La traversée du Rubicon de Jean-Luc Mélenchon

“Ils ont atteint le Rubicon, mais c’était pour aller à la pêche”

(Georges Clemenceau)

 

 

Avec le Conseil National du PCF réuni le 8 et 9 avril dernier, Jean-Luc Mélenchon a traversé le Rubicon. Les esprits naïfs me diront qu’il reste encore un long chemin à parcourir, que les conditions posées par le PCF ne sont pas réunies, que les militants communistes peuvent toujours se rebiffer… mais soyons réalistes: depuis le 30ème congrès du PCF (dit “congrès de Martigues”) la direction du PCF est passée maîtresse dans l’art de faire avaler les couleuvres – quelque soit leur taille – à leurs militants. De la “consultation des militants” de 2001 qui intronisa le père UbHue comme candidat présidentiel, consultation dont les résultats complets n’ont jamais été publiés, au “coup d’Etat” du 33ème congrès pour empêcher la présentation d’une liste “alternative”, les exemples sont légion. Depuis que la réforme des statuts au 28ème congrès a ouvert la porte à la toute puissance des “notables”, la direction du PCF s’est systématiquement assise sur les statuts sans vergogne. Pourquoi hésiterait-elle aujourd’hui ?

 

Jean-Luc Mélenchon sera le candidat du Front de Gauche. Pierre Laurent a d’ailleurs clairement posé le problème. A la question “que se passe-t-il si la candidature Mélenchon est rejetée par les communistes”, Pierre Laurent répond “ce n’est pas possible”. C’est donc clair, net et précis: la direction du PCF fera ce qu’il faut pour que les militants communistes prennent les “bonnes” décisions. Et “ce qu’il faut” est très simple: il suffit d’obtenir l’appui des “notables”, par exemple en concluant un “bon” accord sur les circonscriptions législatives.

 

Car il faut comprendre ce qu’est devenu le PCF ces dernières années. La réforme des statuts accomplie au 28ème Congrès est probablement le “moment crucial” de ce changement. Jusqu’en 1994, le PCF était avant tout un parti centralisé, dont les militants étaint soumis à une discipline politique. Le militant communiste était tenu d’appliquer les décisions des organes de son parti sous peine d’exclusion et de perte de toutes ses fonctions y compris électives. On voit bien qu’un tel système impose des sanctions d’autant plus lourdes que la personne est plus haute dans la hiérarchie du Parti. Le militant de base n’a pas grande chose à perdre avec son exclusion: il évitera au contraire d’ennuyeuses réunions et pourra consacrer ses soirées à ses loisirs au lieu de faire du “porte-à-porte” ou coller des affiches. En l’excluant, le Parti perd en fait plus que le militant. Mais la chose est totalement différente lorsqu’il s’agit d’un permanent ou d’un élu: pour eux, l’exclusion implique la perte d’avantages, de prébendes, du pouvoir.

 

L’abolition du “centralisme démocratique” au 28ème congrès du PCF a libéré les “notables” de cette contrainte. Elle a laissé libre chaque “seigneur” local d’adopter son programme, de faire ses alliances, de distribuer des prébendes et des postes à ses affidés… et on a vu apparaître cette espèce bien particulier de “dirigeant” régnant sans partage sur son territoire, désignant les candidats aux différentes élections de manière à se constituer une “cour” (1). La conséquence a été la “localisation” du Parti et l’affaiblissement progressif de la direction nationale, qui n’est plus que l’ombre d’elle même. Pierre Laurent est le symbole vivant de cet affaiblissement: pour la première fois, le premier dirigeant du PCF ne détient pas et n’a jamais détenu un mandat politique ou syndical national. C’est un pur apparatchick qui a toujours fait là où on lui a dit de faire. Autre signe de cette “localisation”, le PCF n’a plus aucune figure nationale de prestige pour aligner dans une élection présidentielle. Toutes les figures possibles (Chasseigne, Gérin…) sont des élus locaux, des “barons” dans leur circonscription, mais inconnus au niveau national.

 

Voilà pourquoi cette direction se contente parfaitement du rôle que Jean-Luc Mélenchon lui propose: renoncer à la visibilité nationale ne la gêne pas, pourvu que les “notables” locaux voient leurs intérêts préservés. On peut donc parier que Jean-Luc Mélenchon sera le candidat présidentiel du Front de Gauche.

 

Et cependant, la manière dont le débat se déroulera au PCF ne manque pas d’intérêt. Car si la direction a le pouvoir de “forcer” le candidat de son choix (comme elle le fit avec la liste “bouge l’Europe” puis avec la candidature Hue en 2002) elle n’a pas pour autant le pouvoir de persuader les militants de faire campagne et de voter pour lui. Au contraire: les décisions “forcées” se sont traduites en général par des “grèves de militantisme”, avec des militants qui refusaient de faire campagne (voir faisaient campagne pour d’autres candidats). Or, une candidature Mélenchon sera très dépendante des militants communistes pour la porter. C’est pourquoi il n’est pas inintéressant de se pencher sur les débats du CN du PCF (2).

 

Remarque en passant: à la direction du PCF on n’est guère meilleur avec les chiffres qu’au PG. Ainsi, le site du PCF proclame “la résolution du Conseil national adpotée à près de 75% par ses membres” (sic). On a l’art de déguiser une défaite en victoire, au PCF: en fait, il y avait 126 membres du CN présents au vote, dont seuls 87 ont voté “pour”. Si l’on tient compte du fait que cette vénérable instance compte quelques 220 membres, il faut conclure que la résolution a été adoptée “à près de 40% par ses membres”. Il est d’ailleurs révélateur qu’un parti qui interprète l’abstention massive aux éléctions comme un signe de rejet du pouvoir en place ne se penche jamais sur le taux d’abstention dans ses propres instances. Est-il normal que presque la moitié des membres du CN aient été absents lors d’un débat aussi capital que celui-ci ? Mais peut-être ont-ils compris que c’était pas la peine de gâcher un beau week-end pour participer à une réunion alors que les jeux sont faits…

 

Mais revenons au CN du 8 et 9 avril: si on lit les différentes interventions, on est frappé par plusieurs éléments, certains connus, d’autres plus nouveaux. Le premier, est que les “huistes” font bloc derrière la direction (voir par exemple l’intervention de Marie-Pierre Vieu). Lorsqu’on sait que les “huistes” sont le faux nez des partisans d’une alliance avec le PS dès le premier tour, on peut trouver cette prise de position étrange. Font aussi bloc les “légitimistes” habituels (comme Alain Hayot), prêts à voter n’importe quoi pourvu que ça vienne d’en haut (3). Mais ce sont les arguments des opposants qui valent la peine d’être examinés de plus près. Ils sont de trois ordres:

 

D’abord, la crainte de voir la direction du PCF poursuivre une politique personnelle, en mettant les instances du PCF devant le fait accompli. Certains intervenants remarquant par exemple que “l’accord” entre les trois partis du Front de Gauche n’a jamais été ni soumis ni discuté par le CN. Certains craignent que les accords électoraux et le “programme partagé” soient magouillés dans les coulisses de la même manière. Il est vrai que depuis dejà deux congrès la manière dont les décisions sont prises par la direction du PCF devient de plus en plus opaque, avec un virtuel désaississement des instances statutaires (le Conseil National, le Comité Exécutif) au profit d’instances plus ou moins informelles (la “coordination”, “le bureau de Marie-George”).

 

Ensuite, il y a la question programmatique. Clairement, le discours de Mélenchon a heurté les militants communistes. Sur le nucléaire, sur les interventions extérieures, sur le régime particulier de l’Alsace-Moselle, sur l’économie et la monnaie, sur l’UE il y a des conflits sérieux. Les membres du CN semblent d’ailleurs assez sceptiques sur la capacité de Mélenchon à défendre un programme qui ne serait pas le sien. La question posée est donc de savoir si l’on peut formuler un “programme partagé” acceptable pour le PCF et que Mélenchon puisse porter. Vaste programme… Par ailleurs, le rapport de Pierre Laurent fait référence à un document programmatique “adressé mercredi à nos partenaires” qui serait “synthèse qui intègre les propositions de nos partenaires avec lesquelles nous sommes d’accord”. Malheureusement, ce document n’est pas joint au compte rendu.

 

Enfin, il y a la problématique de l’effacement du PCF. Il n’est pas inutile de revenir sur un élément important de la psyché communiste. L’opposition des communistes au régime présidentiel de la Vème République a conduit le Parti à prendre conscience tardivement de l’importance de cette élection. Ainsi, en 1965 le PCF laissa la place à François Mitterrand. Si en 1969, devant l’absence d’un véritable candidat de gauche, il se résigna à présenter un candidat (qui fit un excellent résultat à la surprise générale), il laissa à nouveau la place en 1974 dans le cadre du programme commun. Ce n’est qu’après 1981, en faisant un retour critique sur le processus qui permit à Mitterrand de marginaliser puis détruire le PCF que la direction communiste réalisa à quel point il est essentiel pour un parti qui se veut national de participer à cette élection. Décision fut prise donc, au début des années 1980, de présenter un candidat systématiquement à l’élection présidentielle. C’est cette décision que la direction du PCF s’aprête à remettre en cause.

 

Or, ce calcul est dangereux: la candidature présidentielle donnera à Jean-Luc Mélenchon un niveau d’exposition médiatique qui fera de lui – qu’on le veuille ou non – le “chef” du Front de Gauche devant l’opinion publique. Si en plus les résultats électoraux sont bons, cela lui donnera une autorité qu’il sera difficile de contester par la suite. Ceux qui croient qu’on peut éviter cette personnalisation par une “campagne multiple qui évite la présidentialisation” se bercent de douces illusions. On peut toujours se raconter qu’on donnera “la primauté à la campagne législative”, ce sont en dernière instance les électeurs qui choisissent où se trouve la “primauté”. Et on sait ce que les français en pensent: l’élection présidentielle est aujourd’hui la seule qui ne souffre pas du désintérêt des électeurs (participation de 84% en 2007, en hausse sur les élections précédentes). Les candidats aux législatives auront beau être désignés dès maintenant, c’est le candidat présidentiel qui ira sur les plateaux de télévision, c’est lui qui sera dans les émissions officielles, c’est lui qui déclinera le projet, les propositions, qui répondra aux autres candidats. Et c’est lui, et personne d’autre, qui appellera les électeurs qui lui auront fait confiance au premier tour de se désister pour tel ou tel candidat au second. Et on l’a vu par le passé, la candidature présidentielle donne à un homme politique une stature, une autorité sur son propre camp. Et qui peut dire qu’une fois cette autorité acquise, Mélenchon ne déchirera l’accord pour défendre son programme et placer ses amis dans les bonnes circonscriptions (comme le fit un certain François Mitterrand, que Mélenchon considère encore aujourd’hui comme un exemple à suivre) ? Qu’est-ce qui garantit le respect des accords ? Personne, bien entendu. C’est la logique même de l’élection présidentielle telle que l’avait voulu De Gaulle: rompre la dépendence du candidat envers les partis. Une fois le génie sorti de sa bouteille, c’est lui qui contrôle le parti, et non l’inverse.

 

Conclusion du débat: l’adoption (87 pour, 30 contre) d’une résolution qui contient un certain nombre de curiosités. Par exemple, une tentative assez grossière de réduire le débat à une confrontation Mélenchon-Chassaigne, “compte tenu de l’engagement très majoritaire des adhérents dans la stratégie du Front de gauche”. Ce qui revèle un peu le sens de la manoeuvre Chassaigne, dont le but est de donner une apparence démocratique au processus de désignation et accessoirement d’empêcher l’apparition d’un candidat plus dangereux capable de réunir sur son nom tous les oppositionnels du PCF. Je ne serai pas surpris si après un débat pour la forme, Chassaigne se retire à la dernière minute en déclarant que finalement Mélenchon est le candidat le plus “rassembleur”.

 

Mais en dernière instance, le plus important dans ce texte est la formulation des conditions qui rendraient possible une candidature Mélenchon: “Une exigence claire, celle que le choix d’une candidature respecte les objectifs que nous exprimions dans l’Adresse aux communistes adoptée début janvier. Elle est pour nous conditionnée à la conclusion d’un accord d’ensemble satisfaisant nos objectifs politiques, un accord qui garantisse le respect d’engagements collectifs, la diversité de notre rassemblement, et la place de notre parti” (c’est moi qui souligne). Tiens, tiens, pour la première fois on nous parle de “garantir le respect des engagements”. La direction du PCF aurait-elle finalement réalisé où se trouve le problème ?

 

Quant à Mélenchon, ayant traversé le Rubicon il lui faut maintenant choisir. Car son attitude peut sérieusement compliquer la tâche de ses partisans au sein du PCF où au contraire la faciliter. Continuer à déblatérer sur la “sortie du nucléaire”, par exemple, risque de rendre compliqué l’accord programmatique. Mais la difficulté est que du côté du PG les gardiens du temple veillent au contraire à radicaliser son discours. Une autre question intéressante se pose à lui: laissera-t-il ses partisans au sein du PCF mener seuls sa campagne, ou s’impliquera-t-il personnellement en allant à la rencontre des militants communistes pour défendre sa candidature ? La deuxième solution serait de loin la plus séduisante, parce qu’elle romprait avec l’idée d’une candidature “forcée” par la direction. Mais en même temps, cela obligerait Mélenchon à construire un discours qui soit audible par les militants communistes, et cela n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît.

 

 

 Descartes

 

 

(1) le cas de Patrick Braouezec à Saint Denis est l’exemple le plus remarquable de ce fonctionnement. Il n’est pas inutile de rappeller que Didier Paillard, aujourd’hui maire de Saint-Denis, fut “mis en selle” dans une élection cantonale par P. Braouezec en se présentant contre le candidat désigné par la Fédération du PCF, Maurice Soucheire. Paillard, le protégé de Braouezec, gagna l’élection, et cette victoire lui vallut d’être reconnu par la direction communiste comme “conseiller général PCF”. Ce genre d’adoubement par le notable local est devenu de plus en plus courant.

 

(2) Dont les comptes rendus sont publics. On ne le sait pas forcément, mais depuis une décision prise par Georges Marchais après le 25ème congrès en 1985, les séances du Comité Central puis du Comité National font l’objet de comptes rendus publiés reprenant chaque intervention. Celui du 8 et 9 avril est disponible ici.

 

(3) Il faut dire que leur fidélité est soigneusement recompénsée à l’heure de distribuer postes et prébendes… n’est ce pas, Alain ?

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51 réponses à La traversée du Rubicon de Jean-Luc Mélenchon

  1. marc malesherbes dit :

    la désignation maintenant quasi acquise de JL Mélenchon comme candidat à la présidentielle annonce la fin programmée du PCF qui va muter en “Front de Gauche”, dirigé par JL Mélenchon. Celui-ci va
    réussir son OPA sur le PCF. Une belle réussite, quand on considère d’où il est parti ! Cela montre son habileté. Encore bravo.

    Sur le fond, ce n’est pas plus mal. Le PCF n’avait pas de ligne politique globale compréhensible, entre son alliance inconditionnelle avec le PS et son passé communiste. L’abandon progressif de
    l’étiquette communiste est une bonne chose: c’était un handicap insoutenable dans la compétition politique compte tenu de son orientation de centre gauche.

    Quelle va être la ligne politique que va dégager progressivement JL Mélenchon est la question centrale. Pour l’instant ce n’est pas clair. Il va devoir essentiellement s’atteler à la “digestion”
    des notables communistes. Quand il l’aura fait, cela s’éclaircira.

    • Descartes dit :

      la désignation maintenant quasi acquise de JL Mélenchon comme candidat à la présidentielle annonce la fin programmée du PCF qui va muter en “Front de Gauche”, dirigé par JL Mélenchon.

      Je n’y crois pas un instant. Je pense plutôt que cela annonce à plus ou moins long terme l’atomisation du PCF en petit groupuscules, chacun constitué autour d’une figure locale. Une atomisation
      qui est d’ailleurs déjà largement acquise dans les faits. Il suffit de se pencher sur les dernières élections municipales, régionales ou cantonales pour constater la variété infinie des
      stratégies et des alliances. Il est devenu aujourd’hui clair que la direction nationale n’a ni l’autorité, ni les moyens juridiques d’imposer une ligne commune aux “barons” locaux. Croire que ces
      “barons” accepteront d’être dirigés par Mélenchon plutôt que par Laurent ou Buffet me paraît pour le moins osé.

      Celui-ci va réussir son OPA sur le PCF. Une belle réussite, quand on considère d’où il est parti !

      En définitive, cela risque de se révéler une victoire à la Pyrrus. Le PCF n’est plus ce qu’il était.

      Quelle va être la ligne politique que va dégager progressivement JL Mélenchon est la question centrale. Pour l’instant ce n’est pas clair.

      C’est le moins qu’on puisse dire. Mais Mélenchon est prisonnier de ses alliés et de son électorat. En fin de comptes, ce sera le discours gauchiste et l’alliance avec le PS.

      Il va devoir essentiellement s’atteler à la “digestion” des notables communistes.

      Au contraire. Essayer de “digérer” les notables communistes est un exercice dangereux, parce que les bougres sont bien implantés et ils en ont vu d’autres. La stratégie de Mélenchon est au
      contraire le pacte d’intérêt mutuel avec les “barons”: tu m’aides à garder mon siège, je t’aide à te faire mousser. C’est la base du pacte Mélenchon-Buffet.

  2. dudu87 dit :

    Bonsoir à vous tous,

    Je viens de lire “l’adresse aux communistes” du dernier CN.
    La ligne et la stratégie politique de P. Laurent est une vraie “usine à gaz”! Je ne suis pas certain que le communiste de base y comprenne quelques choses.
    Devant cette “technocratie”, 2 solutions se présentent:
    1° Les militants ne votent pas et nous avons le même résultat qu’au dernier CN.
    2° Un vent de révolte communiste se déclenche dans les cellules.

    Dans les 2 cas, Mélenchon n’aura pas la totalité des communistes derrière lui et dans les circonscriptions,seuls les candidats communistes pourront y compter. Et je ne parle pas des moyens
    financiers…

    “L’abandon progressif de l’étiquette communiste est une bonne chose.”
    Camarade, ne te réjouis pas trop, pour ma part, je suis très triste parce que le peuple de France va encore souffrir pendant de longues années! Et si je n’avais pas la conscience de classe, je
    pourrai te répondre:
    ” Puisque c’est comme ça, j’irai à la pêche en 2012!”
    Avant les “Régionales”, le front de GAUCHE, le parti de GAUCHE, tout ça ne me parlait pas et ça me rend encore + triste!
    Bonne soirée!

    PS: Un petit espoir pour l’avenir (après 2012), 30% d’opposants et 40% d’abstentions!

  3. Marcailloux dit :

    Bonjour
    “L’abandon progressif de l’étiquette communiste est une bonne chose: c’était un handicap insoutenable dans la compétition politique compte tenu de son orientation de centre gauche”. M.M.

    “Essayer de “digérer” les notables communistes est un exercice dangereux”, D

    “Camarade, ne te réjouis pas trop, pour ma part, je suis très triste parce que le peuple de France va encore souffrir pendant de longues années!” .D87

    À Marc Malesherbes
    Commentaire d’un « électron libre » qui refuse les étiquettes et tout embrigadement et qui, me semble t i, ressemble furieusement à un grande partie des électeurs (ne les oubliez pas).
    L’étiquette qui plombe à mon sens le PC, c’est son obsolescence, son archaïsme ressenti par beaucoup de Français. L’image emblématique de ce parti en est d’ailleurs un homme qui n’en est plus
    membre mais qui se revendique toujours du communisme : M.Grémetz. L’idée du communisme n’est pas en soi évanouie mais la boutique d’épiciers qui la gère est hors course pour la quasi-totalité des
    citoyens. La preuve en est l’élection présidentielle au cours de laquelle l’étiquette, en effet, est essentielle alors que dans des élections locales la valeur intrinsèque de gestionnaire passe en
    priorité. Le président est censé donner le LA et c’est pourquoi son étiquette- qui se substitue au programme pour une majorité d’électeurs- est si importante, donc pénalisante électoralement
    parlant pour celui ou celle qui y est attaché. À cette occasion, même une personne dont l’image très positive aux yeux des Français, -M.G.Buffet- n’atteint pas 2% des votes . C’est une Bérézina
    significative.

    À Descartes, faire de la politique au niveau de JLM ne peut qu’être un jeu dangereux toujours basé sur un pari certes éclairé mais dont on n’a jamais l’issu en tête avant que la partie ne soit
    jouée. Et c’est justement la frilosité épicière des « paris» du PC qui insensiblement le conduisent vers l’abime. À vouloir ménager la chèvre et le choux, on n’a en fin de compte ni la chèvre ni le
    choux.
    Ne possédant pas votre connaissance des faits politiques, je souhaiterais que vous puissiez m’indiquer combien par exemple, de circonscriptions ou de mairies importantes ont été conquises par le PC
    –sans que ce ne soit par un accord électoral préalable avec le PS – au cours des 5 dernières années. Je présume que le résultat sera bien faible au regard de l’implantation, de l’organisation, de
    l’histoire de ce parti. J’en suis par ailleurs désolé pour la plupart des militants qui sont des personnes sincères et dévouées au bien général mais qui semblent servir de faire valoir aux
    apparatchiks ou potentats locaux, ce que vous décrivez au demeurant fort bien dans votre billet.
    À Dudu 87
    Ne soyez triste que pour les illusions perdues de vos camarades car si le peuple de France souffre encore de longues années, c’est parce que trop de barons –comme l’évoque notre hôte- se disant de
    gauche, se soucient comme d’une guigne des intérêts ou simplement des légitimes revendications du peuple. Le mieux que l’on puisse espérer, c’est une refondation d’un grand parti réellement
    socialiste purgé des rentiers de la politique qui se maintiennent au prix de n’importe quelle trahison et sur des bases ne relevant pas forcément de la linéarité droite gauche. Maintenant, n’est ce
    pas tout attendre de la génération spontanée que d’écrire cela ?
    Res non verba,en effet.
    Bonne journée à tous.

    • Descartes dit :

      L’étiquette qui plombe à mon sens le PC, c’est son obsolescence, son archaïsme ressenti par beaucoup de Français.

      Faut arrêter de faire de la politique une question de communication. A l’heure de voter, les français sont beaucoup plus intelligents, plus sages et plus pragmatiques qu’on ne le croit. Comme
      Barthes, il leur est à peu près indifférent d’être modernes. Et ils continuent à voter pour des partis “obsolets et archaïques” aussi longtemps qu’ils perçoivent ces partis comme capables de
      défendre leurs intérêts. Peu de partis sont été aussi “achaïques” que le FN de Jean-Marie Le Pen, et cela ne l’a pas empêché d’être présent au deuxième tour d’une élection présidentielle. A côté,
      peu de partis ont été aussi “modernes” et “décompléxés” que le PCF sous Robert Hue. Résultat: 3,5%.

      Ce n’est ni l’obsolescence, ni l’archaisme qui ont tué le PCF. C’est son incapacité à formuler une ligne politique qui défende véritablement les intérêts d’une classe ouvrière minée par les
      transformations qui ont été la conséquence de la fin des “trente glorieuses”. C’est son impuissance à définir des voies permettant de contrer ces transformations qui ont provoqué sont lent déclin
      à partir de la fin des années 1970. Devant cette crise, le PCF a réagi en tournant le dos aux couches populaires et en essayant de se refaire en allant chercher les classes moyennes. Et là, ce
      fut le désastre: alors que le PC avait perdu en vingt ans d’archaisme à la Marchais un tiers de ses électeurs et de ses militants, il a suffit quatre ans de “modernisation” à la Robert Hue pour
      qu’il en perde les trois quarts.

      La preuve en est l’élection présidentielle au cours de laquelle l’étiquette, en effet, est essentielle alors que dans des élections locales la valeur intrinsèque de gestionnaire passe en
      priorité.

      Tu fais un contresens. L’élection présidentielle est au contraire celle où “l’étiquette” est le moins importante. Elle a été conçue comme ça: “la rencontre d’un homme et d’un peuple”. On sait,
      lorsqu’on élit un maire, un député, un sénateur, qu’il sera plus ou moins “tenu” par son parti. Un maire ne peut gouverner contre son conseil municipal, un sénateur ou un député ne sont pas très
      efficaces sans un groupe parlementaire. Par contre, le président a une légitimité qui est toute personnelle.

      Ne possédant pas votre connaissance des faits politiques, je souhaiterais que vous puissiez m’indiquer combien par exemple, de circonscriptions ou de mairies importantes ont été conquises par
      le PC –sans que ce ne soit par un accord électoral préalable avec le PS – au cours des 5 dernières années.

      Je ne sais pas ce que vous appelez “conquises”: s’agit-il seulement de gagner le siège occupé dejà par un communiste, ou d’en gagner un occupé par un élu d’un autre parti ? Mais quoi qu’il en
      soit. Il est clair que le PCF est, depuis le début des années 1980 et pour les raisons expliquées plus haut, dans une logique de déclin. Et comme toute armée en retraite, il est plus rentable de
      se concentrer sur la défensive des positions acquises que sur la conquête de nouvelles positions. 

      Et même ainsi, vous trouverez plusieurs exemples de “conquêtes” sans aucun accord préalable avec le PS, en général liés à des contextes locaux. Ainsi, par exemple, le PCF conquit aux dernières
      municipales la mairie de Arles: la section locale du PCF a présenté un candidat communiste contre le candidat socialiste investi par l’accord PS-PCF au niveau fédéral. Le candidat communiste fut
      élu.

      Mais dans votre question il y a une prémisse cachée: en quoi les “conquêtes” sans accord préalable avec le PS seraient à distinguer des conquêtes avec accord ? La politique d’alliances fait aussi
      partie de la politique.

       

  4. Darthé-Payan dit :

    Salut Descartes,

    Je ne sais si la candidature de Jean-Luc Mélenchon est chose acquise. Nous verrons bien en juin. Mais, si elle n’est pas majoritaire (ou encore très faiblement majoritairement votée) que va faire
    le prédident du PG ? Si c’est Chassaigne voire Gérin qui est retenu est-ce que le Front de Gauche continuera à exister ? J’ai bien peur que non ! Le Front de Gauche est une machine qui ne sert que
    la candidature de JLM ! Est-ce que “Méluche” ne sera pas tenté d’y aller seul avec le PG, la GU voire en ammarant le NPA et les Alternatifs de la Fase ?

    Le Front de Gauche n’a comme raison d’être que pour servir électoralement JLM !

    Ensuite, je ne crois pas une seule seconde que JLM jouera “collectif” une fois désigné ! Il y a qu’à voir comment il procède au PG ! Et les problèmes évacués au lieu d’être mis sur la table
    (nucléaire, alliance avec le PS, interventions militaires de la France, etc…) vont vite ressurgir ! Qu’exprimera alors JLM ? Sa position habituelle (par exemple sortie du nucléaire et tout le
    toutim écolo barbant) ou celle du PCF ? J’ai bien peur qu’il dira ce qui électoralement peut lui rapporter le plus et surtout à quelles casses sociales s’adressera-t-il ? Nous le savoons, les
    classes moyennes et petites bourgeoises urbaines et péri-urbaines donc le même schéma propositionnel libertarien, écolo, européiste !

    Les propos de JLM sont changeants au gré de ses humeurs et des pressions politiques de son entourage gaucho-écolo-libertarien !

    Sur la Libye, après avoir approuvé l’intervention des forces françaises et bien maintenant il semble rerentrer dans le moule du combattant anti impérialiste et anti colonialiste !

    Sur la Côte d’Ivoire et l’intervention des forces françaises “Licorne” en soutien aux forces de l’ONUCI et bien, ces propos virent à un vulgaire discours gauchard pleurnicheur et à un pablisme haut
    en couleur (qu’on croyait oublié !) sur la méchante France guerrière et néocolonialiste ! Bref, une confirmation le PG n’est pas prêt à gouverner.

    Quand des dirigeants du PG préférent le dictateur Kadhafi à un peuple en insurrection (en révolution ?) et qui est massacré cela en dit long sur la dérive gaucharde du PG !

    Quand des dirigeants du PG préférent défendre Gbagbo (comme l’a fait Mélenchon sur Europe 1, après l’arrestation de Gbagbo) qui est quand même un tyran et un accapareur parce que Ouattara est un
    ami de sarko ou qu’il a été haut fonctionnaire au FMI (DSK sous entendu) et bien cela prouve que le PG n’est pas capable politiquement de servir l’Etat d’une part et de faire face à la réalité
    complexe, contradictoire du monde d’aujourd’hui !

    Dans la dernière livraison de Regards (magazine bobo-branchouillard-urbain post capitaliste) avec son compére “je t’aime moi non plus”, Mélenchon donne la réplique et l’échange au leader du NPA au
    sujet de la Révolution.

    J’ai rédigé un billet à propos de cet échange sur mon blog.

    Nos révolutionnaires bien pensants, Mélenchon et Besancenot, oublient l’un et l’autre la République et l’Etat-Nation. Pour le porte parole du NPA, c’est pas surprenant vu que pour lui, la France
    républicaine, l’Etat-Nation sont à ranger au rang des ennemis comme l’est le capitalisme ! Mais par contre, cet oubli venant de Mélenchon, c’est très inquiétant voire même être la conséquence de ce
    qu’est devenu le PG !le républicain socialiste jacobin que fût Mélenchon vire écolo-pabliste et le PG qui s’annonçait à l’origine républicain et socialiste devient un nouveau PSU écologisé.

    JLM voit dans l’échec du mouvement social que la main de l’Elysée qui criminalise l’action sociale et syndicale !

    JLM voit dans la montée de Marine LePen que la conséquence de la politique Sarkozy sur les débats d’identité nationale ou sécuritarie!

    Quand je vois que des responsables du PG vantent le Conseillisme à la sauce Luxemburgiste ou Bordiguiste dont on sait pour ce dernier où cela à terminer et bien, j’ai bien peur que les
    sociaux-libéraux et la droite Sarkozienne ont un bel avenir devant eux !

    • Descartes dit :

      Mais, si elle n’est pas majoritaire (ou encore très faiblement majoritairement votée) que va faire le prédident du PG ? Si c’est Chassaigne voire Gérin qui est retenu est-ce que le Front de
      Gauche continuera à exister ? J’ai bien peur que non !

      La question ne se pose pas. La direction du PCF a décidé que ce serait Jean-Luc Mélenchon, et ce sera Jean-Luc Mélenchon. Crois moi, la direction du PCF a les moyens de sa politique. Et l’enjeu
      pour elle est trop grand pour qu’elle prenne des gants. Tu veux parier ?  

      Le Front de Gauche n’a comme raison d’être que pour servir électoralement JLM !

      Pas tout à fait. Du côté du PCF, c’est le n-ième avatar de la politique des “rassemblements à gauche”. Du côté PG, c’est presque la condition pour survivre.

      Ensuite, je ne crois pas une seule seconde que JLM jouera “collectif” une fois désigné !

      Moi non plus. Et c’est là à mon avis que la candidature risque de naufrager. Je crois que JLM ne se rend pas compte à quel point ses sorties “gauchistes” peuvent heurter les militants et les
      électeurs communistes. Et je le vois mal s’imposer – et encore moins imposer à ses partisans inconditionnels – une inflexion prudente de son discours.

      Et les problèmes évacués au lieu d’être mis sur la table (nucléaire, alliance avec le PS, interventions militaires de la France, etc…) vont vite ressurgir !

      Tout à fait. Surtout si une crise les met au devant de la scène. Souviens toi comment la question de l’intervention au Kossovo avait fini de torpiller la liste “bouge l’Europe”…

      Qu’exprimera alors JLM ? Sa position habituelle (par exemple sortie du nucléaire et tout le toutim écolo barbant) ou celle du PCF ?

      La direction du PCF croit (ou fait semblant de croire) qu’avec un accord programmatique contraignant il va obliger JLM a porter un programme agréé d’avance. Personnellement, je n’y crois pas un
      instant.

      Les propos de JLM sont changeants au gré de ses humeurs et des pressions politiques de son entourage gaucho-écolo-libertarien !

      Oui. Sans aucun doute.

      Nos révolutionnaires bien pensants, Mélenchon et Besancenot, oublient l’un et l’autre la République et l’Etat-Nation.

      Oui. Et du coup, on laisse ces drapeaux au Front National.

       

  5. Darthé-Payan dit :

    “La question ne se pose pas. La direction du PCF a décidé que ce serait Jean-Luc Mélenchon, et ce sera Jean-Luc Mélenchon. Crois moi, la direction du PCF a les moyens de sa politique. Et l’enjeu
    pour elle est trop grand pour qu’elle prenne des gants. Tu veux parier ?”

    Cela fait belle lurette qu’en politique, je ne parie plus…

    Mais s’il y avait une candidature “dissidente” clairement estampillée “communiste” et non “Front de gauche”, je pense à Gérin ou encore Gremetz (même si pour ce dernier c’est fort peu probable vu
    qu’il a été à la ramasse aux dernières cantonales), cela risque t-il d’achever le PCF ou encore de la casser en plusieurs groupes qui se rangeraient derrière la Direction du PCF et donc pour JLM et
    d’autres derrière le “dissident”. Est-ce envisageable ?

    Et puis, il y a aussi les “ambitieux” du PG qui voudraient avoir leur candidature FDG aux législatives. Apparemment cela frictionne entre le PCF et le PG sur ce sujet. Le PCF veut 70 ou 80% des
    candidatures et donc 20 à 30% pour le PG et ce dernier réclame “goulument” 50 % ! Là viendra le problème de la tambouille électorale, le nombre potentiel d’élus PCF, PG et je te dis pas les
    errances de candidats pour avoir un pied à terre ou point de chute “parachutage” ! N’est-ce pas ce que fait JLM en ce momment cherchant du côté de Montreuil, d’Argenteuil, des X ou XIème
    arrondissement de Paris ! Son ancien fief de Massy et de l’Essonne le “rejette” et dans la circonscription électorale européenne “grand sud ouest”, il y a bien des départements potentiellement
    accueillant mais là, le PS est archi puissant !

    Je partage ton point de vue. La gauche laisse la République et l’Etat-Nation à l’extrème droite. Ce qui est une grosse erreur politique qui sera lourde de conséquences ! Mais pour la gauche en
    général et la gauche radicale en particulier, les intérêts particuliers des classes moyennes et petites bourgeoises urbaines et péri-urbaines et l’Europe fédérale sont plus importants que l’intérêt
    général et national ! Pour elles : notre pauvre République, notre pauvre Etat-Nation c’est du passé ! Pour eux c’est : Vive la tribu, vive le territoire communautaire, vive le grand large ! Et puis
    notre république Française-Etat-Nation doit expier ad vitam eternam trois crimes : la colonisation et l’esclavage, le gouvernement de Vichy, la guerre d’Algérie !

    • Descartes dit :

      Mais s’il y avait une candidature “dissidente” clairement estampillée “communiste” et non “Front de gauche” (…) cela risque t-il d’achever le PCF ou encore de la casser en plusieurs groupes
      qui se rangeraient derrière la Direction du PCF et donc pour JLM et d’autres derrière le “dissident”. Est-ce envisageable ?

      Connaissant le PCF de l’intérieur, je n’y crois pas un instant. Les militants communistes sont légitimistes jusqu’à l’excès, et pour eux tout ce qui pourrait attenter à l’unité du Parti est
      anathème. En plus, les personnalités en question (Chassagne, Tran, Gérin) sont des notables locaux mais sans aucune empreinte nationale. Je les vois mal partir pour une campagne présidentielle où
      ils feraient au mieux 1%.

      Et puis, il y a aussi les “ambitieux” du PG qui voudraient avoir leur candidature FDG aux législatives. Apparemment cela frictionne entre le PCF et le PG sur ce sujet. Le PCF veut 70 ou 80%
      des candidatures et donc 20 à 30% pour le PG et ce dernier réclame “goulument” 50 % !

      Ca, c’est le véritable noeud de l’affaire. Jean-Luc sait très bien que pour décrocher la candidature il faut qu’il modère singulièrement les appétits de ses propres amis. En dehors des
      circonscriptions où il y a des sortants (qui seront sanctuarisées quoi qu’il arrive), il y aura très peu de circonscriptions “gagnables”. Non seulement le PCF veut (à juste titre, vu son poids
      réel) 80% des circonscriptions, mais il voudra aussi 99% des potentiellement gagnables. Et c’est là où ça va coincer. Sans compter sur le fait qu’il y aura des trahisons de dernière minute entre
      la présidentielle et les législatives…

      Pour le reste, totalement d’accord avec toi. Mais il y a des raisons d’espérer: le succès du Front National montre bien que les valeurs de la laïcité, de la République, de la Nation ont encore
      une puissante résonance dans notre peuple. Cela constitue une base d’appui solide pour celui qui demain pourrait vouloir les reprendre à gauche.

  6. Marcailloux dit :

    @ Descartes
    Vos billets sont comme les plats mijotés, ils se servent plusieurs jours de suite et ont toujours, à chaque lecture, une saveur différente.
    Vous écrivez « Le militant de base n’a pas grande chose à perdre avec son exclusion: il évitera au contraire d’ennuyeuses réunions et pourra consacrer ses soirées à ses loisirs au lieu de faire du
    “porte-à-porte” ou coller des affiches. »
    Cette phrase me trouble. N’ayant jamais été militant d’un parti, n’en possédant pas la mentalité, je ne comprend pas en quoi il n’aurait pas grand-chose à perdre en étant exclus.
    De deux choses l’une, ou il considère le militantisme comme une corvée (ennuyeuses réunions, porte à porte, etc…) et personne ne l’empêche de ne pas renouveler son adhésion – sauf coercition
    condamnable du parti – ou il considère son engagement comme une mission qu’il se donne et alors l’exclusion est vécue comme une répudiation douloureuse.
    Faut il y voir une vision « féodale » des militants de base, enchainées affectivement au parti comme l’étaient des serfs à leur suzerain et qui hors de la communauté aliénante, étaient condamnés à
    la marginalité, à l’excommunication infamante ?.
    Ne pourrait on pas soupçonner une tendance du PC à considérer que le parti est propriétaire non seulement de l’opinion de ses membres, mais des voix – se réduisant en peau de chagrin – de ses
    électeurs.
    Le PC me fait un peu penser à l’Église catholique en France. À vouloir embrigader ses partisans, ses fidèles, elle a perdu à la fois ses fidèles mais aussi conjointement ses prêtres, c’est-à-dire
    ses militants pour un parti. Les croyants, comme les sympathisants se sont affranchis d’une structure qu’ils considèrent comme obsolète et incapable de répondre aux défis du monde actuel.
    Faudra t il passer sous la barre du 1 % à une élection nationale pour que les caciques de ce parti en prennent conscience.
    Ce parti est comme serait une fabrique de carrosse, avec tout l’outillage nécessaire, toute l’organisation adéquate, tout le réseau commercial et pas ou pratiquement pas de clients pour justifier
    son existence. Et l’ennui, c’est que tout cet outillage, toute cette compétence, tout ce réseau se délitent et se dégradent au fil du temps et vont bientôt se perdre comme un seau d’eau dans le
    sable.
    Je plains sincèrement les militants dévoués qui assistent à ce triste spectacle.
    Bon week-end .

    • Descartes dit :

      Vos billets sont comme les plats mijotés, ils se servent plusieurs jours de suite et ont toujours, à chaque lecture, une saveur différente.

      Oh, c’est gentil ça! Merci de l’encouragement.

      Vous écrivez « Le militant de base n’a pas grande chose à perdre avec son exclusion: il évitera au contraire d’ennuyeuses réunions et pourra consacrer ses soirées à ses loisirs au lieu de
      faire du “porte-à-porte” ou coller des affiches. » Cette phrase me trouble. N’ayant jamais été militant d’un parti, n’en possédant pas la mentalité, je ne comprend pas en quoi il
      n’aurait pas grand-chose à perdre en étant exclus.

      Ma phrase se voulait ironique. Effectivement, pour ceux qui n’ont pas été militants dans un parti, elle est peut-être incompréhensible. Le militantisme, faut bien le dire, est un sacerdoce. C’est
      un ensemble de corvées qu’on s’impose soi même. Bien entendu, il y a un certain nombre de récompenses symboliques ou réelles. Mais au PCF, les recompenses réelles ont toujour été fort rares.
      Reste le symbolique. Et si dans les années ’50 les militants communistes constituaient une véritable “contre-société” dont il était dur d’être exclu, les années ’70 ont vu la fin de ce modèle.
      D’ailleurs, le PCF lui même a pris conscience que l’exclusion ne faisait plus peur à personne, et l’exclusion de simples militants devient exceptionnelle dès la fin de la décennie. Les seuls pour
      qui ces sanctions continuent à être dissuassives sont les permanents et les élus, parce que eux ont quelque chose de très concret à perdre: argent et pouvoir. 

      (…) ou il [le militant] considère son engagement comme une mission qu’il se donne et alors l’exclusion est vécue comme une répudiation douloureuse.

      Seulement s’il considère que “on n’a jamais raison contre le Parti” (selon les mots de Trotsky), parce que dans cette hypothèse l’exclusion implique nécessairement d’avoir tort politiquement.
      Mais ce sentiment a disparu depuis bien longtemps: L’individualisme dominant après mai 68 conduit les militants à penser que non seulement on peut avoir raison contre le Parti, mais que le
      militant a toujours raison. Dans cette logique, c’est le militant qui fait une faveur au Parti en restant, et si l’on est exclu c’est que le Parti est trop bête pour comprendre
      l’honneur que le militant lui fait.

      Faut il y voir une vision « féodale » des militants de base, enchainées affectivement au parti comme l’étaient des serfs à leur suzerain et qui hors de la communauté aliénante, étaient
      condamnés à la marginalité, à l’excommunication infamante ?.

      Féodale non, mais utilitaire oui. Les militants d’antan avaient conscience que “seul on n’est rien”, et donc acceptaient librement une soumission à la décision collective parce qu’elle était pour
      eux la condition sine qua non de l’efficacité. Et c’est pour cela que “hos de la communauté” le militant était condamné à l’inefficacité. La logique post-68 est que le parti n’est qu’un “outil”
      (la logique fut même théorisé sous le règne de UbHue 1er) dans les mains de chaque militant. C’est donc le militant individuel qui est le siège de l’action, et non le parti comme collectivité. On
      en est même arrivé à parler de “communistes de carte et communistes de coeur” en jugeant qu’il n’y avait aucune différence.

      La difficulté, c’est que seuls les “communistes de carte” se tapent les corvées. Du coup, tu en trouves chaque fois moins, alors que les “communistes de coeur” pullulent…

      Le PC me fait un peu penser à l’Église catholique en France. À vouloir embrigader ses partisans, ses fidèles, elle a perdu à la fois ses fidèles mais aussi conjointement ses prêtres,
      c’est-à-dire ses militants pour un parti.

      Cette théorie ne tient pas la confrontation avec la réalité: c’est au moment ou le PCF était le plus “embrigadeur” (la période “stalinienne” 1945-1960) qu’il avait le plus de forces. Et c’est
      lorsqu’il est devenu plus “soixante-huitard, au debut des années 1990, qu’il s’est effondré. La comparaison avec l’église catholique n’est d’ailleurs pas mauvaise: là où elle est restée ferme sur
      le dogme, l’Eglise garde un pouvoir considérable, alors que là où elle a été le plus libérale, elle a sombré dans la sécularisation…

      Les croyants, comme les sympathisants se sont affranchis d’une structure qu’ils considèrent comme obsolète et incapable de répondre aux défis du monde actuel.

      En fait, c’est exactement le contraire. On lui a fait payer plutôt ses tentatives (maladroites) de se mettre à jour. Ce n’est pas par hasard si dans un monde aussi instable et inquiétant que le
      notre les gens – et surtout les jeunes – cherchent des structures capables, par leur permanence, de les rassurer. En poussant le trait, on pourrait dire que le PCF, qui avait tenu bon en mai
      1968, est devenu “permissif” juste au moment où la vague s’inversait et que les jeunes cherchaient dans l’intégrisme religieux ou dans la tradition (par exemple, au FN) des références
      “obsolètes”…

      Ce parti est comme serait une fabrique de carrosse, avec tout l’outillage nécessaire, toute l’organisation adéquate, tout le réseau commercial et pas ou pratiquement pas de clients pour
      justifier son existence.

      Tu parles comme si le PCF défendait toujours les principes “originels”. Mais non: le PCF a jeté par dessus bord tous ces “outillages”. La dictature du prolétariat, l’analyse marxiste, le
      matérialisme, les “lendemains qui chantent”, le “grand soir”… tout ça est parti à la poubelle. Reprocher au PCF d’être “obsolète”, c’est oublier que depuis quinze ans le PCF a au contraire fait
      sienne toutes les modes, toutes les revindications post soixante-huitardes: féminisme, LGBT, individualisme… L’échec du PCF n’est pas l’échec des valeurs “obsolètes”, mais au contraire celui
      des valeurs “modernes”…

       

  7. « La conséquence a été la “localisation” du Parti ». Dis plutôt la féodalisation du parti. Ce n’est d’ailleurs pas propre au PCF : il faut voir ce qu’est devenu le PS avec feu Frêche en
    Languedoc-Roussillon, Guérini dans les Bouches-du-Rhône, Collomb à Lyon, etc.

    Comment l’expliquer ? J’y vois deux causes principales : la présidentialisation et la décentralisation.

    La présidentialisation d’abord : c’était le vœu du général de Gaulle d’affaiblir les partis. Pari réussi, au-delà de tout espoir. Pompidou disait qu’un candidat ne devait même pas avoir
    d’étiquette, car les Français votent pour un homme. Dans ce cadre là, le délitement des partis était prévisible. On ne peut pas approuver l’esprit de la V° République et regretter le déclin du PCF…
    A trop personnaliser le pouvoir, on a fini par oublier que les partis peuvent avoir leur utilité. La seule chose aujourd’hui qui soude le parti, c’est la capacité du chef à s’imposer et à gagner.
    Un vrai système païen antique qui repose sur le charisme du chef. Sitôt que la défaite arrive, le vent de la contestation se lève et le parti éclate : certains chefs de clan s’en vont avec leurs
    fidèles (voir Borloo quittant l’UMP)… Il n’y a ni fidélité, ni loyauté qui tienne. Aucun parti n’a d’ailleurs de ligne claire, il « rassemble » des gens que tout oppose.
    Au PS, aucune élection nationale n’a été gagnée depuis les législatives de 1997, et de plus, la désignation de Martine Aubry a entraîné des contestations. De fait, la direction du PS est
    collégiale, trop collégiale. Donc les « barons » locaux gagnent en autonomie : Frêche ne fut inquiété que tardivement, et je ne parle pas de Guérini, pourtant mis en cause par un autre baron,
    Montebourg…

    Or, avec la décentralisation, les barons locaux ont plus de prérogatives, plus d’argent à disposition, plus de postes à distribuer. Ils deviennent tout-puissants. Le parti ne peut se passer d’eux
    mais est incapable de leur imposer une quelconque discipline, sinon le baron passe avec armes et bagages dans un autre camp.

    Du coup, j’en viens à me poser cette question : avec son « culte du chef » et sa relative centralisation, le FN n’est-il pas finalement le parti le mieux taillé pour la V° République ?

    • Descartes dit :

      « La conséquence a été la “localisation” du Parti ». Dis plutôt la féodalisation du parti.

      Je partage totalement ce diagnostic. La “localisation” s’est traduit, comme toujours en France (il n’y a qu’à voir comment à fonctionné la décentralisation) par une féodalisation.

      Comment l’expliquer ? J’y vois deux causes principales : la présidentialisation et la décentralisation.

      Là par contre, je ne partage nullement. La présidentialisation aurait du au contraire profiter aux partis centralisés et aux figures nationales (et de fait, cela a été le cas). Quant à la
      décentralisation, c’est en même temps une cause et une conséquence de la “féodalisation” politique.

      La présidentialisation d’abord : c’était le vœu du général de Gaulle d’affaiblir les partis. Pari réussi, au-delà de tout espoir. Pompidou disait qu’un candidat ne devait même pas avoir
      d’étiquette, car les Français votent pour un homme. Dans ce cadre là, le délitement des partis était prévisible.

      Je pense que tu fais un contresens. De Gaulle n’a pas cherché à “affaiblir les partis”, mais à affaiblir leur contrôle sur les postes de pouvoir, ce qui n’est pas la même chose. De Gaulle avait
      justement une haute idée du parti politique comme lieu de débat et de formation. Mais il estimait (et à mon sens il avait raison) que le contrôle par les partis des positions de pouvoir se
      traduisait par une déposession du citoyen (c’est le parti qui choisit le gouvernant) et provoquait à terme la dilution des responsabilités. La réflexion de Pompidou va dans le même sens: c’est le
      candidat qui sollicite les suffrages pour réaliser une politique qu’il propose et dont il prend personnellement la responsabilité devant l’électeur. “Voter pour un parti” implique une totale
      irresponsabilité: si le candidat trahit ensuite le programme qu’il s’est engagé à défendre, qui est responsable ? Le parti qui l’a désigné ? La personne ?

      On ne peut pas approuver l’esprit de la V° République et regretter le déclin du PCF…

      Au contraire. L’esprit de la Vème était parfaîtement adapté au PCF. D’ailleurs, c’est la Vème qui a permi au “gaullo-communisme” de s’épanouir. Et ce n’est pas par hasard si la plupart des
      contempteurs de la Vème étaient eux mêmes des anticommunistes patentés. Si seulement les dirigeants du PCF avaient su bien l’analyser et ne pas s’arrêter au réflexe “anti-personnalisation”,
      beaucoup de désastres auraient été évités. Par exemple, de voter pour un homme de la IVème.

      La seule chose aujourd’hui qui soude le parti, c’est la capacité du chef à s’imposer et à gagner.

      Mais ce n’est pas dans l’esprit de la Vème. C’est au contraire un effet du “retour à la IVème” amorcé par la cohabitation et par l’irresponsabilité du président. Encore une fois, tu écris comme
      si nous étions encore sous la Vème République. La Vème République est morte en 1986.

      Du coup, j’en viens à me poser cette question : avec son « culte du chef » et sa relative centralisation, le FN n’est-il pas finalement le parti le mieux taillé pour la V° République ?

      Faudrait savoir. Après avoir essayé de démontrer que la Vème république conduit inévitablement à la féodalisation des partis, tu montres qu’un parti politique peut très bien prospérer sous la
      Vème tout en restant centralisé…

      Le succès du FN est l’illustration de la démonstration que j’ai fait plus haut: l’esprit de la Vème (auquel les français sont très attachés) ne nie nullement l’utilité des partis. Simplement, il
      établit entre les partis et les postes de pouvoir une cloison étanche, qu’on ne traverse que grâce au suffrage universel. Dans cette vision, ce ne sont pas les partis qui distribuent les postes,
      ce sont les électeurs qui les accordent. Et du coup, les citoyens-électeurs savent qui est responsable de quoi. C’est d’ailleurs ce qui attire beaucoup de gens vers le FN.

  8. Mohican dit :

    Bonjour,

    Un entretien entre Jean Luc Mélenchon et Emmanuel Todd est disponible aujourd’hui en accès libre sur le site d’Arrêt sur images :

    http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=3931

    Cordialement.

  9. Darthé-Payan dit :

    @ Descartes @ Nationaliste-Jacobin

    Je partage le propos de Descartes. J’irais même plus loin en disant que la décentralisation n’est-ce pas un retour à une forme politico-administrative qui sent bon l’Ancien Régime ? Les Régions
    rappelant les provinces ou généralités ; les supers régions les pays d’Etat ou d’Election etc…

    Le but du politique de droite et de gauche qui aujourd’hui se situant dans l’Europe fédérale est bien ne revenir sur tout ce qui peut être constitutif de la République et de l’Etat-Nation. La
    décentralisation, déjà commencé sous Giscard, mais proclamée et instaurée sous Mitterrand en 1982 était prévue pour rapprocher le pouvoir politique de décision et le pouvoir administratif
    d’application du Citoyen, de réduire les impôts et de permette aux citoyens d’avoir plus de pouvoir et d’être plus impliqués dans la res publica ! 30 ans après, nous pouvons que constater que tout
    cela n’a abouti qu’a de nouvelles féodalités, potentats et clientélismes locaux, une atteinte grave à l’égalité des droits des citoyens, la rupture avec la continuité territoriale, la remise en
    cause de la notion d’unité et d’indivisibilité de notre république, le dévoiement de la notion de service publique, etc… L’acte 2 Raffarinien (mais aussi Mauroyiste, Mauroy présidée la commission
    et cette dernière dans ses propostions allait beaucoup plus loin que se proposa Chirac et Raffarin !) est l’achèvement de 1982 ! Le couronnement vient ensuite avec la remise en cause des
    départements (Issus de la Révolution française) avec la fin des conseillers généraux et la toute la puissance de la Région. Ce projet d’une France décentralisée, régionalisée, atomisée, désunie et
    divisée est proprement a-républicain et contre révolutionnaire ! De plus, il se situe dans la futur Europe des Régions et des communautés qui signera la mort des Etats-Nations souverains. La
    dernière étape ultime c’est le 1er janvier 2015 et le GMT, la France Etat-Nation souveraine et indépandante ne sera plus que petit vassal Etats-Unien dans vaste marché transatlantique du libre
    échange ! La boucle est bouclée !

  10. @Darthé-Payan

    Je suis on ne peut plus d’accord avec vous. Vous prêchez à un convaincu. D’où l’importance de 2012. Le problème est que l’opinion semble placer Marine Le Pen comme meilleure opposante à ce projet
    européiste et transatlantique. Je pense pourtant que Nicolas Dupont-Aignan ou Jean-Pierre Chevènement seraient plus à même de régler le problème. Si seulement des gens comme NDA, Chevènement,
    Asselineau, Coûteaux… réussissaient à s’associer (au moins provisoirement) dans un programme de reconquête de la souveraineté et de restauration de la République.

    @Descartes

    « L’esprit de la Vème était parfaîtement adapté au PCF. » Ah bon ? Dans ce cas, tu aurais dû adhérer au PCF pour le leur dire, parce que, apparemment, ils n’ont pas dû comprendre. Je note que le
    PS, sans doute moins adapté, s’en est mieux sorti.
    Le « gaullo-communisme », je ne sais pas ce que c’est. En revanche, les gaullistes ont toujours été majoritairement anti-communistes. Et si un ministre communiste avait servi de Gaulle sous la V°,
    ça se saurait.

    « si le candidat trahit ensuite le programme qu’il s’est engagé à défendre, qui est responsable ? Le parti qui l’a désigné ? La personne ? » Le parti si c’est le parti qui trahit ses engagements.
    Naturellement, un tel système suppose une forte discipline dans le parti, et que le parti tienne au mieux ses engagements. Mais un parti est confronté à la réalité, et il est amené parfois à
    infléchir certaines de ses positions. Les dirigeants du parti doivent être capables d’expliquer aux électeurs qu’ils ont des priorités et que tout n’est pas possible. Le président de la République
    ne fait pas autre chose.

    « La Vème République est morte en 1986. » Vraiment ? Dis-moi, peux-tu démontrer que la Constitution a été violée en 1986 ? Peux-tu me présenter un amendement modifiant radicalement la Constitution
    à cette date ? Tu parles de l’ « esprit » de la V°. C’est quoi l’esprit de la V° ? C’est ce que tu comprends de la volonté gaullienne. Mais s’il a été si facile de violer l’ « esprit » de la V°,
    alors c’est que De Gaulle a mal fait les choses. Si l’ « esprit » n’est pas inscrit de manière contraignante dans la Constitution, alors c’est du vent. Sur le fond, je suis d’accord avec toi, mais
    un mitterrandiste te répondrait peut-être que son champion a interprété différemment la Constitution sans la trahir…
    De plus, tu négliges un détail : le passage au quinquennat, qui réduit considérablement les risques de cohabitation. Du coup, Nicolas Sarkozy a « représidentialisé » le régime, même si ce fut
    souvent maladroit. Il me paraît difficile de prétendre que Nicolas Sarkozy ne gouverne pas. Le président est revenu au centre du jeu politique alors qu’il l’avait quitté sous Mitterrand et
    Chirac.

    « la Vème république conduit inévitablement à la féodalisation des partis » : ce n’est pas ce que j’ai voulu dire. J’ai voulu dire que l’absence de chef charismatique et incontesté doublée d’une
    décentralisation accrue favorise la féodalisation des partis. Mais ce n’est pas inévitable. Toutefois, le rapport d’homme à homme, dans une personnalisation excessive du pouvoir, finit par
    l’emporter (ou du moins concurrencer) sur la solidarité interne au parti. Je te renvoie aux liens suzerain-vassal pour la suite… Et je crois que ce que tu as très bien décrit pour le PG, agrégation
    de groupuscules qui sont autant de chefferies tribales, correspond à cela. Mais ce n’est pas seulement vrai pour le PG.

    « un parti politique peut très bien prospérer ». Tout dépend ce qu’on appelle « prospérer » : pas de député, pas de sénateur, pas de ministre, pas une parcelle de pouvoir au niveau national. La
    prospérité est très relative. Le FN est (ou était) isolé par un cordon sanitaire (la FN doit être une maladie…) formé par les autres partis.
    Si un parti est solidement organisé avec un chef reconnu, en votant pour ce parti, les citoyens peuvent considérer que c’est à son dirigeant qu’ils font confiance. En votant directement pour le
    chef, on le place au-dessus de son parti. Je préférerais qu’il reste simplement au sommet du parti. La nuance est subtile, mais elle compte pour moi.

    • Descartes dit :

      « L’esprit de la Vème était parfaîtement adapté au PCF. » Ah bon ? Dans ce cas, tu aurais dû adhérer au PCF pour le leur dire, parce que, apparemment, ils n’ont pas dû comprendre.

      Ils l’avaient assez bien compris, au contraire. Tant et si bien que le PCF, au delà du discours, n’a jamais fait trop d’effort pour changer les institutions. L’opposition du PCF aux institutions
      de la Vème était plus une opposition symbolique, ancrée dans la tradition “assambléiste” de la gauche française, qu’autre chose. D’ailleurs, on l’a bien vu en 1968: le moins qu’on puisse dire est
      que le PCF ne s’est pas vraiment investi dans une contestation institutionnelle.

      Le « gaullo-communisme », je ne sais pas ce que c’est. En revanche, les gaullistes ont toujours été majoritairement anti-communistes.

      Oui… et non. Les gaullistes ont été des anticommunistes idéologiques, mais pas nécessairement des anticommunistes politiques. Car il n’y a pas qu’un seul “communisme”: Il y avait le communisme
      comme idéologie. Il y avait le communisme tel qu’il était conçu par le PCUS. Il y avait le communisme tel qu’il été conçu par le PCF. Les gaullistes rejettaient idéologiquement les fondements du
      projet communiste. Mais contrairement aux anticommunistes “centristes” (ceux du MRP ou du PS, par exemple) ils ne diabolisaient pas les organisations communistes ni proposaient de les
      “ghettoiser”. Pour De Gaulle, nommer un communiste à la tête du CEA ne posait pas de problème. Pour Bidault ou Mitterrand, oui.

      Et si un ministre communiste avait servi de Gaulle sous la V°, ça se saurait.

      Il y a beaucoup de manières de participer à une politique sans être ministre. Le PCF n’a pas eu de ministres sous le Front Populaire, par exemple. Et le PCF a vu plus d’éléments qui lui tenaient
      à coeur repris par le gouvernement De Gaulle sous la Vème que par n’importe quel gouvernement de la IVème.

      « si le candidat trahit ensuite le programme qu’il s’est engagé à défendre, qui est responsable ? Le parti qui l’a désigné ? La personne ? » Le parti si c’est le parti qui trahit ses
      engagements.

      Exact. Mais on ne peut sanctionner un “parti”. D’où le sentiment d’irresponsabilité qui accompagne les scrutins de liste: en ne votant pour le “parti” qui trahit ses engagements, l’électeur
      sanctionne les derniers de la liste. Mais les hauts dirigeants, souvent en tête de liste, ne risquent rien.

      Les dirigeants du parti doivent être capables d’expliquer aux électeurs qu’ils ont des priorités et que tout n’est pas possible. Le président de la République ne fait pas autre chose.

      Sauf que le président de la République est une personne, et que l’électeur peut le sanctionner (dans l’esprit de la Vème, du moins), puisqu’un rejet de sa politique (dans une élection nationale,
      dans un référendum) l’oblige à démissionner. Comment appliquer cette logique de responsabilité à un scrutin de liste ?

      « La Vème République est morte en 1986. » Vraiment ? Dis-moi, peux-tu démontrer que la Constitution a été violée en 1986 ?

      Oui. Dans l’esprit sinon dans la lettre. La démonstration a été décrite par Maurice Duverger dans son livre “La nostalgie de l’impuissance”. La logique de la Vème République était celle d’un
      président puissant et responsable. La puissance résultait des nombreux pouvoirs que lui donne la constitution, la responsabilité de l’obligation de remettre son mandat chaque fois que le peuple
      manifestait un rejet de sa politique. En restant en 1986, alors que la politique mitterrandienne avait été rejetée par l’électorat, Mitterrand a modifié profondément l’esprit des institutions.

      Tu parles de l’ « esprit » de la V°. C’est quoi l’esprit de la V° ? C’est ce que tu comprends de la volonté gaullienne.

      Moi, et un grand nombre de constitutionnalistes, dont en particulier Duverger. Sans compter les débats du groupe de travail qui a rédigé la constitution, et qui a été publié par la Documentation
      Française (d’ailleurs un texte magnifique pour ceux qui s’intéressent à ces questions). Un texte juridique peut être modifié par un amendement, il peut aussi être modifié par l’interprétation
      qu’en font les gens chargés de l’appliquer.

      Mais s’il a été si facile de violer l’ « esprit » de la V°, alors c’est que De Gaulle a mal fait les choses.

      Il n’a pas été “si facile”. Il a fallu un changement sociologique et idéologique majeur de la société française. Et il vain de vouloir faire une constitution capable de résister à de tels
      changements: si la constitution de la Vème a “tenu” formellement aussi longtemps, c’est parce que le texte est suffisamment flexible pour s’adapter au changement des circonstances. Mais la
      pratique constitutionnelle d’aujourd’hui n’a aucun rapport avec l’esprit des institutions tel que l’ont voulu ses créateurs.

      De plus, tu négliges un détail : le passage au quinquennat, qui réduit considérablement les risques de cohabitation.

      Ca ne change rien: l’accroc de 1986 ne concerne pas que la cohabitation. La décision de Mitterrand établissait le principe que le président n’est pas obligé de quitter le pouvoir (ou de vérifier
      qu’il a toujours le soutien du peuple) lorsqu’il est contesté. Après 1968, de Gaulle (alors même que son parti avait remporté brillament les élections législatives) juge que la légitimité de son
      mandat nécessite un appel au peuple: c’est le référendum de 1969, et De Gaulle démissionne parce qu’il estime que le vote des français ne lui accorde pas suffisamment de légitimité. C’était cela
      le véritable “contre-poids” aux pouvoirs étendus du président. Mitterrand les a fait voler en éclats: Chirac restera, malgré les législatives et le référendum perdu. Aujourd’hui, on se demande ce
      qu’il faudait comme geste de rejet pour chasser un président…

      Le président est revenu au centre du jeu politique alors qu’il l’avait quitté sous Mitterrand et Chirac.

      Oui, mais sans la contre-partie qui en fait la légitimité, à savoir, la précarieté du mandat.

      Toutefois, le rapport d’homme à homme, dans une personnalisation excessive du pouvoir, finit par l’emporter (ou du moins concurrencer) sur la solidarité interne au parti.

      Cela ne me paraît pas évident. Les partis communistes de tradition léniniste, par exemple, on traditionnellement “personnalisé” la fonction de secrétaire général (Ce fut le cas pour Thorez ou
      pour Marchais) et cela e leur a jamais empêché de fonctionner d’une manière essentiellement collective et disciplinée. Je pense que la question de la personnalisation et celle du fonctionnement
      collectif sont deux choses totalement différentes. La personnalisation de la Vème république est une personnalisation symbolique, rien de plus.

      « un parti politique peut très bien prospérer ». Tout dépend ce qu’on appelle « prospérer »

      Tout à fait. J’aurais du mieux préciser: par prospérer je voulais dire “obtenir un appui populaire et influencer les politiques publiques”. Le FN a réussi les deux avec fort peu
      d’élus. 

      Si un parti est solidement organisé avec un chef reconnu, en votant pour ce parti, les citoyens peuvent considérer que c’est à son dirigeant qu’ils font confiance.

      Précisement. Mais si “c’est à son dirigeant que les citoyens font confiance”, alors ce “dirigeant” doit pouvoir gouverné sans être “tenu” par d’autres, qui n’ont pas la confiance du citoyen. Il
      faut donc que ce dirigeant ait les mains libres vis-à-vis de son parti… je crois que ton commentaire résume bien le problème. La logique de la Vème part de ce constat: on ne peut faire
      confiance qu’aux hommes, parce qu’ils sont les seuls qui puissent assumer la responsabilité de leurs actes. Les “partis” n’ont pas de consistence de ce point de vue.

  11. Marcailloux dit :

    Bonjour à tous, et voici une petite diversion à l’usage de vos contempteur ou contemptrices du blog JLM, ainsi d’ailleurs qu’à vos lecteurs assidus.
    C’est l’histoire de l’âne au fond du puits:
    Un jour, l’âne d’un fermier est tombé dans un puits.
    L’ animal gémissait pitoyablement pendant des heures, et le fermier se demandait quoi faire. Finalement, il a décidé que l’animal était vieux et le puits devait disparaître de toute façon, ce
    n’était pas rentable pour lui de récupérer l’âne.
    Il a invité tous ses voisins à venir et à l’aider.
    Ils ont tous saisi une pelle et ont commencé à enterrer l’âne dans le puits.
    Au début, l’âne a réalisé ce qui se produisait et se mit à crier terriblement.
    Puis à la stupéfaction de chacun, il s’est tu.
    Quelques pelletées plus tard, le fermier a finalement regardé dans le fond du puits et a été étonné de ce qu’il a vu.
    Avec chaque pelletée de terre qui tombait sur lui, âne faisait quelque chose de stupéfiant. Il se
    secouait pour enlever la terre de son dos et montait dessus.
    Pendant que les voisins du fermier continuaient à pelleter sur l’animal, il se secouait et montait dessus.
    Bientôt, chacun a été stupéfié que l’âne soit hors du puits et se mit à trotter!’
    Moralité :
    La vie va essayer de t’engloutir de toutes sortes d’ordures.
    Le truc pour se sortir du trou est de se secouer pour avancer.
    Chacun de tes ennuis est une pierre qui permet de progresser.
    Nous pouvons sortir des puits les plus profonds en n’arrêtant jamais.
    Il ne faut jamais abandonner

    Bonne soirée à tous

    • Descartes dit :

      Puisqu’on en est aux histoires édifiantes, voici une qui me semble bien plus relevante politiquement:

      Un jour, un paysant revenant de son travail le soir trouva sur la route un petit oiseau tombé du nid. Avec le soleil couchant, il commençait à faire froid et le petit oiseau commençait à sombrer
      dans l’hypothermie. Inquiet, le paysan vit au bord de la route une grosse bouse de vache, bien tiède. Il prit le petit oiseau, creusa un petit trou dans la bouse et le mit dedans, en attendant
      que sa mère vienne le récupérer. Le petit oiseau se raviva rapidement à la chaleur de la bouse et commença avec ses piaillements pour appeler ses parents. Entendant le bruit, un faucon qui
      passait par là prit le petit oiseau dans ses serres et l’emmena dans son nid pour son dîner.

      Moralités:

      1) Tous ceux qui te mettent dans le merde ne te veulent pas nécessairement du mal.

      2) Ceux qui te sortent de la merde n te veulent pas nécessairment du mal.

      3) Quand on est dans la merde, mieux vaut fermer sa gueule.

  12. Pyraquadel dit :

    @ Descartes > Histoire tirée du western spaghetti “Mon nom est personne”, si je ne m’abuse. J’adore ce film.

    • Descartes dit :

      Oh que non! C’est une histoire bien plus ancienne… je crois qu’elle figure dans les mémoires d’un homme politique des années 1920…

  13. Aubert Dulac dit :

    note (2) : c’est depuis le 25ème congrès de 1985 que les (résumés) des interventions au comité central, puis national ont commencé d’être publiés.

    • Descartes dit :

      Je n’avais pas réussi à retrouver une référence, alors j’ai fait confiance à ma mémoire, qui faisait remonter la décision à la fin des années 1970. En tout cas, cela ne change pas le sens de mon
      raisonnement: c’est bien sous le “stalinien” Marchais qu’on a décidé une mesure de transparence que bien peu de partis politiques ont imité. Il n’est pas non plus inutile de rappeler que
      Marie-George Buffet avait proposé au 34ème congrès d’en finir avec cette publication…

      En tout cas, merci de votre correction que je porte sur l’article.

  14. Aubert Dulac dit :

    J’ajoute ceci à mon commentaire no 13 :

    Il est important d’être précis historiquement sur ce chapitre de la transparence au PCF. Car, il n’est que de lire la manière dont un Jean-Claude Gayssot, alors secrétaire à l’organisation, en
    parle dans un livre pour s’en convaincre ( je tiens la citation à disposition ), le 25ème congrès fut selon moi clairement néostalinien : la crise qui a suivi les européennes d’avril 84 a rendu
    incontournable le débat sur un Déclin, inexplicable par des raisons simplistes. La “technique” de la direction de la direction fut d’avoir l’air dans un premier temps d’accorder que les bouches
    s’ouvrent, pour aboutir sur un congrès d’épuration qui n’a pas procédé à des exclusions physiques du Parti, mais a fait un grand ménage après avoir dressé partout, comme on pourrait le dire, “des
    listes grises”… Des membres du comité central connus et “en désaccord”, comme on dit, n’y ont été “conservés”, en quelque sorte, que pour la galerie. Cette épisode n’a pas joui d’une publicité
    sur le moment. Des positions, pour ne parler que de lui, comme celle de Lucien Sève, qui a fait partie de la dernière vague, récente, et cette fois “collective”, de départs, n’ont été connues que
    par la suite, par ses soins. Quand à Marchais, dans son dernier livre, “Démocratie”, de 1990, il campe sur une “explication” de cette crise de 1984 par des comportements individuels problématiques
    de dirigeants, même s’il n’écrit pas en toutes lettres “Complot”… Il y “décide”, par exemple, que “d’ailleurs” Pierre Juquin “n’est plus communiste”… Ce qui est grave, à mon sens, c’est y
    compris que depuis ( cf le comité national de novembre 98, au cours de “la Mutation”, où “le rapport” de Francette Lazard décrète l’annulation, à certaines exceptions près, et sous certaines
    conditions, de “toutes” (!?) les exclusions et mises à l’écart passés…) , aucune initiative du PCF n’ait été prise, que pour laver sa propre conscience de Parti, si l’on peut dire… Jamais il
    n’a, Lui, reconnu que non, cet épisode du milieu des années 80 n’a pas relevé essentiellement d’un complot. Jamais il ne lui a reconnu la dignité effective d’une “Crise”… Quant à Pierre Laurent,
    dans une interview au numéro spécial de l’Humanité consacré aux 90 ans du PCF, il a considéré qu’il n’y avait rien d’urgent de demander au travail historique de se prononcer sur… les trente
    dernières années, vu que c’était encore trop frais !… Malheureusement, les révolutionnaires, quelques soient leur acabit, n’ont pas “l’Histoire pour eux”, comme on pourrait dire “l’Éternité”.. La
    fin de Georges Marchais fut pathétique “..Le retard, le sectarisme, ce n’est pas ma faute”… Il n’empêche,lorsqu’on attend cinq ans après la chute du mur de Berlin pour abandonner le concept de
    centralisme démocratique, il y a des questions à se poser quand à la nécessité de réhabiliter des communistes qui ont eu le tort d’avoir… eu raison avant les autres… Ce n’est pas qu’une affaire
    personnelle. Mais de rendez-vous historiques successifs manqués… Il est important de se rendre compte, par exemple, du caractère trop tardif de la dite “Mutation”..

    • Descartes dit :

      Car, il n’est que de lire la manière dont un Jean-Claude Gayssot, alors secrétaire à l’organisation, en parle dans un livre pour s’en convaincre

      Pourrais-tu donner la référence exacte du livre en question ?

      le 25ème congrès fut selon moi clairement néostalinien (…)

      Justement, pas assez clairement, à mon sens. La direction du PCF de l’époque a hésité à trancher dans le vif, à sanctionner un certain nombre de conduites inacceptables (comme celles qui ont
      consisté à monter un “coup d’Etat” contre la direction avec la complicité du pouvoir mitterandien, voir la référence que fait Attali dans le premier tome de son Verbatim). Au lieu de clarifier la
      ligne, on l’a affaiblie pour pouvoir garder tout le monde dans une unité factice.

      aucune initiative du PCF n’ait été prise, que pour laver sa propre conscience de Parti, si l’on peut dire…

      Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’il sert à quelque chose de se frapper la poitrine et de confesser ses fautes. La répentance, ça suffit. S’il y a eu des fautes, il faut les corriger et faire
      en sorte qu’elles ne se reproduisent pas.

      Jamais il n’a, Lui, reconnu que non, cet épisode du milieu des années 80 n’a pas relevé essentiellement d’un complot.

      Heureusement. Parce que le “complot”, il était bien là. Habilement flattés par Mitterrand et les siens, les ministres communistes ont fini par croire qu’ils pouvaient voler de leurs propres ailes
      et prendre le pouvoir au PCF. Ils ont reçu l’allégeance d’un certain nombre de personnalités qui voulaint faire au PCF leur mai 68 avec vingt ans de retard. Aujourd’hui, bien entendu, tous ces
      personnages écrivent des pladoyers pro domo…

      Il n’empêche,lorsqu’on attend cinq ans après la chute du mur de Berlin pour abandonner le concept de centralisme démocratique, il y a des questions à se poser quand à la nécessité de
      réhabiliter des communistes qui ont eu le tort d’avoir… eu raison avant les autres…

      Etant donné le succès éclatant qu’à été l’abandon du centralisme démocratique (dans les deux ans qui ont suivi son abandon, le PCF perd les deux tiers de son effectif militant), je me permets de
      penser que les communistes dont tu parles, loin d’avoir raison avant les autres, avaient eu tort dès le départ.

      Ce n’est pas qu’une affaire personnelle.

      Meuh non, meuh non…

      Il est important de se rendre compte, par exemple, du caractère trop tardif de la dite “Mutation”..

      Une idiotie n’arrive jamais trop tard. Et la “mutation” était une pure idiotie. C’était en fait la prise de pouvoir pure et simple des “notables” sur le Parti. C’est d’ailleurs ce qui rend
      totalement ridicules le discours de Sève & Co.

  15. Aubert Dulac dit :

    Vous qui aimez la clarté, cette citation va sans doute vous ravir :

    Jean-Claude Gayssot, Le Parti Communiste Français, Messidor-Éditions Sociales, Paris 1989, pages 56-57 :

    “Et le parti communiste ? Ses reculs électoraux jusqu’à l’élection présidentielle de 1988 servirent d’aliments à un formidable déchaînement. L’anticommunisme est aussi ancien que notre parti
    lui-même. Pourtant jamais depuis les heures sombres de l’Occupation nous n’avions connu un tel déferlement de haine.

    Tout y est passé pour dénaturer le parti qualifié de “néo-stalinien”, de “machine à broyer”. Certains ont parlé de “paranoïa stalinienne”.
    (…)

    Face à cette agression, les communistes réagirent avec courage. Bien sûr, les reculs électoraux successifs les amenaient à s’interroger. Le contraire eut été surprenant. Certains doutèrent. Une
    poignée crut que son heure était arrivée. Pierre Juquin révèlera bien plus tard que, dès 1980, il avait entrepris un travail fractionnel; Marcel Rigout profita de sa position pour donner le signal
    public de l’offensive contre la politique du parti et de sa direction, à Rome, le 29 juin 1984. D’autres se sentirent pousser des ailes, à ce moment ou peu après, prêts qu’ils étaient à faire don
    de leur personne au parti !
    L’affaire touchait à l’essentiel : fallait-il mettre en cause l’analyse de la crise, la nature anticapitaliste des solutions à lui apporter, l’identité révolutionnaire du Parti communiste ?
    Fallait-il baisser la barre et coller au Parti socialiste pour entraîner la gauche et notre peuple à l’impasse ? En un mot, fallait-il renoncer ? Depuis le 25ème congrès, où un véritable
    affrontement d’idées a eu lieu dans le parti jusqu’au plus haut niveau de sa direction, la vie confirme amplement que, derrière le discours, ces prétendus “rénovateurs”, qui disaient vouloir sauver
    le parti, n’avaient en fait comme objectif que de le liquider en tant que parti révolutionnaire.

    Heureusement que les communistes ont tenu bon ! Heureusement que la direction du parti sous l’impulsion de son secrétaire général a su résister et imprimer un formidable effort de renouvellement de
    notre politique ! Sans cela notre parti aurait pu, comme dans d’autres pays européens, connaître le drame de l’éclatement, de la division. Pour le coup, on aurait pu parler de déclin.

    La question, je l’ai dit, fut tranchée au 25ème Congrès du parti. L’immense majorité des communistes estima qu’il existait déjà un parti social-démocrate en France. Et que c’était suffisant.”

    • Descartes dit :

      Tout à fait. Je trouve que Gayssot a fait dans ce texte une analyse limpide des années 1980. Et que les faits lui ont donné raison: cinq ans après que ces lignes furent écrites, les idées
      proposées par les renovateurs des années 1980 furent mises en oeuvre par Robert Hue. Résultat ?

  16. Aubert Dulac dit :

    Marchais, Hue… Les distinctions tranchées de “périodes” ne permettent pas de comprendre comment elles s’engendrent les unes les autres… Comment les communistes qui jadis avaient dogmatiquement
    réponse à tout ont fini par n’avoir plus rien à dire et manquer cruellement de biscuits… Si je me peux me permettre ce jeu de mot facile, …: ont fini par danser devant le buffet… Le principe
    rénovateur, il ne date pas de la dissidence de Pierre Juquin, ou de “la tardive mutation”… Il date de Georges Marchais lui-même… L’acte premier ce fut la manière dont fut présentée l’abandon de
    la dictature du prolétariat : comme un acte limite purement pragmatique, et donc sans assise théorique. J’ai vu et entendu devant moi Georges Marchais “expliquer”… que quand son costume était
    usé, il le changeait… Qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit. Je ne refuse pas toute forme de pragmatisme… Mais il est des questions où l’on ne peut se le permettre… On connait la
    formule rituelle : “ça ne correspond plus”…

    • Descartes dit :

      Le principe rénovateur, il ne date pas de la dissidence de Pierre Juquin, ou de “la tardive mutation”… Il date de Georges Marchais lui-même…

      S’il faut chercher les origines, je crois qu’il faut le chercher dans l’après mai-68. C’est dans ces années-là que se sont affrontés ceux qui voulaient garder un parti “ouvriériste” et
      tribunicien quitte à ignorer les “revendications nouvelles” (féminisme, communautarisme, etc.) qui s’étaient fait jour pendant les journées de mai, et les militants (dont beaucoup ont adhéré
      après 68) qui n’ont jamais tout à fait digéré le rôle joué par le PCF pendant cette période. Ce sont les relations difficiles entre ces deux groupes qui ont fait la ligne “un pas en avant un pas
      en arrière” qui caractérise le PCF des années 1970. Sous Waldeck-Rochet, déjà, s’esquisse une “ouverture à l’italienne” et on signe le programme commun de la gauche, deux erreurs qui couteront
      très cher au PCF. Toutes les capitulations suivantes sont déjà inscrites dans ce choix, qui est celui de l’abandon du rôle tribunicien.

  17. Aubert Dulac dit :

    Je ne vois pas les choses, pour rester aimable…, aussi unilatéralement que vous. Qu’entendez-vous précisément par dérive italienne, qui aurait commencé avec Waldeck Rochet ? La “condamnation” de
    “l’intervention” en Tchéchoslovaquie en relève-t-elle ? ( je mets des guillemets à condamnation, car ce ne fut pas le mot utilisé officiellement par le PCF à l’époque ) …Pour revenir à Marchais,
    je précise ma (mes) pensée(s) ( ce n’est d’ailleurs pas d’une “période”, mais d’une ère Marchais qu’il faut parler, son “règne” dura l’équivalent de trois septennats !.. Le PCF actuel en est
    toujours marqué…) : je considère qu’il a, à son coeur défendant, CRÉÉ dans “Le-Parti”-supposé-ne-pas-les-accepter des “Tendances”, qu’il a produit le conflit ( ça se lit à travers les zig-zag )
    entre “rénovateurs” et “orthodoxes”… Lorsque le relais fut passé à Robert Hue, celui-ci a eu pour lui les classiques paroles qu’on a dans ce genre d’institution envers son prédécesseur…
    C’est-à-dire minimisantes de la Responsabilité par le Contexte… Fin du Soviétisme, stratégie d’Union de la Gauche décidée avant lui… En somme, ça aurait été dur dur, pour Georges Marchais ! Il
    n’empêche, il a cassé le Parti, comme un enfant casse involontairement son jouet. Il n’a pas tenu la promesse, effectivement post-68, d’un “défi” de “démocratisation jusqu’au bout”…

    • Descartes dit :

      La “condamnation” de “l’intervention” en Tchéchoslovaquie en relève-t-elle ?

      A mon sens, oui. Non pas que condamner l’entrée des troupes du Pacte de Varsovie à Prague fut en soi une erreur. Mais comme dit Bacon, la pire des trahisons est de faire une bonne chose pour une
      mauvaise raison. Quoi qu’on puisse penser de cette affaire, le PCF n’a pas condamné l’intervention en question parce qu’il était politiquement en désaccord, mais pour se donner une “image” et ne
      pas froisser certains cercles intellectuels. Et cela s’est nettement senti par la suite. Si le PCF avait condamné après un travail théorique et avait enoncé clairement une doctrine sur la
      question, j’aurais applaudi. Mais tel que cela a été fait, il a finalement eu le pire de chaque option: il est apparu en même temps incohérent et insincère.

      je considère qu’il [Marchais] a, à son coeur défendant, CRÉÉ dans “Le-Parti”-supposé-ne-pas-les-accepter des “Tendances”, qu’il a produit le conflit ( ça se lit à travers les zig-zag ) entre
      “rénovateurs” et “orthodoxes”…

      L’erreur de Marchais (et quand je dis Marchais je fais un abus de langage, parce qu’en ce temps là il existait une véritable direction collective, direction qui a mis Marchais en minorité
      plusieurs fois) n’a pas été de “produire le conflit”. Les conflits sont normaux dans toute organisation humaine. Son erreur, ça a été de ne pas le trancher au nom de “l’unité du Parti”. Que les
      gens soient en désaccord, rien de plus normal. Mais il faut se demander de temps en temps si malgré les “désaccords” on peut continuer à travailler ensemble, ou bien s’ils sont si profonds qu’il
      vaut mieux se séparer et que chacun continue son chemin. La direction du PCF aurait du tirer les conclusions de l’obstructionnisme et des complots des “renovateurs” et les séparer du Parti. Elle
      à préféré au contraire préserver l’unité à force de concessions qui ont fini par rendre la ligne du PCF totalement illisible.

      Il n’a pas tenu la promesse, effectivement post-68, d’un “défi” de “démocratisation jusqu’au bout”…

      Au contraire, il a tout à fait tenu la promesse. Le PCF aujourd’hui est exactement le reflet de ce que la “démocratisation jusqu’au bout” sauce 68 peut produire.

  18. Aubert Dulac dit :

    Il faut de la loyauté dans le conflit. Le stalinisme n’a rien de loyal. Le dogmatisme a remplacé le “noyau de vérité absolu” de… la Dialectique par une prétention à détenir une vérité de
    “Politique Absolue” , en réalité, de loyalistes… entre eux et envers leur Cause fétichisée, première et dernière… Une cause qu’ils ont eux-mêmes noyée, en lui payant un loyer de plus en plus
    ténu. Jusqu’aux retournements de situations, de vestes et de pantalons, où des apparatchiks d’hier se reconvertissent en affairistes du jour… Sur le thème de la fidélité, posé par Alain Badiou,
    il faut lire la Place Rouge, de Pierre Courtade, qui démontre que le camarade “le plus sûr” n’est pas toujours celui qu’on croit..

    • Descartes dit :

      Il faut de la loyauté dans le conflit. Le stalinisme n’a rien de loyal.

      La deloyauté n’était certainement pas le monopole des “staliniens”. Les complots de Fiterman avec Mitterrand et son entourage pour dégommer Marchais et prendre le contrôle du Parti peuvent
      difficilement être considérés comme une preuve de loyauté.

      Faut arrêter de se raconter des histoires: les conflits des années 1980 n’ont pas été simplement des affrontements d’idées entre des “bisounours” renovateurs et des méchants staliniens. C’était
      avant tout des conflits de pouvoir entre une direction centrale et des “barons” locaux qui entendaient profiter de la faiblesse de cette dernière pour reprendre le pouvoir. Ralite, Hermier,
      Rigout, Braouezec… ce n’étaient pas des saints engagés dans une cause noble et désintéressée, mais d’habiles manoeuvriers ayant chacun son réséau d’obligés à placer. Pour avoir bien connu de
      l’intérieur le fonctionnement de la fédération des Bouches du Rhône du PCF, je peux te dire que les affrontements entre “Hermiéristes” et “anti-Hermiéristes” n’avaient rien d’idéologique. C’était
      une pure bataille maffieuse pour les places. Et le tort de la direction “marchaisienne” est d’avoir préféré garder une façade d’unité au lieu de dénoncer et de sanctionner ces comportements.

      C’est avec l’accession de Robert Hue et la réforme des statuts au 28ème congrès que les “barons” remportent finalement leur plus éclatante victoire. Le nouveau texte leur donne une liberté
      absolue de faire ce qu’ils veulent dans leur pré-carré sans craindre le moindre contrôle ou la moindre sanction. Exactement ce que voulaient les “refondateurs” et autres “renovateurs” de tout
      poil. Et on ne peut pas dire que les résultats soient brillants.

      Sur le thème de la fidélité, posé par Alain Badiou,

      Alain Badiou ? Celui qui a écrit “Kampuchéa vaincra ?” Pour une référence sérieuse…

       

       

  19. Aubert Dulac dit :

    Si vous savez dire, mieux qu’eux, ce que voulaient “les re-trucs ou les re-machins” de tout poil, comme les a désignés, pour s’en démarquer, Marie-Georges en succédant à Robert, c’est sûrement que
    c’est vrai… Et je vous en félicite. Vous avez raison, cessons de nous raconter des histoires… Surtout d’en faire… Alors que nous avions un si beau Parti roi des forets, un si bon outil pour
    percer le tunnel et en voir le bout !… Faut rester calme quand “on a des désaccords”, on met son mouchoir dessus en attendant des jours meilleurs… Il reste que la réalité de l’épisode 25ème
    congrès, ce n’est pas pour rien que j’ai souligné qu’elle ne fut pas transparente… La réalité des thèses d’un Lucien Sève, je ne les ai connues qu’après coup… C’est très difficile, croyez- moi,
    de “comploter” avec des camarades qu’on ne connait pas !… Vous présentez les choses en termes de barons et de réseaux, mais c’est à mille lieu de mon vécu de l’époque… Il ne faut certainement
    pas juger du moment par l’après. J’étais personnellement lié, dans l’Essonne, par la force du militantisme territorialisé que supposait le fonctionnement pyramidal, à Pierre Juquin… Mais ce que
    je retiens c’est qu’il y avait pas mal de monde à “ressentir” la même chose : non pas à savoir ce que nous voulions, mais plutôt à commencer de nous autoriser à parler de ce dont nous ne voulions
    plus… Et là ce n’était pas évident, oui, les remuants se sont retrouvés en listes “grises”, au point que c’était à se demander si on était encore en République !.. Encore trop grises, à vous
    entendre… Il n’empêche, la manière même dont vous, moi, discutons aujourd’hui n’existait pas à l’époque !… Vrai ou faux ?

    • Descartes dit :

      Si vous savez dire, mieux qu’eux, ce que voulaient “les re-trucs ou les re-machins” de tout poil,

      Je sais le dire certainement mieux qu’eux. Parce qu’eux, ils ont leurs intérêts à défendre. Et moi, je n’ai rien à gagner et rien à perdre dans la question. Mais je prefère me fier aux faits.
      Quand Attali écrit dans “Verbatim” (je cite de mémoire, je consulterai mon exemplaire ce soir et je remettrai la citation exacte) qu’un haut dirigeant du PCF (à l’époque ministre) est venu le
      rencontrer pour arranger les détails d’un complot contre Marchais et le BP, ça veut dire quelque chose. Et si l’on peut accuser Attali d’avoir inventé l’épisode, je dois dire que ce que j’ai vu à
      l’intérieur du PCF à cette époque-là confirme largement l’anecdote.

      Faut rester calme quand “on a des désaccords”, on met son mouchoir dessus en attendant des jours meilleurs…

      Pas nécessairement. On peut aussi partir et aller refaire sa vie ailleurs. Si l’on pense avoir raison, et bien, on n’a qu’à fonder un nouveau parti et soumettre une proposition aux citoyens. Et
      ce sont eux qui trancheront. C’est comme dans le couple: ou bien on trouve un équilibre qui permette de rester, ou alors on divorce. Mais vivre vingt ans avec pour seul objectif de gâcher la vie
      de l’autre, ce n’est pas une vie.

      Il reste que la réalité de l’épisode 25ème congrès, ce n’est pas pour rien que j’ai souligné qu’elle ne fut pas transparente… La réalité des thèses d’un Lucien Sève, je ne les ai connues
      qu’après coup…

      Lui aussi. Faut pas faire trop confiance aux souvenirs écrits dix ans et plus après les faits. Il y a chez les “re-quelque chose” une certaine tendance à réécrire l’histoire à leur avantage.

      C’est très difficile, croyez- moi, de “comploter” avec des camarades qu’on ne connait pas !

      Je ne comprend pas le sens de cette remarque. La plupart des “comploteurs” de cette histoire ont comploté avec des gens qu’ils connaissaient fort bien.

      Mais ce que je retiens c’est qu’il y avait pas mal de monde à “ressentir” la même chose : non pas à savoir ce que nous voulions, mais plutôt à commencer de nous autoriser à parler de ce dont
      nous ne voulions plus…

      C’est exactement ça. C’est pourquoi je parlais de ceux qui voulaient “refaire mai 68 au PCF”. Le mouvement “re-quelque chose” était destructeur précisement parce qu’il savait ce qu’il ne voulait
      pas, mais il était incapable de construire un projet cohérent. Et c’est précisement ce sentiment que les “notables” ont manipulé pour aboutir au 28ème congrès, où l’on a décidé qu’on ne “voulait
      plus” du centralisme démocratique, mais on n’a pas trouvé quelque chose à mettre à sa place. Et c’est dans ce vide que se sont engoufrés les “notables”.

      Et là ce n’était pas évident, oui, les remuants se sont retrouvés en listes “grises”, au point que c’était à se demander si on était encore en République !

      Mais vous oubliez la fin de l’histoire. Pierre Juquin est parti, avec ceux qui ont volu le suivre. Il a fondé sa propre organisation, où il avait toute liberté pour appliquer toutes ces
      excellentes idées que la direction “stalinienne” du PCF refusait. Et alors ? Où est ce parti maintenant ? Quelle est son oeuvre ?

      Et le cas de Juquin n’est pas isolé. L’histoire du PCF est pleine de dirigeants pleins d’idées qui, une fois dehors, n’ont jamais rien fait, jamais rien produit. Et alors, il faut se demander:
      comment est-ce possible que toutes ces bonnes idées n’aient jamais donné de fruits ? Si elles étaient si bonnes que ça, comment se fait-il que les communistes “dissidents” n’aient jamais réussi à
      construire en dehors du PCF le “vrai” parti communiste qu’ils appelaient de leurs voeux ?

      La réponse, c’est celle que vous avez donné plus haut. Tous ces dirigeants, tous ces penseurs savaient “ce qu’ils ne voulaient pas”. Mais ils étaient incapables de sortir de cette position
      idéaliste et de construire un projet d’organisation capable de fonctionner dans un monde réel qui n’est pas celui des bisounours.

  20. Aubert Dulac dit :

    OK, ne soyons pas des bisounours… Relevons les gants… Je n’accepte pas, je ne respecte pas les généralités binaires que vous faites qui vous font prendre votre esprit de classement et
    d’extermination des possibles pour une conscience de classe. Je ne respecte pas votre cynique partition des hommes, trop claire pour être honnête. Je ne respecte pas votre sectarisme. Je ne tolère
    pas votre intolérance, que vous projetez sur autrui comme terrorisme intellectuel “de l’autre”… Je n’encaisse pas votre “haine légitime” de 68… J’échange bien avec vous, pour vous combattre,
    pourquoi je n’échangerais pas avec Badiou, pour le combattre ?… Pour cela il faut bien que je commence par poser ce qu’il dit, non par le censurer à priori. Vous n’êtes, nous ne sommes pas moins
    comptables que lui du principe du “fascisme rouge”… En tant que principe, ce principe, je le connais. Je l’ai vécu de l’intérieur. Je m’en suis désolidarisé… Il finit par coller des gens au
    mur, mais il commence “tout naturellement” par le principe identitaire et exclusif, par lequel “certains”, toujours égaux à eux-mêmes, se considèrent “plus communistes” que d’autres, comme s’il
    s’agissait d’un attribut ! Un mot sur ce thème : je ne dis plus… “je suis communiste”, comme s’il était possible d’en faire un adjectif, une croyance, comme on dit “je suis chrétien, juif,
    musulman ou bouddhiste”… Ou comme s’il était possible d’en faire une étiquette, une nationalité, une appartenance… Une “naturalisation”… Comme s’il était possible d’assigner le communisme à
    identité, alors qu’il est devenir, comme l’a bien posé Jean-Paul Jouary… …Mais “un” communiste. L’article qui fait le substantif restitue à la fois une articulation et une substance de “la
    chose”, un effort pour la désidéaliser, la déchosifier… Une honnêteté matérialiste. Une incarnation. Le “un” est bel est bien dans comm-un-isme, qui ne se contente pas d’être un “commisme” qui
    ferait de “nous” des clones. C’est aujourd’hui relativement admis par tous, même s’ils n’en tirent pas toujours toutes les conséquences… En même temps, ne me prenez pas pour un imbécile. La dite
    “Mutation” s’est crue quitte avec une piqûre de rappel de bon “retour à Marx”-qui-a-dit-dans-le-Manifeste-de 1948 que, n’est-ce pas, que c’est le développement de chacun qui est la condition du
    développement de tous, et non l’inverse, bla bla bla… Ne me prenez pas “que” pour un con, comme disait Coluche, ça risque de vous revenir en boomerang. Je ne suis pas “un mutant”, comme ils se
    sont amusés à chambrer le robert-huisme dans “Bellaciao”, comme on en fait un film d’épouvante !… S’il fut un temps ou je ne savais pas exactement ce que je voulais, aujourd’hui ça va, merci. Je
    suis, contre Badiou, pour un nouvel amalgame de “Transition”, et non pour l’opposition binaire entre Communisme et Démocratie. J’ai désormais des idées précises sur la question. Voici : du temps où
    j’étais encore « conservé » au Parti, j’ai usé comme les autres du terme « consensus » sur le mode du mépris… Depuis, j’ai compris que ce mot pouvait correspondre à une
    pratique démocratique saine : précisément en une aptitude au dissensus, à acter loyalement le conflit et à le consigner d’une manière qui soit la plus juste possible, non déformante, et en dehors
    de tout bisounoursisme !.. Ainsi, lorsque l’on parle d’une démocratie « marchant sur deux jambe », comme l’a fait Pierre Laurent à l’occasion du dernier congrès du PCF, à savoir –
    « d’un côté « respecter » les opinions de chacun, et de l’autre « respecter » les décisions majoritaires »…, ça reste ambigu. C’est sur le mode de la
    « conciliation »… Ça reste une vision étroitement classique de ”la Démocratie”… Ce n’est pas satisfaisant. L’on connaît la classique réplique : “- T’es pas content ? Qu’est-ce que tu
    proposes ?…” Je propose un travail démocratique qui renoue avec le matérialisme historique, qui nous sorte vraiment de cet Idéalisme qui a fait qu’un pseudo Communisme, qu’un communisme canadry
    dry, qu’un Simulacre massif ayant amplement contribué à la Fin de l’Histoire, s’est effondré en moins de temps qu’il faut pour comprendre ce qui s’était passé… Si vous le voulez, je reviendrai
    sur “ce que je propose” afin de tenir compte de 68, pour “redéfinir la Démocratie”…

    • Descartes dit :

      “Je n’accepte pas ceci…”, “Je ne tolère pas cela…”. Vous avez l’air de vous croire à le tribune d’un meeting. Et bien, vous vous trompez. Vous êtes ici dans un lieu de débat. L’idée, c’est
      d’échanger des arguments, pas des anathèmes ni de grands discours enflammés. Alors, franchement, ce que vous “acceptez” et ce que vous “tolérez” m’est profondément indifférent.

      Permettez-moi de vous rappeler, poliment mais fermement, que ce n’est pas vous qui faites les règles ici. Vous êtes sur mon blog. Et sur mon blog, c’est moi qui décide ce qui est
      “tolérable” et “acceptable”. Heureusement pour vous, j’ai une idée bien plus large et plus tolérante que vous de ce qu’est un débat.

      Je n’encaisse pas votre “haine légitime” de 68…

      Ce n’est pas une question de “haine”. C’est une question de lucidité. Mai 1968 fut une fête d’un mois suivie d’une gueule de bois de quarante ans. Permettez moi de juger que cela ne valait pas la
      peine. Accessoirement, ce n’est pas mai 68 qui a changé les choses. Mai 68 a été le symptome d’une transformation profonde de la société. C’est l’épuisement des “trente glorieuses” et la crainte
      des classes moyennes de devoir partager leur niveau de vie avec les “nouveaux entrants” qui a changé la France, et non pas les manifs.

      pourquoi je n’échangerais pas avec Badiou, pour le combattre ?

      Je n’y vois pas d’inconvenient, mais ici vous n’échangez pas avec Badiou.

      Pour cela il faut bien que je commence par poser ce qu’il dit, non par le censurer à priori.

      Moi, je ne “censure” rien. Vous proposez Badiou comme référence, je vous signale qu’après l’épisode de “Kampuchéa vaincra”, l’autorité morale de Badiou pour donner des leçons est nulle. Pour ceux
      des lecteurs qui ne connaissent pas l’épisode, cela vaut la peine d’être rappelé. D’abord le contexte: en 1979, les troupes vietnamiennes entrent au Cambodge et mettent fin à la dictature
      sanglante de Pol Pot. Mais nous sommes en France à un moment particulier: après la rupture du Programme Commun, le PCF est la cible d’une campagne médiatique massive organisé par la “gauche
      bienpensante” qui prépare la candidature Mitterrand de 1981. Dans cette campagne se distingueront, outre les traditionnels rénégats ex-communistes tout un groupe de gauchistes ralliés à F.
      Mitterrand. Chaque évenement national ou international est mis à profit pour taper sur le PCF.

      L’entrée des troupes vietnamiennes au Cambodge ne fait pas exception à cette règle. Alors que le génocide cambodgien est parfaitement établi, une bonne partie de la gauche bienpensante se
      levera… pour condamner les vietnamiens. Le fait que le Vietnam ait été vu  comme un allié de l’URSS, alors que le régime cambodgien était soutenu par la Chine n’étant certainement qu’une
      coïncidence. D’éminentes personnalités – qui continuent toujours à sindigner au bon moment, mais qui gardent une discrétion remarquable sur ces épisodes – sont allées veiller devant l’ambassade
      du Cambodge ou même visiter la frontière cambodgienne pour proclamer leur solidarité indéfectible avec le peuple cambodgien… oprimé par les méchants vietnamiens. Rappelons aussi que c’est grâce
      à l’appui de l’ensemble du monde occidental que les représentants de Pol Pot ont continué à siéger à l’ONU comme représentants du peuple cambodgien, alors que les représentants du gouvernement
      mis en place après l’intervention vietnamienne étaient tenus pour des “usurpateurs à la solde de Moscou”.

      C’est donc dans ce contexte qu’Alain Badiou publie dans Le Monde du 17 janvier 1979 une tribune intitulée “Kampuchéa Vaincra !” (Kampuchéa, je dis ça pour les jeunes lecteurs, étant le nom avec
      lequel les Khmers Rouges de Pol Pot avaient rebaptisé leur pays). Dans cette tribune (que vous pouvez lire ici, et je vous l’assure, ça vaut la peine) Badiou non seulement défend le régime de Pol
      Pot, mais il prédit que le résultat de l’intervention vietnamienne sera “a guerre populaire de résistance nationale” du peuple khmer contre l’envahisseur assimilé à “l’impérialisme soviétique”.
      Et il conclut ainsi “Une seule chose compte : se lever contre l’agresseur, et assurer, dans les faits, le peuple cambodgien de notre soutien dans la guerre prolongée de libération -la troisième –
      à laquelle il se trouve aujourd’hui acculé”.

      Que Badiou se soit laissé aveugler par son antisoviétisme, soit. Il n’a pas été le seul. Mais ce qui est plus significatif est que Badiou n’a jamais fait un retour critique sur ce texte délirant.
      N’est-il pas étonnant que ceux qui ne manquent jamais de rappeler la moindre bourde du PCF aient subitement une crise d’amnésie lorsqu’il s’agit de citer Badiou ?

      Vous n’êtes, nous ne sommes pas moins comptables que lui du principe du “fascisme rouge”…

      Si vous ressentez le besoin de vous frapper la poitrine et de vous sentir coupable, c’est votre problème. Moi, je ne suis “comptable” que de ce que j’ai fait moi-même. Et moi, je n’ai pas signé
      d’article dans Le Monde soutenant Pol Pot et je n’ai pas chanté l’éloge de la “révolution culturelle”. Je récuse ce raisonnement du “on est tous coupables”, qui finalement détruit toute
      responsabilité personnelle.

      il commence “tout naturellement” par le principe identitaire et exclusif, par lequel “certains”, toujours égaux à eux-mêmes, se considèrent “plus communistes” que d’autres, comme s’il
      s’agissait d’un attribut !

      Oui. Un peu comme Sève, qui nous parle d’un “vrai communisme” que Marchais et les siens auraient trahi, non ? Vous semblez oublier dans votre critique que ces “re-quelque chose” que vous
      appréciez tant ont structuré intellectuellement leur action autour d’un retour au “vrai communisme” que leurs adversaires, les affreux staliniens, auraient trahis.

      Personnellement, je crois avoir été très clair sur la méfiance que m’inspirent les étiquettes. Les gens qui s’auto-qualifient de “vrais communistes”, “vraie gauche” m’ont toujours inspiré une
      certaine méfiance. Franchement, toutes les réflexions fumeuses pour savoir si le déterminatif “un” devant “communiste” désidéalise ou idéalise me paraissent avoir peu d’intérêt.

      Ne me prenez pas “que” pour un con, comme disait Coluche, ça risque de vous revenir en boomerang.

      Badiou, Coluche… vous en avez, des références…

      Je suis, contre Badiou, pour un nouvel amalgame de “Transition”, et non pour l’opposition binaire entre Communisme et Démocratie. J’ai désormais des idées précises sur la question. Voici : du
      temps où j’étais encore « conservé » au Parti, j’ai usé comme les autres du terme « consensus » sur le mode du mépris… Depuis, j’ai compris que ce mot pouvait correspondre à
      une pratique démocratique saine : précisément en une aptitude au dissensus, à acter loyalement le conflit et à le consigner d’une manière qui soit la plus juste possible, non déformante, et en
      dehors de tout bisounoursisme !

      Et ensuite ? Le problème de votre vision, c’est qu’elle oublie que la “démocratie” ne se limite pas à un débat et à la constatation de désaccords. La démocratie, c’est avant tout une méthode de
      gouvernement, ce qui implique prendre des décisions et les faire appliquer. Et c’est là où le “consensus”, loin d’être une “pratique démocratique saine” devient au contraire sa pire corruption:
      d’un côté, il permet aux minorités de monayer chèrement leur accord contre l’intérêt général, et d’un autre côté, il permet aux directions (qui sont les “oracles” du consensus) de prétendre que
      leurs décisions représentent “la volonté des adhérents”.

      Ainsi, lorsque l’on parle d’une démocratie « marchant sur deux jambe », comme l’a fait Pierre Laurent à l’occasion du dernier congrès du PCF, à savoir – « d’un côté
      « respecter » les opinions de chacun, et de l’autre « respecter » les décisions majoritaires »…, ça reste ambigu.

      Ca ne veut rien dire, surtout. Ca veut dire quoi “respecter” une décision ? Ne pas lui cracher dessus ? L’appliquer ? Ne pas faire le contraire ? Ce genre de déclaration ne fait que mettre en
      évidence le trou conceptuel laissé par la suppression du “centralisme démocratique”. La direction se rend compte confusément que sans le pouvoir de faire exécuter les décisions elle ne sert à
      rien, mais en même temps elle ne peut rétablir une discipline de travail puisque les “féodaux” locaux sont très contents de pouvoir dire “merde” aux décisions majoritaires quand ça les arrange.

      Je propose un travail démocratique qui renoue avec le matérialisme historique, qui nous sorte vraiment de cet Idéalisme qui a fait qu’un pseudo Communisme, qu’un communisme canadry dry,

      Vaste programme… cela étant dit, il faudrait être cohérent. Plus haut, tu dénonçais ceux qui prétendent decerner des brevets de “vrai communisme”, et ici tu critiques le “pseudo communisme”.
      Faudrait savoir ce que tu veux.

      Si vous le voulez, je reviendrai sur “ce que je propose” afin de tenir compte de 68, pour “redéfinir la Démocratie”…

      Vous êtes le bienvenu.

       

       

       

       

  21. Aubert Dulac dit :

    À propos de vie de Parti, vous évoquez l’Intérêt Général, qui demande de “décider”, c’est-à-dire de “trancher”, sans se laisser corrompre par les sirènes du consensus… Le vrai communisme ne se
    contente pas de ce concept de l’Intérêt Général. D’une ligne générale, incarnée par un secrétaire général… Qui aussi bien pourrait se décliner comme “intérêt supérieur de la Nation”, etc. Il est
    production sans à priori, ouverte et diversifiée, d’intérêt commun.

    • Descartes dit :

      Le vrai communisme ne se contente pas de ce concept de l’Intérêt Général

      Attends, ce n’est pas toi qui écrivait “Il [le “fascisme rouge”] finit par coller des gens au mur, mais il commence “tout naturellement” par le principe identitaire et exclusif, par lequel
      “certains”, toujours égaux à eux-mêmes, se considèrent “plus communistes” que d’autres” ? Et maintenant tu viens parler de “vrai communisme”, comme si ceux qui ne partagent ton point de vue
      étaient des “faux communistes” ?

       

  22. Aubert Dulac dit :

    Ce serait bien si vous cessiez trois secondes ces enfantillages de mauvaise foi. Je n’ai jamais parlé de vrais communistes. Je répète donc que ce n’est pas possible, vu que pour moi communiste
    n’est pas, si ça a pu l’être naguère, une carte d’identité. Je répète que j’ai trouvé sur ce sujet les démonstrations du philosophe Jean-Paul Jouary convaincantes, qui tiqua fortement sur une
    distinction “identitaire” à l’occasion de la liste “Bouge l’Europe”, liste “à double parité”, si je me souviens bien, …”hommes-femmes”, et “communistes-non communistes”…

    Ne me répondez pas à ce propos, s’il vous plait : “- Pas étonnant ! Il n’y avait rien de communiste dans cette soupe-là. Pas besoin de les distinguer, effectivement !…” Ce serait quelque part
    trop facile, d’ainsi discuter en saisissant la première fausse perche imaginaire tendue…

    Je vous précise que je ne cherche pas la polémique. Et donc vous-mêmes commencez par enregistrer ce que j’écris pour ce que ça dit, sans le déformer… Sans balayer, si possible, comme “fumeuse” la
    distinction que j’ai faite – oui ou non ?- entre un adjectif et un substantif…
    Je réaffirme donc cette idée : le vrai communisme ne se contente pas du concept de l’intérêt général. C’est une idée que j’ai d’ailleurs eu l’occasion de glisser au milieu des nombreux participants
    du blog de Jean-Luc Mélenchon… En posant aussi bien l’idée de “récommune” développée par Frédéric Lordon, dans son dernier livre théorique, où il confronte Marx à Spinoza…

    En même temps, ne piétinez pas à nouveau à gros sabots mon affirmation… Je ne trouverais pas ça bien beau. Je ne dis pas qu’il faut “abandonner” le concept d’intérêt général. Je dis qu’il est
    juste limité.

    • Descartes dit :

      Ce serait bien si vous cessiez trois secondes ces enfantillages de mauvaise foi.

      Ah… si seulement vous pratiquiez ce que vous prêchez… s’il vous plaît, arrêtez de commencer chacun de vos commentaires en insultant votre interlocuteur, ce serait bien aussi.

      Je n’ai jamais parlé de vrais communistes.

      Ce serait bien si vous cessiez trois secondes ces enfantillages de mauvaise foi. Vous avez bien écrit: “Le vrai communisme ne se contente pas de ce concept de l’Intérêt Général”. Ce qui
      implique que ceux qui adhèrent à cette vision sont des “vrais communistes” et que ceux qui se “contenteraient de ce comcept” en seraient des “faux”.

      Je répète donc que ce n’est pas possible, vu que pour moi communiste n’est pas, si ça a pu l’être naguère, une carte d’identité.

      Le mot “communiste” existe depuis des siècles et désigne une catégorie (même si l’on peut discuter en quoi cette catégorie consiste exactement). On ne peut pas décider de l’effacer d’un traît de
      plume.

      Je vous précise que je ne cherche pas la polémique.

      Bien sur que non. Vous, vous énoncez la Vérité. Ce sont les autres, les méchants, qui refusent de reconnaître cette Vérité et qui polémiquent…

      Je réaffirme donc cette idée : le vrai communisme ne se contente pas du concept de l’intérêt général.

      Je ne saurai pas vous dire. Pour comprendre cette affirmation, il faudrait savoi ce qu’est le “vrai communisme”, et comment le distinguer des “faux communismes”. Quel est pour vous le “vrai”
      communisme ? Celui de Babeuf ? De Proudhon ? De Marx ? De Staline ? De Mao ?

      Il n’y a rien à faire: vous ne pouvez pas en restant logique condamner ceux qui prétendaient délivrer des brevets de “vrai communisme” et en même temps le faire vous-même.

      Je ne dis pas qu’il faut “abandonner” le concept d’intérêt général. Je dis qu’il est juste limité.

      Je ne vois pas très bien qui pourrait soutenir le contraire.

  23. Aubert Dulac dit :

    Vous avez eu sur le blog de Jean-Luc Mélenchon une position sur ce que voudrait “la classe ouvrière”, qui est le point sur lequel nos routes se sont croisées… Donc, comme le dit un humoriste (
    dont je préfère oublier la “référence”, vu les risques encourus dès qu’avec vous l’on prononce un nom ):“récapépétons depuis bédut”…… Lénine a eu des considérations sur les vertus ouvrières, de
    “discipline de fabrique”, en quelque sorte transposables et utilisables dans un nouveau régime… Cette question est à prendre au sérieux… Des sociologues, ou psychologues du travail ont
    aujourd’hui “affiné” la question, en montrant à propos d’ordre, que personne ne fait au boulot jamais tout à fait ce qu’on lui demande de faire, que tous autant que nous sommes nous mettons du jeu
    dans la contrainte… Plus généralement, ce constat ouvre sur les différences entre loi, règle, harmonie, légitimité… Ça va jusqu’à interroger, n’est-ce pas Roger, la notion de transgression
    légitime, c’est-à-dire, au-delà même du “droit” de “prendre le gauche”, comme on dit, dans nos manières de faire, …jusqu’à interroger …le droit de n’avoir pas …à “n’être que ça qu’on dit
    qu’on est” !… Ça pose un DIFFÉRENCIALISME de type nouveau : le droit de se différencier de soi-même, de sortir de la logique dominante… Ainsi, j’ai pu prendre l’exemple symbolique de Rosa
    Parks, pour qui occuper dans un bus une place qui n’était pas la sienne, a eu valeur de transgression identitaire…

    Si votre réponse, au comble du formalisme, a eu le don de m’enflammer ( “l’opinion d’un membre du Ku Klux Klan valait en droit bien la mienne et celle de Rosa Parks” )…, vous l’avez remarqué,
    mais comme si c’était mon problème… D’ailleurs si j’en avais eu “des problèmes” avec “la classe ouvrière” et le PCF, je n’avais qu’à m’en prendre à moi-même, ce qui soit dit en passant, dans le
    débat sur “le nucléaire”, passait à la trappe mon expérience personnelle de précaire sur site, que j’ai eu l’audace de mentionner…

    La classe ouvrière n’est pas faite que de saintes nitouches… En passant, je vous remercie de votre information sur les positions politiques datées de Badiou, et info pour info, je vous signale
    que parmi les petits saligauts de jeunes collègues sarko-lepénisants que j’ai eu la malchance de me coltiner dans la place, sur le chantier de l’EPR de Flamanville, un faisait du parachutisme, un
    autre avait cinq ans d’armée derrière lui, et ne trouvait rien de mieux, pour me provoquer, que de me chanter une ritourelle à l’air bien peu élaboré : “- Ho Chi Minh est un fils de pute, le napalm
    c’est bon c’est chaux !…” On s’enflammerait à moins…

    Ceci dit, je suis satisfait que nous ayons ce point d’accord, comme quoi le concept d’intérêt général n’est pas tout à fait suffisant…

    Du coup, permettez-moi encore d’élargir la question, et de manière encore plus… générale, cette digression, à propos de la diversité des points de vue humains, “légitimes ou pas”…: non, tous
    les points de vue ne se valent pas, singulièrement du …point de vue de la logique et de la précision… Quelle “hauteur de vue” avons-nous, les uns et les autres, sur un match de foot ? Qu’est-ce
    que ce pluriel de GÉNÉRALISATION qu’utilise un Thierry Roland, en commentant un match opposant deux camps, celui, admettons, “des” français et “des” yougoslaves ? N’a-t-il pas quelque chose
    d’abusif, prêtant le flanc à la xénophobie ?…

    Pour me faire comprendre sur cette affaire de “hauteur de vue”, un exemple : …Savez-vous ce que dans le jargon des cartographes, qui “prennent de la hauteur” afin de représenter les territoires,
    …comment l’on nomme, plus on “augmente le niveau de vue”, c’est-à-dire plus on diminue l’échelle, le droit légitime de TRICHER sur la taille des objets, des routes, des fleuves, etc., afin de
    leur conserver une visibilité, une lisibilité ? On appelle ça un travail de “GÉNÉRALISATION” !…

    C’est une réflexion que je ne cesse jamais de me faire, dans le débat politique où l’on visionne souvent des individus “fachés avec la réalité”… À savoir : “- Toi qui parles d’égalité en droit
    des points de vues, à quelle hauteur de vue te situes-tu ?…”

    • Descartes dit :

      J’avoue avoir beaucoup de mal à vous comprendre. Si vous posez le “droit” de” se différencier de soi même, de sortir de la logique dominante”, alors vous ne pouvez pas vous insurger contre ma
      comparaison. Aujourd’hui, le Ku Klux Klan est aussi “différent” de la “logique dominante” que pouvait l’être Rosa Parks dans les sixties. Vous semblez avoir du mal à comprendre que vous ne pouvez
      pas, du moins dans une optique universaliste, réclamer pour certains des libertés et des droits que vous n’êtes pas prêt à accorder aux autres. Si vous reconnaissez un “droit à la transgression”
      (un oxymore, soit dit en passant), alors ce droit peut être invoqué autant par les racistes que par les anti-racistes.

      info pour info, je vous signale que parmi les petits saligauts de jeunes collègues sarko-lepénisants que j’ai eu la malchance de me coltiner dans la place, sur le chantier de l’EPR de
      Flamanville, un faisait du parachutisme, un autre avait cinq ans d’armée derrière lui, et ne trouvait rien de mieux, pour me provoquer, que de me chanter une ritourelle à l’air bien peu élaboré :
      “- Ho Chi Minh est un fils de pute, le napalm c’est bon c’est chaux !…” On s’enflammerait à moins…

      Beh oui, ça arrive. Sur les chantiers, tu trouveras des provocateurs qui chanten “Ho Chi Minh est un fils de pute”, et puis tu trouves des provocateurs qui chantent “Pinochet est un fils de
      pute”. La difficulté, c’est que chacun voit la “provocation” chez les autres, et jamais chez lui même. Mais je suis persuadé que contrairement à tes “jeunes collègues sarko-lépénisants”, tu n’as
      jamais dit quoi que ce soit qu’ils aient pu interpréter comme “provoquant”, n’est ce pas ?

      non, tous les points de vue ne se valent pas

      Je n’ai jamais dit que “tous les points de vue se valent”. J’ai dit que toutes les opinions se valent, ce qui n’est pas tout à fait la même chose.

  24. Aubert Dulac dit :

    “Et maintenant tu viens parler de “vrai communisme”, comme si ceux qui ne partagent ton point de vue étaient des “faux communistes” ?
    Donc pardon d’avoir parlé de “points de vue”. Sauf que c’est vous qui avez employé le mot à la fin de votre précédente réponse, comme cette citation en atteste. À l’avenir, c’est promis, je dirai
    “opinions”… C’est pareil, vous m’avez aussi appris, certes fermement, la nuance, indispensable sur le terrain des relations humaines. Qu’on pouvait être irrespectueux tout en restant poli,
    surtout si l’on n’est pas chez soi… C’est vrai que la politesse est nécessaire et le respect ambigu. Merci donc de m’avoir recadré. Tant qu’à faire, à mon tour, je vous précise que je préfère que
    nous en restions, autant que faire se peut, au vouvoiement, vu que nous n’avons pas gardé les gauchistes ensemble…
    Merci aussi de m’avoir si obligeamment expliqué que sur les chantiers je pouvais trouver des gens qui n’avaient pas le même point de vue – pardon- …la même opinion que moi !… Vu que je
    l’ignorais… Et que je suis tombé de la dernière chute d’eau… D’ailleurs celui que je vous dis qu’il m’a chanté à l’oreille une drôle de ritournelle sur Ho Chi Minh, il avait d’ailleurs plutôt
    le même point de vue…, je veux dire la même opinion que vous sur la réalité. Il disait lui aussi que la vie d’entreprise ce n’était pas un monde de bisounours !… Qu’il n’était pas au travail
    pour se faire des amis…
    Ceci dit et trêve d’ironie…, je vous redemande de s’il vous plait ne pas me prendre “que pour un sot”…, comme aurait dit “Machin”. Les VIOLENCES du genre bizutage que j’ai subies au travail, et
    dont je ne me remets pas, de la part de jeunes qui auraient pu être tous mes fils, n’ont rien d’excusable, et il n’y a aucune SYMÉTRIE à établir à ce propos, en matière de responsabilités !…
    C’est pareil pour les femmes violées dont on prétend qu’elles l’auraient mérité !… Prétendre cela est plus que moyen. C’est, comme on dit, hallucinant. D’ailleurs, le machisme n’a pas que des
    conséquences entre hommes et femmes, mais aussi entre hommes… En outre se défendre n’est pas toujours facile en situation de précarité.
    Leçon pour leçon, je me permets de vous soumettre, entre gens nuancés que nous sommes, la différence suivante : celle qu’il y a entre insulte et injure. Dire Pinochet est un fils de pute n’est pas
    une injure, ce n’est qu’une insulte, puisque c’est la vérité. Il y a des dominants qui supportent très bien d’être traités… de ce qu’ils sont !… Va dire à Bernard Tapie que c’est une pute, je
    ne crois pas que ça l’empêche de dormit !… Il te répondra cyniquement, oui oui j’ai sûrement un côté pute, et alors ?… C’est nécessaire pour le commerce…
    Cette histoire de cynisme, cela nous ramène à “vrai ou faux communisme”… Oui, le stalinisme, compris au sens générique ( d’autres “-ismes” compris ), est une injure au communisme. Plus qu’une
    insulte : une injure à l’Avenir. Un crime contre l’hominité. Et pour commencer une injure à la réalité, car le stalinisme n’est pas un réalisme !… Le stalinisme est un COMMISME. C’est-à-dire un
    conformisme. La “discipline de Parti” que vous semblez regretter, supposait de se CONFORMER aux décision prises… Ce qui en vérité est demander aux gens l’impossible… Ce qui est une ILLUSION
    dangereuse, une illusion de toute-puissance… Celle de pouvoir “plier le réel lui-même à notre volonté” ( vous pourriez trouver la formule dans les mémoires de Pierre Juquin, c’est moi qui lui ai
    suggérée, …il l’a utilisée en début de tribune de discussion du 25ème congrès…).
    Pourquoi est-ce que je parle d’injure au réel ? Un réel qui, comme l’âne de la fable proposée plus haut par Marcailloux, a pourtant du mal à se laisser ensevelir ? Un réel qui fait retour, comme le
    refoulé ?… Parce que ce qui est grave avec un certain “marxisme” dogmatisé, c’est que lorsqu’il s’agissait d’arrêter des décisions, il a pu servir de prétexte effectivement à décider de ce réel
    lui-même, au plan objectif comme au plan subjectif ! Ainsi – je m’explique – des prémisses théoriquement justes ont-elles débouché sur des actions faussées, dans un mouvement paranoïaque et
    paralogique. Sous le prétexte juste que “l’être social détermine la conscience”, et que “l’on ne juge pas les gens sur l’idé(ologi)e qu’ils se font d’eux-mêmes, d’aucuns se sont carrément érigés en
    …juges des autres, aptes, à la limite, à les connaître de l’extérieur, mieux qu’eux-mêmes ! C’est-à-dire en néo-inquisiteurs… Oui ou non ? Vous qui connaissez …disons “les choses” de
    l’intérieur, c’est vrai ou pas ?
    Maintenant revenons sur le thème de la transgression… Comme dit la chanson de Guy Béart, le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté… Il ne s’agit d’ailleurs pas que de dire, mais de
    faire… Pourquoi donc vous amusez-vous à me coincer avec votre histoire d’oxymore que constituerait l’idée de transgression légitime ? Ne s’agit-il pas tout simplement de l’idée de… RÉSISTANCE ?
    Certes, il y a des façons diamétralement opposées de résister… Un grand résistant, vous en êtes un autre, dans votre genre…

    • Descartes dit :

      Donc pardon d’avoir parlé de “points de vue”. Sauf que c’est vous qui avez employé le mot à la fin de votre précédente réponse,

      Oui, mais pas dans le même contexte. Ce qui était en débat entre nous était de savoir si toutes les opinions avaient le même statut. Il faut être précis sur ces questions. Parce
      que toute affirmation n’est pas une “opinion”.

      Merci aussi de m’avoir si obligeamment expliqué que sur les chantiers je pouvais trouver des gens qui n’avaient pas le même point de vue – pardon- …la même opinion que moi !… Vu que je
      l’ignorais…

      Oui, de toute évidence, vous l’ignoriez. Mais rassurez-vous, vous n’êtes pas le seul.

      Il disait lui aussi que la vie d’entreprise ce n’était pas un monde de bisounours !..

      A votre avis, avait-il tort ?

      Ceci dit et trêve d’ironie…

      C’était de l’ironie ? Ah bon…

      Les VIOLENCES du genre bizutage que j’ai subies au travail, et dont je ne me remets pas, de la part de jeunes qui auraient pu être tous mes fils, n’ont rien d’excusable, et il n’y a aucune
      SYMÉTRIE à établir à ce propos, en matière de responsabilités !…

      Je ne connais pas votre affaire, et je ne peux donc pas exprimer une opinion. Il faudrait voir en quoi ont consisté les “violences” que vous avez ressenti, et le point de vue des autres qui ont
      eux aussi peut-être ressenti comme “violence” certaines de vos expressions. Mais si je peux me permettre un commentaire, je trouve détestable qu’on mélange à un débat politique les questions
      personnelles. C’est une manière malhonnête mettre l’interlocuteur en difficulté puisqu’il a le choix entre mettre votre parole en doute et apparaître comme un malotru insensible, ou bien adhérer
      à votre point de vue. Ce type de chantage aux sentiments me répugne, et je vous prie de ne plus y avoir recours.

      Leçon pour leçon, je me permets de vous soumettre, entre gens nuancés que nous sommes, la différence suivante : celle qu’il y a entre insulte et injure. Dire Pinochet est un fils de pute
      n’est pas une injure, ce n’est qu’une insulte, puisque c’est la vérité.

      Vous avez une certaine tendance à confondre vos opinions avec la vérité. Pour vous Pinochet est un fils de pute. Pour d’autres, c’est le sauveur du peuple chilien. Etes vous en
      mesure de proposer une démonstration universellement acceptable pour montrer que c’est vous qui avez raison et eux ont tort ? Bien sur que non.

      Cette histoire de cynisme, cela nous ramène à “vrai ou faux communisme”… Oui, le stalinisme, compris au sens générique ( d’autres “-ismes” compris ), est une injure au communisme.

      Franchement, je ne vois pas l’intérêt de raisonner en ces termes. Condamner l’histoire ne sert à rien. Staline est mort et enterré. On peut chercher au mieux à comprendre le phénomène qui l’a
      produit, et en tirer les leçons. Mais parler “d’injure”, franchement…

      La “discipline de Parti” que vous semblez regretter, supposait de se CONFORMER aux décision prises…

      Et alors ? J’attire votre attention sur le fait que la “discipline de parti” n’a pas été inventé par Staline ni même par Lénine. La SFIO connaissait déjà cette notion au tournant du siècle.
      L’idée même de “discipline de parti” vient d’une constatation pragmatique: dans un contexte où la bourgeoisie avait tant de manière de corrompre les dirigeants ouvriers, il était essentiel que
      ceux-ci soient soumis à une discipline de fer pour empêcher leurs adversaires de les corrompre. Car la “discipline de parti” a toujours ce sens là: sa fonction essentielle est de discipliner les
      dirigeants, et non les simples adhérents. Tout simplement parce que les sanctions dont le Parti peut user sont beaucoup plus efficaces sur les premiers que sur les seconds…

      Franchement, je ne fais pas un culte de l’anticonformisme. Si l’efficacité de l’action nécessite l’acceptation “conformiste” de certaines règles, alors vive le conformisme!

      Ce qui en vérité est demander aux gens l’impossible…

      Je ne vois pas où est “l’impossible”. Demander aux gens de se “conformer” à une décision n’implique pas de leur demander de l’approuver, ni même de croire qu’elle est correcte. La société nous
      demande chaque jour de nous “conformer” à des lois et des réglements, et cela ne marche pas si mal que ça…

      Sous le prétexte juste que “l’être social détermine la conscience”, et que “l’on ne juge pas les gens sur l’idé(ologi)e qu’ils se font d’eux-mêmes, d’aucuns se sont carrément érigés en
      …juges des autres, aptes, à la limite, à les connaître de l’extérieur, mieux qu’eux-mêmes !

      C’est un peu ce que vous faites. Dans ce paragraphe, vous faites exactement la même chose que vous dénoncez: vous jugez les motivations de ces “chacuns” que vous connaissez apparamment mieux
      qu’eux mêmes…

      Franchement, tous ces débats d’un autre âge destinés à régler des vieux comptes ne m’intéressent pas vraiment, sauf à titre sociologique. Et comme souvent, ceux-là même qui ont été les plus
      “inquisitoriaux” (qui se souvent que Hermier fut l’homme de la “normalisation” de l’UEC) quand ils étaient “dans la ligne” ont été les plus vocaux pour protester contre la “discipline étouffante”
      lorsque la “ligne” a cessé de leur convenir. Il n’y eut pas des justes et des pêcheurs, il n’y eut que des hommes.

      Maintenant revenons sur le thème de la transgression… Comme dit la chanson de Guy Béart, le premier qui dit la vérité, il doit être exécuté…

      Mais franchement, vous y croyez, vous, à “la vérité” ?

      Pourquoi donc vous amusez-vous à me coincer avec votre histoire d’oxymore que constituerait l’idée de transgression légitime ? Ne s’agit-il pas tout simplement de l’idée de… RÉSISTANCE
      ?

      Non. C’est une des plus désastreuses idées héritées de mai 68, que cette idée qui identifie la “transgression” avec une “résistance”. Le vol à l’étalage n’est pas un acte de “résistance”, pas
      plus que le meurtre crapuleux, fut il d’un “capitaliste”. Il n’y a pas de “transgression légitime”: quand il s’agit d’un acte de résistance, c’est que la loi a perdu toute légitimité. Elle
      n’existe plus comme norme. Il n’y a donc pas de “transgression”.

      Un grand résistant, vous en êtes un autre, dans votre genre…

      N’exagérons rien.

       

  25. Aubert Dulac dit :

    En 1984, j’ai écrit à Georges Marchais, suite à ses propos à la fête de l’Humanité, qui, pour parer à une question de journaliste sur l’ambiance au PCF, avait répondu qu’il n’y avait en son sein
    que de bons camarades… Commentant cette affirmation étrange… , je m’y prononçait aussi pour l’abandon du concept du centralisme démocratique, déjà dans la simple mesure où il arrivait au
    secrétaire général d’affirmer que les règles qu’il avait définies, ça n’était rien d’autre que d’élémentaires règles de Démocratie… Pourquoi alors continuer d’insister sur le rôle du Centre ?
    J’arguais du fait que l’expression du coup me paraissait déséquilibrée… Ce sont précisément les arguments qu’il a repris 10 ans plus tard…

    • Descartes dit :

      Je n’ai pas très bien compris quel est votre point. A mon avis, Marchais a eu tort de privilégier l’unité du Parti plutôt que la clarification de sa ligne politique. Il aurait du faire le constat
      lucide qu’il y avait entre les “orthodoxes” et les “rénovateurs” une différence idéologique fondamentale qui ne permettait plus de travailler au sein d’un même parti, et qu’il valait mieux se
      séparer pour que chacun puisse défendre devant les français un programme et un projet clair. Au lieu de ça, il a voulu garder à bord la chèvre et le chou en fabriquant une ligne qui puisse
      satisfaire à minima tout le monde, et qui en pratique non seulement ne satisfaisait personne mais manquait singulièrement de cohérence.

      En 1984, voila ce qu’aurait du dire Marchais: “Au Parti il n’y a que de bons camarades. Mais on peut être bon camarade tout en désaccord avec la majorité du Parti sur des points fondamentaux. Et
      ces bons camarades devraient constituer leur propre organisation, où ils pourraient faire avancer leurs idées, et arrêter de mettre des bâtons dans les roues de la direction du PCF, qui ne fait
      que mettre en oeuvre les idées majoritaires”.

       

  26. Aubert Dulac dit :

    Si je pointe ce moment où je me suis prononcé pour l’abandon du concept du centralisme démocratique parce qu’il “ne correspondait plus”, comme on dit…, je veux souligner que c’est par attachement
    à l’idée, au besoin d’un parti de masse. J’étais depuis longtemps d’accord avec l’affirmation du secrétaire général que ‘”nous ne devions pas avoir le fétichisme des mots”. J’ajoute, comme ça se
    produit dans les sectes, où il faut prononcer des mots convenus… Aussi bien, sans évacuer théoriquement la question, c’est la première raison pour laquelle je fus d’accord avec l’abandon de
    l’expression “dictature du prolétariat”. Elle était devenue inaudible. Restait, comme nous disions, “le rôle dirigeant de la classe ouvrière”, qui ne me défrisait pas. De même pour “centralisme
    démocratique”. Je considérais, dans ce milieu des années 80, que nous ne pouvions décidément plus “communiquer” avec ça… C’est même en vertu de la nécessité, comme il fut dit au 25ème congrès,
    d’un “rassemblement populaire majoritaire”, que je considérais que le rôle majeur que le Parti devait y jouer ne pouvait plus se satisfaire de l’idée que “le Parti, ce n’était pas la Société”… ,
    et que nous aurions ainsi soi-disant du continuer de “marquer” notre Différence, notre “Originalité”, à effet repoussoir… Aujourd’hui, c’est “parti communiste”, qui est devenu inaudible… Pour
    de bonnes raisons. Car on n’assigne pas le communisme à résidence. Je ne renie, personnellement ni Parti, ni Communisme !… Mais je considère, dans l’état actuel des choses qui n’est plus le même
    que du temps de Marx, où “le Manifeste” de 48 donnait un autre sens à parti(-pris) communiste… , que leur rapprochement crée un problème structurel, dans la mesure où il s’est figé en “identité”
    dans une large partie du 20ème siècle, et dès lors qu’il a produit du “patriotisme de Parti”, de l’impérialisme majoritaire à effets dommageables, jusque dans les comités antilibéraux…

    • Descartes dit :

      Aussi bien, sans évacuer théoriquement la question, c’est la première raison pour laquelle je fus d’accord avec l’abandon de l’expression “dictature du prolétariat”. Elle était devenue
      inaudible. Restait, comme nous disions, “le rôle dirigeant de la classe ouvrière”, qui ne me défrisait pas. De même pour “centralisme démocratique”. Je considérais, dans ce milieu des années 80,
      que nous ne pouvions décidément plus “communiquer” avec ça…

      Tu sembles confondre le mot avec la chose. Qu’on abandonne l’expression “centralisme démocratique” ne m’aurait pas plus gêné que ça. S’il y a des camarades que cela amuse,
      pourquoi pas… Le problème, c’est qu’on n’a pas abandonné que l’expression, on a abandonné le mécanisme qui est derrière celle-ci.

      Aujourd’hui, c’est “parti communiste”, qui est devenu inaudible…

      Et c’est normal. La superposition de centaines de “notables” qui défendent chacun “sa” ligne ne peut constituer un message. Et ça n’a rien avec un “patriotisme de parti”, une “identité” ou
      n’importe laquelle des nombreuses plaies artificielles que certains s’inventent. Le PCF des années 1940 et 50 était parfaitement “audible”, et cela malgré un “patriotisme de parti” et un
      “impérialisme majoritaire” qui était bien plus puissant que celui qui s’est fait jour aux collectif antilibéraux. Encore une fois, on n’est pas chez les bisounours, et on ne fait pas de la
      politique en devenant un marchepied à l’ambition d’autres. Dans les collectifs antilibéraux, le PCF, qui constituait tout de même 95% des militants, avait parfaitement raison de revindiquer la
      candidature présidentielle.

       

       

  27. Aubert Dulac dit :

    Vous vous plaignez parfois de l’agressivité de vos interlocuteurs. Qui est agressif ? Le titre de votre article est singulièrement guerrier : franchir le Rubicon, c’est une expression de conquête.
    C’est la militarisation des esprits qui est l’idéologie dominante coupable de ramener des orientations stratégiques à des soucis tactiques d’appareils… Je viens à votre dernière réponse : …en
    l’occurrence, le PCF, comme vous l’avez écrit, “revindiquant” ( est-ce un lapsus de clavier ?… = qui signifierait : “revendiquant malgré la vindicte alentour ” ?..) de ne pas être qu’un
    marchepied, dans des collectifs antilibéraux certes pas plus constitués de bisounours qu’ailleurs…, il n’empêche que c’est comme si votre refus de l’angélisme vous autorisait à une “guerre des
    chiffres” dont on peut se demander l’utilité !… Car en tout cas, avec ces collectifs selon vous constitués de… 95 % de militants labélisés PCF, …c’est à vous qu’il faudrait demander si vous
    n’avez pas été visité par une apparition du genre “la sainte vierge en 3D”…, et si vous ne “semblez” pas les avoir confondus-identifiés avec le PCF lui-même, du moins avec un lieu où celui-ci
    n’aurait eu qu’à se projeter, mécanisme majoritaire compris !!!…
    D’ailleurs et à nouveau, je vous demanderai donc de ne pas renverser les rôles. Ce n’est pas moi, Aubert dit Dulac pour les non-intimes, qui “semble confondre” le mot et la chose, le concept et le
    mécanisme (je vais y venir, au mécanisme, si vous le voulez bien… ), à propos de cette affaire …de Centralisme Démocratique, puisqu’en l’occurrence, non, je ne confonds rien… Pour l’instant,
    ce serait faire celui qui ne connaît pas le PCF, ce qui ne “semble” pas être votre cas, que de faire comme si vous n’étiez pas au courant de l’importance historique et culturelle du poids des mots
    dans cette institution. Je ne vais pas vous apprendre que ce n’est pas la même chose quand on y emploie un mot ou quand on ne l’emploie plus… Aussi bien quand on utilise à bon escient, je vais y
    venir, ou pas, de manière légitime ou tordue, tel ou tel concept… Car la justesse d’expression a à voir avec la Justice ( “ Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde”, a dit
    Camus…) Ne faîtes donc pas comme si dire ou pas centralisme démocratique c’était juste anecdotique ou “amusant”… Ne faites pas semblant. Ne faisons pas semblant. Je connais trop, nous
    connaissons trop le rapport historique entre le semblant et le sanglant.. Même si vous dîtes tout ça c’est de l’Histoire… Lorsque je revendique le communisme contre le “commisme”, c’est contre le
    comportement parodique, qui consiste à faire “comme si”… Ici je ne fais pas comme si vous n’aviez pas vous-même posé le trou théorique qu’a laissé la sortie officielle du concept de centralisme
    démocratique. Avouez que ce n’est pas tout à fait bénin de se demander, à partir de là, quand l’abandon du terme a eu lieu, et combien de crimes ont été commis, quel gâchis a été opéré jusque à ce
    moment précis, au nom de son maintien dogmatique… Pourquoi, en effet, a-t-il “semblé” important en 1976 d’assortir l’abandon de la dictature du prolétariat de considérations sur un “Retard”
    historique du PCF, et pourquoi AUCUNE considération de date n’a accompagné en 1994 celui du centralisme démocratique ?.. Est-ce que cela n’a pas à voir avec le caractère sacré de l’ère Marchais ?
    Je répète que ce n’est pas qu’une question personnelle de “savoir” si j’ai eu tort d’avoir raison trop tôt… C’est le “parti-pris de la classe ouvrière” qui ne peut se contenter d’approximations
    historiques et symboliques, sous prétexte qu’il ne se voulait le parti “que” (d’abord) des ouvriers !… Comme si à ceux-ci n’importait jamais rien d’autre que l’air que leur chantent leurs
    tribuns, et jamais la chanson…

    Oui, notre discussion porte sur le principe de réalité. Ça veut dire qu’il faut arrêter de se ficher de la gueule de “la classe ouvrière”. Qui elle-même ne peut se contenter de toujours faire
    semblant. De jouer un rôle de bonne volonté, c’est-à-dire de figuration. Défilés du Premier Mai obligatoires à la clef… De jouer au nouveau “Peuple Élu” répétant des mots d’ordre préfabriqués, au
    risque que le gouvernement en élise un autre, comme l’a dit Brecht dans son trait d’esprit connu, du jour où il ne sera plus satisfait d’elle !… Brecht n’en n’a d’ailleurs pas eu qu’un, trait
    d’esprit. En voici un autre, à l’adresse de tous les utopistes : “- J’ai un plan ! Il est irréalisable…” Souvenons-nous, …les communistes y croyaient, dans les années 40-50, aux plans
    quinquennaux…

    Nous parlons d’audibilité… Cela a impliqué, au cours donc de l’ère marchais, un (tout relatif) effort de ne plus dormir debout : lorsque le PCF a “récusé le Modèle” comme principe, pas seulement
    “le modèle soviétique”, mais le principe même de la modélisation, supposant qu’il n’y ait pas de “contre-modèle” non plus…, “ni dans le temps, ni dans l’espace”, …jusqu’à même jouer d’Injustice
    et de nihilisme contre l’Histoire elle-même du “mouvement ouvrier” français, le “modèle” Front Populaire prenant par ricochet pour le “modèle” stratégique du Programme Commun, après l’“échec” de
    celui-ci…, cela a mis en tout cas en question, comme on pourrait le dire, la part d’irréel, ou, pourrait-on dire, d’idéologie, d’imaginaire, d’illusions dans le réel lui-même, dans le Cinéma
    qu’on s’en fait… Quand on dit “le Réel”, quel coefficient de déni du réel, en effet, y met-on ?… Dans quel mesure on est dans le coup, “en phase”, ou pas ? ( Quelque part, cela nous renvoie à
    une discussion sur le blog de Jean-Luc Mélenchon, à propos de Religion… Les communistes eux-mêmes doivent-ils brûler ce qu’ils ont adoré afin de redescendre sur terre ? “Si Marx nous était
    revenu”, sans doute qu’il aurait interrogé à nouveaux frais la Politique elle-même comme opium du peuple…)

    Si je puis m’exprimer ainsi, …parler de déni du réel, c’est de contradiction logique dont trop souvent un dogmatisme, “calamar”… qu’on ne respecte pas ses injonctions,… fait “pieuvre”, tout
    en protégeant sa fuite d’un débat où il “seiche”, par la production de nuages d’encre… Ni vu ni connu je t’enfume… Revenons donc un instant sur ce qui s’est produit à l’occasion de “la
    dénonciation de principe du Modèle”… J’ai évoqué une injustice historique à propos du modèle front populaire… N’y a-t-il pas eu conjointement injustice théorique ? N’y a-t-il pas eu
    substitution ? N’a-t-on pas abandonné un enfant pour un autre ?… Le “modèle” de société en cours dans les dites Démocraties Populaires ne renvoyait-il pas plutôt au modèle “centralisme
    démocratique” qu’à celui de dictature du prolétariat ? Ne correspondait-il pas plutôt à un modèle “dictature SUR le prolétariat” ? Est-ce qu’aussi bien le centralisme démocratique n’était pas
    contradictoire de longue date avec une stratégie se voulant “autogestionnaire” ? Lorsque je prétends que le PCF a “créé le conflit” en son sein, dans des proportions criminellement catastrophiques,
    c’est qu’il a eu le toupet de “diagnostiquer” dans sa crise des problèmes de comportements personnels, là où il s’agissait de ses propres incohérences… En vérité, au lieu de commencer par
    installer une lunette dans son grenier plutôt que de balayer devant sa porte, au lieu de raisonner hors-sol et hors-temps, c’est bien de sa capacité réelle de se remettre historiquement en question
    qu’il s’agit… Où le problème d’avoir à DATER les événements théoriques, à reconstituer un ordre logique de manière non simpliste, n’a rien d’esquivable…

    Avec ça, je ne suis toujours pas revenu sur “le Mécanisme” Centralisme Démocratique, et, en tout état de cause, son nécessaire dépassement, en fonction de la séquence stratégique nouvelle ouverte
    depuis 68… Ce que je reproche à ce mécanisme, c’est d’avoir été mécaniste…

    • Descartes dit :

      Vous vous plaignez parfois de l’agressivité de vos interlocuteurs.

      Seulement quand c’est une agressivité gratuite, qui n’est au service d’aucune argumentation.

      Le titre de votre article est singulièrement guerrier : franchir le Rubicon, c’est une expression de conquête.

      Pitié, pas ce coup là… l’expression “franchir le rubicon” est l’équivalent de “les sort est jeté” (c’est d’ailleurs la formule que César employa lorsqu’il traversa le Rubicon…). Aller
      chercher on ne sait quel contenu “singulièrement guerrier”, franchement, c’est de la sodomisation de coléoptères.

      Pour ce qui concerne les “collectifs”, j’avoue n’avoir réussi à rien comprendre de votre commentaire. J’ai cru deviner que vous mettez en cause mon estimation de l’influence du PCF à 95% des
      effectifs militants des “collectifs”, mais en dehors d’une battérie d’allusions obscures à des “apparitions de la sainte vierge en 3D”, je ne vois pas très bien quel est votre point. Pensez vous
      que le PCF représentait plus de 95% ? Moins ? Sur quelle base ?

      D’ailleurs et à nouveau, je vous demanderai donc de ne pas renverser les rôles. Ce n’est pas moi, Aubert dit Dulac pour les non-intimes, qui “semble confondre” le mot et la chose,

      Vous avez raison. Je retire le mot “semble”…

      Ne faîtes donc pas comme si dire ou pas centralisme démocratique c’était juste anecdotique ou “amusant”…

      Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Althusser: “le concept de chien ne mord pas”, disait-il en parlant de “l’abandon du concept de dictature du prolétariat”. Même si les mots sont importants, ce
      sont les choses qui en dernière instance sont déterminantes, comme disait Marx. En 1994, ce n’est pas l’abandon du “concept” de centralisme démocratique qui a mis le PCF à genoux (et pour
      longtemps). C’est l’abandon du mécanisme lui même.

      Ici je ne fais pas comme si vous n’aviez pas vous-même posé le trou théorique qu’a laissé la sortie officielle du concept de centralisme démocratique.

      Encore une fois, ce n’est pas le “concept” qu’on a sorti, c’est l’objet lui même. Le “centralisme démocratique” cesse d’exister non pas comme concept mais comme réalité en 1994.

      Avouez que ce n’est pas tout à fait bénin de se demander, à partir de là, quand l’abandon du terme a eu lieu, et combien de crimes ont été commis, quel gâchis a été opéré jusque à ce moment
      précis, au nom de son maintien dogmatique…

      Au nom du maintien de quoi ? Du “terme” ? Ou de sa réalité ?

      Pourquoi, en effet, a-t-il “semblé” important en 1976 d’assortir l’abandon de la dictature du prolétariat de considérations sur un “Retard” historique du PCF, et pourquoi AUCUNE considération
      de date n’a accompagné en 1994 celui du centralisme démocratique ?

      Relisez les débats de 1994, et vous verrez qu’en fait on a procédé de la même manière dans les deux cas. La seule différence est que “l’abandon de la dictature du prolétariat” était l’abandon
      d’un concept pur: il n’y avait pas de “dictature du prolétariat” nulle part en France. L’abandon du centralisme démocratique, par contre, n’était pas l’abandon d’un concept mais d’une réalité,
      d’un mode d’organisation et de travail qui fonctionnait effectivement.

      Je répète que ce n’est pas qu’une question personnelle de “savoir” si j’ai eu tort d’avoir raison trop tôt…

      C’est vrai. La véritable question est de savoir si vous aviez raison. Pour moi, c’est loin d’être une évidence.

      Est-ce qu’aussi bien le centralisme démocratique n’était pas contradictoire de longue date avec une stratégie se voulant “autogestionnaire” ?

      Certainement. Mais l’erreur était dans la “stratégie autogestionnaire”, adoptée pour faire plaisir aux soixante-huitards attardés.

      Lorsque je prétends que le PCF a “créé le conflit” en son sein, dans des proportions criminellement catastrophiques, c’est qu’il a eu le toupet de “diagnostiquer” dans sa crise des problèmes
      de comportements personnels, là où il s’agissait de ses propres incohérences…

      Je te l’ai déjà dit: je suis d’accord avec toi sur ce point. Au lieu de garder ces “incohérences”, il aurait fallu choisir une ligne claire et cohérente et la faire appliquer, quitte à voir le
      départ de ceux qui n’étaient pas d’accord. Cela aurait évité que se développent les “comportements personnels” en question.

       

       

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