Aquilino Morelle sort ces jours-ci un livre. Un livre qui rejoint un genre littéraire bien établi de nous jours chez les auteurs « de gauche », celui des regrets éternels de l’après-pouvoir. « Post potestatem omne animal triste est » (1). Et du coup, ceux qui ont participé aux décisions quand ils étaient proches du pouvoir se mettent à écrire dès qu’ils en sont éloignés pour nous expliquer comment, lors de leur passage aux affaires, ils ont vu faire – ou ils ont fait eux-mêmes – le contraire de ce qu’ils auraient voulu. Celui qui fit toute sa carrière politique au Parti socialiste, qui fut un proche conseiller de Lionel Jospin lorsqu’il était Premier ministre et de François Hollande à la présidence de la République nous explique aujourd’hui comment les socialistes ont « défait la France sans faire l’Europe », comment ils ont « permis au libéralisme de conquérir la planète » après ce qu’il appelle le « coup d’Etat fédéraliste » de 1983. Aujourd’hui, après une vie bien remplie au service des hommes qui ont le plus contribué à ce « coup d’état », il écrit : « La réhabilitation de la nation, réalité anthropologique et politique indépassable, s’impose ». Mieux vaut tard que jamais ?
Morelle n’est pas tout seul dans cette galère. Des livres ou des entretiens commis par des anciens dirigeants du Parti socialiste exprimant ce même genre de regrets sont monnaie courante. On a eu même un président de la République qui s’est laissé aller à ce type de confidences alors qu’il n’avait pas encore quitté le pouvoir. Et lorsqu’on lit ce genre de littérature, on ne peut que s’interroger sur la vision que ceux qui les écrivent ont d’eux-mêmes, et de leur propre responsabilité dans les catastrophes qu’ils dénoncent. Car ces aveux sont loin d’être désintéressés : hier c’était « votez pour moi car j’ai tout compris », aujourd’hui c’est « votez pour moi, je n’avais rien compris mais maintenant je comprends tout ». Après tout, si on recycle les emballages, pourquoi pas les politiciens ?
Bien sûr, les intéressés peuvent toujours se défendre en invoquant la réponse attribuée à Khroutchev (2) dans une anecdote qui n’est pas moins révélatrice pour être apocryphe. Bien sûr, dans la France de Mitterrand ou de Jospin on n’envoyait pas les contestataires en camp de travail. Mais n’oublions pas que ces gens-là gagnent leur croûte sur les marches du pouvoir. Montrer une fidélité à toute épreuve envers le « capo di tutti capi » quoi qu’il dise, quoi qu’il fasse, c’est l’assurance d’être retenu dans la distribution des postes, d’accéder à des contrats et de recommandations lucratives. La contester, c’est voir les portes se fermer, les coups de téléphone se faire rares… ce n’est pas la Sibérie, mais ça y ressemble.
Mais il n’y a pas que ça. Le principal problème est ailleurs : dans l’isolement des élites de la gauche par rapport au monde réel. Il fut un temps où la politique à gauche se faisait sur le terrain, dans les ateliers, dans le porte-à-porte. Plus maintenant. Depuis les années 1980, il y a une déconnexion totale entre ce qui se passe dans les couloirs des rédactions, des congrès, des réunions politiques, des assemblées ou des ministères, et le monde réel, celui dans lequel vit la majorité des citoyens. Formés très souvent dans le monde irréel du syndicalisme étudiant ou des groupuscules, ils ont de l’action politique une vision purement ludique. Un « jeu » qui consiste à conquérir une position de pouvoir, un poste, une prébende, de faire mordre la poussière à un adversaire, et non à agir sur le réel. On peut saboter une bonne décision parce qu’elle est portée par vos adversaires et que son vote ferait leur jeu politique, on peut voter une mauvaise parce qu’elle est portée par « les nôtres » et vous permet de marquer des points aux prochaines élections. Combien de fois on a vu la gauche dans l’opposition voter contre des mesures qu’elle approuvera et mettra en œuvre dès qu’elle sera revenue au gouvernement ?
Nous avons eu une merveilleuse illustration de cette logique lors du débat Mélenchon-Zemmour sur BFMTV. Alors qu’Eric Zemmour pointait le fait que Mélenchon a voté « oui » au traité de Maastricht, Jean-Luc Mélenchon lui répond « Oui, j’ai voté « oui » à Maastricht, je me suis trompé, et en 2005 j’ai rectifié mon erreur ». Sauf que non, il n’a rien « rectifié » : le rejet du Traité constitutionnel européen n’impliquait nullement l’abandon de la « concurrence libre et non faussée » ou la fin de la monnaie unique. Le « non » n’avait pour effet que de laisser les choses en l’état, c’est-à-dire, de maintenir en vigueur le traité de Maastricht. La « rectification » en question n’a aucun effet concret : la ratification de Maastricht, à laquelle Mélenchon a bien contribué, continue à produire ses effets…
La réponse de Mélenchon est intéressante parce qu’elle montre que pour lui le débat politique se déroule sur le plan abstrait des idées, et non sur celui des effets que ce débat a sur le réel. Il s’est trompé, il le reconnaît, il a changé d’avis. Et cela dans sa tête suffit à « rectifier » la situation. Comme si son action à l’époque n’avait pas des effets durables dans le temps, qu’il s’agissait simplement d’une discussion académique où le problème est d’avoir tort ou raison. Peu importe finalement que le traité ait posé les bases d’une forme de fédéralisme européen, avec un transfert massif de compétences vers Bruxelles et la décision à la majorité et non plus à l’unanimité, la création de la monnaie unique, et l’érection de la « concurrence libre et non faussée » en principe fondamental. Mélenchon n’est plus responsable de rien, puisqu’il a « rectifié son erreur ». La privatisation des services publics, la pression sur la dépense publique, les délocalisations, ce n’est pas lui.
Et Mélenchon n’est pas le seul à jouer à ce jeu-là, loin de là. De plus en plus le discours politique détache les actes politiques de leurs conséquences. D’un côté il y a les – nobles – intentions que tout le monde revendique, de l’autre les – piteux – résultats que personne ne veut assumer. Pensez à l’écotaxe, votée à la quasi-unanimité à l’Assemblée nationale, et reniée tout aussi quasi-unanimement quand ses effets – parfaitement prévisibles pourtant – se sont fait sentir sur le prix des carburants. Pensez aux palinodies de certains anciens ministres de droite qui ont voté des deux mains l’ouverture à la concurrence des marchés de l’électricité et qui, toujours ministres, déclarent aujourd’hui – quand on voit les conséquences là encore prévisibles sur les prix de l’électricité – que celle-ci est désastreuse.
A Bruxelles, on a bien compris tout le profit qu’on peut tirer de ce mécanisme : dans les textes proposés aux états membres, on s’arrange pour qu’il y ait de longues années entre l’approbation d’une directive et sa mise en œuvre. Ce qui implique que le gouvernement qui signe peut mettre son paraphe – et donc revendiquer un « succès de la construction européenne » sachant parfaitement que la mise en œuvre, et donc les conséquences, ne se feront sentir bien après qu’il ait quitté le pouvoir. Qui songerait à lier l’augmentation des prix de l’électricité d’aujourd’hui aux choix du gouvernement Jospin à Barcelone ? Qui penserait à reprocher à Mélenchon le règne de la « concurrence libre et non faussée » ou les désastres de la monnaie unique, qu’il a pourtant contribué à établir ?
Mais rien n’illustre ce détachement mieux que les débats concernant l’obligation vaccinale et le passe sanitaire. On a vu les parlementaires de gauche hurler au piétinement du Parlement parce que le gouvernement a imposé un débat dans l’urgence, on a critiqué la mesure comme une atteinte aux libertés sacrées… mais personne ne semble avoir remarqué que chaque jour de perdu, ce sont des vies perdues ou irréparablement endommagées. Quand on voit une Christiane Taubira, dont tout le monde – pardon, tout « Le Monde » – loue le courage, refuser courageusement pour « des questions de principe » de prendre position sur la vaccination et appeler les Guyanais à se vacciner, on ne peut que se demander si elle réalise la responsabilité qu’elle prend – et dont les désastres martiniquais et guadeloupéen donnent l’étendue. Mais chut, il vaut mieux quelques morts de plus que quelques voix de moins…
Ce détachement de l’acte politique et de ses conséquences détruit l’essence de la démocratie, qui ne se trouve pas dans le fait d’élire ses gouvernants, mais dans la possibilité de mettre en cause leur responsabilité. Mais il a aussi un deuxième effet, tout aussi néfaste : celui de transformer le débat politique en un débat purement abstrait, où l’on se jette à la figure des principes sans que les conséquences de ces principes sur l’avenir du pays et la vie de nos concitoyens méritent la moindre considération. On se confronte pour savoir ce qui est « bon » et ce qui est « mauvais » dans le champ des principes, sans se rendre compte que faire ce qui est « bon » peut avoir des conséquences désastreuses – le chemin de l’enfer étant, comme on le sait, pavé de bonnes intentions – et qu’il faut quelquefois au politique le courage de faire ce qui est « mauvais » parce que dans certains cas il n’y a que des mauvaises solutions.
La débâcle des partis politiques et leur substitution par les associations, les ONG et autres dragons de vertu qui savent toujours ce qu’il faut faire mais n’assument jamais la moindre responsabilité, traduit ce processus d’effacement idéologique du caractère tragique de la politique, le triomphe du principe de plaisir sur le principe de réalité, triomphe que certains à gauche – Pierre Laurent pour ne pas le nommer (3) – appelaient d’ailleurs de leurs vœux. C’est pour cela qu’il n’y a plus de « grands hommes » de nos jours. Ces personnages paradigmatiques appartiennent à la tragédie : Macbeth, Hamlet, Antigone et Créon. La politique actuelle relève plus du drame bourgeois… ou pire, du théâtre de boulevard.
Descartes
(1) La citation exacte de Galien de Pergame est « Omne animal triste post coïtum, praeter gallum mulieremque » (Tout être vivant est triste après le coït à l’exception du coq et de la femme). Je n’ai fait que remplacer « coïtum » par « potestas » (le pouvoir)…
(2) les lecteurs assidus de ce blog connaissent cette historiette, que j’ai raconté plusieurs fois, mais pour le bénéfice des nouveaux lecteurs, je la raconte encore. Lors du XXème congrès du PCUS, Khroutchev monte à la tribune pour dénoncer les crimes de Staline. Et tout y passe, les exécutions, la famine en Ukraine… et alors que le secrétaire général a fini son intervention et retourne à son siège, on lui passe un petit papier dans lequel un délégué a écrit : « camarade, vous étiez à l’époque secrétaire du PCUS en Ukraine ; comment se fait-il que vous n’ayez rien dit, rien fait » ? Après l’avoir lu, Khroutchev remonte à la tribune, lève le papier et demande « qui a écrit ce papier ? ». Personne ne répond. Il répète « QUI A ECRIT CE PAPIER ? ». Silence de mort. Alors Khoutchev baisse la main et dit « Voilà ma réponse ». Et il retourne s’asseoir.
(3) Pierre Laurent, rapport au comité national du PCF du 25 avril 2012 : « nous connaissons l’histoire contemporaine, qui, trop souvent, a vu la gauche s’accommoder du principe de réalité ». Au demeurant, je ne suis pas persuadé que Laurent ait réalisé la portée de ses paroles.
Bonjour Descartes.
Puisque vous abordez cet événement ici, qu’avez-vous pensé du débat Mélenchon-Zemmour ?
Ou, pour préciser la question, sur quels points ont-ils été les plus faibles selon vous ?
@ Pablito Waal
[Puisque vous abordez cet événement ici, qu’avez-vous pensé du débat Mélenchon-Zemmour ?]
Je n’y attendais pas grand-chose, et je n’ai donc pas été déçu. Mélenchon a fait du Mélenchon – et pas du meilleur. Il s’est permis d’être d’une rare grossièreté, d’un rare mépris – était-il nécessaire de s’adresser à son interlocuteur avec des expressions du genre « mon petit bonhomme » ? – ce que personnellement je ne supporte pas. Mais sur le fond, Mélenchon reste très fort quand il s’agit des grandes envolées et des grands principes, mais il semble incapable d’aligner un raisonnement. A chaque fois, il assène sa position comme si c’était une vérité qui ne nécessite pas de démonstration. Et il est toujours aussi fâché avec les faits et les ordres de grandeur…
Quant à Zemmour, il a montré une fois de plus l’étendue de sa culture, de sa mémoire, de son intelligence. Il est capable de monter une argumentation et de l’appuyer sur des références solides. Dommage qu’il soit esclave de ses obsessions…
[Ou, pour préciser la question, sur quels points ont-ils été les plus faibles selon vous ?]
La grande faiblesse de Zemmour, outre le fait qu’il est l’esclave de ses obsessions, c’est qu’il n’a pas de propositions. Il fait une analyse souvent pertinente de la situation, il énonce quelques grands principes, propose quelques mesures, mais on ne voit pas très bien la cohérence de la société à laquelle il voudrait aboutir.
Celle de Mélenchon, c’est qu’il dit n’importe quoi, qu’il refuse de voir les faits et se contente de répéter des grands principes. Le segment sur le nucléaire était de ce point de vue caricatural.
Cela étant dit, il n’y a pas de gagnant et pas de perdant. Chacun parlait à son public, et je suis sûr que d’un côté comme de l’autre on est content de la performance de son champion. Il était illusoire d’imaginer que Zemmour pouvait convaincre les auditeurs « insoumis » et vice-versa.
Concernant les obsessions de Eric Zeymmour, outre le fait qu’elles ne sont pas des phobies, je crois qu’il les utilise en ce moment plus qu’il ne les promeut. Elle conduit ses contradicteurs à ne parler -eux- que de cela, à croire que l’opinion publique les suit encore dans leur mantra “anti-raciste”, il donne aussi des gages à des êtres plus primaires que lui et en fait des groupies qui le serviront, et qu’il décevrait s’il était élu.
Ayant “tapé fort” dés le début, en sidérant parfois ses contradicteurs, il se réserve pour la suite un discours plus consensuel au moment ou ses adversaires seront obligés de durcir le ton. Une fois acquis l’électorat qui pense que l’immigration incontrôlée et excessive actuelle met en danger l’identité française (ou sa représentation mythique) il pourra aller vers les autres ; pour l’instant cela fonctionne.
Il distille quelques pistes de propositions, mais à tout intérêt à attendre que les autres, surtout Marine Le Pen, abattent leurs cartes.
Reste une trajectoire personnelle étonnante qui semble déjà le transformer : il n’est pas loin de pouvoir prétendre à l’incarnation de la nation.
@ Gérard Couvert
[Concernant les obsessions de Eric Zemmour, outre le fait qu’elles ne sont pas des phobies, (…)]
Je ne suis pas aussi convaincu que vous. Sur les immigrants – et notamment les immigrants venus de l’Afrique du Nord – il y a des moments où l’on a l’impression qu’il exprime plus une peur panique, viscérale, qu’une analyse rationnelle de la réalité. Je pense que cette expression « tripale » le dessert, effrayant pas mal de gens qui pourraient autrement être attirés par la qualité de son discours.
[Il distille quelques pistes de propositions, mais à tout intérêt à attendre que les autres, surtout Marine Le Pen, abattent leurs cartes.]
Le peu qu’il « distille », en dehors des questions liées à la souveraineté, est en fait assez décevant. En matière économique et sociale, c’est presque aussi droitier que Fillon.
[Reste une trajectoire personnelle étonnante qui semble déjà le transformer : il n’est pas loin de pouvoir prétendre à l’incarnation de la nation.]
Vous vous laissez emporter par votre enthousiasme, je trouve. Il est vrai que dans le champ de ruines qu’est la politique française, chaque étincelle est un miracle. Zemmour fait un tabac parce qu’il a fait quelque chose de tout à fait remarquable : il a réhabilité le débat politique. Grâce à lui, on peut regarder des confrontations qui ne se limitent pas à un échange de platitudes et d’éléments de langage (façon entretien sur France Inter) qui fleurent bon la langue de bois ou des attaques purement politicardes. Le style « sans filtre » de Zemmour, son anticonformisme oblige les autres à sortir de leur zone de confort, à potasser leur histoire, à renouveler leurs exemples. C’est peu et c’est beaucoup.
Maintenant, en tant que candidat, il risque de décevoir. Une chose est de faire un diagnostic de la situation et de titiller les politiciens qui en sont responsables, une autre est de proposer un projet qui ne peut se réduire à quelques marottes. Sur le plan économique et social, Zemmour à une vision du monde au mieux irréaliste, au pire dangereuse. Dès qu’il s’écarte du régalien, on voit revenir les idées du patronat le plus réactionnaire.
Pourriez-vous s’il vous plaît préciser ?
Avez-vous compris quelle était sa vision ?
Il me semble qu’il était jadis chevènementiste, et qu’il est devenu plus libéral-colbertiste, avec une volonté de désindustrialisation.
Et une grosse inconnue sur la position du curseur entre libéral et colbertiste..
@ Vincent
[Pourriez-vous s’il vous plaît préciser ? Avez-vous compris quelle était sa vision ?]
Il est difficile de lui donner une cohérence. Son discours est proche du « liberalisme » très particulier – et très contradictoire – de la droite française, qui ne jure que par « l’Etat fort » mais déteste les fonctionnaires et les impôts. Sa vision de l’organisation du travail est celle du patron-roi, de « l’entrepreneur » tout-puissant n’ayant pas à se soucier des petitesses des syndicats, du code du travail ou de la protection sociale.
En d’autres termes, c’est la vision classique de la droite réactionnaire française. Jean-Marie Le Pen ne s’y trompe pas puisqu’il envisage publiquement de soutenir Zemmour, en reprochant à sa fille d’avoir oublié les fondamentaux de l’ED (elle a « abandonné ses positions fortifiées », dans le langage fleuri du père).
Finalement, c’est un rappel intéressant face à quelques lubies récentes : qu’il ne suffit pas de glorifier Napoléon, De Gaulle ou le roman national et d’avoir la France en permanence à la bouche, pour être réellement dans le camp du jacobinisme et se soucier sérieusement du sort des classes populaires. La nation, ça peut aussi être le laisser-faire au service des bourgeois.
@ Ian Brossage
[En d’autres termes, c’est la vision classique de la droite réactionnaire française. Jean-Marie Le Pen ne s’y trompe pas puisqu’il envisage publiquement de soutenir Zemmour, en reprochant à sa fille d’avoir oublié les fondamentaux de l’ED (elle a « abandonné ses positions fortifiées », dans le langage fleuri du père).]
Oui. Le plus amusant, c’est que depuis l’échec (relatif) de 2017 le RN s’est replié sur ses « positions fortifiées » en renonçant au « social-souverainisme » façon Philippot, jetant par-dessus bord la contestation de l’UE et de l’Euro, et se repliant sur les thématiques traditionnelles de l’extrême droite (l’immigration, la sécurité, la défense du petit patron). On ne peut pas dire que le résultat ait été probant. Zemmour, c’est finalement « la vision classique de la droite réactionnaire » plus la critique de l’UE…
[Finalement, c’est un rappel intéressant face à quelques lubies récentes : qu’il ne suffit pas de glorifier Napoléon, De Gaulle ou le roman national et d’avoir la France en permanence à la bouche, pour être réellement dans le camp du jacobinisme et se soucier sérieusement du sort des classes populaires. La nation, ça peut aussi être le laisser-faire au service des bourgeois.]
Bien entendu. Le souverainisme consiste à permettre au peuple français de reprendre le contrôle des leviers, et sur ce point souverainistes de droite et souverainistes de gauche peuvent coïncider. Mais cela n’implique pas d’accord sur ce qu’il faudrait faire ensuite des leviers en question.
@Descartes
Le paradoxe du RN, c’est qu’il a abandonné le « social-souverainisme » tout en ne retrouvant pas vraiment les « fondementaux » : il ne s’oppose pas publiquement au droit à l’IVG, par exemple. Le RN donne surtout l’impression d’un parti qui a une peur panique d’avoir une ligne politique.
Je ne pense pas que le RN ait abandonné la « critique de l’UE ». Ce qu’il a abandonné, c’est l’ambition d’en sortir au lieu de se contenter de pleurnicher (comme le font tant d’autres politiciens).
@ Ian Brossage
[Le paradoxe du RN, c’est qu’il a abandonné le « social-souverainisme » tout en ne retrouvant pas vraiment les « fondementaux » : il ne s’oppose pas publiquement au droit à l’IVG, par exemple. Le RN donne surtout l’impression d’un parti qui a une peur panique d’avoir une ligne politique.]
Je ne sais si l’on peut classer l’intégrisme catho parmi les “fondamentaux” du RN. Après tout, Jean-Marie Le Pen était divorcé et remarié… mais il est vrai que depuis l’exclusion de Philippot, on n’a pas l’impression qu’il y ait un idéologue à la barre pour penser le projet de façon globale…
[Je ne pense pas que le RN ait abandonné la « critique de l’UE ». Ce qu’il a abandonné, c’est l’ambition d’en sortir au lieu de se contenter de pleurnicher (comme le font tant d’autres politiciens).]
Même la critique de l’UE est devenue fort timide chez le RN – en dehors de leur marotte de l’immigration, s’entend.
@descartes
Qu’avez vous pensé de l’article de BHL sur EZ dans le Point. ? .
Pour ma part, ça m’a abasourdi.
Ainsi donc EZ ne pense pas mal en tant qu’individu , mais en tant juif !!!.
@ delendaesteu
[Qu’avez vous pensé de l’article de BHL sur EZ dans le Point. ? . Pour ma part, ça m’a abasourdi.]
Moi, pas. Franchement, de la part du pompeux cornichon, rien ne me surprend. Mais j’ai ri aux éclats en lisant le paragraphe suivant:
“Eh bien je le dis aux Juifs de France tentés de se reconnaître dans le simplisme funeste d’Éric Zemmour : cette hubris nationaliste et raciste, cette cruauté, ce renoncement à la générosité juive, à la fragilité juive, à l’humanité et à l’étrangeté juives, cette ignorance, non des fiches de lecture dont il s’est gavé, mais de la vraie science, inscrite en lettres de sang dans les mémoires familiales et qui implique une réserve face aux tornades de l’Histoire et aux jets d’acide de la persécution, tout cela est une offense au nom juif que tout Juif porte en lui tant qu’il ne s’en est pas explicitement déchargé.”
Avouez que sous la plume d’un homme qui a fait du soutien au nationalisme israélien le plus borné, le plus inculte, le plus raciste une constante de son action, ce texte ridiculise son auteur. Quand Nethaniaou piétinait “la générosité juive, la fragilité juive, l’humanité et l’étrangeté juive”, BHL sortait applaudir au balcon. Mais quand c’est Zemmour qui le fait…
@ Descartes,
[Quand Nethaniaou piétinait “la générosité juive, la fragilité juive, l’humanité et l’étrangeté juive”, BHL sortait applaudir au balcon. Mais quand c’est Zemmour qui le fait…]
Je me souviens que, lors d’un débat les opposant, Zemmour avait reproché à BHL de défendre l’identité, la culture, la souveraineté des “autres” (les Kurdes, les Libyens, les Bosniaques, les Israéliens…) mais jamais celles des Français.
Je ne sais plus quel (vrai) philosophe disait en substance, j’ai oublié la formule exacte: “gardez-vous de ces gens qui s’inventent des devoirs envers des peuples lointains pour ne surtout pas les remplir à l’égard de leurs compatriotes”.
@ nationaliste
[Je ne sais plus quel (vrai) philosophe disait en substance, j’ai oublié la formule exacte: “gardez-vous de ces gens qui s’inventent des devoirs envers des peuples lointains pour ne surtout pas les remplir à l’égard de leurs compatriotes”.]
Je crois que c’est Pascal, mais je suis sûr qu’il y aura un commentateur pour trouver la référence exacte.
En effet, il est toujours plus facile de supporter quelqu’un qui vit à 5000 km de vous que quelqu’un qui habite dans la porte à côté. Et au niveau de la bonne conscience, c’est pareil. Alors…
[Je ne sais plus quel (vrai) philosophe disait en substance, j’ai oublié la formule exacte: “gardez-vous de ces gens qui s’inventent des devoirs envers des peuples lointains pour ne surtout pas les remplir à l’égard de leurs compatriotes”.]
Il s’agit de Rousseau, dans l’Emile: “Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher au loin dans leurs livres des devoirs qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d’aimer ses voisins.”
Il dit aussi, dans Le contrat social: “Par où l’on voit ce qu’il faut penser de ces prétendus Cosmopolites, qui justifiant leur amour pour la patrie par leur amour pour le genre humain, se vantent d’aimer tout le monde pour avoir droit de n’aimer personne.”
@Descartes et N-E
Citation in-extenso:
Dieu sait si je ne suis pas le plus grand fan du philosophe genevois, pour le coup, je suis plutôt Hobbesien; mais la première fois entendu cette citation, j’ai bien cru à un fake: ça ressemble tellement à un portrait de Béchamel que j’ai pensé que ça venait d’un vague site internet.
Cette seule citation a fait remonter Rousseau dans mon estime, parce qu’elle parlait bien des limites de la citoyenneté et de l’incivisme qui sont les pires menaces du “Contrat Social”…
@ CVT
[Cette seule citation a fait remonter Rousseau dans mon estime, parce qu’elle parlait bien des limites de la citoyenneté et de l’incivisme qui sont les pires menaces du “Contrat Social”…]
Comme vous, je suis plus proche du contractualisme matérialiste de Hobbes que celui idéaliste de Rousseau. Mais je pense que sa formule illustre ce renversement qui conduit la philosophie des Lumières à contester le mythe du “bon sauvage” apparu à la Renaissance, renversement qu’on trouve beaucoup plus explicitement dans le “Supplément au voyage de Bougainville” de Diderot (1772). Sur ce point, on ne peut qu’être fasciné par la modernité de Hobbes, qui s’attaque à la vision idyllique de “l’état de nature” en pleine Renaissance…
@Descartes,
Pourtant, Rousseau était bien l’un de ceux qui mettaient le plus souvent en exergue le mythe “bon sauvage”… Pour le défendre.
En plus d’être le père spirituel de la gauche moderne (quoi que parfois mal compris, je trouve…), le philosophe genevois était également celui de l’écologie (le fameux romantisme rousseauïste…).
Ce sur terrain-là, j’ai toujours pensé qu’il était justement en porte-à-faux par rapport à ses contemporains encyclopédistes. J’en veux pour illustration la célèbre raillerie de Voltaire à son propos, après la lecture de son “Origine sur les inégalités sociales” (je crois…): “Il me prend des envies de marcher à quatre pattes”. L’auteur de “Candide” voulait ainsi fustiger le naturalisme de son ennemi intime…
@ CVT
[Ce sur terrain-là, j’ai toujours pensé qu’il était justement en porte-à-faux par rapport à ses contemporains encyclopédistes.]
Je suis d’accord. Rousseau a beau avoir vécu du XVIIIème siècle, il n’est pas tout à fait à sa place dans les Lumières et préfigure déjà le romantisme…
A titre indicatif, la réponse (assez violente) de Zemmour à BHL : https://youtu.be/fCZyEe0J7F4
@ cd
[A titre indicatif, la réponse (assez violente) de Zemmour à BHL]
Violent, certainement, mais cela méritait d’être dit. Le pompeux cornichon pontifie depuis bientôt quarante ans sans que personne n’ose lui dire en face ce qu’il est. C’est cela, le secret du succès de Zemmour: qu’il libère une parole qui a été trop longtemps bâillonnée par le “politiquement correct”. Vous me direz que ce faisant il dit pas mal de bêtises, et ce n’est pas faux. Mais il dit aussi pas mal de vérités, et cela est bénéfique.
Quand il dit que toute une pensée de gauche conchie le nationalisme chez nous mais le promeut chez les autres, il a parfaitement raison. Lisez ce qu’ont écrit dans les années 1960-70 dans la gauche française bienpensante devenue après 1958 – avant, c’était une autre histoire – devenue anticoloniale. C’est à qui criera plus fort pour parler de la “nation algérienne” injustement opprimée, pour saluer la naissance des “nouvelles nations”. Lorsque l’Algérie expulse les “pieds-noirs” et se lance dans une politique “d’arabisation” pour créer une “nation homogène” du point de vue ethnique et religieux – on parlerait de nettoyage ethnique aujourd’hui – elle ne trouvera à Paris guère de voix “de gauche” pour la critiquer. Et ne parlons même pas des sympathies dont bénéficiera de la part de cette même gauche le nationalisme théocratique iranien qui, là encore, fait de l’homogénéité religieuse le fondement de l’Etat. Et “en même temps”, à Paris cette même gauche se hérisse lorsqu’on insinue qu’il faudrait “assimiler” les immigrés à la République, ou qu’il faudrait imposer un quelconque cadre culturel commun, ce qui en relation aux exemples ci-dessus est une forme de “nationalisme” assez modérée…
Si les “progressistes” avaient un peu de cohérence et osaient regarder les choses en face et mettre des mots dessus, on n’aurait pas Zemmour. Zemmour, c’est le retour du refoulé, le fou du roi à qui son statut permet de dire les choses que personne d’autre à la cour n’ose dire.
Bonjour Monsieur. La citation de Galien était donc restrictive… Votre billet est rare, ciselé et désespérant. Merci
@ François Grinand
[Votre billet est rare, ciselé et désespérant. Merci]
Ne désespérez pas… comprendre un problème, c’est déjà un pas dans le chemin qui conduit à la solution.
Ca me rappelle mon fils de 4 ans et demi, qui, quand il fait une bêtise, me dit “ce n’est pas grave, j’ai dit ‘pardon'”, et moi de lui répondre : “je ne cherche pas un responsable, mais une solution, alors arrête de me demander pardon, et répare ta bêtise”. Je suis très fier de lui de voir qu’il est au niveau de la classe politique française… ou dois-je plutôt m’en inquiéter ?
@ Jacobin
[Je suis très fier de lui de voir qu’il est au niveau de la classe politique française… ou dois-je plutôt m’en inquiéter ?]
Qu’a 4 ans il soit au niveau de nos élites politiques devrait vous rassurer comme parent, et vous inquiéter comme citoyen…
@ Jacobin
Vous donnez un exemple flagrant de ce que les psychologues appellent un “comportement immature”, ce qui est tout à fait normal à quatre ans, le contraire serait très surprenant. Je remarque au passage que vous réagissez de la meilleure façon possible, en guidant votre enfant pour développer petit à petit sa capacité à l’empathie et son sens des responsabilités.
Je ne sais pas si on peut extrapoler au domaine politique, il est toujours risqué d’utiliser les outils de la psychologie dans ce domaine… Toutefois, je pense que nombre d’entre nous a eu maille à partir avec ce genre de comportement infantile chez des adultes dans le monde professionnel…
Dommage que la Sibérie soit si froide car un lieu où les coups de téléphones sont rares est un endroit béni.
Je rapproche votre dire de cette manie anglo-saxonnes des excuses, et ce dans tous les domaines du plus futile -les “influenceurs”- au plus graves comme le sort des “peuples premiers”. Le Canada, qui vient de réélire l’insupportable Trudeau me semble être le champion de cette tare.
Pour finir je crois exprimer l’envie de nombreux lecteurs en vous demandant un premier texte sur le “Zeymmourisme” qui ne manquerait pas de piquant(s) et d’éclairages rasants. Sinon tentez le spleen des reines thermites transgenres.
@ Gérard Couvert
[Pour finir je crois exprimer l’envie de nombreux lecteurs en vous demandant un premier texte sur le “Zeymmourisme” qui ne manquerait pas de piquant(s) et d’éclairages rasants.]
Commande notée… le texte est en préparation. Mais il y a tant de choses dans l’actualité, que je ne sais pas quel sujet traiter en premier: l’affaire des sous-marins, les prix de l’électricité, Zemmour…
Je prends ce message pour un appel aux votes du public…
Je vote en 1er choix pour le prix de l’électricité (sujet que je sais que vous connaissez bien)
Je vote pour les sous-marins. D’une part parce que j’aime bien être en désaccord. Ensuite parce qu’à mon avis la question de l’électricité est bien connue des lecteurs de ce blog. Enfin parce que Zemmour ne m’intéresse pas une seconde.
Quand vous traiterez de Zemmour j’espère que vous saurez, mieux que lui, distinguer islam et islamisme, religion et idéologie, pratique religieuse de tradition familiale et idéologie totalitaire justifiant une théocratie.
Quand Zemmour prétend qu’une religion (plus ou moins pratiquée ou assumée par des millions de compatriotes) est incompatible avec notre démocratie, il se fait clairement un fauteur de guerre civile.
@ Claustaire
[Quand vous traiterez de Zemmour j’espère que vous saurez, mieux que lui, distinguer islam et islamisme, religion et idéologie, pratique religieuse de tradition familiale et idéologie totalitaire justifiant une théocratie.]
Je pense que la question est un peu plus complexe que vous ne la faites. Toute doctrine religieuse est une “idéologie totalitaire” au sens stricte du terme, puisqu’elle ne connaît pas la séparation entre sphère publique et sphère privée, et prétend régler la vie du croyant dans tous les domaines. Mais l’Islam va plus loin que les églises chrétiennes dans ce domaine, puisqu’il n’admet pas la séparation du civil et du religieux, et encore moins la supériorité de la loi civile sur la loi religieuse. Considérer que la loi religieuse est supérieure à la loi civile, n’est ce pas “justifier une théocratie” ? Or, les textes sacrés de l’Islam – auxquels adhèrent en principe autant les fidèles ayant une pratique privée et paisible que les “fous de dieu” – établissent sans ambiguïté cette supériorité.
[Quand Zemmour prétend qu’une religion (plus ou moins pratiquée ou assumée par des millions de compatriotes) est incompatible avec notre démocratie, il se fait clairement un fauteur de guerre civile.]
Le problème est mal posé. Quand vous parlez de “religion plus ou moins pratiquée ou assumée par des millions de compatriotes”, parlez-vous de la PRATIQUE (les rituels, les cérémonies…) ou de l’IDEOLOGIE contenue dans les textes qui la fondent ? Vous savez, pendant des siècles les paysans ont “pratiqué” le catholicisme alors qu’ils étaient incapables de lire les textes sacrés…
Se laver les pieds avant d’entrer dans la mosquée, s’incliner cinq fois vers la Mecque ou jeûner pendant le mois de Ramadan n’a en soi rien de contradictoire avec la démocratie. Par contre, proclamer que la loi religieuse est supérieure à la loi civile, et qu’en cas de contradiction le fidèle doit obéir à la première est de toute évidence une négation des fondements démocratiques. Pour vous, “la religion plus ou moins pratiquée ou assumée par des millions de compatriotes” reconnaît la supériorité de la loi civile ? Oui ou non ?
On peut distinguer ce qui constitue une pratique religieuse paisible et privée de ce qui constitue une pratique agressive et proselyte
Je ne suis pas certain que ce soit le sujet le plus intéressant à commenter.
J’ai l’impression que Zemmour analyse très bien lui même son propre phénomène : il prophétise depuis 10 ans qu’il y a la possibilité d’une alliance entre le gros des bataillons de l’UMP, et le gros des bataillons du FN. Et qu’il faut faire tomber la barrière entre les deux, en laissant les centristes de l’UMP aller chez Macron, et en laissant les courants minoritaires du FN faire leurs trucs dans leur coin.
Recréer un RPR à la Pasqua, en résumé. Pour cela, il faut être :
– Suffisamment de droite en matière économique pour ne pas faire peur aux bourgeois et aux puissants (qui avaient peur du FN pour des raisons économiques),
– Suffisamment nationaliste pour attirer le peuple qui est au FN.
Il est en train de faire lui même ce qu’il cherchait à faire faire par des hommes politiques depuis 15 ans.
Parallèlement, on remarque bien évidemment que, comme Macron, Mélenchon, et d’autres, il s’agit d’une comète qui fonctionne sur un phénomène de bulle médiatique, sans aucun parti structuré derrière. Mais cela fait un moment que les partis structurés ne servent que pour les élections locales…
@ Vincent
[Recréer un RPR à la Pasqua, en résumé. Pour cela, il faut être :
– Suffisamment de droite en matière économique pour ne pas faire peur aux bourgeois et aux puissants (qui avaient peur du FN pour des raisons économiques),
– Suffisamment nationaliste pour attirer le peuple qui est au FN.]
Je pense que c’est là qu’il y a un problème. Le « RPR à la Pasqua » était encore un parti populaire. A l’époque, un ouvrier était communiste ou gaulliste (souvenez-vous de la formule de Marlaux, « entre les communistes et nous, il n’y a rien »). Or, la vision économique de Zemmour est désespérément libérale. Zemmour est un étrange objet : c’est un souverainiste non-jacobin…
[ Zemmour est un étrange objet : c’est un souverainiste non-jacobin…]
Pardon mais Zemmour se revendique du bonapartisme, il suffit d’écouter les éloges à Napoléon donc je trouve ça curieux de dire que c’est non-jacobin?.
@ Glarrious
[Pardon mais Zemmour se revendique du bonapartisme, il suffit d’écouter les éloges à Napoléon donc je trouve ça curieux de dire que c’est non-jacobin?.]
Il est fasciné par la personnalité de Napoléon, mais on ne peut pas dire qu’en termes de réflexion politique il se situe dans une logique jacobine.
[Il est fasciné par la personnalité de Napoléon, mais on ne peut pas dire qu’en termes de réflexion politique il se situe dans une logique jacobine.]
Si je comprends bien il souhaite tout de même revenir à une organisation plus ou moins Etat – département – commune. On est plutôt dans la tradition jacobine.
@ Vincent
[Si je comprends bien il souhaite tout de même revenir à une organisation plus ou moins Etat – département – commune. On est plutôt dans la tradition jacobine.]
Je ne l’ai pas entendu s’exprimer sur les question d’organisation territoriale, mais je vous fais confiance. Cela état dit, il faudrait savoir si sa préférence est fondée sur une réflexion politique, ou sur la simple nostalgie. Car chez Zemmour cet élément nostalgique n’est jamais loin. Et on n’est pas “jacobin” simplement parce qu’on est nostalgique de la période “jacobine”…
Il donne quelques gages de libéralisme, c’est certain.
De là à dire qu’il a une vision purement libérale… Je n’en suis pas certain. Il adopte régulièrement une vision assez marxienne des rapports sociaux. Et il n’en a, pour l’instant, pas dit beaucoup (ou du moins je n’en ai pas entendu beaucoup).
Certes, il s’est prononcé pour retarder un peu l’âge de départ à la retraite, plutôt philosophiquement contre des régimes spéciaux (mais très modérément pour quelqu’un de droite)… Mais ça ne sont pas pour moi des marqueurs clairs.
Y a-t-il pour vous un ou des marqueurs clairs qui permettraient de savoir s’il est réellement un ultralibéral à la Fillon ?
Pour moi, des marqueurs seraient la privatisation de la SNCF, ou une augmentation de la privatisation d’EDF. En voyez vous de plus intelligents ?
@ Vincent
[Il donne quelques gages de libéralisme, c’est certain. De là à dire qu’il a une vision purement libérale… Je n’en suis pas certain. Il adopte régulièrement une vision assez marxienne des rapports sociaux. Et il n’en a, pour l’instant, pas dit beaucoup (ou du moins je n’en ai pas entendu beaucoup).]
Non. Mais on l’a beaucoup entendu, il a beaucoup dit quand il écrivait dans le « Figaro ».
[Y a-t-il pour vous un ou des marqueurs clairs qui permettraient de savoir s’il est réellement un ultralibéral à la Fillon ?]
Ses positions sur la politique fiscale, par exemple ? La baisse de l’impôt sur le revenu me paraît un excellent marqueur…
Quand on voit une Christiane Taubira, dont tout le monde – pardon, tout « Le Monde » – loue le courage, refuser courageusement pour « des questions de principe » de prendre position sur la vaccination et appeler les Guyanais à se vacciner, on ne peut que se demander si elle réalise la responsabilité qu’elle prend – et dont les désastres martiniquais et guadeloupéen donnent l’étendue
Vous pourriez plus simplement parler du désastre guyanais, en l’occurrence.
A l’heure où j’écris ces ligne, le taux de vaccination en Guyane est inférieur à 30% (75% en moyenne nationale). L’incidence y est à plus de 500 cas par semaine pour 100000 ha (contre moins de 60 en moyenne nationale ; c’est plus que dans n’importe quel autre département français), et les cas COVID occupent plus de 80% des lits de réa de Guyane, avec plusieurs décès quotidiens…
Je me demande si ce que vous pointez (le refus du tragique, et la prééminence de la morale en politique) n’est pas également une conséquence de la seconde guerre mondiale.
L’horreur de cette guerre et du nazisme a été telle que tout ce qui peut de près ou de loin y faire penser est rejeté :
– le parti nazi glorifiait la race : il a fallu redéfinir le mot “race” pour pouvoir nier son existence,
– le parti nazi interdisait l’art dégénéré : il a fallu glorifier l’art contemporain et criminaliser sa critique,
– le parti nazi était nationaliste : il a fallu délégitimer puis détruire les nations,
– le parti nazi glorifiait la force : on méprise la force et glorifie les victimes,
Je pense qu’on pourrait continuer longtemps cette liste. Il y a en particulier dedans ce que vous pointez : le parti nazi ne faisait aucun cas de la morale (si les handicapés ne pouvaient pas être productif, ils étaient un coût pour la société, et il était rationnellement logique de les bruler). Et aujourd’hui, la morale est sacralisée, au point de devenir ce qui guide l’action politique.
Ne pensez vous pas qu’il y a un lien entre cette sacralité de la morale et la mauvaise conscience de la 2nde guerre mondiale ? Les chinois, moyen-orientaux, africains, australiens, russes, ou sud-américains ne sont pas -à ce que j’en sais- autant paralysés que nous par la morale.
Alors que les allemands sont sans doute pires de ce point de vue…
Ne sommes nous finalement toujours pas dans une forme d’aliénation vis à vis du nazisme ?
Je vois un seul domaine dans lequel nous n’avons pas cherché à faire l’inverse des nazis : la sacralisation du droit. Le droit était sacré en Allemagne (bien avant Hitler, mais celui ci n’a pas changé les habitudes dans ce domaine). Et il est toujours sacré en Allemagne, et de plus en plus dans toute l’Europe…
@ Vincent
[Je me demande si ce que vous pointez (le refus du tragique, et la prééminence de la morale en politique) n’est pas également une conséquence de la seconde guerre mondiale. L’horreur de cette guerre et du nazisme a été telle que tout ce qui peut de près ou de loin y faire penser est rejeté : (…) Ne pensez-vous pas qu’il y a un lien entre cette sacralité de la morale et la mauvaise conscience de la 2nde guerre mondiale ?]
Non, je ne crois pas. D’abord, la seconde guerre mondiale n’a pas été la « der des der ». Nous avons connu plus tard les guerres d’Indochine et d’Algérie, avec leur lot de situations « tragiques ». La guerre froide, elle-même, a donné naissance à de nombreuses situations « tragiques » et vécues comme telles par les hommes politiques. Lisez par exemple « In retrospect », le livre de Robert McNamara sur la guerre du Vietnam.
J’aurais tendance à dire que c’est la révolution « libérale-libertaire » qui marque, à partir de la fin des années 1960, la mort progressive de la tragédie. Steiner écrit sa « mort de la tragédie » en 1966… C’est l’arrivée au pouvoir de la génération 68 qui nous fait basculer d’une vision tragique à une vision dramatique…
[Les chinois, moyen-orientaux, africains, australiens, russes, ou sud-américains ne sont pas -à ce que j’en sais- autant paralysés que nous par la morale.]
Mais les Américains, si. Et pourtant, on ne peut pas vraiment dire que la deuxième guerre mondiale les ait vraiment concernés.
Pas besoin d’aller chercher l’histoire des USA. Le tragique a aussi largement touché la notre. Je prendrais comme exemple les livres de Denoix de Saint Marc.
Je parlais de la seconde guerre mondiale car il me semble que c’est celle qui marque encore aujourd’hui l’inconscient politique. On ne traite jamais un adversaire politique, en France, de fellagah, de passeur de valise, d’OAS, ou autre… Mais on peut le traiter de collabo, de fasciste, etc.
Sans doute que le tournant s’est fait à ce moment. Mais la livre de Paxton est sorti en 1966. C’est également l’époque des manifestations contre la guerre au Viet-Nam. Il me semble que le mouvement 68ard s’est partiellement constitué, intellectuellement, en refusant le Monde de leurs parents, partiellement à cause de la honte différée de la 2nde guerre mondiale.
C’est un vrai bon argument. Les USA sont touchés au premier chef. Et chez eux, ça n’est pas la 2nde guerre mondiale qui peut être invoquée (et pourtant on pourrait, tant il y avait de sympathie pour Hitler aux USA)…
@ Vincent
[Pas besoin d’aller chercher l’histoire des USA. Le tragique a aussi largement touché la nôtre. Je prendrais comme exemple les livres de Denoix de Saint Marc.]
Certes, mais Denoix de Saint Marc n’était pas un politicien. Je parlais de la manière dont la classe politique assume ou non le caractère « tragique » de ses décisions.
[Je parlais de la seconde guerre mondiale car il me semble que c’est celle qui marque encore aujourd’hui l’inconscient politique. On ne traite jamais un adversaire politique, en France, de fellagah, de passeur de valise, d’OAS, ou autre… Mais on peut le traiter de collabo, de fasciste, etc.]
Mais on le traite bien de « Taliban » ou de « Khmer vert ». Quant aux références au « fascisme », elles sont bien antérieures à la deuxième guerre mondiale. Mussolini prend le pouvoir en 1928, et le « comité de vigilance des intellectuels antifascistes » apparaît en France en 1934. Plus que la deuxième guerre mondiale, c’est l’opposition « communisme/anticommunisme » qui structure encore aujourd’hui l’inconscient politique.
[Sans doute que le tournant s’est fait à ce moment. Mais la livre de Paxton est sorti en 1966. C’est également l’époque des manifestations contre la guerre au Viet-Nam. Il me semble que le mouvement 68ard s’est partiellement constitué, intellectuellement, en refusant le Monde de leurs parents, partiellement à cause de la honte différée de la 2nde guerre mondiale.]
J’ai du mal à comprendre le raisonnement. Le monde que les soixante-huitards ont refusé n’est pas le monde qui a conduit à la deuxième guerre mondiale, mais au contraire celui qui a été construit sur les ruines en 1945. En 1968, les étudiants ont rejeté l’homme de la Libération, et non celui de la Collaboration. Ne trouvez-vous pas un peu contradictoire que la « honte différée de la deuxième guerre mondiale » ait conduit à rejeter les idées de la Libération et à reprendre des idées – retour vers la terre, mise en avant des « communautés », rejet de l’industrie – qui se rattachent plutôt au pétainisme ?
Le livre de Paxton est une illustration de plus de ma théorie : c’est un livre qui rejette la vision tragique – c’est-à-dire, l’idée qu’en 1940 les décideurs ont d’abord été les jouets du destin, n’ayant à choisir qu’entre des mauvaises solutions – pour retenir au contraire une vision dramatique – celle de la faute morale.
Mussolini prend le pouvoir en 1928 ?
En 1922 plutôt, non ?
@ Alexandre
[Mussolini prend le pouvoir en 1928 ? En 1922 plutôt, non ?]
Vous avez tout à fait raison, c’est une coquille. Cela apporte de l’eau à mon moulin, puisque cela montre que le fascisme est bien antérieur à la seconde guerre mondiale. Pour rire, j’ai trouvé la formule suivante sous la plume du Mussolini de 1922: « Nous voulons dépouiller l’État de tous ses attributs économiques : assez de l’État cheminot, de l’État postier, de l’État assureur ». Ca ne vous rappelle rien ?
Merci Vincent pour votre hypothèse qui me semble ouvrir d’utiles perspectives de réflexion, notamment par les exemples que vous donnez.
On pourrait d’ailleurs ouvrir une autre piste de réflexion en se demandant si la morale n’aura pu aussi prendre le pas sur le politique en réaction au “réalisme” sinon au cynisme des révolutionnaires communistes lénino-trotsko-staliniens. Qu’on pense par exemple au “Leur morale et la nôtre” où Trotsky justifiait tranquillement qu’en politique on puisse se poser au-delà du bien et du mal.
Et comme par hasard, nos gauchistes de 68 (dont notre hôte pense et dit tant de mal) furent aussi de ceux qui, au nom d’une morale que l’on pourra qualifier de droit-de-l’hommiste, dénoncèrent avec le plus de virulence le stalinisme et son implacable dictature.
@ Claustaire
[On pourrait d’ailleurs ouvrir une autre piste de réflexion en se demandant si la morale n’aura pu aussi prendre le pas sur le politique en réaction au “réalisme” sinon au cynisme des révolutionnaires communistes lénino-trotsko-staliniens.]
On pourrait aussi se demander s’il ne s’agit d’une réaction au « réalisme » sinon au cynisme des « guerriers froids » et autres maccarthystes. Puisqu’on est dans le règne du « pourquoi pas »…
Personnellement, je ne pense pas qu’une idéologie s’impose « en réaction » à une autre. Je pense qu’elle s’impose quand elle est fonctionnelle aux intérêts des classes dominantes. La tragédie est l’idéologie des aristocraties, le drame celui de la bourgeoisie. Il n’est donc pas étonnant qu’on soit passé d’une vision tragique – et donc amorale – de l’histoire à une vision dramatique faisant une large part aux combat entre le « bien » et le « mal ».
[Et comme par hasard, nos gauchistes de 68 (dont notre hôte pense et dit tant de mal) furent aussi de ceux qui, au nom d’une morale que l’on pourra qualifier de droit-de-l’hommiste, dénoncèrent avec le plus de virulence le stalinisme et son implacable dictature.]
Pardon ? D’où tirez-vous que les « gauchistes de 68 » dénoncèrent « le stalinisme et son implacable dictature » ? Vous semblez oublier qu’une fraction importante des « gauchistes », les maoïstes, applaudissaient des deux mains un régime chinois qui n’avait pas rompu avec l’image du petit père des peuples. Diriez-vous que les partisans de « la grande révolution culturelle prolétarienne » adhéraient à une « morale qu’on pourrait qualifier de droit-de-l’hommiste » ?
En fait, les « gauchistes de 68 » n’étaient guère « droit-de-l’hommistes », et pas particulièrement critiques du « stalinisme et son implacable dictature ». Ce n’était plus à la mode : en 1968, Staline était mort et enterré depuis quinze ans, et tout ce qu’il y avait à dire sur lui l’avait été par Khroutchev en 1956. En 1968, tout ça faisait réchauffé. Le terme « stalinien » était surtout utilisé en 1968 pour stigmatiser le PCF et la CGT.
Ce n’est que bien plus tard, lorsqu’ils sont devenus notaires, que les anciens « gauchistes de 68 » se sont découvert tout à coup une passion pour les droits de l’homme, surtout quand il s’agissait des hommes de l’Est.
Pour avoir été de ces gauchistes, ou plutôt au milieu de ces gauchistes sans être forcément avec eux (et sans craindre de vous amuser ou apitoyer), je peux témoigner que c’est un élémentaire (et fort intéressé) sens de la justice qui m’avait particulièrement motivé : mes camarades assez riches pour louer des studios privés pouvaient y recevoir leur copine, alors que mézigue, boursier en cité U, cela m’était interdit. Injuste, ai-je pensé : tous les hommes (en semblable situation et responsabilité, ou en même légitime émotion 🙂 doivent avoir les mêmes droits.
Communistes et maoïstes n’étaient pas majoritaires dans nos amphis. Ni bien sûr les gaullistes. La majorité d’entre nous étaient des apolitiques qui se sont ou plutôt ont été, vaille que vaille, politisés…
En fait, pour ma part, si j’ai participé à “mai 68”, c’est de n’y comprendre rien… mais juste pour être dans un mouvement d’étudiants, mes semblables, mes frères. Par contre, les ouvriers (notamment les ouvrières) qui se mis en grève, elles et eux, savaient contre quoi ils se battaient.
@ Claustaire
[mes camarades assez riches pour louer des studios privés pouvaient y recevoir leur copine, alors que mézigue, boursier en cité U, cela m’était interdit. Injuste, ai-je pensé : tous les hommes (en semblable situation et responsabilité, ou en même légitime émotion 🙂 doivent avoir les mêmes droits.]
Pensez-vous que cela valait la peine de détruire l’université pour réparer cette « injustice » ?
[En fait, pour ma part, si j’ai participé à “mai 68”, c’est de n’y comprendre rien… mais juste pour être dans un mouvement d’étudiants, mes semblables, mes frères.]
Quels « semblables » ? Ceux qui avaient des studios privés, ou ceux qui étaient en cite U ?
@Descartes
Ou, pire, ils sortent directement de Sciences Po. Dans le même registre, le leader de Podemos, Pablo Iglesias (bizarrement encensé par une partie de la « gauche ») a une vision très tacticienne de la politique.
Et du coup, à l’inverse, saluons la responsabilité du sénateur (PS) de Guyane Georges Patient, rare politicien d’outre-mer à appeller ouvertement à la vaccination :
@ Ian Brossage
[« Formés très souvent dans le monde irréel du syndicalisme étudiant ou des groupuscules, ils ont de l’action politique une vision purement ludique. Un « jeu » qui consiste à conquérir une position de pouvoir, un poste, une prébende, de faire mordre la poussière à un adversaire, et non à agir sur le réel. » Ou, pire, ils sortent directement de Sciences Po.]
L’un n’empêche pas l’autre… on fait pas mal de syndicalisme et de politique groupusculaire à Sciences Po. Mais vous avez raison de souligner combien ce type de formation, centrée plus sur les logiques de communication que d’interrogation du réel est courante dans nos élites politiques.
[Dans le même registre, le leader de Podemos, Pablo Iglesias (bizarrement encensé par une partie de la « gauche ») a une vision très tacticienne de la politique.]
Je ne suis pas persuadé. Tout politicien s’intéresse bien entendu aux questions tactiques, mais on ne peut pas dire que dans le positionnement politique d’Iglesias – qui sont remarquablement constantes dans le temps – les considérations tactiques aient joué un grand rôle. Tout à l’inverse d’un Mélenchon qui commence à l’OCI, rejoint ensuite le PS pour devenir mitterrandien et soutenir le traité de Maastricht et le tournant de la rigueur, et finit sa carrière dans le gauchisme écologiste et la « désobéisance » européenne.
[Et du coup, à l’inverse, saluons la responsabilité du sénateur (PS) de Guyane Georges Patient, rare politicien d’outre-mer à appeler ouvertement à la vaccination : « J’appelle les Guyanais à un sursaut. Nous ne pouvons pas continuer à laisser ce virus nous décimer. La vaccination a fait la preuve de son efficacité. C’est aussi la solution pour un retour à une vie sociale, culturelle et économique normale ».
Vous faites une petite erreur : Georges Patient n’est pas « sénateur (PS) », mais « sénateur (LREM) ». Il siège en effet depuis 2017 dans le groupe formé par le parti présidentiel. Cela explique peut-être sa position concernant le vaccin…
ATTENTION ! LA RECHERCHE A MIS AU JOUR les élèments suivants suite à l’accessibilité de nombreuses archives depuis 2010.En Mai – Juin 1940 une trahison DE CERTAINS militaires d’extrème droite ouvre les portes de la France aux colonnes nazies.Vu la prédominance des Zemmour/Le Pen issus de cette mouvance cagoularde et pétainiste , il faut évoquer ces faits .La défaite de 1940 fut provoquée par les trahisons de cagoulards du haut commandement français liés à l’extrème droite:Absence de bombardements du pont où sont passés les 1000 chars de Gudurian.Absence aussi de la destruction du pont de Landrecies où les milliers de chars et matériels de Rommel sont passés.Ces sabotages et d’autres trahisons ont permis aux fascistes français alliés aux nazis de déclencher une guerre civile contre les collectivistes et les antisfascistes,tout en participant par antisémitisme à l’extermination des juifs.
@ luc
[ATTENTION ! LA RECHERCHE A MIS AU JOUR les élèments suivants suite à l’accessibilité de nombreuses archives depuis 2010. En Mai – Juin 1940 une trahison DE CERTAINS militaires d’extrême droite ouvre les portes de la France aux colonnes nazies.]
Je vois que le Grand Komplot a encore frappé. Pourriez-vous indiquer vos sources ?
[Vu la prédominance des Zemmour/Le Pen issus de cette mouvance cagoularde et pétainiste, il faut évoquer ces faits.]
Je vois mal Zemmour être « issu de cette mouvance cagoularde et pétainiste » qui était violemment antisémite. Encore une fois, il faut réfléchir un peu avant de sortir els grands mots.
[La défaite de 1940 fut provoquée par les trahisons de cagoulards du haut commandement français liés à l’extrème droite : Absence de bombardements du pont où sont passés les 1000 chars de Gudurian. Absence aussi de la destruction du pont de Landrecies où les milliers de chars et matériels de Rommel sont passés. Ces sabotages et d’autres trahisons ont permis aux fascistes français alliés aux nazis de déclencher une guerre civile contre les collectivistes et les antisfascistes, tout en participant par antisémitisme à l’extermination des juifs.]
C’est un peu facile. La défaite de 1940 a des causes multiples. Il y a eu certainement des « trahisons » du côté de l’extrême droite… mais aussi du côté des « pacifistes » de l’extrême gauche. Si la droite a dit “plutôt Hitler que le Front Populaire”, la gauche a crié “plutôt allemand que mort”. C’est une affaire trop complexe pour pouvoir la faire rentrer dans un cadre manichéen.
@luc et Descartes
Surtout que, concernant la défaite, une partie de l’extrême-droite l’a justement si peu refusée qu’elle a poursuivi la lutte depuis Londres ou dans la Résistance ; et que concernant l’extermination des juifs, “la recherche a mis à jour” que nul n’avait idée qu’on allait exterminer les juifs, précisément, avant 1941. Et la recherche, en l’occurrence, ce sont les excellents travaux de Christian Ingrao que je ne peux que recommander, notamment la Promesse de l’est, sur cette question.
Enfin, la “guerre civile” a justement vu les Français de tous bords se battre côte à côté d’autres Français de tous bords face à des Français de tous bords… Si la crise de 40 a bien mis quelque chose à jour, c’est que les divisions d’avant-guerre ne recoupait en fait pas la ligne de fracture de la société française.
@ Louis
[Surtout que, concernant la défaite, une partie de l’extrême-droite l’a justement si peu refusée qu’elle a poursuivi la lutte depuis Londres ou dans la Résistance ;]
Si on regarde les partis politiques, on peut constater que finalement le PCF a été à peu près le seul à être entré dans la résistance en tant que parti organisé. Il est vrai qu’il était le mieux armé en termes d’organisation pour passer à la clandestinité. Par contre, il est vrai qu’au niveau des individus on retrouve dans la France Libre ou dans la Résistance beaucoup de personnes venues de l’extrême droite catholique, particulièrement forte parmi les militaires.
[et que concernant l’extermination des juifs, “la recherche a mis à jour” que nul n’avait idée qu’on allait exterminer les juifs, précisément, avant 1941.]
La lecture attentive de « Mein Kampf » suffisait pour comprendre que le régime nazi ne leur voulait pas du bien, et que la déportation n’avait pas pour objectif d’améliorer leurs conditions de vie. Et puis, on se souvient de la célèbre « prophétie » de Hitler exprimée dans son discours du 30 janvier 1939 :
« Je veux aujourd’hui de nouveau être un prophète : si le judaïsme financier international en et hors d’Europe devait réussir à pousser les peuples une fois encore dans une guerre mondiale, alors le résultat ne sera pas la bolchévisation de la Terre et par là la victoire du judaïsme, mais l’anéantissement de la race juive en Europe »
Alors, dire qu’on n’avait pas la CERTITUDE que les juifs déportés allaient être exterminés, qu’on ne connaissait pas les conditions dans lesquelles les déportés étaient traités, c’est admissible. Dire « nul n’avait pas idée »… c’est faux.
[Enfin, la “guerre civile” a justement vu les Français de tous bords se battre côte à côté d’autres Français de tous bords face à des Français de tous bords… Si la crise de 40 a bien mis quelque chose à jour, c’est que les divisions d’avant-guerre ne recoupaient en fait pas la ligne de fracture de la société française.]
Je ne suis pas d’accord. Je dirais plutôt que les fractures « en temps de paix », qui tournent essentiellement autour de la question de la répartition du gâteau entre capital et travail, ne sont pas les mêmes que celles « en temps de guerre », quand l’enjeu est moins la répartition que l’existence même de la nation, de sa souveraineté, de sa place dans le monde. L’ambiguïté du « gaullo-communisme » réside à mon sens dans cette différence : alors que De Gaulle était plus proche des communistes que de la droite sur les enjeux « vitaux », il était très éloigné d’eux sur les questions de repartition.
Votre réponse m’est très sympathique par l’ampleur des méconnaissances qu’elle affiche.C’est le charme de votre blog irremplaçable lorsque des petites plumes franchisées utilisent ce logo.
Avant la capitulation du IIIème Reich, la bataille de France en mai juin 1940 a opposé 5.500.000 de militaires de l’armée française à 5.000.000 de l’armée allemande.
60.000 soldats français sont morts au combat dont 500 aviateurs, 20.000 civils ont été tués.
Après 6 semaines, la débâcle française s’est conclue par une armistice signée le 22 juin 1940 par le Général Huntzinger, dont on a dit qu’il avait donné les clés de Sedan à l’armée allemande.
Les combattants de la bataille de France de mai-juin 1940 ont subi la double peine, la défaite et l’effacement dans l’histoire. Cette année, dans les Ardennes, l’Avesnois, la Somme, l’Aisne, un travail de mémoire avait permis de recueillir des témoignages et d’organiser des commémorations pour faire connaître ces événements dramatiques. Avec l’annulation de ces cérémonies, il ne faut pas que l’oubli s’installe pour dissimuler la recherche des causes de la défaite.
Une grande partie de l’oligarchie française a préféré, entre les deux guerres, Hitler à Staline et a financé des groupes d’extrême droite qui ont formé des organisations clandestines comme l’OSARN l’Organisation Secrète d’Action Révolutionnaire Nationale et la Cagoule et ont tissé de nombreux liens avec l’armée et ses officiers supérieurs pour mettre en place un régime fasciste. Des attentats ont été commis et un coup d’état militaire programmé contre le front populaire pour le 17 novembre 1937 a avorté au dernier moment.
Marc Bloch dans l’étrange défaite a essayé d’analyser les causes de la débâcle et d’aller au delà des accusations d’incompétence, d’incurie et de retard d’une guerre des généraux : « Mais, sans doute, nos chefs n’auraient-ils pas, avec autant de coupable complaisance, succombé à ce découragement, dont une sage théologie a fait un des pires péchés, s’ils avaient été seulement mal assurés de leur propre talent. Au fond de leur coeur, ils étaient prêts, d’avance, à désespérer du pays même qu’ils avaient à défendre et du peuple qui leur fournissait leurs soldats… »La victoire allemande de 40 a permis la prise de pouvoir par Pétain et l’instauration d’un régime fasciste et collaborateur avec l’occupant. Le premier ministre de la Guerre de Vichy a été le Général Huntzinger père.
@ luc
[Votre réponse m’est très sympathique par l’ampleur des méconnaissances qu’elle affiche.C’est le charme de votre blog irremplaçable lorsque des petites plumes franchisées utilisent ce logo.]
« Ampleur des méconnaissances » ? Voyons voir :
[Avant la capitulation du IIIème Reich, la bataille de France en mai juin 1940 a opposé 5.500.000 de militaires de l’armée française à 5.000.000 de l’armée allemande. 60.000 soldats français sont morts au combat dont 500 aviateurs, 20.000 civils ont été tués. 5…)]
Tous ces rappels sont fort intéressants, mais n’ont aucun rapport avec la choucroute. Je vous rappelle votre affirmation : « ATTENTION ! LA RECHERCHE A MIS AU JOUR les éléments suivants suite à l’accessibilité de nombreuses archives depuis 2010. En Mai – Juin 1940 une trahison DE CERTAINS militaires d’extrême droite ouvre les portes de la France aux colonnes nazies ». Rien dans ce rappel ne permet de soutenir cette affirmation.
[Une grande partie de l’oligarchie française a préféré, entre les deux guerres, Hitler à Staline et a financé des groupes d’extrême droite qui ont formé des organisations clandestines comme l’OSARN l’Organisation Secrète d’Action Révolutionnaire Nationale et la Cagoule et ont tissé de nombreux liens avec l’armée et ses officiers supérieurs pour mettre en place un régime fasciste.]
Possiblement. Mais là encore, cela ne soutien nullement votre hypothèse de « certains militaires d’extrême droite ouvrant les portes de la France aux colonnes nazies ». L’OSARN (plus connu sous le nom de « La Cagoule ») a été surtout active au milieu des années 1930, mais en 1938 elle est totalement démantelée par la police. L’organisation n’a d’ailleurs guère de poids dans les milieux militaires : elle est surtout infiltrée dans les milieux économiques et dans le grand patronat.
[Des attentats ont été commis et un coup d’état militaire programmé contre le front populaire pour le 17 novembre 1937 a avorté au dernier moment.]
Oui. Mais de là à affirmer qu’ils « auraient ouvert les portes de la France aux colonnes nazies » il y a quand même un gouffre que vous franchissez allègrement sans la moindre prudence…
Votre réponse mérite d’être complétée.Bien sûr ,certains d’extrème droites ont ouvert les portes de la France à Gudurian et Rommel.D’autres de la droite très conservatrice ,de Gaulle,ont résisté dès le 17/05/1940.Le Colonel de Gaulle avait acquis le Président du Conseil Paul Reynaud à ses conceptions d’unités offensives équipées de char de combat. Grâce à son appui la nouvelle division lui été confiée. Mais le Général Gamelin était réticent et il n’en a pris officiellement le commandement que le 11 mai. Il a pourtant réussi dès le 14 mai à rassembler un effectif de 5.000 hommes et unecentaine de chars qui étaient dispersés entre la Normandie, la Champagne, le Loiret et les Vosges.Une offensive a été planifiée et les combats se menèrent à Montcornet, un carrefour routier important (Reims, Laon, St-Quentin) et un point de passage obligé pour le ravitaillement de plusieurs divisions allemandes. C’est aussi un centre de liaison important, des éléments de l’état-major du corps blindé de Guderian ainsi que les éléments logistiques de la 1e Panzer division (atelier de réparation, ravitaillement…) y sont stationnés.L’objectif est de permettre à la 6e armée du Général Touchon de former un front défensif sur l’Aisne.Le Commandant Grenet qui commande le Groupe de bombardement d’assaut II/54 sur Bréguet 693 croyait encore à la possibilité de freiner l’offensive allemande. Il aimait l’idée d’être associé dans le combat à la division du Colonel de Gaulle. Il avait suivi sa démarche et sa volonté acharnée de faire comprendre à l’État-Major général l’usage qui devait être fait du char de combat. Même si tout cela arrivait très tard, il reconnaissait et respectait la capacité de de Gaulle d’inclure les nouvelles technologies dans la stratégie militaire. Il voyait l’opportunité de mettre en oeuvre ce qui avait si bien réussi côté allemand dans la percée de Sedan. Volonté d’y croire encore. L’enjeu paraissait suffisamment important pour que le 15 au soir, la décision fut prise de revenir au vol rasant, la seule garantie d’efficacité maximum pour les bombardements de l’aviation d’assaut.Mais le Général Girier posa ses conditions, « d’accord pour le vol rasant mais sans vous. Je ne peux pas perdre mes deux chefs de groupe dans la même semaine. » Dont acte, le Commandant ne participera pas aux opérations du lendemain. Le Général Girier lui demanda d’engager les équipages qui n’avaient pas volé le 12, le 14 et le 15.Le 16 mai au matin, les équipages désignés, le Commandant Grenet confia à son adjoint, le Lieutenant de Bearn la responsabilité de la mission.Pierre regarda avec anxiété les 6 équipages décoller pour aller attaquer les colonnes ennemies en vol rasant sans lui. Et cela commença mal, le Lieutenant de Bearn fit une inversion de manette qui priva les moteurs d’essence au moment du décollage. Il dut se reposer en bord de piste. Mais, soulagement ! Il parvint à repartir et à rejoindre rapidement les trois avions du II/54 et lesdeux du I/54 qui prenaient la direction de Montcornet situé à une centaine de kilomètres de leur base de Montdidier. À la Fère, les chasseurs les rejoignirent pour assurer leur escorte. Il était convenu que la chasse couvrirait l’espace aérien à moyenne altitude pour protéger les Breguet des attaques de Messerchmitt sans les suivre au plus près, parce que tout de suite après leurjonction, les bombardiers allaient voler par patrouilles de deux pour lancer leurs attaques en corsaires.Parvenus dans le secteur de Montcornet, ils parvinrent à lâcher leurs bombes sur des colonnes de chars et à revenir à leur base sans avoir à déplorer aucune perte. Pourtant, l’opération n’est jugée que partiellement réussie par le Général Girier.Dans l’après midi, le Sergent Lami vit arriver dans son Hotchkis décapotable le Général Girier qui roula sur la piste dans sa direction. Il sortit de sa voiture, son stick sous un bras et son caniche dans l’autre. Il s’adressa à lui pour savoir combien d’avions étaient prêts à décoller. Le Sergentlui répondit qu’à sa connaissance, il n’y en avait que deux, le sien et celui du Sous-Lieutenant Chemineau. « Très bien, dans ce cas, préparez vous à partir en mission ! Direction Montcornet ! Ils ont besoin de vous là bas. Attaque en vol rasant et arrangez vous pour avoir le soleil dans le dos. »Une section de deux Breguet du II/54 fut formée avec des hommes qui n’avaient pas volé lors de la première mission de la journée. Cette fois encore, le Commandant Grenet resta au sol et vit partir sans lui, la mort dans l’âme, 2 équipages de son Groupe.Arrivés sur la zone cible, les 2 pilotes se lancèrent à l’attaque des panzers.Le Sergent Lami largua ses bombes en regrettant leur manque de puissance et son mitrailleur vida son chargeur sur les troupes au sol. Pas de balles incendiaires, parce qu’interdites par la Convention de Genève alors que les Nazis n’hésitaient pas, dès le début de la guerre à les utiliser massivement. Les deux Breguet, après deux passages en patrouille corsaire sur la colonne, furentatteints par la Flak ennemie. Le Sergent Lami aux commandes du deuxième Breguet parvint à éloigner l’avion de la zone de tir et à atterrir un peu plus loin. Il fut fait prisonnier ainsi que son mitrailleur, le Sergent Giard. Par contre, l’équipage du premier Breguet n’a pas eu cette chance. Le pilote, le Sous- Lieutenant Chemineau et le mitrailleur, le Sergent Guichon moururent dans leBreguet qui s’écrasa au sol…
@ Luc
[Votre réponse mérite d’être complétée.Bien sûr ,certains d’extrème droites ont ouvert les portes de la France à Gudurian et Rommel.D’autres de la droite très conservatrice ,de Gaulle,ont résisté dès le 17/05/1940.Le Colonel de Gaulle avait acquis le Président du Conseil Paul Reynaud à ses conceptions d’unités offensives équipées de char de combat. Grâce à son appui la nouvelle division lui été confiée. Mais le Général Gamelin était réticent ( …)]
De quelque façon que vous preniez le problème, vous aurez beaucoup de mal à démontrer que la défaite de 1940 était liée à des « militaires d’extrême droite qui ont ouvert la porte de France aux nazis ». Ici, vous donnez d’ailleurs le contre-exemple parfait : c’est De Gaulle, un militaire nettement classé « à droite », qui voulait utiliser les chars, et Gamelin, un général « de gauche », qui n’en voulait pas. Car Gamelin est un général « de gauche », qui doit sa carrière à Edouard Daladier, le ministre de la Guerre du Front Populaire…
Voici un nécessaire complément.
Le 13 mai, dès 5 heures du matin, alors que les Allemands sous le feu de l’artillerie française ne pouvaient franchir la Meuse faute de pouvoir construire les ponts flottants indispensables au passage des Panzer, des chars et des éléments d’infanterie français que l’on peut désigner sous le terme de « sections spéciales cagoulardes » attaquaient à revers les blockhaus d’artillerie et les divers points de résistance sur lesquels s’articulait tout le dispositif français.
Vers 15 heures, le blockhaus Bellevue, le plus important de la ligne, était détruit par ces éléments français.
Ce n’est qu’à partir de ce moment que les premiers fantassins allemands purent franchir le fleuve sur des canots pneumatiques, sans être fauchés par les tirs de ces blockhaus.
Dans le même temps, alors que les Panzerdivisionen et tout leur matériel de franchissement s’agglutinaient en masses compactes sur la rive droite de la Meuse, cibles idéales pour l’artillerie, le général français Huntziger ordonnait le retrait de ces canons, ceci de sa propre initiative et sans aucune raison stratégique, ou tactique.
Parallèlement, il enjoignait aux renforts venus au secours des défenseurs de la Meuse de faire demi-tour, alors que ces derniers tenaient toujours les berges.
Le sabotage de l’artillerie et l’affaiblissement progressif des troupes restées sur place permit ainsi aux allemands de jeter leurs ponts sur la Meuse sans subir de pertes, et les Panzer et armement lourds purent alors traverser sans opposition aucune, le lendemain matin 14 mai à 7h20.
L’excuse officiellement invoquée devant le grand public pour justifier ce repli fut une « hallucination collective » ayant provoqué la « panique de Bulson ».
Mensonge éhonté, démontré par production d’archives et témoignages.
Enfin les bombardements ordonnés pour le 14 mai, dans le but de détruire les ponts allemands furent également sabotés par le haut commandement de l’Armée de l’Air, en particulier le général Têtu, Cagoulard notoire, qui stoppa les vagues d’attaque françaises. Les bombardiers britanniques, malgré de lourdes pertes, ne purent détruire un seul de ces ponts.Des milliers de chars nazis purent franchir la Meuse et la Sambre..
@ Luc
[Enfin les bombardements ordonnés pour le 14 mai, dans le but de détruire les ponts allemands furent également sabotés par le haut commandement de l’Armée de l’Air, en particulier le général Têtu, Cagoulard notoire,]
Têtu était un “cagoulard notoire” ? C’est à se demander comment il a pu être nommé à son poste par un ministre de gauche… vous semblez oublier que la plupart des hauts gradés qui ont participé à la défaite de 1940 ont été mis en place et promus par des gouvernements “de gauche”, à commencer par celui du Front Populaire. Et ce n’est pas une coïncidence: c’est la conséquence d’une tendance à privilégier les nominations en fonction de critères politiques plutôt que professionnels. La plupart des militaires compétents étaient de droite, et donc perçus comme un danger pour la République. On a donc nommé des généraux plutôt “de gauche”, souvent incompétents mais isolés dans leur corps et perçus comme peu dangereux.
Au lien ci dessus la trahison à Sedan est détaillée.Dans la nuit du 18 au 19 mai, le général Georges ordonna, toujours en opposition aux ordres formels du général Gamelin, de retirer les forces françaises en mesure de stopper les Panzer sur une ligne Valenciennes – Laon pour les replier au sud de la Somme, ouvrant ainsi grand la route de la mer à Guderian et Rommel. (Ordre N°102)De la même manière, il sabota les contre-attaques de chars prévues au nord et au sud. Les chars français en furent réduits à regarder, l’arme au pied, passer les Allemands.Dans le même temps, de nombreuses divisions d’élite restèrent sans combattre dans la ligne Maginot et y furent maintenues jusqu’à leur reddition.Le 20 mai, après le limogeage du généralissime Gamelin, le général Weygand, en tant que nouveau commandant des armées alliées, interrompit définitivement le Plan Gamelin N°3 et maintint ses troupes sans ordres jusqu’au 25 mai. Ce n’est qu’une fois la situation définitivement compromise et les troupes du Nord totalement encerclées, qu’il donna les ordres nécessaires pour une retraite vers Dunkerque.En coulisse, tout au long de la bataille, le maréchal Pétain informait Hitler par l’intermédiaire de l’ambassadeur d’Espagne des décisions militaires prises et de l’évolution de sa manœuvre politique en vue de faire chuter le gouvernement de Paul Reynaud, puis d’abattre la République et de signer au plus tôt l’armistice.Lorsque ce but fut atteint, il fit cesser les combats aussitôt qu’il en eût le pouvoir. Pétain ne peut pas être réhabilité car il a trahi au profit des nazis ce 12 Mai 1940 , avant et après.Qu’en pensez vous ?
Un grand Merci pour cet article en’ particulier’ très historique et fondamentaletet votre blog en général qui enjolive notre vie et la bonifie .Oui,un très grand Merci !
Comme une grande partie de la société j’ai aussi ressenti ‘le coup d’état crypté fédéraliste de 1983’…Cette gouvernance cachotière et mensongère est une technique de prendre des décision irresponsables actives quelques années après , justifiés ‘par l’idéal européen’ .Cette grande manipulation est en effet au coeur de l’établishment européiste depuis des décennies.
Tout ceci je l’ai ressenti et analysé comme vous ;C’est rare et mérite une tentative de réponse.
Peut être car comme vous et votre entourage PCF y a 30 ans je suis issu d’une famille politique le PCF ?
Aujourd’hui il apparait comme un allié de façon cryptée avec l’état gaulliste entre 1969 et 1983 quand la France vivait ‘les jours heureux’ comme 5ième puissance de la planète et championne des droits sociaux .
Pourtant comme énoncé sur son site, le PCF n’est il pas le parti qui a plus de’ cent de projets d’avenir’ ?
Très peu sont retenus par les gouvernants supranationalistes actuels évidemment puisqu’il sont en affrontement. Le dernier est peut être le relèvement des retraites des agriculteurs proposé par Chassaigne, y a un an.
Alors après cette lecture le découragement est il obligatoire?Non car vous faites preuve de lucidité,l’exprimez vec talent.Vous éclairez vos lecteurs.
Déserter le terrain politique,la lutte des idées face à la puissance faites de ruses et de dissimulations des fédéralistes ne ménerait à rien même si l’on prêche dans le désert ,non ?
@ Luc
[Pourtant comme énoncé sur son site, le PCF n’est il pas le parti qui a plus de’ cent de projets d’avenir’ ?]
Le problème du PCF aujourd’hui est qu’il n’a pas de VISION d’avenir – et donc pas de projet. Bien entendu, il propose des mesures : un cadeau aux agriculteurs par ci, une augmentation du salaire des ouvriers par-là, une mesure en faveur des femmes à droite, un coup de pouce aux LGBTQI++++ de l’autre… et bien entendu un petit quelque chose pour les cultureux et une grosse dose de confiture pour les « classes intermédiaires ». Mais une liste de courses n’est pas un programme. Le PCF est incapable de décrire précisément comment fonctionne, comment est régulée la société qu’il veut construire. Même sur le plan institutionnel, il nous explique qu’il faut « changer de République » sans qu’on sache en quoi consisteraient les institutions qu’il propose.
Sur les responsables pas coupables de la situation actuelle (anthropocène meurtrier pour toute la biosphère) : toute la génération née entre les années 45 et 55 qui bénéficia de l’extraordinaire productivité + croissance + pouvoir d’achat + politique de l’offre (avec corrélation de l’explosion publicitaire) + consumérisme débridé + individualisme hédoniste.
Génération dont je suis : bien qu’informé dès le milieu des années 70 (alors que j’étais déjà en âge de raison) des dégâts (notamment pollution et dégradation des milieux naturels par l’agriculture industrielle) de notre système de production et de consommation, et décidé à ne pas avoir d’enfants pour ne pas contribuer à notre désastreuse multiplication, je n’ai pas milité de façon déterminé dans quelque parti politique écologiste qui (à l’instar de René Dumont durant sa campagne électorale de 1974) aurait déjà pu dès, cette époque-là, militer pour informer nos compatriotes de la dégradation en cours, des risques encourus et donc proposer de façon crédible et rationnelle une autre politique.
Comme des millions d’autres, j’ai préféré consacrer plus de temps à ma vie personnelle, conviviale, professionnelle et à mes loisirs qu’à la nécessaire militance écologiste qui aurait dû découler de notre prise de conscience, me contentant de rituelles manifs et grèves pour dénoncer, de temps en temps, le Système dont il s’agissait, surtout, de réclamer plus de pouvoir d’achat, donc plus de pouvoir de nuisance.
@ Claustaire
[Sur les responsables pas coupables de la situation actuelle (anthropocène meurtrier pour toute la biosphère) : toute la génération née entre les années 45 et 55 (…)]
Soyez cohérent : si vous parlez de « l’anthropocène » (dont le début se situe selon les auteurs entre -15000 ans et 1945) on voit mal comment ceux nés après 1945 pourraient être « responsables » de la chose…
[Comme des millions d’autres, j’ai préféré consacrer plus de temps à ma vie personnelle, conviviale, professionnelle et à mes loisirs qu’à la nécessaire militance écologiste qui aurait dû découler de notre prise de conscience,]
Je ne savais pas que vous donniez vous aussi dans la repentance… allez, dites 150 « ave maria », lisez trois fois « le Capital », et n’en parlons plus.
Plus sérieusement : vous noterez que les constructeurs du programme électronucléaire auront économisé bien plus de tonnes de CO2 que toutes les militants écologistes réunis… la militance écologiste est peut-être « nécessaire » quand on veut se donner bonne conscience, mais si vous voulez réduire l’empreinte écologique des activités humaines, il y a des investissements nettement plus productifs.
[me contentant de rituelles manifs et grèves pour dénoncer, de temps en temps, le Système dont il s’agissait, surtout, de réclamer plus de pouvoir d’achat, donc plus de pouvoir de nuisance.
C’est vrai… tous ces pauvres qui demandent plus de pouvoir de nuisance au lieu de se contenter de leur sort…
“Plus sérieusement”, comme vous osez dire… Dommage.
« Omne animal triste post coïtum, praeter gallum mulieremque » (Tout être vivant est triste après le coït à l’exception du coq et de la femme).Une version plus plaisante disait : “sauf l’âne et le prêtre”
Je me permets une petite remarque linguistique entre deux attaques ad hominem et deux insinuations forcément perfides. Le latin est une langue flexionnelle et donc les substantifs se déclinent. La préposition “post” qui signifie “après” dans un sens temporel et local gouverne l’accusatif. Il convient donc d’écrire :” Post potestatem animal triste.”
PS. Le russe est sans doute la langue que je connais le mieux après le français.
@ cd
[Le latin est une langue flexionnelle et donc les substantifs se déclinent. La préposition “post” qui signifie “après” dans un sens temporel et local gouverne l’accusatif. Il convient donc d’écrire :” Post potestatem animal triste.”]
Vous avez probablement raison, et j’ai porté la correction suggérée dans le texte. Pour être honnête, j’adore le latin mais les hasards de mon cursus scolaire on fait que je n’ai ai jamais eu l’opportunité de l’étudier sérieusement. Votre correction est donc la bienvenue !
Je me permets de vous conseiller cette interview.
L’intervenant y traite de plusieurs sujets que je vous ai lu évoquer ici. Et le moins qu’on puisse dire est qu’il a tendance à abonder dans votre sens.
Ça n’en reste pas moins très intéressant
@ Vincent
L’interview donne finalement une explication assez classique de ce qu’est l’idéologie “woke” et ses conséquences.
Ce qui m’étonne par contre est que personne ne souligne combien l’idéologie “woke” plonge ses racines dans la vision protestante. “Woke”, rappelons-le, est une déformation du participe du verbe “to wake”, qui veut dire “éveiller”. Le militant “woke” est un “éveillé” aux injustices et aux oppressions dont souffrent les minorités. Autrement dit, le militant “woke” est un élu, un “éveillé” qui accède à une connaissance invisible pour les autres, et qui par conséquent a une mission, celle de faire connaître aux autres cette “bonne parole” – et accessoirement, de punir ceux qui refuseraient de l’écouter.
Cela ne vous rappelle rien ? Il s’agit bien entendu d’un raisonnement sectaire. Et comme dans le cas de la secte, l’argument est infalsifiable: celui qui est en désaccord, c’est qu’il a intégré le “racisme/sexisme/specisme” de la domination blanche, et cette intégration lui empêche de voir la vérité.
Ce n’est pas un hasard si l’idéologie “woke” domine dans les pays anglosaxons: l’histoire du protestantisme dans ces contrées a donné lieu à la naissance de très nombreuses sectes: presbitériens, évangéliques, quaquers, amish… Ces sectes se sont construites précisément sur cette idée “d’élection”: les membres de la secte voient une “vérité” qui est cachée aux autres.
@Descartes
Ce qui est intéressant dans l’interview, c’est que ce mouvement est replacé dans son contexte général d’évolution sociétale : surprotection de la jeunesse qui ne supporte plus la moindre contradiction, demande de bureaucratisation des rapports sociaux, etc.
Je suis assez d’accord avec vous sur l’aspect “protestant”. Personnellement, j’appelle parfois les woke : “neojansenistes”, il me semble que la comparaison tient encore mieux qu’avec le protestantisme (mais les jansénistes étaient à l’époque vus comme des quasi protestants, donc il n’y a pas de contradiction avec ce que vous écrivez) :
Je trouve qu’il y a un nombre hallucinant de caractéristiques communes :
– comme chez les protestants, les adeptes se vivent comme des élus,
– il y a une très forte intolérance vis à vis de plein de choses du quotidien, ils passent pour des dragons de vertu, affichant ostensiblement leur intolérance vis à vis de tout ce qui s’écarte de la stricte morale,
– ils ont une aversion pour l’humour et la dérision,
– leur pratique est subversive, dans la mesure où elle vient en contradiction avec l’ordre établi,
– le tout repose sur le péché originel (Adam et Eve dans un cas, la domination blanche patriarcale dans l’autre), dont on est dépositaire par sa naissance, et dont il faut s’affranchir en battant sa coulpe en permanence,
– comme vous le pointez, il s’agit d’un raisonnement sectaire,
– et comme le pointait Molière avec son Tartuffe, les dragons de vertu, dès qu’ils ne sont plus exposés en public, peuvent se changer en l’inverse de ce qu’ils prétendent (il suffit de voir les histoires d’agressions sexuelles et de harcèlement dans les organisations les plus progressistes, type EELV ou UNEF),
– presque personne ne se revendique ouvertement de cette idéologie, mais celle ci a néanmoins une très forte influence dans les milieux universitaires et dirigeants (et presque aucune influence dans le reste de la société).
J’aimerais avoir le talent de Molière pour écrire un Tartuffe 2, actualisé…
Je suis étonné de la stagnation de Montebourg dans les sondages. Sa proposition de referendum pour redonner au parlement pouvoir sur les directives européennes me semble cohérente. De toutes façons, aucun candidat ne propose une sortie de l’UE.
Je suis étonné aussi de ce qu’il ne fait pas grand choses pour construire une structure partidaire. J’ai essayé d’adhérer, jusqu’à présent, on ne sollicite que des dons. S’il était élu, il lui faudrait bien une majorité ?
@ Paul
[Je suis étonné de la stagnation de Montebourg dans les sondages.]
Pourquoi ? Il est entré dans l’arène et bénéficie dès le départ du soutien des gens qui connaissent ses idées et y adhèrent. Mais pour aller plus loin, il faut créer une dynamique, donner envie à des gens qui ne votent pas ou qui votent pour autre chose de le suivre, et c’est déjà beaucoup plus compliqué. Il faut pouvoir épouser les problématiques qui préoccupent les électeurs. Or, Montebourg n’aborde guère ces questions. Qu’a-t-il à dire sur la sécurité ? sur l’immigration ? sur l’identité ? sur les institutions ?
[Sa proposition de referendum pour redonner au parlement pouvoir sur les directives européennes me semble cohérente.]
Désolé, mais elle est totalement incohérente. Que se passera-t-il par exemple si le Parlement français vote une loi rétablissant le monopole d’EDF en contradiction avec la directive « électricité » ? La Commission trainera la France devant la CJUE pour infraction des traités, la CJUE condamnera la France à des astreintes millionnaires. Qu’est-ce qu’on fait ? On ne paye pas ? La CJUE ordonnera la saisine de la BCE, qui fermera le robinet monétaire. Et qu’est-ce qu’on fait alors ?
Tous ceux qui parlent de « désobéir aux traités » (Montebourg, mais aussi Mélenchon…) fondent leur raisonnement sur le présupposé « ils n’oseront pas sanctionner la France ». Ils se trompent. Les conditions dans lesquelles s’est déroulé le Brexit montrent que la Commission ose tout.
[De toutes façons, aucun candidat ne propose une sortie de l’UE.]
Non, il maintient l’illusion qu’on peut rester dans l’UE sans obéir aux directives qui nous déplaisent.
[Je suis étonné aussi de ce qu’il ne fait pas grand-chose pour construire une structure partidaire. J’ai essayé d’adhérer, jusqu’à présent, on ne sollicite que des dons. S’il était élu, il lui faudrait bien une majorité ?]
Mon cher ami et camarade, le temps des partis politiques, avec des militants et des adhérents, c’est FI-NI. Y’a plus, terminé, kaput. Un parti, c’est un projet collectif qui transcende les hommes qui l’animent. Il n’est pas au service de l’ambition d’un homme, pas plus qu’il n’est à sa botte. Un parti a une existence autonome, c’est lui qui choisit le candidat. Ce n’est plus du tout dans l’air du temps : nous avons aujourd’hui des leaders qui s’autorisent d’eux-mêmes, et qui constituent tout au plus des structures « gazeuses » constituées de donateurs et non de militants.
Nous sommes des dinosaures, camarade, mieux vaut l’assumer.
@Descartes
[Désolé, mais elle est totalement incohérente. Que se passera-t-il par exemple si le Parlement français vote une loi rétablissant le monopole d’EDF en contradiction avec la directive « électricité » ? La Commission trainera la France devant la CJUE pour infraction des traités, la CJUE condamnera la France à des astreintes millionnaires. Qu’est-ce qu’on fait ? On ne paye pas ? La CJUE ordonnera la saisine de la BCE, qui fermera le robinet monétaire. Et qu’est-ce qu’on fait alors ?]
(Pour continuer dans les propositions peu consensuelles), on envoie un SCALP-EG frapper à la porte de la Skytower à Francfort, car couper le robinet de liquidités reviendrait à une déclaration de guerre, économique certes, mais de guerre quand même. Puis je recommanderais fortement à nos « partenaires européens » de ne pas chercher la surenchère, car in fine la France a la faculté de transformer les autres en patinoire géante, ce que les autres n’ont pas.
Sans aller jusqu’à cette extrémité, en mesure de rétorsion on peut très bien rendre les contrôles douaniers, particulièrement pointilleux, en particulier en ce qui concerne les denrées périssables venant d’Espagne et du Portugal, ainsi que de leur couper les lignes THT transfrontalières, ce qui mettra inévitablement leurs économies à genoux. On peut par ailleurs fermer notre espace aérien aux pays de l’UE, tout comme on peut faire tourner à plein régime les rotatives de Chamalières… Je crois que la France dispose encore de moyens de se faire entendre et dans le cas présent, en cherchant, on fini par trouver.
De plus, je crois que couper le robinet à liquidités à la France, reviendrait à enclencher le bouton d’autodestruction, la France n’étant pas la Grèce, le nombre de victimes collatérales serait bien plus important.
Par ailleurs, pour en revenir à notre échange précédent, c’est bien beau de dire qu’il faut se retirer des traités européens, mais on s’y prend comment concrètement, sachant que le conseil constitutionnel veille au grain ? Croyez moi, il trouvera bien le moyen de nous expliquer qu’il faut passer par un article 11 ou 89 pour le faire, impossible donc sachant que le sénat s’opposerait à ce genre de mesure. Donc à un moment ou à un autre, la question de sa castration se pose (avant sa liquidation pure et simple, la Troisième République n’ayant pas eu besoin de ce genre de verrue pour fonctionner).
@ François
[(Pour continuer dans les propositions peu consensuelles), on envoie un SCALP-EG frapper à la porte de la Skytower à Francfort, car couper le robinet de liquidités reviendrait à une déclaration de guerre, économique certes, mais de guerre quand même.]
Pas du tout. C’est la simple conséquence d’une non-application des traités. Selon la formule consacrée, les traités s’appliquent « sous réserve de réciprocité ». Autrement dit, si une partie à un traité cesse de l’observer, l’autre est en droit déliée de ses obligations. Si la France décide qu’elle n’appliquera pas les traités européens quand ça l’arrange, alors la BCE n’a plus aucune obligation de fournir des liquidités à la France.
[Puis je recommanderais fortement à nos « partenaires européens » de ne pas chercher la surenchère, car in fine la France a la faculté de transformer les autres en patinoire géante, ce que les autres n’ont pas.]
Oui, mais elle ne le fera pas. Inutile d’exprimer des menaces qu’on n’est pas en mesure de mettre à exécution.
[Sans aller jusqu’à cette extrémité, en mesure de rétorsion on peut très bien rendre les contrôles douaniers, particulièrement pointilleux, en particulier en ce qui concerne les denrées périssables venant d’Espagne et du Portugal, ainsi que de leur couper les lignes THT transfrontalières, ce qui mettra inévitablement leurs économies à genoux.]
N’exagérons rien. Les contrôles « particulièrement pointilleux » gêneront certainement les importations vers la France, l’arrêt de l’exportation d’électricité obligera certains pays à prendre des mesures coûteuses pour y suppléer. Mais personne ne sera mis « à genoux ». Et croire que nos partenaires européens seraient prêts à accepter que la France applique les traités « à la carte » par peur de ce genre de rétorsion me parait pour le moins aventureux.
[On peut par ailleurs fermer notre espace aérien aux pays de l’UE,]
En échange de quoi les pays européens fermeraient leur espace aérien à nos avions. On serait bien emmerdés, bien plus qu’eux. Sans compter que les règles de la navigation aérienne sont contenues dans des traités qui vont bien au-delà de l’UE, et que les violer nous exposerait à être considéré comme un « état pirate ».
[tout comme on peut faire tourner à plein régime les rotatives de Chamalières…]
Oui, mais pour imprimer quoi ? Pas des euros, sans quoi on serait devenu un « état pirate », falsifiant la monnaie d’un autre état.
[Je crois que la France dispose encore de moyens de se faire entendre et dans le cas présent, en cherchant, on fini par trouver.]
Au-delà du caractère absurde de certains de ces « moyens », franchement, ne trouvez-vous pas qu’il serait plus simple de sortir pure et simplement des traités plutôt que d’utiliser la bombe atomique, falsifier de la monnaie ou devenir une sorte d’Albanie sous Enver Hodja ?
[Par ailleurs, pour en revenir à notre échange précédent, c’est bien beau de dire qu’il faut se retirer des traités européens, mais on s’y prend comment concrètement, sachant que le conseil constitutionnel veille au grain ?]
Le Conseil constitutionnel n’a pas voix au chapitre : on voit mal en quoi la dénonciation d’un traité – c’est-à-dire l’acte par lequel un pays déclare qu’il ne s’estime plus lié par un traité – pourrait être jugé non conforme à la Constitution. La procédure de dénonciation des traités est bien connue dans les usages diplomatiques. La France envoie une note à ses partenaires indiquant qu’elle ne s’estimera pas liée par le traité à expiration d’un certain délai, pour permettre la négociation sur les arrangements nécessaires. Il n’est pas clair d’ailleurs qu’une telle dénonciation nécessite une loi.
Cher camarade saurien,
Je suis d’accord: les partis sont morts, c’était pourtant une institution de la Vème République, outre l’importance du parti des ouvriers.
Cela ne’enlève rien à ma question: que fait un candidat tel Montebourg s’il est élu pour avoir une majorité parlementaire acquise à son projet ? Est-ce que la création d’un LREM nouveau est reproductible éternellement ? Surtout pour un candidat comme Montebourg qui prétend redonner sens au parlement, par un retour aux fondements de la Vème ? J’y vois une contradiction, car au mieux, il se reposerait sur une coalition de partis comme dans la IVème… et je ne vois pas de partis (pardon, groupes d’opportunités) capables de faire un compromis venant gêner l’ego de leurs dirigeants. Et je regrette pour Kuzmanovic que je respecte, il suit actuellement la même voie qu’un Asselineau.
Bref, j’ai peur de te rejoindre lorsque tu dis que l’agitation que nous pourrons vivre n’est qu’éphémère et n’empêchera pas la réelection de Macron.
J’attends avec hâte ton futur papier sur Zemmour. Celui-ci semble faire turbuler le système, mais à quoi peut-il mener ? Je suis peut-être ambivalent, mais à son propos, je ne veux pas entrer dans les fantasmes. C’est certes un libéral, mais aussi un colbertiste, et je ne crois pas savoir que la révolution prolétarienne soit à l’ordre du jour. Alors, pourquoi ne pas entendre ce qu’il peut dire et proposer. Il est de droite (encore faut-il savoir où se situe le clivage gauche/droite de nos jours). On le dit d’extrême-droite quant à ses positions sur l’immigration, pourtant en l’entendant, si ce n’est une confusion ambiguë sur l’Islam et l’islamisme, ses propositions sont cohérentes. On lui reproche de ne pas avoir de programme, il a des propositions. Honnêtement, son discours m’intéresse, et je ne trouve “à gauche” aucune réflexion. Je suis bien partagé ! Bon, camarade, tu ne résoudras pas l’ambivalence que X années de psychanalyse n’ont pas résolue, mais je te serai reconnaissant de ta pensée rationnelle.
en toute amitié,
Paul
@ Paul
[Je suis d’accord: les partis sont morts, c’était pourtant une institution de la Vème République, outre l’importance du parti des ouvriers.]
J’irai même plus loin : c’est une institution inhérente à la démocratie. Il n’y a pas de démocratie sans partis politiques, c’est-à-dire, sans une capacité des citoyens partageant un même cadre idéologique de référence à se réunir pour écouter la société, élaborer un projet et chercher à convaincre leurs concitoyens de l’adopter. Je ne crois personnellement pas à une démocratie d’individus, chacun travaillant de son côté. La participation à un intellectuel collectif, avec ce que cela implique de l’apprentissage de la négociation, de la discussion, du compromis, me paraît fondamentale.
[Cela n’enlève rien à ma question: que fait un candidat tel Montebourg s’il est élu pour avoir une majorité parlementaire acquise à son projet ? Est-ce que la création d’un LREM nouveau est reproductible éternellement ?]
Et pourquoi pas ? Qu’est ce qui a changé depuis 2017 et qui rendrait impossible aujourd’hui l’aventure macroniste ? Si demain Montebourg était élu, il y aurait la foule des médiocres pour aller lui baiser l’anneau en échange d’une investiture. Croyez-moi, des gens comme Pompili, Castaner ou Darmanin, ce n’est pas ça qui manque.
[Surtout pour un candidat comme Montebourg qui prétend redonner sens au parlement, par un retour aux fondements de la Vème ?]
Je veux bien qu’on idéalise Montebourg, mais s’il propose quelque chose, ce n’est certainement pas un « retour aux fondements de la Vème ». Ce serait plutôt un retour à la IVème. Seulement, comme disait je ne sais plus qui, on ne peut se baigner deux fois dans la même rivière : la IVème fut le « régime des partis » parce qu’il y avait des partis. Aujourd’hui, un retour au régime d’assemblée aboutirait à une atomisation complète du spectre.
[J’y vois une contradiction, car au mieux, il se reposerait sur une coalition de partis comme dans la IVème… et je ne vois pas de partis (pardon, groupes d’opportunités) capables de faire un compromis venant gêner l’ego de leurs dirigeants.]
Oui, parce qu’il n’y a plus de partis, il n’y a plus que des individus. Ce qu’on appelle « parti » n’est guère plus que le « club des fans de… ». Ils n’ont d’autre but que de conduire leur « deux ex machina » vers la magistrature suprême, et de le faire dans ses termes. Et on le voit bien : quand un « ancien » parti décide tout à coup que son candidat sera désigné par les militants en congrès, on se retrouve avec des candidats qui considèrent cette décision comme nulle et non avenue.
[Bref, j’ai peur de te rejoindre lorsque tu dis que l’agitation que nous pourrons vivre n’est qu’éphémère et n’empêchera pas la réélection de Macron.]
Pour moi, elle est pratiquement acquise. Et ce qui me déprime le plus, c’est de constater qu’on vit dans un pays où un Macron devient la seule option crédible.
[J’attends avec hâte ton futur papier sur Zemmour. Celui-ci semble faire turbuler le système, mais à quoi peut-il mener ? Je suis peut-être ambivalent, mais à son propos, je ne veux pas entrer dans les fantasmes.]
C’est un personnage fantasmatique. J’avoue qu’il m’émeut parce qu’il me parle d’une France que j’ai connue dans mon adolescence, que j’ai beaucoup aimée, et qui est – c’est le propre du passé – irrémédiablement perdue. Il me rappelle le dialogue irrésistible des « givrés » de Xavier Gorce :
– C’était mieux avant !
– Quand ça, avant ?
– Quand je croyais que ce serait mieux après !
On me dira que cette France-là était raciste, sexiste, qu’elle discriminait les pauvres et les minorités, on n’avait pas le droit de dire « merde » à la télé ou de porter du maquillage au lycée. Mais elle avait aussi un charme, un humour, une galanterie, une joie de vivre que je ne retrouve plus aujourd’hui. La France des Anne Coffin et Sandrine Rousseau est peut-être plus libre, plus égalitaire, mais elle est surtout beaucoup plus triste, avec sa police des mœurs qui traque la moindre plaisanterie douteuse. Et cela me désole, pas seulement pour moi, mais surtout pour les jeunes qui ne sont peut-être même pas conscients de ce qu’ils ont perdu.
Zemmour, au-delà de ses outrances, ressuscite un peu ce monde perdu. Pas étonnant que son discours motive d’abord l’électorat le plus âgé, c’est-à-dire, celui qui est sensible à cette nostalgie. Pour moi, c’est là le secret de sa réussite.
[C’est certes un libéral, mais aussi un colbertiste, et je ne crois pas savoir que la révolution prolétarienne soit à l’ordre du jour. Alors, pourquoi ne pas entendre ce qu’il peut dire et proposer.]
Ah mais… je l’entends, je l’entends. Je suis très loin de partager le réflexe de diabolisation si courant à gauche quand il s’agit du polémiste en question. Mais je crains malheureusement que ses « propositions » sur le plan économique et social soient finalement un copier-coller de celles de Fillon.
[On le dit d’extrême-droite quant à ses positions sur l’immigration, pourtant en l’entendant, si ce n’est une confusion ambiguë sur l’Islam et l’islamisme, ses propositions sont cohérentes.]
Jusqu’à un certain point. Je suis 100% d’accord avec lui lorsqu’il défend l’assimilation – idée que j’ai toujours défendu sur ce blog et ailleurs, et qui m’a valu bien de commentaires désagréables. Mais pour que l’assimilation marche, il faut que la société – et notamment les classes intermédiaires – acceptent d’en payer le prix. Cela suppose un investissement public massif… peu compatible avec les politiques sociales ou fiscales que Zemmour a défendu par le passé.
[Honnêtement, son discours m’intéresse, et je ne trouve “à gauche” aucune réflexion. Je suis bien partagé !]
Je suis dans la même position. Remarque, j’ai entendu hier une intervention de Roussel sur le nucléaire… je lui tire mon chapeau. Enfin un dirigeant « de gauche » qui potasse son dossier et qui ose appeler un chat un chat. Ce ne sera peut-être pas suffisant pour lui offrir un beau score, mais c’est un bon début.
Oui, Zemmour est « intéressant » parce qu’il a une réflexion personnelle, qui sort du pur calcul politicard et de la logique d’adaptation du discours à des « publics cibles ». Le succès de Zemmour tient moins à une « droitisation » de la société que de l’incapacité des autres acteurs politiques à produire un discours « intéressant » ne serait-ce qu’intellectuellement.
@ Paul @ Descartes
[“Bref, j’ai peur de te rejoindre lorsque tu dis que l’agitation que nous pourrons vivre n’est qu’éphémère et n’empêchera pas la réélection de Macron.”
“Pour moi, elle est pratiquement acquise. Et ce qui me déprime le plus, c’est de constater qu’on vit dans un pays où un Macron devient la seule option crédible.”]
Pas forcément. La candidature “disruptive” de Zemmour aura peut-être finalement le mérite de nous débarrasser de Macron… au profit de Michel Barnier 😉
@ dsk
[Pas forcément. La candidature “disruptive” de Zemmour aura peut-être finalement le mérite de nous débarrasser de Macron… au profit de Michel Barnier 😉 ]
Beurk!
@ Descartes
[“Beurk!”]
Vous dîtes beurk, mais les “classes intermédiaires”, elles, disent miam miam ! Plus sérieusement, j’avoue que je me prends à croire aux chances de Zemmour de l’emporter. Quant à son discours “libéral”, il me semble qu’il n’est pas pire que celui de Sarkozy en 2007, dont vous m’avez pourtant si souvent chanté les louanges !
@ dsk
[Quant à son discours “libéral”, il me semble qu’il n’est pas pire que celui de Sarkozy en 2007, dont vous m’avez pourtant si souvent chanté les louanges !]
Je ne me souviens pas avoir chanté les louanges du DISCOURS de Sarkozy. J’avais et j’ai toujours une certaine tendresse pour le personnage, et une appréciation équilibrée de son bilan. Je ne me souviens pas avoir écrit sur son “discours”. Mais puisque vous évoquez cette question, je ne vois pas une véritable proximité entre le discours de Sarkozy en 2007 et celui de Zemmour aujourd’hui. Quel serait l’équivalent du “travailler plus pour gagner plus” chez Zemmour ?
@ Descartes
[“Quel serait l’équivalent du “travailler plus pour gagner plus” chez Zemmour ?”]
Eh bien, je dirais l’accent mis sur la nécessaire réindustrialisation du pays, qui permettrait déjà aux chômeurs de “travailler pour gagner quelque chose” et aux travailleurs “uberisés” et autres “auto-entrepreneurs” de vraiment “gagner plus”, ce qui me paraît d’ailleurs nettement moins “libéral”, et surtout, moins obscène, que le slogan “travailler plus pour gagner plus” lorsque le pays compte 3 millions de chômeurs du fait, précisément, de la désindustrialisation…
@ dsk
[“Quel serait l’équivalent du “travailler plus pour gagner plus” chez Zemmour ?” Eh bien, je dirais l’accent mis sur la nécessaire réindustrialisation du pays, qui permettrait déjà aux chômeurs de “travailler pour gagner quelque chose”]
Oui, mais vous évoquez là une revendication des classes intermédiaires, qui ne veulent plus payer des cotisations chômage, et non une revendication des couches populaires, préoccupées par le pouvoir d’achat. J’ai trouvé Zemmour extrêmement discret sur la question du pouvoir d’achat ou de la pauvreté. La force de la formule sarkozyenne était justement de faire référence au porte monnaie.
@ Descartes
[La force de la formule sarkozyenne était justement de faire référence au porte monnaie.]
C’est marrant comme la “grammaire politique” change au gré des années… Une petite histoire familiale : mes arrière-grand-parents étaient assez typiques de l’entre-deux-guerre, tout compte fait. Le père était un brestois de longue date, militant SFIO, syndicaliste, OQ à l’arsenal ; le fils était un militant SFIC, syndicaliste, OC à l’arsenal ; la mère était une femme au foyer venue de l’arrière-pays léonard, catholique et conservatrice, qui maitrisait mal le français. Eh bien, les discussions en période électorales tournaient autour des hommes voulant “voter pour leur porte-monnaie” (ce slogan faisait apparemment fureur à l’époque) pendant que la mère les exhortait à “voter pour le salut de leur âme”…
@ Descartes
[“Eh bien, je dirais l’accent mis sur la nécessaire réindustrialisation du pays, qui permettrait déjà aux chômeurs de “travailler pour gagner quelque chose”
“Oui, mais vous évoquez là une revendication des classes intermédiaires, qui ne veulent plus payer des cotisations chômage, et non une revendication des couches populaires, préoccupées par le pouvoir d’achat.”]
Ah bon ? Vous m’étonnez. Je n’ai franchement pas le sentiment que la vogue actuelle chez les “classes intermédiaires” des centres-villes pour le vote écolo, soit le signe qu’ils “revendiqueraient” la réindustrialisation du pays…
[“J’ai trouvé Zemmour extrêmement discret sur la question du pouvoir d’achat ou de la pauvreté.”]
Certes. Mais peut-être cela va-t-il changer ? Je l’ai d’ailleurs entendu récemment reprendre à son compte la formule “travailler plus pour gagner plus”.
[“La force de la formule sarkozyenne était justement de faire référence au porte monnaie.”]
Oui. Enfin, rendons à César ce qui est à César : sans Jospin et ses 35 heures, que Sarkozy se devait à tout prix de combattre pour plaire à son électorat, cette formule ne lui serait sans doute jamais venue à l’esprit.
@ dsk
[Ah bon ? Vous m’étonnez. Je n’ai franchement pas le sentiment que la vogue actuelle chez les “classes intermédiaires” des centres-villes pour le vote écolo, soit le signe qu’ils “revendiqueraient” la réindustrialisation du pays…]
Tout à fait. Mais la vogue actuelle chez les « classes intermédiaires » pour réclamer la baisse des impôts et cotisations ne vous aura pas échappé. Or, vous ne baisserez pas les cotisations si vous n’arrivez pas à faire baisser le chômage. La « réindustrialisation » à droite, c’est la réponse à une revendication fiscale, et non sociale. Je doute que le discours « industrialiste » de Pécresse ait un grand effet à Hayange ou Hénin-Beaumont…
[“J’ai trouvé Zemmour extrêmement discret sur la question du pouvoir d’achat ou de la pauvreté.” Certes. Mais peut-être cela va-t-il changer ? Je l’ai d’ailleurs entendu récemment reprendre à son compte la formule “travailler plus pour gagner plus”.]
Peut-être changera-t-il de discours pour attirer de nouveaux électeurs… mais vous m’accorderez que les questions sociales ne sont pas au cœur de sa réflexion ou de son discours.
[“La force de la formule sarkozyenne était justement de faire référence au porte monnaie.” Oui. Enfin, rendons à César ce qui est à César : sans Jospin et ses 35 heures, que Sarkozy se devait à tout prix de combattre pour plaire à son électorat, cette formule ne lui serait sans doute jamais venue à l’esprit.]
Je ne suis pas sûr. D’abord, parce que Jospin en 2007, c’était de l’histoire ancienne. Quand Sarkozy se présente, les 35 heures sont un fait acquis qu’il ne se propose d’ailleurs pas de supprimer – les classes intermédiaires, principales bénéficiaires de la mesure, ne lui auraient pas pardonné. Mais surtout, parce que le lien fort entre le travail et la rémunération est une constante de la droite – et plus généralement, de l’idéologie bourgeoise. Il ne faut pas oublier que la théorie de la “valeur travail” est l’invention d’économistes “bourgeois” (Ricardo au premier chef), et que la bourgeoisie a toujours cherché à justifier la position du patron en le présentant comme un travailleur acharné.
@Paul
Sérieusement, qu’est-ce qui vous permet de faire une telle comparaison ? Asselineau a bâti son parti sur un fonctionnement interne monarchique et sectaire et en séduisant les instincts complotistes des excités de l’Internet. République Souveraine a une position rationnelle sur bien des sujets où il serait à court terme plus rémunérateur de caresser les « anti » dans le sens du poil (sur le nucléaire, sur les vaccins…), et cultive d’une manière générale un certain esprit de sérieux.
Celui qui suit la voie d’Asselineau, c’est plutôt Philippot…
@Paul
Vous oubliez Kuzmanovic. République Souveraine est certes un tout petit parti, qui peu de chances de dépasser les 1%, mais il a le mérite d’exister. Je cite :
« […] Notre objectif premier n’est donc pas un « Frexit » respectueux des traités européens par la voie de l’article 50 du Traité sur le fonctionnement de l’UE : on a vu combien cela a pu être difficile pour le Royaume-Uni, qui n’était pas un membre fondateur, qui avait conservé sa monnaie et qui n’a qu’une seule courte frontière terrestre avec l’Union. Un gouvernement hostile à l’UE arrivant au pouvoir en France devra affronter les pires manœuvres de ses adversaires : procédures de la Commission européenne, spéculations boursières, condamnation des autres gouvernements, refus de liquidités de la part de la Banque centrale européenne (BCE), fuite des capitaux, exil fiscal…Tirant les conclusions légitimes de la victoire du « non » au référendum de 2005, il faudra donc, dans les plus brefs délais : dénoncer le traité de Lisbonne qui a été ratifié au mépris de ce suffrage ; suspendre l’application de la directive sur les travailleurs détachés ; réviser systématiquement les normes européennes introduites dans le droit français pour rejeter celles qui sont contraires à l’intérêt général ; suspendre l’application des parties non tarifaires des traités de libre-échange signés par l’Union européenne ; surtout, mettre en place un contrôle temporaire des capitaux.Six mois après, une fois établies les conditions d’une expression libre et non faussée de la volonté du peuple français, sera organisé un référendum sur la sortie de l’euro et de l’UE. […] »
@ Ian Brossage
[« De toutes façons, aucun candidat ne propose une sortie de l’UE. » Vous oubliez Kuzmanovic. République Souveraine est certes un tout petit parti, qui peu de chances de dépasser les 1%, mais il a le mérite d’exister.]
Existe-t-il ? Cela faisait très longtemps que je n’entendais pas parler de cette candidature. Même sur son site, il n’y a guère d’informations sur l’avancement de sa campagne. Est-ce que cette candidature est toujours d’actualité ?
@Descartes
J’avoue que je ne comprends pas votre question (qu’est-ce qu’une candidature « d’actualité » ? faut-il un nouveau communiqué toutes les semaines ?). La candidature a été déclarée… S’agissant d’une « petite » candidature, il est évident que sa campagne sera sûrement peu audible et peu présente sur le terrain (et ne parlons même pas des médias). Cependant, il n’y a aucun signe que Kuzmanovic ait changé d’avis, surtout vu que Montebourg produit un discours assez peu convaincant sur l’UE.
@ Ian Brossage
[J’avoue que je ne comprends pas votre question (qu’est-ce qu’une candidature « d’actualité » ? faut-il un nouveau communiqué toutes les semaines ?). La candidature a été déclarée… ]
Une candidature ne se limite pas à un acte administratif, à faire un fax aux rédactions ou à publier sur un site un papier disant “je suis candidat”. Une candidature suppose un minimum d’activité: publication de papiers, interventions dans des réunions publiques, constitution de structures de campagne…
[S’agissant d’une « petite » candidature, il est évident que sa campagne sera sûrement peu audible et peu présente sur le terrain (et ne parlons même pas des médias).]
Qu’elle ne soit pas très visible dans les médias, que sa présence sur le terrain soit limitée, on le comprend. Mais je n’ai franchement pas l’impression que du côté de “République souveraine” il y ait beaucoup d’activité. Au delà des médias, ils ont un site internet où il ne se passe pratiquement rien, qui de nos jours est quand même la première référence qu’on ira consulter pour voir s’il se passe quelque chose, a moins d’activité que ce blog…
[Cependant, il n’y a aucun signe que Kuzmanovic ait changé d’avis, surtout vu que Montebourg produit un discours assez peu convaincant sur l’UE.]
La question n’est pas tant de “changer d’avis” politiquement, mais de peser le rapport de forces. Il a pu décider que dans le contexte qui est celui d’aujourd’hui, le jeu n’en vaut pas la chandelle.
@Descartes
” l’histoire du protestantisme dans ces contrées a donné lieu à la naissance de très nombreuses sectes: presbitériens, évangéliques, quaquers, amish… Ces sectes se sont construites précisément sur cette idée “d’élection”: les membres de la secte voient une “vérité” qui est cachée aux autres.”
Un rappel historique wikipédia qui concerne aussi le mot:
“Le grand réveil (en anglais : Great Awakening) correspond à une vague de réveils religieux dans le Royaume de Grande-Bretagne et ses colonies américaines au milieu du XVIIIe siècle. Le terme de Great Awakening est apparu vers 1842. On le retrouve dans le titre de l’ouvrage consacré par Joseph Tracy au renouveau religieux qui débuta en Grande-Bretagne et dans ses colonies américaines dans les années 1720, progressa considérablement dans les années 1740 pour s’atténuer dans les années 1760 voire 1770. Il sera suivi de nouvelles vagues de réveil, le second grand réveil (1790-1840) et une troisième vague de réveils entre 1855 et les premières décennies du XXe siècle. Ces réveils religieux dans la tradition protestante et surtout dans le contexte américain sont compris comme une période de redynamisation de la vie religieuse. Le Great Awakening toucha des églises protestantes et des églises chrétiennes évangéliques et contribua à la formation de nouvelles Églises.”
https://fr.wikipedia.org/wiki/Grand_r%C3%A9veil
L’actuelle vague Woke n’a d’original que de ne pas se considérer comme religieuse et d’être capable d’internationalisation. C’est en effet négligé dans la vidéo, et de façon plus large on peut être surpris de l’accueil naïf fait au “style théorique”, pseudo-savant, de ces idées.
@ Geo
[L’actuelle vague Woke n’a d’original que de ne pas se considérer comme religieuse et d’être capable d’internationalisation. C’est en effet négligé dans la vidéo, et de façon plus large on peut être surpris de l’accueil naïf fait au “style théorique”, pseudo-savant, de ces idées.]
Le mouvement “woke” est né dans un contexte marqué par la tradition religieuse du protestantisme puritain, mais c’est aussi un mouvement des classes moyennes universitaires. Il lui fallait donc se donner une forme pseudo-scientifique adaptée à ce public.
@Descartes
Petit correctif: la fin de la vidéo dit un mot des aspects religieux, tout de même, mais en liant le wokisme à la sortie du protestantisme plutôt qu’à sa pérennité. Une sorte de post-protestantisme. Chacun appréciera.
Les socialistes autant que les autres savent qu ils n ont jamais le pouvoir ni avant ni après : avant ils ont besoin du soutien des multimilliardaires qui paient les campagnes ( dixit Chirac !) et après ils ont encore besoin d avoir leur approbation pour les politiques conduites , grosso modo, en leur faveur. Mitterrand, grand connaisseur et grand cynique , en réponse à sa femme ( légitime) qui lui demande d agir ( elle a bon coeur) ; réponse du Président :” j ai pris le gouvernement mais je n ai pas le pouvoir”Quant à De Gaulle qui chuta sur la question de la “participation” ce sont ses “amis” qui l ont tué . Son thuriféraire F. Mauriac l a déclaré :”il n a rien pu faire contre le pouvoir de l argent “! et après ça on vous bourre dans le crane que des élections sortira l eldorado ! comme en 2005 ? LOL
@ pierron
[Les socialistes autant que les autres savent qu’ils n’ont jamais le pouvoir ni avant ni après : avant ils ont besoin du soutien des multimilliardaires qui paient les campagnes (dixit Chirac !) et après ils ont encore besoin d’avoir leur approbation pour les politiques conduites, grosso modo, en leur faveur. Mitterrand, grand connaisseur et grand cynique, en réponse à sa femme (légitime) qui lui demande d’agir (elle a bon cœur) ; réponse du Président :” j’ai pris le gouvernement mais je n’ai pas le pouvoir”.
Franchement, je trouve que le discours du socialiste qui veut bien faire mais ne peut un peu lassant. C’est un peu comme celui du socialiste qui se dit « déçu » … tout en regrettant que la gauche ne soit pas en mesure de revenir aux affaires. Pourquoi chercher à se faire élire, puisque de toute façon vous ne pourrez rien faire ? Pourquoi Mitterrand s’est accroché jusqu’au bout à son fauteuil, puisque « le pouvoir » lui échappait ?
Non, les socialistes ont bien eu le pouvoir. Et ils l’ont utilisé pour servir les intérêts la classe sociale qui le leur avait confié. Vous croyez vraiment que si Mitterrand a servi les intérêts du bloc dominant plutôt que celui des couches populaires c’est parce que « il n’avait pas le pouvoir », et que s’il l’avait eu les choses auraient été différentes ?
[Quant à De Gaulle qui chuta sur la question de la “participation” ce sont ses “amis” qui l’ont tué.]
Ah bon ? La gauche a-t-elle voté « oui » en 1969 ? Première nouvelle…
De Gaulle ne « chuta » pas sur la participation, pas plus qu’il ne chuta sur la décentralisation. Il chuta contre la coalition des classes intermédiaires, à gauche comme à droite, qui voulaient moins de grandeur et plus de consommation, plus de « principe de plaisir » et moins de « principe de réalité ». Le référendum de 1969 fut d’abord un référendum pour ou contre le « gaullo-communisme » qui était le grand perdant de la crise de 1968.
[Son thuriféraire F. Mauriac l’a déclaré : ”il n’a rien pu faire contre le pouvoir de l’argent “!]
Oui, mais de quel « argent » s’agit-il ? Celui de la grande bourgeoisie ou celui des classes intermédiaires qui voyaient venir le ralentissement de l’économie et donc la fragilité de leur position ?
Alors que le projet Iter vient d’être inauguré comment expliquer les oublis et mensonges médiatiques
sur l’énergie nucléaire en France ?
L’Histoire n’est elle pas un enjeu dans le débat d’idées entre les progressistes et les réactionnaires pro-pétainistes?
@ Luc
[Alors que le projet Iter vient d’être inauguré comment expliquer les oublis et mensonges médiatiques sur l’énergie nucléaire en France ?]
Pour commencer, le projet ITER est en construction depuis près de dix ans, et son démarrage est prévu vers la fin de cette décennie. Il est donc un peu tôt ou un peu tard pour une “inauguration”…
Quant aux mensonges sur l’énergie nucléaire… dites-vous bien que l’opposition au nucléaire fait vivre bien des activistes et a permis de bien belles carrières. On gagne très bien sa vie à Greenpeace ou à la CRIIRAD. Et ça marche parce qu’il y a un secteur de la société pour qui l’affaire est une croisade, une lutte du Bien contre le Mal.
Pour ce qui concerne le lien que vous citez… je ne dirai pas tout le mal que je pense de Danielle Bleitrach, d’autres s’en chargent bien mieux que je ne pourrais le faire. Je ne vous proposerai qu’une citation: “elle n’avait qu’une seule idée. C’était une idée fixe, et elle s’étonnait qu’elle n’avance pas”.
@Descartes,
Depuis le temps que je fréquente votre blog, je sais bien que vous n’avez l’habitude de tirer sur des corbillards, mais que vous inspire tous ces hommages à Bernard
ThénardierTapie?Moi, il me renforce encore un peu plus dans ma défiance envers mes compatriotes, à commencer par P’tit Cron himself, qui l’a désigner comme un “exemple” pour les Français!!!
Après la “caillera” Karim Benzema, qui aux dires du président, était un sportif “exemplaire”, et suite aux panégyriques adressées à la smala d’Assa Traoré, je vais finir par croire que l’exemplarité, chez les Français, a un étrange goût de lumpenprolétariat🤬🤮…
Allez, soyons beaux joueurs, je vais fleurir un peu sa tombe: Bernard Tapie a fait une chose utile en près de 40 années de méfaits: en 1994, sur ordre de “Tonton”, dont la rancune était proverbiale, il a torpillé le destin politique de Michel Rocard😈…
@ CVT
[Depuis le temps que je fréquente votre blog, je sais bien que vous n’avez l’habitude de tirer sur des corbillards, mais que vous inspire tous ces hommages à Bernard Thénardier Tapie?]
Je ne tire pas sur les corbillards. Mais quelquefois je me sens poussé par mon devoir civique à planter un pieu dans le cœur de certains cadavres, sans quoi ils reviennent nous hanter. Le cas Tapie m’intéresse au fond moins que le cas de tous les “leaders d’opinion” qui ont jugé nécessaire de se fendre d’hommages dithyrambiques. Mais si on regarde Tapie, c’est moins Thénardier que Rastignac.
[Moi, il me renforce encore un peu plus dans ma défiance envers mes compatriotes, à commencer par P’tit Cron himself, qui l’a désigner comme un “exemple” pour les Français!!!]
Ca vous étonne ? Moi pas. Tapie et Macron partagent un point commun: tous deux ont raté leur vraie vocation, celle d’acteur. Et je ne serais pas étonné si, une fois qu’il aura quitté l’Elysee, Macron ne montait sur les planches, comme Tapie l’a fait lorsqu’il eut fini avec la politique. Tous deux ont l’illusion que parce qu’on joue un personnage (un grand industriel, un président de la République) on le devient.
[Après la “caillera” Karim Benzema, qui aux dires du président, était un sportif “exemplaire”, et suite aux panégyriques adressées à la smala d’Assa Traoré, je vais finir par croire que l’exemplarité, chez les Français, a un étrange goût de lumpenprolétariat🤬🤮…]
Vous avez oublié Benalla qui, mutatis mutandis, a un profil qui rappelle curieusement celui de Tapie. Je pense que ce choix de personnages “exemplaires” illustre assez bien l’image que les classes intermédiaires ont de la réussite. Ce n’est plus la réussite “aristocratique” – le statut social, l’accès aux plaisirs raffinés, l’établissement d’une lignée – mais une réussite “bourgeoise”: pognon et célébrité.
[Allez, soyons beaux joueurs, je vais fleurir un peu sa tombe: Bernard Tapie a fait une chose utile en près de 40 années de méfaits: en 1994, sur ordre de “Tonton”, dont la rancune était proverbiale, il a torpillé le destin politique de Michel Rocard😈…]
Le mérite ne revient pas au missile, mais à celui qui appuie sur le bouton…
@ Descartes
[Ce n’est plus la réussite “aristocratique” – le statut social, l’accès aux plaisirs raffinés, l’établissement d’une lignée – mais une réussite “bourgeoise”: pognon et célébrité.]
A propos, je ne sais pas si tu as remarqué un glissement sémantique intéressant outre-Atlantique. En anglais ricain, “successful” est aujourd’hui un strict synonyme pour désigner un riche sans employer le mot, je suppose par pudeur. Ce n’est même plus un euphémisme : on trouve dans des journaux relativement sérieux le terme “successful” appliqué à des gens qui n’ont rien fait à part hériter…
@ BolchoKek
[A propos, je ne sais pas si tu as remarqué un glissement sémantique intéressant outre-Atlantique. En anglais ricain, “successful” est aujourd’hui un strict synonyme pour désigner un riche sans employer le mot, je suppose par pudeur.]
Ce glissement est perceptible en France aussi…
@Descartes
C’était bien ce que je voulais dire. Je ne me plaçais pas au plan des institutions, mais seulement au niveau des hommes.
D’abord, permettez-moi d’insister. Relire Hitler à l’aune de ce qu’il a fait ensuite est un peu facile. Cela n’ôte rien à la clairvoyance de ceux qui supposaient que “l’anéantissement” voulait dire le massacre systématique et industriel. Les contre-révolutionnaires parlaient bien “d’anéantir” les sans-culottes, mais nul ne s’imaginait vraiment qu’on allait passer par les armes tous les révolutionnaires, un à un.
Ensuite, je vous accorde tout de même votre point, il le faut bien. Dire que “nul n’en avait idée” est faux, mais c’est que je n’ai pas été clair. Ce n’est pas de votre faute si vous m’avez mal compris : je me suis mal fait entendre… Je voulais dire par là que, quelle que soit la sympathie qu’un tel programme ait inspiré aux antisémites français — et je crois que les sympathies hitlériennes en France tenaient surtout à l’anticommunisme plus qu’à l’antisémitisme, du reste —, je doute que parmi ceux qui, comme l’avançait Luc, non seulement voulaient que l’Allemagne l’emporte, et avaient le pouvoir d’y faire quelque chose, ce soit là une raison déterminante, pour ne pas dire suffisante.
Certes, l’antisémitisme est une vieille histoire. Néanmoins, l’antisémitisme moderne a sa forme propre, qui s’oppose à bien des égards à l’antisémitisme traditionnel, chrétien. (À cet égard, le très beau Salut par les juifs de Léon Bloy est étonnant : c’est un bouquin d’un antisémite à l’ancienne qui fait la morale aux antisémites nouvelle mouture, en expliquant justement qu’on peut tout faire aux juifs, sauf chercher à les éliminer, car telle est la volonté de Dieu… bref.) Plus précisément encore, l’antisémitisme moderne a trouvé sa forme spécifique dans l’angoisse obsidionale du peuple allemand, qui croyait réellement risquer de disparaître après la Première Guerre mondiale. D’où le discours nazi d’une guerre millénaire entre juifs et aryens, qui se solderaient par la victoire de l’un sur l’autre, dans l’anéantissement. C’était un fantasme avant d’être un projet, mais, vous avez raison, on pouvait deviner le projet dans l’ombre du fantasme.
Cela dit, cette obsession n’avait pas lieu d’être en France, et, à ma connaissance du moins, on ne l’y trouvait pas. L’antisémitisme de l’extrême-droite française imaginait sans aucun doute la France étranglée par l’éternel usurier, peut-être même encore par l’assassin du Christ, assurément par la cabale judéo-maçonnique des Sages de Sion, mais elle n’imaginait pas que la fin des temps était proche. Ce que je veux dire par là, pour reprendre les mots de Luc, c’est que ce n’est pas “pour participer par antisémitisme à l’extermination des juifs” que l’extrême-droite française s’est abouchée avec l’Allemagne. Je ne doute pas qu’ils en aient été très satisfaits, mais je ne crois pas que les projets des uns et les projets des autres aient été rigoureusement les mêmes, pas plus que leurs fantasmes d’ailleurs, au point de déterminer leur alliance.
C’est une manière de voir les choses qui ne m’était jamais venue à l’esprit. Je vous en remercie.
@ Louis
[D’abord, permettez-moi d’insister. Relire Hitler à l’aune de ce qu’il a fait ensuite est un peu facile. Cela n’ôte rien à la clairvoyance de ceux qui supposaient que “l’anéantissement” voulait dire le massacre systématique et industriel.]
Je ne dis pas que le massacre « systématique et industriel » fut prévisible, et on peut comprendre que bien des politiques n’aient pas pris les menaces de Hitler totalement au sérieux. Mais il ne fallait pas être très clairvoyant pour voir que Hitler ne voulait pas du bien aux juifs, et que les juifs déportés allaient connaître, sinon la chambre à gaz, au moins de vie très dures. En 1939, le précédent de la « nuit de cristal » permettait aisément d’imaginer la chose. C’est pourquoi l’argument « nous ne savions pas » n’est pas pertinent. Ceux qui ne « savaient » pas, c’est parce qu’ils ne voulaient pas savoir.
[Je voulais dire par là que, quelle que soit la sympathie qu’un tel programme ait inspiré aux antisémites français — et je crois que les sympathies hitlériennes en France tenaient surtout à l’anticommunisme plus qu’à l’antisémitisme, du reste —, je doute que parmi ceux qui, comme l’avançait Luc, non seulement voulaient que l’Allemagne l’emporte, et avaient le pouvoir d’y faire quelque chose, ce soit là une raison déterminante, pour ne pas dire suffisante.]
Je suis d’accord. Le principal moteur de ceux qui souhaitaient une victoire de l’Allemagne (pour reprendre la formule de Laval) était d’abord et avant tout l’anticommunisme, la conviction qu’il s’agissait d’un combat à mort entre la « civilisation européenne » et le « bolchevisme ». L’antisémitisme – souvent associé au communisme dans la formule « judéo-bolchévisme » n’était qu’un moyen supplémentaire de faire du communisme un corps étranger à la société, de placer les communistes en dehors de la collectivité nationale.
On pourrait écrire un « livre noir de l’anticommunisme » très fourni avec toutes les horreurs qui ont été commises au XXème siècle au nom de la « lutte contre le communisme », et dans ce livre la seconde guerre mondiale occuperait une place signalée…
[Certes, l’antisémitisme est une vieille histoire. Néanmoins, l’antisémitisme moderne a sa forme propre, qui s’oppose à bien des égards à l’antisémitisme traditionnel, chrétien. (…) Plus précisément encore, l’antisémitisme moderne a trouvé sa forme spécifique dans l’angoisse obsidionale du peuple allemand, qui croyait réellement risquer de disparaître après la Première Guerre mondiale.]
Le juif, parce qu’il est à la fois à l’extérieur et à l’intérieur de la société, parce qu’il s’assimile social et politiquement tout en refusant l’assimilation religieuse, fait le bouc émissaire idéal. Mais la véritable « obsession » des classes dominantes allemandes n’était pas la disparition « raciale », mais la contagion bolchévique. Le juif était, comme je le disais plus haut, un moyen commode de chasser le bolchévique hors de la « communauté nationale », d’en faire un corps étranger.
[Cela dit, cette obsession n’avait pas lieu d’être en France, et, à ma connaissance du moins, on ne l’y trouvait pas. L’antisémitisme de l’extrême-droite française imaginait sans aucun doute la France étranglée par l’éternel usurier, peut-être même encore par l’assassin du Christ, assurément par la cabale judéo-maçonnique des Sages de Sion, mais elle n’imaginait pas que la fin des temps était proche.]
Quand la France a eu besoin d’un bouc émissaire, après la défaite de 1940, elle a eu abondamment recours au juif, tout comme l’Allemagne de l’après 1918. Bien sûr, les classes dominantes allemandes avaient été effrayés autant par la défaite que par la révolte spartakiste noyée dans le sang, alors que la défaite française n’ouvrait nullement la voie à une révolution « bolchévique ». Ce qui explique peut-être que l’antisémitisme français est resté plus modéré que l’antisémitisme allemand…
[« Je ne suis pas d’accord. Je dirais plutôt que les fractures « en temps de paix », qui tournent essentiellement autour de la question de la répartition du gâteau entre capital et travail, ne sont pas les mêmes que celles « en temps de guerre », quand l’enjeu est moins la répartition que l’existence même de la nation, de sa souveraineté, de sa place dans le monde. L’ambiguïté du « gaullo-communisme » réside à mon sens dans cette différence : alors que De Gaulle était plus proche des communistes que de la droite sur les enjeux « vitaux », il était très éloigné d’eux sur les questions de repartition. » C’est une manière de voir les choses qui ne m’était jamais venue à l’esprit. Je vous en remercie.]
En approfondissant la réflexion, je me rends compte que plusieurs commentateurs ici – et moi-même – partageons une sorte de nostalgie du « temps de guerre », d’une époque ou la dimension tragique était présente et agissait comme « filtre » pour séparer l’intérêt général des intérêts particuliers. Ce n’est pas par hasard si le gaullisme comme le communisme en France sont enfants de la guerre. Avant 1940, ce qu’on appelait les « bellicistes » à droite comme les communistes à gauche étaient ultra-minoritaires. Ce n’est qu’en 1945 que ces deux mouvements sortent renforcés et en mesure de marquer la vie politique française jusqu’aux années 1970…