Hollande et la “politique de l’offre”

Il a suffi d’une petite phrase pour que tout à coup notre poulailler médiatique se mette à bruisser. François Hollande a tout à coup dit « l’offre crée sa propre demande », et cela a été suffisant pour plonger nos médias dans les affres de la découverte. Comment ? Alors ce François Hollande qu’on croyait marxiste, celui-là même qui affiche la photo de Jaures au dessus de son lit et agitait le drapeau rouge dans les meetings ne serait finalement qu’on vulgaire « social-libéral » partisan de la politique de l’offre ? Mon dieu, il nous a bien caché son jeu, ce petit…

Pareille fausse ingénuité de la part de nos médiacrates frise l’indécence. On a du mal à croire que des gens qui suivent la vie politique de notre pays puissent être à ce point mal informés. Ou qu’ils se soient laissés bercer par les promesses d’un candidat aux élections au point d’y croire. Ceux qui font jouer leur sens commun plutôt que de se laisser bercer par les discours savent bien et depuis longtemps que non seulement François Hollande, mais l’ensemble des socialistes sont depuis bien longtemps convertis aux dogmes du « marché libre et non faussé » et d’un Etat dont la politique sociale se réduit à être la voiture balai qui ramasse les éclopés de la « mondialisation heureuse ». Qu’ils soient des convertis heureux ou des convertis honteux, qu’ils récitent avec application le credo libéral ou qu’ils continuent à s’indigner régulièrement avec des accents jaurésiens des ravages du capitalisme libéral, chaque fois qu’ils ont été aux affaires les socialistes ont voté avec une belle unanimité – sauf rares et louables exceptions – les politiques les plus conformes aux canons néo-libéraux, du « franc-fort » à l’euro-austérité en passant par le traité de Maastricht, l’ouverture des marchés et les privatisations voulues par Bruxelles. Découvrir que le Parti Socialiste en général et ses dirigeants en particulier ont fait allégeance au « social-libéralisme » c’est découvrir qu’il fait jour à midi.

Mais le plus amusant est qu’on tire cette conclusion a partir d’une citation de François Hollande, lui-même citant – mal – l’économiste Jean-Baptiste Say, censé avoir dit que « l’offre crée sa propre demande ». Cette citation est devenue au fil des années et grâce à une incompréhension fondamentale de ce que Say voulait dire une sorte de dogme fondamentale de la pensée néo-libérale dans sa bataille contre les keynésiens. Je vais essayer d’expliquer pourquoi.

Un débat qui agite couramment les économistes est celui des freins à la croissance. L’objectif de la politique économique étant de favoriser la croissance économique, la question s’est posé depuis la naissance des sciences économiques : qu’est ce la puissance publique doit faire pour maximiser la croissance économique ? Et pourquoi certaines économies, alors qu’elles bénéficient d’une main d’œuvre formée et abondante, de capital bon marché, de matières premières abondantes, ne croissent pas voire régressent ?

Ce débat se polarise depuis la fin du XIXème siècle sur le rapport entre l’offre et la demande. Car la croissance de l’économie dépend autant de la capacité de produire plus, que du fait que les biens produits trouvent preneur. Même si la capacité existe, personne ne produira des biens pour lesquels il n’y a pas de débouché. On déduit donc intuitivement que pour que l’économie puisse croître, il faut d’un côté pouvoir produire plus dans des bonnes conditions de coût : c’est le côté « offre ». Mais il faut aussi de l’autre côté qu’il y ait des consommateurs solvables pour acheter les biens produits : c’est le côté « demande ». Et depuis le XIXème siècle, les économistes s’écharpent pour savoir si dans une situation donnée le frein de la croissance est plutôt le défaut dans l’offre (c'est-à-dire, des biens trop chers ou en quantité insuffisante) ou dans la demande (des consommateurs trop pauvres ou trop craintifs pour acheter).

Jean-Baptiste Say a répondu à cette question par ce qu’on appelle la « loi des débouchés ». Voici ce qu’il écrivit dans sont « Traité d’économie politique » : « Il est bon de remarquer qu’un produit terminé offre, dès cet instant, un débouché à d’autres produits pour tout le montant de sa valeur. En effet, lorsque le dernier producteur a terminé un produit, son plus grand désir est de le vendre, pour que la valeur de ce produit ne chôme pas entre ses mains. Mais il n’est pas moins empressé de se défaire de l’argent que lui procure sa vente, pour que la valeur de l’argent ne chôme pas non plus. Or, on ne peut se défaire de son argent qu’en demandant à acheter un produit quelconque. On voit donc que le fait seul de la formation d’un produit ouvre, dès l’instant même, un débouché à d’autres produits. ».

Deux constatations donc : la première, c’est que la phrase par laquelle on résume ce paragraphe, à savoir, « l’offre crée sa propre demande » relève d’une interprétation hâtive : ce que Say voulait dire est que l’offre d’un produit augmente la demande globale dans la société – parce que l’argent gagné dans la fabrication de ce produit est réinjectée dans l’économie – mais pas forcément pour le produit en question. Vendre des Rafale augmente la demande de nourriture, puisque les ouvriers qui fabriquent ces avions iront dépenser leurs salaires dans le supermarché le plus proche, mais pas la demande d’avions de combat.

Mais la troisième constatation est la plus fondamentale : Jean-Baptiste Say écrit ces lignes en 1803, dans des conditions économiques bien particulières. Il énonce sa loi des débouchés comme étant universelle alors qu’en fait elle repose sur des hypothèses qui sont très liées à l’économie de la France à la fin du XVIIIème siècle. C'est-à-dire, pour l’immense majorité de la population française, une économie de pénurie. L’immense majorité des consommateurs se trouve dans une situation précaire, et par conséquent toute augmentation du revenu est immédiatement transformée en biens. C’est une économie donc où l’on dépense ou on investit la totalité de son revenu – et quelquefois bien plus, en ayant recours à l’endettement. En d’autres termes, il est évident pour Say que chacun sera « empressé de se défaire de l’argent que lui procure sa vente, pour que la valeur de l’argent ne chôme pas ». En d’autres termes, que la monnaie n’est qu’un moyen d’achat de biens, et qu’il n’y a donc pas de thésaurisation. C’est sur cette « évidence » que repose toute la « loi des débouchés ».

Mais cette « évidence » n’en est pas une. Si la thésaurisation est difficile dans une économie de pénurie où elle implique pour les individus de se priver de l’essentiel, elle est devenue de plus en plus accessible au fur et à mesure que grâce à la révolution industrielle on sort de l’économie de pénurie. Et des difficultés apparaissent qui remettent en cause la conclusion fondamentale de la « loi des débouchés ». En effet, si l’on suit le raisonnement de Say, une crise de demande est impossible. Les consommateurs auront toujours les moyens de suivre puisque celui qui fabrique un produit introduit dans l’économie les moyens de l’acheter. Les politiques publiques doivent viser uniquement à stimuler l’offre, et certainement pas la demande. Mais à la fin du XIXème siècle, on remarque que ce n’est pas le cas. Ford, parmi les premiers, constate par exemple que l’industrie automobile stagne parce que ses produits ne sont demandés que par une petite clientèle fortunée, les salaires de misère des ouvriers ne leur permettant pas de prétendre s’acheter un jour un tel véhicule. Ford arrive donc à une conclusion qui sera plus tard théorisée par Keynes : si le patron sacrifie ses marges pour payer de meilleurs salaires, les ouvriers pourront s’acheter des voitures et l’industrie verra sa croissance augmenter considérablement. En fin de compte, le patron y gagnera – ce qu’il perd sur la marge unitaire il le regagne sur la quantité – et l’ouvrier aussi. Ford aura donc réussi à faire croître son industrie en stimulant non pas l’offre (1), comme la loi de Say le commande mais bien la demande.

La crise de 1929 portera un coup qu’on aurait pu espérer définitif à la loi de Say. En effet, après l’effondrement de la bourse en septembre 1929, les Etats-Unis entrent dans une spirale déflationniste. En d’autres termes, les prix des biens diminuent chaque jour, des capacités de production énormes sont disponibles… et l’économie ne démarre pas – elle restera dans le marasme presque dix ans – alors que toutes les conditions de la « loi des débouchés » sont réunies. C’est Keynes qui théorise cette situation dans sa « Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie » publiée en 1936 : si l’économie ne redémarre, c’est tout simplement parce qu’il n’y a pas de demande pour répondre à l’offre. D’une part, la richesse était trop concentrée sur un groupe trop réduit de gens qui thésaurisaient une part importante, d’une autre les incertitudes sur l’avenir poussaient l’ensemble de la population à thésauriser elle aussi. La machine économique ne démarrera finalement aux Etats-Unis que lorsque le gouvernement américain abandonnera l’orthodoxie libérale pour stimuler la demande avec le « New Deal ». En France, l’orthodoxie – avec la déflation Laval, par exemple – durera jusqu’au triomphe du Front Populaire, trop tard pour rattraper l’Allemagne qui pratiquait une politique de stimulation de la demande depuis 1933… ces leçons ont été bien apprises, et dans le monde de l’après 1945, tout le monde est devenu keynésien. Ce qui ne veut pas dire nier l’importance de l’offre, mais admettre aussi que les crises de demande sont possibles.

Et en fait, on est toujours là. A chaque fois que la récession menace, le grand débat entre les économistes est toujours celui de savoir si c’est l’offre ou la demande qui font défaut. Il n’y a donc rien de particulièrement « néo-libéral » à conclure qu’à un moment donné l’offre peut être le problème. Un keynésien orthodoxe pourrait dans certaines conditions arriver à cette conclusion. Il est par contre étrange d’entendre un président de la République – et encore plus un qui se dit socialiste – de citer aujourd’hui la « loi des débouchés », dont on sait combien elle est fausse dans les conditions économiques qui sont les nôtres. Ce faisant, le président prend parti de la manière la plus dogmatique pour les néo-libéraux de la pire espèce, ceux qui ont oublié la crise de 1929 et croient toujours qu’une crise de la demande est totalement impossible.

Par ailleurs, on peut se demander ce que veut dire dans un contexte de libre circulation des capitaux et des marchandises une « politique de l’offre ». Les conditions de l’offre dans notre pays sont, pour la plupart des biens industriels, fixées non pas par la politique du gouvernement français, mais par les conditions du marché international. Sauf à réduire le niveau de vie des travailleurs français et les réglementations environnementales de nos usines au niveau chinois, « l’offre » en chemisettes françaises sera toujours moins bonne que « l’offre » chinoise. La politique de baisse des charges salariales et fiscales n’est donc pas à proprement parler une « politique de l’offre ». Dans le meilleur des cas – je ne préjuge pas de l’efficacité – elle améliorera les coûts de production et donc la marge de retour sur le capital investi. Cela permettra peut-être de sauver des emplois dans les domaines soumis à une forte concurrence internationale, en rendant la délocalisation moins intéressante. Mais elle n’aura aucun effet sur le prix des biens, qui sont eux fixés par un marché international. Ce n’est donc pas une politique de l’offre, mais plutôt une politique d’augmentation des marges. Ce qui revient à concentrer l’argent chez ceux qui dépensent le moins et thésaurisent le plus…

Aujourd’hui, nous sommes clairement dans une crise de la demande. Tous les symptômes sont là : la faible inflation, avec même un risque de déflation ; d’immenses capacités de production inemployées ; un chômage massif ; un coût du capital faible. Mais dans une économie ouverte, la relance de la demande par la redistribution de pouvoir d’achat se traduirait par un creusement de la balance commerciale, et fabriquerait surtout de la demande pour les usines chinoises, turques ou taiwanaises. Mais certainement pas en France.

On nous propose donc une politique qui est une fausse politique de l’offre, et qu’on pourrait appeler une « politique de compétitivité ». Elle est fondée sur le fait que la demande interne n’est pas suffisante mais que dans un contexte de libre circulation on ne peut rien y faire. La croissance ne peut se faire qu’en réponse à la demande étrangère. Et pour cela, il faut que nos produits soient compétitifs sur le marché international. Il s’agit donc bien d’améliorer notre « offre » tout en priant que les autres pays pratiquent des politiques favorables à la demande pour pouvoir placer nos produits.

Pourquoi pas, me direz-vous. Le problème est que pour améliorer l’offre à l’étranger il faut encore comprimer la consommation nationale, soit par la déflation salariale, soit par la déflation de la dépense publique. On aurait ainsi fait le choix d’appauvrir les travailleurs français pour sauver leurs emplois – et accessoirement les marges de leurs patrons. Ce qui finalement correspond assez bien à la vision « sociale-libérale » de l’école Delors/Rocard et des théories du « partage du travail »… qui a dit que François Hollande a changé de ligne ?

Descartes

(1) Pour être exact, il faut ajouter que Ford a par ailleurs cherché aussi à améliorer l’offre, en introduisant des mesures qui augmentaient considérablement la productivité. Mais ces mesures auraient été bien moins efficaces si elles n’avaient pas été associés a l’encouragement de la demande par le biais d’une politique salariale généreuse.

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49 réponses à Hollande et la “politique de l’offre”

  1. Gugus69 dit :

    Bonsoir ami et camarade,
    Vous avez raison, et il y a lieu de s’inquiéter : les dernière statistiques publiées montrent que la balance commerciale française s’est améliorée. Pourtant, nos exportations sont en régression. Mais nos importations baissent davantage encore en raison d’une chute de la consommation de produits manufacturés, principalement importés. En clair, si notre balance commerciale s’améliore, c’est parce que nous nous appauvrissons ! La clé est là, dans l’effondrement industriel du pays. C’est dramatique…

    • Descartes dit :

      @Gugus69

      Dramatique est le mot. On est en train de nous infliger nous mêmes le processus qui transforma la crise de 1929 en récession, à savoir, la déflation. Et le plus absurde, c’est que notre classe politique s’inflige cette absurdité, parce qu’elle ne veut pas admettre qu’elle a fait fausse route sur l’Euro…

  2. CVT dit :

    @Descartes,
    merci pour cette explication de texte sur la politique dite "de l’offre". J’ai toujours eu du mal avec cette expression, sachant qu’il est implicite que la demande soit SOLVABLE! C’est le grand non-dit de cette politique dite de l’offre qui sévit depuis le début des années 80 et l’avènement de la Ste Trinité Thatcher-Reagan-Delors (on aurait bien tort de l’oublier, ce dernier…).
    François Hollande n’est jamais que l’héritier de la politique libérale promue par son mentor Delors, et effectivement, il y a un scandale que les médias fassent mine de découvrir ce que toute personne ayant un brin de mémoire savait, à savoir que la "sociale-démocratie" n’est jamais que du social-libéralisme (bonjour l’oxymore) depuis le fameux tournant de la rigueur de 1983!
    En clair, ça fait plus de trente ans que les socialistes, et également une grande partie de la droite libérale, mentent aux Français: d’un côté, le PS et la gauche girondine font mine de faire une politique d’ajustement social au capitalisme, qui est un ersatz de socialisme; de l’autre, les ultra-libéraux de droite, qui veulent aller encore et toujours plus loin dans "les réformes", font semblant de croire que la France est restée figée à la politique de 1981, soit que le pays s’est endormi durant plus de trente, et qu’il faut libéraliser encore et toujours plus, et démanteler l’Etat: c’est en l’espèce le discours de Pierre Gattaz (encore un fils de…), qui croit (ou feint de croire…) que le pays est resté celui que son père Yvon (alors président du CNPF), a laissé. Ces deux faux-semblants sont d’autant plus exaspérants qu’ils donnent l’impression aux Français qu’il y a une opposition de styles, alors que dans le fond, cela fait bien depuis 1984 que droite et gauche applique la politique européenne de concurrence libre et non faussée.
    Une telle désinformation des citoyens en politique est proprement criminelle, car elle empêche surtout de comprendre pourquoi la situation actuelle de la France est mortifère: toutes les économies faites sur le dos des travailleurs (notamment des salariés) peuvent être remises en cause si l’euro devient encore plus chère. C’est bien la déflation externe qui est la condition de la sortie de crise en France, et non la déflation interne, qui en fait sert de prétexte au patronat pour augmenter ses marges…

  3. Sauf que hier et encore plus aujourd’hui, certains ne dépensent plus ce qu’ils ont gagné et font des réserves de peur de plus pouvoir acheter plus tard ce que plus personne ne pourra produire faute de consomateurs

    • Descartes dit :

      @Christian Viala

      Exactement. Vous décrivez ce que Keynes avait expliqué aux libéraux dans les années 1930: dans certaines circonstances, les gens ne dépensent pas même lorsque les prix baissent.

  4. vent2sable dit :

    Bonjour Descartes,
    [Alors ce François Hollande qu’on croyait marxiste, celui-là même qui affiche la photo de Jaures au dessus de son lit et agitait le drapeau rouge dans les meetings ne serait finalement qu’on vulgaire « social-libéral »]
    Parmi les 51,6% d’électeurs Français qui ont porté Hollande à la présidence, peu nombreux étaient des marxistes, qui rêvaient de renationalisation, de sortie de l’Euro et de l’Europe.
    A l’exception du parti de gauche qui, lui, montre, pour le coup, cette « fausse ingénuité qui frise l’indécence », les autres, l’immense majorité, espéraient que Hollande ferait une politique sociale libérale. C’est-à-dire une politique qui reconnaît que ce sont les entreprises qui créent les richesses et les emplois et que l’état est là pour encourager l’activité des entreprises tout en plaçant des « gardes fous ». Même s’ils espéraient tous, sans trop y croire, que les réformes ne les toucheraient pas personnellement.

    [Ce n’est donc pas une politique de l’offre, mais plutôt une politique d’augmentation des marges. Ce qui revient à concentrer l’argent chez ceux qui dépensent le moins et thésaurisent le plus…]
    Dire qu’augmenter les marges c’est « concentrer l’argent chez ceux qui dépensent le moins », c’est démagogique. La marge, s’il est vrai qu’elle sert à distribuer des dividendes, sert aussi à payer de l’IS, et finance également la R et D et surtout l’investissement ! De ce point de vue, l’effondrement des marges des entreprises françaises, explique l’effondrement de l’investissement productif en France. Souvenons-nous par exemple que l’industrie française a 4 fois moins de robots que l’industrie allemande et qu’en plus, nos robots sont âgés, pour ne pas dire obsolètes. L’équation Redresser les marges = mettre de l’argent dans la poche des riches est un raccourci racoleur.

    [On nous propose donc une politique qui est une fausse politique de l’offre, et qu’on pourrait appeler une « politique de compétitivité ».]
    Pourquoi dire « on pourrait l’appeler » ? On l’appelle « politique de compétitivité » ! Les français savent que 70 milliards de déficit commercial signifie perte de marchés et désindustrialisation.
    Votre exemple sur les chemisettes chinoises n’est pas le bon. Pour redresser nos ventes à l’extérieur il faut améliorer la compétitivité de nos avions, de nos TGV, de nos centrales nucléaires, de nos logiciels informatiques, de nos jeux électroniques, …

    [La croissance ne peut se faire qu’en réponse à la demande étrangère. Et pour cela, il faut que nos produits soient compétitifs sur le marché international]
    Ben oui !

    L’inquiétude, ce n’est pas de savoir si Hollande est « encore » le marxiste qu’il n’a jamais été. L’inquiétude, c’est qu’une fois encore les dirigeants croient que les annonces médiatiques peuvent remplacer les actions. L’inquiétude, c’est que Hollande n’ait pas le courage de mettre en œuvre cette politique de reconquête de la compétitivité. Qu’il recule devant la révolte de tous les égoïsmes ajoutés bout à bout.

    • Descartes dit :

      @vent2sable

      [Parmi les 51,6% d’électeurs Français qui ont porté Hollande à la présidence, peu nombreux étaient des marxistes, qui rêvaient de renationalisation, de sortie de l’Euro et de l’Europe.]

      Je ne sais pas. Aucun sondage n’a posé la question « êtes vous marxiste ? » aux électeurs de François Hollande. Vous avez une certaine tendance à annoncer comme fait ce qui n’est finalement qu’une supposition, supposition informée certes, mais supposition quand même…
      Mais plus sérieusement, j’avoue que votre réponse me laisse perplexe. Si « peu nombreux » étaient parmi les électeurs de François Hollande ceux qui pensaient qu’il ferait une politique différente de celle qu’il fait, pourquoi sont-ils surpris lorsqu’il annonce des politiques libérales ? Pourquoi tout ce monde se demande s’il a « changé » alors qu’en fait il fait ce que l’immense majorité de ses électeurs pensait qu’il ferait ?

      En fait, les choses sont un peu plus complexes que vous ne le pensez. La majorité des électeurs de François Hollande n’étaient peut-être pas « marxistes », ils ne rêvaient pas de sortie de l’Euro ou de renationalisation. Mais ils espéraient des résultats tangibles qui ne peuvent être obtenus que par ces moyens là. En d’autres termes, nous sommes dans la logique de détester les effets dont nous chérissons les causes, pour reprendre la formule de Boileau. D’où la « surprise » apparente : l’annonce de F. Hollande sur la « politique de l’offre » frappe par élévation, parce que l’adoption de ce langage sonne le glas à toute autre issue que la résignation.

      [les autres, l’immense majorité, espéraient que Hollande ferait une politique sociale libérale.]

      C’est drôle… lorsque le président a annoncé sa « politique de l’offre », on n’a pas vu les foules d’électeurs socialistes aller danser à la place de la Bastille pour manifester leur joie de voir la politique qu’ils désirent si ardemment mise en œuvre. La cote de popularité du président a continué sa dégringolade. Alors il faudra m’expliquer comment une politique désiré par « l’immense majorité » peut être aussi impopulaire…

      [C’est-à-dire une politique qui reconnaît que ce sont les entreprises qui créent les richesses et les emplois et que l’état est là pour encourager l’activité des entreprises tout en plaçant des « gardes fous ».]

      Pourriez-vous décrire les « gardes fous » en question ? J’avoue qu’ils m’ont échappé.
      Je regrette que vous répétiez comme un perroquet des formules toutes faites sans les interroger vous-même. Pratiquement tout le monde reconnaît « que ce sont les entreprises qui créent les richesses et les emplois ». Y compris les marxistes les plus orthodoxes. Pourquoi croyez-vous sinon qu’ils poussent à la nationalisation des entreprises ? Parce qu’elles font joli sur la cheminée ?

      [Même s’ils espéraient tous, sans trop y croire, que les réformes ne les toucheraient pas personnellement.]

      Là, je en vous comprends pas. Si la politique « sociale libérale » consiste à encourager les activités des entreprises, qui sont les seules qui créent richesses et emploi, pourquoi les français pouvaient espérer « ne pas être touchés personnellement » ? Ils n’ont pas envie d’avoir « richesses et emplois » ?
      Votre commentaire montre que vous-même n’y croyez pas, à cette histoire de « richesses et emplois » qui tomberaient en cascade grâce aux politiques social-libérales.

      [Dire qu’augmenter les marges c’est « concentrer l’argent chez ceux qui dépensent le moins », c’est démagogique.]

      Lorsque j’écris quelque chose, je ne me pose jamais la question de savoir si c’est « démagogique ». Seulement la question de savoir si c’est exact…

      [La marge, s’il est vrai qu’elle sert à distribuer des dividendes, sert aussi à payer de l’IS, et finance également la R et D et surtout l’investissement !]

      Objection, votre honneur. La marge « pourrait servir » à financer la R&D et l’investissement. Mais aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Non pas parce que les patrons sont méchants, mais parce qu’on n’investit dans l’outil de production ou la conception de nouveaux produits que si la demande est là. Or, la demande est insuffisante. Dans un contexte où des capacités de production considérables sont inemployées et que l’on est en train de fermer des usines modernes, on voit mal les marges dégagées par le « pacte de responsabilité » aller à la R&D ou à l’investissement. Reste donc l’IS – ce qui revient pour l’Etat à reprendre d’une main une petite partie de ce qu’il a donné de l’autre – et bien entendu le dividende. A votre avis, où ira l’argent ?

      [De ce point de vue, l’effondrement des marges des entreprises françaises, explique l’effondrement de l’investissement productif en France.]

      Bien entendu. Quel patron ira investir si les dividendes ne sont pas suffisamment juteux ?

      [L’équation Redresser les marges = mettre de l’argent dans la poche des riches est un raccourci racoleur.]

      Racoleur peut-être, mais exact. Les capitalistes ne font pas dans l’humanitaire. Ils investissent là ou cela rapporte le plus. C’est la conséquence de la libre circulation des capitaux : si on ne paye pas des dividendes aussi juteux qu’ailleurs, alors le capital va s’investir ailleurs. Si l’on veut que les riches investissent chez nous, il faut donc leur « mettre de l’argent dans la poche ». Ou alors mettre fin à la libre circulation des capitaux. Voilà les options. L’idée que des gentils patrons, si on leur donne suffisamment de marges, vont installer des robots modernes à Poissy alors qu’il est plus rentable de les installer à Shanghai, c’est se bercer de douces illusions.

      [Pourquoi dire « on pourrait l’appeler » ? On l’appelle « politique de compétitivité » !]

      Vous, vous l’appelez « politique de compétitivité ». D’autres l’appellent autrement. En fait, cela dépend du point de vue. Si l’on préfère donner aux politiques le nom de leurs objectifs déclarés, on peut bien l’appeler « politique de compétitivité ». Si par contre on veut lui donner un nom en fonction de ses résultats probables… non.

      [Votre exemple sur les chemisettes chinoises n’est pas le bon. Pour redresser nos ventes à l’extérieur il faut améliorer la compétitivité de nos avions, de nos TGV, de nos centrales nucléaires, de nos logiciels informatiques, de nos jeux électroniques, …]
      Et vous croyez vraiment que le fait de supprimer les cotisations sociales va augmenter significativement la compétitivité de nos avions, de nos TGV ou de nos centrales nucléaires ? Ne soyez pas absurde : le poids de la main d’œuvre dans le prix des avions, des TGV et des centrales nucléaires est minime. L’exemple des chemisettes est justement le bon exemple : si vous voulez créer massivement des emplois en améliorant la compétitivité, il vous faut le faire dans les industries de main d’œuvre. Vous n’allez pas créer des millions d’emplois chez Airbus ou chez AREVA. Et même si c’est dans ces industries là qu’on crée l’essentiel de la valeur, si les employés d’Airbus et d’AREVA achètent des chemisettes chinoises, la valeur en question retournera en Chine.

    • Albert dit :

      C’est bien d’essayer de convaincre "vent de sable" avec des arguments rationnels et de bon sens, mais pensez-vous y arriver un jour? Moi, j’en doute fort.
      Comme je le dis tout le temps à N. Dupont-Aignan: "vous parlez d’or, Nicolas, mais ça ne suffit pas pour vous faire entendre. Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre." Surtout si d’autres autour font beaucoup de bruit!

      Je ne dis pas cela, Descartes, pour le plaisir d’être négatif, mais parce que j’enrage de voir mon pays courrir à l’abîme avec autant d’entrain et en se bouchant les oreilles! Comment l’arrêter???

    • Descartes dit :

      @Albert

      [C’est bien d’essayer de convaincre "vent de sable" avec des arguments rationnels et de bon sens, mais pensez-vous y arriver un jour? Moi, j’en doute fort.]

      Je ne sais pas… "convaincre" est un mot très fort. Je n’arriverait probablement pas à le "convaincre", mais certainement à changer un peu sa perception des choses, de la même manière qu’échanger avec lui changera la mienne. Et puis il y a les autres lecteurs qui suivent le débat… L’échange est intéressant par lui même, même s’il ne "convainc" personne. Il permet à chacun de perfectionner ses arguments.

      [Je ne dis pas cela, Descartes, pour le plaisir d’être négatif, mais parce que j’enrage de voir mon pays courrir à l’abîme avec autant d’entrain et en se bouchant les oreilles! Comment l’arrêter???]

      Si je le savais…

    • Allons enfants dit :

      "détester les effets dont nous chérissons les causes" est une formule de Pascal.

    • Allons enfants dit :

      Mince, je me suis trompé, c’est une formule de Bossuet et non Pascal (mais toujours pas de Boileau !). Voici la citation : "Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes"

    • Descartes dit :

      @allons enfants

      La formule exacte est effectivement "Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes" et elle appartien à Bossuet (et non à Boileau, je m’excuse, je confonds tout le temps les deux… par ailleurs, je corrige l’erreur dans l’article). Ce serait d’ailleurs une formule à graver sur le fronton de l’Assemblée Nationale.

  5. Marcailloux dit :

    Bonjour,
    Un véritable cours d’économie en condensé et pourtant parfaitement clair.
    Question subsidiaire: ne peut on pas considérer que les "trente glorieuses" ont été une période de pénurie ?
    Elles ont abouti, vers leur fin,dans les années 70, la crise pétrolière étant un événement déclencheur, à de nombreuses mesures de retraite anticipée, d’allocations généreuses de chômage, etc..Sans que soit développée une politique volontariste de compensation, on a constaté de fait un sevrage relatif de l’offre, dans de nombreux domaines, qui a perduré jusqu’à nos jours.
    La conséquence de cette politique – sans doute non voulue expressément – ne serait – elle pas une paupérisation d’une partie importante de la population,avec pour corollaire un effondrement de la demande ?
    Ne sommes nous pas dans une situation du chat qui se mord la queue et qui serre, en se crispant, d’autant plus que ça fait mal ?
    Comment trancher, à votre avis, ce nœud gordien ?

    • Descartes dit :

      @Marcailloux

      [Question subsidiaire: ne peut on pas considérer que les "trente glorieuses" ont été une période de pénurie ?]

      Certainement pendant les vingt premières années. Jusqu’au milieu des années 1960, les français avaient des difficultés pour se procurer certains biens. Le logement est le plus emblématique : on l’oublie aujourd’hui, mais les destructions de guerre n’ont pas été réparées du jour au lendemain. La reconstruction du centre ville du Havre a pris une décennie. Le rationnement alimentaire a duré jusqu’en 1952. A l’aube des années 1960, des français vivaient encore dans des bidonvilles et beaucoup partageaient encore les toilettes dans le couloir. Les « trente glorieuses » furent une période de croissance rapide, mais pas de prospérité, contrairement à ce qu’une mauvaise mémoire peut faire croire aujourd’hui. Jusqu’en 1962, une partie de la croissance a été absorbée par les guerres – d’Indochine et plus tard d’Algérie – et plus tard par une politique d’investissement massif. La consommation est jusqu’au milieu des années 1960 le parent pauvre.

      [Elles ont abouti, vers leur fin, dans les années 70, la crise pétrolière étant un événement déclencheur, à de nombreuses mesures de retraite anticipée, d’allocations généreuses de chômage, etc..Sans que soit développée une politique volontariste de compensation, on a constaté de fait un sevrage relatif de l’offre, dans de nombreux domaines, qui a perduré jusqu’à nos jours.]

      Je ne suis pas très sur de comprendre votre raisonnement. A la fin des années 1960, la croissance des « trente glorieuses » s’essouffle. Les destructions de guerre ont été réparées, l’économie modernisée… l’accroissement massif de la productivité se tasse, et avec lui la croissance. Et lorsque le gâteau cesse de grandir, la bataille pour se le partager devient plus âpre. La crise pétrolière ne fait qu’accélérer le mouvement qui était déjà amorcé. C’est à ce moment-là que les classes moyennes « cassent » l’ascenseur social et commencent a jeter les couches populaires au crocodile.

      [Ne sommes nous pas dans une situation du chat qui se mord la queue et qui serre, en se crispant, d’autant plus que ça fait mal ? Comment trancher, à votre avis, ce nœud gordien ?]

      Je crains qu’aussi longtemps que les classes moyennes domineront le champ politique, rien ne puisse vraiment évoluer. En jetant les couches populaires au crocodile, elles ont préservé temporairement leur niveau de vie mais ont endommagé le moteur économique qu’est la demande interne.

  6. BJ dit :

    [ qui a dit que François Hollande a changé de ligne ? ]

    Sûrement pas le le MEDEF, dont un responsable a récemment souligné que « c’est beaucoup plus facile de réformer sous un gouvernement de gauche que sous un gouvernement de droite ». Et d’ajouter « Le problème serait que la gauche redevienne de gauche ! » (http://www.ouest-france.fr/le-medef-anjou-est-optimiste-pour-2014-1844774)
    Il est de coutume de dire que le clivage gauche-droite n’existe plus. C’est exact. Mais ce n’est pas le clivage qui a disparu, mais la gauche.

    • Descartes dit :

      @BJ

      [Il est de coutume de dire que le clivage gauche-droite n’existe plus. C’est exact. Mais ce n’est pas le clivage qui a disparu, mais la gauche.]

      La "gauche" apparaît dans notre histoire comme une alliance politique, celle de la petite bourgeoisie et des couches moyennes avec la classe ouvrière, autour de ce qu’on pourrait appeler des "valeurs de changement". Cette alliance apparaît pratiquement toujours dans l’opposition à des moments très particuliers de notre histoire et se délite souvent dès qu’elle arrive au pouvoir et doit faire face aux réalités. Et ce n’est pas tout à fait étonnant, parce que c’est au fond une alliance contre nature.

      Un gaulliste historique disait que la France est grande quand la droite est forte au pouvoir et la gauche est forte dans la rue. Ce qui a tué la gauche, c’est qu’elle a quitté la rue pour les ministères. En empêchant l’alternance, la Constitution de la Vème République première époque a fait les meilleures années de la gauche, qui a pu penser des utopies pendant que quelqu’un d’autre gérait les réalités. C’est l’alternance qui a tué la gauche.

  7. Albert dit :

    @ Descartes.

    Très intéressant article. Deux remarques seulement:
    1°. On n’est pas dans la m…!!!
    2°. J’ai une forte perplexité: sur le sujet, économique, comme sur divers autres (Europe, immigration, Schengen, démocratie….):
    notre caste dirigeante est-elle aveugle, inconsciente, sourde…ou vicieuse, corrompue, irrécupérable et donc pendable ?

    • Descartes dit :

      @Albert

      [notre caste dirigeante est-elle aveugle, inconsciente, sourde…ou vicieuse, corrompue, irrécupérable et donc pendable ?]

      Non, je ne le crois pas. G. B. Shaw disait que la démocratie est un système destiné à garantir que nous ne sommes pas mieux gouvernés que nous ne le méritons. Je dirais plutôt que nous vivons enfin dans une vraie démocratie: les dirigeants reflètent véritablement le peuple qu’ils représentent. Si on a l’impression d’être dans la m…, c’est parce que pendant des décennies nous nous sommes habitués à l’idée que nos représentants étaient meilleurs que nous mêmes!

    • CVT dit :

      @Descartes,
      [Non, je ne le crois pas. G. B. Shaw disait que la démocratie est un système destiné à garantir que nous ne sommes pas mieux gouvernés que nous ne le méritons. Je dirais plutôt que nous vivons enfin dans une vraie démocratie: les dirigeants reflètent véritablement le peuple qu’ils représentent. Si on a l’impression d’être dans la m…, c’est parce que pendant des décennies nous nous sommes habitués à l’idée que nos représentants étaient meilleurs que nous mêmes!]

      Votre citation me rappelle en tout point ce fameux texte de Régis Debré écrit en 1989 sur le triomphe de la démocratie sur la République lors de la première polémique sur le voile islamique: http://www.emdx.org/AutresTrucs/EtesVousRepublicain.html.

      En fait, historiquement, la république a toujours été un système ARISTOCRATIQUE. Si dans la Rome antique, ce système était oligarchique (Plèbe contre les Patriciens), en France, il instaurait un régime de l’aristocratie des meilleurs choisis parmi le peuple, plus communément appelé méritocratie. Or l’idéologie libérale-libertaire, portée notamment par les socialistes depuis mai 68, a tué tout idée de mérite, au nom d’un égalitarisme dévoyé qui a abouti au retour en force des inégalités sociales et des chances.
      Effectivement, la démocratie (du moins sa version dévoyée, car la nôtre est désormais l’otage des lobbies…) a triomphé car l’intérêt général ne peut subsister dans une société où l’individu-roi est maître. D’autant que le narcissisme des citoyens les pousser à vouloir élire des "gens qui leur ressemblent": sinon, pourquoi cette lutte incessante pour les divers quotas (femmes, LGBTQI, citoyen d’origine étrangère, etc…)?

    • Descartes dit :

      @CVT

      [Votre citation me rappelle en tout point ce fameux texte de Régis Debray écrit en 1989 sur le triomphe de la démocratie sur la République lors de la première polémique sur le voile islamique: http://www.emdx.org/AutresTrucs/EtesVousRepublicain.html.%5D

      Très bel article – comme beaucoup de choses écrites par Debray.

      [En fait, historiquement, la république a toujours été un système ARISTOCRATIQUE. Si dans la Rome antique, ce système était oligarchique (Plèbe contre les Patriciens), en France, il instaurait un régime de l’aristocratie des meilleurs choisis parmi le peuple, plus communément appelé méritocratie.]

      Tout à fait. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen le dit explicitement d’ailleurs, en faisant des « vertus et talents » le seul critère de distinction dans l’accès aux charges publiques.

    • BJ dit :

      J’ai beau y réfléchir, votre raisonnement me déroute.

      « Un gaulliste historique disait que la France est grande quand la droite est forte au pouvoir et la gauche est forte dans la rue. »
      Je n’ai pas réussi à trouver qui a dit ça, mais force est de constater que cela a été vrai jusqu’à l’élection de Mitterrand. En déduisez-vous que c’est le seul moyen et qu’il est souhaitable que l’on revienne à cette situation ?

      « Ce qui a tué la gauche, c’est qu’elle a quitté la rue pour les ministères »
      Idem, on ne peut que constater la concomitance des faits du moins pour le PC. Pour le PS, je ne suis pas sûr qu’il ait jamais été un parti de gauche sous la Vème…

      « En empêchant l’alternance, la Constitution de la Vème République première époque… »
      Je n’ai pas réussi à trouver ce qui a empêché l’alternance durant cette période, à part le vote des électeurs. De quoi s’agit-il ?

      « … a fait les meilleures années de la gauche , qui a pu penser des utopies pendant que quelqu’un d’autre gérait les réalités. »
      C’est là que je bloque. Donc, une utopie devrait rester une utopie, car elle ne peut résister à l’épreuve du pouvoir ? La réalité des choses ne serait pas modifiable par des idées, des réflexions, et il n’y aurait aucun moyen de changer la réalité du moment ?
      Non, ce n’est forcément pas ce que vous avez voulu dire, ou alors la politique, ce blog, les élections n’ont pas de sens. Si vous pouviez développer…

      « C’est l’alternance qui a tué la gauche. »
      S’il y a eu simplement une alternance (donc uniquement un changement de couleur du maillot) n’est-ce pas parce que la gauche réellement existante n’était pas une alternative (changement des règles du jeu) ?

    • Descartes dit :

      @BJ

      [« Un gaulliste historique disait que la France est grande quand la droite est forte au pouvoir et la gauche est forte dans la rue. » Je n’ai pas réussi à trouver qui a dit ça, mais force est de constater que cela a été vrai jusqu’à l’élection de Mitterrand. En déduisez-vous que c’est le seul moyen et qu’il est souhaitable que l’on revienne à cette situation ?]

      Je ne vois pas l’intérêt de se demander si « revenir à cette situation » est « souhaitable ». On n’a aucun moyen de revenir en arrière. La société a évolué, et cette évolution n’est pas réversible.

      Par contre, je crois oui que le mot « gauche » n’a de sens que dans l’opposition. C’est comme le grand amour romantique. Il ne résiste pas à l’usure du quotidien, du réel, du banal. Vous imaginez Juliette revenant de son boulot d’infirmière et rencontrant Roméo dans leur appartement de banlieue après une journée d’enfer au bureau, avec les enfants qui braillent en fond sonore ? Comme disait Byron, il est beaucoup plus facile de mourir pour la femme qu’on aime que de vivre avec elle.

      La « gauche », c’est la même chose. Quand on n’a pas le pouvoir d’Etat, on peut se permettre le luxe du manichéisme. On peut être pur, incorruptible, moral. On peut refuser de serrer la main des gens déplaisants – mais qui ont beaucoup d’argent – et ne fréquenter que des saints. On peut refuser les armes, brocarder les guerres et vivre dans le monde des bisounours. Quand on exerce le pouvoir, quand le salut du pays et le bien-être de ses citoyens dépend de vous, non. Pierre Mendes-France est resté la grande conscience morale de la gauche parce qu’il n’a gouverné que sept mois. S’il avait gouverné sept ans, il aurait été un autre Mitterrand.

      Pour qu’une « gauche » puisse le rester tout en exerçant le pouvoir, il lui faudrait une idéologie pragmatique. Or, le pragmatisme tue la « gauche ». C’est cette contradiction qu’on n’a jamais pu résoudre.

      [Idem, on ne peut que constater la concomitance des faits du moins pour le PC. Pour le PS, je ne suis pas sûr qu’il ait jamais été un parti de gauche sous la Vème…]

      Je n’ai pas envie de rentrer dans les querelles théologiques pour savoir qui est « de gauche » et qui ne l’est pas. En l’absence d’une autorité certificatrice qui délivre des brevets de « gauchitude », on est obligé de suivre le consensus des historiens, qui mettent dans la « gauche » la SFIO et les organisations qui y sont issues. Mais plus profondément, l’expérience gouvernementale n’a pas tué que le PCF. Elle a tué « la gauche » au sens qu’elle a tué la confiance qu’une autre politique, alternative à celle de « la droite », fut possible.

      [Je n’ai pas réussi à trouver ce qui a empêché l’alternance durant cette période, à part le vote des électeurs. De quoi s’agit-il ?]

      Le vote des électeurs est certainement un élément déterminant. Mais cela n’est que le symptôme. Ce vote traduisait un état d’esprit de la société, qui attendait des dirigeants et de l’Etat un certain comportement après l’indécision et la corruption de la IVème République. En 1958, les français avaient eu peur et pris conscience des dangers de la dissolution de l’Etat, et leur réponse pleine de bon sens avait été de demander un Etat fort. Cette peur – excellente conseillère – a duré dix ans. A partir du début des années 1970, les élites politiques sont revenues à leur tropisme habituel d’affaiblissement de l’Etat : privatisation des entreprises publiques, construction européenne, décentralisation… et cet affaiblissement ouvre la porte à l’alternance. La réforme constitutionnelle instituant le quinquennat n’a été que la dernière vis dans le cercueil de la Vème République…

      [C’est là que je bloque. Donc, une utopie devrait rester une utopie, car elle ne peut résister à l’épreuve du pouvoir ?]

      Tout à fait. Le sens littéral « utopie » vous le dit. Une utopie est un guide, une étoile qu’on peut suivre mais qu’on n’atteint jamais. Ou plutôt qu’il faut se garder d’atteindre, parce que dès qu’on la touche, on découvre qu’une étoile est une grosse boule de feu et on se brûle. Cela ne veut pas dire que l’utopie soit inutile. Elle permet de penser l’idéal, de construire une référence par rapport à laquelle on peut évaluer le réel. Mais il ne faut pas lui faire dire plus. La plupart des utopies deviennent monstrueuses lorsqu’elles sont réalisées. Relisez Huxley…

      [La réalité des choses ne serait pas modifiable par des idées, des réflexions, et il n’y aurait aucun moyen de changer la réalité du moment ?]

      Eh non. On peut modifier la réalité, bien entendu. Mais cela nécessite un patient travail sur le réel lui-même. Les « idées » et les « réflexions » ne suffisent pas. Or, le travail sur le réel implique une prise en compte des rapports de force, des replis tactiques, des alliances avec des gens peu ragoûtants… toutes choses que « la gauche » se voit contrainte de refuser sous peine de perdre son âme.

      Au fond, le problème est comme toujours un problème de classe. « La gauche » est une idéologie qui prétend transcender les barrières de classe, mettre ensemble une partie de la bourgeoisie, les classes moyennes, la classe ouvrière. Or, tous ces gens ont des intérêts contradictoires. On ne peut les tenir ensemble qu’aussi longtemps qu’on est dans le plan des idées abstraites. C’est fou ce que la bourgeoisie ou les classes moyennes sont gentilles avec la classe ouvrière dans les idées abstraites. Mais lorsqu’il s’agit de gouverner, donc de partager le gâteau, la gentillesse disparaît et les griffes sortent. Et c’est là que « la gauche » entre en crise.

      [Non, ce n’est forcément pas ce que vous avez voulu dire, ou alors la politique, ce blog, les élections n’ont pas de sens. Si vous pouviez développer…]

      Bien sur que cela a « un sens ». Mais le « sens », il faut le chercher dans les intérêts des uns et des autres, et non dans des vagues catégories réduites à des « principes ». Changer le réel est possible, mais seulement si on accepte que les choses sont comme elles sont non pas par manque d’imagination, mais parce que c’est le point d’équilibre entre les intérêts contradictoires. Changer le monde, c’est changer les rapports de force.

      [« C’est l’alternance qui a tué la gauche. » S’il y a eu simplement une alternance (donc uniquement un changement de couleur du maillot) n’est-ce pas parce que la gauche réellement existante n’était pas une alternative (changement des règles du jeu) ?]

      C’est quoi la « gauche réellement existante » ? Y aurait-il une autre « gauche », qui n’existe pas ?

  8. morel dit :

    L’acceptation des règles de concurrence libre et non faussée cristallisée par l’adhésion à des organismes supranationaux qui édictent ces règles mène à la régression économique et sociale.
    La suppression, après leur forte diminution de l’obligation légale de paiement de cotisations familiales qui ont dès leur origine été à la charge du seul employeur ne peut mener qu’à la disparition de celles-ci ou (diminuées ou non) à la charge d’autres couches sociales encore solvables.
    Je souscris (entre autres) à votre conclusion sur le « partage du travail » qui, déjà à mon avis, sous- tendait les « 35H ».

    Une remarque : on prend souvent les importations chinoises en exemple. Ce n’est pas faux mais les 2/3 des échanges des pays de l’UE se réalisent en intra-communautaire. La « guerre des coûts » se manifeste y compris à l’intérieur de « l’Europe qui protège » comme dirait quelqu’un de votre connaissance. L’Allemagne si encensée pour sa réussite économique l’a enclenchée avec les lois Hartz avec l’effet suivant :
    http://forumdemocratique.fr/2013/12/04/lexcellent-graphique-dolivier-berruyer-sur-le-modele-allemand-15-de-pouvoir-dachat-pour-le-13-la-plus-pauvre-de-la-population/
    L’Espagne, suite à chômage massif et drastique plan de rigueur l’a suivie, la spirale est relayée par notre pays, en attendant d’autres.

    Vous avez, en contextualisant les vues de Say, rendu justice à ce dernier. Permettez-moi de souligner que Marx (non, non, je ne suis pas partisan du goulag 😉 ) à rebours des économistes de son temps et bien avant Keynes s’est intéressé au rôle de la « monnaie », marchandise particulière (mais sur un autre plan que le travail) que les capitalistes dans certaines situations peuvent préférer thésauriser.

    • Descartes dit :

      @morel

      [La suppression, après leur forte diminution de l’obligation légale de paiement de cotisations familiales qui ont dès leur origine été à la charge du seul employeur ne peut mener qu’à la disparition de celles-ci ou (diminuées ou non) à la charge d’autres couches sociales encore solvables.]

      Sur ce point, je ne partage pas votre avis. Dire que les cotisations familiales « sont à la charge du seul employeur » est en fait une fiction. Lorsque l’employeur et l’employé négocient le salaire – car il ne faut pas oublier que les salaires sont fixés au moins en première instance par un équilibre d’offre et de demande – l’employeur prend la décision d’embaucher ou pas en fonction du coût total de son salarié. Le patron prêt à payer 1400€ de salaire et 1000€ de cotisations pour le travail d’un salarié ne verrait pas de différence à payer 2400€ de salaire et 0€ de cotisations. C’est donc toujours sur le salaire que les cotisations sont prises, même si pour des raisons historiques et symboliques on parle de « part patronale » et de « part salariale ».

      A partir de là, faire peser les cotisations sur le salaire plutôt que sur la consommation n’est pas forcément une bonne idée. Si l’on finance la protection sociale par les cotisations, on grève les produits fabriqués par des salariés français. Si l’on finance par la TVA, on grève aussi les produits fabriqués à l’étranger…

      [Une remarque : on prend souvent les importations chinoises en exemple. Ce n’est pas faux mais les 2/3 des échanges des pays de l’UE se réalisent en intra-communautaire.]

      Oui, mais il faut se méfier de ce chiffre, parce qu’il ne recouvre pas tout à fait la réalité. Une vis fabriqué en France, qui traverse la frontière allemande pour être intégrée à une pompe à eau qui elle même traversera la frontière française pour être intégrée dans une voiture qui traversera encore une fois la frontière pour être vendue en Allemagne sera comptée quatre fois dans le commerce intra-UE. Or, ce type d’aller-retour devient de plus en plus rare au fur et à mesure que les distances augmentent. Il est rare qu’une pièce fasse des aller-retour à Pékin depuis Paris. Il y a donc une certaine tendance à surestimer le commerce « de proximité » par rapport à sa valeur économique réelle.

      [La « guerre des coûts » se manifeste y compris à l’intérieur de « l’Europe qui protège » comme dirait quelqu’un de votre connaissance.]

      Tout à fait. Avec la circonstance aggravante que la monnaie unique oblige les pays dont l’inflation structurelle est plus forte à pratiquer des politiques déflationnistes sous peine de perdre de la compétitivité par rapport à ceux qui ont des inflations structurelles faibles.

    • BJ dit :

      [ C’est quoi la « gauche réellement existante » ? Y aurait-il une autre « gauche », qui n’existe pas ? ]

      Oui. Une gauche qui se préoccuperait de la situation des millions de chômeurs et de travailleurs pauvres avant de faire le mariage pour tous, qui promouvrait l’idée d’une école émancipatrice, qui ne ferait pas de discrimination positive, qui ne saperait pas les fondements de la loi sur la séparation des églises et de l’Etat, qui ne ferait pas de lois mémorielles, qui ne participerait pas la construction d’une Europe des marchés et de la concurrence libre et non faussée, qui refuserait les transferts de souveraineté nationale vers une entité supranationale, qui respecterait le vote lors d’un referendum, qui ne braderait pas le bien public en privatisant à tour de bras, qui ne dirait pas « mon programme n’est pas socialiste », qui protègerait le prolétaire et pas l’actionnaire, qui ne parlerait pas de charges sociales mais de cotisations sociales où chacun cotise selon ses moyens et reçoit selon ses besoins, qui ne parlerait pas de coût du travail mais du prix du travail, et tiens, si j’osais : une gauche qui penserait que la politique de la France ne se fait pas à la corbeille ! (désolé, je viens d’entamer les mémoires de De Gaulle)

    • Descartes dit :

      @BJ

      [Oui. Une gauche qui se préoccuperait de la situation des millions de chômeurs et de travailleurs pauvres avant de faire le mariage pour tous, qui promouvrait l’idée d’une école émancipatrice, qui ne ferait pas de discrimination positive, qui ne saperait pas les fondements de la loi sur la séparation des églises et de l’Etat, qui ne ferait pas de lois mémorielles, qui ne participerait pas la construction d’une Europe des marchés et de la concurrence libre et non faussée, (…)]

      Vous pouvez toujours rêver une « gauche » telle que vous l’aimeriez. Vous pourriez d’ailleurs rêver une « droite » qui fasse les mêmes choses. Mais comme disait mongénéral, on ne fait de la politique qu’avec des réalités. La gauche n’a JAMAIS été cette merveille idéale que vous décrivez.

      [(désolé, je viens d’entamer les mémoires de De Gaulle)]

      Ne soyez pas « désolé », ce sont d’excellentes lectures, surtout pour un homme « de gauche »… 😉

  9. red2 dit :

    "On nous propose donc une politique qui est une fausse politique de l’offre, et qu’on pourrait appeler une « politique de compétitivité ». Elle est fondée sur le fait que la demande interne n’est pas suffisante mais que dans un contexte de libre circulation on ne peut rien y faire. La croissance ne peut se faire qu’en réponse à la demande étrangère. Et pour cela, il faut que nos produits soient compétitifs sur le marché international. Il s’agit donc bien d’améliorer notre « offre » tout en priant que les autres pays pratiquent des politiques favorables à la demande pour pouvoir placer nos produits."

    Complétement, et comme tout les pays du monde (excepté peut être 2-3 en Amérique latine) font cette politique, on va dans le mur vitesse XXL ! Dans ces conditions généralisées de course à la compétitivité et de baisse des salaires du plus grand nombre (ceux qui consomment une part importante de leur revenus en fait, comme bien expliqué dans autre article) la demande globale mondiale diminue, alors que les capacités de production sont toujours aussi fortes… et pour écouler sa production tout les pays, à commencer par la ceux de la zone euro, diminuent leur demande pour augmenter leur compétitivité à l’export. Un export ou la demande diminue sans cesse… Bref sans relance de la demande quelques part sur cette planète on est mal barré, il veulent vendre a qui en fait ? C’est tellement absurde. L’unique solution a mes yeux c’est du protectionnisme pour pouvoir relancer la demande quelques part sans se la faire de suite bouffer par le voisin… Il faut sortir de ce cercle mortifère de déflation généralise et de baisse de la demande solvable!

    • Descartes dit :

      @red2

      [Complétement, et comme tout les pays du monde (excepté peut être 2-3 en Amérique latine) font cette politique, on va dans le mur vitesse XXL !]

      Tout à fait. Si tout le monde fonde sa politique économique sur l’idée d’avoir une balance des échanges excédentaire, c’est évident que cela ne peut pas marcher. Les excédents des uns sont forcément les déficits des autres…

  10. v2s dit :

    @ Descartes
    [C’est drôle… lorsque le président a annoncé sa « politique de l’offre », on n’a pas vu les foules d’électeurs socialistes aller danser à la place de la Bastille pour manifester leur joie de voir la politique qu’ils désirent si ardemment mise en œuvre]

    Ne faisons pas semblant de confondre ce qui est nécessaire et ce qui nous rend « fou de joie ». Ce sont deux choses bien différentes :
    Supprimer la plus grande part des niches fiscales est nécessaires, mais personne n’ira danser dans les rues si (par bonheur) on les supprimait.
    De même, il faudrait
    – supprimer les petits établissements hospitaliers qui coûtent beaucoup pour soigner peu
    – généraliser les médicaments génériques, quitte à déplaire aux géants du médicament et à s’opposer à leur lobby.
    – supprimer ces ridicules primes, Duflot, Scellier, Robien, Besson, Perissol, Mehaignerie, Quiles …qui coûtent 70 milliards par an en cadeaux fiscaux, enrichissent les SCI filiales des banques, et qui, en 50 ans, n’ont jamais résolu la crise du logement.
    – aligner les intermittents du spectacle sur le régime général
    – aligner l’âge de la retraite sur l’allongement de l’espérance de vie
    – remettre de l’égalité dans les régimes spéciaux en tout genre
    – simplifier, amaigrir en les réorganisant les administrations départementales, régionales, locales (le fameux millefeuille)
    – réduire et surtout simplifier les aides aux entreprises, en commençant par celles qui coûtent plus en frais de mise en place qu’elles n’injectent réellement dans l’économie
    Toutes ces économies, souvent recommandées par la cour des comptes, beaucoup pensent qu’elles sont impératives. Pour autant, ceux qui les souhaitent ne vont aller danser dans les rues à l’annonce que le gouvernement pourrait, peut-être, entreprendre ce gigantesque chantier.
    Malheureusement, la plupart de ces réformes ne franchiront pas le stade de la vague évocation dans une annonce.
    Sarkozy ne les a pas faites, alors qu’il s’était fait élire sur ce thème, Hollande laisse entendre qu’il pourrait les faire, mais il cédera lui aussi devant la peur de la masse des mécontents.
    Les institutions devraient pourtant permettre à une équipe élue pour cinq ans d’entreprendre des mesures impopulaires, s’ils savent que c’est l’intérêt général.
    Mais faute de courage de nos dirigeants, nous sommes condamnés à nous enfoncer encore et encore jusqu’à ce que la réalité économique nous mette au pied du mur.

    • Descartes dit :

      @v2s

      [Ne faisons pas semblant de confondre ce qui est nécessaire et ce qui nous rend « fou de joie ».]

      Peut-être. Mais on ne parlait pas ici de choses « nécessaires ». Je répondait à votre commentaire selon lequel les électeurs de François Hollande « espéraient que ce dernier ferait une politique sociale-libérale ». Lorsqu’un homme politique satisfait les « espoirs » de ses partisans, il peut espérer quelque chose d’un peu plus enthousiaste qu’une simple reconnaissance de la nécessité. Or, on ne remarque aucun enthousiasme chez ceux qui ont voté Hollande en 2012. J’en déduit que votre théorie sur les « espoirs » des électeurs hollandais n’est pas très sérieuse.

      J’ajoute que l’idée qu’une politique donnée est « nécessaire » pose immédiatement la question « nécessaire pour qui ». Ce qui est « nécessaire » au bonheur des actionnaires n’est pas nécessairement – sans jeu de mots – ce qui est « nécessaire » à celui de leurs ouvriers. Quand vous dites que telle ou telle politique est « nécessaire », quel est l’objectif sous-jacent ?

      [De même, il faudrait
      – supprimer les petits établissements hospitaliers qui coûtent beaucoup pour soigner peu]

      En d’autres termes, vous préférez pas de soins du tout que peu de soins chers ?

      [(…) Toutes ces économies, souvent recommandées par la cour des comptes, beaucoup pensent qu’elles sont impératives.]

      « Beaucoup » ? Comment le savez-vous ?

      [Pour autant, ceux qui les souhaitent ne vont aller danser dans les rues à l’annonce que le gouvernement pourrait, peut-être, entreprendre ce gigantesque chantier.]

      Ceux qui les « souhaitent » peut-être pas. Mais ceux qui les « espèrent » ?

      [Malheureusement, la plupart de ces réformes ne franchiront pas le stade de la vague évocation dans une annonce.]

      Malheureusement pour qui ? Une fois encore, vous semblez oublier que nous vivons dans une société diverse. Et que le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres.

      [Sarkozy ne les a pas faites, alors qu’il s’était fait élire sur ce thème,]

      Sarkozy ne s’est pas fait élire sur ce thème. Son discours était plutôt celui de réduire la fiscalité et « travailler plus pour gagner plus ». Pas d’augmenter les impôts en supprimant les « niches » ou de supprimer les aides à la pierre.

      [Hollande laisse entendre qu’il pourrait les faire, mais il cédera lui aussi devant la peur de la masse des mécontents.]

      Je ne comprend pas. D’un côté vous m’expliquez que la « beaucoup » ou « la majorité » vont jusqu’à « espérer » des politiques social-libérales, de l’autre vous me parlez de la « masse des mécontents » ?

      [Les institutions devraient pourtant permettre à une équipe élue pour cinq ans d’entreprendre des mesures impopulaires, s’ils savent que c’est l’intérêt général.]

      Le problème, est que personne ne « sait » en quoi consiste l’intérêt général. On peut avoir une opinion là dessus, mais « savoir » ? Comment être sûr que c’est l’opinion de A plutôt que celle de B qui est la vérité ?

      En attendant donc qu’on invente un outil capable de nous dire ce qu’est l’intérêt général, il vaut mieux éviter de donner aux élus un chèque en blanc, et donc de permettre au peuple de garder un certain contrôle sur ce que font les « équipes élues pour cinq ans ».

      [Mais faute de courage de nos dirigeants, nous sommes condamnés à nous enfoncer encore et encore jusqu’à ce que la réalité économique nous mette au pied du mur.]

      Qui c’est « nous » ? Franchement, quand je vois les patrons du CAC40, je n’ai pas l’impression de les voir « s’enfoncer » tant que ça…

    • v2s dit :

      @Descartes
      [Je ne comprends pas. D’un côté vous m’expliquez que « beaucoup » ou « la majorité » vont jusqu’à « espérer » des politiques social-libérales, de l’autre vous me parlez de la « masse des mécontents » ?]

      Vous ne comprenez pas ? Je vais vous expliquer.
      Les niches fiscales, par exemple, profitent à des intérêts particuliers qui n’ont pas de liens les uns avec les autres. Par exemple, au hasard, les journalistes qui bénéficient d’une déduction forfaitaire de leurs revenus imposables et les investisseurs dans les DOM TOM n’ont aucun intérêt en commun, mais si un gouvernement venait à leur supprimer leur niches respectives, ces deux catégories se trouveraient réunies dans une même catégorie : « la masse des mécontents ».
      De même, la suppression des opérations chirurgicales dans les petits hôpitaux, compensée, bien sûr, par des regroupements sur de plus grands centres, apporterait des économies d’échelle, mais provoquerait une réaction des élus locaux qui se présenteront en défenseur du territoire de leurs élus, et susciteront, là encore, des mécontents.
      Vous voyez, chacun peut individuellement souhaiter des réformes, des économies, parce qu’il voit, parce qu’il comprend que ça ne pourra pas durer éternellement comme ça, et en même temps s’opposer farouchement à la remise en cause de ses propres avantages ou ses propres privilèges.

    • Descartes dit :

      @v2s

      [Vous ne comprenez pas ? Je vais vous expliquer.]

      Vous êtes trop aimable…

      [Les niches fiscales, par exemple, profitent à des intérêts particuliers qui n’ont pas de liens les uns avec les autres. Par exemple, au hasard, les journalistes qui bénéficient d’une déduction forfaitaire de leurs revenus imposables et les investisseurs dans les DOM TOM n’ont aucun intérêt en commun, mais si un gouvernement venait à leur supprimer leur niches respectives, ces deux catégories se trouveraient réunies dans une même catégorie : « la masse des mécontents ».]

      Diable ! Alors ces « intérêts particuliers » n’ont « pas de liens les uns avec les autres » ? C’est très loin d’être évident. D’abord, les « niches fiscales » profitent dans leur immense majorité aux contribuables imposables. Cela laisse de côté une fraction considérable des couches populaires. Ensuite, ces « niches » profitent souvent aux mêmes gens : rien n’empêche un journaliste de bénéficier, outre sa « déduction forfaitaire », des dispositifs de défiscalisation des investissements dans les DOM-TOM ou de celle des travaux dans sa résidence principale.

      Les niches fiscales ne sont pas aussi « déconnectées » les unes des autres que voulez bien le croire. Elles sont généralement dimensionnées pour bénéficier aux gens qui sont imposables et/ou ont de l’argent à investir et/ou sont propriétaires de leur logement et/ou ont une activité « indépendante »… dites, tout cela ne vous évoque rien ? Pour le dire autrement, combien d’ouvriers à votre avis profitent d’une « niche fiscale » ?

      Disons-le clairement : les « niches fiscales » sont le pain et la viande des classes moyennes. Et il existe une communauté d’intérêts de ce groupe social. C’est pourquoi à l’heure de supprimer les « niches », même si vous essayez de les supprimer une à une, chaque catégorie soutiendra les autres. Autant les classes moyennes sont promptes à jeter les autres au crocodile, autant elles sont très conscientes du fait que si vous jetez aujourd’hui les taxis, demain vous jetterez les médecins et après demain les journalistes…

      [De même, la suppression des opérations chirurgicales dans les petits hôpitaux, compensée, bien sûr, par des regroupements sur de plus grands centres, apporterait des économies d’échelle, mais provoquerait une réaction des élus locaux qui se présenteront en défenseur du territoire de leurs élus, et susciteront, là encore, des mécontents.]

      Je n’ai pas encore vu de rapport démontrant que le regroupement dans des plus grands centres offre un service médical équivalent pour un coût inférieur. Il ne faut pas prendre les gens pour des imbéciles : l’expérience a montré que la « rationnalisation » telle qu’elle est pratiquée depuis quelques années s’accompagne généralement d’un dégradation du service. C’est plutôt cela qui bloque les « réformes », bien plus que les résistances des élus locaux : en conduisant des « rationnalisations » mal pensées – ou qui étaient juste des prétextes pour couper les services – on a provoqué la méfiance des usagers.

      [Vous voyez, chacun peut individuellement souhaiter des réformes, des économies, parce qu’il voit, parce qu’il comprend que ça ne pourra pas durer éternellement comme ça, et en même temps s’opposer farouchement à la remise en cause de ses propres avantages ou ses propres privilèges.]
      Admettons. Mais alors, pourquoi dites-vous que la grande majorité des électeurs de Hollande « espérait » de lui une politique « sociale-libérale » qui précisément mettrait en cause « ses propres avantages ou ses propres privilèges » ? Mais peut-être dois-je comprendre que pour vous la grande majorité des électeurs hollandiens n’avait aucune crainte qu’une politique « sociale-libérale » puisse toucher ses privilèges ?

  11. morel dit :

    « Sur ce point, je ne partage pas votre avis. Dire que les cotisations familiales « sont à la charge du seul employeur » est en fait une fiction »
    Effectivement, il s’agit d’une formulation malheureuse. J’ai coutume de dire pour mieux me faire comprendre que ces cotisations sont des éléments intangibles légaux du contrat de travail.

    « A partir de là, faire peser les cotisations sur le salaire plutôt que sur la consommation n’est pas forcément une bonne idée. Si l’on finance la protection sociale par les cotisations, on grève les produits fabriqués par des salariés français. Si l’on finance par la TVA, on grève aussi les produits fabriqués à l’étranger… »
    Mon souci premier est de tendre à garder le statut de cotisation de sécurité sociale donc destiné au financement de cet organisme. La TVA a le statut d’un impôt et, en France il ne saurait exister d’impôt par destination, ce qui n’est pas choquant car permet la discussion pour l’affectation par la représentation nationale.
    Par ailleurs, sur le fonds : revenir sur l’obligation légale de cotisations aura pour principal effet de gonfler les poches des actionnaires et autres propriétaires.

    Echanges intra-UE : oui, il serait intéressant de chiffrer ce que vous écrivez mais il reste raisonnable de penser que ces échanges sont majoritaires.

    • Descartes dit :

      @morel

      [Mon souci premier est de tendre à garder le statut de cotisation de sécurité sociale donc destiné au financement de cet organisme. La TVA a le statut d’un impôt et, en France il ne saurait exister d’impôt par destination, ce qui n’est pas choquant car permet la discussion pour l’affectation par la représentation nationale.]

      Oui, enfin, dans la mesure où les régimes de protection sociale sont déficitaires, ils sont d’ores et déjà financés partiellement par l’impôt. Plus fondamentalement, dans la mesure où la protection sociale est devenu un budget comparable au budget de l’Etat, il ne me semble pas scandaleux que les élus de la nation arbitrent entre les sommes que nous sommes prêts à consacrer à la santé et celles que nous consacrons à d’autres besoins.

      [Par ailleurs, sur le fonds : revenir sur l’obligation légale de cotisations aura pour principal effet de gonfler les poches des actionnaires et autres propriétaires.]

      Pas nécessairement. La loi pourrait supprimer la cotisation en précisant que les salaires doivent être augmentés du même montant.

    • v2s dit :

      Descartes,
      [D’abord, les « niches fiscales » profitent dans leur immense majorité aux contribuables imposables. Cela laisse de côté une fraction considérable des couches populaires]

      C’est juste de dire que les niches fiscales profitent majoritairement aux contribuables imposables. Même s’il y a des cas ou le fisc fait des chèques aux contribuables non imposables, cas du remboursement du crédit d’impôt aux particuliers employant des travailleurs à domicile. Un couple d’ouvriers ou employés avec 3 enfants est non imposable et peut très bien avoir recours à une aide pour garder les enfants.
      Mais ce n’est pas parce que des catégories profitent de privilèges, qu’ils n’ont pas l’intelligence de comprendre que les meilleures choses peuvent avoir une fin.
      En d’autres termes, je n’ai pas envie d’élire un dirigeant qui prétendrait que tous les privilèges hérités des années ou l’argent coulait à flot seront maintenus.
      Le candidat qui dirait, je maintiens toutes les niches fiscales, je maintiens les 35H, la retraite à 60 ans, un nombre de fonctionnaires stable, des indemnités chômages maintenues en durée et en montant, des retraites indexées à vie sur les prix, j’instaure un minimum de ressources garanti aux étudiants, l’allongements des congés parentaux ….
      Celui qui m’annoncerait tout ça, tout en me disant que l’on voit le bout du tunnel, que l’endettement peut bien continuer de se creuser … je ne voterai pas pour lui.
      Même un enfant comprend qu’on ne peut pas mettre éternellement du beurre des deux cotés de la tartine.
      Les classes moyennes et les français en général comprennent que l’on se dirige vers des jours difficiles, c’est le travail des politiques d’organiser l’austérité dans la justice. Et surtout de montrer l’exemple en coupant dans leurs propres privilèges.

    • Descartes dit :

      @v2s

      [C’est juste de dire que les niches fiscales profitent majoritairement aux contribuables imposables. Même s’il y a des cas ou le fisc fait des chèques aux contribuables non imposables, cas du remboursement du crédit d’impôt aux particuliers employant des travailleurs à domicile. Un couple d’ouvriers ou employés avec 3 enfants est non imposable et peut très bien avoir recours à une aide pour garder les enfants.]

      Peut, mais en pratique ne le fait pas. Avoir recours à une aide à domicile pour garder les enfants est un choix économique. Cela suppose que le salaire net de tous frais du conjoint le moins payé soit plus grand que le coût de l’aide à domicile. Or, il est très rare que dans « un couple d’ouvriers avec 3 enfants » ce rapport soit favorable, tout simplement parce que les salaires ouvriers ne sont pas très différents du SMIC. C’est pourquoi ce sont les couches moyennes, qui ont des salaires très supérieures à celui d’une aide à domicile, qui ont recours à cette substitution.

      [Mais ce n’est pas parce que des catégories profitent de privilèges, qu’ils n’ont pas l’intelligence de comprendre que les meilleures choses peuvent avoir une fin.]

      Pourriez-vous donner des exemples précis ?

      [En d’autres termes, je n’ai pas envie d’élire un dirigeant qui prétendrait que tous les privilèges hérités des années ou l’argent coulait à flot seront maintenus.]

      Bien sur, bien sur… tout au plus un dirigeant qui sauvegarde les privilèges qui concernent votre groupe social. C’est pourquoi les classes moyennes n’hésitent pas à voter pour des dirigeants qui s’empressent d’abolir les privilèges… des ouvriers.

      [Le candidat qui dirait, je maintiens toutes les niches fiscales, je maintiens les 35H, la retraite à 60 ans, un nombre de fonctionnaires stable, des indemnités chômages maintenues en durée et en montant, des retraites indexées à vie sur les prix, j’instaure un minimum de ressources garanti aux étudiants, l’allongements des congés parentaux… Celui qui m’annoncerait tout ça, tout en me disant que l’on voit le bout du tunnel, que l’endettement peut bien continuer de se creuser … je ne voterai pas pour lui.]

      Je croyais comprendre pourtant que vous aviez voté pour François Hollande… n’a-t-il pas promis exactement cela ? J’ajoute que je trouve très curieuse votre sélection de « privilèges hérités ». En quoi le fait de maintenir constant le nombre de fonctionnaires est un « privilège » dont profiterait une « catégorie » ? Le nombre de fonctionnaires est à proportion des services que nous voulons et sommes prêts à payer. En quoi la réduction du nombre de fonctionnaires est un objectif per se ? Peut-on dire qu’on a progressé parce qu’il y a moins de policiers dans nos rues, moins de professeurs dans les écoles ?

      [Même un enfant comprend qu’on ne peut pas mettre éternellement du beurre des deux cotés de la tartine.]

      Je suis curieux de vous voir expliquer cela aux actionnaires du CAC40. Si je crois les résultats de la bourse des dernières années, il y en a pour qui mettre du beurre non seulement des deux côtés mais aussi sur la tranche ne semble poser aucun problème…

      Je retrouve dans votre discours ce raisonnement globalisant qui est toujours le votre. Pour vous, il semblerait que les français sont un tout homogène, et qu’il faudrait que tout le monde fasse des sacrifices. Le problème c’est qu’à l’heure de lister les sacrifices, ce n’est jamais pour la bourgeoisie et très peu pour les couches moyennes. Ceux-là sont pour vous intouchables.

      Vous voulez faire des économies ? Tiens, je vous en propose une : rétablir la sélection à l’entrée de l’Université, avec un numérus clausus établi à partir des besoins projeté de l’économie. Avec ça, en deux jours vous fermez le 80% des formations en sociologie de ce pays, et gagnez des millions d’euros… Qu’en pensez-vous ? Ce n’est pas là aussi une « niche fiscale » intéressante ?

      [Les classes moyennes et les français en général comprennent que l’on se dirige vers des jours difficiles,]

      Difficiles pour qui ? That is the question.

      [c’est le travail des politiques d’organiser l’austérité dans la justice. Et surtout de montrer l’exemple en coupant dans leurs propres privilèges.]

      Bonne idée. Surtout cette idée de « justice »… le problème, c’est que pour cela il faudrait réformer pas mal de choses. Par exemple, finir avec la libre circulation des capitaux, puisque c’est elle qui empêche de faire porter au capital sa « juste part » du sacrifice, puisque si vous n’êtes pas gentil avec lui, il part ailleurs. Finir aussi avec la libre circulation des marchandises, puisque celle-ci permet de mettre en concurrence les ouvriers français et les ouvriers chinois, alors que les autres couches sociales ne sont pas soumises à cette concurrence…

      Mais il est vrai que c’est plus facile de s’attaquer aux « privilèges » des retraités d’EDF (le courant quasi-gratuit, la belle affaire)…

    • v2s dit :

      @Descartes
      [Peut, mais en pratique ne le fait pas. Avoir recours à une aide à domicile pour garder les enfants est un choix économique. Cela suppose que le salaire net de tous frais du conjoint le moins payé soit plus grand que le coût de l’aide à domicile]
      Oui, mais ça ne se présente pas comme ça. Vous confondez avoir une employée de maison à plein temps et recourir à nourrice. Une nourrice agrée, payée par un particulier et donc partiellement déductible des impôts, ou pour les non imposables, partiellement remboursable par le fisc, se partage entre plusieurs jeunes enfants non scolarisés, de plusieurs familles. Et de plus, elle récupère après la classe plusieurs enfants scolarisés. Le choix pour la mère sera donc entre zéro revenu si elle s’occupe de ses enfants elle-même ou un revenu moindre (mais pas nul !) si elle a une activité professionnelle, même payée au SMIC et qu’elle a recours à une nourrice.
      En pratique seules les ménages ou l’un des conjoints a un salaire élevé, se permet de ne pas faire garder ses enfants, très rarement les ménages au SMIC.
      De plus, vous semblez croire que les femmes qui travaillent ne le font que pour des raisons purement économiques. Il ne vous ait jamais venu à l’idée que les femmes, comme les hommes, peuvent aimer aller travailler, même si une part importante de leur salaire est absorbée par les frais de garde ? Parce que dans votre idéologie, un travailleur étant par définition exploité, il ne peut que souhaiter ne pas travailler, et bien vous vous trompez. Ces gens, dont vous avez décidez une fois pour toute qu’ils sont des exploités, sont, pour la plupart, heureux d’aller au travail. Les suicides à France Telecom existent, malheureusement, mais ce n’est heureusement pas la règle générale. N’allez pas imaginer que le monde du travail en 2014, ressemble soit à l’esclavage soit au monde de Zola.

  12. morel dit :

    « dans la mesure où les régimes de protection sociale sont déficitaires, ils sont d’ores et déjà financés partiellement par l’impôt. ».
    Concernant le régime général, il y aurait beaucoup à dire sur le déficit….Un seul exemple concernant les retraites du même régime : en 2011 près de 4,9 milliards, somme atteinte en 2012, sortis du régime général au titre de la loi de compensation démographique de 1974 adoptée sous Giscard d’Estaing cela dure depuis de nombreuses années pour compenser le déficit bien réel, lui des agriculteurs et des commerçants (source : rapport de l’agent comptable de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse 2012).
    A travers cet exemple, on mesure aussi que le souci premier tant des gouvernements que des majorités qui les ont soutenues la technique des expédients (déshabiller Pierre pour habiller Paul).
    Je ne peux vous suivre sur ce point qui est d’ailleurs inclus dans le traité de Maastricht : budgets publics et sociaux…

    « Pas nécessairement. La loi pourrait supprimer la cotisation en précisant que les salaires doivent être augmentés du même montant ».
    Je ne crois pas que ce soit précisément le but du pacte de « compétitivité ».

    • Descartes dit :

      @morel

      [Concernant le régime général, il y aurait beaucoup à dire sur le déficit….]

      Certainement. Mais le fait est que le déficit est compensé par des crédits budgétaires. La compensation des régimes déficitaires par les autres est la logique même d’un régime de Sécurité Sociale, et de tout régime assurantiel en général.

      [A travers cet exemple, on mesure aussi que le souci premier tant des gouvernements que des majorités qui les ont soutenues la technique des expédients (déshabiller Pierre pour habiller Paul).]

      Pourquoi ? Qui a décrété que chaque régime doit être équilibré en lui même ? Si on suit cette logique, il faudrait créer une caisse pour les PDG et une autre pour les ouvriers, et veiller à ce que l’une ne subventionne pas l’autre… exactement ce que les PDG demandent. La logique de l’assurance est bien de répartir les risques, ce qui suppose nécessairement que certaines populations soient contributeurs nets, et d’autres receveurs nets.

      [Je ne peux vous suivre sur ce point qui est d’ailleurs inclus dans le traité de Maastricht : budgets publics et sociaux…]

      Je ne vois pas très bien le rapport avec le traité de Maastricht.

      [« Pas nécessairement. La loi pourrait supprimer la cotisation en précisant que les salaires doivent être augmentés du même montant ». Je ne crois pas que ce soit précisément le but du pacte de « compétitivité ».]

      Sans doute. Mais ce n’est pas parce que ce n’est pas le but du « pacte » qu’il faut exclure par essence tout projet de transformation du financement de la protection sociale à partir d’une ressource fiscale…

  13. v2s dit :

    @Descartes
    [Mais il est vrai que c’est plus facile de s’attaquer aux « privilèges » des retraités d’EDF (le courant quasi-gratuit, la belle affaire)…]

    Le courant quasi-gratuit à vie .. la belle affaire !
    Les vacances au ski quasi-gratuites à vie dans les CCAS .. la belle affaire !
    Les vacances à la mer quasi-gratuites à vie dans les CCAS … la belle affaire !
    Les aides individuelles aux études des enfants, les prêts bonifiés immobiliers ou à la consommation … la belle affaire !
    Le départ à la retraite au niveau du dernier salaire … la belle affaire !
    Là, Descartes, si vous cherchiez un bel exemple d’une classe arque boutée sur ses privilèges, je pense qu’avec les agents EDF vous avez mis le doigt sur un excellent exemple.
    Ils sont là les faux prolétaires, tous CGT, ceux qui se moquent éperdument du temps partiel imposé aux caissières des supermarchés, qui méprisent les intérimaires qui triment dans le BTP et la logistique, tout autant qu’ils ignorent les 5 millions d’inscrits à Pole Emploi dont ils sont assurés de ne jamais faire partie.
    Ce qui vous chagrine c’est que, ces faux prolétaires voyant que la récession pourrait remettre en cause leurs privilèges , se détournent du PCF ou du PG pour venir grossir les rangs de la France Bleu Marine de Mme Le Pen.
    Oui, le beauf CGT EDF à rejoint le Front National, parce que les SMICARDS, les temps partiels, les intérimaires et les arabes il s’en soucie que de sa première chemise, ce n’est pas son problème.

    • Descartes dit :

      @v2s

      [Le courant quasi-gratuit à vie .. la belle affaire !
      Les vacances au ski quasi-gratuites à vie dans les CCAS .. la belle affaire !
      Les vacances à la mer quasi-gratuites à vie dans les CCAS … la belle affaire !
      Les aides individuelles aux études des enfants, les prêts bonifiés immobiliers ou à la consommation … la belle affaire !
      Le départ à la retraite au niveau du dernier salaire … la belle affaire !
      Là, Descartes, si vous cherchiez un bel exemple d’une classe arque boutée sur ses privilèges, je pense qu’avec les agents EDF vous avez mis le doigt sur un excellent exemple.]

      Et pourtant, EDF a du mal à recruter. Comment expliqueriez-vous cela ? Moi je vais vous proposer une petite explication : à EDF, on a le courant quasi gratuit, les vacances au ski ou à la mer, les aides aux études des enfants, les prêts bonifiés… mais on est mal payé. Je vois que vous avez pris la peine de lister avec un soin maniaque les avantages. Mais il ne vous est pas venu à l’idée de lister les contreparties : la mobilité imposée tous les trois ou quatre ans, les salaires plus bas à responsabilité égale… je peux vous assurer que pas mal de monde à EDF serait prêt à sacrifier les avantages sociaux contre un alignement de la grille salariale sur le secteur privé. Vous, que préférériez vous, partir à la retraite avec 50% d’un salaire de 10.000€ par mois, ou avec 100% d’un salaire à 3.000€ ?

      Par ailleurs, vous faites erreur si vous croyez qu’à EDF on part avec une retraite « au niveau du dernier salaire ». Informez vous avant de dire n’importe quoi. Je constate en tout cas que les avantages des salariés EDF vous préoccupent beaucoup plus que ceux des actionnaires du CAC40. L’envie, peut-être ?

      [Ils sont là les faux prolétaires, tous CGT, ceux qui se moquent éperdument du temps partiel imposé aux caissières des supermarchés, qui méprisent les intérimaires qui triment dans le BTP et la logistique, tout autant qu’ils ignorent les 5 millions d’inscrits à Pole Emploi dont ils sont assurés de ne jamais faire partie.]

      Ah oui… se battre contre les privilèges, c’est dénoncer les « faux prolétaires », « tous CGT », ceux qui se moquent éperdument des « vrais prolétaires » ou des chômeurs. A l’opposé, on trouve ces gentils « entrepreneurs » qui, eux, doivent se soucier chaque matin de rendre meilleure la vie de ces intérimaires qui triment dans le BTP et la logistique, sans compter les caissières de supermarché, puisque vous ne songez à rien leur reprocher à ce titre. Tiens, où ais-je déjà entendu ces discours… ?

      Cela vous surprendra peut-être, mais si les intérimaires qui triment dans le BTP et la logistique bénéficient de quelque protection sociale, c’est parce que nous avons dans notre pays des fédérations syndicales qui ont su utiliser le poids de « l’aristocratie ouvrière » pour aider à conquérir des droits pour tous. Historiquement, les travailleurs « sous statut » sont souvent sortis dans la rue pour défendre non seulement leurs avantages, mais aussi ceux des autres métiers. En les accusant de « se moquer éperdument » des caissières de supermarché ou de « mépriser » les intérimaires du BTP ou de la logistique, vous êtes injuste.

      Mais si cela peut vous consoler, vous n’êtes pas le seul. Au contraire : l’inversion sous-jacente à votre discours est devenue presque banale. Les privilégiés, ce sont les fonctionnaires, les salariés sous statut qui se rengorgent de salaires et avantages qu’ils ne méritent pas. Les victimes, les exploités, ce sont les « entrepreneurs », ces pauvres capitalistes qui essayent de gagner péniblement leur vie en faisant travailler les autres. Et qui sont bien entendu les vrais amis des vrais prolétaires, c’est à dire, des chômeurs, des intérimaires, des caissires de supermarché. Par une extraordinaire pirouette, les classes moyennes réussissent à transformer les exploiteurs en victimes, et les travailleurs en bourreaux. Tiens, j’y pense… pourquoi à votre avis tous ces « pigeons » rackettés par le fisc cherchent contre vents et marées à rester patrons, alors qu’ils pourraient avoir des vacances gratuites et une retraite dorée en rentrant chez EDF ?

      [Ce qui vous chagrine c’est que, ces faux prolétaires voyant que la récession pourrait remettre en cause leurs privilèges, se détournent du PCF ou du PG pour venir grossir les rangs de la France Bleu Marine de Mme Le Pen.]

      Dans la pratique, ce sont plutôt les caissières de supermarché, les intérimaires et les chômeurs qui iraient voter pour Mme Le Pen. Et ce sont les travailleurs sous statut qui restent les plus imperméables aux charmes du Bleu Marine. Mais ce qui me chagrine surtout, c’est que l’expérience a montré que lorsque les travailleurs sous statut perdent leurs « privilèges », les travailleurs sans statut perdent encore plus. Contrairement à ce que vous pensez, la classe ouvrière n’est pas en lutte contre elle même, et lorsque le rapport de forces est défavorable aux ouvriers les plus protégés, il est encore plus défavorable pour les autres. Chaque fois que les travailleurs sous statut on réussi à gagner, les autres ont gagné dans leur sillage. Et l’inverse est aussi vraie.

      [Oui, le beauf CGT EDF à rejoint le Front National, parce que les SMICARDS, les temps partiels, les intérimaires et les arabes il s’en soucie que de sa première chemise, ce n’est pas son problème.]

      Ne prenez pas votre cas pour une généralité… tout le monde ne pense pas comme vous.
      Je vous trouve un peu rapide dans l’injure. Surtout que vous injuriez des gens que vous ne connaissez de toute évidence pas. De quel droit vous permettez-vous de déclarer que « le beauf CGT EDF » (apparemment, le beauf FO EDF ne vous pose pas de problème) ne soucie « comme de sa première chemise » des smicards, des temps partiels, des intérimaires ou des arabes ? Avez-vous des exemples précis, des expériences personnelles, des références à citer ? Ou parlez-vous par ouie dire ? Vous est-il venu à l’idée que beaucoup d’agents EDF ont des enfants qui sont SMICARDS, à temps partiel, intérimaires et même arabes ? Ah non, j’oubliais, les beaufs CGT EDF constituent en plus une aristocratie héréditaire, se transmettant charges et privilèges de père en fils… c’est vrai, je l’ai lu dans « Minute ».

    • v2s dit :

      @ Descartes
      [Je vous trouve un peu rapide dans l’injure. Surtout que vous injuriez des gens que vous ne connaissez de toute évidence pas.]

      Ou avez-vous vu que j’injurie quiconque ? Ou avez-vous vu que je lise minute, et que j’y puise mes informations ?
      Je vous l’ai dit, déjà, je suis d’origine modeste et j’ai travaillé toute ma vie dans l’industrie privée.
      J’ai 66 ans, j’ai travaillé à l’âge de 18 ans.
      Après divers petits jobs je suis rentré dans l’industrie, mécanique, équipementiers automobile, injection plastique, imprimerie, transformation du carton …. J’ai bossé en production, rapidement comme chef d’équipe, puis comme responsable d’unités de production. Longtemps en France, puis alternativement en France et à l’international. J’ai dirigé de petites structures de 50 à 300 personnes.
      Mes 10 dernières années de vie active, je les ai passées comme « intérimaire de direction indépendant » avec des missions d’installation d’unités de production, de rachat, de restructuration, de fermeture. Ce, en France et aussi sur tous les continents : dans d’anciens pays communistes (Pologne, Russie) mais aussi en Grande Bretagne, aux USA et en Afrique du Nord (Tunisie et Egypte).
      Dire que la CGT se désintéresse des intérimaires, des temps partiels et autre CDD, ce n’est pas une injure. C’est juste une constatation personnelle. J’ai conduit plusieurs négociations de plans sociaux, la seule chose qui intéressait les élus du personnel, c’était de négocier les indemnités de départ les plus fortes possibles. Au moment de la décision de fermeture, il n’est pas rare que 50% des travailleurs (voire plus) soient des intérimaires. Et bien je n’ai jamais vu, jamais, les élus du personnel, exiger dans leurs revendications des indemnités pour les intérimaires. Le syndicalisme « à la française » dont la CGT est le meilleur symbole, aurait bien besoin, lui aussi de se réformer.
      Quand à l’EDF, je vous rappelle que c’est vous qui avez évoqué leur électricité quasi gratuite. Ce que je sais de l’EDF, je l’ai appris par ceux de ma belle famille qui y travaillent, ou y travaillaient. Ils m’ont dis que, comme c’est l’usage dans l’entreprise, ils avaient reçu une promotion quelques mois avant leur départ en retraite, qui leur permettait de toucher une retraite équivalente à leur derniers salaires. Je les ai crus, m’auraient-ils menti ?

      A oui, un dernier point, contrairement à ce que vous semblez penser, le monde ne se divise pas en deux catégories, les méchants patrons du cac 40 et les gentils exploités défendus par les gentils syndiqués communistes. Il existe aussi une immense majorité de gens, salariés, ouvriers, employés, cadres, professeurs, commerçants, entrepreneurs ou professions libérales qui ne s’estiment ni exploités, ni écrasés, ni asservis, ni malheureux, ni miséreux …et qui ne demandent absolument aucune aide aux gentils communistes.
      C’est peut-être même pour ça, qu’aujourd’hui, les communistes sont devenus un groupuscule

    • v2s dit :

      Descartes
      [c’est vrai, je l’ai lu dans « Minute ».]

      Il y a peu vous affirmiez que je tirais mes arguments de mes lectures du Nouvel Obs et du Monde … et maintenant de Minute, faudrait savoir.
      Tiens à propos de lecture, l’autre jour dans le Financial Times, un article rigolo sur l’arrière-plan politique des JO, vitrine de respectabilité et d’efficacité à destination de l’extérieur mais aussi de la population russe, exactement comme Pékin en 2008. Marque de l’attention maniaque des organisateurs au moindre détail, une femme a été photographiée à Sochi entrain de peindre l’herbe en vert.
      Mais ce n’est pas ça qui est drôle, c’est la suite :
      Commentaire d’un internaute chinois : « elle avait reçu des ordres du parti communiste ». (sic authentique comme vous dites).

    • Allons enfants dit :

      Descartes, Vous reprochez à v2s, à juste titre sans doute, l’abstraction "beaufs CGT d’EDF". Je me souviens d’une réponse à un de vos lecteurs où vous vous déclariez hostile aux "cathos versaillais", ou quelque chose comme cela. Voyez, la tentation de haïr des catégories abstraites d’êtres humains est universelle.

    • Descartes dit :

      @v2s

      [Ou avez-vous vu que j’injurie quiconque ?]

      J’aurais pensé que l’expression « beauf CGT EDF » était sous votre plume une injure. Mais si vous me dites maintenant que c’est un compliment, je veux bien retirer mon commentaire…

      [Ou avez-vous vu que je lise minute, et que j’y puise mes informations ?]

      Nulle part. Si vous relisez mon commentaire, vous constaterez que jamais je n’ai écrit que vous lisiez « Minute », et encore moins que vous y puissiez vos informations. Je me suis contenté de signaler une troublante ressemblance entre les idées que vous exprimez et le langage que vous utilisez et certains articles que j’ai pu lire dans ce journal. Mais je n’ai pas dit que vous les ayez copie de cette source. Il arrive, vous savez, que les grands esprits se rencontrent…

      [Je vous l’ai dit, déjà, je suis d’origine modeste et j’ai travaillé toute ma vie dans l’industrie privée. J’ai 66 ans, j’ai travaillé à l’âge de 18 ans.]

      Et alors ? Vous savez, être d’origine modeste et avoir commencé à travailler à 18 ans n’a jamais empêche quiconque à dire des bêtises. Je ne commente pas votre parcours, je commente les idées que vous exprimez. Et ces idées, excusez moi de vous le dire encore, sont non seulement fort réactionnaires, mais surtout révèlent une méconnaissance abyssale du milieu que vous prétendez décrire. J’aurais envie de vous demander combien de « beaufs CGT EDF » avez-vous connu dans votre vie pour vous permettre de les qualifier de la sorte.

      [Dire que la CGT se désintéresse des intérimaires, des temps partiels et autre CDD, ce n’est pas une injure.]

      Non, tout juste une erreur. Mais ce n’est pas ce que vous avez dit. Ce que vous avez dit, c’est que les « beaufs CGT EDF » se désintéressent des intérimaires, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Si vous aviez parlé des militants CGT que vous avez connu, cela aurait un poids. Mais vous généralisez à des gens que vous ne connaissez pas.

      [C’est juste une constatation personnelle. J’ai conduit plusieurs négociations de plans sociaux, la seule chose qui intéressait les élus du personnel, c’était de négocier les indemnités de départ les plus fortes possibles. Au moment de la décision de fermeture, il n’est pas rare que 50% des travailleurs (voire plus) soient des intérimaires. Et bien je n’ai jamais vu, jamais, les élus du personnel, exiger dans leurs revendications des indemnités pour les intérimaires. Le syndicalisme « à la française » dont la CGT est le meilleur symbole, aurait bien besoin, lui aussi de se réformer.]

      Si ma mémoire ne me trompe pas, les intérimaires n’ont pas le droit, légalement, aux indemnités de licenciement. Les élus du personnel avec lesquels vous avez négocié – étaient-ils tous de la CGT, par ailleurs ? – n’avaient donc rien à négocier sur ce plan. Par contre, je pourrais vous citer beaucoup d’actions des délégués du personnel CGT en faveur des intérimaires, dont j’ai été soit témoin, soit acteur en tant que délégué. Pour ne citer qu’un seul, je choisirais les combats dans les centrales nucléaires pour que les salariés des entreprises sous-traitantes – qui emploient elles-mêmes des intérimaires – puissent avoir accès au restaurant d’entreprise et avoir un CHSCT de chantier. J’ajouterais aussi celui pour que les intérimaires et CDD soient repris lors d’un changement de prestataire. Et ces combats ont été ceux des « beaufs CGT EDF » que vous méprisez tant.

      [Quand à l’EDF, je vous rappelle que c’est vous qui avez évoqué leur électricité quasi gratuite.]

      Et pourquoi pas. Les travailleurs de l’automobile ont des facilités pour acheter leur voiture. Les employés de SFR ont des portables gratuits. Pourquoi les travailleurs d’EDF n’auraient pas eux aussi des avantages en nature (avantages qui, il faut le signaler, son fiscalisés). Si un employeur décide de payer une partie de la rémunération en nature, je ne vois pas en quoi cela vous gêne. Maintenant, si vous préférez qu’EDF supprime le tarif agent de l’électricité et verse l’équivalent en argent, personnellement je ne vois pas d’inconvénient.

      [Ce que je sais de l’EDF, je l’ai appris par ceux de ma belle famille qui y travaillent, ou y travaillaient. Ils m’ont dis que, comme c’est l’usage dans l’entreprise, ils avaient reçu une promotion quelques mois avant leur départ en retraite, qui leur permettait de toucher une retraite équivalente à leur derniers salaires. Je les ai crus, m’auraient-ils menti ?]

      Ou bien ils vous ont menti, ou bien vous n’avez pas bien compris. Le régime spécial des électriciens-gaziers prévoit que l’agent part à la retraite avec 75% du salaire des derniers six mois hors primes. Vous me direz que le régime général ne sert que 50% du salaire des vingt meilleures années. Mais lorsque vous considérez que ce 50% est calculé primes comprises, et qu’a égalité de responsabilités les salaires dans le privé sont entre 20 et 30% plus élevés qu’à EDF, les retraites finalement servies sont comparables. Comme je vous l’ai dit, si vous proposez aux agents EDF d’aligner leur régime sur le régime général et simultanément d’aligner leur grille salariale sur celle du privé, je pense que beaucoup seraient ravis…

      [A oui, un dernier point, contrairement à ce que vous semblez penser, le monde ne se divise pas en deux catégories, les méchants patrons du cac 40 et les gentils exploités défendus par les gentils syndiqués communistes.]

      Bien entendu. Ce que je remarque, c’est que vous réservez vos critiques aux « gentils exploités », et que vous ne faites référence aux « méchants patrons » que pour leur tresser des couronnes.

      [Il existe aussi une immense majorité de gens, salariés, ouvriers, employés, cadres, professeurs, commerçants, entrepreneurs ou professions libérales qui ne s’estiment ni exploités, ni écrasés, ni asservis, ni malheureux, ni miséreux …et qui ne demandent absolument aucune aide aux gentils communistes. C’est peut-être même pour ça, qu’aujourd’hui, les communistes sont devenus un groupuscule]

      Vous semblez oublier qu’avant de devenir un groupuscule, le PCF a été pendant qurarante ans le plus gros parti politique français en effectif, et l’un des premiers par son poids électoral. Si vous jugez que le PCF est devenu un groupuscule parce que tous ces gens « ne demandent absolument aucune aide » aux communistes, en toute logique il vous faut admettre que pendant toute la période entre 1945 et 1980 c’était le contraire… autrement, vous tomberiez dans le paradoxe.

      [« Peut, mais en pratique ne le fait pas. Avoir recours à une aide à domicile pour garder les enfants est un choix économique. Cela suppose que le salaire net de tous frais du conjoint le moins payé soit plus grand que le coût de l’aide à domicile ». Oui, mais ça ne se présente pas comme ça. Vous confondez avoir une employée de maison à plein temps et recourir à nourrice.]

      Si quelqu’un « confond », c’est vous. Je vous rappelle que c’est vous qui aviez parlé de « aide à domicile pour garder les enfants ». Les nourrices ne vont pas « à domicile ». Comme vous le signalez vous-même, elles reçoivent chez elles les enfants de plusieurs familles.

      [De plus, vous semblez croire que les femmes qui travaillent ne le font que pour des raisons purement économiques. Il ne vous ait jamais venu à l’idée que les femmes, comme les hommes, peuvent aimer aller travailler, même si une part importante de leur salaire est absorbée par les frais de garde ?]

      Je vous rappelle que vous évoquiez le cas d’un « ménage de deux ouvriers avec trois enfants ». Je doute qu’il y ait beaucoup d’ouvriers à la chaîne ou de caissières de supermarché qui vont au travail pour le plaisir, et qui continueraient à travailler même pour un gain nul. C’est certainement vrai dans les couches moyennes, pas chez les ouvriers. C’est d’ailleurs chez les ouvriers que les femmes s’arrêtent le plus souvent de travailler lorsqu’elles ont des enfants.

      [N’allez pas imaginer que le monde du travail en 2014, ressemble soit à l’esclavage soit au monde de Zola.]

      J’ai l’impression que votre connaissance du monde ouvrier est assez lointaine. Allez sur un chantier de travaux publics, et vous verrez que si l’on n’est plus comme au temps de Zola, on est loin d’ouvriers allant travailler par vocation.

      [Il y a peu vous affirmiez que je tirais mes arguments de mes lectures du Nouvel Obs et du Monde … et maintenant de Minute, faudrait savoir.]

      Je n’ai jamais écrit que vous tiriez vos arguments de « Minute ». Relisez avec attention…
      Par contre, je dois dire que lorsqu’il s’agit de questions sociales, on retrouve ces derniers temps chez le « Nouvel Obs » et « Le Monde » des discours qui ne dépareilleraient pas chez « Minute »…

    • Descartes dit :

      @Allons enfants

      [Descartes, Vous reprochez à v2s, à juste titre sans doute, l’abstraction "beaufs CGT d’EDF".]

      Pas du tout. Ce n’est pas « l’abstraction » que je lui reproche. En matière politique, on ne peut que raisonner par catégories. Encore faut-il que ces catégories recouvrent quelque chose dans la réalité. Ce que je reproche à v2s, c’est de décrire la catégorie « agents EDF » en termes qui ne doivent rien à la réalité, et beaucoup aux fantasmes anti-agent public. C’est d’ailleurs une constante de l’idéologie que les classes moyennes instillent depuis 1968 : elles projettent sur la classe ouvrière leur propre égoïsme. Ainsi, les ouvriers – et encore pire, les ouvriers sous statut – seraient avides, égoïstes, totalement indifférents au sort des chômeurs, des précaires des sans papiers, des femmes, des homosexuels… et vous pouvez continuer la liste. Tout le contraire des classes moyennes, en sorte, qui font au contraire étalage de leur « sensibilité sociale » tout en défendant âprement – mais discrètement – leur beefsteak.

      Cette inversion ne s’est pas faite par hasard. Les évènements de 1968 ont sonné le glas du projet des classes moyennes de manipuler la classe ouvrière pour en faire sa masse de manœuvre. Alors, un nouveau projet est né, et le sans-papiers, le taulard, le rom, le SDF ont remplacé dans l’imaginaire caritatif la figure de l’ouvrier, trop sulfureuse, trop subversive, et surtout, trop indépendante et trop communiste. L’aristocratie ouvrière, qui avant 1968 était pour les gauchistes la référence incontournable, a été envoyée dans l’enfer de la « beaufitude » pour être remplacé par deux figures de référence : le SDF qui reçoit, et le gentil entrepreneur d’une « start-up » de l’informatique, qui donne…

      [Je me souviens d’une réponse à un de vos lecteurs où vous vous déclariez hostile aux "cathos versaillais", ou quelque chose comme cela. Voyez, la tentation de haïr des catégories abstraites d’êtres humains est universelle.]

      La question n’est pas de « haïr » mais de penser. Et pour penser, il faut pouvoir classer les objets d’étude en catégories. Tout travail d’analyse commence par une taxonomie. Encore faut-il que les catégories correspondent à quelque chose de réel, et ne soient pas fantasmatiques. Les « cathos versaillais » sont une catégorie bien connue de tous ceux qui s’intéressent à la pratique religieuse en France.

  14. morel dit :

    Il faut remonter aux origines de la sécurité sociale. Le CNR envisageait un régime unique. Certaines professions alors mieux loties ont refusé d’où la création des différents régimes dont celui des salariés, le régime général.
    Malheureusement pour certaines de ces professions qui ne voulaient pas aussi cotiser à hauteur, l’évolution économique les a précipité dans un rapport actifs/retraités, cotisants/ayant-droits défavorable d’où le déficit structurel du régime concerné.
    Le gouvernement Giscard sut être munificent avec l’argent des autres (il me semblait que nous étions d’accord pour considérer que les cotisations sociales- caractère que n’aura jamais un impôt- comme élément irréfragable de la rémunération) en obligeant le régime général à tenter de combler le trou. Ce qui, au départ, était prévu pour 4 ans, les temps qu’agriculteurs et commerçants alignent leurs cotisations (bien moins élevées). Mais, heureux hasard, il a perduré, exemple supplémentaire : entre 2001 et 2007 le montant annuel siphonné dans les caisses du régime général s’établit entre 4 163 millions € et 5 400 millions €.
    Il aurait alors été tout à fait justifié là de passer pour ce seul régime à une partie compensée par l’impôt sur le revenu où il est plus logique que « certaines populations soient contributeurs nets, et d’autres receveurs nets. » car il n’est pas de mon propos de laisser ces catégories abandonnées à leur sort. Je rappelle qu’il s’agit de sécurité sociale et non de « logique de l’assurance » banale.
    On peut aussi, sans exagération, penser que ces couches sociales étaient plus proches du pouvoir.
    Puis-je aussi faire remarquer que la Caisse Nationale de Retraite des Agents des Collectivités Locales largement excédentaire du fait des recrutements dans les dernières décennies, est devenue déficitaire par le même mécanisme ?
    Vous écrivez : le fait est que le déficit est compensé par des crédits budgétaires. Oui, après avoir créé cette situation et aussi par la politique continue de dégrèvement de cotisations sociales pour les « entreprises » qui n’est pas intégralement compensée par l’Etat.
    J’insiste : le déficit reste à démontrer. J’en ajoute quelques exemples : pourquoi la sécurité sociale des détenus (absolument nécessaire dans un état démocratique) est à la seule charge du régime général et ne relève pas de la solidarité nationale via l’IR ? Pourquoi les adultes handicapés (là aussi indispensable) idem ? Enfin pourquoi le refus d’aborder toutes ces charges et de faire la clarification ? Ne serait-ce pas pour nous faire avaler une énième « réforme des retraites » en recul ?
    De cela, on peut avoir une certitude hélas raisonnable.

    Maastricht : les critères incluent les déficits publics et sociaux donc en France, la sécu (d’autres pays ayant une tradition étatique de la protection sociale). Et ce n’est pas pour rien que l’UE a toujours prôné et appuyé les « réformes » des régimes sociaux.

    @V2S :
    Sans vouloir intervenir dans votre échange avec Descartes, sur les retraites :

    « Malgré les règles différentes de calcul des pensions, les taux de remplacement médians des salariés du secteur privé et du secteur public sont proches (respectivement 74,5 % et 75,2 %)»
    12ième rapport du COR du 22 janvier 2013, page 45

    • Descartes dit :

      @morel

      [Il faut remonter aux origines de la sécurité sociale. Le CNR envisageait un régime unique. Certaines professions alors mieux loties ont refusé d’où la création des différents régimes dont celui des salariés, le régime général. Malheureusement pour certaines de ces professions qui ne voulaient pas aussi cotiser à hauteur,]

      Le problème n’était pas tant qu’elles « ne voulaient pas aussi cotiser à la hauteur », mais que certaines professions avaient des régimes de retraite avec des droits et des charges différents de ceux prévus pour le régime général. Dans les professions minières, on partait à la retraite bien plus tôt que ce qui avait été prévu par le régime général, et pourtant le régime était équilibré sans qu’on exige des cotisations supérieures, tout simplement parce que la mortalité des mineurs était très élevée, et rares étaient ceux qui jouissaient longtemps de leur retraite. Si le régime minier avait été aligné sur le régime général, pratiquement aucun mineur n’aurait profité de sa retraite, ce qui de toute évidence aurait été une grande injustice.

      La difficulté du régime unique de retraite, c’est que tous les métiers ne sont pas égaux devant la maladie et la mort. Il est déjà assez détestable que les ouvriers partent à la retraite au même âge que les professeurs, alors qu’ils ont une espérance de vie de presque dix ans moindre. Dans un contexte d’âge de départ uniforme, le régime général organise le transfert des ouvriers vers les classes moyennes, du fait des différences dans l’espérance de vie. Ceci est corrigé en partie par le calcul des annuités, puisque les ouvriers commencent à travailler plus jeunes, mais du fait du chômage la correction n’est que partielle.

      [Il aurait alors été tout à fait justifié là de passer pour ce seul régime à une partie compensée par l’impôt sur le revenu où il est plus logique que « certaines populations soient contributeurs nets, et d’autres receveurs nets. » car il n’est pas de mon propos de laisser ces catégories abandonnées à leur sort. Je rappelle qu’il s’agit de sécurité sociale et non de « logique de l’assurance » banale.]

      En pratique, c’est ce qui se passe. Le régime général « compense » les déficits des régimes spéciaux, et le contribuable « compense » le déficit du régime général. La tuyauterie que vous proposez est un peu différent, mais in fine elle aboutit au même résultat.

      [On peut aussi, sans exagération, penser que ces couches sociales étaient plus proches du pouvoir.]

      Pourtant, on pourrait penser que les cadres dirigeants étaient encore plus proches du pouvoir… et ils sont eux au régime général. Votre raisonnement sur ce point ne me paraît pas très convaincant.

      [Puis-je aussi faire remarquer que la Caisse Nationale de Retraite des Agents des Collectivités Locales largement excédentaire du fait des recrutements dans les dernières décennies, est devenue déficitaire par le même mécanisme ?]

      C’est le sort de tout régime de sécurité sociale financé par les cotisations : il est dépendant de la démographie.

      [J’insiste : le déficit reste à démontrer.]

      Je ne vois pas ce qu’il y a à « démontrer ». Le déficit est une réalité. Vous pouvez constater en lisant les documents comptables publiés que les recettes sont inférieures aux dépenses. Evidement, on peut toujours effacer un déficit en augmentant les recettes, mais cela n’implique pas que le déficit n’existe pas.

      [J’en ajoute quelques exemples : pourquoi la sécurité sociale des détenus (absolument nécessaire dans un état démocratique) est à la seule charge du régime général et ne relève pas de la solidarité nationale via l’IR ?]

      Et pourquoi l’IR et pas la TVA ?

      [Enfin pourquoi le refus d’aborder toutes ces charges et de faire la clarification ? Ne serait-ce pas pour nous faire avaler une énième « réforme des retraites » en recul ?]
      Je ne vois pas très bien de quel « refus » vous parlez. Tout cela est abordé lors du débat du PLFSS. Il est vrai que notre système de protection sociale est très complexe, et qu’au cours du temps les changements démographiques ont fait que certains régimes spéciaux sont devenus déficitaires – et qu’on a choisi de couvrir le déficit à partir du régime général – alors que d’autres étaient excédentaires – et versent l’excédent à ce même régime général. On pourrait bien entendu rendre les régimes « étanches », chacun voyant ses déficits couverts par la ressource fiscale et versant ses excédents au budget de l’Etat. Cela supposerait que la sécurité sociale soit un régime d’Etat, et non un système paritaire. Personnellement, je n’ai rien contre.

      [« Malgré les règles différentes de calcul des pensions, les taux de remplacement médians des salariés du secteur privé et du secteur public sont proches (respectivement 74,5 % et 75,2 %)»
      12ième rapport du COR du 22 janvier 2013, page 45]

      J’essaye de montrer à V2S que les régimes aboutissent à partir de règles différentes à un résultat équivalent, mais sans succès.

  15. morel dit :

    Je ne me suis pas prononcé en faveur d’un régime unique, je me suis contenté de l’historique.
    Ma cible n’était pas le régime des mineurs dont chacun s’accorde à dire, maintenant que cette profession a disparu dans notre pays, que leur sort n’était pas enviable. D’ailleurs il existe des transferts à destination du régime minier, cela ne me dérange pas, il s’agit de solidarité ouvrière bien différente que celle, à destination d’autres classes. Il s’agissait de souligner le sort ironique advenu à certaines de celles-ci alors mieux loties…
    Par ailleurs, il est tout à fait possible dans le cadre du régime général de différencier les paramètres d’accès à la retraite : carrières longues, pénibilité pris en compte, autrement comme alibi pour faire passer des reculs.

    « En pratique, c’est ce qui se passe. Le régime général « compense » les déficits des régimes spéciaux, et le contribuable « compense » le déficit du régime général. La tuyauterie que vous proposez est un peu différent, mais in fine elle aboutit au même résultat. »

    Pas vraiment. Cela éviterait d’entendre que le régime des salariés est en déficit donc de justifier par ce déficit la « nécessité impérieuse » de réformes quasi trisannuelles pour les intéressés. Un problème ne se solutionnera jamais par la reconduction systématique de mesures qui, outre avoir fait la preuve de leur inefficacité, en appellent d’autres plus dures encore (durcissement des conditions) ; il serait plus qu’utile d’analyser l’origine du déficit.
    Identifier correctement l’origine des déficits devrait logiquement permettre de remédier là où ça fait mal mais les gouvernements et assemblées ont préféré des expédients qui ont abouti au déficit quasi généralisé.
    Pour illustrer mon propos : le rapport Moreau précédant la réforme 2013 des retraites annonce qu’il s’agit de trouver 20 milliards d’ici 2020. Sachant que les transferts coûtent au régime général 5 milliards d’ € l’an, de 2013 à 2020 = 8 ans, 5 x 8 = 40 milliards… Intéressant non ? Les transferts qui s’opèrent vers d’autres régimes de salariés sont très loin d’atteindre la moitié de cette somme.

    « Pourtant, on pourrait penser que les cadres dirigeants étaient encore plus proches du pouvoir… et ils sont eux au régime général. Votre raisonnement sur ce point ne me paraît pas très convaincant. »
    En 74, la droite était au pouvoir et agriculteurs et commerçants étaient de leur clientèle. Je ne prétends pas tout savoir mais il me semble que, depuis, les choses ayant empiré, on se tient beaucoup à une politique de poursuite dans la continuité.

    C’est le sort de tout régime de sécurité sociale financé par les cotisations : il est dépendant de la démographie.
    Nous ne sommes pas compris, l’équilibre de la CNRACL n’est pas menacé par la démographie.

    « Le déficit est une réalité »
    Oui, depuis qu’on l’a créé au régime général et à la CNRACL.
    « Et pourquoi l’IR et pas la TVA ? »
    La TVA au contraire de l’IR est pas un impôt progressif. On est très loin de « contribuer en fonction de ses facultés ». Plus encore depuis la disparition du taux de 33 % sur les produits de luxe. De plus la perte de pouvoir d’achat pour les plus démunis. Même si l’on peut reconnaître à la tva de toucher aussi les importations, je crains que ce soit largement insuffisant pour contrer les produits « chinois ». (de mémoire environ 100 € mensuels en Chine, en attendant les 50 € de l’Afrique ? Facile d’affirmer, je sais mais sans barrières où va-t-on ?)

    « Tout cela est abordé lors du débat du PLFSS »
    Oui, pour ma part, je me retrouve mieux avec les rapports de la cour des comptes de la sécu. Mais il s’agit d’organisme technique, la décision est politique. Je conteste les choix.

    « Cela supposerait que la sécurité sociale soit un régime d’Etat, et non un système paritaire. »
    Permettez-moi de parodier Clemenceau : la sécurité sociale est un domaine trop sérieux pour le confier aux politiques.

    Bon, je ne soutiens pas avoir en tout raison mais il s’agit de conclusions auxquelles je suis arrivé.
    J’arrête là notre échange persuadé que je ne vous convaincs pas (et réciproquement !). Mon médecin me dit de ménager ma tension alors comme je ne sais faire sans passion…
    Bon week-end à vous.

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