]
Par des dizaines et dizaines d’articles à la une des plus grands journaux et magazines du monde. Par des déclarations de la quasi-totalité des gouvernements. Par l’affichage du « je suis Charlie » sur beaucoup de bâtiments et de squares partout dans la planète. Ne sous-estimez pas le poids symbolique que la France, de par son histoire plus que par son action présente, garde dans le monde.
[Pour ma part cette résonance s’est illustré dans le monde musulman par des manifestations à grand de cri de “A bas la France”, “Mort au français” et que pour eux l’attentat était justifié par les caricatures.]
Etre détesté, cela est aussi une preuve d’influence. Personne ou presque ne prend la peine de détester les Suisses ou les Salvadoriens.
[« Quand vous lisez les journaux étrangers, vous vous apercevez que le prestige de la France – et tout particulièrement de Paris – reste internationalement assez présent. » N’étant pas aux nouvelles des journaux étrangers, pouvez-vous me décrire comment le prestige se présente sur leurs papiers ?]
Pour ne donner qu’un exemple, un journal aussi important internationalement que « The Economist » consacre plus d’un article par semaine analyses à notre pays (contre un par mois pour l’Espagne, par exemple…).
[« Je ne sais pas. Sur quoi vous appuyez-vous pour conclure que cette sécurité « décourage les gens » ? » Par le fait des parisiens ne resteront pas probablement sur place durant l’évènement.]
Autrement dit, vous déduisez une conclusion d’une prédiction ? Comment savez-vous dans quelle proportion « les parisiens ne resteront pas probablement sur place » ?
[Que l’actualité montre que le problème n’est pas pris au sérieux:]
J’ignorais que les jeux olympiques avaient déjà commencé…
[ Etre détesté, cela est aussi une preuve d’influence. Personne ou presque ne prend la peine de détester les Suisses ou les Salvadoriens.]
Etre détesté par eux nous conduit par des appels au djihad contre la France donc bon il est préférable d’être les Suisses ou les Salvadoriens.
[ Autrement dit, vous déduisez une conclusion d’une prédiction ? Comment savez-vous dans quelle proportion « les parisiens ne resteront pas probablement sur place » ?]
Par leurs intentions de ces mêmes parisiens.
Ou ici.
[ J’ignorais que les jeux olympiques avaient déjà commencé…]
Disons que c’est un avant goût de ce qui passera. Je rappelle que une partie des JO auront lieu dans le département de Seine-Saint-Denis, tristement célèbre, dont la racaille vont en profiter pour la même chose lors de la finale de la Ligue des Champions.
@ Glarrious
[Etre détesté par eux nous conduit par des appels au djihad contre la France donc bon il est préférable d’être les Suisses ou les Salvadoriens.]
Vraiment ? Pensez-vous qu’il vaudrait mieux pour la France de se retirer des affaires du monde, qu’il vaut mieux rester tranquille dans son coin à regarder les trains passer tout en cultivant son jardin plutôt que de participer aux affaires de la cité au risque de se faire détester ?
[« Autrement dit, vous déduisez une conclusion d’une prédiction ? Comment savez-vous dans quelle proportion « les parisiens ne resteront pas probablement sur place » ? » Par leurs intentions de ces mêmes parisiens.]
Et bien, les articles que vous citez ne soutiennent que très faiblement votre point de vue. Le premier commence ainsi : « à cent jours de l’ouverture des JO, près de la moitié des Parisiens ENVISAGENT de fuir la capitale » (c’est moi qui souligne). Vous noterez la différence considérable entre « envisager » et « avoir l’intention ». Si les gens faisaient tout ce qu’ils « envisagent », le monde serait très différent… Mais surtout, l’étude présente un biais important, qui tient aux dates. Oui, l’étude sur laquelle se base l’article indique que 47% des parisiens envisagent de quitter la capitale. Mais en temps normal, combien de parisiens délaissent leurs foyers dans la période du 26 juillet au 11 août ? Personnellement, il me faut remonter très loin pour trouver une année où je sois resté à Paris pendant toute cette période… et je pense que c’est le cas de nombreux franciliens sinon de la majorité. Tout ce qu’on peut déduire de l’article en question, c’est que les JO n’ont pas encouragé les parisiens à renoncer à leurs vacances et à rester à Paris pour participer à la fête. Ce qui était somme toute prévisible.
L’article du Parisien est plus intéressant, en ce qu’il essaye d’individualiser les causes du soi-disant exode. Le premier motif cité est « l’aubaine financière en termes de locations d’appartements que représente une telle compétition » ou bien « les complications annoncées dans les transports ». La question de la sécurité, qui était selon vous la motivation de l’exode (je vous cite : « la sécurité ça décourage les gens notamment la mise en place d’ un état de siège de Paris »), n’est même pas mentionnée.
[« J’ignorais que les jeux olympiques avaient déjà commencé… » Disons que c’est un avant-goût de ce qui passera.]
Pas nécessairement. A ma connaissance, le dispositif de sécurité qui sera mis en œuvre pendant les jeux n’est pas encore en place. Juger de ce qui se passera pendant les jeux à partir de ce qui se passe aujourd’hui me paraît pour le moins excessif, et encore plus excessif d’affirmer que les autorités « ne prennent pas au sérieux » la menace sur les JO.
[Je rappelle qu’une partie des JO auront lieu dans le département de Seine-Saint-Denis, tristement célèbre, dont la racaille vont en profiter pour la même chose lors de la finale de la Ligue des Champions.]
Sauf que, si je prends votre affirmation à la lettre, la « racaille » sera partie, puisque vous m’affirmez que les parisiens déserteront Paris… mais peut-être que l’effet départ ne se manifestera que dans les limites du boulevard périphérique ?
À Descartes
[La banalisation des agents publics est en marche, avec la complicité des premiers intéressés et des organisations syndicales et politiques censées les représenter. De plus en plus, on conçoit le rapport entre l’agent public et son employeur comme un simple rapport contractuel, où toute modification dans l’exigence doit être nécessairement compensée en espèces sonnantes et trébuchantes. Et les camarades syndiqués y contribuent en projetant sur le secteur public les rapports et le langage du privé.]
Bon résumé. J’ai personnellement pu observer l’évolution dans les médias publics, où elle se complique d’une défensive braquée et conduit à des erreurs stratégiques, je le crains.
On peut ajouter que nos syndicats sont totalement emportés, comme en contrepartie, par la vague de culture Woke ou Meetoo, ce qui en les rendant plus « citoyens » les fait moins fonctionnaires encore, puisque ce type d’engagement est celui de tout le monde ou du moins de n’importe qui.
@ Geo
[Bon résumé. J’ai personnellement pu observer l’évolution dans les médias publics, où elle se complique d’une défensive braquée et conduit à des erreurs stratégiques, je le crains.]
On goûte à mon avis les fruits amers de la dépolitisation des syndicats. C’est le triomphe de la vieille tradition anarcho-syndicaliste française, dont on peut voir la marque dans la Charte d’Amiens de 1906 : « La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat ». Ce « en dehors de toute école politique » rend très difficile le dépassement d’une vision étroitement revendicative.
Le fait que la CGT fut la « courroie de transmission » du PCF, la CFDT celle du PS et du PSU, la CFTC celle des social-chrétiens donnait à leur action une cohérence idéologique et qu’on a largement perdu depuis que, dans les années 1990, on est revenu à un syndicalisme apolitique – qui d’ailleurs garde de la Charte d’Amiens l’idée d’indépendance des organisations politiques, mais a enterré depuis bien longtemps la lutte des classes. Elle empêche par ailleurs que des mouvements sociaux importants trouvent un débouché politique.
[On peut ajouter que nos syndicats sont totalement emportés, comme en contrepartie, par la vague de culture Woke ou Meetoo, ce qui en les rendant plus « citoyens » les fait moins fonctionnaires encore, puisque ce type d’engagement est celui de tout le monde ou du moins de n’importe qui.]
C’est une position pragmatique. Après trois décennies de batailles perdues, les syndicats ont compris qu’ils n’ont pas les moyens de gagner des batailles dans le champ économique et social. Ils se concentrent donc sur des batailles sociétales, domaine où le patronat est prêt à faire des concessions qui ne lui coûtent pas grand-chose pour avoir la paix. Dans mon établissement, les syndicats sont plus actifs sur l’égalité homme-femme que sur les salaires ou les conditions de travail.
Bonjour,
J’attend avec impatience votre analyse sur les évènements en cours en Nouvelle Calédonie.
Bien à vous,
@ Denis Weill
Patience, patience…
Je vais prendre la defense de la CGT, Sud et autres.
Les JO sont une gabegie d argent public et il n y a aucune raison que seul Estanguet et le CIO en profitent. La comparaison avec la guerre est completement hors de propos. Dans le premier cas les beneficaires sont tres majoritairement votre pays et ses concitoyens, dans le second cas votre pays n en beneficie qu a la marge (Paris n a pas besoin de JO pour attirer les touristes et une contre publicite pour les JO n aura pas plus d effet que les emeutes apres la mort du fameux Nahel qui ont ete pourtant diffusées sur toutes les TV du monde).
Un succes de l orgagnisation des JO signifira simplement un deficit un peu moindre (5 milliards estime par la cour des comptes). Si j etais provocateur, je dirai qu un chaos lors des JO serait meme une chance pour la France car ca nous eviterai les JO d hiver et donc encore plusieurs millards de deficit supplementaire a combler (c est meme pas sur, le CIO a du mal a trouver des pigeons et la France a un immense atout sur les autres pays: il n y a pas de referendum qui peuvent torpiller le barnum)
@ cdg
[Je vais prendre la défense de la CGT, Sud et autres.]
J’aurais au moins réussi ça… cela étant dit, à leur place, je m’inquiéterais de me voir défendu par vous, compte tenu de vos positions en matière économique.
[Les JO sont une gabegie d’argent public et il n y a aucune raison que seul Estanguet et le CIO en profitent.]
Je trouve le raisonnement intéressant. Autrement dit, dès lors qu’il y a « gabegie », il devient légitime pour chacun d’essayer de grappiller ce qui peut l’être. J’ai bien compris ?
[La comparaison avec la guerre est complètement hors de propos. Dans le premier cas les bénéficiaires sont très majoritairement votre pays et ses concitoyens, dans le second cas votre pays n’en bénéficie qu’à la marge (Paris n’a pas besoin de JO pour attirer les touristes et une contre publicité pour les JO n’aura pas plus d’effet que les émeutes après la mort du fameux Nahel qui ont été pourtant diffusées sur toutes les TV du monde).]
Je ne suis pas persuadé. Pourquoi à votre avis autant de pays se battent pour pouvoir organiser les JO ? Et je ne vous parle pas de petits pays où des mafias au pouvoir peuvent détourner une partie de l’argent, mais de grands pays comme la Chine, le Japon, les Etats Unis ou la Grande Bretagne. Parce que loin d’être une « gabegie », les jeux rapportent. Parler du « déficit » n’a aucun sens : ce « déficit » ne représente que l’écart entre les prévisions de recettes et ce qui est effectivement réalisé. Oui, mettons que les jeux nous coûtent 5 Md€. Mais ils nous laisseront aussi tous les investissements réalisés : nettoyage de la Seine, construction d’installations sportives, cité olympique, renforcement des réseaux franciliens… et tout ça pour 5 Md€ supplémentaires ?
Il y a aussi un gain immatériel, celui de l’image du pays. La Grande Bretagne a fait sourire le monde avec le saut en parachute de la Reine. Pour vous, ce n’est peut-être pas une nouveauté, mais pour des milliards de terriens cela a mis Londres et l’humour anglais sur la carte.
[Un succès de l’organisation des JO signifiera simplement un déficit un peu moindre (5 milliards estime par la cour des comptes).]
Harpagon serait ravi. Avec des raisonnements comme celui-là, nous n’aurions pas Versailles.
[Autrement dit, dès lors qu’il y a « gabegie », il devient légitime pour chacun d’essayer de grappiller ce qui peut l’être. J’ai bien compris ?]
Sans etre legitime , c est moralement plus acceptable. C est comme c est plus acceptable de voler un dealer qu une grand mere bien que le vol est une mauvaise action
[Pourquoi à votre avis autant de pays se battent pour pouvoir organiser les JO ?]
Qui se bat pour avoir les JO ? Paris etait la seul candidate. Et pour les prochain c est LA car c est aussi les seuls. Pour les JO d hiver on va etre designé car le CIO ne veut pas risque de choisir un candidat qui va se prendre un referendum et sera forcé d annuler.
Et aller faire les JO uniquement dans des dictatures c est pas tres glamour pour les sponsors
[Parce que loin d’être une « gabegie », les jeux rapportent. Parler du « déficit » n’a aucun sens : ce « déficit » ne représente que l’écart entre les prévisions de recettes et ce qui est effectivement réalisé.]
Vous devriez expliquer votre concept a la cour des comptes. Quand les depenses sont superieures aux recettes, on a un deficit (ce que notre pauvre ministre des finances semble aussi a avoir du mal a comprendre)
Quasiment tous les JO sont deficitaires. Pour rester en France, les JO d albertville l ont ete et le contribuable a payé (bien placé pour le savoir ma famille vient de là). Apres c est sur que certains en profitent, un membre de ma famille a pu vendre son affaire a un prix inesperé avant les JO car comme a Paris les gens pensaient avoir touché le jack pot (a l epoque c etait pas air BnB mais la meme logique etait a l œuvre). Mais globalement les citoyens sont tondus pour les JO meme si certains tirent leur epingle du jeu
[ Oui, mettons que les jeux nous coûtent 5 Md€. Mais ils nous laisseront aussi tous les investissements réalisés : nettoyage de la Seine, construction d’installations sportives, cité olympique, renforcement des réseaux franciliens… et tout ça pour 5 Md€ supplémentaires ?]
La question est un peut differente. Est ce qu on aurait depensé les 5 milliards dans des stades ou le nettoyage de la seine (pour ce dernier probablement en pure perte, non seulement c est pas sur que ca suffise mais en plus je suis prêt a parier que la situation se degradera rapidement car on ne va pas traiter les causes, juste les symptomes de la pollution)Si vous repondez non, c est que les JO sont une mauvaise allocation des ressources (pas que financieres, on va former par ex plein de gens pour faire vigile. formation qui va servir pour 15 j et apres ces gens feront autre chose car le besoin de vigiles n est pas extensible)
[Il y a aussi un gain immatériel, celui de l’image du pays.]
Vous pensez que ca joue pour Paris ? C est une des villes les plus connue du monde et la France un pays archi connu (meme si certains se savent pas que Paris est en France). Si le but du jeu c est l image de Paris/France, autant sponsoriser une TV chinoise ou indienne pour faire une emission de tele realité (il y eut un afflux de chinois en alsace car la TV chinoise a fait une emission avec des chinois la bas : https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/haut-rhin/colmar/telerealite-chinoise-se-tournera-mai-colmar-1457231.html). Vous allez avoir le meme resultat, mais a coup sur car vous controlez les images et pour meme pas 0.1 % du prix de JO
[Harpagon serait ravi. Avec des raisonnements comme celui-là, nous n’aurions pas Versailles.]
Contrairement a Versailles qui existe est est visité encore apres 300 ans, pas grand-chose ne restera des JO en 2025 (tout a fait logique le gros des depenses c est de l ephemere) et pour sur rien ne restera dans 300 ans. Y a t il des touristes qui vont voir grenoble 68 ? albertville 92 ? Quand on me parle du reste des JO, la premiere chose qui me vient a l idee c est des installations abondonnees comme en grece (ou a grenoble) ou la piste de bob de la plagne (4t d ammoniaque qu il faudra un jour traiter et qui sera bien sur a la charge du contribuable). D un certain coté c est pas si mal comme souvenir, j ai pas cité la flamme olympique (une idee de propagande geniale mais dont l auteur sent le soufre) ou Munich 72
@ cdg
[« Autrement dit, dès lors qu’il y a « gabegie », il devient légitime pour chacun d’essayer de grappiller ce qui peut l’être. J’ai bien compris ? » Sans être légitime , c’est moralement plus acceptable.]
On ne doit pas avoir la même morale. La mienne n’entend pas l’argument « si tout le monde vole, pourquoi pas moi ».
[C’est plus acceptable de voler un dealer qu’une grand mere bien que le vol est une mauvaise action]
La comparaison est inopérante. La « gabegie » ne change rien au fait que le vol se fait au préjudice de l’Etat. Si voler l’argent public est inacceptable, alors le fait qu’il y ait « gabegie » ne change en rien le statut moral de la chose.
[« Pourquoi à votre avis autant de pays se battent pour pouvoir organiser les JO ? » Qui se bat pour avoir les JO ? Paris était la seule candidate.]
D’où sortez-vous ça ? Au départ, une vingtaine de villes étudient des candidatures (Durban, Melbourne, Bakou, Hambourg, Paris, Los Angeles, San Francisco, Doha, Istanbul,…). Parmi celles-ci, trois déposeront des dossiers officiels : Hambourg, Rome, Paris et Los Angeles. Hambourg se désistera ensuite suite à un référendum local, Rome suite à un changement de majorité municipale, et contre l’avis du gouvernement et des secteurs économiques. Il restera donc deux villes en concurrence, Los Angeles et Paris. Le CIO coupera la poire en deux en attribuant simultanément les jeux de 2024 et ceux de 2028, les uns à Paris, les autres à Los Angeles.
[Et pour les prochain c est LA car c est aussi les seuls.]
Vous faites erreur. Los Angeles était candidate aux jeux de 2024, et a accepté l’attribution de ceux de 2028 qui du coup s’est faite sans appel à candidatures.
[« Parce que loin d’être une « gabegie », les jeux rapportent. Parler du « déficit » n’a aucun sens : ce « déficit » ne représente que l’écart entre les prévisions de recettes et ce qui est effectivement réalisé. » Vous devriez expliquer votre concept a la cour des comptes. Quand les depenses sont superieures aux recettes, on a un deficit (ce que notre pauvre ministre des finances semble aussi a avoir du mal a comprendre)]
Sauf que, au départ, le budget était présenté en équilibre. Le déficit ne peut résulter donc que d’un dérapage des dépenses ou d’un écart entre prévision et réalisé sur les recettes. Si je lis bien le rapport de la cour des comptes, le déficit résulte essentiellement d’une surestimation des recettes, plus que d’un dérapage des dépenses.
[Quasiment tous les JO sont deficitaires.]
Oui, comme quasiment toutes les entreprises de chemin de fer. Est-ce une raison pour arrêter les trains ? Non, parce que les externalités du service ferroviaire dépassent largement le coût des déficits couverts par la collectivité.
[« Oui, mettons que les jeux nous coûtent 5 Md€. Mais ils nous laisseront aussi tous les investissements réalisés : nettoyage de la Seine, construction d’installations sportives, cité olympique, renforcement des réseaux franciliens… et tout ça pour 5 Md€ supplémentaires ? » La question est un peut differente. Est ce qu on aurait depensé les 5 milliards dans des stades ou le nettoyage de la seine (…) Si vous repondez non, c est que les JO sont une mauvaise allocation des ressources]
Je vous propose un raisonnement. Disons que les jeux olympiques rapportent 15 Md€ , et qu’ils nous coûtent au total 20 Md€. Et que sur cette dernière somme on consacre 5 Md€ au nettoyage de la Seine et la construction des installations éphémères, et 15 Md€ dans la construction d’installations en dur qui seront réutilisés, de logements des athlètes qui seront ensuite transformés en logements sociaux, des nouveaux métros du grand paris. Sous ces hypothèses, il y aura bien 5 Md€ de déficit à couvrir avec de l’argent public, mais avec ces 5 Md€ le pays hérite d’un patrimoine qui en vaut 15. N’est-ce pas là une très bonne affaire ?
[(pas que financieres, on va former par ex plein de gens pour faire vigile. formation qui va servir pour 15 j et apres ces gens feront autre chose car le besoin de vigiles n est pas extensible)]
Compte tenu du climat général, je peux vous assurer que tous ces gens trouveront très facilement du travail…
[Il y a aussi un gain immatériel, celui de l’image du pays.]
[Vous pensez que ca joue pour Paris ? C’est une des villes les plus connue du monde et la France un pays archi connu (meme si certains se savent pas que Paris est en France).]
« Connue » certainement. Mais une réputation s’entretien en permanence, cet après des années de « french bashing » – sans compter le « french auto-bashing », je trouve bien de montrer à des millions des visiteurs que nous sommes capables d’organiser un grand évènement.
[Si le but du jeu c est l image de Paris/France, autant sponsoriser une TV chinoise ou indienne pour faire une emission de tele realité]
Tout dépend de l’image que vous voulez transmettre…
[« Harpagon serait ravi. Avec des raisonnements comme celui-là, nous n’aurions pas Versailles.»
Contrairement a Versailles qui existe est est visité encore apres 300 ans, pas grand-chose ne restera des JO en 2025]
Je pense que les nouvelles lignes de métro et RER seront là, peut-être pas dans trois siècles, mais au moins dans 100 ans. C’est déjà pas mal. J’ajoute que le stade de Colombes et ses annexes, construit pour les JO de 1924 avait encouru les mêmes critiques… et qu’il a été le stade principal de l’Ile de France jusqu’à la construction du Parc des Princes dans les années 1970, et plusieurs fois remanié reste en fonctions aujourd’hui… et sera réutilisé pour les JO de 2024.
[Au départ, une vingtaine de villes étudient des candidatures (Durban, Melbourne, Bakou, Hambourg, Paris, Los Angeles, San Francisco, Doha, Istanbul,…). Parmi celles-ci, trois déposeront des dossiers officiels : Hambourg, Rome, Paris et Los Angeles. Hambourg se désistera ensuite suite à un référendum local, Rome suite à un changement de majorité municipale, et contre l’avis du gouvernement et des secteurs économiques. Il restera donc deux villes en concurrence, Los Angeles et Paris. Le CIO coupera la poire en deux en attribuant simultanément les jeux de 2024 et ceux de 2028, les uns à Paris, les autres à Los Angeles. ]
vous reconnaissez en creux que personne ne souhaite les JO. Il y a pletore de candidats potentiels mais au final 4 seulement font un dossier, sur ces 4, la moitie renonce suite a un vote. Et les 2 qui restent se partagent le marché. Car soyons clair, s il y avait de nombreux candidats pour 2028, le marchandage Pairs/LA n aurait pas pu avoir lieu : c est un peu comme si lors des presidentielle, on aurait QUE 2 candidats (Macron/Le Pen) et que ces 2 s entendent pour ne pas faire d election en mettant Macron president puis Le Pen 5 ans plus tard …
[Sauf que, au départ, le budget était présenté en équilibre.]
Vous etes quand meme pas naif au point de croire qu ils allaient presenter un budget realiste qui prevoit un deficit XXL. C est de bonne guerre de gonfler les recettes et de minimiser les depensesDans le cas des JO, le plus drole c est que certains osent encore promettre des budgets equilibrés. Aucun JO n a ete a l equilibre depuis a moins 25 ans (et je suis gentil car les seuls qui ont reussit cette prouesse dans l histoire recente etaient atlanta en 96, je suis sur que depuis les annees 60 au moins les JO sont deficitaires). Et dans notre cas, pas mal de depenses ne seront pas comptabilisés comme «JO». Par ex, loger en regions des demandeurs d asile et SDF pour que paris fasse moins cours de miracle ne sera pas dans le budget JO
[Disons que les jeux olympiques rapportent 15 Md€ , et qu’ils nous coûtent au total 20 Md€. Et que sur cette dernière somme on consacre 5 Md€ au nettoyage de la Seine et la construction des installations éphémères, et 15 Md€ dans la construction d’installations en dur qui seront réutilisés]
Je doute qu on soit dans un tel rapport de 1 a 3 entre les depenses ephemeres et les depenses perennes. Et meme dans le cas des depenses perennes, il faut bien voir que certaines sont en fait un cadeau empoisonné. Si je construit un stade immense qui n est quasi jamais rempli apres les JO , j ai certes un joli stade mais qui coute tres cher en entretien alors qu un stade bien plus petit aurait mieux fait l affaire (ou alors on fait comme en grece et on laisse pourrir le stade). https://www.lemonde.fr/blog/ecosport/2021/11/13/stade-de-france-un-bilan-economique-affligeant/On peut meme pas dire que ca va etre utile pour developper le sport car ce type d installation sont inaccessibles au sportif moyen (et meme plus que moyen, le FC St Denis ne joue pas au stade de France)
De toute facon, il faut quand meme coherent. On peut pas se plaindre que l etat n investi pas dans la recherche, l education … et apres applaudir quand celui ci construit des piscines olympiques ou des stades
{[Si le but du jeu c est l image de Paris/France, autant sponsoriser une TV chinoise ou indienne pour faire une emission de tele realité]Tout dépend de l’image que vous voulez transmettre…}
En etant cynique, je dirai qu une tele realite chinoise va transmettre ce que vous souhaitez transmettre vu que c est vous qui payez et qui controlez quaismen tout. Dans le cas des JO, il y a tellement de monde que vous ne pouvez plus rien controler. Meme si tout se passe bien, vous pouvez avoir un incident qui va etre super mediatisé et ne refletera pas la realité. Imaginez par ex que le presentateur vedette d une chaine de TV (ou un youtuber pour faire plus moderne) se fasse depouiller et envoyer a l hopital comme lors de la ligue des champions
@ cdg
[« Au départ, une vingtaine de villes étudient des candidatures (Durban, Melbourne, Bakou, Hambourg, Paris, Los Angeles, San Francisco, Doha, Istanbul,…). Parmi celles-ci, trois déposeront des dossiers officiels : Hambourg, Rome, Paris et Los Angeles. Hambourg se désistera ensuite suite à un référendum local, Rome suite à un changement de majorité municipale, et contre l’avis du gouvernement et des secteurs économiques. Il restera donc deux villes en concurrence, Los Angeles et Paris. Le CIO coupera la poire en deux en attribuant simultanément les jeux de 2024 et ceux de 2028, les uns à Paris, les autres à Los Angeles. » vous reconnaissez en creux que personne ne souhaite les JO.]
Relisez mon paragraphe, et vous verrez que je ne « reconnais » rien de tel. Au contraire, je vous montre que plein de gens voulaient au départ les JO, qu’au fur et à mesure certains ont réalisé qu’ils n’avaient aucune chance et ont abandonné la course, que finalement quatre villes les voulaient vraiment – au point de dépenser des millions d’euros pour monter un dossier. Et que si les aléas politiques ont provoqué l’abandon de deux candidatures, il est resté à la fin deux villes candidates. Pour conclure que « personne ne souhaite les JO », il faut vraiment ne pas vouloir voir la réalité…
[Car soyons clair, s’il y avait de nombreux candidats pour 2028, le marchandage Pairs/LA n aurait pas pu avoir lieu : c’est un peu comme si lors des présidentielle, on aurait QUE 2 candidats (Macron/Le Pen) et que ces 2 s entendent pour ne pas faire d election en mettant Macron president puis Le Pen 5 ans plus tard …]
Pas vraiment. La décision surprise du CIO a provoqué d’ailleurs un grand nombre de protestations, puisque l’appel de candidatures pour 2028 n’avait pas été ouvert. Si le CIO a fait ce choix, c’est parce que Los Angeles avait dépensé pas mal d’argent pour monter son dossier, et qu’ils ont fait une énorme pression sur le CIO pour ne pas le perdre…
[« Sauf que, au départ, le budget était présenté en équilibre. » Vous n’êtes quand même pas naïf au point de croire qu’ils allaient présenter un budget réaliste qui prévoit un déficit XXL.]
D’autant plus que la loi oblige les établissements publics à présenter des budgets en équilibre. Mais la question n’est pas là. Le budget était présenté à l’équilibre, et les dépenses n’ont pas dérapé. Il s’ensuit, avec une impeccable logique, que le déficit tient à une réalisation des recette plus faible que prévue. Et c’était là mon point.
[C’est de bonne guerre de gonfler les recettes et de minimiser les depenses. Dans le cas des JO, le plus drole c est que certains osent encore promettre des budgets equilibrés.]
Ce n’est pas une question de courage, mais une obligation légale. Il n’est pas permis de présenter des budgets en disant « il y aura un trou et on ne sait pas comment on va le combler ».
[« Disons que les jeux olympiques rapportent 15 Md€ , et qu’ils nous coûtent au total 20 Md€. Et que sur cette dernière somme on consacre 5 Md€ au nettoyage de la Seine et la construction des installations éphémères, et 15 Md€ dans la construction d’installations en dur qui seront réutilisés » Je doute qu on soit dans un tel rapport de 1 a 3 entre les dépenses éphémères et les dépenses pérennes. Et même dans le cas des dépenses pérennes, il faut bien voir que certaines sont en fait un cadeau empoisonné. Si je construis un stade immense qui n’est quasi jamais rempli après les JO, j’ai certes un joli stade mais qui coute très cher en entretien alors qu’un stade bien plus petit aurait mieux fait l’affaire (ou alors on fait comme en grece et on laisse pourrir le stade).]
C’est pourquoi on a préféré pour les JO de 2024 de construire certaines infrastructures sur le mode éphémère. Les anglais avaient d’ailleurs fait de même pour les JO de Londres, et finalement ils n’ont pas eu à le regretter. Quant à votre article sur le Stade de France, il est amusant dans le genre habituel de la « haine de soi ». D’une part, il ne donne aucun détail sur la fréquentation. Mais surtout, il repose sur l’idée qu’un stade doit forcément rapporter de l’argent. Si l’on appliquait ce principe, il faudrait fermer la plupart des musées, l’Opéra de Paris, la BNF…
[De toute façon, il faut quand même cohérent. On ne peut pas se plaindre que l’état n’investit pas dans la recherche, l’éducation … et après applaudir quand celui-ci construit des piscines olympiques ou des stades]
Encore une fois, je suis fasciné par la manière dont vous considérez la dépense publique. Pour vous, on peut parfaitement se plaindre que l’Etat n’investisse pas dans la recherche ou l’éducation tout en applaudissement les aides aux patrons ou la baisse de la fiscalité sur les revenus du capital. Mais si l’argent est dépensé en stades et piscines, alors là, c’est un scandale…
[En étant cynique, je dirai qu’une tele realite chinoise va transmettre ce que vous souhaitez transmettre vu que c’est vous qui payez et qui controlez quasiment tout.]
Si c’est une télé réalité chinoise, ce sont les chinois que « payent et contrôlent quasiment tout »… et le public verra ce que les producteurs choisiront de lui montrer.
[Dans le cas des JO, il y a tellement de monde que vous ne pouvez plus rien contrôler. Même si tout se passe bien, vous pouvez avoir un incident qui va être super médiatisé et ne reflètera pas la réalité. Imaginez par ex que le présentateur vedette d’une chaine de TV (ou un youtuber pour faire plus moderne) se fasse dépouiller et envoyer à l’hôpital comme lors de la ligue des champions]
Faire de grandes choses implique nécessairement de grands risques. Envoyer une fusée dans l’espace implique nécessairement le risque que la fusée explose au lancement…
@ Descartes
La lecture de ce billet m’attriste beaucoup, ou plutôt exacerbe une tristesse déjà présente, car je fais le même constat que vous.
Vous pointez et synthétisez les causes principales de cette évolution, dans une société de plus en plus individualiste il est naturel que, progressivement, les agents du service public soient aussi des clients consommateurs et se détournent de facto de l’interrêt collectif.
Je ne connais pas bien la SNCF, j’ai plutôt observé l’évolution dans les IEG (je suis un ancien ingénieur EDF), aussi il y a un aspect que vous n’abordez pas il me semble, c’est le management et le recrutement dans ces entreprises, et aussi les critères de promotion du personnel. Je crois que sont des facteurs de premier ordre dans la culture d’entreprise et la façon dont elle évolue.
@ Manchego
[Vous pointez et synthétisez les causes principales de cette évolution, dans une société de plus en plus individualiste il est naturel que, progressivement, les agents du service public soient aussi des clients consommateurs et se détournent de facto de l’intérêt collectif.]
Pour moi, le problème n’est pas tant « l’individualisme » que le rôle que joue l’argent comme mesure de toute chose. Au point d’absorber par exemple toute récompense symbolique. Si vous vous promenez chez les antiquaires, vous verrez que par le passé on frappait régulièrement des médailles. Je ne vous parle pas des décorations, mais des médailles destinées à récompenser ici la fidélité à une organisation, là la participation à un projet exceptionnel, plus loin un acte de courage ou de dévouement particulier. Sans compter avec les titres ( « meilleur ouvrier de France » ) et les insignes (« le col tricolore des cuisiniers distingués par ce titre ») qu’on portait fièrement et qui étaient reconnues par les pairs. Cette pratique a très largement disparu, et ne se conserve que dans certaines corporations (militaires, IEG, artisans d’art). Aucune médaille n’a été frappée en hommage au dévouement des personnels de santé pendant le COVID. On a préféré leur donner une prime. Et le phénomène touche les deux côtés : on aurait remis une médaille aux personnels, qu’ils auraient commenté avec mépris cette « médaille en chocolat ».
De plus en plus on vit dans une société où il n’y a pas de reconnaissance, pas de prestige social qui ne soit associée à des espèces sonnantes et trébuchantes. Même le bénévolat se retrouve mis en cause, et on peine aujourd’hui à trouver des gens pour animer les associations ou pour coller les affiches, sauf à leur promettre quelque chose de bien matériel en retour.
[Je ne connais pas bien la SNCF, j’ai plutôt observé l’évolution dans les IEG (je suis un ancien ingénieur EDF), aussi il y a un aspect que vous n’abordez pas il me semble, c’est le management et le recrutement dans ces entreprises, et aussi les critères de promotion du personnel. Je crois que sont des facteurs de premier ordre dans la culture d’entreprise et la façon dont elle évolue.]
Bien sûr. Je dois dire que les IEG restent – du moins pour ce qui concerne la production nucléaire, qui est le domaine que je connais le mieux – un monde relativement protégé, fermé sur lui-même, probablement parce que l’organisation quasi-militaire héritées de l’Etat napoléonien permet de préserver les logiques aristocratiques. Mais vous avez raison : les modes de recrutement, le fait que la promotion soit méritocratique ou « à la tête du client » jouent un rôle essentiel. La conservation dans les IEG d’une promotion interne « par concours » (avec des « planches » devant des jurys pour l’accès à l’échelon supérieur) est un atout non négligeable à l’heure d’empêcher que la relation monétaire pollue tout.
@ Descartes
***Sans compter avec les titres ( « meilleur ouvrier de France » ) et les insignes (« le col tricolore des cuisiniers distingués par ce titre ») qu’on portait fièrement et qui étaient reconnues par les pairs. Cette pratique a très largement disparu, et ne se conserve que dans certaines corporations (militaires, IEG, artisans d’art)***
Effectivement… Il me semble avoir lu quelque part que Napoléon avait instauré la légion d’honneur pour récompenser ceux qui s’étaient illustrés au combat, faisant ainsi une rupture avec ce qui se faisait avant lui dans toute l’Europe, c’est à dire la distribution de terres et de titres de noblesse.
@ Manchego
[Effectivement… Il me semble avoir lu quelque part que Napoléon avait instauré la légion d’honneur pour récompenser ceux qui s’étaient illustrés au combat, faisant ainsi une rupture avec ce qui se faisait avant lui dans toute l’Europe, c’est à dire la distribution de terres et de titres de noblesse.]
Napoléon était très conscient de l’importance des récompenses symboliques, et la manière comme il s’adressait à ses troupes le montre très bien. S’il n’a pas inventé les « ordres », qui existaient déjà sous la monarchie (ordre de Saint-Michel créé en 1568, celle du Saint-Esprit en 1578, ), il a été certainement novateur en créant des décorations qui reconnaissaient non pas l’appartenance à la haute noblesse ou la simple faveur royale, mais le service rendu à la nation, et qui a ce titre pouvaient être accordés à tous les citoyens, quelque fut leur condition. Il est d’ailleurs amusant de constater qu’il ne peut être accordé en France que deux ordres nationaux : l’un créé par Napoléon (la légion d’honneur), l’autre par De Gaulle (l’ordre national du mérite).
Mais mon commentaire ne s’appliquait pas seulement aux ordres. Depuis la renaissance on frappe des médailles qui ne sont pas l’emblème de l’appartenance à un ordre (comme ce serait le cas pour la légion d’honneur, par exemple), mais qui étaient remises à titre de remerciement ou de reconnaissance. Et ce n’est d’ailleurs pas réservé aux organismes publics : certaines entreprises privées ont par exemple leurs médailles et même des ordres internes. Pensez à « l’ordre des compagnons du Minorange », créée par Francis Bouygues en 1963. Cette pratique montre combien, même dans les sociétés du « premier capitalisme », la vision aristocratique restait présente et concurrençait encore une vision purement monétaire des rapports sociaux.
Bonsoir Descartes,
En plus de trois ans d’agent statutaire des Industries Électriques et Gazières, la seule fois où je me suis déclaré en grève, c’est quand Bruno Lemaire a décidé de relever unilatéralement le plafond de TWh vendu au tarif ARENH par Électricité de France.
Qu’en conclure ?
@ François
[En plus de trois ans d’agent statutaire des Industries Électriques et Gazières, la seule fois où je me suis déclaré en grève, c’est quand Bruno Lemaire a décidé de relever unilatéralement le plafond de TWh vendu au tarif ARENH par Électricité de France. Qu’en conclure ?]
A vous de me le dire. Pour aider votre réflexion, je n’ai pas critiqué le fait pour les agents publics de se mettre en grève pour la défense de leurs intérêts économiques ou moraux. Je ne vois aucune raison de leur contester ce droit, même pas au motif que le caractère essentiel ou monopoliste de leurs activités leur donnent un pouvoir exorbitant. Cela étant dit, qui dit grand pouvoir dit grandes responsabilités. Et en particulier, celle de peser dans leur action le fait qu’ils causent un préjudice non seulement à leur employeur, mais au pays tout entier. C’est pourquoi je pense que les agents publics ne devraient pas jouer des « grèves opportunistes », alors que cette logique est parfaitement admissible chez les agents privés. Et cela implique aussi, bien entendu, que l’employeur publique n’utilise pas de la même manière le rapport de forces lorsque celui lui est favorable.
Maintenant, pour revenir aux IEG, branche que je connais un peu pour y avoir passé quelques années sous le statut, je dois dire que les deux parties, employés et employeurs, ont souvent fait preuve de sagesse dans la gestion des conflits, et que la grève est encadrée de telle manière qu’elle fasse peser le principal préjudice sur l’entreprise, et non sur les usagers. Et en échange, on ne peut dire que la direction d’EDF soit un employeur voyou…
Bonsoir Descartes
[[Qu’en conclure ?] A vous de me le dire.]
Disons que pour mon cas personnel, je n’ai pas à me plaindre du traitement de base, et que si je souhaite avoir plus, ce ne peut être que par une meilleure démonstration de mes talents. Ainsi, je considère que mes seuls motifs de grève légitime ne peuvent être que les décisions qui mettent en péril l’institution que je sers.
@ François
[Disons que pour mon cas personnel, je n’ai pas à me plaindre du traitement de base,]
Et bien, dites vous bien que si vous n’avez pas à vous plaindre de votre traitement de base, c’est peut-être parce que des gens dans le passé on fait la grève pour revendiquer une bonne paye et pour la défendre. Que voulez-vous, si nous voyons plus loin que les générations précédentes, c’est parce que nous sommes juchés sur leurs épaules…
[et que si je souhaite avoir plus, ce ne peut être que par une meilleure démonstration de mes talents. Ainsi, je considère que mes seuls motifs de grève légitime ne peuvent être que les décisions qui mettent en péril l’institution que je sers.]
Mais que faites vous de ceux qui voudraient que vous ayez moins, talents ou pas ? Si vous les laissez faire, vous risquez d’avoir quelques petits problèmes… Je vous dirai que, comme vous, j’estime les fonctionnaires correctement payés et je ne suis donc pas très motivé pour faire la grève pour exiger des augmentations de salaires. Mais je suis conscient que, sans une grève de temps en temps pour marquer le coup, on ne serait pas correctement payés. Et je regrette beaucoup que les syndicats appellent à la grève sur des questions salariales, mais laissent passer des réformes – comme celle de la haute fonction publique – bien plus néfastes pour le pays mais aussi pour les conditions de travail dans le service public.
Je reprend la discussion ici à cause des limites de réponses.
[ Vraiment ? Pensez-vous qu’il vaudrait mieux pour la France de se retirer des affaires du monde, qu’il vaut mieux rester tranquille dans son coin à regarder les trains passer tout en cultivant son jardin plutôt que de participer aux affaires de la cité au risque de se faire détester ?]
Non, je ne pense pas ça, disons que si on veux avoir du prestige il faut se donner les moyens. Les JO de Paris me donne une mauvaise impression -peut-être que je me trompe- que ce soit au niveau de l’organisation ou de l’équipe française. Je m’explique pour l’organisation ils ne sont pas encore fixé pour l’ouverture à combien est la jauge pour les places ? Pour l’équipe de France, il y a des disciplines où les groupes ne sont pas encore constitués par exemple est ce que K.Mbappé va participé dans l’équipe de foot du JO ? Quel sera le niveau de notre équipe, est ce que on se dirige vers une catastrophe comme les JO de Rome de 1960 ?
[ Sauf que, si je prends votre affirmation à la lettre, la « racaille » sera partie, puisque vous m’affirmez que les parisiens déserteront Paris… mais peut-être que l’effet départ ne se manifestera que dans les limites du boulevard périphérique ?]
Oui l’effet de départ ne se manifestera que dans les limites du boulevard périphérique.
@ Glarrious
[« Vraiment ? Pensez-vous qu’il vaudrait mieux pour la France de se retirer des affaires du monde, qu’il vaut mieux rester tranquille dans son coin à regarder les trains passer tout en cultivant son jardin plutôt que de participer aux affaires de la cité au risque de se faire détester ? » Non, je ne pense pas ça, disons que si on veut avoir du prestige il faut se donner les moyens.]
Je vous rappelle que votre précédent commentaire ne faisait aucune référence aux « moyens ». Il se contentait d’écrire que si « être détesté par eux nous conduit par des appels au djihad contre la France donc bon il est préférable d’être les Suisses ou les Salvadoriens ». Le fait de « se donner les moyens » ne vous empêchera pas de vous faire détester, au contraire. Regardez les Américains.
[Les JO de Paris me donne une mauvaise impression -peut-être que je me trompe- que ce soit au niveau de l’organisation ou de l’équipe française. Je m’explique pour l’organisation ils ne sont pas encore fixés pour l’ouverture à combien est la jauge pour les places ?]
Parce qu’on a mis la barre très haut. L’idée d’organiser la cérémonie non pas dans une enceinte fermée mais au cœur de la ville – quelque chose que personne n’avait fait jusqu’ici – impose des contraintes énormes, dont certaines sont découvertes au fur et à mesure des études. C’est pourquoi la jauge originale a dû être progressivement réduite, de 500.000 places à un peu plus de 300.000. Mais aujourd’hui la jauge est déterminée, tout comme les localisations.
Après, si vous lisez la presse, n’importe quel grand projet chez nous « donne mauvaise impression ». Cela fait partie de notre tendance à la « haine de soi » bien française, à notre tendance à râler en permanence. Un ami étranger m’avait d’ailleurs proposé une analyse que je trouve très intelligente : les Français râlent en permanence non parce que les choses fonctionnent mal, mais parce qu’ils sont convaincus que seule leur tendance à râler maintient les responsables sur le qui-vive, et que s’ils arrêtaient de râler les responsables s’endormiraient sur leurs lauriers. Autrement dit, ils ne râlent pas parce que les trains sont en retard, mais parce qu’ils sont persuadés que s’ils ne râlaient pas, ils le seraient… On pourrait appeler cela « râle préventif ». Et connaissant le fonctionnement de l’administration, je dois dire que l’analyse en question me paraît assez réaliste…
[Pour l’équipe de France, il y a des disciplines où les groupes ne sont pas encore constitués par exemple est ce que K.Mbappé va participé dans l’équipe de foot du JO ? Quel sera le niveau de notre équipe, est ce que on se dirige vers une catastrophe comme les JO de Rome de 1960 ?]
Franchement, sur ce point je m’en fous un peu. Le plus important pour moi, c’est de montrer au monde que nous sommes capables d’organiser un grand évènement et d’accueillir le monde chez nous. Après, qu’on gagne beaucoup de médailles ou pas, c’est secondaire. Bien entendu, j’aimerais entendre retentir « La Marseillaise » dans les enceintes olympiques aussi souvent que possible. Mais si cela n’arrive pas, tant pis, je m’en remettrai. Et je m’en remettrai d’autant plus qu’on sera battus dans les sports les plus « commerciaux ». Une médaille d’or en judo ou en natation c’est important pour pousser les jeunes à la pratique sportive. Une médaille en or olympique en foot ou en rugby n’apportera pas grande chose en termes de pratique.
Après, je dois vous dire que pour avoir travaillé à l’étranger, je peux dire que les Français ont une particularité remarquable : on est très mauvais lorsqu’il s’agit d’anticiper, et excellents en gestion de crise. C’est pourquoi on arrive aux évènements mal préparés, mais on s’en sort plutôt bien quand même. Cette particularité est pratiquement institutionnalisée : si vous dirigez un service dans lequel il n’y a jamais de crise parce que tout est bien anticipé, vos chefs déduiront que vous avez une tâche facile, vous refuseront des promotions et vous couperont votre budget et votre effectif. Si, par contre, vous avez en permanence des crises que vous gérez correctement, on dira que votre travail est difficile, on vous donnera promotions et moyens. Moralité : le mieux pour vous, c’est annoncer à vos chefs une crise le lundi et la solution le mardi. L’anticipation ne paye pas, la performance dans la gestion de crise, si.
C’est pourquoi je ne m’en fais pas trop. Oui, la préparation des JO est un bordel, mais vous verrez que le jour venu, ça roulera. Enfin, faut l’espérer parce qu’il faut dire que l’Etat n’a plus ni les moyens ni les compétences qu’il avait naguère…
[ Et je m’en remettrai d’autant plus qu’on sera battus dans les sports les plus « commerciaux ». Une médaille d’or en judo ou en natation c’est important pour pousser les jeunes à la pratique sportive. Une médaille en or olympique en foot ou en rugby n’apportera pas grande chose en termes de pratique.]
Sur quels critères vous vous appuyez pour qu’un sport soit commercial ou non ?
Et en terme de pratique le foot et le rugby y poussent bien plus que la judo ou la natation (au niveau des licenciés on a 2,3 millions et 314 000 contre 316 000 pour la natation et 605 000 pour le judo).
@ Glarrious
[Sur quels critères vous vous appuyez pour qu’un sport soit commercial ou non ?]
Sur la taille des intérêts en jeu : existence de compétitions professionnelles, montant des salaires des joueurs, des contrats publicitaires, importance de la vente d’équipements et produits dérivés.
[Et en termes de pratique le foot et le rugby y poussent bien plus que la judo ou la natation (au niveau des licenciés on a 2,3 millions et 314 000 contre 316 000 pour la natation et 605 000 pour le judo).]
La question n’est pas là. Le foot ou le rugby brassent des milliards entre droits de télévision, vente de matériel, contrats publicitaires, financement des clubs. Le salaire de tous les judokas et nageurs rémunérés n’arrive au dixième de ce que touche M’Bappé. Alors, le foot ou le rugby n’ont pas besoin des jeux olympiques pour être à la « une » des médias. On peut voir un match de foot ou de rugby par semaine à la télé, et les footballeurs et les rugbymen apparaissent régulièrement dans les publicités ou les informations. L’effet de notoriété d’une médaille d’or olympique dans ces disciplines est donc minime.
Par contre, pour des sports peu médiatisés, l’effet d’une médaille sur la notoriété et donc sur la pratique est beaucoup plus important. Une médaille d’or française en gymnastique, en natation ou en judo aideraient bien ces sports à avoir des licenciés…
Je sais bien qu’on ne peut pas aller seul contre la marche du monde, mais on peut toujours être dans les rameurs à contre-courant… Imaginons que vous soyez nommé conseiller du ministre en charge de la fonction publique. Imaginons que le ministre ne soit pas entièrement obsédé par le court terme. Que lui conseilleriez vous de faire ?
@ tmn
[Je sais bien qu’on ne peut pas aller seul contre la marche du monde, mais on peut toujours être dans les rameurs à contre-courant…]
C’est l’histoire de ma vie…
[Imaginons que vous soyez nommé conseiller du ministre en charge de la fonction publique. Imaginons que le ministre ne soit pas entièrement obsédé par le court terme. Que lui conseilleriez-vous de faire ?]
Je lui conseillerai – comme je l’ai fait chaque fois qu’on m’a demandé mon avis – de chercher à rétablir la logique d’une fonction publique de carrière tout en la modernisant. Pour cela, plusieurs points :
1) Revenir à la logique selon laquelle les tâches permanentes de l’Etat doivent être assurées par des fonctionnaires, recrutés par concours. Le recrutement de contractuels ne doit être permis que pour les fonctions temporaires. Une exception peut être faite pour des fonctions d’expertise spécialisées, pour lesquelles il est impossible de prévoir une carrière complète dans l’administration.
2) Dans la même logique, la nationalité française doit être une condition sine qua non pour occuper un emploi public dès lors qu’il participe à l’exercice de la souveraineté ou de compétences stratégiques.
3) Redécouper les corps. Si la structure en corps est à mon avis toujours un gage d’efficacité, le découpage des différents corps n’est pas, et de loin, optimal. Certains domaines pourtant devenus stratégiques (comme l’informatique) ne sont pas pris en main par un corps ou un ensemble de corps spécifiques, certains corps sont appelés à des fonctions pour lesquelles leurs membres ne sont pas vraiment formés, d’autres encore doublonnent sur le même domaine. Enfin, certains corps ont perdu leur domaine d’action, et se cherchent de l’activité artificiellement. Une réorganisation du système faite avec un critère d’efficacité – et non de simplifier le travail des managers ou de permettre au ministre de nommer ses copains – me semble indispensable.
4) Mieux gérer la pyramide des âges. Aujourd’hui on cède à un jeunisme qui aboutit à nommer à des fonctions importantes des gens jeunes sans expérience, et à mettre dans des placards des gens plus âges dont les compétences sont du coup gâchées. Pour maintenir des carrières toujours ascendantes, il faut que les gens acceptent de ne pas accéder très rapidement aux postes de premier plan. Mais il est vrai que dans la logique actuelle ou les jeunes ne supportent pas la frustration, attendre dix ans pour être sous-directeur, puis dix encore pour être chef de service, et encore dix pour être directeur… ce n’est pas très attractif. Mais il faut être conscient que si l’on nomme cent préfets de 30 ans, on les aura ensuite pendant 35 ans sur les bras. Et qu’alors soit la génération suivante se résigne à ne jamais avoir la casquette, soit on met ces jeunes préfets à la retraite à 45 ans…
5) Rallonger les durées de poste, pour aboutir à une durée minimale de 3 ans, et pénaliser ceux qui partiraient avant, pour éviter la course à l’échalote pour “cocher les cases” dans le parcours de carrière le plus rapidement possible.
6) Il faut sérieusement encadrer la circulation entre privé et public, notamment pour les fonctionnaires de catégorie A et les hauts fonctionnaires. Dans le sens privé-public cela pose moins de problèmes : la différence salariale est telle que ceux qui font ce chemin-là ont généralement la vocation. Le problème se pose plutôt dans l’autre sens, parce que le risque de conflit d’intérêt est évident.
@Descartes
Merci pour votre réponse, c’est vraiment intéressant.
@Descartes
[Certains domaines pourtant devenus stratégiques (comme l’informatique) ne sont pas pris en main par un corps ou un ensemble de corps spécifiques, certains corps sont appelés à des fonctions pour lesquelles leurs membres ne sont pas vraiment formés, d’autres encore doublonnent sur le même domaine.]
Pourtant il y avait un corps qui aurait pu prendre le domaine informatique, celui des télécoms, mais malheureusement il a été absorbé par le corps des mines (au moment même où son besoin commençait à se faire pressant dans ce domaine).
@ François
[Pourtant il y avait un corps qui aurait pu prendre le domaine informatique, celui des télécoms, mais malheureusement il a été absorbé par le corps des mines (au moment même où son besoin commençait à se faire pressant dans ce domaine).]
En fait, le corps des Télécom avait commencé à prendre le virage, puis avait été renvoyé dans ses foyers par les socialistes en 1981, quand ils démantèlent la Direction générale des télécommunications et congédient son directeur général, Gérard Théry, le père du plan téléphone, du premier réseau français de commutation de paquets (TRANSPAC) et bien entendu du Minitel.
“Ce débat était apparu crûment à l’époque de la « prime covid » distribuée dans les administrations aux personnels qui avaient assuré leurs fonctions pendant la pandémie. Selon le décret du 14 mai 2020 qui crée cette prime, celle-ci doit être versée « aux agents particulièrement mobilisés » pendant la pandémie « afin de tenir compte d’un surcroît de travail significatif durant cette période ».”
Mais il y a pire, c’est quand, comme dans l’hôpital ou je travaille, cette prime a été versé également a tous ceux qui sont restés chez eux a s’arsouiller pendant toute la durée de la crise sanitaire.
En effet un certain nombre d’agents dit a risque ont été d’office mis en arrêt maladie (asthme, obésité, bronchopneumopathie, apnée du sommeil…), augmentant dans le même temps la surcharge de travail des agents qui restaient, et bien figurez vous que tous ont touché la prime covid, a la grande satisfaction des syndicats bien sur.
Mais il y a pire, c’est quand certains professionnels de santé venu d’autres régions de France et venu volontairement donner un coup de main dans les zones plus sinistrés, n’ont eux pas toucher cette prime, au prétexte qu’il n’apparaissait pas dans les les fichiers des ressources humaines et qu’il leur fallait la réclamer a leur établissement d’origine, qui s’est empresser de leur refuser.
@ clement
[Mais il y a pire, c’est quand, comme dans l’hôpital ou je travaille, cette prime a été versé également a tous ceux qui sont restés chez eux a s’arsouiller pendant toute la durée de la crise sanitaire.
En effet un certain nombre d’agents dit a risque ont été d’office mis en arrêt maladie (asthme, obésité, bronchopneumopathie, apnée du sommeil…), augmentant dans le même temps la surcharge de travail des agents qui restaient, et bien figurez-vous que tous ont touché la prime covid, a la grande satisfaction des syndicats bien sur.]
Effectivement, j’ai connaissance de ce genre de cas à l’hôpital et ailleurs. Cette problématique illustre bien les problèmes de la « monétarisation ». Lorsqu’on remet une médaille commémorative, le lien entre la médaille et le fait qu’elle commémore est évident. Et personne ne se formalisera si la médaille en question est remise aux personnels qui ont participé à la gestion du covid, et pas à ceux qui pour quelque raison que ce soit sont restés chez eux. Mais dès que la récompense est monétarisée, ce lien disparaît, et l’argent remis comme récompense devient une simple part de la rémunération. Elle devient un « droit ». Et se pose alors la question de l’égalité : pourquoi ceux qui n’ont pas pu participer du fait de leur maladie à la gestion de la crise seraient-ils « pénalisés » ?
C’est Louis XIV qui disait je crois « chaque fois que j’accorde un bénéfice, je fais deux-cents mécontents et un ingrat ». Les récompenses monétaires ont ce défaut : celui qui la reçoit la trouve toujours insuffisante, celui qui ne la reçoit pas s’estime victime d’une injustice… c’est d’ailleurs pourquoi la « rémunération au mérite » dont on nous rabat les oreilles est une absurdité. On peut toujours dire qu’elle encouragera les meilleurs… mais on sait aussi que ce genre de dispositif produit toute une suite de ressentiments, de commérages, de rancunes du côté de ceux qui, à tort mais souvent à raison, s’estiment injustement traités, et qui sont nettement plus nombreux. Les effets négatifs compensent et de très loin les effets positifs.
Napoléon avait raison : « c’est avec des hochets qu’on gouverne les hommes ». Les récompenses symboliques sont un outil de motivation bien plus puissantes que les récompenses monétaires. Seulement voilà : les récompenses symboliques ne sont possibles que dans une logique aristocratique, que le capitalisme dans son approfondissement est en train de faire disparaître.
@ Descartes
[“Mais en passant devant cette plaque, je n’ai pas pu m’empêcher de me poser une question. Les cheminots qui ont travaillé nuit et jour dans des conditions forts dangereuses pour rapatrier aussi vite que possible déportés et prisonniers, ont-ils touché une prime spéciale « rapatriement » ? Se sont-ils mis en grève pour négocier cette prime ? Se sont-ils plaints de n’avoir pas pris leurs congés d’été ?”]
Vous voulez dire ceux qui ont travaillé d’arrache-pied pour rapatrier les déportés et prisonniers d’Allemagne, ce pays qui avait pourtant si bien réussi l’organisation des JO de 1936 ? Franchement, Descartes, on ne peut mettre sur le même plan un tel “travail” et celui consistant à transporter des amateurs de sport à un stade. A moins peut-être d’avoir un état d’esprit un peu “capitaliste” : un déporté, un fan de foot, au fond, quelle différence ? Le prix du billet est le même…
@ dsk
[Vous voulez dire ceux qui ont travaillé d’arrache-pied pour rapatrier les déportés et prisonniers d’Allemagne, ce pays qui avait pourtant si bien réussi l’organisation des JO de 1936 ?]
On peut dire beaucoup de choses des Allemands, mais ce sont des excellents organisateurs. Seulement, ils ont du mal à gérer les imprévus. Par exemple, ils ont très bien réussi le transport des déportés depuis Paris, Varsovie ou Budapest vers les camps de la mort ou les usines de main d’œuvre esclave. Le problème, c’est qu’ils avaient prévu l’aller, ils n’avaient pas prévu le retour. Pour ça, il a fallu que les frenchies, incapables de prévoir mais passés maîtres dans la gestion de l’imprévu, s’y collent…
[Franchement, Descartes, on ne peut mettre sur le même plan un tel “travail” et celui consistant à transporter des amateurs de sport à un stade.]
A chaque époque ses épopées. On peut discuter sur l’urgence associée à tel ou tel projet, mais finalement les dynamiques des grands projets collectifs sont assez proches, quelle que soit la nature du projet. Quand vous lisez les mémoires de Rudolf Höss, vous vous rendez compte que les allemands mettaient dans la construction de la machine de l’extermination les mêmes méthodes, le même enthousiasme qu’ils auraient mis à la construction d’un barrage ou d’un aéroport. Relisez « le pont sur la rivière Kwai » (ou regardez le film, qui est magnifique).
J’ajoute qu’à l’époque, il y avait aussi des grincheux qui se plaignaient que l’on consacre trop de moyens aux rapatriements, alors que les trains auraient pu être utilisés au ravitaillement de la population française. Tout grand projet collectif a ses grincheux, qui pleurnichent qu’on dépense trop d’argent, que c’est pas la priorité, qu’on a mieux à faire, qu’on va déranger les petites habitudes des gens pour rien…
[ Pourquoi reconnaître « le dévouement et l’ardeur au travail » de personnels qui ont déjà reçu compensation monétaire sonnante et trébuchante ? On peut avoir l’argent, on peut avoir la médaille. Mais on ne peut pas toucher l’un et espérer avoir l’autre. Entre la reconnaissance sociale et la reconnaissance monétaire, il faut choisir. Et le capitalisme a choisi pour nous. Dans un monde régi par l’argent, « le dévouement et l’ardeur au travail » sont des archaïsmes.]
Un problème est à souligner quand la médaille est dépréciée car elle est remis à n’importe qui, pour n’importe quoi par exemple au nom de quoi Thierry Ardison ou Jeff Bezos ont reçu la légion d’honneur ? Cela semble entacher la réputation/la valeur des médailles.
@ Glarrious
[Un problème est à souligner quand la médaille est dépréciée car elle est remis à n’importe qui, pour n’importe quoi]
Vous me rappelez une nouvelle d’Alphonse Allais ou un personnage sauve un enfant de la noyade et reçoit pour récompense le ruban de la légion d’honneur, qu’il coud à sa boutonnière. Rappelons qu’à l’époque la falsification de décorations était très courante et que beaucoup de gens portaient le ruban (qui marque le grande de chevalier) ou, plus prestigieux, la rosette (qui marque le grade d’officier) de la légion d’honneur. Voilà donc que notre sauveteur porte le ruban, et que ses amis en le voyant lui disent “tu pourrais porter la rosette, quand même”. Ce à quoi le sauveteur répond, “oui, mais ce ruban, il est vrai!”
Oui, il y a des personnalités qui reçoivent les décorations par copinage et qui ne la méritent certainement pas. Mais à côté d’eux, il y a des gens qui la reçoivent pour leur peine, et ceux-là en sont fiers à juste titre et se sentent reconnus, et j’ai pu constater personnellement que pour les gens qui les entourent cela a encore un sens. Personne ne leur dit “ça vaut rien, même Ardisson l’a eue”.