Pas de Voltaire pour défendre Galtier ?

Nous vivons une drôle d’époque. C’est du moins ce que doit se dire Christophe Galtier en lisant les réactions au trait d’humour qu’il s’était permis lors de sa conférence de presse du 5 septembre dernier. Alors qu’il répondait aux journalistes en compagnie de Kylian Mbappé, une question lui est posée concernant une photo publiée la veille et montrant des joueurs du Paris-Saint-Germain revenant de leur déplacement à Nantes en avion privé. Galtier se tourne vers Mbappé, qui pouffe de rire, puis répond : « Je me doutais qu’on allait avoir cette question-là (…)  Pour être très honnête avec vous, on a parlé avec la société qui organise nos déplacements et on est en train de voir si on ne peut pas se déplacer en char à voile. Voilà »

A notre triste époque, il ne faut pas plus pour enflammer les médias et autres réseaux sociaux, et donc par élévation une classe politique qui vit suspendue au que dira-t-on et qui profite sans vergogne de ce genre de situation pour se mettre ostensiblement du côté du Bien. Amélie Oudéa-Castéra qui, pour ceux qui ne le savent pas – c’est à dire l’immense majorité des Français – assure les fonctions de ministre des sports, lui répond par tweeter (1) : « Monsieur Galtier, vous nous avez habitués à des réponses plus pertinentes et plus responsables – on en parle ? ». La maire de Paris, qui se voyait autrefois diriger les destins de la France, ne pouvait pas être en reste : « Non mais ça va pas de répondre des trucs pareil ? ? ? ? (sic) On se réveille les gars ? ? ? Ici c’est Paris ». Clémentine Autain – qui, à défaut de se voir diriger les destins de la France , s’imagine dirigeant ceux de la NUPES, a aussi quelque chose à dire : « Les ricanements et le mépris face à notre planète qui brûle. Cette déconnexion des urgences et de ce que nous vivons est consternante ». Le socialiste Benoît Payan – devenu par un tour de passe-passe maire de Marseille au nez et à la barbe du « printemps marseillais » – est lui aussi indigné : « Votre mépris est un crachat en pleine figure. Vous êtes pathétiques et tristes. C’est aussi la planète de vos enfants qui brûle ». Le Monde, toujours à la pointe du conformisme, fait connaître la décision du tribunal médiatique: « soit Mbappé et Galtier ne voient pas le problème, soit ils estiment ne pas avoir à contribuer à sa solution ». Et on pourrait encore remplir des pages de réactions indignées… et pas une seule pour les contredire.

On peut juger l’ironie de Galtier déplacée – ou pas. Personnellement, je la trouve pleinement justifiée : non qu’il ne faille pas « voir le problème », mais parce que la solution ne passe pas par des gestes symboliques et d’auto-flagellation. Que la gent journalistique se concentre sur le nombre de fenêtres éclairées la nuit dans un ministère – ignorant au passage que la réglementation rend obligatoire l’éclairage des couloirs à toute heure pour des raisons de sécurité -, le nombre de voitures dont le moteur tourne à l’Elysée, ou les moyens de transport choisis par des footballeurs – dont tout le monde trouve parfaitement normal par ailleurs qu’ils voyagent autour du monde pour courir pendant 90 minutes derrière une balle – parce que c’est percutant, on peut le comprendre. Mais cela n’a aucune espèce d’importance. Comparé au carbone généré par la fermeture de Fessenheim et sa substitution par le charbon allemand, par exemple, c’est négligeable, et personne n’a fait tout un esclandre. Oui, l’église écologique a elle aussi ses Tartufe, ceux qui s’indignent des jets privés du PSG et s’enchaînent aux grilles des centrales nucléaires, mais trouvent parfaitement normal qu’on redémarre des centrales électriques au lignite ou au charbon pour faire baisser les prix de l’électricité et leur permettre de regarder sur grand écran un mondial au Quatar ou des dizaines d’équipes feront le tour du monde pour aller courir derrière une balle – et pas en train ou char à voile. Alors oui, l’ironie de Galtier met à nu l’hypocrisie d’une société qui s’occupe de l’accessoire pour cacher le principal. Pas étonnant que cela réveille les orfraies politico-médiatiques.

Tout cela rappelle tristement l’affaire du Chevalier de la Barre. Le 28 février 1766, François-Jean Lefebvre de La Barre avait été jugé « atteint et convaincu d’avoir passé à vingt-cinq pas d’une procession sans ôter son chapeau qu’il avait sur sa tête, sans se mettre à genoux, d’avoir chanté une chanson impie, d’avoir rendu le respect à des livres infâmes au nombre desquels se trouvait le dictionnaire philosophique du sieur Voltaire » par le présidial d’Abbeville et condamné à mort, non sans avoir fait « amende honorable ». Sa condamnation confirmée par le Parlement de Paris sera exécutée le 1er juillet 1766. Les méchantes langues diront que ni Galtier ni Mbappé n’ont probablement « rendu le respect » à un livre, infâme ou pas, de leur vie. Mais en se permettant d’ironiser sur l’obsession écologiste de nos élites médiatiques, Galtier et Mbappé ont fait ce qui au XXIème siècle équivaut à chanter des chansons impies et de garder son chapeau sur sa tête au passage d’une procession au XVIIIème. Et pour Galtier, la première partie de la condamnation est déjà tombée : comme le Chevalier de La Barre, il a été contraint par les actionnaires de son club, qui n’aiment pas la mauvaise publicité, de faire « amende honorable » devant la gent médiatique en présentant ses plates excuses. Espérons pour lui que ce geste lui évitera d’avoir la langue coupée et la tête tranchée – au sens figuré, s’entend – comme son illustre prédécesseur.

L’écologisme, c’est la nouvelle religion. Et comme toute religion, elle ne craint rien autant que le ridicule. Pour les islamistes, la caricature est insupportable au point qu’il faut massacrer le caricaturiste. Les théologiens du catholicisme médiéval refusaient d’admettre que le Christ ai pu jamais rire, alors même que les évangiles lui-même lui attribue un calembour (« Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon église », en latin « Tu es Petrus, et super hanc petram aedificabo Ecclesiam meam », Mattieu 16 :18-19) comme le rappelle Umberto Eco dans son roman « Le nom de la rose ».  Il n’y a aucune raison que l’écologisme – comme ces autres religions postmodernes que sont le féminisme de genre, le véganisme, le communautarisme, etc. – ne reproduisent la même mécanique d’exclusion de l’humour. Dès lors qu’il s’agit de soutenir un dogme, le rire est le pire des ennemis.

Pourquoi ? Parce que la sacralisation est essentielle au dogme. C’est la sacralisation qui interdit aux fidèles de s’interrogent sur le dogme, et s’interroger, c’est ouvrir la possibilité de le remettre en cause. Un dogme, parce qu’il n’a pas de justification rationnelle, ne peut se soutenir que par la peur. Il faut que le fidèle ait peur, peur d’examiner, peur de discuter, peur de contester. Et pour cela, il faut le sacraliser au point qu’y toucher, de quelque manière que ce soit, devienne un crime. Or, l’humour, le comique, l’ironie, le sarcasme se rient de la sacralité parce que pour l’humoriste rien n’est sacré.

Mais si tous les cléricatures détestent la satire, c’est aussi parce qu’elle risque de mettre en évidence l’hypocrisie inhérente à leur fonction, celle du « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». La satire médiévale des moines paillards, rejoint celle, plus moderne, des faux dévots qui reprochent les jets privés à Galtier mais se gardent bien de poser la question de l’utilité d’une coupe du monde au Quatar, peut-être parce que la FIFA, contrairement à Galtier, a le pouvoir d’exclure les journalistes qui auraient l’outrecuidance de poser des questions gênantes d’un certain nombre de réjuissances. Peut-être que les joueurs qui prendront part à cette compétition ridicule s’y rendront en train ?

Cette détestation de l’humour, c’est d’ailleurs un signe qui permet de faire la différence entre théorie rationnelle et dogme. Vous remarquerez qu’aucune théorie rationnelle n’a peur de l’humour ou de la satire. Pire, bien d’esprits rationnels présentent leurs théories sous forme humoristique – tout le monde se souvient du Keynes du « à long terme on est tous morts ». Vous pouvez vous moquer de l’économie ricardienne, de la théorie de la relativité, de la cosmogonie de Copernic sans que personne ne vous tape dessus. Mais faites de l’humour sur l’écologisme, l’Islam ou le féminisme de genre, et vous verrez ce qui arrive. L’humour, c’est la Raison voltairienne en action, et c’est pour cela que seuls les dogmes le craignent. Parce que le satiriste est comme l’enfant qui, dans le célèbre légende chinoise, proclame que le dogme-roi est nu.

Pour se défendre, les dogmatiques nous sortent à chaque fois leur argument-massue : « il ne faut pas rire des choses sérieuses ». A-t-on le droit de rire de « la planète de vos enfants qui brûle » ? La réponse est, sans hésiter, « oui ». Non seulement on a le droit, mais il le faut. Les plus grandes œuvres satiriques concernent des affaires sérieuses : on a même ri du nazisme et du McCarthysme: Pensez au « Dictateur » ou « Le roi à New York » de Chaplin, à « To be or not to be » de Lubitsch, à « La ferme des animaux » de Orwell, à « La vie est belle » de Benigni. Ces œuvres sont, oui, « un crachat en pleine figure », pour reprendre la formule de Payan. Mais elles crachent à la figure des dogmatiques, et non de leurs victimes.

La curée politico-médiatique sur Galtier, c’est l’expression d’un dogmatisme qui ne supporte pas d’être remis en cause. Un dogmatisme auquel au fond– et l’épisode en question le montre – personne n’y croit, mais auquel tout le monde fait semblant d’adhérer. Et ceux qui avec courage – ou inconscience – se permettent de le railler souffriront le destin du chevalier de la Barre. Et pas un Voltaire à l’horizon pour le défendre. Nos vaillants intellectuels auraient-ils trop peur ?

Descartes

 (1) Je pense que je ne m’habituerai jamais à l’idée qu’un ministre puisse répondre par tweeter. D’une part, parce qu’il me semble impensable qu’on puisse exprimer quoi que ce soit d’intelligent et de sérieux en une centaine de mots. Mais surtout, parce que tweeter, c’est le mode de communication de la réaction et de l’instantané. Or, un ministre ne devrait pas se placer sur ce registre, mais au contraire, doit se placer dans une logique de consultation et de réflexion.

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50 réponses à Pas de Voltaire pour défendre Galtier ?

  1. CVT dit :

    @Descartes,

    Sinon, pour continuer dans l’humour, la sortie de l’ahurie Sardine Ruisseau est assez…glaçante🥶.

    • Descartes dit :

      @ CVT

      [Sinon, pour continuer dans l’humour, la sortie de l’ahurie Sardine Ruisseau est assez…glaçante]

      La théorie de Sandrine Rousseau est quand même amusante : ainsi, interdit de caricaturer les « personnes discriminées », parce que ce type d’humour viserait à « maintenir cette hiérarchie sociale ». Admettons. Mais alors, a-t-on le droit de caricaturer les ouvriers ? Parce que, attention, s’il y a bien des « personnes discriminées » dans notre société, ce sont bien eux. Le « beauf » de Cabu serait-il la manifestation d’un « harcèlement » de la classe ouvrière ? Diantre, qu’attend Sandrine Rousseau pour exiger son exclusion des bibliothèques publiques ?

      La réalité, c’est que pour les gens comme Rousseau il y a des « bons » discriminés, dont il est interdit de se moquer (les « personnes noires », les « personnes LGBT »…), et puis il y a les « mauvais » discriminés (les prolétaires… ou dois-je écrire « les personnes prolétaires » ?) dont on peut se moquer impunément. Intéressant, n’est-ce pas ?

  2. Cassagnau dit :

    Bonjour.
    Merci de cette réflexion si utile, et si profonde. On étouffe dans l’empire ultra-calibré des medias du système. Comme vous le soulignez, ces derniers ne s’enflamment que pour les choses dépourvues d’importance. Tout pour la forme, rien pour le fond.
    Jamais on n’entendra parler des choses qui ont réellement de l’importance : la Cour de justice de l’Union européenne, par exemple (à ne pas confondre avec la Cour européenne des droits de l’homme), la surveillance de masse orwellienne actionnée par Google et Microsoft, avec la bénédiction de l’Union européenne, les 460 000 morts irakiens tués par l’armée américaine, après que le défunt Colin Powell eut montré, à la tribune des Nations Unies, une éprouvette vide, censée contenir des armes de destruction massive…. Ce qui ne fait pas de moi une fan de Poutine, ce dictateur sanglant qui empoisonne, emprisonne et tue.
    Ce conformisme est si asphyxiant qu’on n’en peut plus.
    Merci….
    Florence

    • Descartes dit :

      @ Cassagnau

      [Ce conformisme est si asphyxiant qu’on n’en peut plus.]

      Il n’y a pas que le conformisme, il y a aussi une incapacité à établir une hiérarchie des problèmes. On posera la question des voitures qui tournent dans la cour de l’Elysée au même personnage politique à qui on posera la question sur la crise énergétique, comme si les deux questions, l’une purement symbolique, l’autre vitale pour l’avenir de notre pays, étaient traitées au même niveau.

  3. COUVERT Jean-Louis dit :

    Dans la liste des humoristes vous avez oublié Einstein.
    Un monde où on met au pilori ceux qui ont de l’humour me fait penser à ce qui est arrivé à Charly Hebdo (même si je n’apprécie pas leur humour) et la main-mise des “pisse-vinaigre” sur ce qui est “disable” instaure une dictature de la pensée et interdira à l’avenir toute création dans tous les domaines. Qui a dit “charia” ? Triste monde à venir.
    Comme disait je ne sais plus qui “la science le prouve : sur trois écolos, un est aussi con que les deux autres”. Humour interdit ? J’en remets une couche : dans les théories écologiques, ce qui me choque c’est “logiques”.

    • Descartes dit :

      @ COUVERT Jean-Louis

      [Dans la liste des humoristes vous avez oublié Einstein.]

      J’en ai « oublié » plein, sans quoi j’aurais pu faire un catalogue interminable. Cela étant dit, Einstein n’a pas plaisanté je crois sur des sujets sérieux. Mais on pourra trouver beaucoup d’hommes politiques qui ont fait preuve d’humour dans des situations tragiques. Churchill ou De Gaulle sont de bons exemples…

      [Un monde où on met au pilori ceux qui ont de l’humour me fait penser à ce qui est arrivé à Charly Hebdo (même si je n’apprécie pas leur humour) et la mainmise des “pisse-vinaigre” sur ce qui est “disable” instaure une dictature de la pensée et interdira à l’avenir toute création dans tous les domaines. Qui a dit “charia” ? Triste monde à venir.]

      Oui. Le dogmatisme des islamistes n’est qu’une manifestation parmi d’autres d’une remontée en puissance de l’irrationnel dogmatique et d’un recul de la Raison. Et cela est visible partout : il n’y a qu’à voir comment les principes scientifiques ont été mis en accusation – y compris par certains pontes du système sanitaire – dans la lutte contre l’épidémie du COVID-19.

      Il est intéressant de se demander pourquoi. Pourquoi à un moment ou la Raison montre quotidiennement sa supériorité par les développements scientifiques, intellectuels et politiques qu’elle permet, l’irrationnel reprend du poil de la bête ? Peut-être parce que l’approfondissement du capitalisme, en réduisant tous les rapports à un rapport monétaire, remet en cause toute une série de règles, de hiérarchies, de rapports issus d’une histoire, et crée ainsi une grande incertitude. Les gens ont besoin devant cette incertitude de vérités incontestables, et seul le dogme peut le lui fournir…

      [Comme disait je ne sais plus qui “la science le prouve : sur trois écolos, un est aussi con que les deux autres”. Humour interdit ? J’en remets une couche : dans les théories écologiques, ce qui me choque c’est “logiques”.]

      Vous aggravez votre cas. Attendez-vous à une visite prochaine de la police de la pensée…

  4. BolchoKek dit :

    Merci Descartes, un tel papier est une bouffée d’air frais… Heureusement que tu es là !
     
    Ca me rappelle un peu la petite polémique entre Sandrine Rousseau et Fabien Roussel autour des barbecue de banlieue. Mme Rousseau bien entendu arguant que la consommation de viande est non seulement polluante, mais aussi une marque du patriarcat… Ce à quoi notre camarade Roussel, interrogé sur le sujet par un journaliste, répondit aussitôt “Vous n’allez quand même pas me parler du sexe des entrecôtes ?”
     
    Ayant un peu moi-même pratiqué les écolos-bobos obsédés par les appareils laissés en veille et le pêché de la viande surtout grillée, je suis fasciné par leur psychologie. Amateur d’histoire que je suis, c’est une opportunité incroyable de comprendre la psyché des curetons et grenouilles de bénitier réprobateurs d’antan. A côté d’un complexe de supériorité monstrueux – “on a encore beaucoup de travail à faire pour éduquer les consciences” – on perçoit une souffrance intérieure immense avec une bonne dose de jalousie : les gueux continuent à rouler en Diesel et à faire des barbecue en été alors que la planète brûle, et ils sont heureux, ils rient, se moquent même de nous, les inconscients ! Ils devraient être névrosés comme moi, en permanence torturés par la culpabilité ! J’ai le devoir moral de leur communiquer mon mal-être !
    A vrai dire, j’y verrai même un aspect de mépris de classe : en sublimant ledit mépris par l’hostilité pour des attitudes culturelles, on se donne bonne conscience pour aller se défouler en insultant les prolos…
     
    Puisqu’on en est à parler de tabous d’ailleurs, je suis surpris que tu n’aies pas mentionné l’Ukraine. Non pas l’aspect géopolitique, mais le traitement médiatique du pays et l’image qu’il invoque : une sorte de démocratie irréprochable où règne la paix et la concorde, des soldats tellement vertueux que même les balles qu’ils tirent ne se perdent jamais, un président jeune et dynamique en treillis probablement parce qu’il va faire des pompes entre chaque discours, honnêtement même à Hollywood les gentils sont rarement aussi gentils… Je pense notamment à ce qui est arrivé lorsque Amnesty International a osé commettre un rapport contraire à cette idée ! Les critiques n’étaient presque pas sur le fond, mais sur le fait que cela ternisse l’image des forces armées ukrainiennes…

    • Descartes dit :

      @ BolchoKek

      [Ca me rappelle un peu la petite polémique entre Sandrine Rousseau et Fabien Roussel autour des barbecue de banlieue. Mme Rousseau bien entendu arguant que la consommation de viande est non seulement polluante, mais aussi une marque du patriarcat… Ce à quoi notre camarade Roussel, interrogé sur le sujet par un journaliste, répondit aussitôt “Vous n’allez quand même pas me parler du sexe des entrecôtes ?”]

      Bravo Roussel ! J’ai toujours dit que cet homme avait du courage – en plus d’avoir une certaine culture. Quant à Rousseau, elle agit comme n’importe quelle bigote : il faut s’attaquer à tout ce qui fait plaisir, parce que le plaisir est la marque du démon. Un dogme démontre sa force en pliant les autres à l’obéissance, en les forçant à renoncer à ce qu’ils aiment faire. C’est pourquoi toutes les églises vous parlent de renoncement au plaisir : aux plaisirs de la chair, à la musique, à la danse, à la beauté des femmes… une religion qui vous encouragerait à faire ce qui vous fait plaisir, ça ne fait pas sérieux.

      [Ayant un peu moi-même pratiqué les écolos-bobos obsédés par les appareils laissés en veille et le pêché de la viande surtout grillée, je suis fasciné par leur psychologie. Amateur d’histoire que je suis, c’est une opportunité incroyable de comprendre la psyché des curetons et grenouilles de bénitier réprobateurs d’antan.]

      Tout à fait d’accord. C’est fascinant de constater à quel point les écologistes – mais c’est aussi le cas des féministes de genre, par exemple – reproduisent jusqu’au détail les réflexes des grands monothéismes. La même détestation du corps, la même identification du plaisir avec le péché, la même concurrence « plus saint que moi tu meurs »…

      [A côté d’un complexe de supériorité monstrueux – “on a encore beaucoup de travail à faire pour éduquer les consciences” – on perçoit une souffrance intérieure immense avec une bonne dose de jalousie : les gueux continuent à rouler en Diesel et à faire des barbecues en été alors que la planète brûle, et ils sont heureux, ils rient, se moquent même de nous, les inconscients ! Ils devraient être névrosés comme moi, en permanence torturés par la culpabilité ! J’ai le devoir moral de leur communiquer mon mal-être !]

      Tout à fait. Avec une circonstance aggravante : les bigots d’hier pouvaient penser que leurs névroses pourraient leur gagner le paradis, alors que tous ces jouisseurs qu’on envie secrètement iront en enfer. Les dogmes modernes n’offrent même pas cette consolation : le réchauffement climatique n’épargnera personne…

      [A vrai dire, j’y verrai même un aspect de mépris de classe : en sublimant ledit mépris par l’hostilité pour des attitudes culturelles, on se donne bonne conscience pour aller se défouler en insultant les prolos…]

      Bien entendu. Le choix des plaisirs permis et des plaisirs interdits ne laisse rien au hasard. On voit de longues dissertations sur le contenu carbone d’un match de foot, aucun sur le coût carbone d’un spectacle d’opéra.

      [Puisqu’on en est à parler de tabous d’ailleurs, je suis surpris que tu n’aies pas mentionné l’Ukraine. Non pas l’aspect géopolitique, mais le traitement médiatique du pays et l’image qu’il invoque : une sorte de démocratie irréprochable où règne la paix et la concorde, des soldats tellement vertueux que même les balles qu’ils tirent ne se perdent jamais, un président jeune et dynamique en treillis probablement parce qu’il va faire des pompes entre chaque discours, honnêtement même à Hollywood les gentils sont rarement aussi gentils…]

      J’essaye de ne pas mélanger des choses qui n’ont aucun rapport. La question du dogmatisme est une chose, la question de la propagande une autre. Oui, il est interdit de se moquer de Zelenski comme il est interdit de se moquer du réchauffement climatique, mais pas pour les mêmes raisons. Dans un cas, on est devant une question de puissance : nous sommes en guerre contre la Russie – on ne va pas chipoter – et tout discours critique, satirique ou sérieux, mine l’effort de guerre. Dans l’autre, on est devant une nouvelle idéologie dogmatique, censé imposer à la société une interprétation du monde. Dans un cas, on est devant une suspension temporaire du sens critique, dans l’autre devant une tentative d’imposer un cadre de pensée définitif.

      • Vincent dit :

        [[Ils devraient être névrosés comme moi, en permanence torturés par la culpabilité ! J’ai le devoir moral de leur communiquer mon mal-être !]]
        [elle agit comme n’importe quelle bigote : il faut s’attaquer à tout ce qui fait plaisir, parce que le plaisir est la marque du démon. Un dogme démontre sa force en pliant les autres à l’obéissance, en les forçant à renoncer à ce qu’ils aiment faire. C’est pourquoi toutes les églises vous parlent de renoncement au plaisir : aux plaisirs de la chair, à la musique, à la danse, à la beauté des femmes… ]

         
        J’ai l’habitude d’appeler les “woke” les “néo-jansénistes”. J’avais évoqué ce point sur ce blog, notamment ici :

        Faute avouée… totalement pardonnée ?


        Je recopie un extrait de ce que j’avais mis il y a 1 an. Ca n’a pas pris une ride, et je n’écrirais pas mieux aujourd’hui :
        ———————–

        Personnellement, j’appelle parfois les woke : “neojansenistes”, il me semble que la comparaison tient encore mieux qu’avec le protestantisme (mais les jansénistes étaient à l’époque vus comme des quasi protestants, donc il n’y a pas de contradiction avec ce que vous écrivez) :Je trouve qu’il y a un nombre hallucinant de caractéristiques communes :– comme chez les protestants, les adeptes se vivent comme des élus,– il y a une très forte intolérance vis à vis de plein de choses du quotidien, ils passent pour des dragons de vertu, affichant ostensiblement leur intolérance vis à vis de tout ce qui s’écarte de la stricte morale,– ils ont une aversion pour l’humour et la dérision,– leur pratique est subversive, dans la mesure où elle vient en contradiction avec l’ordre établi,– le tout repose sur le péché originel (Adam et Eve dans un cas, la domination blanche patriarcale dans l’autre), dont on est dépositaire par sa naissance, et dont il faut s’affranchir en battant sa coulpe en permanence,– comme vous le pointez, il s’agit d’un raisonnement sectaire,– et comme le pointait Molière avec son Tartuffe, les dragons de vertu, dès qu’ils ne sont plus exposés en public, peuvent se changer en l’inverse de ce qu’ils prétendent (il suffit de voir les histoires d’agressions sexuelles et de harcèlement dans les organisations les plus progressistes, type EELV ou UNEF),– presque personne ne se revendique ouvertement de cette idéologie, mais celle ci a néanmoins une très forte influence dans les milieux universitaires et dirigeants (et presque aucune influence dans le reste de la société).

        • Descartes dit :

          @ Vincent

          [« elle agit comme n’importe quelle bigote : il faut s’attaquer à tout ce qui fait plaisir, parce que le plaisir est la marque du démon. Un dogme démontre sa force en pliant les autres à l’obéissance, en les forçant à renoncer à ce qu’ils aiment faire. C’est pourquoi toutes les églises vous parlent de renoncement au plaisir : aux plaisirs de la chair, à la musique, à la danse, à la beauté des femmes… » J’ai l’habitude d’appeler les “woke” les “néo-jansénistes”. J’avais évoqué ce point sur ce blog, notamment ici : (…)]

          La comparaison paraît juste si l’on se réfère au rigorisme moral qui accompagnait le jansénisme. Mais ce courant religieux se caractérise surtout pour sa lecture de la théologie augustinienne, et notamment sur la question de la grâce. Difficile de projeter ce débat sur les « woke », qui insistent au contraire sur la liberté humaine dans la « prise de conscience ». A la rigueur, on peut retrouver cette idée dans la vision « wokiste » selon lesquels les membres des « minorités opprimées » (ou des « majorités opprimées », dans le cas des femmes) ont une supériorité morale innée sur les autres.

          [– leur pratique est subversive, dans la mesure où elle vient en contradiction avec l’ordre établi,]

          Pas vraiment. Cette remarque me fait penser à la réponse magistrale de Chevènement à la question « qu’est ce qui vous agace autant chez Cohn-Bendit », à quoi il répondit « son conformisme ». Les « woke » ne sont « subversifs » qu’en apparence. Ce sont des révolutionnaires « Canada Dry » : ils ont un vocabulaire révolutionnaire, ils ont les méthodes des révolutionnaires, mais leur action n’aboutit qu’à ancrer encore plus solidement les principes du capitalisme universalisé.

          Sur le reste, je suis d’accord avec vos observations. Il serait intéressant de revenir sur ce que représentait politiquement le jansénisme, quels sont les intérêts qu’il portait, et voir si l’on peut retrouver une correspondance…

          • Louis dit :

            @Vincent et Descartes
             
            Bonjour,
             
            J’aurais bien du mal à dire ce que représentait politiquement le jansénisme – surtout que celui du Port-Royal d’Arnauld et de Pascal n’est pas celui des agitateurs du siècle suivant -, mais quitte à faire des rapprochements, je pense qu’il faut plutôt se tourner vers le pélagianisme et ses dérivés de la fin de l’Antiquité, que je connais (vaguement) mieux.
            Qu’y affirme-t-on ? Que l’homme n’a justement pas besoin de la grâce divine, ou, pour être plus précis, que ses oeuvres – si elles sont bonnes – “forcent” en quelque sorte “la main” de Dieu, qui lui accorde donc sa grâce. En clair : celui qui fait des efforts assure son salut. Quel optimisme !
            Mais qui défend ces idées ? Qu’en font-ils ? A qui s’opposent-ils ?
            Grosso modo, les élites intégrées à l’empire finissant, qui ne peuvent plus rêver d’une carrière ou d’une fortune à l’échelle de l’empire, mais qui n’ont pas encore trouvé localement de quoi jouir d’une vie de cour, exercer réellement le pouvoir – dont les décisions sont prises loin, trop loin -. Bref, des potentats le cul entre deux chaises : trop riches pour ne pas vouloir se distinguer de la plèbe, mais pas assez pour atteindre les plus hautes sphères. Il ne leur reste plus qu’à se distinguer “symboliquement”, comme on dirait aujourd’hui, de ceux qui les entourent – les gueux -, tout en se donnant meilleure conscience que ceux qui les dominent – à la cour de Milan, de Constantinople, à Rome encore – et qui se fichent bien d’eux.
             
            Que font-ils ? Pé-ni-tence. Mais alors, attention, il faut que ça se sache. On donne toute sa fortune à des oeuvres caritatives – pardon : les premiers monastères -… et puis on va s’installer dans ces monastères richement dotés jusqu’à la fin de ses jours. Ce qui dispense d’ailleurs de se mêler des affaires publiques, de payer les impôts afférents, d’exercer les charges obligatoires… Un hasard, sans doute.
            On se prive ! Quand on a de quoi bien manger, on peut se payer le luxe de suivre telle ou telle mode alimentaire : c’est à qui jeûnera le plus souvent, qui se fera végétarien, qui se passera des cochonneries importées et se contentera de ce qui pousse au potager (cultivé par des colons, faut pas exagérer : on garde ses mains bien propres pour prier).
            On se flagelle. Prières, dévotions publiques et privées, évergétisme mal placé – réparer les écoles ? les bains publics ? la bibliothèque ? non : moi, je suis quelqu’un de bien, j’élève une chapelle privée, parce que Dieu c’est plus important que tout ça, quand même… Oui, à deux pas de ma villa, la chapelle, pourquoi ? -, retraites, mortifications…
            Mais si seulement ça se faisait en silence ? Non : un maximum de publicité, pour un maximum du culpabilité, pour l’écrasante majorité des pécores qui n’avaient ni le temps, ni le loisir, ni les moyens de s’adonner à ce genre de bêtises sanctificatrices. Mais au moins, ils étaient mis au courant qu’eux, iraient en enfer, à force de ne pas se rendre assez souvent à l’église, et de ne pas se priver de cochonaille quand par miracle on en avait.
            C’est un type vaguement connu qui a été chargé de leur régler leur compte, à ces types rongés par leur mauvaise conscience. L’une de ses grandes idées fut d’affirmer que non, qui qu’on soit, quoi qu’on fasse, on ne valait pas mieux que le premier pauvre hère venu. On appelle ça le péché originel, il s’appelait saint Augustin.

      • BolchoKek dit :

        @ Descartes
         
        [Bravo Roussel ! J’ai toujours dit que cet homme avait du courage – en plus d’avoir une certaine culture.]
         
        D’ailleurs Roussel est une furie ces jours-ci. Il a daigné dire des choses affreuses !
         
        https://www.leparisien.fr/politique/a-la-fete-de-lhumanite-roussel-defend-la-gauche-du-travail-face-a-celle-des-allocs-09-09-2022-FALLGA3QSZHEJBPCSYYWJ7QMXM.php

        • Descartes dit :

          @ BolchoKek

          [D’ailleurs Roussel est une furie ces jours-ci. Il a daigné dire des choses affreuses !]

          S’il arrive à faire inscrire ce raisonnement dans un document de congrès, je reprends ma carte! Cela étant dit, s’il continue à cracher ainsi dans les burettes des gauchistes, il va finir par lui arriver des bricoles…

          Roussel a une qualité rare dans la politique aujourd’hui: il écoute les citoyens plutôt que les médias, et du coup il n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat. Sa sortie sur la “France des allocations” opposée à la “France du travail” fera hurler dans les châteaux de la gauche médiatique, mais sera bien entendue et comprise dans les chaumières. Si quelqu’un peut rétablir le lien entre le PCF et les couches populaires, c’est lui. Est-ce que l’appareil du PCF, largement dominé par les classes intermédiaires et très gauchisé le laissera faire ? That is the question…

  5. Cherrytree dit :

    @Descartes
    Quand on est mal à l’aise avec une question, l’astuce c’est de rebondir sur le mot et pas sur le fait, c’est une spécialité de S. Rousseau par exemple.
    Ceci dit, ce noyage de poisson , outre le manque d’humour des ayatollas de la pensée , révèle autre chose, je veux dire l’hypocrisie et le suivisme politique. Ainsi, A. Hidalgo n’a pas protesté quand les coureurs du Tour de France, avec l’important staff, ont été transférés en avion du Danemark à la France, ou quand les coureurs sont transférés, toujours en avion, au départ de la dernière étape, c’est à dire l’arrivée à Paris. Pour ne rien dire des JO de Paris ( en réalité épreuves éclatées aux quatre coins du pays), avec déplacements et impact environnemental pas vraiment nul. Vous voyez, il est de bon ton pour certains de pointer l’impact écologique de la Coupe du Monde au Qatar, (ça ne mange de pain) sans relever les énormités qui sont admises chez nous et ils se font les promoteurs.
    Après, que la blague de potache de Galtier soit plus ou moins de bon goût, ben c’est de l’humour de potache, voilà, et chacun est libre de l’apprécier sans avoir besoin de censeurs ou de maîtres à penser qui décident et indiquent à grand renfort de réseaux sociaux,  ce qui est ou non de bon ton.
    Je m’inquiète de ces censeurs dans un pays où, il n’y a pas si longtemps, on proclamait “Je suis Charlie”, au nom du droit à la caricature. Sommes nous donc si moutoniers pour qu’on nous serve cette “info” pendant deux jours sur toutes les chaînes ? Ou nous amuse-t-on pour éviter de répondre aux vraies questions, par exemple les passoires thermiques du style du collège où je travaillais et où, dès la fin mai, il faisait plus de 32 degrés dans les salles à l’étage? Du scandale absolu de la programmation de la fin de l’énergie nucléaire, du refus des bassins de rétention d’eau pour l’agriculture (le barrage de Sivens, dans le Tarn, est un bon exemple : sur cette ZAD, il n’y a pas de barrage, mais pour le coup il n’y aura plus d’agriculture si nous connaissons une autre année de sécheresse).En fait, les partis écologistes ne sont pas très importants en tant que tels, mais ils ont été, au fil des campagnes électorales, agrégés dans d’autres formations ou dans les  programmes de quiconque avait une ambition présidentielle. D’où le mariage de la carpe et du lapin entre EELV et le PCF, sous la houlette de Mélenchon. La vertueuse indignation d ‘A.Hidalgo procède de cette politique qui a été de donner des gages à un potentiel électorat en se dotant au passage d’une teinture écolo de bon goût.
    Moi ce que je trouve cocasse ( et je peux, parce que dans 20 ans je n’y serai plus très probablement), c’est de voir que personne ne s’avise que nous vivons de solutions à court terme en mettant la poussière sous le tapis. Pétrole raréfié donc cher? Hop, une aide d’État pour faire baisser les prix, moyennant quoi la consommation d’hydrocarbures atteint des sommets . Pas de gaz russe ? Hop, l’Allemagne retourne aux centrales à charbon, et nous nous apprêtons à utiliser le gaz de schiste qui est un désastre pour la planète. Il fera froid cet hiver mais le chauffage coûtera cher? Baissons le chauffage. J’aimerais que l’on me dise comment on fera travailler des élèves six heures par jour dans des salles à 19 degrés, dans les écoles, les lycées, en général fort mal isolés, et dont le chauffage représente un gros poste de dépenses? Bah, ils regarderont la Coupe du Monde. À défaut de panem, nous aurons les Circénses et encore, à condition de rire selon les indications.

    • Descartes dit :

      @ Cherrytree

      [Après, que la blague de potache de Galtier soit plus ou moins de bon goût, ben c’est de l’humour de potache, voilà, et chacun est libre de l’apprécier sans avoir besoin de censeurs ou de maîtres à penser qui décident et indiquent à grand renfort de réseaux sociaux, ce qui est ou non de bon ton.]

      A ce propos, je trouve que Fabien Roussel a été bien plus fin et cultivé avec son « vous n’allez pas m’interroger sur le sexe des entrecôtes ». C’est vrai, il y a de l’humour fin et de l’humour grossier. Mais dans cette affaire, la question n’est pas là : quand bien même Galtier aurait fait un jeu de mots digne de Tristan Bernard ou Sacha Guitry, il aurait été cloué au pilori. Parce qu’il est strictement interdit de blaguer sur le climat – ou sur les handicapés ; ou sur les « personnes noires » ; ou sur les « personnes LGBTq+ » ; ou sur les gros, pardon, les « personnes en difficulté pondérale » ; ou sur les religions (à condition que ce soit la « religion des opprimés », s’entend) ; ou sur une longue liste de sujets qui s’accroît chaque jour au fur et à mesure que chaque groupe est invité à exposer publiquement ses rancœurs. C’est le sens de cette interdiction qui m’interroge.

      [Je m’inquiète de ces censeurs dans un pays où, il n’y a pas si longtemps, on proclamait “Je suis Charlie”, au nom du droit à la caricature.]

      Oui, mais l’affaire Charlie Hebdo a mis en évidence toute l’hypocrisie de nos élites à ce sujet. Parce qu’il ne faut pas oublier que, pour avoir publié les fameuses caricatures, dans les mois et semaines qui ont précédé ce triste jour de janvier 2013 l’équipe de Charlie Hebdo avait été trainé dans la boue par les Libération, Le Monde et autres Plenel, accusé de « racisme », « d’islamophobie » et, crime parmi les crimes, de « faire le jeu de l’extrême droite ». Sur le fond, une bonne partie de nos élites étaient d’accord avec les frères Khouachi, même s’ils différaient avec eux sur la méthode pour faire cesser le trouble.

      C’est la brutalité du massacre qui a fait oublier tout cela, qui a permis de se faire oublier à ceux qui étaient prêts à sacrifier la liberté d’expression – où la liberté de satire, ce qui revient au même – et rétablir une forme de délit de blasphème au nom du « respect des croyances (des opprimés) », de « l’antiracisme », de la « lutte contre les discriminations », et autres nobles motifs. Les jeunes qui ont refusé de prendre part à l’hommage national n’eurent en fait qu’un tort : celui de n’avoir pas eu l’échine aussi souple que nos élites, de ne pas avoir compris que les vents avaient changé. Et le changement n’a pas duré si longtemps que ça : il a suffit de quelques années pour voir une partie de la gauche défilant bras dessus bras dessous avec les Frères Musulmans contre « l’islamophobie ».

      [En fait, les partis écologistes ne sont pas très importants en tant que tels, mais ils ont été, au fil des campagnes électorales, agrégés dans d’autres formations ou dans les programmes de quiconque avait une ambition présidentielle. D’où le mariage de la carpe et du lapin entre EELV et le PCF, sous la houlette de Mélenchon. La vertueuse indignation d ‘A.Hidalgo procède de cette politique qui a été de donner des gages à un potentiel électorat en se dotant au passage d’une teinture écolo de bon goût.]

      Il faut à mon sens dépasser l’analyse purement tactique. Pourquoi l’écologie devient la nouvelle religion ? Pour les raisons que Marx avait déjà évoqué dans la « critique de la philosophie du droit de Hegel » : « La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit des conditions sociales d’où l’esprit est exclu. Elle est l’opium du peuple. ». Les classes dominantes ne peuvent se passer d’une idéologie qui permette – comme l’opium – d’endormir le peuple en lui promettant un avenir infernal s’il ne se comporte correctement – et un avenir paradisiaque dans le cas contraire. La construction européenne a été la religion de la fin du XXème siècle, mais comme toute religion séculière, elle s’use lorsque le paradis promis ne se matérialise pas. Il a fallu donc trouver autre chose, et l’écologie l’a remplacée. La question est moins de donner un « gage à un potentiel électorat » que de donner au peuple l’illusion que le « bloc dominant » s’occupe de l’intérêt général.

      [Moi ce que je trouve cocasse (et je peux, parce que dans 20 ans je n’y serai plus très probablement), c’est de voir que personne ne s’avise que nous vivons de solutions à court terme en mettant la poussière sous le tapis. Pétrole raréfié donc cher ? Hop, une aide d’État pour faire baisser les prix, moyennant quoi la consommation d’hydrocarbures atteint des sommets. Pas de gaz russe ? Hop, l’Allemagne retourne aux centrales à charbon, et nous nous apprêtons à utiliser le gaz de schiste qui est un désastre pour la planète. Il fera froid cet hiver mais le chauffage coûtera cher ? Baissons le chauffage.]

      C’est que, voyez-vous, comme disait Keynes « à long terme on est tous morts ». Seules les institutions ont un horizon de vue qui dépasse l’échelle de la vie humaine. Les individus ne voient que leur futur personnel, à la rigueur celui de leurs enfants ou petits-enfants – et encore, c’est très discutable. Une société individualiste qui rejette l’idée même d’institution ne peut donc être qu’une société du court terme. Là où Colbert plantait des chênes, Macron ne peut planter que des sapins Nordmann…

      [J’aimerais que l’on me dise comment on fera travailler des élèves six heures par jour dans des salles à 19 degrés, dans les écoles, les lycées, en général fort mal isolés, et dont le chauffage représente un gros poste de dépenses ?]

      Là, par contre, je ne vous suis pas. On a enseigné – et bien enseigné – dans des conditions bien plus dures que ça. Et si on avait du mal à enseigner cet hiver, ce ne sera pas à cause de la température…

  6. Marencau dit :

    Bonjour,
    Une fois n’est pas coutume, je suis en fort désaccord avec vous et j’en profite donc pour intervenir !
    J’ai l’impression que vous critiquez le haro mis sur le baudet Galtier pour plusieurs raisons :
    1) Beaucoup de ses critiques sont des tartuffes qui aiment les effets de manche mais s’écrasent sur les sujets de fond qui comptent (ex : Fessenheim)
    2) « L’écologisme » est une religion qui se prend au sérieux et n’accepte pas la critique ou le rire (qui « déteste » l’humour même)
     
    Je pense que ces critiques ratent leur cible pour plusieurs raisons.
    1) Commençons par la première.
    Introduction personnelle (désolé) : pour ma part, je suis pleinement converti à ce que vous appelez « l’écologisme, cette nouvelle religion ». Influencé notamment par les travaux de Jancovici, je pense en effet que nous devons changer drastiquement nos modes de production/consommation pour limiter le réchauffement au maximum, et que c’est un enjeu qui va de paire avec la question sociale (la distribution de l’effort avec l’abondance qui n’a pas cessé pour certains…).
    A titre privé, ces convictions se manifestent par ne pas se déplacer en avion, manger très peu de produits « polluants » (viande rouge, produits importés de loin…), globalement consommer assez peu (vêtements), etc. bien sûr je pourrais faire mieux mais j’ai mes limites, comme nous tous, et les marges de manœuvres individuelles sont vite atteintes (cf votre exemple de Fessenheim et de ses impacts). Professionnellement, c’est aussi un travail autour des bilans carbones et de la réduction des émissions pour des industriels (donc avec un vrai travail de fond sur le sujet, pas juste des slogans politiques).
    Je ne me retrouve donc pas du tout dans votre description du croyant qui « s’enchaîne aux grilles des centrales nucléaires » (si je le faisais ça serait pour les défendre), ou qui « regardera sur grand écran un mondial au Quatar » (je trouve que c’est une aberration à tous les niveaux et je ne la regarderai pas). Et de plus en plus de monde commence à penser la même chose que moi, pas assez à mon goût certes (et certainement pas les politiques), mais quand même : ici il s’agit de cohérence, pas de tartufferie.
    Si je suis votre raisonnement, que ma démarche est cohérente et il n’y a donc pas de problème à critiquer vertement Galtier ? Vous pourriez m’opposer alors la liberté individuelle de Galtier à ne pas s’imposer les contraintes que j’aimerais moi (et ma non-légitimité à le critiquer) mais c’est un autre sujet, et pas le terrain que vous avez choisi.
     
    2) La blague de Galtier était peut-être drôle, mais elle ne m’a pas fait rire et m’a plutôt énervé pour plusieurs raisons. Mais pas parce que je déteste l’humour.
    Non, le problème c’est que ces gens là sont des modèles pour énormément de jeunes. Ils ont influence considérables et le message qu’ils renvoient est « ce qui compte c’est moi et c’est que des questions pour bobo de toute façon ». Ce message me paraît détestable à plusieurs niveaux (comme le foot en général), et c’est surtout un problème de responsabilité. Car en termes scientifiques, on est au même niveau que d’annoncer publiquement que la terre est plate alors qu’il y a des réels enjeux pour l’humanité. Blague ou pas blague, je m’en moque un peu en fait. C’est les conséquences qui m’embêtent, pas le fait que lui à titre personnel s’en moque et le dit en privé.
    Et ce n’est pas un problème de critique. Je n’ai d’ailleurs pas de problème à côtoyer des « incroyants ». J’aime bien sûr en débattre avec eux (sans forcer) mais j’essaye toujours de tourner la chose sous l’angle scientifique, pas moral. Ma sœur fait ses vacances en avion si elle le souhaite, tant pis. Mais dans 30 ans, quand les choses commenceront à sérieusement dérapé, je pourrai me dire que j’ai fais du mieux que j’ai pu à tous les niveaux. Oui, je sais, le problème du changement climatique est un dilemme du prisonnier à échelle planétaire et je suis en train de jouer le rôle du « con », mais que voulez-vous…
    Se moquer du changement climatique et des morts qu’il cause/va causer, chercher des théories alternatives, ne pas être d’accord avec les manières dont la société va évoluer, oui, bien sûr que oui on peut. Mais rater une occasion toute bête d’au moins considérer que tout le monde va devoir réduire ses émissions… avec autant d’influence c’est vraiment très dommage.
     
    Et comme je poste rarement, j’en profite pour vous remercier d’entretenir ce blog année après année !
     

    • Descartes dit :

      @ marencau

      [Une fois n’est pas coutume, je suis en fort désaccord avec vous et j’en profite donc pour intervenir !]
      Bénis soient les désaccords, s’ils me donnent le plaisir d’avoir de vos nouvelles !
      [Je ne me retrouve donc pas du tout dans votre description du croyant qui « s’enchaîne aux grilles des centrales nucléaires » (si je le faisais ça serait pour les défendre), ou qui « regardera sur grand écran un mondial au Quatar » (je trouve que c’est une aberration à tous les niveaux et je ne la regarderai pas). Et de plus en plus de monde commence à penser la même chose que moi, pas assez à mon goût certes (et certainement pas les politiques), mais quand même : ici il s’agit de cohérence, pas de tartufferie. Si je suis votre raisonnement, que ma démarche est cohérente et il n’y a donc pas de problème à critiquer vertement Galtier ?]

      La question n’est pas de « critiquer vertement Galtier ». Ce qui me gêne n’est pas qu’on dise que Galtier a tort de faire voler ses joueurs en avion privé, c’est qu’on lui refuse le droit à penser le contraire. Que la lecture de Jancovici vous ait convaincu qu’il faut « changer radicalement nos modes de production/consommation », c’est une position rationnelle. Le problème commence quand vous érigez votre conviction en vérité absolue, et en déduisez que votre conviction vous autorise à réduire au silence ceux qui ne la partagent pas. Ou, comme dans le cas d’espèce, ceux qui se permettent de se moquer d’elle.

      C’est là la question que pose mon article. Quand bien même Galtier serait dans l’erreur, est ce qu’il a ou non le droit de se moquer de votre vérité ? Toute la question est là. Et le fait que ceux qui prétendent lui refuser ce droit soient des Tartufes ne fait qu’affaiblir encore leur position. Parce que cette tartuferie révèle que leur vigilance se soucie moins de combattre le réchauffement climatique que de montrer leur pouvoir.

      [2) La blague de Galtier était peut-être drôle, mais elle ne m’a pas fait rire et m’a plutôt énervé pour plusieurs raisons. Mais pas parce que je déteste l’humour. Non, le problème c’est que ces gens-là sont des modèles pour énormément de jeunes. Ils ont influence considérables et le message qu’ils renvoient est « ce qui compte c’est moi et c’est que des questions pour bobo de toute façon ».]

      Là encore, c’est d’une parfaite tartuferie. Nous vivons dans une société qui est fondée sur un modèle consumériste. Nos jeunes sont exposés en permanence à des messages idéalisant la consommation, le luxe et la richesse. Et au milieu de cette débauche, on exige d’un Galtier qu’il prêche l’abstinence, on s’insurge qu’il ne donne pas le « bon » exemple et on s’inquiète de son rôle de « modèle » ? C’est se foutre du monde. Les jeunes ne sont pas idiots, et savent parfaitement décoder le message.

      [Ce message me paraît détestable à plusieurs niveaux (comme le foot en général), et c’est surtout un problème de responsabilité. Car en termes scientifiques, on est au même niveau que d’annoncer publiquement que la terre est plate alors qu’il y a des réels enjeux pour l’humanité.]

      Désolé, mais non. Quand on ferme des centrales nucléaires et qu’on ouvre des centrales à charbon dont une seule d’entre elles émet autant de CO2 que l’ensemble des liaisons aériennes internes françaises (voir la référence proposée par Jean Bricmont dans un autre commentaire), CA c’est un « réel enjeu ». Et là, tout le monde s’en fout. Personne ne pose des questions gênantes à ce sujet à ceux qui ont permis, pire, qui ont encouragé cette aberration. Quand une Sandrine Rousseau fait de l’humour en disant « je préfère les sorcières qui jettent des sorts aux ingénieurs qui construisent des EPR », personne ne l’oblige à faire « amende honorable ». Galtier, si. Demandez-vous le pourquoi de cette différence de traitement. Parce que l’exécution publique de Galtier renforce encore dans l’opinion cette idée absurde qu’il faut consacrer ses efforts à lutter contre les jets privés, et qu’on peut laisser tranquilles les centrales au charbon.

      [Se moquer du changement climatique et des morts qu’il cause/va causer, chercher des théories alternatives, ne pas être d’accord avec les manières dont la société va évoluer, oui, bien sûr que oui on peut.]

      Beh non. La preuve, on ne peut pas. Comme aux meilleures heures de l’Inquisition, Galtier a été obligé de se renier publiquement.

      [Et comme je poste rarement, j’en profite pour vous remercier d’entretenir ce blog année après année !]

      Merci, et surtout n’hésitez pas à commenter. C’est le meilleur encouragement que vous puissiez me prodiguer.

      • Marencau dit :

        [C’est là la question que pose mon article. Quand bien même Galtier serait dans l’erreur, est ce qu’il a ou non le droit de se moquer de votre vérité ? Toute la question est là.]
        Oui il a le droit. Comme il aurait pu tenir bien d’autres propos qui m’auraient fait vivement réagir. Et certaines réactions ont bien sûr été excessives.
        Maintenant est-ce que c’était pertinent ? Mon point de vue est que c’était très bête de faire cette plaisanterie face aux enjeux derrière. Et donc qu’il est normal qu’on réagisse.
        Mon propos est similaire face à un discours antivax : il a le droit (j’ai un doute sur la légalité en revanche ?), mais ça m’ennuie (le poids de sa parole étant circonstance aggravante) et donc je réagis. Et que d’autres le fassent ne me choque pas, même si, vous avez raison, certains le font pour des raisons opportunistes et peu sincères.
         
        [Et au milieu de cette débauche, on exige d’un Galtier qu’il prêche l’abstinence, on s’insurge qu’il ne donne pas le « bon » exemple et on s’inquiète de son rôle de « modèle » ?]
        C’est qui, “on” ? Des cinglés comme Sandrine Rousseau ou Julien Bayou dont le bilan de l’action pour le climat est plus négatif que positif (engagement anti-nucléaire…) ?
        Encore une fois, pour beaucoup de monde c’est un prolongement cohérent: la “débauche” est visée, je vous rassure, et il est logique que les propos de Galtier qui n’en sont qu’une énième déclinaison le soient aussi.
        Après pour les Rousseau & co je ne dis pas…
         
        [Désolé, mais non. Quand on ferme des centrales nucléaires et qu’on ouvre des centrales à charbon dont une seule d’entre elles émet autant de CO2 que l’ensemble des liaisons aériennes internes françaises (voir la référence proposée par Jean Bricmont dans un autre commentaire), CA c’est un « réel enjeu ». Et là, tout le monde s’en fout.]
        Mais… c’est faux. Là aussi vous parlez uniquement de l’hystérie médiatique incarnée par des personnes parfois peu rationnelles. Mais le désastre de “l’Energiewende” allemande est bien sûr un gros sujet de préoccupation pour tous ceux dont ce combat est plus qu’un moyen d’engranger quelques voix aux prochaines élections. Plus que le trafic aérien. Et plus que le wifi que nos chers dirigeants demandent de couper la nuit…
        En revanche, nous arrivons là dans le cœur du problème et de notre désaccord. Pour vous, j’ai l’impression qu’il y a quelques “vrais enjeux” qui n’impactent pas directement le comportement du consommateur et donc autant ne pas l’embêter tant qu’on a pas traité ça.
        Ça peut vous surprendre mais je ne suis pas en désaccord… seulement nous ne coupons pas le Pareto des émissions au même endroit en quelque sorte. Le trafic aérien EST un enjeu. Oui, les centrales à charbon sont une catastrophe. Oui, c’est une priorité. Mais les remplacer par du nucléaire ne suffira pas. Il faudra aussi revoir en profondeur nos modes de consommation, et le trafic aérien paraît être une cible appropriée compte tenu du rapport émissions/bénéfice parfois très douteux.
        Après ce n’est pas “sacré”, si on considère que l’aérien il faut absolument le maintenir pourquoi pas, discutons en. Mais alors il faudra aussi trouver comment réduire d’autant notre contribution carbone, et les discours “nucléaire & isolation des bâtiments” ne suffiront pas (bien que essentiels). Idem les whataboutism type “oui mais les Allemands/Chinois/USA polluent plus” ou “la France c’est tout petit” (qui ne sont, j’en conviens, pas vos propos).
         
        [Quand une Sandrine Rousseau fait de l’humour en disant « je préfère les sorcières qui jettent des sorts aux ingénieurs qui construisent des EPR », personne ne l’oblige à faire « amende honorable ».  ]
        Tout le monde scientifique et les gens à peu près sérieux lui sont tombés dessus… Si vous estimez qu’ils n’étaient pas assez audibles dans les médias qui sont bien trop complaisants avec ces idées postmodernes (intérêts de classe convergents etc.) ou qu’il ne pèsent pas assez dans la société, d’accord, et je partage. Car il ne faut pas se laisser propager ce genre de bêtise sans réagir même si elle en a le droit… n’est-ce pas ?
        Mais c’est un autre problème, celui du traitement médiatique des sujets et à qui on donne la parole. Dans le fond, ça ne change rien aux propos de Galtier et le droit ou non à exprimer une critique.
        Je n’aurais pas le même discours si, comme ça se pratique aux USA sous la pression de certains activistes, Galtier aurait perdu son emploi et aurait été menacé nuit et jour. Mais là, hormis une petite tape sur la main, il va pouvoir continuer sa vie de millionnaire tranquillement…
         
        [Merci, et surtout n’hésitez pas à commenter.]
        C’est plus facile et intéressant quand on est pas d’accord 😉 si vous avez envie de faire un petit article pour soutenir la multiculturalité de la coupe du monde au Qatar, peut-être…
         

        • Descartes dit :

          @ marencau

          [« C’est là la question que pose mon article. Quand bien même Galtier serait dans l’erreur, est ce qu’il a ou non le droit de se moquer de votre vérité ? Toute la question est là. » Oui il a le droit.]

          Pas dans notre pays en 2022. La preuve, il a été forcé à faire « amende honorable ». Il a très bien compris que maintenir ses propos c’était compromettre la suite de sa carrière. S’il avait refusé de se renier et de présenter ses excuses – signe indispensable de soumission au dogme – la pression médiatique aurait obligé son club à le sanctionner.

          [Maintenant est-ce que c’était pertinent ? Mon point de vue est que c’était très bête de faire cette plaisanterie face aux enjeux derrière. Et donc qu’il est normal qu’on réagisse.]

          Si par « réagir » vous entendez critiquer sa remarque sur le fond, pourquoi pas. Mais si par « réagir » vous entendez le mettre au ban de la société et menacer son gagne-pain, la « normalité » de la chose parait plus douteuse. Ou alors vous jugez « normal » que la liberté d’expression soit soumise au bon vouloir des gardiens de la vertu.

          [Mon propos est similaire face à un discours antivax : il a le droit (j’ai un doute sur la légalité en revanche ?), mais ça m’ennuie (le poids de sa parole étant circonstance aggravante) et donc je réagis.]

          Je ne vois aucun inconvénient à ce qu’une figure publique fasse une plaisanterie antivax. Seulement voilà, les antivax – comme les écologistes – manquent totalement de sens de l’humour. Parce que leur logique, comme celle des écologistes, se fonde sur le terrorisme intellectuel. Ils veulent faire peur aux gens, leur promettre un enfer, et l’humour n’est pas le bon instrument pour cela.

          Je reviens sur mon raisonnement : l’humour est l’arme de la Raison, là où la peur est l’arme des obscurantistes. Et c’est pour cela que la Raison n’a absolument rien à craindre de l’humour. Ce ne sont pas les satiristes qui ont amené la chute d’une théorie scientifique, qui ont empêché une politique rationnelle.

          [« Et au milieu de cette débauche, on exige d’un Galtier qu’il prêche l’abstinence, on s’insurge qu’il ne donne pas le « bon » exemple et on s’inquiète de son rôle de « modèle » ? » C’est qui, “on” ? Des cinglés comme Sandrine Rousseau ou Julien Bayou dont le bilan de l’action pour le climat est plus négatif que positif (engagement anti-nucléaire…) ?]

          Ici, le « on » est en fait « vous ». C’est vous qui vous inquiétiez du « rôle de modèle » de Galtier et de l’effet que cela pouvait avoir sur les jeunes, non ? Si j’ai préféré le « on », c’est pour ne pas tomber dans ce qui aurait pu ressembler à une attaque ad hominem.

          [« Désolé, mais non. Quand on ferme des centrales nucléaires et qu’on ouvre des centrales à charbon dont une seule d’entre elles émet autant de CO2 que l’ensemble des liaisons aériennes internes françaises (voir la référence proposée par Jean Bricmont dans un autre commentaire), CA c’est un « réel enjeu ». Et là, tout le monde s’en fout. » Mais… c’est faux. Là aussi vous parlez uniquement de l’hystérie médiatique incarnée par des personnes parfois peu rationnelles. Mais le désastre de “l’Energiewende” allemande est bien sûr un gros sujet de préoccupation pour tous ceux dont ce combat est plus qu’un moyen d’engranger quelques voix aux prochaines élections. Plus que le trafic aérien. Et plus que le wifi que nos chers dirigeants demandent de couper la nuit…]

          Je ne vois pas très bien qui sont les écologistes « dont le combat est plus qu’un moyen d’engranger des voix ». En tout cas, je ne me souviens pas d’avoir entendu des intellectuels « écologistes » dénoncer les dangers de l’Energiewende quand il était temps de le faire. Au contraire, ce sont eux qui reprochaient à la société française de ne pas s’engager dans la même voie, de ne pas montrer la même constance dans l’engagement pour les renouvelables intermittents et dans l’abandon du nucléaire. Les seuls, je dis bien les seuls, qui ont dès le départ analysé correctement l’Energiewende sont les indécrottables « productivistes ».

          [En revanche, nous arrivons là dans le cœur du problème et de notre désaccord. Pour vous, j’ai l’impression qu’il y a quelques “vrais enjeux” qui n’impactent pas directement le comportement du consommateur et donc autant ne pas l’embêter tant qu’on a pas traité ça.]

          Moi, j’ai un raisonnement qui emprunte à Pareto : en matière d’émissions, il y a 20% des actions qui peuvent nous économiser 80% des émissions. C’est sur ce 20% qu’il faut se concentrer. Et ce n’est qu’après qu’il faudra aller chercher les 20% restants, qui seront beaucoup plus chers et difficiles à traiter. S’il faut consacrer de l’argent à l’affaire, consacrons-le au remplacement des centrales à charbon et au gaz (ce qu’on sait faire à un coût raisonnable grâce au nucléaire), plutôt que de le consacrer à en finir avec les jets privés.

          [Ça peut vous surprendre mais je ne suis pas en désaccord… seulement nous ne coupons pas le Pareto des émissions au même endroit en quelque sorte. Le trafic aérien EST un enjeu.]

          Je ne sais pas. Je ne connais pas en détail les chiffres des émissions comparées entre le trafic aérien et les autres secteurs, et quel serait le coût – économique et social – comparé de la tonne de CO2 évité. Mais si éviter une tonne de CO2 dans une centrale coute dix fois moins que celle évitée dans le transport aérien, la conclusion est évidente : chaque euro disponible pour la lutte contre le réchauffement climatique doit être investie dans le remplacement des centrales à charbon. Je pense que vous avez un raisonnement qui vous pousse à courir tous les lièvres à la fois. C’est une erreur : il faut courir les plus gros, et ceux qu’on peut attraper plus facilement. Le but, ne l’oubliez pas, est de réduire la SOMME des émissions, et non de les réduire TOUTES.

          [Oui, les centrales à charbon sont une catastrophe. Oui, c’est une priorité. Mais les remplacer par du nucléaire ne suffira pas. Il faudra aussi revoir en profondeur nos modes de consommation, et le trafic aérien paraît être une cible appropriée compte tenu du rapport émissions/bénéfice parfois très douteux.]

          Vous ne pouvez pas réviser le mode de consommation sans réviser le mode de production. Les deux sont intimement liés. Si vos citoyens gagnent leur pain fabriquant des t-shirts, et que d’un autre côté vous incitez le gens à faire durer leur t-shirt dix ans, vous allez avoir un problème. Je vous conseille vivement de regarder le film « l’homme au complet blanc » avec Alec Guinness. Il relate l’histoire d’un ingénieur qui invente un tissu qui ne s’use pas, ne se déchire pas, ne se tâche pas… et qui provoque ce faisant la misère et le rejet des travailleurs de son usine…

          C’est là peut-être là que se trouve réside l’hypocrisie fondamentale : nos élites nous expliquent qu’on peut produire capitaliste et consommer écologiste. C’est bien entendu impossible. C’est le rêve de ces « communautés » soixante-huitardes censées fonctionner en marge de la société, mais dont l’existence n’était possible que parce qu’il y avait derrière un appareil industriel qui fournissait les biens nécessaires.

          [Après ce n’est pas “sacré”, si on considère que l’aérien il faut absolument le maintenir pourquoi pas, discutons-en.]

          Mais comment voulez-vous qu’on puisse discuter cette question si la simple ironie est assimilée à un « crachat », sur « la planète de nos enfants qui brûle » ? Si l’affaire Galtier prouve quelque chose, c’est justement qu’il est impossible dans un contexte dogmatique d’engager la moindre discussion sur ces questions. L’impératif de faire cesser les jets privés n’est pas un impératif rationnel, c’est un impératif moral. Et celui qui le conteste est par conséquence un être immoral, qui doit être chassé de la communauté – à moins qu’il accepte de se renier.

          [Mais alors il faudra aussi trouver comment réduire d’autant notre contribution carbone, et les discours “nucléaire & isolation des bâtiments” ne suffiront pas (bien que essentiels).]

          « Ne suffiront pas » à quoi ? Nous avons des moyens limités, et il importe d’utiliser ces moyens de la manière la plus intelligente possible, en les investissant là où l’on peut obtenir les réductions des émissions les plus importantes. Et si cela n’est pas « suffisant » pour atteindre tel ou tel objectif… et bien, on ne l’atteindra pas. A un moment donné, il faut être réaliste. Nos concitoyens ne sont pas prêts à consacrer des moyens infinis à la lutte contre le changement climatique. Et ils ont parfaitement raison, d’ailleurs. S’il faut renoncer à tous les plaisirs de la vie pour sauver le Grand Panda de l’extinction, et bien, merde au Panda.

          [« Quand une Sandrine Rousseau fait de l’humour en disant « je préfère les sorcières qui jettent des sorts aux ingénieurs qui construisent des EPR », personne ne l’oblige à faire « amende honorable ». » Tout le monde scientifique et les gens à peu près sérieux lui sont tombés dessus…]

          Je ne me souviens pas qu’elle ait été obligée à faire « amende honorable » sous la menace de perdre son poste à l’université. Peut-être que cela m’a échappé ?

          [Si vous estimez qu’ils n’étaient pas assez audibles dans les médias qui sont bien trop complaisants avec ces idées postmodernes (intérêts de classe convergents etc.) ou qu’ils ne pèsent pas assez dans la société, d’accord, et je partage. Car il ne faut pas se laisser propager ce genre de bêtise sans réagir même si elle en a le droit… n’est-ce pas ?]

          Mais dans le cas de Galtier, on ne s’est pas contentés de « réagir », on a fait pression, on a menacé. La question ici n’est pas seulement les protestations médiatisées. C’est la manière comme cette médiatisation est utilisée pour faire pression sur les individus et obtenir leur reniement ou leur ostracisme. Sandrine Rousseau peut dire n’importe quoi, et personne pourtant ne lui conteste son poste de professeur. Elle pourra continuer à déblatérer ex cathedra contre les ingénieurs et défendre la sorcellerie. Mais une plaisanterie sur l’écologie, sur les « minorités », sur les femmes peut vous coûter votre poste – et dans certaines circonstances, votre sécurité et même votre vie, pensez à Rushdie. Il est intéressant à mon avis de s’interroger sur cette différence. Et mon explication est simple : lorsque Rousseau s’attaque aux EPR, elle ne risque rien parce que ceux qui soutiennent les EPR ne sont pas dans une démarche dogmatique. Par contre, lorsque vous vous attaquez à l’écologisme, au féminisme, ou à l’Islam, vous vous attaquez à des gens qui ont une démarche dogmatique, et à qui cette démarche autorise tout, même le meurtre.

          [Mais c’est un autre problème, celui du traitement médiatique des sujets et à qui on donne la parole. Dans le fond, ça ne change rien aux propos de Galtier et le droit ou non à exprimer une critique.
          Je n’aurais pas le même discours si, comme ça se pratique aux USA sous la pression de certains activistes, Galtier aurait perdu son emploi et aurait été menacé nuit et jour. Mais là, hormis une petite tape sur la main, il va pouvoir continuer sa vie de millionnaire tranquillement…]

          Non. Galtier n’a pas eu « une petite tape sur la main », il a dû présenter des excuses publiques sous peine de perdre son poste. Et il ne pourra « continuer sa vie de millionnaire » que sous la surveillance des dragons de vertu. Ce n’est pas cela que j’appelle « le droit d’exprimer une critique ».

          • BolchoKek dit :

            @ Descartes
             
            [Je ne sais pas. Je ne connais pas en détail les chiffres des émissions comparées entre le trafic aérien et les autres secteurs, et quel serait le coût – économique et social – comparé de la tonne de CO2 évité.]
             
            Suffit de demander 😉
            https://ourworldindata.org/grapher/ghg-emissions-by-sector?time=latest&country=~FRA

            • Descartes dit :

              @ BolchoKek

              [Suffit de demander (…)]

              Merci de cette référence… elle confirme un peu mon intuition: si l’on veut réduire les émissions, ce n’est pas dans l’aérien que se trouvent les plus gros gisements de gain. Après il faudrait savoir quel est le coût marginal de la tonne de CO2 gagnée dans chacun de ces domaines, et orienter les investissements là où elle est la moins chère…

  7. Vincent dit :

    Et pas un Voltaire à l’horizon pour le défendre. Nos vaillants intellectuels auraient-ils trop peur ?

    Si. Ségolène Royal : https://youtu.be/SYU5QXCSSz4?t=1500
    Elle me surprend ces temps çi. Entre ça, des positions iconoclastes sur l’Ukraine, et même, une critique de l’IE que je n’aurais jamais cru possible de sa part :

     

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [“Et pas un Voltaire à l’horizon pour le défendre. Nos vaillants intellectuels auraient-ils trop peur ?” Si. Ségolène Royal]

      Sans vouloir vous offenser, quelques soient les considérables qualités de cette dame, j’ai du mal à la qualifier
      de “intellectuelle” ou la comparer à Voltaire…

      [Elle me surprend ces temps çi. Entre ça, des positions iconoclastes sur l’Ukraine, et même, une critique de l’IE que je n’aurais jamais cru possible de sa part :(…)]

      Elle a toujours eu son franc parler, et maintenant qu’elle n’a plus rien à perdre… notez cependant que sur l’Ukraine, même elle a du faire “amende honorable”…

  8. COUVERT Jean-Louis dit :

    Descartes : une ministresse qui qui répond par tweet, c’est jeune, c’est cool, c’est in comme on dit en français d’aujourd’hui. L’avantage aussi, c’est que l’on n’est pas obligé.ée (beurk) de faire de longues phrases bien équilibrées, ce qui n’est pas à la portée de tout.e le.a monde

    • Descartes dit :

      @ COUVERT Jean-Louis

      [Descartes : une ministresse qui qui répond par tweet, c’est jeune, c’est cool, c’est in comme on dit en français d’aujourd’hui.]

      Je ne le crois même pas. Je pense que les anglais ont raison: “familiarity breeds contempt” (“la familiarité est mère du mépris”). Les “djeunes” – ou ceux qui se pensent tels – peuvent sur le moment penser qu’un tweet de ministre c’est “cool”, mais dans le long terme, et au fil des dérapages, cela ne fait que cultiver le mépris pour la personne et pour la fonction.

      [L’avantage aussi, c’est que l’on n’est pas obligé.ée (beurk) de faire de longues phrases bien équilibrées, ce qui n’est pas à la portée de tout.e le.a monde]

      Et surtout pas des “managers de communauté” – il paraît que cela s’appelle comme ça, quand on ne dit pas directement “community manager” – qui sont payés pour tweeter à la place des ministres. Parce que ne vous faites aucune illusion, les tweets de la grande majorité des politiques sont envoyés par des employés préposés à cet usage. La proximité n’est ici qu’une illusion…

      • BolchoKek dit :

        @ Descartes
         
        [Parce que ne vous faites aucune illusion, les tweets de la grande majorité des politiques sont envoyés par des employés préposés à cet usage.]
         
        Pour Sandrine Rousseau, j’en doute. Elle est inimitable…

  9. maleyss dit :

    Je crois savoir qu’un de ces zigotos, au sujet de la “crise climatique ” (avec beaucoup de guillemets) s’est laissé aller à dire que, le peuple étant ce qu’il est, il serait sans doute nécessaire de “suspendre la démocratie”. Ils commencent à sortir du bois.

    • Descartes dit :

      @ maleyss

      [s’est laissé aller à dire que, le peuple étant ce qu’il est, il serait sans doute nécessaire de “suspendre la démocratie”. Ils commencent à sortir du bois.]

      C’est le problème de toutes les fanatiques. Persuadés d’avoir la vérité, ils ne voient pas pourquoi celle-ci devrait se plier à l’examen démocratique…

  10. Geo dit :

    @Descartes
    [On peut juger l’ironie de Galtier déplacée – ou pas.]
    Je pense surtout que cette ironie tente résoudre une tension: les stars du football ont une sorte de “devoir médiatique” d’incarner la richesse insolente. Comment leur demander en même temps d’être “citoyens”?
    Dans la blague de Galtier j’entends: “Voulez-vous vraiment que vos stars posent aux bons garçons?” Bien sûr que non. On attendait des stars du cinéma hollywoodien une vie scandaleuse, inventée au besoin; le football, le rock, le rap ont pris la relève.
     
     

    • Descartes dit :

      @ Geo

      [« On peut juger l’ironie de Galtier déplacée – ou pas. » Je pense surtout que cette ironie tente résoudre une tension : les stars du football ont une sorte de “devoir médiatique” d’incarner la richesse insolente. Comment leur demander en même temps d’être “citoyens” ?]

      Je ne vois pas en quoi on leur demanderait médiatiquement « d’incarner la richesse insolente ». C’est là un fait : ils sont riches et insolents. La pression médiatique les pousserait plutôt à le cacher qu’à le montrer. Combien de sportifs de haut niveau s’investissent dans toutes sortes de causes pour faire oublier, précisément, qu’ils sont riches et insolents ?

      [Dans la blague de Galtier j’entends: “Voulez-vous vraiment que vos stars posent aux bons garçons?”]

      Je ne crois pas. Je pense plutôt qu’on peut entendre l’exaspération d’un professionnel du football devant des journalistes qui ne s’intéressent plus à ce genre de bêtises qu’à son travail de professionnel.

  11. [Et pas un Voltaire à l’horizon pour le défendre.]
    Les Voltaire de notre temps s’appellent Louis Aliot et Eric Ciotti. Le premier a déclaré: “le PSG est une entreprise privée qui gère son activité comme elle l’entend.” Le second a justement fait remarquer que mettre les joueurs du PSG dans un train obligerait à mobiliser de nombreux CRS dans la gare de départ comme dans celle d’arrivée, et que cela a un coût, y compris écologique, puisque les camions de CRS consomment du carburant.
     
    Cela étant, sur le fond, je suis en désaccord avec vous: comparer Galtier au chevalier de la Barre, ce n’est pas sérieux… Galtier appartient lui-même à un monde de tartuffes, celui du sport professionnel qui nous “vend” les “belles valeurs du sport”, alors que tout n’est qu’histoire de sous et de corruption. Ce monde du sport professionnel ne se prive pas, lui non plus, de faire la leçon au reste de la société sur le racisme, la tolérance… et parfois même l’écologie! Cette affaire, c’est un peu l’arroseur arrosé.
     
    Par ailleurs, au moment où il va falloir “faire des sacrifices” et baisser le chauffage, on est en effet en droit de se demander si le monde du sport professionnel, monde de privilégiés nageant dans le fric, ne pourrait pas, lui aussi, faire quelques efforts…

    • Descartes dit :

      @ nationaliste-ethniciste

      [« Et pas un Voltaire à l’horizon pour le défendre. » Les Voltaire de notre temps s’appellent Louis Aliot et Eric Ciotti.]

      Sans vouloir vous contredire, j’ai du mal à voir le talent d’un Voltaire chez Aliot ou Ciotti. Ni l’un, ni l’autre ne sont vraiment des intellectuels…

      [Cela étant, sur le fond, je suis en désaccord avec vous: comparer Galtier au chevalier de la Barre, ce n’est pas sérieux… Galtier appartient lui-même à un monde de tartuffes, celui du sport professionnel qui nous “vend” les “belles valeurs du sport”, alors que tout n’est qu’histoire de sous et de corruption.]

      Mais que savez-vous du chevalier de La Barre ? On en sait assez peu de chose, mais rien n’indique que ce fut un concentré de vertus. Peu importe d’ailleurs qu’il faut un saint ou un salaud. Si vous appreniez que c’était un infecte pervers, est-ce que vous trouveriez moins juste la position de Voltaire ?

      [Par ailleurs, au moment où il va falloir “faire des sacrifices” et baisser le chauffage, on est en effet en droit de se demander si le monde du sport professionnel, monde de privilégiés nageant dans le fric, ne pourrait pas, lui aussi, faire quelques efforts…]

      Je n’en vois pas la logique. Pour moi, les efforts doivent être faits là où ils permettent la plus grande réduction des émissions pour chaque euro investi. Je ne suis pas sûr qu’on puisse beaucoup économiser sur le sport professionnel. On peut taxer ces gens et utiliser le produit de la taxe là où cet investissement est le plus efficace. Mais je ne vois pas l’intérêt de leur demander des « sacrifices » inutiles ou peu efficaces au motif que « tout le monde doit s’y mettre ».

  12. P2R dit :

    (((l’ironie de Galtier met à nu l’hypocrisie d’une société qui s’occupe de l’accessoire pour cacher le principal.)))
     
    Je suis d’accord dans les grandes lignes de votre billet, à ceci près que je ne suis pas forcément convaincu que Galtier, avec sa saillie, ait fait preuve d’autant d’esprit que vous ne lui en attribuez. En revoyant la vidéo, je trouve son intervention au contraire plutôt “premier degré”. On est à mon avis beaucoup plus proche de la citation apocryphe “Qu’ils mangent de la bioche !”, qui est à l’humour ce qu’un aveugle se cognant à un lampadaire est à la comédie slapstick.
     
    Là où je vous rejoins par contre, c’est dans l’analyse de l’hypocrisie du corps médiatico-politique qui s’offusque de l’ironie involontaire de celui qui met les pieds dans le plat alors que tout le monde faisait de grands efforts pour regarder ailleurs. En cela, je pense que Galtier joue parfaitement le rôle d’idiot utile pour toute une catégorie de personnes qui sont trop contentes de pouvoir jeter la pierre sur une cible facile et consensuelle. En retour, qui osera mener une cabale identique contre ces élus bretons qui manifestent contre la fermeture d’une ligne aérienne Brest/Orly, et pire, contre la compagnie qui accorde le report de la mesure, on l’imagine avec la bénédiction du ministère des transports ? Qui se mettra a dos une des régions les plus politiquement sensible ? Hidalgo ? Autain ? Jadot ? Mélenchon ? A votre avis…
     
    https://www.lefigaro.fr/voyages/faute-de-frequentation-la-ligne-aerienne-brest-orly-va-etre-supprimee-20220908
     
     

    • Descartes dit :

      @ P2R

      [« l’ironie de Galtier met à nu l’hypocrisie d’une société qui s’occupe de l’accessoire pour cacher le principal. » Je suis d’accord dans les grandes lignes de votre billet, à ceci près que je ne suis pas forcément convaincu que Galtier, avec sa saillie, ait fait preuve d’autant d’esprit que vous ne lui en attribuez.]

      Moi non plus. Je n’ai pas dit que Galtier ait eu l’INTENTION de mettre à nu quoi que ce soit. De la même manière que nous ne savons pas si le chevalier de La Barre avait vraiment l’intention de défendre la liberté de ne pas croire lorsqu’il a gardé son chapeau au passage de la procession. Je ne sais pas quelle était l’intention de Galtier. Il n’empêche que son ironie – et la vague de condamnations qu’elle a déclenché – met en évidence le niveau d’hypocrisie de ses juges…

      [En revoyant la vidéo, je trouve son intervention au contraire plutôt “premier degré”. On est à mon avis beaucoup plus proche de la citation apocryphe “Qu’ils mangent de la bioche !”,]

      Quand même pas. La phrase que vous citez est attribuée à Marie Antoinette pour signaler son ignorance de la situation des pauvres gens, et non son cynisme et encore moins une quelconque ironie. Dans le cas de Galtier, il est clair qu’il s’agit d’une remarque sarcastique.

      [En retour, qui osera mener une cabale identique contre ces élus bretons qui manifestent contre la fermeture d’une ligne aérienne Brest/Orly, et pire, contre la compagnie qui accorde le report de la mesure, on l’imagine avec la bénédiction du ministère des transports ? Qui se mettra a dos une des régions les plus politiquement sensible ? Hidalgo ? Autain ? Jadot ? Mélenchon ? A votre avis…]

      Personne, bien entendu. Là est l’hypocrisie.

    • Descartes dit :

      @ Jean Bricmont

      Bonjour, ravi de vous avoir avec nous. Oui, quand on lit que la centrale de Neurath produit à elle seule plus de CO2 que l’ensemble des vols intérieurs en France, on se dit qu’il est urgent d’aligner les politiques sur les vraies priorités.

  13. Luc dit :

    Le dogmatisme du rire peut aussi Exister…comme celui des Deschiens où les classes populaires sont désignées à la vindicte publique alors que financiers et Snobs bourgeois ne sont jamais moqués par les Deschiens.
    A qui profite cette posture sans cesse répèter dans toute la carrière des Deschiens ?
    Pourtant,Rire est excelllent pour le bien être.
    Rire de tout aussi mais pas avec n’importe qui..
    Voici une occasion de bien rigoler en constatant que des trajets courts comme SainT Raphaël/Cannes ou Agen/TOULOUSE sont effectués en Jets PAR CERTAINS peut être par les Deschiens dont pourtant l’Humour ne vole pas haut…Votent ils écologistes ces monte en l’air,comme les Deschiens ,probablement,non ?
    https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2022/09/06/jets-prives-visualisez-les-trajets-les-plus-frequents-ou-les-plus-courts-en-france_6140407_4355770.html
    ‘Le tableau ci-dessous compile les vols les plus courts effectués de façon répétée (c’est-à-dire plus d’une fois) en 2022. Les émissions de CO2 sont ici largement sous-estimées, car le calculateur de l’agence européenne pour l’environnement n’a pas été prévu pour des vols si courts – les phases de décollage et d’atterrissage sont en effet les plus gourmandes en carburant.

    Trajet
    Jet
    Train
    Voiture
    En 2022

    Nantes – Saint-Nazaire (45 km)

     
    23,7 kg

     
    10 minutes

     
    1,8 kg

     
    58 minutes

     
    3,3 kg

     
    1 h 04

    3 vols

    La Roche-sur-Yon – Nantes (53 km)

     
    27,9 kg

     
    14 minutes

     
    0,2 kg

     
    41 minutes

     
    3,6 kg

     
    58 minutes

    12 vols

    Grenoble – Lyon (44 km)

     
    23,2 kg

     
    14 minutes

     
    3,6 kg

     
    1 h 25

     
    5,8 kg

     
    1 h 18

    4 vols

    Niort – Poitiers (62 km)

     
    32,7 kg

     
    14 minutes

     
    2,2 kg

     
    1 h 08

     
    4,1 kg

     
    1 h 03

    3 vols

    Cannes – Saint-Tropez (54 km)

     
    28,5 kg

     
    16 minutes

    Aucun trajet en train

     
    4,4 kg

     
    1 h 30

    14 vols

    Source : FlightRadar24SNCFADEME, calculateur EEA et calculs Le Monde

     

    Aviation d’affaires ou de loisirs, la frontière est mince

    Au niveau européen, la France est première en nombre de vols, souligne le rapport du groupe Transport & Environment. Selon ces calculs, en 2019, un vol sur dix au départ de la France était effectué avec un jet privé, et le secteur a aisément repris sa croissance depuis l’arrêt temporaire dû à la pandémie de Covid-19.
    Mardi 23 août, sur France Inter, Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, estimait que « dans la grande majorité des cas, ce sont des transports commerciaux, on envoie des équipes sur place ». Pourtant, dans la plupart des cas, les vols semblent se diriger vers des destinations ensoleillées. Selon les calculs du Monde, depuis début 2022, un vol sur seize a eu Nice pour destination et la moitié des dix destinations les plus prisées se trouvent en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Figari (Corse), Ibiza et Palma de Majorque se classent respectivement 13e, 17e et 18e, devant les capitales européennes Bruxelles (23e), Amsterdam (24e) ou Rome (32e).
    En juin, juillet et août, la jet-set choisit des destinations estivales classiques : Catane, en Sicile, ou Olbia, en Sardaigne, sont beaucoup plus fréquentées que le reste de l’année. Moins connu des vacanciers, Le Mans se place aussi dans cette liste, avec un pic de fréquentation en juin 2022, correspondant à la course automobile des 24 Heures du Mans (en 2021, le nombre d’atterrissage avait augmenté en août, date à laquelle la compétition avait été décalée pour raisons sanitaires).’

    • Descartes dit :

      @ luc

      [‘Le tableau ci-dessous compile les vols les plus courts effectués de façon répétée (c’est-à-dire plus d’une fois) en 2022. Les émissions de CO2 sont ici largement sous-estimées, car le calculateur de l’agence européenne pour l’environnement n’a pas été prévu pour des vols si courts – les phases de décollage et d’atterrissage sont en effet les plus gourmandes en carburant. (…)]

      Recopier des données comme ça ne sert à rien, elles sont illisibles… mais surtout on voit que même si le jet rejette dix fois plus que le train, on reste sur des rejets petits en valeur absolue lorsqu’on compare par exemple à une centrale au charbon. Dans ces conditions, est-ce qu’il ne faudrait pas réserver les forces, les combats et les investissements aux domaines ou l’on peut gagner des tonnes, plutôt qu’aux domaines ou l’on gagne des kilogrammes ?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Intéressant, non?]

      Non. C’est l’article typique du journaliste paresseux qui reprend des données brutes sans chercher à leur donner un sens. Très bien, on constate que les jets privés sont souvent pris pour faire des trajets pour les quels existe une ligne régulière, voire une liaison ferroviaire, alors que le jet privé n’apporte qu’un gain négligeable en temps. Ce constat devrait conduire un bon journaliste à une question assez évidente: POURQUOI. Pourquoi ces gens prennent un jet privé qui coûte plus cher et ne leur fait pas gagner du temps – sans même évoquer la question des émissions de CO2.

      L’argument de Galtier se tient: transporter l’équipe du PSG dans un moyen de transport partagé (avion ou train) dans des conditions de tranquilité, de sécurité et de fiabilité équivalente, ce n’est pas une évidence. J’imagine que c’est aussi le cas pour l’équipe accompagnant un PDG à une négociation cruciale et confidentielle. Imaginez-vous préparer une telle négociation dans un wagon de TGV ? Mais bon, ce sont là mes hypothèses. Je pars en tout cas d’un raisonnement simple: les gens ne sont pas idiots. S’ils dépensent de l’argent et perdent du temps en prenant un jet privé, il doit bien y avoir une raison.

  14. Sans le défendre vraiment, je le défends un peu tout de même et j’attaque qui de droit :
    http://bernard-gensane.over-blog.com/2022/09/la-vanne-de-christophe-galtier.html

  15. Timo dit :

    @ Timo

    [Ce commentaire porte sur l’article “Chère énergie” d’octobre 2021 https://descartes-blog.fr/2021/10/23/chere-energie/. Après plusieurs essais je n’arrive pas à le publier dans la zone commentaire de la page – il n’apparait pas après envoi contrairement à ce qui se passe habituellement, et je note qu’il n’est toujours pas publié dans les jours/semaines qui suivent.]

    • Descartes dit :

      @ Timo

      Bonjour Timo, si l’article n’apparait pas après envoi, c’est le signe qu’il a été capture par le logiciel qui filtre sur ce site les “spams” (fort nombreux, malheureusement). Dans ce cas, il faut me prévenir pour que je le rétablisse. J’ai retrouvé votre message et je l’ai rétabli dans l’article correspondant (et bien entendu, je vais y répondre). Désolé de ce contretemps, mais j’ai été obligé à mettre ce “filtre” pour ne pas être noyé sous les gens qui veulent me vendre du Viagra et les dames à l’affection négociable…

  16. NG dit :

    La pratique étonnante des conférences de presse d’après match pousse à ce genre de mauvais trait d’esprit (mauvais dans le sens de faiblard). On force des personnes dont le talent est de s’exprimer par leur corps sur le terrain à… causer. Evidemment c’est déceptif comme dirait l’autre !

  17. sc dit :

    Bonsoir
    tout d’abord (une évidence) un grand merci pour ce blog; on se sent moins seul
    je voulais juste mentionner que cette réaction unanime à ce qui reste une plaisanterie, me frappe par opposition à ce qu’est devenue la radio publique aux heures de “grande écoute” …. quand entre 2 échanges sur quelque sujet que ce soit, un ou une humoriste plus ou moins (plutôt moins) inspirés viennent chaque matin énoncer leur chronique sous les gros rires des journalistes en place … 
    ce qui inquiète, avant tout, c’est ce monde du bien – obligé, imposé, contagieux
     

    • Descartes dit :

      @ sc

      [je voulais juste mentionner que cette réaction unanime à ce qui reste une plaisanterie, me frappe par opposition à ce qu’est devenue la radio publique aux heures de “grande écoute” …. quand entre 2 échanges sur quelque sujet que ce soit, un ou une humoriste plus ou moins (plutôt moins) inspirés viennent chaque matin énoncer leur chronique sous les gros rires des journalistes en place …]

      Je trouve votre remarque très juste. Les médias n’ont plus comme objectif de cultiver le public ni même de l’informer, mais de l’amuser – le fameux « entertainment » des Américains. Il n’y a plus d’émission sérieuse : tout doit être amusant, ludique, « entertaining ». Mais vous noterez que ces humoristes ne sont généralement pas très courageux : ils s’abstiennent prudemment de toute allusion, même lointaine, aux groupes réputés « intouchables »…

  18. alexis dit :

    Bonjour Descartes,
    Ma perspective est proche de celle de Marencau, mais la blague de Galtier ne m’a pas fait réagir. J’ai trouvé ça idiot c’est tout. Un de mes amis a été commentateur de foot pour la radio, il voyageait souvent avec les joueurs d’une équipe nationale pour les matchs. C’est un monde triste où les joueurs rèvent de fric, de grosses voitures etc…Que peut on en attendre d’autre? Mais parmi les réactions, j’ai redécouvert un chronique de Desproges “A mort le foot!” (à l’époque censurée par le journal du dimanche dixit Desproges), alors merci Galtier!
    [C’est là peut-être là que se trouve réside l’hypocrisie fondamentale : nos élites nous expliquent qu’on peut produire capitaliste et consommer écologiste. C’est bien entendu impossible. C’est le rêve de ces « communautés » soixante-huitardes censées fonctionner en marge de la société, mais dont l’existence n’était possible que parce qu’il y avait derrière un appareil industriel qui fournissait les biens nécessaires.”]
    Ceci me parait le plus pertinent de toute cette discussion. Lordon a une formule efficace: “A la Zad on peut construire des maisons, mais pas ce qui permet de construire des maisons”. 
    [je ne me souviens pas d’avoir entendu des intellectuels « écologistes » dénoncer les dangers de l’Energiewende quand il était temps de le faire. Au contraire, ce sont eux qui reprochaient à la société française de ne pas s’engager dans la même voie, de ne pas montrer la même constance dans l’engagement pour les renouvelables intermittents et dans l’abandon du nucléaire. Les seuls, je dis bien les seuls, qui ont dès le départ analysé correctement l’Energiewende sont les indécrottables « productivistes.]
    Ce n’est pas vrai, cf Jancovici ou Huet

    Vers quoi l’Allemagne transitionne-t-elle exactement ?


    Outre ces deux-là, il y a beaucoup d’écologistes technophiles (pro-nuc, pro-OGM etc.) qui ne sont pas productivistes, en particulier parmi les jeunes, qui vous avez raison, “ne sont pas idiots”. Ils sont même nettement moins idiots que leurs parents moins informés (version “écolos” ou “productivistes”) sur ces questions. C’est mon expérience de vulgarisateur sur le climat qui correspond aux enquêtes d’opinion de l’ADEME.
    J’ai de l’estime et de la sympathie pour Roussel, pour qui j’ai voté et revoterai sans doute. Mais il dit aussi des bêtises. Par ex le 29 oct sur Twitter “Nous produisons 90% de l’énergie dont nous avons besoin. Il en manque seulement 10% !” il confond électricité et énergie, erreur que commettent régulièrement les productivistes pro-nuc. 
    [S’il faut renoncer à tous les plaisirs de la vie pour sauver le Grand Panda de l’extinction, et bien, merde au Panda.]
    J’espère que c’est de l’ironie mais je vais réondre au premier degré… En essayant de sauver ce qui peut l’être de l’écosystème, on veut justement garder certains des plaisirs de la vie (par ex. celui de confronter ses idées avec des gens intelligents le dimanche plutôt que de passer la journée à essayer de trouver à manger dans un monde où la productivité agricole s’est effondré). Dans un monde rationnel, on discuterait de manière informée et démocratique (et avec de l’humour!) des plaisirs qu’on veut garder (moi j’aime bien aussi les noix de cajou du Vietnam, quid de leur empreinte carbone?). A mon humble avis, si on faisait ça, le big business international du football ne durerait pas longtemps, les jeunes ne sont pas idiots!    
    A ce propos, on a eu une autre tempête dans un verre d’eau avec l’affaire de la soupe sur le Van Gogh. Beaucoup de gens ont condamné vigoureusement, mais pas les mêmes que pour le foot. Laurent Alexandre par ex. a parlé d'”ABRUTIS”. Qu’en avez-vous pensé? 
    PS: pour le climat, c’est mieux de rouler en diesel, ça émét moins de CO2. C’est pour la qualité de l’air que le diesel est moins bien (ça émet plus de NOx). 

    • Descartes dit :

      @ alexis

      [Ma perspective est proche de celle de Marencau, mais la blague de Galtier ne m’a pas fait réagir. J’ai trouvé ça idiot c’est tout.]

      Je ne vais pas vous dire que j’ai trouvé cette blague très intelligente… plutôt le geste de quelqu’un excédé par la pression permanente d’être « politiquement correct ».

      [Un de mes amis a été commentateur de foot pour la radio, il voyageait souvent avec les joueurs d’une équipe nationale pour les matchs. C’est un monde triste où les joueurs rêvent de fric, de grosses voitures etc…]

      Le foot professionnel est un métier comme n’importe quel autre métier. Et qui plus est, un métier où l’on peut gagner beaucoup d’argent sans fatiguer les neurones. A quoi voulez-vous qu’ils rêvent ?

      [« Les seuls, je dis bien les seuls, qui ont dès le départ analysé correctement l’Energiewende sont les indécrottables « productivistes. » Ce n’est pas vrai, cf Jancovici ou Huet]

      Huet et Jancovici sont des productivistes, certes modérés, mais des productivistes quand même.

      [« S’il faut renoncer à tous les plaisirs de la vie pour sauver le Grand Panda de l’extinction, et bien, merde au Panda. » J’espère que c’est de l’ironie (…)]

      Désolé de vous décevoir…

      [mais je vais répondre au premier degré… En essayant de sauver ce qui peut l’être de l’écosystème, on veut justement garder certains des plaisirs de la vie (par ex. celui de confronter ses idées avec des gens intelligents le dimanche plutôt que de passer la journée à essayer de trouver à manger dans un monde où la productivité agricole s’est effondré).]

      Il y a une grosse différence entre « sauver ce qui peut l’être de l’écosystème » et « sauver le Grand Panda de l’extinction ». L’écosystème en a vu, des extinctions…

      [Dans un monde rationnel, on discuterait de manière informée et démocratique (et avec de l’humour !) des plaisirs qu’on veut garder (moi j’aime bien aussi les noix de cajou du Vietnam, quid de leur empreinte carbone ?). A mon humble avis, si on faisait ça, le big business international du football ne durerait pas longtemps, les jeunes ne sont pas idiots !]

      Nous sommes d’accord.

      [A ce propos, on a eu une autre tempête dans un verre d’eau avec l’affaire de la soupe sur le Van Gogh. Beaucoup de gens ont condamné vigoureusement, mais pas les mêmes que pour le foot. Laurent Alexandre par ex. a parlé d’”ABRUTIS”. Qu’en avez-vous pensé ?]

      Je pense que c’est effrayant. Je me rappelle toujours la formule de Heine reprise d’Erasme : « là où on brûle des livres, on finit par brûler des hommes ». Quand le livre, le tableau, la statue perdent leur caractère quasi-sacré qui nous empêche justement de leur porter atteinte, il y a un sérieux problème. Vous me direz que jusqu’ici les activistes ont pris soin de ne pas dégrader les œuvres « pour de vrai », se contentant d’une destruction symbolique. N’empêche que les symboles, cela a son importance.

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