Quand j’étais adolescent je rêvais, comme beaucoup de jeunes communistes de ma génération je suppose, au « grand soir ». Ce jour – ou plutôt soir – béni où le prolétariat prendrait la rue et nous le pouvoir pour le conduire vers des lendemains qui chantent. Et nous riions à l’époque – prudemment et sous cape, parce qu’au PCF certaines choses ne se faisaient pas – de tous ces anciens glorieux qui nous parlaient du besoin de « larges rassemblements ». Pourquoi du rassemblement ? Avec qui ? Pourquoi compromettre notre pureté révolutionnaire en allant frayer avec des vulgaires suppôts de la bourgeoisie ? Pourquoi partager demain le pouvoir du peuple avec eux ? Non, nous voulions le pouvoir et nous le voulions tous seuls, sans alliés, sans compromis, sans rien qui puisse freiner la mise en œuvre de nos idées qui, bien entendu, étaient les bonnes. Et combien enviions nous ceux qui étaient partis ailleurs, chez les « vrais révolutionnaires » de la LCR ou de LO, pour trouver cette pureté absolue que seule une secte peut offrir… eux pouvaient parler de « révolution prolétarienne » et du « peuple sur les barricades », et nous accuser de « collaboration de classe » pendant que nous allions avec nos tracts expliquer le programme commun.
Maintenant que je balance – dangereusement, je dois l’admettre – entre deux âges, je regarde avec tendresse cette époque. Mon dieu, que nous étions bêtes ! Mon dieu, combien les « vieux » avaient raison de se méfier de nos emportements, d’essayer d’inculquer dans nos têtes d’aventuriers quelques rudiments de la vraie politique. Combien ils avaient raison de refuser la démagogie « jeuniste » qui nous submerge depuis, affirmant patiemment mais fermement la supériorité de l’adulte sur l’adolescent, du savoir et de l’expérience sur l’action aveugle, de la raison sur la passion. Et combien avaient-ils raison de chercher toujours et partout le rassemblement, le rassemblement, le rassemblement…
Notre rêve de jeunesse reposait en fait sur une fiction : nous croyions dur comme fer à l’idée d’un « peuple » homogène, dont les intérêts, les goûts, les aspirations étaient uniformes. Pour le dire autrement, un prolétaire bien fait ne pouvait vouloir qu’une chose. S’il en voulait une autre, c’est forcément qu’il était aliéné. Nous pouvions donc rêver d’un gouvernement « du peuple » qui ne ferait que satisfaire ses intérêts, ces goûts, ces aspirations au moyen d’une politique unique. Mais dans la réalité, les choses sont beaucoup plus compliquées. Le « peuple », même réduit à la classe ouvrière, est constitué d’hommes et de femmes, de jeunes et de vieux, de sanguins et de calmes, d’aventuriers et de craintifs, de cérébraux et de manuels. Prétendre qu’il existe une politique qui peut satisfaire parfaitement tout le monde, c’est imaginer qu’on peut se contenter d’un modèle unique de chaussures – et pourquoi pas, d’une taille unique. Mais l’expérience a montré que cela ne marche pas : même en dehors de toute division de classe, nous restons des individus différents, avec des goûts, des aspirations et des craintes différentes. Et le but d’une politique progressiste est de trouver le meilleur équilibre entre la satisfaction de ces demandes contradictoires, et non d’aligner les demandes sur un modèle unique. Pour le dire autrement, la politique – même dans le monde idéal d’une société sans classes – est donc toujours la construction d’un compromis. Un compromis qui, par essence, ne peut contenter tout le monde et a au contraire toutes les chances de mécontenter au moins un peu tout le monde. Mais il représente le point qui maximise le bonheur global, même s’il ne maximise pas le bonheur individuel de chacun.
La contradiction entre la diversité des gens et l’unicité de la politique rend le compromis inévitable. D’autant que le gouvernement des Etats ne peut se faire que par le consentement des gouvernés. Cette idée peut paraître saugrenue à tous ceux qui savent que la démocratie au sens moderne du terme est finalement une invention récente, et que pendant des siècles le gouvernement a été oligarchique. Cependant, on aurait tort de croire que le pouvoir, qu’il fut celui des empereurs romains, des seigneurs féodaux ou des rois de droit divin était absolu, que les gouvernants pouvaient s’abstraire de l’opinion des gouvernés. Ceux qui l’ont cru ont eu affaire à des révoltes franches ou larvées, et même lorsqu’ils ont réussi à les mater ils ont vite compris les difficultés qu’il y a à s’asseoir sur un trône qu’on s’est fait avec des baïonnettes, pour reprendre la formule de Talleyrand. Les gens travaillent, produisent, payent leurs impôts et dénoncent les criminels beaucoup mieux lorsqu’ils sont satisfaits de leur gouvernement que dans le cas contraire. La force brute trouve rapidement ses limites lorsqu’il s’agit d’imposer à une population des normes alors que la grande majorité ne les approuve pas et ne reconnaît pas à celui qui les promulgue la légitimité pour le faire : réprimer à grande échelle, c’est coûteux, c’est inefficace. La meilleure manière de faire que les lois soient obéies est de faire des lois auxquelles les gens ont envie d’obéir, ou au moins qu’ils admettent comme nécessaires. Et cela fait qu’une dialectique se crée entre le gouvernant et le gouverné qui, même en l’absence des procédures formelles de la démocratie, limitent le pouvoir du gouvernant et donnent au gouverné – même le serf, même l’esclave – un poids sur les décisions. Et dès lors que le gouvernant doit tenir compte non seulement de ses intérêts, mais de ceux des gouvernés dans toute leur diversité, le compromis est inévitable. Toute institution, tout gouvernement est, dans une société hétérogène, le résultat d’un compromis. Et la politique est précisément la recherche de ce compromis-là. Ou pour reprendre la fabuleuse définition de Richelieu : « la politique, c’est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire ».
A cette vision de la politique ou ce sont les masses qui font l’histoire, s’oppose la vision aristocratique des « groupuscules ». Pour eux, le « peuple » n’est pas une entité vivante, mais une masse de manœuvre. Le « peuple » ne sait pas ce qui est bon pour lui, et a besoin qu’une minorité éclairée lui montre la voie. On l’enverra donc se battre sur les barricades, mais on se gardera bien de le consulter puisque son avant-garde éclairée sait d’avance quelle est la politique qui le conduira vers le bonheur. Cette approche nie d’une part l’incroyable hétérogénéité du « peuple » et sa qualité d’acteur de l’Histoire. Mais surtout, elle nie la réalité des rapports politiques, à savoir, que tout gouvernement repose in fine sur le consentement des gouvernés, et que ce consentement nécessite une forme de compromis. Les « groupuscules » croient naïvement qu’une fois « le pouvoir » – dont les formes restent toujours floues – conquis, on peut gouverner par décret sans tenir compte des gens. C’est le « élisez moi président et je fais la révolution » de Mélenchon.
Beaucoup de gens pensent que la démocratie, c’est la faculté d’élire ceux qui nous gouvernent ou qui votent les lois. Mais la démocratie, c’est beaucoup plus que ça. En démocratie, le 51% ne peut imposer n’importe quoi au 49%. Non seulement parce qu’il y a un ordonnancement juridique qui protège certains droits intangibles, mais surtout parce qu’après avoir fait voter une loi, il faut la faire appliquer, et qu’il est impossible d’appliquer une norme que 49% de la population n’accepte pas. Si le système fonctionne, si le 49% accepte de se soumettre au vote des 51%, c’est parce que le 51% évite d’utiliser sa position pour imposer aux 49% des choses qui lui seraient totalement inacceptables. Comme le roi du « Petit prince » de Saint-Exupéry, le 51% est sûr d’être obéi s’il ordonne au soleil de se lever tous les jours à l’Est, et tout aussi sûr d’être désobéi s’il ordonne à ses généraux de se transformer en oiseau de mer. On a vu des gouvernements fraîchement élus, disposant pourtant d’un mandat démocratique clair et d’une confortable majorité dans les deux chambres du Parlement, échouer à faire passer des réformes pourtant promises lors de leur élection. Pensez à la loi Savary en 1983, à la réforme Devaquet en 1988 où à la réforme des régimes spéciaux de retraite en 1995. On peut parler du président de la République comme d’un « monarque républicain », mais les monarques français se souviennent très bien de ce qui est arrivé à Louis XVI et, comme le disait l’historien britannique Gardiner en parlant de l’exécution de Charles I, « ce qui a été fait une fois peut être refait ».
C’est la religion du rassemblement qui a vacciné les communistes occidentaux en général et le PCF en particulier contre la tentation totalitaire. Contrairement aux groupuscules gauchistes qui rêvaient et rêvent toujours d’une révolution qu’ils seraient les seuls à diriger, le PCF a très tôt accepté l’idée qu’il n’accéderait jamais – ou du moins pas dans un avenir concevable – au pouvoir tout seul. Que pour pouvoir non seulement accéder au pouvoir mais gouverner, il lui fallait « rassembler » des forces et des gens qui ne partageaient pas intégralement l’idéologie communiste, mais avec lesquels des compromis étaient possibles. De « la main tendue aux chrétiens » aux « compagnons de route » et la participation loyale au CNR et au gouvernement de la Libération, le PCF s’est toujours placé dans une logique de dialogue avec d’autres forces, de compromis et de concessions mutuelles. Une logique que le PCF partageait par ailleurs… avec la droite gaulliste, elle aussi pragmatique et consciente de la difficulté de gouverner contre les gens !
La « gauche radicale » non-communiste, qui déteste le compromis, a une vision absolutiste, quasi dictatoriale du pouvoir. Et parce que l’influence des soixante-huitards a été puissante au Parti Socialiste, c’est aussi vrai pour les socialistes que pour les gauchistes. La formule d'André Laigniel en 1981 résume bien cette idée de toute-puissance : « vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaires ». L’illusion de 1981 était en grande partie celle d’un gouvernement qui représenterait le « peuple » et qui n’aurait de concessions à faire à personne. Très rapidement, il s’est avéré que le « peuple » n’était pas si unanime à soutenir l’ensemble des mesures du gouvernement, et que faute de chercher le compromis on allait à des clash comme celui de la loi Savary. Il a fallu mettre de l’eau dans son vin. Mais la gauche n’a pas tiré les leçons de cet épisode, et aujourd’hui elle se fait le grand défenseur des processus de démocratie directe, qui présentent justement la particularité d’empêcher tout compromis. Car – et c’est là le point important – le propre des assemblées parlementaires n’est pas tant le vote que l’amendement. Le Parlement, c’est une grande machine à discussion et à compromis. Ne vous êtes vous jamais demandé à quoi servait une opposition parlementaire ? Et bien, parce que contrairement à ce qu’on croit le travail en commission permet à l’opposition, même minoritaire, de faire valoir des amendements. Bien sur, cela n’apparaît pas – ou peu – devant le public, parce qu’il y a des apparences à garder. Mais la majorité ne peut se permettre le luxe de dire « non » à tout ce que proposent les minorités. Les textes issus du Parlement sont souvent le résultat d’un compromis. Ce n’est pas par hasard si l’antiparlementarisme est fort chez ceux qui soutiennent cette vision de la politique où la majorité impose sa volonté à la minorité sans concession ni négociation…
Aujourd’hui, Mélenchon est l’héritier de cette conception lorsqu’il suggère qu’il pourrait faire sa « révolution citoyenne » pour peu qu’il arrive au deuxième tour de l’élection présidentielle. Imaginons – politique fiction – que Mélenchon fasse 30% au premier tour, et que grâce au « front républicain » il s’impose confortablement au deuxième tour contre Marine Le Pen. Il aura beau avoir été élu, il n’aura que 30% derrière son programme. Et encore, il est parfaitement possible de voter pour un candidat parce qu’on partage 80% de son programme tout en étant farouchement opposé au 20% restant. Pensez-vous qu’il soit possible de faire une « révolution » que 70% de l’électorat ne souhaite pas ? Bien sur que non. Pour pouvoir gouverner, il lui faudra chercher des compromis, créer des consensus… et cela suppose des concessions. Exactement ce que ses partisans récusent par avance.
Aujourd’hui, le compromis, les concessions ont mauvaise presse. De plus en plus, on réduit la démocratie au suffrage, en oubliant que le processus qui produit le texte qui sera soumis au vote est au moins aussi important que le vote lui-même. C’est ce processus qui permet d’aboutir à un texte qui non seulement recueille le vote d’une majorité, mais qui soit aussi acceptable par la minorité. La revendications de démocratie directe et de transparence absolue détruit ce processus de construction qui, presque par définition, ne peut se faire qu’entre des gens qui se connaissent bien et qui peuvent se parler franchement. De ce point de vue, le processus des « primaires » est caricatural. Aujourd’hui, chaque candidat à la candidature présente son programme, et que le meilleur gagne. Mais une fois qu’il a gagné, il lui reste à faire monter à son bord ceux qui ont soutenu les autres candidats. Ce qui implique de leur proposer des places et de modifier son programme pour aller dans leur sens. D’où cette dualité qui fait que le candidat présente un programme et une équipe pour la primaire, un second, très différent, pour la véritable élection… comment voulez-vous que les gens se retrouvent ? En fait, et je vais me répéter, on voit disparaître progressivement les lieux de parole, les « parlements » au sens original du terme. Les instances des partis sont de moins en moins des lieux de discussion, de négociation, de compromis entre les différentes sensibilités. Avec la logique des primaires, ils n’ont même plus la main sur la désignation du candidat ou la confection du programme.
Mais là où le refus du compromis atteint des limites pathologiques, c’est chez Mélenchon. En fait, il reprend le rêve de notre jeunesse, celui d’un « peuple » homogène au point que tous ses membres peuvent soutenir une même politique – la sienne, bien entendu – sans qu’aucune négociation, aucun compromis ne soit nécessaire. Il ne peut donc être question de rassemblement, mais seulement de ralliement. Seuls ceux qui acceptent sans aucune réserve la volonté du « peuple » – dont Mélenchon est seul interprète – sont admis dans le mouvement, les autres sont impitoyablement écartés. Et pour ceux qui trouvent que j’exagère, voici la réponse – transmise par un lecteur de ce blog, que je remercie au passage – faite par un dirigeant « insoumis » à la section communiste de sa ville qui souhaitait le rencontrer pour s’accorder sur l’organisation de la campagne, et dont je vous livre le texte intégral :
« Dans votre courriel du 7/12 vous (les composantes du Front de gauche de ****** (PCF, Citoyens engagés et Ensemble) nous proposez « une rencontre afin de discuter entre nous les modalités pratiques de votre soutien afin d’envisager concrètement la manière de travailler en commun aux échéances présidentielles et législatives à venir, dans le cadre d’une participation à la campagne en soutien à la candidature de Jean Luc Mélenchon ».
A la lecture de ce message et je constate que vous souhaitez vous investir dans les campagnes à venir en tant qu’organisations politiques dans le cadre d’une « coalition » électorale.
Vous n’avez donc pas saisi, je crois, que la « France insoumise » est un mouvement qui rassemble toutes sortes de réseaux et de personnes dans une libre association où chaque personne définit elle-même son degré d’implication. C’est aujourd’hui la structure la plus ouverte du paysage politique. Je sais que c’est troublant dans des structures « partidaires anciennes »qui composent « l’autre gauche » comme de la gauche traditionnelle.
Tout citoyen-ne qui se reconnaît dans les axes programmatiques du mouvement « La France Insoumise » peut en signant la « Charte des groupes d’appui » créé un groupe dont la vocation est d’agir dans son immeuble, son quartier, sa commune ou sur un plus large territoire. Les membres de ces groupes au nombre de 16 dans le [département] ont déjà depuis plusieurs mois participé à l’écriture du programme politique « L’Avenir en commun » qui a été adopté en « Convention Nationale *».
Puis dans la continuité, la « Présidentielle et les législatives ne pouvant être dissociées, le 30 novembre dernier, les Groupes d’appui existants dans chaque circonscription législative se sont réunis en assemblée citoyenne pour examiner les binômes de candidatures ayant signé la « Charte des candidat-e-s » pour les élections législatives 2017 et proposer au « Comité électoral national *» un vivier de binômes.
A ce stade de votre démarche, il ne me paraît pas opportun de nous rencontrer avant que vous ayez à titre de citoyen-ne-s et non d’organisation pris la décision de créer un ou plusieurs groupes d’appui en respectant « la charte nationale »
Nous serons éventuellement ensuite amenés à envisager la mise en place d’une plate-forme d'information afin d’éviter toute redondance dans nos actions pendant les campagnes électorales 2017. »
Il n’y a donc place pour la moindre ambiguïté. Il n’y aura aucune concession, aucune négociation, aucun compromis. Même pas une discussion. Nous avons nos règles, et ou bien vous vous y soumettez, et vous êtes dedans, ou bien vous ne vous soumettez pas, et vous êtes dehors. Et avant l’acte de soumission, il est même « inopportun » de se rencontrer.
Mais cette logique va vite rencontrer ses limites. Et ses limites, comme je l’ai dit plus haut, c’est l’incroyable diversité du peuple militant. Plus on cherchera à l’enfermer dans un modèle unique, plus on cherchera à les éloigner des traditions militantes auxquelles ils sont attachées, plus on cherchera à lui imposer de se conformer à des « chartes » venues d’en haut sans la moindre discussion, sans la moindre concertation, sans le moindre compromis, et plus le spectre de ceux qui seront d’accord pour se soumettre se réduira pour finalement ne contenir que les « purs » – qui sont rarement les meilleurs. La militarisation des « insoumis » va fatalement éloigner tous ceux qui n’ont pas envie d’être enrégimentés.
L’exemple limite que constitue Mélenchon montre combien notre société est de plus en plus saisie par la tentation de la guerre civile. La « diversité » est niée dès lors qu’elle ne concerne plus les minorités ethniques ou sexuelles, comme si la majorité n’était pas « diverse » elle aussi. Le compromis est décrié, au point que lorsqu’un parti politique ou un candidat déclare mettre de l’eau dans son vin sur telle ou telle proposition pour tenir compte de l’opinion publique on l’accuse d’opportunisme, alors qu’au contraire, on devrait louer sa capacité d’écoute des citoyens. Devant ces dérives, les progressistes doivent réaffirmer l’attachement à ce fondement de la paix civile qu’est le compromis. Oui, nous sommes des individus différents, avec des désirs différents, des expectatives différentes, des intérêts – y compris des intérêts de classe – différents et souvent contradictoires. La fonction de la politique, c’est de trouver le meilleur compromis dans un état des forces donné. Et non d’imposer aux uns la volonté, fut-elle éclairée, des autres. Il faut donc défendre et protéger les lieux où les compromis peuvent être discutés, élaborés, scellés, c'est-à-dire, des lieux de discussion (1). Dans le climat de sectarisme qui nous entoure, c’est un très vaste programme…
Finalement, la religion du rassemblement a du bon…
Descartes
(1) Vous me direz que, grâce aux réseaux sociaux, ce n’est pas ce qui manque. Le problème, c’est que pour qu’il y ait discussion il faut qu’il y ait écoute. Or, s’il est facile de trouver aujourd’hui des lieux de parole, ou l’on peut s’exprimer, il est rare de trouver des lieux où les gens écoutent…
Bonjour Descartes,
Quelques coquilles : « la politique qui le conduira vers el bonheur », « tenir comte des gens », « de la LCR où de LO ».
> Et combien enviions nous ceux qui étaient partis ailleurs, chez les « vrais révolutionnaires » de la LCR où de LO, pour trouver cette pureté absolue que seule une secte peut offrir…
Du coup, pourquoi le jeune Descartes n’est-il pas parti à la LCR ou LO ?
PS : le cacique de la « France insoumise » pense qu’il s’agit de « la structure la plus ouverte du paysage politique ». Quand on croit, c’est qu’on a envie de croire.
@ Antoine
[Quelques coquilles :]
Merci de votre lecture attentive, elles ont été corrigées…
[Du coup, pourquoi le jeune Descartes n’est-il pas parti à la LCR ou LO ?]
Parce que le jeune Descartes avait un grand père cynique, une mère qui a fait une thèse sur Descartes – qu’elle n’a pas pu soutenir pour des raisons extérieures à sa volonté – et un père qui avait été un stalinien orthodoxe dans sa jeunesse et qui se sentait trahi. Un cocktail détonnant qui vous rend sceptique quand aux emportements de la passion…
[PS : le cacique de la « France insoumise » pense qu’il s’agit de « la structure la plus ouverte du paysage politique ». Quand on croit, c’est qu’on a envie de croire.]
L’envie de croire est le moteur le plus puissant connu du genre humain…
“Cependant, on aurait tort de croire que le pouvoir, qu’il fut celui des empereurs romains, des seigneurs féodaux ou des rois de droit divin était absolu”
On avait effectivement appris à l’école que le pouvoir des derniers rois de France était absolu.
Mais j’ai récemment découvert qu’il n’en était rien, notamment grace à ces 2 auteurs :
– Philippe d’Iribarne (la logique de l’honneur)
– Jacques Sapir, avec des extraits de “Souveraineté, Démocratie, Laïcité”
Ce ne sont pas des livres d’hisoire, mais il n’y a rien de tel que l’histoire pour comprendre le présent ; et il ne faut pas s’étonner que ces 2 auteurs (je conseille d’ailleurs la lecture des deux livres) se basent sur leurs connaissances historiques pour éclairer des raisonnements assez profonds sur la société actuelle…
@ Vincent
[On avait effectivement appris à l’école que le pouvoir des derniers rois de France était absolu.]
Il faut toujours distinguer le droit et le fait. En théorie, le pouvoir des derniers rois de France était absolu. Mais en pratique, il était – comme tout pouvoir – limité par le rapport de forces. Et en particulier par la dialectique du maître et de l’esclave: dans la mesure où le maître a besoin de l’esclave, il ne peut ignorer totalement son avis.
Bonjour,
Merci et bravo pour ce très bel article, sur un sujet qui n’est pas simple à défendre.
Les partis politiques “de gouvernement” semble être devenus des coquilles vides, et (comme vous le soulignez) encore davantage depuis l’instauration de primaires. Je remarque qu’au PS comme chez LR cette instauration s’est faite sous une forte pression des grands médias, qui semblent avoir décidé que faire désigner son candidat autrement était totalement ringard. Tout comme l’insoumis qui semble trouver la notion même de parti politique dépassée… dans son mail quand il parle de “structures partidaires anciennes”, on l’imagine à la fois se pinçant le nez et se moquant de ces vieilleries.
Mais je ne comprends pas la cause profonde de cet étiolement des partis, qui en quelque sorte se sont sabordés eux mêmes. Est ce la conséquence d’un individualisme de plus en plus présent dans notre société ? Ça ne me parait pas suffisant comme explication… Et pourquoi certains comme le FN semblent rester dans un fonctionnement plus “classique” ? Vous me direz peut-être qu’au PS au moins, vos chères “classes moyennes” ont trouvé dans cette façon de faire un moyen de préserver leurs avantages en continuant les politiques menées depuis 30 ans. Mais pour LR par exemple, ça ne tient pas forcément. Et puis ça ne devrait pas empêcher l’ascension d’autres partis plus représentatifs et au fonctionnement plus classique.
En tout cas tout cela n’est vraiment pas très encourageant pour la suite. A mon avis c’est vraiment mal barré pour les 5 ou 10 années à venir. Du coup je me demande si ce dont on aurait besoin, ça ne serait pas un regroupement de personnes (intellectuels, mais aussi politiques, décideurs) qui affirmerait clairement son attachement aux valeurs et aux idées tombées en déshérence (et que vous défendez si je ne m’abuse) : le progressisme, la rationalité, l’importance de l’industrie, la souveraineté, le compromis, l’importance des partis politiques… etc. Ce pourrait être l’embryon d’un futur parti politique, ou juste un mouvement intellectuel, mais l’important serait de penser la chose sur la durée, comme une épreuve de fond, et pas un sprint. Je pense un peu à ce qu’on fait les “néo libéraux” entre 1945 et 1975 : réfléchir, influencer, fourbir leurs armes, et être du coup une (la seule) alternative valable lors des périodes de remise en question. Certes c’est plus facile à dire et à rêver qu’à faire…
PS : il y a un mot de trop dans le passage “l’unicité de la politique fait rend le compromis inévitable.”
@ tmn
[Les partis politiques “de gouvernement” semble être devenus des coquilles vides, et (comme vous le soulignez) encore davantage depuis l’instauration de primaires. Je remarque qu’au PS comme chez LR cette instauration s’est faite sous une forte pression des grands médias, qui semblent avoir décidé que faire désigner son candidat autrement était totalement ringard.]
Les médias ont joué leur rôle, mais je ne pense pas que ce rôle soit fondamental. C’est autre chose qui se joue ici. Quand les partis sont soudés par une idéologie, les affrontements de personnes restent gérables. On peut s’affronter durement pour une candidature, mais ensuite celui qui sera choisi pourra avoir tous les autres derrière lui puisqu’il porte une idéologie commune. Quand les partis n’ont plus d’idéologie, qu’ils ne sont plus qu’une confédération d’ambitions, les combats de personnes créent des fractures qu’il est très difficile ensuite de guérir. C’est pourquoi les partis vont chercher dans le vote « populaire » la légitimité qu’ils puisaient auparavant dans l’idéologie. Avant on disait « on a choisi celui qui peut le mieux porter nos idées », aujourd’hui on dit « on a choisi celui qui a le plus grand soutien populaire ».
[Tout comme l’insoumis qui semble trouver la notion même de parti politique dépassée… dans son mail quand il parle de “structures partidaires anciennes”, on l’imagine à la fois se pinçant le nez et se moquant de ces vieilleries.]
Parce que les « insoumis » – comme les « marcheurs » de Macron, d’ailleurs – ont poussé jusqu’au bout le raisonnement. Pour éviter les combats de personnes, au lieu d’aller chercher un arbitrage chez « le peuple », ils ont arbitré eux-mêmes. Mélenchon le théorise d’ailleurs assez clairement : la structure partisane, la « démocratie basiste » aboutit nécessairement à des conflits avec « des perdants et des gagnants ». Et comme on ne peut plus compter sur un compagnonnage idéologique pour guérir les blessures d’un vote, le mieux est qu’il n’y a pas vote du tout. Le Chef prend toutes les décisions, et comme ça, point d’affrontement…
Au fonds, on revient au dilemme posé par Slama : la démocratie implique accepter que les opinions soient diverses et gérer leur affrontement. Mais cela a un prix, et pour ne pas le payer certains préfèrent nier l’affrontement dans une logique de fausse « unité » ou tout le monde pense pareil. C’est le « enterrons les querelles qui nous ont fait tant de mal » du pétainisme…
[Mais je ne comprends pas la cause profonde de cet étiolement des partis, qui en quelque sorte se sont sabordés eux mêmes. Est ce la conséquence d’un individualisme de plus en plus présent dans notre société ? Ça ne me parait pas suffisant comme explication…]
En effet, je pense que le problème est plus profond. Le dynamisme idéologique du système des partis tient à une logique d’opposition. Rien ne stimule autant la créativité que le besoin de répondre à l’autre. Et pour cela, il faut que l’autre soit différent. Or, ces trente dernières années ont établi le monopole des « classes moyennes » sur l’espace politique. Et le résultat a été une homogénéisation de cet espace. Qu’ils soient socialistes, communistes, centristes, républicains, la politique est la même parce que les intérêts sous-jacents sont à peu près les mêmes. Bien sur, chacun conserve ses tics de langage, ses marottes, ses combats symboliques… mais lorsqu’on gratte en profondeur, les différences son minimes. Et dès lors que les différences sur le fond sont minimes, le débat ne porte plus que sur des détails ou sur des personnes, dans le désintérêt général.
[Et pourquoi certains comme le FN semblent rester dans un fonctionnement plus “classique” ?]
Parce que le FN reste l’un des rares partis – et le seul parti de masse – où les idées sont encore importantes. Il y a au sein du FN des véritables affrontements idéologiques sur un vaste spectre de sujets (l’avortement, l’Euro, l’identité) qui ont une intensité qu’on ne retrouve dans aucune autre organisation politique « de masse ». Le FN n’est pas – du moins pas encore – une « confédération d’ambitions », tout simplement parce qu’il n’y a pas grande chose à partager.
[Et puis ça ne devrait pas empêcher l’ascension d’autres partis plus représentatifs et au fonctionnement plus classique.]
Quand une classe a le monopole des idées, il est très difficile de faire apparaître un parti « représentatif » des autres classes. C’est bien à mon avis le problème aujourd’hui…
[Du coup je me demande si ce dont on aurait besoin, ça ne serait pas un regroupement de personnes (intellectuels, mais aussi politiques, décideurs) qui affirmerait clairement son attachement aux valeurs et aux idées tombées en déshérence (et que vous défendez si je ne m’abuse) : le progressisme, la rationalité, l’importance de l’industrie, la souveraineté, le compromis, l’importance des partis politiques… etc.]
Je pense que ce mouvement intellectuel apparaît. Si l’establishment dénonce avec une telle vigueur les « nouveaux réactionnaires » ou « la France moisie », c’est parce qu’un courant de plus en plus fort se manifeste dans le monde intellectuel en opposition à la vulgate postmoderne.
[Ce pourrait être l’embryon d’un futur parti politique, ou juste un mouvement intellectuel, mais l’important serait de penser la chose sur la durée, comme une épreuve de fond, et pas un sprint. Je pense un peu à ce qu’on fait les “néo libéraux” entre 1945 et 1975 : réfléchir, influencer, fourbir leurs armes, et être du coup une (la seule) alternative valable lors des périodes de remise en question. Certes c’est plus facile à dire et à rêver qu’à faire…]
En tout cas, il faut essayer. Je pense que c’est aujourd’hui le seul travail fructueux pour préparer l’avenir.
Vu que Melanchon a fait toute sa carriere au PS et qu il est senateur depuis une eternite, je doute qu il soit completement etanche a l interet du compromis. Je suppose qu il est plutot dans l idee qu il est assez fort pour imposer ses idees a des eventuels allies de type PCF. Je pense pas qu il soit quand meme illumine aupoint de penser etrr elu president et d avoir la a choisir entre le compromis et la dictature (car s il ne veut pas faire de compromis, sa seule solution c est le NKVD.)
Pour amener de l eau a votre moulin, j ai lu dans wikipedia que les goulags stalinien n etaient meme pas rentable (alors que la main d oeuvre etait gratuite ;-)). Simplement les gens evidement n etaient pas motivés, il fallait payer les gardes, il y avait de la corruption. Vous aviez donc des gens qui auraient ete bien plus productifs ailleurs qu en siberie a creuser. Surtout que dans certains cas, faute de competance, le travail ne servait a rien (genre un canal pas assez profond pour y faire passer des bateaux …)
@ cdg
[Vu que Mélenchon a fait toute sa carrière au PS et qu il est sénateur depuis une éternité, je doute qu il soit complètement étanche a l’intérêt du compromis.]
A l’intérêt, certainement pas. Mais je pense que pour lui le compromis est un outil tactique, une nécessité tant que le rapport de forces vous est défavorable. Une sorte de pis-aller en attendant de pouvoir faire un jour ce que l’on veut. Je ne crois pas qu’il ait intégré l’idée que le compromis fait partie de l’essence de l’exercice du pouvoir. Chez Mélenchon, il y a le mélange entre la vision manipulatoire du pouvoir de l’extrême gauche et celle, tout aussi manipulatoire, du mitterrandisme.
[Je suppose qu il est plutôt dans l’idée qu il est assez fort pour imposer ses idées a des éventuels allies de type PCF. Je pense pas qu il soit quand même illuminé au point de penser être élu président et d avoir la a choisir entre le compromis et la dictature (car s il ne veut pas faire de compromis, sa seule solution c’est le NKVD.)]
Il faut distinguer le niveau tactique de la sphère idéologique. Sur le plan tactique, Mélenchon fonctionne dans un rapport de forces, et si ce rapport de force lui permet – du moins le croit-il – de refuser tout compromis, pourquoi pas. Mais au delà de la tactique, c’est-à-dire, de son rapport au monde tel qu’il est, ses choix reflètent aussi sa dimension idéologique, autrement dit, le monde tel qu’il aimerait qu’il soit. Au-delà du fait de savoir si ce désir a la moindre chance de se réaliser, il n’est pas inutile de l’explorer pour comprendre certaines réactions de Mélenchon – et de ceux qui l’accompagnent dans cette aventure. Le monde rêvé de Mélenchon est un monde d’uniformité, ou tout le monde partage la même vision du « bien », et tout conflit est effacé.
@cdg
> Pour amener de l eau a votre moulin, j ai lu dans wikipedia que les goulags stalinien n etaient meme pas rentable (alors que la main d oeuvre etait gratuite ;-)).
Il en était de même pour les travaux forcés dans les camps de concentration nazis. D’une manière générale, si l’esclavage a été aboli, ce n’est pas seulement par la progression de certaines idées sur le genre humain, c’est parce que ce mode d’exploitation n’était plus très rentable comparé à un salariat qui, certes, coûte nominalement plus cher mais avec un meilleur rapport. Le conflit nord/sud sur l’esclavage lors de la guerre de Sécession fournit un exemple assez direct de cette transition dans les régimes d’exploitation de la main d’oeuvre (le nord industrialiste était en avance sur le sud qui avait toujours besoin de ses esclaves pour maintenir à flot un mode de production plus archaïque).
@ Antoine
[D’une manière générale, si l’esclavage a été aboli, ce n’est pas seulement par la progression de certaines idées sur le genre humain, c’est parce que ce mode d’exploitation n’était plus très rentable comparé à un salariat qui, certes, coûte nominalement plus cher mais avec un meilleur rapport.]
Exactement. L’esclavage n’a fonctionné comme mode de production qu’aussi longtemps que les tâches à accomplir étaient très peu qualifiées. Dès lors que l’amélioration des techniques nécessitait que les travailleurs fournissent autre chose que la pure force physique, l’esclave est devenu moins productif que le serf, et disparaît progressivement bien avant d’ailleurs que l’abolition formelle de l’esclavage lui porte le coup de grâce…
Après la pantalonnade de Valls se déclarant opposé au 49-3,alors qu’il l’a utilisé il y a quelques semaines..Hollande est tellement discrdité qu’il ne peut pas se présenter.Il y a eu les dérobades de Delors,Aubry,Jospin,DSK l’affaire Cahuzac,Thévenot,le soutien à al-Quaïda à Alep et en Syrie.Maintenant Cambadélis trucide Gérard Filoche ,alors qui pour représenter les socialos-communistes?
Personne,puisque depuis 2 décennies la direction du pcg est ailleurs chez les gauchistes,en Utopie.
JLM;l’a compris il y a dix ans et a décidé de représenter ces millions d’électeurs du pcf en déshérence;
France Insoumise est une machine à contourner l’appareil pcf puis à l’anéntir.JLM qui a passé sa vie à détruire le pcf est le parfait cheval de troie.
A l’époque de la TV toute puissante,JLM,a pris l’image du pcf ,il l’occultera et fera en sorte que le PCF aille aux oubliettes,non?
Bonjour
Je crois que c’est André Laignel qui est l’auteur de la formule et non pas Georges Fillioud, ce qui ne change rien…
@ Bernard
[Je crois que c’est André Laignel qui est l’auteur de la formule et non pas Georges Fillioud,]
Vous avez parfaitement raison. J’ai corrigé le texte.
Votre représentation du parlement comme lieu de négociation fait l’impasse sur certaines réalités dérangeantes.
Pour commencer, un quart des électeur français n’ont aucune représentation parlementaire (je parle bien entendu des électeurs FN). Difficile de leur présenter une radieuse de la négociation.
Les compromis ont également mauvaise presse à droite, chez les électeurs de François Fillon, pour une raison différente : beaucoup d’électeurs de droite sont très déçus des gouvernements de droite précédents, dont les actions ont été jugée trop centristes (les militants UMP n’ont jamais pardonné l’ouverture de Sarkozy, ni le centrisme de Chirac, et ont nettement rejeté Juppé)
Sociologiquement, Mélenchon ou le PS ont un coeur de cible “bobo”. La gauche libérale-libertaire. C’est un groupe social qui a obtenu beaucoup de choses en politique, et dont les désirs ont façonné les politiques publiques des dernières décennies. Pourquoi faire des compromis quand on peut avoir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière ?
Comme vous le voyez, le compromis est critiqué sur plusieurs front, pour des raisons différentes (version courte : l’électeur FN se sent ostracisé, l’électeur LR se sent cocu et l’électeur bobo constate qu’être intransigeant ne lui a jamais rien coûté), mais dont le résultat est que la démocratie de négociation que vous préconisez est vivement contestée.
Bien sur, Méluche va se ramasser (je lui donne un plafond électoral à 15%) et n’aura pas de groupe parlementaire. Il faut bien qu’on ait quelques petites schadenfreude.
@ Emmanuel
[Votre représentation du parlement comme lieu de négociation fait l’impasse sur certaines réalités dérangeantes. Pour commencer, un quart des électeur français n’ont aucune représentation parlementaire (je parle bien entendu des électeurs FN). Difficile de leur présenter une radieuse de la négociation.]
Ce n’est que très partiellement vrai. Le fait qu’un parti soit absent de l’hémicycle n’implique pas nécessairement que ses idées ne soient pas représentées. Les députés élus ne peuvent ignorer les opinions des électeurs, ne serait-ce que pour pouvoir conserver leur siège. Or, dès lors que les propositions d’un parti politique suscitent l’intérêt d’un quart du corps électoral au premier tour, les députés des autres partis sont obligés, s’ils veulent pouvoir compter sur une partie de ces voix au deuxième, de faire des « compromis » dans leurs propositions et dans leurs votes. Sur des questions comme le vote des étrangers, pour ne donner qu’un exemple, le poids du FN est certainement très important, même sans avoir de députés à l’Assemblée.
[Les compromis ont également mauvaise presse à droite, chez les électeurs de François Fillon, pour une raison différente : beaucoup d’électeurs de droite sont très déçus des gouvernements de droite précédents, dont les actions ont été jugée trop centristes (les militants UMP n’ont jamais pardonné l’ouverture de Sarkozy, ni le centrisme de Chirac, et ont nettement rejeté Juppé)]
Oui, mais là encore, il faut que ces gens réalisent que s’il y a une majorité de français pour élire un président de droite « radicale », cela ne permet pas de conclure qu’il y ait une majorité de français pour soutenir des mesures de droite « radicale ». Le président élu, quel qu’il soit, devra tenir compte de ce fait. Sa capacité à conduire telle ou telle politique dépend de sa capacité à fonder un compromis avec ceux qui n’en veulent pas.
[Sociologiquement, Mélenchon ou le PS ont un coeur de cible “bobo”. La gauche libérale-libertaire. C’est un groupe social qui a obtenu beaucoup de choses en politique, et dont les désirs ont façonné les politiques publiques des dernières décennies. Pourquoi faire des compromis quand on peut avoir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière ?]
Il n’y a aucune raison, en effet. Mais après trente ans ou les « classes moyennes » ont pu avoir le beurre, l’argent du beurre et la crémière en se reposant sur la dégradation continue des conditions de vie des couches populaires et sur l’endettement, on touche aux limites du modèle. Dans les années qui viennent, il va falloir changer des choses, et il sera difficile de les changer sans un compromis.
[mais dont le résultat est que la démocratie de négociation que vous préconisez est vivement contestée.]
Je ne crois pas qu’elle soit vraiment « contestée ». Au contraire, il y a chez les français une réelle demande de rétablissement de l’autorité de l’Etat, or tout le monde est conscient que l’autorité ne peut être rétablie que sur la base d’un compromis entre les différents intérêts. Sur ce sujet, c’est plutôt la caste politico-médiatique qui freine des quatre fers… et elle suit les intérêts des « classes moyennes », qui ne se sont toujours pas résignées à partager le pouvoir.
Bonjour Descartes.
Votre texte est très intéressant car il regorge d’éléments entendus chez les insoumis.
J’ai eu sur un autre forum une vive discussion avec une militante des Insoumis et membre du PG. Et plusieurs choses m’ont troublé pour ne pas dire consterné dans ses propos.
D’abord cette prétention à dire LE peuple. Comme si le peuple était un ensemble homogène où tout le monde pense la même chose.
Ensuite, “Le peuple” a été trompé. Je lui ai expliqué que Sarko ou Hollande, même au pic de leur impopularité ont 15 à 20% des sondés qui considèrent qu’ils ont fait du bon boulot. Donc c’est loin d’être réduit à une petite élite.
“Le problème c’est l’intergouvernemental car l’intergouvernental est oligarchique”. J’ai essayé de lui expliquer que les peuples auront toujours besoin d’ambassadeurs, de ministres même non élus car les gens travaillent 7 heures par jour, doivent s’occuper de leurs enfants avant et au retour du boulot. Ils n’ont pas le temps de s’occuper de la politique de la France, de faire des référendums tous les 4 matins et que c’est pour ça qu’ils désignent des représentants.
Elle a tenté de me démontrer comment ils allaient changer le rapport de force en Europe en faisant appels aux peuples et en leur proposant un nouveau traité. “Le peuple allemand a les mêmes intérêts que le peuple français”. Elle ne comprend pas que les différences culturelles jouent sur les choix politiques et que donc il y a des sujets comme la politique monétaire sur lesquels ils n’ont quasiment aucune chance de tomber d’accord avec les allemands, même en court-circuitant les représentants politiques allemands.
Voilà ils donnent vraiment l’impression de fous furieux.
@ Trublion
[D’abord cette prétention à dire LE peuple. Comme si le peuple était un ensemble homogène où tout le monde pense la même chose.]
C’est un élément très troublant, en effet. Cela le devient encore plus lorsque Mélenchon théorise cette utilisation du « peuple » en proclamant la mort des « classes ». Mais la fonction idéologique de cette théorie – que d’autres avaient formulé avant Mélenchon sous la forme du « peuple-classe » – est facile à comprendre. Du point de vue des gauchistes, la théorie marxiste de la lutte des classes présente un grave défaut : en faisant du prolétariat le protagoniste de la révolution, elle cantonne les « classes moyennes » dans les seconds rôles au mieux, dans le camp des ennemis de la révolution au pire. L’avantage de la théorie du « peuple », c’est qu’elle met les « classes moyennes » du bon côté, en l’assimilant aux opprimés. Plus aucun obstacle donc pour que les « classes moyennes » puissent s’annexer le mouvement et parler au nom des « couches populaires »…
Pour aboutir à ce résultat, il faut nécessairement postuler l’homogénéité du « peuple ». En effet, si on commence à distinguer dans le « peuple » ceux qui produisent de la plusvalue et ceux qui en extraient, on aboutit assez vite à la conclusion qu’il y a dans le « peuple » des groupes antagoniques… et voilà les « classes » qui ressuscitent. Il faut donc pour maintenir la fiction postuler que le « peuple » n’a qu’un seul intérêt…
[J’ai essayé de lui expliquer que les peuples auront toujours besoin d’ambassadeurs, de ministres même non élus car les gens travaillent 7 heures par jour, doivent s’occuper de leurs enfants avant et au retour du boulot. Ils n’ont pas le temps de s’occuper de la politique de la France, de faire des référendums tous les 4 matins et que c’est pour ça qu’ils désignent des représentants.]
Le problème des militants, c’est qu’ils ont une certaine tendance à croire que tout le monde n’a qu’une envie : être comme eux. Mais c’est faux : les gens qui ont envie d’assister à des réunions interminables et de lire des documents imbitables pour participer au gouvernement de la France ne sont qu’un tout petit nombre. Les autres sont ravis de déléguer des gens de confiance pour gouverner en leur nom et par délégation. De la même manière qu’ils sont ravis de prendre le train sans avoir à conduire ou réparer la locomotive.
[Elle a tenté de me démontrer comment ils allaient changer le rapport de force en Europe en faisant appels aux peuples et en leur proposant un nouveau traité. “Le peuple allemand a les mêmes intérêts que le peuple français”.]
Mais vous voyez bien que c’est l’extension de la théorie du « peuple » au niveau international. A l’intérieur, on nie les différences entre groupes sociaux, à l’extérieur entre les différents intérêts nationaux. Au fond de tout ça se trouve ce que j’ai décrit dans mon article, et que Alain-Gérard Slama a si bien expliqué dans « le siècle de monsieur Pétain » : le refus de la différence, le refus du conflit. Si on laisse dehors le « 1% », nous voulons tous la même chose, nous avons tous les mêmes intérêts.
[Elle ne comprend pas que les différences culturelles jouent sur les choix politiques et que donc il y a des sujets comme la politique monétaire sur lesquels ils n’ont quasiment aucune chance de tomber d’accord avec les allemands, même en court-circuitant les représentants politiques allemands.]
Et surtout, les allemands n’accepteront jamais d’abandonner un système qui a été construit à leur avantage. Pourquoi le feraient-ils ? Par pure générosité ?
[Voilà ils donnent vraiment l’impression de fous furieux.]
Oui. Dans le sectarisme des « insoumis » je détecte personnellement une énorme frustration, celle d’une génération politique qui se rend compte qu’elle ne laissera pas derrière elle un bilan merveilleux. Une génération de nains qui ont connu des géants, mais qui n’ont pas su les imiter. Cette frustration, on la trouve autant chez Cohn-Bendit que chez Mélenchon. De quoi peuvent-ils se prévaloir ? D’avoir chassé De Gaulle et porté au pouvoir Mitterrand ? D’avoir construit une Europe qui devait être une merveille et qui est un désastre ? Que laisseront-ils derrière eux ? Une école en ruine, des infrastructures vieillissantes, un pays désindustrialisé, une société divisée… Alors, ils sont prêts à suivre n’importe quelle utopie, en se racontant que « cette fois ci, on va y arriver »…
Oui mais alors quoi ? Valls ?
Edgar, blogueur retraité
@ Edgar
[Oui mais alors quoi ? Valls ?]
Si vous commencez à poser ce genre de question, on va tous avoir besoin d’une dose de Prozac… Oui, je pense qu’on s’achemine vers une élection où aucun candidat « éligible » ne casse des briques, que ce soit par son caractère, par son intelligence, par ses idées. On a devant nous la génération éduquée par les soixante-huitards…
[Edgar, blogueur retraité]
Disons en congé. La retraite est définitive… en tout cas, un plaisir de vous entendre.
J’ai 35 ans. Je n’ai jamais appartenu à l’extrême gauche. Je n’ai jamais partagé le rêve d’un grand soir anti-capitaliste, tout simplement parce que cette idée n’a aucun sens pour moi.J’ai soutenu évidemment la gauche plurielle en 1997.
“Rassemblement”, c’est le mot des années 70-90 lorsque notre partenaire était encore le PS du congrès d’Epinay. Depuis il s’est passé beaucoup de choses avec Jospin puis Chirac : traité d’Amsterdam, traité de Copenhague, référendum de 2005.
Le clivage gauche / droite a disparu et a été remplacé par le clivage Cercle de la raison européiste / populistes anti-européens
Pourtant vous continuez à sauter sur votre chaise en criant “rassemblement ! rassemblement !”
Rassemblement avec qui ? Pour quel programme ?
Avec la bourgeoisie européiste ? En marche avec Macron ?
Avec les souverainistes de droites ?
Doit-on même rassembler pour arriver au pouvoir et pour gouverner ?
Syriza s’est-il “rassemblé” avec le Pasok pour accéder au pouvoir ?
Syriza a-t-il échoué parce qu’il n’avait pas le peuple derrière lui après le référendum gagné ? Il a échoué au pouvoir parce que ces cadres sont des européistes fous à liés.
Nous vivons le naufrage de la pensée marxiste des années 70 qui vous imprègne encore. Vous devez comprendre que :
– Le clivage gauche / droite n’existe plus.
– La croyance révolutionnaire s’est évaporée
– Le PS du congrès d’Epinay n’existe plus.
– Le PCF est un parti zombie.
– Veuillez remarquer que Mélenchon ne se revendique plus de la gauche, encore moins de la gauche radicale.
– L’unique combat de Mélenchon est de mener la même bataille culturelle que mène Grillo et Podemos en Europe du Sud : populisme ! populisme ! populisme !
– Dans quelques années, le retour du clivage gauche / droite opposera la droite nationale et la gauche souverainiste. Ce sera notre victoire. Une autre période s’ouvrira et peut-être sera-t-il temps à nouveau de sauter sur sa chaise en criant : rassemblement ! rassemblement ! rassemblement !, comme j’en suis enclin naturellement.
Pour l’heure, nous ne sommes qu’à mi-chemin de la révolution culturelle. L’éradication de la gauche européiste est en bonne voie.
@ Coma81
[“Rassemblement”, c’est le mot des années 70-90 lorsque notre partenaire était encore le PS du congrès d’Epinay.]
Ce n’est pas tout à fait vrai. Le PCF parle de « rassemblement » depuis les années 1930, et le mot fait toujours partie du vocabulaire communiste, alors que le programme commun est depuis bien longtemps morte et enterré. Et on peut regretter que ce mot soit mal-aimé ailleurs. Si les souverainistes pensaient un peu moins à se voler dans les plumes et un peu plus au rassemblement de leurs forces, on ne serait pas dans la situation ou nous sommes.
[Pourtant vous continuez à sauter sur votre chaise en criant “rassemblement ! rassemblement !”. Rassemblement avec qui ? Pour quel programme ? Avec la bourgeoisie européiste ? En marche avec Macron ? Avec les souverainistes de droites ?]
Avec ceux avec lesquels un compromis est possible pour faire avancer les idées qui nous paraissent prioritaires. Je pense que lorsqu’on parle de « rassemblement », il ne faut pas qu’il y ait d’exclusives. En 1940, communistes et gaullistes ont pu se « rassembler » parce qu’un compromis était possible sur une priorité partagée : buter les allemands hors de France et rétablir la République française dans sa souveraineté et sa grandeur, pour utiliser la formule de l’époque. Au nom de ce compromis, le PCF a renoncé à faire la révolution, la droite gaulliste a accepté les nationalisations et la sécurité sociale. Et bien, aujourd’hui c’est pareil. Quelle est la priorité absolue ? Rétablir la souveraineté nationale pour que les problèmes des français puissent être discutés en France, rétablir l’autorité de l’Etat et des institutions pour arrêter la dégradation de notre cadre de vie, redresser notre économie pour sauvegarder nos systèmes de protection sociale et donner des perspectives à la jeunesse. Moi, je suis prêt à participer à un « rassemblement » avec quiconque partage ces priorités.
Oui, je sais, ce n’est pas tout à fait la vision du « rassemblement » qu’a la direction du PCF qui, incapable de définir de vrais priorités, reste aujourd’hui prisonnière du réflexe « gauche/droite ». Dans ce contexte, votre image des cabris criant « rassemblement », rassemblement » est pertinente. Mais je pense que le PCF – et plus largement les progressistes – doivent revenir au concept de « rassemblement » dans sa logique initiale : dès lors qu’on est d’accord sur les priorités, rien ne s’oppose à ce qu’on travaille ensemble.
[Doit-on même rassembler pour arriver au pouvoir et pour gouverner ?]
Pour arriver au pouvoir – au sens d’être élu – pas nécessairement. Pour gouverner – au sens de réaliser ses objectifs – oui.
[Syriza s’est-il “rassemblé” avec le Pasok pour accéder au pouvoir ? Syriza a-t-il échoué parce qu’il n’avait pas le peuple derrière lui après le référendum gagné ? Il a échoué au pouvoir parce que ces cadres sont des européistes fous à liés.]
Je ne le crois pas. Syriza a gagné l’élection en promettant de garder la Grèce dans la zone Euro. S’il avait demandé un mandat pour en sortir, il aurait été battu. Et dès lors qu’on renonce à sortir de l’Euro, il n’y a qu’une seule politique possible. Syriza a gagné l’élection, mais cette victoire ne lui donnait pas le pouvoir absolu, seulement le pouvoir de faire ce que les grecs étaient prêts à accepter. Et les grecs, dans leur grande majorité, n’étaient pas prêts à sortir de l’Euro.
C’est pourquoi je pense qu’on est trop dur avec Tsipras. La seule chose qu’on peut lui reprocher à mon avis, c’est de ne pas avoir cherché à fonder un « compromis » qui lui permette d’envisager la sortie de l’Euro. J’ignore d’ailleurs si une telle tentative aurait eu une chance de succès.
[Nous vivons le naufrage de la pensée marxiste des années 70 qui vous imprègne encore. Vous devez comprendre que : Le clivage gauche / droite n’existe plus ; La croyance révolutionnaire s’est évaporée ; Le PS du congrès d’Epinay n’existe plus ; Le PCF est un parti zombie]
Quel rapport avec la « pensée marxiste » ? Je suis tout à fait d’accord avec vous sur tous ces points. Mais cela n’a aucun rapport avec le « marxisme ». Au contraire, on pourrait dire du « clivage droite/gauche » par exemple qu’il est au contraire incompatible avec une analyse marxiste sérieuse…
[Veuillez remarquer que Mélenchon ne se revendique plus de la gauche, encore moins de la gauche radicale.]
Parce que, comme vous, il sait que la « gauche » n’a plus la cote. Il a pu en faire l’expérience dans son « parti de gauche »…
[L’unique combat de Mélenchon est de mener la même bataille culturelle que mène Grillo et Podemos en Europe du Sud : populisme ! populisme ! populisme !]
Oui et non. Chaque pays a sa culture politique, et celle de la France ne ressemble en rien à celle de l’Espagne ou de l’Italie. Et Mélenchon a une formation d’historien suffisamment sérieuse pour l’avoir compris. C’est pourquoi là où Podemos parle de référendum d’autonomie en Catalogne, Mélenchon se situe plutôt du côté du jacobinisme intransigeant. En plus, la grande différence est qu’en France le créneau du « populisme populaire » est déjà occupé par le FN. Le seul créneau qui reste à Mélenchon est celui du « populisme bobo ».
[Dans quelques années, le retour du clivage gauche / droite opposera la droite nationale et la gauche souverainiste. Ce sera notre victoire. Une autre période s’ouvrira et peut-être sera-t-il temps à nouveau de sauter sur sa chaise en criant : rassemblement ! rassemblement ! rassemblement !, comme j’en suis enclin naturellement.]
Si seulement vous aviez raison…
[Pour l’heure, nous ne sommes qu’à mi-chemin de la révolution culturelle. L’éradication de la gauche européiste est en bonne voie.]
Je vous trouve bien optimiste !
Monsieur Mélenchon a refusé il y a quelques mois un rapprochement de souverainistes de bords différents au prétexte qu’un tel rapprochement serait une compromission. Quand un compromis minimal autour de la souveraineté , du libre échange et de l’euro peut être trouvé et est indispensable pour avoir une majorité du peuple en soutien, ceux qui le refusent se compromettent. Les conséquences de la politique européiste et atlantiste sont telles que la France du Non majoritaire en 2005 s’est encore renforcée. Monsieur Melenchon regarde passer le train et si Marine Lepen devenait présidente il en serait fort marri.
@ Act
[Monsieur Mélenchon a refusé il y a quelques mois un rapprochement de souverainistes de bords différents au prétexte qu’un tel rapprochement serait une compromission.]
C’est le grand paradoxe français. Il peut y avoir « compromis » entre gauche et droite, à condition que se compromis reste implicite. Dès lors qu’il est explicite, les portes claquent et les orfraies crient… Ainsi, on parle de « gaullo-communisme » alors que communistes et gaullistes n’ont jamais passé des compromis formels. Tout juste ont-ils voté de concert – contre la CED, par exemple – ou se sont entendus à certains moments capitaux pour ne pas se gêner respectivement. Un autre exemple remarquable est celui du référendum de 2005. Il est incontestable que le TCE a été rejeté par un vote convergent de la gauche et la droite souverainistes – extrême droite incluse. Mais chut, il y en a encore qui pensent que c’est le « non de gauche » qui a emporté le résultat…
[Quand un compromis minimal autour de la souveraineté , du libre échange et de l’euro peut être trouvé et est indispensable pour avoir une majorité du peuple en soutien, ceux qui le refusent se compromettent.]
Je ne sais pas s’ils se compromettent, mais ils compromettent certainement le combat. Si seulement LO avait été moins sectaire, peut-être aurions nous réussi à battre Maastricht en 1992, et bien des malheurs auraient été évités…
La question de la nécessité des compromis pose la question annexe,jusqu’où?
A cet égard,le FN de Philippot et la coalition pro Mélenchon,ont convergé vers un ensemble ‘commun’:
-défense du modèle social français:sécurité sociale,allocations diverses,défense des confettis ultra marins,énergie nucléaire sécurisée,35h,retraite à 60 ans,rupture avec le proSalafismeSaoudoQattarien pro Otan par un rapprochement trop tardif avec la Russie,défense de la cilture et valeurs françaises,résistance à l’idéologie boboïste de a destruction de l’état social français.
A y regarder de près,toutes ces valeurs sont contenues dans le code du travail,le statut de la fonction publique et des agences qui en sont proches.
Or ce sont les forces de gauche sfio,sfic,pcf, puis fdg qui ont conçu et soutenu ce code du travail.
A cet égard l’éviction de Gérard Filoche est un sabotage que je ne regrette pas de la primaire du PS.
Or entre la coalition pro Mélenchon et le FN,c’est ce dernier,qui est le moins crédible pour défendre ce code du travail.
Par conséquent,pour un salarié,n’est ce pas se tirer une balle dans le pied,que de voter FN,et si Oui ,pour quelles raisons saugrenues?
@ luc
[La question de la nécessité des compromis pose la question annexe, jusqu’où?]
A cette question, il n’y a pas de réponse universelle. Tout dépend du contexte.
[A cet égard,le FN de Philippot et la coalition pro Mélenchon, ont convergé vers un ensemble ‘commun’: défense du modèle social français (sécurité sociale, allocations diverses), défense des confettis ultra marins, énergie nucléaire sécurisée, 35h, retraite à 60 ans, rupture avec le proSalafismeSaoudoQattarien pro Otan par un rapprochement trop tardif avec la Russie, défense de la culture et valeurs françaises, résistance à l’idéologie boboïste de a destruction de l’état social français.]
J’ai l’impression qu’on ne vit pas dans le même monde. Je ne vois pas très bien où est la « convergence » entre Mélenchon et Philippot sur des questions comme l’énergie nucléaire, la défense de la culture et des valeurs françaises, la résistance à l’idéologie boboïste…
[A cet égard l’éviction de Gérard Filoche est un sabotage que je ne regrette pas de la primaire du PS.]
Ca fait un sous-marins trotskyste de moins. Franchement, ce n’est pas ça qui va changer la face de l’histoire.
Que pensez vous de la pipolisation des politiques?Ainsi à propos du fils d’un richissime diamentaire,Cambadélis dont les journaux nous livrent certains détails:’L’année dernière, Charlotte de Turckheim a fait une révélation fracassante : son premier amour était l’actuel premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis. Au micro d’Europe 1, l’actrice a en effet raconté qu’ils avaient échangé leur premier baiser il y a 40 ans. Leurs deux familles se connaissaient et le jeune Jean-Christophe Cambadélis, alors âgé de 19 ans, était venu passer quelques jours dans la maison provençale des de Turckheim avant de, semble-t-il, rejoindre le festival d’Avignon. “Il est venu camper chez moi dans le jardin avec un copain”, s’est souvenue l’actrice un sourire aux lèvres, “j’ai vu sortir de la tente du fond du jardin une espèce de bombasse ! Il était d’une beauté, vous ne pouvez pas imaginer”. Leur idylle n’aurait cependant pas duré : le trotskyste aurait fini par “larguer” la jeune fille du 16e arrondissement de Paris dans le RER “comme une vieille chaussette”.5/ Le passé judiciaire de Jean-Christophe Cambadélis:Jean-Christophe Cambadélis n’a pas un casier judiciaire vierge. En effet, il a été condamné à deux reprises. En 2000, il a écopé de cinq mois de prison et 100 000 francs d’amende pour un emploi de complaisance de 1993 à 1995 dans une société gestionnaire de foyers de travailleurs immigrés. Six ans plus tard, il a à nouveau condamné à six mois de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende dans l’affaire pour un emploi de complaisance de 1993 à 1995 dans une société gestionnaire de foyers de travailleurs immigrés’.Qu’un tel pédigree soit un paramètre,sans incidences sur une carrière politique,en dit-il long sur la sélection des cadres du PS ou est ce le fruit d’un compromis si Oui,lequel?
@ luc
[Cambadélis dont les journaux nous livrent certains détails:’L’année dernière, Charlotte de Turckheim a fait une révélation fracassante : son premier amour était l’actuel premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis.]
Je doutais du goût de Charlotte de Turckeim. Maintenant, j’en suis sûr.
J’ai connu « Camba » quand il était secrétaire général de l’UNEF-ID et que j’étais à l’UEC. Je ne peux pas dire qu’il m’ai fait une grande impression. C’était un minable apparatchik, et il l’est resté. Qu’il ait pu accéder à la direction du PS – succédant, il est vrai, à une autre star du gauchisme manipulé par Mitterrand, Harlem Désir – montre à quel point cette organisation n’est plus qu’une confédération d’ambitions.
[Le passé judiciaire de Jean-Christophe Cambadélis:Jean-Christophe Cambadélis n’a pas un casier judiciaire vierge. (…) Qu’un tel pédigree soit un paramètre,sans incidences sur une carrière politique, en dit-il long sur la sélection des cadres du PS]
N’exagérons rien. Ses petites aventures judiciaires lui ont couté cher : il ne sera jamais ministre.
Bien qu etant globalement d accord avec votre texte, je me demande si le compromis est vraiment toujours souhaitable.
Prenons l exemple de notre president actuel, monsieur “synthese”. Il a passe toute sa carriere au PS a faire la synthese, que certains appelleraient le consensus mou. Tant qu il etait au PS, les degats etaient limités : le PS ne produisait plus rien comme idee et etait simplement un repere de carrieristes mais l impact pour le pays etait limité (et c etait pas uniquement de la faute de Hollande)
Une fois au pouvoir, il a continue a faire de meme : aucune direction ni ligne claire, on continue le consensus mou. Le bilan on le connait tous.
Je crains qu on ait exactement la meme chose avec notre probable futur president (fillon).
Quoi qu on pense de son programme il avait une certaine coherence (c est un programme conservateur (et non liberal) : en gros on fait payer + les pauvres et moyens afin de moins taxer les riches en esperant que ca relance l economie). Son entourage lui a fait comprendre que pour etre elu, il lui fallait gagner le vote des retraités, donc exit les reformes de la secu (il parle meme d en rajouter sur les depenses maintenant avec la couverture des lunettes !). Seul probleme, il ne parle evidemment pas des endroits ou il devra faire des economies supplementaires pour compenser son recul sur la securite sociale
Autant je pense comme l auteur qu on ne peut gouverner en etant tres minoritaire (au mieux notre prochain president aura 30 % des voix au premier tour) autant je pense qu il faut avoir une direction claire et faire des compromis qui permettent de garder le cap. Quand De Gaulle a decide de larguer l Algerie (contre l avis de son camps) il n a pas fait de compromis avec l OAS. Et si on reprend votre exemple du CNR, il y a eut des compromis entre gaullistes et communistes mais la direction generale est restee gaulliste (la france n est pas devenue une democratie populaire et je pense que les resistants gaullistes etaient pas mal a gauche (une grosse proportion du patronat etant petainiste) -> assez facile de converger avec les FTP)
@ cdg
[Prenons l exemple de notre président actuel, monsieur “synthèse”. Il a passe toute sa carrière au PS a faire la synthèse, que certains appelleraient le consensus mou.]
Mais justement, la « synthèse » c’est le contraire du « compromis ». La « synthèse », c’est faire croire qu’on peut trouver une position qui mette tout le monde d’accord. Le « compromis », c’est montrer qu’on peut se mettre d’accord pour faire avancer un petit nombre de priorités tout en restant en désaccord sur le reste. Le « compromis » est un moyen de vivre avec ses différences, la « synthèse », un moyen de les occulter.
Prenez par exemple le « compromis » entre gaullistes et communistes à la Libération. C’était tout le contraire d’une « synthèse ». Personne n’ignorait que gaullistes et communistes avaient, sur le long terme, des buts et des conceptions de la société totalement différents. Ils n’ont pas fait des meetings ensemble, n’ont pas constitué un parti politique. Ils ont travaillé ensemble à la mise en œuvre des points de « compromis », puis se sont séparés.
[Tant qu’il était au PS, les dégâts étaient limités : le PS ne produisait plus rien comme idée et était simplement un repère de carriéristes mais l’impact pour le pays était limité (et c’était pas uniquement de la faute de Hollande). Une fois au pouvoir, il a continue a faire de même : aucune direction ni ligne claire, on continue le consensus mou. Le bilan on le connait tous.]
C’est bien mon point. Lorsqu’on dirige un parti politique, c’est-à-dire des gens qui sont censés être d’accord sur l’essentiel, la « synthèse » est possible. Mais lorsqu’on dirige un pays, ou les gens n’ont aucune raison d’être d’accord sur quoi que ce soit, la méthode ne peut marcher. Il faut de véritables « compromis » pour pouvoir gouverner. Or, lorsqu’on examine le quinquennat de Hollande, ce qui frappe c’est son incapacité à trouver des compromis. Que ce soit sur la loi El Khomri ou sur la déchéance de nationalité, sur le nucléaire comme sur le travail du dimanche, il a à chaque fois cherché à imposer à l’une des parties la position de l’autre et créé une situation de conflit dans laquelle aucun compromis n’était possible. Sarkozy, qui était en apparence bien plus clivant, était bien plus habile pour rechercher des compromis : la réforme des retraites et le Grenelle de l’environnement sont des bons exemples.
[Je crains qu on ait exactement la meme chose avec notre probable futur president (fillon).]
Qui vivra verra…
[Quoi qu on pense de son programme il avait une certaine cohérence (c’est un programme conservateur (et non libéral) : en gros on fait payer + les pauvres et moyens afin de moins taxer les riches en espérant que ca relance l’économie). Son entourage lui a fait comprendre que pour être élu, il lui fallait gagner le vote des retraités, donc exit les reformes de la secu (il parle même d en rajouter sur les dépenses maintenant avec la couverture des lunettes !). Seul problème, il ne parle évidemment pas des endroits ou il devra faire des économies supplémentaires pour compenser son recul sur la sécurité sociale.]
Mais c’est normal. A rien ne sert d’avoir un programme « avec une certaine cohérence » si la population n’est pas disposée à l’appliquer. Faire « payer plus les pauvres et moyens » pour relancer l’économie… pourquoi pas. Mais alors il faudra convaincre les pauvres et les moyens qu’ils y ont intérêt. Et « l’espoir » n’est pas suffisant, d’autant plus qu’on leur a demandé ce sacrifice plusieurs fois par le passé – pour les pauvres, s’entend – et que les résultats n’ont pas été au rendez-vous.
L’exemple que vous donnez illustre à la perfection la problématique du « compromis ». Un système dans lequel 51% des gens voteront pour celui qui augmentera les impôts ou réduira les prestations des 49% restants n’est pas une véritable démocratie. Le but de la politique est dans l’idéal de trouver des situations gagnant-gagnant, ou tout le monde gagne quelque chose à soutenir les mesures proposées. En pratique, ce n’est pas toujours possible, et les « compromis » sont plus ou moins larges, plus ou moins satisfaisants pour les différentes parties. Mais il faut arrêter de croire qu’on peut rester « droit dans ses bottes » et faire ce qu’on veut sous prétexte qu’on a été élu.
[Autant je pense comme l’auteur qu on ne peut gouverner en étant très minoritaire (au mieux notre prochain président aura 30 % des voix au premier tour) autant je pense qu’il faut avoir une direction claire et faire des compromis qui permettent de garder le cap. Quand De Gaulle a décidé de larguer l’Algerie (contre l avis de son camps) il n a pas fait de compromis avec l’OAS.]
Non, mais il a fait un « compromis » avec tous les autres. De Gaulle était au départ favorable à garder l’Algérie, et il ne s’est décidé de larguer l’Algérie que lorsqu’il a compris que le consensus des français allait dans ce sens, et que le pays n’était nullement disposé à faire ce qu’il aurait fallu faire pour garder l’Algérie à la France. Mais De Gaulle a cherché jusqu’au bout un « compromis » avec les tenants de l’Algérie française, et notamment en incluant dans les accords d’Evian des dispositions qui auraient pu permettre aux français d’Algérie de rester dans le pays (dispositions que le gouvernement Algérien n’a pas respecté, mais c’est une autre histoire).
Oui, bien sur, il faut une direction claire. Oui, bien sur, il faut marquer les lignes rouges au-delà desquelles le « compromis » est impossible, tout simplement parce traverser ces lignes rendrait sa propre action sans objet. J’admire De Gaulle ou Chèvenement pour leur capacité à décider que dans certaines circonstances il ne sert à rien de rester président ou ministre, et que dans ce cas autant partir. Mais on ne peut pas faire une ligne rouge de tout. Un homme d’Etat doit savoir fixer des priorités, décider ce qui est essentiel et ce qui est accessoire, ce qui peut faire l’objet de « compromis » et ce sur quoi il est exclu de céder.
[Et si on reprend votre exemple du CNR, il y a eut des compromis entre gaullistes et communistes mais la direction générale est restée gaulliste (la France n est pas devenue une démocratie populaire et je pense que les résistants gaullistes étaient pas mal a gauche (une grosse proportion du patronat étant pétainiste)]
C’est discutable. La France n’est certes pas devenue une « démocratie populaire », mais ce n’était pas là l’objectif du PCF, d’une part parce que le PCF avait bien compris – et Staline lui avait bien expliqué – que les américains ne toléreraient pas pareille chose, et d’autre part parce qu’il est douteux que les communistes français, étant donnée leur tradition politique, aient vraiment conçu une France « socialiste » sur le modèle des démocraties populaires de l’Est européen. Mais De Gaulle a été obligé de céder pas mal de choses lui aussi, en particulier en matière constitutionnelle, avec l’instauration d’un régime d’assemblée auquel les communistes tenaient et que De Gaulle jugeait néfaste au point de démissionner.
Quoi qu’il en soit, un « compromis » n’est pas forcément équilibré. Il traduit le rapport de forces. Si les accords de Yalta avaient placé la France dans la zone d’influence soviétique, De Gaulle aurait probablement du concéder beaucoup plus…
Après avoir lu une trentaine de ligne de votre excellent texte ,je me demandais à quel chapitre arriverais “l’anti-mélenchonisme”.Mais en poursuivant la lecture j’étais pleinement rassuré.Cependant à la fin de votre récit si j’ai compris ,je me posais une question.
En fin de compte ,la classe ouvrière,en mai 2017 elle a le choix entre le FN,le PCF ou Disparaître,ce qui revient strictement au même…….
@ Obélix
[Après avoir lu une trentaine de ligne de votre excellent texte, je me demandais à quel chapitre arriverais “l’anti-mélenchonisme”.]
Pourquoi « anti-mélenchonisme » ? Je ne crois pas avoir écrit une seule ligne qui soit « anti-mélenchoniste ». Lorsque je dis qu’il concentre dans ses mains tout le pouvoir dans son mouvement, qu’il refuse tout compromis, je ne fais que rapporter des faits. Et les faits ne sont ni « anti » ni « pro », ils sont, tout simplement. Si je prends beaucoup d’exemples chez Mélenchon, c’est parce que mon parcours et mes amitiés me permettent d’observer le phénomène de très près. Mais je ne suis pas plus « anti-Mélenchon » que je ne suis « anti-Poutou » ou « anti-Arthaud »…
[En fin de compte, la classe ouvrière, en mai 2017 elle a le choix entre le FN, le PCF ou Disparaître, ce qui revient strictement au même…….]
D’abord, la classe ouvrière ne risque pas de « disparaître ». Son existence tient au mode de production capitaliste, et elle ne disparaîtra qu’avec lui. Or, le capitalisme ne semble pas menacé de disparition à court terme…
La classe ouvrière – ou plutôt les ouvriers, parce que ce sont eux qui votent – auront en mai prochain toute sorte de choix, qui vont du FN à LO en passant par Dupont-Aignan, Fillon, Macron, Mélenchon, Arthaud, Poutou… sans compter avec des « petits » candidats qui pourraient encore s’y ajouter et du candidat, toujours inconnu, soutenu par le PS. Il n’aura pas le choix de voter un candidat du PCF, pour les raisons que vous connaissez.
Mais ce choix n’est pas tout. Quelque soit le candidat issu de l’élection, il aura à construire un compromis pour pouvoir mettre en œuvre ses politiques. En l’absence d’un candidat capable de véritablement porter les revendications et les intérêts de la classe ouvrière, celle-ci a intérêt à voter les candidats qui affaibliront la capacité du président élu à conclure des compromis défavorables aux couches populaires. Or, l’expérience a montré que le seul vote qui fait vraiment peur aux libéraux de gauche comme de droite, c’est le vote dit « populiste ». Pas étonnant dans ces conditions que les couches populaires se tournent vers le FN, qui depuis la « boboisation » du PCF occupe seul le créneau.
@cdg
La limite du compromis,c’est le code du travail,la sécurité sociale,les allocations diverses,la défense des confettis ultra marins et bien sûr la Laïcité à la française.
Il me semble que le début de guerre civile vécue au cours de l’ahurissante loi El khomri,est un faible aperçu de ce que notre société vivra si les illuminés du programme Valso-filloniste veulent continuer à toucher au noyau dur de l’état social français.J’arrive à la soixantaine et au moment du ‘bilan’.Je suis grand père,mais mes enfants sont dans la difficulté.
Je considérerai légitime, l’insurrection qui viendrait si les illuminés libéraux touchent à notre part de communisme installé en France.
Depuis 1928 où mon grand père a fondé la section du PCF de la bourgade rurale d’où toute ma famille,j’ai biberonné au PCFisme et je continue grâce à ce blog.Parce que c’est un sommet de civilisation nulle part atteint,et qu’il mérite que l’on se batte pour,le modèle social français,auquel le PCF a contribué,doit être défendu,coûte que coûte.
Ma vie entière s’est déroulée avec la fierté de vivre dans ce pays ‘la France,plus communiste que la Chine’,comme Pierre Gataz l’a qualifié la semaine dernière,en commentant les 56% de collectivisme dans l’économie,record égalé uniquement par le Danemark,en Occident.La ‘Ma France’ de Jean Ferrat est ‘Ma France’.
Mon vote malgrè tout ce que je pense en mal du Masstrichtien Mélenchon,ira à JLM,carle PCF ,contre mon choix,l’a décidé,et que JLM a su,presque totalement intégré ma vision historique, celle du PCF.
De Vaillant-Couturier,à Marchais,en passant par Thorez,et Duclos,JLM a exprimé le discours du PCF depuis des décennies.
De formation trotskyste,,Mélenchon a su faire semblant,certes en annonant,mais au moins,il la su exprimé le noyau dur du grand parti de masse,le PCF historique.Ce faisant,il a revétu les habits d’un candidat pcfocompatible.
Ce qui n’est pas négociable,pour moi,et les millions d’électeurs communistes?C’est ‘Ma France insoumise’,celle qui a triomphé en 1947:La sociale.
Le reste est négociable:la rupture avec le proSalafismeSaoudoQattaro pro Otan ,la défense de la culture française,la résistance à l’idéologie boboïste , catholique,tout ce fratras qui n’est que secondaire.
C’est négociable,même si ce n’est pas ma tasse de thé,car la politique est l’art du compromis.
Il faut moduler donc l’accessoire et être inflexible sur l’essentiel,c.a.d la sociale,non?
Juste une précision,quand je parle de disparition de la classe ouvrière (voire populaire à court terme) je veux parler de sa représentation nationale.Que ce soit “”à l’aide”” du PCF,du FN ou de Mélenchon j’ai peur que ça ne change rien…….
@ Obelix
[Juste une précision,quand je parle de disparition de la classe ouvrière (voire populaire à court terme) je veux parler de sa représentation nationale.Que ce soit “”à l’aide”” du PCF,du FN ou de Mélenchon j’ai peur que ça ne change rien…]
La classe ouvrière est effectivement très faiblement représentée dans les institutions. Si on suit les débats parlementaires, on s’aperçoit vite que les problématiques qui intéressent les “classes moyennes” sont prioritaires, et que celles qui concernent les couches populaires passent vite à la trappe, après quelques discours pour la forme. Comparez par exemple l’énergie mise par les députés du PCF pendant le débat sur la “visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées” (sic), à celui mis sur les questions sociales ou économiques…
Mais la représentativité dans les institutions ne raconte pas toute l’histoire. Même en étant en dehors des institutions, on ne peut ignorer durablement une partie importante de la population, et les réactions de cette population exercent une véritable pression sur les autres organisations politiques. Si l’eurolâtrie a quitté en grande partie le discours politique, cela tient aussi aux résultats des souverainistes et du FN…
Réponses à Obélix et Descartes :
1) A Obélix : les différentes éventualités de vote aux présidentielles que vous évoquez me paraissent s’inscrire dans la logique des propos de Descartes (le cas du PC étant à supprimer, car il n’est plus sur les rangs, en tant que tel) : elles excluent, comme chez Descartes, JLM…
2) A Descartes : exclure JLM de la panoplie des votes éventuellement utiles aux « classes populaires », reste pour moi toujours un mystère. Peut-on faire un parallèle sérieux entre les traditionnelles organisations gauchistes qui traversent les décennies sans signe concret d’évolution, et JLM, aujourd’hui ? Le Front de Gauche hier ?
3) Comment expliquer que JLM soit le candidat honni, à droite, au centre, au PS, et j’en passe… s’il n’est en rien « dangereux » pour eux ? Et s’il l’est, ne faudrait-il pas comprendre pourquoi ?
4) Pour qui voter sans lui ? Un quelconque PS issu de leur primaire ? FN ? Vous ne le dites pas…mais en faisant du FN le seul porteur d’une défense des classes populaires, on peut se poser la question…
5) Quel « compromis » envisager et avec qui, pour soutenir un candidat un tant soit peu « utile » aux classes populaires, maintenant, mais surtout plus tard…après les élections présidentielles qui, dans le contexte actuel, ne verront probablement pas survivre un candidat « de gauche » ? Je sais, vous me l’avez déjà dit, que vous n’êtes pas un dirigeant politique, donc quelqu’un qui doit préparer l’avenir, mais un analyste du monde tel qu’il va (analyste fort bon, d’ailleurs !). Mais pour être bien compris, dans ce rôle, on peut souhaiter (c’est mon cas) que vous brisiez un peu le carcan de l’analyste pur et dur… Comme disait Marx à peu près : on a expliqué le monde, il s’agit maintenant de le changer…
@ Alain Brachet
[2) A Descartes : exclure JLM de la panoplie des votes éventuellement utiles aux « classes populaires », reste pour moi toujours un mystère. Peut-on faire un parallèle sérieux entre les traditionnelles organisations gauchistes qui traversent les décennies sans signe concret d’évolution, et JLM, aujourd’hui ? Le Front de Gauche hier ?]
Je ne fais pas un « parallèle » entre JLM et les « traditionnelles organisations gauchistes ». Si j’avais un « parallèle » à faire, ce serait plutôt avec Mitterrand. Mitterrand est un homme de droite qui a fait une OPA sur la gauche non-communiste. Mélenchon est un socialiste qui a fait une OPA sur l’extrême-gauche. Comme Mitterrand – et ce n’est pas un hasard à mon avis si JLM le prend pour modèle – Mélenchon est un « condottière » plus intéressé par le pouvoir sur sa boutique que par un véritable projet politique. D’ailleurs, il suffit de regarder le processus programmatique de la « France Insoumise » pour voir qu’il s’agit d’une machine à se faire plaisir, et non d’un véritable processus de réflexion censé aboutir à un projet cohérent et crédible.
J’ai du mal à voir en quoi toute cette agitation pourrait apporter quoi que ce soit aux « classes populaires ». Où même leur parler. Est-ce que dans les logements sociaux d’Hénin-Beaumont la question « viande vs. quinoa » passionne les foules, à votre avis ? La sortie du nucléaire ? Les droits LGBTI ? La Constituante ? En quoi ces idées force du candidat JLM apportent quoi que ce soit à une prise de conscience dans les couches populaires, en quoi contribuent-elles à montrer qu’il existe une alternative crédible à ce que nous avons maintenant ?
[3) Comment expliquer que JLM soit le candidat honni, à droite, au centre, au PS, et j’en passe… s’il n’est en rien « dangereux » pour eux ? Et s’il l’est, ne faudrait-il pas comprendre pourquoi ?]
« Honni » ? N’exagérons rien. JLM, par la violence de son langage, est un épouvantail idéal, un croquemitaine pouvant remplacer avantageusement le PCF maintenant qu’il n’a plus le couteau entre les dents. C’est pourquoi on trouve de temps en temps chez les politiques de droite une référence à Mélenchon-la-menace comme on trouvait hier le « socialo-communisme » qui amènerait les chars soviétiques sur les Champs Elysées. Quant au PS, il voit en Mélenchon un concurrent qui pourrait lui piquer des voix sur sa gauche.
Quand un parti politique a été considéré « dangereux » par les classes dominantes, on a pris contre lui des mesures autrement plus radicales que celles qui affectent aujourd’hui Mélenchon et les siens. On l’oublie un peu vite, mais le PCF hier et le FN aujourd’hui sont barrés du crédit bancaire, au point qu’ils ont été obligés d’aller se financer à l’étranger. Le siège du PCF a été incendié à deux reprises. Les militants du PCF étaient exclus de certains emplois dans certains organismes (le CEA, l’ORTF…) et de la haute fonction publique (interdiction de présenter le concours de l’ENA, voir l’affaire Barel, jugée par le Conseil d’Etat en 1954). Avez-vous connaissance d’une seule affaire dans laquelle un militant de la « France Insoumise » ait été victime d’un tel interdit professionnel ? Allons…
[4) Pour qui voter sans lui ? Un quelconque PS issu de leur primaire ? FN ? Vous ne le dites pas…mais en faisant du FN le seul porteur d’une défense des classes populaires, on peut se poser la question…]
« Un être vous manque et tout est dépeuplé » ? Soyons sérieux : si je fais une froide analyse politique, je ne peux que constater que le seul candidat aujourd’hui dont le score pourrait faire peur à l’establishment politico-médiatique est le FN. C’est triste, mais c’est comme ça. A supposer même – je suis très généreux – que Mélenchon fasse, allez, 20% au premier tour, qu’est ce que cela changera ? Qui aura peur en apprenant que 20% de la population est contre le TAFTA, pour l’inscription de la « règle verte » dans la Constitution, pour la sortie du nucléaire et contre la « société productiviste » ? Personne, bien entendu. Par contre, apprendre que 25% des gens votent pour un candidat qui a inscrit la sortie de l’Euro dans son programme… ça, ça fait peur. Pensez au Brexit : qui a changé l’histoire dans cette affaire ? Pas la gauche ou l’extrême gauche, paralysée par le besoin de conjuguer l’intérêt des « classes moyennes » et la rhétorique prolétarienne. C’est la droite et l’extrême droite qui ont fait peur à Bruxelles.
Alors, faut-il voter pour le FN ? J’ai plusieurs fois expliqué mes hésitations sur cette question. Parce que nous ne choisissons pas notre vote seulement en fonction de considérations tactiques, mais aussi en fonction de notre culture politique. Voter publiquement pour le FN et appeler à voter pour lui, ce serait pour moi rompre avec beaucoup de principes qui me sont chers. D’un autre côté, je ne peux que constater que les autres votes conduisent à une impasse. Je finirai probablement par voter une candidature de témoignage, qui ne changera rien mais qui me permettra au moins d’être en accord avec ma conscience. Qui a dit que la politique c’était facile ?
[5) Quel « compromis » envisager et avec qui, pour soutenir un candidat un tant soit peu « utile » aux classes populaires, maintenant, mais surtout plus tard… après les élections présidentielles qui, dans le contexte actuel, ne verront probablement pas survivre un candidat « de gauche » ?]
Si on fait des plans sur la comète, je pense à un grand compromis de tous les souverainistes, pour soutenir un candidat sur la base d’un compromis qui porterait comme priorité la sortie de l’Euro, et la renationalisation des politiques publiques – avec une sortie de l’UE si nécessaire. Mais le poids du réflexe « gauche vs. droite » rend un tel compromis – du moins explicite – très difficile.
[Je sais, vous me l’avez déjà dit, que vous n’êtes pas un dirigeant politique, donc quelqu’un qui doit préparer l’avenir, mais un analyste du monde tel qu’il va (analyste fort bon, d’ailleurs !). Mais pour être bien compris, dans ce rôle, on peut souhaiter (c’est mon cas) que vous brisiez un peu le carcan de l’analyste pur et dur… Comme disait Marx à peu près : on a expliqué le monde, il s’agit maintenant de le changer…]
Oui, mais comme disait Marx, on ne peut pas le changer n’importe quand et n’importe comment. Le rapport de forces est aujourd’hui si défavorable aux couches populaires qu’il est utopique de croire qu’il pourrait sortir de ces élections autre chose qu’une majorité politique favorable aux « classes moyennes » et à la bourgeoisie. Je persiste à croire qu’aujourd’hui la priorité est moins au combat électoral qu’à la construction des instruments – et notamment d’un parti politique – capable de jouer son rôle de représentant et d’éducateur des couches populaires.
@Descartes[Alors, faut-il voter pour le FN ? J’ai plusieurs fois expliqué mes hésitations sur cette question. Parce que nous ne choisissons pas notre vote seulement en fonction de considérations tactiques, mais aussi en fonction de notre culture politique. Voter publiquement pour le FN et appeler à voter pour lui, ce serait ..]Ce serait,exercer votre droit de citoyen,dans le secret de l’isoloir.
J’ai bien compris que le problème de fond persiste pour vous car vous êtes un animateur public de blog qui plus est référencé dans des sites de la pcsphère.Or plusieurs pbs se posent sur des questions de fond.Marine a t elle rééellement des convictions Filippistes?
Il me semble que non.La connaissance que j’ai de la droite pétainiste,colonialiste,ou à la Buisson, me conforte dans l’idée que l’actuel dispositif Filipiste au FN est éphémère.Un placage qui volera en éclats à la première difficulté..
@ luc
[« Voter publiquement pour le FN et appeler à voter pour lui, ce serait .. » Ce serait, exercer votre droit de citoyen, dans le secret de l’isoloir.]
Non, justement. On parlait ici de prendre position « publiquement », ce qui implique une certaine responsabilité lorsqu’on est – même à mon modeste niveau – un prescripteur d’opinion. Ce que je ferai dans l’isoloir est entre moi et ma conscience. Ce que je conseille publiquement, je me dois tout de même de le justifier et de l’expliquer.
[J’ai bien compris que le problème de fond persiste pour vous car vous êtes un animateur public de blog qui plus est référencé dans des sites de la pcsphère.]
Ca n’a rien à voir. Je n’ai jamais eu peur de dire ce que je pensais, et si cela me vaut l’expulsion de la pcsphère, tant pis. J’ai une gêne réelle, personnelle, à l’idée de mettre dans l’urne un bulletin FN, même si je suis persuadé qu’un bon résultat du FN fera pression sur un futur gouvernement pour mieux tenir compte des revendications des « couches populaires ». J’ai mes propres contradictions, comme n’importe quel autre être humain.
[Or plusieurs pbs se posent sur des questions de fond.Marine a t elle rééellement des convictions Filippistes? Il me semble que non.]
La question des convictions profondes de Marine Le Pen est sans intérêt. Elle ne sera pas élue, et n’aura donc pas l’opportunité de les mettre en œuvre, quelque elles soient. La question est de savoir quels seront les effets politiques du vote FN. Si le FN fait 30% et arrive en tête au premier tour avec une forte proportion de vote « populaire », quel effet cela aura sur un futur gouvernement Fillon, par exemple ? Quel type de concessions un tel gouvernement fera à cet électorat pour chercher à l’éloigner du vote FN ?
[La connaissance que j’ai de la droite pétainiste, colonialiste, ou à la Buisson, me conforte dans l’idée que l’actuel dispositif Filipiste au FN est éphémère. Un placage qui volera en éclats à la première difficulté.]
On verra. Je pense que cela dépend beaucoup des régions. Mais seul l’avenir dira ce qu’il en est. En attendant, et dans la mesure où le FN n’a guère de chances d’arriver au pouvoir, je suis moins concerné par les opinions de ses dirigeants que par celles de son électorat. Si le FN emporte une part important du vote « populaire », gauche et droite vont être sous pression pour faire des concessions pour regagner cet électorat – ou du moins pour l’éloigner du FN. Et la nature de ces concessions dépend moins des opinions de MLP et les siens que des opinions de cet électorat.
@Alain Brachet.
Je n’exclus pas JLM. Comme Descartes j’hésite encore et surement encore longtemps pour choisir le “bon” bulletin de vote.
Le FN,JLM,ou blanc.Et ce pour des raisons très proches de celles de Descartes ,je m’en explique.
En 81 la classe ouvrière s’est fait “promener” par Mitterrand,nous étions devenu les Baufs.En 2012,au second tour,des deux mains j’ai voté Hollande et on nous à parlé de sans dents….de loi travail. Avec Mélenchon je crains que l’histoire se répéte ,que se soit le pharmacien ,l’ingénieur,le prof de fac qui me disent combien d’heures il faut que je fasse pour vivre, quand je peux partir à la retraite.
Avec le FN à 45%,j’espère que le coup de pompe au… fera réfléchir la droite immanquablement élu.Cela dit je ne me vois pas trop mettre un bulletin national socialiste……….
@ Obelix
Je n’exclus pas JLM. Comme Descartes j’hésite encore et surement encore longtemps pour choisir le “bon” bulletin de vote.]
Moi, je n’exclue personne. Je n’ai pas d’à priori : JLM pourrait demain avoir une révélation et changer son discours dans un sens qui me le rendrait admissible. Ou bien, quelqu’un pourrait me convaincre que même si ce discours était inacceptable, un bon résultat de JLM exercerait une pression dans le bons sens sur le président qui serait effectivement élu. Je veux bien prendre toutes les hypothèses, celles d’un vote de conviction ou d’un vote tactique. La seule chose que je dis est que pour le moment, avec le projet qu’il propose et la méthode qu’il a mis en place, JLM fait plus de mal que de bien au camp progressiste, et que dans ces conditions je ne peux lui accorder mon vote.
[En 81 la classe ouvrière s’est fait “promener” par Mitterrand, nous étions devenu les Beaufs. En 2012, au second tour, des deux mains j’ai voté Hollande et on nous à parlé de sans dents….de loi travail.]
Si l’erreur de 1981 – que je me félicite de ne pas avoir commise, même si j’avais à peine l’âge de raison – est excusable étant donné le climat d’excitation irrationnelle et l’envie de croire qui régnait à gauche, l’erreur de 2012 est, elle, incompréhensible. Franchement, quand vous avez voté « des deux mains » pour Hollande, vous vous attendiez à quoi ? A ce qu’il rompe avec une trajectoire de trente ans de « social libéralisme » deloriste ? A ce qu’il devienne tout à coup le fléau de la finance, lui qui a toujours été de son côté ? Que l’éternel « synthétiseur » donne une direction claire et rétablisse l’autorité de l’Etat sur les groupuscules et les lobbies ?
On peut reprocher beaucoup de choses à Hollande, mais pas de nous avoir trompé sur la marchandise. On savait qui il était : un politique de seconde zone, toujours dans l’ombre de plus brillant que lui, et qui en trente ans de carrière politique n’a jamais exprimé une idée, un projet, une pensée qui puisse être considérée comme originale. On savait en élisant Hollande qu’on élisait un apparatchik de troisième choix, qui n’avait traversé le processus de sélection de la « primaire » que parce qu’il ne faisait peur à personne. La marchandise était connue : caveat emptor.
C’est là aussi quelque chose que j’ai du mal à pardonner à Mélenchon : son appel à voter Hollande sans négociation et sans conditions.
Alors que sur le site regards,je présentais les arguments centrés sur les notions de laïcité,pour expliquer en quoi la diabolisation de l’islamophobie était un rejet de la liberté de pensée,j’ai été censuré, une fois de plus.
Pourtant je sais que la tendance de Martelli qui se réfère sans cesse à l’Utopie,a des visées ,vaines,sur les millions d’électeurs issus des cultures islamiques. Sans se rendre compte que leurs lecteurs réalisent alors qu’ils sont pris pour des ignares,leur projet est d’amalgamer les personnes issues des cultures islamiques par la séduction plate,lugubre.
Pour le FN,il m’est apparu que le projet est le même.
Le public visé est l’électorat communisto-gaullo-socialo-centriste attaché aux avancées de 1947.Le FN exprime le mieux qu’il peut,l’idée qu’il est attaché au modèle issu du CNR.
Tout le monde est prié d’oublier,Pétain,les collabos presque tous isssus de la matrice d’extrème droite à l’origine du FN.
Il me semble que la démarche chez regards et au FN,est la même:séduire un électorat,pour récolter les sufrages et les fonds qui vont avec.
Là se situe l’entourloupe ,qui est pressentie par des millions de gens,et peut être vous,Descartes.
En effet,entre florian philippot et marion maréchal-lepen,aucun compromis n’est possible.
Soit,on est pour le remboursement intégral soit non:pas de compromis!
Ce flou persistant sur de nombreuses questions,suggère qu’un problème HENAURME,est sous jacent.
C’est celui de l’ordre moral conservateur( marion maréchal-lepen) ,colonne vertébrale,fascizoïde du FN colonialo-raciste,,opposé à des avancées sociales(florian philippot).
En résumé au FN comme à regards,il s’agit d’attirer l’électeur en lui faisant prendre des vessies pour des lanternes,autrement dit en lui racontant des bobards,non?
@ Maurice
[Alors que sur le site regards, je présentais les arguments centrés sur les notions de laïcité, pour expliquer en quoi la diabolisation de l’islamophobie était un rejet de la liberté de pensée, j’ai été censuré, une fois de plus.]
Et ça vous surprend ? Bienvenu au monde réel…
[Pourtant je sais que la tendance de Martelli qui se réfère sans cesse à l’Utopie,a des visées vaines, sur les millions d’électeurs issus des cultures islamiques. Sans se rendre compte que leurs lecteurs réalisent alors qu’ils sont pris pour des ignares, leur projet est d’amalgamer les personnes issues des cultures islamiques par la séduction plate, lugubre.]
Martelli – comme beaucoup d’autres dans la « gauche radicale » – n’ont pas su saisir les changements de notre société, et en particulier le rapport à l’immigration. Ce n’est pas la même chose de défendre les droits culturels et cultuels des immigrés dans les années 1970, quand la société exerçait dans son entier une forte pression à l’assimilation, et le faire dans les années 2010, alors que la société a abandonné toute prétention idéologique à l’assimilation et se contente d’un « modus vivendi » où l’on laisse les gens vivre « comme au pays » et en marge des lois de la République en échange de ne pas brûler les voitures trop souvent.
Ce qui, il y a quarante ans, était la revendication d’une fenêtre de liberté dans un monde normatif devient vite une revendication « communautariste » et séparatiste dans une société anomique. Mais Martelli & Co. n’ont toujours pas réalisé cette transformation. L’immigré étant par définition « l’opprimé », ses revendications sont par avance sanctifiées et ce qui s’y opposent diabolisés…
[Pour le FN, il m’est apparu que le projet est le même. Le public visé est l’électorat communisto-gaullo-socialo-centriste attaché aux avancées de 1947. Le FN exprime le mieux qu’il peut,l’idée qu’il est attaché au modèle issu du CNR.]
Mais alors, « le projet n’est pas le même ». Parce que chez l’équipe de « regards », on fait une lecture très restrictive du « modèle issu du CNR », notamment en ce qui concerne les questions de souveraineté et d’Europe. Contrairement à ce que les gens croient, le programme du CNR ne se contente pas d’énoncer des mesures sociales ou la nationalisation des services publics…
[Tout le monde est prié d’oublier, Pétain, les collabos presque tous issus de la matrice d’extrême droite à l’origine du FN.]
Rendons à César ce qui lui appartient. Non, les collabos ne sont pas « presque tous » issus de la matrice de l’extrême droite. Beaucoup venaient au contraire de la gauche ou de l’extrême gauche : Jacques Doriot avait été communiste, Marcel Déat socialiste. Pierre Laval fut député socialiste puis du « cartel des gauches » avant de devenir radical et plutôt classé à gauche. Lorsqu’on regarde la composition des gouvernements du régime de Vichy, on trouve autant de gens venant de l’extrême droite catholique et fascisante (comme Raphaël Alibert, l’auteur du statut des juifs) que réactionnaires (comme Yves Bouthilier) , des syndicalistes ouvriers (comme René Belin), des libéraux de gauche (comme Jérôme Carcopino)…
[Il me semble que la démarche chez regards et au FN, est la même: séduire un électorat, pour récolter les suffrages et les fonds qui vont avec.]
Ne laissez pas la colère vous aveugler. « Regards » n’est pas un parti politique, il ne se présente pas aux élections et n’empoche pas de fonds publics. Le groupe qui tourne autour de « Regards » a une vieille histoire, qui commence avec « Refondations » dans les années 1980. Martelli a fait ses dents chez les « rénovateurs » de Guy Hermier. Tous ces gens-là se sont regroupés à partir de la contestation du PCF « marchaisien » a qui ils reprochaient son « ouvriérisme » et son manque de considération pour les « intellectuels » – c’est-à-dire eux-mêmes – et les classes moyennes. Ils ont préparé le chemin à la « mutation » impulsée par Robert Hue, puis refusé d’en assumer les résultats. Ils fonctionnent non pas comme un parti politique, mais comme un groupe de pression.
[En effet, entre florian philippot et marion maréchal-lepen, aucun compromis n’est possible.]
Les faits vous donnent tort : la meilleure preuve qu’un « compromis » est possible, c’est qu’ils sont dans le même parti, et qu’ils vont faire campagne pour le même candidat, avec le même programme. Un « compromis », encore une fois, ce n’est pas un accord sur tout, ni même un engagement de garder les désaccords cachés. Un « compromis », c’est dire : « sur tel et tel point précis, nous tirons dans la même direction, sur le reste, chacun défend ses idées ».
[Ce flou persistant sur de nombreuses questions, suggère qu’un problème HENAURME, est sous jacent.]
Encore une fois, vous vous placez dans une logique de tout ou rien : soit on est d’accord sur tout, et on peut travailler ensemble, soit on ne l’est pas, et alors on se sépare. Et dans cette logique vous finissez toujours seul, parce qu’il n’y a pas grand monde qui sera d’accord avec vous sur tout.
La position de « compromis » vous permet de sortir de ce dilemme. Vous pouvez travailler avec beaucoup de monde sur un nombre limité de priorités, avec un peu moins de monde sur un nombre plus large, et ainsi de suite. Et ce n’est pas un « henaurme » problème de fonctionner ainsi : si le PCF avait proposé en 1945 la révolution socialiste, il aurait été tout seul. En se contentant de la sécurité sociale, de la nationalisation des services publics et des banques, il a pu travailler avec d’autres et faire aboutir ces réformes. Est-ce qu’il y avait pour autant un « henaurme » problème ?
[C’est celui de l’ordre moral conservateur (marion maréchal-lepen), colonne vertébrale, fascizoïde du FN colonialo-raciste, opposé à des avancées sociales (florian philippot).]
Pas tout à fait. La question est plus une question de priorités que de désaccord sur le fond. MMLP pense que la priorité ce sont les questions sociétales, le retour à l’ordre moral. Pour FP, ce sont les questions sociales et économiques qui sont prioritaires. C’est d’ailleurs pourquoi le « compromis » est possible : chacun a des priorités différentes, et chacun peut donc céder sur les questions qu’il estime non prioritaires. C’est ce compromis qui donne au programme du FN une physionomie particulière, très « à gauche » sur certaines questions, très « à droite » sur d’autres.
@Descartes[C’est là aussi quelque chose que j’ai du mal à pardonner à Mélenchon : son appel à voter Hollande sans négociation et sans conditions.]Effectivement,moi aussi à la seconde même où,j’ai vu Mélenchon se précipiter devant les caméras,pour donner trés vite son ralliement inconditionnel,quasi à 20h01 quand son 11,1% a été annoncé,que j’ai compris que son positionnement anti-solférinien était factice.
Cela a été une sensation physique ,d’apitoiement, de constater que JLM,qui devait renverser les tables, ait appelé au vote Hollande,inconditionnellement,si vite.
Ce faisant,avec une soumission non feinte presque impatiente du fils prodige qui rentre vite,vite à la maison.
Depuis nous avons eu de même,sans vergogne,mais de façon plus discrète ,les candidats PG,Ensemble qui ont fusionné en 2015 avec les ministres hollandais solfériniens,aux régionales en IDF,RhoneAlpesAuvergne,Occitanie.
Beaucoup de bruits,pour rien..car la soupe est bonne pour ces élus PG(aprés avoir quitté la maison PS en 2010) et Ensemble,grâce aux ministres de la Hollandie solférinienne, Delga,Huchon etc..
En résumé si Initiative Communiste ne faisait pas partie de la coalition pro JLM,quels seraient les partisans de la sortie de l’euro dans cette coalition?
Quelques uns de mes amis ,pro J.Sapir ou pro Fakir,ont adhéré à France insoumise et en ont apprécié l’ouverture affichée pour l’instant,mais il est clair dans vos’reportages’ que France insoumise est sous l’unique direction de JLM.
Alors que diront les urnes?
Quels seront les candidats investis aux législatives et le nombre de doublons avec le pcf?
Quel sera la participation aux primaires du PS ?..où je n’irai pas me déplacer (alors que j’ai été voté Juppé pour faire barrage à Fillon,avec le succès que l’on sait)…
Pourquoi, je n’irai pas me déplacer aux primaires du PS?
Parceque mon candidat de coeur G.Filoche est,évincé!
Or si j’ai été membre du PS durant la période Huiste,c’était parceque Filoche y était,et que j’y bataillais contre les trés nombreux anti-communistes,du PS.
J’y défendais PRS et le ‘non au TCE’.
Question subsidiaire :pourquoi ai je été membre du ps?
Parceque dans l’anomie du pcf suite entre autre,à Hue,au congrès de Martigues,etc…j’ai rejoint G.Filoche.
Il était le mieux placé face aux déferlantes libéro-libertaires de 2000 à 2007.
G.Filoche défend le socialo-communisme si présent dans la vie politique de ma famille depuis 1945.
Or,aujourd’hui,il est exclu de la primaire!
La démocratie,n’est plus le fer de lance du PS,parceque le PCF n’existe presque plus?
Donc,G.Filoche,est en procès contre ‘l’anti-stal’Cambadélis,qui a tout fait pour que G.Filoche ne se présente pas.
Comme j’ai aussi compris que ni Hamon,ni Montebourg,ne veulent de G.Filoche car il leur ferait de l’ombre,
Alors,je n’irai pas aux primaires du PS…
Au fait…sans indiscrétion ,entre nous,confidentiellement..et vous cher Descartes?
J’imagine que NON mais un vote Hamon ou Montebourg ne vous tente pas?
@ luc
[Effectivement,moi aussi à la seconde même où,j’ai vu Mélenchon se précipiter devant les caméras,pour donner trés vite son ralliement inconditionnel,quasi à 20h01 quand son 11,1% a été annoncé,que j’ai compris que son positionnement anti-solférinien était factice.]
Je ne comprends pas que vous ayez attendu autant pour vous rendre compte. JLM avait annoncé son désistement « pour le candidat de la gauche le mieux placé » plusieurs mois auparavant, lors de l’émission « des paroles et des actes ». Il avait même précisé qu’il el ferait « sans négociations, sans conditions ». Sur ce point au moins, on ne peut reprocher à Mélenchon d’avoir trompé ses électeurs.
La question intéressante est bien entendu de savoir pourquoi il l’a fait. Malheureusement, JLM n’a jamais fourni des explications claires à ce sujet. Etais-ce un pur réflexe du temps de l’Union de la Gauche ? Espérait-il que ce geste lui vaudrait un soutien du PS pour faire élire – ou se faire élire – député ?
[Beaucoup de bruits,pour rien… car la soupe est bonne pour ces élus PG (après avoir quitté la maison PS en 2010) et Ensemble, grâce aux ministres de la Hollandie solférinienne, Delga, Huchon etc…]
Faut bien vivre…
[En résumé si Initiative Communiste ne faisait pas partie de la coalition pro JLM,quels seraient les partisans de la sortie de l’euro dans cette coalition? Quelques uns de mes amis ,pro J.Sapir ou pro Fakir,ont adhéré à France insoumise et en ont apprécié l’ouverture affichée pour l’instant,mais il est clair dans vos ‘reportages’ que France insoumise est sous l’unique direction de JLM.]
Cela ne me surprend pas. Comme le nageur qui coule, les gens dans le climat de désarroi idéologique actuel ont tendance à se saisir de n’importe quelle planche pourrie. Les gens ont envie de croire « qu’un autre monde est possible », et FI leur dit ce qu’ils veulent entendre. Dans ces conditions, le passé a abondamment montré que les gens sont prêts à croire n’importe quoi, à abdiquer leur pouvoir et leur sens critique dans le gourou qui leur promet le paradis. Et en plus, ils sont convaincus de faire preuve « d’ouverture »…
Macron et Mélenchon sont en fait les deux faces du même phénomène : celui d’une « classe moyenne » qui ne sait plus vraiment à quel saint se vouer. Ces « classes moyennes » veulent des politiques néo-libérales (pour faire court) mais ne veulent pas en assumer moralement et philosophiquement les conséquences. Macron et Mélenchon, chacun à leur manière, offrent un exutoire à ce sentiment de culpabilité.
[Alors que diront les urnes?]
Ca…bien malin qui saura le deviner. Le jeu est extrêmement ouvert.
[Quels seront les candidats investis aux législatives et le nombre de doublons avec le pcf ?]
Pour ça, il faudra voir. Si je crois les mauvaises langues, le processus législatif de la FI a beaucoup de difficultés à se mettre en route. Après avoir organisé des « réunions de circonscription » qui ont proposé gentiment des milliers de noms avec des descriptions sommaires, la FI a mis en place une « commission électorale » composée aux trois quarts de membres du PG censée dépatouiller tout ça. On voit très mal comment tout ça pourrait aboutir dans les 577 circonscriptions. Je pense que finalement cela va aboutir à investir des « pontes » de la FI dans les circonscriptions « gagnables », et laisser les autres se débrouiller comme elles le peuvent. Du côté du PCF, les « notables » locaux ont une pratique et une connaissance de leur circonscription qui leur permet de se défendre assez efficacement contre les intrus…
[Quel sera la participation aux primaires du PS ?…]
Très faible, je pense. Entre le fait qu’aucun candidat ne passionne les foules, et le fait que tout le monde a intégré la défaite probable…
[Pourquoi, je n’irai pas me déplacer aux primaires du PS? Parce que mon candidat de coeur G.Filoche est évincé!]
Pour une fois que le PS fait quelque chose de bien…
[Or si j’ai été membre du PS durant la période Huiste, c’était parce que Filoche y était, et que j’y bataillais contre les très nombreux anti-communistes, du PS.]
Je n’ai guère de respect pour l’entrisme.
[Question subsidiaire : pourquoi ai je été membre du ps? Parce que dans l’anomie du pcf suite entre autre,à Hue,au congrès de Martigues, etc…j’ai rejoint G.Filoche. Il était le mieux placé face aux déferlantes libéro-libertaires de 2000 à 2007.]
Loin de moi l’idée de vous donner des leçons. Chacun est maître de ses engagements. Mais franchement, il faut beaucoup d’imagination pour voir en Filoche autre chose qu’un alibi pour les politiques social-libérales du PS. Filoche, c’est une sorte de Mélenchon qui n’a même pas réussi à se magouiller un siège de député ou de sénateur.
[Au fait… sans indiscrétion, entre nous, confidentiellement… et vous cher Descartes?]
Je ne sais pas. Du point de vue des principes, je suis contre l’idée même de primaires. Et du point de vue pratique, je n’ai aucune envie de participer à cette mascarade. Mais il faut aussi penser à l’après-mai. Celui qui sortira de la primaire aura un ticket pour prendre le contrôle du PS et devenir leader de l’opposition. Si cela se joue à quelques voix, la tentation de barrer la route à Valls pourraît être irrésistible…
Bonjour Descartes,
> Si cela se joue à quelques voix, la tentation de barrer la route à Valls pourraît être irrésistible…
Ne vaut-il mieux pas un Valls, qui n’a jamais fait mystère de ses préférences politiques, qu’un énième avatar du PS visqueux, type Hamon, Peillon, Aubry et compagnie, qui sortira à l’occasion le discours estampillé « de gauche » qui va bien sans qu’il y ait jamais le moindre programme sérieux derrière ?
Au moins, si les hommes politiques étaient sincères comme Valls, le débat politique serait possible. Comment débattre avec Hamon et ses « idées » ?
@ Antoine
[Ne vaut-il mieux pas un Valls, qui n’a jamais fait mystère de ses préférences politiques, qu’un énième avatar du PS visqueux, type Hamon, Peillon, Aubry]
Entre Valls et Hamon, Peillon ou Aubry, le choix est en effet inutile. Mais je mettrais Montebourg à part. Je l’ai vu agir à la tête du ministère du redressement productif, et je pense qu’il va un peu plus loin que le discours du « PS visqueux », notamment dans sa vision des rapports avec l’UE.
[Au moins, si les hommes politiques étaient sincères comme Valls,]
Je ne suis pas aussi persuadé que vous de la « sincérité » de Valls, et les palinodies sur le 49.3 me confirment dans cette méfiance…
Bonjour Descartes,
> Mais je mettrais Montebourg à part. Je l’ai vu agir à la tête du ministère du redressement productif, et je pense qu’il va un peu plus loin que le discours du « PS visqueux », notamment dans sa vision des rapports avec l’UE.
Vu de plus loin que vous, Montebourg m’apparaît comme un brave homme, plein de bonne volonté, mais qui n’a pas de pensée politique structurée. Je serais curieux de savoir ce qu’il a fait de si remarquable au ministère du redressement productif. Par ailleurs, pour prendre la tête de l’opposition, il faudrait que Montebourg accepte de devenir premier secrétaire du PS…
J’ai donc peur que voter Montebourg soit se faire plaisir sans lendemain. Un peu comme Mélenchon, dans un autre style et pour d’autres personnes.
> Je ne suis pas aussi persuadé que vous de la « sincérité » de Valls, et les palinodies sur le 49.3 me confirment dans cette méfiance…
Bien sûr c’est un homme politique et il n’est pas dénué d’ambition. Mais, contrairement à Hollande ou d’autres, il n’a pas cherché à maquiller, je crois, son positionnement peu consensuel au sein du PS et son ambition de liquider ce qui reste de doctrine « socialiste » dans ce parti. C’est bien ce qui emmerde les « frondeurs », qui ne bronchaient guère sous Ayrault malgré une politique très similaire.
@ Antoine
[Vu de plus loin que vous, Montebourg m’apparaît comme un brave homme, plein de bonne volonté, mais qui n’a pas de pensée politique structurée.]
De près aussi. C’est quelqu’un qui suit beaucoup plus son intuition qu’une réflexion construite, appuyée sur un véritable appareil théorique.
[Je serais curieux de savoir ce qu’il a fait de si remarquable au ministère du redressement productif.]
Un ami à moi a participé à plusieurs réunions avec lui. A un fonctionnaire qui lui disait très respectueusement « monsieur le ministre, ce que vous proposez n’est pas conforme au droit européen » il avait répondu : « vous savez, le droit européen, c’est un rapport de forces ». A Bercy, il y en a encore qui ne s’en sont pas remis…
Je pense que Montebourg a été un bon vulgarisateur de l’idée de « produire français », tant dans le public qu’à l’intérieur de son administration. Ce n’est pas beaucoup, je vous l’accorde, mais comme disait Malraux, « dans ce champ de ruines chaque étincelle est un miracle »…
[J’ai donc peur que voter Montebourg soit se faire plaisir sans lendemain. Un peu comme Mélenchon, dans un autre style et pour d’autres personnes.]
Oui, mais pour plein de raisons, je suis aujourd’hui beaucoup plus près de Montebourg que de Mélenchon… même si je suis assez éloigné des deux.
[Bien sûr c’est un homme politique et il n’est pas dénué d’ambition. Mais, contrairement à Hollande ou d’autres, il n’a pas cherché à maquiller, je crois, son positionnement peu consensuel au sein du PS et son ambition de liquider ce qui reste de doctrine « socialiste » dans ce parti.]
Il est vrai que sur certains sujets on sent que son discours reflète une véritable conviction personnelle. On l’imagine mal tenir un langage écologiste ou « libéral-libertaire » même pour gagner des voix. Mais sur d’autres sujets – et notamment l’Europe – il est prêt à dire un jour blanc et le jour suivant noir en fonction des contraintes électorales.
Au-delà de ses idées, qu’on peut ou non partager, je dois avouer que j’ai un certains respect pour Valls. C’est un type bosseur, rigoureux, qui a fait son boulot. On ne peut pas dire la même chose des autres ministres hollandiens… et encore moins du président lui-même !
Je me pose une question: tout en étant d’accord avec votre article sur le compromis, comment espérer un compromis avec des forces se soumettant aux traités européens? Le programme de Fillon est euro compatible. Comment un compromis serait-il possible avec une opposition souverainiste… pour autant qu’elle puisse se construire?
@ Paul
[comment espérer un compromis avec des forces se soumettant aux traités européens?]
L’idée même de compromis implique pouvoir se mettre d’accord sur quelques priorités tout en conservant des désaccords sur des sujets qu’on estime secondaires. Si on estime qu’aujourd’hui la priorité est de sortir des traités européens, alors de toute évidence on ne peut faire des compromis qu’avec ceux qui partagent cette priorité. Ou alors on décide que cette priorité est inatteignable aujourd’hui, et on se rabat sur d’autres priorités et on cherche de faire des compromis sur celles-ci.
[Le programme de Fillon est euro compatible.]
Qu’est ce qui vous fait dire ça ? Je pense au contraire qu’on trouve chez Fillon une position bien plus eurosceptique que chez beaucoup d’autres candidats. Notamment avec la réaffirmation de la supériorité du droit français sur le droit européen (avec une éventuelle sortie de la CEDH, par exemple).
Mais si les souverainistes arrivaient à un “compromis” entre eux, ce serait déjà pas mal!
@Descartes
>Mais si les souverainistes arrivaient à un “compromis” entre eux, ce serait déjà pas mal!< Pour ce qui est des souverainistes, c’est plus un compromis entre les hommes qu’un vrai compromis politique qui est à chercher. Pour Asselineau, la “priorité” comme tu dis est justement sa personne…
@ BolchoKek
[Pour ce qui est des souverainistes, c’est plus un compromis entre les hommes qu’un vrai compromis politique qui est à chercher.]
Oui et non. Pour les souverainistes qui ont fait leur “outing”, c’est en partie vrai, même s’il reste la problématique non résolue du fossé droite/gauche et celui des rapports avec l’extrême droite. Mais il reste beaucoup de gens qui sont souverainistes en pensée tout en militant dans des partis politiques qui ne font pas du souverainisme leur marque de fabrique. Et il y a là d’autres possibilités de compromis qu’il ne faut pas négliger.
Merci pour votre blog, j’apprends beaucoup en le lisant. Je me permets une intervention car dans un de vos commentaires vous indiquez vouloir faire “un vote de témoignage”. Qu’entendez vous par là ?
fraternelles salutations
@ martine
Un “vote de témoignage” c’est un vote pour un candidat dont on sait qu’il n’a aucune chance d’être élu. Ce genre de vote a pour objet de “témoigner” d’une prise de position particulière, d’où le mot “témoignage”.
Initiative qui sera peut-être intéressante :
Le site “La Sociale” organise une “Libre discussion pour l’élection présidentielle de 2017”
http://la-sociale.viabloga.com/news/libre-discussion-pour-l-election-presidentielle-de-2017-2
Il s’agit de demander à des personnalités leur avis sur différents sujets : l’Europe et l’union européenne, l’enseignement, la protection sociale, le travail et le salaire, les services publics, l’écologie, l’agriculture.
Première intervention : L’Europe.
http://la-sociale.viabloga.com/news/qu-est-ce-que-l-europe-qu-est-ce-que-l-ue-quelle-union-des-peuples-d-europe
@ BJ
[Le site “La Sociale” organise une “Libre discussion pour l’élection présidentielle de 2017”. Il s’agit de demander à des personnalités leur avis sur différents sujets : l’Europe et l’union européenne, l’enseignement, la protection sociale, le travail et le salaire, les services publics, l’écologie, l’agriculture.]
J’y ai laissé un commentaire. Je crains malheureusement que le choix des “personnalités” ne soit pas très pertinent. Franchement, les discours de Jennar sur l’Europe…
Mon commentaire n’est relatif, pour l’instant, qu’à votre nota 1, que je partage, et même pousse plus loin: je suis frappé par l’absence de discussions sur ces réseaux qui viserait à élaborer par l’échange et en commun une solution, un “compromis” en somme, ou mieux, une “synthèse”. Les médias, la politique spectacle du genre “primaires” à droite ou à gauche, et bien d’autres choses y jouent leur rôle. Et ce n’est pas les seuls endroits ou l’on peut faire ce constat… malheureusement! Au Pc, autrefois, on essayait de bâtir des synthèses (thèse, antithèse, synthèse…et même “centralisme démocratique”…tout au moins dans son principe!) L’école en général, les “écoles du parti”, contribuaient à mettre en place ce type de réflexion à plusieurs. On n’en est plus là, et même au sein de réunions du PC (publiques, auxquelles il m’arrive d’assister, car je ne suis plus dedans pour étayer mon jugement) il est difficile de jouer ce jeu: on ne sait plus faire! Comme quoi l’éducation (politique notamment) aurait besoin de retrouver sa place…
@ Alain Brachet
[Mon commentaire n’est relatif, pour l’instant, qu’à votre nota 1, que je partage, et même pousse plus loin: je suis frappé par l’absence de discussions sur ces réseaux qui viserait à élaborer par l’échange et en commun une solution, un “compromis” en somme, ou mieux, une “synthèse”.]
Je me permets d’intervenir pour préciser ce point : si je fais l’éloge du « compromis », j’exècre par contre la « synthèse ». Le « compromis » consiste à vivre avec ses différences, la « synthèse » à les effacer. Or, dans une société complexe les différences existent et sont irréconciliables. Toute « synthèse » est donc un mensonge, une couverture. Mon idéal, c’est que les organisations politiques disent au peuple : voilà ce en quoi nous pouvons travailler ensemble et qu’on vous propose de mettre en œuvre, mais sur le reste nous gardons chacun nos idées et nous continuerons, chacun de son côté, à combattre pour les faire aboutir.
[Au Pc, autrefois, on essayait de bâtir des synthèses (thèse, antithèse, synthèse…et même “centralisme démocratique”…tout au moins dans son principe!)]
Un parti politique n’est pas un pays. Les militants d’un parti y adhérent volontairement, et sont donc présumés être d’accord par avance sur un certain nombre de choses – sans quoi ils n’y adhéreraient pas. La qualité de citoyen, elle, implique qu’on obéisse à un certain nombre de règles, mais ne permet de présumer aucun accord idéologique avec elles. C’est pourquoi l’idée de « synthèse » peut avoir un certain sens dans un parti, pas au niveau de la nation. J’ajoute qu’au PC il y avait fort peu de logique de « synthèse », au contraire : l’idée était qu’on discutait librement, puis on votait, et que le résultat du vote s’imposait à tous. Cette logique est plutôt celle du compromis que de la synthèse.
Mais je me demande si votre remarque ne concerne plus les questions philosophiques que les décisions à proprement parler politiques. Il est vrai que la méthode dialectique pousse à une logique non pas de synthèse (au sens politique du terme) mais de dépassement des contradictions.
[L’école en général, les “écoles du parti”, contribuaient à mettre en place ce type de réflexion à plusieurs. On n’en est plus là, et même au sein de réunions du PC (publiques, auxquelles il m’arrive d’assister, car je ne suis plus dedans pour étayer mon jugement) il est difficile de jouer ce jeu: on ne sait plus faire!]
Vous rejoignez là une de mes marottes. Contrairement à beaucoup de gens aujourd’hui, je pense que le débat et la discussion ne sont pas des processus naturels, qu’on apprend comme on apprend à marcher. Tout au contraire : notre côté « naturel » nous pousse au contraire à dominer, à jouer le rapport de forces, à intimider celui qui n’est pas d’accord avec nous et à faire « meute » avec ceux qui le sont. Pour qu’il y ait écoute, échange, pour que les gens puissent changer d’avis il faut au contraire violer notre nature. Le débat est un combat, c’est entendu. Mais pour éviter l’effusion de sang, ce combat doit être réglé, ritualisé, de manière que le gagnant puisse être magnanime et le perdant conserve entière sa dignité. Et pour régler, pour ritualiser, il faut une institution dont le prestige et l’autorité soient suffisants. Le PCF de la grande époque, avec son système d’écoles mais aussi avec ses institutions de base, avait cette qualité. On pouvait avoir des débats très chauds en cellule mais on restait des « camarades », parce que ce débat se déroulait dans les règles.
Le problème des réseaux sociaux, c’est qu’ils fournissent l’infrastructure qui permet l’échange, mais pas l’éducation qui va avec. Il n’y a pas sur le net d’institution qui joue le rôle d’éducateur et d’arbitre. J’essaye – a mon très humble niveau – de faire cela sur mon blog, en établissant des règles aux échanges (respect d’une certaine politesse, d’un certain esprit du débat) tout en laissant une liberté quasi-totale quant aux sujets et aux opinions. Et à cette échelle minime, ça marche. Mais je ne vois pas qui pourrait faire ça aujourd’hui à grande échelle. Et je ne suis même pas persuadé que beaucoup d’internautes soient prêts à jouer le jeu.
[Comme quoi l’éducation (politique notamment) aurait besoin de retrouver sa place…]
Oui. Mais pour qu’il y ait éducation, il faut qu’il y ait une institution qui la légitime…
Pour faire suite à votre commentaire sur le mien: je suis tout à fait d’accord avec vous. Le mot “synthèse” que j’ai utilisé fait référence effectivement à une démarche philosophique, il ne s’applique pas dans l’espace public, où le mot “compromis” convient. On voulait mettre en oeuvre au sein du PC, je pense, cette démarche théorique, comme celle, analogue, de “centralisme démocratique”,que pour une entité comme le PC, je crois toujours pertinente… mais qui s’est avérée, comme le processus de synthèse de son côté, déformée dans son application (et même caricaturée, puis rejetée in fine). Les défauts constatés de ces démarches n’auraient pas dû aboutir à ce rejet…mais cette solution de suppression d’une difficulté rencontrée, était plus facile à appliquer! Toutefois et tout compte fait,c’est un échec, car on n’a pas réussi à mettre, tous ensemble, en action, un processus de réflexion collective performant dans son principe. Le principe donc pour moi demeure valable et à maintes reprises aurait pu servir à un meilleur résultat. Par exemple, pour le centralisme démocratique, éventuellement “édulcoré”, à ne pas arriver à cette dispersion désastreuse de candidatures dans les élections qui suivirent les présidentielles de 2012: où est la “politique d’un parti” (considéré comme un “intellectuel collectif”) lorsqu’il n’y a plus de position “officielle” ou unique dans son expression, en tant que parti?
@ Alain Brachet
[On voulait mettre en oeuvre au sein du PC, je pense, cette démarche théorique, comme celle, analogue, de “centralisme démocratique”,que pour une entité comme le PC, je crois toujours pertinente… mais qui s’est avérée, comme le processus de synthèse de son côté, déformée dans son application (et même caricaturée, puis rejetée in fine).]
Je ne le crois pas. Je pense d’ailleurs que vous faites preuve d’une grande ingénuité en supposant que le « centralisme démocratique » a été « rejeté in fine » par les militants. Je vous rappelle que le « centralisme démocratique » a été aboli au 28ème Congrès du PCF, alors que Robert Hue consacrait la prise de pouvoir des « notables » et des élus sur le Parti. Ce ne sont pas les militants qui ont demandé la fin du « cen-dem », ce sont les cadres. Et pour une raison simple : le « centralisme démocratique » était d’abord un outil pour discipliner les permanents, les élus, les cadres. En effet, les instruments disciplinaires ont peu de poids sur le militant de base, qui n’a pas grande chose à perdre. Qu’est ce qui peut lui arriver de pire ? D’être exclu, donc dispensé des collages d’affiches, des ventes du muguet, de la participation aux campagnes… en l’excluant, c’est le Parti qui y perd. Par contre, le cadre, l’élu, le permanent, eux, ont beaucoup à perdre personnellement : leur siège, leur pouvoir, leur gagne-pain. Ce sont eux qui ont tout à craindre d’un instrument disciplinaire qui permet de les sanctionner s’ils s’écartent de la « ligne » commune. En abolissant le « centralisme démocratique », Robert Hue a rendu élus et « notables » libres de faire ce qu’ils voulaient.
[Toutefois et tout compte fait,c’est un échec, car on n’a pas réussi à mettre, tous ensemble, en action, un processus de réflexion collective performant dans son principe.]
Tout de même, ça a duré 70 ans. Ce n’est pas mal pour un premier essai…
[Par exemple, pour le centralisme démocratique, éventuellement “édulcoré”, à ne pas arriver à cette dispersion désastreuse de candidatures dans les élections qui suivirent les présidentielles de 2012: où est la “politique d’un parti” (considéré comme un “intellectuel collectif”) lorsqu’il n’y a plus de position “officielle” ou unique dans son expression, en tant que parti?]
Oui, mais pour cela il faudrait donner au « centre » des outils disciplinaires. A quoi bon avoir une « position officielle et unique » si on n’a pas les instruments pour la faire appliquer ? Comment négocier avec les autres organisations de puissance à puissance si on n’a pas les moyens d’assurer que les accords conclus seront appliqués sur le terrain ? Or, ce sont précisément ces outils que la « mutation » huesque a détruits. Le PCF est aujourd’hui un parti féodalisé, comme l’était le Parti radical après la guerre.
Une toute petite remarque suite à votre dernière réponse me concernant (et après cela suffit: je passe à autre chose!): je trouve votre appréciation du centralisme démocratique trop “utilitaire”. C’est d’ailleurs ce que je reproche au PC, d’en avoir fait, dans le passé, uniquement un moyen de discipliner les communistes et au premier chef, les cadres. Je persiste à penser que c’est un outil d’organisation de la pensée d’un “intellectuel collectif”, tel que pour moi doit l’être un parti politique en général et spécialement un PC… mais c’est difficile, et l’on a reculé, comme dans d’autres domaines, à faire les efforts nécessaires…et on “bricole”…
@ Alain Brachet
[je trouve votre appréciation du centralisme démocratique trop “utilitaire”. C’est d’ailleurs ce que je reproche au PC, d’en avoir fait, dans le passé, uniquement un moyen de discipliner les communistes et au premier chef, les cadres. Je persiste à penser que c’est un outil d’organisation de la pensée d’un “intellectuel collectif”,]
Je ne suis pas d’accord. Le « centralisme démocratique » est un principe d’organisation, un principe qui permet dans une organisation diverse de dégager une ligne politique unique et de la faire appliquer par tous. Mais je récuse l’idée qu’un tel principe puisse être transféré dans la sphère intellectuelle : si on peut accepter une « vérité officielle » quand il s’agit d’action politique, on ne devrait pas l’accepter quand il s’agit de réflexion. La politique décidée démocratiquement doit être mise en œuvre par tous, mais personne n’est tenu d’être d’accord avec elle.
“Parce que le jeune Descartes avait un grand père cynique, une mère qui a fait une thèse sur Descartes – qu’elle n’a pas pu soutenir pour des raisons extérieures à sa volonté – et un père qui avait été un stalinien orthodoxe dans sa jeunesse et qui se sentait trahi. Un cocktail détonnant qui vous rend sceptique quand aux emportements de la passion…”
Quel homme chanceux que voilà ! J’imagine alors que vous êtes enclin à faire preuve d’indulgence envers ceux qui n’ont pu être préparés dès leur plus jeune âge, comme vous, à développer leur esprit critique et qui ont dû perdre un temps précieux dans leur vie d’adulte, à se débarrasser des travers d’une éducation, un peu trop protectrice, qui les a incités plus que de raison, à entretenir leurs impossibles rêves !
Sinon, le Descartes vieillissant, il le voit comment l’avenir ?
Etant donné que le capitalisme n’est pas prêt de mourir, que les hommes politiques de la trempe d’un De Gaulle ne risquent pas de se pointer à l’horizon ?
Comment s’étonner dans ce contexte, que plus nombreux encore seront ceux qui préféreront se réfugier dans leurs rêves ?
@ Souvarine
[Quel homme chanceux que voilà !]
Je trouve votre ironie déplacée. Si j’avais dit que le mérite m’en revenait, vous m’auriez considéré immodeste. Je dis que j’ai eu de la chance, et cela ne vous plait pas non plus…
[J’imagine alors que vous êtes enclin à faire preuve d’indulgence envers ceux qui n’ont pu être préparés dès leur plus jeune âge, comme vous, à développer leur esprit critique et qui ont dû perdre un temps précieux dans leur vie d’adulte, à se débarrasser des travers d’une éducation, un peu trop protectrice, qui les a incités plus que de raison, à entretenir leurs impossibles rêves !]
Contrairement à vous, j’ai de la sympathie – c’est bien plus que de l’indulgence – pour un grand nombre de gens très différents de moi, qui ont peut-être eu moins de chance sur certains points et plus de chance sur d’autres. On m’a posé une question, j’ai répondu.
[Sinon, le Descartes vieillissant, il le voit comment l’avenir ?]
A long terme, nous serons tous morts. A part ça, je n’ai pas vocation à jouer les Madame Soleil.
@ Descartes
bonjour et Joyeuses Fêtes,
j’ai reçu ce livre en cadeau pour Noël. L’avez-vous lu et, au-delà des é.e.s, avez-vous un avis ?
Merci
http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-Petit_manuel_pour_une_la__cit___apais__e-9782707190956.html
“Petit manuel pour une laïcité apaisée
À l’usage des enseignants, des élèves et de leurs parents
Jean BAUBÉROT et al.”
@ Anne Iversaire
[bonjour et Joyeuses Fêtes,]
Egalement pour vous et les vôtres…
[j’ai reçu ce livre en cadeau pour Noël. L’avez-vous lu et, au-delà des é.e.s, avez-vous un avis ? « Petit manuel pour une laïcité apaisée à l’usage des enseignants, des élèves et de leurs parents » Jean BAUBÉROT et al.]
Je ne connais pas ce livre. Baubérot est un sociologue qui s’est spécialisé sur les questions qui touchent au fait religieux. On le classe en général – comme beaucoup de sociologues, d’ailleurs – dans le camp de la « laïcité ouverte » (c’est-à-dire ceux qui contestent l’idée de séparation stricte des églises et de l’Etat) mais je pense que ce genre de classements journalistiques tend à schématiser les débats. Je ne partage pas toutes ses positions – il ne faut pas oublier qu’il fut en sont temps l’une des « plumes » de Mitterrand – mais c’est une personnalité intéressante, et il faut de temps en temps lire les gens avec qui on n’est pas d’accord…
@ Descartes,
“et cela ne vous plait pas non plus…”
Cela n’a ni à me plaire ni à me déplaire en ce cas présent.
Et puis quant à l’ironie dont j’aurais fait usage, selon vous, rien n’est moins sûr…
Il me semble que Marine Lepen a tout intérêt à continuer à tenir un langage de progrès et de justice sociale,éloigné du coeur de son parti,les réacs-pétaino-colonialistes dont Marion semble la porte parole(à son corps défendant?),alors que c’est Jean Marie le porte parole véritable de ces ‘réacs’.
En effet les français ont l’atavisme de suivre les dirigeants qui venant de la droite,gauchise leurs discours comme De Gaule ou Mitterand,n’est ce pas envisageable?
Par ailleurs la candidature Macron,ne va t elle pas ringardiser une éventuelle candidature Valls,comme la candidature Mélenchon risque de ringardiser une candiature Montebourg ou Hamon,au total tout ceci aboutira t il à une recomposition au PS malgré l’intérêt évident qu’il y a à maintenir le PS pour les futurs ambitieux?
@ luc
[Il me semble que Marine Lepen a tout intérêt à continuer à tenir un langage de progrès et de justice sociale, éloigné du coeur de son parti, les réacs-pétaino-colonialistes dont Marion semble la porte parole (à son corps défendant?), alors que c’est Jean Marie le porte parole véritable de ces ‘réacs’.]
C’est un calcul compliqué : en dehors de toute considération idéologique, on peut se demander si les voix que le FN perd sur sa droite avec son « tournant social » est compensé par les voix nouvelles gagnées sur les couches populaires. Pour le moment, les chiffres semblent montrer que oui : non seulement le FN gagne des voix, mais il les gagne dans des régions où il était traditionnellement faible ou marginal.
[En effet les français ont l’atavisme de suivre les dirigeants qui venant de la droite, gauchise leurs discours comme De Gaule ou Mitterand, n’est ce pas envisageable ?]
Je ne crois pas qu’il y ait un tel « atavisme ». La logique électorale du scrutin à deux tours oblige chaque candidat à rechercher les voix dans les deux camps. Au premier tour, les hommes de droite parlent à droite, les hommes de gauche à la gauche. Au deuxième tour, les hommes de droite sont obligés de « gauchir » leurs discours, les hommes de gauche à le droitiser.
[Par ailleurs la candidature Macron, ne va-t-elle pas ringardiser une éventuelle candidature Valls, comme la candidature Mélenchon risque de ringardiser une candidature Montebourg ou Hamon,]
Je ne crois pas. Les effets de mode passés, la logique des rapports de force reprendra ses droits. Valls ou Montebourg auront derrière eux l’appareil du PS, dont il ne faut pas sous-estimer le poids local. Macron n’a pas d’appareil, et Mélenchon ne peut compter que sur celui du PG.
[au total tout ceci aboutira-t-il à une recomposition au PS malgré l’intérêt évident qu’il y a à maintenir le PS pour les futurs ambitieux?]
Le PS survivra, merci pour lui, parce que ce qui réunit les cadres socialistes – l’ambition du pouvoir – est bien plus puissant que ce qui les oppose. Et vous verrez que dans cinq ans ils reviendront tout fringants, profitant de l’incapacité de la « gauche radicale » à proposer une alternative…
“Mélenchon ne peut compter que sur celui du PG”.
Après la décision du PCF de soutenir la candidature Mélanchon, il a désormais une véritable puissance militante de terrain à son service au moins pour la présidentielle après c’est vrai que pour les législatives je ne sais pas comment ça va sédérouler avec les militants PCF.
@ jo
[Après la décision du PCF de soutenir la candidature Mélanchon, il a désormais une véritable puissance militante de terrain à son service au moins pour la présidentielle]
Pas si vite… les communistes ont certes voté pour soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon, mais dans le cadre d’une “campagne autonome”. Il était clairement spécifié qu’il était hors de question de réjoindre la “France insoumise”. Il n’est donc pas du tout évident que pour les militants communistes cela implique se mettre “au service” de Mélenchon, de coller ses affiches, de préparer ses meetings et de financer sa campagne. Les militants communistes colleront les affiches du PCF, pas ceux de la “France insoumise”.
Pour les législatives, ce sera encore plus compliqué, puisque le PCF a l’intention d’investir des candidats dans le cadre de rassemblements le plus larges possibles selon la situation locale, sans tenir compte des jérémiades de Mélenchon. La plupart des communistes que je connais sont partis déjà en campagne pour les législatives et ont fait une croix sur la présidentielle…
” Il n’est donc pas du tout évident que pour les militants communistes cela implique se mettre “au service” de Mélenchon, de coller ses affiches, de préparer ses meetings et de financer sa campagne. “
Je pense que vous avez raison pour les militants qui ont voté contre le soutien à Mélanchon, mais pour la majeure partie des militants qui ont voté pour ils devraient militer quand même assez activement pour sa candidature même dans le cadre d’une campagne autonome, sinon pourquoi est-ce qu’ils auraient soutenu Mélanchon, c’est bien parce qu’ils croient à sa candidature ou du moins qu’elle va apporter quelque chose de positif.
@ jo
[Je pense que vous avez raison pour les militants qui ont voté contre le soutien à Mélanchon, mais pour la majeure partie des militants qui ont voté pour ils devraient militer quand même assez activement pour sa candidature même dans le cadre d’une campagne autonome, sinon pourquoi est-ce qu’ils auraient soutenu Mélanchon, c’est bien parce qu’ils croient à sa candidature ou du moins qu’elle va apporter quelque chose de positif.]
C’est discutable. Beaucoup de militants ont voté le soutien à Mélenchon moins par adhésion à sa candidature que par crainte des alternatives. Crainte que la présentation d’un candidat communiste apparaisse comme un acte de division qui pourrait leur être reproché. Crainte d’une scission du PCF entre pro- et anti-Mélenchon. Crainte des déchirements qu’aurait provoqué la désignation d’un candidat communiste. Crainte d’un résultat désastreux qui mette en évidence la marginalisation du PCF. Crainte du coût d’une campagne présidentielle qui pourrait obérer les moyens du PCF de faire une bonne campagne législative…
Ceux qui auront voté le soutien à Mélenchon par crainte seront-ils nombreux à s’engager corps et âmes dans sa campagne présidentielle ? J’en doute. D’autant plus que dans beaucoup de cas les instances locales des « insoumis » exigent que la participation des communistes à la campagne présidentielle passe par l’adhésion des communistes aux « groupes de soutien », ce qui suppose la signature d’une « charte »…
Il y a sans doute une partie des adhérents au PCF qui adhérent véritablement au projet mélenchonien, et ceux-là feront campagne pour lui. Mais si je me fonde sur les gens que je connais, ces militants sont loin d’être les plus actifs et les plus organisés, et surtout ils commencent à buter sur le sectarisme des « insoumis » qui exigent d’eux quelquefois des engagements qui équivalent à des actes de reniement et d’autocritique publics, comme au meilleur temps du maoïsme triomphant.
“D’autant plus que dans beaucoup de cas les instances locales des « insoumis » exigent que la participation des communistes à la campagne présidentielle passe par l’adhésion des communistes aux « groupes de soutien », ce qui suppose la signature d’une « charte »…”
“ils commencent à buter sur le sectarisme des « insoumis » qui exigent d’eux quelquefois des engagements qui équivalent à des actes de reniement et d’autocritique publics, comme au meilleur temps du maoïsme triomphant.”
Si les insoumis se comportent vraiment de cette manière il sont stupides, ils doivent bien être conscient de leur faiblesse si leur structure militante est celle du PG, dans ce cas ils devraient flatter les militants communistes surtout ceux qui désirent soutenir Mélanchon, à quoi ça sert de les braquer inutilement? J’ai du mal à croire qu’ils ait aussi peu de sens tactique quoiqu’il pense réellement au fond d’eux même.
Après tout et je sais que vous ne serez sans doute pas d’accord mais je pense que Mélanchon à la possibilité de faire un vrai score (approcher les 20%) autant mettre toutes les chances de son coté.
@ jo
[Si les insoumis se comportent vraiment de cette manière il sont stupides,]
Vous avez bien vu l’extrait de la lettre que j’ai inclus dans mon papier. Et encore, je n’ai publié qu’un extrait : la lettre entière donne une impression encore plus raide.
[ils doivent bien être conscient de leur faiblesse si leur structure militante est celle du PG, dans ce cas ils devraient flatter les militants communistes surtout ceux qui désirent soutenir Mélenchon, à quoi ça sert de les braquer inutilement?]
Oui, mais vous oubliez une donnée essentielle : la mentalité gauchiste ne cherche pas la voie la plus efficace pour changer le monde, mais la plus grande satisfaction personnelle. Et les exemples sont très nombreux où l’extrême gauche a choisi de se faire plaisir et se donner bonne conscience quitte à sacrifier l’efficacité de la lutte.
[J’ai du mal à croire qu’ils aient aussi peu de sens tactique quoiqu’il pense réellement au fond d’eux même.]
Croyez-le… parce que c’est la vérité. Si les organisations gauchistes ont toujours été groupusculaires, c’est parce qu’elles ont toujours sacrifié l’efficacité tactique au plaisir de l’entre-soi.
[Après tout et je sais que vous ne serez sans doute pas d’accord mais je pense que Mélenchon à la possibilité de faire un vrai score (approcher les 20%) autant mettre toutes les chances de son coté.]
Je ne pense pas que Mélenchon ait la moindre chance d’approcher les 20%. Si vous regardez la taille du marigot électoral de la « gauche radicale » et écologiste depuis trente ans, vous tombez toujours dans la frange 12-18% (1988 : 16%, 1995 : 17%, 2002 : 18%, 2007 : 12%, 2012 : 15%). A supposer que Poutou, Arthaud, Jadot refassent les scores de leurs partis en 2012, cela fait déjà 4% de perdu. Il ne reste donc à Mélenchon qu’une fourchette 8-14%. Soit une moyenne de 11%… soit son score de 2012.
Pour aller plus loin, Mélenchon devrait conquérir un nouvel électorat. Et pour conquérir un nouvel électorat, il lui faudrait sortir du monologue gauchiste et intégrer les demandes d’autres couches sociales. Or, il ne semble pas qu’il prenne cette voie. La lecture de son programme, l’écoute de ses discours pointe à l’inverse vers une fermeture du discours sur les thèmes chers à l’électorat gauchiste : sortie du nucléaire, constituante, « autre Europe »…
Vous ne pensez pas que Mélanchon peut récupérer des déçus de Hollande qui font partit de l’électorat traditionnel du PS, ce qui lui ferait gagner au moins 4 à 5%. Si on ajoute en plus la nouveauté de son discours sur l’UE (plus radical et il parle enfin de la possibilité de quitter l’UE s’il n’arrive pas à la changer); il peut aussi récupérer des souverainistes de gauche ce qui pourrait aussi ajouter quelques %.
Un autre point sur les élections à votre avis est-ce que Macron dans la configuration actuelle est le candidat centriste à la place de Bayrou? Si c’est le cas il peut faire un score à 2 chiffres en récupérant les voix du Modem et d’une partit de l’UDI même sans le soutien de ses partis.
@ jo
[Vous ne pensez pas que Mélenchon peut récupérer des déçus de Hollande qui font partit de l’électorat traditionnel du PS, ce qui lui ferait gagner au moins 4 à 5%.]
Non, je ne le crois pas. Ce n’est pas parce qu’on est « déçu de Hollande » qu’on ira voter Mélenchon. Cela dépend des raisons pour lesquelles on est « déçu ». Beaucoup d’électeurs du PS sont « déçus » par la faiblesse, le désordre, le manque de direction qui a caractérisé la présidence Hollande sans pour autant condamner ses positions. Mais ceux-là se reconnaîtront parfaitement en Valls, bien plus qu’en Mélenchon. D’autres sont « déçus de Hollande » parce qu’il n’est pas allé plus loin dans la voie des « réformes », et ceux-là se reconnaîtront plutôt en Macron.
En fait, les « déçus de Hollande » que Mélenchon peut espérer récupérer sont ceux qui en 2012 ont cru vraiment dès le premier tour que Hollande allait faire la VIème République, sortir des traités européens et du nucléaire. Pensez-vous qu’il y en ait beaucoup ?
[Si on ajoute en plus la nouveauté de son discours sur l’UE (plus radical et il parle enfin de la possibilité de quitter l’UE s’il n’arrive pas à la changer); il peut aussi récupérer des souverainistes de gauche ce qui pourrait aussi ajouter quelques %.]
Je n’y crois pas. Il a beau parler d’une « possibilité de quitter l’UE s’il n’arrive pas à la changer », son discours reste le discours de « l’autre Europe », tout aussi supranationale que celle que nous avons. Il faut bien comprendre que les « souverainistes » sont opposés à l’idée même de supranationalité, alors que Mélenchon est pour des institutions supranationales à condition qu’elles soient « sous contrôle démocratique » et « fassent une politique sociale ». Il est vrai que son discours jacobin peut plaire aux « souverainistes de gauche », qui sont en général des jacobins eux-mêmes. Mais dans ce domaine, Mélenchon ne dit rien aujourd’hui qu’il ne disait pas déjà en 2012. Et ses prises de position radicales contre le nucléaire ne vont pas l’aider – parce que ces jacobins sont aussi, en général, pro-nucléaires. Ce n’est pas simple, la politique…
[Un autre point sur les élections à votre avis est-ce que Macron dans la configuration actuelle est le candidat centriste à la place de Bayrou? Si c’est le cas il peut faire un score à 2 chiffres en récupérant les voix du Modem et d’une partit de l’UDI même sans le soutien de ses partis.]
C’est possible. Mais pas très probable. En fait, je pense que le plus probable est que la baudruche Macron se dégonfle assez vite. On l’a vu dans beaucoup de campagnes électorales : il y a un attrait de la nouveauté qui, six mois avant l’échéance, profite aux candidats « originaux ». Mais lorsque l’élection approche, les français descendent sur terre et votent rationnellement. Et à ce moment-là ces candidats sont remis à leur juste place. Il faut aussi se souvenir que la politique est un métier qui s’apprend. On ne s’improvise pas candidat, et ce n’est pas par hasard si ceux qui ont de nombreuses campagnes à leur actif – perdues ou gagnées, peu importe – ont un avantage certain à l’heure de se confronter aux électeurs. Il y a des erreurs de débutant qui peuvent couter cher – comme la perte de contrôle de sa voix pendant un discours, comme on l’a vu chez Macron a son dernier meeting – et que les vieux chevaux de retour ne font pas.
@jo
> il peut aussi récupérer des souverainistes de gauche ce qui pourrait aussi ajouter quelques %.
Ou, au contraire, les « souverainistes » qui ont voté pour lui avec indulgence en 2012 sont lassés de son manque de progrès sur les questions qui leur importent (voire de sa régression sur certains thèmes, cf. la sortie du nucléaire ou la rupture avec le PCF), et ne revoteront plus pour lui en 2017. Cela risque d’être mon cas, et je suis probablement moins « souverainiste » que d’autres.
Quant on voit les 10 « mesures prioritaires » votées par les militants FI (je mets « mesure » entre guillemets, parce que ce sont plus des slogans que des mesures à proprement parler… la « protection des biens communs », vraiment, c’est censé être une mesure concrète ?), je ne vois pas ce qui réjouirait les souverainistes, ou d’une manière générale les électeurs de gauche attachés à une politique nationale jacobine et dirigiste :
http://www.lejdd.fr/Politique/Les-10-premieres-mesures-du-programme-de-Melenchon-817699
Personnellement, je n’en retire que la séparation des banques d’affaires et de détail, certes une bonne mesure mais pas vraiment structurante d’une politique économique globale (sauf pour ceux qui pensent que « la finance » est responsable de tous nos maux, ce qui à mon avis est l’exemple typique de la non-pensée politique). Or ce n’est pas vraiment une mesure spécifique à Mélenchon, je suis sûr qu’on la retrouvera dans les programmes de certains candidats PS. C’est d’ailleurs ce qui me frappe dans cette liste : au-delà du sectarisme habituel de Mélenchon et de ses militants (sectarisme dévergondé, apparemment, depuis la rupture avec le PCF), on retrouve en fait les lubies de certaines franges du PS. Et si je ne vote pas PS depuis vingt ans, je ne vois pas pourquoi je voterais aujourd’hui pour une version outrée de la gauche du PS.
Je passe sur le style actuel de Mélenchon, cette sorte de messianisme anti-institutionnel agrémenté d’un culte du volontarisme (il suffit de décréter pour que les choses adviennent, comme pour la « règle verte ») et de symboles quasi-religieux (apparemment le « phi » est un symbole du maçonnisme, et Mélenchon ne peut l’ignorer) : c’est un facteur déplaisant de plus pour moi, et je ne pense pas être le seul.
À titre personnel, je risque fort de m’abstenir, sauf si un candidat – par exemple Dupont-Aignan – me surprend positivement par son discours et ses propositions. Et je n’ai plus aucun espoir que ce candidat soit Mélenchon.
“C’est possible. Mais pas très probable. En fait, je pense que le plus probable est que la baudruche Macron se dégonfle assez vite. On l’a vu dans beaucoup de campagnes électorales : il y a un attrait de la nouveauté qui, six mois avant l’échéance, profite aux candidats « originaux ». Mais lorsque l’élection approche, les français descendent sur terre et votent rationnellement.”
Je suis d’accord c’est juste que dans cette élection si Bayrou ne se présente pas je ne vois pas sur quel candidat les voix centristes peuvent se ranger, Fillon est trop à droite, et Valls et Montebourg (les 2 plus probables à sortir en tête de la primaire de gauche) sont aussi, pour des raisons différentes, des candidats qui ne peuvent avoir les voix centristes au premier tour. Il ne reste que Macron.
@ jo
[Il ne reste que Macron.]
S’il y a du vin, il y a des convives. S’il y a une fenêtre de tir au centre, il y aura certainement des candidats qui se présenteront pour l’exploiter. Bayrou d’abord – qui meurt d’envie d’y aller – mais d’autre suivront.
Mais surtout, il ne faut pas oublier que tous les candidats essayent de rassembler leur camp lors des primaires, puis se déplacent vers le centre ensuite. Fillon a déjà commencé, et le temps aidant il sera tout à fait potable pour les centristes, tout comme le seront Valls, Peillon et même Hamon et Montebourg…
Personne n’a jamais dit que Mélenchon était la panacée,mais c’est le seul candidat qui peut arriver à fédérer une majorité pour passer à autre chose, avec tous les problèmes que ça posera en cas de victoire. Mais je préfère affronter ces problèmes que de subir encore des quinquennats avec une droite débridée qui va continuer à nous faire crever à petit feu. Alors, c’est très bien de réfléchir et éventuellement de critiquer, mais aujourd’hui, si nous voulons éviter le pire, nous n’avons d’autre possibilité que de voter Mélenchon, sauf à rouler pour la droite, PS inclus.
@ yann Guérin
[Personne n’a jamais dit que Mélenchon était la panacée, mais c’est le seul candidat qui peut arriver à fédérer une majorité pour passer à autre chose,]
Je n’ai jamais reproché à Mélenchon de ne pas être la panacée. Mon problème avec lui, c’est que je doute fort de sa capacité à « fédérer une majorité pour passer à autre chose », et surtout je ne suis pas sûr que cet « autre chose » ait beaucoup de points communs avec « l’autre chose » que moi je souhaite. Parce que moi, je ne souhaite pas un « autre chose » où l’on remplacera les choix rationnels par l’obscurantisme écologiste, par exemple.
[Mais je préfère affronter ces problèmes que de subir encore des quinquennats avec une droite débridée qui va continuer à nous faire crever à petit feu.]
Vous voulez dire que vous préféreriez une « gauche radicale » irrationnelle qui vous fera crever tout de suite ? Franchement, des goûts et des couleurs…
Je regrette, mais contrairement à vous je pense que Mélenchon – et l’idéologie qu’il porte – est dangereux pour notre pays, ou plutôt qu’il le serait s’il avait une chance d’arriver au pouvoir. Les sympathiques « enragés » de Mai 1968 voulaient aussi « autre chose ». Avec leur discours anti-institutionnel, ils ont ouvert la voie à la destruction de notre système éducatif et au néo-libéralisme. Les sympathiques « insoumis », sous leurs apparences avenantes, prolongent ce projet. Si Mélenchon propose d’organiser l’Etat comme il organise aujourd’hui son mouvement, je préfère Fillon.
[Alors, c’est très bien de réfléchir et éventuellement de critiquer, mais aujourd’hui, si nous voulons éviter le pire, nous n’avons d’autre possibilité que de voter Mélenchon,]
Mélenchon serait le nouveau TINA, en quelque sorte…
En politique, il y a toujours plusieurs alternatives, et Mélenchon n’est qu’une d’entre elles.
Voilà un mail qui éclaire votre texte absurde du 29 novembre; contrairement à ce que vous affirmiez, il y a bien plusieurs chartes chez les suiveurs de Mélenchon; celle des groupes d’appui et celle des candidats!
@ Françoise
[Voilà un mail qui éclaire votre texte absurde du 29 novembre;]
Ah… comme d’habitude, une ouverture d’une grande politesse qui incite à l’échange. Dites, le réveillon s’est bien passé ? Le vinaigre pétillant était bon ?
[contrairement à ce que vous affirmiez, il y a bien plusieurs chartes chez les suiveurs de Mélenchon; celle des groupes d’appui et celle des candidats!]
Je n’ai jamais affirmé qu’il n’y eut qu’une charte. Et d’ailleurs, dans le texte que vous commentez, le mot “charte” est utilisé au pluriel. Je vous propose une bonne résolution pour 2017: apprendre à lire. Vous en avez bien besoin.
pas besoin de fausse politesse avec vous, vous êtes méprisant et méprisable
votre réponse du 30/11:
“[Je ne sais pas s’il y a plusieurs chartes mais celle de Mélenchon concerne les élus, pas le militant de base qui va à une réunion.]
Non, il n’y a qu’une seule. Et c’est cette Charte qu’on demande aux « insoumis » de « approuver » comme condition préalable à la participation à une discussion.”
vous pouvez toujours essayer de me dire que je ne sais pas lire, cela vous enfonce encore plus dans votre ….
@ Françoise
[pas besoin de fausse politesse avec vous, vous êtes méprisant et méprisable]
Je fais toute confiance à mes lecteurs pour le juger ce commentaire à sa valeur sans qu’il soit besoin d’y répondre. En tout cas, je ne vois pas l’intérêt de continuer l’échange avec une personne qui me juge « méprisable ». Pour ce qui me concerne, ce commentaire met fin à nos échanges.
Bonjour Descartes,
Montebourg vient de présenter un début de programme (plus exactement, des « propositions »): http://www.arnaudmontebourg-2017.fr/propositions/
Au-delà du fait qu’on y retrouve la séparation des banques de dépôt et d’affaires (mon intuition ci-dessous était donc bonne), je dois avouer que, suite à nos échanges, je portais quelque vague espoir en Montebourg qui se trouve ici déçu. Il y a beaucoup de propositions gadgets et de véritables énormités (« baisser la productivité et augmenter les revenus pour les agriculteurs », les deux à la fois ?). Je suis étonné d’y trouver des lubies de l’écologisme anti-jacobin telles que « la fabrication décentralisée et coopérative de l’énergie comme un moyen de choisir son mode de vie, renouvelable, écologique et de proximité ».
Sur l’Europe, Montebourg propose de jouer le rapport de forces avec l’Allemagne sans indiquer comment : comme Mélenchon, quoiqu’avec des mots différents. Romaric Godin (la Tribune) analyse bien cette faiblesse constitutive ici : http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/europe-les-candidats-du-ps-en-quete-de-credibilite-628243.html
Je m’étonne aussi que les candidats qui parlent de VIè République et de réforme institutionnelle ne s’intéressent qu’au fonctionnement des pouvoirs nationaux, en délaissant totalement la question des collectivités territoriales dont le fonctionnement semble pourtant poser problème : il est vrai que Montebourg entrerait en conflit frontal avec nombre d’apparatchiks du PS s’il remettait en question les baronnies créées par la décentralisation. Mais Mélenchon n’est théoriquement pas concerné par cette contrainte.
Cependant, quelle que soit la faiblesse de ce programme, je me dis en le lisant qu’il pourrait être plus proche de ce que souhaite le PCF que le programme de Mélenchon. Est-ce que certains communistes vont se mordre les doigts d’avoir soutenu trop tôt Mélenchon, sans savoir ce que proposeraient d’autres candidats ?
@ Antoine
[Montebourg vient de présenter un début de programme (plus exactement, des « propositions »)]
Enfin, comme programme, c’est faible. En fait, c’est une collection de d’interventions de Montebourg (discours, articles interviews) classée par sujets, avec chacune un petit paragraphe proposant une mesure. Et en plus, dans certains cas l’intervention n’a aucun rapport avec l’intitulé de la mesure qu’elle prétend expliquer (par exemple, dernière mesure dans la section « Europe »). Le « début de programme » de Montebourg est un exemple de plus de programme « liste au père Noël », une collection de mesures sans connexion entre elles, mais censées faire plaisir à différents segments de l’électorat.
Un véritable programme répond d’abord à la question « quelle société voulons nous bâtir », et décline ensuite des mesures destinées à atteindre cet objectif. C’est cette réflexion d’abord sur les objectifs et ensuite sur les moyens qui donne à un programme sa cohérence. Et qui évite les incohérences, parce que lorsqu’on s’oblige à préciser un objectif on s’aperçoit vite lorsqu’il aboutit à des demandes contradictoires.
[Au-delà du fait qu’on y retrouve la séparation des banques de dépôt et d’affaires (mon intuition ci-dessous était donc bonne),]
Je ne suis pas totalement convaincu. La mesure a certainement un sens aux Etats-Unis, où l’intégration des deux activités a conduit à des excès. Mais en France, le modèle de banque universelle mis en place à la Libération n’a pas si mal marché. Mais bon, pourquoi pas…
[je dois avouer que, suite à nos échanges, je portais quelque vague espoir en Montebourg qui se trouve ici déçu. Il y a beaucoup de propositions gadgets et de véritables énormités (« baisser la productivité et augmenter les revenus pour les agriculteurs », les deux à la fois ?). Je suis étonné d’y trouver des lubies de l’écologisme anti-jacobin telles que « la fabrication décentralisée et coopérative de l’énergie comme un moyen de choisir son mode de vie, renouvelable, écologique et de proximité ».]
Montebourg ne connaît rien à l’économie, mais connaît très bien l’électorat auquel il parle… c’est le côté peut-être le plus néfaste des « primaires ». Avant, le débat entre partis politiques était schématique et les programmes proposés aux électeurs étaient démagogiques, mais au moins il y avait une phase de débat interne aux partis ou l’on pouvait discuter sérieusement. Maintenant, c’est dès le processus de désignation des candidats que la démagogie commence.
[Sur l’Europe, Montebourg propose de jouer le rapport de forces avec l’Allemagne sans indiquer comment : comme Mélenchon, quoique avec des mots différents.]
Tout a fait. Tous ces gens là, Montebourg, Mélenchon, Hamon, Peillon, et même Valls viennent de la matrice mitterrandienne. Ils ont été formés dans un Parti socialiste dans lequel l’Europe – conçue comme une construction supranationale – est un totem intouchable. On peut bien sur y contester « cette Europe »… mais à condition de lui substituer tout de suite une « autre Europe », tout aussi supranationale que celle que nous avons.
D’où les contorsions des uns et des autres, qui proposent sous formes diverses de jouer sur le rapport de forces entre la Nation et l’Europe, tout en s’interdisant par avance toute rupture, alors que c’est le seul moyen de créer le rapport de force en question. Les uns nous font croire qu’on peut « désobéir aux traités » sans déchirer la trame institutionnelle qui emprisonne notre droit, les autres qu’il suffirait de « casser la vaisselle » à Bruxelles pour que nos partenaires tremblent de peur. Mais on a vu ce que ça donne dans l’affaire grecque : dès lors qu’on proclame son attachement indéfectible à l’Europe supranationale, aucun rapport de forces n’est possible.
[Je m’étonne aussi que les candidats qui parlent de VIè République et de réforme institutionnelle ne s’intéressent qu’au fonctionnement des pouvoirs nationaux, en délaissant totalement la question des collectivités territoriales]
Je pense que cette omission est saine, et tient à notre histoire constitutionnelle : en France, le fonctionnement des collectivités locales est traditionnellement du domaine de la loi, et non de la constitution. En dehors du principe de libre administration – qui protège surtout les collectivités des autres collectivités – la constitution n’a jamais dit grande chose à leur sujet, et c’est très bien ainsi. Constitutionnaliser leur rôle reviendrait à prendre le chemin vers la fédéralisation.
Il est vrai que la décentralisation et le fonctionnement des pouvoirs locaux pose problème. Mais ces problèmes peuvent parfaitement être réglés par la loi. Après tout, ce que la loi de 1983 a fait, une autre peut le défaire.
[Cependant, quelle que soit la faiblesse de ce programme, je me dis en le lisant qu’il pourrait être plus proche de ce que souhaite le PCF que le programme de Mélenchon.]
Je ne crois pas qu’il faille aujourd’hui raisonner sur les programmes. Montebourg, pas plus que Mélenchon, n’ont aucune chance d’être élus, et leurs programmes n’ont donc aucune chance d’être mis en oeuvre. Ce sont des programmes de témoignage. La question est plutôt de savoir si du point de vue du mouvement progressiste la situation serait meilleure en juin prochain si Mélenchon passait devant le PS dirigé par Montebourg…
[Est-ce que certains communistes vont se mordre les doigts d’avoir soutenu trop tôt Mélenchon, sans savoir ce que proposeraient d’autres candidats ?]
Ceux-là feront campagne pour Montebourg. Crois-tu qu’ils font se gêner ?
Bonjour, j’apprécie ce retour sur l’enthousiasme de votre jeunesse et votre approche par les masses ou l’élite. Étant au delà de l’entre deux âges, ayant eu la chance de vivre toujours dans la mixité sociale -avec la masse et avec l’élite- grâce à une vie professionnelle riche (ingénieur (génie civil, mécanique des sols, déchets, énergie, mobilité urbaine, expertise national et international), contacts obligés et frottants avec le milieu politique et les lobbies, et aussi des engagements plus terre à terre associatifs syndicaux et politiques j’ai appris la nécessité de l’ouverture d’esprit -curiosité et esprit critique. Exite les approches dogmatiques yaka, retour à la raison, non pas intellectuelle ou littéraire -même s’il faut se nourrir l’esprit- mais à celle qui résulte de l’expérience. Deux hommes passionnants chacun à sa manière ont abordé le sujet à Munich début 2004, sous le titre “raison et religion, la dialectique de la sécularisation”: J. Habermas philosophe de la négociation internationale , et le futur Benoit XVI. Curieuse référence? Pas tant que ça si on s’en tient à l’avant-propos éclairant du traducteur J.L. Schlegel (éd Salvator 2010).
Constatant combien l’actualité pré-présidentielle préoccupe ici, je me permet d’inviter à la réflexion sur : 1/ que l’idée de primaire à mes yeux perverse (divise, renvoie aux extrêmes et singe la démocratie en lui inoculant la vérole); 2/ que la notion de programme, adaptée aux partis, ne va pas avec la fonction prédidentielle. Un Pt doit être apte à rassembler et à entrer en dialogue constructif avec l’extérieur -particulièrement ‘UE- donc à convaincre les autres autant qu’à s’adapter à eux et aux évènements violents. Centrer le “débat public” sur le programme est une erreur profonde qui occulte que l’essentiel est la personnalité. Ce qui est inquiétant est le fait que le système institutionnel (France et UE) a refusé de donner mandat aux commissions d’enquêtes du parlement européen sur le luxleaks et sur le dieselgate pour rechercher de probables responsabilité personnelle; ce “circulez y a rien à voir” est terrible comme le silence qui entoure le remarquable travail d’investigation de l’équipe Elise Lucet sur la filière bois et qui est symptomatique du poids international de systèmes comme WWF, les big four, … Alors, parler de tel ou tel prétendant idéologue et sans étoffe particulière, … bof!
@ Jean-Pierre Gosset
[Constatant combien l’actualité pré-présidentielle préoccupe ici, je me permet d’inviter à la réflexion sur : 1/ que l’idée de primaire à mes yeux perverse (divise, renvoie aux extrêmes et singe la démocratie en lui inoculant la vérole);]
Je pense que l’idée de primaire est perverse, mais pas pour ces raisons là. Non, la primaire ne « renvoie pas aux extrêmes ». Plutôt le contraire : elle tend à dégager des personnalités médianes – pour ne pas dire médiocres – et les idées les plus consensuelles. Le problème de la primaire, à mes yeux, c’est qu’elle nie la logique institutionnelle des partis, avec leurs débats idéologiques internes, leurs instances d’élaboration et de décision, pour tomber dans une logique purement individuelle, celle du « concours de beauté ».
[2/ que la notion de programme, adaptée aux partis, ne va pas avec la fonction présidentielle.]
Cela dépend de ce qu’on appelle un « programme ». Peut-être le terme « projet » est plus explicite. Un prétendant à la présidence n’a pas besoin de présenter une collection de mesures précises, mais doit tout de même donner une vision de la société française telle qu’il la veut.
[Centrer le “débat public” sur le programme est une erreur profonde qui occulte que l’essentiel est la personnalité.]
Je ne crois pas que ce soit séparable. Il faut un projet ET une personnalité.
[Ce qui est inquiétant est le fait que le système institutionnel (France et UE) a refusé de donner mandat aux commissions d’enquêtes du parlement européen sur le luxleaks et sur le dieselgate pour rechercher de probables responsabilité personnelle;]
Je ne comprends pas de quoi vous parlez. Le « système institutionnel » ne peut donner au Parlement européen un « mandat » pour accomplir une tâche qui n’est pas dans ses compétences. Jusqu’à nouvel ordre, c’est aux juges de rechercher et établir la responsabilité pénale, pas aux députés.
[ce “circulez y a rien à voir” est terrible comme le silence qui entoure le remarquable travail d’investigation de l’équipe Elise Lucet sur la filière bois]
Bof. Si la qualité de son « travail d’investigation sur la filière bois » est du même niveau que celui qu’elle avait fait sur la filière nucléaire – domaine que je connais très bien – je ne suis vraiment pas impressionné. On peut toujours vendre du papier avec du sensationnalisme, mais je ne suis pas persuadé que ce soit une bonne base pour les politiques publiques…