Pourquoi tant de larmes ?

Llora, llora urutaú
En las ramas del yatay
Ya no existe el Paraguay
Donde naci como tú
Llora, llora urutaú (1)

Pourquoi tant de larmes ? Depuis quelques années déjà, on pleure beaucoup chez nous. A la tribune de l’assemblée nationale, dans les meetings politiques, dans les prétoires. Plus aucune enceinte n’est à l’abri de l’humidité oculaire. Le statut le plus enviable étant celui de victime, chacun aspire à marquer ce statut avec l’aide d’un oignon coupé en deux. Raconter qu’on a été monstrueusement traumatisé parce que quelqu’un vous a dit « bouh ! » il y a trente ans d’un ton adulte et sérieux, ce n’est pas crédible. Par contre, le dire avec des sanglots dans la voix et de préférence en laissant des longues pauses pour se moucher ou retenir les larmes, c’est l’assurance d’entrainer son public avec soi.

Le témoignage de Cécile Duflot devant le tribunal correctionnel de Paris le 6 février dernier illustre presque jusqu’au ridicule cette tendance. Bien entendu, elle n’a pas été la seule à pleurer lors de ce procès : Sandrine Rousseau, pour ne donner qu’un exemple, a elle aussi sorti l’oignon à l’audience. Mais le cas Duflot est beaucoup plus intéressant.

Qu’est ce qui fait pleurer Duflot ? Et bien, c’est le souvenir d’un épisode datant de plus de 10 ans dont voici le récit su journaliste présent à l’audience : « Cécile Duflot, alors âgée de 32 ans, regagne sa chambre d’hôtel. Denis Baupin frappe à la porte quelques minutes plus tard, alors qu’elle est en train de tirer son lait pour son bébé de 2 mois. “Avant même qu’il ouvre la bouche, j’ai compris qu’il y avait un problème. Il me regardait bizarrement. Il m’a dit “je sais que tu en as autant envie que moi”, poursuit Cécile Duflot à la barre. Il me caresse et met sa main sur mon cou, il me dit “laisse toi faire”. J’ai eu un bon réflexe je lui ai donné un coup de pied dans le tibia. Je l’ai poussé dehors et j’ai claqué la porte” ».

Notons que l’évènement ne l’avait pas traumatisée outre mesure à l’époque. Elle avait en effet continué à siéger avec Denis Baupin à la direction de EELV puis à l’Assemblée nationale, tout comme ses autres accusatrices. Mais un jour, de 2016, quelque dix ans plus tard, tout à coup ces dames voient d’un coup la mémoire leur revenir tout comme l’envie de la partager avec le public. Qu’est ce qui a provoqué la fin de l’amnésie ? Nous ne le savons pas. Tout ce que nous savons, c’est que quelques jours auparavant Denis Baupin et sa femme Emmanuelle Cosse quittent EELV pour rejoindre le camp hollandais en échange d’un maroquin ministériel pour madame. Une coïncidence, sans doute.

Mais surtout, on voit très mal en quoi l’événement vécu par Cécile Duflot serait « traumatisant » au point d’exciter ses glandes lacrymales lorsqu’elle en fait le récit. A supposer que son récit soit la vérité, elle a tout au plus fait l’objet d’une proposition – sans véritable violence, notez le bien – peut-être grossière ou indécente, mais somme toute assez banale. Elle a répondu avec décision et a chassé l’importun qui n’a d’ailleurs pas insisté. Il n’y a pas eu de menaces, pas d’armes, pas de coups, pas de mise en danger physique ou mentale. Que ce soit une expérience désagréable, on peut le concevoir. Mais de là à en faire une expérience traumatisante au point qu’on ne peut la raconter dix ans plus tard qu’en pleurnichant, il y a quand même une distance difficile à franchir.

L’affaire est à mon avis particulièrement intéressante parce que Cécile Duflot n’est pas une pauvre cousette agressée par son patron, ni même une attachée parlementaire violée par son député. C’est une femme politique, députée, ministre et qui a caressé en son temps le rêve d’être candidate à la présidence de la République. Des postes qui vous exposent à des agressions, des menaces, des trahisons, des violences psychologiques et même physiques, bref, des traumatismes autrement plus importants que ceux de devoir chasser de votre chambre un prétendant un peu trop assidu à coups de pied dans le tibia. Imaginons un instant qu’elle ait été élue à la présidence de la République. Comment aurait-elle réagi si le président des Etats-Unis l’avait menacé de représailles – ce n’est pas une question théorique, c’est arrivé à Chirac lors de l’invasion de l’Irak ? En voyant son comportement au tribunal, on se dit que de deux choses l’une : soit elle est trop faible psychologiquement pour tenir convenablement un poste au gouvernement du pays, et on peut se demander si ceux qui l’ont élue ou nommée à différents postes de haute responsabilité avaient toute leur tête, ou bien ses larmes au prétoire étaient le genre de larmes que certains reptiles abondants en Egypte sont censés verser.

Ces système qui a le traumatisme facile et qui nous convoque périodiquement à nous indigner collectivement sur le sort de certaines « victimes », ça commence à m’énerver sérieusement. Et si je dis « certaines », c’est parce que si toutes les victimes sont égales devant notre compassion, certains sont visiblement beaucoup plus égales que d’autres. L’affaire dite du « club du LOL » fournit de ce point de vue plein d’exemples amusants. Voici ce qu’en écrit Michel Guerrin, rédacteur en chef du « Monde » : « qu’une trentaine de membres d’un groupe nommé Ligue du LOL, baignant dans la culture numérique et les réseaux sociaux, souvent journalistes, pour la plupart des hommes, se sont livrés à du harcèlement, le plus souvent contre des femmes, entre 2009 et 2012 ». Ah bon ? « pour la plupart des hommes » ? Il y avait donc des femmes parmi les « harceleurs » ? Et puis ces gens se sont livrés au harcèlement « le plus souvent contre les femmes » ? Il y avait donc des hommes parmi les victimes ?

Pourtant, le même rédacteur parle de l’affaire comme de « notre affaire Weinstein ». Et vous serez en peine de trouver dans l’ensemble de la presse et des médias un seul exemple de compte rendu dénonçant le fait que des femmes du « club du LOL » aient harcelé des hommes. Coïncidence ? Non, bien sûr que non. C’est que le statut enviable de « victime » n’est pas accordé à tout le monde. Certaines victimes les hommes blancs et catholiques, par exemple, « l’ont cherché » et sont donc exclus du club. Et puis, un homme un vrai n’est pas aussi facilement « traumatisé ». Par contre, les femmes, c’est bien connu, sont des créatures psychologiquement faibles qu’un tweet cochon peut traumatiser au point qu’elles ne peuvent le raconter dix ans plus tard dans un tribunal sans pleurer.

Le paradoxe de notre temps, c’est que les féministes les plus militantes ressuscitent les pires mythes réactionnaires de l’ère victorienne. Et ce faisant elles contredisent leur propre discours : on ne peut prétendre d’un côté qu’une femme est capable de présider la République et commander en chef nos armées, et de l’autre côté qu’elle peut être irréparablement traumatisée par des tweets cochons ou parce qu’un dragueur somme toute assez pacifique se présente à la porte de sa chambre.

La différence est peut-être que, contrairement aux victoriens, les dragons de vertu de notre temps manquent singulièrement de sens de l’humour. Les Victoriens soignaient les apparences, mais derrière le paravent des convenances ils savaient s’amuser. La Gwendoline d’Oscar Wilde est tout sauf une gourde qui pleurniche sur son sort. Elle est au contraire une jeune femme de tête qui sait ce qu’elle veut et comment l’obtenir. Il y a deux générations d’écart entre Margaret Thatcher et Simone Veil – toutes deux formées dans un monde « victorien » – et Cécile Duflot ou Marlène Schiappa… Imaginez-vous Margaret ou Simone pleurnichant devant un juge ?

Descartes

(1) « Pleure, pleure urutaú/ dans les branches du yatay / il n’est plus le Paraguay /ou nous sommes nés, toi et moi / pleure, pleure urutaú » (Carlos Guido Spano, « Nenia », 1871) Le poème dénonce la guerre dite « de la triple alliance » entre le Paraguay, l’Argentine et le Brésil, qui ravagea le Paraguay. L’urutaú est un petit oiseau de la forêt paraguayenne, le yatay est un palmier abondant en Amérique Latine.

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45 réponses à Pourquoi tant de larmes ?

  1. Françoise Giroud racontait qu’un jour victime d’une tentative de viol – une vraie – elle avait eu la présence d’esprit d’éclater de rire en voyant “l’engin” du prédateur ce qui avait eu pour effet une fuite piteuse. Autre temps, autres mœurs, gageons que l’étape d’après sera le récit de Benhalla le jour où il du repousser les assauts conjugués de l’écrivaine de gare et de l’enseignante en folie. Un pauvre garçon, ado perdu, s’est plaint ces jours-ci que son lycée le martyrisait en l’empêchant de venir maquillé en classe…

    • Descartes dit :

      @ Gérard Couvert

      [Françoise Giroud racontait qu’un jour victime d’une tentative de viol – une vraie – elle avait eu la présence d’esprit d’éclater de rire en voyant “l’engin” du prédateur ce qui avait eu pour effet une fuite piteuse.]

      Exactement. Mais le rire de Françoise Giroud montre aussi qu’elle était capable de mettre l’agression dont elle était elle-même victime en perspective : celle de quelque chose de désagréable certainement, de sérieux probablement, mais loin d’être la tragédie du siècle. Il faut dire que pour Françoise Giroud, née de parents « israélites de l’empire ottoman », arrivée en France enfant, orpheline de père à onze ans, obligée à abandonner les études à 14 ans pour travailler, « modeste agent de liaison dans la Résistance » selon ses propres dires, une tentative de viol ne devait pas figurer parmi les grandes catastrophes de sa vie.

      [Autre temps, autres mœurs, gageons que l’étape d’après sera le récit de Benhalla le jour où il du repousser les assauts conjugués de l’écrivaine de gare et de l’enseignante en folie.]

      Ou du président en manque… Imaginez-vous, un garçon aussi mignon enfermé dans un château rempli d’hommes de pouvoir habitués à commander, tous des violeurs en puissance… franchement, il y aurait de quoi écrire un roman.

      [Un pauvre garçon, ado perdu, s’est plaint ces jours-ci que son lycée le martyrisait en l’empêchant de venir maquillé en classe…]

      Oui, j’ai entendu parler de cette affaire, et je la trouve passionnante. Pas tant pour le garçon – l’exhibitionnisme est souvent une manifestation de l’adolescence – mais par l’écho médiatique que l’affaire a reçue et le ton des commentaires, souvent du genre « laissez-lui faire, si ça lui fait plaisir ». Le garçon argumente sur son droit de « montrer sa personnalité ». Tout le monde semble accepter comme une donnée le fait que l’école soit un endroit où l’on « se montre ». Normal : on a admis que les élèves portent « de la marque », qu’ils s’habillent et se coiffent « mode ». Faites la sortie d’un lycée parisien, on dirait un défilé de mode étudiante. Remarquez, si l’élève est « au centre » du système, c’est assez logique…

  2. luc dit :

    Eh,Oui,les hommes et les femmes de notre époque vivent encore avec une idéologie Victorienne.
    Dans les familles,est ce pour ça,que les divorcent fleurissent ?
    Dans le travail où les cheftaines et chefs font régner l’arbitraire.
    Est ce pour ça que les burn-out prolifèrent ?
    Dans la politique où des Cécile Duflot ,Loiseau,Schiappa,se donnent une apparence en Acier temps que son exposition médiatique exige d’avoir un aspect Jupitérien ou Vénusien,puis redevient une femme à plaindre quand,il faut redevenir comme vous et moi,une personne vulnérable,au côté humain indéniable.
    Attirer la pitié,est une façon de renforcer la sororité très efficace à notre époque.
    ‘Pauvres hommes’,comme chantait Julio Iglesias..
    C’est une des évangiles de notre nouvelle idéologie dominante.
    Elle est au service de la prise du pouvoir,et de son maintien.
    Effrayer,le mâle,violeur potentiel,faire peur, terroriser,c’est l’esprit néo-victorien du temps.
    Se faire plaindre pour couvrir totalement la sensibilité des administrés,de façon total(itaire),est la clef du système victorien.
    La plupart de mes collègues,mon ancienne épouse,mes cheftaines sont comme ça.
    Aucune réaction face à ça n’est la bonne.
    Une seule solution,fuir,éviter les problèmes et essayer de passer entre les gouttes.
    Vous connaissez une autre façon d’opérer?
    En Mai,je vais voter pour Ian Brossat,mais même lui,je ne suis pas sûr qu’il échappe au totalitarisme victorien….Marie-Georges Buffet,elle avait usé et abusé de cet esprit victorien,pour imposer ses vues et bévues au PCF,mais son influence n’en a pas grossi à l’extérieur au vu de ses 1,9% aux présidentielles de 2007,non?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Eh, oui, les hommes et les femmes de notre époque vivent encore avec une idéologie Victorienne.]

      Non, justement. L’immense majorité des hommes et des femmes de notre pays ont largement dépassé ce stade. Ce sont certaines élites « postmodernes » qui ressuscitent les fantasmes victoriens qui font de chaque homme un prédateur en puissance et de chaque femme une faible proie…

      [Dans les familles, est-ce pour ça, que les divorcent fleurissent ?]

      Certainement pas. L’idéologie victorienne n’était pas particulièrement favorable au divorce. Non, si le divorce « fleurit », c’est parce que la base économique du mariage n’existe plus. Dès lors que l’économie domestique a perdu son rôle fondamental et que les deux membres du couple sont sur le marché du travail et gagnent sensiblement la même chose que les hommes à expérience égale, aucun n’a vraiment besoin de l’autre. A quoi bon se charger d’une épouse quand on a un microondes et un congélateur rempli de plats préparés, une machine à laver et des chemises « sans repassage » ? A quoi bon se charger d’un mari quand on a un chèque qui tombe de son employeur tous les mois ?

      La solidité du mariage était fondée dans une division stricte du travail : chacun avait besoin de l’autre, et la séparation impliquait pour chacun des membres du couple une perte très importante de niveau de vie. On nous bassine aujourd’hui sur le mariage comme institution fondée sur « l’amour », mais c’est là une mauvaise lecture de l’institution. Le mariage est d’abord une institution économique.

      [Dans le travail où les cheftaines et chefs font régner l’arbitraire. Est ce pour ça que les burn-out prolifèrent ?]

      Franchement, je ne saisis pas le rapport.

      [Dans la politique où des Cécile Duflot, Loiseau, Schiappa, se donnent une apparence en Acier temps que son exposition médiatique exige d’avoir un aspect Jupitérien ou Vénusien, puis redevient une femme à plaindre quand, il faut redevenir comme vous et moi, une personne vulnérable,au côté humain indéniable.]

      J’ai du mal à voir en quel moment Duflot, Loiseau ou Schiappa se sont donné une « apparence en acier ». Même si elles ne pleurent pas tous les jours, elles se positionnent presque constamment en victimes, et jamais en ogres. Ségolène Royal, qui est dans sa génération le plus près que nous ayons d’une « dame de fer », oui. Mais pas les autres. Vous noterez d’ailleurs que même les ministres présumés de sexe masculin ont tendance à devenir « femme à plaindre ». Quand les « gilets jaunes » défoncent sa porte, Benjamin Grivaux ne va pas les affronter, il s’enfuit par la porte du jardin pour ensuite apparaître dans les média en victime.

      [Une seule solution, fuir, éviter les problèmes et essayer de passer entre les gouttes. Vous connaissez une autre façon d’opérer?]

      Chaque fois qu’on combat une idéologie totalitaire – et l’idéologie « postmoderne » dans laquelle nous vivons est en train de le devenir – se pose le problème : faut-il garder le silence et feindre l’acquiescement pour passer entre les gouttes, ou bien continuer à exprimer son désaccord au risque du camp de concentration – symbolique ou réel ? Le placement du curseur est un choix très personnel…

      [En Mai, je vais voter pour Ian Brossat,]

      Moi pas, à moins qu’il change radicalement de discours. Il fut un temps ou j’aurais voté pour lui ne serait-ce que pour encourager les militants communistes à continuer le combat, mais ce temps est passé. Brossat a plusieurs fois dit qu’un Frexit serait de la « folie » et que la seule solution est une « réforme de l’Union européenne ». Si c’est pour tenir cette ligne, franchement, il sert à quoi ?

      [mais même lui, je ne suis pas sûr qu’il échappe au totalitarisme victorien…]

      Je dirais même qu’il est l’un de ses promoteurs le plus enthousiastes au sein du PCF. C’est un supporteur passionné du « gang des lesbiennes » qui pendant des années a fait la pluie et le beau temps au PCF.

      • Albertine dit :

        [Non, si le divorce « fleurit », c’est parce que la base économique du mariage n’existe plus. Dès lors que l’économie domestique a perdu son rôle fondamental et que les deux membres du couple sont sur le marché du travail et gagnent sensiblement la même chose que les hommes à expérience égale, aucun n’a vraiment besoin de l’autre. A quoi bon se charger d’une épouse quand on a un microondes et un congélateur rempli de plats préparés, une machine à laver et des chemises « sans repassage » ? A quoi bon se charger d’un mari quand on a un chèque qui tombe de son employeur tous les mois ?

        La solidité du mariage était fondée dans une division stricte du travail : chacun avait besoin de l’autre, et la séparation impliquait pour chacun des membres du couple une perte très importante de niveau de vie. On nous bassine aujourd’hui sur le mariage comme institution fondée sur « l’amour », mais c’est là une mauvaise lecture de l’institution. Le mariage est d’abord une institution économique.]

        Je ne suis pas sûre que votre analyse soit convaincante : aujourd’hui encore le divorce appauvrit considérablement les couples qui se séparent (question du logement notamment), et pourtant ils se séparent quand même. Par ailleurs, avoir besoin de l’autre n’est pas uniquement avoir besoin de son argent ou de sa dextérité à effectuer des tâches ménagères. C’est aussi le plaisir de vivre à deux, de faire ensemble des activités que l’on aime. Je vous assure que l’être avec qui l’on partage sa vie paraît tout à fait indispensable pour ces seules raisons.

        Par ailleurs félicitations pour vos derniers papiers, vous êtes très en forme en ce moment Descartes.

        • Descartes dit :

          @ Albertine

          [Je ne suis pas sûre que votre analyse soit convaincante : aujourd’hui encore le divorce appauvrit considérablement les couples qui se séparent (question du logement notamment), et pourtant ils se séparent quand même.]

          Beaucoup moins « considérablement » que par le passé. Je crois qu’on a oublié combien au temps de nos grands-parents vivre seul était difficile. Imaginez-vous rentrant du boulot après une journée de douze heures, et devant faire les courses (car vous n’avez ni congélateur ni frigo pour conserver les aliments), et devant préparer vous-même vos conserves, vos confitures, plumer le poulet que vous allez manger le soir…

          [Par ailleurs, avoir besoin de l’autre n’est pas uniquement avoir besoin de son argent ou de sa dextérité à effectuer des tâches ménagères. C’est aussi le plaisir de vivre à deux, de faire ensemble des activités que l’on aime. Je vous assure que l’être avec qui l’on partage sa vie paraît tout à fait indispensable pour ces seules raisons.]

          Pourtant, vous ne pouvez que constater comme moi qu’une fois le fondement économique du mariage disparu, la séparation et le divorce deviennent de plus en plus courants, et le nombre de personnes vivant seules explose. Il faut croire que « le plaisir de vivre à deux » n’est pas suffisant pour garantir la solidité des couples, alors que la contrainte économique l’était…

          [Par ailleurs félicitations pour vos derniers papiers, vous êtes très en forme en ce moment Descartes.]

          Merci beaucoup, ce sont les encouragements des lecteurs qui me donnent envie de continuer.

    • Pierre dit :

      @ Descartes

      (((Ségolène Royal, qui est dans sa génération le plus près que nous ayons d’une « dame de fer », oui. Mais pas les autres)))

      Boh, j’ai pas l’impression que Mmes Buzyn et Pénicaud (au gouvernement) ou Mmes Dati, Pecresse, Hidalgo, LePen ou Lagarde (pour balayer tout le champ politique) s’illustrent en fragiles demoiselles.

      • Descartes dit :

        @ Pierre

        [Boh, j’ai pas l’impression que Mmes Buzyn et Pénicaud (au gouvernement) ou Mmes Dati, Pecresse, Hidalgo, LePen ou Lagarde (pour balayer tout le champ politique) s’illustrent en fragiles demoiselles.]

        Oui et non. Aujourd’hui, Pecresse et Hidalgo jouent les “femmes fortes”. Mais lorsqu’on revient en arrière, on découvre qu’elles n’ont pas hésité à jouer le gambit de la “faible femme opprimée par les hommes” pour monter les échelons dans leurs partis respectifs. Dati et Lagarde ont joué à fond la carte de la soumission à un homme pour monter en grade (on se souvient de la lettre abjecte de Lagarde à Sarkozy…). Buzyn, Pénicaud ou Le Pen sont en effet des femmes de tête.

  3. Koko dit :

    Il faut comprendre que Mme Duflot ait été choquée, elle n’a pas forcément l’habitude de se faire draguer lourdement. 🙂

    • Descartes dit :

      @ Koko

      [Il faut comprendre que Mme Duflot ait été choquée, elle n’a pas forcément l’habitude de se faire draguer lourdement.]

      Peut-être. Comme disait la blague de ma grand-mère: “dans une rue obscure, trois hommes m’ont kidnappé… mais au premier réverbère, ils m’ont relâchée”

  4. Cherrytree dit :

    Non, je n’imagine pas Margaret T. se lamenter devant quoi que ce soit, car c’était un monstre froid: les Irlandais grévistes de la faim, qui ne réclamaient que de ne pas être traités comme des détenus de droit commun et de conserver, avec un statut de prisonniers politiques, leurs vêtements civils, mourant l’un après l’autre, ne l’ont pas fait fléchir. Ce n’est pas un bon exemple de “tenue “, mais d’inhumanité. En revanche, Simone Veil, tout en conservant une absolue dignité, et pourtant elle a subi, sans parler de son histoire, tant d’attaques ignobles, n’était pas exempte d’émotion. Cependant elle ne se prévalait pas tant de sa condition de femme que de celle d’être humain.
    Une personnalité intéressante est celle de Ségolène Royal. Cette vraie bête politique, n’aurait certainement pas chouiné et encore moins à postériori, sachant que viser la plus haute fonction de l’État n’était pas compatible avoir les jérémiades. La preuve, les attaques les plus dures, et machistes pas qu’un peu, venant de son propre camp, elle s’est réservé pour plus tard les règlements de compte éventuels.

    Je suis parfois interloquée par le fait que ces dames qui “balancent leur porc” le fassent en effet avec tant de retard. Stars ou starlettes révélant des années plus tard qu’elles ont subi et enduré, parfois à plusieurs reprises les mains baladeuses d’un producteur… Est-ce du harcèlement, ou une certaine acceptation de la loi des promotions canapé, qui a cours dans les entreprises, dans les administrations? Qu’une Catherine Deneuve émette, comme moi, quelques réserves sur les dénonciations tardives d’actrices serrées de près par un producteur notoirement connu pour son attitude, et c’était jugé si politiquement incorrect, qu’elle a dû présenter des explications voire des excuses. Perso, moi, si mon patron voulait me masser les orteils, je trouverais cela bizarre. Si je le tolérais, je me montrerais encourageante. Car enfin la loi est bien faite, et il y a des conseils de prud’hommes en cas de licenciement- représailles. Je suis sidérée quand j’entends une victime de T. Ramadan, violentée et violée, dire qu’elle est retournée demander des explications au même, qui lui a fait subir les mêmes attaques dans les mêmes conditions: un tête à tête dans la chambre d’hôtel de Ramadan. Franchement, l’attrait du pouvoir ou la subjugation peut conduire ce genre d’erreur, mais pourquoi aller se plaindre longtemps après, de préférence quand le sale type est tombé en disgrâce?
    C’est dans l’air du temps de “balancer son porc”, soit. Mais effectivement les pleurs tardifs desservent grandement la cause des femmes agressées et qui craignent plus pour leur intégrité physique que pouur la perte d’un emploi, d’une promotion, d’une fonction, d’un rôle, que ce soit un rôle au cinéma ou un rôle politique.

    L’évocation de Simone Veil me rappelle une de mes lectures récentes. Le témoignage de Béatrix de Toulouse-Lautrec, déportée avec sa mère pour fait de résistance :”J’ai eu vingt ans à Ravensbrück”. Elle témoignage qu’on avait proposé à des prisonnières d’intégrer le bordel du camp, en échange de nourriture et d’un supposé “adoucissement” de leur condition. Certaines femmes acceptèrent. Elles étaient censés savoir ce qu’elles faisaient, et pourquoi. Les autres ne les jugèrent pas.
    En des situations extrêmes comme en politique, que l’on soit homme ou femme, il est nécessaire de faire preuve de responsabilité, et de ne pas se cacher derrière des larmes tardives, même et surtout si elles ont pour but d’émouvoir.

    • Descartes dit :

      @ Cherrytree

      [Non, je n’imagine pas Margaret T. se lamenter devant quoi que ce soit, car c’était un monstre froid:]

      C’était d’abord un dirigeant politique, qui défendait les intérêts de son pays avec une redoutable efficacité. Et c’était ça son boulot. J’aurais préféré que les intérêts de la France soient défendus à Bruxelles par un « monstre froid » plutôt que par nos gentils pleurnicheurs.

      [les Irlandais grévistes de la faim, qui ne réclamaient que de ne pas être traités comme des détenus de droit commun et de conserver, avec un statut de prisonniers politiques, leurs vêtements civils, mourant l’un après l’autre, ne l’ont pas fait fléchir. Ce n’est pas un bon exemple de “tenue “, mais d’inhumanité.]

      Je ne suis pas d’accord avec vous. D’abord, aucun état de droit ne peut reconnaître un statut de « prisonnier politique ». Dans un état de droit, on interdit de tuer son prochain et cela QUELQUE EN SOIT LA RAISON. Admettre qu’un assassin « politique » devrait être traité différemment d’un assassin « crapuleux » reviendrait à établir une hiérarchie dans les meurtres en fonction des motivations du meurtrier. Ce qu’aucun état de droit ne saurait faire. Ce que les grévistes de la faim demandaient sous couvert de la reconnaissance d’un « statut de prisonnier politique » (qui n’existe nulle part, d’ailleurs, et pour cause) est la reconnaissance par l’état britannique du caractère politique des actes terroristes.

      Je voudrais vous poser une autre question. Si demain Salah Abdeslam – l’un des organisateurs de l’attentat du Bataclan – se mettait en grève de la faim, exigeant d’être reconnu comme « prisonnier politique », et que vous étiez Premier ministre, quelle serait votre réponse ? Lui accorderiez-vous le statut demandé, ou refuseriez-vous quitte à le voir mourir ? En quoi la revendication d’Abdeslam serait-elle moins légitime sur le fond que celle de Bobby Sands, par exemple ?

      Je vais peut-être vous choquer, mais je pense que Margaret Thatcher, dans l’affaire de la grève de la faim, a fait le bon choix. L’Etat ne peut céder au chantage, particulièrement lorsqu’un principe fondamental du droit est en cause. Et ce que vous appelez « inhumanité », je l’appelle « tragique ».

      [Une personnalité intéressante est celle de Ségolène Royal. Cette vraie bête politique, n’aurait certainement pas chouiné et encore moins à postériori, sachant que viser la plus haute fonction de l’État n’était pas compatible avoir les jérémiades. La preuve, les attaques les plus dures, et machistes pas qu’un peu, venant de son propre camp, elle s’est réservé pour plus tard les règlements de compte éventuels.]

      Royal est un peu la génération intermédiaire entre Thatcher et Schiappa. Elle est psychologiquement plus proche de Thatcher, mais elle a compris tout le profit qu’elle pouvait tirer du statut de « victime », et elle n’a pas hésité à l’utiliser. Royal fait partie des cyniques : c’est une traditionnaliste qui a compris tout le profit qu’elle peut tirer dans le contexte actuel de la vague « féministe de genre »…

      [Je suis parfois interloquée par le fait que ces dames qui “balancent leur porc” le fassent en effet avec tant de retard. Stars ou starlettes révélant des années plus tard qu’elles ont subi et enduré, parfois à plusieurs reprises les mains baladeuses d’un producteur…]

      Logique. C’est quand vous êtes arrivé en haut que vous pouvez vous permettre de critiquer l’échelle. Les starlettes médiocres qui voyaient dans le fait de « coucher » un moyen de passer devant d’autres plus talentueuses qu’elles ont souvent couché. Maintenant, au faîte de leur carrière elles peuvent se permettre de se poser en victimes de ce qui au départ n’était qu’un calcul plus ou moins cynique.

      [Est-ce du harcèlement, ou une certaine acceptation de la loi des promotions canapé, qui a cours dans les entreprises, dans les administrations?]

      « Loi des promotions canapé » ? Non, plutôt un accord commercial : j’ai quelque chose que tu veux, tu as quelque chose que je veux, il ne reste plus qu’à fixer les conditions de l’échange. La bonne vieille loi du marché.

      [Qu’une Catherine Deneuve émette, comme moi, quelques réserves sur les dénonciations tardives d’actrices serrées de près par un producteur notoirement connu pour son attitude, et c’était jugé si politiquement incorrect, qu’elle a dû présenter des explications voire des excuses.]

      Catherine Deneuve est bourrée de talent, et personne ne croit qu’elle est arrivée au pinacle parce qu’elle a couché avec un producteur. C’est pourquoi elle dérange celles qui l’ont fait.

      [Perso, moi, si mon patron voulait me masser les orteils, je trouverais cela bizarre.]

      Perso, si mon patron m’offrait une confortable promotion en échange de me laisser masser les orteils, je ne suis pas sûr de refuser…

      [Je suis sidérée quand j’entends une victime de T. Ramadan, violentée et violée, dire qu’elle est retournée demander des explications au même, qui lui a fait subir les mêmes attaques dans les mêmes conditions: un tête à tête dans la chambre d’hôtel de Ramadan. Franchement, l’attrait du pouvoir ou la subjugation peut conduire ce genre d’erreur, mais pourquoi aller se plaindre longtemps après, de préférence quand le sale type est tombé en disgrâce?]

      Parce que, quand on a fait une connerie, on a très envie de pouvoir rejeter la faute sur l’autre. Et si en plus cela vous permet de connaître votre quart d’heure de gloire médiatique…

      • VIO59 dit :

        J’ajouterai que la vraie victime n’est pas celle qui a accepté de coucher pour faire une belle carrière, mais celle que personne ne connaît parce que comme elle a refusé de coucher, sa carrière s’est arrêtée là.

        Et cela ne concerne pas que le milieu du show-business.

        • Descartes dit :

          @ VIO59

          [J’ajouterai que la vraie victime n’est pas celle qui a accepté de coucher pour faire une belle carrière, mais celle que personne ne connaît parce que comme elle a refusé de coucher, sa carrière s’est arrêtée là.]

          Tout à fait. Mais curieusement, ce n’est pas celle qu’on entend dans les médias. Il serait intéressant de comprendre pourquoi…

  5. Luxy Luxe dit :

    [les Irlandais grévistes de la faim, qui ne réclamaient que de ne pas être traités comme des détenus de droit commun et de conserver, avec un statut de prisonniers politiques, leurs vêtements civils, mourant l’un après l’autre, ne l’ont pas fait fléchir. Ce n’est pas un bon exemple de “tenue “, mais d’inhumanité].

    [En revanche, Simone Veil, tout en conservant une absolue dignité, et pourtant elle a subi, sans parler de son histoire, tant d’attaques ignobles, n’était pas exempte d’émotion. Cependant elle ne se prévalait pas tant de sa condition de femme que de celle d’être humain]

    Veil n’a jamais eu les responsabilités de Tatcher.

    Au demeurant, je me demande comment on réagirait aujourd’hui en France si les djihadistes que l’on va réimporter du Moyen-Orient décidaient de faire une grève de la faim en prison… Je suppose qu’on satisferait leurs revendications (par humanité)…

    • Descartes dit :

      @ Luxy Luxe

      [Au demeurant, je me demande comment on réagirait aujourd’hui en France si les djihadistes que l’on va réimporter du Moyen-Orient décidaient de faire une grève de la faim en prison… Je suppose qu’on satisferait leurs revendications (par humanité)…]

      C’est une bonne question. Serions-nous prêts à accorder à Salah Abdeslam le statut de « prisonnier politique » ? Et si la réponse est négative, en quoi la situation d’un Abdeslam est objectivement différente de celle d’un Bobby Sands ?

      L’exemple de la grève de la faim des prisonniers de l’IRA est intéressant parce qu’il montre le début de la dérive vers la culture de l’excuse. Thatcher avait été qualifié « d’inhumaine » alors qu’elle ne faisait qu’endosser jusqu’au bout le caractère tragique d’un mandat politique – et encore plus lorsqu’il s’agit du mandat suprême. J’ignore ce que Thatcher a pensé de l’affaire dans son for intérieur. A ma connaissance elle n’en a jamais parlé. Mais sa position fut parfaitement cohérente : « nous ne sommes pas disposés à octroyer un statut spécial à certains groupes purgeant une peine pour avoir commis un crime. Un crime est un crime, ce n’est pas politique ». J’ajoute que, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays, y compris chez nous, Thatcher a respecté jusqu’au bout la volonté des grévistes de la faim en refusant tout intervention médicale ou alimentation forcée.

      Je ne partage nullement les choix politiques de Thacher. Mais si on pense à son caractère, on se dit qu’on aimerait voir plus d’hommes et de femmes politiques de cette trempe…

      • VIO59 dit :

        Il aurait été scandaleux que Thatcher cède aux revendications des terroristes irlandais qui étaient des criminels alors qu’elle n’a eu aucune pitié pour les mineurs qui étaient des honnêtes gens.

        Je ne dis pas que les mineurs avaient raison de se battre pour conserver des emplois qui étaient condamnés car il ne restait presque plus de charbon au fond des mines et l’exploitation coûtait très cher en subventions. L’intérêt national commandait de verser ces dernières réserves dans la réserve stratégique pour le jour où la patrie en danger en aurait besoin.

        Je sais bien qu’ils ont fait cela dans l’espoir d’échapper au traitement abject des chômeurs par Mme Thatcher. Nous autres français connaissons cela très bien. Mais alors il aurait été légitime de se battre pour améliorer le sort des chômeurs, pas pour y échapper en réclamant le privilège illégitime de travailler à perte à vider la réserve stratégique du pays.

        Cependant je ne les juge pas.

        • Descartes dit :

          @ VIO59

          [Il aurait été scandaleux que Thatcher cède aux revendications des terroristes irlandais qui étaient des criminels alors qu’elle n’a eu aucune pitié pour les mineurs qui étaient des honnêtes gens.]

          Je ne crois pas qu’on doive faire une telle liaison. Les terroristes de l’IRA prétendaient renverser les institutions politiques de la Grande Bretagne par la force. Aucune autorité digne de ce nom ne peut tolérer pareils agissements ou même reconnaître que ceux-ci ont un fondement politique sans porter atteinte aux institutions qu’elle est censée défendre. Et de ce point de vue je préfère de loin Thatcher laissant mourir Bobby Sands que Lionel Jospin prêt à négocier un statut de la Corse sous la pression des terroristes.

          [Je ne dis pas que les mineurs avaient raison de se battre pour conserver des emplois qui étaient condamnés car il ne restait presque plus de charbon au fond des mines et l’exploitation coûtait très cher en subventions. L’intérêt national commandait de verser ces dernières réserves dans la réserve stratégique pour le jour où la patrie en danger en aurait besoin.]

          On peut discuter à l’infini de l’intérêt de maintenir une industrie charbonnière. Mais la politique thatchérienne présentait dans ce domaine deux défauts majeurs. La première, est que derrière le conflit minier l’objectif du gouvernement Thacher était de détruire les solidarités ouvrières, de mettre à genoux les syndicats, de paver la voie aux réformes libérales. La bataille contre les mineurs n’était qu’un prétexte. C’est pourquoi, contrairement à ce qui s’est passé en France, on n’a pas cherché en Grande Bretagne à ménager les travailleurs, à préserver leur dignité, au contraire. Le second défaut était que la politique d’arrêt des exploitations minières ne s’accompagnait d’aucun plan de reconversion. Les travailleurs licenciés par les mines n’avaient d’autre alternative que le chômage.

          [Mais alors il aurait été légitime de se battre pour améliorer le sort des chômeurs,]

          Et vous vous battez comment, pour « améliorer le sort des chômeurs » ? Un ouvrier peut faire grève. Mais une fois qu’il est chômeur, il ne peut plus rien faire pour faire valoir ses revendications. Je pense que vous faites une mauvaise lecture du conflit. Non, les réserves de charbon de la Grande Bretagne n’étaient pas en voie d’épuisement (elles restent énormes). L’exploitation était encore largement économique, même si elle ne pouvait pas concurrencer le charbon bon marché venu, par exemple, d’Afrique du Sud. Il faut par ailleurs se demander si les subventions aux mines déficitaires étaient plus lourdes que ce que coût du chômage massif provoqué par leur fermeture. Il n’est en rien évident que la politique thatchérienne ait été véritablement rationnelle du point de vue économique.

          Mais ce n’était pas l’économie qui a guidé le choix de provoquer le conflit. L’objectif était politique.

          • VIO59 dit :

            @Descartes

            [Un ouvrier peut faire grève. Mais une fois qu’il est chômeur, il ne peut plus rien faire pour faire valoir ses revendications. ]

            Hélas oui, personne n’a encore trouvé la solution à ce problème.

            Malheureusement quand une entreprise ne rapporte pas de profits mais coûte des subventions la grève ne sert plus à rien également.

            La grève des mineurs qui a duré un an a vidé le trésor de guerre des syndicats, un argent qui leur a ensuite fait défaut pour soutenir d’autres grèves là où elles auraient pu être utiles, dans les entreprises qui dégagent des profits.

            • Descartes dit :

              @ VIO59

              [Malheureusement quand une entreprise ne rapporte pas de profits mais coûte des subventions la grève ne sert plus à rien également.]

              Ca se discute. N’oubliez pas que l’équilibre financier d’une entreprise publique tient aussi à des choix politiques. Prenons par exemple les transports publics, largement subventionnés. La subvention ne résulte pas du fait que l’activité serait structurellement déficitaire, mais du choix fait par les pouvoirs publics de réduire le prix apparent du transport en faisant supporter une partie du coût réel de celui-ci par l’impôt, pour encourager les usagers à prendre les transports en commun. Dans ces conditions, on ne voit pas en quoi la grève serait moins efficace que dans une entreprise non subventionnée…

              En fait, l’efficacité de la grève ne tient pas au fait que l’entreprise fasse ou non du profit comptable, mais aux possibilités de substituer le service qu’elle prête. Si la grève des mineurs a échoué, c’est parce que le gouvernement avait la possibilité d’importer du charbon bon marché d’Afrique du Sud et d’ailleurs. La grève des hôpitaux – totalement subventionnés – a réussi parce que le gouvernement n’avait aucun moyen de les substituer.

  6. Pierre dit :

    Sauf erreur de ma part, les larmes de Duflot sont non pas liées à son “agression” mais à son sentiment de culpabilité d’avoir passé sous silence les rapports d’agressions que lui avaient transmises d’autres femmes du parti, partant du principe que l’ “agresseur” n’était pas bien nocif, elle-même ayant sû le repousser assez facilement.

    Dans ce genre de cas, et c’était la même chose avec l’histoire de la contre-pétition de Deneuve, les femmes qui savent résister se voient jeter au visage leur force de caractère par celles qui n’en ont pas, et qui veulent convaincre que face au prédateur masculin la femme est sans solutions.

    Duflot semblait avant tout exprimer ses regrets d’avoir considéré que toutes les femmes étaient en mesure de repousser ces avances, ce qui n’est manifestement pas le cas.

    • Descartes dit :

      @ Pierre

      [Sauf erreur de ma part, les larmes de Duflot sont non pas liées à son “agression” mais à son sentiment de culpabilité d’avoir passé sous silence les rapports d’agressions que lui avaient transmises d’autres femmes du parti, partant du principe que l’ “agresseur” n’était pas bien nocif, elle-même ayant sû le repousser assez facilement.]

      Ce n’est pas tout à fait ce que disent les journalistes judiciaires qui ont assisté à l’audience, mais admettons. Cela rend son cas encore pire : pleurer pour un traumatisme qu’on a subi, on peut à la rigueur comprendre. Pleurer pour un traumatisme qu’on s’est infligé soi-même… c’est un peu absurde.

      [Duflot semblait avant tout exprimer ses regrets d’avoir considéré que toutes les femmes étaient en mesure de repousser ces avances, ce qui n’est manifestement pas le cas.]

      « Regrets » ? Vous croyez vraiment que c’est une question de sentiments ? Non, c’est bien plus sordide que ça. Duflot, dans cette affaire, risque une accusation de complicité par omission. Car il pourrait lui être reproché de n’avoir rien fait alors qu’elle était à la tête d’EELV et qu’elle connaissait les faits. Par ses larmes, Duflot cherche d’abord à se laver des reproches qui pourraient lui être faits de complaisance envers le « porc », ce qui compromettrait très sérieusement la suite de sa carrière. Et pour cela, le « moi aussi, j’ai été sa victime » est fort opportun.

  7. Simon dit :

    Cher Descartes, vous êtes méchant, tout le monde peut pleurer.
    Regardez, cette affaire de la ligue du LOL m’a fait pleurer. Plusieurs fois

    Certes, pleurer de rire. Je ne sais pas quel est le passage le plus drôle.
    Les pleurnicheries de plumitifs médiocres, expliquant que deux touittes ont brisé leurs ambitions et qu’au lieu d’aller à Libération ils ont fait community manager ?
    Une « journaliste », blogueuse mode, se plaignant d’être harcelée sur la grossophobie ?
    Une « femme libérée », ayant fait science-po et se considérant donc comme le phare de la pensée, qui se sent obligée de mettre en exemple sa vie sexuelle sur touitteur et pleurniche sur le traumatisme subit en lisant les commentaires ?
    Ou le fait que ce soit les journaux de la gauche caviar (vous diriez de la partie des classes intermédiaires s’estimant créative), notamment Libé, les Inrocks et le HuffPost qui aient été touchés ? voir ces journalistes déconstructeurs, diversitaires et féministes de genre manger la tarte à la ***** qu’ils ont eux-mêmes préparés me met en joie –mauvaise.
    Ce qui m’inquiète, ce n’est pas qu’ils tombent, c’est les modalités de leurs chutes. Et ressortir contre quelqu’un des propos tenus 10 ans après pour le condamner, mettre à pied pour des touittes postés avant la prise de poste dans une mairie tout en s’excusant de ne pas les avoir licencié, cela ne peut que m’inquiéter.
    Sur Schiappa, l’entendre pleurnicher sur les attaques qu’elle subit tout en faisant tout pour énerver (peut-être à dessein, le Figaro indique que Philippe lui aurait dit « «Ton rôle est précieux, tu fais écran de fumée. Pendant que la droite et l’extrême droite te cherchent des ennuis, personne ne s’intéresse au reste ») est amusant. Elle qui découvre des convergences idéologiques entre les terroristes islamistes et la manif pour tous ne supporte pas que d’autres découvrent des convergences esthétiques entre son visage (et son œuvre littéraire) et des poupées gonflables. Indiquer qu’on se fiche des injures tout en annonçant des dépôts de plaintes systématiques est risible. Si elle ordonne vraiment les dépôts de plainte, j’hésite entre plaindre son cabinet ou dire « la loi est dure, mais c’est la leur ».

    L’hystérie actuelle sur l’antisémitisme m’étonne: tous les journaux dénoncent ensemble la hausse de 70%, sans la remettre dans un contexte, qui est que depuis 2001, il y a entre 200 et 1000 actes antisémites par an, il y 4-5 ans environ 800, 300 il y a 1 ou 2 ans, et que c’est remonté à 500. C’est d’un coup nettement moins inquiétant. Et cette hystérie ne peut qu’alimenter l’antisémitisme. Quand foutre le feu dans une cathédrale ou commettre un sacrilège particulièrement ignoble entraîne 10 fois moins de réactions qu’un tag ou qu’un tag sur un tag sur une boîte aux lettres, les réflexions comme « la clique ne réagit que si cela touche les juifs » sont inévitables, et que certains en tirent des conséquences erronées aussi. Les mêmes actes dans une synagogue auraient entraîné un concert de protestation inimaginable. L’un des seuls personnages médiatiques à faire preuve de décence a été Alain Finkielkraut, avec Gérard Larcher. Celui qui va sans doute expliquer avoir été traumatisé par les touittes reçus, Frédéric Lefebvre : https://twitter.com/FLefebvre_RF/status/1096862873152827399
    Le tout couplé à un abandon quasi-complet de la logique : https://www.dna.fr/edition-de-strasbourg/2019/02/16/un-arbre-contre-l-antisemitisme Je n’ai rien contre le Japon Showâ, aucune animosité vis-à-vis du shintoïsme mais je suis toujours dubitatif sur l’importation d’un animisme d’état, en plantant des arbres magiques pour chasser les méchantes pensées et le mauvais œil. Ils auraient au moins pu faire du vivre-ensemble en ajoutant un marabout et un sorcier vaudou, quelle chance gâchée…
    Pensez-vous que cette hystérie sur l’antisémitisme soit un contre-feu par rapport aux gilets jaunes, plutôt une occasion de dire « on est tous unis car on n’est pas antisémite » ou simplement l’expression du panurgisme de la clique, à peu près le même que celui observé dans le cas du « manspreading » ?

    Bien cordialement,
    Simon

    • Descartes dit :

      @ Simon

      [Les pleurnicheries de plumitifs médiocres, expliquant que deux touittes ont brisé leurs ambitions et qu’au lieu d’aller à Libération ils ont fait community manager ? Une « journaliste », blogueuse mode, se plaignant d’être harcelée sur la grossophobie ? Une « femme libérée », ayant fait science-po et se considérant donc comme le phare de la pensée, qui se sent obligée de mettre en exemple sa vie sexuelle sur touitteur et pleurniche sur le traumatisme subit en lisant les commentaires ?]

      Moi, ce qui me fait surtout rire c’est l’incroyable vanité de ces gens qui s’imaginent que leurs petits problèmes personnels sont une affaire d’Etat, que l’univers entier doit pleurer parce qu’ils ont reçu un tweet méchant ou qu’ils ont été la victime d’un canular d’un goût douteux. Ces gens sont tellement habitués à croire que l’axe du monde passe par leur nombril qu’ils ont du mal à comprendre que leur petit désagrément personnel n’intéresse qu’eux.

      [voir ces journalistes déconstructeurs, diversitaires et féministes de genre manger la tarte à la ***** qu’ils ont eux-mêmes préparés me met en joie –mauvaise.]

      C’est le propre de toutes les hystéries collectives. Il y a une première phase ou certains commencent à dénoncer les « méchants » et le public suit par adhésion morale. Il y a ensuite une deuxième étape ou les dénonciations se multiplient, et le public suit parce qu’il a peur d’être dénoncé à son tour. Enfin, dans la troisième étape les dénonciations commencent à devenir dangereuses pour l’équilibre même du système, et des forces puissantes interviennent alors et sonnent la fin de la récréation. On trouve ce schéma dans le McCarthysme américain de la fin des années 1949, dans les chasses aux sorcières des XVI-XVIIème siècles…

      [L’hystérie actuelle sur l’antisémitisme m’étonne: tous les journaux dénoncent ensemble la hausse de 70%, sans la remettre dans un contexte, qui est que depuis 2001, il y a entre 200 et 1000 actes antisémites par an, il y 4-5 ans environ 800, 300 il y a 1 ou 2 ans, et que c’est remonté à 500. C’est d’un coup nettement moins inquiétant.]

      En fait, lorsqu’on regarde la courbe on observe que l’indicateur oscille très largement d’une année sur l’autre, mais que la tendance sur vingt ans est à la baisse. Il faut aussi noter que l’indicateur n’est pas compilé par un service de l’Etat, mais par un « service de protection de la communauté juive » créé par le CRIF. Quand on connait les rapports qu’entretien le CRIF avec le gouvernement israélien, on ne s’étonne pas de la tendance qu’à l’indicateur a augmenter considérablement lorsqu’une élection générale est convoquée en Israel…

      [Pensez-vous que cette hystérie sur l’antisémitisme soit un contre-feu par rapport aux gilets jaunes, plutôt une occasion de dire « on est tous unis car on n’est pas antisémite » ou simplement l’expression du panurgisme de la clique, à peu près le même que celui observé dans le cas du « manspreading » ?]

      Le papier que j’ai publié aujourd’hui répond à la première question. Oui, je pense que l’agression contre Alain Finkielkraut est copieusement exploitée pour allumer un contre-feu. Mais il ne faut pas oublier non plus que le gouvernement israélien est en campagne électorale, et que l’antisémitisme a toujours été le cheval de bataille de la droite israélienne.

  8. cdg dit :

    je ne crois pas que Duflot soit faible (et pourtant je ne l apprecie pas du tout). Simplement elle fait du cinema devant les camera pour se tirer d un mauvais pas (elle etait l alliee de Baupin chez les verts pendant des annees et comme vous le dites, l affaire a eclate quand Baupin et Mme sont passé chez Hollande).

    • Descartes dit :

      @ cdg

      [je ne crois pas que Duflot soit faible (et pourtant je ne l apprecie pas du tout). Simplement elle fait du cinema devant les camera pour se tirer d un mauvais pas]

      Je le pense aussi. Mais pour que le “cinema” fonctionne, il faut que l’opinion publique soit prête à croire à sa “faiblesse”… et c’est cela pour moi le plus intéressant. Comment arrive-t-on à imaginer qu’une personne qui a été député, ministre, chef de parti et candidate à la présidence de la République soit en même temps une “faible femme” ?

  9. morel dit :

    Bien d’accord avec ce que vous exprimez mais je crains que l’époque soit aux « personnalités » mièvres ou, plus exactement (et cela va aussi dans le sens de mon intervention sur le post précédent concernant le « raisonnable » ) celles qui sont mises en avant.
    De mon avis cela correspond aussi avec les personnalités mièvres de Hollande et Macron . Je ne parle pas ici de leur politique.
    Si l’on veut bien se replonger dans les polémiques passées, j’ai l‘impression de quelque chose de plus consistant :
    Loi 1881 liberté de la presse, a propos du « blasphème » :
    Clemenceau : « Dieu se défendra bien lui-même. Il n’a pas besoin pour cela de la chambre des députés »
    Monseigneur Freppel, clérical alsacien : « Il n’a pas besoin d’être défendu par l’homme mais l’homme a le devoir de défendre Dieu »
    Député Lelièvre : « On ne fait pas de loi pour le bon Dieu »

    Ceci dit, non pas pour étaler ; ce que j’acquiers qui me semble profitable, j’ai toujours (avec parfois déception) essayé d’en faire part. *

    Le « caractère » les femmes comme des hommes est bien plus bigarré que ce qu’on veut nous dire. L’idéologie des « bons sentiments » au détriment de la raison est, malheureusement, prégnante,
    Dans ces conditions de pseudo-féminisme, j’ai, parfois, de fortes envies de jouer les « beauf »,

    • Descartes dit :

      @ morel

      [Bien d’accord avec ce que vous exprimez mais je crains que l’époque soit aux « personnalités » mièvres ou, plus exactement (et cela va aussi dans le sens de mon intervention sur le post précédent concernant le « raisonnable » ) celles qui sont mises en avant.]

      Tout à fait d’accord. La question à se poser est celle du pourquoi. Qu’est ce qui fait que cette « mièvrerie » est fonctionnelle dans l’idéologie néo-libérale de notre société mondialisée et hyper-médiatisée ? Comment se fait-il que dans une société qui ne jure que par la compétition et la force et où seul le résultat compte, l’opinion se plait à voir ses dirigeants pleurnicher ?

      [Le « caractère » les femmes comme des hommes est bien plus bigarré que ce qu’on veut nous dire. L’idéologie des « bons sentiments » au détriment de la raison est, malheureusement, prégnante,
      Dans ces conditions de pseudo-féminisme, j’ai, parfois, de fortes envies de jouer les « beauf »,]

      Vous aussi ? 😉

  10. Eh bien, puisque nous parlons “victimisation”, je mets les pieds dans le plat. Que pensez-vous de l’affaire Finkielkraut? Pour ma part, et bien qu’ayant de l’estime pour cet intellectuel (un vrai, qui connaît ses sujets), j’ai été très déçu de la façon dont il a médiatisé l’affaire, surtout pour déclarer “qu’il avait pris conscience de la violence de l’agression en voyant la vidéo” (!). Qu’il prenne la parole pour dénoncer la violence verbale dont il a été l’objet, passe encore. Qu’on en fasse une preuve de la résurgence inquiétante de l’antisémitisme en France, non. Surtout qu’ensuite on entend toutes sortes d’amalgame, ainsi Delahousse citant pèle-mêle “les insultes envers Finkielkraut, les croix gammées taguées sur l’image de Simone Veil, les agressions de policiers, un drapeau européen brûlé…”. On voit bien là le terrorisme intellectuel le plus abject en action: gilets jaunes = antisémites = anti-UE = nazis. La bien-pensance totalitaire dans toute sa splendeur. Et je passe sur l’indécence de certaines réactions, comme Michel Jonasz déclarant “heureusement que ma mère [juive de Hongrie dont une partie de la famille a été déportée] n’est plus de ce monde, elle serait effondrée de voir ça.” Comme si c’était comparable! Ah, heureusement que Charles Martel n’est plus de ce monde, s’il voyait la gueule des “Français” qui peuplent les banlieues…

    Par ailleurs, dans les propos peu amènes qu’a essuyé Finkielkraut, il y avait des remarques antisionistes, pas véritablement de propos antisémites. J’ai tout à fait conscience que certains antisémites utilisent l’antisionisme comme paravent. Mais j’attire l’attention sur le fait qu’il est extrêmement dangereux de condamner pénalement les gens sur la base de ce que l’on imagine qu’il y a derrière la parole. Si on condamnait pour antisémitisme des gens qui tiennent des propos antisionistes, en estimant que “cette expression antisioniste masque EN RÉALITÉ que ces gens ont une PENSÉE antisémite”, ce serait gravissime. Que l’on condamne les gens pour ce qu’ils font ou ce qu’ils disent publiquement, pas pour ce qu’on croit deviner derrière leurs paroles. Il faut accepter que l’ambiguïté profite même à des gens peu recommandables.

    Personne à mon sens n’a relevé ce qu’il y avait de plus inquiétant dans les propos tenus par le malotrus (un barbu musulman soit dit en passant, une coïncidence naturellement): “Dieu te punira”. Mais qu’est-ce que Dieu vient faire là-dedans? Qu’est-ce que Dieu a à voir avec les gilets jaunes ou le sionisme?

    Les jérémiades de certains juifs sont lassantes. Et voir Macron le visage grave revêtir la kippa pour aller alimenter la paranoïa ambiante chez certains juifs avant les traditionnelles promesses de “punir impitoyablement les auteurs de ces actes odieux qui nous rappellent les heures sombres” au dîner du CRIF, c’est insupportable, je le dis franchement. Concernant les croix gammées sur les tombes et sur la pauvre Simone, et s’il ne faut pas exclure l’acte d’antisémites fervents, on ne saurait non plus écarter la piste de “petits cons” à peine sortie de l’adolescence qui cherchent la provoc’, et ce ne serait pas la première fois. La haine, ça existe, mais n’oublions pas que la bêtise est souvent bien plus répandue. Comme dit Dussolier dans un film dont le titre m’échappe: “on pourrait construire des établissements pour interner les cons, mais vous imaginez la taille des bâtiments…”. Je pense qu’il serait plus sérieux et plus productif de traiter la plupart de ces actes comme des âneries qui ne méritent pas la publicité qu’on leur fait. Gardons l’indignation pour les faits graves, quand une synagogue est plastiquée, quand un juif est battu ou assassiné parce que juif.

    Tout ça pour dire que, ces jours-ci, le discours victimaire porté par les représentants de la communauté juive, les gens qui déclarent avec des trémolos dans la voix que de tels actes sont impensables (comme s’il n’y avait pas eu d’antisémitisme dans les années 70 ou 80…), quand les profanations de cimetières chrétiens ou les dégradations d’églises laissent une grande partie de l’opinion indifférente, ça me gonfle. Et je pense que de telles réactions alimentent l’antisémitisme.

    Les juifs ne devraient pas pleurnicher: Israël, la Terre promise, les attend, eux. Moi, mon “foyer national”, il est ici, et je suis condamné à voir ma culture disparaître, puisque l’homme blanc catholique est de trop dans notre chère République multiculturelle et métissée.

    Voilà, c’était mon coup de gueule du jour.

    • Descartes dit :

      @ nationaliste-ethniciste

      [Eh bien, puisque nous parlons “victimisation”, je mets les pieds dans le plat. Que pensez-vous de l’affaire Finkielkraut?]

      D’abord, je trouve extraordinaire sa curiosité. Il n’y a pas beaucoup d’intellectuels aujourd’hui pour aller sur le terrain pour voir de leurs propres yeux l’histoire en train de se faire. Qu’il ait été regarder la manifestation des « gilets jaunes » après avoir été voir avec les mêmes yeux la « nuit debout », c’est tout à son honneur.

      Maintenant, sur les faits eux-mêmes, je suis assez perplexe. Ce n’est pas la première fois, loin de là, qu’on injurie ou qu’on chasse un intellectuel d’une manifestation parce que ses idées déplaisent. Et certains de ceux qui se drapent aujourd’hui d’indignation vertueuse devraient se souvenir comment ils ont chassé en 1968 Louis Aragon, le plus grand poète français du XXème siècle, aux cris de « stalinien » et de « vieux con ». Aragon leur avait répondu d’ailleurs avec beaucoup d’intelligence : « messieurs, c’est avec les jeunes cons qu’on fait les vieux cons, plus tard… ». Et il n’est pas rare que la venue d’intellectuels d’extrême droite pour des conférences ou des signatures d’ouvrages fassent l’objet de manifestations plus ou moins violentes. Ce n’est donc pas la violence en elle-même – qui, faut-il le signaler, dans le cas de Finkielkraut est restée verbale –qui est en cause, mais ce qu’elle recouvre.

      Faut-il en faire une agression « antisémite » ? Personnellement, j’ai mes doutes. Le problème, c’est que les juifs de France sont piégés par une injonction paradoxale à la fidélité absolue à l’Etat d’Israël. Une injonction qui est « paradoxale » en ce qu’elle vient autant des antisémites que des sionistes : pour les uns comme pour les autres, un juif qui s’opposerait à Israël ne peut être qu’un « faux juif », voire un « mauvais juif ». C’est à partir de cette injonction que se construit la (fausse) équivalence « sioniste=juif » et par opposition « antisioniste=antisémite ». Une équivalence qui est voulue et exploitée à la fois par les officines dépendantes de l’Etat d’Israel comme le CRIF et par les antisémites musulmans.

      Personnellement, je viens d’une famille ancrée dans la tradition des juifs qui ont rejeté le sionisme, et qui ont combattu cette fausse équivalence précisément parce qu’ils l’estimaient dangereuse pour les juifs eux-mêmes, en ce qu’elle avait tendance à valider le préjugé selon lequel les juifs ne sont pas des véritables citoyens dans la mesure où leur loyauté ne va pas au pays où ils sont installés, mais à un pays étranger. C’est à cette tradition que se rattache une grande partie des juifs de France, qui n’ont aucune intention d’émigrer, de prendre la nationalité israélienne, ou de se faire enterrer là bas. Mais parce que ces juifs sont largement assimilés, ils sont invisibles et leur voix n’est pas entendue alors que le CRIF s’attribue, avec la bénédiction des pouvoirs publics, le monopole de la représentation.

      [Pour ma part, et bien qu’ayant de l’estime pour cet intellectuel (un vrai, qui connaît ses sujets), j’ai été très déçu de la façon dont il a médiatisé l’affaire, surtout pour déclarer “qu’il avait pris conscience de la violence de l’agression en voyant la vidéo” (!). Qu’il prenne la parole pour dénoncer la violence verbale dont il a été l’objet, passe encore. Qu’on en fasse une preuve de la résurgence inquiétante de l’antisémitisme en France, non.]

      Qu’il ait « prix conscience de la violence de l’agression en voyant la vidéo » ne me surprend pas. Sur le moment, la surprise – et la surdité – aidant, je pense que Finkielkraut n’a pas entendu ou compris ce qui était dit. Quant à la question de l’antisémitisme, je peux comprendre qu’un homme dont les grands parents sont morts à Auschwitz et dont le père y est revenu garde la marque de cet antisémitisme-là et puisse être terrifié par tous les signes qui pourraient indiquer sa résurgence. Cela étant dit, il s’est maintenu en marge de tout le cirque médiatique et je pense que c’est en grande partie parce qu’il percevait dans ce cirque une tentative de récupération.

      [On voit bien là le terrorisme intellectuel le plus abject en action: gilets jaunes = antisémites = anti-UE = nazis. La bien-pensance totalitaire dans toute sa splendeur.]

      Tout à fait. Le cas du drapeau européen est particulièrement désopilant, dans la mesure ou le drapeau bleu aux étoiles est une invention des démocrates-chrétiens à partir des emblèmes mariaux, et que c’est dans ce parti que beaucoup d’anciens nazis se sont réfugiés pour poursuivre leur carrière politique après la guerre…

      [Et je passe sur l’indécence de certaines réactions, comme Michel Jonasz déclarant “heureusement que ma mère [juive de Hongrie dont une partie de la famille a été déportée] n’est plus de ce monde, elle serait effondrée de voir ça.” Comme si c’était comparable!]

      Je suis persuadé par ailleurs que la pauvre femme préférerait être encore de ce monde, quitte à « voir ça », que d’être morte. Mais bon, si on commence à demander aux chanteurs de faire preuve de logique, on a du mouron à se faire…

      [Par ailleurs, dans les propos peu amènes qu’a essuyé Finkielkraut, il y avait des remarques antisionistes, pas véritablement de propos antisémites.]

      C’est ambigu. L’agresseur a utilisé des expressions comme « enculé de ta race ». Or, à ma connaissance personne ne soutien que les « sionistes » soient une « race », contrairement aux juifs… Je ne serais pas étonné d’apprendre que l’agresseur est effectivement antisémite, et que sa haine pour Finkielkraut s’étend à l’ensemble des juifs, qu’ils soient sionistes ou antisionistes. Mais son expression n’était pas franchement antisémite.

      [Mais j’attire l’attention sur le fait qu’il est extrêmement dangereux de condamner pénalement les gens sur la base de ce que l’on imagine qu’il y a derrière la parole. Si on condamnait pour antisémitisme des gens qui tiennent des propos antisionistes, en estimant que “cette expression antisioniste masque EN RÉALITÉ que ces gens ont une PENSÉE antisémite”, ce serait gravissime.]

      Tout à fait. Mais malheureusement, c’est là qu’on va. Et pas seulement à propos de l’antisémitisme. L’avalanche de lois « mémorielles », mais aussi de procédures judiciaires contre des universitaires qui se sont permis d’inclure dans leurs travaux des faits historiques incontestables mais qui dérangent la « mémoire reconstituée » de certains groupes préparent la voie à une police de la pensée.

      [Personne à mon sens n’a relevé ce qu’il y avait de plus inquiétant dans les propos tenus par le malotrus (un barbu musulman soit dit en passant, une coïncidence naturellement): “Dieu te punira”. Mais qu’est-ce que Dieu vient faire là-dedans? Qu’est-ce que Dieu a à voir avec les gilets jaunes ou le sionisme?]

      C’est en effet un point sur lequel nos médias n’ont pas beaucoup insisté… et pour cause. Chez les bienpensants, on n’a pas envie de constater que l’antisémitisme aujourd’hui est d’abord un antisémitisme musulman, qui prend racine dans le conflit israélo-palestinien. C’est pourquoi le combat contre l’antisémitisme passe médiatiquement par les références à la Shoah où à l’extrême droite des années 1930.

      [Les jérémiades de certains juifs sont lassantes. Et voir Macron le visage grave revêtir la kippa pour aller alimenter la paranoïa ambiante chez certains juifs avant les traditionnelles promesses de “punir impitoyablement les auteurs de ces actes odieux qui nous rappellent les heures sombres” au dîner du CRIF, c’est insupportable, je le dis franchement.]

      Je suis d’accord. Et j’imagine que les arrière-pensées électorales en vous auront pas échappé…

      [Concernant les croix gammées sur les tombes et sur la pauvre Simone, et s’il ne faut pas exclure l’acte d’antisémites fervents, on ne saurait non plus écarter la piste de “petits cons” à peine sortie de l’adolescence qui cherchent la provoc’, et ce ne serait pas la première fois. La haine, ça existe, mais n’oublions pas que la bêtise est souvent bien plus répandue. Comme dit Dussolier dans un film dont le titre m’échappe: “on pourrait construire des établissements pour interner les cons, mais vous imaginez la taille des bâtiments…”.]

      Tout à fait. Si on laisse de côté l’antisémitisme musulman, aujourd’hui l’antisémitisme « diffus » est l’affaire de paumés et d’imbéciles. Lorsque les auteurs des profanations ont pu être identifiés, c’est à chaque fois des adolescents paumés, des alcooliques, des débiles divers. L’antisémitisme « institutionnel » est mort et bien mort.

      [Je pense qu’il serait plus sérieux et plus productif de traiter la plupart de ces actes comme des âneries qui ne méritent pas la publicité qu’on leur fait. Gardons l’indignation pour les faits graves, quand une synagogue est plastiquée, quand un juif est battu ou assassiné parce que juif.]

      Oui, tout à fait d’accord. Je dois d’ailleurs vous avouer une chose terrible : je suis juif, je n’en fais pas un secret, ma famille de même… et personne n’a peur de se faire attaquer/discriminer/insulter.

      [Tout ça pour dire que, ces jours-ci, le discours victimaire porté par les représentants de la communauté juive, les gens qui déclarent avec des trémolos dans la voix que de tels actes sont impensables (comme s’il n’y avait pas eu d’antisémitisme dans les années 70 ou 80…), quand les profanations de cimetières chrétiens ou les dégradations d’églises laissent une grande partie de l’opinion indifférente, ça me gonfle. Et je pense que de telles réactions alimentent l’antisémitisme.]

      Tout à fait d’accord. En fait, lorsqu’on regarde l’indicateur, si le nombre d’actes antisémites varie d’année en année, la tendance générale est à la baisse depuis vingt ans.

      [Les juifs ne devraient pas pleurnicher: Israël, la Terre promise, les attend, eux.]

      Là, par contre, je dois m’insurger. Israël n’est certainement pas ma terre promise, et si Israël m’attend, il risque d’attendre très longtemps. Et je suis persuadé que mon point de vue est partagé par la grande majorité des juifs français. Je vous dirais plus : j’ai visité Israël – accompagnant mon père pour voir des cousins éloignés que je ne connaissais pas. Je n’ai rien retrouvé de ma culture. Ni la culture, ni la gastronomie, ni le climat, ni l’architecture, ni la langue n’est celle du village polonais ou russe dont parlaient mes grands-parents. Je ne me suis pas senti plus chez moi qu’en visitant l’Algérie ou la Jordanie…

      [Moi, mon “foyer national”, il est ici,]

      Le mien aussi.

      • @ Descartes,

        “D’abord, je trouve extraordinaire sa curiosité.”
        C’est une question que je me suis posé en voyant les images: était-il venu voir la manifestation ou passait-il là par hasard? On voit qu’il est un peu abasourdi par la réaction violente des manifestants, que je trouve regrettable. Mais Alain Finkielkraut avait été chassé sans ménagement de Nuit Debout, et je ne me souviens pas que ce mouvement eût été marqué du sceau de l’antisémitisme… Il y a une chose qui est intéressante avec Finkielkraut: il est traité de réac, de “facho”, de conservateur par la gauche bien-pensante, mais là, alors qu’il était victime des “vilains gilets jaunes”, il a eu droit à un soutien unanime. Étonnant, n’est-ce pas?

        “Personnellement, j’ai mes doutes. Le problème, c’est que les juifs de France sont piégés par une injonction paradoxale à la fidélité absolue à l’Etat d’Israël.”
        De ce point de vue là, je crains que Finkielkraut – et encore une fois, c’est à mes yeux un homme estimable – soit parfois prisonnier de cette idée qu’un juif a forcément un “rapport spécial” avec Israël. En revanche, Finkielkraut est conscient que l’antisémitisme actuel vient des populations musulmanes, contrairement à d’autres juifs – j’en ai entendu certains à la radio – qui voient les musulmans d’aujourd’hui comme les victimes du même rejet que les juifs jadis et qui plaident pour une sorte de “front victimaire” judéo-musulman incriminant l’intolérance intrinsèque des sociétés chrétiennes occidentales.

        “parce qu’ils l’estimaient dangereuse pour les juifs eux-mêmes, en ce qu’elle avait tendance à valider le préjugé selon lequel les juifs ne sont pas des véritables citoyens dans la mesure où leur loyauté ne va pas au pays où ils sont installés, mais à un pays étranger.”
        Eh bien, ils avaient raison. Personnellement, je ne suis pas antisioniste, au sens où je ne souhaite pas spécialement la fin de l’Etat d’Israël. En tant qu’historien, je comprends les raisons historiques qui ont conduit à la création d’Israël, et j’admire jusqu’à un certain point le courage et la volonté de ceux qui ont bâti et défendu ce pays (Ben Gourion, Dayan…). Mais je crois que la création d’Israël n’est finalement pas une bonne chose pour les juifs eux-mêmes. D’abord, cela a entraîné la transplantation de juifs ashkénazes “européens” dans un milieu oriental qui leur est étranger (ce que vous exprimez me semble-t-il quand vous évoquez votre visite en Israël). Ensuite, elle a entraîné l’exil des juifs orientaux (Egypte, Irak, Yémen, Ethiopie) qui, eux, n’avaient pas connu la Shoah et n’étaient pas nécessairement en mauvais terme avec les populations musulmanes (ajoutons que le départ des juifs a réduit la diversité religieuse de ces contrées, et là encore, rétrospectivement, ce n’était pas forcément une bonne chose). Et comme vous le dites, Israël fait planer la suspicion sur les juifs de la diaspora, en les désignant comme des “Israéliens en puissance” et donc des étrangers/traîtres potentiels aux yeux des non-juifs… Finalement, l’existence d’Israël ne clôt pas vraiment la question juive.

        “C’est à cette tradition que se rattache une grande partie des juifs de France, qui n’ont aucune intention d’émigrer, de prendre la nationalité israélienne, ou de se faire enterrer là bas.”
        Je sais que ce n’est pas facile, mais il faut que ces gens-là s’expriment. Il faut qu’ils disent haut et fort que le CRIF est une officine à la solde d’Israël qui ne représente qu’une minorité de juifs de France. Je vous assure que c’est en échangeant avec vous que j’ai pris conscience du fait que le CRIF, en réalité, n’était pas la voix des juifs de France. Quand on écoute les médias, les politiques, les intellectuels, on a vraiment l’impression que le CRIF est le porte-parole de la majorité des juifs français. Quant à ceux qui dénoncent le CRIF et qu’on entend parfois, force est de constater que, pour le coup, ce sont souvent des antisémites.

        “le CRIF s’attribue, avec la bénédiction des pouvoirs publics, le monopole de la représentation.”
        Je comprends les intérêts du CRIF et de ses maîtres. Mais les pouvoirs publics français? Qu’espèrent-ils en reconnaissant comme interlocuteur officiel une organisation qui au final met de l’huile sur le feu et fait en permanence du chantage à l’antisémitisme (et en creux met en accusation l’Etat)? Je ne peux pas croire que les hauts fonctionnaires du Ministère de l’Intérieur ignorent que le CRIF ne représente au final pas grand-monde.

        “L’avalanche de lois « mémorielles », mais aussi de procédures judiciaires contre des universitaires qui se sont permis d’inclure dans leurs travaux des faits historiques incontestables mais qui dérangent la « mémoire reconstituée » de certains groupes préparent la voie à une police de la pensée.”
        Non seulement c’est terrifiant du point de vue des atteintes aux libertés fondamentales, mais le résultat est et sera un naufrage intellectuel. La mémoire, c’est très important, à condition de ne pas tuer l’intelligence.

        “Je dois d’ailleurs vous avouer une chose terrible : je suis juif,”
        Je dois moi aussi vous avouer une chose: je le savais.

        “je n’en fais pas un secret, ma famille de même… et personne n’a peur de se faire attaquer/discriminer/insulter”
        Comment? Vous voulez dire que vous ne tremblez pas chaque fois que vous sortez de chez vous, que vous ne marchez pas la peur au ventre dans les rues de France? Qu’en un mot, vous n’êtes pas une victime? Eh bien, je ne vous félicite pas. Laissez-moi vous dire, Descartes, qu’aux yeux du CRIF, vous et les vôtres devez être de bien mauvais juifs…

        “Israël n’est certainement pas ma terre promise, et si Israël m’attend, il risque d’attendre très longtemps. Et je suis persuadé que mon point de vue est partagé par la grande majorité des juifs français.”
        Je vous crois volontiers. J’avoue que j’ai voulu vous provoquer un petit peu, j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur. Mais encore une fois, même si je conçois que ce ne soit pas simple, il faut que davantage de juifs français s’expriment comme vous le faites. Je connais très mal les juifs de France. Existe-t-il des associations juives, laïques, républicaines, qui, sans être antisionistes fanatiques, prennent leur distance avec Israël, refusent le piège que vous signalez et rejettent le CRIF et ses prétentions? Malheureusement, pour beaucoup de Français je le crains, le CRIF apparaît comme réellement représentatif. Et c’est une mauvaise chose, parce que tous les juifs pourraient en pâtir.

        • Descartes dit :

          @ nationaliste-ethniciste

          [C’est une question que je me suis posé en voyant les images: était-il venu voir la manifestation ou passait-il là par hasard? On voit qu’il est un peu abasourdi par la réaction violente des manifestants, que je trouve regrettable.]

          Je pense qu’il a dû venir voir la manifestation. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que cela lui arrive de pointer son nez par curiosité dans une manifestation. Je me souviens même de l’avoir perçu une fois dans une fête communiste. Je suis convaincu qu’un homme aussi curieux de ce qui se passe autour de lui et qui refuse d’en prendre connaissance à travers des médias ou d’internet doit assez logiquement avoir envie d’un contact direct.

          [« Personnellement, j’ai mes doutes. Le problème, c’est que les juifs de France sont piégés par une injonction paradoxale à la fidélité absolue à l’Etat d’Israël. » De ce point de vue-là, je crains que Finkielkraut – et encore une fois, c’est à mes yeux un homme estimable – soit parfois prisonnier de cette idée qu’un juif a forcément un “rapport spécial” avec Israël.]

          Certainement. Et avant de lui jeter la pierre, je me souviens que j’ai sur lui l’avantage d’une génération. Avoir des grands parents morts à Auschwitz, avoir un père qui est revenu pour le raconter doit laisser une marque indélébile. Je peux comprendre que pour les gens de la génération de Finkielkraut avoir quelque part dans le monde un refuge prêt à les accueillir « au cas où » n’a pas tout à fait la même résonance pour moi que pour lui.

          [En revanche, Finkielkraut est conscient que l’antisémitisme actuel vient des populations musulmanes, contrairement à d’autres juifs – j’en ai entendu certains à la radio – qui voient les musulmans d’aujourd’hui comme les victimes du même rejet que les juifs jadis et qui plaident pour une sorte de “front victimaire” judéo-musulman incriminant l’intolérance intrinsèque des sociétés chrétiennes occidentales.]

          Oui, tout à fait conscient. Finkielkraut est un penseur atypique dans notre monde. D’un côté, il n’adhère pas comme vous le signalez au mythe d’un « antisémitisme éternel » en continuité avec celui des années 1930 et refuse ce « front victimaire ». Mais de l’autre, il ne tombe pas dans la logique de l’exclusivité victimaire des juifs, comme le montre sa réaction aux propos de Schiappa dont le lien a été donné par un autre commentateur, réaction où il marque bien le scandale qui constitue pour lui le « deux poids deux mesures » appliqué aux profanations de leiux de culte catholique. C’est son anticonformisme qui le rend difficilement récupérable et finalement sulfureux autant pour la droite que pour la gauche.

          [Mais je crois que la création d’Israël n’est finalement pas une bonne chose pour les juifs eux-mêmes. (…)]

          En addition aux éléments que vous citez, j’ajouterais un qui me paraît de taille : la création de l’Etat d’Israël a soumis les dirigeants juifs à la logique étatique, ce qui implique une dose importante de realpolitik. Et cela a tué l’humanisme juif, qui a plu fleurir précisément parce que les juifs n’avaient pas à affronter le caractère tragique de l’exercice du pouvoir. Les grands penseurs, les grands intellectuels, les grands scientifiques juifs sont tous produits de la diaspora. En un demi-siècle d’existence, l’Etat d’Israël n’a pas produit un seul humaniste.

          [Je sais que ce n’est pas facile, mais il faut que ces gens-là s’expriment. Il faut qu’ils disent haut et fort que le CRIF est une officine à la solde d’Israël qui ne représente qu’une minorité de juifs de France.]

          La difficulté, c’est que les juifs « assimilés » ne sont guère organisés. En effet, si vous êtes un juif orthodoxe, vous n’acceptez de faire du sport qu’entre juifs, de jouer de la musique entre juifs, de manger entre juifs. Les juifs « communautaires » ont donc tendance à créer des associations des clubs, des institutions représentatives. Les juifs « assimilés » vont faire du sport dans le club de leur ville ou de leur entreprise, vont jouer de la musique au conservatoire municipal, et vont à la cantine comme tout le monde. Ils n’ont donc pas de vie associative « communautaire ». En fait, les seules organisations juives non communautaires que je connaisse sont la CCE et l’UJRE. La CCE (« Commission centrale de l’enfance ») est une organisation créée après la guerre pour accueillir et encadrer les enfants juifs et tout particulièrement ceux qui avaient perdu des parents. La CCE a créé des orphelinats, des colonies de vacances… aujourd’hui, la CCE est essentiellement une association culturelle, regroupant les descendants de ces enfants et des activistes qui les ont accueillis. L’UJRE (« Union des juifs pour la résistance et l’entraide » ) a été créée pour organiser la résistance des juifs pendant la guerre, succédant en cela la « section juive » du PCF. L’UJRE participait au CRIF jusqu’au début des années 2000, mais estimant ce dernier trop inféodé aux israéliens elle quitte l’organisation en 2008.

          L’UJRE s’exprime régulièrement contre la politique israélienne et soutient la solution à deux états dans le cadre des accords d’Oslo, ce qui lui vaut régulièrement des attaques – y compris physiques – des groupes d’extrême droite juive tels le Betar ou la LDJ. Bien entendu, son expression est systématiquement boycottée par les médias, qui ne tiennent pas à se fâcher avec le CRIF…

          [Quand on écoute les médias, les politiques, les intellectuels, on a vraiment l’impression que le CRIF est le porte-parole de la majorité des juifs français.]

          Et bien, c’est faux. Le CRIF ne représente tout au plus que les « institutions juives ». Ce qui laisse de côté la majorité des juifs français, qui sont assimilés et n’ont pas de vie « institutionnelle » spécifiquement « juive »…

          [« le CRIF s’attribue, avec la bénédiction des pouvoirs publics, le monopole de la représentation. » Je comprends les intérêts du CRIF et de ses maîtres. Mais les pouvoirs publics français?]

          N’oubliez pas que les juifs « assimilés » votent en tant que français, mais les juifs « communautaires » votent en tant que juifs. Et le poids électoral de la communauté juive sans être déterminant est loin d’être négligéable.

          [Comment? Vous voulez dire que vous ne tremblez pas chaque fois que vous sortez de chez vous, que vous ne marchez pas la peur au ventre dans les rues de France? Qu’en un mot, vous n’êtes pas une victime?]

          Ben non… je devrais ? Je dois avouer qu’après plus de quarante années passées dans ce pays, j’attends toujours l’antisémite qui viendra m’agresser…

          [Laissez-moi vous dire, Descartes, qu’aux yeux du CRIF, vous et les vôtres devez être de bien mauvais juifs…]

          Cela m’a déjà été dit, la dernière fois par un nervis de la LDJ et dans des termes pas très différents de ceux qui ont été utilisés par l’agresseur de Finkielkraut…

          [Je vous crois volontiers. J’avoue que j’ai voulu vous provoquer un petit peu, j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur.]

          Bien sur que non. On se connaît trop pour se fâcher pour si peu…

          [Mais encore une fois, même si je conçois que ce ne soit pas simple, il faut que davantage de juifs français s’expriment comme vous le faites. Je connais très mal les juifs de France. Existe-t-il des associations juives, laïques, républicaines, qui, sans être antisionistes fanatiques, prennent leur distance avec Israël, refusent le piège que vous signalez et rejettent le CRIF et ses prétentions?]

          Je vous en ai donné des exemples plus haut. Personnellement je ne connais que celles qui tournent dans l’orbite du PCF, mais j’imagine qu’il en existe d’autres.

          • morel dit :

            Je ne connais pas le sentiment actuel d’Alain Finkielkraut à l’égard du CRIF mais je mets à son actif sa déclaration de mars 2005 au journal communautaire l’Arche :« Le pavillon d’Armenonville est une merveilleuse salle de Bar Mitzvah. Voir cet endroit transformé annuellement en une espèce de tribunal dînatoire où les membres du gouvernement français comparaissent devant un procureur communautaire, cela me met très mal à l’aise. ».

            Je crois qu’il faut avoir un jugement extrêmement réservé sur la représentativité réelle de type CRIF, idem même s’il y a des différences CFCM : les indifférents les fuient et les plus conservateurs les ont investis et ont eu le dessus :Théo Klein, partisan de la paix ancien représentant du CRIF, rompt avec cet organisme en 2012 ;idem pour le consistoire central israélite de France, institution historique qui quitte le CRIF en 2004 car ce dernier s’oppose à l’initiative de Genève pour une paix à deux Etats,

            • Descartes dit :

              @ morel

              [Je ne connais pas le sentiment actuel d’Alain Finkielkraut à l’égard du CRIF mais je mets à son actif sa déclaration de mars 2005 au journal communautaire l’Arche :« Le pavillon d’Armenonville est une merveilleuse salle de Bar Mitzvah. Voir cet endroit transformé annuellement en une espèce de tribunal dînatoire où les membres du gouvernement français comparaissent devant un procureur communautaire, cela me met très mal à l’aise. ».]

              C’est ce que j’aime chez Finkielkraut, c’est qu’avec lui c’est toujours complexe. Et je trouve la formule « tribunal dînatoire » particulièrement efficace.

              [Je crois qu’il faut avoir un jugement extrêmement réservé sur la représentativité réelle de type CRIF,]

              C’est d’autant plus difficile à connaître sa « représentativité » que les contours de la collectivité juive française sont très difficiles à tracer. Car on arrive très vite à la question « qu’est-ce que c’est qu’un juif », et à cette question il n’y a pas de réponse satisfaisante. Il ne faut pas oublier que le judaïsme est selon les contextes à un concept culturel, religieux ou ethnique. Faut-il compter comme « juifs » les français qui se reconnaissent culturellement comme tels mais qui n’ont aucune pratique religieuse ? Selon la réponse qu’on fournit à cette question, les effectifs de la collectivité juive française passent du simple au double…

              [Théo Klein, partisan de la paix ancien représentant du CRIF, rompt avec cet organisme en 2012 ;idem pour le consistoire central israélite de France, institution historique qui quitte le CRIF en 2004 car ce dernier s’oppose à l’initiative de Genève pour une paix à deux Etats,]

              Tout à fait. Il fut un temps ou le CRIF était véritablement représentatif, regroupant en son sein des organisations plutôt laïques et humanistes comme l’UJRE, des organisations religieuses libérales comme le Consistoire central, a côté des organisations sionistes. Avec le temps, les humanistes et libéraux sont partis, et il n’est resté que les fanatiques.

          • morel dit :

            « C’est ce que j’aime chez Finkielkraut, c’est qu’avec lui c’est toujours complexe »

            Il y a de ça. c’est assez amusant de voir comme il est si peu consensuel : polémiste avec ses excès. Ici, certains voient en lui qui l’homme d’Israël, d’autres là-bas l’accusent de complaisance envers les Palestiniens :

            https://infos-israel.news/de-nouveau-alain-finkielkraut-confirme-que-lantisemitisme-en-france-est-lie-a-la-politique-israelienne-contre-les-palestiniens/

            Prôner la solution à deux Etats, dire tout de go que « la politique actuelle en Israël n’aide pas les juifs de France »…

            Au-delà, on peut être parfois d’accord, parfois, non.

            « Et je trouve la formule « tribunal dînatoire » particulièrement efficace. »

            L’élection de notre compatriote à l’Académie française est méritée.

            • Descartes dit :

              @ morel

              [« C’est ce que j’aime chez Finkielkraut, c’est qu’avec lui c’est toujours complexe » Il y a de ça. c’est assez amusant de voir comme il est si peu consensuel : polémiste avec ses excès. Ici, certains voient en lui qui l’homme d’Israël, d’autres là-bas l’accusent de complaisance envers les Palestiniens : (…)]

              C’est que dans une société de simplification, tout ce qui est complexe ne peut être consensuel. La logique médiatique aujourd’hui est manichéenne : il faut répondre à tout par oui ou non, se placer du côté du bien ou du côté du mal. Il n’y a pas de place pour les nuances, pour la subtilité. Finkielkraut refuse ce jeu : il n’est ni tout à fait sioniste, ni tout à fait pro-palestinien, ni tout à fait de droite, ni tout à fait de gauche… et du coup, il déplait à tout le monde.

              [« Et je trouve la formule « tribunal dînatoire » particulièrement efficace. » L’élection de notre compatriote à l’Académie française est méritée.]

              Très largement !

      • Simon dit :

        [Si on laisse de côté l’antisémitisme musulman, aujourd’hui l’antisémitisme « diffus » est l’affaire de paumés et d’imbéciles. Lorsque les auteurs des profanations ont pu être identifiés, c’est à chaque fois des adolescents paumés, des alcooliques, des débiles divers.]
        https://twitter.com/JDANDOU/status/1098187861042622464/photo/1
        Certes, cet exemple ne prouve rien, mais il illustre toujours bien les choses. Certains de ces “dangereux nazis” ne savent même pas dessiner une croix gammée… ils constituent un vivant procès contre l’éducation nationale mais pas vraiment une menace, je mise sur un petit groupe de 13-16 ans. Nettoyer les lieux à la paille de fer constituerait un bon châtiment, et leur éviterait d’être désœuvré le soir ou le week-end.

        Sur l’antisémitisme classique (XIXè-première moitié XXè), il est effectivement devenu absurde, depuis la seconde guerre mondiale, d’accuser le juif de comploter contre la France pour le compte de la Prusse ou de l’Allemagne. Cela faisait des chants amusants ( De brûler nos vaisseaux Et tous nos arsenaux, le Juif est maître / Sous les canons prussiens Dreyfus le traître / pousse nos citoyens) mais personne ne peut aujourd’hui maintenir l’accusation.

    • Simon dit :

      Sur l’affaire Finkielkraut, une courte vidéo qui va sans doute apaiser votre courroux : https://www.youtube.com/watch?v=k0kf_Rs9wzQ&feature=youtu.be

      Il a également indiqué qu’un manifestant lui avait proposé un gilet jaune pour rejoindre le cortège, et un autre complimenté sur son travail. Il me semble qu’il n’a d’ailleurs pas participé au rassemblement place de la république, mais je ne suis pas sûr. En tout cas, il fait preuve de décence, au contraire de ses soutiens.

      Dans cette affaire, les réactions du Président et des ses portes-flingues forment une publicité pour l’antisémitisme (Macron a ainsi appelé Nethanyahu pour lui annoncer l’interdiction de l’antisionisme, avant de l’annoncer officiellement au CRIF : https://www.haaretz.com/world-news/europe/macron-says-france-will-adopt-definition-of-anti-semitism-mentioning-israel-1.6957335). La réaction de mes grands-parents a été “c’est bon, Ilan Halimi, j’y suis pour rien, c’est pas moi”, j’ignore si c’est représentatif mais c’est au moins illustratif.

      • Descartes dit :

        @ Simon

        [Sur l’affaire Finkielkraut, une courte vidéo qui va sans doute apaiser votre courroux : (…)]

        Très belle vidéo, qui montre bien que Finkielkraut n’est guère dupe du bruit médiatique qui a suivi son agression, et qu’il est parfaitement conscient de la manière dont on essaye de récupérer l’affaire dans un sens qui lui déplait profondément. Je retrouve le Finkielkraut intelligent que j’aime, capable de replacer son expérience personnelle dans un contexte au lieu de se poser en victime.

        [Il a également indiqué qu’un manifestant lui avait proposé un gilet jaune pour rejoindre le cortège, et un autre complimenté sur son travail.]

        Ca ne m’étonne guère. Ses travaux – je pense en particulier à « l’identité malheureuse » – le placent bien plus proche de l’expression angoissée des « gilets jaunes » que de la « start-up nation » de Macron.

        [Dans cette affaire, les réactions du Président et des ses portes-flingues forment une publicité pour l’antisémitisme (Macron a ainsi appelé Nethanyahu pour lui annoncer l’interdiction de l’antisionisme, avant de l’annoncer officiellement au CRIF :]

        Ne me dites pas que vous n’aviez pas remarqué que Macron est en campagne électorale…

  11. bip dit :

    [Le paradoxe de notre temps, c’est que les féministes les plus militantes ressuscitent les pires mythes réactionnaires de l’ère victorienne. Et ce faisant elles contredisent leur propre discours : on ne peut prétendre d’un côté qu’une femme est capable de présider la République et commander en chef nos armées, et de l’autre côté qu’elle peut être irréparablement traumatisée par des tweets cochons ou parce qu’un dragueur somme toute assez pacifique se présente à la porte de sa chambre.]

    J’ai pensé à un paradoxe du même genre avec l’histoire des « parent1/parent2 » qui voit les députés vouloir modifier les formulaires scolaires pour ne pas poser problème aux enfants élevés par deux individus de même sexe. Problème qui n’est jamais venu à l’idée de personne en ce qui concerne les orphelins qui en face de père et/ou mère écrivent « décédés ».
    En suivant leur logique, on peut donc affirmer qu’avoir deux parents de même sexe est plus risqué pour l’enfant que de ne pas avoir de parents. Même la manif pour tous n’avait pas osé !

    Mon très mauvais esprit pourrait même aller jusqu’à faire découler de leur idée l’affirmation que les racines biologiques seront toujours plus solides que n’importe quelle pseudo-« racine » issue de l’ingénierie sociale…

    • Descartes dit :

      @ bip

      [J’ai pensé à un paradoxe du même genre avec l’histoire des « parent1/parent2 » qui voit les députés vouloir modifier les formulaires scolaires pour ne pas poser problème aux enfants élevés par deux individus de même sexe. Problème qui n’est jamais venu à l’idée de personne en ce qui concerne les orphelins qui en face de père et/ou mère écrivent « décédés ».]

      Bonne remarque… peut-être faudrait-il mettre en place des formulaires avec une seule case « parent unique » pour ne pas traumatiser les enfants orphelins ou nés de père inconnu ?

      En fait, l’affaire du « parent1/parent2 » est un exemple de plus ou l’on se cache derrière l’intérêt de l’enfant pour faire plaisir aux parents. Parce que je doute que pour l’enfant qui a deux « parents » du même sexe (formulation elle-même absurde, parce qu’une loi n’a pas le pouvoir d’abolir la réalité, et la reproduction humaine reste sexuée quelque soient les efforts qu’on peut faire pour le cacher) soit très affecté par le fait qu’un formulaire le renvoie à une réalité évidente, à savoir, que sa famille n’est pas « normale ». Deux mille ans d’histoire, de littérature, de psychanalyse, de sciences lui renvoient ce message. Alors, un formulaire de plus ou de moins…

      (Mon très mauvais esprit pourrait même aller jusqu’à faire découler de leur idée l’affirmation que les racines biologiques seront toujours plus solides que n’importe quelle pseudo-« racine » issue de l’ingénierie sociale…]

      C’est là le grand paradoxe. Alors que d’un côté on nie la portée de la filiation biologique en déclarant que le « parent » est celui qui élève l’enfant, d’un autre côté on se propose de donner aux individus nés sous X ou grâce à un don de gamètes d’établir un contact avec le parent biologique inconnu, contact censé permettre d’élaborer le traumatisme attaché à ce type de situation.

      • bip dit :

        @ Descartes

        [Alors que d’un côté on nie la portée de la filiation biologique en déclarant que le « parent » est celui qui élève l’enfant, d’un autre côté on se propose de donner aux individus nés sous X ou grâce à un don de gamètes d’établir un contact avec le parent biologique inconnu]

        Ne pourrait-on en fait pas lire toutes les attaques contre le modèle familial traditionnel, non comme la reconnaissance ou la tolérance de tel ou tel groupe hors norme, mais simplement comme la volonté de détruire par petits bouts ce modèle ? Ce qui donnerait sens à ces incohérences en tant que moyens permettant d’effacer l’ancien modèle mais instituant les outils du modèle à venir : le grand marché de la reproduction où l’on pourra, seul si l’on veut, acheter tel ou tel gêne, louer des utérus, etc, afin de fabriquer l’enfant que l’on souhaite ?
        Je dis ça bien sûr sans sous-entendre de « complots » mais simplement comme conséquence de la logique capitaliste mariée aux innovations sociales et scientifiques.

        De la même manière que la contradiction de la lutte simultanée contre le nucléaire et contre les émissions de carbone a pour seule finalité la création d’un marché électrique concurrentiel par la multiplication des sources de production (et peu importe leur efficacité ou leur utilité) ?
        (il me semble que je vous ai déjà lu évoquer le fait que notre modèle électrique actuel était probablement condamné mais je ne sais plus exactement en quels termes).

        Ce qui expliquerait pourquoi le but est de diminuer la part d’électricité d’origine nucléaire et non de s’en passer ? (bien que ça pourrait constituer une étape vers l’abandon). Car il n’y a aucun sens à prétexter la peur d’une catastrophe majeure comme argument : avoir un réacteur ou cent multiplierait certes au pire le risque par cent mais comme celui-ci est infinitésimal, ça ne change rien…

        • Descartes dit :

          @ bip

          [Ce qui donnerait sens à ces incohérences en tant que moyens permettant d’effacer l’ancien modèle mais instituant les outils du modèle à venir : le grand marché de la reproduction où l’on pourra, seul si l’on veut, acheter tel ou tel gêne, louer des utérus, etc, afin de fabriquer l’enfant que l’on souhaite ? Je dis ça bien sûr sans sous-entendre de « complots » mais simplement comme conséquence de la logique capitaliste mariée aux innovations sociales et scientifiques.]

          Tout à fait. Le modèle néo-libéral est une structure économique, et la structure finit par déterminer la superstructure. Dès lors qu’on laisse au marché la régulation de l’économie, de l’éducation, du social… pourquoi ne pas lui laisser aussi réguler la reproduction ?

          [Ce qui expliquerait pourquoi le but est de diminuer la part d’électricité d’origine nucléaire et non de s’en passer ?]

          Tout à fait. Cela fait d’ailleurs quelques années que le discours sur la réduction de la part du nucléaire est fondé non pas sur le risque (car, comme vous le dites, le risque étant infinitésimal la multiplication des installations ne change finalement pas grande chose) mais sur l’idée que « il faut faire de la place aux renouvelables ».

  12. Simon dit :

    Un entretien du Figaro assez pertinent sur le côté”victimisation”, avec un ton incisif et des passages “coup de poing” comme “…un symbole du mal tel qu’une pendaison, une svastika ou un pénis” : http://premium.lefigaro.fr/vox/societe/2019/03/01/31003-20190301ARTFIG00270-matthew-crawford-la-lutte-contre-le-male-blanc-heterosexuel-ciment-du-progressisme.php
    Est-ce que le copier/coller est autorisé, ou préférez-vous un résumé ?

    • Descartes dit :

      @ Simon

      [Est-ce que le copier/coller est autorisé, ou préférez-vous un résumé ?]

      Malheureusement, c’est un article réservé aux abonnés… le copier-coller est donc interdit! C’est dommage parce que l’article a l’air intéressant…

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