On prend les mêmes…

Il n’a pas fallu longtemps pour que les pires réflexes politicards reprennent le dessus. Il y a quelques jours, on n’entendait parler que de principes. A gauche, on nous expliquait que Macron et Le Pen c’était blanc bonnet et bonnet blanc, que le président de la République était proto-fasciste, qu’aucun accord n’était possible avec la macronie sauf à perdre son âme. Chez Macron, on nous expliquait que l’extrémisme d’un Nouveau Front Populaire dominé par la France Insoumise n’avait rien à envier à celui du Rassemblement National, que l’alliance de gauche était contaminée par l’antisémitisme et que son programme politique allait conduire la France à la guerre civile. Quelques jours plus tard, tout a changé. A gauche, on appelle à voter pour des candidats macronistes – ou même de droite – alors qu’à droite on appelle à voter pour des candidats socialistes et communistes et même – en se bouchant le nez – pour les candidats LFI les mieux placés.

Que s’est-il passé pour changer à ce point leur analyse de la situation, pour leur faire renoncer à leurs principes sacrés ? Eh bien, il est arrivé que le RN a recueilli un suffrage sur trois, avec une participation record qui ne permet pas de contester sa représentativité. Le RN est arrivé en tête dans plus de 300 circonscriptions, ayant recueilli plus de 10 millions de voix. Un triomphe annoncé depuis des mois – ou plutôt des années – mais dont le petit monde politique parlait sans vraiment y croire. Aujourd’hui, on est au pied du mur. Il n’est pas étonnant qu’un tel séisme fasse changer le discours des élites politiques, les obligeant aujourd’hui à effacer avec le coude ce qu’ils ont hier écrit avec la main.

Un tel résultat devrait appeler un establishment politique qui refusait catégoriquement – surtout à gauche – à modifier ses analyses. A se demander pourquoi l’offre politique « républicaine » (1), pourtant très diverse, n’a vraiment séduit les électeurs que dans les grandes métropoles, mais a été rejetée partout ailleurs. A se demander pourquoi le RN retrouve à l’occasion de cette élection sa position de premier parti parmi les ouvriers et les employés, et cela alors que, de l’aveu même de ses adversaires, son programme a été considérablement infléchi dans le sens des classes supérieures.

Mais rassurez-vous, ces questions ne seront pas posées. Il n’y a qu’à voir comment, au soir de ce désastre, la gauche et les macronistes ne parlent qu’entre eux. La question essentielle n’est pas comment on fait pour convaincre les Français, mais comment on s’arrange pour sauver les meubles. Ils ne parleront pas de sécurité, d’industrie, d’énergie, de pouvoir d’achat, ils parleront désistement et accords électoraux. Ils n’ont rien à dire aux couches populaires, à ceux qui ont voté pour les candidats du Rassemblement National. Non, tous ces électeurs sont jugés comme perdus pour la cause, des irrécupérables beaufs. On ne se parle qu’entre gens du même monde. Le but n’est pas de convaincre la plèbe, de lui proposer un projet alternatif qui puisse le détourner du vote RN. Le but est d’empêcher les gueux d’arriver – par leurs représentants interposés – au pouvoir. Et pour cela, tout et bon. La gauche s’apprête à faire voter pour ceux-là même il y a quelques mois à peine elle dénonçait comme des valets du fascisme pour avoir voté une loi sur l’immigration digne de Vichy. Le macronisme et la droite « comme il faut » vont faire élire ceux qu’ils accusaient il y a seulement quelques jours d’avoir des sympathies pour le massacre du 7 octobre. Tout est pardonné, tout est oublié. Embrassons-nous, et votons les uns pour les autres, puisque l’essentiel est d’empêcher les affreux d’arriver aux affaires.

Cette unanimité ne se comprend qu’en analysant cette élection comme une confrontation de classe. Les dirigeants macroniens, communistes, socialistes, centristes et écologistes ont des discours différents, mais en gros ils représentent les intérêts des mêmes couches, c’est-à-dire le bloc dominant constitué par la bourgeoisie et les classes intermédiaires. Ils peuvent être en désaccord sur la couleur de la moquette, mais lorsqu’il s’agit des fondamentaux, ils tirent tous dans le même sens. Les élites politiques issues de ces partis ont un intérêt commun : conserver le système qui les alimente. Depuis quarante ans, droite et gauche se partagent gentiment les postes et les prébendes, et exercent le pouvoir avec des nuances de moins en moins perceptibles. Le macronisme, qui a assis au même conseil des ministres « de gauche » faire passer des textes « de droite », et des ministres « de droite » faisant voter des textes « de gauche », marque la consécration de cette logique. Et depuis quarante ans la France populaire a été mise à l’écart, les partis politiques qui la représentaient – le PCF, bien sûr, mais dans une moindre mesure les gaullistes et les socialistes – s’en sont détournées.

C’est ce vide que le RN occupe aujourd’hui. Mais la réaction des élites politiques aujourd’hui est très différente de celle d’hier. Dans les années 1970, quand le PCF était encore « le parti de la classe ouvrière », il s’agissait surtout de domestiquer cette France, en remettant en cause la position dominante du PCF chez les ouvriers et employés. C’est pourquoi l’objectif du mitterrandisme était, pour reprendre la formule de son créateur, « démontrer que trois millions d’ouvriers communistes peuvent voter socialiste ». Et dans ce but, le Parti socialiste nouvellement créé a donné un coup de barre à gauche, épousant des revendications qui auraient terrorisé les classes intermédiaires et les vieux barons de la SFIO… s’ils y avaient cru. Aujourd’hui, rien de tel. Les partis de gauche comme de droite sont trop détachées des couches populaires pour pouvoir envisager de remplacer le Rassemblement national en tant que leur représentant. Car il ne faut pas se tromper. Reconquérir l’électorat populaire suppose d’écouter ses revendications, ses espoirs, ses craintes, et d’élaborer un projet qui tienne compte de ses intérêts. Est-ce que les élites politiques sont prêtes aux concessions que cela implique ? La réponse est sans doute négative. Pour s’en convaincre, il suffit de relire le rapport produit par le cercle de réflexion Terra Nova, proche de la « deuxième gauche », qui argumentait l’intérêt pour la gauche d’oublier l’électorat populaire et de se concentrer sur les classes intermédiaires métropolitaines et l’électorat « ethnique ».

Et puis, est-ce que cela les intéresse vraiment ? Ces élites ont-elles encore la curiosité de chercher à comprendre le monde qui les entoure, fut-ce pour mieux servir les intérêts de leur classe ? Alors qu’un processus quasi-révolutionnaire se déroule sous nos yeux, ces élites fonctionnent en pilote automatique, en exploitant les mêmes vieux réflexes qui nous ont conduit à ce désastre.  Pour ceux qui lisent « Le Monde » ou « Libération », la constatation est évidente : chaque jour et depuis une semaine, on publie deux ou trois tribunes qui nous apprennent que les femmes, les historiens, les juristes, les économistes, les militants LGBT, les hauts fonctionnaires, les enseignants, les culs de jatte et les ratons laveurs s’inquiètent de l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national. Mais en face de ce discours qui, à force de répétition, devient exaspérant, il y a quand même un tiers des électeurs qui non seulement ne craint pas l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national, mais le souhaite. Et il y a parmi eux des enseignants, des hauts fonctionnaires, des artistes, des femmes, des juristes, des artistes et même des ratons laveurs. Il serait peut-être intéressant d’entendre ce que ces gens-là ont à dire, ne serait-ce que pour comprendre le phénomène. Mais le vénérable journal du soir n’estime ni utile ni nécessaire de donner la parole à ceux-là. Pas un journaliste pour écouter ces voix, pour essayer de comprendre ce qui les motive. Lorsque les médias dominants cherchent à comprendre le vote, ce sont des sociologues affiliés à Paris VIII qui s’expriment. 

La métaphore des somnambules n’est pas sans pertinence ici. Nos classes intermédiaires ne se rendent tout simplement pas compte que si le Rassemblement national gagne des voix à chaque élection depuis vingt ans, ce n’est pas parce que les Français – surtout ceux des classes populaires – sont subitement devenus racistes ou xénophobes. Un tel mouvement a forcément des raisons objectives, et pourtant pas un seul parti, à gauche comme à droite, n’a entamé un examen critique de son action. Au contraire: écoutez les socialistes, ils vous expliqueront qu’il n’y a rien à regretter dans la présidence Hollande; écoutez les macronistes et ils vanteront le bilan de leur patron. Les communistes n’ont rien à dire sur la période Hue, Mélenchon rend toujours culte à Mitterrand. Si le Rassemblement national caracole en tête, ce n’est la faute de personne. Les classes intermédiaires ignorent qu’il y a un monde en dehors d’elles, et que ce monde est habité par des couches populaires exaspérées d’être systématiquement négligées quand elles ne sont pas stigmatisées, à qui on explique que les classes intermédiaires des métropoles savent ce qui est bon pour elles. Que peuvent penser ouvriers et employés lorsque leurs élites font ami-ami avec les gens qu’ils accusaient hier de conduire à la guerre civile, pour essayer de barrer la route aux candidats à qui ils ont donné leur suffrage ? Comment peuvent-ils réagir en entendant des rappeurs qui sont la coqueluche du tout Paris intellectuel chanter « Jordan t’est mort » et qualifier Marine Le Pen de « chienne »(2) ?

Au-delà de la tactique électorale, cette affaire prépare des lendemains dangereux. L’analyse la plus lucide est, comme souvent, celle d’Henri Guaino, pour qui un échec du RN – soit qu’il soit empêché de gouverner, soit que son gouvernement conduise à l’échec – ne peut que pousser les couches populaires vers une radicalisation encore plus grande, qui pourrait les conduire à contester les institutions elles-mêmes. C’est là que les petites tactiques de nos élites politiques, pour beaucoup formées dans la politique universitaire ou dans les magouilles des congrès partisans, trouvent leur limite. Il est toujours dangereux d’expliquer au peuple Français qu’on ne peut pas faire ce pourquoi il a voté massivement parce qu’une directive européenne ou une jurisprudence du Conseil constitutionnel ou de la CEDH l’interdit. Le Conseil constitutionnel peut être un « rempart » contre une majorité politique ou un gouvernement. Mais il est très dangereux – et irréaliste – d’imaginer qu’il pourrait soutenir une vision particulière contre la volonté des Français.  Car il ne faut jamais oublier que les institutions ne tombent pas du ciel, mais sont issues de la souveraineté nationale et ont pour but d’organiser l’exercice de cette dernière. Un système institutionnel qui apparaît comme un moyen de brider la volonté générale plus que de lui permettre de s’épanouir finit toujours par s’effondrer. Michel Debré et Charles De Gaulle l’avaient très bien compris, et c’est pourquoi ils ont bâti dans leur constitution des flexibilités qui lui ont permis de traverser les époques en pliant là où les constitutions antérieures avaient cassé. Or, c’est exactement ce que semblent chercher nos élites : empêcher la volonté populaire de l’emporter en empilant des obstacles institutionnels sur son passage. Les discours sur la « désobéissance » des fonctionnaires, les tentatives de Macron de nommer à la dernière minute à certains emplois des affidés, les désistements contre-nature, donnent une nette impression de poursuivre cet objectif.

Seulement, une fois dissipées les brumes du soir du 7 juillet, lorsqu’on constatera – c’est à mon avis l’hypothèse la plus vraisemblable – que le Rassemblement national arrive relativement loin de la majorité absolue, il faudra bien que quelqu’un gouverne, avec une assemblée qui, selon toute vraisemblance, sera encore plus ingouvernable que la précédente. Et là, qu’est-ce qu’on fait ? Certains commencent à parler d’un « gouvernement pluriel » – ça ne vous rappelle rien ? – qui pourrait s’appuyer sur la bienveillance sinon le soutien d’un arc allant des communistes à LR – et pourquoi pas une partie de LFI. Mais pour quel projet ? Pour mener quelle politique ? Une telle construction aurait-elle suffisamment de surface politique pour s’attaquer aux véritables problèmes – la dégradation de l’école, la désindustrialisation, la panne de l’assimilation, les déséquilibres économiques – et de trouver des solutions susceptibles d’éloigner les couches populaires du Rassemblement national ? Non ? Alors, nous aurons Marine Le Pen à l’Elysée en 2027. Parce que le vent qui gonfle les voiles du Rassemblement national ne va pas disparaître tant que les causes qui le provoquent sont avec nous.

La gauche devrait comprendre qu’au point où nous en sommes, et largement par sa faute, il sera difficile à terme d’éviter l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national sans risquer une radicalisation de la société qui conduirait à des choses pires encore. Dès lors qu’il bénéficie d’un soutien populaire massif, plus on empile des obstacles institutionnels devant lui, et plus les institutions perdront du crédit. Or, mieux vaut un gouvernement d’extrême droite encadré par des institutions fortes capables de limiter ses excès, que l’arrivée au pouvoir d’une extrême droite radicalisée dans un cadre institutionnel affaibli. A défaut d’accepter que Bardella dirige le cirque, on prend le risque de le voir demain dirigé par les lions.

Descartes

(1) L’usage d’opposer un « arc républicain » à l’extrême droite vient de l’époque où cette dernière contestait la République, soit qu’elle favorisât un retour à la monarchie, comme l’Action Française, soit qu’elle propose un régime organiciste, comme c’était le cas des ingénieurs de la « Révolution nationale » sous Vichy. Aujourd’hui, les références du Rassemblement National ne se situent ni d’un côté ni de l’autre. On peut discuter de la conception de la République qui est celle du RN, mais parler d’un parti « anti-républicain » est aujourd’hui excessif.

(2) Ce thème de rap, au titre évocateur “no pasaran”, mériterait à lui seul une analyse approfondie. Non seulement il utilise un langage ordurier qui rappelle… celui de l’extrême droite des années 1930, avec des formules qui confinent à l’appel au meurtre, mais on y trouve des choses curieuses. Ainsi, on y trouve les formules suivantes: “C’est tous des francs-maçons” et “espèce de franc-maçon, tu te nourris du sang qu’tu consommes”. Là encore, il n’est pas inutile de rappeler que les attaques contre la franc-maçonnerie font partie du vocabulaire de l’extrême droite vichyssoise. Et finalement, on trouve dans ce texte des références complotistes (“font du mal à nos enfants, ils veulent nous injecter une puce dans l’sang”), et quelques vers qui rappellent étrangement le discours de la droite bourgeoise (“L’État nous fait les poches, prend le fric”). Si c’est ça la référence culturelle du NFP…

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

50 réponses à On prend les mêmes…

  1. François dit :

    Bonsoir Descartes,
    À partir d’un moment, franchement, pourquoi une telle hystérie contre un banal parti de centre droit, qui a mis énormément d’eau dans son vin programmatique ? Qu’est-ce qu’ils craignent ? Que le ciel leur tombe sur la tête ?

    • Descartes dit :

      @ François

      [À partir d’un moment, franchement, pourquoi une telle hystérie contre un banal parti de centre droit, qui a mis énormément d’eau dans son vin programmatique ? Qu’est-ce qu’ils craignent ? Que le ciel leur tombe sur la tête ?]

      Que craignent-ils ? Je vais me répéter, mais tant pis: tout parti est otage de son électorat. Pendant de longues années, le patronat a soutenu en sous main l’extrême droite. Pour Mitterrand, rien de gênant à donner un coup de main à Jean-Marie Le Pen pour embêter la droite – et quelques socialistes ou ex-socialistes qui aujourd’hui poussent des cris d’orfraie avaient été beaucoup moins gênés l’époque. Mais un jour, le RN a commencé a draguer, avec succès, l’électorat populaire. Et depuis, rien ne va plus. Parce que dès lors que le RN dépend de l’électorat populaire, il sera obligé, nolens volens, à en tenir compte le jour où il arrivera au gouvernement, sous peine de voir sa base le déserter.

      A cette réaction de classe, s’ajoute un réflexe boutiquier. Pour faire court, les “partis de gouvernement” se partagent depuis quarante ans le pouvoir, et leurs cadres se partagent les postes dans le cadre des alternances. Le RN risque de perturber cette mécanique bien huilée…

    • François dit :

      @Descartes
      Que certains (politicards, cultureux, etc) craignent à juste titre de perdre leurs rentes est une chose. Mais pour les autres, concrètement, c’est quoi qu’ils ont à craindre de l’arrivée au pouvoir d’un banal parti de centre droit ?

      • Descartes dit :

        @ François

        [Mais pour les autres, concrètement, c’est quoi qu’ils ont à craindre de l’arrivée au pouvoir d’un banal parti de centre droit ?]

        D’un banal parti de centre droit dont le pouvoir dépend de l’électorat populaire ? Ils ont beaucoup à craindre. Parce qu’un parti qui dépend d’un électorat ne peut se permettre de l’affronter. C’était déjà le cas du gaullisme, qui avait une base populaire loin d’être négligeable. Cela lui valait la méfiance du patronat, qui était bien plus à l’aise avec les centristes…

      • François dit :

        @Descartes
        [D’un banal parti de centre droit dont le pouvoir dépend de l’électorat populaire ?]
        Si l’on regarde spatialement et temporellement, oui, le RN a le programme d’un banal parti de centre droit.
        Donc encore une fois,.concrètement, pour les autres il y a quoi à craindre ?

        • Descartes dit :

          @ François

          [Si l’on regarde spatialement et temporellement, oui, le RN a le programme d’un banal parti de centre droit.]

          Ne me dites pas que vous croyez aux programmes électoraux… mon expérience est qu’une fois au pouvoir, les partis tendent à répondre à leur électorat plutôt qu’à suivre leur programme. Par ailleurs, difficile de parler de “parti de centre droit” pour un parti qui propose un programme clairement keynésien.

          [Donc encore une fois, concrètement, pour les autres il y a quoi à craindre ?]

          Son électorat…

          • François dit :

            @Descartes
            [Ne me dites pas que vous croyez aux programmes électoraux…]
            Politiques mises en œuvres si vous préférez. Ordre, fierté nationale, baisse de la fiscalité, conservatisme des mœurs léger, « valorisation du travail », bref, rien de vraiment « extrémiste ».
             
            [[Donc encore une fois, concrètement, pour les autres il y a quoi à craindre ?]
            Son électorat…]
            C’est tout ?
             

            • Descartes dit :

              @ François

              [Politiques mises en œuvres si vous préférez. Ordre, fierté nationale, baisse de la fiscalité, conservatisme des mœurs léger, « valorisation du travail », bref, rien de vraiment « extrémiste ».]

              Baisse de la fiscalité ? Où avez-vous vu ça ? Le RN a promis de baisser la TVA sur certains produits, certes. Mais lorsqu’on baisse un impôt, il faut bien en augmenter un autre… ou alors il faut baisser les prestations. Seulement, on ne pourra pas baisser celles qui concernent les couches populaires, parce que ce sont les électeurs sur lesquels le RN compte pour 2027. Alors…

              Par ailleurs, ne ne vois pas quel parti de “centre droit” défend aujourd’hui la valorisation du travail et la fierté nationale. Faudra me le présenter…

              [“”Donc encore une fois, concrètement, pour les autres il y a quoi à craindre ?”” “Son électorat…” C’est tout ?]

              C’est déjà énorme… dis moi qui t’élit, et je te dirai quelle politique tu mettras en oeuvre !

            • François dit :

              @Descartes
              [ou alors il faut baisser les prestations.]
              Ben justement, ils ont l’intention de couper les vivres à tout un tas de parasites nuisibles (cultureux, lumpenprolétaires du tiers monde).
              Sans oublier que faire sauter des normes débiles aura pour résultat de stimuler l’activité (industrielle en particulier), donc augmenter les recettes fiscales.
               
              [Par ailleurs, ne ne vois pas quel parti de “centre droit” défend aujourd’hui la valorisation du travail et la fierté nationale. Faudra me le présenter…]
              Vous m’avez mal lu. Je disais quand on regarde spatialement et temporellement, le programme du RN n’a rien d’extraordinaire (Parti Libéral Australien spatialement, Parti Radical (de l’entre deux guerres) temporellement). Pour l’écrasante majorité des démocraties qui ont existé, qui existent, ou qui existeront, le projet politique du RN est banal.
               
              [C’est déjà énorme… dis moi qui t’élit, et je te dirai quelle politique tu mettras en oeuvre !]
              Et encore (une put… de) fois, (et en admettant que votre hypothèse soit la bonne) qu’est-ce qu’il y a CONCRÈTEMENT à craindre ?
              Parce-que depuis que l’on échange dessus, j’ai l’impression d’avoir à faire à une menace fantôme. Le RN servirait les intérêts des classes inférieures autochtones, donc il nuirait forcément aux intérêts des classes supérieures (symptomatique d’une vision pour lesquelles les politiques économiques sont un jeu à somme nulle). Quant aux caractéristiques de cette nuisance, on n’en saura jamais rien.
              C’est que j’en connais des droitards (et des moins droitards) près de leurs sous, et ils n’ont pas particulièrement l’air d’être effrayés d’une arrivée du RN au pouvoir (d’ailleurs, même les CSP+ votent de plus en plus pour RN), bien moins que celle du NFP.
              Sont-ils complètement cons, complètement dépourvu de rationalité pour effectuer des choix afin de maximiser leurs intérêts personnels ?

            • Descartes dit :

              @ François

              [Ben justement, ils ont l’intention de couper les vivres à tout un tas de parasites nuisibles (cultureux, lumpenprolétaires du tiers monde).]

              Et vous vous étonnez que les « parasites » en question s’inquiètent ?

              [Vous m’avez mal lu. Je disais quand on regarde spatialement et temporellement, le programme du RN n’a rien d’extraordinaire (Parti Libéral Australien spatialement, Parti Radical (de l’entre deux guerres) temporellement).]

              La retraite à 60 ferait partie à votre avis du programme du PLA ou du PR ?

              [Pour l’écrasante majorité des démocraties qui ont existé, qui existent, ou qui existeront, le projet politique du RN est banal.]

              [« C’est déjà énorme… dis moi qui t’élit, et je te dirai quelle politique tu mettras en oeuvre !]
              Et encore (une put… de) fois, (et en admettant que votre hypothèse soit la bonne) qu’est-ce qu’il y a CONCRÈTEMENT à craindre ? » Une politique protectionniste, une sortie du marché européen de l’énergie, une fiscalité plus lourde sur les classes intermédiaires, plus de difficultés à exploiter une main d’œuvre bon marché grâce à l’immigration…

              [Parce-que depuis que l’on échange dessus, j’ai l’impression d’avoir à faire à une menace fantôme. Le RN servirait les intérêts des classes inférieures autochtones, donc il nuirait forcément aux intérêts des classes supérieures (symptomatique d’une vision pour lesquelles les politiques économiques sont un jeu à somme nulle).]

              Les politiques économiques ne sont pas, je suis d’accord avec vous, un « jeu à somme nulle ». Une politique économique peut augmenter la taille du gâteau. C’est la politique de répartition de ce gâteau qui est un « jeu à somme nulle ». Quelque soit la taille du gâteau, donner une part plus importante aux uns implique donner une part plus faible aux autres. Et si cela est vrai en termes relatifs, dans un contexte de croissance faible cela est vrai aussi en termes absolus.

              Je livre un élément supplémentaire à votre sagacité. Si, comme vous le dites, il s’agit d’une « menace fantôme », pourquoi à votre avis les classes intermédiaires, aussi divisées sur beaucoup de points, se retrouvent comme un seul homme pour barrer la route au RN, et cela depuis une vingtaine d’années…

              [Quant aux caractéristiques de cette nuisance, on n’en saura jamais rien.]

              Vous avez la boule de cristal ?

              L’avenir le dira. Il y a une bonne chance qu’une fois au pouvoir, le RN devienne un parti comme les autres, et trahisse son électorat. A mon sens, cela provoquerait une radicalisation encore plus forte de celui-ci, avec le risque que cela implique en termes de paix civile. Il y a aussi une possibilité que le RN essaye de naviguer intelligemment entre ses différents électorats, qu’il fasse une politique dans laquelle tout le monde se retrouve – ou au moins, que tout le monde y retrouve quelque chose.

  2. Kaiser Hans dit :

    Moi c qui m’a effaré c’est que ce n’était même pas négocié et que clairement du côté LFI on sent de la haine uniquement empêchée de devenir violence par l’absence de courage de ceux qui l’expriment

    • Descartes dit :

      @ Kaiser Hans

      [Moi c qui m’a effaré c’est que ce n’était même pas négocié et que clairement du côté LFI on sent de la haine uniquement empêchée de devenir violence par l’absence de courage de ceux qui l’expriment]

      Chez LFI on sent surtout le flottement. Et c’est logique, parce que l’infaillibilité du gourou, qui a été jusqu’ici le ciment du mouvement, est sérieusement remise en cause. Et du coup, chacun voit une opportunité de tirer son épingle du jeu. La vindicte avec laquelle l’équipe en place (Bompard, Panot, Chikirou) poursuit les “reprouvés” (Simmonet, Corbières, Garrido, Davi), qui du coup sont soutenus par les “insoumis” marginaux comme Autain ou Ruffin, donne une idée des tensions. Bompard en particulier se voit calife à la place du calife, ayant réussi à éliminer l’héritier naturel, Quatennens, sans se salir les mains. Panot aussi se sent pousser des ailes…

  3. Bruno dit :

    [Cette unanimité ne se comprend qu’en analysant cette élection comme une confrontation de classe. Les dirigeants macroniens, communistes, socialistes, centristes et écologistes ont des discours différents, mais en gros ils représentent les intérêts des mêmes couches, c’est-à-dire le bloc dominant constitué par la bourgeoisie et les classes intermédiaires.]
    Vous ne citez pas la droite. Est-ce un oubli ou considérez que son électorat diffère de celui de la « gauche » ?

    [Et dans ce but, le Parti socialiste nouvellement créé a donné un coup de barre à gauche, épousant des revendications qui auraient terrorisé les classes intermédiaires et les vieux barons de la SFIO… s’ils y avaient cru. . Aujourd’hui, rien de tel.]
    La nouvelle NUPES utilise les mêmes hameçons grossiers, comme avec la hausse drastique du SMIC et la réduction du temps de travail.

    [Pour ceux qui lisent « Le Monde » ou « Libération », la constatation est évidente : chaque jour et depuis une semaine, on publie deux ou trois tribunes qui nous apprennent que les femmes, les historiens, les juristes, les économistes, les militants LGBT, les hauts fonctionnaires, les enseignants, les culs de jatte et les ratons laveurs s’inquiètent de l’arrivée au pouvoir du Rassemblement national.]
    Pour tout ce « beau monde » ce n’est guère étonnant, c’est plus du côté des syndicats, notamment de ceux qui ont une tradition ouvrière, que je ne comprends pas…

    [Nos classes intermédiaires ne se rendent tout simplement pas compte que si le Rassemblement national gagne des voix à chaque élection depuis vingt ans, ce n’est pas parce que les Français – surtout ceux des classes populaires – sont subitement devenus racistes ou xénophobes.]
    Si on ne pouvait pas critiquer le RN pour ses origines, je veux dire par là, s’il était issu d’un mouvement plus modéré qui s’était « radicalisé », quels arguments utiliseraient les gens de bien pour le repousser ? Le PCF était le parti de l’étranger et celui du goulag…

    [L’analyse la plus lucide est, comme souvent, celle d’Henri Guaino, pour qui un échec du RN – soit qu’il soit empêché de gouverner, soit que son gouvernement conduise à l’échec – ne peut que pousser les couches populaires vers une radicalisation encore plus grande, qui pourrait les conduire à contester les institutions elles-mêmes.]
    Intéressant que vous citiez Guaino. De source sûre dans les milieux de « droite », il a d’ores et déjà été approché par le RN. Il aurait le profil, politiquement, pour un gouvernement d’union LR-RN, si tant est que celui-ci soit envisageable… Après, stratégiquement, s’il est minoritaire, le RN a-t-il intérêt à se compromettre dans un gouvernement dont il ne tiendrait pas les rênes ? C’est discutable. Le tragique de notre situation c’est que tous les camps semblent jouer le coup d’après. Personne ne voudra se griller auprès du PR et réduire ses chances pour la prochaine présidentielle, qui pourrait arriver avant 2027… La réforme de la Constitution de 2008 est une funeste connerie, sur ce plan je rejoins Macron, elle sape l’autorité du PR prématurément en empêchant qu’il puisse se représenter, et, elle octroie des pouvoirs exorbitants au Conseil constitutionnel…

    [Le Conseil constitutionnel peut être un « rempart » contre une majorité politique ou un gouvernement. Mais il est très dangereux – et irréaliste – d’imaginer qu’il pourrait soutenir une vision particulière contre la volonté des Français.]
    Nous y sommes déjà et c’est une part du problème. Je ne sais pas si vous avez lu l’entretien croisé récemment publié dans le Fig entre Gauchet et Montebourg, passionnant.

    [Car il ne faut jamais oublier que les institutions ne tombent pas du ciel, mais sont issues de la souveraineté nationale et ont pour but d’organiser l’exercice de cette dernière. Un système institutionnel qui apparaît comme un moyen de brider la volonté générale plus que de lui permettre de s’épanouir finit toujours par s’effondrer.]
    Pour moi c’est toute l’ambivalence de ce que l’on appelle aujourd’hui abusivement et avec emphase « l’état de droit ». S’il est évidemment indispensable que nous vivions dans un cadre juridique bien défini avec une hiérarchie des normes, il est bon de rappeler que tout cela n’a de sens que s’il se fait en accord avec la volonté générale ; c’est de moins en moins le cas. Exemple type : quand les juges hurlent à la mort en expliquant qu’ils doivent être indépendants, que les critiquer est à la limite de la sédition, et qu’ils incarnent la « démocratie »… De qui se moque-t-on?

    [Or, c’est exactement ce que semblent chercher nos élites : empêcher la volonté populaire de l’emporter en empilant des obstacles institutionnels sur son passage. Les discours sur la « désobéissance » des fonctionnaires, les tentatives de Macron de nommer à la dernière minute à certains emplois des affidés, les désistements contre-nature, donnent une nette impression de poursuivre cet objectif. ]
    Je vous suis sur ce point, même si je mets un bémol sur les « désistements contre-nature ». Certes, ça donne une piètre image de notre système politique, mais dans le fond je m’interroge sur la pertinence d’un système qui permet au 3ème voire au 4ème candidat d’être au second tour… Je sais que le mode de scrutin est éminemment politique et je vois mal le gouvernement favoriser quelque chose qui permettrait au RN de remporter la majorité absolue. Il est intéressant de constater que si nous étions dans un système à l’anglaise, à un seul tour, le RN aurait aujourd’hui une majorité absolue (sauf à ce que LREM et la NUPES aient fait front commun, qui sait…).

    [Et là, qu’est-ce qu’on fait ? Certains commencent à parler d’un « gouvernement pluriel » – ça ne vous rappelle rien ? – qui pourrait s’appuyer sur la bienveillance sinon le soutien d’un arc allant des communistes à LR – et pourquoi pas une partie de LFI. ]
    Je pense qu’en termes de sièges ils vont être un peu court pour gouverner au centre. Aussi, les institutions françaises ne sont pas faites pour un cabinet technique à l’italienne ou une blague au long court comme en Belgique, il va y avoir un sérieux problème… Si on se retrouve dans une situation de blocage institutionnel en fin d’année avec l’impossibilité de voter le budget, que peut faire Macron ?

    [Une telle construction aurait-elle suffisamment de surface politique pour s’attaquer aux véritables problèmes – la dégradation de l’école, la désindustrialisation, la panne de l’assimilation, les déséquilibres économiques – et de trouver des solutions susceptibles d’éloigner les couches populaires du Rassemblement national ? Non ? Alors, nous aurons Marine Le Pen à l’Elysée en 2027. Parce que le vent qui gonfle les voiles du Rassemblement national ne va pas disparaître tant que les causes qui le provoquent sont avec nous.]
    Serait-ce une catastrophe ? Le Fig publie ce soir une longue interview de Bardella dans laquelle celui-ci indique que la clé pour notre économie est de relancer la production, mais aussi, et je cite ce qui devrait vous plaire : « Je ne veux pas croire que des serviteurs de l’État occupant d’éminentes fonctions puissent être tentés de contester une politique émanant de la volonté populaire. Car mon action sera légitimée par le vote du peuple français ! Dans la période que nous vivons, je rappelle qu’en démocratie la Cour suprême, c’est le peuple. L’esprit des institutions, qui était cher au général de Gaulle, m’est aussi très cher, de même qu’à des millions de Français. J’ai toute confiance dans les services de l’État, dans les hauts fonctionnaires, pour assurer le bon fonctionnement de l’alternance, y compris dans ses aspects les plus programmatiques. Par ailleurs, j’entends restaurer l’État autour de deux grandes réformes : le rétablissement des corps préfectoral et diplomatique, supprimés par Emmanuel Macron. »

    [Or, mieux vaut un gouvernement d’extrême droite encadré par des institutions fortes capables de limiter ses excès, que l’arrivée au pouvoir d’une extrême droite radicalisée dans un cadre institutionnel affaibli. .]
     Les institutions, par la pratique et par le dévoiement de leur esprit, n’ont-elles pas été affaiblies au point qu’il serait bon d’en changer ? Je dis ça sans provocation ni en songeant aux fariboles de la « VI ème république ». Pensez-vous qu’un cadre institutionnel nouveau serait possible et souhaitable, notamment dans la mesure où il assurerait au peuple une place plus importante. Aujourd’hui, vous le dites vous-même, les obstacles sont si nombreux…
    L’arrivée prochaine du RN au pouvoir et son échec, imaginons par des censures à gogo du Conseil constitutionnel, ou encore par l’entrave de l’UE, ou encore des classes intermédiaires, aurait un mérite, celui de montrer que le souverain, le peuple, est nu et que depuis longtemps ce n’est pas lui qui a voix au chapitre dans le cirque et que tout ceci, le jeu démocratique, n’est qu’une fiction… Qu’en ressortirait-il ? On y va lentement, mais sûrement.

    • Descartes dit :

      @ Bruno

      [« Cette unanimité ne se comprend qu’en analysant cette élection comme une confrontation de classe. Les dirigeants macroniens, communistes, socialistes, centristes et écologistes ont des discours différents, mais en gros ils représentent les intérêts des mêmes couches, c’est-à-dire le bloc dominant constitué par la bourgeoisie et les classes intermédiaires. » Vous ne citez pas la droite. Est-ce un oubli ou considérez que son électorat diffère de celui de la « gauche » ?]

      Ce n’est pas un oubli. Simplement, je dois constater que « l’unanimité » qui préside au discours de la gauche et du centre ne se retrouve pas à droite. LR n’a pas donné de consigne de désistement général, et laisse ses candidats se déterminer en fonction des configurations locales. Ce qui revient au fond à dire que tous les candidats RN, que tous les candidats NFP ne se valent pas, et que selon les cas on peut soutenir l’un, l’autre, ou refuser de s’effacer.

      Pour ce qui concerne l’électorat, oui, l’électorat de la droite est plus homogène, plus « bourgeois » que celui de la gauche. La droite classique est moins dépendante de l’électorat des classes intermédiaires. On l’a bien vu pendant la présidence de Sarkozy…

      [« Et dans ce but, le Parti socialiste nouvellement créé a donné un coup de barre à gauche, épousant des revendications qui auraient terrorisé les classes intermédiaires et les vieux barons de la SFIO… s’ils y avaient cru. . Aujourd’hui, rien de tel. » La nouvelle NUPES utilise les mêmes hameçons grossiers, comme avec la hausse drastique du SMIC et la réduction du temps de travail.]

      Ce n’est pas du tout la même chose. Dans les années 1970 le PS parlait « rupture avec le capitalisme ». Aujourd’hui, quelle « rupture » propose le NFP ? Le SMIC à 1600 € ou la semaine de 32 heures (sans perte de salaire, of course) sont des revendications qui peuvent difficilement mobiliser les couches populaires, parce que ces couches sont très conscientes de la situation de leurs employeurs, et de la difficulté dans un contexte de concurrence de mettre en œuvre ce type de mesures sans provoquer une hécatombe de l’emploi.

      [Pour tout ce « beau monde » ce n’est guère étonnant, c’est plus du côté des syndicats, notamment de ceux qui ont une tradition ouvrière, que je ne comprends pas…]

      Il faut connaître le milieu pour comprendre. Il s’agit d’un réflexe quasi-pavlovien. Il faut dire que le RN, même dans son versant social-souverainiste, n’a jamais renié son hostilité envers l’activité syndicale, et d’une manière générale, n’a pas encore fait son aggiornamento pour ce qui concerne les rapports sur le lieu de travail. Le RN reste dans ce domaine dans une vision très individualiste, qui identifie le patron à l’entreprise. A mon sens, c’est la dernière barrière qui empêche le RN de devenir un parti véritablement populaire.

      [« L’analyse la plus lucide est, comme souvent, celle d’Henri Guaino, pour qui un échec du RN – soit qu’il soit empêché de gouverner, soit que son gouvernement conduise à l’échec – ne peut que pousser les couches populaires vers une radicalisation encore plus grande, qui pourrait les conduire à contester les institutions elles-mêmes. » Intéressant que vous citiez Guaino. De source sûre dans les milieux de « droite », il a d’ores et déjà été approché par le RN. Il aurait le profil, politiquement, pour un gouvernement d’union LR-RN, si tant est que celui-ci soit envisageable…]

      Je ne suis pas surpris. Le RN est très conscient de sa faiblesse en termes d’expertise, et du fait que son succès au gouvernement repose en partie sur sa capacité à trouver des experts ailleurs. Ils ont donc approché tout ce que la France compte de hauts fonctionnaires et d’intellectuels connus pour leurs penchants souverainistes. Et l’approche fonctionne souvent parce que si on exclut les questions à forte visibilité (immigration, sécurité) le RN n’a pas vraiment une ligne politique très solide, et peut donc accepter les idées venues d’ailleurs. Mais Guaino n’est pas vraiment un politique, et je pense qu’il aurait tort d’accepter un ministère, par exemple. Il serait bien plus utile dans le rôle de conseiller.

      [Après, stratégiquement, s’il est minoritaire, le RN a-t-il intérêt à se compromettre dans un gouvernement dont il ne tiendrait pas les rênes ?]

      Je doute qu’on puisse « compromettre » un homme comme Guaino. On « compromet » ceux qui sont prêts à renoncer à leurs idées pour avoir des postes. Je vois mal Guaino fermer sa gueule pour conserver une place de ministre. Souvenez-vous qu’il a été viré par Jospin du Commissariat au Plan pour avoir écrit dans un rapport quelque chose qui déplaisait au gouvernement…

      [Le tragique de notre situation c’est que tous les camps semblent jouer le coup d’après. Personne ne voudra se griller auprès du PR et réduire ses chances pour la prochaine présidentielle, qui pourrait arriver avant 2027…]

      Pensez-vous que ce soit là une considération importante pour nos politiques ? Personnellement, je ne le crois pas. J’ai l’impression que l’horizon est tellement bouché que personne n’est prêt au contraire à faire un investissement à long terme. Chacun est plutôt dans l’immédiateté – et dans la lutte pour sauver sa peau.

      [La réforme de la Constitution de 2008 est une funeste connerie, sur ce plan je rejoins Macron, elle sape l’autorité du PR prématurément en empêchant qu’il puisse se représenter, et, elle octroie des pouvoirs exorbitants au Conseil constitutionnel…]

      La plupart des réformes constitutionnelles depuis 1962 ont été plutôt désastreuses, parce qu’elles ont été motivées surtout par l’intention de limiter le choix du peuple. De la « charte de l’environnement » qui se révèle un obstacle majeur à toute politique industrielle, à la parité ou la non-réélection qui limitent le choix du suffrage universel…

      [« Le Conseil constitutionnel peut être un « rempart » contre une majorité politique ou un gouvernement. Mais il est très dangereux – et irréaliste – d’imaginer qu’il pourrait soutenir une vision particulière contre la volonté des Français. » Nous y sommes déjà et c’est une part du problème. Je ne sais pas si vous avez lu l’entretien croisé récemment publié dans le Fig entre Gauchet et Montebourg, passionnant.]

      Non, je n’ai pas eu l’occasion de le lire, j’essaye de le trouver. Mais je ne peux que constater que pour le moment le Conseil constitutionnel a fait preuve d’une très grande prudence.

      [Pour moi c’est toute l’ambivalence de ce que l’on appelle aujourd’hui abusivement et avec emphase « l’état de droit ». S’il est évidemment indispensable que nous vivions dans un cadre juridique bien défini avec une hiérarchie des normes, il est bon de rappeler que tout cela n’a de sens que s’il se fait en accord avec la volonté générale ; c’est de moins en moins le cas. Exemple type : quand les juges hurlent à la mort en expliquant qu’ils doivent être indépendants, que les critiquer est à la limite de la sédition, et qu’ils incarnent la « démocratie »… De qui se moque-t-on ?]

      L’état de droit repose sur un consensus, celui qui dérive du fait que tous les secteurs de la société ont intérêt au maintien de certaines règles. Ainsi, nous acceptons que le parti qui obtient une majorité après une élection conforme aux règles du code électoral peut gouverner. Pendant des années, l’électorat populaire qui votait pour le RN a accepté cette règle, et on n’a pas vu les milices d’extrême droite sortir dans la rue pour contester la légitimité de François Hollande ou d’Emmanuel Macron. Mais si le droit est perçu non pas comme un outil d’équilibrage de la société, mais comme l’instrument d’un groupe social pour empêcher les autres d’accéder au pouvoir, le système entre en crise, et les institutions judiciaires sont remises en cause. Les parlements d’ancien régime ont saboté les réformes fiscales, la Révolution les a dissous, et interdit au juge « de se mêler des matières d’administration ». Aujourd’hui, certains juges suivent le même chemin… Mais comme disait De Gaulle, le peuple français est le juge suprême. C’est la seule corde de rappel qui empêche le juge de se transformer en tyran.

      [Je vous suis sur ce point, même si je mets un bémol sur les « désistements contre-nature ». Certes, ça donne une piètre image de notre système politique, mais dans le fond je m’interroge sur la pertinence d’un système qui permet au 3ème voire au 4ème candidat d’être au second tour…]

      Vous noterez que pour l’élection présidentielle, ce système n’existe pas. On pourrait parfaitement étendre cette logique aux élections législatives.

      [Il est intéressant de constater que si nous étions dans un système à l’anglaise, à un seul tour, le RN aurait aujourd’hui une majorité absolue (sauf à ce que LREM et la NUPES aient fait front commun, qui sait…).]

      La comparaison n’a pas de sens. Le système politique est modelé par le mode de scrutin. Si nous avions un scrutin à l’anglaise, nous aurions un bipartisme à l’anglaise, avec une « droite » qui irait de Bayrou à Bardella, et une « gauche » qui irait de Hollande à Poutou.

      [« Et là, qu’est-ce qu’on fait ? Certains commencent à parler d’un « gouvernement pluriel » – ça ne vous rappelle rien ? – qui pourrait s’appuyer sur la bienveillance sinon le soutien d’un arc allant des communistes à LR – et pourquoi pas une partie de LFI. » Je pense qu’en termes de sièges ils vont être un peu court pour gouverner au centre.]

      Pas sûr, pas sûr…

      [Aussi, les institutions françaises ne sont pas faites pour un cabinet technique à l’italienne ou une blague au long court comme en Belgique, il va y avoir un sérieux problème… Si on se retrouve dans une situation de blocage institutionnel en fin d’année avec l’impossibilité de voter le budget, que peut faire Macron ?]

      Je ne suis pas persuadé qu’un cabinet technique soit hors de question. La situation économique est sérieuse, et il faudra prendre des mesures difficiles sur lesquelles tous les partis de gouvernement sont à peu près d’accord, mais que personne ne veut endosser. Un « technicien » qui viendrait les prendre et qu’on défenestrerait opportunément après, cela pourrait séduire pas mal de monde dans notre marigot politique. Reste à trouver comment vendre ça au peuple… et là, je suis d’accord avec vous, la mentalité française ne s’accommode pas trop de ce genre d’expédients.

      [« Alors, nous aurons Marine Le Pen à l’Elysée en 2027. Parce que le vent qui gonfle les voiles du Rassemblement national ne va pas disparaître tant que les causes qui le provoquent sont avec nous. »
      Serait-ce une catastrophe ? Le Fig publie ce soir une longue interview de Bardella dans laquelle celui-ci indique que la clé pour notre économie est de relancer la production, mais aussi, et je cite ce qui devrait vous plaire : (…)]

      Je ne pense pas que l’arrivée du RN au pouvoir soit une « catastrophe ». Au pire, ils resteront dans la continuité de la politique du chien crevé au fil de l’eau, avec quelques grands moulinets médiatiques pour plaire à leur électorat. Au mieux, ils essayeront de rompre avec les politiques anciennes – pour le mieux ou le moins bien – et cela aura au moins le mérite d’ouvrir un véritable débat. Et, comme vous l’imaginez aisément, le discours de Bardella que vous citez ne peut que me caresser dans le sens du poil… encore faut-il qu’il le mette en œuvre !

      [Les institutions, par la pratique et par le dévoiement de leur esprit, n’ont-elles pas été affaiblies au point qu’il serait bon d’en changer ? Je dis ça sans provocation ni en songeant aux fariboles de la « VI ème république ». Pensez-vous qu’un cadre institutionnel nouveau serait possible et souhaitable, notamment dans la mesure où il assurerait au peuple une place plus importante. Aujourd’hui, vous le dites vous-même, les obstacles sont si nombreux…]

      Il faut distinguer les institutions et leur pratique. Je pense que la logique des institutions de la Vème, c’est-à-dire, le fait de privilégier la capacité d’action par rapport à la représentativité, et le recours au peuple comme arme suprême pour lever les blocages reste pertinente. A la rigueur, on peut revenir sur les modifications qui alourdissent le texte ou qui portent atteinte à cette logique. Par contre, ce qu’il s’agit de changer, c’est la PRATIQUE des institutions… un président désavoué par le peuple doit démissionner. Une loi qui divise profondément le pays doit être soumise à référendum. Le président ne doit pas se mêler de tout, et doit préserver sa fonction. Et ainsi de suite…

      [L’arrivée prochaine du RN au pouvoir et son échec, imaginons par des censures à gogo du Conseil constitutionnel, ou encore par l’entrave de l’UE, ou encore des classes intermédiaires, aurait un mérite, celui de montrer que le souverain, le peuple, est nu et que depuis longtemps ce n’est pas lui qui a voix au chapitre dans le cirque et que tout ceci, le jeu démocratique, n’est qu’une fiction… Qu’en ressortirait-il ? On y va lentement, mais sûrement.]

      C’est ce que je voulais dire quand je disais que l’échec du RN provoquerait une radicalisation encore plus grande de l’électorat. J’ose espérer que les membres du Conseil constitutionnel en sont conscients, et qu’ils feront preuve de prudence. Pour l’UE, c’est moins évident, mais cela aura le mérite de montrer d’où viennent les véritables limitations à l’exercice de la souveraineté. Enfin, je ne parierais pas sur l’intelligence des classes intermédiaires.

      • Bruno dit :

        [Le RN reste dans ce domaine dans une vision très individualiste, qui identifie le patron à l’entreprise. A mon sens, c’est la dernière barrière qui empêche le RN de devenir un parti véritablement populaire.]
        Pourriez-vous étayer ce point ?

        [Je doute qu’on puisse « compromettre » un homme comme Guaino. On « compromet » ceux qui sont prêts à renoncer à leurs idées pour avoir des postes.]
        Je parlais du RN, ne risque-t-il pas de se compromettre s’il accepte Matignon avec une majorité relative et qu’il est tenu par les LR ?

        [Pensez-vous que ce soit là une considération importante pour nos politiques ? Personnellement, je ne le crois pas. J’ai l’impression que l’horizon est tellement bouché que personne n’est prêt au contraire à faire un investissement à long terme. Chacun est plutôt dans l’immédiateté – et dans la lutte pour sauver sa peau. ]
        Je doute que Wauquiez et Hollande tentent de revenir à l’AN pour sauveur leur peau. Le gros des troupes navigue à vue, certes, mais les « cadors » pensent déjà à l’après.

        [Mais si le droit est perçu non pas comme un outil d’équilibrage de la société, mais comme l’instrument d’un groupe social pour empêcher les autres d’accéder au pouvoir, le système entre en crise, et les institutions judiciaires sont remises en cause. ]
        N’est-ce pas Marx qui disait que le droit n’est jamais que l’expression d’un rapport de forces entre classes sociales à un moment donné ?

        • Descartes dit :

          @ Bruno

          [« Le RN reste dans ce domaine dans une vision très individualiste, qui identifie le patron à l’entreprise. A mon sens, c’est la dernière barrière qui empêche le RN de devenir un parti véritablement populaire. » Pourriez-vous étayer ce point ?]

          Bien entendu. Le virage social-souverainiste du RN a changé la vision du mouvement sur beaucoup de points. La vision économique, qui était essentiellement libérale, est devenue protectionniste et souverainiste. Les fonctionnaires, naguère méprisés, sont considérés. Mais il y a un domaine où le RN a très peu changé sa vision, et c’est celui des rapports entre patrons et salariés. En France, l’entreprise est en droit considéré comme une collectivité de travail, dont les intérêts sont distincts des intérêts des dirigeants/actionnaires. Pour le RN, cette distinction n’existe pas : s’attaquer aux intérêts du patron (par exemple, en revendiquant sur les salaires, en formant un syndicat) c’est s’attaquer aux intérêts de l’entreprise. D’où la vision antisyndicale du RN.

          [Je parlais du RN, ne risque-t-il pas de se compromettre s’il accepte Matignon avec une majorité relative et qu’il est tenu par les LR ?]

          Certainement. Quand Bardella dit qu’il n’entrera à Matignon sans une majorité absolue, il a parfaitement raison. Il aurait tort d’accepter de gouverner sans majorité absolue et avec un président malveillant.

          [Je doute que Wauquiez et Hollande tentent de revenir à l’AN pour sauver leur peau. Le gros des troupes navigue à vue, certes, mais les « cadors » pensent déjà à l’après.]

          Mais les cadors sont fort peu nombreux… que pèsent-ils dans l’ensemble ? Ce ne sont pas Wauquiez ou Hollande qui font la stratégie de LR ou du NFP…

          [N’est-ce pas Marx qui disait que le droit n’est jamais que l’expression d’un rapport de forces entre classes sociales à un moment donné ?]

          Oui, mais le mot « expression » nécessite une explication. Le droit est clairement le reflet d’un rapport de forces, mais il est n’est pas la résultante mécanique de celui-ci. Il y a là un principe d’économie : faire jouer le rapport de forces a un coût qui peut être très important. Les classes dominantes acceptent donc d’autolimiter leur puissance en échange de l’acceptation par l’ensemble de la société de certains principes. C’est une logique hobbesienne.

  4. MJJB dit :

    La colère de nos classes dirigeantes est bien compréhensible. Depuis quarante ans, à grands coups de “construction européenne” et de néolibéralisme, ils croyaient en avoir bel et bien fini avec la démocratie. Seule la façade en avait été épargnée (élections, partis politiques, “liberté d’expression” à la “cause toujours”, même si parfois un peu rétrécie au lavage…), afin de faire croire aux gogos qu’ils vivaient dans une vraie cité (et non dans un décor de type “Potemkine”).
     
    Et puis, patatras ! Tout semble remis en cause. “Semble”, car je ne crois pas que le RN cherchera réellement à remettre sérieusement en cause quoi que ce soit d’essentiel qui ait été mis en œuvre dans notre pays depuis quarante ans – si cela devait être le cas, une “révolution de couleur” serait si vite arrivée… Mais faire semblant de vouloir changer les choses, fût-ce d’une manière très limitée, c’est encore trop pour ceux qui nous dirigent.

    • Descartes dit :

      @ MJJB

      [Et puis, patatras ! Tout semble remis en cause. “Semble”, car je ne crois pas que le RN cherchera réellement à remettre sérieusement en cause quoi que ce soit d’essentiel qui ait été mis en œuvre dans notre pays depuis quarante ans – si cela devait être le cas, une “révolution de couleur” serait si vite arrivée… Mais faire semblant de vouloir changer les choses, fût-ce d’une manière très limitée, c’est encore trop pour ceux qui nous dirigent.]

      Je suis moins pessimiste que vous. En bon marxiste, je crois à la dialectique. Le RN, au-delà des intentions ou des volontés de ses dirigeants, va devoir gouverner – s’il gouverne – dans une dialectique avec le pays, et notamment avec son électorat. Pensez-vous que les couches populaires, dont le vote permettra peut-être au RN d’accéder au pouvoir, va se contenter de discours lénifiants et d’un nouveau festival de l’impuissance ? Qu’ayant rejeté la gauche quand celle-ci s’est reconvertie au néolibéralisme, ils vont accepter que le RN leur refasse le coup ? Je ne le crois pas. Le niveau d’exaspération aujourd’hui est tel qu’une trahison serait immédiatement sanctionnée. Et les dirigeants du RN en sont, je le pense, parfaitement conscients. Alors, ils ne feront peut-être pas tout ce qu’il faudrait faire, mais il faudra bien qu’ils fassent une politique bien plus « populaire » que celle d’un Macron ou d’un Hollande.

      • Velgastriel dit :

        Pardonnez moi, mais en vous lisant, je songe immédiatement au cas Meloni : que font ses électeurs à présent qu’elle trahit ses engagements économiques tout en opérant une dérive autoritaire ?

        • Descartes dit :

          @ Velgastriel

          [Pardonnez moi, mais en vous lisant, je songe immédiatement au cas Meloni : que font ses électeurs à présent qu’elle trahit ses engagements économiques tout en opérant une dérive autoritaire ?]

          Je ne connais pas assez la politique italienne pour répondre à votre question. Mais je vois quelques questions à se poser. Le gouvernement Meloni repose sur une coalition entre Forza Italia (le parti de Berlusconi), la Lega (le parti de Salvini) et Fratelli d’Italia (le parti de Meloni). Quelle est la base sociologique de cette coalition ? Quelle est la part de l’électorat ouvrier, des couches populaires, dans cet ensemble ?

          • Rafio dit :

            Une partie de la réponse peut-être dans cet article
            Le temps de la clarification : Chroniques d’une anarchie annoncée – Le Gros Rouge qui Tâche (grosrougequitache.fr)
            “On a donc ici l’exact opposé de la sociologie de l’électorat du RN, et ses deux plus proches cousins en France au niveau de l’électorat seraient bien plutôt E. Zemmour, et E. Macron.
            […]
            Quoiqu’il en soit, l’arrivée du RN au pouvoir ne sera pas semblable à celle de Meloni : car s’il ne s’est rien passé quand cette dernière a abdiqué sur tous ses thèmes, c’est que son électorat avait déjà voté pour être trahi. Ce ne sera pas le cas de celui du RN, beaucoup plus plébéien comme nous l’avons vu.”

          • Velgastriel dit :

            Eh bien, je suis en train de lire le dernier billet de Castelnau, absolument passionnant pour moi. Et j’y ai trouvé un bon début de réponse :
            [Passons maintenant à l’Italie, terre éruptive et d’expérimentations politiques aussi audacieuses que sans lendemain. Le parti de G. Meloni, Fratelli d’Italia, est capital pour notre démonstration, puisqu’il s’agit d’un parti de masse, donc à la sociologie parfaitement significative et analysable, et qui synthétise parfaitement ce que peut être le fascisme européen : profondément européiste et soumis à la commission européenne, totalement atlantiste sur les questions internationales, – notamment le soutien fanatique à l’Ukraine, la haine de la Chine, et l’accord inconditionnel à la politique israélienne –, et totalement hystérique sur les questions d’identité (européenne, chrétienne, familiale, ect37). Or, que dévoile la sociologie de ce parti authentiquement fasciste38 ? Sans surprise, il s’agit d’un électorat complètement bourgeois, dont les scores montent avec la classe sociale : 10 % chez les plus modestes, 36 % chez les classes aisées, et la progression est linéaire chez les catégories intermédiaires. On a donc ici l’exact opposé de la sociologie de l’électorat du RN, et ses deux plus proches cousins en France au niveau de l’électorat seraient bien plutôt E. Zemmour, et E. Macron. On apprend aussi que la plupart de l’électorat de Meloni provient de celui de Berlusconi : on a donc un recyclage classique de l’électorat de droite chez un parti fasciste39. Or, on ne peut ici que penser au fait qu’en France 47 % de l’électorat sarkozyste de 2012 s’est retrouvé chez Macron en 2022. Dernier élément important de la comparaison italienne : autant en France l’électorat ouvrier s’est retrouvé quasiment monopolisé par le RN, ne laissant aux autres que les miettes, autant l’électorat populaire italien est totalement éclaté, ce qui correspond bien avec le schéma des éléments arriérés d’une classe ouvrière atomisée qui se retrouve à voter pour un parti fasciste. Si l’on prend par exemple le vote de la classe ouvrière italienne, on a : 27 % pour les fascistes de Fratelli d’Italia, 20 % pour la Lega d’extrême-droite, 19 % pour le Parti Démocrate de centre-gauche, et 11 % pour le mouvement 5 étoiles attrape-tout. On a donc un vote assez éclaté, loin des 52 % pour le RN aux mêmes élections en France.]
             

            • Descartes dit :

              @ Velgastriel

              [Eh bien, je suis en train de lire le dernier billet de Castelnau, absolument passionnant pour moi.]

              Je ne sais pas à quel billet vous faites allusion. J’aime beaucoup les textes de de Castelnau. Même si je ne suis pas toujours d’accord avec lui, nous partageons une formation commune, celle du PCF, et d’avoir baigné dans cette fraternité communiste. Quant à l’article que vous citez – qui est de Sarkis et Burle, et non de de Castelnau qui se contente de le publier sur son blog – c’est un texte excellent.

      • NG dit :

        “Le niveau d’exaspération aujourd’hui est tel qu’une trahison serait immédiatement sanctionnée.”C’est ce que pensent aussi les deux auteurs de ce texte remarquable quand ils écrivent :”Soit le RN trahira sa base sociale une fois au pouvoir, et appliquera les cures d’austérités européistes avec détermination. Le pays risque alors une explosion sociale sans précédente. […] De cet affrontement, nul ne peut prédire ce qui sortirait, à part une anarchie généralisée.”Source : https://grosrougequitache.fr/le-temps-de-la-clarification-chroniques-dune-anarchie-annoncee/

        • Descartes dit :

          @ NG

          [C’est ce que pensent aussi les deux auteurs de ce texte remarquable quand ils écrivent :”Soit le RN trahira sa base sociale une fois au pouvoir, et appliquera les cures d’austérités européistes avec détermination. Le pays risque alors une explosion sociale sans précédente. […] De cet affrontement, nul ne peut prédire ce qui sortirait, à part une anarchie généralisée.]

          Le texte est, en effet, remarquable. Je ne connais pas le parcours de leurs auteurs, mais ils ont clairement une formation marxiste, avec un certain fumet trotskyste. Mais leur analyse réjoint en grande partie la mienne, notamment dans l’analyse de classe et dans la dialectique entre les partis et leur base sociologique – avec beaucoup de références en plus. Cela étant dit, je ne crois pas à “l’anarchie généralisée” prédite par Sarkis et Burle. Même si l’exaspération monte, tout le monde – y compris les couches populaires – ont trop à perdre dans une guerre civile.

  5. chaty dit :

    “Certains commencent à parler d’un « gouvernement pluriel » – ça ne vous rappelle rien ? – qui pourrait s’appuyer sur la bienveillance sinon le soutien d’un arc allant des communistes à LR – et pourquoi pas une partie de LFI”
     
    Oui en tant qu electeur de second pour faire barrage au banquier de roshield pour  la grosse dinde affublé de sa potiche gominé et leur bande de baltringue de deputé a casquette je vote comme j imagine la majorité de ce pays pour ce …projeeeeeeet !
     
    Ca suffit de se faire emmerder par les minorité quelqu’elles soient.
     
    Un republicain democrate.

  6. Manchego dit :

    # Descartes
    Personnellement je n’ai jamais voté FN ou RN (et même jamais à droite ou au centre pour être franc), et cela n’arrivera jamais. Mais je dois avouer que c’est un blocage mental qui résulte de mon histoire personnelle avec cette famille politique, c’est totalement indépendant de ce qu’ils proposent.
    Toutefois, je suis écoeuré par les manoeuvres que vous dénoncez à juste titre, elles me paraissent pitoyables et minables.
    Si on est républicain on doit accepter le résultat de la démocratie, admettre que le RN est majoritaire et que c’est maintenant à lui de faire ses preuves.

    • Descartes dit :

      @ Manchego

      [Personnellement je n’ai jamais voté FN ou RN (et même jamais à droite ou au centre pour être franc), et cela n’arrivera jamais. Mais je dois avouer que c’est un blocage mental qui résulte de mon histoire personnelle avec cette famille politique, c’est totalement indépendant de ce qu’ils proposent.]

      Loin de moi l’idée de vous juger. Nous sommes, chacun d’entre nous, le produit de notre histoire. Le fantôme de nos ancêtres nous accompagne partout, y compris dans l’isoloir. Après, l’affectif est une chose, le rationnel une autre. On a parfaitement le droit de faire dans l’isoloir un choix affectif, mais je reste persuadé qu’il vaut mieux suivre la raison…

      [Toutefois, je suis écœuré par les manœuvres que vous dénoncez à juste titre, elles me paraissent pitoyables et minables.]

      On verra comment les citoyens jugeront ces manœuvres. Je viens de voir un sondage dans lequel 53% des Français souhaite que le RN ait une majorité (relative ou absolue). Je pense qu’une partie de nos concitoyens qui n’ont pas voté RN au premier tour le feront au second pour éviter le chaos d’une Assemblée qui n’aurait que des majorités de circonstance.

      [Si on est républicain on doit accepter le résultat de la démocratie, admettre que le RN est majoritaire et que c’est maintenant à lui de faire ses preuves.]

      C’est un peu ce que j’ai écrit dans mon article. Je préfère voir le RN arriver au pouvoir alors que les gardes-fous institutionnels sont opérationnels, plutôt que de prendre le risque d’une crise institutionnelle qui verrait le RN arriver au pouvoir avec des institutions faibles. Or, il est clair que si on empêche le RN d’arriver au gouvernement par des magouilles et des manœuvres, et si à la place nous avons un gouvernement résultant d’une alliance de la carpe et du lapin sans projet et sans vision, les institutions en sortiront très affaiblies.

  7. Magpoul dit :

    @Descartes
    Merci pour ce papier !
    Vous aviez soutenu le PCF en 2022 au premier tour pour récompenser les choix audacieux de Fabien Roussel afin de réorienter le discours du parti vers les classes populaires. Après la défaite de Mr. Roussel dans son sa circonscription, je n’ai pas entendu la moindre trace de cette réorientation dans son discours. Le PCF aurait-il finalement abandonné? Je me demande sincèrement si le parti n’aurait pas eu mieux fait de se dissocier du NFP et carrément tenter un immense coup de poker quitte à tout perdre. Je pense que j’aurais d’ailleurs voté pour eux si ils l’avaient fait. Je ne connais pas le futur, mais j’imagine que le groupe communiste, privé de Roussel, sera d’autant plus faible l’assemblée qu’en 2022. Je pense qu’il y avait là une fenêtre pour montrer à l’électorat RN qu’une autre voie serait possible. Pourquoi pas carrément appeler à voter RN? 
    J’en profite pas pour vous demander ce que vous entendez par “couche populaire”. Vous êtes souvent amené à définir les classes intermédiaire mais je n’ai pas souvenir qu’on vous ai demandé ce qu’étaient les couches populaires. Ensuite, comment nous, classes intermédiaires parisiennes, pouvons prétendre connaitre leur vraies attentes au-delà de se fier au programme du RN? Comment “prenez-vous le poul”?

    • Descartes dit :

      @ Magpoul

      [Vous aviez soutenu le PCF en 2022 au premier tour pour récompenser les choix audacieux de Fabien Roussel afin de réorienter le discours du parti vers les classes populaires. Après la défaite de Mr. Roussel dans son sa circonscription, je n’ai pas entendu la moindre trace de cette réorientation dans son discours. Le PCF aurait-il finalement abandonné ?]

      La défaite de Roussel est l’une de ces injustices de l’histoire. Alors qu’il a beaucoup œuvré pour revenir sur les abandons de la période Hue-Buffet-Laurent, alors qu’il a défendu en interne une ligne « ouvriériste », alors qu’il a tout fait pour se démarquer des courants « classes intermédiaires » dominants dans la gauche et puissants au PCF, alors que finalement par son discours il est, parmi les dirigeants de la gauche, le plus proche des couches populaires, il se retrouve battu. Comme quoi, une hirondelle ne fait pas le printemps. Au moins peut-il avoir la satisfaction de ne pas avoir perdu des voix – il fait en pourcentage le même chiffre qu’en 2022, avec une participation très supérieure.

      Je crains malheureusement que sa défaite n’affaiblisse le courant qu’il représente au sein du PCF, et ne permette le retour du gang Buffet-Laurent, toujours en embuscade et qui ont passablement gêné Roussel dans son action.

      [Je me demande sincèrement si le parti n’aurait pas eu mieux fait de se dissocier du NFP et carrément tenter un immense coup de poker quitte à tout perdre. Je pense que j’aurais d’ailleurs voté pour eux s’ils l’avaient fait. Je ne connais pas le futur, mais j’imagine que le groupe communiste, privé de Roussel, sera d’autant plus faible l’assemblée qu’en 2022. Je pense qu’il y avait là une fenêtre pour montrer à l’électorat RN qu’une autre voie serait possible. Pourquoi pas carrément appeler à voter RN ?]

      Vous négligez la rigidité des facteurs culturels. Un tel « pari » ne peut se faire à la dernière minute. Il faut préparer les militants et les électeurs pendant des années pour que, le jour venu, ils ne cèdent pas à leur réflexe pavlovien. Cela fait un demi-siècle qu’à gauche on crie « union, union » à chaque élection. Il faudrait des années pour revenir sur ce conditionnement.

      [J’en profite pas pour vous demander ce que vous entendez par “couche populaire”. Vous êtes souvent amené à définir les classes intermédiaire mais je n’ai pas souvenir qu’on vous ai demandé ce qu’étaient les couches populaires.]

      Ce sont celles qui, obligées de vendre leur force de travail à un prix inférieur à la valeur produite, fournissent aux propriétaires du capital une plusvalue. Cela correspond à peu près à la définition que Marx donne du prolétariat, sauf que le prolétariat au XIXème siècle était massivement ouvrier, alors qu’il inclut aujourd’hui une proportion importante de non-ouvriers.

      [Ensuite, comment nous, classes intermédiaires parisiennes, pouvons prétendre connaitre leur vraies attentes au-delà de se fier au programme du RN ? Comment “prenez-vous le pouls” ?]

      C’est un peu le problème. Il fut un temps où il y avait des lieux de brassage, ou l’ouvrier pouvait discuter avec le professeur, l’ingénieur avec la femme de ménage. C’était le cas par exemple des clubs sportifs : j’ai fait du judo depuis que j’avais 13 ans, dans des clubs locaux et corpos. Et cela m’a permis de rencontrer des gens de toutes origines, de toutes classes. C’était aussi le cas des partis politiques. Du PCF bien entendu, je peux en témoigner, mais aussi dans une moindre mesure des gaullistes, qui avaient une base populaire importante, et des socialistes. Là encore, je peux en témoigner personnellement : au PCF, on rencontrait, on discutait, on travaillait avec des gens totalement différentes de soi. Je faisais habituellement du porte-à-porte dans une cité ouvrière avec un camarade ouvrier et autodidacte, j’ai monté le stand à la Fête de l’Humanité avec un technicien EDF et un enseignant en lycée technique. Et c’était un commis de cuisine qui préparait les crêpes. Et cela permettait d’interminables discussions qui permettaient à chacun de mieux comprendre les autres, de « prendre le pouls », comme vous dites. On pouvait « partir de ce que les gens ont dans la tête » parce qu’on savait ce que les gens avaient dans la tête.

      Aujourd’hui, et je pense que c’est l’implicite dans votre question, c’est beaucoup plus difficile. D’abord, il y a la ségrégation géographique qui fait que lorsque vous fréquentez un club sportif ou une association à Paris, vous y rencontrez souvent des gens qui vous ressemblent. Ensuite, beaucoup de lieux de brassage ont disparu : les partis politiques ne jouent plus du tout ce rôle, leurs effectifs étant beaucoup plus homogènes socialement…

      • Magpoul dit :

        @Descartes

        Je crains malheureusement que sa défaite n’affaiblisse le courant qu’il représente au sein du PCF, et ne permette le retour du gang Buffet-Laurent, toujours en embuscade et qui ont passablement gêné Roussel dans son action.

        J’avoue avoir une certaine sympathie pour lui et j’espère qu’il trouvera une autre voie, comme Ruffin, d’ailleurs. Chez République Souveraine? Qui sait? 

        Vous négligez la rigidité des facteurs culturels. Un tel « pari » ne peut se faire à la dernière minute. Il faut préparer les militants et les électeurs pendant des années pour que, le jour venu, ils ne cèdent pas à leur réflexe pavlovien. Cela fait un demi-siècle qu’à gauche on crie « union, union » à chaque élection. Il faudrait des années pour revenir sur ce conditionnement.

        J’en ai conscience. Il est clair qu’une telle manœuvre serait très mal vécue par les électeurs. Mais, est-ce si mauvais? Pourquoi s’accrocher à cette base si elle est condamnée? Autant s’exposer brutalement sur la scène médiatique en un coup d’éclat et envoyer à l’électorat populaire un signal fort, non? Roussel et le PCF ont-ils vraiment le temps que le RN a pu exploiter pour muter? 

        Ce sont celles qui, obligées de vendre leur force de travail à un prix inférieur à la valeur produite, fournissent aux propriétaires du capital une plusvalue. Cela correspond à peu près à la définition que Marx donne du prolétariat, sauf que le prolétariat au XIXème siècle était massivement ouvrier, alors qu’il inclut aujourd’hui une proportion importante de non-ouvriers.

        Si je comprends, vous n’incluez donc pas les patrons de PME et les artisans “à leurs compte” dans le lot? Je suppose que cet électorat est plus “classe intermédiaire”? 

        Aujourd’hui, et je pense que c’est l’implicite dans votre question, c’est beaucoup plus difficile. D’abord, il y a la ségrégation géographique qui fait que lorsque vous fréquentez un club sportif ou une association à Paris, vous y rencontrez souvent des gens qui vous ressemblent. Ensuite, beaucoup de lieux de brassage ont disparu : les partis politiques ne jouent plus du tout ce rôle, leurs effectifs étant beaucoup plus homogènes socialement…

        Votre récit me laisse rêveur…Je remarque que vous n’avez pas cité le service militaire comme potentiel outil de brassage, est-ce volontaire? Mais ce que vous dites est très vrai. Je me demande comment on pourrait inverser cette tendance, surtout que le mépris de classe est si puissant de nos jours que j’ignore si les classes populaires et les intermédiaires pourraient encore se parler. 

        • Descartes dit :

          @ Magpoul

          [J’avoue avoir une certaine sympathie pour lui et j’espère qu’il trouvera une autre voie, comme Ruffin, d’ailleurs. Chez République Souveraine ? Qui sait ?]

          Difficile de « trouver une autre voie » lorsqu’on n’a ni parti, ni siège…

          [J’en ai conscience. Il est clair qu’une telle manœuvre serait très mal vécue par les électeurs. Mais, est-ce si mauvais ? Pourquoi s’accrocher à cette base si elle est condamnée ?]

          Parce qu’on n’en a pas d’autre. Même si une telle stratégie permettait de conquérir le vote populaire, cela prendrait des années. Regardez le temps qu’il a fallu au RN pour s’implanter.

          [Si je comprends, vous n’incluez donc pas les patrons de PME et les artisans “à leurs compte” dans le lot? Je suppose que cet électorat est plus “classe intermédiaire”?]

          Les patrons de PME sont des bourgeois : ils possèdent le capital, et extraient de la plusvalue. Les artisans « à leur compte » rentabilisent un capital immatériel, ils font partie des classes intermédiaires.

          [Votre récit me laisse rêveur…Je remarque que vous n’avez pas cité le service militaire comme potentiel outil de brassage, est-ce volontaire?]

          Oui. Le service militaire était sans aucun doute un lieu de brassage social. Mais cela n’arrivait qu’une seule fois dans la vie. Il ne permettait pas de « prendre le pouls » des classes populaires en permanence.

          [Mais ce que vous dites est très vrai. Je me demande comment on pourrait inverser cette tendance, surtout que le mépris de classe est si puissant de nos jours que j’ignore si les classes populaires et les intermédiaires pourraient encore se parler.]

          Je ne pense pas que les classes intermédiaires soient INTERESSEES à savoir ce qui se passe en dehors d’elles. Quand on parle du « séparatisme des élites », c’est précisément ce problème qu’on évoque.

      • maleyss dit :

        [Ce sont celles qui, obligées de vendre leur force de travail à un prix inférieur à la valeur produite….]
        J’imagine que c’est le cas de la quasi-totalité des salariés, même ceux du haut de l’échelle ! Je suppose en effet que si une entreprise embauche un salarié, c’est qu’elle espère en obtenir un bénéfice au moins égal au coût de l’embauche, et même si possible supérieur, non ? Votre définition est bizarroïde !

        • Descartes dit :

          @ maleyss

          [J’imagine que c’est le cas de la quasi-totalité des salariés, même ceux du haut de l’échelle ! Je suppose en effet que si une entreprise embauche un salarié, c’est qu’elle espère en obtenir un bénéfice au moins égal au coût de l’embauche, et même si possible supérieur, non ?]

          Oui. Mais un salarié n’apporte pas seulement son travail. Il apporte aussi un “capital immatériel”, fait de compétences professionnelles ou extra-professionnelles, d’insertion dans certains réseaux, etc. Prenons un exemple si vous le voulez bien: une entreprise qui embauche un ancien ministre comme conseiller du président espère-t-elle obtenir un bénéfice sur le produit de son travail, ou plutôt sur le capital que représente son carnet d’adresses ?

          La position particulière des classes intermédiaires tient à ce “capital immatériel”. Même s’il est juridiquement salarié, l’employé des “classes intermédiaires” est plus un associé qu’un véritable salarié. Il apporte un capital, et ce capital lui donne un pouvoir de négociation quant au revenu. Son “salaire” n’est pas seulement le fruit de son travail, c’est aussi le revenu de ce “capital immatériel”.

  8. marc.malesherbes dit :

     
    Il ne faut pas négliger un phénomène économique très important.
    Affaiblie par la mondialisation, la France a de plus en plus de mal à maintenir son niveau économique, et donc de plus en plus de mal a maintenir le niveau de vie des derniers déciles de la population.
    Or en cas de baisse de niveau de vie la démocratie souffre énormément. Les moins bien lotis ne voient pas pourquoi défendre un système qui ne leur apporte plus de bien être. Toute l’histoire montre que dans de telles circonstances les forces hostiles aux pouvoirs en place prennent le dessus.
     
    La montée du RN, de LFI illustrent le phénomène.

    nb : je reste persuadé que Mélenchon a toute ses chances pour 2027. Il a acquis le vote musulman, et il le gardera en 2027 en se faisant doux comme un agneau pour y ajouter la gauche, le centre.
    Que préféreront le pouvoir en place, les médias : Mélenchon ou le RN ? Pour les médias, ce sera Mélenchon, pour le patronat ce sera le RN. Match non écrit d’avance. Intéressant.

    • Descartes dit :

      @ marc.malesherbes

      [Affaiblie par la mondialisation,]

      On commence mal. La France n’est pas « affaiblie par la mondialisation ». Elle est « affaiblie » par les décisions politiques qu’elle a prise pour faire face à la mondialisation. La désindustrialisation, les délocalisations ne sont pas une fatalité, la perte de l’instrument monétaire non plus. Ce sont là des choix politiques. Faire de la « mondialisation » le coupable de tout me paraît une facilité.

      [la France a de plus en plus de mal à maintenir son niveau économique, et donc de plus en plus de mal a maintenir le niveau de vie des derniers déciles de la population.]

      Pourtant, on arrive très bien à maintenir le niveau de vie des déciles moyens. Je me demande bien comment cela se fait… Soyons sérieux : la question n’est pas que la France « aurait du mal » à maintenir le niveau de vie des couches populaires, c’est que les classes dominantes confisquent une part de plus en plus importante du revenu. Ce n’est pas « la France » qui a du mal à maintenir le niveau de vie des plus modestes, ce sont les classes dominantes qui « ont du mal » à partager le revenu…

      [Or en cas de baisse de niveau de vie la démocratie souffre énormément. Les moins bien lotis ne voient pas pourquoi défendre un système qui ne leur apporte plus de bien-être. Toute l’histoire montre que dans de telles circonstances les forces hostiles aux pouvoirs en place prennent le dessus. La montée du RN, de LFI illustrent le phénomène.]

      Je pense que votre raisonnement est par trop manichéen. D’abord, il faudrait définir clairement ce que serait être « hostile aux pouvoirs en place ». Ensuite, on ne voit pas LFI « prendre le dessus », ce serait plutôt le contraire. Mélenchon peut bien faire à titre personnel 20% des voix à la présidentielle, cela ne lui a pas permis d’accéder au deuxième tour, et LFI ne retrouve pas ce résultat dans les autres élections. La dynamique aujourd’hui n’est pas du côté de l’extrême gauche.

      [nb : je reste persuadé que Mélenchon a toute ses chances pour 2027.]

      Toutes les chances de quoi ?

      [Il a acquis le vote musulman, et il le gardera en 2027 en se faisant doux comme un agneau pour y ajouter la gauche, le centre.]

      Je ne sais pas s’il a vraiment acquis « le vote musulman », si tant est que ce vote existe. Quel pourcentage des musulmans français votent pour lui ? Et je vois mal, lorsqu’on regarde l’animosité à son égard des socialistes et des écologistes, comment il arriverait à « ajouter la gauche, le centre ».

      [Que préféreront le pouvoir en place, les médias : Mélenchon ou le RN ? Pour les médias, ce sera Mélenchon, pour le patronat ce sera le RN. Match non écrit d’avance. Intéressant.]

      Si ça continue, Mélenchon risque de ne pas même être candidat.

      • Kaiser Hans dit :

        je me permets respectueusement de ne pas être d’accord avec vous.
        En unifiant les gauches et en forçant les désistements en cas de triangulaires (parfois dans des proportions qualitatives effrayantes ou LFI soutient Borne ou Darmanin, ou Horizon anciens LR soutiennent LFI), Mélenchon a rendu la gauche majoritaire, certes sous l’égide PS mais LFI est parti en prenant en compte les désistements pour avoir plus de sièges que le RN qui en perd par rapport à 2022.
        Sa stratégie avec énormément de doxing (d’où mon mot sur la violence) fonctionne et le replace au centre de la gauche.
        Les deux seuls choses qui peuvent le tuer sont:1 LR se fait exclure du bloc centriste (possible dès le cas deux) et étant obligés à s’allier avec le RN ils dédiabolisent le RN et peuvent un peu rappeler que LFI jouant avec les règles de la constitution pour soutenir Macron ça fait un peu opposition en carton et à long terme ça peut faire mal
        2 Le PS se fait appeler par Macron pour faire partie du bloc central en échange de l’affaiblissement de LFI et  le PS accepte.
         
        Pour le reste si dans l’esprit je suis ultra choqué par ce que je viens de voir (désistements vraiment massifs, avec clairement pour but de bloquer la démocratie) je dois reconnaître que LFI a bien joué le coup.
         
        Pour le RN la bonne nouvelle, c’est que ce n’est pas eux qui géreront les prochaines années difficiles alors que clairement ils n’étaient pas près, les projections mytho de IFOP ont suffi à les enflammer

        • Descartes dit :

          @ Kaiser Hans

          [En unifiant les gauches et en forçant les désistements en cas de triangulaires (parfois dans des proportions qualitatives effrayantes ou LFI soutient Borne ou Darmanin, ou Horizon anciens LR soutiennent LFI), Mélenchon a rendu la gauche majoritaire, certes sous l’égide PS mais LFI est parti en prenant en compte les désistements pour avoir plus de sièges que le RN qui en perd par rapport à 2022.]

          Je n’ai pas bien compris. Le RN a « perdu par rapport à 2022 » ? On doit pas regarder la même élection…

          La gauche est très loin d’être « majoritaire ». Et les désistements réciproques entre le NFP, la droite et les macronistes auront surtout pour effet de permettre aux socialistes, aux centristes et à une partie de la droite de sauver leur peau. Je pense que vous prêtez à Mélenchon une puissance qu’il n’a pas. Le groupe LFI sera probablement le plus important à gauche, mais il sera nettement moins dominant qu’il ne l’était dans l’Assemblée sortante.

          • Kaiser Hans dit :

            “Je n’ai pas bien compris. Le RN a « perdu par rapport à 2022 » ? On doit pas regarder la même élection…”
            en fait les désistements massifs ont fait disparaitre plein de triangulaires dont le RN avait profité en 2022.
             
            Après mon outil de projection a ses failles, mais je me suis vraiment coltiné toutes les circo pour voir comment les voix allaient se reporter et en vrai, le RN a des scores impressionnants mais souvent a des réserves trop faibles si la coalition joue à plein..
            je pourrais vous envoyer les chiffres que j’ai essayé de calculer mais il faut savoir qu’ils sont faillibles certes (comment calculer un report LFI entre ENS et RN, ou LR et RN, unn report LR ou Horizon entre RN et LFI…) mais vraiment je me suis pas contenté d’un modèle…

            • Descartes dit :

              @ Kaiser Hans

              [Après mon outil de projection a ses failles, mais je me suis vraiment coltiné toutes les circo pour voir comment les voix allaient se reporter et en vrai, le RN a des scores impressionnants mais souvent a des réserves trop faibles si la coalition joue à plein…]

              L’union sacrée des élites politiques fera certainement chuter les résultats du RN, mais je doute que cela le place en dessous de sa performance de 2022.

      • cdg dit :

        [Pourtant, on arrive très bien à maintenir le niveau de vie des déciles moyens. Je me demande bien comment cela se fait… ]
        Tres facile a comprendre : eux qui ont vu leur niveau de vie augmenter sont les CSP+ et sont bien moins nombreux. Distribuer 100 a 10 personne fait 10 par personne. si vous distribuez la meme somme a 1000 personne, ca fait plus que 0.1

        [Soyons sérieux : la question n’est pas que la France « aurait du mal » à maintenir le niveau de vie des couches populaires, c’est que les classes dominantes confisquent une part de plus en plus importante du revenu. Ce n’est pas « la France » qui a du mal à maintenir le niveau de vie des plus modestes, ce sont les classes dominantes qui « ont du mal » à partager le revenu…]
        C est pas tout a fait exact. Deja Macron a reussit a maintenir le niveau de vie de son coeur de cible electoral (les retraités). Pour les CSP+, qui ne dependent pas directement des subsides de l etat, c est plus complique. La mondialisation fait que le gros des benefice des entreprises n est pas fait en France. Si demain B Arnault (LVMH) ne vend plus rien en france ca ne change rien pour lui car pour LVMH le marché francais est ultra minoritaire. Pour Total c est encore pire car meme la production n est pas faite en France.
        Pour B Arnault et ses collegues, la fortune est liee a la possession d entreprise multinationale et aux benefice que celles ci font hors de France. Meme au niveau en dessous (disons le cadre superieur d une entreprise ayant son siege en France), ses revenus ont souvent peu de lien avec l activite en france (par ex si vous travaillez chez stellantis, le gros du benefice vient des USA)
        Donc c est difficile de dire a des gens dont le revenu ne depend pas de la France qu ils doivent gagner moins car ils vivent en France (et ils sont pas tous francais, regardez les etats majour des grosses multinationales francaises). Surtout que dans certains cas, ces CSP+ gagnent deja moins en France que dans certains pays (sans aller jusqu aux USA, la comparaison avec la suisse ou meme la RFA est cruelle)

        • Descartes dit :

          @ cdg

          [« Pourtant, on arrive très bien à maintenir le niveau de vie des déciles moyens. Je me demande bien comment cela se fait… » Tres facile a comprendre : eux qui ont vu leur niveau de vie augmenter sont les CSP+ et sont bien moins nombreux.]

          Pardon, mais les « déciles » sont tous de la même taille…

          [« Soyons sérieux : la question n’est pas que la France « aurait du mal » à maintenir le niveau de vie des couches populaires, c’est que les classes dominantes confisquent une part de plus en plus importante du revenu. Ce n’est pas « la France » qui a du mal à maintenir le niveau de vie des plus modestes, ce sont les classes dominantes qui « ont du mal » à partager le revenu… » C’est pas tout à fait exact.]

          Si c’est déjà aux deux tiers exact, c’est déjà pas mal…

          [Déjà Macron a réussi à maintenir le niveau de vie de son cœur de cible électoral (les retraités). Pour les CSP+, qui ne dépendent pas directement des subsides de l’état, c’est plus compliqué. La mondialisation fait que le gros des bénéfices des entreprises n’est pas fait en France.]

          Vous revenez une et autre fois sur cette idée sans jamais la préciser. Prenez une entreprise qui fabriquerait à bas prix des chemisettes en Chine, et les vendrait en France. Où « réalise-t-elle son bénéfice » ? En Chine, où elle bénéficie des salaires misérables, où en France, où elle profite du fort pouvoir d’achat ? Si la France augmente ses taxes, l’entreprise perdra de l’argent. Si le gouvernement chinois crée un salaire minimum, aussi.

          Ou prenons Total. Qui extrait du pétrole au Gabon, le raffine à Dubai, puis vend les produits raffinés en Allemagne. Dans cette chaine, où se « fait » le profit ?

          [Si demain B Arnault (LVMH) ne vend plus rien en france ca ne change rien pour lui car pour LVMH le marché francais est ultra minoritaire. Pour Total c est encore pire car meme la production n est pas faite en France.]

          Vous voyez le problème ? Dans le cas de LVMH, c’est le lieu de vente qui importe, pour Total, c’est le lieu de production… Mais où se fait donc le profit ? Dans la production ou dans la vente ?

          [Pour B Arnault et ses collègues, la fortune est liee a la possession d’entreprise multinationale et aux bénéfice que celles-ci font hors de France.]

          Mais alors, pourquoi ces gens-là militent radicalement pour une réduction de l’impôt sur les bénéfices en France, puisqu’ils n’en font pas ? Je pense que vous êtes victime d’un paradoxe classique : puisque tel pays ne pèse que X% (X étant petit) dans le total, on peut le négliger. Seulement voilà, si TOUS les pays font X%, on peut négliger TOUS les pays, et le total sera alors nul. Si B. Arnault ne vend plus rien en France, il perdra une partie de son bénéfice. Et cette partie n’est en rien négligeable, même si c’est une partie minoritaire du total.

          [Même au niveau en dessous (disons le cadre supérieur d’une entreprise ayant son siège en France), ses revenus ont souvent peu de lien avec l’activité en France (par ex si vous travaillez chez stellantis, le gros du benefice vient des USA)]

          Autrement dit, si les « gros bénéfices » viennent de la vente aux USA d’un véhicule fabriqué en France, on pourrait dire que ses revenus « ont peu de lien avec l’activité en France » ? On revient au même problème. Si le revenu de Stellantis ne vient pas de l’activité en France, pourquoi Stellantis garde une activité en France ? Par masochisme ?

          Votre raisonnement est amusant parce qu’il suppose que les entreprises payent en France des gens qui ne génèrent aucun revenu – puisque vous m’expliquez que le revenu est généré ailleurs. Mais alors, pourquoi on les paye ?

  9. Renard dit :

    Bonjour Descartes,
     
    Vous évoquiez le fait que, selon vous, le RN se retrouve otage de son électorat. Cependant, pour parvenir au pouvoir, ils ont besoin d’alliance, et celle qu’ils ont trouvé ne va pas dans ce sens. J’ai entendu Ciotti le soir du premir tour, et, clairement, il a fait alliance avec le FN de Jean-Marie. Il ne parlait que de matraqage fiscal. Comment défendre les intérêts des classes pomulaires avec de telles alliés.
     
    Ailleurs, vous avez indiqué que si Garrido prétendait ne pas comprendre comment elle pu se faire lâcher c’est que c’était soit une idiote soit ou une hypocrite. Du coup, j’ai l sentiment que Corbière rentre dans la première catégorie. A moins qu’il ne soit un simulateur de génie, il avait réellement l’air complètement assommé…

    • Descartes dit :

      @ Renard

      [Vous évoquiez le fait que, selon vous, le RN se retrouve otage de son électorat. Cependant, pour parvenir au pouvoir, ils ont besoin d’alliance, et celle qu’ils ont trouvé ne va pas dans ce sens. J’ai entendu Ciotti le soir du premier tour, et, clairement, il a fait alliance avec le FN de Jean-Marie. Il ne parlait que de matraquage fiscal. Comment défendre les intérêts des classes populaires avec de telles alliés.]

      Le soir de la victoire de Hollande, je me souviens de Laurent déclarant « enfin une politique de gauche ». On sait ce qui s’en suivit. Ciotti parle à son électorat, et c’est normal. Mais le centre de gravité de l’alliance Ciotti-RN est bien du côté du RN.

      [Ailleurs, vous avez indiqué que si Garrido prétendait ne pas comprendre comment elle pu se faire lâcher c’est que c’était soit une idiote soit ou une hypocrite. Du coup, j’ai le sentiment que Corbière rentre dans la première catégorie. A moins qu’il ne soit un simulateur de génie, il avait réellement l’air complètement assommé…]

      Assommé oui, mais à la différence de Garrido, il n’exprime pas d’étonnement…

      • Kaiser Hans dit :

        Pardon de m’immiscer mais il s’est passé quoi avec Garrido et Corbières (la question est pourquoi on les a virés comme des vieilles chaussettes?)
        lutte de pouvoir ou réelle crasse commise par eux contre mélenchon?

        • Descartes dit :

          @ Kaiser Hans

          [Pardon de m’immiscer mais il s’est passé quoi avec Garrido et Corbières (la question est pourquoi on les a virés comme des vieilles chaussettes?)
          lutte de pouvoir ou réelle crasse commise par eux contre mélenchon?]

          Je donnerais cher pour connaître la réponse à votre question! Si l’on croit Bompard, Garrido et Corbière s’apprêtaient à changer de crémerie. J’avoue que, connaissant personnellement les personnes impliquées, j’ai beaucoup de mal à croire à cette explication. D’autres insinuent que le crime des reprouvés ce fut de ne pas soutenir Quatennens, l’héritier putatif de Mélenchon, lors du scandale qui a fini par l’emporter. Personnellement, je penche pour une explication plus simple. Je pense que Mélenchon est en train de perdre le contrôle sur l’appareil de LFI, et que le groupe Bompard-Panot-Chikirou prépare la succession en éloignant tous les “vieux camarades” de Mélenchon, qui pourraient représenter des concurrents éventuels, de façon à isoler le vieux gourou. Je ne pense d’ailleurs pas que la chute de Quatennens soit un accident. Je suis convaincu que quelqu’un a organisé l’affaire pour liquider un concurrent.

          • P2R dit :

            @ Descartes
             
            J’ai ouï-dire que Corbière et Garrido étaient en désaccord avec la ligne communautariste islamophile de Mélenchon. A vrai dire je ne m’intéresse que peu à ces sinistres querelles, je ne saurais donc juger la pertinence de cette hypothèse.

            • Descartes dit :

              @ P2R

              [J’ai ouï-dire que Corbière et Garrido étaient en désaccord avec la ligne communautariste islamophile de Mélenchon.]

              Possible… mais pourquoi tant de haine ? Tant que Corbière et Garrido étaient en désaccord en petit comité sans jamais rien dire à l’extérieur, tant qu’ils respectaient la discipline imposée par le gourou, ils ne représentaient pas vraiment une menace. A la rigueur, qu’on les exclut de la “coordination” pour leur donner un avertissement, je peux comprendre… mais chercher à les priver de leur mandat – et du coup de leur gagne-pain ? Je pense qu’il faut pour cela bien plus qu’un simple “désaccord”…

              [A vrai dire je ne m’intéresse que peu à ces sinistres querelles,]

              Vous avez tort. Ces “sinistres querelles” permettent souvent de comprendre les rapports de pouvoir bien mieux que les grands conflits…

  10. dédé dit :

    Camarade Descartes une grosse dinde, un descolarisé gominé et un tripoté de canidat-deputé tout juste sortie de groland…Destresse ça va aller La Republique y survivra.

    • Descartes dit :

      @ dedé

      [Camarade Descartes une grosse dinde, un descolarisé gominé et un tripoté de canidat-deputé tout juste sortie de groland…Destresse ça va aller La Republique y survivra.]

      Sauf le respect que je vous dois, je ne vois pas l’intérêt de ce genre de remarque. En quoi cela contribue au débat ? En quoi cela permet de mieux comprendre la situation politique ? Si cela vous soulage de proférer des insultes, c’est votre affaire. Mais sur ce blog, j’essaye de garder un certain niveau dans les échanges. Les prochains commentaires de cette nature iront direct à la poubelle.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *