Un Nouveau Front qui n’a rien de “Populaire” ?

Ainsi, il n’aura pas fallu beaucoup de temps à la gauche pour s’unir. Après s’être échangé depuis deux ans des noms d’oiseau, des accusations infamantes, d’amers reproches, il a suffi de quatre jours de discussions pour que tout le monde accepte de figurer sur la photo de famille, de se distribuer les circonscriptions, et même de rédiger un programme qu’on nous annonce comme étant « de rupture ». Une « rupture » qui ne semble pas effrayer des personnages comme François Hollande, qu’on ne présente plus, ou comme Aurélien Rousseau qui fut il n’y a pas si longtemps ministre de Macron et architecte du passage de la loi sur la réforme des retraites. C’est dire si la volonté de « rupture » de cette gauche unie paraît sujette à caution.

Macron aura donc réalisé le miracle que tout le monde proclamait impossible : l’union de la gauche. Il a été bien aidé, il est vrai, par le score de Glucksmann qui permet aux socialistes de négocier avec LFI en position de force, et par le score de Bardella qui déclenche le réflexe unitaire de la gauche aussi efficacement que la clochette déclenchait la salivation chez les chiens de Pavlov… et avec aussi peu de réflexion. Mais le chien de Pavlov était plus rationnel : si la clochette sonnait sans que la nourriture fut servie, au bout d’un certain temps le réflexe disparaît. Ce qui est étonnant, c’est que compte tenu des résultats que l’union de la gauche a donné par le passé, compte tenu des fées qui se sont penchées sur le berceau du Nouveau Front Populaire – Jospin et Hollande, pour ne citer que les deux plus connus – il se trouve encore des gens pour croire à une « rupture ».

Cette « union » est plus que jamais un mariage d’intérêt plus qu’un mariage d’amour, ou même d’entente raisonnable. Il n’y a pas derrière cette « union » un projet commun, ni même un véritable accord pour mettre en œuvre un programme de gouvernement. Parce qu’il faut être très naïf pour imaginer que demain – sur un malentendu, ça peut marcher – le Nouveau Front Populaire avait une majorité, le député François Hollande voterait dans la joie et l’allégresse le SMIC à 1600 € dans les quinze jours. On connait la trajectoire de ces gens, est-il vraisemblable qu’ils aient changé à ce point ?

C’est pourquoi, comme l’ont signalé plusieurs historiens, la référence au Front Populaire est un travesti de l’histoire. Rien de commun entre le mouvement des années 1934-36 et ce que nous avons sous les yeux aujourd’hui. D’abord parce que la construction du Front Populaire n’a été possible que grâce à l’activisme unitaire du PCF, le parti situé à l’extrême gauche de la coalition. Car, n’en déplaise aux révisionnistes de tout poil, le Front Populaire, c’est le triomphe du réalisme stalinien sur l’activisme trotskyste qui, au nom de la « révolution mondiale », refusait tout accord avec les partis réformistes. La prise du pouvoir par Hitler en Allemagne, par Mussolini en Italie, et les évènements du 6 février 1934, en qui la gauche française a vu – à tort – une véritable tentative de coup d’Etat, ont convaincu les communistes français – qui ont porté le message auprès du Komintern et de Staline lui-même – que les priorités de l’heure étaient de construire des vastes rassemblements, quitte à ranger temporairement la révolution au vestiaire. A partir de 1935, ce sont les communistes qui modèrent le discours de la SFIO et lui imposent un programme finalement bien modéré, pour ne pas effrayer les radicaux. Difficile de retrouver ce pragmatisme dans l’extrême gauche d’aujourd’hui : loin de chercher à créer les conditions d’une union la plus large, LFI a au contraire sommé en permanence ses alliés potentiels de se soumettre, d’accepter ses règles, son programme et, cela va sans dire mais mieux en le disant, son candidat éternel à l’élection présidentielle.

Ensuite, et c’est encore plus important, le Front Populaire est sans équivoque une alliance de classes. Thorez le dit sans ambages : il s’agit de fonder « l’alliance des classes moyennes avec la classe ouvrière » (discours de Nantes du 24 octobre 1934). Lorsque le Front Populaire arrive au pouvoir, il a derrière lui quatre cinquièmes du vote ouvrier. Regardons le Nouveau Front Populaire aujourd’hui. Combien d’ouvriers votent sur lui ? Moins d’un sur deux. Loin d’être une « alliance des classes moyennes avec la classe ouvrière », le Nouveau Front Populaire est un mouvement des classes intermédiaires qui prétendent parler au nom des couches populaires et de savoir, mieux qu’elles, où sont leurs intérêts.

Mais surtout, parce que le mouvement qui permet au Front Populaire de l’emporter en 1936 n’est pas le seul fait des partis, mais le résultat d’une véritable mobilisation sociale avec la participation de très nombreux acteurs, syndicaux et associatifs. La construction du Front Populaire ne fut pas seulement l’œuvre des partis, elle n’est pas une simple réaction antifasciste, mais participe d’un mouvement d’enthousiasme et de foi en l’avenir qui marquera l’expérience et qui fait que, malgré son échec matériel, elle ait marqué l’imaginaire collectif. Voici ce qu’on chantait – musique de Chostakovitch, paroles de Jules Perret – en 1935 :

Ma blonde, entends-tu dans la ville
Siffler les fabriques et les trains
Allons au devant de la vie
Allons au devant du matin

Refrain :
Debout ma blonde
Debout amie
Il va vers le soleil levant
Notre pays

Et nous saluerons la brigade
Et nous saluerons les amis
Mettons en commun camarades
Nos plans, nos travaux nos soucis

Amie l’univers nous convie
Nos coeurs sont plus clairs que le jour
Allons au devant de la vie
Allons au devant de l’amour

La joie te réveille ma blonde
Allons nous unir à ce choeur
Marchons vers la gloire et le monde
Marchons au devant du bonheur

Où voyez-vous aujourd’hui un tel enthousiasme, une telle foi dans l’avenir ? Non. Si la crainte du fascisme est un élément important de l’histoire du Front Populaire, son projet ne se réduit pas à celui de « battre l’extrême droite ». Pas plus qu’il ne se réduisait à une liste de mesurettes étudiées pour faire plaisir aux différentes catégories. Il y avait derrière le Front Populaire une utopie d’émancipation humaine, qu’on peut trouver irréaliste ou même totalitaire, mais qui, pour paraphraser François George, permettait aux gens de croire en quelque chose de grand, et cette croyance les grandissait.

Rien à voir avec le Nouveau Front Populaire, qui est d’abord l’union des peurs. De la peur de voir le Rassemblement National au pouvoir à la base, de la peur de perdre leurs positions chez les dirigeants. Il n’y a à gauche aucune utopie, aucun projet de société, aucune tendresse même pour le pays qu’il prétend gouverner. Il n’y a même pas une idée de comment résoudre les problèmes des Français. Regardez le programme du Nouveau Front Populaire : tout le projet se réduit finalement à distribuer de l’argent et des postes. Plus d’argent pour ceci, plus de postes là. Mais pour quoi faire ? Au service de quel projet ? Donner de l’argent et des postes aux écoles, pourquoi pas, mais qu’est-ce qu’on y enseigne, et comment on l’enseigne ? Donner plus d’argent et plus de postes à l’hôpital, c’est bien. Mais quelle politique sanitaire ? Le Nouveau Front Populaire propose de « voter une loi énergie-climat », mais ne dit rien du contenu d’une telle loi. Il faut abolir Parcoursup, mais aucune proposition sur la manière de réguler l’entrée à l’Université, ni des objectifs de cette régulation, à part un vague « démocratiser l’université ».

Ce qui frappe dans le débat programmatique aujourd’hui, c’est que les mesures qui y figurent ne sont plus conçues comme les moyens pour réaliser un projet, mais des buts en soi. On n’expose pas une conception de la société qu’on veut construire, on se contente de caresser l’électeur au sens du poil en lui promettant de supprimer un impôt ou une procédure, de créer ou augmenter une allocation. Ceux qui promettent la retraite à 60 ans ne nous expliquent pas quel est le projet de société, quelle est la conception des âges de la vie qui préside à ce choix. Ceux qui parlent de 32 heures ne développent pas leur conception de l’équilibre entre le travail et le loisir, et comment il s’insère dans une vision de société. On flatte plutôt l’électeur sur le mode « nous, on vous fera travailler moins ».

Et pour flatter l’électeur, certaines mesures qui font partie d’une sorte de prêt à penser de la gauche, et qu’on ne réinterroge jamais. Prenez par exemple le SMIC à 1600 €. D’où sort ce chiffre ? Pourquoi 1600 € et non pas 2000 € ? Mystère. Mais derrière cette proposition, il y a une volonté d’utiliser le SMIC comme instrument de politique salariale. Et c’est une erreur pour deux raisons. La première, c’est que le SMIC est un instrument global, qui agit dans toutes les branches de l’économie. Or, la capacité à payer un salaire donné n’est pas la même partout. Dans une activité où la productivité du travail est élevée, l’employeur trouvera son avantage à employer quelqu’un même s’il doit lui payer 1600 € par mois. Mais dans les branches à très faible productivité du travail, où chaque travailleur produit moins que cette somme, quel serait l’intérêt du patron à l’employer ? Mettre le SMIC à 1600 €, c’est faire disparaître toutes les activités où la productivité du travail est en dessous d’un certain seuil. Est-ce cela qu’on veut ? Que vaut-il mieux pour un travailleur, toucher un SMIC de 1400 € comme maintenant, ou toucher des allocations chômage ? Non, il faut rappeler les fondamentaux : le SMIC est un « filet de sécurité » pour empêcher les employeurs d’abuser de leur pouvoir de négociation, qu’il faut fixer à un niveau permettant au travailleur une vie digne, mais pas plus. La politique salariale ne peut se faire qu’au niveau des branches, en tenant compte de la productivité de chacune.

Tout cela, les travailleurs qui touchent le SMIC et leurs syndicats le savent parfaitement. Ils sont les plus au fait de l’état financier de l’entreprise qui les emploie, et connaissent fort bien ses capacités à payer ou non de meilleurs salaires. Ils ont très bien compris que dans le contexte de libre circulation des capitaux – contexte que la gauche a beaucoup contribué à créer, ne l’oublions pas – et disposant de réservoirs de main d’œuvre bon marché dans d’autres pays, demander des hausses de salaire au-dessus d’un certain point c’est compromettre leur propre avenir. C’est pourquoi, contrairement à ce que les dirigeants de la gauche imaginent, la promesse d’un SMIC à 1600€ ne suscite qu’un intérêt fort limité chez les premiers concernés. Plus qu’attirer le vote populaire, cette promesse sert dans les querelles internes de la gauche, dans la course à l’échalote du « plus social que moi tu meurs » entre militants qui, pour la grande majorité, ne touchent pas le SMIC.

On en est là parce que, au fond, la gauche a intégré la logique des classes intermédiaires. La politique ne consiste plus à « faire nation » en bâtissant des projets communs, mais de promettre à chaque « communauté » de grappiller le plus possible dans le pot commun. C’est pour cette raison qu’il est impossible d’avoir un débat rationnel sur les sujets qui fâchent – je pense notamment à la question de la dette et du déséquilibre des échanges. Dès qu’il s’agit de distribuer non pas des allocations mais de partager un fardeau, il n’y a plus personne. Quant il s’agit de promettre des augmentations du SMIC, on les dit à l’euro près : ce sera 1600 € net. Quand il s’agit d’expliquer des hausses d’impôt, on est d’une timidité de violette : on nous promet d’établir un impôt sur la fortune « avec une composante écologique »… et on ne saura rien de plus. Quelle assiette ? Quel taux ? En quoi consiste la « composante écologique » ? Mystère…

Le gouvernement qui arrivera au pouvoir dans les semaines qui viennent se trouvera devant des défis énormes. Cela fait plus de trente ans que la France est gouvernée sans projet national. Le seul véritable projet qui guide l’action de notre gouvernement, c’est celui de la Commission à Bruxelles, celui qui consiste à imposer partout et sur tout le règne du marché. En dehors de cela, on a empilé des réformettes pour boucher les trous, toujours sur le mode réactif, mais sans jamais se poser la question d’un projet qui donne cohérence à tout ça. Les mêmes qui ont fermé Fessenheim appellent aujourd’hui à construire tout un programme de nouveaux réacteurs. Qu’est-ce qui a changé ? Qu’on a été au bord de la coupure de courant pendant l’hiver 2022-23. Parce que les agences de notation risquent de changer la note de la France, tout à coup on découvre que le déficit, que le gouvernement creuse allégrement depuis sept ans sans se soucier de rien, est un problème. Parce qu’on fait dans le réactif, on a raté tous les trains de modernisation, et on a laissé se dégrader nos infrastructures, qui étaient le fondement même de notre compétitivité.

Le gouvernement qui arrivera au pouvoir, disais-je, aura l’opportunité de rompre avec cette détestable habitude de gouverner à vue. La saisira-t-il ? Si ce gouvernement est celui du Nouveau Front Populaire, la réponse est presque certainement « non ». Le programme qu’il nous propose, loin d’une « rupture », s’inscrit dans une parfaite continuité qui, de Mitterrand à Hollande en passant par Jospin, nous a amené là où nous sommes. Oui, il y a en France de la place pour un mouvement fraternel, qui porte haut la devise de la République et les intérêts du monde du travail. Mais la gauche politique, avec ses petits calculs et ses petites rancœurs, est mal placée pour le faire.

Descartes

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82 réponses à Un Nouveau Front qui n’a rien de “Populaire” ?

  1. Glarrious dit :

    Pour justifier leur “programme économique et social”, ils font appel à des figures d’autorité comme Thomas Piketty, Julia Cagé et compagnie. Cependant même avec la mise en avant de ces personnalités cela ne semble pas être très sérieux. Par l’exemple dans un article de l’Humanité où le journaliste insiste sur ces sujets, l’économiste reste flou (dettes, déficit, balance commerciale, budget).

    • Descartes dit :

      @ Glarrious

      [où le journaliste insiste sur ces sujets, l’économiste reste flou (dettes, déficit, balance commerciale, budget).]

      En tout cas, je constate que l’économiste fait sur le SMIC le même raisonnement que moi pour ce qui concerne la problématique de l’adaptation aux différentes branches. A part ça, le discours est très vague. Lorsqu’on parle de “taxer les ménages fortunés”, on évite soigneusement de dire à quel niveau commence cette taxation… et c’est logique: si l’on veut tirer 95 Md€, comme écrit dans l’article, il faut commencer relativement bas (pour donner une idée, l’impôt sur le revenu rapporte en tout 94 Md€), et ca risque de faire peur aux classes intermédiaires!

  2. Dell Conagher dit :

    Bonjour Descartes,
    Vous écrivez :
    [ Lorsque le Front Populaire arrive au pouvoir, il a derrière lui quatre cinquièmes du vote ouvrier. Regardons le Nouveau Front Populaire aujourd’hui. Combien d’ouvriers votent sur lui ? Moins d’un sur deux. ]
    Avez-vous une référence quand à ces quatre cinquièmes du vote ouvrier ? (qui me semblent plausibles, mais je me demande comment ils ont été évalués).
    Quand au “moins d’un sur deux” ouvriers votant pour le Nouveau Front Populaire, vous êtes généreux 😉 Les sondages (Ipsos par ici par exemple : https://www.ipsos.com/fr-fr/legislatives-2024/legislatives-anticipees-la-majorite-presidentielle-en-difficulte) leurs annoncent plutôt un quart du vote ouvrier, mais près de 40% chez les cadres. Il faudrait appeler ça le Nouveau Bloc Élitaire…

    • Descartes dit :

      @ Dell Conagher

      [« Lorsque le Front Populaire arrive au pouvoir, il a derrière lui quatre cinquièmes du vote ouvrier. Regardons le Nouveau Front Populaire aujourd’hui. Combien d’ouvriers votent sur lui ? Moins d’un sur deux. » Avez-vous une référence quant à ces quatre cinquièmes du vote ouvrier ? (qui me semblent plausibles, mais je me demande comment ils ont été évalués).]

      Je ne me souviens plus très bien où je l’avais lu. Si ma mémoire ne me trompe pas, l’estimation n’était pas fondée sur des sondages – qui existaient déjà mais qui étaient peu fiables – mais sur une étude des résultats électoraux en fonction de la composition sociale pour chaque commune. Autrement dit, on corrèle la composition sociale de chaque commune (disponible à partir du recensement) et les résultats électoraux, en faisant l’hypothèse d’une certaine uniformité territoriale (autrement dit, que les bourgeois de Saint-Denis et ceux du XVIème arrondissement votent à peu près pareil, tout comme les ouvriers).

      [Quand au “moins d’un sur deux” ouvriers votant pour le Nouveau Front Populaire, vous êtes généreux 😉]

      Mais… vous me connaissez ! Je suis d’un naturel généreux…

      [Les sondages (…) leurs annoncent plutôt un quart du vote ouvrier, mais près de 40% chez les cadres. Il faudrait appeler ça le Nouveau Bloc Élitaire…]

      En effet, en effet… et cela se voit très bien dans le programme, qui ne reprend pas les demandes de la classe ouvrière, mais ce que les classes intermédiaires s’imaginent être ses revendications. La question du SMIC est de ce point de vue très intéressante : le RN arrive à capter le vote ouvrier alors qu’il ne promet rien sur le SMIC, pire, qu’il a voté contre la hausse du SMIC à l’Assemblée ; et à l’inverse, la gauche n’attire pas le vote ouvrier alors qu’elle promet une hausse très importante du SMIC. Force est de constater que la gauche a une idée fausse des priorités des couches populaires… et cela montre aussi sa déconnexion par rapport à ces dernières. La gauche, aujourd’hui essentiellement représentative des classes intermédiaires, s’imagine qu’elle fait plaisir aux ouvriers en proposant le SMIC à 1600 €, de la même manière qu’en 1968 les gauchistes pensaient qu’ils seraient accueillis les bras ouverts à Billancourt lorsqu’ils sont allés en proclamant leur intention de “détruire les machines du capital”. Logiquement, les ouvriers se sont demandés “et une fois détruites, sur quoi travaillerons nous” ?

  3. Timo dit :

    @Descartes[Que vaut-il mieux pour un travailleur, toucher un SMIC de 1200 € comme maintenant, ou toucher des allocations chômage ?] Juste pour avoir des précisions, à quoi correspondent ces 1200 € ? Des infos que je trouve le SMIC net en 2024 est à 1398,69 €

    • Descartes dit :

      @ Timo

      [Juste pour avoir des précisions, à quoi correspondent ces 1200 € ?]

      A rien, vous avez tout à fait raison, mes chiffres ne sont pas à jour! J’ai corrigé le chiffre dans le texte.

  4. MJJB dit :

    Cela fait plus de trente ans que la France est gouvernée sans projet national

    L’horizon de la Révolution a été remplacé par l’horizon de la Catastrophe. Quand la fin du Monde est au coin de la rue, le National devient  tout à coup petit, mesquin, honteux.
    Face à ce triste constat, il faut tout à la fois rétrécir et élargir l’horizon ; l’élargir pour le rétrécir. L’élargir, en montrant d’autres perspectives que la Catastrophe ; le recentrer, en concentrant le débat sur le National.
    L’éventualité d’un démantèlement de la France est une possibilité qui doit, à mon sens, être prise très au sérieux ; démantèlement éventuellement “accompagné” par une absorption de ce qui aura été le territoire français au sein d’une fumeuse entité témérairement qualifiée “d’Europe”, voire “d’Occident”. Peut-être n’est-ce pas là le projet conscient de nos classes dirigeantes (que Dieu, s’il existe, nous garde de croire au “Grand Komplot” !) ; mais c’est très certainement là où nous allons, si nous continuons sur le chemin entamé depuis une quarantaine d’années.
    “On n’a plus assez d’essence / Pour faire la route dans l’aut’sens / Faut plus qu’on réfléchisse ni qu’on pense / Alors faut qu’on avance” : revenons plutôt aux fondamentaux : on s’arrête, on réfléchit… et surtout, on agit.

    • Descartes dit :

      @ MJJB

      [L’horizon de la Révolution a été remplacé par l’horizon de la Catastrophe. Quand la fin du Monde est au coin de la rue, le National devient tout à coup petit, mesquin, honteux.]

      Excellent résumé. C’était un peu ce que je voulais dire lorsque je remarquais que la comparaison entre le Front Populaire et son avatar actuel était trompeuse. En 1936, on se plaçait clairement dans l’horizon de la Révolution, dans la construction d’une société différente, fraternelle, qui mettrait fin à l’exploitation de l’homme par l’homme. Même si les différents partis de la coalition n’étaient pas d’accord sur les moyens d’y parvenir, ils partageaient une vision. En 2024, l’horizon c’est la catastrophe. Qui ne se réduit pas à l’arrivée au pouvoir du RN, mais qui s’étend à tous les domaines. Il suffit pour cela d’entendre le discours catastrophiste des écologistes.

      [Face à ce triste constat, il faut tout à la fois rétrécir et élargir l’horizon ; l’élargir pour le rétrécir. L’élargir, en montrant d’autres perspectives que la Catastrophe ; le recentrer, en concentrant le débat sur le National.]

      Oui, mais c’est là une question de classe. Pour les couches populaires, la nation est essentielle parce que c’est au sein de la nation qu’ils bénéficient d’une solidarité inconditionnelle de leurs concitoyens dont ils peuvent difficilement se passer. Pour les classes dominantes, au contraire, qui ont le moyen de se défendre toutes seules, cette solidarité n’est pas un avantage, mais un carcan qui les oblige à payer pour les autres. D’où leur détachement du cadre national.

      [L’éventualité d’un démantèlement de la France est une possibilité qui doit, à mon sens, être prise très au sérieux ; démantèlement éventuellement “accompagné” par une absorption de ce qui aura été le territoire français au sein d’une fumeuse entité témérairement qualifiée “d’Europe”, voire “d’Occident”.]

      Plus que « démantèlement », je parlerais de « dilution ». Plus que « l’absorption », le risque vient d’une uniformisation. Et cette uniformisation est en marche dans les têtes. Déjà nos élites sont ravies d’aller chercher ailleurs des produits, des idées, des organisations pour les importer chez nous, comme si le contexte n’avait aucune importance. On nous parle d’introduire dans nos écoles des méthodes allemandes ou finlandaises, comme si les petits Français étaient identiques aux petits Allemands ou Finlandais, comme si le contexte qui a produit ces méthodes était indifférent.

      [“On n’a plus assez d’essence / Pour faire la route dans l’aut’sens / Faut plus qu’on réfléchisse ni qu’on pense / Alors faut qu’on avance” : revenons plutôt aux fondamentaux : on s’arrête, on réfléchit… et surtout, on agit.]

      Oui ! Et le premier pas est de rétablir la confiance en nous-mêmes. A ce propos, permettez-moi une expérience personnelle. J’ai eu le privilège d’assister à une conférence du directeur général de Solideo – qui, pour ceux qui ne le sauraient pas, est l’établissement public responsable de la construction de l’ensemble des sites olympiques. Et bien, ce monsieur nous a expliqué que pour la première fois dans l’histoire des Jeux, tous les ensembles prévus (cité olympique, stades, piscines, etc.) ont été livrés en temps et que le budget a été respecté strictement. Non seulement cela : le choix de rénover des installations existantes plutôt que de construire de nouvelles fait que le budget construction de Paris 2024 est le tiers de celui de Londres et la quart de celui de Tokyo. Maintenant, est-ce que vous avez entendu parler de cet exploit ? Non, bien sur que non. Les trains qui arrivent à l’heure, cela n’intéresse personne, alors qu’ils sont bien plus nombreux que les autres. Et je laisse le dernier mot à cet ingénieur passionné qui dirige la Solideo : « il faut qu’on se rappelle que la France reste une grande nation de bâtisseurs »… sans commentaire.

      • MJJB dit :

        Le discours catastrophiste des écologistes

        Discours catastrophiste, mais très sélectif quand même. Pas question de dire que nous nous trouvons depuis février 2022 (sinon depuis février 2014) dans un “remake” “à l’envers” de la Crise des missile de Cuba, avec tout ce que cela comporte en termes de risque de guerre nucléaire (y compris déclenchée par erreur), et de destruction potentielle de l’humanité. Seulement, pour cela, il faudrait un peu s’interroger sur le bien-fondé de la politique étrangère de “l’Occident collectif”, et quand on a comme les bobos une fascination béate pour à peu près tout ce qui vient des Etats-Unis, c’est comme demander à la grenouille de bénitier de nos ancêtres de crier “à bas la calotte”. (La détestation réflexe de Trump n’est pas une exception à ce que je viens de dire : les grenouilles de bénitier pardonnent encore moins les slogans anticléricaux, lorsqu’ils sont scandés par un membre, je ne dis pas du bas clergé, mais bien de la haute hiérarchie ecclésiastique.)

        Le premier pas est de rétablir la confiance en nous-mêmes

        Vaste programme, alors que la coalition bourgeoisie/classes intermédiaires qui nous gouverne a des intérêts qui sont objectivement opposés à ceux de leur pays et de leur nation, et agissent en conséquence.

        Permettez-moi une expérience personnelle. J’ai eu le privilège d’assister à une conférence du directeur général de Solideo – qui, pour ceux qui ne le sauraient pas, est l’établissement public responsable de la construction de l’ensemble des sites olympiques. Et bien, ce monsieur nous a expliqué que pour la première fois dans l’histoire des Jeux, tous les ensembles prévus (cité olympique, stades, piscines, etc.) ont été livrés en temps et que le budget a été respecté strictement. Non seulement cela : le choix de rénover des installations existantes plutôt que de construire de nouvelles fait que le budget construction de Paris 2024 est le tiers de celui de Londres et le quart de celui de Tokyo. Maintenant, est-ce que vous avez entendu parler de cet exploit ? Non, bien sur que non. Les trains qui arrivent à l’heure, cela n’intéresse personne, alors qu’ils sont bien plus nombreux que les autres. Et je laisse le dernier mot à cet ingénieur passionné qui dirige la Solideo : « il faut qu’on se rappelle que la France reste une grande nation de bâtisseurs »… sans commentaire.

        Ma sévérité pourra peut-être vous déplaire. Je suis d’avis que gaspiller ce remarquable savoir-faire à mettre en place un happening international dirigé par une organisation douteuse dont le siège se trouve dans un pays-parasite bien connu, au lieu d’être en train d’ériger des dizaines, des centaines d’usines et de réacteurs nucléaires jusque dans les moindres recoins du pays, est non seulement un scandale sans nom, mais un choix politique qui rendra encore plus difficile et ardue l’action de quiconque souhaitera rendre à la France son rang véritable.

        • Descartes dit :

          @ MJJB

          Le premier pas est de rétablir la confiance en nous-mêmes

          Vaste programme, alors que la coalition bourgeoisie/classes intermédiaires qui nous gouverne a des intérêts qui sont objectivement opposés à ceux de leur pays et de leur nation, et agissent en conséquence.

          [Ma sévérité pourra peut-être vous déplaire. Je suis d’avis que gaspiller ce remarquable savoir-faire à mettre en place un happening international dirigé par une organisation douteuse dont le siège se trouve dans un pays-parasite bien connu, au lieu d’être en train d’ériger des dizaines, des centaines d’usines et de réacteurs nucléaires jusque dans les moindres recoins du pays, est non seulement un scandale sans nom, mais un choix politique qui rendra encore plus difficile et ardue l’action de quiconque souhaitera rendre à la France son rang véritable.]

          Et bien, nous ne sommes pas d’accord. Vous avez raison de souligner combien les jeux mélangent une véritable fête du sport avec une affaire commerciale, avec un comité international olympique plus soucieux de préserver des intérêts financiers qu’autre chose. Mais il ne reste pas moins que c’est une fête, et qu’étant les organisateurs cela nous donne une opportunité de montrer notre savoir-faire au monde entier. Les fastes de Versailles ont été beaucoup reprochés à Louix XIV, mais les historiens sérieux expliquent combien ces fastes ont été utiles à un projet politique, en affirmant symboliquement le rang de la cour du roi soleil dans le concert des cours européennes. Ne négligeons pas l’importance du “soft power”…

  5. chatgpt dit :

    Votre analyse du Nouveau Front Populaire est intéressante, mais elle mérite quelques nuances importantes.

    Critique de la “rupture” proclamée : Vous doutez de la “rupture” annoncée en raison de la présence de figures comme François Hollande et Aurélien Rousseau. Cependant, la politique est souvent un jeu de compromis et d’alliances. L’union des gauches pourrait être perçue comme un pragmatisme nécessaire pour affronter une droite en ascension. L’inclusion de diverses personnalités peut apporter une diversité d’expériences et de perspectives, cruciales dans une démocratie. La coalition de 1936 incluait également des figures de différents bords politiques, mais elle a réussi à obtenir des avancées significatives comme les congés payés et la semaine de 40 heures.

    Comparaison avec le Front Populaire historique : Vous insistez sur le fait que le Front Populaire des années 1930 était une véritable alliance de classes, contrairement au Nouveau Front Populaire. Pourtant, les conditions sociales et politiques ont radicalement changé. Aujourd’hui, les défis incluent la mondialisation, le changement climatique et les inégalités économiques exacerbées par la crise financière de 2008 et la pandémie de COVID-19. Dans ce contexte, une union des gauches peut être une réponse stratégique pour élaborer des politiques inclusives et progressistes. Les coalitions en Espagne (Podemos et le PSOE) et en Allemagne (SPD, Les Verts et le FDP) ont réussi à mettre en œuvre des réformes sociales et écologiques importantes malgré des divergences initiales.

    Programme perçu comme vague : Vous critiquez le programme du Nouveau Front Populaire comme étant une liste de mesures sans vision cohérente de la société. Cependant, l’élaboration d’un programme commun est un processus complexe nécessitant des compromis entre les différentes composantes d’une coalition. Une telle coalition vise souvent à proposer des politiques bénéfiques à une majorité tout en intégrant diverses perspectives. La proposition de SMIC à 1600 € peut être un point de départ pour discuter des salaires et des conditions de travail dans un cadre plus large de justice économique.

    Absence de projet utopique ou d’enthousiasme : Vous soulignez l’absence d’un projet utopique similaire à celui du Front Populaire de 1936. Toutefois, l’enthousiasme et la foi en l’avenir peuvent aussi se manifester à travers des engagements clairs sur des enjeux contemporains comme la transition écologique, l’égalité des genres et la justice sociale. Les mouvements comme Extinction Rebellion ou les manifestations pour le climat montrent que l’enthousiasme et l’engagement pour un avenir meilleur sont bien présents, même s’ils se concentrent sur des défis spécifiques plutôt que sur une utopie globale.

    Bien que votre texte pointe des faiblesses réelles dans la formation du Nouveau Front Populaire, il est essentiel de reconnaître que l’union des gauches peut représenter une stratégie nécessaire et pragmatique pour répondre aux défis actuels. Les critiques doivent être équilibrées avec une compréhension des complexités de la politique contemporaine et une appréciation des efforts pour créer des politiques progressistes et inclusives.

    • Descartes dit :

      @ chatgpt

      [Votre analyse du Nouveau Front Populaire est intéressante, mais elle mérite quelques nuances importantes.]

      Certainement. Je suis toujours un peu provocateur dans mes papiers, justement pour amorcer le débat…

      [Critique de la “rupture” proclamée : Vous doutez de la “rupture” annoncée en raison de la présence de figures comme François Hollande et Aurélien Rousseau. Cependant, la politique est souvent un jeu de compromis et d’alliances.]

      Justement. Parce que la politique est un jeu de « compromis », je me demande à quoi ceux qui voudraient une « rupture » franche ont renoncé pour que des gens comme Hollande ou Rousseau montent sur le bateau. Car si vous admettez que Hollande ou Rousseau ont accepté un programme moins conservateur qu’ils ne l’auraient souhaité, il vous faut admettre à l’inverse que ceux qui veulent une « rupture » ont accepté une logique bien moins « rupturiste » qu’ils ne l’auraient souhaité.

      [L’union des gauches pourrait être perçue comme un pragmatisme nécessaire pour affronter une droite en ascension.]

      Si c’est ça le but, autant le dire, au lieu de nous raconter qu’on porte un « programme de rupture ». Et la question n’est pas indifférente, parce qu’il faut toujours penser à l’après. Si le but est de « affronter une droite en ascension », alors une alliance avec les centristes et les macronistes après les élections est parfaitement envisageable. Si l’objectif est de mettre en œuvre un « programme de rupture », alors clairement une telle alliance est exclue.

      [L’inclusion de diverses personnalités peut apporter une diversité d’expériences et de perspectives, cruciales dans une démocratie. La coalition de 1936 incluait également des figures de différents bords politiques, mais elle a réussi à obtenir des avancées significatives comme les congés payés et la semaine de 40 heures.]

      La question ici n’est pas que les gens viennent de « divers bords politiques ». Ce qui pose problème, c’est que tant Hollande que Rousseau ont exercé le pouvoir. L’un a été président de la République, rien que ça, l’autre a été directeur de cabinet d’un Premier ministre puis ministre lui-même. Le premier a à son actif la loi El Khomri, la loi Macron, la proposition de déchéance de nationalité, entre autres douceurs. Le second, le passage en force de la réforme des retraites. N’est ce pas leur faire injure que de penser qu’ils pourraient demain, par pur opportunisme, soutenir une politique à l’opposé exact de celle qu’ils ont faite hier ?

      [Comparaison avec le Front Populaire historique : Vous insistez sur le fait que le Front Populaire des années 1930 était une véritable alliance de classes, contrairement au Nouveau Front Populaire. Pourtant, les conditions sociales et politiques ont radicalement changé.]

      Pourquoi « pourtant » ? C’est précisément parce que « les conditions sociales et politiques » et surtout les conditions ECONOMIQUES ont « radicalement changé » que l’alliance de classes qui a permis au Front Populaire de marquer l’histoire est impossible aujourd’hui. La force du Front Populaire (comme plus tard celle de la Libération) vient d’un contexte où des classes sociales structurellement antagoniques avaient conjoncturellement des intérêts communs. Cette convergence ne se présente plus aujourd’hui : nous avons devant nous une société fragmentée où chaque classe – et on pourrait presque dire chaque « communauté » – cherche à grappiller le plus possible au détriment des autres. Il n’y a pas de logique « gagnant-gagnant » possible.

      [Aujourd’hui, les défis incluent la mondialisation, le changement climatique et les inégalités économiques exacerbées par la crise financière de 2008 et la pandémie de COVID-19. Dans ce contexte, une union des gauches peut être une réponse stratégique pour élaborer des politiques inclusives et progressistes. Les coalitions en Espagne (Podemos et le PSOE) et en Allemagne (SPD, Les Verts et le FDP) ont réussi à mettre en œuvre des réformes sociales et écologiques importantes malgré des divergences initiales.]

      Les « réformes sociales » ne sont pas l’apanage de la gauche. Le salaire minimum en France est une réforme « de droite » (il entre dans les textes normatifs dans la Charte du Travail du 4 octobre 1941). La légalisation de la contraception est une loi de droite (loi Newirth du 28 septembre 1962), tout comme l’avortement (loi Veil du 17 janvier 1975). Il n’est donc nullement évident que voter à gauche soit la meilleure manière de voir mises en œuvre des « politiques inclusives et progressistes ».

      Maintenant revenons à votre commentaire. Pourriez-vous me donner quelques exemples de « réforme sociale » DE RUPTURE mise en œuvre par ces coalitions ? Car c’est là la question. Et d’ailleurs, pourquoi aller chercher aussi loin ? Nous avons eu des gouvernements de gauche en France il n’y a pas si longtemps. Entre 1997-2002, la « gauche plurielle » a gouverné sans encombre. Que nous laisse-t-elle ? Le saccage de notre filière nucléaire (avec la fermeture de Superphénix, le démantèlement du CEA, etc.), la privatisation du gaz et de l’électricité (décidée au sommet de Barcelone), la plus importante campagne de privatisations jamais conduite en France (France Télécom, Air France, etc.), et une loi sur le temps de travail qui a désorganisé les services publics, et qui ne fait l’affaire que des classes intermédiaires. En 2012, la gauche a tous les leviers du pouvoir : majorité au Sénat et à l’Assemblée, la présidence de la République, le contrôle de toutes les régions sauf une, et de presque toutes les grandes métropoles. C’est quoi son bilan en terme de « réformes écologiques et sociales importantes » ?

      Ici, je voudrais marteler un point : il ne faut pas confondre une MESURE et une POLITIQUE. Même si ici ou là la gauche au pouvoir a pris des MESURES qu’on peut raisonnablement qualifier de « progressistes », ces mesures ne constituent pas une POLITIQUE parce qu’elles n’ont pas une logique sous-jacente qui leur donne une cohérence. Elles n’ont pas pour objet d’atteindre un but, une vision de la société, mais de faire plaisir à telle ou telle catégorie. Prenez par exemple les 35 heures : quelle conception du travail, du partage entre travail et loisir sous-tend cette loi ? Aucune. Le but était de faire plaisir aux gens – et surtout aux classes intermédiaires, qui peuvent se payer des loisirs de qualité.

      [Programme perçu comme vague : Vous critiquez le programme du Nouveau Front Populaire comme étant une liste de mesures sans vision cohérente de la société.]

      Pardon. « Vague » et « incohérent » ne sont pas des synonymes. Je n’ai jamais reproché au programme d’être « vague ». Certaines mesures le sont (par exemple, lorsqu’il propose de « faire voter une loi énergie-climat », sans expliciter quel en serait le contenu). D’autres sont au contraire extrêmement précises (e.g. le SMIC à 1600 € net). Mon principal reproche est d’appeler « programme » ce qui n’est finalement qu’un catalogue de mesures, sans qu’on voit clairement quel est le projet de société que ces mesures voudraient construire. Ce faisant, les mesures en question ne sont pas un moyen de construire un projet, mais un objectif en soi, détachables les unes des autres.

      [Cependant, l’élaboration d’un programme commun est un processus complexe nécessitant des compromis entre les différentes composantes d’une coalition. Une telle coalition vise souvent à proposer des politiques bénéfiques à une majorité tout en intégrant diverses perspectives.]

      Non, et c’est justement le problème. Il faudra m’expliquer en quoi le fait « le changement d’Etat Civil libre et gratuit » bénéficierait « à une majorité ». Non, le programme n’est pas conçu en fonction du bénéfice à apporter à la majorité, mais pour donner une raison de voter à chaque catégorie. Alors, vous trouvez la mesure pour faire plaisir aux LGBTQI+ (changement d’Etat Civil), la mesure pour faire plaisir aux étudiants (abolition de parcoursup), la mesure pour faire plaisir aux féministes, la mesure pour faire plaisir a…

      Le problème du Nouveau Front Populaire est que, contrairement à l’original, sa base de classe est très étroite. Les partis qui le composent servent les intérêts de différents secteurs des classes intermédiaires. Et la dernière chose que ces classes veulent, c’est une « rupture ». Pourquoi rompre avec un système qui les avantage ? C’est pourquoi les programmes de la gauche ces dernières années sont toujours schizophrènes, mélangeant les mesures demandées par les classes intermédiaires et celles que – du moins dans l’esprit de ce groupe social – seraient susceptibles d’attirer les couches populaires. C’est cette schizophrénie qui rend impossible l’éclosion d’un véritable « projet ». Le « projet » des classes intermédiaires est inavouable…

      [La proposition de SMIC à 1600 € peut être un point de départ pour discuter des salaires et des conditions de travail dans un cadre plus large de justice économique.]

      Cela fait des décennies que cette mesure figure dans les programmes de la gauche, et je ne vois pas le début du commencement d’une « discussion sur les salaires et les conditions de travail dans un cadre plus large de justice économique ». Votre remarque me rappelle celle d’Alice au Pays des Merveilles : « confiture hier, confiture demain, mais jamais confiture aujourd’hui ».

      [Absence de projet utopique ou d’enthousiasme : Vous soulignez l’absence d’un projet utopique similaire à celui du Front Populaire de 1936. Toutefois, l’enthousiasme et la foi en l’avenir peuvent aussi se manifester à travers des engagements clairs sur des enjeux contemporains comme la transition écologique, l’égalité des genres et la justice sociale. Les mouvements comme Extinction Rebellion ou les manifestations pour le climat montrent que l’enthousiasme et l’engagement pour un avenir meilleur sont bien présents, même s’ils se concentrent sur des défis spécifiques plutôt que sur une utopie globale.]

      Je me suis mal fait comprendre. La question que je posais n’est pas celle de l’engagement ni même de l’enthousiasme. C’est celle de la vision de l’avenir et de l’envie de le construire. Les mouvements comme Extinction-Rébellion, les manifestants pour le climat ne se construisent pas en fonction d’un avenir souhaitable, mais contre un avenir perçu comme terrible. Ce ne sont pas des mouvements qui surgissent de l’envie de faire, mais de l’envie d’empêcher. Leur discours, c’est celui de la peur, pas celui de l’espoir. J’ajoute que si les « engagements clairs » sont visibles sur la « transition écologique » ou « l’égalité des genres », j’ai du mal à voir aujourd’hui quelle organisation s’engagerait clairement pour la « justice sociale »…

      [Bien que votre texte pointe des faiblesses réelles dans la formation du Nouveau Front Populaire, il est essentiel de reconnaître que l’union des gauches peut représenter une stratégie nécessaire et pragmatique pour répondre aux défis actuels.]

      Je ne vois toujours pas en quoi. Peut-être parce que je ne partage pas votre hiérarchie quant aux « défis actuels ». Je pense par exemple que la question de « l’égalité des genres » passe loin derrière la question des mutations du travail, de la manière dont les biens et les services que nous consommons sont produits et distribués, et de la répartition de la valeur ainsi produite. Ou bien de la question de la transmission et de l’éducation. Sujets sur lesquels la gauche – quelque soit la composante que vous prenez – n’a aucune réflexion sérieuse.

      [Les critiques doivent être équilibrées avec une compréhension des complexités de la politique contemporaine et une appréciation des efforts pour créer des politiques progressistes et inclusives.]

      Mais comment comprendre « les complexités de la politique contemporaine » alors qu’on reste dans les idées toutes faites – y compris lorsqu’elles ont été clairement contredites par l’expérience. Prenez par exemple dans votre dernière phrase le syntagme cristallisé « politiques progressistes et inclusives » (que vous utilisez d’ailleurs deux fois dans votre commentaire). Est-ce qu’une politique « inclusive » pourrait ne pas être « progressiste » ? Est-ce qu’une politique « progressiste » pourrait ne pas être « inclusive » ? Alors, « progressiste » et « inclusive » sont des termes équivalents, et « politique progressiste et inclusive » est un pléonasme. Pourtant, on répète ce genre de formule à longueur de textes. Ce qui prouve qu’on les répète sans jamais s’arrêter à réfléchir sur leur signification.

      Lorsque vous écrivez plus haut que « il est essentiel de reconnaître que l’union des gauches peut représenter une stratégie nécessaire et pragmatique pour répondre aux défis actuels », n’est-il pas tout aussi « essentiel » de « reconnaître » que l’union des gauches peut NE PAS « représenter une stratégie nécessaire et pragmatique pour répondre aux défis actuels » ? Ou bien faut-il considérer cette affirmation comme un article de dogme qui ne supporte pas de discussion ? Parce que sans vouloir vous offenser, vous n’avez apporté aucun argument pour soutenir cette position…

      • chatgpt dit :

        Votre analyse du Nouveau Front Populaire soulève plusieurs points cruciaux. Voici quelques arguments détaillés en réponse :
         
        1. **Compromis et alliances :**
            Vous soulignez que la politique est un jeu de compromis, et que ceux qui désirent une rupture ont dû céder sur certaines de leurs attentes. Cependant, il est important de noter que les compromis sont inhérents à toute coalition politique. L’histoire nous montre que les grandes réformes sont souvent le fruit de ces compromis. Par exemple, même le Front Populaire de 1936, que vous admirez, a dû faire des compromis pour obtenir des avancées significatives comme les congés payés. François Hollande et Aurélien Rousseau, malgré leur passé, peuvent contribuer à une dynamique de changement, surtout s’ils s’inscrivent dans une nouvelle stratégie politique.
         
        2. **Pragmatisme versus programme de rupture :**
            Vous dites que si l’objectif est d’affronter une droite en ascension, autant le dire clairement. Effectivement, la communication autour des objectifs de la coalition peut manquer de clarté. Toutefois, la nécessité de compromis ne doit pas être vue comme une trahison des idéaux, mais comme une adaptation stratégique pour obtenir des gains concrets dans un contexte politique complexe.
         
        3. **Diversité des personnalités :**
            La présence de personnalités comme Hollande et Rousseau peut apporter une richesse d’expérience et des perspectives diversifiées. Le fait qu’ils aient exercé le pouvoir ne signifie pas nécessairement qu’ils ne peuvent pas soutenir un programme différent. Leur inclusion pourrait aussi indiquer une volonté de réorienter leur action politique. L’exemple historique du Front Populaire de 1936 montre que des figures diverses peuvent collaborer pour des avancées majeures.
         
        4. **Changements sociaux et politiques :**
            Vous affirmez que l’alliance de classes est impossible aujourd’hui en raison de la fragmentation sociale. Cependant, cette fragmentation pourrait justement rendre nécessaire une coalition large pour obtenir un consensus sur des réformes significatives. Les exemples contemporains en Espagne et en Allemagne montrent que malgré des divergences, des coalitions peuvent mettre en œuvre des réformes sociales et écologiques importantes.
         
        5. **Réformes sociales :**
            Vous demandez des exemples de réformes sociales de rupture mises en œuvre par des coalitions similaires. En Espagne, la coalition entre Podemos et le PSOE a introduit le revenu minimum vital et des mesures pour renforcer les droits des travailleurs. En Allemagne, la coalition entre le SPD, Les Verts et le FDP a entrepris des réformes pour la transition énergétique et la protection sociale. Bien que ces mesures ne soient peut-être pas des ruptures radicales, elles représentent des avancées significatives.
         
        6. **Programme et vision de société :**
            Vous critiquez le programme du Nouveau Front Populaire comme étant un catalogue de mesures sans vision cohérente. Il est vrai que certaines mesures peuvent sembler isolées. Cependant, l’élaboration d’un programme commun est un processus complexe nécessitant des compromis. La cohérence peut émerger à mesure que ces mesures sont mises en œuvre et que des priorités sont établies.
         
        7. **Engagement et vision de l’avenir :**
            Vous soulignez que les mouvements actuels, tels qu’Extinction Rebellion, sont motivés par la peur plutôt que par l’espoir. Pourtant, ces mouvements montrent un profond engagement pour un avenir meilleur, malgré un discours alarmiste. L’enthousiasme pour la justice climatique, l’égalité des genres, et la justice sociale reflète une aspiration à transformer la société, même si cette transformation est perçue comme une série de réponses à des crises.
         
        8. **Complexités de la politique contemporaine :**
            Vous affirmez que les idées toutes faites et les formules creuses dominent le discours politique. Cependant, reconnaître les complexités de la politique contemporaine implique de comprendre que les solutions simples sont rares. L’union des gauches, avec toutes ses imperfections, peut représenter une stratégie pragmatique pour aborder les défis contemporains de manière inclusive et progressive. Les termes « progressiste » et « inclusif » peuvent sembler redondants, mais ils soulignent une aspiration à une société plus juste et équitable.
         
        En conclusion, votre analyse rigoureuse met en lumière des points de tension importants au sein du Nouveau Front Populaire. Cependant, il est crucial de considérer les compromis et les dynamiques de coalition comme des éléments potentiellement constructifs dans l’élaboration de politiques qui répondent aux défis contemporains.

        • Descartes dit :

          @ chatgpt

          [Votre analyse du Nouveau Front Populaire soulève plusieurs points cruciaux. Voici quelques arguments détaillés en réponse :]

          Débattre avec une intelligence artificielle générative, ça va un moment mais à la longue, ça lasse. Parce que l’IA est capable d’affirmer, mais pas d’argumenter…

          • Manchego dit :

             @ Descartes
            ****l’IA est capable d’affirmer, mais pas d’argumenter…****
            Evidemment… Dans L’IA il ne peut pas y avoir une intelligence subtile comme celle d’homo-sapiens, l’IA c’est un algorithme qui réagit sur des problèmes connus à l’avance et, dans le passé, déjà traités par l’homme.
            C’est qui est impressionnant c’est la puissance de calcul de l’informatique et la rapidité de restitution, c’est pour çà qu’en apparence l’IA nous est supérieure, mais derrière l’IA il y a toujours un raisonnement humain et un contrôle humain.

          • chatgpt dit :

            Il est crucial de reconnaître que notre société évolue constamment et que les défis d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes que ceux d’il y a quelques décennies. S’en tenir à des positions politiques qui ne tiennent pas compte des nouvelles réalités revient à ignorer les luttes actuelles pour l’égalité et la justice sociale.
            Premièrement, l’idée que le Rassemblement National représente véritablement les intérêts de la classe ouvrière est discutable. Historiquement, ce parti a souvent pris des positions qui vont à l’encontre des intérêts des travailleurs, notamment en matière de politique économique et sociale. Les solutions qu’il propose, souvent basées sur le repli nationaliste et la division, ne résolvent pas les problèmes structurels d’injustice sociale et économique.
            Deuxièmement, les nouveaux mouvements d’émancipation, qu’ils concernent les droits des femmes, des personnes LGBTQ+, des minorités raciales ou des personnes handicapées, sont des luttes pour une inclusion plus large et une véritable égalité. Mépriser ces mouvements revient à nier les discriminations et les inégalités persistantes qui affectent de nombreux citoyens.
            Enfin, les débats sur le genre ne sont pas des caprices idéologiques, mais des réflexions profondes sur la manière dont les rôles et les identités de genre influencent nos vies et nos sociétés. Ignorer ces débats, c’est ignorer une part importante de la réalité humaine et des aspirations à la dignité et à l’égalité.
            Le progrès social nécessite d’accepter et de comprendre la diversité des expériences humaines. Une vision conservatrice et figée de la société ne peut répondre adéquatement aux besoins et aux défis du monde moderne. Plutôt que de se replier sur des idéologies du passé, il serait plus constructif de chercher des solutions inclusives qui reconnaissent et respectent la dignité de chaque individu.

            • kaiser hans dit :

              Enfin, les débats sur le genre ne sont pas des caprices idéologiques, mais des réflexions profondes sur la manière dont les rôles et les identités de genre influencent nos vies et nos sociétés. Ignorer ces débats, c’est ignorer une part importante de la réalité humaine et des aspirations à la dignité et à l’égalité.
               
              J’avoue que j’ai arrêté là…
              une nouvelle théorie infondée apparaît et on vous explique que ça existe depuis mille ans et que discriminer les mégenrés c’est très grave.
               
              ne pas filer une armée à Jacques qui se prend pour Napoléon c’est grave?

            • Aaa dit :

              Quel est ton prompt ?

            • chatgpt dit :

              Il est important de distinguer les débats sur le genre des comparaisons simplistes et réductrices. Les identités de genre ne sont pas une invention moderne : des cultures comme les hijras en Inde, les fa’afafine en Polynésie, et les Two-Spirit parmi les peuples autochtones d’Amérique du Nord reconnaissent depuis longtemps plus de deux genres. Judith Butler, une philosophe influente, a beaucoup écrit sur la performativité du genre, montrant que le genre est une construction sociale plutôt qu’une réalité fixe et biologique. Bien que certains critiquent ses idées pour leur complexité, elles ont clairement aidé à mieux comprendre la fluidité du genre.
               
              Les recherches scientifiques actuelles montrent que le genre est un spectre complexe. Des études en psychologie, comme celles du Dr. Diane Ehrensaft, montrent que les enfants peuvent exprimer une variété de genres dès un jeune âge. Le Dr. Jack Drescher, psychiatre renommé, a également démontré que la diversité de genre est une variation naturelle de l’expérience humaine.
               
              Les discriminations basées sur le genre ont des conséquences graves. Une étude de l’Université de Californie à Los Angeles indique que les personnes transgenres sont plus susceptibles de subir des violences physiques et verbales. La recherche de l’Association Américaine de Psychologie montre que ces discriminations peuvent entraîner des taux élevés de dépression et de suicide parmi les personnes transgenres et non-binaires.
               
              Les débats sur le genre concernent également le respect et la dignité humaine. Les personnes qui expriment leur genre différemment ne demandent pas des privilèges, mais simplement l’égalité des droits et la possibilité de vivre sans discrimination. Ignorer ces revendications revient à nier la réalité vécue par ces individus. Par exemple, des chercheurs comme le Dr. Tey Meadow ont documenté les luttes des jeunes transgenres et leur besoin de reconnaissance et de soutien social.
               
              Les sociétés évoluent en intégrant de nouvelles compréhensions pour créer un monde plus inclusif. Ce qui était autrefois ignoré ou mal compris peut, grâce à l’éducation et au dialogue, devenir une partie acceptée de la société. Les travaux de sociologues comme Raewyn Connell montrent comment les normes de genre évoluent et s’adaptent, contribuant ainsi à une société plus équitable.
               
              En résumé, les discussions sur le genre ne sont pas des « caprices idéologiques », mais des réflexions profondes et nécessaires sur la diversité humaine. Ignorer ces débats revient à nier la complexité et la richesse de l’expérience humaine et à refuser de faire face aux injustices sociales.

            • Descartes dit :

              @ chatgpt

              [Les identités de genre ne sont pas une invention moderne : des cultures comme les hijras en Inde, les fa’afafine en Polynésie, et les Two-Spirit parmi les peuples autochtones d’Amérique du Nord reconnaissent depuis longtemps plus de deux genres.]

              Je n’ai pas trop envie de discuter avec un robot, mais je reprends cette formule parce qu’elle montre les limitations de l’IA générative. Bien sur, il y a des cultures qui “reconnaissent depuis longtemps plus de deux genres”, de la même manière qu’il y a des cultures (les anciens Grecs, Romains et Égyptiens, Mayas et Aztèques…) qui “reconnaissent depuis longtemps” plus d’un dieu. Autrement dit, le fait qu’un peuple “reconnaisse” quelque chose n’implique pas que cette chose soit réelle. Pas plus que le fait que des gens “influents” en parlent, l’ancienneté d’une reconnaissance ne constitue pas une preuve. L’idée que la terre est plate est certainement très ancienne…

              Bien sur, ce fait ne peut être pris en compte par une IA, qui raisonne sur une base statistique. L’IA, c’est “vox populi, vox dei” en plus moderne.

              Accessoirement, je trouve que la plaisanterie a assez duré. Les textes évidemment élaborés par les robots pensants ne seront plus validés. Si un contributeur se trouvait ainsi injustement censuré, il peut me le faire savoir par message privé et son article sera rétabli.

            • Kaiser Hans dit :

               Judith Butler, une philosophe influente, a beaucoup écrit sur la performativité du genre, montrant que le genre est une construction sociale plutôt qu’une réalité fixe et biologique
               
              tu pourrais citer quelqu’un qui ne se cite pas lui-même comme non binaire non???
               
              au même point le fada qui se prend pour Napoléon ou équivalent était considéré comme la voix de Dieu dans certaines sociétés…
               
              Enfin bref, ej rejoins Descartes la plaisanterie a assez duré…
               
              qui plus est ce n’est tellement pas biologique qu’on leur file des hormones pour éviter que la nature ne reprenne ses droits…

      • Bob dit :

        @ Descartes
        [ Alors, « progressiste » et « inclusive » sont des termes équivalents, et « politique progressiste et inclusive » est un pléonasme.].
        Je ne crois pas, mais alors pas du tout, que les termes sont des équivalents.
        C’est présenté comme cela en effet. Mais le réel progrès est-il dans l’instauration de quotas, par exemple, pour atteindre cette fameuses “inclusivité” / diversité / parité ?
        Que dire d’ailleurs de l”écriture inclusive” ? à part que c’est une abomination sous couvert de progrès, pire qu’une régression…

        • Descartes dit :

          @ Bob

          [« Alors, « progressiste » et « inclusive » sont des termes équivalents, et « politique progressiste et inclusive » est un pléonasme. » Je ne crois pas, mais alors pas du tout, que les termes sont des équivalents.]

          Appliquons la bonne vieille logique :

          Proposition A : une politique est progressiste
          Proposition B : une politique est inclusive

          Est-ce que dans la logique actuelle (A vraie) implique (B vraie) ? (en écriture symbolique A => B) ? La réponse est « oui ».
          Est-ce que dans cette même logique (B vraie) implique (A vraie) ? (c’est-à-dire B => A) ? La réponse, là encore, est « oui ».

          Alors, on peut dire que A et B sont équivalentes ( A  B) CQFD

          [C’est présenté comme cela en effet.]

          Ce n’est pas qu’une question de « présentation ». Dans la vision « diversitaire », les deux termes sont synonymes, au point que les quotas ethniques apparaissent comme une mesure « progressiste » su simple fait qu’ils sont perçus comme « inclusifs ».

          Bien entendu, ce n’est pas du tout MA vision, ne serait-ce parce que pour moi « l’inclusivité » n’est pas un objectif.

          • Bob dit :

            @ Descartes
            J’aime ce type de raisonnement.
            Pour moi B n’implique pas A. C’était, en substance, mon point.
            Comme vous le dites justement, c’est la vision “diversitaire”, que je récuse.

  6. Bruno dit :

    Bonjour Descartes et merci pour ce papier.
    Je voudrais revenir sur le point suivant :
    [La première, c’est que le SMIC est un instrument global, qui agit dans toutes les branches de l’économie. Or, la capacité à payer un salaire donné n’est pas la même partout. Dans une activité où la productivité du travail est élevée, l’employeur trouvera son avantage à employer quelqu’un même s’il doit lui payer 1600 € par mois. Mais dans les branches à très faible productivité du travail, où chaque travailleur produit moins que cette somme, quel serait l’intérêt du patron à l’employer ?]
    Je ne suis pas économiste, loin s’en faut, mais quand vous avancez à un électeur “lambda” de gauche qu’une activité dégage moins que le SMIC, il vous rétorquera que c’est parce que le patron, je fais court, dégage une grosse marge. Aussi, si certaines activités répondent à un réel besoin (typiquement le ramassage des déchets), vont-elles disparaitre si on augmente les salaires ou leur coût va tout simplement augmenter pour les gens qui en bénéficient?
    Par ailleurs je ne serais pas contre le fait que certaines activités disparaissent ou soient payées à un prix plus élevé, je pense notamment à la livraison des repas qui explose depuis quelques années. Je dois avouer que cette activité représente bien notre époque et ce que devient notre pays : on “emploie” à 90% des immigrés clandestins, on les paie une misère pour ne pas avoir à faire 500m (le plus savoureux étant que ces livreurs sont utilisés dans les endroits où on en a le moins besoin du fait du maillage des commerces…) et hop, on s’engraisse tout en devenant un gros flemmard. La multiplication des publicités pour ces services est effrayante.
    Aucun projet ou presque n’évoque toutefois la nécessaire relance de la production pour créer des emplois et contribuer à l’enrichissement du pays.
    Par ailleurs, pour partir de l’autre côté du spectre politique, je suis toujours gêné quand j’entends que le RN est un parti d’extrême-droite. Dans le discours de ses opposants, on invoque souvent son prétendu “racisme” alors même que le parti, à ma connaissance, ne défend aujourd’hui aucune mesure de cet ordre; l’ethno-différentialisme se trouvant plutôt à gauche de nos jours, mais pour de “bonnes raisons”‘… Le passé du FN/RN est ce qu’il est, et on n’y échappe pas, mais reprocher au RN son passé c’est pour moi comme reprocher au PCF d’avoir été stalinien, ça fait partie de son histoire mais ça ne dit pas ce qu’il est de nos jours.
    Ce qui m’amuse c’est le procès en xénophobie fait au RN parce qu’il a le culot de faire une hiérarchie ou plutôt une distinction entre les nationaux et le reste du monde, ce qui est pourtant l’essence même de la nation; il faut un dedans et un dehors, sinon tout n’est qu’une soupe. La polémique récente au sujet d’emplois réservés à des gens ayant uniquement la nationalité française en dit long sur ce qu’est devenue la gauche. A titre personnel je ne comprends même pas qu’on puisse envisager de donner un poste à responsabilité à un individu ayant une double voire une triple allégeance. Mais bon, disons que pour ces gens-là, la nationalité n’est qu’un outil, ils le disent souvent d’ailleurs “j’ai deux passeports”, utilitaire sans affect.
    A titre personnel je voterai RN, bien que dans ma circonscription, malheureusement, il n’y ait aucun enjeu… Certes, ce n’est pas la panacée mais l’arrivée au pouvoir de ce parti pourrait accélérer la recomposition politique que nous sommes nombreux à souhaiter ici. En tout cas, ce serait toujours mieux que 3 années de plus avec Macron et sa majorité non?
    Le RN n’a pas de réel contre-projet à proposer aux Français, mais il m’apparaît un peu moins paresseux que d’autres partis. Quand j’écoute les discours de leur référents éducation (R.Chudeau) et économie (J-P Tanguy), j’ai le sentiment qu’ils ont réussi à rallier des gens intéressants et qui pourraient faire du bien au pays s’ils étaient écoutés…
     
     
     

    • Descartes dit :

      @ Bruno

      [« Mais dans les branches à très faible productivité du travail, où chaque travailleur produit moins que cette somme, quel serait l’intérêt du patron à l’employer ? » Je ne suis pas économiste, loin s’en faut, mais quand vous avancez à un électeur “lambda” de gauche qu’une activité dégage moins que le SMIC, il vous rétorquera que c’est parce que le patron, je fais court, dégage une grosse marge.]

      Je me suis mal fait comprendre. La question que je pose est celle de la valeur produite par le travailleur, indépendamment de sa répartition entre le travailleur et le patron. Prenez le cas par exemple d’un livreur de pizzas. Comme client, je suis prêt à payer ma livraison disons 7€ par pizza. Au-delà, je trouverai cela trop cher et j’irai acheter ma pizza moi-même. Disons que mon livreur arrive à livrer en moyenne 214 pizzas par mois. Le patron empochera donc 1500 € grâce au travail du salarié. Avec un SMIC à 1400 €, il gagnera 100€ en employant le livreur, et il n’a donc pas de raison pour le licencier. Mais si j’impose un SMIC à 1600 €, employer le livreur lui fera perdre 100€ par mois. Dans ces conditions, aucun intérêt pour lui de l’employer…

      Le patron ne peut fixer sa marge arbitrairement, parce que le client n’est pas prêt à payer n’importe quel prix. Il y a des métiers où les marges sont importantes – et où l’on pourrait augmenter les salaires sans que le patron ait intérêt à licencier. Et il y a des branches ou les marges sont faibles, et où une augmentation du salaire change l’équilibre économique du rapport entre l’employé et l’employeur. C’est pour cette raison que le SMIC, qui touche toutes les branches en même temps, n’est pas un bon instrument de politique salariale. J’ajoute que Julia Cagé, qui semble être l’économiste de référence du Nouveau Front Populaire, est d’accord avec moi : commentant la question du SMIC à 1600€, elle note qu’il faudra accompagner cette mesure d’aides aux entreprises dans certains secteurs… autrement dit, de corriger l’effet général du SMIC par des mesures particulières.

      [Aussi, si certaines activités répondent à un réel besoin (typiquement le ramassage des déchets), vont-elles disparaitre si on augmente les salaires ou leur coût va tout simplement augmenter pour les gens qui en bénéficient ?]

      Et comme les gens qui en bénéficient sont dans leur immense majorité des salariés, cela absorbera l’augmentation que vous aurez accordée. Si l’on suppose que les augmentations de salaire sont répercutées par les entreprises sur les prix, alors quel est l’intérêt ? Vous voyez ici la perversité du raisonnement : l’augmentation des salaires n’augmente le pouvoir d’achat que si les entreprises ne peuvent reporter l’augmentation des salaires sur les prix. Tout simplement parce que vous êtes dans un jeu à somme nulle : si vous donnez plus de pouvoir d’achat au salarié, il faut bien que ce pouvoir d’achat soit prélevé sur quelqu’un, c’est-à-dire, sur le capital. Seulement, le capital ne se laisse pas faire…

      [Par ailleurs je ne serais pas contre le fait que certaines activités disparaissent ou soient payées à un prix plus élevé, je pense notamment à la livraison des repas qui explose depuis quelques années.]

      Mais vous accepteriez de payer la livraison de repas plus cher ? Probablement pas. A 7 € la pizza, je paierai le livreur. Mais pour 10 €, j’irai la chercher moi-même (ou bien je cuirai une pizza à la maison). Et si vous faites disparaître l’activité, qu’arrivera-t-il au travailleur qui l’assure ?

      [Aucun projet ou presque n’évoque toutefois la nécessaire relance de la production pour créer des emplois et contribuer à l’enrichissement du pays.]

      Tout à fait. C’est là le véritable instrument de politique salariale. Développer des activités à forte productivité, qui sont les seules qui peuvent payer des bons salaires, et maintenir une rareté relative sur le marché du travail, ce qui suppose de terminer avec le réservoir de main d’œuvre qu’est l’immigration clandestine. Mais vous remarquerez qu’aucun programme ou presque n’évoque la question du travail et de la production. Le programme du NFP est particulièrement muet à ce sujet.

      [Par ailleurs, pour partir de l’autre côté du spectre politique, je suis toujours gêné quand j’entends que le RN est un parti d’extrême-droite. Dans le discours de ses opposants, on invoque souvent son prétendu “racisme” alors même que le parti, à ma connaissance, ne défend aujourd’hui aucune mesure de cet ordre; l’ethno-différentialisme se trouvant plutôt à gauche de nos jours, mais pour de “bonnes raisons”‘… Le passé du FN/RN est ce qu’il est, et on n’y échappe pas, mais reprocher au RN son passé c’est pour moi comme reprocher au PCF d’avoir été stalinien, ça fait partie de son histoire mais ça ne dit pas ce qu’il est de nos jours.]

      Je pense qu’il faut sur ce genre de sujet une position équilibrée. Le RN se rattache par son histoire à l’extrême droite raciste et antisémite, de la même manière que le PCF se rattache au stalinisme. Mais penser sur cette base que si le RN arrivait au pouvoir il enverrait les juifs et les noirs en camp de concentration est aussi absurde que penser que le PCF au pouvoir instaurerait le Goulag en France. Rappeler l’origine des uns et des autres est utile par contre pour décoder leurs discours. Car une histoire, c’est aussi un langage, et les mots ne veulent pas dire la même chose dans l’imaginaire du RN que dans l’imaginaire du PCF.

      [Ce qui m’amuse c’est le procès en xénophobie fait au RN parce qu’il a le culot de faire une hiérarchie ou plutôt une distinction entre les nationaux et le reste du monde, ce qui est pourtant l’essence même de la nation; il faut un dedans et un dehors, sinon tout n’est qu’une soupe. La polémique récente au sujet d’emplois réservés à des gens ayant uniquement la nationalité française en dit long sur ce qu’est devenue la gauche. A titre personnel je ne comprends même pas qu’on puisse envisager de donner un poste à responsabilité à un individu ayant une double voire une triple allégeance.]

      Si la gauche ne voit aucun problème dans les doubles et triples nationalités, c’est parce qu’elle voit le monde en termes moraux, et non en termes d’intérêt. Si on demande à un fonctionnaire de défendre les intérêts de la France, alors le fait qu’il ait une obligation de fidélité et de loyauté envers un autre pays pose problème. Mais si vous demandez au fonctionnaire qu’il défende le Bien, alors la question de la loyauté ne se pose plus, puisqu’il s’agit d’un Bien qui transcende toute appartenance, qui est universel.

      Je dois dire que ce sujet me parait passionnant à observer, parce qu’il montre combien la gauche a oublié que la nation est à l’origine un concept de gauche. L’idée d’une communauté de citoyens liés par des droits et des devoirs communs et une solidarité inconditionnelle (sans que l’intervention divine y soit pour quelque chose) est le crédo de la Révolution française. Mais pour la gauche « moderne », la nation n’existe tout simplement plus. La nationalité est un simple papier – Mélenchon l’avait d’ailleurs parfaitement formulé, lorsqu’il avait affirmé que « être français, c’est avoir une carte d’identité française ». Un papier dont on se demande finalement à quoi il sert puisque dans l’idéal de cette gauche-là la nationalité n’implique aucun devoir, et que non seulement français et immigrés doivent avoir les mêmes droits, mais n’importe quel homme sur cette planète devrait avoir le droit de s’installer sur le territoire de la République.

      Cela rompt avec la conception de la gauche des Lumières, à laquelle vous et moi nous adhérons, qui associé à la nationalité une « allégeance » (pour reprendre votre mot), autrement dit, un ensemble de devoirs, et parmi eux ceux de fidélité et de loyauté. Et dans cette logique, la question du conflit de loyautés lorsqu’on assume des fonctions de responsabilité se pose nécessairement. Et ce n’est nullement insultant envers le double national que de la poser, au contraire : c’est reconnaître que pour lui la nationalité n’est pas un simple papier.

      Cela étant dit, et je parle là par expérience en tant que double national, il me semble excessif d’exclure les doubles-nationaux de l’ensemble des fonctions de responsabilité ou même des fonctions stratégiques. Car il y a plusieurs contextes de double-nationalité qui sont très différents les uns des autres. Ainsi, par exemple, il y a des nationalités auxquelles on ne peut renoncer. C’est le cas de ma nationalité d’origine, sans quoi je l’aurais fait. Lorsque, fraîchement naturalisé, j’avais postulé à un emploi lié à la Défense nationale, on m’avait fait comprendre qu’il était impossible de me l’accorder, compte tenu de l’incertitude sur ma loyauté. Et j’avais trouvé cela parfaitement normal, après tout, qu’on me demande d’une certaine façon de « faire mes preuves ». Mais aujourd’hui, après une longue carrière dans ce pays, alors que mes rapports avec mon pays d’origine sont épisodiques, que je n’ai jamais utilisé d’autre passeport que le passeport français, je trouverais absurde de me voir refuser un poste au motif que ma loyauté serait en doute…

      On ne peut traiter le cas des double-nationaux qui ont acquis l’autre nationalité par leur naissance avant naturalisation française, et ceux qui l’ont acquise en étant déjà français. On ne peut pas non plus traiter le cas de ceux qui n’ont que des rapports épisodiques avec le pays d’origine, et ceux qui gardent un contact étroit voire effectuent leur service militaire dans l’autre pays. Le principe d’une interdiction générale assorti d’une possibilité de dérogation accessible à ceux qui souscriraient une déclaration de renonciation à leur deuxième nationalité, qui serait transmise au pays concerné, me paraît le bon compromis. Même si le pays en question n’accepte pas la renonciation, le simple fait de la souscrire sachant que les autorités en prendront connaissance me semble une preuve de loyauté suffisante.

      [Mais bon, disons que pour ces gens-là, la nationalité n’est qu’un outil, ils le disent souvent d’ailleurs “j’ai deux passeports”, utilitaire sans affect.]

      Ne généralisons pas. Il y a parmi « ces gens-là » des gens pour qui la République est leur seule patrie. Personnellement, je me suis fait un principe de ne pas renouveler mon ancien passeport de mon pays d’origine, ou n’importe quel autre document d’identité. Je voyage toujours avec un passeport français, même lorsque je reviens dans le pays qui m’a vu naître.

      [Le RN n’a pas de réel contre-projet à proposer aux Français, mais il m’apparaît un peu moins paresseux que d’autres partis. Quand j’écoute les discours de leur référents éducation (R.Chudeau) et économie (J-P Tanguy), j’ai le sentiment qu’ils ont réussi à rallier des gens intéressants et qui pourraient faire du bien au pays s’ils étaient écoutés…]

      Je partage un peu votre sentiment. Je sens dans le discours des dirigeants du RN une prudence de bon aloi. Ces gens sont je pense très conscients de leurs faiblesses, notamment techniques, et cherchent – je peux en témoigner – à se doter de compétences en piochant dans la haute fonction publique, attitude qui contraste agréablement avec la méfiance envers « l’Etat profond » qui marque la gauche et le macronisme. C’est d’ailleurs un point intéressant : le RN est aujourd’hui le seul parti politique qui fait l’éloge des serviteurs de l’Etat, et tout particulièrement de la haute fonction publique. Et ça ne date pas d’aujourd’hui, la “lettre aux fonctionnaires” de MLP pendant la campagne présidentielle était déjà dans cette logique. On a quand même la nette impression qu’il y a chez les dirigeants du RN une volonté de faire les choses bien, d’anticiper, d’éviter tout amateurisme.

      • Bruno dit :

        [Et si vous faites disparaître l’activité, qu’arrivera-t-il au travailleur qui l’assure ?]
        En l’espèce, comme je vous l’ai indiqué, ça ne me dérangerait pas, cette activité employant essentiellement des clandestins… Peut-être aussi que ça inciterait les Français à cuisiner ou à faire 300m pour récupérer leur commande au restaurant.

        [Développer des activités à forte productivité, qui sont les seules qui peuvent payer des bons salaires, et maintenir une rareté relative sur le marché du travail, ce qui suppose de terminer avec le réservoir de main d’œuvre qu’est l’immigration clandestine.]
        Avez-vous des activités en tête? Ce qui est clair c’est que les secteurs qu’on pousse le plus en France : hôtellerie, tourisme, loisir, grande distribution, logistique (on pourrait parler de rentes…) sont en grande partie pourvoyeurs d’emplois peu qualifiés. En même temps, depuis les années 80, phénomène amplifié par les 35H et les RTT à gogo, c’est le modèle qu’on pousse, non ?
        Fourquet disait assez intelligemment qu’en France nous étions passés, je force le trait, d’une société de production à une société de consommation. C’est un sacré changement de paradigme dont on ne parle pas et qui a pourtant de grandes conséquences sur notre capacité à produire des biens ayant une forte valeur ajoutée… Je vois toutefois mal les classes intermédiaires opérer un revirement sur ce point ; la volonté de passer à 32H étant assez éloquente.

        [Rappeler l’origine des uns et des autres est utile par contre pour décoder leurs discours. Car une histoire, c’est aussi un langage, et les mots ne veulent pas dire la même chose dans l’imaginaire du RN que dans l’imaginaire du PCF.]
        J’entends votre point, mais pour le RN, ils ont opéré un tel rajeunissement des cadres, à l’image de Bardella… Je doute, sans vouloir insulter leurs connaissances de l’Histoire, qu’ils aient vraiment en tête tout ce passé et qu’ils s’y réfèrent d’une façon ou d’une autre. Pour la génération MLP/Aliot, je ne dis pas, pour Tanguy/Bardella, c’est déjà une autre affaire. Aussi, et vous l’avez remarqué, le RN pioche pas mal à droite chez d’anciens proche de Fillon voire de Séguin. Pour moi la page sera définitivement tournée avec la mort de JMLP et la prise en main (réelle) du parti par une personne extérieure à la famille Le Pen. Mais est-ce possible ? Le RN reste une boutique aux mains d’un clan (ce qui est toujours mieux que les partis d’égopoliticiens dont vous parlez souvent…).

        [Le principe d’une interdiction générale assorti d’une possibilité de dérogation accessible à ceux qui souscriraient une déclaration de renonciation à leur deuxième nationalité, qui serait transmise au pays concerné, me paraît le bon compromis. Même si le pays en question n’accepte pas la renonciation, le simple fait de la souscrire sachant que les autorités en prendront connaissance me semble une preuve de loyauté suffisante.]
        Excellente idée mais qui serait certainement vilipendée à gauche car cela reviendrait à dire qu’on doit “lâcher” quelque chose pour prouver son allégeance à la France. Ça ne colle pas avec le “venez comme vous êtes”.
        Sans virer dans des délires xénophobes, si vous regardez avec attention la composition des listes aux élections européennes dans les partis “progressistes” tant en France que dans d’autres pays, vous remarquerez qu’on dénombre quantité de personnes ayant plusieurs nationalités et ravies de le mettre en avant. Il en est de même dans les institutions européennes ou encore dans les circonscriptions dédiées aux Français de l’étranger (j’aimerais bien avoir votre avis sur ces bizarrerie…). Qui peut ne pas s’inquiéter quand il observe quelqu’un comme Meyer Habib siégeant à une commission du renseignement à l’AN… Chez nos voisins, partout en Europe on observe également la montée en puissance de personnages qui semblent de plus en plus détachés du cadre national (la boss du parti démocrate italien a 3 passeports…). Et que dire dans la grande bourgeoisie d’affaires… De quoi est-ce le symptôme ? Je suppose que Marx ou Lénine ont dû écrire des choses sur ce thème ? Quoi de commun entre ces élites transnationales (ou plutôt postnationales) et l’homme lambda ? Peuvent-ils vraiment défendre les intérêts de gens dont ils ne partagent qu’en partie les intérêts nationaux ? C’est un sujet…

        [Je partage un peu votre sentiment. Je sens dans le discours des dirigeants du RN une prudence de bon aloi.]
        Je ne sais pas si vous avez eu le temps de jeter un œil au programme du RN, bcp moins bavard et ronflant que celui de la gauche :
        https://rassemblementnational.fr/documents/20240625-programme.pdf
        Pour beaucoup de mesures je ne vois pas comment ils pourront les mettre en œuvre sans s’opposer aux traités européens ou aux juges, qu’ils soient nationaux ou européens…

        [On a quand même la nette impression qu’il y a chez les dirigeants du RN une volonté de faire les choses bien, d’anticiper, d’éviter tout amateurisme. ]
        Vous savez très bien qu’à eux, on ne pardonnera rien.

        • Descartes dit :

          @ Bruno

          [« Développer des activités à forte productivité, qui sont les seules qui peuvent payer des bons salaires, et maintenir une rareté relative sur le marché du travail, ce qui suppose de terminer avec le réservoir de main d’œuvre qu’est l’immigration clandestine. » Avez-vous des activités en tête?]

          Les secteurs de l’industrie, bien évidemment. Les activités de recherche et développement. La construction, et notamment les chantiers d’infrastructures.

          [En même temps, depuis les années 80, phénomène amplifié par les 35H et les RTT à gogo, c’est le modèle qu’on pousse, non ?]

          Oui, malheureusement. Parce que l’industrie c’est sale (version écologiste). Et puis c’est plein d’ouvriers, horreur !

          [Fourquet disait assez intelligemment qu’en France nous étions passés, je force le trait, d’une société de production à une société de consommation. C’est un sacré changement de paradigme dont on ne parle pas et qui a pourtant de grandes conséquences sur notre capacité à produire des biens ayant une forte valeur ajoutée… Je vois toutefois mal les classes intermédiaires opérer un revirement sur ce point ; la volonté de passer à 32H étant assez éloquente.]

          Je suis à moitié d’accord avec Fourquet – je ne partage pas sa charge contre l’Etat. Et vous avez raison, tant que les classes intermédiaires seront au pouvoir et capables de consommer, il sera très difficile de revaloriser le travail productif. Mais est-ce que le modèle de consommation des classes intermédiaires résisterait à une crise de la dette ?

          [J’entends votre point, mais pour le RN, ils ont opéré un tel rajeunissement des cadres, à l’image de Bardella… Je doute, sans vouloir insulter leurs connaissances de l’Histoire, qu’ils aient vraiment en tête tout ce passé et qu’ils s’y réfèrent d’une façon ou d’une autre. Pour la génération MLP/Aliot, je ne dis pas, pour Tanguy/Bardella, c’est déjà une autre affaire.]

          Peut-être. Mais même si le RN ne leur transmet pas l’histoire, il leur transmet probablement un langage, un vocabulaire politique.

          [Excellente idée mais qui serait certainement vilipendée à gauche car cela reviendrait à dire qu’on doit “lâcher” quelque chose pour prouver son allégeance à la France. Ça ne colle pas avec le “venez comme vous êtes”.]

          Certainement. C’est là d’ailleurs qu’on voit que la gauche dit aux gens ce qu’ils devraient penser plutôt que de les écouter. Je me souviens qu’à une époque il avait été proposé d’imposer aux étrangers naturalisés un serment d’allégeance. La gauche poussa de hauts cris… alors que la plupart de mes amis naturalisés étaient ultra-favorables, parce qu’ils y voyaient un rituel d’intégration.

          [Il en est de même dans les institutions européennes ou encore dans les circonscriptions dédiées aux Français de l’étranger (j’aimerais bien avoir votre avis sur ces bizarrerie…).]

          Ca n’a rien d’une « bizarrerie », c’est un moyen de garder un certain contact avec les Français installés à l’étranger.

          [De quoi est-ce le symptôme ? Je suppose que Marx ou Lénine ont dû écrire des choses sur ce thème ? Quoi de commun entre ces élites transnationales (ou plutôt postnationales) et l’homme lambda ? Peuvent-ils vraiment défendre les intérêts de gens dont ils ne partagent qu’en partie les intérêts nationaux ? C’est un sujet…]

          Je ne pense pas que Marx ou Lénine aient écrit quelque chose ce sujet, parce que le problème ne se posait pas dans les mêmes termes à leur époque. Le capitalisme de la fin du XIXème et du début du XXème est un capitalisme qui reste largement national. Par contre, le détachement de classes populaires dont la référence est par force essentiellement nationale, et des élites que les intérêts ne rattachent pas à cette référence est un problème réel.

          [Pour beaucoup de mesures je ne vois pas comment ils pourront les mettre en œuvre sans s’opposer aux traités européens ou aux juges, qu’ils soient nationaux ou européens…]

          De toute façon, aujourd’hui le système est tellement bloqué qu’on voit mal comment on pourrait imaginer une politique progressiste qui ne viole pas le carcan européen ou celui d’un droit conventionnel fait pour rendre tout changement impossible. Je trouve plutôt sain qu’on essaye d’imaginer des choses en dehors de ce cadre…

  7. Cording1 dit :

    Comme vous l’indiquez un smic à 1600 euros est payable par l’employeur selon la branche professionnelle et la productivité de l’employé. Or on constate en ce moment une baisse inquiétante de la productivité de l’ordre de 6% en conséquence notamment du covid. D’autre part on assiste déjà à une smicardisation des salariés passée de 10,7 à 17% en 10 ans du fait des revalorisations automatiques, légales du smic.  . La revalorisation du smic doit entrainer celle plus générale des salaires mais pas totalement, jusqu’où le curseur ?
    De plus tout le programme économique et social du NFP est incompatible avec les engagements européens de la France et la situation désastreuse des finances publiques et de la balance commerciale sachant que les nouvelles dépenses ont un effet plus rapide que les nouvelles recettes sauf la TVA induite par une consommation supplémentaire.  Les dirigeants européens attendront leur heure pour inmposer leur diktat comme elles l’ont fait face à la Grèce il y a 9 ans, et même si la France n’est pas la Grèce on peut compter sur leurs mesures de rétorsion comme la fermeture du robinet d’accès aux liquidités.

    • Descartes dit :

      @ Cording1

      [Comme vous l’indiquez un smic à 1600 euros est payable par l’employeur selon la branche professionnelle et la productivité de l’employé. Or on constate en ce moment une baisse inquiétante de la productivité de l’ordre de 6% en conséquence notamment du covid.]

      La baisse de la productivité n’est pas tant liée au covid qu’à la délocalisation d’un grand nombre d’emplois industriels et leur remplacement par des emplois de service faiblement productifs.

      [D’autre part on assiste déjà à une smicardisation des salariés passée de 10,7 à 17% en 10 ans du fait des revalorisations automatiques, légales du smic. La revalorisation du smic doit entrainer celle plus générale des salaires mais pas totalement, jusqu’où le curseur ?]

      C’est bien le problème. Si la hausse du SMIC n’accompagne pas la hausse de la productivité, vous aurez un écrasement de la pyramide des revenus, ce qui tend à décourager des salariés qui risquent de commencer et finir leur carrière au SMIC.

      [De plus tout le programme économique et social du NFP est incompatible avec les engagements européens de la France et la situation désastreuse des finances publiques et de la balance commerciale sachant que les nouvelles dépenses ont un effet plus rapide que les nouvelles recettes sauf la TVA induite par une consommation supplémentaire.]

      Pour ce qui concerne les promesses du NFP incompatibles avec les engagements européens, je leur accorde volontiers mon indulgence plénière. Si on n’arrive pas à les mettre en œuvre, cela permettra d’expliquer aux Français qu’aucune politique progressiste n’est possible tan qu’on accepte le carcan européen. Ca pourrait même donner à quelques-uns l’idée de sortir de l’Union…

      La question des finances publiques est moins sérieuse que celle de la balance commerciale et de la balance des paiements. Car la question des finances publiques est une question de partage : on a décidé d’avoir des Français riches et un Etat pauvre, on peut facilement décider l’inverse. Par contre, la balance commerciale et la balance des paiements donne une idée du fait que le pays s’appauvrit ou s’enrichit globalement. Et de ces problèmes, le NFP ne parle pas. Ce qui ne devrait pas vous surprendre : équilibrer la balance, cela veut dire produire plus, et consommer moins. Et en particulier, réduire la consommation des classes intermédiaires…

      [Les dirigeants européens attendront leur heure pour inmposer leur diktat comme elles l’ont fait face à la Grèce il y a 9 ans, et même si la France n’est pas la Grèce on peut compter sur leurs mesures de rétorsion comme la fermeture du robinet d’accès aux liquidités.]

      Le risque est relativement faible. La France, contrairement à la Grèce, est « too big to fail ». L’Allemagne pouvait menacer de pousser la Grèce hors de l’Euro, parce qu’une sortie aurait été plus dommageable pour la Grèce que pour le système de l’Euro. Avec la France ou l’Italie, c’est beaucoup moins évident.

      • Cording1 dit :

        Même si le risque européen est faible il n’en demeure pas moins dans la mesure où les augmentations salariales si justifiées soient-elles risquent d’accentuer le déficit du budget national bien avant que les mesures fiscales ne produisent leurs effets. Or il ne vous a pas échappé que notre pays est sous la surveillance des marchés financiers qui verront d’un mauvais oeil l’application du programme du NFP. Le risque est le spread ou l’écart des taux d’intérêts entre la France et l’Allemagne qui rendrait plus onéreux le financement de la dette et des intérêts y afférents. Elles peuvent accentuer le déficit de la balance commerciale et des paiements.

        • Descartes dit :

          @ Cording1

          [Même si le risque européen est faible il n’en demeure pas moins dans la mesure où les augmentations salariales si justifiées soient-elles risquent d’accentuer le déficit du budget national bien avant que les mesures fiscales ne produisent leurs effets.]

          Je crois qu’il ne faut pas confondre la balance commerciale, la balance des paiements, et le déficit fiscal, celui du « budget national ». L’augmentation du SMIC n’a qu’un effet faible sur le déséquilibre du budget : peux nombreux sont les fonctionnaires ou contractuels de droit public payés au SMIC. L’effet du SMIC se manifeste surtout sur le secteur privé.

          [Or il ne vous a pas échappé que notre pays est sous la surveillance des marchés financiers qui verront d’un mauvais oeil l’application du programme du NFP.]

          Si le programme devait être mis en œuvre, probablement. Mais est-ce le cas ? Il n’est pas inutile de rappeler que les marchés financiers se sont fort bien portés sous la présidence de Mitterrand, sous le gouvernement de la « gauche plurielle » et sous le mandat de Hollande. Qui tous trois étaient arrivés au pouvoir avec des « programmes » qui n’étaient pas moins révolutionnaires que celui du NFP. Aujourd’hui, les marchés financiers craignent plus l’arrivée au pouvoir du RN que celle du NFP, tout simplement parce que l’arrivée du RN introduit un élément d’incertitude – chose que les marchés détestent – alors qu’une victoire du NFP ne ferait que ramener aux commandes des figures connues, dont on sait bien la propension à remettre à plus tard la révolution promise…

          [Le risque est le spread ou l’écart des taux d’intérêts entre la France et l’Allemagne qui rendrait plus onéreux le financement de la dette et des intérêts y afférents. Elles peuvent accentuer le déficit de la balance commerciale et des paiements.]

          Mais cela est vrai quelque soit le résultat des urnes. Macron et Le Maire n’ont pas été des exemples de rigueur fiscale, et ont pratiqué l’achat de voix et de la paix sociale à une échelle qu’on n’avait pas connu dans l’histoire de la République. Jamais on ne s’était endetté à une telle vitesse. Le centre-droit est donc mal placé pour donner des leçons de rectitude fiscale, que ce soit à la gauche où à l’extrême droite.

          Cela étant dit, pour paraphraser un célèbre ministre d’économie d’un pays latinoaméricain, “si je dois cent millions de dollars, c’est mon problème; si je dois mille milliards, c’est le problème de mon banquier”…

          • François dit :

            @Descartes
            [Aujourd’hui, les marchés financiers craignent plus l’arrivée au pouvoir du RN que celle du NFP (…)]
            J’aimerais savoir d’où vous tirez pareille conclusion. Quant à moi, je lis ça :
            https://www.reuters.com/markets/europe/markets-wake-up-left-wing-french-election-risk-2024-06-25/https://www.reuters.com/markets/europe/markets-wake-up-left-wing-french-election-risk-2024-06-25/

            • Descartes dit :

              @ François

              [J’aimerais savoir d’où vous tirez pareille conclusion. Quant à moi, je lis ça :]

              Et bien, relisez avec attention. Rien que la première phrase: “For investors in France, a left-wing alliance COULD BE a bigger risk than a far-right leadership, SOME analysts say” (“Pour les investisseurs en France, l’alliance de gauche POURRAIT être un risque plus grand que la victoire de l’extrême droite, selon CERTAINS analystes”, c’est moi qui souligne). Et cette prudence se retrouve tout au long de l’article. Par exemple: “SOME investors and analysts now say the risk that the NFP may perform better than expected in the second election round on July 7 due to tactical voting, and even form part of a new government, MAY BE a bigger worry for financial markets” (“CERTAINS analystes et investisseurs disent maintenant que le risque que le NFP fasse un meilleur résultat qu’attendu dans le second tour du 7 juillet du fait du vote utile, et peut-être même participe à un nouveau gouvernement, POURRAIT ETRE une préoccupation plus importante [que le RN] pour les marchés financiers”, là encore, c’est moi qui souligne).

              Conclusion: CERTAINS analystes pensent que le NFP POURRAIT ETRE un risque plus important que le RN. On pouvait l’imaginer sans lire l’article. Mais est-ce que ces CERTAINS analystes sont majoritaires ? Probablement pas, sans quoi le journal ne ferait pas preuve d’une telle prudence… Quoi qu’il en soit, les raisonnements qui sont exposés dans l’article supposent tous que les programmes des uns et des autres sont autre chose que des morceaux de papier qu’on oubliera dès que l’élection sera passée. Attendrissante confiance…

            • François dit :

              [ Et bien, relisez avec attention.]
              Comme si je n’avais pas prêté attention à cette nuance. Franchement…
               
              [Probablement pas, sans quoi le journal ne ferait pas preuve d’une telle prudence…]
              Ou tout simplement, n’ayant pas accès à un panel représentatif d’analystes financiers pour faire un sondage et savoir leur état d’esprit global, le journaliste, faute de données suffisantes, préfère utiliser cette formule de précaution. Alors bien entendu une hirondelle ne fait pas le printemps, mais il en est de même pour vous, aussi j’aimerais bien que vous me citiez un article recensant des témoignages d’analystes financiers qui va dans votre sens.

            • Descartes dit :

              @ François

              [« Probablement pas, sans quoi le journal ne ferait pas preuve d’une telle prudence… » Ou tout simplement, n’ayant pas accès à un panel représentatif d’analystes financiers pour faire un sondage et savoir leur état d’esprit global, le journaliste, faute de données suffisantes, préfère utiliser cette formule de précaution.]

              Mais vous noterez la précaution extrême. Le journaliste pourrait écrire « une majorité d’analystes » ou « plusieurs analystes » sans risquer d’être démenti. Il utilise une formule beaucoup plus restrictive. Ce n’est donc pas une simple prudence « faute de données suffisantes ». Tel que l’article est écrit, on sent que le journaliste rapporte une opinion minoritaire.

              [Alors bien entendu une hirondelle ne fait pas le printemps, mais il en est de même pour vous, aussi j’aimerais bien que vous me citiez un article recensant des témoignages d’analystes financiers qui va dans votre sens.]

              Je ne peux pas vous proposer un tel article. Je me fonde sur les échanges amicaux que j’ai pu avoir avec quelques cadres bien placés de la direction du Trésor, à Bercy, qui connaissent bien le milieu bancaire et financier, et qui recueillent les inquiétudes des uns et des autres. Vous me direz qu’il y a un biais important : l’arrivée au pouvoir du RN paraît plus probable que celle du NFP, et même si le programme des uns et des autres est aussi inquiétant, on aura plus peur du danger plus probable. Mais je suis sensible à l’argument de mes amis : plus que les programmes – auxquels personne ne croit vraiment – c’est l’incertitude qui effraye les marchés. Le NFP a déjà été au pouvoir, on a pu le voir à l’œuvre, et on sait que, vu du côté de la finance, il est relativement inoffensif. Le RN, lui, est une inconnue. Va-t-il céder aux demandes de son électorat, essentiellement populaire, ou va-t-il comme la gauche en 1981 tourner casaque après une période plus ou moins longue ?

          • Cording1 dit :

            Il est vrai que les marchés financiers apprécient bien les politiques des gouvernement de gauche surtout quand ils pratiquent une orthodoxie néolibérale qu’ils ont contribué à mettre en place à partir de mars 1983. Ils font tout ce que la droite n’a pas su, osé et voulu faire à temps pour leur faire plaisir. Tout ce qui est défavorable au monde du travail on peut compter sur un gouvernement de gauche pour le faire.
            La rigueur fiscale est un objectif qui se heurte souvent à la réalité; elle est comme l’horizon qui s’éloigne au fur et à mesure que l’on s’en rapproche. Cependant il ne faut pas oublier ce que disait Denis Kesler l’ex-numéro 2 du Medef du temps de Seillières au magazine Capital en octobre 2007 : il s’agit de détruire méthodiquement le compromis économique et social hérité du programme du CNR lorsque la bourgeoise a du faire de larges concessions au monde du travail. Les déficits sont nécessaires comme l’ont démontré les livres de Benjamin Lemoine pour détruire l’état-social. A cet effet il faut comme la théorie du ruissellement baisser la fiscalité des classes aisées et des entreprises parce que l’Etat est le problème et non la solution selon les néolibéraux. A cet égard et depuis 1983 la gauche s’inscrit parfaitement dans cet ordre des choses, les plus orthodoxes gestionnaires de ce système. D’où une tentation bien précise : pas une voix pour les sociaux-traitres comme l’on disait lorsqu’ existait un vrai parti communiste. 

            • Descartes dit :

              @ Cording1

              [Il est vrai que les marchés financiers apprécient bien les politiques des gouvernement de gauche surtout quand ils pratiquent une orthodoxie néolibérale qu’ils ont contribué à mettre en place à partir de mars 1983. Ils font tout ce que la droite n’a pas su, osé et voulu faire à temps pour leur faire plaisir. Tout ce qui est défavorable au monde du travail on peut compter sur un gouvernement de gauche pour le faire.]

              Tout à fait. Mais cela a marché aussi longtemps que le vote des couches populaires était piégé, qu’il n’avait le choix qu’entre une droite qui servait le bloc dominant ouvertement, et une gauche qui le faisait derrière le paravent d’un discours « populaire ». Le désenchantement progressif des couches populaires devant une « alternance » des gouvernements qui font la même politique a créé un vide électoral que l’extrême droite populiste s’est empressée de remplir. Il ne faut pas se tromper : le « front républicain » a depuis longtemps cessé d’être une digue pour empêcher le fascisme de passer, et est devenu un moyen pour préserver cette alternance entre gens « raisonnables », si avantageuse pour les cadres des partis « de gouvernement », assurés de bénéficier des prébendes du pouvoir une fois sur deux. Le macronisme est d’ailleurs l’aboutissement logique de cette dérive : au lieu de prendre leur tour, Macron a permis à des hommes venus de la droite et de la gauche « raisonnable » de se partager les postes.

              [La rigueur fiscale est un objectif qui se heurte souvent à la réalité; elle est comme l’horizon qui s’éloigne au fur et à mesure que l’on s’en rapproche.]

              Le problème est surtout que la rigueur fiscale n’est pas un OBJECTIF, mais un MOYEN au service d’une politique. Il est difficile de demander au peuple de se serrer la ceinture si ce n’est au nom d’un projet de nation. Lui expliquer qu’il faut renoncer à consommer pour que les financiers se remplissent les poches, ça a toujours été difficile.

              J’ai relu il y a quelque temps le discours de De Gaulle en 1958, présentant le programme d’austérité (plan Rueff). Plutôt que de jouer le registre culpabilisant du « on vit au-dessus de nos moyens », il met la rigueur fiscale au service d’un projet d’avenir avec des économies ciblées selon les domaines d’action publique.

              [Cependant il ne faut pas oublier ce que disait Denis Kesler l’ex-numéro 2 du Medef du temps de Seillières au magazine Capital en octobre 2007 : il s’agit de détruire méthodiquement le compromis économique et social hérité du programme du CNR lorsque la bourgeoise a du faire de larges concessions au monde du travail.]

              Oui, mais au-delà de leurs préférences personnelles, ce ne sont pas les Kesler et les Seillère qui ont détruit méthodiquement le compromis du CNR. Le compromis élaboré par le CNR était possible au niveau national, dans un espace économique fermé et contrôlé par l’Etat, et avec une bourgeoisie essentiellement nationale. C’est l’ouverture des frontières et la mondialisation du capital qui a mis le compromis en question en échec.

              Prenons un exemple : pour le patronat national, payer de bons salaires n’est pas nécessairement une mauvaise idée. De bons salaires, c’est une population avec un pouvoir d’achat important qui vont acheter les produits de leurs usines. C’est ce qu’avait compris Henri Ford, qui fit du keynésianisme avant Keynes : l’artisanat peut se contenter d’une demande étroite venue des plus fortunés, mais l’activité productive de masse de l’industriel nécessite une demande de masse, et cette demande ne peut venir que des masses salariées. Mais avec la mondialisation, ce système s’enraye : distribuer des bons salaires aujourd’hui, cela fait de la demande pour les usines installées en Chine ou au Bangladesh, pas en France. C’est pourquoi la relance par les salaires tentée par la gauche en 1981 a lamentablement échoué : elle n’a réussi qu’à créer un déficit massif de la balance commerciale.

              [Les déficits sont nécessaires comme l’ont démontré les livres de Benjamin Lemoine pour détruire l’état-social.]

              Je pense qu’on a tort d’attribuer au machiavélisme des individus une transformation qui tient à la mutation du capitalisme lui-même. L’Etat social est le produit d’une logique de solidarité qui ne peut être que nationale, parce que la nation est la collectivité dont les membres sont liés par un lien de solidarité inconditionnelle et impersonnelle. C’est pourquoi la redistribution est possible à l’intérieur des frontières nationales. Mais comment l’Etat social pourrait survivre à l’internationalisation des échanges ?

              [D’où une tentation bien précise : pas une voix pour les sociaux-traitres comme l’on disait lorsqu’ existait un vrai parti communiste.]

              Pour ce qui me concerne, c’est déjà fait. Je n’ai jamais voté socialiste, et je ne l’ai jamais regretté.

  8. Antoine dit :

    Bonjour Descartes, 
     
    Je crains que votre interlocuteur ne soit en effet celui qu’il prétend être. Tout montre que ce texte a été rédigé par le désormais célèbre agent conversationnel. Formules aussi plates qu’ ampoulées en témoignent. 
     
    Je dis craindre mais cela me rassure en fait. 
    Je me demande quel était l’objectif de la personne, la vraie qui est derrière. 
     

    • Descartes dit :

      @ Antoine

      [Je crains que votre interlocuteur ne soit en effet celui qu’il prétend être. Tout montre que ce texte a été rédigé par le désormais célèbre agent conversationnel. Formules aussi plates qu’ampoulées en témoignent.]

      Bien entendu. J’avais compris, mais cela m’amusait de répondre et de voir ce qui revenait. Et finalement, je ne suis pas déçu. Discuter avec ChatGPT c’est comme discuter avec un militant LFI : répétition de formules creuses, références vagues… la seule différence est que ChatGPT est poli.

      [Je me demande quel était l’objectif de la personne, la vraie qui est derrière.]

      Elle nous le dira peut-être…

      • Bob dit :

        @ Descartes
        [Discuter avec ChatGPT c’est comme discuter avec un militant LFI : répétition de formules creuses, références vagues…]
        Oui, mais ne soyons pas restrictifs, le discours macronien (ou macroniste) partage les mêmes caractéristiques.

        • dsk dit :

          @ Bob
           
          [Discuter avec ChatGPT c’est comme discuter avec un militant LFI : répétition de formules creuses, références vagues…] [ “Oui, mais ne soyons pas restrictifs, le discours macronien (ou macroniste) partage les mêmes caractéristiques.”]
           
          Tout à fait. On reconnaît bien le “en même temps” -;)

  9. maleyss dit :

    J’aimerais votre avis sur lea mobilisation du “monde de la Culture” (avec beaucoup de guillemets) qui semble surtout craindre pour ses subventions. Lesdites subventions ne constituent-elles pas une manière de redistribution à l’envers, dans la mesure où l’on prélève à l’ensemble du corps social (ouvriers et  électeurs du RN compris) un argent qui profite essentiellement à ce que vous appelez les “classes intermédiaires” ?
    On voit en effet fort peu d’ouvriers dans le public des théâtres subventionnés et les amateurs d’art (là encore avec beaucoup de guillemets) contemporain. Mais cette injustice sociale ne semble pas déranger grand monde. 
    Quant aux intermittents du spectacle, ils ont choisi, si je comprends bien, la vie de bohème, la vie de saltimbanque. Il devraient donc être prêts à en assumer  les dangers et les incertitudes, non ? 

    • Descartes dit :

      @ maleyss

      [J’aimerais votre avis sur les mobilisation du “monde de la Culture” (avec beaucoup de guillemets) qui semble surtout craindre pour ses subventions.]

      Il y a de ça. Mais soyons un peu sympa. Le monde de la création culturelle ou artistique a presque toujours été en conflit avec les institutions établies, précisément parce que qui dit « création » dit « originalité », et que l’originalité conduit à contester – à tort ou à raison – les consensus acceptés. Au moyen âge, il n’y avait pas beaucoup de mérite à penser comme l’Eglise, il fallait du génie et du courage pour penser contre elle.

      Le RN parle d’ordre et d’autorité, d’institutions fortes. Que cette position hérisse ceux qui voyent ordre et autorité comme une menace sur la création, c’est logique et je dirai même que c’est sain. Cette tension entre la loi et la transgression est fécond, un peu comme cet anglais qui disait que le monde ne vaut que par les extrémistes et ne dure que par les modérés.

      Après, dans le « monde de la Culture », à côté des créateurs et des penseurs originaux, il y a un grand flot de conformisme, de gens qui se prétendent « subversifs » mais dont l’œuvre n’est qu’une répétition des cadres « politiquement corrects ». Des gens qui font des films féministes quand le féminisme est devenu idéologie officielle. Ceux-là craignent, à juste titre, une remise en cause de ces cadres.

      [Lesdites subventions ne constituent-elles pas une manière de redistribution à l’envers, dans la mesure où l’on prélève à l’ensemble du corps social (ouvriers et électeurs du RN compris) un argent qui profite essentiellement à ce que vous appelez les “classes intermédiaires” ?]

      Tout à fait. C’est la raison pour laquelle je trouve absurde l’idée de la gratuité générale des musées. Le public qui va au musée peut parfaitement se le payer. Mieux vaut investir l’argent que coute cette mesure dans des politiques ciblées : visites scolaires, gratuité pour les publics défavorisés…

      [On voit en effet fort peu d’ouvriers dans le public des théâtres subventionnés et les amateurs d’art (là encore avec beaucoup de guillemets) contemporain. Mais cette injustice sociale ne semble pas déranger grand monde.]

      La question se discute. Il y a certes une injustice, mais elle est relative : le théâtre subventionné est une subvention aux classes intermédiaires… mais d’un autre côté, ces subventions sortent des impôts que les classes intermédiaires supportent plus lourdement que les autres. Si l’on veut maintenir le consentement à l’impôt, il faut bien que les classes intermédiaires voient un retour à leur effort… et de ce point de vue la subvention à la culture est un bon instrument.

      [Quant aux intermittents du spectacle, ils ont choisi, si je comprends bien, la vie de bohème, la vie de saltimbanque. Ils devraient donc être prêts à en assumer les dangers et les incertitudes, non ?]

      Il ne faut pas se voiler la face : le régime des intermittents est en fait une subvention déguisée au spectacle vivant. Cela revient en pratique à faire supporter par l’Etat une incertitude et des activités – comme les répétitions – qui autrement devraient être payés par les employeurs, et donc par les spectateurs.

      • maleyss dit :

        [mais d’un autre côté, ces subventions sortent des impôts que les classes intermédiaires supportent plus lourdement que les autres.]
        Venant de vous, je trouve ce raisonnement on ne peut plus discutable (mais peut-être s’agit-il de second degré) : je paie plus d’impôts, il est donc normal que j’en profite plus ! Voilà qui n’est pas très solidaire, ni très républicain !
        [Il ne faut pas se voiler la face : le régime des intermittents est en fait une subvention déguisée au spectacle vivant. Cela revient en pratique à faire supporter par l’Etat une incertitude et des activités – comme les répétitions – qui autrement devraient être payés par les employeurs, et donc par les spectateurs.]
        Il n’importe ! Si les bénéficiaires de ce régime tenaient absolument à la sécurité de leur revenu, que ne se sont-ils engagés dans une quelconque administration ? Ils ont choisi de vivre de leur (éventuel) talent : qu’ils l’assument !

        • Descartes dit :

          @ maleyss

          [« mais d’un autre côté, ces subventions sortent des impôts que les classes intermédiaires supportent plus lourdement que les autres. » Venant de vous, je trouve ce raisonnement on ne peut plus discutable (mais peut-être s’agit-il de second degré) : je paie plus d’impôts, il est donc normal que j’en profite plus ! Voilà qui n’est pas très solidaire, ni très républicain !]

          Certes, mais c’est le raisonnement que font les contribuables. Mon raisonnement est un raisonnement purement pragmatique : les classes intermédiaires supportent une part du fardeau fiscal plus importante que les autres, et si on veut leur consentement il faut leur donner quelques sucettes. C’est triste, mais c’est comme cela.

          [« Il ne faut pas se voiler la face : le régime des intermittents est en fait une subvention déguisée au spectacle vivant. Cela revient en pratique à faire supporter par l’Etat une incertitude et des activités – comme les répétitions – qui autrement devraient être payés par les employeurs, et donc par les spectateurs. » Il n’importe ! Si les bénéficiaires de ce régime tenaient absolument à la sécurité de leur revenu, que ne se sont-ils engagés dans une quelconque administration ? Ils ont choisi de vivre de leur (éventuel) talent : qu’ils l’assument !]

          Mais sans le régime des intermittents, ils auraient peut-être choisi d’aller dans une administration. Et dans ce cas, qui monterait sur les planches dans les théâtres, qui jouerait de la musique ? Personne. Ou alors, il faudrait augmenter la paye ou leur offrir des CDD, et cela se refléterait dans le prix des places, qui deviendraient inaccessibles pour beaucoup… à moins que l’Etat se décide à les subventionner. Et on revient à la situation précédente, sauf qu’au lieu de subventionner un régime de protection sociale on subventionne une activité.

          Vous me direz que la subvention des activités permet à l’Etat de faire des choix de politique culturelle, alors que la subvention à un régime laisse le choix dans la main du marché. Ce n’est pas faux…

          • maleyss dit :

            [ si on veut leur consentement il faut leur donner quelques sucettes.]
            C’est la définition exacte du clientélisme, non ?
            [au lieu de subventionner un régime de protection sociale on subventionne une activité.]
            Je verrais bien ni l’un ni l’autre. On ne peut plus se permettre de subventionner tout et n’importe quoi, et des arbitrages devront être faits. Pour ma part, et je ne pense pas être le seul dans ce cas, cela ne me dérangerait pas que les amateurs de ce genre de spectacle connaissent enfin la vérité des prix. Lorsqu’un de ces intermittents (expérience personnelle) se complait pendant plusieurs mois dans la douce oisiveté sous prétexte qu’il a atteint son quota d’heures, vous comprendrez que le travailleur qui se lève matin puisse en éprouver un certain agacement. D’autant plus que ces “artistes” fonctionnent en grande partie, voire parfois en totalité (autre expérience personnelle) sur subventions publiques. Le travailleur ci-dessus mentionné est alors victime d’une double peine, puisqu’il finance par ses cotisations sociales un régime lourdement déficitaire, en même temps qu’il subventionne par ses impôts un spectacle qu’il n’a pas l’intention d’aller voir. Alors, à défaut de supprimer ce régime, pourrait-on peut-être largement l’amender, non ?

            • Descartes dit :

              @ maleyss

              [« si on veut leur consentement il faut leur donner quelques sucettes. » C’est la définition exacte du clientélisme, non ?]

              Non. Le clientélisme est le fait par une personne ou un parti de procurer des avantages particuliers à des personnes en échange de leur vote, de leur soutien ou de leur fidélité. Ici, la question n’est pas d’acheter un soutien qui bénéficie à une personne ou un parti, mais d’obtenir le consentement à l’impôt, consentement qui reste essentiel quelque soit le parti au gouvernement.

              [« au lieu de subventionner un régime de protection sociale on subventionne une activité. » Je verrais bien ni l’un ni l’autre. On ne peut plus se permettre de subventionner tout et n’importe quoi, et des arbitrages devront être faits.]

              Certes. Mais si vous ne subventionnez pas certaines activités culturelles, elles deviendront inaccessibles et disparaîtront. Je suis sûr que vous ne voyez pas d’inconvénient à ce que l’Etat dépense de l’argent pour entretenir le patrimoine historique bâti. Pourquoi cela vous gêne qu’on soutienne de même le patrimoine non bâti, par exemple en subventionnant la Comédie Française ou l’Opéra de Paris ?

              Maintenant, je suis d’accord qu’on ne peut subventionner « tout et n’importe quoi ». Et c’est pourquoi au régime des intermittents, qui est une subvention déguisée au spectacle vivant en général, je préférerais une vraie subvention versée à des activités choisies en fonction d’une politique culturelle. Il y a un intérêt de la société ce qu’on transmette le patrimoine, et c’est pourquoi subventionner la mise en scène de Racine ou Corneille a un sens. Mais lorsqu’on pense à la création contemporaine, on peut se dire qu’il s’agit d’activités qui bénéficient d’abord à une classe qui peut parfaitement se les payer. A mon avis, il vaudrait mieux rééquilibrer le budget de la culture sur la transmission, et laisser la création au privé.

              [Pour ma part, et je ne pense pas être le seul dans ce cas, cela ne me dérangerait pas que les amateurs de ce genre de spectacle connaissent enfin la vérité des prix.]

              Mais que se passe-t-il lorsque les amateurs de ce genre de spectacle – ou bien les publics qu’on essaye de pousser vers eux – ne peuvent pas se les payer ? Comment arriverez-vous à amener des enfants du collège d’origine modeste voir une pièce de Racine s’il leur fallait payer « la vérité des prix » ? Encore une fois, je ne dis pas qu’il faille tout financer. Il faut faire des choix en fonction d’une politique.

              [Lorsqu’un de ces intermittents (expérience personnelle) se complait pendant plusieurs mois dans la douce oisiveté sous prétexte qu’il a atteint son quota d’heures, vous comprendrez que le travailleur qui se lève matin puisse en éprouver un certain agacement.]

              Certes. Mais malheureusement, il existe des tire au flanc dans toutes les professions, et je connais aussi des chômeurs indemnisés par le régime ordinaire, et qui eux aussi se complaisent dans une douce oisiveté en attendant la fin de droits. Je pense tout de même qu’ils sont une minorité.

              [D’autant plus que ces “artistes” fonctionnent en grande partie, voire parfois en totalité (autre expérience personnelle) sur subventions publiques. Le travailleur ci-dessus mentionné est alors victime d’une double peine, puisqu’il finance par ses cotisations sociales un régime lourdement déficitaire, en même temps qu’il subventionne par ses impôts un spectacle qu’il n’a pas l’intention d’aller voir. Alors, à défaut de supprimer ce régime, pourrait-on peut-être largement l’amender, non ?]

              Certainement. Je ne suis pas un défenseur du régime des intermittents. Comme je l’ai dit, je préférerais un système qui subventionnerait les actions culturelles et non le personnel, et qui permettrait de choisir en fonction d’une politique quelles sont les actions qu’on subventionne, et quelles sont celles qu’on laisse au privé.

  10. Geo dit :

     
    À Descartes et Tous
    [Un Nouveau Front qui n’a rien de “Populaire” ?]
    C’est dit sans point d’interrogation à un moment de cette vidéo d’Emmanuel Todd, qui dit pourtant très vite qu’il votera FP. Sa décision importe moins que certaines choses dites chemin faisant, après tout. Pour auditeur patient: pas loin de 2 heures. Du encore au site “les crises” d’Olivier Berruyer.
     
    https://elucid.media/politique/la-dissolution-de-macron-est-deja-un-quasi-coup-d-etat-emmanuel-todd?mc_ts=crises

  11. François dit :

    Bonsoir Descartes,
    À partir d’un moment, j’aimerais bien savoir en quoi le programme du NFP, serait en faveur des classes intermédiaires (il défend à coup sûr les intérêts d’autres catégories, mais ça ne sera pas la discussion de ce soir…). Car  je viens de voir le nouveau barème des tranches de l’impôt sur le revenu qu’ils proposent, et franchement me concernant, rien que d’y penser, ça me fait bien mal au cul. Et que des activités culturelles soient subventionnées, je m’en branle, car ce que l’on me donne d’une main, on me le prend de l’autre (et en admettant que ce qui est donné soit supérieur ou égal à ce qui est pris, il y a fort à douter qu’il y ait un quelconque rendement d’échelle), et en plus, je perds mon mot à dire sur la façon dont cet argent est dépensé pour lesdites activités, obligé d’y participer pour retrouver à peu près mon compte.
    Et je ne parle même pas ici de la ruine que l’application d’un tel programme engendrerait.
     
    J’ai quand même la grande impression en vous lisant que ce que vous appelez « classes intermédiaires » correspond en réalité aux élites surnuméraires (et quasi exclusivement issues des sciences molles) produites par notre système éducatif. À ce propos, je ne peux que remettre un passage de la pensée de Joseph Schumpeter tirée de Wikipedia :

    Le capitalisme entraîne le développement de l’appareil éducatif, ce qui tout à la fois concourt à la formation d’une opinion publique large et à une surproduction des intellectuels par rapport aux besoins des professions libérales. Les intellectuels déconsidérés et peu rémunérés ont tout intérêt à se liguer contre le capitalisme et à abreuver l’opinion publique de discours contre l’argent et l’esprit d’entreprise. Ils catalysent et font précipiter l’hostilité générale contre le capitalisme. Le capitalisme se sclérose ainsi progressivement de l’intérieur, pour des raisons sociales et politiques, au fur et à mesure que des majorités démocratiquement élues choisissent de mettre en place une économie planifiée accompagnée d’un système d’État-providence et de restriction des entrepreneurs. Le climat intellectuel et social nécessaire à l’esprit d’entreprise et d’innovation, et donc à l’apparition d’entrepreneurs, décline et finit par être remplacé par une forme ou une autre de socialisme, encore plus sclérosant. Les gouvernements ont alors notamment tendance, pour être populaires, à développer l’« État fiscal » et à transférer le revenu des producteurs vers les non-producteurs, décourageant l’épargne et l’investissement au profit de la consommation, ce qui crée une pression inflationniste croissante. Dans toutes décisions, les gouvernements démocratiquement élus ont alors tendance, pour garantir leur réélection, à privilégier le court terme au détriment du long terme.

    Alors si à la différence d’un Schumpeter, je ne renie pas l’utilité de l’intervention publique dans le domaine économique (Tesla et SpaceX n’existeraient, dans leur format actuel tout du moins, pas sans subventions, commandes et assistance étatiques), j’ai quand même la grande impression que le programme NFPiste correspond parfaitement aux caractères envieux, et privilégiant la consommation à la production, qu’il déplorait.

    • Descartes dit :

      @ François

      [À partir d’un moment, j’aimerais bien savoir en quoi le programme du NFP, serait en faveur des classes intermédiaires (il défend à coup sûr les intérêts d’autres catégories, mais ça ne sera pas la discussion de ce soir…).]

      Mais… je n’ai pas dit que le programme du NFP « serait en faveur des classes intermédiaires ». Ce que j’ai dit, c’est que le NFP défend les intérêts des classes intermédiaires. Ces deux idées ne coïncident que si on suppose que les partis qui constituent le NFP ont l’intention de mettre en œuvre effectivement ce programme, ce que je ne crois pas un seul instant.

      Le programme est un instrument de séduction, dans lequel on essaye de faire plaisir aux électeurs qui vous sont acquis, tout en cherchant à conquérir d’autres. Vous trouvez donc dans le programme du NFP des mesures demandées par les classes intermédiaires, mais aussi des mesures destinées en principe à séduire les électeurs des couches populaires. Dans le premier groupe, il y a par exemple l’abolition de Parcoursup ou l’instauration d’une VIème République. Dans le second, le SMIC à 1600€. Cette dernière mesure est d’ailleurs un bon exemple du fait que l’idée que les classes intermédiaires se font d’une mesure qui pourrait attirer les couches populaires ne correspond pas à la réalité : l’effet attractif de cette mesure est nul, parce que les principaux intéressés n’y croient pas.

      [Car je viens de voir le nouveau barème des tranches de l’impôt sur le revenu qu’ils proposent, et franchement me concernant, rien que d’y penser, ça me fait bien mal au cul.]

      Votre cul peut dormir tranquille. Pour vous en convaincre, relisez les projets fiscaux de la gauche en 1981, en 1997, en 2012, et comparez à ce qu’il en est advenu après l’élection. Cela devrait vous rassurer.

      [J’ai quand même la grande impression en vous lisant que ce que vous appelez « classes intermédiaires » correspond en réalité aux élites surnuméraires (et quasi exclusivement issues des sciences molles) produites par notre système éducatif.]

      Un médecin, un ingénieur, un tradeur font partie pour vous des « élites surnuméraires issues des sciences molles » ? Je pense que c’est une analyse un peu superficielle…

      [À ce propos, je ne peux que remettre un passage de la pensée de Joseph Schumpeter tirée de Wikipedia : « Le capitalisme entraîne le développement de l’appareil éducatif, ce qui tout à la fois concourt à la formation d’une opinion publique large et à une surproduction des intellectuels par rapport aux besoins des professions libérales. Les intellectuels déconsidérés et peu rémunérés ont tout intérêt à se liguer contre le capitalisme et à abreuver l’opinion publique de discours contre l’argent et l’esprit d’entreprise. (…) »]

      Sauf que, aujourd’hui, c’est exactement le contraire. La révolution néolibérale a pu compter avec de solides soutiens dans le monde universitaire et dans les différents think tanks, qui ont fait l’éloge de l’argent et de l’esprit d’entreprise. L’idée que les « intellectuels » dans leur masse penchent contre l’argent et l’esprit d’entreprise est un mythe. Oui, il y a quelques intellectuels médiatiques « anticapitalistes ». Mais regardez ce qu’on enseigne à l’université ou dans les grandes écoles : parmi les enseignants d’économie, combien sont « anticapitalistes » ? Prenez par exemple les lauréats du prix Nobel d’économie, prenez les grands économistes universitaires. Combien d’entre eux sont antilibéraux ? Même Keynes, pourtant l’un des économistes les plus influents de sa génération, et qui n’était nullement un gauchiste, a été barré de la plus haute distinction par ses collègues…

      Et pourtant, jamais comme maintenant l’université n’a autant « surproduit des intellectuels ». Alors, comment concilier ces faits empiriques avec le raisonnement de Schumpeter ?

      Je pense que le raisonnement de Schumpeter est faux, et l’expérience actuelle le montre. Si les « intellectuels » de la première moitié du XXème siècle s’élèvent souvent contre le capitalisme, c’est surtout parce que depuis les Lumières les intellectuels se conçoivent eux-mêmes comme une « aristocratie méritocratique ». Or le capitalisme, comme le signale Marx dès 1848, tend à détruire ces aristocraties pour leur substituer une hiérarchie fondée sur l’argent. « La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu’on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages » écrit Marx dans le « Manifeste ». On comprend que le médecin, le juriste, le prêtre, le poète et le savant réagissent contre le règne de la bourgeoisie…

      Aujourd’hui, cette notion « aristocratique » héritée d’un autre temps autour du métier intellectuel a pratiquement disparu. L’enseignant dévoué dont parle Castoriadis a été remplacé par un salarié qui fait ses heures, et qui ne fera plus que contre paiement. Les « intellectuels » se font payer pour donner des conférences, et défendent pied à pied leur droit d’auteur. Et du coup, le capitalisme ne paraît plus si détestable…

      [ j’ai quand même la grande impression que le programme NFPiste correspond parfaitement aux caractères envieux, et privilégiant la consommation à la production, qu’il déplorait.]

      Le programme de la NFP n’est pas très original de ce point de vue. Il ne fait que refléter l’idéologie dominante de notre société, qui est – faut-il le rappeler ? – l’idéologie générée par les classes dominantes.

    • François dit :

      @Descartes

      [Mais… je n’ai pas dit que le programme du NFP « serait en faveur des classes intermédiaires ». Ce que j’ai dit, c’est que le NFP défend les intérêts des classes intermédiaires.] 
      Si ça vous fait plaisir, prenons cette nuance même si je n’en vois guère l’utilité. Alors maintenant, expliquez moi concrètement le programme de la NFP serait censé défendre mes intérêts de classe, parce-que franchement, si tel est le cas, ils manquent cruellement de pédagogie, il y a des trucs qui m’échappent.

      [Cela devrait vous rassurer.]
      Je ne sais pas si l’on peut parler de réconfort, mais c’est sûr qu’ils ne nuiront pas longtemps, avant que ce soit le FMI qui prenne le contrôle du pays…

      [Un médecin, un ingénieur, un tradeur font partie pour vous des « élites surnuméraires issues des sciences molles » ? Je pense que c’est une analyse un peu superficielle…]
      Normalement, un ingénieur, un tradeur, voire même un médecin ont une formation mathématique poussée, qui est tout sauf une science molle. J’avais surtout en tête un sociologue, un comédien, un journaliste, etc.

      [Mais regardez ce qu’on enseigne à l’université ou dans les grandes écoles : parmi les enseignants d’économie, combien sont « anticapitalistes » ?]
      Regardons les derniers sujets de thèses de sociologie accessibles sur theses.fr :
      https://theses.fr/resultats?q=discipline:(sociologie)&page=1&nb=10&tri=dateDesc&domaine=theses&avancee=true
      Quand je lis des sujets du genre : « De l’enchantement à la disqualification : trajectoires professionnelles et expériences vécues des ouvriers et ouvrières de l’industrie du saumon en Patagonie chilienne », « Discriminations au logement des populations à risque : quelle réception des politiques sociales du logement ? », « Les usages sociaux de la sociologie dans le spectacle vivant », « Des humains derrière l’intelligence artificielle. La sous-traitance du travail de la donnée entre la France et Madagascar » ou bien des trucs du genre : « La valeur des relations : arrangements intimes entre travailleurs du sexe et clients dans le contexte de l’escorting masculin sur Internet », je n’ai vraiment pas l’impression que l’on fasse la promotion du monétarisme friedmanien. Sur les deux premières pages (20 thèses donc), je n’en trouve qu’une qui pourrait être qualifiée de «pro business » : « S’engager dans une carrière entrepreneuriale : du créateur d’entreprise à l’architecte, les logiques d’action à l’œuvre dans l’acte d’entreprendre »
      À coup sûr en tous cas, on est dans la production documentaire parfaitement inutile, symptomatique d’une surproduction d’élites que déplorait Schumpeter déjà en son temps.

      • Descartes dit :

        @ François

        [« Mais… je n’ai pas dit que le programme du NFP « serait en faveur des classes intermédiaires ». Ce que j’ai dit, c’est que le NFP défend les intérêts des classes intermédiaires. » Si ça vous fait plaisir, prenons cette nuance même si je n’en vois guère l’utilité. Alors maintenant, expliquez moi concrètement le programme de la NFP serait censé défendre mes intérêts de classe,]

        Je me dois d’insister, parce que de toute évidence je n’arrive pas à me faire comprendre. La nuance que j’ai introduite est très importante. Le programme de la NFP, S’IL ETAIT MIS EN ŒUVRE, ne servirait peut-être pas vos intérêts de classe. Mais le but de ce programme n’est pas d’être mis en œuvre. Le but est d’attraper des voix un peu partout – chez les classes intermédiaires, mais aussi chez les couches populaires et chez les déclassés – pour obtenir une majorité qui permettra ensuite de faire la politique que votre classe demande. Exactement comme en 1981 et 1997. Pourquoi changer une tactique qui a si bien marché ? Vous voyez donc la différence entre « le programme sert les classes intermédiaires » et « le NFP sert les classes intermédiaires »…

        Le problème, c’est que cette tactique a marché parce qu’il n’y avait pas de véritable alternative. Les couches populaires avaient le choix entre cette « gauche » qui promettait au monde du travail mondes et merveilles mais qui une fois élue faisait la politique du bloc dominant, et une droite néolibérale qui, une fois aux manettes, faisait à peu près la même chose. Et droite et gauche auraient pu continuer longtemps à alterner au pouvoir, si le « social-populisme » du RN n’avait donné aux vote populaire un exutoire, et menace ce charmant entre-soi. Il est très possible qu’une fois au pouvoir le RN fasse, lui aussi, la politique du bloc dominant. Mais en attendant, sa virginité le protège. Le discours « on a essayé les autres, on n’a pas essayé celui-là » traduit parfaitement cette évolution.

        Vous noterez d’ailleurs à ce propos un changement intéressant du discours politique. D’un côté, on explique que l’arrivée du RN au pouvoir serait un désastre parce qu’ils appliqueraient leur programme – et plus encore. Mais de l’autre, on entend une petite musique qui nous dit que le RN finalement ce sera comme d’habitude, qu’une fois arrivée au pouvoir ils feront la même politique européiste et pro-riches que les autres, à l’image de Meloni. Les deux discours peuvent paraître incompatibles. Ils ne le sont pas… parce qu’ils s’adressent à des publics différents. Aux électeurs du RN attachés à l’UE, on explique que Bardella au pouvoir c’est la sortie de l’Union. A ceux attachés au Frexit, on explique que Bardella pactisera rapidement avec l’UE.

        [« Cela devrait vous rassurer. » Je ne sais pas si l’on peut parler de réconfort, mais c’est sûr qu’ils ne nuiront pas longtemps, avant que ce soit le FMI qui prenne le contrôle du pays…]

        Je ne sais pas s’il y a un seul politicien avec quelque chance d’arriver au pouvoir aujourd’hui qui ait à la fois la vision, le courage et la pédagogie pour conduire le pays en dehors de la nasse où les politiques des trente dernières années l’ont enfermé. A un moment où un autre, un retour à la réalité des comptes – qu’il ne faut pas confondre avec l’austérité façon Fillon ou Le Maire, qui sous prétexte de rigueur budgétaire fait du Robin Hood à l’envers – me semble inévitable. La question est quand, et surtout qui devra porter le fardeau…

        [« Un médecin, un ingénieur, un tradeur font partie pour vous des « élites surnuméraires issues des sciences molles » ? Je pense que c’est une analyse un peu superficielle… » Normalement, un ingénieur, un tradeur, voire même un médecin ont une formation mathématique poussée, qui est tout sauf une science molle. J’avais surtout en tête un sociologue, un comédien, un journaliste, etc.]

        Mais vous ne pouvez que constater que l’ingénieur et le sociologue, le tradeur et le comédien, le médecin et le journaliste tendent à soutenir les mêmes politiques, ce qui semble confirmer l’idée qu’ils ont les mêmes intérêts.

        [« Mais regardez ce qu’on enseigne à l’université ou dans les grandes écoles : parmi les enseignants d’économie, combien sont « anticapitalistes » ? » Quand je lis des sujets du genre : « De l’enchantement à la disqualification : trajectoires professionnelles et expériences vécues des ouvriers et ouvrières de l’industrie du saumon en Patagonie chilienne », « Discriminations au logement des populations à risque : quelle réception des politiques sociales du logement ? », « Les usages sociaux de la sociologie dans le spectacle vivant », « Des humains derrière l’intelligence artificielle. La sous-traitance du travail de la donnée entre la France et Madagascar » ou bien des trucs du genre : « La valeur des relations : arrangements intimes entre travailleurs du sexe et clients dans le contexte de l’escorting masculin sur Internet », je n’ai vraiment pas l’impression que l’on fasse la promotion du monétarisme friedmanien.]

        Certes, mais aucun de ces titres ne me semble critique du capitalisme. En quoi « les usages sociaux de la sociologie dans le spectacle vivant » suggère une critique du capitalisme ou de l’entrepreneuriat ? Ou prenons un titre plus explicite : « De l’enchantement à la disqualification : trajectoires professionnelles et expériences vécues des ouvriers et ouvrières de l’industrie du saumon en Patagonie chilienne ». Les raisons de la « disqualification » peuvent être très nombreuses et sans aucun rapport avec le capitalisme ou l’entrepreneuriat…

        J’ai poussé un peu plus loin la recherche, et j’ai cherché parmi les thèses de sociologie celles qui ont pour mot-clé « capitalisme ». La recherche en donne un nombre infime. Alors que la recherche sans ce mot-clé retourne 9250 résultats, la recherche avec le mot-clé ne donne que… 28 résultats ! La critique du capitalisme en tant que tel ne semble donc pas être un sujet très recherché. Bien entendu, les sociologues étudient la société qu’ils ont sous les yeux, et la société qu’ils ont sous les yeux est une société capitaliste. Toute critique d’un malheur social peut donc, implicitement, être considérée comme une critique du capitalisme. Mais vous m’accorderez qu’une telle interprétation est par trop extensive.

        [Sur les deux premières pages (20 thèses donc), je n’en trouve qu’une qui pourrait être qualifiée de «pro business » : « S’engager dans une carrière entrepreneuriale : du créateur d’entreprise à l’architecte, les logiques d’action à l’œuvre dans l’acte d’entreprendre »]

        Vous n’en savez rien. Si ça se trouve, cette thèse démontre que le créateur d’entreprise est guidé par les « logiques » les plus égoïstes, et que seuls les salauds s’engagent dans une carrière entrepreneuriale… D’ailleurs, si vous faites une recherche avec le mot-clé « entrepreneuriat », vous trouvez 39 résultat, avec des titres qui sont très loin d’être critiques de la notion…

        [À coup sûr en tous cas, on est dans la production documentaire parfaitement inutile, symptomatique d’une surproduction d’élites que déplorait Schumpeter déjà en son temps.que après une période plus ou moins longue ?]

        Les sociétés ne font rien sans raison. Si tant de pays financent une telle production, c’est que cela sert à quelque chose… et surtout à quelqu’un.

        • Bob dit :

          @ Descartes
           
          [on explique que l’arrivée du RN au pouvoir serait un désastre parce qu’ils appliqueraient leur programme]
           
          Implicitement, cela apporte de l’eau à votre moulin, car en creux cela dit bien qu’on sait que le NPF n’appliquera pas le sien.

          • Descartes dit :

            @ Bob

            [Implicitement, cela apporte de l’eau à votre moulin, car en creux cela dit bien qu’on sait que le NPF n’appliquera pas le sien.]

            Vous allez un peu vite en besogne… Non, craindre que le RN n’applique son programme n’implique pas “implictement” que le NFP ne l’appliquera pas. Pour ce qui me concerne, vous connaissez ma position sur les programmes électoraux: ce sont des actes de séduction, un peu comme quand vous promettez à la fille à qui vous faites la cour de lui décrocher la lune. Ni vous ni elle ne croyez un moment que vous allez EFFECTIVEMENT la décrocher…

  12. Baruch dit :

    Merci Descartes d’avoir cité “ma blonde entends -tu dans la ville”…Chanson (avec la jeune garde qui descend sur le pavé) des vacances de mon enfance dans l’immédiat après guerre, que nous chantions à tue tête sur la Planèze de Saint-Flour  en vacances avec mon père et ma mère qui se remémoraient leurs “occupations d’entreprise” de Juin 36 chaque congés payés, et la confluence des cortèges de la CGT et de la CGTU …
    Un peu de nostalgie pour moi tendre et combative, loin, bien loin de ce “nouveau” front populaire, qui ne dit plus rien à personne, qui ne feint même pas l’unité et le front de classe, qui part pour la guerre sans l’ombre d’une hésitation (“mir mirou” disaient-ils en 17), et se moquent comme de colin-tampon de la vie réelle qu’il nous est donné de vivre, de la santé délaissée, de l’école ségrégée devenue garderie, de la misère qui guette. Gluksman Hollande …Ira-t’il un jour vers le “soleil levant, notre pays” ?Comme disait une autre chanson après la défaite de la Commune: “Ah !je l’attends, je l’attends, l’attendrai-je encore longtemps ?”, Je crains qu’il n’y ait plus grand chose à attendre .

    • Descartes dit :

      @ Baruch

      [Merci Descartes d’avoir cité “ma blonde entends -tu dans la ville”…Chanson (avec la jeune garde qui descend sur le pavé) des vacances de mon enfance dans l’immédiat après guerre, que nous chantions à tue tête sur la Planèze de Saint-Flour en vacances avec mon père et ma mère qui se remémoraient leurs “occupations d’entreprise” de Juin 36 chaque congés payés, et la confluence des cortèges de la CGT et de la CGTU …]

      De rien. Je suis trop jeune pour que mes parents aient connu cette époque, mais cette chanson reste pour moi un témoignage d’une époque particulièrement féconde. Faut-il la regretter ? N’oublions pas que quatre ans plus tard, ce fut la défaite et l’occupation. Mais sans la regretter, on peut tout de même s’y référer, pour constater qu’on savait alors jouir de la vie, avec un niveau de consommation finalement beaucoup plus faible que maintenant. Je me souviens encore de ma grand-mère, qui connut les pogroms en Russie, l’émigration et l’exil, le mariage arrangé et l’antisémitisme… et qui pourtant savait tirer de chaque instant de la vie tous les plaisirs, et en oublier les malheurs. Leur secret ? Une confiance infinie dans l’avenir, dans la capacité humaine à s’en sortir collectivement. Très loin de la hargne, de la logique de l’offense et de l’esprit consumériste qui caractérise notre époque. Quand je vois des jeunes au seuil de la vie qui ont peur de tout (du déclassement, du changement climatique, de Parcoursup…) au point de ne pas vouloir d’enfants ou de se bourrer de calmants ou de drogues, je me dis que quelque chose s’est cassé.

      Alors, de temps en temps, cela fait plaisir d’entendre ces gens heureux d’entendre « siffler les usines et les trains », d’aller « au-devant de la vie »…

      [Un peu de nostalgie pour moi tendre et combative, loin, bien loin de ce “nouveau” front populaire, qui ne dit plus rien à personne, qui ne feint même pas l’unité et le front de classe, qui part pour la guerre sans l’ombre d’une hésitation (“mir mirou” disaient-ils en 17), et se moquent comme de colin-tampon de la vie réelle qu’il nous est donné de vivre, de la santé délaissée, de l’école ségrégée devenue garderie, de la misère qui guette.]

      Tout à fait. L’absence de projet commun est chaque jour plus évidente. Il n’y a qu’à discuter avec les militants : les socialistes vous disent qu’ils ne voteront jamais pour un candidat venu de LFI, les LFI qu’ils ne voteront pas pour un candidat socialiste, les militants communistes sont « unitaires pour deux » parce que leur priorité est de sauver « leur » députés, et que cela suppose au moins la bienveillance des deux autres… Il n’y a aucune joie dans la campagne du NFP, parce qu’il n’y a aucun « soleil levant » en perspective, aucun « lendemain qui chante ». Il est d’ailleurs notable de constater combien le programme du NFP est formulé en termes négatifs (« abroger ceci », « supprimer cela »…).

      [Gluksman Hollande …Ira-t’il un jour vers le “soleil levant, notre pays” ? Comme disait une autre chanson après la défaite de la Commune: “Ah ! je l’attends, je l’attends, l’attendrai-je encore longtemps ?”, Je crains qu’il n’y ait plus grand chose à attendre .]

      Il faut y croire. Vous connaissez ma position sur « l’optimisme méthodologique ». J’ai du d’ailleurs hériter le caractère de ma grand-mère. J’ai tout connu dans ma vie, la pauvreté, la persécution, l’exil, mais vous me demanderiez de vous citer une période de ma vie où j’ai été malheureux… et je ne serais pas capable de vous répondre. « Pourquoi je vis ? Parce que c’est joli » écrivait je crois Boris Vian. Lorsque vous avez le blues, écoutez la « valse de l’univers » des Monthy Python, et ça repart…

    • kaiser hans dit :

      la planeze saint flour que de souvenirs….j’ai passé toutes les vacances de mon enfance à Neussargues Moissac devenu Neussargues en Pinatelle.
      Vis à vis de votre nostalgie , je suis très film post apo (uniquement les bons)
       
      dans les bons post apo, le message c’est quoi?même dans la pire merde, l’humanité se réorganise et survit….et reconstruit…
       
       

      • Descartes dit :

        @ kaiser hans

        [Vis à vis de votre nostalgie , je suis très film post apo (uniquement les bons)]

        Les bons sont très rares. En général, ils sont d’un schématisme ahurissant. Ils reposent sur un schéma purement individualiste, qui ignore la complexité des liens qui constituent une société, en les réduisant aux rapports interpersonnels.

        [dans les bons post apo, le message c’est quoi?même dans la pire merde, l’humanité se réorganise et survit….et reconstruit…]

        Ca, c’est seulement dans les “post apo” hollywoodiens, ou le héros du “jour d’après” est en fait une figure idéalisée de l’entrepreneur. Parce que ce n’est pas “l’humanité” qui se réorganise, survit et se reconstruit. C’est le héros providentiel qui la réorganise. Ce n’est pas du tout pareil… “Non, dans les “bons” post apo, la reconstruction est impossible, soit parce que l’homme est le responsable de la catastrophe (pensez à “La planète des singes”, de Pierre Boulle, l’original, pas la version hollywoodienne) ou bien parce qu’en l’absence d’institutions, l’homme retourne à sa sauvagerie, comme le montre “Sa majesté des mouches”, de Golding… l’un des meilleurs livres qui m’ait été donné de lire. Dans le genre “post apo”, difficile de faire mieux”

        • kaiser hans dit :

          Ca, c’est seulement dans les “post apo” hollywoodiens, ou le héros du “jour d’après” est en fait une figure idéalisée de l’entrepreneur
          je visais plutôt children of men…:)
           

        • Velgastriel dit :

          [soit parce que l’homme est le responsable de la catastrophe (..) ou bien]
          Ou bien quoi ? Quel est le thème sous-jacent de Sa majesté des mouches ? Je crains que vous n’ayez oublié quelques mots et je désire vivement les connaître.

          • Descartes dit :

            @ Velgastriel

            [Quel est le thème sous-jacent de Sa majesté des mouches ? Je crains que vous n’ayez oublié quelques mots et je désire vivement les connaître.]

            Vous avez raison. La phrase aurait du dire “Non, dans les “bons” post apo, la reconstruction est impossible, soit parce que l’homme est le responsable de la catastrophe (pensez à “La planète des singes”, de Pierre Boulle, l’original, pas la version hollywoodienne) ou bien parce qu’en l’absence d’institutions, l’homme retourne à sa sauvagerie, comme le montre “Sa majesté des mouches”, de Golding… l’un des meilleurs livres qui m’ait été donné de lire. Dans le genre “post apo”, difficile de faire mieux”. J’ai corrigé le texte.

  13. Manchego dit :

    @ Descartes & Cording1
    ****[Les déficits sont nécessaires comme l’ont démontré les livres de Benjamin Lemoine pour détruire l’état-social.]
    Je pense qu’on a tort d’attribuer au machiavélisme des individus une transformation qui tient à la mutation du capitalisme lui-même. L’Etat social est le produit d’une logique de solidarité qui ne peut être que nationale, parce que la nation est la collectivité dont les membres sont liés par un lien de solidarité inconditionnelle et impersonnelle. C’est pourquoi la redistribution est possible à l’intérieur des frontières nationales. Mais comment l’Etat social pourrait survivre à l’internationalisation des échanges ?*****
    Comment l’Etat social pourrait survivre à l’internationalisation des échanges me semble être une question fondamentale, mais je ne vois personne qui la traite dans cette campagne pour les législatives 2024.
    Descartes, nous avons récemment échangé sur ce sujet et il m’a semblé que nous étions globalement en phase, l’état social hérité du CNR ne peut pas survivre à la mondialisation, et même sur les fonctions régaliennes (Police, justice, armée, éducation…) il faudra lâcher du leste si on reste sur cette trajectoire.
    La raison est simple, c’est que la mondialisation nous appauvrit, on consomme plus que notre production, via l’endettement, et même si le delta annuel ne semble pas catastrophique (3% en 2022 d’après l’INSEE), chaque année on creuse d’avantage notre déficit.
    D’ailleurs, on observe que l’augmentation du PIB reste faible en France et dans la zone euro, contrairement à ce qui se passe en Asie.
    J’ai tendance à penser que la seule issue, si on veut conserver notre mode de vie, c’est de réguler le capitalisme mondialisé pour imposer un équilibre des échanges, comme cela avait été imaginé par les nations unies en 1948.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Charte_de_La_Havane
    Mais aussi travailler plus au sein de la classe d’âge susceptible de le faire (de façon collective, car si certains travaillent beaucoup, d’autres, pour diverses raisons, sont inactifs).
     
     

    • Descartes dit :

      @ Manchego

      [Comment l’Etat social pourrait survivre à l’internationalisation des échanges me semble être une question fondamentale, mais je ne vois personne qui la traite dans cette campagne pour les législatives 2024.]

      Ce n’est pas tout à fait exact. Le sujet est traité, mais par la bande. Pour le NFP, tout est une question de moyens, et il suffit donc de donner plus d’argent à l’hôpital, l’école, les routes, les infrastructures, et augmenter les allocations, et tout ira bien. Le RN est moins manichéen, et pose la question non seulement en termes de moyens mais aussi des missions et des orientations. Par exemple, pour l’école ils ne se contentent pas du « plus de profs » et « moins d’élèves par classe », mais parlent de se concentrer sur les savoirs fondamentaux, ou sur l’autorité des maîtres. Mais la question de l’équilibre économique est rarement abordée.

      [Descartes, nous avons récemment échangé sur ce sujet et il m’a semblé que nous étions globalement en phase, l’état social hérité du CNR ne peut pas survivre à la mondialisation, et même sur les fonctions régaliennes (Police, justice, armée, éducation…) il faudra lâcher du leste si on reste sur cette trajectoire.]

      Tout à fait.

      [La raison est simple, c’est que la mondialisation nous appauvrit, on consomme plus que notre production, via l’endettement, et même si le delta annuel ne semble pas catastrophique (3% en 2022 d’après l’INSEE), chaque année on creuse d’avantage notre déficit.]

      Oui, mais pas seulement. L’Etat social conçu par le CNR repose sur un pacte social entre une bourgeoisie dominante et les couches populaires, pacte par lequel la bourgeoisie a cédé une partie de la valeur prélevée sur le travail en échange d’une forme de paix sociale et d’adhésion des couches populaires au système institutionnel, indispensable pour la bonne marche des affaires. Il faut aussi dire que le patronat avait tout intérêt, dans un contexte de croissance, de disposer d’une main d’œuvre bien formée, bien soignée et donc bien productive…

      Aujourd’hui, ce pacte ne fonctionne plus. La bourgeoisie n’a plus une base nationale, et n’a donc aucun intérêt à ce que les couches populaires françaises soient bien soignées et bien formées, puisqu’elle peut trouver des travailleurs pour faire les tâches de production ailleurs.

      [D’ailleurs, on observe que l’augmentation du PIB reste faible en France et dans la zone euro, contrairement à ce qui se passe en Asie.]

      Il faut nuancer. L’Asie part de très bas en termes de productivité, il est logique donc que l’incorporation de capital produise une croissance rapide, un peu comme la modernisation de l’après-guerre en Europe a donné les « trente glorieuses ». Il est très difficile d’imaginer qu’on puisse avoir en Europe, vu d’où on part, une telle augmentation de la productivité. Pour moi, le problème n’est pas tant COMBIEN on produit que CE qu’on produit. Car ce n’est pas la même chose, pour reprendre l’image d’un ministre ultralibéral, de « produire de l’acier ou de produire des bonbons ». La production d’acier organise la société, tire la recherche, le développement, l’éducation. La production de bonbons ne stimule que les caries.

      [J’ai tendance à penser que la seule issue, si on veut conserver notre mode de vie, c’est de réguler le capitalisme mondialisé pour imposer un équilibre des échanges, comme cela avait été imaginé par les nations unies en 1948.]

      J’ai plusieurs fois défendu ici la logique qui préside à la Charte de La Havane. C’est de la pure logique : comme l’économie mondiale est un système fermé, il ne peut y avoir d’excédent chez quelqu’un s’il n’y a pas de déficit chez quelqu’un d’autre. Un système où tout le monde cherche l’excédent est donc par essence un système instable. Mieux vaut se mettre d’accord sur un système monétaire où, par le jeu de la dévaluation ou la réévaluation, chacun cherche à équilibrer les balances extérieures.

      Mais il faut comprendre que la logique de la Charte de La Havane conduit à ce que le niveau de vie de chaque pays soit lié à sa capacité à produire, et non à son endettement… ce qui implique chez nous de réduire le niveau de vie global – et donc celui des classes intermédiaires. Vaste programme…

      [Mais aussi travailler plus au sein de la classe d’âge susceptible de le faire (de façon collective, car si certains travaillent beaucoup, d’autres, pour diverses raisons, sont inactifs).]

      J’aurais tendance à régler l’âge de départ à la retraite sur le niveau d’études. En effet, les études gratuites sont un investissement que la collectivité finance, et dont elle est en droit d’espérer un retour. Former pendant de longues années un médecin ou un ingénieur pour ensuite les envoyer à la retraite à 60 ans, alors qu’ils sont encore parfaitement capables de faire leur métier, c’est un gâchis innommable. Alors qu’envoyer à la retraite à 60 ans un éboueur, qui non seulement représente un investissement beaucoup plus faible mais qui en plus à cet âge n’est plus physiquement capable de faire son métier, c’est tout à fait raisonnable.

      • Denis W dit :

        Bonjour Descartes,
         
        Mais comment l’Etat social pourrait survivre à l’internationalisation des échanges ?
        La Chine ne nous montre t-elle pas une voie originale d’intégration économique au sein des échanges internationaux d’un Etat social dont les prouesses (environ 500 millions de personnes sorties de la pauvreté en 30 ans) sont inédites dans l’histoire de l’Humanité ?

        • Descartes dit :

          @ Denis W

          [La Chine ne nous montre t-elle pas une voie originale d’intégration économique au sein des échanges internationaux d’un Etat social dont les prouesses (environ 500 millions de personnes sorties de la pauvreté en 30 ans) sont inédites dans l’histoire de l’Humanité ?]

          Une voie qui n’est pas très différente de celle que nous avons emprunté. On trouve en Chine beaucoup de choses qui ressemblent à la France des “trente glorieuses”: un développement productif à base nationale, un marché intérieur protégé, une croissance “de rattrapage” forte, un Etat régulateur puissant. En fait, l’intégration de la Chine n’est que partielle: elle vend à tout le monde, mais n’achète à personne…

          • Denis W dit :

            Comme quoi même au sein d’un système d’échanges internationalisés il y a des voies possibles. En dernière instance, la situation de la France, comme de tout autre pays, ne dépend pas d’un “économisme” indépassable mais bien de choix politiques. Et vive le PCC !

            • Descartes dit :

              @ Denis W

              [En dernière instance, la situation de la France, comme de tout autre pays, ne dépend pas d’un “économisme” indépassable mais bien de choix politiques.]

              Mais vos “choix politiques” sont eux aussi bornés par un “économisme indépassable”…

      • chb dit :

        [envoyer à la retraite à 60 ans un éboueur, qui non seulement représente un investissement beaucoup plus faible mais qui en plus à cet âge n’est plus physiquement capable de faire son métier, c’est tout à fait raisonnable]
        Retraite des morts et des cassés, ou retrait pour profiter de la vie, s’occuper d’une association et des petits enfants ? 
        Ancien instit, je prévoyais quand j’ai commencé (tardivement) de prendre ma retraite à 55 ans. Et puis j’ai dû aller jusqu’à 63. Alors même qu’il y a des millions de chômeurs, laisser la place aux jeunes devenait moins utile : ils n’en veulent plus trop, de ces places là. Et dans le service public, un partant est moins systématiquement remplacé. 

        • Descartes dit :

          @ chb

          [Retraite des morts et des cassés, ou retrait pour profiter de la vie, s’occuper d’une association et des petits enfants ?]

          Puisque vous posez la question de cette façon caricaturale, je vous réponds sur le même ton : retraite des morts et des cassés, sans hésiter…

          Est-ce que vous avez l’impression que pendant la période active on ne « profite pas » de la vie ? Si la réponse est positive, alors vous devez être très malheureux. Après tout, la vie active dure une quarantaine d’années, alors que la retraite ne dure qu’une quinzaine (après, on est en général pas en état de « profiter de la vie » pleinement…). Moi, je refuse cette dichotomie. On peut profiter de la vie, s’occuper d’une association ou de ses petits enfants tout en travaillant. Je refuse cette dichotomie qui fait du travail un malheur, et qui prétend que le bonheur est nécessairement lié au loisir. Et je ne dois pas être le seul : combien de collègues j’ai vu qu’il a fallu pousser à la retraite, et qui reviennent quelquefois comme des âmes en peine sur leur lieu de travail…

          Mais in fine, c’est une question de choix personnel. Si l’on veut travailler vingt ans et passer soixante ans en retraite, pourquoi pas. Mais on ne peut pas s’attendre à recevoir au total un revenu supérieur à la valeur produite pendant votre période d’activité. Dans l’idéal, je proposerai l’arrangement suivant : vous êtes obligé de travailler le temps de rembourser l’investissement que la société a faite sur vous, et ensuite vous prenez votre retraite quand vous voulez… avec un montant de retraite calculé sur le nombre d’années d’activité. Comme ça, ceux qui ont envie de travailler tard auront une retraite courte et riche, et ceux qui ont envie de s’arrêter tôt auront une retraite longue et pauvre. Et chacun pourra choisir…

          [Ancien instit, je prévoyais quand j’ai commencé (tardivement) de prendre ma retraite à 55 ans. Et puis j’ai dû aller jusqu’à 63. Alors même qu’il y a des millions de chômeurs, laisser la place aux jeunes devenait moins utile : ils n’en veulent plus trop, de ces places là. Et dans le service public, un partant est moins systématiquement remplacé.]

          Je n’ai pas compris ce paragraphe. Qu’est ce que vous voulez dire ?

  14. RBOBA dit :

    Il y a autre chose, une sorte de “profession de foi” qui revient dans la présentation du “programme” de ce “Front populaire” à la télévision.  C’est une phrase qui dit en substance, concernant les deux forces de droite, la Macronie et le RN : (….) il y a plus grave ou un danger plus grand encore, le rassemblement national…”
    Cela signifie en clair qu’ils vont nous refaire le coup d’appeler à voter pour Macron au second tour….
     

    • Descartes dit :

      @ RBOBA

      [Cela signifie en clair qu’ils vont nous refaire le coup d’appeler à voter pour Macron au second tour….]

      Vous en doutiez ? Après avoir présenté le RN comme un danger vital et absolu pour la République, on peut difficilement être cohérent autrement qu’en proposant des désistements en faveur du candidat le mieux placé pour barrer la route au RN. Vous remarquerez d’ailleurs que dans le camp macroniste le discours met sur un même plan “l’extrémisme de droite” et “l’extrémisme de gauche”, ce qui lui permettra demain de justifier le refus d’un désistement.

      Et il n’y a pas que le désistement: demain, si les résultats le permettent, je vois bien les socialistes participer à une majorité avec les macronistes. N’oubliez pas que la perméabilité entre le PS et le macronisme est très grande, comme le montre l’investiture d’Aurélien Rousseau…

      • kaiser hans dit :

        En fait LFI c’est comment un barrage sûrement bien intentionné mais quand même anti démocratique dans son concept, en arrive à faire ses électeurs ce qui augmente le risque d’extrême droite, à croire que le piège extrême droite va peut-être tuer aussi la gauche plus à gauche

      • RBOBA dit :

        Non, je n’en doutais pas. C’est même un argument que j’assène aux naïfs qui tractent en ce moment pour le Front Populaire. “C’est plus difficile avec les personnes âgées” s’est permis de dire une jeune perdrix de l’année. Ce à quoi j’ai répondu que les personnes âgées avaient là encore l’avantage de l’âge et savaient à quoi avait ressemblé le vrai Front Populaire, même si le Front Populaire canal historique n’était pas exempt de critiques (La guerre menée par Franco aux Républicains espagnols etc..). Oui, bien sûr que parmi ceux de la liste de ce front populaire, certains n’hésiteront pas à participer à un gouvernement Macron. Je n’ai aucune illusion la-dessus.

  15. MJJB dit :

    Si jamais le RN forme le prochain gouvernement, la confrontation avec l’UE est inévitable. D’ailleurs, elle a d’ores et déjà commencée.
    Si vous avez aimé la Grèce en 2015, vous adorerez la France en 2024…

    • Descartes dit :

      @ MJJB

      [Si jamais le RN forme le prochain gouvernement, la confrontation avec l’UE est inévitable. D’ailleurs, elle a d’ores et déjà commencée]

      Un excellent article…

      • kaiser hans dit :

        je confirme que cet article est excellent et malheureusement très vrai…

      • Bob dit :

        @ Descartes
         
        Conclusion déprimante : nous sommes pieds et mains liés par le système UE donc, et victoire du RN ou pas, il n’y rien à faire pour s’en démettre.

        • Descartes dit :

          @ Bob

          [Conclusion déprimante : nous sommes pieds et mains liés par le système UE donc, et victoire du RN ou pas, il n’y rien à faire pour s’en démettre.]

          N’allons pas jusque là. Ce sera long et/ou coûteux et/ou pénible, mais c’est possible. L’URSS, héritière d’un empire millénaire, s’est effondrée en quelques années, il n’y a aucune raison que l’UE soit beaucoup plus solide.

  16. marc.malesherbes dit :

     
     
    @ Manchego
     
    « J’ai tendance à penser que la seule issue, si on veut conserver notre mode de vie, c’est de réguler le capitalisme mondialisé pour imposer un équilibre des échanges »

    évitons les grandes envolées lyriques avec des objectifs inaccessibles comme «  réguler le capitalisme mondialisé ».
     
    Votre objectif « l’équilibre des échanges » peut tout à fait être atteint dans le cadre actuel, à condition de le vouloir et de prendre des mesures limitées.
    – à moyen, long terme, encourager la production nationale par toutes les mesures ordinaires, dont baisser les impôts de production et les transférer vers la TVA
     
    – à court terme, augmenter la TVA pour décourager relativement les importations en leur faisant davantage contribuer à la solidarité nationales.
     
       Certes ces mesures vont peser sur la consommation de tout le monde, mais de façon limitée. C’est un choix pour continuer à défendre la solidarité nationale. Il est possible d’imaginer des mesures plus ciblées évitant de toucher les moins bien lotis, mais je fais simple.
     
    Pour les moins bien lotis, c’est cela ou la déliquescence de l’état providence. Forcément la gauche s’y opposera car une hausse même limitée des prix est immédiatement ressentie, alors que la poursuite de l’abandon de l’état social ne se voit pas tout de suite.
     
    nb : dans les mesures plus complexes, permettre et inciter au travail les jeunes des banlieues défavorisées, limiter le recours à la main d’oeuvre immigrée qui renvoie une partie de son salaire « au pays » (c’est très généreux de leur part, mais très mauvais pour notre balance des paiements ; d’ailleurs en limitant ces reversements nous diminuerons fortement l’intérêt pour eux de venir en France; il suffirait d’instaurer un plafond des transfert des particuliers, sauf dérogation à obtenir, vers des pays comme le Mali …).
    Tout ceci a bien sûr un coût car, par exemple, les restaurants deviendront plus chers, on devra prendre des sandwichs à midi, ou des gamelles, une partie des restaurateurs devra se reconvertir etc …
     
    Et il y a bien sûr plein d’autres mesures à prendre, en évaluant à chaque fois la balance bénéfices/inconvénients.

    • Descartes dit :

      @ marc.malesherbes

      [« J’ai tendance à penser que la seule issue, si on veut conserver notre mode de vie, c’est de réguler le capitalisme mondialisé pour imposer un équilibre des échanges » évitons les grandes envolées lyriques avec des objectifs inaccessibles comme « réguler le capitalisme mondialisé ».]

      Je ne vois pas où est « l’envolée lyrique ». Nous vivons dans un capitalisme mondialisé. Si nous abandonnons tout espoir de le « réguler », alors la politique ne sert plus qu’à faire du sociétal.

      [Votre objectif « l’équilibre des échanges » peut tout à fait être atteint dans le cadre actuel, à condition de le vouloir et de prendre des mesures limitées. – à moyen, long terme, encourager la production nationale par toutes les mesures ordinaires, dont baisser les impôts de production et les transférer vers la TVA]

      Mesures vertueuses certes… mais il est très peu probable que cela suffise à obtenir « l’équilibre des échanges ». C’est que, voyez-vous, reporter la charge fiscale de la production vers la consommation améliore les conditions de concurrence des produits nationaux… mais ne touche pas d’autres facteurs de compétitivité, comme par exemple la différence des salaires, le travail des enfants ou les normes environnementales. Imaginer que parce qu’on supprimerait impôts de production et charges on rendrait nos textiles compétitifs par rapport à ceux produits en Chine ou au Bangladesh est une illusion.

      Et quand je parle de compétitivité, il y a un double aspect : compétitivité des produits, mais aussi compétitivité des investissements. Car dans une économie ouverte le capital va là où il trouve le meilleur profit. Quand bien même on arriverait à fabriquer en France des chemisettes au même prix que les bangladeshis, pour celui qui investit est-ce que cela rapportera autant ?

      [Certes ces mesures vont peser sur la consommation de tout le monde, mais de façon limitée. C’est un choix pour continuer à défendre la solidarité nationale. Il est possible d’imaginer des mesures plus ciblées évitant de toucher les moins bien lotis, mais je fais simple.]

      Par exemple ? J’ai très peu d’imagination, en ce moment…

      [nb : dans les mesures plus complexes, permettre et inciter au travail les jeunes des banlieues défavorisées, limiter le recours à la main d’œuvre immigrée qui renvoie une partie de son salaire « au pays »]

      Autrement dit, remettre en cause la libre circulation de la monnaie ? Je croyais que vous ne voyez pas de possibilité de « réguler le capitalisme mondialisé »…

      [(c’est très généreux de leur part, mais très mauvais pour notre balance des paiements ; d’ailleurs en limitant ces reversements nous diminuerons fortement l’intérêt pour eux de venir en France; il suffirait d’instaurer un plafond des transfert des particuliers, sauf dérogation à obtenir, vers des pays comme le Mali …).]

      Une telle mesure implique de sortir de l’Union européenne et de violer pas mal de textes internationaux qui assurent la libre circulation des capitaux. Par ailleurs, c’est une mesure à portée relativement limitée : les transferts de cette nature ne représentent qu’une portion infime de nos déficits.

      [Et il y a bien sûr plein d’autres mesures à prendre, en évaluant à chaque fois la balance bénéfices/inconvénients.]

      Exemples, exemples !

  17. Manchego dit :

    @ marc.malesherbes
    ***évitons les grandes envolées lyriques avec des objectifs inaccessibles comme «  réguler le capitalisme mondialisé ».***
    Vous auriez qualifié mon propos “d’illusion lyrique”, j’aurais compris et admis la critique, mais “envolée lyrique”…. j’avoue ne pas très bien comprendre !?
    ***Votre objectif « l’équilibre des échanges » peut tout à fait être atteint dans le cadre actuel, à condition de le vouloir et de prendre des mesures limitées.
    – à moyen, long terme, encourager la production nationale par toutes les mesures ordinaires, dont baisser les impôts de production et les transférer vers la TVA***
    Baisser les impôts de production, mettre en place la Flat Tax… Toutes ces mesures sont déjà plus ou moins en service depuis que Macron est aux manettes, mais à l’évidence cela ne fonctionne pas très bien, le ruisselement a bien eu lieu, mais, contrairement aux prévisions, on a observé un ruissellement inversé (du bas vers le haut).
    Mr Macron n’a pas augmenté la TVA comme certains de ses conseillers lui demandaient (Alain Minc…), mais je ne suis pas sur que cela aurait eu un impact positif sur le bilan qu’il nous laisse (Ce Bilan que les Français viennent de le sanctionner durement…).
     
     

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