<quote>Ma France, ce n’est pas celle de mon voisin, ni celle d’aucun d’entre vous. Ma France, elle est unique, puisque c’est la mienne.</quote> (“Réflexions d’une humble étudiante française”, Al-Watan, 19/11/2009)
Voilà, en une phrase, résumé l’essentiel de la crise de “l’identité nationale”. Dans ces temps ou la privatisation est à la mode, certains aimeraient semble-t-il privatiser la Nation: chacun aurait sa “nation privée”, bien entendu “unique”, qui ne serait pas “celle de son voisin”. Dans cette vision, on se demande ce que les citoyens d’un même pays ont en commun, puisque le pays de chacun d’eux est différent de celui des autres…
Pendant des siècles, les progressistes se sont battus sur l’objectif de faire de la Nation le bien commun de tous. Par un étrange paradoxe, c’est aujourd’hui la droite qui fait de “l’identité nationale” une question d’adhésion collective, alors que la gauche semble plutôt céder aux sirènes individualistes…
On n’est pas obligé d’aimer tel ou tel aspect de la France pour être français, de la même manière qu’on n’est pas obligé d’aimer tel ou tel parent pour faire partie d’une famille. On a tort, à mon avis, lorsqu’on fait de “l’identité nationale” une pure question sentimentale. On est français non pas parce qu’on aime la France, mais parce qu’on estime avoir des droits et des devoirs (les deux sont inséparables) envers elle. Ceux qui ont répondu “présent” lorsqu’on les a appelés pour allés mourir à Verdun étaient français, et cela même s’ils n’aimaient pas La Marseillaise, le drapeau tricolore ou la blanquette de veau…