Le peuple a voté. Je parle bien entendu du peuple chilien, qui a une large majorité a rejeté le projet de « constitution politique » issu du processus constitutionnel initié par le président de droite Sebastian Piñera pour répondre à l’explosion sociale commencée en octobre 2019 et qui avait créé une situation quasi insurrectionnelle. Dans le référendum organisé le 25 octobre 2020, les chiliens s’étaient prononcés à plus de 70% pour la convocation d’une assemblée constituante pour rédiger une nouvelle constitution, remplaçant celle mise en place dans les années 1980 par le dictateur Auguste Pinochet, et jamais remise en cause depuis.
L’élection de la convention constituante respecta toutes les règles du « politiquement correct » postmoderne : le plus grand soin fut apporté à la représentation des « peuples originaires », des « diversités » et bien entendu à la parité. A l’issue des élections du 15 et 16 mai 2021, la gauche obtient une majorité à l’Assemblée. Elle modèlera largement le projet de constitution : un projet très verbeux (388 articles plus 57 dispositions transitoires… là où la constitution française ne dépasse la centaine), faisant la part belle à toutes sortes de « droits » – des femmes, des « diversités », des sourds-muets (1) des « peuples originaires », de la nature elle-même, n’hésitant pas à se contredire d’un paragraphe à l’autre (2). C’est ce projet qui a été largement rejeté dimanche dernier.
Ce n’est pas mon intention de faire ici une analyse en profondeur du projet constitutionnel chilien. La question qui m’intéresse est la suivante : comment on en est arrivé à cette situation où la proposition rédigée par une assemblée démocratiquement élue – qui plus est dans un scrutin proportionnel aménagé pour assurer la plus large représentativité – dans le cadre d’un processus constitutionnel souhaité par une très large majorité du peuple soit massivement rejetée ?
Il y a une explication facile, qu’on peut exclure dès le départ : celle du « conservatisme » attribué au peuple chilien. Oui, le Chili est un pays plutôt conservateur, ou le pouvoir politique et économique est largement concentré dans les mains d’une bourgeoisie réactionnaire, secondée par des classes intermédiaires qui le sont autant. Mais cette objection tombe facilement lorsqu’on se réfère aux résultats du référendum de 2020 et des élections de l’assemblée constituante. Si l’électorat chilien était aussi « conservateur » qu’on le dit, pourquoi a-t-il voté pour modifier une constitution qui, mal que mal, a permis au pays de fonctionner depuis quarante ans, puis élu une assemblée constituante clairement marquée à gauche ?
Non, je pense que l’échec du projet constitutionnel tient à la faiblesse de la culture démocratique de la gauche dite radicale. C’est cette gauche qui a polarisé les débats de l’assemblée constituante. Au lieu de donner la priorité à la construction d’un consensus qui aboutisse à un texte qui soit au moins acceptable pour une majorité, elle a utilisé son poids pour faire inscrire dans le texte toutes ses marottes, quitte à rendre le texte inacceptable pour tous ceux qui ne partagent ses orientations (3).
Le commentateur politique argentin Pablo Giussani, dans son analyse de la violence terroriste des années 1970 dans son pays, fait une intéressante distinction entre le « rebelle » et le « révolutionnaire ». Son argument est le suivant : le « révolutionnaire » est une personne engagée pour changer la société, et donc prêt à prendre les outils les plus efficaces pour faire avancer ce changement. A certains moments, cela peut consister à prendre les fusils et monter sur les barricades, mais à d’autres – et c’est le plus courant – cela consiste à participer à des comités, à faire d’épuisants porte-à-porte, à exercer des responsabilités administratives dans des bureaux gris, loin des attributs – le fusil, le béret à l’étoile – dont le romantisme a paré le « révolutionnaire ». Pour le « rebelle », par contre, le but n’est pas tant de changer la société que de rendre son action visible, remarquable, spectaculaire, et cela même lorsque cela suppose de choisir des moyens inefficaces voire contre-productifs à l’heure de faire avancer le changement. Le gauchisme est le produit d’une couche sociale – les classes intermédiaires – qui n’ont aucun intérêt à changer les choses. Son action est un alibi, et c’est pourquoi il tend à adhérer à la logique du « rebelle » plutôt qu’à celle du « révolutionnaire ».
Si la gauche chilienne avait été moins « rebelle » et plus « révolutionnaire », elle aurait compris que le texte tel qu’elle le voulait n’avait aucune chance de passer la barrière du référendum, et qu’il fallait donc choisir entre tout y mettre – au risque de ne rien avoir au bout – ou d’accepter des concessions et des compromis qui auraient permis de passer un texte moins ambitieux, moins spectaculaire, mais qui aurait représenté un véritable progrès démocratique par rapport au texte pinochetiste.
Et ne croyez pas que cela ne concerne que le Chili. Chez nous aussi, cette question se pose. Nous avons-nous aussi nos « rebelles » – ou devrais-je écrire « insoumis » – qui se proclament « révolutionnaires » mais qui, avec le comportement typique des « rebelles », ne font que bloquer toute évolution positive, que saboter toute initiative au prétexte qu’elle serait insuffisante. Autrement dit, qui à force de demander « tout, tout de suite », ne font que qu’effrayer les modérés et les rejeter dans les bras des conservateurs.
Descartes
(1) Voici la rédaction de l’article 12.2 : « Est reconnue la langue des signes chilienne comme langue naturelle et officielle des personnes sourdes, ainsi que leurs droits linguistiques dans tous les lieux de la vie sociale ». Aucune disposition n’est par contre prévue pour officialiser l’usage du Braille…
(2) Pour l’exemple, l’article 25.3 est ainsi rédigé : « L’Etat assure l’égalité de genre pour les femmes, filles, diversités et dissidences sexuelles et de genre, tant dans la sphère publique que dans la sphère privée ». On notera que les êtres humains hétérosexuels et porteurs de pénis sont exclus de cette « égalité » assurée par l’Etat. Ce qui constitue clairement une discrimination fondée sur le sexe et l’orientation sexuelle… explicitement interdite par le paragraphe 25.4 quelques lignes plus bas. On retrouve ce paradoxe un peu plus loin, à l’article 27.1 : « Toutes les femmes, les filles, les adolescentes et les personnes des diversités et dissidences sexuelles et de genre ont le droit à une vie libre de violence de genre dans toutes ses manifestations, tant dans la sphère publique comme privée ». Encore une fois, de ce droit sont exclus les mâles hétérosexuels…
(3) Ce n’est d’ailleurs pas une nouveauté au Chili : au début des années 1970, c’est l’extrême gauche qui met le gouvernement d’Allende en difficulté en exigeant « tout, tout de suite » et créant un désordre qui pousse les classes moyennes dans les bras des putschistes.
@Descartes
Triste constat. Mais qui n’a rien de nouveau.
Dans “l’Éducation sentimentale”, Flaubert peint avec une ironie féroce une réunion de comité du peuple, ou chacun apporte, comme à l’auberge espagnole, sa revendication, ce qui aboutit à une cacophonie invraisemblable, où les demandes de motions les plus invraisemblables se côtoient, se mêlent, et n’aboutissent finalement à pas grand chose, si ce n’est que chacun a pu brailler à son aise et s’en trouve content sinon satisfait.
Flaubert avait l’art de mettre en scène la bêtise, je recommande la (re) lecture de ce roman et en tout cas de ce passage savoureux d’ironie désabusée, qui montre qu’en la matière, rien de nouveau sous le soleil. J’aime bien que la langue des signes des personnes sourdes, mais nul ne sait ce qu’il en est des muets. C’est ce qui arrive quand les individus sont porteurs de révoltes individuelles, qui atomisent absolument un projet commun, et toute perspective de contrat social.
Ce serait comique si le résultat n’était pas si navrant.
Je ne vous ferai pas l’injure de vous demander si l’exemple chilien ne vous fait penser à personne par chez nous?
@ Cherrytree
[Je ne vous ferai pas l’injure de vous demander si l’exemple chilien ne vous fait penser à personne par chez nous ?]
La question est pourtant intéressante. En fait, au cours de notre longue histoire politique nous avons toujours eu des extrémistes refusant tout compromis et exigeant “tout, tout de suite”. Mais la maturité politique des Français était suffisante pour comprendre que si ces gens peuvent être utiles dans le débat politique, il ne faut pas leur confier la moindre parcelle de pouvoir. Arlette pouvait nous amuser ou nous attendrir, mais personne n’aurait voulu l’avoir comme députée – et d’ailleurs elle n’a jamais été élue au moindre mandat. La gauche était représentée à l’Assemblée par des gens plus ou moins radicaux, mais même les plus “à gauche”, les communistes, étaient des réalistes prêts à des compromis raisonnables.
Ce qui est nouveau aujourd’hui – et il faut à mon sens voir dans cela une immaturité croissante de l’électorat – est que le principal parti de la gauche est dans une logique de refus de tout compromis, de “tout ou rien”. Sans vouloir comprendre que, quelque soit sa représentativité, ses idées restent minoritaires dans la population et que par conséquence elle ne peut pas espérer passer en force. En ce sens, la situation n’est pas très différente de celle du Chili, où la gauche radicale s’est imaginé que parce qu’elle arrivait, avec les bonnes vieilles techniques de manipulation d’assemblée, à imposer ses thèmes, cela suffirait à faire approuver le texte par le pays. Elle s’est trompée.
@Descartes,
je vais confiance à votre immense culture générale, et également à votre vécu personnel sur cette question: ne trouvez-vous pas que le scénario que vous évoquez, celui du maximalisme des partis de gauche dits “révolutionnaire”, n’explique pas également ce qui s’est passé durant la guerre d’Espagne entre 1935 et 1939? Outre la terrible guerre civile, les bisbilles entre anarchistes, communistes et horresco referens, socio-démocratie ont fini par lasser les Espagnols, au départ pro-républicains, vers les bras du général Francesco Franco ? Et surtout, les excès de la gauche n’ont-ils pas eu un effet dissuasif pour susciter une alternance à gauche à la politique pourtant ultra-réactionnaire du caudillo pendant près de 40 ans?
Autre question, mais celle-ci concernant le Chili: dans ce que vous dites à propos des “rebelles”, ceux-ci sont bien l’émanation des “classes intermédiaires”, non? Alors comment expliquer que ce soit ces mêmes “classes intermédiaires” qui ont massivement soutenu le très sanguinaire Augusto Pinochet? Est-ce un paradoxe ou une aporie?
@ CVT
[je vais confiance à votre immense culture générale, et également à votre vécu personnel sur cette question: ne trouvez-vous pas que le scénario que vous évoquez, celui du maximalisme des partis de gauche dits “révolutionnaire”, n’explique pas également ce qui s’est passé durant la guerre d’Espagne entre 1935 et 1939 ?]
Le maximalisme de la gauche anarchiste – notamment dans les rapports avec l’Eglise, qui était une puissance dans l’Espagne de 1930 – n’a pas aidé la cause de la Républiquea. Il lui a aliéné les couches sociales qui ne lui étaient pas à priori défavorables. Mais cela n’est qu’une partie de l’explication : la défaite républicaine tient plus à des circonstances extérieures qu’intérieures, pour être plus précis, à la a politique anticommuniste de l’ensemble des puissances européennes, prêtes à soutenir ou tolérer n’importe quel régime autoritaire, n’importe quel dictateur sanglant pourvu qu’il fut anticommuniste. Franco a pu compter avec l’aide de l’Allemagne et de l’Italie, avec la bienveillance agissante de la Grande Bretagne, avec la neutralité de la France
[Et surtout, les excès de la gauche n’ont-ils pas eu un effet dissuasif pour susciter une alternance à gauche à la politique pourtant ultra-réactionnaire du caudillo pendant près de 40 ans?]
Non. C’est le contexte international qui a permis au Caudillo de régner 40 ans sur l’Espagne. Et notamment la bienveillance américaine dans le contexte de la guerre froide.
[Autre question, mais celle-ci concernant le Chili: dans ce que vous dites à propos des “rebelles”, ceux-ci sont bien l’émanation des “classes intermédiaires”, non? Alors comment expliquer que ce soit ces mêmes “classes intermédiaires” qui ont massivement soutenu le très sanguinaire Augusto Pinochet? Est-ce un paradoxe ou une aporie?]
Où voyez-vous la « contradiction » ? Une partie des « classes intermédiaires », les « rebelles », ont attaqué Allende sur sa gauche, lui reprochant de ne pas aller assez loin assez vite et poussant des mesures qui ne pouvaient qu’effrayer une partie de la population. Une autre partie des « classes intermédiaires », les « conservateurs », ont attaqué Allende sur sa droite, en résistant aux réformes et en soutenant la sédition. Les moyens étaient différents, mais la cible était la même…
[Le maximalisme de la gauche anarchiste – notamment dans les rapports avec l’Eglise, qui était une puissance dans l’Espagne de 1930 – n’a pas aidé la cause de la Républiquea. Il lui a aliéné les couches sociales qui ne lui étaient pas à priori défavorables. Mais cela n’est qu’une partie de l’explication : la défaite républicaine tient plus à des circonstances extérieures qu’intérieures, pour être plus précis, à la a politique anticommuniste de l’ensemble des puissances européennes, prêtes à soutenir ou tolérer n’importe quel régime autoritaire, n’importe quel dictateur sanglant pourvu qu’il fut anticommuniste. Franco a pu compter avec l’aide de l’Allemagne et de l’Italie, avec la bienveillance agissante de la Grande Bretagne, avec la neutralité de la France]
Pas facile de jauger les causes de la defaite finale des republicains, mais si on s’en tient au materiel, il semble que l’Union sovietique a été plus généreuse avec la republique espagnole que Hitler et Mussolini ne le seront avec les nationalistes, sachant que la Republique a en plus longtemps controlé les regions industrialisées de la peninsule.Pour ce qui est est des effectifs des armées, les armées répulicaines resteront là aussi longtemps les plus nombreuses, son territoire étant plus peuplé. Bon, c’est vrai que les “volontaires” italiens (80000 je crois) auront été 2 fois plus nombreux que les brigadistes, mais la guerre ne s’est pas joué sur quelques milliers d’hommes.
Orwell avait ecrit un livre tres interessant avec ses souvenirs de guerre et donné quelques clés.Tout d’abord, pour quelqu’un comme lui formé dans l’armée britannique, beaucoup de choses étaient incomprehensibles dans cette guerre. Il raconte par exemple la “guerre des megaphones”, où l’on tentait exclusivement de convaincre le soldat d’en face de rejoindre ses rangs au lieu de le combattre, ou bien l'”esprit du maňana” qui s’invitait dans les tranchés (les armes arriveront demain, l’attaque sera lancée demain….).
Pour l’armée justement, l’armée républicaine était encadrée par des militaires peu expérimentés, alors que les nationaux comptaient avec tout ce qui avait déjà l’experience de la guerre, comme l’armée d’Afrique, ou du moins l’experience de l’organisation militaire, comme les officiers de l’armée dissoute en juillet 36 et qui avaient fuient en masse en zone nationale.
Et enfin, Franco a réussi à construire un pouvoir dictatorial malgré des divisions aussi fortes que dans la zone republicaine. Il a fallu louvoyer entre des milices royalistes catholiques integristes, et un parti faciste qui ne voulait surtout pas de dieu ou de roi. Puis attendre le bon moment pour décapiter ces 2 mouvements.En face, les republicains se sont divisés jusqu’au bout entre communistes et modérés d’une part, et revolutionnaires trotskystes ou anarchistes d’autre part. Les ancetres de notre gauche radicale actuelle! D’où 2 guerres civiles intra-republicaines en 1937 et 1939. Comme union sacrée, on fait mieux…Fragilité politique, armée mal encadrée. J’ai l’impression de décrire un peu la France de 40, là…Il a sans doute manqué un Robespierre aux republicains pour l’emporter en fait; une dictature de Salut public.
@ democ-soc
[Pas facile de jauger les causes de la défaite finale des républicains, mais si on s’en tient au matériel, il semble que l’Union soviétique a été plus généreuse avec la république espagnole que Hitler et Mussolini ne le seront avec les nationalistes,]
Oui et non. L’Union soviétique s’est certainement montré très généreuse, mais elle n’avait que des moyens limités et des difficultés à transporter les fournitures. En 1936, la France, la Grande Bretagne, l’Italie et l’Allemagne créent le « comité international pour la non-intervention », chargé de faire respecter un embargo sur les livraisons d’armes « aux deux camps » de la guerre d’Espagne dans le cadre de la « politique de non intervention ». L’Allemagne et l’Italie ont bien entendu violé l’accord, sans que les deux autres puissances réagissent… L’aide allemande en particulier garantit à Franco la maîtrise du ciel, élément essentiel de sa victoire.
[Orwell avait écrit un livre très intéressant avec ses souvenirs de guerre et donné quelques clés. Tout d’abord, pour quelqu’un comme lui formé dans l’armée britannique, beaucoup de choses étaient incompréhensibles dans cette guerre. Il raconte par exemple la “guerre des mégaphones”, où l’on tentait exclusivement de convaincre le soldat d’en face de rejoindre ses rangs au lieu de le combattre, ou bien l’”esprit du maňana” qui s’invitait dans les tranchés (les armes arriveront demain, l’attaque sera lancée demain….).]
La « guerre des mégaphones » est en elle-même assez compréhensible. Après tout, il s’agissait non pas d’une guerre entre deux nations distinctes, mais d’une guerre civile. Ceux qui étaient dans un camp auraient pu, dans d’autres circonstances, être dans l’autre. L’esprit du « mañana » est assez typique du caractère espagnol…
[Et enfin, Franco a réussi à construire un pouvoir dictatorial malgré des divisions aussi fortes que dans la zone républicaine. Il a fallu louvoyer entre des milices royalistes catholiques intégristes, et un parti fasciste qui ne voulait surtout pas de dieu ou de roi. Puis attendre le bon moment pour décapiter ces 2 mouvements.]
Il faut dire qu’il avait avec lui l’Eglise catholique, qui était une puissance considérable en Espagne. Du coup, le camp franquiste avait une légitimité que le camp républicain n’avait pas.
L’immaturité de nombreux députés est en effet flagrante.
Mais,vous l’avez déjà écrit à juste raison,celle des députés Renaissance aussi.
Mais qu’en est il des députés du RN quasi tous novices,tenus dans le silence par Marine,ne sont ils pas eux aussi’immatures’ raison pour laquelle Marine les tient coits ?
Mais le ponpon de l’immaturité ne revient elle pas à Zemmour perdant toute contenanc sur Poutine?
N’a t il pas versé dans l’Ubris lorsqu’ il était crédité de 17% avant de sombrer définitivement dans l’oubli ?
Mais le top de l’immaturité,après avoir laissé croire que Sarah Knafo était enceinte de lui ,ne pas avoir parlé de façon critique sur son propre échec,non ?
https://rmc.bfmtv.com/actualites/politique/sarah-knafo-n-a-jamais-ete-enceinte-la-compagne-et-conseillere-d-eric-zemmour-au-coeur-d-un-livre_AV-202205250303.html
@ luc
[L’immaturité de nombreux députés est en effet flagrante. Mais, vous l’avez déjà écrit à juste raison, celle des députés Renaissance aussi. Mais qu’en est-il des députés du RN quasi tous novices, tenus dans le silence par Marine, ne sont ils pas eux aussi ’immatures’ raison pour laquelle Marine les tient cois ?]
Vous savez, admettre ses propres limitations n’est pas un signe d’immaturité, au contraire. Se taire ou s’exprimer avec prudence lorsqu’on ne connaît pas bien les procédures ou les dossiers, c’est un signe de maturité. On peut dire que les députés RN sont peu formés, peu compétents, qu’ils connaissent mal les dossiers et les règles du travail parlementaire. Mais pour le moment, on ne peut dire qu’ils aient fait preuve de « immaturité »…
[Mais le pompon de l’immaturité ne revient elle pas à Zemmour perdant toute contenance sur Poutine ? N’a-t-il pas versé dans l’hubris lorsqu’ il était crédité de 17% avant de sombrer définitivement dans l’oubli ?]
Vous demandez un peu trop à Zemmour. Zemmour, c’est d’abord et avant tout un journaliste et un polémiste. Il n’a ni les réflexes, ni la formation, ni la culture d’un militant politique. Et cela s’est vu nettement lors de sa campagne. Quant au score, il ne fait que suivre une loi bien établie de la politique française : six mois avant l’élection, le public manifeste dans les enquêtes sa sympathie pour des personnalités « en rupture » avec la politique dite « traditionnelle ». Cela avait fonctionné avec Coluche en 1981, avec Chevènement en 2002, avec Zemmour en 2022. Mais au fur et à mesure que l’élection se rapproche, les intérêts et le « vote utile » prennent le pas sur les sympathies. Et ces candidats dégringolent vers des résultats très en deçà des premières espérances. Je l’avais d’ailleurs écrit sur ce blog : je n’ai jamais cru que Zemmour allait faire 17% le jour de l’élection. Pour un candidat « clivant », sans parti politique derrière lui, sans organisation, sans argent, ne pouvant compter que sur son capital médiatique », 7% est déjà un excellent résultat.
Zemmour est d’abord un bonapartiste. Il rêve pour la France d’un régime fort, volontariste, enraciné dans le « roman national », rêvant d’une « grande France » et se fixant pour objectif de reconquérir la souveraineté et une place de puissance dans le concert mondial après des décennies de gouvernements invertébrés qui ont bradé le pays. On reconnaît facilement Poutine dans ce profil.
[Mais le top de l’immaturité, après avoir laissé croire que Sarah Knafo était enceinte de lui ,ne pas avoir parlé de façon critique sur son propre échec, non ?]
Je trouve au contraire très amusant de « laisser croire » les médias tout ce qu’ils veulent. Un homme politique n’a pas à dévoiler aux médias sa vie privée, ou à démentir les absurdités qu’on peut dire sur celle-ci. Dans cette affaire, ce sont les médias qui ont montré leur immaturité en propageant un bobard, pas Zemmour. Quand à parler de son « échec », de quel « échec » s’agit-il ? Qu’un homme seul, sans parti, sans le soutien des puissances d’argent, arrive à faire de ses thématiques LE sujet d’une élection, et in fine à réunir 7% des voix, je n’appelle pas ça un « échec ». Je connais pas mal de candidats « institutionnels » qui auraient donné beaucoup pour aboutir à un tel résultat…
En fait, si vous parlez « d’échec », c’est que dans votre tête vous avez défini une norme. Mais cette norme est totalement artificielle. A partir de quel pourcentage auriez-vous dit que sa campagne était un succès ? 10% ? 20% ? S’il avait été au deuxième tour ? Ou seulement s’il avait été élu ?
Cette forme de présentation médiatique est trompeuse. On nous a martelé « l’échec » de Marine Le Pen en 2017, alors que non seulement elle avait été au deuxième tour, mais qu’elle avait fait le meilleur score de toute l’histoire de son parti. « L’échec », c’est quelque chose de relatif : tout dépend de la norme de succès qu’on définit. Si « échouer » c’est ne pas gagner l’élection, alors Zemmour ne fait que rejoindre la très longue cohorte de ceux qui n’ont pas été élus…
Concernant les députés RN un certain nombre (en particulier ceux de l’Avenir Français) ont été assistants parlementaires ; un nombre important à travaillé (public ou privé), je n’ai pas fait le compte mais je pense que la plupart ont des enfants. Ils ont donc une expérience, au moins autant que tous ces députés purs produits des appareils des partis politiques.
@ Gerard Couvert
[Concernant les députés RN un certain nombre (en particulier ceux de l’Avenir Français) ont été assistants parlementaires ; un nombre important à travaillé (public ou privé), je n’ai pas fait le compte mais je pense que la plupart ont des enfants. Ils ont donc une expérience, au moins autant que tous ces députés purs produits des appareils des partis politiques.]
Il ne faut pas confondre ici l’expérience « vitale » et l’expérience « politique ». Il est clair qu’une expérience vitale riche donne à l’homme politique une profondeur, une capacité à comprendre le monde, une capacité d’empathie envers ses électeurs que ne donne pas une vie toute passée dans le petit marigot militant. Mais à l’inverse, le monde politique a lui aussi ses règles et ses techniques, et le fait de les connaître évite beaucoup de bêtises…
@Descartes
À vrai dire, je ne songeais ni à Arlette, ni à Krivine, car ils étaient clairement identifiés et avaient en tête quelque chose de cohérent du point de vue de leur système. Même Besancenot. Non, je songeais à la tribu de la FI qui grâce à l’enfumage (gazeux) de la NUPES, marie la carpe et le lapin, et qui, je le souhaite, à l’aune de l’indépendance énergétique, se défera aussi vite qu’elle s’est créée dans un but clairement électoraliste, ce qui à terme ne constitue pas un projet de société solide. Bah oui, en même temps, solide quand on se revendique gazeux, ça défie les lois de la physique, et pour qui donne un sens aux mots, sent l’escroquerie politicienne à plein nez.
Bonjour,
Point pas si petit de détail, la constitution “de Pinochet, jamais remise en cause depuis” a été amendée plus de 60 fois depuis la fin de la dictature.
https://es.wikipedia.org/wiki/Constituci%C3%B3n_Pol%C3%ADtica_de_la_Rep%C3%BAblica_de_Chile_de_1980#Reformas_constitucionales
Ca n’était semble-t-il pas suffisant au vu des manifestations et des résultats du referendum de 2020, mais le systeme chilien n’est pas aussi sclérosé que cela.
@ Rémi
[Ca n’était semble-t-il pas suffisant au vu des manifestations et des résultats du referendum de 2020, mais le systeme chilien n’est pas aussi sclérosé que cela.]
Elle a été amendée certes, mais rares sont les réformes qui touchent à l’essentiel, c’est à dire, au fonctionnement des pouvoirs publics. Il est vrai par ailleurs que la constitution chilienne de 1980 est beaucoup plus détaillée que la notre, et que beaucoup de réformes qui chez nous nécessitent une loi simple, voire une loi organique, nécessitent au Chili une modification de la constitution. D’où le grand nombre de réformes que vous mentionnez, et dont la plupart aurait chez nous un caractère législatif…
@Descartes
D’un côté, le fait que l’essentiel ait tenu si longtemps donne à penser qu’il n’était pas trop mauvais. Mais, d’un autre côté, l’ampleur du vote en faveur de l’élaboration d’une nouvelle Constitution donne à penser le contraire.
Qu’en est-il ?
@ xc
[D’un côté, le fait que l’essentiel ait tenu si longtemps donne à penser qu’il n’était pas trop mauvais.]
Vous allez un peu vite en besogne. Si « sur l’essentiel » la constitution faite par Pinochet a tenu aussi longtemps, c’est surtout dû à l’effet de sidération que la dictature a provoqué dans la société chilienne. Lorsque Pinochet fait sa constitution, qui contient d’ailleurs beaucoup de dispositions destinées à assurer la prééminence politique de l’armée et garantir l’impunité des putschistes, le choix est clair : c’est ça où la poursuite de la dictature. Les gouvernements démocratiques qui ont suivi ont vécu dans l’ombre de cette menace : toucher à la constitution, c’était provoquer l’armée et prendre le risque d’une rupture de l’ordre constitutionnel. Il a fallu un changement radical d’attitude des Etats-Unis et notamment l’abandon de la « doctrine de sécurité nationale », qui faisait des armées latino-américaines le bras armé de la politique de « counterinsurgency » de Wahsington et la disparition progressive de la génération qui avait connu la dictature pour qu’il devienne politiquement possible de parler d’une réforme constitutionnelle sur le fond.
On sous-estime souvent la portée de ce genre de traumatisme sur une société. Pensez à tous les non-dits et les blocages de notre société sur la période de l’Occupation… et bien, au Chili c’est pareil. La dictature, ce fut aussi une forme de guerre civile larvée…
pour la défense de A Quattenens (LFI)
à mon niveau de connaissance A Quattenens a donné « une » gifle à sa femme, sans que cette gifle soit « forte » (ayant entrainé des hématomes). Il dit le regretter profondément.
Pour moi, bien que je n’approuve pas une gifle, il n’y a vraiment pas de quoi en faire une montagne. Dans mon jeune temps il était assez « normal » de donner une gifle, avec une force mesurée, à des enfants turbulents.
Pour moi c’est vraiment regrettable qu’on en vienne à cet halili public pour une affaire bégnine pour ce qu’on en connaît.
nb; je signale que je ne suis pas un partisan de LFI, bien au contraire. C’est un mouvement qui m’est profondément antipathique.
@ marc.malesherbes
[pour la défense de A Quattenens (LFI)
à mon niveau de connaissance A Quattenens a donné « une » gifle à sa femme, sans que cette gifle soit « forte » (ayant entrainé des hématomes). Il dit le regretter profondément. Pour moi, bien que je n’approuve pas une gifle, il n’y a vraiment pas de quoi en faire une montagne.]
Je vais faire un papier sur cette affaire, alors je ne vais pas déflorer – peut-on utiliser ce terme encore sans que les dragons de vertu réagissent ? – le sujet ici… mais je dois dire que je ne peux pas éviter une certaine schadenfreude à propos de cette affaire. Après tout, Quattenens n’a que ce qu’il mérite. Quand Mélenchon a institué ce tribunal d’inquisition qu’est le « comité contre les violences sexistes et sexuelles », il n’a rien dit. Quand ce comité a été utilisé pour réduire au silence un Guénolé, il s’est tu. Quand les inquisitrices – car il faut bien féminiser les titres, non ? – ont exercé un chantage sur Taha Bouhafs pour qu’il retire sa candidature sous un faux prétexte, il était aux abonnés absents. Maintenant, il est dévoré par le monstre qu’il a contribué à créer. Bien fait pour lui.
Après, sur le fond de l’affaire… oui, tout cela est ridicule. Qui d’entre nous ne s’est pas pris une baffe dans sa vie amoureuse ? Moi, cela m’est arrivé, et de la main d’une femme qui occupe aujourd’hui une haute position… dois-je la dénoncer publiquement ? Oui, si je crois les dragons de vertu. Et il n’y a pas que la gifle : maintenant Sandrine Rousseau dénonce son copain Bayou pour de « comportements de nature à briser la santé morale des femmes ». Oui, vous avez bien lu, la « santé morale »…
Ce genre de cirque ne sert pas les intérêts des femmes qui sont VRAIMENT victimes de violences, parce qu’à force de baisser la barre, on finira par banaliser le phénomène. Si tout devient violence, alors rien ne l’est. Ce cirque sert, par contre, les intérêts d’une coterie qui est en train de mettre en coupe réglée les différentes organisations de la « gauche radicale ». Après ce coup de semonce, tout le monde saura à LFI que nul n’est intouchable, que même le successeur putatif de Mélenchon peut du jour au lendemain être « cancellé » par une attaque bien dirigée. Et la leçon, croyez-moi, ne sera pas perdue pour tout le monde : à la place de Bompard, je surveillerais mes arrières. Parce que je ne peux m’empêcher de penser – à LFI, il n’y a que les paranoïaques qui survivent – que la chute de Quatennens n’est pas tout à fait déconnectée des manœuvres pour la succession de Mélenchon…
[Dans mon jeune temps il était assez « normal » de donner une gifle, avec une force mesurée, à des enfants turbulents.]
Dans mon jeune temps, il était assez « normal » pour une femme de donner une gifle à un homme pour lui indiquer qu’il avait dépassé les bornes.
[Pour moi c’est vraiment regrettable qu’on en vienne à cet hallali public pour une affaire bégnine pour ce qu’on en connaît.]
L’affaire n’a rien de « bénigne », malheureusement. La gifle n’est ici qu’un prétexte. Ce qui se joue en coulisse, c’est une question de pouvoir. Il y a un « club » de dames qui vivent de tout ça – l’exemple de Catherine de Haas, qui dirige un cabinet de conseil avec une trentaine de salariés qui vend des prestations en matière de sensibilisation aux « discriminations de genre » – n’est pas exceptionnel. Avec ces coups d’éclat, ce « club » utilise les vieilles méthodes du terrorisme. N’importe qui sait maintenant qu’il peut être « cancellé » par une simple main courante pour peu que le « club » se saisisse de l’affaire… ce qu’il ne fait pas toujours (cf. le signalement contre Ugo Bernalicis, qui dort le sommeil du juste dans les dossiers du « comité »… mais qui pourrait ressortir si l’occasion l’exigeait).
[Je vais faire un papier sur cette affaire, alors je ne vais pas déflorer – peut-on utiliser ce terme encore sans que les dragons de vertu réagissent ? – le sujet ici…]
Je me permets de vous conseiller, pour nourrir l’écriture de ce papier, le visionnage de ces deux brèves vidéos fraîchement sorties :
– https://twitter.com/BFMTV/status/1572240812846747650 où l’on voit une séputée défendre le fait qu’un de ses camarades devienne élu à rien foutre
– https://twitter.com/Qofficiel/status/1572221935072722951 où l’on visualise le caractère sectaire de LFI et la difficulté à questionner la parole du gourou, même si en réalité avec cette gêne c’est peut-être la première fois qu’on ne voit pas ses lieutenants soutenir à fond JLM (ce qui corroborerait l’hypothèse de la guerre de succession)
Le monde politique est en train, sous la coupe des dragons de vertu comme vous dites, de tomber dans une logique totalitaire où la complexité des rapports humains (et quoi de plus complexe qu’un rapport amoureux?) est broyé sous le rouleau compresseur d’une morale intransigeante où le concept de vie privée n’a plus de place. Mais où s’arrêtera cette logique folle?
D’autant qu’en attendant, à parler sans arrêt de la main de machin ou des fesses de machine, la représentation médiatique du monde politique devient un espèce de cirque people où les vrais sujets sont sans cesse éclipsés par le scandale du moment… Pas sûr que ça fasse progresser l’image qu’ont les Français de la politique…
[Catherine de Haas]
Je sais qu’elle mérite peu de respect, mais elle s’appelle Caroline De Haas. Et en l’occurrence, elle est douée en business puisqu’elle a contribué à faire adopter lorsqu’elle était travaillait au cabinet de Najat Vallaud-Belkacem le texte qui oblige le secteur public à financer des formations contre les “violences sexistes et sexuelles”, pour ensuite ouvrir sa boîte de… formation contre lesdites violences. Chapeau l’artiste!
@ Patriote Albert
[Je me permets de vous conseiller, pour nourrir l’écriture de ce papier, le visionnage de ces deux brèves vidéos fraîchement sorties :]
Extraordinaire. D’abord, cette absurdité selon laquelle LFI pourrait « mettre en retrait » un député. Jusqu’à nouvel ordre, Quatennens n’est pas député de LFI, il est député d’une circonscription. Il ne représente pas LFI, il représente ses électeurs. Son mandat ne lui vient pas de LFI, mais des citoyens. Et seuls les citoyens pourraient donc décider de le « mettre en retrait ». Est-ce que quelqu’un a pris la peine de leur demander leur avis ? Je doute que dans la circonscription populaire où il est élu, le fait d’avoir giflé sa femme pendant une dispute domestique dans le contexte d’un divorce émeuve beaucoup les électeurs. Alors de quel droit la direction de LFI se permet d’interdire de parole celui qui est censé les représenter ? C’est une drôle de conception de la démocratie…
La deuxième vidéo est encore plus intéressante, parce qu’elle donne une idée des tensions internes dans l’appareil de LFI, ces tensions que tout le monde s’appliquait jusqu’à il n’y a pas si longtemps à cacher. Je dois dire que j’ai la satisfaction de l’oracle dont les prédictions commencent à se réaliser. J’avais bien dit qu’avec un groupe de 75 députés – dont beaucoup viennent de la « société civile » et ne doivent rien au gourou – et sans avoir un mandat lui-même, Mélenchon aurait du mal à garder la main sur son mouvement. La guerre de succession est ouverte, et je pense que ce qui vient d’arriver à Quatennens n’est pas totalement innocent. Je pense que la maffia « féministe » de LFI veut mettre Mathilde Panot en orbite, et pour cela il faut flinguer les concurrents. Bompard ferait bien de marcher le dos au mur, on ne sait jamais d’où peut venir le couteau…
[Le monde politique est en train, sous la coupe des dragons de vertu comme vous dites, de tomber dans une logique totalitaire où la complexité des rapports humains (et quoi de plus complexe qu’un rapport amoureux?) est broyé sous le rouleau compresseur d’une morale intransigeante où le concept de vie privée n’a plus de place. Mais où s’arrêtera cette logique folle?]
Je ne sais pas. Tout cet épisode m’a remis en mémoire les vers de Brel :
Bien sûr, nous eûmes des orages
Vingt ans d’amour, c’est l’amour fol
Mille fois tu pris ton bagage
Mille fois je pris mon envol
Et chaque meuble se souvient
Dans cette chambre sans berceau
Des éclats des vieilles tempêtes
Plus rien ne ressemblait à rien
Tu avais perdu le goût de l’eau
Et moi celui de la conquête
Mais mon amour
Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour
De l’aube claire jusqu’à la fin du jour
Je t’aime encore tu sais
Je t’aime
Moi, je sais tous tes sortilèges
Tu sais tous mes envoûtements
Tu m’as gardé de pièges en pièges
Je t’ai perdue de temps en temps
Bien sûr tu pris quelques amants
Il fallait bien passer le temps
Il faut bien que le corps exulte
Finalement, finalement
Il nous fallut bien du talent
Pour être vieux sans être adultes
Oh, mon amour
Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour
De l’aube claire jusqu’à la fin du jour
Je t’aime encore, tu sais
Je t’aime
Et plus le temps nous fait cortège
Et plus le temps nous fait tourment
Mais n’est-ce pas le pire piège
Que vivre en paix pour des amants
Bien sûr tu pleures un peu moins tôt
Je me déchire un peu plus tard
Nous protégeons moins nos mystères
On laisse moins faire le hasard
On se méfie du fil de l’eau
Mais c’est toujours la tendre guerre
Oh, mon amour
Mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour
De l’aube claire jusqu’à la fin du jour
Je t’aime encore tu sais
Je t’aime
Ces vers magnifiques, quelqu’un pourrait les écrire encore aujourd’hui ? Qui admettrait avec Aragon que « il n’y a pas d’amour heureux », ou avec Brel que « c’est toujours la tendre guerre » ? Pas les néo-victoriens de la gauche, qui rêvent de domestiquer l’amour…
[D’autant qu’en attendant, à parler sans arrêt de la main de machin ou des fesses de machine, la représentation médiatique du monde politique devient un espèce de cirque people où les vrais sujets sont sans cesse éclipsés par le scandale du moment… Pas sûr que ça fasse progresser l’image qu’ont les Français de la politique…]
Tout à fait : Roussel a parfaitement raison lorsqu’il ridiculise Sandrine Rousseau en refusant de parler « du sexe des escalopes »…
[« Catherine de Haas » Je sais qu’elle mérite peu de respect, mais elle s’appelle Caroline De Haas.]
Vous avez parfaitement raison. Je n’ai pas la mémoire des noms, et c’est pourquoi je vérifie toujours. J’ai oublié ici de le faire, mea culpa.
[Et en l’occurrence, elle est douée en business puisqu’elle a contribué à faire adopter lorsqu’elle était travaillait au cabinet de Najat Vallaud-Belkacem le texte qui oblige le secteur public à financer des formations contre les “violences sexistes et sexuelles”, pour ensuite ouvrir sa boîte de… formation contre lesdites violences. Chapeau l’artiste!]
C’est d’autant plus drôle que la gauche radicale fustige l’utilisation des cabinets conseils… Mais oui, il ne faut pas croire que toutes ces militantes militent pro bono publico. En fait, leur activisme se traduit en espèces sonnantes et trébuchantes, en postes et bien entendu, en pouvoir. Il n’y a qu’à voir comment dans certaines institutions les autorités rasent les murs de peur d’une descente des dragons de vertu pour le constater…
[Je pense que la maffia « féministe » de LFI veut mettre Mathilde Panot en orbite, et pour cela il faut flinguer les concurrents.]
Ce ne serait pas un mal, dans la mesure où cela achèverait de faire fuir les classes populaires de ce parti de petit bourgeois urbains. On pourrait alors vraiment prononcer la NUPES le “New PS” et laisser convoler cet attelage autophage vers les abysses électorales qu’il mérite.
[Qui admettrait avec Aragon que « il n’y a pas d’amour heureux »]
Puisque vous avez cité les paroles de cette très belle chanson de Brel, je me permets de citer également un paragraphe du poème d’Aragon qui a été évincé par Brassens dans sa chanson (tiens donc!) et que j’ai donc découvert récemment alors qu’il éclaire différemment le texte et le fait encore plus résonner avec notre triste époque :
“Il n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri Et pas plus que de toi l’amour de la patrie (je souligne) Il n’y a pas d’amour qui ne vive de pleurs Il n’y a pas d’amour heureux Mais c’est notre amour à tous les deux”
Rappelons-nous que le poème date du début de 1943…
[les néo-victoriens de la gauche, qui rêvent de domestiquer l’amour]
Ce qui est terrible, c’est l’appauvrissement de la vie induit par ce type de raisonnement. On peut brûler toutes les grandes tragédies, tous les mythes et même les grandes comédies si l’on conçoit l’être humain comme un robot devant appliquer en toutes circonstances le même code moral intransigeant. J’espère fort que le vieux fond anthropologique rabelaisien de la France va se réveiller pour faire pièce à ces curés d’un nouveau genre !
[Roussel a parfaitement raison lorsqu’il ridiculise Sandrine Rousseau en refusant de parler « du sexe des escalopes »]
D’ailleurs, interrogé sur l’affaire Quattenens, Roussel a encore commis un affront pour la gauche radicalement anti-humaniste : il a osé demander que ce soit la justice qui traite ces cas de violence, et qu’on ne demande pas aux partis de se substituer à elle. Je me demande comment Roussel parvient à garder sous cloche les féministes de son parti, qui ne valent pas mieux que celles du voisin de gauche.
@ Patriote Albert
[Ce ne serait pas un mal, dans la mesure où cela achèverait de faire fuir les classes populaires de ce parti de petit bourgeois urbains. On pourrait alors vraiment prononcer la NUPES le “New PS” et laisser convoler cet attelage autophage vers les abysses électoraux qu’il mérite.]
Dans votre remarque, je trouve un écho du « je vote pour le plus bête » de Clémenceau. Il est vrai que du point de vue de la capacité de LFI à sortir du milieu bobo-gauchiste, Bompard et Quatennens sont des candidats autrement plus crédibles.
[Puisque vous avez cité les paroles de cette très belle chanson de Brel, je me permets de citer également un paragraphe du poème d’Aragon qui a été évincé par Brassens dans sa chanson (tiens donc!)]
Je pense que vous êtes injuste : dans la version que j’ai de la chanson de Brassens, cette strophe figure bien. Il n’a « évincé » qu’un seul vers, le « mais c’est notre amour à nous deux », ce qui, je vous l’accorde, change pas mal le sens du poème…
[Ce qui est terrible, c’est l’appauvrissement de la vie induit par ce type de raisonnement. On peut brûler toutes les grandes tragédies, tous les mythes et même les grandes comédies si l’on conçoit l’être humain comme un robot devant appliquer en toutes circonstances le même code moral intransigeant.]
En effet, j’ai du mal à imaginer que « Othello » ou « Médée » réécrits par Sandrine Rousseau gardent une quelconque grandeur, une quelconque universalité. On l’a d’ailleurs vu avec la version révisionniste de « Carmen » il y a quelques années : si à la fin Carmen tue le toréador, la pièce perd tout son sens.
[J’espère fort que le vieux fond anthropologique rabelaisien de la France va se réveiller pour faire pièce à ces curés d’un nouveau genre !]
Espérons-le…
[D’ailleurs, interrogé sur l’affaire Quattenens, Roussel a encore commis un affront pour la gauche radicalement anti-humaniste : il a osé demander que ce soit la justice qui traite ces cas de violence, et qu’on ne demande pas aux partis de se substituer à elle. Je me demande comment Roussel parvient à garder sous cloche les féministes de son parti, qui ne valent pas mieux que celles du voisin de gauche.]
Au PCF, le « gang des lesbiennes » – c’est le nom peu charitable qu’on donne aux camarades de la commission « féminisme » et leurs affidées – étaient très engagées dans la faction Hue-Buffet-Laurent et sa ligne de fusion avec LFI. La défaite de cette faction au dernier congrès, avec l’élection de Roussel et la décision de présenter un communiste à l a présidentielle a changé le rapport de force. Roussel ne leur doit rien, et c’est pourquoi il peut se permettre de les défier, que ce soit sur « le sexe des escalopes » ou la « valeur travail »… Par ailleurs, Roussel a parfaitement compris que sa seule chance d’exister, c’est de marquer sa différence avec les gaucho-bobos. S’il reprend leur discours, il se fait bouffer.
[Je pense que vous êtes injuste : dans la version que j’ai de la chanson de Brassens, cette strophe figure bien. Il n’a « évincé » qu’un seul vers, le « mais c’est notre amour à nous deux », ce qui, je vous l’accorde, change pas mal le sens du poème…]
Vous devez en posséder une rareté, car dans mes recherches je n’ai trouvé aucune version où Brassens chanterait “l’amour de la patrie”, et pourtant j’aimerais bien l’entendre…
@ Patriote Albert
[Vous devez en posséder une rareté, car dans mes recherches je n’ai trouvé aucune version où Brassens chanterait “l’amour de la patrie”, et pourtant j’aimerais bien l’entendre…]
Par acquit de conscience je suis aller réécouter le disque… et vous avez parfaitement raison. C’est drôle comment la mémoire reconstruit les choses. Peut-être mon erreur vient du fait que ma mère aimait à chanter la chanson en question et avait réintégré le couplet manquant ?
@Descartes,
Ah, la “Chanson des vieux amants”…
Chanson que je préfère de très loin aux autres hymnes à l’amour du Grand Jacques, comme “quand on a que l’amour”, ou encore “Ne me quitte pas”.
D’ailleurs cette dernière est très politiquement correcte, donc beaucoup plus souvent reprise de nos jours, ce qui en dit long sur l’évolution des rapports de force amoureux d’aujourd’hui: ce sont désormais les hommes qui doivent s’abaisser pour complaire à ces dames…
@ CVT
[Ah, la “Chanson des vieux amants”…
Chanson que je préfère de très loin aux autres hymnes à l’amour du Grand Jacques, comme “quand on a que l’amour”, ou encore “Ne me quitte pas”.]
Vous oubliez « Mathilde »…
[D’ailleurs cette dernière est très politiquement correcte, donc beaucoup plus souvent reprise de nos jours, ce qui en dit long sur l’évolution des rapports de force amoureux d’aujourd’hui: ce sont désormais les hommes qui doivent s’abaisser pour complaire à ces dames…]
Mais n’a-t-il pas toujours été ainsi ? L’homme fait sa cour, mais c’est la femme qui choisit ou qui rejette. Toute la littérature est remplie d’exemples, et cela depuis l’antiquité. Pensez à Pénélope et ses prétendants… et quand c’est à l’homme de choisir, de grands malheurs s’ensuivent ! Rappelez-vous le jugement de Pâris… Ce n’est d’ailleurs pas exclusif de l’homme. Chez les animaux, c’est toujours le mâle qui cherche à séduire la femelle – en se battant, en lui offrant des cadeaux, avec une parade nuptiale – et très rarement l’inverse.
J’attends avec impatience votre billet sur ce sujet, surtout pour les commentaires qu’il risque de susciter et les débats qui iront avec !
Au passage, deux liens à ce sujet dont j’ai trouvé le contenu vers lequel ils dirigent hallucinant :
https://www.instagram.com/p/CirtRfvLo_G
LFI, c’est entre autre, racisme anti-blanc, haine des hommes, des vieux, des hétérosexuels, soutien à l’Islam, antisémitisme larvé ou toléré. Pensez-vous que le qualificatif de “rebelles” leur convient? N’y-a t’il pas autre chose ou quelque chose en plus?
@ Vladimir
[Pensez-vous que le qualificatif de “rebelles” leur convient?]
Oui, dans la mesure où ils se déclarent en “rebellion” contre certaines règles sociales, politiques, économiques…
[LFI, c’est entre autre, racisme anti-blanc, haine des hommes, des vieux, des hétérosexuels, soutien à l’Islam, antisémitisme larvé ou toléré.]
Ce que je trouve fascinant chez Mélenchon, c’est sa capacité à fasciner. En effet, voilà un mouvement qui abrite en son sein Obono, Autain et compagnie, qui n’a aucun problème et même déroule le tapis pour de tels discours de haine… Et pourtant, Mélenchon lui-même est un vieil homme blanc hétérosexuel, on peut même dire pour reprendre les termes de l’époque que son comportement en fait un digne représentant de la “masculinité toxique” : méprisant, grossier, irrascible, vindicatif, dominateur, mégalomane… Et quand ce condensé du patriarcat blanc hétéronormatif parle, personne ne contredit.
@ BolchoKek
[Ce que je trouve fascinant chez Mélenchon, c’est sa capacité à fasciner. En effet, voilà un mouvement qui abrite en son sein Obono, Autain et compagnie, qui n’a aucun problème et même déroule le tapis pour de tels discours de haine… Et pourtant, Mélenchon lui-même est un vieil homme blanc hétérosexuel, on peut même dire pour reprendre les termes de l’époque que son comportement en fait un digne représentant de la “masculinité toxique” : méprisant, grossier, irascible, vindicatif, dominateur, mégalomane…]
Ce qui vous montre que même dans ce XXIème siècle qui déboulonne les statues, le mythe du « grand homme » qui serait au-dessus des lois et bienséances qu’on exige d’un homme ordinaire est encore très vivace. Ses partisans pardonnent à Mélenchon ce qu’ils ne pardonneraient pas à un autre, même membre, même dirigeant de leur propre mouvement. Mélenchon, qu’on l’aime ou qu’on le déteste, est quelqu’un qui, pour reprendre la formule gaullienne, « sort de l’ordinaire ». Ce sont justement ses excès qui font sa séduction et qui l’ont rendu quasi-intouchable dans son propre camp. Ca, et la conscience du fait qu’il est irremplaçable : LFI ne peut tuer le père parce qu’il n’y a personne capable de prendre sa place.
Vous n’avez pas évoqué le fait que la plupart de ces dispositions n’avaient rien à faire dans une Constitution car bien trop détaillées.
Et quand à effrayer les modérés, il semble que certaines dispositions sur les droits indigènes aient effrayé certains, craignant la fin de l’unité nationale (voir plus ici et les commentaires en dessous de cet article).
Corollaire de ce catalogue, ce projet aurait été à la huitième place des constitutions les plus longues du monde en nombre de mots et la quatrième en terme d’articles (voir ici).
@ Jopari
[Vous n’avez pas évoqué le fait que la plupart de ces dispositions n’avaient rien à faire dans une Constitution car bien trop détaillées.]
Ce n’est pas qu’une question de détail. Notre constitution est relativement détaillée lorsqu’elle aborde le fonctionnement des pouvoirs publics. Le problème est surtout qu’un grand nombre de ces dispositions ne sont pas de NATURE constitutionnelle. La constitution, si l’on reprend Kelsen, c’est le texte qui organise le fonctionnement des pouvoirs publics, c’est-à-dire, c’est la norme qui nous dit comment sont faites les autres normes. Point à la ligne. A ce titre, ont leur place dans la constitution les dispositions sur le fonctionnement des institutions politiques, et les droits indispensables à l’exercice des droits politiques. Tout le reste est matière de loi ordinaire.
Lorsqu’on inscrit dans la constitution des dispositions que l’on veut protéger, profitant du fait que la constitution est plus difficile à modifier qu’une loi ordinaire, on détourne en fait le processus constitutionnel. Rien d’ailleurs ne s’oppose à ce que la constitution prévoit pour certaines lois des procédures de modification plus complexes (c’est le cas par exemple pour les lois organiques chez nous). Mais la manie de constitutionnaliser pour protéger certaines dispositions des aléas politiques aboutit à des aberrations. Et accessoirement, montre une particulière méfiance envers le peuple souverain…
[Et quand à effrayer les modérés, il semble que certaines dispositions sur les droits indigènes aient effrayé certains, craignant la fin de l’unité nationale (voir plus ici et les commentaires en dessous de cet article).]
Il est assez clair que cette question a été un point d’achoppement. J’ai du mal à comprendre comment la gauche chilienne a pu un instant croire qu’un tel texte pouvait obtenir une majorité dans les urnes.