Voilà un homme qui pense

“Dans le désert qui nous entoure, la moindre étincelle est un miracle” (Malraux)

Vous l’avez remarqué, il est très rare que je reproduise in extenso sur mon blog des textes dont je ne suis pas l’auteur. Mais aujourd’hui, je vais faire une exception. Et de cette exception, Jean-Pierre Chevènement sera le bénéficiaire.

Tout d’abord, je tiens à mettre les choses au point: je ne connais pas personnellement Chevènement. Je ne lui dois rien, et il ne me doit rien. Je n’attends pas de lui quelque bénéfice que ce soit. Simplement, j’ai lu son dernier livre (“La France est elle finie ?”, Fayard, 2011) ou j’ai retrouvé une analyse d’une profondeur, d’une érudition et d’une honnêté rare aujourd’hui chez un homme politique. Loin des déblatérations électoralistes des uns et des analyses à l’emporte-pièce (souvent destinés à justifier une politique préalablement décidée), on trouve chez Chevènement d’abord un rappel de faits qui devraient être dans toutes les mémoires, puis une analyse qui donne à ces faits une cohérence. Et chose rare, dans son livre Chevènement admet ses erreurs et ses doutes (1).

J’avais très envie de faire ici un résumé de ce livre… et je découvre que Chèvenement lui même l’a fait dans un article publié dans Rue 89 dont la hauteur de vues est aussi grande que celle du livre. Jean-Pierre Chevènement en fait de ce texte son manifeste de candidature présidentielle, et il en a bien raison: cela donne une idée du type de président qu’il aurait pu être. Un président capable d’établir une hiérarchie des problèmes et de s’attaquer d’abord à ce qui est essentiel, délaissant au passage le bla-bla sociétal qui excite tant l’ultragauche. Vous trouverez cet article ci-dessous. Faites-vous votre propre opinion. Pour ce qui me concerne,  ça me donne vraiment envie de voter pour lui et pourquoi pas de s’investir dans sa campagne !

PS: Je pars en congés demain, et là où je vais je ne compte pas trop écrire. Il n’y aura donc pas de nouveaux articles sur ce blog avant le 14 juillet…

Descartes

(1) Notamment dans sa participation aux gouvernements dits de gauche. L’image qu’il peint de Mitterrand est particulièrement intéressante. Thuriféraires et critiques de l’ancien président s’accordent en général sur une chose: c’est l’image d’un Mitterrand impérial commandant les événnements. Chevènement réduit la statue du commandeur à celle bien plus réaliste d’un politicien de province à l’intelligence tactique exceptionnelle mais largement dépassé par des transformations qu’il ne comprennait pas et qu’il n’avait aucun désir de comprendre.

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Jean-Pierre Chevènement : « Pourquoi je serai candidat » (Rue 89, 24/6/2011)

« Il n’y a pas de cap pour qui ne connaît pas le port. »

La France est mal partie. Plus de deux millions d’emplois industriels ont disparu depuis 1983. Notre pays s’est installé dans un chômage de masse structurel (environ 9 % de la population active), désespérant pour sa jeunesse.

C’est que, depuis trente ans, notre base industrielle se rétrécit : l’industrie est passée de 30% à 13% de la valeur ajoutée. Nos parts de marché, à l’échelle mondiale, se sont réduites (de 5,5% à 3,6%). Le déficit de notre commerce extérieur s’est creusé à 51 milliards d’euros en 2010 (un record qui met la France, toutes proportions gardées, dans une situation déficitaire comparable à celle des Etats-Unis).

Plus grave encore, la France ne maîtrise plus les moyens de l’action économique et politique, ni sa monnaie, ni son commerce extérieur, ni ses flux financiers, ni son droit devenu un droit subordonné. En réintégrant l’Otan enfin, la France est revenue dans le bercail atlantique, à la remorque d’intérêts qui ne sont pas les siens.

Comment en est-on arrivé là ?

Cette situation résulte, pour l’essentiel, de choix politiques associant le Parti socialiste et la droite : Acte unique (1985-1987), Traité de Maastricht (1992), Pacte de stabilité et de croissance (1997), OMC (1994), Traité de Lisbonne (2008), copie conforme du projet de traité constitutionnel rejeté, trois ans avant, par 55 % du peuple français.

L’adoption de la monnaie unique en réponse à la réunification allemande a été une monumentale erreur de nos classes dirigeantes, toutes tendances confondues : l’euro est un mark-bis. Or, le mark était une monnaie faite pour l’Allemagne, qui dispose d’un fort tissu de PMI exerçant pour la plupart, dans leur spécialité, un monopole technique à l’échelle mondiale.

L’euro convient à l’Allemagne mais pas à la France dont les exportations dépendent beaucoup plus des prix. L’euro, cela va sans dire, convient encore moins aux pays sous-industrialisés de l’Europe du Sud. C’est de surcroît une monnaie surévaluée qui écrase notre compétitivité et celle de la plupart des pays européens. On ne peut envisager de réindustrialiser le pays sans un euro durablement moins cher.

La crise financière et économique mondiale de 2008-2009 et la crise de l’euro de 2010 viennent sanctionner une autre erreur majeure d’orientation, l’acceptation de la dérégulation néolibérale et le choix de construire l’Europe sans, voire contre, ses nations.

Un système qui a explosé en vol en 2008

L’Europe, dès avant le traité de Lisbonne s’était dotée d’institutions (Commission, Cour de justice) permettant de verrouiller les pays de l’Union au sein de ce modèle. Ces choix mortifères n’ont pu procéder que d’un profond manque de confiance de la France en elle-même, lui-même né du doute issu des malheurs de notre Histoire dans la première moitié du vingtième siècle. C’est cette confiance qu’il faudra restaurer et d’abord pour redresser l’Europe qui a besoin d’une France forte.

Le capitalisme financier que nous avons laissé s’installer depuis la fin des années 1980 est un système de prédation : il confisque au profit de la sphère financière les bénéfices de l’économie réelle. Ce système qui a explosé en vol en 2008 a été ravalé avec l’appui massif des Etats, c’est-à-dire des contribuables. Mais tout est reparti comme avant : aux Etats-Unis, comme en Europe, les banques ont renoué avec les super profits et avec des bonus extravagants.

Parallèlement, la crise de l’euro n’a été que reportée par la mise en place de mécanismes de stabilisation insuffisants pour renflouer les pays qui chavirent. Les économies des pays dits « périphériques » sont engagées dans un cercle vicieux de récession, entraînant moins-values fiscales, déficits budgétaires accrus, et explosion de l’endettement public.

Nicolas Sarkozy est tétanisé par les marchés financiers

Les plans d’aide peuvent se surajouter les uns aux autres : ils ne font que reculer l’échéance, dès lors que la tendance récessive de l’économie n’a pas été renversée par une politique de croissance conçue et mise en œuvre à l’échelle européenne, ce que ni l’organisation de l’UE ni la volonté des Etats qui la composent ne permettent aujourd’hui.

Or, face à ces défis redoutables, quelle est la réaction de ceux qui s’apprêtent à solliciter les suffrages des Français ?

Nicolas Sarkozy est tétanisé par les marchés financiers :

« Si on n’avait pas fait la réforme des retraites et le “1 sur 2” dans la Fonction publique, écrit-il, la France ne serait plus notée “triple A”, ce qui nous permet d’emprunter à 3,6%, quand la Grèce emprunte, elle, à 16%, à échéance de dix ans. »

La souveraineté nationale dans les mains de « Standard and Poors »

Comment mieux avouer que la souveraineté nationale est désormais passée dans les mains de « Standard and Poors » ? Le pacte dit « de compétitivité » imposé par Mme Merkel conduit l’Europe et la France dans le mur. La croissance, quand elle subsiste, est trop faible pour permettre le retour à l’équilibre.

L’Europe tout entière est emportée dans un déclin accéléré. L’Allemagne elle-même est fragilisée par la crise dans le reste de la zone euro. Sa politique à courte vue l’enferme dans une contradiction insoluble : à quoi bon la recherche de la compétitivité sur les marchés émergents, si la contrepartie est la chute de ses exportations sur la zone euro, où l’Allemagne réalise 60% de ses excédents ?

Ce manque de volonté au plan européen se redouble d’un constat d’impuissance au plan mondial. A l’échelle mondiale, les facteurs de crise demeurent : importance des actifs toxiques et du « système bancaire de l’ombre » (le marché des « dérivés » représente 650 000 Milliards de dollars, dix fois le PIB mondial ! ), déséquilibres macro-économiques loin d’avoir été résorbés entre la Chine et le reste du monde comme entre l’Allemagne et les autres pays de la zone euro.

Quant à la réforme du système monétaire international, c’est une affaire de long terme !

Au quotidien, notre politique reste donc à la merci des marchés financiers, de leurs secousses et de l’appréciation des agences de notation.

Aucun candidat socialiste n’esquisse la moindre autocritique par rapport aux choix du PS

Y a-t-il une probabilité que l’un des candidats socialistes potentiels permette de nous soustraire à la dictature des marchés financiers ? Si on met à part l’évocation par Arnaud Montebourg d’une « démondialisation » dont les modalités restent encore floues, aucun candidat potentiel n’esquisse la moindre autocritique par rapport aux choix du parti socialiste qui ont permis l’installation du capitalisme financier dans notre pays.

Le droit d’inventaire, si souvent évoqué, n’a jamais été exercé. La « parenthèse libérale », ouverte en 1983, n’a jamais été refermée ni par François Mitterrand ni par Lionel Jospin. Le « bon bilan » autoproclamé des années 1997-2002 pèse comme un couvercle sur l’esprit critique des dirigeants.

C’est pourquoi les candidats socialistes potentiels ont tant de mal à remettre en cause le système de contraintes héritées de choix qu’ils ont avalisés par conformisme et auquel ils devraient immédiatement faire face s’ils revenaient aux affaires :

  • la financiarisation de l’économie qu’a permise l’Acte unique européen ;
  • le libre-échangisme inégal codifié par l’OMC et prêché par son directeur Pascal Lamy ;
  • et surtout le système de l’euro qui met l’Etat emprunteur à la merci des marchés financiers.

Tout laisse à penser que la tyrannie du « triple A » s’exercerait sur les socialistes comme sur l’actuel Président de la République, faute qu’ils aient élaboré dans leur tête une stratégie alternative. Reconnaissons à leur décharge que l’entreprise est exceptionnellement difficile.

Le projet socialiste 2012 peut paraître comporter à première vue quelques dispositions méritoires, mais il est plus probable qu’il est destiné à fonctionner comme un leurre.

Le montant des mesures proposées (de 25 à 100 milliards d’euros, selon les estimations) n’est pas finançable dans le cadre actuel du système de l’euro. De surcroît, une lecture attentive montre que les mesures qui seraient décisives ne sont que timidement évoquées, quand, encore, elles le sont.

Le projet socialiste 2012 est muet sur la crise de l’euro. Il n’affronte pas vraiment les problèmes auxquels la gauche victorieuse serait inévitablement confrontée.

Pouvoir parler à l’Allemagne le langage de la franchise

Et comment croire que la création d’une banque d’investissement pour soutenir l’industrie pourrait être autre chose qu’un faux-semblant, si on ne reréglemente pas la sphère financière et si on ne remet pas en cause les règles européennes sur la libre concurrence et la libre circulation des capitaux ?

Un candidat crédible à la Présidence de la République française doit pouvoir parler à l’Allemagne (pour le moment celle de Mme Merkel) le langage de la franchise qui est aussi celui de la véritable amitié.

Quelles que soient les divergences actuelles sur la politique économique et monétaire, sur le nucléaire et sur la politique en Méditerranée ou sur la défense, les intérêts de la France et de l’Allemagne sont solidaires dans le long terme. Ou bien nos deux pays trouveront le moyen de continuer de concert leur Histoire, ou bien ils sortiront ensemble de l’Histoire, comme l’Egypte antique ou les cités de l’Ancienne Grèce.

Comment parler à l’Allemagne ?

L’Allemagne est prise dans une contradiction dont elle doit sortir : elle a fait de la zone euro son marché intérieur. Elle y réalise 60 % des ses excédents commerciaux. Mais dans le même temps, elle vise la compétitivité sur les marchés extérieurs, et cela au prix d’une compression salariale qui, depuis 2000, a déséquilibré presque tous ses partenaires européens. Si tous avaient mené la même politique qu’elle, l’Europe tout entière aurait plongé dans la récession dès 2003.

En fait l’Allemagne peut-elle concevoir avec nous un projet d’« Europe européenne » pour le XXIè siècle, ou bien reste-t-elle prisonnière d’un projet national à courte vue ? L’Allemagne croit trouver dans la technologie et la compétitivité sur les marchés émergents un remède à sa démographie vieillissante. Mais y a-t-il une réponse autre qu’européenne à la montée des pays de l’Asie ? L’Allemagne peut-elle séparer son sort de celui du reste de l’Europe ?

L’Allemagne a fait l’impasse sur le nucléaire. C’est un pari hasardeux et coûteux. L’Allemagne n’a pas de politique extérieure et de défense qui lui soit propre. Ainsi, la dimension méditerranéenne du projet européen semble lui échapper. Or, les Etats-Unis se détourneront toujours plus de l’Europe. Cette impasse, à long terme, est grosse de périls. Il est capital qu’une bonne entente franco-allemande assure les fondements d’un projet européen cohérent, à l’Est comme au Sud.

De nouvelles règles du jeu pour la zone euro

Dans l’immédiat, il faut donc amener l’Allemagne à revoir ses choix économiques et à accepter la renégociation des règles du jeu de la monnaie unique. C’est un enjeu prioritaire. Les questions à traiter sont d’abord la modification des statuts de la BCE, dont la mission doit être étendue au soutien de la croissance et de l’emploi, à l’intervention sur le marché des changes ainsi qu’au rachat des titres de dettes des Etats sur les marchés financiers ce qui permettrait de casser la spéculation. Il faut trouver un bon compromis entre le principe de responsabilité des Etats inscrit dans les traités, et que l’Allemagne défend à juste titre, et la nécessaire solidarité entre Etats, même si le degré de solidarité, au sein de l’Europe, ne peut pas avoir la même force qu’au sein de chaque nation.

Plutôt que d’abonder constamment le Fonds européen de stabilisation financière et de multiplier les « conditionnalités » vis-à-vis des pays déficitaires, ne vaut-il pas mieux élargir le rôle de la Banque Centrale ? Une certaine imprévisibilité de la politique monétaire permettrait de mieux contenir la spéculation que des engagements publics faciles à déjouer. Enfin, il ne faut pas renoncer à reréglementer les marchés financiers, en interdisant certains types de transactions (sur les titres d’assurances, par exemple) aux non-détenteurs des titres de dette concernés. La reréglementation de la sphère financière s’imposera à la prochaine crise. Encore faut-il y être prêt !

Rompre avec la politique d’austérité

L’Europe doit ensuite pouvoir emprunter pour financer une politique d’investissement et de recherche, ce qui implique la modification des traités européens actuels. Depuis 1994, la Commission européenne parle de financer ainsi un vaste programme d’infrastructures. Mais rien ne se fait, parce que les textes ne le permettent tout simplement pas. Ainsi l’Europe sombre-t-elle dans le psittacisme2 …

Le plus important est de rompre avec la politique d’austérité à perte de vue qu’entraînerait mécaniquement l’application du pacte Merkel-Sarkozy, dit abusivement de compétitivité. Il est nécessaire de concevoir une initiative de croissance à l’échelle de l’Europe tout entière. Cette initiative pourrait s’appuyer d’abord sur une relance salariale dans les pays excédentaires conjuguée avec une politique de change destinée à faire baisser le cours de l’euro vis-à-vis des principales devises. Nous nous heurterons là à la solidarité objective des Etats-Unis et de la Chine qui ont également intérêt à un euro surévalué. L’expérience historique montre que la réforme du système monétaire international est une affaire de longue durée. Mais certaines mesures correctrices doivent intervenir rapidement pour préfigurer le sens souhaitable de l’évolution.

Réforme du système monétaire international et protection

Le yuan est sous-évalué et tant que le déficit de l’Union européenne sur la Chine avoisinera les 200 Milliards d’euros, la première sera fondée à prendre des mesures correctrices. Quant aux Etats-Unis, ils sont tentés de faire baisser le cours du dollar, grâce à leur politique de « planche à billets », pour favoriser à la fois la réduction de leur déficit commercial et leur réindustrialisation. Il est vrai que pour continuer à attirer l’épargne extérieure, ils ne doivent pas trop affaiblir le dollar.

Mais rien ne justifie une parité de l’euro avec le dollar supérieure de 20 %, voire davantage, au cours de lancement de la monnaie unique (1,16 dollar pour un euro). Le libre-échangisme actuel est biaisé par des asymétries qu’il faudrait corriger sans tarder (coûts de main d’œuvre – absence d’harmonisation sociale et environnementale – privilège du dollar). Car, comme le disait Keynes, « à long terme, nous serons tous morts » !

Mais là encore tout laisse penser que le retour à un degré de protection raisonnable, à l’échelle des grandes régions mondiales (Amérique, Asie, Europe) ne pourra intervenir qu’à l’occasion d’une prochaine crise. Encore faudrait-il qu’un éventuel Président de la République de gauche s’y soit mentalement préparé.

La zone euro ne peut pas rester indéfiniment la lanterne rouge de la croissance mondiale. Elle doit renouer avec le dynamisme de grands projets technologiques, allumer de nouveaux moteurs, rompre avec l’immobilisme qui n’avantage que les rentiers et condamne au déclassement les nouvelles générations. Elle doit affronter sans préjugés la question de l’approvisionnement et de la production énergétiques pour le siècle qui vient.

C’est tout cela qu’il faut faire entendre à l’Allemagne si nous voulons bâtir une identité européenne qui ait un contenu et à laquelle finalement tous, y compris l’Allemagne, ont intérêt.

Un plan B si l’Allemagne refuse

Si ce « plan A » qui implique la modification des règles du jeu de la zone euro et l’inversion vers la croissance d’une politique qui pousse aujourd’hui à la récession ne pouvait être mis en œuvre, du fait de l’inertie des milieux dirigeants allemands et de la complicité des élites financières et rentières dans le reste de l’Europe, il faudrait se préparer à de fortes secousses non seulement dans les pays périphériques aujourd’hui sous tente à oxygène (Grèce, Irlande, Portugal), mais aussi dans de grands pays comme l’Espagne, voire l’Italie, ou même la Belgique.

Plutôt que d’attendre massivement l’explosion en vol de l’euro, il serait préférable de préparer un « plan B ». Il s’agirait d’abord de transformer l’euro de monnaie unique en « monnaie commune », valable dans les transactions internationales.

Il s’agirait ensuite de ressusciter un SME bis, permettant des ajustements négociés à l’intérieur de fourchettes de parités entre des monnaies nationales rétablies mais uniquement pour les transactions intérieures à la zone euro rénovée. Les pays aujourd’hui asphyxiés pourraient ainsi retrouver une compétitivité raisonnable. La Grèce devrait peut-être dévaluer de 40 % par rapport à l’euro. Celui-ci, redevenu, comme avant 2002, un panier de monnaies continuerait à fluctuer vis-à-vis du dollar, du yen, du yuan, de la livre britannique, etc.

Cette « politique harmonisée », en vue de sortir du système de la monnaie unique pour y substituer une monnaie commune, éviterait les « dévaluations compétitives ». Elle préserverait un « toit européen ». Elle permettrait surtout l’extension de la zone euro à la Grande-Bretagne, aux pays scandinaves, aux PECO’s qui s’en tiennent, à juste titre, éloignés, mais aussi à la Russie, à l’Ukraine, aux pays de l’Euroméditerranée, etc. Ce serait un système réaliste pour tout le monde, où des ajustements de parité négociés permettraient de corriger les déséquilibres commerciaux excessifs. Le cours de l’euro redeviendrait plus raisonnable. On s’étonne que les responsables des grands pays européens n’aient pas préparé ce « plan B », par prudence d’abord mais aussi par souci bien compris de l’intérêt général des peuples européens. Cécité ? Dogmatisme ? Inféodation à la rente financière et aux couches sociales privilégiées, voire à de « grands intérêts » extérieurs ? Il y a sans doute une part de tout cela dans l’épais manteau de conformisme qui empêche nos soi-disant « maîtres du monde » de penser le bien public.

Remettre la France sur une pente ascendante

Nous nous acheminons ainsi vers de violentes secousses auxquelles les candidats potentiels du Parti socialiste ne semblent pas s’être mentalement préparés. Leur pragmatisme aligné dissimule en fait une insuffisance de réflexion et une absence complète de volontarisme. Qu’attendons-nous donc d’un candidat de gauche pour qu’une victoire, en mai 2012, ne débouche pas très rapidement sur des déceptions et des frustrations qui provoqueraient assez vite la coagulation de la droite revenue à l’opposition et de l’extrême droite maquillée sous les traits de Marine Le Pen ?

Non pas des promesses qu’il ne pourrait tenir mais la ferme volonté de remettre la France sur une pente ascendante.

Que signifie d’abord cette expression « remettre la France sur une pente ascendante » ?

Des choses simples : réinscrire la France sur un trend de croissance à long terme.

Il est impossible de préserver l’Etat social sans un appareil productif capable de le financer. Veiller à sa réindustrialisation, en lui faisant prendre le train de la révolution technologique du XXIè siècle : la révolution numérique, en drainant vers l’industrie notre abondante épargne en reréglementant le secteur bancaire, en faisant en sorte que les multinationales françaises renvoient l’ascenseur, en échange de l’aide multiforme qu’elles reçoivent et investissent davantage sur le territoire national, en suscitant enfin la création et le développement de PMI à haute intensité technologique, sur le modèle allemand.

Un tel projet de réindustrialisation s’inscrit dans la perspective d’une démondialisation marchande et financière. Il faut remettre un peu de viscosité dans une économie mondiale imprudemment globalisée et décompartimentée.

Un « grand bond en avant » de l’Ecole républicaine

Parallèlement, un Président de la République de gauche aurait l’impérieux devoir d’organiser un nouveau « grand bond en avant » de l’Ecole républicaine, pour réduire de quatre à un l’échec scolaire et donner à la moitié d’une classe d’âge la possibilité d’accéder à un diplôme de l’enseignement supérieur long (50 % donc contre 25 % aujourd’hui), sur le modèle des pays scandinaves ou des pays de l’Asie Orientale. Ce grand bond en avant implique une réforme de la formation des maîtres, une claire priorité donnée à l’école primaire et la réforme des bacs technologiques pour remédier à la panne de l’Ecole qui depuis 1995 ne porte plus que 68 % des jeunes « au niveau du bac ». Sur 500 000 bacheliers chaque année, la moitié seulement est apte à poursuivre des études supérieures longues. Ce « pari sur l’intelligence » est évidemment indissociable du grand objectif de l’Ecole républicaine qui est de former des citoyens.

Savoir projeter la France vers le monde

La France conserve de grands atouts : la qualité de son peuple, sa démographie, sa position géographique au cœur de l’Europe Occidentale, son ouverture vers l’océan atlantique, la Méditerranée et l’Afrique, ainsi que vers l’Europe Continentale, la modernité de l’idée républicaine qu’attestent les mouvements démocratiques enclenchés en Tunisie et en Egypte, sa langue et sa culture, sa diplomatie mondiale, sa défense et sa dissuasion nucléaire, son épargne abondante (17 % de son revenu, comme l’Allemagne et le Japon), un réseau de firmes mondiales qui la met au troisième rang derrière les Etats-Unis et le Japon, au niveau de la Grande-Bretagne et de la Chine.

On ne peut pas demander à un candidat à la Présidence de la République un plan détaillé d’action dans l’ordre international. Rappelons que De Gaulle a essayé de 1958 à 1968 plusieurs politiques (vers les Etats-Unis, vers l’Allemagne, vers l’URSS et la Chine). Ce qu’on peut demander à un Président de la République de gauche, c’est un patriotisme profond, un dévouement entier au peuple français, un sens élevé de l’Etat, un mental d’acier pour jouer avec méthode, mais aussi pragmatisme, les atouts de la France.

L’Allemagne a besoin de la France

Dans la situation actuelle de la France où la plupart de nos choix sont contraints par notre appartenance à l’Union européenne, nous devons influencer celle-ci de manière décisive. La France n’est peut-être plus le numéro un en Europe, ce rôle étant aujourd’hui tenu par l’Allemagne, mais celle-ci a ses faiblesses.

Elle a besoin de la France pour donner un vernis européen à sa politique. Nicolas Sarkozy a tort de donner sans conditions ni contreparties la caution qu’il apporte à Mme Merkel pour mettre en œuvre des politiques sans imagination qui ne donnent pas d’autre horizon à l’Europe qu’une austérité à perpétuité.

C’est en réalité le choix du déclin, peut-être encore confortable pour nos élites rentières, mais de plus en plus douloureux pour notre peuple et d’abord sa jeunesse qui subissent un chômage de masse, le creusement d’inégalités scandaleuses et insupportables, la précarité pour beaucoup et un déclassement de plus en plus prononcé. La France a un besoin de croissance d’autant plus impératif que sa démographie est plus vigoureuse que celle de ses voisins.

L’Europe ne doit pas être écrasée par la « Chinamérique »

C’est cet abandon à un déclin programmé dont il faut inverser le cours, en desserrant progressivement les bandelettes d’un néolibéralisme aujourd’hui en crise et en réformant les textes européens imprégnés de cette philosophie. Comment le faire, sinon en parlant à l’Allemagne, aujourd’hui celle de Mme Merkel, le langage de la franchise que la conscience d’une véritable solidarité de destin autorise ?

Entre l’Europe nordique et l’Europe méditerranéenne, nos deux nations remplissent une fonction d’équilibre. Elles doivent s’entendre dans leur intérêt même. Un siècle et demi de guerres les a opposées. Elles ont failli faire chavirer le monde. L’hégémonie européenne n’y a pas survécu.

La France se souvient qu’à deux reprises, au XXe siècle, elle a failli périr. L’Allemagne elle-même a payé de son écrasement matériel et moral et d’un demi-siècle de division la folie de ses dirigeants. Nous avons voulu tirer un trait définitif sur cette période. Il est très important que nous sachions ensemble opérer les changements qui s’imposent aujourd’hui : l’Europe ne doit pas être écrasée dans les pinces de la « Chinamérique », cette alliance conflictuelle mais objective de l’Hyperpuissance d’hier et de la Superpuissance de demain. Au contraire, elle doit s’affirmer elle-même comme un pôle, dans un monde devenu multipolaire. Or, cela passe d’abord par une entente profonde de nos deux peuples.

Il faut donc que le Président de la République française sache parler un langage clair à l’Allemagne, un langage sans arrogance, au contraire, plein du respect que mérite un grand peuple. Les grandes qualités de l’Allemagne, sa discipline même, sa cohésion ne l’autorisent cependant pas à méconnaître l’intérêt général européen. C’est celui-ci qui est à redéfinir à l’aune des réalités mondiales actuelles que nous ne devons pas affronter avec les recettes du passé.

L’Allemagne par égoïsme a courte vue commettrait des erreurs aussi funestes que celles qui, à la fin du XIXe siècle ou dans les années trente, ont conduit au naufrage, un naufrage collectif qui a d’abord été le sien. Si nous nous plaçons dans l’horizon des marchés financiers, nous oublierons les peuples. Or, ce sont ceux-ci qui, dans la longue durée, façonnent l’Histoire. Il faut rechercher les arguments qui montrent à l’Allemagne que son intérêt à long terme est dans un changement de cap.

Il faut donc que le Président de la République française trouve dès aujourd’hui le langage qu’il faut pour parler, non seulement à la Chancelière mais à l’opinion publique allemande et à toutes les forces politiques qui entrent dans le fonctionnement de la démocratie allemande. L’intérêt européen au XXIe siècle est forcément aussi celui de l’Allemagne. Il faut lui en faire prendre conscience par un langage clair et fort. L’Europe ne peut retrouver une croissance forte que si elle est capable de protéger raisonnablement son marché.

Un pacte de prospérité pour l’Europe

Un candidat de gauche à la Présidence de la République doit commencer à réunir les concours nécessaires aussi dans les autres pays pour réorienter le cours de la politique européenne. Le débat devrait faire rage au sein du PSE (parti socialiste européen). On attendrait du candidat de gauche à la Présidence de la République française qu’il propose la réunion d’une « Conférence européenne » sur les moyens de surmonter la crise et sur la modification des règles du jeu afin de jeter les bases d’un pacte de prospérité pour l’Europe. Il faut y associer nos voisins, la Russie mais aussi les pays de la rive Sud de la Méditerranée qui ont besoin de notre aide pour réussir leur révolution démocratique.

Il doit se rendre aux Etats-Unis pour étudier les modalités d’une « sortie de crise par le haut », concertée entre les deux rives de l’Atlantique.

Il doit également se rendre à Pékin pour refonder notre partenariat stratégique et pour que la Chine prenne mieux en considération les intérêts des couches salariées dans les anciens pays industriels et les nécessités d’un « juste échange ». Il lui faudra trouver les leviers de négociation nécessaires, en faisant appel aux intérêts à moyen terme de la Chine.

Bien sûr, Nicolas Sarkozy va se mettre en avant à l’occasion du G20 qu’il préside mais le G20 n’est pas un organe d’exécution. Il n’en sortira pas grand-chose dans l’immédiat. C’est au mieux un forum utile. Certains l’ont décrit comme un « GO » (gentil organisateur). Ce qui sera décisif, ce seront les décisions que les pays de la zone euro pourront prendre entre eux au titre d’un véritable gouvernement économique et monétaire pour reréglementer les marchés financiers, interdire les paradis fiscaux, casser la spéculation, dépoussiérer les textes, relancer la croissance, etc.

À défaut d’une telle action, c’est le plan B qui s’imposera : une mutation si possible harmonisée de l’euro qui de monnaie unique pourrait devenir monnaie commune. Ainsi la France doit-elle avoir plusieurs fers au feu. Nos partenaires doivent être convaincus que nous ne pratiquerons pas la politique du « chien crevé au fil de l’eau ». Si l’objectif central est bien la réindustrialisation du pays, nous devons être capables de créer pour cela les conditions les plus favorables.

D’un candidat de gauche à la Présidence de la République, la France est en droit d’attendre non pas un projet tout ficelé mais une large vision, une ligne directrice, une volonté et, bien sûr, une capacité pédagogique. Un cap.

Un cap républicain

Qui dit pédagogie dit forcément République. Il s’agit, en présentant au débat collectif un projet que puissent s’approprier les citoyens, de créer les conditions qui permettront de battre en brèche la domination des marchés financiers.

Il faudra donc rappeler le lien entre la République et ses valeurs fondatrices, au premier chef les valeurs d’égalité mais aussi les valeurs de la connaissance, la laïcité, l’Ecole, la Science. Rien n’est plus éloigné de l’idéal républicain que la technophobie ambiante. La République est fille des Lumières. Elle ne doit pas laisser se rompre ce cordon ombilical, comme y inciteraient les tenants d’un nouvel obscurantisme opposant à l’Homme une Nature divinisée. La République rejette donc l’épithète méprisante de « scientiste » que voudraient lui accoler ces nouveaux obscurantistes.

Le choix du nucléaire est stratégique pour la France

Il nous faut organiser la transition énergétique pour lutter contre l’émission de gaz à effet de serre et pour préparer l’après-pétrole. Un accord se fera facilement sur la nécessité d’économiser l’énergie. Pour le reste, on ne peut faire l’impasse sur le coût de l’électricité. Le kWh d’origine éolienne est près de deux fois plus cher que le kWh du nucléaire ou du gaz. Le solaire photovoltaïque près de dix fois plus cher, dans l’état actuel de la recherche. Cet écart ne se résorbera pas avant longtemps.

Le choix du nucléaire est stratégique pour la France. Nous sommes dans cette filière au premier rang mondial. Le choix inverse de l’Allemagne ne modifiera pas ceux de la Chine, de l’Inde et des grands pays émergents. Le Japon lui-même ne remet pas en cause le nucléaire. S’il y a des leçons à tirer de l’accident de Fukushima, dont l’origine est un tsunami géant qui n’avait pas été prévu, c’est la nécessité de maintenir l’industrie nucléaire dans le giron de la puissance publique pour le soustraire à une logique de rentabilité à courte vue, et d’établir l’indépendance des autorités de sûreté.

Le pari de l’Allemagne sur les énergies renouvelables est un pari hautement aléatoire qui risque de déboucher dans les prochaines années sur le développement de nouvelles centrales à charbon. Il faudra penser à long terme le problème de l’approvisionnement énergétique de l’Europe. Pour cela, il faudra d’abord que s’instaure un climat de sérénité dans le débat.

Le terrorisme intellectuel des antinucléaires

Le choix de maintenir la filière nucléaire au cœur de notre approvisionnement énergétique est capital. C’est un grand atout de la France que nous ne laisserons pas brader. Même élu avec l’appoint des Verts, un Président de la République de gauche doit être capable d’imposer un débat vigoureux sur la politique énergétique de la France, à l’abri du terrorisme intellectuel des antinucléaires et dans le seul souci de l’intérêt national. C’est aussi à cela qu’on jugera s’il peut porter « le destin de la France ».

La République est ennemie de tout dogme : elle fait confiance aux citoyens, à la lumière de leur seule raison naturelle, pour définir le bien commun. La République est naturellement « enseignante ». Elle doit former des républicains. L’Ecole doit redevenir une priorité budgétaire de l’Etat, avec trois axes majeurs : la formation des enseignants, l’Ecole primaire pour éradiquer l’échec scolaire, l’enseignement supérieur enfin, où doit s’organiser le grand bond en avant rendu nécessaire par les exigences de la compétition mondiale.

N’oublions pas, cependant, que le projet de la République est aussi un projet philosophique, étroitement lié à ce que Condorcet appelait « les progrès de l’Esprit humain ». L’Ecole républicaine doit former des citoyens. Bien sûr la République est ouverte en permanence au débat, à la remise en cause. Elle est ce régime qui s’est donné la liberté à la fois comme fin et comme moyen.

À cet égard, il serait bon de remettre au goût du jour ce que Claude Nicolet appelait la laïcité ou la République intérieure, c’est-à-dire à la fois l’esprit de libre examen et l’esprit « juste », attentif à toutes les argumentations. C’est notre héritage et c’est notre meilleur viatique pour affronter l’avenir.

Défendre la liberté d’expression contre tous les terrorismes intellectuels

C’est l’arme la plus efficace pour tenir en lisière les fondamentalismes, les communautarismes et plus généralement le différentialisme qui, sous des apparences généreuses, remet en cause les fondamentaux de la République. La laïcité n’est pas seulement une arène de neutralité. Elle est un état d’esprit. Un acte de confiance en l’Homme.

De même convient-il d’affirmer avec force la conception républicaine de la nation, fondée sur le consentement et l’adhésion. Ainsi ferons-nous reculer les partisans d’une identité figée, frileuse, contraire à la définition républicaine de la France, aussi bien que les idéologies qui sanctifient la différence au mépris de l’égalité.

Cette philosophie républicaine a évidemment des conséquences directes sur l’Ecole dont la tâche – transmettre des connaissances et former le jugement – doit être constamment rappelée à ceux qui, à divers prétextes, rabaissent le niveau d’exigence.

La République a également des implications en matière de sécurité et d’intégration des jeunes nés de l’immigration : la loi républicaine, la même pour tous, doit être intériorisée et respectée par chacun. Ainsi verrons-nous reculer le racisme plus sûrement qu’à travers la discrimination positive ou par le biais d’une judiciarisation de l’espace public. La liberté d’expression est au fondement de la République. Elle doit être défendue contre tous les terrorismes intellectuels, y compris celui du « politiquement correct ». Mais cela suppose des républicains combatifs, capables d’argumenter par eux-mêmes, et de ne pas laisser les adversaires de la République s’ériger hypocritement en victimes.

Contre la droite et l’extrême-droite « identitaires »

L’exigence républicaine est plus que jamais actuelle. Elle commande un combat sur deux fronts : d’abord contre la droite et l’extrême droite « identitaires », contre le racisme, les injustices et les inégalités dont souffrent les jeunes nés de l’immigration, mais aussi contre l’idéologie victimaire – compassionnelle, l’angélisme, la culture de l’excuse, bref contre le différentialisme, souvent plus difficile à combattre car paré des meilleures intentions et qui se manifeste souvent au sein de la gauche elle-même. Ainsi la tâche de la gauche républicaine est difficile mais elle répond seule à l’intérêt profond du pays. Or, comment la gauche pourrait-elle appeler à l’effort et se maintenir au pouvoir si son action ne paraissait pas d’abord inspirée par le souci de l’intérêt général ?

Un Président de la République de gauche doit ainsi réaffirmer l’identité républicaine de la France. C’est nécessaire à l’intérieur. Mais c’est nécessaire aussi vis-à-vis de l’extérieur. Le monde ne ressemblera plus jamais à celui dominé par l’Europe puis par les Etats-Unis que nous avons connu. Des nations milliardaires en hommes qui sont aussi des civilisations millénaires – la Chine et l’Inde – se sont réveillées.

Les nations émergentes, particulièrement en Asie, se sont saisies de la technologie qu’elles maîtrisent désormais aussi bien que nous. Nous entrons dans une phase de l’Histoire où des identités conquérantes apparaissent déjà à l’horizon. Mais nous n’avons aucune raison de ne pas défendre et illustrer notre modèle politique et notre modèle social, y compris dans l’intérêt bien compris des peuples des nations émergentes.

La seule réponse idéologique que nous pouvons donner est l’affirmation de l’identité républicaine de la France. La France a préexisté à la République. Celle-ci n’est pas née sur une table rase mais elle a refondé notre identité collective. La République est le nom moderne de la France. Le patriotisme républicain qui est l’amour des siens se différencie du nationalisme qui est la haine des autres. La mission pédagogique de la France doit donc s’exercer sans faiblesse.

Une Confédération européenne élargie

C’est en affirmant la conception républicaine de la Nation que nous servirons le mieux la cause des autres peuples et d’abord des peuples européens. Le but pour la France est de faire avancer l’idée d’une Confédération européenne élargie à la Russie, à l’Est, et à l’Euroméditerranée, au Sud. Un Président de la République de gauche doit offrir une perspective de civilisation.

Remettre la France dans le jeu, en ce début du XXIe siècle, ne peut se faire qu’avec un grand dessein.

Notre pays a failli périr deux fois au XXe siècle : en 1914-18 et en juin 1940. Il lui faut surmonter le doute qui l’étreint depuis lors. L’Europe que Jean Monnet a voulu faire, essentiellement par le marché et contre les nations, était une idée courte. Le « pari pascalien » de François Mitterrand sur un au-delà des nations appelé « Europe » trouve aujourd’hui ses limites dans les modalités choisies qui la confondaient avec la mondialisation néolibérale. Le moment est venu de les remettre en cause, sans abandonner le grand dessein géopolitique visant à resserrer la solidarité des peuples européens.

Une nouvelle grande page est à écrire : ni la République ni la France ne doivent disparaître. Elles se sauveront ensemble l’une et l’autre.

La République parce qu’elle offre à chaque nation le moyen de concilier son legs historique particulier avec les exigences de l’universel.

La France parce qu’elle est un facteur d’équilibre essentiel pour l’Europe à construire et qu’elle doit rester un phare pour l’Humanité tout entière, encore loin d’avoir su définir, pour chacune de ses nations, un chemin d’universalisation. On pourra discuter longtemps de la nation et de la citoyenneté, de la laïcité et de la sécularisation, de la démocratie et de la République : il est essentiel que la France redevienne une grande nation politique, capable de faire vivre chez elle ses valeurs, pour éclairer le chemin de l’Humanité. C’est cette foi hors du commun qu’on attend du prochain Président de la République française.

Jean-Pierre Chèvenement, Rue 89, 24 juin 2011

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24 réponses à Voilà un homme qui pense

  1. Paul Zwilling dit :

    Bonnes vacances camarade.
    Je suis également dans la lecture de ce livre important dans cette période.
    Probablement nous retrouverons-nous dans le soutien de sa candidature, aussi improbable soit-elle, en tout cas dans la promotion de ce discours.

  2. JMP dit :

    bonjour
    ça fait un moment que j’avais pris la décision de soutenir JPC si il se présentait, et c’est vous , au fil de vos analyses,qui m’aviez convaincu de le faire; j’étais donc un peu surpris du peu
    d’enthousiasme que vous aviez manifesté quand il a déclaré son intention de se présenter; votre article me fait bien plaisir ; il y aura au moins un combat qui vaudra d’être mené a la prochaine
    présidentielle

    • Descartes dit :

      j’étais donc un peu surpris du peu d’enthousiasme que vous aviez manifesté quand il a déclaré son intention de se présenter;

      Cela demande peut-être une explication. Si la candidature de Chevènement ne m’enthousiasme pas, c’est que je trouve dommage qu’il ne profite de cette élection présidentielle pour “mettre le pied
      à l’étrier” à un successeur. Quelques soient ses – considérables – qualités, Chevènement est mortel. Et lorsqu’il disparaîtra, il ne laissera personne pour reprendre le flambeau. Je trouve
      personnellement que c’est dommage.

      Mais à l’heure de choisir, je vous rassure: depuis la mort de Séguin, je ne trouve aujourd’hui dans notre système politique personne qui lui arrive à la cheville.

  3. argeles39 dit :

    C’est un texte limpide, sans ambigüité et courageux.
    J’aurais tant aimé que le FdG soit sur cette ligne de pensée, hélas il se fourvoie et tombe dans le grotesque avec le pseudo programme partagé, ce qui n’a pas échappé au M’PEP :
    http://www.m-pep.org/spip.php?article2083
    En 2002, pour la première fois je n’avais pas voté communiste, trop exaspéré par la compromission et l’attitude des communistes au sein du gouvernement Jospin (notamment Gayssot).
    J’avais failli voter Chevènement car c’était le candidat avec lequel je me sentais le plus en accord, mais in fine j’avais voté pour le facteur (à contre cœur mais dans une logique, certes
    discutable, d’incrémenter le poids de la gauche radicale).
    En 2012 je pense que je voterais Chevènement car Mélenchon me déçois de plus en plus.

    • Descartes dit :

      J’ai personnellement fait campagne pour Chevènement en 2002, parce que bien qu’étant à l’époque militant communiste, il était hors de question pour moi de voter pour le père UbHue, et que le
      gauchisme ca n’a jamais été ma tasse de thé. Ce coup-ci, si Mélenchon ne revient pas à une ligne républicaine, je voterai pour Chevènement sans aucun état d’âme.

  4. J. Halpern dit :

    Chevènement a quitté le PS en 1993 ; en 1994 il “échoue” aux élections européennes et en tire la conclusion de soutenir Jospin en 1995.
    En 2002, même scénario : après sa rupture avec Jospin, il obtient 5% des suffrages après une bonne campagne présidentielle, mais affolé devant la faiblesse de son score il se rallie en catastrophe
    aux socialistes dans l’espoir de sauver quelques sièges aux élections législatives. Jusqu’à aujourd’hui, il faisait profil bas et son soutien à Ségolène Royal reste assez pitoyable. Le voici donc
    qui frémit de nouveau, mais ses volte-faces passées lui ôtent toute crédibilité politique. Brillant analyste, fin commentateur, autorité morale : oui. Mais en aucun cas le rassembleur dont nous
    avons besoin, sa candidature ne servirait qu’à parasiter celles de Mélanchon et de Dupont-Aignan.

    • Descartes dit :

      (…) Le voici donc qui frémit de nouveau, mais ses volte-faces passées lui ôtent toute crédibilité politique.

      Et pourquoi donc ? Tout ce que vous dites est exact. Mais vous remarquerez que les “volte-face” que vous attribuez à Chevènement ont toutes été des “voltes-faces” tactiques. En
      aucun cas il a modifié son discours ou renié ses objectifs, ses analyses ou ses convictions.

      Je crains que vous ne tombiez dans un travers très courant à gauche, qui est de confondre les buts que l’on se fixe et la tactique qu’on choisit pour les atteindre. Vous me trouverez peut-être
      cynique, mais franchement la pureté des moyens est le cadet de mes soucis. De Gaulle s’est apuyé sur certains tenants de l’Algérie Française en 1958 pour arriver au pouvoir, et une fois au
      pouvoir il a fait ce qu’il jugeait bon de faire, c’est à dire, de négocier la moins mauvaise sortie possible du conflit algérien. Est-ce que sa “crédibilité” a souffert de son changement
      d’alliances ? Chez certains groupes, certainement. Mais globalement, on ne peut pas dire que l’opinion lui en ai tenu rigueur. Comme elle ne lui a pas tenu rigueur de s’être allié avec les
      communistes ou d’avoir fait des accords avec Staline lorsque les nécessités tactiques l’ont demandé.

      Chèvenement n’est pas un “pur”. C’est un politique qui a bien compris qu’on ne peut pas faire grande chose sans quelques leviers de pouvoir. Et que pour avoir ces leviers, il faut, lorsqu’on
      n’est pas en position dominante, faire des alliances, et quelque fois des alliances contre-nature. Son alliance avec Jospin lui a permi de faire beaucoup de bonnes choses. S’il ne l’avait pas
      conclure, Jospin aurait été premier ministre quand même et toutes ces choses n’auraient pas vu le jour. Dans ces conditions, moi je dis qu’il a bien eu raison de conclure une alliance tactique…
      et de la rompre dès lors que celle-ci ne pouvait plus rien apporter. Quand on veut faire de la vraie politique, il faut être inflexible sur la vision et flexible sur les moyens. Autrement, on en
      reste à la parlotte. Dire “je ne participerai jamais à un gouvernement que je ne formerai pas” est une idiotie. On peut faire beaucoup de bien depuis un poste de ministre dans un gouvernement
      qu’on ne forme pas. Pourquoi se l’interdire ?

      Brillant analyste, fin commentateur, autorité morale : oui. Mais en aucun cas le rassembleur dont nous avons besoin,

      Je ne suis pas forcément en désaccord. Chèvenement est parfait en analyste ou en ministre, mais il n’est pas forcément un bon tacticien électoral. C’est l’une des faiblesses de la démocratie: les
      qualités nécessaires pour gagner une élection ne sont pas nécessairement les mêmes que celles nécessaires à l’exercice du pouvoir. Malhereusement, le choix en matière de “rassembleurs dont nous
      avons besoin” est relativement étroit… 

      sa candidature ne servirait qu’à parasiter celles de Mélanchon et de Dupont-Aignan.

      Pour ce qui concerne la candidature Mélenchon, un peu de parasitage “républicain” ne serait pas une mauvaise chose. Ca l’encouragerait peut-être à abandonner sa veine gauchiste et revenir à un
      positionnement plus républicain. En tout cas, telle que la candidature Mélenchon se présente aujourd’hui (et je ne crois pas désormais qu’on puisse changer quoi que ce soit), c’est à dire, sans
      projet, sans programme, et nettement positionnée du côté du “rêve”, ce n’est plus qu’une candidature gauchiste de plus. Qu’elle soit “parasitée” ou pas m’est parfaitement indifférent.

      Pour ce qui concerne Dupont-Aignan, je desespère que les républicains de droite et de gauche n’arrivent pas à s’entendre pour une candidature commune. Mais malheureusement, le fossée
      “droite/gauche” reste trop profond dans l’imaginaire politique pour que quiconque se risque à le traverser…

       

  5. J. Halpern dit :

    “Chèvenement est parfait en analyste ou en ministre, mais il n’est pas forcément un bon tacticien électoral. C’est l’une des faiblesses de la démocratie: les qualités nécessaires pour gagner une
    élection ne sont pas nécessairement les mêmes que celles nécessaires à l’exercice du pouvoir”

    C’était bien le sens de ma remarque. Et de ce point de vue, les alliances avec Jospin ou après 2002 étaient totalement contre-productives, pas en terme de “pureté”, mais d’image dans l’opinion et
    de construction d’un réseau militant. Les louvoiements de De Gaulle dans l’affaire Algérienne ne sont guère comparables, vu sa marge politique d’alors ! Le “cahier des charges” est aujourd’hui très
    différent : transformer une poussière de “bac + 5” républicains en une force politique populaire. Et les “habiletés” de Chevènement ont complètement obscurci son positionnement.

    Je vous suis complètement quant aux limites du “Front de Gauche” mais je ne désespère pas que la force des choses détache Mélenchon de ses alliés gauchistes, ne serait-ce que pour réaliser ses
    ambitions. C’est à peu près l’inverse de Chevènement : bon tacticien, bon tribun, mais sans vision d’avenir… Il n’empêche que (malheureusement ?) c’est lui qui a le plus de cartes en main pour le
    moment.
    D’accord aussi sur Dupont-Aignan, quoique le peuple franchisse beaucoup plus facilement “le fossé droite/gauche” que le microcosme militant.

    Mais le risque d’une candidature Chevènement l’an prochain, c’est de contribuer à une dispersion dont n’émergerait que le trio PS-UMP-FN… D’autant plus que son « Pourquoi je serai candidat »,
    séduisant sur le fond, n’a rien d’un appel au peuple sur la forme, c’est Cassandre plutôt que De Gaulle !

    • Descartes dit :

      Le “cahier des charges” est aujourd’hui très différent : transformer une poussière de “bac + 5” républicains en une force politique populaire.

      Ca, c’est votre cahier de charges. Ce n’est pas forcément celui de Chevènement. Je pense que Chevènement est sans illusion sur les possibilités de construire, dans le contexte
      politique qui est le notre, une “force politique populaire” sur une base républicaine. Et j’ai du mal à lui donner tort…

      Et les “habiletés” de Chevènement ont complètement obscurci son positionnement.

      Je ne le crois pas: je ne crois pas qu’il y ait la moindre ambiguïté pour n’importe quel citoyen moyennement informé sur la position de Chevènement sur telle ou telle question de fonds.
      Probablement un des seuls hommes politiques qui réussissent une telle performance. Je ne crois pas que vous trouverez une personne entre mille pour croire que le ralliement tactique de
      Chevènement à Ségolène ou a Jospin vallait conversion idéologique.

      je ne désespère pas que la force des choses détache Mélenchon de ses alliés gauchistes,

      Vous préférez de toute évidence l’optimisme de la volonté au pessimisme de la raison… et vous sous-estimez l’énorme pouvoir de l’hégémonie idéologique des classes moyennes. Les palinodies de la
      soi-disante “gauche radicale” sur l’Euro en sont la parfaite illustration.

      [Mélenchon] C’est à peu près l’inverse de Chevènement : bon tacticien, bon tribun, mais sans vision d’avenir…

      Tout à fait. Dommage qu’on ne puisse pas hybrider…

      D’accord aussi sur Dupont-Aignan, quoique le peuple franchisse beaucoup plus facilement “le fossé droite/gauche” que le microcosme militant.

      Certainement, et le succès de Marine Le Pen en est la meilleure illustration. Malheureusement, à l’heure de conclure des alliances les politiques se tournent d’abord vers leurs militants. Les
      politiques capables de défier leur propre parti sont très, très rares de nos jours.

      Mais le risque d’une candidature Chevènement l’an prochain, c’est de contribuer à une dispersion dont n’émergerait que le trio PS-UMP-FN…

      Quelles seraient les alternatives ? Le surgissement d’un pôle gaucho-écolo ?

      D’autant plus que son « Pourquoi je serai candidat », séduisant sur le fond, n’a rien d’un appel au peuple sur la forme, c’est Cassandre plutôt que De Gaulle !

      De Gaulle ne fut De Gaulle qu’à des moments bien précis, quand les conditions objectives d’un sursaut étaient réunies (1940, 1958). Le reste du temps, mongénéral faisait aussi dans le genre
      Cassandre…

      Le “pourquoi je serai candidat” n’est certainement pas l’appel du 18 juin. C’est un appel à maintenir vivante la flamme jusqu’au jour où les conditions objectives d’un sursaut républicain seront
      réunies, pas un appel à la révolution “ici et maintenant”. Sa candidature est clairement une candidature de témoignage, et l’opportunité de faire passer quelques messages. Il ne faut pas chercher
      plus loin. C’est aussi le constat que la politique qui sera faite par le prochain président est déjà connue, quelque soit le candidat vainqueur. Et là encore, il a raison: est-ce que quelqu’un
      croit un instant que l’un des candidats “présidentiables” romprait radicalement avec la politique de ses prédecesseurs ?

  6. Il s’est lamentablement planté avec son vote sur la Lybie

  7. Marcailloux dit :

    Bonjour avec le plaisir de vous lire de nouveau et que l’inspiration continue à vous motiver dans l’atonie généralisée des vacances estivales.
    « Il n’y a pas de cap pour qui ne connaît pas le port. » ,
    j’ajoute une variante suisse à cet adage :
    « Quand on ne sait où l’on va, il ne faut pas s’étonner d’arriver ailleurs »
    Vos multiples allusions ou évocations, cher Descartes, m’ont, depuis le début de l’année, amener à réviser une opinion probablement erronée sur JP Chevènement, trop fondée sur le sentiment d’un
    individualisme critique de ce dernier, inapte, sinon à faire « bouger les lignes », en tout cas à faire changer les choses. J’ai acheté son livre dès sa parution et ai , à sa lecture, constaté, en
    effet, la dimension d’homme d’État de son auteur, par sa lucidité, sa clarté, son courage et bien d’autres aspects de sa stature. Il est convaincant, certes, mais, cependant, est-il convaincu lui
    même? ….Convaincu qu’une voie est possible pour la France en 2012 !
    Il me semble que s’il l’était vraiment, alors, sa démarche politique se doublerait d’une démarche stratégique destinée à se doter de chances raisonnables de faire réellement bouger les lignes de la
    politique de la France, condamnée jusqu’à qu’une situation réellement catastrophique ne la réveille, à reproduire et perpétuer le même paradigme qui est le sien depuis des décennies.Il n’empêche
    que son livre est un excellent viatique pour la réflexion politique de ceux qui prétendent diriger la politique du pays.
    Or pourquoi aucun « ténor » de gauche, d’Aubry à Mélanchon en passant par Montebourg, pour ne citer que les candidats déclarés, ne revendique une forte communauté d’opinion avec ce qui est
    développé dans ce livre ?
    Pourquoi JPC ne se démène –t-il pas, à la manière, contestable peut être, de JL Mélanchon, pour construire une force concrète, une ou des alliances susceptibles d’aboutire à des faits concrets ?
    C’est là qu’il me déçoit un peu, car alors, s’il souhaite rester sur le plan des concepts, pourquoi , en se présentant, favoriser un risque de renouvellement de 2002 ?.
    Je vous rejoins cependant dans l’hypothèse d’un soutient s’il confirme sa réelle volonté, avec les moyens que cela implique,d’imposer dans le débat,une conception radicalement progressiste de notre
    politique nationale.

    • Descartes dit :

      Il [Chevènement] est convaincant, certes, mais, cependant, est-il convaincu lui même? ….Convaincu qu’une voie est possible pour la France en 2012 !

      Je ne sais pas. Et je ne suis pas sur moi même qu’une “voie soit possible pour la France en 2012″… Je crois qu’il faut sortir de l’idée volontariste que tout est possible indépendament des
      circonstances objectives. Il y a dans la vie des nations des moments de fulgurance et de créativité… et il y a des moments d’enlisement et de doute. Et il faut savoir faire au mieux de ce qui
      est possible à chaque époque. Je crois que c’est cette forme de “sagesse” (pour utiliser un mot un peu galvaudé) que Chevènement prêche dans son livre. C’est certainement moins exaltant que la
      vision gaucho-guévariste du monde, mais elle est à mon sens infiniment plus intelligent.

      Or pourquoi aucun « ténor » de gauche, d’Aubry à Mélanchon en passant par Montebourg, pour ne citer que les candidats déclarés, ne revendique une forte communauté d’opinion avec ce qui est
      développé dans ce livre ?

      Poser la question, c’est y répondre. Je vous invite à lire l’excellent “Le siècle de Monsieur Pétain” de Alain-Gérard Slama, qui développe magistralement ces questions. En résumé, ce que
      proposent les républicains, c’est d’assumer la liberté. C’est de dire “je choisis de faire ceci, mais j’aurais pu tout aussi bien choisir de faire cela”. Or, dire cela revient à dire que nous
      sommes responsables, puisque nous avons des vrais choix. Pour une bonne partie de la classe politique, cette idée de responsabilité fait peur. C’est tellement plus facile de dire “il n’y a pas
      d’alternative” (lorsqu’on aspire à gouverner) ou “je veux tout, tout de suite” (lorsqu’on prefère rester dans sa tour d’ivoire). Dans le premier cas, on n’est pas responsable puisqu’on a fait
      tout ce qui était possible, dans le deuxième on n’est pas responsable, puisqu’on n’a rien fait.

      L’histoire politique des trente dernières années est l’histoire d’une fuite des responsabilités. Du “on a tout essayé” de Mitterrand à “il n’y a pas d’alternative à l’Euro” aujourd’hui, les
      politiques ont systématiquement cherché l’impuissance (comme l’avait prédit Duverger dans un livre au titre prémonitoire: “la nostalgie de l’impuissance”). Ils ont crée des “autorités
      administratives indépendantes” à tour de bras, ils ont transféré des compétences à l’UE… ou bien se sont réfugiés dans le “rêve” (n’est ce pas, Marie-George ?) et tout ça, pour s’assurer que
      rien ne puisse leur être reproché. La démarche de JPC est exactement l’inverse: aller au pouvoir (même si on n’en a qu’une parcelle) chaque fois que c’est possible et assumer les choix qu’on a
      fait. Comment les “tenors de gauche” pourraient le suivre, eux qui cherchent exactement l’inverse ?

      Pourquoi JPC ne se démène –t-il pas, à la manière, contestable peut être, de JL Mélanchon, pour construire une force concrète, une ou des alliances susceptibles d’aboutire à des faits
      concrets ?

      Parce qu’il n’y a personne avec qui JPC pourrait s’allier. Mélenchon, qui au départ était plutôt sur un trip républican-jacobin, l’a très vite compris et est allé chercher ses forces dans le
      gauchisme. JPC ne pourrait “construire une force concrète” que dans une alliance qui traverserait le fossé “gauche/droite”, et pour cela malheureusement il lui faudrait dépasser un tabou qui est
      encore très puissant dans la tête des électeurs.

      C’est là qu’il me déçoit un peu, car alors, s’il souhaite rester sur le plan des concepts, pourquoi , en se présentant, favoriser un risque de renouvellement de 2002 ?.

      C’est quoi, exactement, le “risque” ? Qu’Aubry (ou pire, Hollande) ne soit pas au deuxième tour ? Qu’est ce qu’on en a à foutre ? Crois-tu vraiment que sur les questions essentielles la fille
      Delors ferait mieux que le père ?

      Je vous rejoins cependant dans l’hypothèse d’un soutient s’il confirme sa réelle volonté, avec les moyens que cela implique,d’imposer dans le débat,une conception radicalement progressiste de
      notre politique nationale.

      Je crois que cette “volonté” ne fait pas de doute. Reste la question de l’efficacité. Je suis tout à fait d’accord avec vous que la candidature de Chevénement est une candidature de témoignage,
      et rien de plus. L’ennui, c’est qu’en dehors des candidatures de témoignage, il n’y a pas grande chose à se mettre sous la dent. Et que parmi les candidatures de témoignage, la sienne reste celle
      qui a le plus de gueule… Qui me proposeriez vous de voter à la place ?

  8. C’est de son vote au sénat (Libye) qu’il s’agit (abstention) non de ce qu’il dit. Cela illustre l’écart entre le dire et le faire.

  9. Marcailloux dit :

    Vous écrivez:
    « qu’il faut sortir de l’idée volontariste que tout est possible indépendament des circonstances objectives. Il y a dans la vie des nations des moments de fulgurance et de créativité… et il y a
    des moments d’enlisement et de doute »
    Tout n’est certainement pas possible, mais je reste convaicu que la volonté, guidée par une vision lucide et sans concessions peut et doit sortir un pays comme la France du marigot dans lequel elle
    s’embourbe depuis trop longtemps et qui à terme peut la faire régresser jusqu’à l’insignifiance. l’histoire est généreuse en exemples de ce type. Est ce un effet d’une loi naturelle d’être condamné
    au déclin ? Et ce n’est pas que la démographie qui fait la grandeur d’une nation.
    « …ce que proposent les républicains, c’est d’assumer la liberté. …… cela revient à dire que nous sommes responsables, puisque nous avons des vrais choix. Pour une bonne partie de la classe
    politique, cette idée de responsabilité fait peur. »
    La grandeur du rôle des politiques est de former et d’informer les citoyens sur la notion de responsablité politique, avec ce que cela implique.
    Proposer de vrais choix comporte un grand danger : celui d’être rejeté par les électeurs qui, consciemment ou inconsciemment, sont à l’image des politiques qu’ils maintiennent en place, c’est à
    dire des porteurs de faux choix sur les fondamentaux et se contentent d’imiter Giscard avec son changement de rythme de la Marseillaise ( si ma mémoire ne me trahit pas).

    « aujourd’hui, les politiques ont systématiquement cherché l’impuissance »
    C’est une stratégie, en effet, à la petite semaine, voire même une simple tactique, mais malheureusement cela marche, et nous en sommes collectivement responsables. On voit poindre des mouvements
    chaotiques, désordonnés, transversaux dans de nombreux pays, sous le vocable de « mouvement des indignés ». Sous ses aspects folkloriques, ce type de réaction constitue peut être un prémisse à une
    prise de conscience citoyenne qui peut déboucher sur le pire ou le meilleur. Mais il me semble qu’ils sont en partie une réaction à l’impuissance assumée des gouvernants.
    « Crois-tu vraiment que sur les questions essentielles la fille Delors ferait mieux que le père ? »
    Je ne le croit objectivement pas, mais d’un optimisme invétéré je me laisse aller à espérer que si elle est désignée, ou plutôt élue comme candidate du PS, il se pourrait que libérée partiellement
    des mamouths de son parti, elle tente, à l’inverse de son père, de secouer le cocotier pour en faire descendre les primates de tous poils qui s’y chamaillent. Le bonobo du groupe est déjà, lui,
    descendu en flammes !
    « Qui me proposeriez vous de voter à la place ? »
    Il y a quelques mois, cela aurait été le vote blanc, stérile et peu signifiant. Avec votre large contribution je choisirai celui qui n’abandonne pas ce que l’histoire nous a légué, et donc j’attend
    pour voir et surtout entendre et lire, mais en effet mon opinion se construit dans la direction de JPC.
    Cordialement

    • Descartes dit :

      Tout n’est certainement pas possible, mais je reste convaicu que la volonté, guidée par une vision lucide et sans concessions peut et doit sortir un pays comme la France du marigot dans
      lequel elle s’embourbe depuis trop longtemps et qui à terme peut la faire régresser jusqu’à l’insignifiance.

      Si vous le croyez au titre d’un pari pascalien, je suis d’accord avec vous. Mieux vaut le croire, parce qu’en le croyant on ne perd rien et on a une chance de faire quelque chose de bien, alors
      que si l’on croit le contraire on ne ferait jamais rien. Mais il ne faut pas confondre un pari pascalien avec une conviction rationnelle.

      Est ce un effet d’une loi naturelle d’être condamné au déclin ?

      Certainement pas. Je crois à l’avenir de la France. Mais je ne suis pas convaincu qu’on puisse faire quelque chose pour 2012. A mon sens, pour des raisons qui tiennent à la sociologie de la
      France, les jeux pour l’élection présidentielle sont pratiquement faits.

      La grandeur du rôle des politiques est de former et d’informer les citoyens sur la notion de responsablité politique, avec ce que cela implique.

      Tout à fait. Mais pensez vous qu’il y ait aujourd’hui beaucoup de politiques qui assument leur rôle avec “grandeur” ?

      Proposer de vrais choix comporte un grand danger : celui d’être rejeté par les électeurs(…)

      Justement, non. La meilleure preuve est le succès du Front National. Ce n’est pas de proposer des “vrais choix” qui est dangereux, c’est de les mettre en oeuvre, au risque de provoquer des
      catastrophes et de devoir répondre devant l’électorat. C’est pourquoi ceux qui proposent des “vrais choix” sont ceux qui savent n’avoir aucune chance d’etre en mesure de tenir leur parole…

      On voit poindre des mouvements chaotiques, désordonnés, transversaux dans de nombreux pays, sous le vocable de « mouvement des indignés ». Sous ses aspects folkloriques, ce type de réaction
      constitue peut être un prémisse à une prise de conscience citoyenne qui peut déboucher sur le pire ou le meilleur.

      Ce genre de mouvement n’est pas nouveau. Ce type de mouvement apparaît chaque fois qu’une génération des classes moyennes a peur de perdre les avantages dont a bénéficié la génération précédente.
      On a eu cela à la fin des “trente glorieuses” en 1968. Cela a ouvert la voie au triomphe des idées libérales et à l’arrêt des ascenseurs sociaux. Aujourd’hui, les pays comme l’Espagne ou la Grèce
      sont dans une situation semblable: après des décennies de grande croissance alimentée par les subventions européennes et la “bulle” financière, les jeunes des classes moyennes se rendent compte
      que le processus s’est arrêté et qu’ils ne bénéficieront pas comme l’ont fait leurs parents. Croire que ces mouvements representent une “prise de conscience citoyenne” c’est se bercer de douces
      illusions. A moins de supposer que la citoyenneté se limite aux classes moyennes. 

      Je ne le croit objectivement pas, mais d’un optimisme invétéré je me laisse aller à espérer que si elle est désignée, ou plutôt élue comme candidate du PS, il se pourrait que libérée
      partiellement des mamouths de son parti, elle tente, à l’inverse de son père, de secouer le cocotier pour en faire descendre les primates de tous poils qui s’y chamaillent.

      Et ensuite ? Franchement, le sort des mammouths devenus primates du PS m’est indifférent. Si les primates en question descendent, ils seront remplacés par d’autres du même acabit. Ce qui
      m’intéresse, ce sont les politiques qui seront mis en oeuvre. Et je ne vois pas Aubry faire quelque chose de différent, sur les points fondamentaux, par rapport à Sarkozy.

       

       

       

  10. marc malesherbes dit :

    à propos de JP Chevénement …

    depuis son alliance avec S Royal, je ne prend plus JPC au sérieux (il me semble que SR défendait des positions sur la mondialisation fort néolibérale, le tout dans une rhétorique
    télé-évangéliste)

    Pouvez_vous m’expliquer ce qui justifiait une telle alliance ?

    Merci

    • Descartes dit :

      à propos de JP Chevénement… depuis son alliance avec S Royal, je ne prend plus JPC au sérieux

      Je n’arrive pas à comprendre cette compulsion à mélanger les questions de fond et les questions tactiques. Quel est le rapport entre les “alliances” sur le mode “je te soutins pour la
      présidentielle, tu me donnes des circonscriptions pour les législatives” et le sérieux d’une réflexion politique ?

      Faut arrêter avec ce genre de bêtise. A l’heure de conclure une alliance, la seule question qu’il faut se poser est celle du rapport coût/avantage: est-ce que cette alliance me permet de faire
      avancer mes idées ? Qu’est ce qu’elle me coûte ? Ce sont les seules questions qui vaillent. Si demain on faisait un référendum pour sortir de l’Euro et que Marine Le Pen apporte des voix au
      “non”, bienvenue à Marine Le Pen. Marre des contorsions style “non de gauche”. De Gaulle, tout homme de droite qu’il était, a fait une alliance avec les communistes lorsqu’il a estimé que cela
      lui permettait d’avancer vers ses objectifs, et a mis fin à cette alliance lorsqu’il a trouvé que ce n’était plus le cas. Et le PCF a eu le même raisonnement. Et ni l’un ni l’autre n’ont “perdu
      leur crédibilité” dans le processus.

      L’alliance entre Chèvenement et Royal était purement tactique. Pas une seule fois on n’a entendu JPC déclarer sa conversion pur les idées de SR. Je ne vois pas, dans ces conditions, en quoi son
      “sérieux” devrait pâtir de cette alliance.

      Pouvez_vous m’expliquer ce qui justifiait une telle alliance ?

      Je ne lis pas dans les pensées de JPC, mais je pense que c’était se positionner pour avoir quelques députés et un présence au gouvernement en cas de victoire de la candidate. Et ce n’est pas moi
      qui lui reprocherait: si on veut faire quelque chose d’autre que du témoignage, il faut avoir des élus et occuper des postes de pouvoir. D’u autre côté, le coût de cette alliance était nul,
      puisque SR n’a demandé de JPC ni un engagement à soutenir une politique, ni un renoncement aux thèmes qui lui sont chers…

       

  11. marc malesherbes dit :

    je ne cherche pas à polémiquer, mais à comprendre …

    ok pour une politique d’alliance et de donnant-donnant. Mais en l’occurrence (participation de JPC à la campagne de S Royal)il ne s’agissait pas d’un soutien “externe” de JPC à SR, mais d’une
    intégration à son équipe de campagne.

    Une telle participation me paraît incompréhensible quand on a “apparemment” une telle distance idéologique théorique …

    Pour les électeurs potentiels cela montre qu’il est
    prêt à défendre tout, et son contraire. Verrait-on un gauchiste faire campagne dans le staff de M le Pen, tout en restant leader de son groupuscule, et reprenant ses thèses anti-le Pen peu après
    ?

    Il est vrai, en reprenant l’aphorisme de de Gaulle, que la vieillesse est un naufrage …

    • Descartes dit :

      Mais en l’occurrence (participation de JPC à la campagne de S Royal)il ne s’agissait pas d’un soutien “externe” de JPC à SR, mais d’une intégration à son équipe de campagne.

      En quoi s’est traduit cette “intégration” ? A-t-elle demandé à JPC de prononcer des discours en son nom ? Non. De faire campagne pour elle en province ? Non. D’écrire le programme ? Non. En fait,
      “l’intégration” de JPC s’est limité à l’asseoir sur l’estrade lors de certains discours de la candidate. Je ne pense pas que cela ait trompé grand monde.

      Pour les électeurs potentiels cela montre qu’il est prêt à défendre tout, et son contraire.

      Seulement pour des élécteurs très mal avertis. A ma connaissance, JPC n’a pas une seule fois pendant la campagne défendu “le contraire” de ce qu’il a toujours défendu. Encore une fois, il ne
      faudrait pas confondre les positions de fond et l’alliance tactique. Si JPC avait fait des discours sur “l’ordre juste” ou défendu une “constitution européenne” durant la campagne de SR, ton
      reproche serait juste. Mais ce n’est pas le cas.

      Verrait-on un gauchiste faire campagne dans le staff de M le Pen, tout en restant leader de son groupuscule, et reprenant ses thèses anti-le Pen peu après ?

      On a bien vu des gauchistes faire campagne pour Mitterrand…

  12. marc malesherbes dit :

    dont acte

    mais en tant qu’électeur “moyen” (ayant quand même voté une fois pour lui en 2002), je me souviens l’avoir entendu interviewé lors de cette campagne (à la radio ? à la TV ?) et défendre la
    candidate SR. Quand on connaît les positions de SR, cela m’a édifié. Ceci dit je n’ai pas analysé précisément ce qu’a dit et fait JPC lors de cette campagne (alors que j’ai suivi d’assez prés les
    déclarations diverses de SR)

    l’électeur moyen que je suis ne votera jamais (?) plus pour lui, quelque soit ses boniments, même si ils allaient dans “mon” sens: je ne lui fait plus confiance. Demain fera-t-il partie d’un
    gouvernement Sarkoziste pour faire avancer ses idées ? (comme Hirsh ?)

    Moralité: un homme politique si il n’a pas une ligne claire n’inspire pas confiance au quidam moyen. Pour les intellos, cela peut marcher, à grand coup d’arguments spécieux …

    • Descartes dit :

      je me souviens l’avoir entendu interviewé lors de cette campagne et défendre la candidate SR

      La candidate, oui. Son projet, non. Franchement, je ne demande combien d’électeurs en le voyant ont pu un instant penser qu’il avait changé d’avis sur les questions essentielles.

      l’électeur moyen que je suis ne votera jamais (?) plus pour lui, quelque soit ses boniments, même si ils allaient dans “mon” sens: je ne lui fait plus confiance.

      Je te trouve non seulement injuste, mais surtout fort peu rationnel. Qu’est ce qui fait qu’on fait confiance à un homme politique, pour toi ? Si pour toi le fait de ne jamais s’allier
      tactiquement qu’avec des gens avec qui il partage les idées, alors tu ne pourras pas voter pour grand monde.

      Au risque de me répéter: ce qui est important chez un homme politique, c’est les buts qu’il se fixe, pas les alliances qu’il fait à tel ou tel moment pour les faire avancer. Et à ma connaissance
      JPC a toujours eu les mêmes priorités et les mêmes objectifs. Et lorsqu’il a senti qu’une alliance ne lui permettait plus de les faire avancer, il a préferé démissionner plutôt de se
      compromettre.

      Demain fera-t-il partie d’un gouvernement Sarkoziste pour faire avancer ses idées ?

      S’il était invité à faire partie d’un gouvernement sarkozyste dans le cadre d’un accord qui lui permettrait d’organiser la sortie de l’Europe libérale, la nationalisation des banques et la mise
      en place d’une vraie politique industrielle, il aurait tort de refuser. Encore une fois, c’est une question de calcul coût/avantages. Thorez a été ministre du très maurrassien De Gaulle. A-t-il
      eu tort, à ton avis ?

      Moralité: un homme politique si il n’a pas une ligne claire n’inspire pas confiance au quidam moyen.

      On peut avoir une “ligne” claire et une tactique à géométrie variable. De Gaulle en est le plus brillant des exemples. En 1958 il est revenu au pouvoir dans les fourgons de l’Algérie Française,
      et il les a trahis. Et je n’ai pas l’impression qu’il ait perdu la confiance du “quidam moyen” pour autant.

      Il faut arrêter de prendre les gens pour des imbéciles. Le “quidam moyen” se fout des politiciens aux mains pures. Il se fout de savoir si X s’est allié avec Y avant d’aller voir Z. Sinon, il
      faudra m’expliquer comment la gauche a pu voter pendant des années pour un ancien pétainiste, ancien partisan de l’Algérie Française, ancien ministre du SFIO Guy Mollet mais aussi du droitier
      d’Edgar Faure qu’était François Mitterrand. Faut croire que le “quidam moyen” ne lui a pas trop tenu rigueur de ses errances tactiques.

      Et le “quidam moyen” a raison. Ce qui importe, ce n’est pas comment l’homme politique arrive au pouvoir, mais ce qu’il en fait. Et JPC, chaque fois qu’il a eu une parcelle de pouvoir, l’a utilisé
      d’une manière qui me semble tout à fait admirable. Alors, qu’il ait léché le cul de SR (ou, ce qui est beaucoup plus grave, celui de Mitterrand), je m’en fous.

       

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