Les récentes déclarations de François Hollande devant les correspondants de la presse britannique n’ont pas reçu beaucoup d’échos dans la presse française. Même pas du “journal de référence”, qui pourtant est prêt à consacrer des pages et des pages aux petites phrases de Claude Guéant. Et pourtant, contrairement aux sorties – somme toute prévisibles – du ministre de l’intérieur, elles valent une véritable analyse. Voici ce qu’il a dit en répondant à une question concernant les inquiétudes qu’une arrivée de la gauche au pouvoir pourrait provoquer:
“Les années 1980, c’était une autre époque. Les gens disaient qu’il y aurait des chars soviétiques sur la Place de la Concorde. Cette époque est finie, c’est de l’histoire. Il était normal qu’il y eut des peurs alors. La droite avait été au pouvoir pendant 23 ans, la guerre froide n’était pas finie et Mitterrand avait nommé des ministres communistes au gouvernement. Aujourd’hui, il n’y a plus de communistes en France. Ou alors pas beaucoup. La gauche a été au gouvernement pendant 15 ans pendant lesquels nous avons libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et aux privatisations. Il n’y a rien à craindre“.
Hollande a parfaitement raison. C’est vrai, 1980 c’était une autre époque. La gauche n’avait pas été au pouvoir pendant une génération, ce qui était pour elle fort commode, puisque cela la dispensait de répondre de son bilan. Un bilan qui n’était pas joyeux: le dernier passage de la gauche au pouvoir avait été marqué par la gestion désastreuse de ce qu’on appelait “les événements d’Algérie”. Les passages de Mitterrand au ministère de l’Intérieur puis de la Justice, où il avait couvert l’exécution et la torture de militants du FLN, s’étaient estompés dans la mémoire.
Hollande a aussi raison sur un deuxième point: Aujourd’hui, il n’y a plus beaucoup de communistes en France. Oh, bien sur, il y a toujours un PCF assez vivant pour réagir avec indignation aux propos du candidat socialiste pour déclarer que “les 132.000 adhérents et 10.000 élus seront contents de l’apprendre” – notez la place des élus dans cette déclaration, c’est loin d’être anodin. Peut-être les “132.000 adhérents et 10.000 élus” ne seront-ils pas contents de l’apprendre mais il est vrai que la vérité fait rarement plaisir. Georges Marchais, Gaston Plissonnier, Georges Seguy ou Henri Krasucki étaient des communistes qui avaient de quoi faire peur aux bourgeois. Pierre Laurent, Laurent Dartigolles ou Marie-Georges Buffet ne sont que des médiocres apparatchiks qui pour sauver les sièges d’élu sont prêts à toutes les manipulations, à toutes les compromissions. Avec eux, le PCF préfère céder la candidature présidentielle à un ancien socialiste et président autonominé d’un parti de 6000 militants de peur de se prendre une veste. Qui pourrait avoir peur de ces guignols ?
Hollande a finalement raison lorsqu’il rappelle que la gauche au pouvoir a “libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et aux privatisations”. Un rappel indispensable qui éclaire d’un jour tout à fait nouveau – et bien plus véridique – le programme annoncé par les socialistes. En 1981, le candidat Mitterrand avait promis de “changer la vie”. Hollande – qui sait de quoi il parle – nous explique ici en quoi ce changement a consisté. Et il n’exprime ni regrets, ni remords. Au contraire, cette explication est censée rassurer ses interlocuteurs, ce qui suppose qu’il est prêt à le refaire. Il ne serait pas inutile de s’en souvenir avant de mettre les bulletins dans l’urne, ne serait-ce que pour en pas être déçu après.
Les socialistes devraient se méfier. Eux aussi ont un “bilan” à défendre, même s’il commence à dater. Et pour défendre ce bilan, ils n’ont que de bien piètres arguments. Cela était évident pour ceux qui ont écouté lundi soir sur France Inter le débat entre Florian Philippot – directeur de campagne de Marine Le Pen – et Gérard Filoche, l’ancien gauchiste reconverti comme dirigeant du PS. Le discours filochien était, comme d’habitude, de rejeter toute la faute sur les “panques” (1). Fort intelligement, Philippot a souligné que si les banques avaient pu faire autant de dégats, c’est en grande partie grâce à la dérégulation du système financier introduite par les gouvernements socialistes. A cela, Filoche n’avait rien à répondre. Il a été obligé à se réfugier dans la non-argumentation genre “Le Pen est l’ami des panques”, laissant Philippot jouer le rôle du jeune homme sérieux qui argumente posément devant un excité. Même chose lorsque Filoche s’est mis à défendre la législation du travail. Il a servi sur un plateau la réponse à Philippot: si l’on a pu mettre le code du travail par terre et mettre les travailleurs français en concurrence avec les pays à faible revenu, c’est du fait des traités européens que les socialistes ont signé et ratifiés.
Et ce risque n’est pas confiné au candidat socialiste. Mélenchon a, comme je l’ai montré dans un papier précédent, le même problème. La nécessité que les candidats de gauche éprouvent aujourd’hui de jouer à l’héritier de Mitterrand leur empêche tout retour critique sur l’oeuvre du “vieux”. Jospin avait au moins une qualité, celle d’oser réclamer le “bénéfice d’inventaire” sur l’héritage, et le refus de reprendre l’héritage en bloc. Ni Mélenchon ni Hollande ne semblent capable de faire ce travail: on trouve ainsi l’un défendant Maastricht, alors que la monnaie unique et les institutions qui vont avec sont un obstacle absolu pour l’application de son programme, et l’autre défendant la politique libérale et les privatisations de l’après 1983, avec le risque de se mettre en porte à faux.
Descartes
(1) Pour ceux qui lisent la langue de Shakespeare (ou plutôt l’idée que se fait de cette langue François Hollande) la citation exacte en anglais est la suivante: “The 1980s was a different era. People said there would be Soviet tanks on the Place de La Concorde. That era is over, it’s history. It’s normal there were fears then. There had been 23 years of the right in power, the cold war was on and Mitterrand nominated Communist ministers to government.Today there are no Communists in France. Or not many … the left was in government for 15 years in which we liberalised the economy and opened up the markets to finance and privatisations. There is no big fear”. (The Guardian, lundi 13 février 2012).
(2) la prononciation du mot “banque” avec la première consonne explosive semble être une manie commune à tous les socialistes en ce moment.
Merci pour cette citation qui montre bien qu’il n’y a rien a espérer de François Hollande. Le plus grand succès de Mitterand, cet homme venu de l’extrême droite, c’est son OPA sur le parti
socialiste, le succès fut de faire appliquer une politique libérale par un groupe politque qui a volé le terme “socialiste”
Je crois savoir qu’Hollande dans les années 80 a été un conseiller, une de ces têtes pensantes du libéralisme triomphant.
Je crois savoir qu’Hollande dans les années 80 a été un conseiller, une de ces têtes pensantes du libéralisme triomphant.
Tête pensante… je n’irais pas jusque là. François Hollande était à l’époque l’un de ces nombreux jeunes énarques socialistes – et sous ma plume “énarque” n’est nullement une insulte, je tiens à
le préciser – qui ont fait les “petites mains” du cabinet de François Mitterrand. Il y a certainement fait ses premières armes, et il a réussi à se faire remarquer par un certain nombre de
hiérarques socialistes et à se faire des relations utiles pour la suite de sa carrière. Mais “penser” ? Personne n’a jamais accusé Hollande d’un tel forfait, et il n’a jamais revendiqué la
paternité d’aucune des politiques poursuivies à l’époque…
Je crois que personne n’a jamais pris Hollande pour autre chose que l’image qu’il s’est lui-même donnée depuis longtemps: celle d’un inoffensif technocrate social-libéral.
C’est sans doute pourquoi ses déclarations anglaises n’ont pas fait réagir (alors que les propos tenus à l’étranger ont de plus en plus tendance à ne pas rester cantonnés à leur auditoire
particulier; confer le discours de DSK alors patron du FMI). Si on cherche à provoquer la polémique avec, c’est impossible car tout ce qu’on peut répondre est “ben… c’est vrai”. Et fort peu,
également, doivent être dupes de la “gauchisation” très relative de son discours. D’ailleurs le PS cherche aujourd’hui davantage ses alliés chez les Verts que chez Méluche. Vous avez raison, le
PCF ne fait plus peur en rien. Même pas en l’éventualité de perdre les élections sans lui.
Je dois bien admettre qu’en tant que centriste, lecteur attentif et critique de votre blog, Hollande n’est pas déplaisant à mes yeux, et mon vote au second tour, sauf miracle (oui bon…)
bayrousien, lui est acquis. Je crois en fait que beaucoup d’électeurs de centre-gauche cherchent en lui la continuité de Jospin, dont la législature, rétrospectivement (et quelle qu’en soit la
réalité objective), nous apparaît comme une période quasi dorée de croissance, de recul du chômage et de victoire en Coupe du Monde.
Je crois que personne n’a jamais pris Hollande pour autre chose que l’image qu’il s’est lui-même donnée depuis longtemps: celle d’un inoffensif technocrate social-libéral.
Certes. Seulement maintenant il nous demande de le prendre pour le président de la République…
Par ailleurs, je vous avoue que je n’aime pas l’utilisation qu’on fait à tort et à travers du mot “technocrate”. Nous avons besoin de véritables techniciens pour conduire les politiques
publiques. Si la France a pu conduire avec succès tous les grands programmes des “trente glorieuses”, c’est grâce au travail en général discret et obscur de centaintes d’énarques, de
polytechniciens et autres “technocrates”. Les noms de Dautry, de Besse, de Pecqueur, de Guillaumat, de Boiteux ne disent peut-être pas grande chose au grand public, mais ce sont eux les héros de
la geste industrielle de l’après-guerre. Ca, c’était des “technocrates”. Mais peut-on dire qu’Hollande est un “technocrate” ? Quelle est la “technique” qu’il domine, et qui lui donnerait sa
légitimité ? Est-il un grand ingénieur, un grand juriste, un grand économiste ?
Hollande n’est pas et n’a jamais été un “technocrate”. Sa légitimité n’est pas et n’a jamais été “technique”, et il est d’ailleurs le premier à l’admettre, en insistant toujours sur son
expérience d’élu et ne mentionnant jamais celle qu’il a pu acquérir en tant que haut fonctionnaire. Il ne suffit pas de passer par l’Ena (ou par n’importe quelle autre école) pour mériter
l’honorable qualificatif de “technocrate”…
D’ailleurs le PS cherche aujourd’hui davantage ses alliés chez les Verts que chez Méluche. Vous avez raison, le PCF ne fait plus peur en rien. Même pas en l’éventualité de perdre les
élections sans lui.
Hollande cherche à attirer à lui les électeurs qui ne lui sont dejà acquis au deuxième tour. Or, il sait pertinement que la galaxie Mélenchon-PCF n’a pas le choix. Prisonniers de leur vision de
guerre civile “droite vs. gauche”, ces organisations n’auront pas le choix au deuxième tour. Ce sera “tout sauf Sarkozy”, et donc Hollande. Et Mélenchon et Laurent en sont très
conscients, au point de moduler finement les attaques anti-PS en évitant de franchir les lignes rouges qui rendraient le désistement au deuxième tour impossible.
Cela fait plus de vingt ans que la stratégie du PCF fait du dogme de “battre la droite” l’alpha et l’oméga de son discours. Demain, “battre la droite” sera synonime de voter François Hollande. Si
le Front de Gauche envisageait un “blanc bonnet et bonnet blanc”, il lui faudrait préparer son électorat dès maintenant, lui expliquer pourquoi “battre la droite” n’est plus la première priorité.
Est-ce que vous voyez le moindre signe d’une telle révision stratégique ?
Dans ce contexte, Hollande a tactiquement raison: il a tout intérêt à déplacer son discours vers le centre. C’est là que se trouvent les élécteurs qui risquent de lui échapper. Ceux de la gauche
lui sont captifs…
Je dois bien admettre qu’en tant que centriste (…) Hollande n’est pas déplaisant à mes yeux, et mon vote au second tour, sauf miracle (oui bon…) bayrousien, lui est acquis.
Votre analyse présente un défaut. Hollande “centrise” son discours pour racoler les voix. Mais arrivé au pouvoir, il sera obligé de revenir au baricentre de son électorat, qui se situe bien plus
à gauche, notamment en matière “sociétale”. Vous risquez d’être amèrement deçu si vous pensez trouver chez Hollande une politique éducative proche de celle proposée par Bayrou.
Et si les propos de François Hollande ne reflétais pas la réalité ?
Si l’on fait le constat que le PCF est en perte de vitesse électorale depuis le milieu des années 70. Le fait que le PS, suite au congrès d’Epinay, s’engage dans une voie “moins”
sociale-démocrate que la vieille SFIO et que le nouveau PS (celui qui succède à la vieille maison dans l’année 1969 avec comme Premier Secrétaire, Alain Savary) et plus unitaire (l’Union de la
Gauche). Cette évolution conduira à la rédaction et à la signature du Programme commun en 1972. L’encre même pas sèche, François Mitterrand filera au Congrès de l’Internationale Socialiste à
Vienne et dira devant une floppée de responsables socialistes et sociaux-démocrates (Smit, Brandt, Palme, etc…) un fameux discours dont une j’extrais une citation lourde de
conséquences pour les communistes : “Notre objectif fondamental, c’est de refaire un grand Parti socialiste sur le terrain occupé par le PC, afin de faire la démonstration que, sur les
cinq millions d’électeurs communistes, trois millions peuvent voter socialistes”.
Je ne sais si à l’époque la direction du PCF, s’en est rendu compte de cet objectif mitterrandien… en tout cas, elle n’a pas rompu en 1972, elle ne l’a fait qu’après les élecions
municipales de 1977 qui furent pour la Gauche mais surtout pour le PS qui belle moisson de victoires !
Pour les législatives de 1978, l’Union de la Gauche battra de l’aile et cette division permettra à Giscard de conserver sa majorité législative.
Le PCF en 1981 est déjà sous le reculoir et en pente déclinante grave. Si Georges Marchais fait un score intéresant récolta aussi sa célébrité médiatique (aura médiatique; tiens tiens, comme
Jean-Luc Mélenchon aujourd’hui) et il largement distancé par le socialiste (Mitterrrand à 25,8%) et ne sera plus un parti d’accompagnement dépendant du PS. Il aura un sursaut en 1984, mais la
large victoire de Mitterrand au premier tour de 1988 et au second et le faible score de André Lajoignie (6 et quelques %) sonnera le glas de ce parti incapable de muter sans se renier ou se
ridiculiser ! La chute de l’empire soviétique sonnant l’échec du système “communiste” et la chute du mur de Berlin qui offre la victoire totale et sans partage au libéralisme et au grand marché
unique européen.
François Hollande a dit quelque chose de vrai. C’est sous la gauche, l’union de la gauche avec les communistes qu’il y a eu la libéralisation des marchés financiers et la plus grande part de
démantèlement de l’industrie lourde (mines, sidérurgie, fermetures dans l’automobile, ouverture des marchés suite au choix européen et européiste de mars 1983). Les suppressions massives
d’emplois dans l’industrie, suite au plan de rigueur “austérité” de Delors-Bérégovoy de 1983-1984 font que la classe ouvrière s’est éloignée de la gauche et notamment du PCF et n’y
reviendra jamais.
C’est sous Jospin, que les privatisations allaient bon train, que les directives européennes tombées en masse sur les bureaux des Ministères transmises au parlement pour qu’elles soient
restranscrites dans la loi française. J’en sais quelque chose, j’étais à l’époque Conseillère dans un Ministère… Jospin signera tous les traités européens et fera avaler les directives à
l’Union de la gauche (pardon la gauche plurielle). Fabius remplaçant DSK libéralisera les stocks-options et leurs fiscalités et introduira la fameuse niche fiscale (la prime pour l’emploi). La
directive énergie sera validée par la gauche plurielle. A l’époque Jean-Luc Mélenchon était Ministre Délégué à l’Enseignement professionnel et ne pipait pas mot !
Depuis le choix de rester dans le SME en 1983 et l’ouverture de la parenthèse libérale et libre échangiste, et bien la gauche n’affolle et n’inquiète plus la finance et la corbeille ne chutera
pas de 5 points si le Député de la Corrèze devenait le locataire de l’Elysée le 06 mai prochain.
Je dirai que François Hollande n’a fait que dire des vérités que beaucoup save sur le PCF : sa quasi mort (et même avec la candidature de Jean-Luc Mélenchon qui, elle, n’enlèvera pas la platitude
de l’encéphalogramme et du cardiogramme du parti dont le cher est Pierre Laurent ! Pierre Laurent ? Who is it ?). De même François Hollande ne dit-il pas des vérités sur la
gestion libérale de l’économie et sa libéralisation ? Politique que la gauche à pratiquer durant pratiquement douze années !
Les cris des dirigeants communistes, la montée crash de Jean-Luc Mélenchon (habituelle chez “Méluche” ces temps-ci) ne sont-elles pas que des propos hypocrites, niant la réalité des choses et
surtout essaiyant de faire croire qu’ils [Le PCF et Jean-Luc Mélenchon] s’octroient un poids surévallué et surcoté que devra prendre en compte le candidat Hollande et le PS lors de la
distribution des places ministérielles et législatives ?
Et si les propos de François Hollande ne reflétais pas la réalité ?
Et si ma tante en avait ? Et bien, elle serait mon oncle…
Si l’on fait le constat que le PCF est en perte de vitesse électorale depuis le milieu des années 70.
Le principal problème du PCF n’est pas qu’il soit “en perte de vitesse électorale depuis les années 1970”. C’est surtout que le processus de “mutation” commencé au milieu des années 1990 l’a
transformé. De parti populaire, représentation politique de la classe ouvrière, il est devenu un club ou “notables” élus et apparatchiks médiocres font la pluie et le beau temps, pendant que les
militants sont priés de coller les affiches et de chercher du fric. L’appareil de formation et d’éducation des militants ? Demantélé. Les revues, les éditions ? Les dernières ont disparu, les
premières quand elles ne sont pas mortes sont devenues des chasses gardées de telle ou telle “tendance”, et toutes rivalisent de langue de bois.
Ce changement est concomitant à un changement sociologique: les cellules, et particulièrement les cellules d’entreprise ont disparu, et avec elles le contact de proximité avec les travailleurs.
Les “sections”, calquées sur les circonscriptions électorales les ont remplacé. Seulement, elles sont pleines de retraités, d’enseignants, d’étudiants, bref, des classes moyennes. Qui
s’intéressent, c’est humain, aux problèmes qui les concernent, c’est à dire, aux problèmes des classes moyennes. Bien sur, on continue à proclamer son attachement au prolétariat, mais ce n’est
plus un prolétariat réel, c’est un prolétariat prétexte.
Je ne sais si à l’époque la direction du PCF, s’en est rendu compte de cet objectif mitterrandien…
Bien sur que oui. Mais la direction du PCF était coincée. Coincée par la génération 1968 qui voulait sa révanche sur la droite qui avait gagnée les éléctions de 1969. Si l’on peut reprocher
quelque chose à Marchais & Co., c’est de ne pas avoir eu la clairvoyance de comprendre qu’ils n’arriveraient pas à contrôler le processus sur lequel ils s’étaient engagé, et de ne pas avoir
eu le courage de confronter cette génération – qui avait souvent pris sa carte au PCF pendant les “évènements” – et rompu le processus quand il était encore temps.
L’envie de croire, comme je l’ai déjà dit et répété, est la source de beaucoup de désastres. Le PCF voulait tellement croire que la victoire de la gauche était possible et que le PS était l’allié
qui pouvait réaliser ce rêve, qu’il s’est aveuglé aux réalités. Et le pire, c’est qu’ils sont prêts à recommencer: la candidature Mélenchon en est le meilleur exemple.
Le PCF en 1981 est déjà sous le reculoir et en pente déclinante grave. Si Georges Marchais fait un score intéresant récolta aussi sa célébrité médiatique (aura médiatique; tiens tiens, comme
Jean-Luc Mélenchon aujourd’hui) et il largement distancé par le socialiste (Mitterrrand à 25,8%) et ne sera plus un parti d’accompagnement dépendant du PS.
En 1981 une partie de la direction du PCF a fait son possible pour faire battre Mitterrand au second tour. S’ils avaient réussi, les choses auraient pu être très différentes… Mais inutile de
rêver.
Les cris des dirigeants communistes, la montée crash de Jean-Luc Mélenchon (habituelle chez “Méluche” ces temps-ci) ne sont-elles pas que des propos hypocrites,
Oui. Surtout chez Mélenchon: s’il y avait encore des communistes nombreux en France, ce n’est pas lui qui serait candidat.
Hollande a finalement raison lorsqu’il rappelle que la gauche au pouvoir a “libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et aux privatisations”. Un rappel indispensable qui
éclaire d’un jour tout à fait nouveau – et bien plus véridique – le programme annoncé par les socialistes. En 1981, le candidat Mitterrand avait promis de “changer la vie”. Hollande – qui sait de
quoi il parle – nous explique ici en quoi ce changement a consisté. Et il n’exprime ni regrets, ni remords. Au contraire, cette explication est censée rassurer ses interlocuteurs, ce qui suppose
qu’il est prêt à le refaire.
Et ce jour même, le monde fait état d’un rapport écrit en commun par les députés Christian
Ménard(UMP, Finistère) et Jean-Claude Viollet
(PS, Charente) qui prônent une privatisation de grande envergure de services de défense :
« ils … appellent sans équivoque à soutenirle secteur. “Le monde avance sur ces sujets sans attendre la France. Notre pays doit construireun modèle qui lui est propre”, concluent-ils, en proposant une labellisation nationale…. “L’Etat va donner le signal d’une ouverture maîtrisée”, résume un haut responsable du Secrétariat général pour la
défense et la sécurité nationale, missionné de son côté en 2010 par l’Elysée avec l’objectif de structurer le secteur. La privatisation de la sécurité est “un phénomène dans lequel on est comme poussé dans une seringue. Prétendrel’arrêter serait hypocrite. Il faut poser les bornes politiques, opérationnelles, juridiques”, expliquait il y a peu une source du Secrétariat général. » en d’autres termes, il n’y a pas d’alternative
( ça rappelle quelque chose non?)
Bien entendu, il n’y a que les imbéciles incultes pour ne pas savoir que les armées privées ont toujours été le fer de lance de la démocratie . En tout cas, voilà un exemple de plus qui démontre
qu’il ne faut pas compter sur le PS pour défendre la république
“Vous risquez d’être amèrement deçu si vous pensez trouver chez Hollande une politique éducative proche de celle proposée par Bayrou”
Je n’attends rien en particulier de Hollande et pas grand chose de Bayrou (ni d’aucun candidat). Mais comparé à Sarkozy, “rien” est parfois mieux que “mal”.
En fait, comme je suis idiot et ignorant et que je n’entends rien à la politique, je me base surtout sur l’image (publicitaire, donc) des candidats. Hollande = le gentil consensuel. Bayrou =
l’agrégé terrien catho. Mélenchon = le clone de Tonton (un peu comme celui de l’Empereur dans les romans de Star Wars). Sarkozy = le nerveux bling-bling. Le Pen = la matrone réac.
J’exagère. Si ce n’avait été QUE pour l’image internationale de la France, je voterais Villepin, le littéraire de droite à tronche de poète maudit (et héros de BD, comme Mickey).