L’automne du Gourou

Triste spectacle que celui que Mélenchon et ses amis nous offrent depuis maintenant presque une semaine. On nous avait promis une nouvelle manière de faire de la politique, on a eu droit à un vieillard vociférant, insultant et menaçant d’abord les agents publics chargés de la perquisition, ensuite les fonctionnaires chargés du contrôle des comptes électoraux, puis le reste du monde confondu dans une conspiration Macron-Justice-Médiapart. Fillon en son temps menaçait de donner une « liste des noms » des comploteurs – on attend toujours. Mélenchon, lui, traite le rapporteur de ses comptes de campagne de « dégénéré », dénonce des illégalités imaginaires et finit, lui aussi, par se présenter en victime d’un complot sous les applaudissements – ultime ironie – des députés du Rassemblement National, ceux-là même qui avaient été la cible de ses commentaires acérés lorsqu’eux-mêmes avaient eu quelques ennuis avec la justice pour des faits assez semblables à ceux aujourd’hui reprochés à la France Insoumise…

Que reproche-t-on exactement à la France Insoumise dans cette affaire ? Deux dossiers sont ouverts. Le premier concerne l’utilisation des assistants parlementaires de Jean-Luc Mélenchon au parlement européen. Le deuxième concerne les dépenses de la campagne présidentielle du même Mélenchon en 2017.

Venons-en au premier dossier, celui des attachés parlementaires. Pendant des siècles, les participants aux assemblées représentatives – Etats généraux, Parlements, Conseils et j’en passe – devaient se donner les moyens d’exercer leur mandat sur leurs propres deniers. Mais on s’est aperçu très vite qu’un tel système créait une inégalité inacceptable, au point que même en établissant une éligibilité universelle seuls les riches avaient les moyens d’exercer leur mandat. A partir de la fin du XVIIIème siècle les institutions parlementaires commencent à accorder à leurs membres des moyens d’exercer leur mandat : bureaux, moyens de communication, moyens de transport, et finalement la possibilité d’embaucher aux frais de l’institution un certain nombre de collaborateurs.

Se pose alors une question vieille comme le monde : comment contrôler que ces moyens ne soient détournés de leur finalité ? Que les bureaux, les téléphones, la poste, les cartes de circulation, le personnel embauché sont bien utilisés pour aider l’élu dans son travail parlementaire, et non pour des finalités politiques – ou privées ! – sans rapport direct avec ses fonctions ? Cette question n’a pas de réponse satisfaisante, entre autres parce que le respect de la liberté de l’élu implique que le contrôle sur ses communications, ses déplacements ou le travail qu’il confie à ses collaborateurs soit réduit au minimum.

Personnellement, j’ai toujours pensé que ce contrôle était illusoire. Il y aura bien entendu des abus, et cela est inévitable. Certains utiliseront ces moyens pour aider leur parti ou soutenir d’autres activités politiques, et cela ne me gêne pas particulièrement, puisque dans ce cas les moyens servent à faire fonctionner la démocratie, même s’ils sont détournés de leur but strictement parlementaire. D’autres utiliseront ces moyens pour arrondir leur fortune personnelle, et là c’est déjà plus gênant. Mais comment l’éviter sans tomber dans un contrôle tatillon qui in fine implique un contrôle de l’activité politique de l’élu ? Non, ces abus, c’est le prix que nous payons pour avoir une vie démocratique. Le monde est ainsi fait, autant s’y résigner.

Seulement voilà, le Parlement européen ne s’y résigne pas. Une mentalité venue du nord protestant de l’Europe règne dans l’administration du Parlement européen, qui veut que l’enceinte européenne soit exclusivement réservée aux Saints. Et quand on veut le règne des Saints, on est régulièrement déçu. Au départ, un petit groupe de politiciens européens ont vu dans cette recherche de la sainteté une opportunité de faire la peau des députés « souverainistes », particulièrement peu attachés au Parlement et donc usant régulièrement les ressources mis à leur disposition à d’autres fins. Les députés du Rassemblement National mis en cause ont choisi une stratégie de défense habile : attirer l’attention sur le fait que tous les groupes faisaient peu ou prou la même chose. Le Modem fut la première victime – cela a coûté à Bayrou son poste de ministre de la justice – et aujourd’hui c’est le tour de Mélenchon. Qui s’était fait un plaisir de dénoncer les « affaires judiciaires » des uns et des autres lors des campagnes électorales. Celui qui monte au cocotier…

Le deuxième dossier pose finalement le même problème de contrôle des ressources qui financent la vie démocratique, même si au fond il s’agit de quelque chose de très différent. Là encore, le système est construit pour rétablir une forme d’égalité : il a été décidé que tout candidat qui ferait plus d’un certain pourcentage des voix – qui varie selon l’élection – verra ses dépenses de campagne remboursées en deçà d’un certain plafond, lui aussi variable. Le problème est donc le même : dans la mesure où on laisse le candidat libre d’organiser la campagne comme il l’entend, comment vérifier que les dépenses remboursées ont un rapport direct avec la campagne et ne sont pas détournées à d’autres fins ?

Là encore, un certain niveau de détournement est inévitable, car le contrôle est pratiquement impossible si la chose est bien organisée entre gens de confiance (1). Et comme dans le premier cas, si ce détournement se fait au bénéfice de l’activité politique du candidat ou de son parti, ce n’est pas trop grave puisque l’argent sert finalement à ce qui était sa finalité première, c’est-à-dire à animer la vie démocratique. Mais les détournements peuvent avoir aussi un objet moins respectable, celui d’enrichir le candidat et ses amis.

Dans les deux dossiers, il y a donc une double composante. Il y a la question de la réalité des faits. Et puis, il y a la question éthique entre le cas où les moyens sont détournés de leur destination légale – le fonctionnement parlementaire, le financement d’une campagne – pour financer des activités qui sont constitutives de la vie démocratique, et le cas beaucoup plus sordide où il s’agit de les détourner vers une utilisation privée.

Mais revenons aux affaires de Mélenchon. Dans l’affaire des assistants parlementaires, je n’ai personnellement pas de doute que les faits sont réels. Et je tire cette conviction d’une constatation issue de la simple expérience : tout le monde le fait, tout simplement parce que c’est inévitable. Imagine-t-on un homme politique établissant une « muraille de Chine » entre ses activités politiques comme chef de parti et ses activités politiques comme député ? Lorsqu’il demande à son attaché parlementaire de lui faire un dossier sur les politiques d’immigration en Europe, par exemple, est-il imaginable qu’il s’interdise de l’utiliser pour étoffer son argumentation dans un débat de politique nationale au prétexte qu’il a été payé par l’argent européen ? Bien sûr que non. Seuls ceux qui ne connaissent pas le fonctionnement politique peuvent imaginer que ce type de séparation est possible. L’assistant parlementaire d’un leader national, d’un chef de parti contribue toujours peu ou prou à l’activité politique au sens large de son employeur.

Dans l’affaire du financement de la campagne électorale, c’est plus compliqué. Là encore, la logique du « tout le monde le fait » me conduirait à penser qu’il y a quelque chose. Mais ce qui justifie à mon avis le signalement au procureur de la République qui a valu au rapporteur l’accusation de « dégénéré » est la structure particulièrement opaque choisie par Mélenchon et les siens pour gérer la campagne. En effet, une campagne nécessite du personnel à plein temps. Ce personnel est généralement embauché par le candidat, et sa rémunération est donc visible par les contrôleurs. Ainsi, nous savons que Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Benoît Hamon ont déboursé respectivement 2,4, 1,7 et 1,3 million d’euros à ce titre respectivement. Mélenchon a payé des salaires pour un montant de… 8000 €. Comment ce miracle a pu être accompli ? Et bien, dans le cas de Mélenchon, la campagne a été « sous-traitée » à un certain nombre d’organismes tenus par des proches du candidat, qui ont elles-mêmes embauché du personnel et facturé à la campagne des prestations. De ce fait, le montant exact des rémunérations et les conditions attachées échappent au contrôle de la CNCCFP, qui ne voit que les frais de prestation. Or, s’il y a une norme assez précise pour juger si une rémunération est ou non excessive, c’est beaucoup plus difficile de juger du vrai coût d’une prestation. Ce qui laisse une large marge pour surfacturer celle-ci.

Or, la surfacturation d’une prestation – dont on sait qu’elle sera remboursée rubis sur l’ongle par l’Etat –  est l’une des techniques pour récupérer de l’argent sur le dos du remboursement public des campagnes électorales. Si vous vendez au candidat à 500 une prestation qui vous coûte 100, le candidat sera remboursé de 500 et vous, vous gardez les 400 restants. Le candidat peut même accepter la transaction en échange de la moitié des gains… en liquide (2) !

Ce qui rend l’affaire encore plus suspecte, c’est que dans certains cas le donneur d’ordre et le bénéficiaire de la commande étaient une seule et même personne. Ainsi, Sophia Chikirou est en même temps la responsable de la communication de la campagne – et à ce titre commande les prestations – et gérante de Mediascop, la structure qui exécute les prestations et les facture. On imagine aisément comment les prix des prestations étaient négociés…

Mais ce qui me fait penser qu’il y a quelque chose de pourri dans le royaume, c’est la violence de la réaction de Jean-Luc Mélenchon. Car soyons sérieux : on ne peut pas dire qu’en France une perquisition dans le siège d’une organisation politique soit chose rare, ou qu’elle ait un effet très signalé sur l’opinion. Avant la France Insoumise, le Modem, LR, le FN et même le PCF ont eu à subir la même avanie. Mélenchon aurait parfaitement pu se tenir à un discours digne sur le thème « nous n’avons rien à cacher, la justice rétablira la vérité ». Le problème, c’est que la France Insoumise a beaucoup de choses à cacher, et notamment de sales affaires d’argent, et que le Gourou n’a pas forcément intérêt à ce que la vérité soit établie. On dit souvent que rien ne caractérise mieux une organisation politique que la manière dont l’argent y est collecté et géré, et c’est tout à fait vrai. Ceux qui ont suivi la campagne de Mélenchon ont bien noté quelques bizarreries de gestion, et surtout l’opacité totale qui préside aux décisions d’ordre financier. Ils ont aussi remarqué la présence dans l’entourage de Mélenchon d’un certain nombre de personnages pour qui la France Insoumise était non seulement une cause, mais aussi et surtout un gagne-pain. Il y a ceux qui font vivre la France Insoumise, et ceux qui en vivent. Je dois dire que pour moi, habitué aux campagnes électorales ou des militants prenaient sur leurs congés et se dépensaient sans compter leur temps ou leur argent personnel, découvrir qu’on pouvait se faire rémunérer royalement pour faire campagne a été une nouveauté. Surtout lorsque la rémunération passe par des montages complexes avec de la sous-traitance à tous les niveaux et la multiplication d’associations, d’entreprises et – comble des combles – d’auto-entrepreneurs tournant autour de la caisse. La logique de concentration du pouvoir dans les mains du gourou favorise d’ailleurs l’apparition de personnalités comme Sophia Chikirou, qui deviennent intouchables du fait de leur proximité – pas nécessairement idéologique (3) – avec le Chef. Les sombres affaires du « Média », dans lesquels Sophia Chikirou, après s’être faite virer pour gestion désastreuse, réclame des sommes importantes par voie d’huissier est une parfaite illustration de l’étrange mélange entre militantisme et sens des affaires qu’on trouve à la tête de la France Insoumise. Mais on aurait tort de se concentrer sur le cas Chikirou en oubliant le reste : elle n’est pas la seule, loin de là, à avoir bénéficié de la manne.

La violence de la réaction de Mélenchon renvoie aussi au fonctionnement sectaire de la France Insoumise. Pour le dire schématiquement, Mélenchon a perdu l’habitude d’être contredit ou critiqué par des gens qu’il respecte. La France Insoumise fonctionne sur le mode binaire qui caractérise les sectes : il y a le « dehors », toujours menaçant et grouillant de complots contre le groupe, rempli de personnes qui sont soit des imbéciles, soit des salauds (ou des « dégénérés ») – avec une exception pour les gens qu’on essaye d’attirer dans le groupe. Et puis il y a le « dedans », ou tout le monde est tout naturellement d’accord avec le gourou, et il ne peut en être autrement puisque celui qui critique le gourou est ipso facto mis « dehors ». Pas besoin dans le « dedans » de structures, de votes, de motions, de débat démocratique. A quoi bon, puisque tout le monde est d’accord, et que débat et vote ne servent qu’à créer des divisions artificielles, comme Mélenchon a pu le théoriser plusieurs fois. Et puis, pourquoi avoir une commission de contrôle financier, comme cela existe dans d’autres partis, puisque le gourou et tous ceux qui l’entourent sont parfaitement honnêtes…

Mais surtout – et c’est là le symptôme le plus caractéristique du comportement sectaire – les gens du « dedans » sont appelés à se couper du « dehors ». Parce que toutes les critiques, les reproches,  les faits gênants venant du « dehors » sont nécessairement le fruit d’un Grand Complot et donc disqualifiés par définition. Si le rapporteur de la CNCCFP a fait un signalement, ce n’est certainement pas parce qu’il fait son boulot, mais parce qu’il y a vingt ans il officiait au cabinet de Louis Mexandeau, avec qui Mélenchon entretenait des rapports difficiles. Si le parquet perquisitionne, ce n’est pas parce qu’il fait son travail, mais parce qu’il a reçu l’ordre d’Emmanuel Macron lui-même transmis par Nicole Beloubet pour occulter le fiasco du remaniement. Et ainsi de suite. Ce mode de pensée, qu’on retrouve dans toutes les sectes, permet de couper les adeptes de l’extérieur, de les isoler et de s’assurer que le seul message qui parvient à eux est celui que le gourou approuve.

D’où aussi la violence de Mélenchon : il faut prévenir tout de suite la propagation du feu, s’assurer que les adeptes ne prêtent pas l’oreille aux informations venues du « dehors ». Plus haut, je disais qu’il aurait pu tenir un discours du « je n’ai rien à cacher, la justice rétablira la vérité ». A la lumière du raisonnement que j’ai exposé, vous comprenez pourquoi ce langage était impossible. Le tenir, c’est admettre que le discours venu du « dehors » peuvent éventuellement « rétablir la vérité ». Or, il n’est pas question pour Mélenchon de prendre une telle posture. Son intérêt, c’est de soutenir que le discours du « dehors » est forcément mensonger, que seul le discours du « dedans » – c’est-à-dire le sien – peut « rétablir la vérité ». La Justice peut enquêter sur les autres organisations politiques, cela est juste et normal. Mais dès lors qu’elle enquête sur la France Insoumise, cela devient inacceptable parce que la France Insoumise est, pour son gourou, au-dessus de tout contrôle extérieur, tout comme son leader est sacré et intouchable.

Au-delà de la composante personnelle, la violence de Mélenchon tient aussi à un positionnement politique. Il a très bien compris que la Secte ne peut rester unie, que les débats internes ne peuvent être étouffés qu’en ayant un « diable de confort » dont la présence permet à tous les adeptes de communier dans une haine commune. Aujourd’hui, ce « diable de confort » n’est plus Marine Le Pen, qui n’apparaît plus comme étant aux portes du pouvoir ni même comme ayant une influence significative sur le débat public. C’est donc Macron qui en prend la place. Le scrutin européen devient donc « un référendum anti-Macron » – comme en 2012 l’élection présidentielle était un « référendum anti-le Pen ». On est toujours dans la même logique du « front contre front » avec rien au milieu. Mais pour mettre en place cette logique, il faut pouvoir attribuer tous les malheurs de la France – et tout particulièrement ceux de la France Insoumise –  au Grand Komplot macronien. C’est ce que Mélenchon a essayé de faire dans ce dossier.

Seulement, il est allé trop loin. La logique du « seul contre tous » doit être maniée avec précaution si l’on ne veut pas se retrouver effectivement tout seul. La violence de sa réaction a fait que le reste de la gauche radicale a pris ses distances. L’invocation de la sacralité du corps mélenchonien et sa prétention à incarner la République à lui tout seul peut encore fonctionner à l’intérieur de la Secte, mais vu du dehors cela paraît ridicule. Chercher à empêcher une perquisition par la force, insulter un policier ou un procureur, traiter un rapporteur de « dégénéré » peut être amusant – et encore – chez un militant gauchiste étudiant, mais ne sied pas vraiment à un homme qui a passé la soixantaine et qui prétend aux plus hautes fonctions. La falsification des faits finit, elle aussi, par vous rattraper (4). Non, une perquisition ne peut se faire sur simple ordre du ministre de la justice – même si le parquet est soumis aux instructions du garde des sceaux, une perquisition sans l’accord de la personne perquisitionnée doit être autorisée par le juge de la détention et des libertés, qui est un magistrat du siège et donc indépendant. Non, on ne peut prétendre que Sophie Chikirou, responsable communication de la campagne de Mélenchon, n’était pas « donneuse d’ordres » au prétexte que « c’est Jean-Luc Mélenchon qui décidait des orientations politiques » comme le prétend Manuel Bompard. Et c’est se foutre du monde que de prétendre que cette affaire est organisée par Macron pour occulter les ratés de son gouvernement, alors qu’on fait tout ce qu’il faut pour qu’elle provoque le plus grand bruit médiatique possible.

Reste à savoir quelle sera la réaction des militants de la France Insoumise. Il paraît que ça rue dans les brancards. Ce week-end, un « collectif des insoumis démocrates », dont le projet est de démocratiser et institutionnaliser la France Insoumise tient son assemblée inaugurale. L’automne du gourou risque d’être chaud.

Descartes

(1) Ayant été plusieurs fois dans ma vie mandataire financier d’un candidat, je peux vous assurer que je sais de quoi je parle. Un exemple classique de détournement indétectable est le suivant : imaginons une circonscription A ou votre parti fait 20%, alors que dans les circonscriptions B, C et D il ne fait pas les 5% nécessaires pour se voir rembourser les dépenses de campagne. En bonne logique, votre candidat en A pourra imprimer 100.000 tracts et affiches – tous remboursés. Alors que les candidats dans B, C et D devront payer de leurs propres deniers – ou de ceux de leur parti – les affiches et les tracts. Mais pas de panique, tout à une solution. Au lieu de commander officiellement 100.000 tracts, le candidat en A commandera 400.000 à un imprimeur « ami » et réglera la facture pour ce montant. Les candidats de B, C et D commanderont à leur tour 5.000 tracts et affiches chacun. L’imprimeur fabriquera 100.000 affiches et tracts pour la circonscription A, mais aussi 100.000 pour chacune des autres circonscriptions.

Une telle manipulation est indétectable : dans les livres de l’imprimeur il y aura la commande pour 400.000 tracts et affiches, il y aura le paiement correspondant, et il aura commandé le papier et l’encre correspondant. Tout est donc en ordre. Le fait qu’il ait livré à A seulement 100.000 à la place des 400.000 ne laisse aucune trace, pas plus que les livraisons en excès aux autres candidats. Et puis comment compter à posteriori le nombre d’affiches effectivement collées, le nombre de tracts effectivement distribués ?

(2) Là encore, j’ai vu de mes yeux vu…

(3) Les rapports intimes entre Jean-Luc Mélenchon et Sophia Chikirou, que tout le monde fait semblant de découvrir aujourd’hui, était un secret de polichinelle depuis le début de la campagne, au point que certains adeptes de la Secte l’appelaient « la Chikirou » ou « Madame de Pompadour ». Mélenchon a tort de dire que sa vie privée ne concerne personne. Lorsqu’on exerce un pouvoir purement personnel, il n’y a plus de vie privée. Diriez-vous que les rapports entre Louis XV et Madame de Pompadour ne concernaient qu’eux-mêmes ? Pourtant, ils affectaient la vie de l’ensemble des Français…

Dans cette affaire, Mélenchon souffre de l’absence totale de contre-pouvoirs dans la France Insoumise. Il n’y a personne pour arrêter son char, ni même pour lui dire « tu fais une connerie ». Le despotisme éclairé est une excellente méthode de gouvernement aussi longtemps que le despote reste « éclairé ». Lorsqu’il commence à perdre la boule ou le contact avec la réalité, c’est un désastre.

(4) Un exemple amusant : sur son site, Mélenchon répond aux « mensonges de France Info » sur le financement de la campagne électorale. L’une de ses « réponses » consiste à contester le chiffre des commandes à la société Mediascop de Sophie Chikirou, qui selon France Info seraient de 1,1 M€ soit 11% du coût total de la campagne. Mélenchon retranche la TVA de cette prestation, pour aboutir au chiffre de 900.000 €, et conclut qu’elle représente donc 6% et non 11% du total. Seulement voilà : si on compte « hors taxes » les commandes à Mediascop, alors il faut compter aussi « hors taxes » le total des dépenses… et la part de Mediascop dans le total de la campagne reste donc constante…

Ce contenu a été publié dans Non classé, avec comme mot(s)-clé(s) , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

110 réponses à L’automne du Gourou

  1. BolchoKek dit :

    Excellent article. J’ai l’impression que ce déménagement t’a revigoré !

    >Si vous vendez au candidat à 500 une prestation qui vous coute 100, le candidat sera remboursé de 500 et vous, vous gardez les 400 restants. Le candidat peut même accepter la transaction en échange de la moitié des gains… en liquide (2)!<

    J'avoue que je ne comprends pas trop dans ces manipulations l'intérêt de détourner de l'argent en liquide… Si on parle de sommes importantes qui sortent, les bénéficiaires vont devoir le faire rentrer autre part, et il y a un risque important que le fisc s'en aperçoive, surtout qu'à notre époque les transactions importantes en cash se font de plus en plus rares… Je loupe quelque chose ?

    • Descartes dit :

      @ BolchoKek

      [Excellent article. J’ai l’impression que ce déménagement t’a revigoré !]

      Comme disait ma grand-mère, “avec un balai neuf, on a toujjours envie de balayer”…

      [J’avoue que je ne comprends pas trop dans ces manipulations l’intérêt de détourner de l’argent en liquide…]

      L’avantage de l’argent liquide, c’est qu’il ne laisse pas de traces. Un virement bancaire, un chèque laissent une trace. Mais si on trouve de l’argent liquide dans votre coffre, on aura du mal à établir son origine… Bien sur, comme vous le dites, l’argent liquide ne peut être utilisé que par petits paquets pour ne pas attirer l’attention du fisc. Mais un parti politique a la possibilité de “blanchir” des sommes relativement importantes: comment justifier l’origine de l’argent issu d’une “collecte au drapeau”, par exemple ?

    • BolchoKek dit :

      @Descartes

      >Mais un parti politique a la possibilité de « blanchir » des sommes relativement importantes: comment justifier l’origine de l’argent issu d’une « collecte au drapeau », par exemple ?<

      Ça me semble tout de même se donner beaucoup de mal pour un gain assez limité, étant donné que je ne vois pas comment y caler soudainement des sommes énormes, même par une collecte de cash anonyme : si d'un coup tu as un bond de plusieurs milliers d'euros dans une "collecte au drapeau" que rien n'explique, ça va faire se froncer des sourcils… Et un risque politique énorme : un tel procédé suppose un certain nombre de personnes au courant. Imagine si demain un des militants qui a participé à la manœuvre se met à parler à des journalistes…

      • Descartes dit :

        @ BolchoKek

        [Ça me semble tout de même se donner beaucoup de mal pour un gain assez limité, étant donné que je ne vois pas comment y caler soudainement des sommes énormes,]

        Mais pourquoi voulez-vous des « sommes énormes » ? Le financement politique, c’est souvent une affaire de petites sommes – du moins si on compare avec le monde des affaires ou de l’industrie. Une belle campagne municipale dans une ville moyenne coûte autour de 40.000 € (le plafond est de l’ordre de 2€ par habitant pour les deux tours).Si vous arrivez à mettre de côté disons 10.000 € en liquide, vous êtes déjà au quart de votre campagne…

        [même par une collecte de cash anonyme : si d’un coup tu as un bond de plusieurs milliers d’euros dans une “collecte au drapeau” que rien n’explique, ça va faire se froncer des sourcils…]

        Bien entendu. C’est pourquoi les sommes sont réintégrées par petits paquets, éventuellement en inscrivant des collectes imaginaires. Qui ira vérifier qu’à telle ou telle réunion il y avait bien une « collecte au drapeau » ?

        [Et un risque politique énorme : un tel procédé suppose un certain nombre de personnes au courant. Imagine si demain un des militants qui a participé à la manœuvre se met à parler à des journalistes…]

        C’est pourquoi dans les partis bien organisés les affaires financières ne sont confiées qu’à un petit nombre de militants, choisis parmi les plus fidèles, les plus stables et les plus discrets…

  2. Gérard Jeannesson dit :

    Merci pour cet article très instructif

  3. Enfin ! Je me disais que votre détestation du petit timonier était longue à se manifester, c’est chose faite. “Vieillard” peut être un peu fort, mais je défend ma classe d’age me direz-vous ; le bonhomme est désagréable et à force ses qualités de tribun ne le protègent plus de notre tolérance amusée. L’argent corrompt, et l’absence de labeur voile la réalité, c’est cela que raconte la pitoyable histoire, avec en plus l’habitude de disposer de moyens facilement. Un stage chez nous, chez Debout La France, lui ferait du bien !
    Sur le fond, la protection des élus devrait être renforcée, vous ne voyez pas la main du pouvoir dans l’action judiciaire, étonnant cécité ; au moins pour le calendrier Macron est derrière. La partie mondialistes/patriotes n’est pas une invention, le Brexit et l’Italie nous donnent à voir sa violence ; ils ont peur ! Il faudrait, hors atteintes criminelle sur les personnes, différer l’instruction de toute suspicion concernant les parlementaires, je dis bien toutes, c’est le seul moyen d’éviter les “affaires”, ce qui empercherait pas les média de parler, au conditionnel, des faits, et même plus librement puisqu’il n’y aurait pas de “secret” de l’instruction.
    Pour le financement des campagne, là aussi une seule solution démocratique et contrôlable : les mêmes moyens de propagande, mis en œuvre par un service de l’État. Avec, par exemple, le système des professions de foi plusieurs fois par campagne, avec des temps télévisuels vraiment identiques sur fond de débats très encadrés. Mises à disposition de locaux et de n. salariés avec une enveloppe précise et pré-déterminée, idem pour les salles de réunions publiques, etc.
    C’est plus complexe que cela, mais c’est l’idée qu’il faut retenir.

    • Descartes dit :

      @ Gerard Couvert

      [Enfin ! Je me disais que votre détestation du petit timonier était longue à se manifester, c’est chose faite.]

      Pourquoi parlez-vous de « détestation » ? Je n’ai aucune « détestation » pour Mélenchon. Je le connais depuis de longues années, grâce à des amis communs. J’ai même été proche de lui lorsqu’il fonda le PG, et j’ai eu la faiblesse d’espérer que son expérience de « parti creuset » pouvait produire quelque chose d’intéressant. Si j’ai la dent dure avec Mélenchon, ce n’est pas par « détestation » mais plutôt par déception. On pardonne facilement à ses adversaires, on pardonne difficilement les gens qui vous ont déçu.

      J’ai mis très longtemps à comprendre qu’il y a chez Mélenchon une faute originelle qui gâche tout ce qu’il fait. Cette faute, c’est sa vision qu’on peut qualifier de « aristocratique » de la politique. Une vision qui lui vient de sa formation trotskyste et que son mitterrandisme a démultiplié. Pour Mélenchon, il y a plusieurs « ordres » hiérarchiques dans une organisation politique. Il y a les « surhommes », dont il fait partie, qui pensent la grande stratégie. Il y a les « dirigeants », qui constituent le premier cercle du grand homme et qui ont une certaine autonomie tactique. Et puis il y a la piétaille, les simples militants tout juste bons à remplir les salles de meeting, distribuer les tracts et coller les affiches. Des simples militants qu’il faut caresser quelquefois dans le sens du poil, dont on peut faire occasionnellement l’éloge, mais qu’il n’est pas nécessaire d’écouter et à qui il ne faut confier aucun pouvoir. Mélenchon a toujours fonctionné comme ça. Il avait déjà ce comportement au PS lorsqu’il était chef de courant. Mais au PS, il y avait des traditions qui obligeaient à respecter quelques formes. On faisait voter les militants, même si ensuite on « négociait » les résultats du vote. Avec la France Insoumise, Mélenchon a eu pour la première fois la possibilité de modeler une organisation suivant ses propres idées. Et qu’a-t-il construit ? Une organisation ou le chef décide de tout, ou seule une petite caste cooptée par le chef participe aux décisions, et où la piétaille n’a ni information, ni voix au chapitre.

      Ce n’est pas « détester » Mélenchon que remarquer combien ce type de fonctionnement ressemble à celui d’une secte, et combien il est à l’opposé de toutes les traditions du mouvement ouvrier français. On sourit lorsqu’on se souvient que Mélenchon faisait partie des dirigeants socialistes qui reprochaient aux communistes leur manque de démocratie interne au prétexte qu’il pratiquait le vote indirect et le « centralisme démocratique ». Aujourd’hui qu’il est en haut de l’affiche, Mélenchon s’offre une organisation qui fait passer le PCF stalinien pour un exemple de démocratie interne.

      [« Vieillard » peut être un peu fort, mais je défend ma classe d’age me direz-vous ; le bonhomme est désagréable et à force ses qualités de tribun ne le protègent plus de notre tolérance amusée.]

      Si j’ai utilisé le mot « vieillard », c’est parce que le voir à la télévision vociférant devant les policiers il m’a fait penser à un voisin de mon quartier qui est le prototype du vieillard irascible, qui part au quart de tour dès qu’il s’estime offensé et engueule tout le monde sans discrimination. Il y a des manifestations de colère qu’on pardonne chez un jeune immature, mais qui deviennent ridicules chez un homme de son âge et de son expérience.

      [L’argent corrompt, et l’absence de labeur voile la réalité,]

      Tout à fait. Et c’est pourquoi dans toute organisation il faut d’abord penser à la manière dont l’argent sera géré, et surtout a contrôle de cette gestion. Napoléon avait eu l’idée de séparer l’ordonnateur de la dépense et le comptable qui verse l’argent pour la payer. C’est ce système qui a permis à la France d’avoir une fonction publique raisonnablement peu corrompue. Le PCF avait créé un système différent, avec une « commission de contrôle financier » dans chaque fédération et une « commission centrale du contrôle financier » au niveau national, et c’est pourquoi les finances du PCF ont toujours été bien tenues, et cela malgré un environnement hostile.

      Quant à l’absence de labeur… oui, un parti qui n’a pour dirigeants qui font toute leur carrière comme permanents politiques est mal barré. Parce que le permanent politique vit dans un monde qui n’est pas vraiment le monde réel…

      [Sur le fond, la protection des élus devrait être renforcée, vous ne voyez pas la main du pouvoir dans l’action judiciaire, étonnant cécité ; au moins pour le calendrier Macron est derrière.]

      Avez-vous la preuve, ou bien ne serait-ce qu’un indice indiquant que « Macron soit derrière » le calendrier de cette perquisition ? Si la réponse est négative, alors vous donnez pour acquis ce qui n’est qu’une hypothèse. Et même comme hypothèse, elle est peu vraisemblable. Même le calendrier paraît particulièrement mal choisi : on pourrait se demander s’il s’agit d’une opération politique si cela était arrivé pendant la campagne électorale des européennes, par exemple. Mais aujourd’hui, cela lui sert à quoi ? D’autant plus que si Mélenchon n’était pas monté sur ses grands chevaux, l’affaire serait passée quasiment inaperçue.

      Je ne vois donc pas très bien de quelle « protection » vous parlez. Pensez-vous qu’il faudrait doter les parlementaires d’une immunité générale les protégeant de tout acte de procédure judiciaire ? La seule chose que vous obtiendriez, c’est de voir les gros escrocs « acheter » des sièges pour jouir de l’immunité, comme cela se voit dans d’autres pays. Je ne vois pas quel serait l’élu qui, ces dernières années, aurait été empêché de remplir ses fonctions par la volonté de l’exécutif. Je ne vois donc pas où est le besoin de « protection » supplémentaire.

      [La partie mondialistes/patriotes n’est pas une invention, le Brexit et l’Italie nous donnent à voir sa violence ; ils ont peur ! Il faudrait, hors atteintes criminelle sur les personnes, différer l’instruction de toute suspicion concernant les parlementaires, je dis bien toutes, c’est le seul moyen d’éviter les « affaires », ce qui empêcherait pas les média de parler, au conditionnel, des faits, et même plus librement puisqu’il n’y aurait pas de « secret » de l’instruction.]

      Le gros problème avec ce système, c’est que l’élection devient une garantie d’impunité pour les élus. Dans les pays ou ce système existe on voit des escrocs s’acheter des sièges pour jouir de l’immunité. Pensez à un élu qui est en même temps chef d’entreprise, et qui viole allègrement le Code du travail. Qu’est-ce qu’on fait ? On le laisse faire ?

      [Pour le financement des campagne, là aussi une seule solution démocratique et contrôlable : les mêmes moyens de propagande, mis en œuvre par un service de l’État. Avec, par exemple, le système des professions de foi plusieurs fois par campagne, avec des temps télévisuels vraiment identiques sur fond de débats très encadrés. Mises à disposition de locaux et de n. salariés avec une enveloppe précise et pré-déterminée, idem pour les salles de réunions publiques, etc. C’est plus complexe que cela, mais c’est l’idée qu’il faut retenir.]

      Sur ce point, je suis d’accord. Ca permettrait de limites les “coups” médiatiques style “hologramme” qui n’apportent rien au débat mais qui trasforment la politique en spectacle.

  4. Bannette dit :

    Sur ce que tu dis sur le fonctionnement sectaire sautait aux yeux des vidéos de perquisition : je le savais d’un point de vue théorique, mais le voir de façon si crue m’a semblé pire que ce que j’imaginais. Dans mon boulot, j’ai rencontré des jeunes sarkozystes totalement accros à l’ex-président, et j’aime bien les charrier, je t’assure que leur adoration pour lui est encore très forte. Et pourtant, même lorsque la justice ou Plenel s’acharnent sur lui, et même si Sarko avait twitté “Eh mon fan-club, au secours venez, la Stasi est chez moi et Carlita !”, je doute qu’ils se seraient précipités, déjà tout simplement parce qu’ils bossent, et parce qu’ils savent que les mises en scènes d’intimidations gauchistes façon racailles auraient nui à leur idole.
    Là c’est stupéfiant de voir la garde prétorienne mélenchonnienne dans un mouvement de mimétisme à la René Girard accourir dès qu’il s’est filmé sur face-de-bouc, provoquer comme un seul homme les très stoïques policiers et substituts du procureur, et pas un seul pour le calmer ou lui conseiller une autre approche. Ces gens là (Corbière, le rouquin, les autres dont j’ai oublié les noms) ne bossent pas ???? N’ont pas de vie de famille ????
    Ils font partie de cette génération qui s’est tellement persuadée que CRS = SS, qu’ils n’arrivent même plus à décrypter le réel. Au vu de leur attitude, on comprend mieux pourquoi ils défendent toujours les racailles du genre Adama ou Théo, ils ont bien montré que ce sont eux qui poussent à bout les forces de l’ordre pour mettre en scène un incident à exploiter. Aux USA le moindre mot de travers, et les flics vous ceinturent et vous plaquent au sol avec les menottes. On a une Police républicaine de qualité, mais combien de temps va-t-on conserver cet état d’esprit ? Que ces crétins gouttent un peu à la police mexicaine ou pakistanaise, c’est tout ce qu’ils méritent.

    Pour les investigations, je pense qu’elles sont toutes fondées par les échos que j’ai d’anciens camarades. La crise du Média a déjà montré de façon crue l’exploitation des djeunz naïfs qui s’engagent dans les métiers de com’ et se sont aperçus que les promoteurs de lettres au Père Noël du genre Smic à 1700 euros net étaient cupides et n’hésitaient pas à exploiter l’escroquerie du statut d’auto-entrepreneur. Un De villepin qui promeut le CPE et exploiterait professionnellement des groupies dans une campagne présidentielle serait moins choquant parce qu’il serait raccord avec ses propositions politiques. Un Mélenchon qui a attiré beaucoup de djeunz bobos qui ont une une révélation politique à l’utilisation du mot “Précariat” fait figure d’hypocrite. Et comme on l’a vu avec les présidences Mitterrand, il n’y a rien de pire qu’un espoir trahi. Des gens comme Trump ou Poutine vous annoncent ouvertement la couleur, donc on sait à qui et quoi on a affaire. Les Clinton, Mitterrand ou Obama qui sont si “raisonnables” sont parmi les pires présidents que leurs concitoyens ont jamais connu.

    Après, je serais moins catégorique que toi sur la politisation de la Justice : la triste affaire du Mur des Cons, les arrêts rendus par certains conseils d’état ou constitutionnels qui fabriquent du droit (tout ce qui touche à l’immigration par exemple), la totale divergence de célérité ou d’application ou d’opportunité de poursuivre selon les affaires, me rendent de plus en plus méfiante envers l’institution judiciaire. L’autre jour tu m’as répliqué qu’elle était clochardisée, ok je veux bien mais c’est comme l’Education Nationale qui miaule qu’on lui enlève les moyens. Ce n’est pas qu’une affaire de moyens, je trouve que dans notre pays, la dialectique entre la Police et la Justice s’est totalement dégradée, et c’est cette dernière qui est fautive. Bien sûr, tous les magistrats ne sont pas à mettre dans le même sac, mais je trouve la judiciarisation du politique inquiétante (et en effet, c’est très protestant comme état d’esprit). Par exemple cette affaire de photos de Daesh et Marine Le Pen qui est allée jusqu’à lui exiger une expertise psy, c’est vraiment de la judiciarisation kafkaïenne.

    Je remarque que le PCF s’est tiré de ce nez de vipères gauchistes à temps, il a été bien inspiré. Mais il ne retrouvera jamais sa superbe.

    • Descartes dit :

      @ Bannette

      [Là c’est stupéfiant de voir la garde prétorienne mélenchonnienne dans un mouvement de mimétisme à la René Girard accourir dès qu’il s’est filmé sur face-de-bouc, provoquer comme un seul homme les très stoïques policiers et substituts du procureur, et pas un seul pour le calmer ou lui conseiller une autre approche.]

      Mais vous noterez cependant que la réaction n’a pas été la même selon les générations. Chez Corbière, il y avait un engagement inconditionnel aux côtés de Mélenchons. Mais chez Quatennens, c’était déjà moins évident. Présent à côté de Mélenchon lors de sa conférence de presse, il a gardé un visage de marbre qui ne laissait guère lire ses pensées. J’ai eu l’impression – mais je peux me tromper – qu’il n’était pas à l’aise avec la ligne choisie par son mentor.

      [Ces gens-là (Corbière, le rouquin, les autres dont j’ai oublié les noms) ne bossent pas ???? N’ont pas de vie de famille ????]

      Ils sont députés, alors on peut dire que la politique est leur boulot. Là, je pense que vous êtes un peu injuste…

      [Ils font partie de cette génération qui s’est tellement persuadée que CRS = SS, qu’ils n’arrivent même plus à décrypter le réel. Au vu de leur attitude, on comprend mieux pourquoi ils défendent toujours les racailles du genre Adama ou Théo, ils ont bien montré que ce sont eux qui poussent à bout les forces de l’ordre pour mettre en scène un incident à exploiter.]

      La génération du « CRS=SS » est plutôt celle de Mélenchon. Corbière ou Quatennens sont trop jeunes pour avoir connu cette époque. Eux, c’est plutôt la matrice SOS-Racisme qui les a formés. Je me suis demandé effectivement si la violence envers la police ou la tentative de défoncer la porte pour empêcher la perquisition n’avait pas pour but de rechercher un incident qui pourrait ensuite être exploité. Imaginez l’image d’un Mélenchon en couvert de sang dénonçant les « violences de la police de Macron »…

      [Après, je serais moins catégorique que toi sur la politisation de la Justice : la triste affaire du Mur des Cons, les arrêts rendus par certains conseils d’état ou constitutionnels qui fabriquent du droit (tout ce qui touche à l’immigration par exemple), la totale divergence de célérité ou d’application ou d’opportunité de poursuivre selon les affaires, me rendent de plus en plus méfiante envers l’institution judiciaire.]

      Je pense que vous êtes injuste. Bien sûr, notre justice est loin d’être parfaite. Certains juges sont politisés, c’est vrai. Mais cela est inévitable : il est illusoire d’imaginer qu’on pourrait recruter des juges qui arriveraient à mettre le monde extérieur entre parenthèses, qui n’auraient une opinion personnelle sur quelque sujet que ce soit. Le propre de l’institution judiciaire, c’est de devoir rendre une justice le plus impartiale possible à partir de juges qui, individuellement, ne le sont pas. C’est pourquoi la justice doit être une institution, avec sa mystique, ses symboles et ses rites.

      Quant à la fabrication du droit, si le Conseil d’Etat ou le Conseil Constitutionnel fabriquent du droit, c’est parce que le législateur élu hésite de plus en plus à le faire, et préfère au contraire rester dans l’ambiguïté et laisser au juge le soin de prendre les responsabilités qu’il refuse de prendre. Le cas du voile à l’école est de ce point de vue révélateur : pendant des années on a laissé le bébé aux juges parce que les législateurs et le gouvernement n’avaient surtout pas envie de s’en saisir et d’en porter la responsabilité.

      Le seul point sur lequel je suis d’accord avec vous est la vitesse de certaines procédures, et le choix des dates pour certains actes. Mais ces éléments échappent au pouvoir exécutif, et ces dernières années les délais semblent plus liés aux engagements de certains juges qu’à une volonté du pouvoir politique.

      [L’autre jour tu m’as répliqué qu’elle était clochardisée, ok je veux bien mais c’est comme l’Education Nationale qui miaule qu’on lui enlève les moyens. Ce n’est pas qu’une affaire de moyens,]

      Non, mais c’est aussi une affaire de moyens. Il n’y a qu’à avoir l’état des tribunaux… mais surtout, la surcharge de la justice transforme l’acte de juger en travail à la chaine, qui empêche le juge de faire un véritable travail d’écoute et de pédagogie qui devrait être inséparable de la peine. IL y a aussi le problème des délais, qui déconnecte la peine de l’acte.

      [je trouve que dans notre pays, la dialectique entre la Police et la Justice s’est totalement dégradée, et c’est cette dernière qui est fautive.]

      La dialectique entre la Police et la Justice est toujours conflictuelle, et c’est une bonne chose. Mais il y a une dérive de la justice depuis les années 1970. Les juges ont assimilé la vision « victimiste » que la société véhicule, et du coup ils se conçoivent plus comme les défenseurs de l’individu (que ce soit l’individu-delinquant ou l’individu-victime) que comme les défenseurs d’une organisation sociale. C’est particulièrement notable chez les juges administratifs, qui tendent à prendre une position anti-Etat systématique, comme si leur fonction était de protéger l’intérêt de l’individu même lorsque celui-ci s’oppose à l’intérêt général. De plus en plus les juges se voient comme défenseurs de la morale plus que de la loi.

  5. Melenchoniste dit :

    Pas lu…mais rien qu’au titre j’y vois une pleine jouissance.

    Maintenant je vais lire !!!!

    • Melenchoniste dit :

      Bon j’ai lu : c’est plus gentillet que j’en attendais.

      Enfin, c’est à relativiser.

      • Descartes dit :

        @ Melenchoniste

        [Bon j’ai lu : c’est plus gentillet que j’en attendais.]

        Je me demandais à quoi vous vous attendiez ? A ce que je traite Mélenchon de “dégénéré” ? Non, l’invective ce n’est pas vraiment mon genre…

  6. Laurent dit :

    Bonjour Descartes,

    Félicitation pour votre nouveau blog. Vu les errements de notre « leader maximo », je m’attendais à ce qu’il y ait de l’agitation au sein de la France Insoumise, mais pas si tôt. Mélenchon avait récemment multiplié les polémiques et les choix hasardeux, allant jusqu’à renié tout ce qui pouvait sembler souverainiste dans son programme. Pouvez-vous nous toucher un mot sur le dernier remaniement ? Il semblerait que avec 15 jours pour former un gouvernement, les choses, ne sont plus si aisées pour notre président.

    • Descartes dit :

      @ Laurent

      [Félicitation pour votre nouveau blog. Vu les errements de notre « leader maximo », je m’attendais à ce qu’il y ait de l’agitation au sein de la France Insoumise, mais pas si tôt. Mélenchon avait récemment multiplié les polémiques et les choix hasardeux, allant jusqu’à renié tout ce qui pouvait sembler souverainiste dans son programme.]

      Tout à fait. On avait l’impression qu’il avait choisi d’adoucir son image – comme il le fait en général avant une élection – pour pouvoir ratisser large, et surtout pour pouvoir attirer dans son giron les Maurel et autres Lienemann, tous deux ardents eurolâtres. Il ne faut pas sous-estimer le climat de fronde dans LFI, même si l’organisation du mouvement ne laisse aucune sortie institutionnelle à cette fronde, puisqu’il n’y a pas d’instance ou elle pourrait s’exprimer.

      [Pouvez-vous nous toucher un mot sur le dernier remaniement ? Il semblerait que avec 15 jours pour former un gouvernement, les choses, ne sont plus si aisées pour notre président.]

      Je comptais publier un papier sur ce sujet, mais l’actualité a commandé… j’y reviendrai quand même.

  7. luc dit :

    @Descartes[Sophia Chikirou est en même temps la responsable de la communication de la campagne – et à ce titre commande les prestations – et gérante dFre Mediascop, la structure qui exécute les prestations et les facture]
    De plus,c’est aussi la Pompadour deMélenchon,depuis des lustres.Dans le microcosme parisien,ça parait connu depuis des années aussi.
    Par conséquent toutes les personnes,qui ont cautionnés,et promus,Mélenchon ont commis des erreurs de jugement,comme ceux qui ont cautionnés Fillon,ses mensonges ,ses affaires liés à ses enfants et à sa Pénéloppe…
    MGB et PL(je ne donne aucun nom,de peur que votre censeur,n’agisse) peuvent il continuer à jouer le rôle de perpétuels mentors,parngons de vertus,et guides éclairés au PCF,eux qui ont ‘créés’,’financés’ et ‘supportés’,l’immaculé Mélenchon,du front de gauche?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [De plus, c’est aussi la Pompadour de Mélenchon depuis des lustres.]

      N’exagérons rien. Leurs rapports intimes datent, si l’on croit certaines sources autorisées, des années 2012-2013. Le plus amusant est que la dame a, elle aussi, une trajectoire politique assez sinueuse : d’abord fabiusienne, elle présente une candidature dissidente contre Pau-Langevin et se fait virer du PS. Ensuite, elle ira chez Bockel – vous savez, ce socialiste-libéral qui a quitté le PS pour soutenir Sarkozy et qui deviendra secrétaire d’Etat dans le gouvernement Fillon. Ce qui ne l’empêche pas en 2012 de faire la communication de la campagne de Mélenchon…

      [Dans le microcosme parisien,ça parait connu depuis des années aussi.]

      Bien sûr. Dans le microcosme et en dehors du microcosme. Il fallait d’ailleurs être aveugle pour ne pas voir que les rapports entre le vieux lion et la jeune gazelle dépassaient largement le domaine professionnel. Rien que la manière dont « Le Média » a été monté…

      Cela étant dit, ce que Mélenchon fait dans l’intimité de sa chambre à coucher ne concerne en théorie que lui, et personne d’autre. Du moins ce serait le cas si la France Insoumise était un mouvement institutionnalisé, avec des procédures de décision et de contrôle interne transparentes. Mais lorsqu’un mouvement politique dépend des décisions d’un seul homme, l’identité de ceux qui partagent sa couche devient une question politique…

  8. Ilitche dit :

    Incroyable Mélenchon…Ce type est incroyable !

    Le “Je suis sacré” est une si belle représentation de ce qu’il est ! Il est si habité par ses principes philosophiques qu’il te sort la phrase alors que n’importe qui d’autre avec un QI d’huitre aurait vu que dans ce contexte ça faisait un peu cheap si ce n’est totalement con. Mais lui républicain convaincu ça lui est sorti comme ça, inconsciemment de la bouche.

    Il grimpe encore d’avantage dans mon estime.

    Tout le reste un peu rien à foutre, des histoire habituel : un systèmes qui essaye de broyer un résistant essayant de combattre et de lutter dans ce contexte ultra-défavorable.

    Lache rien camarade !

    • Descartes dit :

      @Ilitche

      [Incroyable Mélenchon…Ce type est incroyable !]

      De moins en moins. Il devient au contraire de plus en plus prévisible. Et de plus en plus caricatural.

      [Le « Je suis sacré » est une si belle représentation de ce qu’il est ! Il est si habité par ses principes philosophiques qu’il te sort la phrase alors que n’importe qui d’autre avec un QI d’huitre aurait vu que dans ce contexte ça faisait un peu cheap si ce n’est totalement con. Mais lui républicain convaincu ça lui est sorti comme ça, inconsciemment de la bouche.]

      Je ne vois pas très bien ce que vient faire ici la « conviction républicaine » de Mélenchon. La sacralisation du corps du gouvernant, ça n’a rien de républicain. L’idée que le corps du roi était sacré au point que le simple fait de le blesser constituait une lésion de la majesté est une invention de la monarchie absolue. Pour un républicain, ce sont les institutions et non les hommes qui sont « sacrés ».

      Je ne pense pas que le « je suis sacré » de Mélenchon ait quelque chose a voir avec une quelconque vision républicaine. C’est plutôt une manifestation de la vision que Mélenchon a de lui-même. Vous noterez qu’il n’a pas dit « nous sommes sacrés », alors que pourtant plusieurs députés étaient présents. Y aurait-il en République des députés plus « sacrés » que d’autres ?

      [Il grimpe encore d’avantage dans mon estime.]

      Tous les goûts sont dans la nature…

      [Tout le reste un peu rien à foutre, des histoire habituel : un systèmes qui essaye de broyer un résistant essayant de combattre et de lutter dans ce contexte ultra-défavorable.]

      Pardon… mais pourquoi dites-vous « UN résistant » ? Les perquisitions n’ont pas concerné le seul Mélenchon, que je sache. Sophia Chikirou, pour ne mentionner qu’elle, a vu son bureau et son appartement perquisitionné, et a été convoquée pour un interrogatoire qui a duré plusieurs heures. Elle n’a pas, elle aussi, droit à l’appellation de « résistante » ?

      Allons, soyons sérieux. Que certains dans le « système » ne soient pas tristes des ennuis de Mélenchon, c’est fort probable. Mais le premier devoir d’un « résistant » est de ne pas donner des bâtons pour se faire battre. Mélenchon a été au mieux imprudent, au pire complice de gens qui ont profité de la campagne électorale pour se remplir les poches. Et ça, ce n’est pas la faute du système.

      [Lache rien camarade !]

      Je doute que Mélenchon lise ce blog. Dois-je conclure que votre « Lache rien camarade ! » d’adresse à moi ?

      • Ilitche dit :

        Melenchon est incroyablement sacré et fortement résistant au “systeme”…et je l’encourage a ne rien lacher.

        En lui adressant ( A Melenchon) de camarades salutations.

        • Descartes dit :

          @ Ilitche

          [Melenchon est incroyablement sacré et fortement résistant au « systeme »…]

          “Incroyablement sacré” ? Vous ne trouvez pas que vous faites un peu fort là, dans le rayon “admiration genuflexe” ?
          Je trouve personnellement cette sacralisation du leader fort gênante. J’ai du mal d’ailleurs comment un vrai républicain peut sacraliser – ou permettre qu’on sacralise – une personne. En quoi Mélenchon serait-il différent des autres hommes au point de devenir “sacré” – pire, “incroyablement sacré” ? Serait-il d’essence divine ? Aurait-il, comme le roi jadis, deux corps, l’un terrestre, l’autre transcendent ?

          Admettons un instant que Mélenchon soit un stratège hors pair, une intelligence supérieure, un homme exceptionnel de vision et d’action, un être comme on en voit un par siècle. Et alors ? En quoi cela le rendrait “sacré” ? De Gaulle, Mitterrand, Clemenceau, Robespierre ou Einstein étaient eux aussi “sacrés” ? Non, bien sur que non. Chacun d’eux était exceptionnel à sa façon, mais rien de “sacré” chez eux. On pouvait les admirer ou les détester, mais personne n’aurait songé à leur rendre culte…

          Quant à Mélenchon “résistant au système”… vous m’accorderez que sa “résistance” est bien tardive. Est-il encore une fois besoin de rappeler que Mélenchon n’est pas né à la politique un beau jour de 2008 ? Qu’il fut pendant vingt-cinq ans un “éléphant” du PS, qu’il a soutenu Mitterrand sans le moindre état d’âme alors même que celui-ci prenait le “tournant de la rigueur”, qu’il mettait en place la politique du “franc fort” ? Qu’il fit passionnément campagne pour la ratification du traité de Maastricht, celui-là même qui crée la monnaie unique contrôlée par une banque centrale indépendante, qui instaure la “concurrence libre et non faussée” comme clé de voute du projet européen, qui organise l’impuissance des états européens en transférant des pouvoirs énormes à Bruxelles ? Qu’il fut ministre de Jospin alors que celui-ci engageait la plus grande campagne de privatisations de notre histoire ? Et que, pour couronner le tout, pendant ce parcours il s’était permis de railler ou d’insulter ceux qui, à l’époque, “résistaient déjà au système” ?

          [En lui adressant ( A Melenchon) de camarades salutations.]

          Je vous rappelle encore une fois qu’il est inutile d’adresser des “salutations” à Mélenchon sur ce blog: je doute qu’il le lise. Je vous trouve par ailleurs bien familier. Quand quelqu’un est “incroyablement sacré”, il reçoit des offrandes, pas de simples “salutations”…

          • Ilitche dit :

            “”Quant à Mélenchon « résistant au système »… vous m’accorderez que sa « résistance » est bien tardive. Est-il encore une fois besoin de rappeler que Mélenchon n’est pas né à la politique un beau jour de 2008 ? Qu’il fut pendant vingt-cinq ans un « éléphant » du PS, qu’il a soutenu Mitterrand sans le moindre état d’âme alors même que celui-ci prenait le « tournant de la rigueur », qu’il mettait en place la politique du « franc fort » ? Qu’il fit passionnément campagne pour la ratification du traité de Maastricht, celui-là même qui crée la monnaie unique contrôlée par une banque centrale indépendante, qui instaure la « concurrence libre et non faussée » comme clé de voute du projet européen, qui organise l’impuissance des états européens en transférant des pouvoirs énormes à Bruxelles ? Qu’il fut ministre de Jospin alors que celui-ci engageait la plus grande campagne de privatisations de notre histoire ? Et que, pour couronner le tout, pendant ce parcours il s’était permis de railler ou d’insulter ceux qui, à l’époque, « résistaient déjà au système » ?””

            Militant de l’UPR sort de ce corps 😉

            Oui 30 ans au ps, franc maçon, veut éradiquer les blonds aux yeux bleu.

            Non le stade de la sacralité il n’y est pas encore…ça c’est le jour ou il mettra un coup de bloule en plein direct à apathie.

            J’ai assez bien résumé ma conception de la politique…Non mais c’est quoi ce pavé juridico-législatif !

            • Descartes dit :

              @ Ilitche

              [Militant de l’UPR sort de ce corps]

              J’ai du mal à comprendre en quoi le fait de rappeler que Mélenchon a un passé antérieur à la fondation du Parti de Gauche, et que ce passé est celui d’un fidèle militant mitterrandien, ferait de moi un « militant de l’UPR ». Je le dis et le répète : il y a dans la « gauche radicale » française une tentation à l’amnésie proprement sidérante lorsqu’elle concerne ses propres dirigeants. Mitterrand, ce vieux réac, ce vichyste honteux, ce partisan de l’Algérie française, a réussi pendant plus de quinze ans à passer pour l’homme qui allait « changer la vie ». Ses amitiés collabo ou OAS, ses faux attentats, ses « affaires », sa Francisque, personne ne voulait s’en souvenir. Et Mélenchon nous fait le même coup. Le « tournant de la rigueur » qu’il a soutenu ? Le traité de Maastricht qu’il a appelé à ratifier ? La privatisation de France Télécom qu’il a appuyée ? Qui s’en souvient ?

              Seulement voilà : quand Mitterrand est arrivé au pouvoir, on a vu qui il était vraiment. Et la gauche s’est remplie de « déçus du mitterrandisme ». Mélenchon, lui, ne risque pas de nous décevoir…

              [Oui 30 ans au ps, franc maçon, veut éradiquer les blonds aux yeux bleu.]

              Je ne sais pas s’il veut éradiquer quelqu’un, et peu me choit le fait qu’il soit franc-maçon. Mais ses 30 ans au PS et ce qu’il y a fait, cela mérite d’être pris en compte à l’heure de juger des opinions d’un homme politique, vous ne trouvez pas ?

              [Non le stade de la sacralité il n’y est pas encore…]

              Décidez-vous : hier il était « incroyablement sacré », aujourd’hui « il n’y est pas encore ». Faudrait savoir… faut-il lui allumer des cierges aujourd’hui, ou faut-il attendre demain qu’il « y soit » ?

              [ça c’est le jour ou il mettra un coup de bloule en plein direct à Apathie.]

              Ah bon, moi je croyais que c’était le jour où il changera quelque chose au monde où nous vivons. Mais si un coup de boule vous suffit… finalement, vous n’êtes pas très exigeant.

              [J’ai assez bien résumé ma conception de la politique…]

              Oui, je le crois aussi. Particulièrement avec votre commentaire sur le « coup de boule ».

              [Non mais c’est quoi ce pavé juridico-législatif !]

              Ca s’appelle un argument. Vous ne connaissiez pas ? Ah, c’est vrai, un “coup de boule” c’est tellement plus efficace…

  9. Antoine dit :

    Bonjour Descartes et merci pour cet article. J’admets éprouver un peu de mauvaise joie à voir la grande nef sectaire de la FI s’enfoncer dans la vase de ses propres turpitudes.

    Quelques points en vrac :

    > Surtout lorsque la rémunération passe par des montages complexes avec de la sous-traitance à tous les niveaux et la multiplication d’associations, d’entreprises et – comble des combles – d’auto-entrepreneurs tournant autour de la caisse.

    L’auto-entrepreneur n’est guère qu’une entreprise individuelle en petit format. Cela sert à certains à exercer un genre d’activité de profession libérale éphémère ou occasionnelle.

    Les « insoumis démocrates » sont touchants : ils n’ont pas compris que la FI ne tenait que par la présence et la stature de Mélenchon ?

    Un aspect accessoire mais assez cocasse : je me demande si Maurel et Lienemann ont choisi le bon moment pour leur ralliement.

    Et un dernier point qui m’a frappé : à la lecture des réactions des militants mélenchonistes, je trouve que la FI est en train de s’UPRiser. Ça a toujours été une sorte de secte, mais ils sont vraiment en train de couper les dernières amarres avec la réalité.

    • Descartes dit :

      @ Antoine

      [Bonjour Descartes et merci pour cet article. J’admets éprouver un peu de mauvaise joie à voir la grande nef sectaire de la FI s’enfoncer dans la vase de ses propres turpitudes.]

      Je suis moins vindicatif que vous. J’aurais aimé voir la FI évoluer vers autre chose, et je regrette qu’elle – c’est-à-dire que Mélenchon, parce que c’est lui qui prend toutes les décisions dans la boutique – n’ait pas été capable de s’affranchir du côté sectaire et devenir une véritable organisation institutionnalisée. Oui, je sais, étant donné la composition sociale c’était un rêve impossible…

      Maintenant, les désordres qu’on voit ne sont que les symptômes d’un fonctionnement que j’ai souvent dénoncé ici. Je ne peux donc pas dire que je suis surpris.

      [L’auto-entrepreneur n’est guère qu’une entreprise individuelle en petit format. Cela sert à certains à exercer un genre d’activité de profession libérale éphémère ou occasionnelle.]

      Oui, mais cela sert aussi, au niveau des comptes de campagne, à occulter la rémunération réelle de la personne, puisque ce qui est facturé est une prestation – qui peut contenir éventuellement des achats de matériel, des frais fixes ou de la sous-traitance en chaîne – et non la seule rémunération de l’auto-entrepreneur. La CNCCFP n’étant pas une instance judiciaire, elle ne peut enquêter au-delà des comptes du candidat. C’est pourquoi le fait de « sous-traiter » la campagne a mis la puce à l’oreille à la Commission, et provoqué un signalement au titre de l’article 40 du Code pénal. Le but est de permettre à un juge de pousser la vérification au-delà de l’écran de la sous-traitance.

      [Les « insoumis démocrates » sont touchants : ils n’ont pas compris que la FI ne tenait que par la présence et la stature de Mélenchon ?]

      En effet, il y a une certaine ingénuité à imaginer que LFI peut exister sans Mélenchon. Et une ingénuité encore plus grande à imaginer que Mélenchon se laissera dicter sa politique par un quelconque mécanisme de décision démocratique. Les « insoumis démocrates » n’ont pas l’air d’avoir bien compris comment fonctionne leur propre mouvement…

      [Un aspect accessoire mais assez cocasse : je me demande si Maurel et Lienemann ont choisi le bon moment pour leur ralliement.]

      On peut toujours discuter, mais je leur fais confiance pour trouver le meilleur moment. D’ailleurs, pour voir quel est le meilleur moment de se rallier il faudrait d’abord savoir quels sont leurs objectifs. Si le but est de décrocher une place éligible de député européen sur la liste des « insoumis », le moment est très bien choisi : Mélenchon est relativement affaibli et a besoin désespérément de leur ralliement. Il est donc prêt à payer le maximum pour l’avoir.

      [Et un dernier point qui m’a frappé : à la lecture des réactions des militants mélenchonistes, je trouve que la FI est en train de s’UPRiser. Ça a toujours été une sorte de secte, mais ils sont vraiment en train de couper les dernières amarres avec la réalité.]

      La comparaison est intéressante…

  10. cdg dit :

    a mon avis si on ne peut pas en effet controler les depenses des parlementaires, on peut limiter les abus par une mesure simple: il suffit de rendre public toutes les depenses au dela d un seuil (par ex 200 €). c est il me semble ce qui est fait en GB.
    Dans ce cas, si un depute s amuse a se payer sur la bete, ca se voit assez facilement. On peut evidement tomber sur des Balkany qui vont creer des societes ecrans mais meme la, comment justifier d avoir fait appel a une societe immatriculee aux iles vieregs ?

    • Descartes dit :

      @ cdg

      [a mon avis si on ne peut pas en effet controler les depenses des parlementaires, on peut limiter les abus par une mesure simple: il suffit de rendre public toutes les depenses au dela d un seuil (par ex 200 €).]

      Ce n’est pas une mauvaise idée. Le problème, c’est qu’une telle publication, pour avoir un sens, doit être détaillée. Et qu’une publication détaillée révèlerait au public des détails de l’activité de l’homme politique qui n’ont pas de raison de l’être. Prenons un exemple: si le député prend en charge un dîner avec quelques personnalités, publier la facture ne sert à rien si le nom des personnalités en question n’est pas publié (car il peut s’agir d’un d^ner avec des banquiers, avec des scientifiques… ou avec sa famille). Mais si vous publiez l’identité des convives, que deviennent certains dîners discrets au cours desquels on négocie des affaires délicates ?

  11. Antoine dit :

    Ah, un dernier point. Quand vous parlez de « gestion désastreuse » du Média par Chikirou, je pense que vous sous-estimez un peu la difficulté à faire vivre une presse d’informations de nos jours. Malgré son affairisme et son absence de scrupules, Chikirou m’apparaît plutôt comme une bonne professionnelle, qui « fait le boulot » comme disent les anglo-saxons. Sa remplaçante Aude Lancelin semble mille fois pire : c’est le prototype de la bourgeoise sympathisante de l’ultra-gauche qui refuse le moindre soupçon de pluralisme (je ne sais pas si vous avez suivi le départ de Jacques Cotta : cf. http://la-sociale.viabloga.com/news/les-raisons-de-mon-depart-du-media et http://la-sociale.viabloga.com/news/comment-le-media-m-a-censure ). À mon avis, le Média est surtout victime de la mentalité gauchiste qui veut systématiquement subordonner la recherche de la vérité aux besoins de la Cause. Difficile alors de présenter une plus-value quelconque par rapport aux médias plus « mainstream », ou aux habituelles feuilles militantes du genre Regards / Politis.

    • Descartes dit :

      @ Antoine

      [Ah, un dernier point. Quand vous parlez de « gestion désastreuse » du Média par Chikirou, je pense que vous sous-estimez un peu la difficulté à faire vivre une presse d’informations de nos jours.]

      Non, je ne sous-estime pas l’ampleur de la tâche. Chikirou est une excellente professionnelle de la communication, ça tout le monde le reconnaît. Mais diriger un média, ce n’est pas de la communication mais du journalisme. Et Chikirou n’a aucune expérience, aucune compétence en matière journalistique. Les résultats ont d’ailleurs été à la mesure de sa compétence…

      [À mon avis, le Média est surtout victime de la mentalité gauchiste qui veut systématiquement subordonner la recherche de la vérité aux besoins de la Cause.]

      Oui, en partie. Mais il n’y a pas que ça. La France Insoumise vit sur une illusion unanimiste, celle qui suppose que les insoumis sont tous d’accord. Mais dès lors qu’il s’agit de faire un média, les différences apparaissent. Et comme chacun à LFI est persuadé de détenir LA vérité, il se sent légitime pour fermer la bouche aux autres. D’où les censures successives qui ont provoqué autant de crises au Média.

      [Difficile alors de présenter une plus-value quelconque par rapport aux médias plus « mainstream », ou aux habituelles feuilles militantes du genre Regards / Politis.]

      Exact. C’est là où se trouve la contradiction : tout le monde a compris que les feuilles militantes sont d’un ennui mortel, mais personne n’est disposé à laisser une place à la contradiction…

      • Bannette dit :

        @Antoine, je suis d’accord avec toi pour la difficulté d’une presse d’information. Cependant, je ne suis pas sûre qu’à la base, le Média se voulait un média alternatif, mais plutôt l’équivalent mélenchoniste du Alo Presidente de feu-Chavez…
        Mais si vous comparez le destin du Média et de… TVlibertés, il n’y a pas photo. Il est stupéfiant et pour moi hautement regrettable de constater que le professionnalisme et même le pluralisme sont plus du côté du média classé à l’extrême droite que celui des gauchistes. Une honte. TVL invite des gens de gauche comme Sapir ou Guilluy, ou un souverainiste comme Philippot (pourtant détesté à droite), les laisse s’exprimer longuement et apporter leur contribution.
        Si à gauche, ils n’étaient pas si sectaires, et laissaient des espaces aux républicains et aux souverainistes, peut être qu’ils auraient pu fonder un équivalent de TVL. Mais ça voudrait dire qu’il faudrait admettre le débat contradictoire, et ne pas s’auto-fliquer.

        • Descartes dit :

          @ Bannette

          [je suis d’accord avec toi pour la difficulté d’une presse d’information. Cependant, je ne suis pas sûre qu’à la base, le Média se voulait un média alternatif, mais plutôt l’équivalent mélenchoniste du Alo Presidente de feu-Chavez…]

          Je ne le crois pas. Mélenchon avait déjà son « Alo Presidente » dans sa chaîne Youtube – je ne sais pas si ça existe toujours – qui s’appelait « la télé de gauche ». Non, si l’on croit à ce qui avait été dit au départ, il s’agissait d’opposer aux médias vendus à l’oligarchie et distillant la pensée unique un nouveau média reflétant la richesse des points de vue du « peuple ». A l’information formatée on allait opposer une information problématisée montrant les différentes facettes de chaque problème, aux émissions politiques martelant le point de vue de « l’élite » on allait substituer des émissions permettant aux diverses composantes du « peuple » de faire valoir leur point de vue.

          Le problème de ce type de projets, c’est que celui qui le lance doit être convaincu que la diversité des points de vue sert à quelque chose, qu’elle enrichit sa propre pensée et donc ses capacités a emporter une victoire politique. Sinon, à quoi bon lancer un débat ? Il faut aussi au porteur du projet une grande confiance dans ses propres idées, dans sa capacité à convaincre et à gagner le débat. Parce qu’en politique vous ne donnez pas la parole à vos adversaires si vous n’êtes pas convaincu de pouvoir prendre le dessus sur eux. Le monolithisme du discours de la France Insoumise traduit en fait une insécurité sur la capacité de ce discours à s’imposer par ses propres mérites.

          [Mais si vous comparez le destin du Média et de… TVlibertés, il n’y a pas photo. Il est stupéfiant et pour moi hautement regrettable de constater que le professionnalisme et même le pluralisme sont
          plus du côté du média classé à l’extrême droite que celui des gauchistes.]

          Mais quand vous y pensez, c’est assez logique. L’extrême droite est aussi intolérante que l’extrême gauche lorsqu’elle fonctionne dans une logique groupusculaire. Mais l’une des transformations les plus importantes de ces dernières années est justement celle-là : les extrêmes droites, en devenant « populistes », sont sorties de la logique groupusculaire. Leur but n’est pas aujourd’hui de s’enfermer dans une forteresse idéologique et d’y chasser tout ce qui pourrait compromettre la pureté de la foi, mais au contraire de créer un « syncrétisme idéologique » qui leur permette de toucher toutes les couches de la société. C’est pourquoi on peut inviter un Sapir ou un Finkielkraut à s’exprimer sur leurs médias ou dans leurs colloques : loin d’être vu comme une trahison, c’est perçu comme un moyen d’établir des ponts avec l’ensemble de la société.

          Si l’extrême droite avance alors que l’extrême gauche est en panne, c’est parce que l’extrême droite a su abandonner la logique de forteresse assiégée et penser une stratégie large, dirigée à l’ensemble de la société. Alors que l’extrême gauche se sent menacée par tout discours qui ne va pas dans son sens, l’extrême gauche invite les hétérodoxes à s’exprimer longuement dans ses cénacles sans se sentir le moins du monde agressée et n’hésite pas à emprunter leurs idées quand ça l’arrange.

  12. Gugus69 dit :

    Et que pensez-vous de cette analyse ?

    « Mélenchongate » : demandez le programme !


    Ces arguments pèsent lourd, me semble-t-il…

    • Descartes dit :

      @ Gugus69

      [Et que pensez-vous de cette analyse ? (…) Ces arguments pèsent lourd, me semble-t-il…]

      Certains oui, d’autres non. Comme souvent avec de Castelnau, les points soulevés sont intéressants mais il gâche le raisonnement avec des raisonnements complotistes dont la seule base est une « fausse évidence ». Ainsi par exemple lorsqu’il écrit que « Répétons une fois de plus que l’opération du 16 octobre avec ses 15 (17 ?) perquisitions n’a pas pu être organisée sans que non seulement le pouvoir exécutif soit au courant, mais ait pris lui-même la décision. Tout permet de l’affirmer et notamment, au-delà de l’expérience professionnelle, l’utilisation du simple bon sens. Une opération de cette ampleur, le jour de l’annonce du remaniement, menée par le parquet mobilisant 100 policiers (!) et dirigée contre un des premiers partis d’opposition, sans que les services de la place Vendôme et notamment le Garde des Sceaux soient au courant ? Sans que Madame Belloubet l’ait décidé en liaison étroite avec l’Élysée ? Une telle mobilisation policière sans que le ministère de l’intérieur ne soit au courant et ait donné son feu vert ? ». Oui, mais… où sont les faits ? Il est en effet probable que le cabinet du garde des sceaux et celui de l’intérieur soit au courant. Mais de là à affirmer qu’ils l’ont « autorisé », il y a un pas que seules des indices factuels permettent de franchir. Un « tout permet d’affirmer » tout comme « le simple bon sens » ne constituent pas des faits.

      Dans une époque où l’on aime voir partout la main d’un Grand Complot qui donnerait du sens à des actes qui nous paraissent déconnectés, il faut se méfier des fausses évidences. Ce n’est pas parce qu’un complot est possible ou même probable qu’il est réel. Il faut d’ailleurs être cohérent : si l’exécutif tient la main des juges, dans l’affaire Mélenchon, il n’y a aucune raison de penser qu’il ne la tient pas dans l’affaire Benalla. Faut-il conclure que la mise en examen de l’ancien chargé de mission de Macron et des trois policiers qui lui ont fourni les images de vidéosurveillance a été, elle aussi, décidée par Beloubet « en liaison étroite avec l’Elysée » ?

      De Castelnau rappelle que l’élu ne doit des comptes qu’à ses mandants, c’est-à-dire, ses électeurs. Mais comment les électeurs pourraient demander des comptes à leurs élus s’ils ne sont pas informés de leurs œuvres et, éventuellement, de leurs turpitudes ? On peut regretter que le débat politique soit pollué en permanence par les « affaires ». Mais je pense que de Castelnau exagère singulièrement le poids des campagnes médiatiques. On aime à croire que Fillon a perdu par la faute du « Canard » ou de « Médiapart ». Mais à mon avis, c’est une explication trop facile et trop commode. Lorsqu’on regarde l’histoire longue, d’autres hommes politiques ont fait l’objet de campagnes bien plus violentes et plus ordurières, et cela ne leur a pas empêché d’être élus. Fillon a d’abord perdu parce qu’il proposait un programme politique nul, qui se résumait à une logique d’austérité ad indefinitum. En quoi sa proposition politique était-elle plus attractive que celle de Macron ? La campagne médiatique n’a été que la cerise sur le gâteau. Et si elle a été efficace, c’est d’abord parce que Fillon, au lieu d’assumer ses actes, s’est enferré dans une suite de mensonges qui ont démontré ce que tout le monde politique disait en coulisse : qu’il n’avait pas les nerfs pour devenir président de la République.

      De Castelnau a par contre raison à mon avis de dénoncer le risque que pose le contrôle étendu du juge sur le travail des parlementaires ou sur l’organisation des campagnes électorales. Cela étant dit, s’il dénonce les risques d’un système où le juge aurait à décider ce que constitue une dépense « raisonnable » de campagne, il ne propose pas de solution au problème, lui aussi réel, d’une liberté qui permettrait à l’élu ou ses amis de s’enrichir sur le dos du financement public des campagnes en surfacturant les différentes dépenses. Finalement, le système qu’il propose implicitement aboutit à donner à chaque candidat ayant dépassé un certain plafond de voix une somme fixe, libre à lui de décider de ses dépenses et de se mettre le reste dans la poche. Car en effet, si je suis candidat et que l’on me dit que le plafond de dépenses remboursables est de 8 M€ sans aucun contrôle sur la dépense, j’ai tout intérêt à surfacturer pour m’approcher le plus possible de ce plafond.

      C’est tout le problème du financement public de l’activité politique : dès lors qu’il s’agit d’argent public, il doit être dépensé efficacement et dans l’intérêt public. Ce qui implique un contrôle et donc le jugement par une autorité de ce qui est – ou pas – de l’intérêt public. Pour reprendre l’exemple de De Castelnau, est-il dans l’intérêt public qu’un candidat s’achète une Ferrari plutôt qu’une Clio ? Et si ce n’est pas le magistrat qui le dit, qui le dira ?

      • Gugus69 dit :

        Vous oubliez, il me semble, un des points importants de Castelnau : les juges si prompts à chercher des poux dans la tête des opposants, font preuve d’une mansuétude assez surprenante pour les écarts du prince…

        • Descartes dit :

          @ Gugus69

          Ce n’est pas si évident que ça. Dans l’affaire Benalla, les juges ont perquisitionné son domicile ainsi que le siège de LREM dans les jours qui ont suivi le révélation de l’affaire. Dans le cas de Sarkozy, les procédures ont commencé alors qu’il était encore à l’Elysée. On a une certaine tendance à voir la main du pouvoir là où c’est surtout les opinions, la volonté ou l’opiniâtreté du juge qui déterminent l’avancement des enquêtes. Vous noterez d’ailleurs que pour un juge la meilleure manière d’avoir une promotion est de faire avancer un dossier qui gêne le pouvoir, puisque la seule façon de se débarrasser d’un juge est de le promouvoir…

    • xc dit :

      De Castelnau ne dit pas que les perquisitions ont été autorisées par un juge des libertés et de la détention (JLD), un Magistrat du Siège, donc, non soumis à l’autorité hiérarchique du gouvernement.
      A mon commentaire sur ce point (pour ceux qui ont du temps à perdre…), il répond que ça le fait bien rigoler, lui et quelques autres.
      Je veux bien. Les occasions de s’amuser sont bien rares, autant en profiter.
      Mais la législation concernant les perquisitions ne me semble pas d’un volume tel qu’elle ne puisse être connue correctement par un Magistrat chargé plus spécialement que d’autres de l’appliquer. Et j’imagine mal ledit Magistrat accepter de ternir sa propre réputation en prêtant en connaissance de cause son concours à une opération à la légalité douteuse.
      Mais la procédure ne fait que commencer, on verra bien par la suite.

      • Descartes dit :

        @ xc

        [Mais la législation concernant les perquisitions ne me semble pas d’un volume tel qu’elle ne puisse être connue correctement par un Magistrat chargé plus spécialement que d’autres de l’appliquer.]

        En fait, elle tient dans un article, pour être précis, l’article 76 du Code de procédure pénale pour être précis. Voici un extrait :

        « Les perquisitions, visites domiciliaires et saisies de pièces à conviction ou de biens dont la confiscation est prévue à l’article 131-21 du code pénal ne peuvent être effectuées sans l’assentiment exprès de la personne chez laquelle l’opération a lieu.
        Cet assentiment doit faire l’objet d’une déclaration écrite de la main de l’intéressé ou, si celui-ci ne sait écrire, il en est fait mention au procès-verbal ainsi que de son assentiment.
        (…)
        Si les nécessités de l’enquête relative à un crime ou à un délit puni d’une peine d’emprisonnement d’une durée égale ou supérieure à cinq ans l’exigent ou si la recherche de biens dont la confiscation est prévue à l’ article 131-21 du code pénal le justifie, le juge des libertés et de la détention du tribunal de grande instance peut, à la requête du procureur de la République, décider, par une décision écrite et motivée, que les opérations prévues au présent article seront effectuées sans l’assentiment de la personne chez qui elles ont lieu. »

        Donc, de deux choses l’une: dans la mesure où la perquisition n’a pas été autorisée par les personnes perquisitionnées, soit elle a été ordonnée par un juge indépendant du pouvoir, soit elle est nulle. Il n’est pas possible en France de poursuivre un citoyen sur le fondement d’une perquisition ordonnée simplement par un magistrat du parquet “aux ordres du pouvoir”.

        [Et j’imagine mal ledit Magistrat accepter de ternir sa propre réputation en prêtant en connaissance de cause son concours à une opération à la légalité douteuse.]

        Surtout, une violation aussi flagrante entrainerait rapidement la nullité de la perquisition. On verra ce que dira le juge puisqu’une requête en nullité a été, semble-t-il, déposée.

  13. luc dit :

    C’est un fait que le champion de PL,en 2009,2012,2017 avec sonFdG, Mélenchon part en vrille totale avec sa Pompadour,et sa secte la Fi,qu’il dirige en Gourou,de moins en moins éclairé.
    Eh,Oui,’Les faits sont têtus’,comme disait Lénine.
    Good bye Laurent……
    Ne cauchemardons pas.Comment un dirigeant comme PL,dont 62% ,des membres du PCF,n’ont pas soutenu,le texte,peut il rester chef du PCF?
    Que son entourage rêve d’une recollation(après vote réécriture des résulatts à la PS d’Hollande et d’avant),c’est certain.
    C’est un fait que la base commune,c’est le Manifeste de Chassaigne.
    Mais,rien ne serait plus protecteur pour son entourage,que le maintien de Pierre Laurent en toute puissance,à la tête du PCF devenu alors le parti des consternants français,où une équipe qui perd se retrouve ad etarnam,pour continuer la démolition du PCF ,on?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Good bye Laurent…… Ne cauchemardons pas.Comment un dirigeant comme PL,dont 62% ,des membres du PCF,n’ont pas soutenu,le texte,peut il rester chef du PCF?]

      Il le pourrait. Si quelque chose caractérise Pierre Laurent, c’est justement qu’il n’a pas d’opinions tranchées. Il l’a d’ailleurs montré lors du débat sur la candidature présidentielle. Si la majorité vote blanc, il fera blanc, et si elle vote noir, il fera noir. Cela étant dit, il vaudrait mieux qu’il parte ne serait-ce que parce que le vote sur la base commune annonce un changement de ligne, et que ce changement doit être incarnée.

      Reste la question de “l’entourage”, et d’une façon plus générale, des dirigeants nationaux arrivés sous le règne du père UbHue, qui se sont incrustés dans les structures du PCF, et qui en vivent. Les militants arriveront-ils à les faire partir ?

  14. Mélenchon a compris plus que tout autre que la politique était avant tout un spectacle. Descartes voudrait qu’il se comporte en “vieux sage”, aujourd’hui ? C’est mal le connaître et comprendre sa trajectoire ! Car si Jean-Luc Mélenchon en est là aujourd’hui, à être un “leader” de premier plan de la scène politique, c’est qu’il a su faire déborder le vase en de multiples occasions et ainsi “buzzer”.

    En effet, Mélenchon a été plutôt été un “vieux sage” dans le passé, quand il était un homme politique mature, au Sénat, qu’il écrivait des bouquins qui n’intéressaient personnes et qu’il jouait le jeu des multiples congrès du PS. Mais il serait resté un second couteau. Il a d’ailleurs commencé à bruler les planches en vitupérant un étudiant en journalisme, ce qui lui apporta une belle notoriété et finalement permis sa candidature en 2012, contre le “sage” et “lisse” André Chassaigne, au sein du Front de Gauche, en 2011.

    Quelle serait l’autre possibilité, aujourd’hui ? “Bon la justice enquête, je lui laisse faire son travail et je vais attendre sagement”. Quoi ? Attendre que la justice et la police fassent leur travail et sortir de la scène, se mettre au vert, pendant combien de temps ? Combien de mois ? Combien d’années ? N’y pensez pas, malheureux ! Surtout quand la politique est permanente. Il faut riposter, occuper le terrain.

    “Premiers opposants à Macron, attaqués par le système” : l’image est trop belle (surtout que La France insoumise n’a strictement rien à se reprocher sur le fond à mon avis, c’est du pain béni cette perquisition démesurée !). C’est donc l’occasion de faire de la politique, d’exister, d’attirer les caméras (qui viennent rarement quand il s’agit de discours ou de campagnes de fond…). Aujourd’hui que des Plenel sortent des articles payants en utilisant des éléments de l’enquête ? Du pain béni ! Que le MEDEF, par la voie de son président, qualifie de Mélenchon de “disqualifié” ? Cela nourrit au contraire l'”insoumission” !! “Vénézuelaaaa” !!!! Comment un militant ou un homme sensible de gauche pourrait-il condamner un homme… condamné par Geoffroy Roux de Bézieux ? Qui veut hurler avec les loups ? Les “tireurs dans le dos” ?

    Nous vivons une nouvelle époque, qui n’est pas très cartésienne, n’en déplaise à Descartes. C’est l’ère de Trump, qui ment effrontément et qui en joue ! Ce type balance des propos plus gros que lui, de plus en plus vulgaires, et que font les Américains ? Ils votent plus lui ! Haro sur le “système” ! Dans la vie médiatique, la sagesse et la longueur de temps n’ont aucun intérêt. Mélenchon a l’art de la mise en scène mirobolante. Chapeau l’artiste. Comparez avec un Pierre Laurent, par exemple gère un patrimoine hérité en ‘bon père de famille”, avec son train de Sénateur. Comment les médias, et donc les gens, pourraient-ils s’enthousiasmer pour un type austère et peu loquace, qui ne livre aucun sentiment ? Mélenchon se livre. Ça passe ou ça casse.

    Idem pour Macron. Aplomb et panache. C’est intéressant de voir qu’en pleine affaire Benalla, Macron fanfaronne à l’Élysée avec ses proches, au cours d’une réception semi privée. Qui peut s’en étonner ? S’il le le faisait pas, il disparaitrait encore plus vite de la scène ! Alors il surnage, montre qu’il est le chef, et fait le numéro de cirque bien calculé, et bonnes vacances. Après tout, c’est le “jeu” ! La retenue et le doute n’ont pas leur place à ce niveau-là…

    Car le risque, Descartes l’a bien identifié : les électeurs étant des bœufs, le risque est surtout de se faire contester au sein même de son camp. On parle de Clémentine Autain, d’un François Ruffin… Jean-Luc Mélenchon ayant sacralisé la fonction et l’utilité du groupe parlementaire, le remplacement ne peut venir que de là, et surement pas des “démocrates insoumis”.

    Au sein de LREM, personne ne peut remplacer Macron… Mais qui sait, à l’avenir ? Il y a des députés LREM qui quittent le groupe, d’autres qui menacent de ne pas voter le budget de la Sécu (au motif que le Gouvernement a fermé un hôpital dans leur circonscription !) ou tel ou tel projet de loi… Un responsable politique comme Bruno Le Maire n’a pas renoncé à se présenter à la présidentielle… si le vent tourne, qui sait ? Si un Ministre un peut trop bien placé se fait viré et qu’il fronde ?

    Le leadership politique moderne se construit à l’aune de la présidentielle. On verra… beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts d’ici les grandes manœuvres, en vue de 2022. Il semble évident que Jean-Luc Mélenchon a envie d’en être en 2022, échéance qui serait sans doute sa dernière chance, et que Macron se représentera également à sa succession… mais le temps n’est pas encore venu… mais la vie politique est passionnante, impromptue et inattendue, pas “chiante” et morne… C’est un spectacle.

    • Descartes dit :

      @ Gautier Weinmann

      [Mélenchon a compris plus que tout autre que la politique était avant tout un spectacle. Descartes voudrait qu’il se comporte en « vieux sage », aujourd’hui ? C’est mal le connaître et comprendre sa trajectoire !]

      Le propre d’un grand acteur, c’est de se faire entendre au fond de la salle sans crier. Et aussi de bien choisir ses personnages. On ne joue pas les barbons à 25 ans ou les jeunes premiers à 65. On peut parfaitement faire le « buzz » en jouant les vieux sages – pensez à un Charles Pasqua. Pas besoin de vociférer ou de cracher des injures aux policiers.

      [Car si Jean-Luc Mélenchon en est là aujourd’hui, à être un « leader » de premier plan de la scène politique, c’est qu’il a su faire déborder le vase en de multiples occasions et ainsi « buzzer ».]

      Oui. Et c’était une excellente tactique au début, quand c’était un inconnu et qu’il fallait qu’il se fasse sa place. Mais il faut adapter la tactique au moment : maintenant qu’il est installé dans le paysage politique, sa priorité est d’élargir sa base. En jouant au grand méchant loup, il fait plaisir à ses partisans, mais repousse tous les autres. C’est De Gaulle je crois qui avait dit une fois à Churchill « nous sommes trop faibles pour faire des compromis ». Mélenchon se prétend assez fort pour incarner l’opposition à Macron, mais agit comme s’il était à la tête d’un groupuscule.

      [Quelle serait l’autre possibilité, aujourd’hui ? « Bon la justice enquête, je lui laisse faire son travail et je vais attendre sagement ». Quoi ? Attendre que la justice et la police fassent leur travail et sortir de la scène, se mettre au vert, pendant combien de temps ? Combien de mois ? Combien d’années ? N’y pensez pas, malheureux ! Surtout quand la politique est permanente. Il faut riposter, occuper le terrain.]

      Personne ne l’oblige à « sortir de la scène » ou d’attendre que la justice se prononce. La question n’est pas seulement d’occuper le terrain, il faut l’occuper positivement. Alors qu’une élection se prépare, je pense qu’il y a des choses plus intéressantes à dire pour occuper le terrain et riposter que de commenter des perquisitions. Si le seul but est d’occuper le terrain, alors il n’a faire des avances à une secrétaire, de préférence féministe. Cela lui garantira une longue présence dans les médias. Mais je ne suis pas persuadé que cela fera avancer sa cause…

      (« Premiers opposants à Macron, attaqués par le système » : l’image est trop belle (surtout que La France insoumise n’a strictement rien à se reprocher sur le fond à mon avis, c’est du pain béni cette perquisition démesurée !).]

      Rien à se reprocher ? Vous rêvez… dans ce genre d’affaires, on a TOUJOURS quelque chose à se reprocher. Et c’est quelqu’un qui a passé quelques années dans les affaires financières du PCF qui vous le dit…

      Encore une fois, la question de « l’image » est à prendre globalement. L’image du Mélenchon insultant les sbires de Macron venus le persécuter apparaîtra « belle » aux gauchistes qui font l’essentiel de ses militants et une partie non négligeable de sa base électorale. Mais pour les autres, ce sera plutôt l’image de Mélenchon crachant sur des humbles et honnêtes fonctionnaires venus lui demander des comptes qui s’imposera. Or, l’enjeu de Mélenchon aujourd’hui est d’élargir sa base, et non de se replier.

      [C’est donc l’occasion de faire de la politique, d’exister, d’attirer les caméras (qui viennent rarement quand il s’agit de discours ou de campagnes de fond…). Aujourd’hui que des Plenel sortent des articles payants en utilisant des éléments de l’enquête ? Du pain béni ! Que le MEDEF, par la voie de son président, qualifie de Mélenchon de « disqualifié » ? Cela nourrit au contraire l’ »insoumission » !! « Vénézuelaaaa » !!!! Comment un militant ou un homme sensible de gauche pourrait-il condamner un homme… condamné par Geoffroy Roux de Bézieux ? Qui veut hurler avec les loups ? Les « tireurs dans le dos » ?]

      Je vais me répéter, mais encore une fois, il faut savoir à quel public s’adresse. Les gens qui auront de la sympathie pour Mélenchon parce que Roux de Bézieux le critique ou parce que Plénel écrit des méchantes choses sur lui votent DEJA pour Mélenchon. L’enjeu, c’est d’attirer les autres, et en particulier cet électorat populaire qui se fout des passes d’armes entre Mélenchon, Plenel et Roux de Bézieux. Et ce n’est pas en traitant de « dégénéré » un fonctionnaire qui ne fait que son boulot qu’il va attirer ces électeurs-là.

      [Mélenchon a l’art de la mise en scène mirobolante. Chapeau l’artiste. Comparez avec un Pierre Laurent, par exemple gère un patrimoine hérité en ‘bon père de famille », avec son train de Sénateur. Comment les médias, et donc les gens, pourraient-ils s’enthousiasmer pour un type austère et peu loquace, qui ne livre aucun sentiment ? Mélenchon se livre. Ça passe ou ça casse.]

      Je ne vois aucune raison de choisir entre la peste et le choléra. Pierre Laurent a une expression et une image ectoplasmique. A supposer même que le PCF soit capable aujourd’hui d’élaborer et de porter un projet, Laurent serait incapable de le « vendre », d’entrainer, d’enthousiasmer. Pierre Laurent a beaucoup de qualités humaines et intellectuelles, mais le charisme n’en fait pas partie. Mélenchon, au contraire, a du charisme à revendre. Mais là encore, le charisme ne suffit pas. Trump peut gagner en affirmant que la terre est plate parce qu’il fonctionne dans une culture politique ou la foi a toujours été plus importante que la réalité. La France reste nettement plus cartésienne, et je doute que les sorties de Mélenchon sur les vaccins cubains contre le cancer du poumon ou sur la possibilité de remplacer le nucléaire par la géothermie lui aient gagné beaucoup de voix. Lui-même ne le pense pas, puisqu’il a fait machine arrière.

      [Idem pour Macron. Aplomb et panache. C’est intéressant de voir qu’en pleine affaire Benalla, Macron fanfaronne à l’Élysée avec ses proches, au cours d’une réception semi privée. Qui peut s’en étonner ? S’il le le faisait pas, il disparaitrait encore plus vite de la scène !]

      Pourtant, l’ensemble des analystes – même dans le camp macronien – considèrent que cette réception était une erreur, et sa diffusion une erreur plus grande encore.

      [Le leadership politique moderne se construit à l’aune de la présidentielle. On verra… beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts d’ici les grandes manœuvres, en vue de 2022. Il semble évident que Jean-Luc Mélenchon a envie d’en être en 2022, échéance qui serait sans doute sa dernière chance, et que Macron se représentera également à sa succession…]

      Je vous rappelle que Mélenchon avait dit en 2017 que c’était sa dernière élection… mais ce ne serait pas la première fois qu’une star fait ses adieux définitifs à la scène plusieurs fois… de toute façon, le propre de l’égo-politicien est d’être irremplaçable. Ce que vous dites de Macron par rapport à LREM est aussi vrai pour LFI et Mélenchon.

      • Quand Mélenchon a-t-il dit que ce serait sa dernière élection ? Où ? Je ne vois pas.

        En se présentant à Marseille et en prenant ma tête du groupe parlementaire, je pense qu’il s’est positionné pour 2022.

        Il y a un certain nombre d’inexactitudes. Il y a eu des tensions et quelques bousculades au moment des perquisitions mais pas d’insultes ni agressions. Ni à l’encontre des policiers ni à l’encontre des magistrats. C’est un mythe et c’est dommage de colporter des mythes quand on s’appelle Descartes.

        Enfin le “fonctionnaire dégénéré”, c’est encore le président de la CNCCFP qui en parle le mieux… Vous ne croyez pas ?
        “Je voudrais dire que je réfute absolument les élucubrations d’un rapporteur [Jean-Guy Chalvron qui a démissionné en novembre 2017] qui a abandonné son travail en route et dit des choses inexactes sur le travail de la Commission. Il se permet de parler sur des comptes dont il n’a pas vu la première facture.”

        • Descartes dit :

          @ Gautier Weinmann

          [Quand Mélenchon a-t-il dit que ce serait sa dernière élection ? Où ? Je ne vois pas.]

          Si ma mémoire ne me trompe pas, il l’a dit dans un discours de campagne mais je n’ai pas en tête la date.

          [En se présentant à Marseille et en prenant ma tête du groupe parlementaire, je pense qu’il s’est positionné pour 2022.]

          Quoi qu’il en ait dit, je pense comme toi qu’il se positionne pour 2022. Et je vois mal qui, dans la FI, pourrait lui disputer la place. Sauf s’il y renonce lui-même – pour raison de santé ou autre – il sera candidat.

          [Il y a un certain nombre d’inexactitudes. Il y a eu des tensions et quelques bousculades au moment des perquisitions mais pas d’insultes ni agressions. Ni à l’encontre des policiers ni à l’encontre des magistrats. C’est un mythe et c’est dommage de colporter des mythes quand on s’appelle Descartes.]

          Il faudrait s’entendre sur les termes. Vous estimez que défoncer une porte pour interrompre une perquisition est une « agression » ou pas ? Est-ce que pousser des deux mains un procureur – au point qu’un policier doit s’interposer – est une « agression » ? Traiter les policiers de « membres d’une bande fasciste », est-ce une insulte ?

          [Enfin le « fonctionnaire dégénéré », c’est encore le président de la CNCCFP qui en parle le mieux… Vous ne croyez pas ?]

          Faudrait savoir : c’est ce même président de la CNCCFP qui a fait le signalement au procureur de a République concernant les surfacturations dont la FI est accusée. Si vous faites confiance à sa clairvoyance lorsqu’il critique de Chalvron, pourquoi la lui retirez-vous lorsqu’il juge les comptes de campagne de la FI ?

          Personnellement, je ne sais pas qui de de Chalvron ou du président de la CNCCFP est meilleur juge des comptes de la FI. La justice le dira. Mais que de Chalvron ait raison ou tort, je ne vois pas qu’est ce qui autorise Mélenchon à le qualifier de « dégénéré ».

  15. Antoine dit :

    Bonjour Descartes,

    Rien à voir, mais que pensez-vous du lancement de l’association “Nation & République Sociale” (*) ?
    D’un côté, cela ressemble à un n-ième club souverainiste républicain, formé qui plus est de membres et ex-membres du MRC.
    De l’autre, les orientations me semblent raisonnables sur la plupart des sujets, ce qui n’est pas courant de nos jours. Et ils affirment vouloir aller d’un simple cercle de réflexion (mais sans aller jusqu’à créer un parti).
    Connaissez-vous les personnes impliquées ? (Jérôme Maucourant, Gil Delannoi…)

    (*) https://nation-republique-sociale.fr/

    Bien à vous

    • Descartes dit :

      @ Antoine

      [Rien à voir, mais que pensez-vous du lancement de l’association « Nation & République Sociale » ?]

      Je n’en pensais rien, parce que je n’avais même pas idée qu’une telle association existait. J’ai lu leur site, et j’ai trouvé le discours plutôt intelligent. Ca a l’air effectivement d’un “n-ième club souverainisme”, mais on a l’impression que ses animateurs ont compris que la frontière gauche/droite empêche la constitution d’un véritable courant souverainiste en France, et qu’ils se placent dans un espoir de pouvoir parler à la gauche comme à la droite. Je ne retrouve pas le discours “groupusculaire” de la plupart des “clubs”…

      Je n’ai jamais croisé Maoucourant ou Delannoi. Maucourant, si j’ai bien compris, est un professeur d’histoire économique à Saint-Etienne, Delannoi est un sociologue qui a travaillé avec Taguieff.

      • Jordi dit :

        Un souverainisme visant à dépasser, mais en aucun cas nier, le clivage gauche droite est possible. Il suffit de regarder ce qui se passe en Italie, et de s’en inspirer.

        Celà doit passer par un contrat de gouvernement; ce que notre hôte appelle un “Compromis”. Un compromis en deux étapes.

        La première étape c’est d’élaborer un programme qui doit au choix
        * intégrer dans un programme de droite souverainiste des mesures propres au coeur de la gauche souverainiste : nationalisations d’entreprises, droits des salariés étendus, taxation des patrimoines élevés, taxations des multinationales sur leur chiffre d’affaires.
        * intégrer dans un programme de gauche souverainiste des mesures spécifiques aux demandes de la droite souverainiste : préférence nationale pour l’emploi et l’attribution de logements sociaux, lutte stricte contre l’immigration et l’islamisme.
        * et ce en plus de mesures communes, telles qu’une taxe sur les géants du net et un doigt d’honneur à Bruxelles, par exemple en autorisant la Banque de France à imprimer des euros pour financer le déficit public. Juncker va glapir de rage, les contribuables allemands auront mal au fion et les Français vont adorer.
        Cette première étape implique donc d’établir un programme de compromis, de la faire avaler aux souverainistes en insistant sur le “bloc insécable” du programme.

        La deuxième étape, c’est de se faire élire puis gouverner en portant l’ensemble du programme, et en appliquant la totalité des mesures avec conviction, y compris celles ayant visé à obtenir le ralliement du “bord d’en face”.

        C’est évidemment plus facile à dire qu’à faire. Le principal obstacle, c’est que les “classes intermédiaires” qui tiennent la plupart des partis politiques se battront bec et ongles contre un tel programme. Et que les cadres LFI préfère se branler dans un “antifascisme” d’opérette que défendre les vrais intérêts des classes laborieuses.

        • Descartes dit :

          @ Jordi

          [Un souverainisme visant à dépasser, mais en aucun cas nier, le clivage gauche droite est possible. Il suffit de regarder ce qui se passe en Italie, et de s’en inspirer.]

          Je ne saisis pas très bien votre exemple. Pour autant que les mots « droite » et « gauche » aient encore un sens, je ne vois pas en quoi la situation italienne illustre un « dépassement » du clivage gauche/droite. Pourriez-vous être plus explicite ?

          [Cette première étape implique donc d’établir un programme de compromis, de la faire avaler aux souverainistes en insistant sur le « bloc insécable » du programme.]

          Et le « bloc insécable », c’est la récupération des instruments de souveraineté. Le fondement d’un tel compromis est de dire publiquement : « nous sommes en désaccord sur beaucoup de choses, mais nous sommes d’accord sur une priorité absolue : nous devons récupérer les instruments de la souveraineté. Ensuite, nous pourrons appeler le peuple à choisir la politique qu’il souhaite voir appliquée, et celle-ci pourra être mise en œuvre sans les entraves bruxelloises ».

          Je ne crois pas à l’idée selon laquelle on pourrait fonder ce compromis en intégrant au programme de la « droite » des mesures « de gauche » ou vice-versa. Un projet a besoin d’une certaine cohérence, et prétendre qu’on peut d’un côté avoir la politique éducative de la gauche et de l’autre la politique de l’emploi de la droite vous fera aller droit dans le mur. Soit on arrive à se mettre d’accord sur une approche globale – comme ce fut le cas à la Libération – en acceptant de laisser hors agenda les points sur lesquels l’affrontement est inévitable, soit on se contente du « bloc insécable » étant entendu que sur tous les autres sujets on reste adversaires.

    • Jean-François dit :

      @Antoine

      Merci pour la découverte, c’est très intéressant ! Il semble qu’ils sont à Lyon par contre.

  16. Ovni de Mars dit :

    “L’enjeu, c’est d’attirer les autres, et en particulier cet électorat populaire qui se fout des passes d’armes entre Mélenchon, Plenel et Roux de Bézieux. Et ce n’est pas en traitant de « dégénéré » un fonctionnaire qui ne fait que son boulot qu’il va attirer ces électeurs-là.”

    Non mais je crois que la séquence “violente” au siège de LFI va procurer des voix à Mélenchon en particulier de l’électorat votant RN. A la lecture de commentaires sur différents forums internet, on se rend compte que l’effet “Grillo Trump” fonctionne aussi pour Mélenchon et que celui-ci est assez souvent considéré comme un politique à part (qui ne va pas se dégonfler face à la “caste”). Quant à l’électorat de gauche qui a l’habitude de se boucher le nez, il avait prévu de toute façon de voter pour l’ectoplasme européiste Hamon

    Un autre article intéressant qui fait correspondre le comportement de Mélenchon au processus de décomposition politique en cours :
    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2018/10/22/31001-20181022ARTFIG00158-benedetti-la-colere-de-melenchon-va-bien-au-dela-d-un-coup-de-sang-ou-d-un-coup-de-com.php

    • Descartes dit :

      @ Ovni de Mars

      [Non mais je crois que la séquence « violente » au siège de LFI va procurer des voix à Mélenchon en particulier de l’électorat votant RN. A la lecture de commentaires sur différents forums internet, on se rend compte que l’effet « Grillo Trump » fonctionne aussi pour Mélenchon et que celui-ci est assez souvent considéré comme un politique à part (qui ne va pas se dégonfler face à la « caste »).]

      Les premiers sondages indiquent au contraire que cette séquence lui a fait perdre 7 points d’opinions favorables. Je doute que traite de Chalvron de « dégénéré » lui apporte beaucoup de voix, même parmi l’électorat tenté par le RN. Pourquoi préférer la copie à l’original ?

      [Un autre article intéressant qui fait correspondre le comportement de Mélenchon au processus de décomposition politique en cours : (…)]

      L’analyse est intéressante, mais je ne la partage pas. Contrairement à l’auteur de l’article, je pense que la confiance dans les institutions est bien plus grande que la confiance dans les politiciens, Mélenchon inclus. Le fait est que, selon tous les sondages, cet épisode fait perdre des points dans l’opinion au leader insoumis. Ce qui montre qu’à l’heure de choisir à qui il faut faire confiance, les juges et les policiers semblent à l’opinion plus dignes de confiance que le politicien Mélenchon. Cela tend à prouver que dans le combat pour la légitimité, les institutions ont encore une longueur d’avance par rapport aux politiciens, fussent-ils « insoumis ».

  17. Dominique FILIPPI-CODACCIONI dit :

    JE REPRENDS TOTALEMENT A MON COMPTE LE DERNIER POST DE JLM….ET VOUS LAISSE ICI A VOS CHIMERES….ET A MON MEPRIS….

    Que tous les leaders de mon style fassent l’objet dans tous les pays du monde du même type de choc frontal médiatico-judiciaire ne serait qu’une coïncidence. Que partout en Europe l’action syndicale ou écologique soit criminalisée comme jamais et que l’on franchisse en France un seuil en s’attaquant à la sphère politique parlementaire ne serait pas une interrogation angoissante. Que le principal parti d’opposition en France voie ses fichiers d’adhérents confisqués, dix de ses membres perquisitionnés, trois sièges politiques envahis et interdits d’accès à ses dirigeants, ce ne serait pas un problème. Que trois sièges de modestes entreprises privées soient perquisitionnés, ce ne serait pas le sujet. Que toute la presse en boucle reprenne les mêmes deux minutes d’images dans un moment tendu qui a duré près d’une heure et ne montre aucune image des militants bousculés ou jetés à terre ce n’est pas le sujet. Bien joué « propaganda ». Qu’elle passe son énergie à justifier l’action plutôt qu’à en interroger les accusés, ce serait normal. Que des dirigeants soient empêchés d’entrer dans leur propre local dans lequel on se livre à des actions légalement discutables, ce ne serait pas le sujet. Qu’une procureure laisse des procès-verbaux être publiés sans se demander qui les distribue et s’il ne s’agit pas d’un cas de corruption dans ses propres services, ce ne serait pas une question. Qu’elle n’ait de mots que pour se déclarer solidaire d’une des parties d’un conflit sur lequel elle est censée enquêter, ce ne serait pas le sujet. Que la Garde des Sceaux qui a couvert tout cette opération n’ait pas un mot pour rappeler à l’ordre les branches de la justice dont elle est le chef administratif, ce serait normal. Je doute que ses refrains sur la justice « indépendante » à propos d’action de parquet lui aient valu autre chose que le mépris intellectuel des gens informés sur le sujet. Que la vie privée des perquisitionnés soit foulée au pied de toutes les façons par des confiscations sans objet et des révélations qui n’en sont pas ce ne serait pas un sujet. Que soit accusée de surfacturation la campagne la plus longue et la moins chère des cinq premiers de cette élection, ce ne serait pas une énigme. Que le PS ait dépensé en trois mois autant que nous en un an et que nous soyons les accusés ce n’est pas le sujet. Que des faits avérés de surversement de dons et de dons d’entreprises affectent le compte du vainqueur désormais néanmoins Président de la République, cela ne compte pas.
    Ce qui compte, ce qui serait central, ce serait ma colère et son spectacle, ma protestation et mes mots jugés désuets pour la dire. Naufrage total de la pensée. Ma colère est condamnée de toutes les façons possibles, interminablement, en boucle. Bien joué « propaganda ». Car du coup ses causes sont effacées. Et cette colère, ce serait le seul sujet. Qu’ils le veuillent ou non, par pur corporatisme, par une haine dont je ne m’explique plus l’inépuisable ardeur, des légions de gens de média dont le métier devrait être d’aider à penser et à comprendre s’acharnent à empêcher leur public de le faire. Des gens qui devraient défendre la liberté et la démocratie passent leur temps à justifier un coup de force inouï et sans équivalent en Europe à l’heure même où les droits et libertés semblent bien menacés partout. Le parti médiatique mène sa campagne contre les Insoumis avec les mêmes mots, les mêmes images, les mêmes « angles » pour amener les mêmes conclusions et suggérer les mêmes comportements. Des partis et des médias dits « de gauche » qui auraient hurlé au fascisme pour trois fois moins autrefois se réjouissent et jettent sur nous quand ils le peuvent leur propre pierre. Et ainsi de suite.
    Tout cela est politique. Le but est notre destruction au profit « d’oppositions » plus accommodantes et plus confortables, plus maîtrisables. Il faut donc en retour politiser ce choc. C’est le choix que j’ai fait avec les députés le jour et à l’heure où nous avons compris que c’était une razzia et non une action de justice qui se menait contre nous. Mais pour agir à bon escient, il ne faut pas s’arrêter aux impressions de l’instant. Mes choix de réaction, mes comportements n’ont jamais été callés sur les moments dans lesquels ils prennent place mais dans la signification que je veux leur donner dans le temps moyen et long.
    Telle est ma pratique du judo politique avec l’énergie que libère la boucle médiatique. Le parti médiatique ne peut travailler que dans le court terme. Par obligation, il sautille d’un sensationnel à l’autre. Quand ses klaxons et ses prises à la gorge se transportent, le moment redevient celui de la conscience et de l’assimilation raisonnée des faits. Et dans cet espace entrent l’action militante, les vidéos, les textes, les meetings, les rencontres les débats.
    Ce que nous venons de vivre comporte une ample moisson d’apprentissage. Vous avez vu les méthodes et déjà vous les décryptez. Vous avez vu les personnages, du type Plenel, et vous avez mieux compris l’infamie que tant de personnes dans ma génération leur attribue, vous avez vu un déploiement du parti médiatique et vous avez admis sa réalité si vous n’en étiez pas convaincus.
    Alors je sais que notre travail est fait. Dans le projet de Sixième République et de Révolution Citoyenne, nous ne construisons pas un parti révolutionnaire. Nous faisons émerger un peuple révolutionnaire, formé et éduqué politiquement par lui-même et ses rencontres avec les évènements. Cette séquence n’a ébranlé que les moins préparés. Elle a déstabilisé les moins intéressés à décrypter. C’est normal. Pour beaucoup la politique est un sujet second ou moins encore dans leur vie. Mais eux aussi vont réfléchir et comprendre comment le pouvoir politique et ses médias ont voulu les manipuler. J’en suis certain quand je vois la masse des messages de solidarité que j’ai reçu et davantage encore les petits mots et gestes amicaux dans la rue depuis une semaine. Les sondages et les micros trottoirs sont un aspect de la réalité. Ils comptent, cela va de soi. Les bourreurs de crânes politiques ont leur efficacité, car sinon ils ne seraient pas aussi payés pour diffuser de la pub qui vous pousse à l’achat de choses dont parfois vous n’avez pas besoin.Mais la lutte est aussi une école. Et voir lutter fait aussi réfléchir. Ainsi, d’une épreuve à l’autre la conscience populaire élargit ses perceptions du moment et des tâches. Au total, il y a dorénavant davantage de gens qui se sentent « insoumis » du point de vue intime que ce mot décrit. Il y a davantage d’insoumission disponible. Pour rester dans le ton que j’ai donné dans les moments les plus intenses, je dirais que mon comportement est un mode d’emploi de la situation pour les désemparés. Personne n’a envie d’imiter un modèle comme celui des éditocrates qui catéchisent leurs auditeurs. Mais comme ces députés insoumis en écharpe qui bravent l’arbitraire et la meute, nombreux sont ceux qui se sentent représentés par eux et voudront agir sur leur exemple imité le moment venu. C’est notre but.
    PS : Qu’après le passage de la perquisition mon ordinateur et mon téléphone aient un fonctionnement erratique ce ne serait pas un problème. Qu’il m’ait fallu cette épreuve pour décider de ma rupture avec la totalité, sans exception, de ceux dont j’avais cru qu’ils étaient des interlocuteurs loyaux sur la scène médiatico-politique prouve trop de naïveté de ma part à l’égard de la caste et de ses subalternes. Moi aussi, comme tout le monde, j’apprends en vivant.

    • Descartes dit :

      @ Dominique FILIPPI-CODACCIONI

      [JE REPRENDS TOTALEMENT A MON COMPTE LE DERNIER POST DE JLM…]

      Vous avez raison. C’est beaucoup moins fatigant que d’avoir une opinion personnelle. Cela étant dit, je ne partage pas votre optimisme : je doute que le post de JLM soit « le dernier »…

      [Que tous les leaders de mon style fassent l’objet dans tous les pays du monde du même type de choc frontal médiatico-judiciaire ne serait qu’une coïncidence.]

      Aujourd’hui, Sarkozy se voit renvoyé en correctionnelle, et le Parlement européen lève l’immunité de deux députés du Front National. Est-ce là les « leaders de votre style » ? Soyons sérieux : le « choc frontal » d’une perquisition ou de poursuites pour des affaires de financement ont touché presque tous les partis politiques, à droite, au centre, à gauche. Les « c’est un complot contre moi », on les a entendus dans la bouche de Fillon et de Le Pen. Et à l’époque Mélenchon, loin de dénoncer leur persécution, a bien rigolé. Vous souvenez-vous des « pudeurs de gazelle » ? Non ? Quel dommage…

      [Que partout en Europe l’action syndicale ou écologique soit criminalisée comme jamais]

      « Comme jamais » ? Mélenchon se souvient-il ce qui arrivait aux syndicalistes en Europe dans les années 1930 ?

      [Que le principal parti d’opposition en France voie ses fichiers d’adhérents confisqués, dix de ses membres perquisitionnés, trois sièges politiques envahis et interdits d’accès à ses dirigeants, ce ne serait pas un problème.]

      On ose imaginer que « le principal parti d’opposition en France » conserve ses fichiers d’adhérents sous forme cryptée. Même pas ? Pour des révolutionnaires, c’est bien imprudent…

      [Que trois sièges de modestes entreprises privées soient perquisitionnés, ce ne serait pas le sujet.]

      On ignorait que pour Mélenchon les entreprises privées devaient bénéficier d’un statut d’inviolabilité…

      [Que toute la presse en boucle reprenne les mêmes deux minutes d’images dans un moment tendu qui a duré près d’une heure et ne montre aucune image des militants bousculés ou jetés à terre ce n’est pas le sujet.]

      C’est Mélenchon lui-même qui a commencé ce cirque en filmant avec son téléphone la perquisition de son domicile puis en postant la vidéo, et qui l’a continué en faisant le guignol, se prétendant intouchable puis en appelant à défoncer la porte pour interrompre la perquisition. Et cela a continué avec le chapelet d’insultes distribué à droite et à gauche. Si le Petit Timonier avait fermé sa gueule et s’était contenté d’un sobre commentaire du genre « nous n’avons rien à nous reprocher, et la justice le confirmera », la perquisition aurait fait l’objet d’une brève de quinze secondes au journal télévisé et on serait vite passés à autre chose. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé lors des perquisitions chez LR, chez le Modem, chez le PCF ou chez les Le Pen.

      Dans cette affaire, Mélenchon joue celui qui allume l’incendie et ensuite va accuser son voisin de l’avoir provoqué. Si Mélenchon veut faire le buzz, c’est son problème. Mais on ne peut pas jouer le happening médiatique et ensuite se plaindre que les médias s’intéressent à lui.

      [Qu’une procureure laisse des procès-verbaux être publiés sans se demander qui les distribue et s’il ne s’agit pas d’un cas de corruption dans ses propres services, ce ne serait pas une question.]

      Quand Fillon s’est trouvé dans la même situation, je ne me souviens pas que Mélenchon soit sorti le défendre. Tout au contraire, il avait ironisé sur ses « pudeurs de gazelle ». Aujourd’hui, il dénonce -comme Fillon hier – un « complot » dont il serait victime. Comme disait Neruda, « malheur à celui qui se lève pour défendre son grenier, et ne s’est pas levé pour défendre le blé de tous en premier ».

      [Ce qui compte, ce qui serait central, ce serait ma colère et son spectacle, ma protestation et mes mots jugés désuets pour la dire. Naufrage total de la pensée.]

      Quand on fait de sa colère un spectacle, on ne peut ensuite se plaindre que ce spectacle soit montré et commenté. Ce n’est pas la faute des médias si Mélenchon consacre son temps à exhiber sa colère plutôt qu’à développer son programme européen, par exemple.

      [Des gens qui devraient défendre la liberté et la démocratie passent leur temps à justifier un coup de force inouï et sans équivalent en Europe à l’heure même où les droits et libertés semblent bien menacés partout.]

      A force de répéter que ce qui lui arrive est « sans équivalent », il va finir par le croire. Mais il se trompe. Ces dernières années presque toutes les organisations politiques, de droite comme de gauche ont fait l’objet de perquisitions. Ce fut le cas de LR, du Modem, du PS, du FN, du PCF. Tous, sans exception, protestaient de leur innocence, et tous ont dénoncé un infâme complot. Et au risque de me répéter, je ne me souviens pas que Mélenchon ait à l’époque dénonce le « coup de force ». Je note d’ailleurs que lorsque le procès dit « du financement du PCF » s’ouvre en octobre 2001, Mélenchon est ministre. A-t-il protesté ? A-t-il dénoncé un « coup de force » ? Que nenni, pas un mot. Pourtant, le procès dont le caractère politique était évident s’achèvera par un non-lieu général.

      [PS : Qu’après le passage de la perquisition mon ordinateur et mon téléphone aient un fonctionnement erratique ce ne serait pas un problème.]

      C’est sûr, le Grand Komplot y a installé un dangereux virus pour t’espionner. Attention, Jean-Luc, ne bois pas l’eau du robinet, le Grand Komplot y met du fluor pour affaiblir ta volonté !

  18. Léo Taxil dit :

    Merci Mr Descartes pour votre éclairage sur ce qu’il faut bien appeler les affaires de la France Insoumise.
    En ce qui concerne la plainte sur l’emploi des assistants parlementaires européens, il est effectivement difficile de distinguer les taches qui relèvent de l’assistance au parlementaire et de celles de militant dans un parti politique, d’autant plus que l’élection se fait sur un scrutin de liste.
    La nature des dossiers traités sur le plan européen, n’oblige pas a résider à Strasbourg ou Bruxelles, ni même dans la vaste circonscription d’élection du député. De plus, si l’assistant parlementaire est employé à temps partiel, il fait ce qui lui plaît hors de son temps de travail.
    Effectivement, la plainte issue du parlement européen parait donc excessive au regard des réalités, et susceptible de toucher l’ensemble des partis politiques de notre pays.
    Celle a d’ailleurs produit des effets catastrophiques pour le Rassemblement National, puisqu’une partie des subventions publiques françaises a été bloquée, l’empêchant de fonctionner normalement.
    Or l’article 4 de la constitution stipule : « Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage….La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation ».
    En l’état actuel des choses, il me semble que si un parti politique a bien la légitimité pour s’insurger contre une décision de justice, c’est bien le R.N plutôt que la F.I.

    Je m’interroge donc sur ce qui a pu provoquer une réaction aussi violente de la part des responsables de la F.I sur une phase d’enquête préliminaire.

    Il est en effet peu courant que des perquisitions aient lieu alors que le justiciable n’est accusé de rien. J’émets l’hypothèse que si cela a été le cas, c’est parce que les juges disposaient d’informations précises et circonstanciées sur un probable délit financier.
    Permettez moi de vous citer : « Là encore, un certain niveau de détournement est inévitable, car le contrôle est pratiquement impossible si la chose est bien organisée entre gens de confiance ». Bien d’accord avec vous, et le problème peut survenir en cas de perte de confiance !
    Quelques échos dans la presse laissent entendre que parmi les petites mains qui ont travaillé pour des clopinettes pour la société Médiascop, certaines se sont senties lésées à la vue de l’enrichissement personnel de Sophia Chiquirou . Et si la crise au sein de « Le Média » avec le pillage de la trésorerie par cette même personne, n’était le détonateur de la révolte des pigeons ?

    Je ne reviendrais pas sur votre excellente démonstration concernant l’opacité de la gestion de la F.I du fait de la main mise du gourou sur l’organisation, et du manque ( si je puis m’exprimer ainsi) de gardes fous.

    Je voudrais juste approfondir un aspect concernant la surfacturation. A mon avis, dans ce cas d’espèce, s’il y a surfacturation, ce n’est pas parce que la prestation est plus chère que les tarifs de la concurrence ; mais plutôt parce que la prestation fait appel à du travail dissimulé.
    Je m’en explique au travers d’un exemple lié à ma vie professionnelle d’ancien directeur de maison de quartier.
    Il m’est arrivé d’employer un animateur de centre de loisirs en tant que bénévole sur l’accompagnement scolaire. Nous avions pour cela établi une convention dans laquelle il était stipulé que ce temps de 6 heures hebdomadaires était donné à titre gracieux à la structure et que celui ci serait intégré à son budget en tant qu’apport volontaire bénévole sur la base du SMIC. Dans le cas ou un conflit aurait surgi avec cet animateur, ce document m’aurait permis de prouver au commissaire aux comptes ou au contrôleur URSAF qu’il n’ y avait pas de travail dissimulé. Si cette technique comptable permet à une association de valoriser son bénévolat, il n’en va pas toujours ainsi pour ce qui est des comptes de campagne.
    Dans la pratique, les salariés-militants travaillent beaucoup plus de temps que celui indiqué sur le bulletin de salaire. Cela est tout à fait légal, si ce temps dégagé en plus des horaires normaux est reporté au budget de la campagne en tant que contribution volontaire d’un salarié.
    Là ou ça pose problème, c’est si ce temps supplémentaire est récupéré par un prestataire (Médiascop en occurrence) pour le transformer en argent via le remboursement des frais de campagne. En l’espèce, le volume de travail réalisé et facturé est bien réel, mais l’État est lésé parce qu’il paie une partie indue. Par ailleurs, le salarié-militant peut se sentir floué et amené à parler s’il constate un enrichissement personnel. C’est effectivement une faille de taille dans la cuirasse des prévaricateurs.

    Voir le stratège qui se prenait pour Xenophon hurler et vilipender comme un fada, s’emporter contre des dames, et en plus se gausser de l’accent du midi, me fait un peu de peine.
    D’autant que j’ai voté pour lui.
    Le « Un de la Canebière » que je suis ne peut s’empêcher de penser à César. Et se dire que l’on n’est jamais mieux trahi que par les siens.

    • Descartes dit :

      @ Leo Taxil

      [Celle a d’ailleurs produit des effets catastrophiques pour le Rassemblement National, puisqu’une partie des subventions publiques françaises a été bloquée, l’empêchant de fonctionner normalement.]

      Vous noterez d’ailleurs que ce blocage n’a provoqué chez Mélenchon la moindre critique. Ce n’est pas un « coup de force » quand ça touche le FN, ça le devient lorsque ça touche la FI…

      [Je m’interroge donc sur ce qui a pu provoquer une réaction aussi violente de la part des responsables de la F.I sur une phase d’enquête préliminaire.]

      Je pense qu’il y a plusieurs raisons. La première est que Mélenchon, de plus en plus isolé dans son rôle de gourou et entouré par une « cour » gauchiste, a choisi de rééditer sa stratégie « front contre front », avec Macron dans le rôle de repoussoir. Et quelle meilleure manière de polariser le débat qu’en se peignant en victime d’un infâme complot orchestré par Macron lui-même. C’est pourquoi il occulte le fait que la perquisition a été autorisée par un juge pour dénoncer une perquisition ordonnée directement par Macron et Beloubet. Mélenchon et sa « cour » s’imaginent qu’en jouant contre les institutions ils attireront l’électorat protestataire. Les premières enquêtes semblent montrer le contraire.

      Il y a aussi je pense la crainte que cette enquête fasse apparaître de sales affaires. Par exemple le véritable rôle de Sophia Chikirou, celle que les initiés appelaient « Madame de Pompadour ». Sans compter avec d’autres personnalités qui se sont fait quelques réserves sur la bête…

      [Il est en effet peu courant que des perquisitions aient lieu alors que le justiciable n’est accusé de rien. J’émets l’hypothèse que si cela a été le cas, c’est parce que les juges disposaient d’informations précises et circonstanciées sur un probable délit financier.]

      Pas la peine de faire des hypothèses. La perquisition fait suite au signalement fait par le président de la CNCCFP. En effet, LFI a choisi d’organiser une campagne très largement « sous-traitée » à des entreprises ou des associations tenues par des « amis » du candidat – dont Sophia Chikirou – ou à des « auto-entrepreneurs ». De ce fait, seules les factures des prestations vendues par ces organismes à la campagne figurent dans les comptes, sans que la commission de contrôle, qui n’est pas une instance judiciaire, puisse remonter aux véritables coûts et rémunérations et donc détecter des surfacturations. Le signalement permet aux magistrats d’enquêter, et de vérifier si les prix des prestations étaient calculés au plus juste, ou s’il y a eu surfacturation qui a permis aux dirigeants de ces organisations de mettre de l’argent de côté.

  19. Marcailloux dit :

    @ Descartes,

    Bonjour

    Votre billet, vos billets en général ne valent pas tant par leur contenu originel que par ce que vous y adjoignez dans vos dialogues avec vos commentateurs. Le décorticage qui y est opéré renforce et enrichit la matière de départ. Quelle chance pour nous, pauvres isolés dans nos campagnes, d’assister à ces échanges oh combien édifiants. Chapitre de thuriféraire clos !

    Concernant le comportement de JL Mélanchon, je hasarderais une hypothèse qui me semble tenir la route. Elle peut se représenter dans la métaphore de l’avion fusée. Celui ci est transporté à moyenne altitude par un gros porteur et au moment de son lancement, il perd plusieurs centaines de mètres en altitude. Puis sa trajectoire ascendante lui permet d’atteindre la stratosphère.

    Mélanchon a peut-être fait le pari d’un désaveu épidermique immédiat face à sa marginalisation due à une opinion générale timorée. Puis devant la décrépitude probable des partis en présence lors des européennes, entrainant par là même un besoin de « bruit et de fureur » chez beaucoup d’électeurs déçus des partis opposés, il fait le pari – certes assez hypothétique – que pour des élections qui apparemment n’ont pas de conséquences directes et immédiates sur la vie des gens, ceux ci tenteront le loto Mélanchon.

    Si les sondages actuels montrent une perte d’altitude dans les opinions favorables, il n’est pas dit que ceci ne rentre pas dans sa stratégie. Et il n’a pas grand chose à perdre étant donné que sans action d’éclat – c’est finalement là que se situent son expertise et l’expression de son excellence – la FI a de fortes chances de s’éroder lentement.

    La politique n’est plus un sacerdoce, elle est devenue soit une rampe de lancement pour un jeu de haute volée, soit un hospice pour apparatchiks. Mélanchon me semble avoir le cul entre ces deux chaises.

    • Descartes dit :

      @Marcailloux

      [Votre billet, vos billets en général ne valent pas tant par leur contenu originel que par ce que vous y adjoignez dans vos dialogues avec vos commentateurs. Le décorticage qui y est opéré renforce et enrichit la matière de départ. Quelle chance pour nous, pauvres isolés dans nos campagnes, d’assister à ces échanges oh combien édifiants. Chapitre de thuriféraire clos !]

      J’aime à penser que mes billets valent un petit peu par leur contenu quand même… 😉
      Mais trêve de plaisanterie : oui, c’est le débat qui donne à ce blog son intérêt. Et c’est ce que je voulais dès le départ, car il ne faut pas oublier comment est né ce blog : il est né, dans un contexte de dégradation du débat interne au PCF, de ma frustration de ne pas avoir d’enceinte ou entretenir un échange rationnel. Le projet de ce blog n’était pas de me donner une tribune pour exposer mes idées – bon, ok, un petit peu quand même – mais de créer un « salon » ou mes idées, mais aussi celles de mes lecteurs, puissent être débattues. C’est d’ailleurs pour cela que je n’ai jamais fait la chasse aux commentaires « hors sujet »…

      [Concernant le comportement de JL Mélenchon, je hasarderais une hypothèse qui me semble tenir la route. Elle peut se représenter dans la métaphore de l’avion fusée. Celui-ci est transporté à moyenne altitude par un gros porteur et au moment de son lancement, il perd plusieurs centaines de mètres en altitude. Puis sa trajectoire ascendante lui permet d’atteindre la stratosphère.]

      Je trouve votre métaphore peu pertinente dans son application. Votre schéma implique l’existence de deux objets, d’un côté l’avion-porteur, de l’autre l’avion-fusée. Le premier porte le second jusqu’à une certaine hauteur, puis revient sur le plancher des vaches. L’autre démarre ses moteurs une fois séparé (c’est pourquoi il perd au début de l’altitude : il ne pourrait pas démarrer ses moteurs encore couplé à l’avion-porteur sans mettre celui-ci en danger) et atteint la stratosphère. Mais qui serait ici « l’avion porteur » de Mélenchon ?

      [Mélenchon a peut-être fait le pari d’un désaveu épidermique immédiat face à sa marginalisation due à une opinion générale timorée. Puis devant la décrépitude probable des partis en présence lors des européennes, entrainant par là même un besoin de « bruit et de fureur » chez beaucoup d’électeurs déçus des partis opposés, il fait le pari – certes assez hypothétique – que pour des élections qui apparemment n’ont pas de conséquences directes et immédiates sur la vie des gens, ceux-ci tenteront le loto Mélenchon.]

      Comme tous les égo-politiciens, Mélenchon fait certainement le pari de jouer à fond la victimisation. Et pour pouvoir se mettre efficacement en scène dans le rôle la victime, il faut d’abord qu’il y ait du public dans la salle. Si Mélenchon avait joué sobrement la carte « je fais confiance à la justice de mon pays », l’affaire aurait été oubliée le lendemain. Par ses vociférations, il braque les projecteurs médiatiques – ces mêmes projecteurs qu’il prétend mépriser – sur lui. Et on le voit bien : conférence de presse transmise en direct, nombreuses invitations pour lui et son staff sur les plateaux de toutes sortes d’émissions. Mélenchon a bien compris la devise de l’égo-politicien : « qu’ils parlent de moi, en bien ou en mal, mais qu’ils en parlent ».

      La question, à laquelle il est difficile de répondre, est l’effet de cette exposition médiatique. Bien sûr, il ne manquera pas d’éditorialistes pour le comparer à Chavez, pour dénoncer sa mise en cause des institutions ou ses excès. Seulement voilà, les gens pour qui la parole de ces éditorialistes a un certain poids ne voteront jamais pour Mélenchon quoi qu’il fasse. C’est donc l’effet direct sur les électeurs qu’il faudrait pister. Je pense que dans un certain milieu anarco-gauchiste-bobo, ce genre de chose plaît. Daniel Cohn-Bendit en a d’ailleurs fait son fonds de commerce, alors pourquoi pas Mélenchon ? Mais je doute que ce genre d’attitude lui attire les couches populaires, plus conservatrices sur la forme…

      Quoi qu’il en soit, je ne crois pas à la théorie du « rebond ». Les gens qui recherchent « le bruit et la fureur » seront attirés par son discours, celles qui au contraire veulent que l’homme politique fasse preuve d’une certaine dignité, d’un certain sang-froid, en seront dégoutés. Je trouve d’ailleurs curieux que tout le monde répète cette formule « le bruit et la fureur », sans revenir à la citation complète dépeint :

      « La vie n’est qu’une ombre errante ; un pauvre acteur
      Qui se pavane et s’agite une heure sur la scène
      Et qu’ensuite on n’entend plus ; c’est une histoire
      Racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur,
      Et qui ne signifie rien. »
      (William Shakespeare, « Macbeth », acte V scène 5)

      Avouez que l’image, quand on la met en rapport avec Mélenchon, est saisissante… « une histoire racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien »…

      [Si les sondages actuels montrent une perte d’altitude dans les opinions favorables, il n’est pas dit que ceci ne rentre pas dans sa stratégie.]

      Vous me rappelez une histoire drôle qu’on racontait méchamment à propos des gauchistes devenus mitterrandiens dans les années 1985-86. On voit Mélenchon, Dray et Harlem Désir sur le point d’être guillotinés Place de la Concorde par une foule excédée par le « tournant de la rigueur » décidé par Mitterrand. Au moment de monter dans l’échafaud, Mélenchon se tourne vers Dray et lui dit sans la moindre ironie : « alors, elle est géniale la stratégie choisie par le « vieux », non » ?

      Non, si les sondages actuels montrent une « perte d’altitude », c’est que la stratégie est mauvaise. Tout simplement parce que les causes qui provoquent la « perte d’altitude » aujourd’hui ne peuvent que provoquer le même effet demain.

      [Et il n’a pas grand-chose à perdre étant donné que sans action d’éclat – c’est finalement là que se situent son expertise et l’expression de son excellence – la FI a de fortes chances de s’éroder lentement.]

      Je suis d’accord. Dans l’incapacité de mobiliser sur un véritable projet, il ne reste à Mélenchon qu’une stratégie de polarisation. La stratégie de la FI sera donc de se présenter en « anti-Macron », et comme corollaire en victime de la « persécution macronienne ». Mélenchon n’a aucune intention d’institutionnaliser la FI, d’en faire un véritable parti politique. Elle restera une bande de condottieri, toujours prêts à un « coup de main » pour gagner une élection.

  20. luc dit :

    Depuis Mai 1793 où par un coup de force la minorité Montagnarde,a pris le pouvoir,une gauche égalitariste violente a toujours existé en France.
    C’est ainsi que le PCF a eu avec quelques difficultés dues à son héritage de la IIième internationale,pour revêtir les habits soviétiques après que les bolchéviks aient réussi leur coup de force du palais d’hiver,inspiré par celui des Montagnards.
    En quoi Mélenchon,ne s’inscrit il pas dans ce très fort courant politique français(20% ds voix en 2017),où l’action politique utilise la violence des mots,et parfois militaire,pour défendre l’égalitarisme,versus défense du collectivisme français.?
    Pensez vous que PL ou Brossat puisse incarner dette nécessaire colère face aux dérégulations en cours?
    C’est un cotisant au PCF,électeur du Manifeste de Chassaigne,qui vous pose cette question

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Depuis Mai 1793 où par un coup de force la minorité Montagnarde a pris le pouvoir, une gauche égalitariste violente a toujours existé en France.]

      Oui, mais il faut savoir de quoi on parle. La violence est un serpent de mer de la gauche, et souvent on n’y comprend rien parce qu’on ne sait pas de quoi on parle. D’abord, il faut établir une différence entre la violence exercée par un groupuscule et celle exercée par la masse. Ainsi, l’une des divisions fondamentales de la gauche est celle entre les léninistes, qui admettent la violence des masses comme « accoucheuse de l’histoire » mais rejettent la violence individuelle ou groupusculaire, et leurs adversaires anarchistes ou gauchistes qui au contraire considèrent que la violence exercée par un groupuscule ou un individu peut être « l’étincelle qui met le feu à la plaine ».

      Il faut ensuite établir une différence en fonction du contexte. Une chose est d’accepter la violence comme moyen légitime dans une situation révolutionnaire, et une autre l’admettre comme moyen de lutte quotidien. Là encore, on retrouve une ligne de partage entre ceux qui conçoivent l’histoire comme le produit du mouvement des masses, et ceux qui y voient plutôt le résultat d’un travail individuel ou groupusculaire. Pour les premiers, la violence au quotidien ne peut que vous aliéner les masses, puisque celles-ci sont attachées à un ordre légal qui les protège mieux que le simple rapport de forces. Ce n’est que dans une situation révolutionnaire que cet attachement faiblit.

      Le PCF se situe clairement dans la tradition léniniste, et cela malgré l’existence d’une tradition anarcho-syndicaliste relativement forte dans la gauche française. C’est pourquoi le PCF a toujours rejeté la logique groupusculaire des groupes comme « Action directe » et autres « Armées de libération de ceci ou cela ». Comme le disait Georges Cogniot, « le PCF est un parti d’ordre ; d’un ordre différent, mais d’ordre quand même ».

      [En quoi Mélenchon ne s’inscrit il pas dans ce très fort courant politique français (20% ds voix en 2017), où l’action politique utilise la violence des mots et parfois militaire pour défendre l’égalitarisme versus défense du collectivisme français.?]

      Je ne comprends pas la question. D’abord, si Mélenchon fait preuve d’une rare violence verbale, il faut tout de même souligner qu’il en reste là. Point dans son discours d’appel à s’armer en défense de la « révolution citoyenne », dont il insiste en toute opportunité sur le caractère pacifique. Chez Mélenchon, la violence verbale est un substitut, et non un préambule, à la violence physique. Elle satisfait parfaitement les révolutionnaires en chambre des « classes moyennes », qui ont ainsi l’illusion de « défier le pouvoir » sans prendre le risque de laisser leur sang sur les barricades…

      [Pensez vous que PL ou Brossat puisse incarner dette nécessaire colère face aux dérégulations en cours?]

      On voit mal PL ou Brossat incarner quoi que ce soit. L’incarnation nécessite – désolé de paraphraser De Gaulle – non seulement qu’on en soit capable, mais surtout qu’il y ait quelque chose à incarner. Je pense qu’il faut faire attention aux mots. De quelle « colère » parlez-vous ? Notre époque n’est pas vraiment une époque de colère. C’est plutôt une époque de peur et de résignation. Le sentiment qui domine chez nos concitoyens, surtout les plus modestes, n’est pas celui de la colère, mais celui de la peur et de la résignation. Peur de perdre leur travail, leur maison, leur mode de vie, de ne pas pouvoir le transmettre à leurs enfants. Résignation devant ce qui semble un mouvement impossible d’arrêter, d’une offre politique qui ne propose aucune option crédible.

  21. Maurice dit :

    Ne pensez vous pas que le succès de Mélenchon ait bénéficier de la quasi disparition du PCF ?

    Il semble que le prochain congrès du PCF,soit celui d’un nouveau rebond,ou de la fin.

    Que pensez vous de cet amendement proposé par un militant du PCF,soucieux de voir le retour des membres du

    PCF,au PCF :

    ‘En cette période,de dérégulations,pro capitaliste,réaffirmer que le PCF, rassemble les communistes de toutes

    tendances,obédiences ou subjectivités,est important.

    Dans la guerre idéologique,les symboles sont importants,et rassembler notre camp aussi.

    Ma proposition est que le PCF,signifie,après décision du congrès, Parti(des) Communistes Français.

    Ainsi,le caractère Communiste est réaffirmé,en reconnaissant le côté pluraliste,non monolithique du PCF,

    rassembleur de tous les communistes.

    Notre volonté de voir tous les communistes se rassembler au lieu de se diviser en multiples chapelles dans et hors

    du parti,serait un bon signe

    pour la riposte,au démantèlement de notre république sociale.

    En espérant,que ce congrès ira dans notre sens,malgré ceux qui ne voudront plus être du PCF (Parti(des)

    Communistes Français)’.

    • Descartes dit :

      @ Maurice

      [Ne pensez-vous pas que le succès de Mélenchon ait bénéficié de la quasi-disparition du PCF ?]

      En partie, oui. Après tout, on trouve dans les réunions de LFI ou parmi leurs candidats ou dirigeants (si l’on peut parler de « dirigeants » dans un mouvement où un seul « dirige ») des personnes et des profils qu’autrefois on trouvait au PCF, notamment dans le milieu universitaire. Mais d’un autre côté, ce n’est pas là le capital humain qui faisait la force du PCF autrefois. Les militants et l’électorat populaire qui fut naguère celui du PCF se trouve aujourd’hui dans le camp des abstentionnistes ou chez le RN.

      [Il semble que le prochain congrès du PCF, soit celui d’un nouveau rebond, ou de la fin. Que pensez-vous de cet amendement proposé par un militant du PCF, soucieux de voir le retour des membres du PCF au PCF : « En cette période de dérégulations pro capitaliste, réaffirmer que le PCF rassemble les communistes de toutes tendances, obédiences ou subjectivités est important. Dans la guerre idéologique les symboles sont importants, et rassembler notre camp aussi. Ma proposition est que le PCF signifie, après décision du congrès, Parti (des) Communistes Français. Ainsi le caractère Communiste est réaffirmé, en reconnaissant le côté pluraliste, non monolithique du PCF, rassembleur de tous les communistes ».]

      Franchement, je trouve que ce genre de débats n’a aucun intérêt. Le PCF doit porter un projet, une vision, un programme d’action qui soit cohérent et réaliste. Cela suppose nécessairement de trancher parmi tous les possibles pour n’en retenir qu’un. Le PCF ne peut donc « rassembler les communistes de toutes tendances, obédiences ou subjectivités » que si tous ces communistes acceptent de laisser de côté leurs « tendances, obédiences et subjectivités » pour porter ce programme.

      Georges Marchais je crois avait déjà pointé la difficulté : le Parti politique ne peut être à l’image de la société. La société est constituée par des individus qui se sont regroupés pour mieux satisfaire leurs besoins et pour mieux se défendre. Elle est donc nécessairement « pluraliste », parce qu’elle est composée par des individus qui ne se sont pas regroupés sur une base idéologique. Le parti, lui, est formé d’individus qui s’associent pour porter un projet. Le « pluralisme » peut donc se manifester dans l’élaboration du projet, mais une fois le débat tranché il n’a plus raison d’être. Et celui qui ne se sent pas en mesure de porter le projet ainsi élaboré s’en va.

      Ce « Parti (des) communistes français », il porterait quoi comme projet, comme vision, comme programme d’action ? Voilà toute la question. S’il s’agit de créer une nébuleuse ou celui qui se qualifie lui-même de « communiste » sera accueilli pour développer SES combats en fonction de SA subjectivité ou de SA tendance, alors je ne vois pas trop l’utilité. C’est d’ailleurs ce que proposait Robert Hue au début de sa « mutation », quand il est parti « réhabiliter » urbi et orbi tous ceux qui avaient été en conflit avec le Parti au cours des années. Il faut arrêter d’imaginer que les différences entre les « communistes de toute tendances, obédiences ou subjectivités » sont de simples bisbilles de personnes. Ces conflits représentent de véritables différences politiques, de vraies oppositions quant au but à atteindre et aux moyens à employer. Et vous ne pouvez pas les effacer d’un simple changement de nom.

      [Notre volonté de voir tous les communistes se rassembler au lieu de se diviser en multiples chapelles dans et hors du parti serait un bon signe pour la riposte au démantèlement de notre république sociale.]

      Mais se « rassembler » sur quoi, bon dieu ??? Prenez les « communistes » du NPA, pour qui le communautarisme ne pose pas de problèmes, au point d’estimer qu’on peut présenter comme candidate une femme qui porte le voile. D’un autre côté, les communistes du PCF estiment que le communautarisme est un danger. Comment allez-vous « rassembler » ces gens ? Quelle politique portera le « Parti (des) communistes français » sur ce sujet ?

      Tout votre discours repose sur l’idée irénique selon laquelle les divisions des « communistes » en « multiples chapelles » est artificielle, et que tous les « communistes » sont d’accord sur l’essentiel. Mais encore une fois, CE N’EST PAS LE CAS. Les différences entre communistes sont des DIFFERENCES DE FOND. Et cela rend illusoire le projet de les rassembler dans un seul et même parti. Au mieux, on peut imaginer une discussion entre différentes organisations « communistes » pour aboutir à une plateforme commune. Et même cela est difficile, tant la « gauche radicale » est imperméable à l’idée de compromis…

      [En espérant que ce congrès ira dans notre sens, malgré ceux qui ne voudront plus être du PCF (Parti (des) Communistes Français)’.]

      Comptez-moi parmi eux. « Parti communiste », cela veut dire un parti qui porte un projet communiste. « Parti des communistes », cela veut dire que le parti appartient ou regroupe ceux qui sont communistes, mais ne nous dit rien sur le projet qu’il porte.

      • BolchoKek dit :

        @ Descartes & Maurice

        >Ma proposition est que le PCF signifie, après décision du congrès, Parti (des) Communistes Français. Ainsi le caractère Communiste est réaffirmé, en reconnaissant le côté pluraliste, non monolithique du PCF, rassembleur de tous les communistes ».Franchement, je trouve que ce genre de débats n’a aucun intérêt. Le PCF doit porter un projet, une vision, un programme d’action qui soit cohérent et réaliste.<
        Tout à fait d'accord. Et si je peux être un peu franc, au-delà des arguments que tu as déjà avancés et auxquels je souscris, il y a une démarche "catholique" sous-jacente au fait que le Parti soit LE Parti Communiste Français : c’est que le PCF a déjà vocation à rassembler tous les communistes, mais que celui qui se met en dehors de la discipline de parti n’est plus légitime à s’appeler communiste… Je souligne le parallèle avec le catholicisme, car si on se souvient que la répression des divergences au sein de l’église était féroce, il faut aussi se rappeler que les controverses qui y menaient donnaient lieu à d’intenses débats qui pouvaient durer des années… Si j’ai l’occasion de discuter avec un curé prochainement, je vais lui faire la remarque que c’est en fait eux qui ont inventé le centralisme démocratique léniniste, la réaction risque au moins d’être drôle !
        Au-delà de ça, cette question de changement de nom sent le “coup” des militants du deuxième texte alternatif – les “trotskoïdes” comme les appelait un camarade. C’est exactement le genre d’idée creuse qu’ils balancent à chaque congrès pour appâter le chaland et occuper du temps de débat…

        >Il faut arrêter d’imaginer que les différences entre les « communistes de toute tendances, obédiences ou subjectivités » sont de simples bisbilles de personnes. Ces conflits représentent de véritables différences politiques, de vraies oppositions quant au but à atteindre et aux moyens à employer.Tout votre discours repose sur l’idée irénique selon laquelle les divisions des « communistes » en « multiples chapelles » est artificielle, et que tous les « communistes » sont d’accord sur l’essentiel. Mais encore une fois, CE N’EST PAS LE CAS. Les différences entre communistes sont des DIFFERENCES DE FOND.<
        Je vais être un peu cynique : peut-être que pour de nombreux "communistes" dans diverses organisations, ces différences n'existent plus, ou sont minimes : une défense des individus et des minorités, une approche anarcho-syndicaliste de la question sociale, un anticapitalisme pleurnichard qui a remplacé le marxisme… Tout cela est une description assez inter-partisane du fond intellectuel (si je puis dire) qui constitue une bonne partie du militantisme de la "gauche radicale" française. Dans ces conditions, je pense que le débat est surtout entre ceux qui adhèrent à cette idéologie molle, et ceux pour qui les différences idéologiques sont toujours là : il ne s'agit plus d'un simple désaccord, mais d'une ligne de rupture idéologique que tout le monde a mis sous le tapis et dont on ne discute que tangentiellement depuis 30 ans tant on sait de part et d'autre quelles conséquences cela aurait pour le Parti.

        • Descartes dit :

          @ BolchoKek

          [Tout à fait d’accord. Et si je peux être un peu franc, au-delà des arguments que tu as déjà avancés et auxquels je souscris, il y a une démarche “catholique” sous-jacente au fait que le Parti soit LE Parti Communiste Français : c’est que le PCF a déjà vocation à rassembler tous les communistes, mais que celui qui se met en dehors de la discipline de parti n’est plus légitime à s’appeler communiste… Je souligne le parallèle avec le catholicisme, car si on se souvient que la répression des divergences au sein de l’église était féroce, il faut aussi se rappeler que les controverses qui y menaient donnaient lieu à d’intenses débats qui pouvaient durer des années…]

          Cette ressemblance n’est pas surprenante. L’église catholique est la plus ancienne organisation révolutionnaire, adaptée ensuite à l’exercice du pouvoir. Ce fut aussi, une fois qu’elle eut pris le pouvoir avec Constantin, le premier « parti-Etat » de l’histoire. Tous les autres partis révolutionnaires ont peu ou prou suivi le même chemin tout simplement parce que c’est le chemin le plus logique. Comment en effet concilier l’unité dans l’action et la diversité dans le débat, si ce n’est par un mécanisme comme le centralisme démocratique et la séparation de ce qui se débat à l’extérieur et ce qui peut se dire à l’intérieur…

          [Au-delà de ça, cette question de changement de nom sent le « coup » des militants du deuxième texte alternatif – les « trotskoïdes » comme les appelait un camarade. C’est exactement le genre d’idée creuse qu’ils balancent à chaque congrès pour appâter le chaland et occuper du temps de débat…]

          Oui. Quand on n’a pas des idées sur le réel, on finit par ne parler que des symboles. Je concède que les symboles sont importants. Mais ils ne sont vraiment importants que s’ils ont une réalité derrière à symboliser. Se battre pour que les « outils » restent sur le fronton alors qu’on accepte que le PCF perde contact avec les paysans et les ouvriers, c’est une absurdité.

          [Je vais être un peu cynique : peut-être que pour de nombreux “communistes” dans diverses organisations, ces différences n’existent plus, ou sont minimes : une défense des individus et des minorités, une approche anarcho-syndicaliste de la question sociale, un anticapitalisme pleurnichard qui a remplacé le marxisme… Tout cela est une description assez inter-partisane du fond intellectuel (si je puis dire) qui constitue une bonne partie du militantisme de la “gauche radicale” française.]

          Oui… et non. Le NPA ou l’UNEF ne sont pas gênés de présenter des candidates voilées, ce n’est certainement pas le cas des militants du PCF. On trouve encore au PCF une tradition rationaliste – affaiblie certes, mais vivace – qu’on ne retrouve pas ailleurs dans la « gauche radicale ». Le jacobinisme d’un Mélenchon ne passe pas bien chez Besancenot. Oui, il y a un fonds commun à la « gauche radicale », qui est grosso modo celui des « classes moyennes » qui fournissent l’essentiel des militants et des cadres. Mais il reste des différences, qui sont loin d’être anecdotiques.

          [Dans ces conditions, je pense que le débat est surtout entre ceux qui adhèrent à cette idéologie molle, et ceux pour qui les différences idéologiques sont toujours là : il ne s’agit plus d’un simple désaccord, mais d’une ligne de rupture idéologique que tout le monde a mis sous le tapis et dont on ne discute que tangentiellement depuis 30 ans tant on sait de part et d’autre quelles conséquences cela aurait pour le Parti.]

          Tout à fait. C’est pour moi la plus grosse erreur qu’ai faite Georges Marchais : d’avoir au nom de l’unité du Parti refusé d’ouvrir ce véritable débat. Une erreur qu’ont répété – avec moins de circonstances atténuantes que ce vieux Georges – tous ses successeurs. Il y a des moments où il vaut mieux une scission, qui permet à chacun d’être chez lui et de développer sa pensée, plutôt qu’une fausse unité où l’on s’interdit de penser de peur de tout casser.

  22. Antoine dit :

    Bonjour,

    Je suis tombé sur cet article intéressant quant au système judiciaire et le vrai-faux problème de l’indépendance des magistrats du parquet :
    https://blogs.mediapart.fr/gaia-amanoh/blog/281018/independance-et-clochardisation

    « Le statut du ministère public est effectivement un problème en France, mais ce problème ne doit pas accaparer toute l’attention au point de faire oublier un problème autrement plus urgent : celui de la paupérisation de la justice. Car finalement, à quoi bon sert d’être indépendant quand on se trouve placé dans des conditions qui rendent tout travail de qualité impossible ? »

    • Descartes dit :

      @ Antoine

      [Je suis tombé sur cet article intéressant quant au système judiciaire et le vrai-faux problème de l’indépendance des magistrats du parquet :]

      Il est vrai que le sujet de « l’indépendance » mériterait un long débat. Peut-être devrais-je faire un papier sur le sujet ?

      Il faut je pense distinguer entre l’autorité qui fait un choix entre plusieurs options de nature politique, et l’autorité qui fait appliquer une règle. Dans le premier cas, l’autorité a pour mission de dégager l’intérêt général. Le paradoxe est que l’idée qu’il vaut mieux confier une telle mission à une autorité « indépendante » – c’est-à-dire dégagée de tout intérêt, de toute passion, de tout préjugé partisan – est non seulement irréaliste, mais surtout aboutit à un gouvernement purement technocratique. En effet, l’autorité « indépendante » ainsi définie est une autorité qui prend ses décisions sur des critères purement techniques et rationnels.

      Le cas d’une autorité chargée d’appliquer une règle est très différent. Ce qu’on demande à une telle autorité n’est pas de choisir entre plusieurs politiques possibles, mais au contraire de coller le plus étroitement possible à la volonté du législateur en appliquant un choix déjà fait à une situation concrète.

      C’est cette différentiation qui permet de comprendre pourquoi les juges doivent être indépendants – ou du moins tendre vers cet idéal – alors que le parquet, chargé d’exprimer des choix de politique pénale, doivent être soumis à l’autorité d’un pouvoir politique. Car c’est là toute la différence : le juge doit appliquer la loi, le parquet doit dire comment elle devrait être appliquée. Dans un cas il s’agit de faire œuvre de raison, d’ans l’autre d’exprimer un choix politique.

      Au-delà de cette question, se pose bien entendu celle de la paupérisation de la justice, et au-delà celle de la paupérisation de l’ensemble des services de l’Etat. Visitez un palais de justice, et vous serez horrifié des conditions de travail des magistrats. Mais visitez une préfecture, un commissariat de police, une trésorerie, et vous verrez la même chose…

      • BolchoKek dit :

        @ Descartes

        Au delà de ces questions de “indépendance”, il y a à mon avis dans notre système judiciaire une contradiction insurmontable, qui n’est d’ailleurs pas nouvelle : l’indépendance des juges les éloigne de grand nombre de pressions, mais cela crée un risque évident d’impunité, et surtout de justice de classe. Il est assez étonnant qu’on entende tant de discours populistes anti-ENA, alors qu’au final les facs de droit se posent quand même là en termes de reproduction sociale des élites…
        On dit que lors d’un conseil des ministres, Mitterrand aurait déclaré “Méfiez-vous des juges, ils ont tué la monarchie. Ils tueront la République. “

        • Descartes dit :

          @ BolchoKek

          [Au delà de ces questions de « indépendance », il y a à mon avis dans notre système judiciaire une contradiction insurmontable, qui n’est d’ailleurs pas nouvelle : l’indépendance des juges les éloigne de grand nombre de pressions, mais cela crée un risque évident d’impunité, et surtout de justice de classe.]

          Nous sommes dans une société de classes. Dans ce contexte, il et illusoire d’imaginer qu’on puisse avoir autre chose qu’une justice de classe, une école de classe, une université de classe, une sociabilité de classe. Il y a une espèce d’inconscience à imaginer que les institutions pourraient échapper à ce qui fait l’essence même de l’organisation de notre société. Bien sûr, on peut imaginer des organisations pour l’école, l’université, la sociabilité, la justice qui atténuent ou renforcent cette logique de classe. Mais cette organisation a des limites qui tiennent au rapport de force entre les différentes classes.

          Le juge indépendant n’existe pas : c’est l’institution judiciaire dans son ensemble qui peut ou non être indépendante. Comme le disait Robespierre, toute organisation fondée sur l’idée que le peuple est bon et le juge incorruptible est intrinsèquement mauvaise. Il faut partir de l’idée que les individus sont faillibles, et corriger cette faillibilité par des logiques institutionnelles appropriées. Mais vous avez raison de pointer le fait qu’une institution judiciaire totalement indépendante est moins soumise aux pressions mais qu’elle implique nécessairement le risque de l’irresponsabilité et plus grave encore de gouvernement des juges. C’est pourquoi il n’est pas mauvais que cette institution soit elle-même encadrée, qu’elle soit une « autorité » et non un « pouvoir ».

          [Il est assez étonnant qu’on entende tant de discours populistes anti-ENA, alors qu’au final les facs de droit se posent quand même là en termes de reproduction sociale des élites…]

          Peut-être parce que les élites administratives sont moins pliables aux intérêts privés que les élites juridiques. L’appareil administratif est contraint par les principes d’égalité et d’universalité, alors que dans le prétoire celui qui peut se payer le meilleur avocat a un avantage considérable…

          [On dit que lors d’un conseil des ministres, Mitterrand aurait déclaré « Méfiez-vous des juges, ils ont tué la monarchie. Ils tueront la République. »]

          Il n’avait pas tort !

  23. Laurent T dit :

    Avez vous prêté attention au université de l’UPR ? Je viens de voir avec un réel plaisir la liste des invités , Todd , Delaume , David Cayla etc..

    Pensez vous qu’il soit encore possible que les souverainistes puissent encore se réunir ? Il y a actuellement un bouillonnement intellectuel fort intéressant avec les noms cités plus haut , mais aussi Olivier Delorme , Natacha Polony , Steve Ohana , Jerome Sainte-Marie ,Julien Lovato , Masse-Stamberger , le très intéressant écologiste Philippe Bihouix , Bertrand Renouvin et la Nouvelle Action Royaliste et j’en oubli beaucoup.

    La résistance au capitalisme sauvage et contre les organisations supra-national est dispersée dans de multiple chapelle , il y aura t’il un Jean Moulin pour pouvoir les réunir ?

    • Descartes dit :

      @ Laurent T

      [Pensez-vous qu’il soit encore possible que les souverainistes puissent encore se réunir ? Il y a actuellement un bouillonnement intellectuel fort intéressant avec les noms cités plus haut , mais aussi Olivier Delorme, Natacha Polony, Steve Ohana, Jerome Sainte-Marie, Julien Lovato , Masse-Stamberger , le très intéressant écologiste Philippe Bihouix , Bertrand Renouvin et la Nouvelle Action Royaliste et j’en oublie beaucoup.]

      Il me semble incontestable que la pensée souverainiste est aujourd’hui beaucoup plus vivace et plus créative que la pensée conformiste. A gauche et au centre, les bienpensants se contentent avec la répétition d’un discours qui n’a guère changé depuis trente ans et qui s’est ossifié pour devenir un dogme dont les tenants n’ont plus aucun rapport avec la réalité objective. Alors que l’Europe a montré sa totale incapacité à résoudre les problèmes qui se posent avec une acuité toujours plus grande, on continue à nous répéter qu’il faut attendre de l’Europe ces solutions… Il n’y a que chez les souverainistes – ou les hétérodoxes en économie – qu’on trouve des idées nouvelles, certaines réalistes, d’autres farfelues, mais au moins il y a de quoi débattre.

      Pour le moment, ce bouillonnement ne se traduit pas – du moins en France – par la naissance d’un mouvement politique ayant une cohérence programmatique. Etant donnée notre histoire politique, je ne pense pas que le mouvement empruntera cette voie. Je pense plutôt que l’un des mouvements politiques conventionnels en perte de vitesse comprendra que l’adoption d’un discours souverainiste peut lui amener des voix – c’est ce que j’ai appelé le « souverainisme d’opportunité » – et reprendra ce discours. Il sera probablement disqualifié par les autres… et alors deux possibilités :soit il fait une percée électorale malgré les condamnations, et il sera alors imité par d’autres, soit il fait un bide et il faudra attendre l’opportunité suivante. Cela eut pu marcher avec Philippot… et Wauquiez semble prêt à emprunter cette voie.

      Malheureusement, toutes les tentatives semblent se situer à droite. Ce n’est pas illogique : il ne faut pas oublier que la eurolâtrie acritique fut d’abord un projet de la gauche social-démocrate en mal d’un substitut pour ce « grand soir » auquel on avait définitivement renoncé. Difficile pour un Hamon, un Faure, un Mélenchon de se défaire du rêve de leur jeunesse…

      • @ Descartes,

        “A gauche et au centre, les bienpensants se contentent avec la répétition d’un discours qui n’a guère changé depuis trente ans et qui s’est ossifié pour devenir un dogme dont les tenants n’ont plus aucun rapport avec la réalité objective.”
        Ce matin, j’écoutais un certain Alain Lamassoure (je ne garantis pas l’orthographe, je ne connais pas ce monsieur) interrogé sur France Culture. J’étais fasciné par son discours: “en 1992, il y avait une grosse majorité de Français pour Maastricht, mais à cause du rejet de Mitterrand, le traité a failli ne pas passer”; “Chirac a fait la même erreur en 2005, et on ne saura jamais combien de Français étaient vraiment contre le traité constitutionnel”, et last but not least: “On ne parle jamais de cette immense réussite qu’est l’euro. Certains – dont un prix nobel d’économie – nous expliquaient qu’il était impossible que des pays ayant des économies différentes partagent la même monnaie, et on constate que l’euro a survécu à la crise et qu’il est indestructible.” Là, j’avoue, j’ai éteint la radio, j’avais atteint la limite du supportable.

        Mais tout de même: dans quel monde vivent ces gens-là? Qui peut honnêtement proclamer que l’euro est une “immense réussite” pour la Grèce, l’Italie et même la France? Personnellement, j’étais élève dans le secondaire à la fin des années 90, et je me souviens de ce qu’on nous promettait avec l’UE et l’euro: la prospérité, le plein-emploi, la puissance géopolitique, la paix, la sécurité… J’y ai cru, comme beaucoup sans doute. A part le méchant Le Pen, le ridicule de Villiers, et quelques autres moins illustres, qui était, qui pouvait être contre le bonheur qu’on nous promettait? C’était il y a plus de vingt ans. Il serait peut-être temps de faire le bilan critique de la construction européenne “maastrichrienne”. Pour ma part, je me rends compte à quel point l’unanimisme béat et naïf (du moins c’est ainsi que je m’en souviens) de cette époque nous a conduit dans le mur.

        Sinon, félicitations pour le “relooking” de votre blog. Bon, je vais être franc: je n’aime pas qu’on change mes habitudes (mon côté très conservateur), et au début la nouvelle présentation des commentaires m’a un peu gêné (les plus récents étant en bas). Mais à l’usage, c’est plus lisible, car c’était écrit un peu petit sur overblog. Bref, tout ça pour vous souhaiter une bonne continuation.

        • Descartes dit :

          @ nationaliste-ethniciste

          [Ce matin, j’écoutais un certain Alain Lamassoure (je ne garantis pas l’orthographe, je ne connais pas ce monsieur) interrogé sur France Culture. J’étais fasciné par son discours: « en 1992, il y avait une grosse majorité de Français pour Maastricht, mais à cause du rejet de Mitterrand, le traité a failli ne pas passer »; « Chirac a fait la même erreur en 2005, et on ne saura jamais combien de Français étaient vraiment contre le traité constitutionnel », et last but not least: « On ne parle jamais de cette immense réussite qu’est l’euro. Certains – dont un prix nobel d’économie – nous expliquaient qu’il était impossible que des pays ayant des économies différentes partagent la même monnaie, et on constate que l’euro a survécu à la crise et qu’il est indestructible. » Là, j’avoue, j’ai éteint la radio, j’avais atteint la limite du supportable.]

          Le discours des europhiles est celui du médecin qui déclare « l’opération a été un succès, mais le patient est mort ». Ah, quel succès que l’Euro. On a réussi à faire ce que les gens les plus calés considéraient impossible, faire que des économies différentes partagent la même monnaie ? Et cela sert à quoi ? A rien – sauf à enrichir l’Allemagne et ses amis au détriment du reste. La Grèce est en lambeaux, l’Espagne se remet à peine, et partout on voit les industries partir, les infrastructures se dégrader, le contrat social se fissurer. Mais c’est pas grave, c’est l’exploit qui compte…

          Au fond, les europhiles sont confrontés au même dilemme que les catholiques médiévaux, coincés entre un dieu censé être infiniment bon et aimant, et le fait que ce dieu n’arrêtait pas d’envoyer des pestes et des malheurs de toutes sortes. Pour résoudre cette contradiction, on a expliqué au bon peuple que dieu nous éprouvait, qu’il nous faisait souffrir dans ce monde pour nous récompenser dans le suivant. L’Europe c’est pareil : il faut souffrir aujourd’hui pour goûter au paradis quelque part dans un futur indéterminé et qui d’ailleurs recule au fur et à mesure qu’on avance…

          [Mais tout de même: dans quel monde vivent ces gens-là? Qui peut honnêtement proclamer que l’euro est une « immense réussite » pour la Grèce, l’Italie et même la France?]

          Pas du tout. Relisez bien : l’Euro pour Lamassoure est une « réussite » parce qu’on a réussi à faire ce que même un prix Nobel considérait impossible. Nulle part il ne parle de prospérité, d’emploi, de souveraineté économique. Non, l’Euro est une « réussite » au pur niveau d’un exploit sportif. On a réussi à faire quelque chose qui semblait impossible, et cela est un exploit même si cela ne sert à rien. Un peu comme ceux qui fabriquent le plus long hot-dog du monde…

          [Personnellement, j’étais élève dans le secondaire à la fin des années 90, et je me souviens de ce qu’on nous promettait avec l’UE et l’euro: la prospérité, le plein-emploi, la puissance géopolitique, la paix, la sécurité… J’y ai cru, comme beaucoup sans doute.]

          Moi pas. Je me suis toujours méfié des promesses, surtout quand elles sont faites par des gens qui n’ont aucun intérêt à les tenir. Quand des politiciens qui ont été à un moment donné agents américains vous promettent « la puissance géopolitique », quand ceux qui tirent profit d’un chômage qui pousse les salaires vers le bas vous promettent le plein emploi, il faut faire preuve d’une saine méfiance.

          [A part le méchant Le Pen, le ridicule de Villiers, et quelques autres moins illustres, qui était, qui pouvait être contre le bonheur qu’on nous promettait?]

          Le PCF. Qui à l’époque où ce discours s’est construit, à la fin des années 1970, drainait encore un électeur sur cinq. Et c’est là le cœur de l’affaire. Le projet européen est devenu la « cause », le paradis que les social-démocrates et les centristes pouvaient mettre en face du paradis promis par les communistes. Je pense que vous avez lu Ernst Nölte, et si vous ne l’avez pas fait il faut le faire de toute urgence. Il montre bien comment le rapport au communisme est l’élément fondamental qui structure tous les combats politiques du XXème siècle.

          Ce n’est pas à mon avis par hasard si la crise idéologique de la construction européenne suit de près la chute du mur de Berlin. Tout à coup, la religion laïque de l’Europe est devenue inutile et même encombrante. N’ayant plus d’ennemi pour la rappeler à ses devoirs et la mettre sous tension, elle s’est enlisée.

          [C’était il y a plus de vingt ans. Il serait peut-être temps de faire le bilan critique de la construction européenne « maastrichrienne ». Pour ma part, je me rends compte à quel point l’unanimisme béat et naïf (du moins c’est ainsi que je m’en souviens) de cette époque nous a conduit dans le mur.]

          Oui. Je vous avoue qu’à ce propos j’éprouve le petit plaisir idiot de l’oracle dont les prédictions commencent à se réaliser. Parce que je n’y ai jamais cru, et j’ai vu dès le départ à quel point ce discours était une fabrication, un outil pour bourrer les crânes, une religion laïque.

          [Sinon, félicitations pour le « relooking » de votre blog. (…) Bref, tout ça pour vous souhaiter une bonne continuation.]

          Je compte sur vous pour continuer !

          • Laurent T dit :

            “Au fond, les europhiles sont confrontés au même dilemme que les catholiques médiévaux, coincés entre un dieu censé être infiniment bon et aimant, et le fait que ce dieu n’arrêtait pas d’envoyer des pestes et des malheurs de toutes sortes. Pour résoudre cette contradiction, on a expliqué au bon peuple que dieu nous éprouvait, qu’il nous faisait souffrir dans ce monde pour nous récompenser dans le suivant. L’Europe c’est pareil : il faut souffrir aujourd’hui pour goûter au paradis quelque part dans un futur indéterminé et qui d’ailleurs recule au fur et à mesure qu’on avance…”

            Si je peu me permettre , je pense que vous vous trompé sur les Catholiques médiévaux.
            Les conciles Vatican I et Vatican II ont largement modifié le catholicisme. Le dieu médiéval était surtout tout puissant et il faisait ce qu’il voulait ! Ce n’est qu’après les récents concile que l’église s’est réformé dans le michelpolnareffisme et que dieu est devenu bon , miséricordieux , que le purgatoire a un peu disparu puisque nous irons tous au paradis !

            • Descartes dit :

              @ Laurent T

              [Si je peu me permettre , je pense que vous vous trompé sur les Catholiques médiévaux.]

              Mais… vous pouvez tout à fait vous le permettre ! Nos tarifs sont tout à fait abordables… euh… pardon, je pensais à autre chose…

              [Les conciles Vatican I et Vatican II ont largement modifié le catholicisme. Le dieu médiéval était surtout tout puissant et il faisait ce qu’il voulait !]

              Pas tout à fait. Contrairement au Yahvé, qui lui faisait vraiment ce qu’il voulait, le dieu chrétien est limité par la doctrine de la rédemption. Car à quoi cela sert d’avoir envoyé son fils pour racheter les péchés de l’humanité s’il pouvait faire comme si ce rachat n’avait pas eu lieu ? Par la rédemption, dieu a promis à l’homme le salut – sous un certain nombre de conditions, mais c’est une promesse quand même. Et pour les théologiens médiévaux, dieu est tenu par cette promesse. C’est en ce sens que j’utilisais l’analogie : de la même façon que le dieu médiéval nous promettait la salvation dans l’autre monde à condition de souffrir sans broncher dans celui-ci, l’Europe promet un avenir radieux à une date indéterminée à ceux qui accepteront sans broncher de se serrer la ceinture, de privatiser leurs services publics, de voir leurs usines partir ailleurs.

              Vous avez raison de dire que le dieu médiéval n’a pas grande chose avec le dieu gentillet des conciles du XXème siècle. C’est un dieu bien plus dur, plus exigeant, plus mystérieux. Mais pas forcément plus méchant, plus cruel ou plus insensible. Le dolorisme chrétien vient plutôt avec la contre-réforme.

      • Timo dit :

        [Je pense plutôt que l’un des mouvements politiques conventionnels en perte de vitesse comprendra que l’adoption d’un discours souverainiste peut lui amener des voix – c’est ce que j’ai appelé le « souverainisme d’opportunité » – et reprendra ce discours. […] Cela eut pu marcher avec Philippot… et Wauquiez semble prêt à emprunter cette voie.]

        Il me semble que Wauquiez est encore très très loin d’avoir un discours souverainiste :
        https://www.lesechos.fr/28/06/2018/lesechos.fr/0301892785327_exclusif—ce-que-propose-laurent-wauquiez-sur-l-europe.htm

        “Pour moi, il y a deux dangers équidistants. D’une part la position de Marine Le Pen, qui prône la sortie de l’euro, l’isolement de la France et donc l’affaiblissement du continent européen. Et de l’autre, l’utopie fédéraliste et technocratique portée par Emmanuel Macron, qui, de plus en plus coupé des réalités, veut continuer tout ce qui a amené l’Europe dans le mur […] Le chemin des Républicains, entre ces deux dangers tout aussi extrêmes, c’est de porter le seul projet lucide qui peut permettre une renaissance de la construction européenne.”

        “Je pense très profondément que l’on n’a jamais eu autant besoin de l’Europe.”

        “L’abandon de la monnaie unique serait en tout cas une catastrophe.”

        Moi j’y vois juste un léger euroscepticisme de façade pour se distinguer de Macron et profiter de la grogne, mais au final il n’envisage pas de vraiment revenir en arrière sur la construction européenne, tout au plus modifier quelques bricoles. Et pis j’ai du mal à imaginer qu’il réussisse à proposer un programme qui puisse rassembler les classes populaires alors qu’il ne fait que de répéter qu’avec Macron il y a beaucoup trop d’impôts et trop de dépenses publiques.

        Mais j’avoue que concernant les partis clairement souverainistes (LP et UPR) je commence à être un peu plus pessimiste, s’ils ne commencent pas à se rapprocher pour les européennes ils risquent de faire chacun des scores misérables et n’avoir aucun élu, alors pour la suite ça va sûrement se compliquer.

        A part ça, le nouveau site est très agréable mais il semble qu’il y ait quelques problèmes avec la newsletter. J’y étais inscrit avant mais là je ne reçois plus de mail quand il y a un nouvel article, et quand je rajoute mon adresse dans le formulaire à droite de la page ça me dit que je suis déjà inscrit..

        • Descartes dit :

          @ Timo

          [Il me semble que Wauquiez est encore très très loin d’avoir un discours souverainiste :]

          Je suis d’accord. Mais on voit chez lui une certaine hésitation – qui tient probablement plus à l’opportunisme qu’à autre chose – entre une ligne europhile et une ligne souverainiste. Je pense qu’il a bien compris qu’en adoptant une ligne europhile il sera difficile à la droite d’avoir un discours très différent de celui de Macron. C’était là mon point : à supposer que Wauqiez tombe finalement du côté souverainiste – ce qui est loin d’être fait – ce sera un souverainisme d’opportunité, et non de conviction.

          [A part ça, le nouveau site est très agréable mais il semble qu’il y ait quelques problèmes avec la newsletter. J’y étais inscrit avant mais là je ne reçois plus de mail quand il y a un nouvel article, et quand je rajoute mon adresse dans le formulaire à droite de la page ça me dit que je suis déjà inscrit…]

          Envoyez-moi un message avec votre mail, et j’essaierai de regarder s’il y a un problème.

          • bip dit :

            Je pense que dans le cas de Wauquiez il faut voir aussi qu’il ne tient le parti que tant qu’il a le soutien de Sarkozy. Devant ménager la chèvre donc et le chou des élus de son camp sur une ligne plutôt… macronienne, difficile de savoir ce qu’il a vraiment en tête. Sa base électorale et son parti n’autorisant guère d’espoirs fous non plus sur un programme de rupture.

            En tout cas il y a peu de politiciens qui semblent aussi faux dans leur manière de s’exprimer. Le genre premier de la classe qui veut parler façon populo, aussi brillant soit-il, ça a du mal à tromper le populo…

            Je doute donc qu’en imitant, mal, Sarkozy il ira très loin. Déjà parce que les gens ont compris l’entourloupe de Sarkozy (des paroles et rien derrière) et ensuite par que si, tous comptes faits, Sarkozy voulait se re-représenter en 2022, Wauquiez devrait s’effacer…

            • Descartes dit :

              @ bip

              [Je pense que dans le cas de Wauquiez il faut voir aussi qu’il ne tient le parti que tant qu’il a le soutien de Sarkozy. Devant ménager la chèvre donc et le chou des élus de son camp sur une ligne plutôt… macronienne, difficile de savoir ce qu’il a vraiment en tête. Sa base électorale et son parti n’autorisant guère d’espoirs fous non plus sur un programme de rupture.]

              Effectivement. C’est un exemple supplémentaire, s’il en fallait un, de l’affaiblissement du rôle des partis politiques. Avant, les partis avaient une influence sur leur électorat, une force de conviction ou du moins d’entrainement. Et cela permettait de donner une cohérence à un électorat par nature divers. Aujourd’hui, ils se contentent de le suivre. Et du coup, ils se trouvent dans la situation compliquée de devoir satisfaire des revendications et des demandes contradictoires.

              Dans le cas de LR, il faut concilier une fraction plutôt eurosceptique mais pas franchement souverainiste qui voit en Sarkozy son champion, une frange franchement europhobe et une autre franchement europhile… et tout ça dans un contexte où il risque de se faire contourner à tout moment sur sa droite par le RN, et sur sa gauche par Macron. D’où sa ligne en zigzag.

              [En tout cas il y a peu de politiciens qui semblent aussi faux dans leur manière de s’exprimer.]

              Quant on veut dire tout et son contraire…

              [Le genre premier de la classe qui veut parler façon populo, aussi brillant soit-il, ça a du mal à tromper le populo…]

              Tout à fait. Il faudrait d’ailleurs analyser le fonctionnement médiatique qui pousse des gens éduqués, brillants et intelligents à faire semblant d’être moins éduqués, moins brillants, moins intelligents qu’ils ne le sont. J’y vois personnellement l’incarnation des préjugés paternalistes des « classes moyennes », qui sont convaincues que le « populo » est composé de gens bêtes qui n’apprécient pas la culture, le savoir et l’intelligence et que pour être « populaire » il faut leur ressembler.

              Oui, dans les cours de récréation on se moque des premiers de la classe, des lunetteux toujours fourrés dans un livre. Mais lorsqu’on devient adulte, les choses changent. Et les premiers de la classe deviennent plus un sujet d’envie que de moquerie, ne serait-ce que parce qu’ils raflent les meilleurs postes, les meilleures opportunités. On dirait que la société médiatique en est resté à la cour de récréation…

          • bip dit :

            @ Descartes

            [Dans le cas de LR, il faut concilier une fraction plutôt eurosceptique mais pas franchement souverainiste qui voit en Sarkozy son champion, une frange franchement europhobe et une autre franchement europhile… et tout ça dans un contexte où il risque de se faire contourner à tout moment sur sa droite par le RN, et sur sa gauche par Macron.]

            Et vous pensez que ça ouvre une voie à Dupont-Aignan pour essayer de rassembler la droite gaullo-bonapartiste autour de lui ?
            Le RN ressemble maintenant à un canard sans tête mais qui se maintient très haut dans les intentions de vote, faute de mieux sans doute pour incarner une opposition populaire aux politiques menées.
            LR est incapable d’ébaucher un semblant de programme et donc de produire des figures incarnant des idées.

            Alors c’est peut-être pas le plus charismatique mais il a un parcours qui parle pour lui, il a montré à plusieurs reprises qu’il était courageux et capable de prendre des risques (non à Maastricht, départ de l’UMP en 2007) et il a un parti en ordre de marche prêt à des alliances.

            • Descartes dit :

              @ bip

              [Et vous pensez que ça ouvre une voie à Dupont-Aignan pour essayer de rassembler la droite gaullo-bonapartiste autour de lui ?]

              Je ne sais pas. Le problème pour Dupont-Aignan est de prendre de la hauteur, de proposer un véritable projet, une vision de la société. J’ai l’impression qu’il dérive au contraire vers des positions poujadistes.

              [Le RN ressemble maintenant à un canard sans tête mais qui se maintient très haut dans les intentions de vote, faute de mieux sans doute pour incarner une opposition populaire aux politiques menées.]

              Tout à fait d’accord. Le RN ne se maintient que parce que personne aujourd’hui n’est capable de porter les intérêts des couches populaires ou d’incarner leur rejet du « système ». Et ce n’est pas le discours ambigu du PCF ou de LFI sur les questions européennes qui risque de changer les choses.

              [Alors c’est peut-être pas le plus charismatique mais il a un parcours qui parle pour lui, il a montré à plusieurs reprises qu’il était courageux et capable de prendre des risques (non à Maastricht, départ de l’UMP en 2007) et il a un parti en ordre de marche prêt à des alliances.]

              Oui, mais malheureusement il n’a pas autour de lui une équipe capable de produire un projet qui soit à la fois crédible et désirable. « Non au matraquage fiscal » ne constitue pas un projet.

      • 3l dit :

        [Pour le moment, ce bouillonnement ne se traduit pas – du moins en France – par la naissance d’un mouvement politique ayant une cohérence programmatique. Etant donnée notre histoire politique, je ne pense pas que le mouvement empruntera cette voie. Je pense plutôt que l’un des mouvements politiques conventionnels en perte de vitesse comprendra que l’adoption d’un discours souverainiste peut lui amener des voix – c’est ce que j’ai appelé le « souverainisme d’opportunité » – et reprendra ce discours. Il sera probablement disqualifié par les autres… et alors deux possibilités :soit il fait une percée électorale malgré les condamnations, et il sera alors imité par d’autres, soit il fait un bide et il faudra attendre l’opportunité suivante. Cela eut pu marcher avec Philippot… et Wauquiez semble prêt à emprunter cette voie.]

        @Descartes

        Peut-être qu’un parti traditionnel pourra prendre en charge la question du Frexit, mais réussira-t-il à drainer suffisamment de voix pour emporter les élections. Pour eux le danger est, en abordant le sujet de l’UE, de perdre une partie de leur électorat en voulant en gagner une autre. Combien de politicien en prendra le risque ? Peut être que sentant qu’il n’auront plus rien à perdre, il se lanceront dans la bataille, mais cela viendra peut-être un peu tard. De toute manière la question est celle des alliances, comment concilier des électorats qui n’ont pas les mêmes intérêts ? Le projet du FN a capoté, car en voulant abordé les questions sociales pour attiré un nouveau électorat, il s’est mis à dos son socle historique, venu quant-à lui pour des idées bien à droite. Le camp des souverainistes, divisé comme il est, sera obligé de composer avec d’autres parti, et il faudra qu’ils parviennent à un accord qui satisfasse les conditions de chacun.

        Pour NDA, il m’a agréablement surpris ces derniers temps. Il a mis de l’eau dans son vin, notamment au sujet de l’immigration, et semble avoir pris des positions plus réalistes. Il reste encore dans le flou de peur de fâcher personne, mais il semble avoir évolué sur certains points. J’ai toujours trouvé le personnage assez fadasse, mais je pense qu’il a su s’entourer.

        J’avais suivi les débats entre l’upr et les patriotes, et il faut dire que j’approuve le choix d’Asselineau. Faire une alliance avec Philippot comportait autant de risque que d’atout, et cela pouvait le marquer trop idéologiquement. Mais je le vois pas pour l’instant lancé dans une dynamique.

        • Descartes dit :

          @ 3l

          [Peut-être qu’un parti traditionnel pourra prendre en charge la question du Frexit, mais réussira-t-il à drainer suffisamment de voix pour emporter les élections. Pour eux le danger est, en abordant le sujet de l’UE, de perdre une partie de leur électorat en voulant en gagner une autre. Combien de politicien en prendra le risque ?]

          Ils ne seront pas très nombreux, malheureusement. Et dans le contexte de trouille générale qui est le notre, c’est malheureusement très logique. Les hommes politiques qui vont contre le courant ont toujours été l’exception plutôt que la règle. Et aujourd’hui le courant est résolument conservateur. Tout le monde reconnaît que l’édifice est vermoulu, mais personne n’ose changer quelque chose de peur de provoquer son effondrement. L’enthousiasme eurolâtre a disparu, mais l’UE résiste tout simplement parce que personne n’ose s’imaginer ce que serait un monde sans elle.

          [De toute manière la question est celle des alliances, comment concilier des électorats qui n’ont pas les mêmes intérêts ?]

          Par exemple, en constatant que si ces électorats ont des intérêts divergents sur beaucoup de points, ils peuvent néanmoins se retrouver sur un certain nombre de priorités, et notamment, celle de récupérer les instruments de souveraineté pour pouvoir ensuite défendre leurs intérêts dans un cadre redevenu politique. Pour le dire autrement, ces électorats ont des intérêts divergents mais ils ont au moins un intérêt commun : ne pas être réduits à l’impuissance.

          [Le projet du FN a capoté, car en voulant abordé les questions sociales pour attiré un nouveau électorat, il s’est mis à dos son socle historique, venu quant-à lui pour des idées bien à droite.]

          Je ne partage pas ce diagnostic. Philippot et ses amis sont tombés victimes d’une conjuration de palais, et non d’une révolte des électeurs du FN. Au contraire, la ligne Philippot a permis au FN de conquérir un nouvel électorat sans perdre l’ancien.

  24. Jordi dit :

    Pas grand chose à rajouter à l’article, si ce n’est qu’il est excellent.

    Il est très agréable de lire un article profond et sans langue de bois, écrit par quelqu’un avec une expérience militante, sur les réalités du financement d’un parti politique. Cela rappelle la citation de Edouard Herriot sur la politique et l’andouillette.

    Sur le fonds des affaires, je suis assez partagé.

    D’un coté la technocratie scélérate flinguant les assistant parlementaires. Un parlementaire est un élu, faisant un travail politique. Si son assistant fournit à l’élu une assistance à son action politique, par exemple en travaillant au sein du parti politique dont l’élu(e) porte l’action, cela me semble parfaitement honnête.
    Le parquet financier est une institution anti-démocratique à abattre. Notons d’ailleurs que ces juges sourcilleux ne trouvent rien à dire aux nombreux thinks tanks Bruxellois financés par on ne sait qui pour prêcher la bonne parole mondialiste.

    De l’autre, il y a quand même quelques affaires bien puantes évoquées, il est vrai parfois après la parution de votre article initial. Qu’il s’agisse de la supposée maîtresse du gourou surfacturant des prestations et siphonnant l’argent du “Media”. Ou du couple Corbière -Garrido qui gagner 15000€ par mois mais fait rénover son HLM au frais de la princesse grâce à une aide réservée aux “plus modestes”.
    https://www.lemonde.fr/politique/article/2018/10/30/accuse-d-avoir-profite-d-une-aide-aux-menages-modestes-pour-renover-son-logement-le-depute-alexis-corbiere-s-explique_5376765_823448.html

    Pour la morale, la Personne Sacrée aurait pu être crédible si elle s’était indigné lors des persécutions visant le FN ou Fillon. Il me semblait que les militant LFI adorent pourtant annoner les vers de Niemoller.

    • Descartes dit :

      @ Jordi

      [Il est très agréable de lire un article profond et sans langue de bois, écrit par quelqu’un avec une expérience militante, sur les réalités du financement d’un parti politique. Cela rappelle la citation de Edouard Herriot sur la politique et l’andouillette.]

      Merci de vos encouragements. J’avoue que j’avais moi aussi pensé à la formule d’Herriot. Dans la réalité, et n’en déplaise aux dragons de vertu, la politique aura toujours son côté obscur, tout simplement parce qu’elle est faite par des hommes, et non des saints. Qu’il faille borner le champ des magouilles, on est d’accord. Qu’il faille en faire un fromage pour le plus petit écart… laissons cela aux puritains.

      [Sur le fonds des affaires, je suis assez partagé. D’un coté la technocratie scélérate flinguant les assistant parlementaires. Un parlementaire est un élu, faisant un travail politique. Si son assistant fournit à l’élu une assistance à son action politique, par exemple en travaillant au sein du parti politique dont l’élu(e) porte l’action, cela me semble parfaitement honnête.]

      Moi aussi. Mais vous vous réclamez ici d’une approche politique. Or, la mode aujourd’hui est de décrier tout ce qui est politique. La politique, c’est sale, c’est magouilleux, c’est égotique. Il faut la remplacer par la « société civile » et le « militantisme associatif » qui sont exempts, bien entendu, de toute « magouille » et ou les « égos » n’existent pas. Dites d’untel que c’est un politicien de carrière, et on froncera les sourcils. Dites d’untel qu’il vient de la société civile ou du monde associatif, et vous verrez un large sourire…

      Pour les bonzes du Parlement européen, les députés sont là pour légiférer apolitiquement. Il ne faut surtout pas qu’ils fassent de la politique. La politique à Bruxelles ou à Strasbourg, c’est un vilain mot. Et c’est pourquoi les assistants sont conçus comme des auxiliaires administratifs, et rien d’autre.

      [Le parquet financier est une institution anti-démocratique à abattre. Notons d’ailleurs que ces juges sourcilleux ne trouvent rien à dire aux nombreux thinks tanks Bruxellois financés par on ne sait qui pour prêcher la bonne parole mondialiste.]

      Je ne suis pas d’accord. Les parquets appliquent – sous le contrôle des juges, il ne faudrait pas l’oublier – les lois. Si on fait des lois tatillonnes sur l’utilisation des attachés parlementaires ou sur le financement des campagnes, il ne faut pas s’étonner ensuite que les parquets cherchent à les appliquer. Et c’est ce qui se passe dans la situation actuelle. Plus fondamentalement, faudrait-il tolérer qu’une Sophie Chikirou s’enrichisse sur le dos du contribuable par le biais du remboursement de prestations surfacturées ?

      [Pour la morale, la Personne Sacrée aurait pu être crédible si elle s’était indigné lors des persécutions visant le FN ou Fillon. Il me semblait que les militant LFI adorent pourtant annoner les vers de Niemoller.]

      C’est là à mon sens que la défense de Mélenchon trouve ses limites. On ne peut faire de la politique à coup de raisonnements ad hoc. Si on critique les « persécutions judiciaires » des hommes politiques, alors on ne peut faire dépendre cette critique de l’identité des persécutés. On ne peut pas se féliciter lorsque les juges s’acharnent sur Le Pen, et pousser des cris d’orfraie lorsqu’ils s’occupent de vous.

  25. bip dit :

    Dans les explications que vous donnez sur la violence de la réaction de Mélenchon, n’y aurait-il pas aussi le fait que, pensant appartenir au « camp du bien » et considérant la justice aux ordres, ordres qui viennent actuellement du « camp du bien », il vit cette enquête comme une trahison ?

    J’ai pensé à ça en tombant sur cette vidéo qui soulève une relation plus « personnelle » entre lui et la ministre : https://youtu.be/y6pME60-yyg#t=10s

    • Descartes dit :

      @ bip

      [Dans les explications que vous donnez sur la violence de la réaction de Mélenchon, n’y aurait-il pas aussi le fait que, pensant appartenir au « camp du bien » et considérant la justice aux ordres, ordres qui viennent actuellement du « camp du bien », il vit cette enquête comme une trahison ?]

      Certainement pas! Je doute que “le camp du bien” auquel il est persuadé d’appartenir soit le même “camp du bien” qui ordonne les perquisitions…

      • bip dit :

        @ Descartes

        Pourtant c’est vous qui soulignez régulièrement qu’un Mélenchon au pouvoir mènerait une politique proche de celles menées par les Jospin, Hollande ou… Macron (sa base électorale ainsi que son parcours en attestant) ?
        Et donc, hors postures, qu’est-ce qu’il pourrait vraiment reprocher à un Macron ou à une… Belloubet ? Ou alors tout serait question de postures selon l’enseignement Mitterrandien ?

        Et ce message signifierait uniquement qu’il occupe une position supérieure à elle dans la loge maçonnique dont ils seraient membres et qu’il s’en sert comme menace ? Car on est d’accord que ce n’est pas un hasard s’il place ainsi sa main quand il l’interpelle directement ?

        • Descartes dit :

          @ bip

          [Pourtant c’est vous qui soulignez régulièrement qu’un Mélenchon au pouvoir mènerait une politique proche de celles menées par les Jospin, Hollande ou… Macron (sa base électorale ainsi que son parcours en attestant) ? Et donc, hors postures, qu’est-ce qu’il pourrait vraiment reprocher à un Macron ou à une… Belloubet ?]

          Eh bien… la même chose que Mitterrand pouvait reprocher à Giscard : d’occuper le fauteuil où il aimerait bien poser ses fesses !

          [Ou alors tout serait question de postures selon l’enseignement Mitterrandien ?]

          Contrairement à Mitterrand, Mélenchon n’est pas un cynique. Il croit vraiment à ce qu’il dit. Il est persuadé – ou plutôt il s’est persuadé – que demain au pouvoir il fera une politique différente, inédite. Que la « révolution citoyenne » – sous sa conduite, of course – sauvera la France et l’Europe. De la même manière qu’en 1983 il était persuadé – il s’était persuadé – que le « tournant de la rigueur » n’était qu’une mesure passagère qui n’allait pas empêcher les socialistes de « changer la vie », et en 1992 que le traité de Maastricht était un « compromis de gauche » qui allait fonder une nouvelle Europe démocratique et sociale.

          C’est pourquoi je ne suis pas sûr qu’on puisse parler de « posture ». Il est difficile avec Mélenchon de savoir ce qui relève du pur opportunisme politique assumé et ce qui vient d’une véritable conviction, elle-même changeante.

          [Et ce message signifierait uniquement qu’il occupe une position supérieure à elle dans la loge maçonnique dont ils seraient membres et qu’il s’en sert comme menace ? Car on est d’accord que ce n’est pas un hasard s’il place ainsi sa main quand il l’interpelle directement ?]

          Je n’ai pas une culture maçonnique suffisante pour interpréter les positions des mains des hommes politiques.

          • bip dit :

            @ Descartes

            [Je n’ai pas une culture maçonnique suffisante pour interpréter les positions des mains des hommes politiques.]

            Oui. Et c’est sûrement le cas de quasiment tout le monde. Ce qui fait que si on considère qu’il ne se gratte pas le ventre mais fait plutôt référence à son engagement maçonnique, duquel il ne se cache d’ailleurs pas, on peut en déduire qu’il y a bien un message implicite directement adressé à Nicole Belloubet, non ?
            Et donc qu’il pense tout-à-fait sincèrement que c’est un complot. Et s’il n’en doute pas, c’est bien que sa vision du système judiciaire est celle d’un système au service du pouvoir politique ?

            Alors dites-moi si je me trompe mais j’ai l’impression que plus on a occupé des fonctions d’importance, et plus l’hypothèse complotiste vient vite à l’esprit pour expliquer les choses.
            Et paradoxalement, plus on serait censé avoir une vision claire du fonctionnement de la société, plus on serait tenté d’imaginer que quelques-uns tirent les ficelles ?

            • Descartes dit :

              @ bip

              [Oui. Et c’est sûrement le cas de quasiment tout le monde. Ce qui fait que si on considère qu’il ne se gratte pas le ventre mais fait plutôt référence à son engagement maçonnique, duquel il ne se cache d’ailleurs pas, on peut en déduire qu’il y a bien un message implicite directement adressé à Nicole Belloubet, non ?]

              Non. Si on ne sait pas ce que ces gestes signifient – ni même s’ils ont une signification – mieux vaut ne pas échafauder des hypothèses sur des « messages implicites » qui finissent toujours dans des raisonnements complotistes. Qui vous dit que quand Macron se gratte l’oreille droite il n’est pas en train de transmettre un « message implicite » aux autres membres du Grand Komplot ?

              [Et donc qu’il pense tout-à-fait sincèrement que c’est un complot. Et s’il n’en doute pas, c’est bien que sa vision du système judiciaire est celle d’un système au service du pouvoir politique ?]

              Je ne crois pas un instant qu’il pense « sincèrement » que c’est un complot. Je pense surtout qu’il a vu dans cette affaire une opportunité de faire parler de lui, et de ressouder derrière lui une certaine gauche prête à voir des complots partout. Il faut dire d’ailleurs que si c’est un complot, il est particulièrement mal organisé. Quel intérêt à organiser une perquisition aussi loin des élections européennes, et avant la trêve des confiseurs ? Une perquisition au moi de mars, en plein débat européen, avec l’accent mis sur le détournement des attachés parlementaires payés par le Parlement européen aurait été bien plus efficace…

              [Alors dites-moi si je me trompe mais j’ai l’impression que plus on a occupé des fonctions d’importance, et plus l’hypothèse complotiste vient vite à l’esprit pour expliquer les choses.]

              Je ne le crois pas. Vous ne trouverez pas ce genre de raisonnement chez Chévenement, par exemple, alors qu’il a occupé des fonctions bien plus « importantes » que Mélenchon. N’oubliez pas qu’on est dans le domaine de la communication. Et qu’en matière de communication, il s’agit de dire ce que le public veut entendre, et non ce qu’on pense. Mélenchon ou Le Pen parlent de « complot » parce que leurs publics sont friands de ce genre de raisonnement et convaincus qu’il y a des complots partout.

  26. Un exemple de raisonnement ad hoc ?

    https://melenchon.fr/2019/02/03/sondage-les-insoumis-premiers-abstentionnistes/

    “La République c’est moi” devrait faire un gros mea culpa et ça ira mieux. L’attitude de Jean-Luc Mélenchon nous a plombé, c’est clair. Tout le monde le sait en interne, en externe… il suffit d’en parler autour de nous et de nos sympathisants. Reconnaître quand on fait une erreur est une chose honnête. “Ça passe ou ça casse” ?

    Par ailleurs un sondage n’est jamais une prévision de score ! C’est un état statistique à un moment donné. À vouloir nier la situation on ne risque pas de sortir de la spirale négative actuelle.

    • Descartes dit :

      @ Gautier Weinmann

      [Un exemple de raisonnement ad hoc ? (…)]

      Je ne sais pas si on peut parler à ce sujet d’un raisonnement « ad hoc ». C’est surtout le caractère paradoxal et l’ambiguïté du propos qui frappe. Mélenchon conclue que les sondages bidonnés « peuvent être utiles » aux insoumis, « Car cela doit servir de signal d’alerte à nos électeurs. Et cela fonctionnera comme un plan de marche pour les organisateurs et les candidats de notre campagne sur le terrain : mobiliser nos zones de force ». Or dans le même texte il parle de ces sondages comme de « prédictions autoréalisatrices »… ce qui suppose qu’ils ont l’effet contraire.

      En fait, Mélenchon fait comme tout le monde : il revendique l’autorité des sondages lorsqu’ils lui sont favorables, il crache dessus lorsqu’ils montrent un recul. Rien de neuf sous le soleil. Il faut d’ailleurs noter que casser le thermomètre a toujours été une technique prisée lorsqu’il s’agit de cacher la fièvre…

      [“La République c’est moi” devrait faire un gros mea culpa et ça ira mieux. L’attitude de Jean-Luc Mélenchon nous a plombé, c’est clair.]

      Vous voulez dire que cela a plombé LFI. Le « nous » ici est pour le moins excessif. Personnellement, je ne me sens pas particulièrement « plombé » par JLM…

      [Tout le monde le sait en interne, en externe… il suffit d’en parler autour de nous et de nos sympathisants. Reconnaître quand on fait une erreur est une chose honnête. “Ça passe ou ça casse” ?]

      C’est oublier que tu parles de Jean-Luc Mélenchon, le Leader Infaillible des Insoumis. L’homme qui n’a jamais, en trente-cinq ans de vie politique, reconnu une erreur. Ce n’est pas maintenant qu’il va commencer. D’autant plus qu’une fois l’infaillibilité perdue, il deviendrait un homme comme les autres. Quel titre aurait-il alors à diriger LFI comme si c’était sa chose ?

      [Par ailleurs un sondage n’est jamais une prévision de score ! C’est un état statistique à un moment donné. À vouloir nier la situation on ne risque pas de sortir de la spirale négative actuelle.]

      Je suis désolé de vous le dire… mais je vous l’avais bien dit lors de nos échanges d’il y a quelques mois. L’infaillibilité du gourou est inscrite dans le fonctionnement de la secte. C’est sur la confiance absolue dans cette infaillibilité que LFI s’est construite. Comment expliquer autrement que des gens acceptent un fonctionnement « gazeux » où ce que le gourou veut dieu le veut ? Prenez par exemple sa candidature à Marseille : alors que la « commission électorale » – totalement indépendante, jure-t-on à LFI – avait désigné un candidat, Mélenchon décide, seul et sans consulter personne, que ce sera lui qui s’y présentera. Et personne, je dis bien PERSONNE n’a trouvé rien à redire, ni au sein de la fameuse « commission », ni ailleurs. Seul un homme infaillible peut exercer une telle autorité : si on admet qu’il est faillible, alors on sera obligé de prévoir des mécanismes démocratiques de contrôle.

      • Disons que c’est un mauvais exemple. La présidentielle et les législatives sont tellement rapprochées que toutes les formations politiques désignent leurs candidats avant la présidentielle. Or, un candidat en piste pour la présidentielle ne peut évidemment pas être investi… pour la législative ! Quelle image cela aurait ? “Tu parles que tu veux être Président, Mélenchon, ton véritable but est d’être Député, minable !”… Tout est bon pour détruire une personne politique, de nos jours… donc motus…

        Autre chose. Sur plusieurs points, Mélenchon a dernièrement reconnu publiquement qu’il s’était trompé. Sur cette interview, il avoue qu’il s’était trompé sur l’Europe, il dit clairement qu’il s’est trompé : https://www.youtube.com/watch?v=9y3aC0LruiQ

        Sur son blog, il avoue son erreur sur la “Lybie” (sic) : “Puisque j’en suis à ce point de mon plaidoyer contre la guerre au Venezuela, je veux admettre une erreur commise dans le passé. Car je crois que cet exemple aidera aussi à réfléchir sur le présent. J’ai accepté l’idée d’un couloir d’exclusion aérienne en Lybie quand Kadhafi menaçait de faire, selon ses propres termes, un bain de sang dans une ville en insurrection. J’ai été imprudent parce que le conseil de sécurité de l’ONU était unanime sur le sujet. Erreur. Aussitôt l’OTAN est entré dans la brèche et le couloir d’exclusion aérienne est devenu une couloir de bombardements à outrance. À l’époque je fus durement critiqué par de nombreux amis très chers en Amérique du Sud qui me reprochaient ma naïveté et à qui je reprochais de ne rien comprendre aux révolutions populaires du Maghreb. L’histoire leur a donné davantage raison qu’à moi dans ce cas.”
        https://melenchon.fr/2019/02/26/la-paix-en-europe-commence-au-venezuela/

        Aussi, Mélenchon ne prétend pas être infaillible… Il sait manifestement faire preuve d’humilité, et on ne parle pas de petits sujets ! On parle de guerre et de paix, et de construction européenne, et de votes importants…

        Mais là où Mélenchon garde une autorité évidente, sa source de son pouvoir et de son autorité, c’est que :
        1) Il a été un des Députés insoumis les mieux élu aux législatives et il est un Président de groupe reconnu (au moins par ses pairs, ce qui est déjà ça !) donc revenir sur les conditions de son investiture me parait hors de propos… Grand orateur et ayant une bonne expérience parlementaire, il fait un travail précieux à l’Assemblée nationale où sa voie est souvent écoutée et où ses vidéos buzzent pas trop mal, lui qui arrive à synthétiser avec brio les projets en discussion, sans notes.
        2) Il a cru pratiquement seul, entouré de quelques proches et d’un parti minuscule, sans pratiquement aucun élus, en ses chances pour 2017. Rejetant la primaire avec le PS, voyant le PCF englué dans sa stratégie et son incapacité à proposer une offre politique claire, il a tracé sa route, a proposé un programme, une charte d’organisation pour son mouvement et s’attèle à la construction d’un mouvement insoumis dont il est loin d’avoir un contrôle total, donc d’une organisation collective, quand d’autres visent essentiellement à soigner leur image à eux, à se créer un petit micro-parti et à se constituer un patrimoine politique à eux. On peut voir Mélenchon comme un leader égocentrique, un gourou… mais on peut le voir aussi comme un militant acharné, un intellectuel écrivant de multiples bouquins, rédigeant des tonnes de notes, et mettant à l’épreuve ses théories et thèses.

        • Descartes dit :

          @ Gautier WEINMANN

          [Disons que c’est un mauvais exemple. La présidentielle et les législatives sont tellement rapprochées que toutes les formations politiques désignent leurs candidats avant la présidentielle. Or, un candidat en piste pour la présidentielle ne peut évidemment pas être investi… pour la législative ! Quelle image cela aurait ? “Tu parles que tu veux être Président, Mélenchon, ton véritable but est d’être Député, minable !”… Tout est bon pour détruire une personne politique, de nos jours… donc motus…]

          Il y avait pourtant une alternative : puisqu’il existe une commission électorale, celle-ci aurait pu se réunir, discuter la question, décider que l’intérêt de faire élire le porte-parole le plus important du mouvement justifiait une modification des candidatures. Cela aurait eu une autre gueule que Mélenchon se déclarant candidat sans demander l’avis de personne, et le candidat désigné par la commission électorale apprenant par les médias qu’il était demis. Mais cela aurait impliqué pour Mélenchon de se soumettre à la décision des autres, comme un militant quelconque.

          Je ne pense pas que Mélenchon ait court-circuité la procédure qu’il avait lui-même mise en place. C’est au contraire un acte d’autorité, une manière d’indiquer qu’il est le patron, et que ses actes ne sont pas soumis à un quelconque contrôle de qui que ce soit.

          [Autre chose. Sur plusieurs points, Mélenchon a dernièrement reconnu publiquement qu’il s’était trompé. Sur cette interview, il avoue qu’il s’était trompé sur l’Europe, il dit clairement qu’il s’est trompé : (…)]

          Pouvez-vous m’indiquer à quel moment dans cet entretien il déclare « s’être trompé » ? Je vais pas écouter Mélenchon pendant deux heures et quarante minutes…

          [Sur son blog, il avoue son erreur sur la “Lybie” (sic) : ]

          Oui enfin… il « admet une erreur » mineure, et surtout une erreur qui donne raison à « ses amis latino-américains » et non à ses adversaires…

          [Mais là où Mélenchon garde une autorité évidente, sa source de son pouvoir et de son autorité, c’est que :
          1) Il a été un des Députés insoumis les mieux élu aux législatives]

          Certes. Mais avouez que le fait de pouvoir choisir sa circonscription – et d’avoir choisi celle où il avait fait le meilleur résultat aux présidentielles – est étroitement lié à ce résultat…

          [et il est un Président de groupe reconnu (au moins par ses pairs, ce qui est déjà ça !) donc revenir
          sur les conditions de son investiture me parait hors de propos…]

          Moi pas. Cela me paraît au contraire très illustratif de la manière quasi-sectaire dont LFI fonctionne. Cela montre qu’il y a au moins deux sortes « d’insoumis » : d’un côté, ceux qui sont soumis aux règles de fonctionnement du mouvement, de l’autre le gourou, qui n’est soumis qu’à son bon plaisir, échappant à tout contrôle.

          [Grand orateur et ayant une bonne expérience parlementaire, il fait un travail précieux à l’Assemblée nationale où sa voie est souvent écoutée et où ses vidéos buzzent pas trop mal, lui qui arrive à synthétiser avec brio les projets en discussion, sans notes.]

          Pardon mais… en quoi le « travail » de Mélenchon à l’Assemblée est « précieux » ?

          [2) Il a cru pratiquement seul, entouré de quelques proches et d’un parti minuscule, sans pratiquement aucun élu, en ses chances pour 2017.]

          En cela, Macron a fait mieux : non seulement il a « cru pratiquement seul », « entouré de quelques proches et un parti minuscule, sans pratiquement aucun élu » en ses chances… sauf que lui, il a été élu.

          [il a tracé sa route, a proposé un programme, une charte d’organisation pour son mouvement]

          Correction, votre honneur. Il n’a pas « proposé », il a « décidé ». Ce n’est pas tout à fait la même chose.

          [et s’attèle à la construction d’un mouvement insoumis dont il est loin d’avoir un contrôle total,]

          Ah bon ? Il n’a pas le « contrôle total » ? Dites-moi un cas, un seul, où Mélenchon ait été mis en minorité dans une instance, où il ait dû se soumettre à une décision qui ne fut pas la sienne. Un seul exemple, c’est tout ce que je demande.

          [donc d’une organisation collective, quand d’autres visent essentiellement à soigner leur image à eux, à se créer un petit micro-parti et à se constituer un patrimoine politique à eux.]

          Où voyez-vous une « organisation collective » ? Quelle est l’instance collective de décision de LFI ?

          [On peut voir Mélenchon comme un leader égocentrique, un gourou… mais on peut le voir aussi comme un militant acharné, un intellectuel écrivant de multiples bouquins, rédigeant des tonnes de notes, et mettant à l’épreuve ses théories et thèses.]

          Je m’en tiens aux faits. Mélenchon fonctionne à LFI comme le seul décideur, sans qu’aucune instance ne joue le rôle de contre-pouvoir ni même de contrôle. Et celui qui n’accepte pas cette autorité n’a d’autre chance que de partir.

          Quant à “mettre à l’épreuve ses théories et ses thèses”, une mise à l’épreuve implique qu’on fasse un retour critique sur ce qui n’a pas marché. J’attends avec impatience son retour critique sur le traité de Maastricht…

          • Si vous êtes impatient du retour critique de JLM sur Maastricht, écoutez la vidéo. Elle vous donnera sans doute par ailleurs quelques billes pour trouver à le flinguer, vu que c’est, objectivement, votre sport préféré…

            “Macron a fait mieux : non seulement il a « cru pratiquement seul », « entouré de quelques proches et un parti minuscule, sans pratiquement aucun élu » en ses chances… sauf que lui, il a été élu.”
            Ah, oui, bien entendu, lui a été élu ! Bravo. Il a été élu dans un champ de ruine, la social-démocratie traditionnelle étant out, et le candidat de la droite et du centre, gravement mis en cause… Mais il faut y regarder d’un peu plus près. Tout comme avant Macron, Sarko et les Hollande. Les hommes du système capitaliste sont en général puissamment soutenu par lui… Quand l’un est trop grillé auprès des masses, la machine du CAC 40 s’active pour changer de bonhomme sans changer le fond politique.
            Vous ne pensez pas que c’est un peu plus facile quand pratiquement tous les éditorialistes vous déroulent le tapis rouge et vous font votre pub gratuitement ? Encore que d’argent, Macron n’en a pas manqué… C’était le candidat des riches, et il leur rend bien… Objectivement, les riches décident de tout dans notre société, imposent leurs normes et leurs valeurs. Une oligarchie domine. JLM a fait ce qu’il a pu, avec ses moyens, en ayant l’outrecuidance de cibler cette oligarchie. Son score n’est pas dégueulasse, dans le contexte.
            Il est plus facile de se faire élire en étant globalement dans la pensée dominante, en disant que l’on va changer un peu de ceci et un peu de cela… Que quand on annonce qu’on veut tout révolutionner et passer à une nouvelle République complètement nouvelle.

            Être un chef, cela ne veut pas dire uniquement rendre des comptes et se soumettre aux autres ! La qualité première d’un chef, c’est bien celle… de décider (à condition que les décisions soient suivies d’effet, ce qui semble être le cas pour l’instant !). Jean-Luc Mélenchon s’assume. Il a décidé d’être candidat en 2016, dans tous les cas. Il a décidé d’une charte graphique. Il a décidé de principes d’organisation. On appuie ou pas. C’est une rupture nette avec la politique de grenouillage de la “gauche” traditionnelle. Et alors ? C’est l’efficacité qui compte, par les primaires tuyaux de poêle et les palabres de salons mondains n’ont jamais réuni personne. Les gens sont en attente de gens responsables et conséquents. Le peuple est aussi en attente d’autorité.
            2016 fut ma dernière année au PCF, car, a contrario, malgré toutes nos “procédures”, nos “congrès” et nos statuts, les communistes n’ont, eux, rien décidé du tout sur la période et sont complètement passés à travers. Alors le culte des procédures… J’en suis revenu.

            “Pardon mais… en quoi le « travail » de Mélenchon à l’Assemblée est « précieux » ?” :
            précieux pour notre communication ! Quand on fait des vidéos de plusieurs millions de vues, au pupitre de l’Assemblée nationale, c’est bon pour nous. ça a de la gueule… Un tribun du peuple a besoin d’un auditoire.

            “Où voyez-vous une « organisation collective » ? Quelle est l’instance collective de décision de LFI ?” :
            la seule instance connue est le comité électoral. JLM n’y figure pas. Il déclare qu’il ne s’est pas mêlé de la composition de la liste. Je le crois.

            Sinon, les insoumis déterminent leurs campagnes en lignes directement, qu’ils sélectionnent et votent. Je signale par ailleurs que, pour la première fois, nous avons pu voter (pour ou contre, c’est du césarisme démocratique, mais on a pu voter…) sur la question de la liste aux européennes. A la présidentielle, JLM s’est déterminé seul, et aux législatives, les candidats ont été désignés par le seul comité électoral, sur la seule base de “concertations et consultations” avec les groupes de circonscriptions.

            • Descartes dit :

              @ Gautier Weinmann

              [Si vous êtes impatient du retour critique de JLM sur Maastricht, écoutez la vidéo.]

              Je ne pense pas que JLM fera jamais un retour critique sur cette affaire – ou alors un jour lorsqu’il aura quitté la vie politique. Je ne vois donc pas pourquoi je serais « impatient » à propos d’un évènement que je ne pense pas devoir arriver. C’est pourquoi je n’ai aucune intention de perdre mon temps à écouter deux heures et quarante une minutes de déblatérations du Petit Timonier avec l’espoir de trouver ce que vous affirmez s’y trouve. Je trouve d’ailleurs intéressant que vous refusiez d’indiquer à quel moment exactement dans cette interview Mélenchon reconnait ses erreurs sur Maastricht. L’avez-vous écoutée vous-même ?

              [Elle vous donnera sans doute par ailleurs quelques billes pour trouver à le flinguer, vu que c’est, objectivement, votre sport préféré…]

              On ne prête qu’aux riches.

              [Ah, oui, bien entendu, lui a été élu ! Bravo. Il a été élu dans un champ de ruine, la social-démocratie traditionnelle étant out, et le candidat de la droite et du centre, gravement mis en cause… Mais il faut y regarder d’un peu plus près.]

              Pourquoi faire ? Vous m’expliquez que Mélenchon à « seul, entouré de quelques proches et d’un parti minuscule, sans pratiquement aucun élus, en ses chances pour 2017.» Avec l’exemple de Macron, je vous montre qu’il n’a pas été le seul à faire ce pari. La différence, c’est que Macron a cru à sa victoire et a gagné. Mélenchon a cru à sa victoire et a perdu. Un des deux s’est trompé.

              [Il est plus facile de se faire élire en étant globalement dans la pensée dominante, en disant que l’on va changer un peu de ceci et un peu de cela… Que quand on annonce qu’on veut tout révolutionner et passer à une nouvelle République complètement nouvelle.]

              En 1981 qui était le candidat qui parlait de « changer la vie », et qui était celui qui se proposait de « changer un peu de ceci, un peu de cela » ? Lequel des deux a eu plus de facilité pour se faire élire ? Vous savez, il y des moments ou les discours radicaux et la pensée dominante ne sont pas très éloignés. Quand on parle de « réformer l’Europe plutôt que d’en sortir », est-on du côté de la pensée dominante, ou pas ?

              [Être un chef, cela ne veut pas dire uniquement rendre des comptes et se soumettre aux autres !]

              Ca dépend. Quand on est chef dans une secte, on ne rend pas compte et on n’est soumis à personne. Mais quand on est chef d’une organisation démocratique, on est soumis aux règles de fonctionnement de l’organisation, et on doit des comptes aux adhérents. Dites-moi les limites que l’organisation impose à son chef, et je vous dirait si elle est démocratique…

              [Jean-Luc Mélenchon s’assume. Il a décidé d’être candidat en 2016, dans tous les cas. Il a décidé d’une charte graphique. Il a décidé de principes d’organisation. On appuie ou pas.]

              Et bien, pour moi, c’est pas. Pourquoi irais-je « appuyer » quelqu’un qui ne prends envers moi aucun engagement, que ne tient aucun compte de mon avis, qui ne fait ce qu’il a envie – ou ce qu’il trouve profitable pour sa pomme – de faire ? Si tu te sens la vocation de donner ton « appui » sans rien espérer en échange, c’est ton choix. Mais ne viens pas après te plaindre…

              [C’est une rupture nette avec la politique de grenouillage de la “gauche” traditionnelle. Et alors ?]

              Au contraire, c’est la continuation de cette politique en pire. Parce que dans une structure ou un seul homme détient tous les pouvoirs, le phénomène de « cour » est inévitable. Et ces « cours » sont des nids d’intrigues, de coups bas, de « grenouillages » comme tu dis. Suffit de regarder le processus de formation de la liste pour les européennes – et la façon dont ont été successivement évincés certains candidats – pour s’en convaincre.

              [C’est l’efficacité qui compte,]

              Je ne vois pas très bien ou se manifeste « l’efficacité » de la méthode Mélenchon. Au cas où cela t’aurait échappé, il n’a pas gagné la présidentielle. Si « c’est l’efficacité qui compte », va chez LREM.

              [Les gens sont en attente de gens responsables et conséquents. Le peuple est aussi en attente d’autorité.]

              LFI serait donc le parti de l’autorité et de l’ordre ? Mazette…

              [2016 fut ma dernière année au PCF, car, a contrario, malgré toutes nos “procédures”, nos “congrès” et nos statuts, les communistes n’ont, eux, rien décidé du tout sur la période et sont complètement passés à travers. Alors le culte des procédures… J’en suis revenu.]

              Très bien. Mais les « insoumis » ont-ils décidé quelque chose ? Ou bien quelqu’un a décidé pour eux ? J’avoue que je trouve votre éloge de l’homme fort, de l’autocrate tout-puissant, de la logique ou seule compte « l’efficacité » assez dérangeant. Méfiez-vous : d’autres ont été exclus par tweet du mouvement. Le jour où cela vous arrivera, j’ose espérer que vous l’accepterez de bonne grâce…

              [« Pardon mais… en quoi le « travail » de Mélenchon à l’Assemblée est « précieux » ? » précieux pour notre communication !]

              Ah, pardon. Pour un instant j’avais cru que vous parliez d’une véritable utilité…

              [Quand on fait des vidéos de plusieurs millions de vues, au pupitre de l’Assemblée nationale, c’est bon pour nous. ça a de la gueule…]

              Ca dépend. Il parait que la vidéo de Mélenchon gueulant « la République, c’est moi !!!! » n’a pas fait un effet bœuf. Mélenchon est un grand communicateur, c’est entendu. Mais lorsqu’on abuse d’un média, cela finit par lasser.

              [la seule instance connue est le comité électoral. JLM n’y figure pas.]

              Il a bien raison. A quoi bon perdre son temps dans des réunions interminables quand les gens qui y participent font de toute façon ce qu’on leur dit de faire. Et puis, si vous n’êtes pas content des décisions qu’ils prennent, vous pouvez toujours les renverser sans demander son avis à personne, comme on l’a vu dans le cas de sa circonscription marseillaise…

              [Il déclare qu’il ne s’est pas mêlé de la composition de la liste. Je le crois.]

              Non mais, sans blague, vous y croyez ? Tiens, prenons un petit exemple. Dans la liste LFI on trouve en position éligible Emmanuel Maurel, celui-là même qui a quitté avec pertes et fracas le PS pour aller à LFI après un long jeu de séduction de Mélenchon. Croyez-vous vraiment que Maurel aurait quitté le PS pour les beaux yeux de Méluch’ sans négocier au préalable sa place sur la liste ? Et à votre avis, avez qui Maurel aurait-il négocié ? Avec Bompard ? Avec la commission électorale ? Vous croyez vraiment ça ?

              Croyez-moi, Mélenchon s’est mêlé de la composition de la liste avant, pendant et après. Lorsque la décision d’exclure les reprouvés a été prise, son feu vert a été demandé.

              [Sinon, les insoumis déterminent leurs campagnes en lignes directement, qu’ils sélectionnent et votent. Je signale par ailleurs que, pour la première fois, nous avons pu voter (pour ou contre, c’est du césarisme démocratique, mais on a pu voter…) sur la question de la liste aux européennes.]

              Et qui a dépouillé le scrutin ?

              [A la présidentielle, JLM s’est déterminé seul, et aux législatives, les candidats ont été désignés par le seul comité électoral, sur la seule base de “concertations et consultations” avec les groupes de circonscriptions.]

              A Marseille aussi, les candidats ont été désignés par « le seul comité électoral » ?
              Je trouve franchement incroyable qu’une personne de votre expérience puisse croie un instant qu’un homme comme Mélenchon laisserait un comité électoral composé pour moitié des gens soi-disant tirés au sort décider des candidatures, et tout particulièrement des candidatures dans les circonscriptions « prenables ».

            • BolchoKek dit :

              @ Descartes

              [Je ne pense pas que JLM fera jamais un retour critique sur cette affaire – ou alors un jour lorsqu’il aura quitté la vie politique. […] Je trouve d’ailleurs intéressant que vous refusiez d’indiquer à quel moment exactement dans cette interview Mélenchon reconnait ses erreurs sur Maastricht. L’avez-vous écoutée vous-même ?]

              Oh, Mélenchon est critique depuis longtemps… Mais par sous-entendus, par périphrases. Et plus important, ce qui est le point central que je n’ai jamais pu faire comprendre aux Mélenchoniens à qui j’ai parlé, c’est que je ne veux pas tant entendre son autocritique – n’en déplaise à certains, la personne de Mélenchon, pourquoi il a fait les choix qu’il fit à une époque, je m’en moque comme d’une guigne – que surtout, sa critique politique des choix qui furent les siens. En d’autres termes, pas qu’il nous explique qu’il a fait une connerie dans le temps ou les raisons qu’il avait à la faire, mais en quoi selon lui c’était une connerie. C’est là la différence.

            • Descartes dit :

              @ BolchoKek

              [Oh, Mélenchon est critique depuis longtemps… Mais par sous-entendus, par périphrases.]

              De Maastricht ? A ma connaissance, il ne mentionne même pas le nom du traité en question. On dirait que l’UE n’existe que depuis Lisbonne…

              [Et plus important, ce qui est le point central que je n’ai jamais pu faire comprendre aux Mélenchoniens à qui j’ai parlé, c’est que je ne veux pas tant entendre son autocritique – n’en déplaise à certains, la personne de Mélenchon, pourquoi il a fait les choix qu’il fit à une époque, je m’en moque comme d’une guigne – que surtout, sa critique politique des choix qui furent les siens. En d’autres termes, pas qu’il nous explique qu’il a fait une connerie dans le temps ou les raisons qu’il avait à la faire, mais en quoi selon lui c’était une connerie. C’est là la différence.]

              Je suis tout à fait d’accord avec toi, même si je ne suis pas aussi polarisé. Personnellement, cela m’intéresse de savoir quelle est l’analyse de Mélenchon sur les raisons qui l’ont conduit à soutenir le traité de Maastricht à l’époque et de changer d’avis par la suite. Mais cela ne remplacera pas le point fondamental que vous soulevez : j’aimerais que Mélenchon explique en quoi le choix de soutenir le traité – et donc de le conclure – était une erreur. Ce qui suppose d’abord admettre que c’était une erreur.

            • BolchoKek dit :

              @ Descartes

              [De Maastricht ? A ma connaissance, il ne mentionne même pas le nom du traité en question. On dirait que l’UE n’existe que depuis Lisbonne… ]

              Il y a quelques années déjà, il avait déclaré à je ne sais quelle occasion, “sur Maastricht, Chevènement avait raison”. Et il y a plein de petites phrases ça et là – je ne suis franchement pas un exégète de la parole du Petit Timonier. Il y a sûrement de la tentative de ne pas s’aliéner la partie souverainiste de ses soutiens, qui a envie de croire que Mélenchon est souverainiste… Mais je ne peux pas juger des intentions. Toutefois, on peut admirer la formulation “Chevènement avait raison”, tandis qu’il ne dit pas “Mélenchon avait tort”, ce qui serait la réciproque logique…

              [Personnellement, cela m’intéresse de savoir quelle est l’analyse de Mélenchon sur les raisons qui l’ont conduit à soutenir le traité de Maastricht à l’époque et de changer d’avis par la suite.]

              C’est d’un autre ordre, je pense. Ça a un intérêt historique, pour la “petite histoire”. Peut-être trouves-tu aussi cela plus intéressant, puisque tu as vécu Maastricht quand tu étais militant communiste en pleine activité, et que tu connais Mélenchon personnellement. Et puis, il serait tout à fait plaisant de voir le præfectus prætorio du Mitterrandisme manger son chapeau.
              Mais après, je ne suis pas garde rouge, et je n’ai pas soif d’excuses publiques. Après tout, peut-être que le récit confus et auto-contradictoire des évènements qu’il semble faire survivra à Mélenchon et qu’il y gardera sa réputation. Ça a bien réussi à von Manstein…

              Un retour critique d’ordre politique, voilà par contre quelque chose qui serait utile pour le présent. Mais la mélenchonnie étant ce qu’elle est, un simple aveu de faillibilité de la part du Guide n’amènera qu’à un effondrement. On peut donc toujours rêver…

            • Descartes dit :

              @ BolchoKek

              [Il y a quelques années déjà, il avait déclaré à je ne sais quelle occasion, “sur Maastricht, Chevènement avait raison”.]

              C’est vrai, c’était au cours de « l’émission politique » pendant la campagne présidentielle de 2017. Mais il n’a jamais expliqué en quoi Chevènement avait eu raison, et surtout il n’a pas tiré les conclusions. Car si Chevènement avait raison, alors non seulement Mélenchon, mais aussi Mitterrand avait tort. Et le jour où Mélenchon admettra que Mitterrand avait tort… je mange mon chapeau.

              [Et il y a plein de petites phrases ça et là – je ne suis franchement pas un exégète de la parole du Petit Timonier. Il y a sûrement de la tentative de ne pas s’aliéner la partie souverainiste de ses soutiens, qui a envie de croire que Mélenchon est souverainiste…]

              Certainement. Mais je pense aussi que sa sortie « sur Maastricht, Chevènement avait raison » est aussi un lapsus. Je ne doute pas que Mélenchon sache que Maastricht a été un désastre pour la France et pour les Français les plus modestes. Seulement, comme disait le romancier, le savoir c’en est une chose, et le croire en est une autre. Mélenchon, lorsqu’il parle du cœur, peut dire des choses comme celle-là. Mais admettre politiquement que Maastricht fut une erreur – et tirer les conclusions d’une telle admission – revient à remettre très sérieusement en cause trente ans d’action politique et donc sa propre légitimité. S’il a pu commettre une erreur aussi énorme il y a trente ans, qu’est ce qui permet de dire qu’il n’en commet pas une aussi grosse aujourd’hui ?

              [« Personnellement, cela m’intéresse de savoir quelle est l’analyse de Mélenchon sur les raisons qui l’ont conduit à soutenir le traité de Maastricht à l’époque et de changer d’avis par la suite. » C’est d’un autre ordre, je pense.]

              Oui et non. Parce que je pense que le jour où Melenchon nous expliquerait pourquoi il avait soutenu le traité de Maastricht et pourquoi il a changé d’avis, on comprendra qu’en fait, il est toujours sur la même ligne, qu’il referait aujourd’hui ce qu’il avait fait hier. Si Mélenchon a soutenu le traité de Maastricht, c’est parce qu’il croit vraiment que l’avenir de la France est dans une Europe supranationale. Et s’il pense que « Chevènement a raison », ce n’est pas parce qu’il a compris que la supranationalité conduit au désastre, mais parce qu’il pense que Maastricht ce n’était pas la « bonne » supranationalité. D’où sa proposition d’une « renégociation des traités » conduisant à une « autre Europe » tout aussi supranationale que la précédente…

              Savoir pourquoi Mélenchon a soutenu Maastricht hier et le rejette aujourd’hui permettait de finir avec cette illusion qui fait de Mélenchon un « souverainiste ». Mélenchon n’a jamais été souverainiste, et il ne le sera jamais. Pour les souverainistes – dont je suis – la supranationalité est inacceptable quelle que soient ses conditions, parce que la nation reste le seul cadre possible d’exercice de la démocratie et de la souveraineté populaire. Pour le dire autrement, toute supranationalité conduit infailliblement à la confiscation du pouvoir par une partie au mépris du tout. Pour Mélenchon, la supranationalité n’est pas mauvaise en soi, au contraire. Elle est désirable. Le tout est de trouver la « bonne » supranationalité, une supranationalité « sociale et écologique ».

              Vous voulez un exemple ? Prenez le « projet de règlement européen sur la règle verte » proposé par la France Insoumise (consultable ici : https://lafranceinsoumise.fr/2019/03/12/regle-verte-la-france-insoumise-presente-son-projet-de-reglement-europeen/). Lisez avec attention : que propose LFI dans ce texte ? Qu’un organisme supranational, l’UE, impose aux nations une règle de nature constitutionnelle au nez et à la barbe des institutions démocratiques de chaque nation. Rien que ça. En d’autres termes, la supranationalité n’est pas mauvaise en soi, elle n’est mauvaise que lorsqu’elle impose des règles qui ne vous conviennent pas. Lorsqu’elle devient un outil pour imposer les règles qui vous arrangent, elle devient tout à coup légitime…

              [Ça a un intérêt historique, pour la “petite histoire”. Peut-être trouves-tu aussi cela plus intéressant, puisque tu as vécu Maastricht quand tu étais militant communiste en pleine activité, et que tu connais Mélenchon personnellement. Et puis, il serait tout à fait plaisant de voir le præfectus prætorio du Mitterrandisme manger son chapeau.]

              Je ne sais pas si cela me ferait autant plaisir que vous le pensez. Après tout, le mal et fait et toutes les pénitences de Mélenchon ne ramèneront pas le Franc. Quant à Mitterrand, il est mort et là où il est plus rien ne peut l’atteindre. Non, j’ai des raisons bien plus politiques pour vouloir ce retour critique : celui d’empêcher que les générations qui arrivent à la politique « achètent » le faux souverainisme de Mélenchon. Ce que je voudrais éviter, c’est que des gens comme notre ami Gautier Weinmann puissent croire que sur cette question Mélenchon a changé, alors qu’il est toujours le même.

  27. Pourquoi devrais-je fournir des “preuves” ? J’ai déjà regardé une fois la vidéo, moi. Et si je prétends qu’il regrette sa position sur Maastricht, c’est qu’il l’a dit, ou suis-je un menteur ? Pourquoi je renverrai à une vidéo que je n’aurais pas regardé ? Cette mise au défi et à l’épreuve me saoule.

    De toute façon, pour connaître le programme de La France insoumise, et donc de Mélenchon, il est inutile de lire les œuvres complètes de JLM ou telle ou telle interview. Il suffit de lire, c’est accessible en 2 clics. Effectivement, le programme de notre mouvement contient la sortie des traités européens, mais en aucun cas ne fixe comme une condition première le retour à la souveraineté nationale.
    JLM fait un retour critique sur sa position sur Maastricht dans la vidéo mentionnée, mais ne prend pas la ligne de l’UPR pour autant ! Il défend le programme de La FI. En tout cas, vu les exemples que je vous ai fourni, j’estime que Descartes pourrait arrêter de prétendre que JLM prétend qu’il est infaillible.

    JLM ne s’est pas trompé en 2016. Il a pensé que sa personne et sa stratégie La France insoumise était la meilleure pour faire des voix et tenter d’arracher le second tour. Il a eu raison (regardez où est passé Hamon, pourtant vainqueur de la primaire de la “gauche”…), de ce fait, sans pour autant être élu, ce qui n’est pas un sésame qui permet de dire : “seul l’élu avait raison !”

    Si JLM s’est trompé, c’est sans doute en sousestimant Macron. Il pensait que Hollande se représenterait. Il pensait que Hollande gagnerait la primaire, puis un candidat social-libéral. Paf, c’est Hamon. Et paf, le candidat de la droite est fragilisé… et Macron devient une valeur refuge. La présidentielle 2017 a été largement inédite, dans son scénario et son débouché. Dire que JLM s’est “trompé”, c’est oublier un peu vite qu’il a atteint les 19 % dans l’élection reine de la vie politique, quand le Front de Gauche, deux ans avant, faisait 5 % aux régionales, et je ne me souviens plus très bien des résultats des européennes, mais c’était pas fameux ! C’est vu ce bilan qu’il faut comparer et juger de la pertinence, et donc, de l’efficacité : faire élire un président de cette “vraie gauche” (même si on ne se présente plus ainsi).

    Le phénomène de cour existe dans tous les partis, et dans toutes les organisations. Il me parait évident que JLM est le chef de la FI, mais est-ce que le phénomène de cour était absent quand un Sarkozy présidait l’UMP ? Dans tous les cas, les coups bas et intrigues existent. C’est de la politique.

    Je n’ai jamais dit que LFI était le parti de l’ordre et de l’autorité. J’ai dit que si JLM n’avait pas d’autorité au sein même de son mouvement, il serait inutile de vouloir en avoir dans le pays, même à travers un processus électoral. Il faut déjà être le maître chez soi. Il l’est, effectivement.

    Personne n’a été exclu du mouvement par tweet. JLM a “banni” un de ex-“orateur national”, mais Manuel Bompard a expliqué vu la bronca qu’en fait, l’intéressé était bien toujours membre de La FI… Situation qui n’est pas très claire, c’est le moins que l’on puisse dire. Pour m’être inquiété de la situation, j’ai perdu ma correspondance avec le Cher Leader… C’est la vie.

    On connait déjà les bras droits de JLM dans le comité électoral, ça va… Les noms sont assez connus. Il ne s’est pas personnellement mouillé dans tout ça, mais bon, il est évident qu’il a une influence, et effectivement, des garanties ont forcément été données pour la venu de la tendance Maurel. Et cette venue s’est faite dans le cadre de La FI, sans négociation sur le programme ou quoi. C’est un ralliement.

    • Descartes dit :

      @ Gautier WEINMANN

      [Pourquoi devrais-je fournir des “preuves” ?]

      Parce que vous voulez me convaincre – et accessoirement, convaincre ceux qui lisent cet échange. Et dire « voilà une vidéo, elle dure deux heures quarante, mais si vous regardez chaque minute vous verrez que je dis vrai » n’est pas un argument très convaincant, tout simplement parce que vous ne trouverez pas beaucoup de gens ici pour écouter deux heures quarante de monologue avec l’espoir de trouver le Graal que vous promettez. Maintenant, si vous vous foutez de convaincre, vous pouvez parfaitement vous dispenser de toute « preuve ». Mais dans ce cas, pourquoi proposer la vidéo ? Vous auriez pu dire de la même manière « Mélenchon regrette sa position sur Maastricht, je le sais et puis c’est tout » et ça aurait la même valeur.

      [J’ai déjà regardé une fois la vidéo, moi. Et si je prétends qu’il regrette sa position sur Maastricht, c’est qu’il l’a dit, ou suis-je un menteur ?]

      Peut-être. Ou peut-être votre passion vous fait sur-interpréter une remarque sibylline, un clin d’œil. Ou peut-être que Mélenchon dit vraiment ce que vous prétendez. Je ne juge pas. Je constate simplement que je ne connais aucun document dans lequel Mélenchon admet explicitement avoir commis une erreur sur Maastricht – en dehors du fameux « sur Maastricht, Chevènement avait raison » qui n’est qu’une demie-admission. Et que lorsque vous m’en proposez un, vous ne donnez pas les éléments qui permettent avec un effort raisonnable de se faire une opinion.

      [Pourquoi je renverrai à une vidéo que je n’aurais pas regardé ? Cette mise au défi et à l’épreuve me saoule.]

      Il n’en reste pas moins que si vous avez regardé la vidéo et que l’expression de Mélenchon est explicite, vous n’auriez pas beaucoup de mal à trouver à quel moment il parle du sujet. Et que pourtant vous ne donnez aucune information à ce sujet, même approximative. Ne serait pas plus simple, au lieu de jouer les vierges offensées, de donner cette information pour que chacun puisse écouter et se faire sa propre opinion ?

      [De toute façon, pour connaître le programme de La France insoumise, et donc de Mélenchon,]

      Objection, votre honneur : « le programme de Mélenchon, et donc de la France Insoumise ». N’inversons pas les termes du problème.

      [il est inutile de lire les œuvres complètes de JLM ou telle ou telle interview. Il suffit de lire, c’est accessible en 2 clics. Effectivement, le programme de notre mouvement contient la sortie des traités européens, mais en aucun cas ne fixe comme une condition première le retour à la souveraineté nationale.]

      Honnêtement, je ne vois pas très bien ce que « retour à la souveraineté nationale » veut dire. Dans la conception classique en France, la souveraineté appartient « essentiellement » à la nation. Faisant partie de « l’essence » de la nation, elle ne saurait être ni détachée, ni divisée. C’est pourquoi la nation ne peut pas « perdre » ou « retrouver » la souveraineté, tout au plus déléguer, perdre ou reprendre les INSTRUMENTS qui permettent de l’exercer.

      Le programme de LFI est de ce point de vue très contradictoire. Lorsqu’il parle d’une « sortie des traites européens », quelle est précisément l’entité qui « sort » ? Si l’on se tient à la doctrine classique, il ne peut s’agir que de la nation, puisqu’une telle sortie est par essence une affirmation de souveraineté. En effet, une entité non souveraine est soumise aux contrats qu’elle a signés, seule une entité souveraine peut à n’importe quel moment les remettre en cause. La sortie des traités est donc par nécessité une réaffirmation de la souveraineté nationale. Mais comme Mélenchon n’aime pas trop l’idée de nation, il s’éloigne de la pensée classique pour lui préférer une construction fondée sur la « souveraineté du peuple ». Une telle construction ne se tient qu’aussi longtemps qu’on évite de définir exactement ce que c’est le « peuple »…

      [JLM fait un retour critique sur sa position sur Maastricht dans la vidéo mentionnée,]

      La répétition n’est pas un argument…

      [JLM ne s’est pas trompé en 2016. Il a pensé que sa personne et sa stratégie La France insoumise était la meilleure pour faire des voix et tenter d’arracher le second tour. Il a eu raison (regardez où est passé Hamon, pourtant vainqueur de la primaire de la “gauche”…), de ce fait, sans pour autant être élu, ce qui n’est pas un sésame qui permet de dire : “seul l’élu avait raison !”]

      Excusez-moi, mais comment savez-vous que la stratégie de LFI « était la meilleure » ? Pour aboutir à cette conclusion, il aurait fallu essayer toutes les alternatives possibles. Le fait que Hamon se soit planté ne prouve ici absolument rien. Je continue à penser que s’il avait été moins intolérant, s’il avait négocié véritablement avec ses partenaires, il aurait fait un score encore meilleur. Rien qu’un exemple : je suis persuadé qu’en promettant aux communistes de ne pas présenter des candidats dans les circonscriptions où un communiste était sortant ou bien positionné pour l’emporter, il aurait mis dans sa poche le PCF qui aurait fait véritablement campagne pour lui. Je ne sais pas si cela aurait suffi pour l’amener au deuxième tour, mais il aurait fait quelques pourcents de plus. Il y avait donc une « meilleure stratégie » à l’heure de « faire des voix et tenter d’arracher le second tour »…

      [Dire que JLM s’est “trompé”, c’est oublier un peu vite qu’il a atteint les 19 % dans l’élection reine de la vie politique, quand le Front de Gauche, deux ans avant, faisait 5 % aux régionales, et je ne me souviens plus très bien des résultats des européennes, mais c’était pas fameux !]

      A votre avis, c’est à partir de quel résultat que JLM aurait eu tort ? 15% ? 13% ? 10% ? Non, soyons sérieux : ce n’est pas le résultat à une élection qui vous permet de dire si un candidat avait raison ou s’est « trompé ». JLM est – et cela je ne l’ai jamais discuté – un excellent tacticien. Mais la tactique n’est pas tout. Elle permet d’exploiter au mieux une situation donnée, mais ne permet pas de changer la situation elle-même. Pour cela, il faut plus que de la tactique, il faut de la stratégie. C’est-à-dire, une construction patiente, raisonnée, structurée.

      [C’est vu ce bilan qu’il faut comparer et juger de la pertinence, et donc, de l’efficacité : faire élire un président de cette “vraie gauche” (même si on ne se présente plus ainsi).]

      Un président de la « vraie gauche » qui ne se présente plus ainsi et qui dit qu’il ne faut pas sortir de l’UE mais « sortir des traités », vous ne trouvez-pas que cela fait un peu trop de contorsions ? Mais bon, revenons à nos moutons : si c’est au « bilan » qu’il faut juger, le « bilan » nous dit qu’on n’a pas réussi à élire un « président de la vraie gauche », ni même à faire qu’il soit présent au second tour. Quel est donc le « bilan » que vous faites sur cette affaire. Soyons sérieux : les 19% à la présidentielle, c’est un bon résultat. Les 11% à la législative qui ont suivi ont montré les limites de l’exercice. Et je crains que pour faire les 19% Mélenchon ait fait des choix tactiques qui ont payé à court terme, mais qui seront très coûteux à long terme. Une organisation monocéphale sans instances, règles ni institutions est efficace lorsqu’il s’agit d’organiser un « coup », mais à terme elle conduit qui conduit à un fonctionnement sectaire. Un système qui réduit les éventuels alliés au rôle de supplétifs priés d’adhérer aux idées du Grand Homme et de se taire ne favorise pas des alliances stables.

      [Le phénomène de cour existe dans tous les partis, et dans toutes les organisations.]

      Peut-être. Mais plus le pouvoir est autocratique, et plus le phénomène est important et dangereux. Quand un homme a le pouvoir de tout donner et de tout enlever…

      [Il me parait évident que JLM est le chef de la FI, mais est-ce que le phénomène de cour était absent quand un Sarkozy présidait l’UMP ? Dans tous les cas, les coups bas et intrigues existent. C’est de la politique.]

      Quand Sarkozy présidait, on entendait dans l’UMP s’exprimer des voix dissonantes. Certains dirigeants ou élus UMP ont exprimé pendant son mandat des désaccords et des critiques – certaines particulièrement virulentes – sans pour autant être privés de leurs mandats ou exclus. Pourriez-vous me donner un exemple, un seul, de personnalité de LFI qui ait frontalement critiqué les choix de Mélenchon et qui détienne dans LFI un mandat électif ou une responsabilité de premier plan ?

      J’ai l’impression que vous sous-estimez le monolithisme de la pensée auquel la logique de « cour » et le fonctionnement sectaire ont conduit LFI. Les malheurs de Kuzmanovic, Cocq et Guénolé (après Ramaux ou Desbons du temps du PG, et sans compter ceux qui plutôt que de se fâcher ont préféré partir sur la pointe des pieds, comme Généreux) illustrent parfaitement ce système dans lequel toute idée différente équivaut à un crime de lèse-majesté. Même les nouveaux venus, comme Emmanuel Maurel – dont on se dit que s’il est resté autant d’années au PS c’est qu’il doit avoir des idées légèrement différentes de celles de Mélenchon – ferment leur gueule du jour où ils ont l’étiquette LFI.

      [Je n’ai jamais dit que LFI était le parti de l’ordre et de l’autorité. J’ai dit que si JLM n’avait pas d’autorité au sein même de son mouvement, il serait inutile de vouloir en avoir dans le pays, même à travers un processus électoral.]

      Faudrait savoir. Si l’autocratie est un bon système pour gouverner un parti, pourquoi ne le serait-il pas pour gouverner l’Etat ? Si au niveau de LFI on peut se passer d’élections, d’instances et de statuts, pourquoi ne pourrait-on pas s’en passer au niveau du pays ?

      [Il faut déjà être le maître chez soi. Il l’est, effectivement.]

      La formule est révélatrice : ainsi, à LFI il n’y a que Mélenchon qui soit « chez lui », puisqu’il n’y a que lui qui soit « le maitre ». Vous-même, êtes vous « chez vous » à LFI ? Et si c’est le cas, pourquoi tolérez-vous de ne pas « être maître chez vous » ?

      Ce commentaire est très révélateur : Si l’on accepte comme vous dites que « il faut déjà être maître chez soi » et que Mélenchon « l’est » à LFI, alors cela veut dire qu’il existe deux types « d’insoumis ». Il y a celui qui est « maître chez lui », et puis il y a tous les autres, qui n’étant pas chez eux, sont soumis au bon vouloir du « maître » des lieux.

      [Personne n’a été exclu du mouvement par tweet. JLM a “banni” un de ex-“orateur national”, mais Manuel Bompard a expliqué vu la bronca qu’en fait, l’intéressé était bien toujours membre de La FI…]

      Pour commencer, j’aimerais comprendre comment on devient « ex-orateur national ». Comment passe-t-on du statut « l’orateur national » à celui de « ex-orateur national » ? Dans le cas d’espèce, comment a-t-il été privé de cette investiture, et par qui ?

      Ensuite, j’aimerais bien savoir qui a donné le pouvoir à Bompard de décider qui est membre de LFI et qui ne l’est pas.

      Et enfin, j’ai du mal à comprendre la hiérarchie des normes : si Mélenchon déclare que quelqu’un est « banni », et Bompard qu’il est toujours là, lequel des deux faut-il croire ? J’avais cru comprendre que « Mélenchon était maître chez lui ». C’est donc sa parole qui compte. Ou alors, on est dans le règne du « double-thought ».

      [Situation qui n’est pas très claire, c’est le moins que l’on puisse dire.]

      Moi, je la trouve très claire, au contraire. Guenolé a été exclu par le gourou, et Bompard a raconté une histoire pour rassurer le bon peuple et déguiser la brutalité de la sanction. C’est classique : en d’autres temps, on déportait des gens vers les chambres à gaz tout en expliquant qu’on les envoyait dans l’Est dans des villages où ils pourraient vivre entre eux.

      [Pour m’être inquiété de la situation, j’ai perdu ma correspondance avec le Cher Leader… C’est la vie.]

      C’est la vie à LFI, en tout cas.

      [On connait déjà les bras droits de JLM dans le comité électoral, ça va… Les noms sont assez connus. Il ne s’est pas personnellement mouillé dans tout ça, mais bon, il est évident qu’il a une influence, et effectivement, des garanties ont forcément été données pour la venu de la tendance Maurel.]

      Attendez… vous trouvez que le fait d’avoir influencé le choix des candidats – et surtout l’exclusion de certains – et d’avoir donné des garanties à certaines tendances est compatible avec l’idée de « ne pas se mouiller » ?

      [Et cette venue s’est faite dans le cadre de La FI, sans négociation sur le programme ou quoi. C’est un ralliement.]

      Un « ralliement » en échange de postes et prébendes, cela s’appelle un « achat ».

      • Yoann dit :

        [(après Ramaux ou Desbons du temps du PG, et sans compter ceux qui plutôt que de se fâcher ont préféré partir sur la pointe des pieds, comme Généreux]

        Je ne savais pas pour Généreux tient. Vous avez plus d’info ?

        Et si je comprends bien, il s’est fait remplacé par Girard puis elle aussi est mise de côté ?

        • Descartes dit :

          @ Yoann

          [« (après Ramaux ou Desbons du temps du PG, et sans compter ceux qui plutôt que de se fâcher ont préféré partir sur la pointe des pieds, comme Généreux » Je ne savais pas pour Généreux tient. Vous avez plus d’info ?]

          Pas beaucoup, hélas… mais je ne peux que constater que depuis son débarquement du poste de coresponsable du programme (avec Girard, elle aussi sur la touche), il garde un silence assourdissant, ne figure dans aucune instance de LFI et son nom a disparu des tablettes.

  28. Bonjour,
    Nous avons donc récemment clairement entendu les propos abjects de Jean-Luc Mélenchon intimer l’ordre de “péter la gueule” à un type.
    Un Monsieur certes particulièrement lourdingue dans sa volonté de prise de photo avec JLM. Mais en aucun cas un responsable politique ne peut appeler à régler un petit différend de rue (demander une photo avec insistance) par de la violence !
    Que dirait-on si Macron avait demandé à Alexandre Benalla la même chose ? La “dictature fasciste” en marche ?

    • Descartes dit :

      @ Gautier WEINMANN

      [Nous avons donc récemment clairement entendu les propos abjects de Jean-Luc Mélenchon intimer l’ordre de “péter la gueule” à un type.]

      “Abjecte”, “abjecte”, tout de suite les grands mots !

      Le moins qu’on puisse dire, c’est que Mélenchon ne se bonifie pas avec l’âge. Mais personnellement, je vois dans cet incident – qui fait suite à plusieurs autres plus ou moins médiatisés qui illustrent la brutalité de ses réactions – l’effet de l’enfermement sectaire. Mélenchon, il faut le comprendre, est entouré en permanences des gens qui l’admirent – ou du moins font mine de l’admirer. Et de le craindre. Dans sont entourage, personne jamais ne le contredit, personne ne le défie intellectuellement. Même ceux qui ne lui doivent rien – comme Ruffin – se gardent bien d’ouvrir le moindre conflit, alors imaginez ce que c’est pour ceux qui lui doivent tout. Il est entouré de gens qui ne perdent pas une opportunité de chanter ses louanges. Et a force d’être traité comme un dieu, il n’est pas étonnant qu’il finisse par se prendre pour dieu tout-puissant. Du “cassez la porte” lors de la perquisition au “pète lui la gueule” de cette confrontation, on voit se multiplier des gestes de toute-puissance. Et la toute-puissance en acte a toujours quelque chose d’infantile.

      Peut-être aussi que la divinité est en colère parce que les choses ne vont pas franchement bien pour elle ? La campagne présidentielle s’enclenche mal. En 2017, LFI était un OPNI, qui suscitait l’intérêt de tous parce que sa structure “gazeuse” permettait à chacun d’y voir ce qu’il voulait voir. Cinq ans plus tard, plus aucun doute n’est permis: c’est une organisation sectaire tenue d’une main de fer par le gourou. Tous ceux qui ont rêvé de peser sur les décisions et de faire passer leurs idées ont eu un réveil difficile. On voit mal Mélenchon générer la dynamique qui lui avait permis de faire le plein des voix de la “gauche radicale”.

      • Gautier dit :

        La partition unitaire a fait flop aux municipales, puis, et cela s’est vue beaucoup plus, aux départementales et régionales. LFI a joué les utilités. LFI revendique 200 grands électeurs. Loin des 500 requis.
        Jean-Luc Mélenchon a tenté de faire échouer une candidature PCF. Échec.
        Des insoumis pensaient que le NPA n’irait pas. Erreur.
        Jean-Luc Mélenchon s’est affiché lourdement avec le Vert Éric Piole. Pour quel intérêt ?
        La réalité est que les partis politiques de la gauche traditionnelle sont morts, mais encore suffisamment debouts et prêts à ignorer JLM et attendre que ça passe.
        Les dirigeants de LFI pariaient sur 300 k parrainages citoyens : on en est encore loin et cela fait des mois que le compteur ne monte plus. 237 599. Le “seconde couche” après les fameux 150 000 ne vient pas.
        La formule mouvement dit gazeux sans structures intermédiaires ni débats réellement démocratiques a rincés les militants. Elle s’est avérée inopérante pour affronter la vie politique entre deux présidentielles.
        Après une communication bizarre “Nous Sommes Pour”, le candidat Mélenchon change tout et lance “l’Union Populaire”. La communication, claire et simple, qui était le point fort de La France insoumise, est devenue variable, changeante…
        Bref, drôle d’ambiance.
         

        • Descartes dit :

          @ Gautier

          [La partition unitaire a fait flop aux municipales, puis, et cela s’est vue beaucoup plus, aux départementales et régionales. LFI a joué les utilités.]

          LFI paye là son fonctionnement hypercentralisé autour du « gourou ». Mélenchon veut conserver un contrôle total de son mouvement, et c’est pourquoi quatre ans après sa fondation LFI n’a toujours pas de statuts, d’instances constituées, de mécanismes démocratiques de décision. Tout est géré depuis le « centre » par Mélenchon et sa « cour ».

          Le problème, c’est que les élections locales se jouent aujourd’hui localement. Le temps où les règles concernant les listes communes et les règles de désistement étaient établies au niveau central est bel et bien révolu. Aujourd’hui, les listes et les alliances se négocient région par région, département par département, commune par commune. Et pour avoir du poids, il faut former et implanter des cadres locaux. Des cadres qui, une fois implantés, acquièrent fatalement une certaine surface personnelle et donc une certaine autonomie. Une autonomie d’autant plus grande que LFI n’a pas – comme pouvait les avoir le PCF en son temps de gloire – des instances locales de décision qui puissent les contrôler. Or, la dernière chose que Mélenchon veut, c’est d’avoir à LFI des gens ayant une surface personnelle, une autorité qui ne soit pas issue du gourou. Le réflexe naturel de Mélenchon, c’est au contraire de descendre préventivement tous ceux qui seraient en position d’autonomie par rapport a lui, qui font preuve de la moindre indépendance. Souvenez vous de l’affaire de Périgueux.

          Imaginez un instant qu’une liste LFI, conduite par un M. Untel ait gagné une région. Cela voudrait dire que ce M. Untel disposerait d’une « caisse », de la possibilité de distribuer postes et prébendes, de se faire des obligés et de recruter des clientèles. Ce M. Untel deviendrait rapidement un danger pour Mélenchon, le seul dans son mouvement à pouvoir lui disputer la place. La dernière chose que Mélenchon veut. Si en juin une liste LFI avait eu la moindre chance de gagner, Mélenchon en aurait pris la tête – ou l’aurait sabotée. Parce que, comme pour le scorpion de la fable, « c’est dans sa nature ».

          Si LFI ne s’est pas institutionnalisé, si le mouvement au bout de quatre ans n’a toujours pas de statuts, d’instances constituées, de mécanismes de décision démocratiques, ce n’est pas parce que Mélenchon ne PEUT pas, mais parce qu’il ne VEUT pas. Parce qu’une organisation institutionnalisée permet naturellement à des nouveaux dirigeants de surgir et de disputer l’autorité des dirigeants en place…

          [LFI revendique 200 grands électeurs. Loin des 500 requis.]

          A la rentrée on va avoir droit à la traditionnelle danse du ventre de Mélenchon sur les parrainages, qui permettra au gourou de chanter le thème bien connu du « je suis une victime du système ». Je peux vous rassurer tout de suite et lever l’insoutenable suspense : Mélenchon aura ses parrainages. Et s’il ne trouve pas assez de maires de gauche pour signer pour lui, la droite lui donnera ceux qui lui manquent. Elle serait idiote de ne pas le faire : plus il y a des candidats à gauche, mieux elle se porte…

          [Jean-Luc Mélenchon a tenté de faire échouer une candidature PCF. Échec.]

          Eh oui… tant va la cruche à la fontaine… Les « bébés Hue » n’ont plus l’influence qu’ils avaient en 2012.

          [Des insoumis pensaient que le NPA n’irait pas. Erreur.]

          Je doute qu’il y en ait beaucoup. Ils sont bien placés pour savoir que le NPA a TOUJOURS présenté un candidat. Et il a bien raison : celui qui ne présente pas de candidat se résigne à l’oubli. Un parti de témoignage qui ne témoigne pas, c’est bête…

          [Jean-Luc Mélenchon s’est affiché lourdement avec le Vert Éric Piole. Pour quel intérêt ?]

          Rien de bien nouveau. Souvenez-vous, en 2017 il faisait risette à Cohn-Bendit. Le problème de Mélenchon, c’est qu’il n’a rien à négocier. Il l’a bien dit : le candidat c’est lui, le programme c’est son programme, la campagne c’est sa campagne. Tout ce qu’il peut proposer, c’est un ralliement sans conditions. Si même le PCF est fatigué…

          [La réalité est que les partis politiques de la gauche traditionnelle sont morts, mais encore suffisamment debout et prêts à ignorer JLM et attendre que ça passe.]

          Eh oui, c’est la faute aux autres, c’est bien connu. Le problème de Mélenchon, ce n’est pas « les partis de la gauche traditionnelle », ce sont les électeurs. En 2017, avec le soutien des communistes et l’effet nouveauté, il a fait 19% à la présidentielle. Maintenant, il fait partie lui aussi de la « gauche traditionnelle ». S’il fait 11%, ce sera déjà pas mal.

          [La formule mouvement dit gazeux sans structures intermédiaires ni débats réellement démocratiques a rincés les militants. Elle s’est avérée inopérante pour affronter la vie politique entre deux présidentielles.]

          Content que vous soyez arrivé à cette conclusion. Parce que c’est exactement ce que je vous disais en 2016. Et à l’époque, votre position était très différente.

          [Après une communication bizarre “Nous Sommes Pour”, le candidat Mélenchon change tout et lance “l’Union Populaire”. La communication, claire et simple, qui était le point fort de La France insoumise, est devenue variable, changeante…]

          Ca vous étonne ? En 2017, pour exploiter l’effet nouveauté, Mélenchon met en sourdine le Parti de gauche, et crée LFI. Avec son « Union populaire », il essaye de rééditer le coup, de créer un effet de nouveauté. LFI a un certain passif, et changer de nom – et éventuellement de structure et de têtes – permettrait de ne pas assumer le bilan. Sauf que, personnellement, je ne vois pas ce coup marcher. Ca fait quand même du rechauffé…

          • Ian Brossage dit :

            @Descartes

            En 2017, pour exploiter l’effet nouveauté, Mélenchon met en sourdine le Parti de gauche, et crée LFI. Avec son « Union populaire », il essaye de rééditer le coup, de créer un effet de nouveauté.

            Et vous oubliez le M6R, autre brillante trouvaille organisationnelle de JLM (dont le site Web n’a pas reçu de mise à jour depuis… 2016).

            • Descartes dit :

              @ Ian Brossage

              [Et vous oubliez le M6R, autre brillante trouvaille organisationnelle de JLM (dont le site Web n’a pas reçu de mise à jour depuis… 2016).]

              En fait, je me souvenais confusément de cet épisode, mais je n’arrivais pas à retrouver dans ma mémoire le nom. Oui, le M6R avait été une première tentative de faire un “coup” médiatique, avant LFI. C’était une sorte de répétition générale… et Mélenchon a d’ailleurs tiré les leçons de son échec. Alors que le M6R faisait référence à une revendication précise (la VIème République), LFI était bien plus vague…

          • ” en 2016.”
            Oui, j’ai été convaincu par la séquence “législatives/présidentielle”. La présidentielle a enfoncé un coin impressionnant dans la gauche traditionnel et le hollandisme pourrissant (19 %, pas mal du tout), et l’élection d’un groupe aux législatives dans la foulée fut convaincante.
            Mes doutes sont apparus nettement après les européennes 2019, où le résultat était calamiteux pour de nombreuses raisons (dont, pour un militant, la constitution chaotique de la liste) et ensuite la préparation des municipales, puis la séquence fatale régionales/départementales.

            • Descartes dit :

              @ Gautier WEINMANN

              [Oui, j’ai été convaincu par la séquence “législatives/présidentielle”. La présidentielle a enfoncé un coin impressionnant dans la gauche traditionnelle et le hollandisme pourrissant (19 %, pas mal du tout), et l’élection d’un groupe aux législatives dans la foulée fut convaincante.]

              Elle n’était « convaincante » que pour les gens qui voulaient à tout prix être convaincus. En 2017, Mélenchon fait 19,6% à la présidentielle. Un mois plus tard, et alors que LFI présente des candidats dans pratiquement toutes les circonscriptions (556 sur 577), elle ne fait plus que 11%, soit presque moitié moins. En voix, c’est encore plus impressionnant : Mélenchon dépasse les 7 millions de voix à la présidentielle, mais un mois plus tard les candidats LFI ne recueillent que… 2,5 millions. Un peu moins de deux-tiers des voix perdues en un mois.

              A titre de comparaison, le candidat du PCF faisait en 1981 15,3%, et aux législatives du mois suivant les candidats communistes faisaient presque le même chiffre : 16%. En 2002, Robert Hue – qui jouait à fond la carte personnelle, comme le fait Mélenchon – faisait 3,4% à la présidentielle et un mois plus tard le PCF faisait 4,8% aux législatives. Autrement dit, les électeurs qui votaient communiste à la présidentielle tendaient à se retrouver sur les candidats communistes aux législatives.

              Que LFI ait perdu en un mois la moitié des électeurs qui s’étaient portés sur Mélenchon, loin de vous « convaincre », aurait dû vous mettre la puce à l’oreille. Il est vrai qu’avec la création de son groupe parlementaire, le grand maître des illusions a pu faire passer un signe inquiétant pour une victoire. Il n’empêche qu’il y avait là un problème que l’équipe dirigeante de LFI n’a pas cherché à corriger, ni même à analyser.

              Il est clair que dans la France d’aujourd’hui, l’hypermédiatisation ouvre la voie au niveau national à l’égo-politique. Pour réussir une campagne présidentielle, point n’est besoin d’avoir des militants formés, disciplinés et implantés dans leur territoire, organisés dans des constituées. Grâce à la caisse de résonance des médias et à la générosité du dispositif de financement des campagnes électorales, on peut faire des « coups » avec une petite équipe autour d’un chef charismatique. Mélenchon et Macron en sont la parfaite illustration.

              Mais l’égo-politique fonctionne beaucoup moins bien lorsqu’on aborde des échéances qui nécessitent un maillage du territoire. C’est pourquoi LREM et LFI ont finalement exactement le même problème : leur gourou ne peut pas être partout, et derrière le gourou il n’y a personne. Il est instructif de comparer le fonctionnement et la composition sociologique d’un « groupe de soutien » (ça s’appelle toujours comme ça ? Rien que le nom est révélateur de leur positionnement) à celui d’une section ou d’une cellule du PCF du « monde d’avant ». D’un côté on trouvait souvent des vieux militants blanchis sous le harnois et connaissant chaque pouce de leur territoire – que ce fut leur entreprise ou leur commune – et leurs habitants, de l’autre des petits jeunes, souvent des étudiants, pétris de certitudes mais sans aucune expérience. Et surtout, sans la patience qui seule permet d’acquérir cette connaissance.

              Les égo-politiciens, c’est d’abord des feux de paille. Ils ne peuvent pas construire pour durer, parce que pour durer il faut institutionnaliser, et donc accepter que l’organisation ait une vie et un destin propre, indépendant de celui qui l’a créée. Une organisation qui repose exclusivement sur un homme vit et meurt avec lui.

              [Mes doutes sont apparus nettement après les européennes 2019, où le résultat était calamiteux pour de nombreuses raisons (dont, pour un militant, la constitution chaotique de la liste) et ensuite la préparation des municipales, puis la séquence fatale régionales/départementales.]

              Je vais me répéter, mais je suis étonné que les résultats des législatives un mois après la présidentielle ne vous aient pas interpellé. Je suis aussi étonné que vous, qui avez une expérience militante d’une certaine consistance, ayez pu croire que le fonctionnement sectaire de LFI autour de son gourou pouvait aboutir à autre chose qu’à ce que vous avez maintenant. Vous parlez de la « constitution chaotique de la liste européenne », mais vous oubliez la « constitution chaotique » des candidatures pour les législatives, et notamment un épisode révélateur, celui qui avait vu Mélenchon déplacer à Marseille le candidat désigné par la Commission électorale (censée être indépendante du gourou, je vous le rappelle) sur proposition des instances locales pour prendre sa place.

              Ce « chaos » n’est pas dû au hasard, ou aux erreurs de telle ou telle personne. Il est inscrit dans le mode de fonctionnement de LFI. Quand aucune procédure, aucune instance formalisée et connue de tous n’existe, quand les décisions se prennent par des mécanismes opaques et dans le secret de la « cour », quand celui-ci peut d’un trait de plume renverser n’importe quelle décision sans rendre de comptes à personne, quand la promotion ou la disgrâce dépendent du caprice du Chef tout-puissant, le « chaos » est inévitable. D’autant plus que, isolé par sa « cour » du monde réel, les décisions du gourou deviennent naturellement de plus en plus erratiques.

              Tout ça, je l’avais écrit dès 2016, et pas que sur ce blog. Cela m’avait valu pas mal d’injures et de mises au ban par des militants de LFI qui, aujourd’hui, ont l’air de découvrir les mêmes tares. Mais à l’époque, personne n’écoutait parce que tout le monde voulait croire…

Répondre à Descartes Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *