Et pendant ce temps, à Gaza…

Mes chers lecteurs, je suis obligé de vous l’avouer, j’ai de plus en plus de mal à écrire mes papiers. Non que j’aie moins d’idées, rassurez-vous, j’en ai toujours autant. Mais ce sont de plus en plus des idées noires, et j’ai toujours quelque scrupule à transmettre mon vague à l’âme à mes lecteurs. Comme disent les anglais, il faut rire avec les autres, mais si on veut pleurer, mieux vaut pleurer tout seul.

C’est que le monde, voyez-vous, ne me donne pas beaucoup de sujets de joie. J’aurais par exemple pu écrire un papier humoristique sur l’audition de François Bayrou devant la commission parlementaire sur les violences dans les établissements scolaires. Et puis, je me suis dit, à quoi bon ? Cette audition ne nous a pas appris sur notre premier ministre rien qu’on ne sut déjà. On a pu voir un homme borné, un notable local sans envergure, un personnage incapable de la moindre introspection, de la moindre prise de distance, du moindre doute quant à ses propres choix. Pire : un homme qui, devant une mise en cause, n’a d’autre ressource que de chercher à intimider ses interlocuteurs. Penser qu’aujourd’hui c’est ce genre d’homme qui, en théorie, détermine et conduit la politique de la nation a de quoi déprimer l’optimiste le plus endurci. Et je ne parle même pas d’un président de la République française faisant la « une » des journaux du monde entier pour s’être fait gifler par sa femme à sa descente d’avion lors d’un déplacement international.

Il serait vain d’aller chercher une consolation dans les affaires internationales. Bien entendu, il ne faut pas idéaliser le passé. Le monde post 1945 n’était pas moins brutal que celui dans lequel nous vivons. La guerre froide a vu s’opposer deux blocs, chacun prêt à tout – et je dis bien tout – pour se protéger d’une menace qu’ils considéraient tous deux comme vitale. Mais le profond traumatisme des deux guerres mondiales avait fait naître dans les opinions publiques une exigence d’une autre morale publique. Le « plus jamais ça » a fait de la guerre froide une confrontation éthique autant que militaire, ou chaque bloc, tout en ayant recours aux méthodes les plus brutales, se sentait obligé de maintenir la fiction publique de son adhésion à certaines valeurs. D’un côté comme de l’autre, et sous des formes différentes, on a muselé les opposants, on a emprisonné, on a torturé, on a tué. Mais on ne pouvait pas se permettre de faire apparaître publiquement des actes remettant en cause une forme de morale internationale. Lorsqu’une puissance bombardait, torturait, tuait, il fallait le faire discrètement, ou bien par personne interposée. La théorie de la « plausible deniability » – l’expression apparaît au sein de la CIA dans les années 1950 et sera plus tard utilisée par Henry Kissinger – illustre parfaitement ce point.

Avec la chute du mur, ce système se dérègle. Les principes que le camp occidental proclamait comme sacrés – la souveraineté des nations, l’intangibilité des frontières, l’intégrité des personnes – ont été piétinés publiquement et sans fard. En 1999, plusieurs pays membres de l’OTAN bombardent ouvertement Belgrade, avec le but proclamé de détacher de la Serbie une province historiquement serbe, le Kossovo, et cela en violation flagrante des principes proclamés depuis 1945. En 2001, le « monde libre » regarde sans réagir la création du camp de Guantanamo et les « extraordinary renditions », système dans lequel des personnes sont détenues, emprisonnées, torturées sur simple décision administrative est sans aucune garantie procédurale. En 2003, les troupes américaines envahissent un pays souverain, renversent son gouvernement et établissent un régime proconsulaire, là encore sans se cacher. Aurait-on pu faire pareil dans les années 1960 ?

Et aujourd’hui, on en arrive au pire. Devant nous, à Gaza, a lieu ce qu’il faut bien qualifier, sauf à priver les mots de leur sens, de génocide. Et j’utilise à dessein ce terme qui fait si peur aux politiques, parce que « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». Le génocide est défini à l’article 2 du « traité pour la prévention du crime de génocide » de 1949, dont la France est signataire, de la manière suivante : « l’un quelconque des actes ci-après commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :

a) meurtre de membres du groupe ;

b) atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;

c) soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;

d) mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;

e) transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe. »

A Gaza aucun doute n’est permis, tant en ce qui concerne les actes, que l’intention de ceux qui les ordonnent. Les déclarations publiques des dirigeants israéliens ne laissent aucun doute à ce sujet. « Nous lançons maintenant la Nakba de Gaza », proclame Avi Dichter, ministre de l’agriculture. Le vice-président de la Knesset, Nissim Vaturi, appelle à « effacer la bande de Gaza de la surface de la terre ». L’ancien major général de l’armée israélienne, Giora Eiland, déclare que « L’Etat d’Israël n’a pas d’autre choix que de faire de Gaza un lieu où il sera temporairement, ou pour toujours, impossible de vivre ». Le but, on ne s’en cache pas, est le nettoyage ethnique de la bande de Gaza : « Si nous ne voulons pas que nos petits-enfants et les petits-enfants de nos petits-enfants se battent dans Gaza, nous devons suivre la vision de Trump (…). Nous devons être certains que Gaza est vide des Gazaouis. C’est la seule manière pour que nous ne versions pas notre sang pendant des dizaines d’années. ».

Et quelle est la réaction des « grandes démocraties » ? Que fait cette Union européenne, qu’on nous présente comme une « union des valeurs » ? Du bavardage. Chaque jour, on entend ces rodomontades remplies de mots comme « barbare » et « inacceptable ». Mais dès qu’il s’agit des actes, on ne trouve plus rien. Il n’a pas fallu trois mois après l’invasion de l’Ukraine pour que l’Union européenne prenne des sanctions contre la Russie. Il a fallu dix-neuf mois de bombardements, de destructions, de déplacement de populations à Gaza pour que la Commission décide qu’il serait peut-être opportun d’examiner la possibilité de réviser l’accord d’association avec Israël, examen qui à n’en pas douter prendra des années si tant est qu’il aboutisse à quelque chose d’autre qu’une déclaration indignée et des mesures symboliques. Des sanctions ? Vous n’y pensez pas. Certains gouvernements européens – dont le nôtre, honte à nous – ont même cru nécessaire de rassurer Netanyahu sur le fait que sa mise en examen par la CPI ne l’empêcherait pas de leur rendre visite. Un discours d’autant plus choquant qu’il vient des mêmes quartiers qui ont exigé la mise en accusation de Poutine devant la même Cour.

Si l’on veut comprendre le monde d’aujourd’hui, il faut relire « 1984 » de Georges Orwell. Tout s’y trouve : la surveillance des « télécrans », qui se matérialise dans ces réseaux sociaux à qui nous confions volontairement notre intimité ; cette « novlangue » appauvrie qu’est le « globish », de plus en plus présente dans nos échanges ; la réécriture de l’histoire qui fait d’un Bandera un héros de la liberté et de Staline un complice de Hitler ; l’ensemble euro-atlantique qui ressemble de plus en plus à l’Océania orwellienne ; le néo-puritanisme qui prétend bannir la sensualité de nos vies. L’idée qu’on peut être à la fois une « union des valeurs » et laisser piétiner ces mêmes valeurs sans réagir, n’est-ce pas une version moderne du « deux plus deux peuvent faire cinq » ?

La seule chose qu’Orwell n’ait pas anticipée – et elle n’était pas facile à voir dans le monde de 1949, quand il écrit son roman – c’est que pour imposer cette société, point besoin d’un dictateur. Que les matraques et les exécutions n’étaient nullement nécessaires, du moins pas massivement. Que l’évolution naturelle du capitalisme conduisait, par des voies détournées mais terriblement efficaces, à une société de cette nature. Que l’éclatement de la société sous la pression d’une concurrence exacerbée ne peut conduire qu’à la recherche d’un ennemi extérieur, seul élément capable de rétablir une forme d’unité. Que l’incertitude créée par ce type de société ne peut générer en réaction qu’une demande de surveillance, de contrôle. Que cette concurrence pousse à terme à l’abandon de tout ce qui ne contribue pas directement à la performance immédiate. Pourquoi chercher une expression soignée, une langue riche, alors que six-cents mots suffisent pour négocier un contrat ou répondre à un client ?

Notre indifférence – oui, j’ai bien écrit « indifférence » – à la tragédie qui se joue à Gaza témoigne du fait que le processus initié dans les années 1980 avec la révolution néolibérale est arrivé à son aboutissement. L’idéologie progressiste et généreuse qui, à l’est comme à l’ouest, a structuré le monde de l’après 1945, n’est même plus un souvenir. Mais il serait erroné de croire que nous serions revenus au monde d’avant. Ce fameux « retour aux années 1930 » dont on nous rabat les oreilles est une illusion, tout simplement parce que les rapports de production – et ce sont eux qui déterminent en dernière instance les rapports sociaux – ne sont pas du tout les mêmes. Les années 1930, c’est une bourgeoisie à base nationale puissante, des classes intermédiaires faibles, une classe ouvrière organisée et crainte par les classes dominantes. Un siècle plus tard, nous avons une bourgeoisie internationalisée, des classes intermédiaires puissantes, une classe ouvrière marginalisée. En 1930, les populistes étaient l’instrument de la bourgeoisie pour contrer les partis ouvriers. Aujourd’hui, ils sont au contraire perçus comme l’instrument pour les couches populaires de contester le pouvoir du bloc dominant. On n’est donc pas sur un retour en arrière, mais sur une fuite en avant. Cette fuite en avant fait que des choses qui étaient impensables depuis 1945 deviennent à nouveau concevables. Qui aurait pu prévoir en 1945 que l’Etat construit par les survivants de la Shoah serait, quatre-vingt ans après la libération d’Auschwitz, en train de parquer, de bombarder et d’affamer une population civile en attendant de pouvoir la déporter ailleurs, le tout dans l’indifférence générale ?

Difficile de ne pas évoquer à ce propos le naufrage de la « génération morale », celle qui domine la scène intellectuelle dans les années 1980 et 90. Celle qui, par idéalisme quelquefois, par anticommunisme souvent, a accompagné la révolution néolibérale sans se poser des questions. Et qui, avec les meilleures intentions du monde, a pavé la voie des Talibans en Afghanistan, des mollahs en Iran, des cléricaux en Pologne, des admirateurs de Bandera en Ukraine. Il y a bien entendu ceux qui, comme Bernard-Henri Lévy, nient l’évidence. Il y en a d’autres qui sont plus lucides. J’ai à titre personnel la plus grande estime pour des gens comme Elie Barnavi, par exemple. C’est un homme intelligent, cultivé. Aujourd’hui, il exprime une analyse parfaitement lucide de la dérive de la société israélienne. Le problème, c’est que ces dérives ne sont pas le fruit du hasard. Elles sont aussi la conséquence de l’idéalisme de gens qui, comme Barnavi lui-même, alors qu’il était encore temps et qu’ils en avaient les moyens, se sont contentés de bonnes paroles et n’ont pas agi de manière décisive pour protéger le processus d’Oslo. Et ne parlons même pas d’un Finkielkraut, intellectuel que j’admire par ailleurs, mais qui reste prisonnier d’un réflexe communautaire, ce qui l’empêche de voir ce qu’Israël est devenu en réalité et ce qu’il fait sur le terrain, et qui continue à s’autoconvaincre que les dirigeants israéliens – pourtant élus et réélus démocratiquement – ne représentent pas le pays « profond » et que la dénonciation des crimes contre l’humanité commis à Gaza est une manifestation d’antisémitisme.

Difficile aussi de ne pas évoquer ceux qui, à l’inverse, cherchent à exploiter les réflexes communautaristes. D’un côté, et ce sont les mieux installés, ceux qui cherchent du côté de la « communauté juive » à susciter le réflexe de forteresse assiégée en assimilant toute critique de l’Etat d’Israël à l’antisémitisme. Cette technique n’est pas nouvelle, et a toujours compté avec le soutien actif des officines israéliennes ou tout simplement sionistes, qui y voient leur avantage à l’heure d’obtenir un soutien inconditionnel des juifs de la Diaspora, et susciter des vocations d’émigration vers ce qu’on appelle abusivement la terre promise. Elle repose sur une exploitation habile de la culpabilité européenne après la Shoah, et du traumatisme qu’elle fut pour les juifs d’Europe. De l’autre côté, certains à l’extrême gauche, soutenus avec enthousiasme par les milieux islamistes, essayent d’utiliser les horreurs de Gaza pour capter la « communauté musulmane » par identification, en faisant le parallèle abusif entre la souffrance des gazaouis et leur propre situation en France et en exploitant le victimisme qui en résulte. Ces deux discours, il faut bien le comprendre, se renforcent mutuellement : plus les dirigeants français proclameront leur « soutien indéfectible » aux actions de l’Etat d’Israël, et plus leur action – nécessaire – contre l’islamisme politique apparaîtra comme une forme de bombardement de Gaza en miniature. Et à l’inverse, plus les drapeaux palestiniens seront brandis dans les manifestations où ils n’ont rien à faire ou dans l’enceinte de l’Assemblée, et plus la communauté juive donnera crédit aux discours d’une montée de l’antisémitisme. Les politiciens qui s’engagent dans cette voie – souvent à droite pour capter le « vote juif », plutôt à gauche pour capter le « vote musulman » – nous préparent des lendemains qui pleurent. Ils prennent le risque de faire apparaître un « vote communautaire » qui à terme les asservira eux-mêmes à la dynamique du conflit entre communautés.

Finalement, cher lecteur, j’aurais mieux fait d’écrire un article sur l’audition de Bayrou. Parce que Bayrou, aussi désastreux soit-il, est mortel. Dans quelques années, il aura disparu du paysage et ce sera tant mieux pour nous tous. On peut donc, à ce propos, rester optimiste. Tandis que le génocide qui a lieu aujourd’hui à Gaza sera, lui, une tache indélébile sur notre front à tous.

Descartes

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

14 réponses à Et pendant ce temps, à Gaza…

  1. CVT dit :

    @Descartes,

    [Tandis que le génocide qui a lieu aujourd’hui à Gaza sera, lui, une tache indélébile sur notre front à tous.]

    désolé, mais je ne partage pas du tout ce fardeau, et ce pour deux raisons.
    La première raison se résume à la question suivante: pourquoi ne pas non plus le porter pour les morts du Kivu au Congo-Kinshasa, la guerre la plus meurtrière du XXIè siècle, et dont tout le monde se fout éperdument? Il est probable que c’est parce qu’à l’instar de Benjamin Netanyahou, ce conflit soit à l’instigation de Paul Kagamé, autre homme-lige des Américains et francophobe enragé…
    D’un point de vue personnel, je n’ai ni plus ni moins d’empathie pour les Congolais que pour les Palestiniens…
     
    La deuxième raison, c’est tout bonnement la résignation: le conflit israélo-palestinien dure depuis plus trois-quarts de siècle, et personne n’a vraiment cherché à faire la paix, sauf en 1993 avec le processus d’Oslo. Malheureusement,  ce dernier a été rapidement mis dans le coma avec l’assassinat en novembre 1995 d’Itzak Rabbin par un Juif  (et non un Palestinien) et définitivement liquidé après la mort de Yasser Arafat en 2004 (mort que certains estime éminemment suspecte…).
    Pour filer une métaphore cinématographique, ce conflit, c’est vraiment “Highlander”: il n’en restera qu’un…
     
    La société israélienne ne souhaite pas vraiment la paix, sinon elle n’aurait pas installé à sa tête des impérialistes comme Netanyahou, qui ont fermé toute possibilité de discussion de paix en marginalisant le Fatah et en soufflant dans les voiles du Hamas, qui est sa créature. Et surtout, les Palestiniens ne sont pas non plus des anges, surtout quand on compile toutes les exactions commises par les réfugiés dans les divers pays arabes qui les ont recueillis depuis 80 ans: ils ont une image désastreuse auprès de leurs “frères arabes”… Qui persiste aujourd’hui avec les razzias manifestions pro-palestiniennes qui tiennent du sac des villes occidentales que des protestations pacifiques et non-violentes à la Gandhi…

    • Descartes dit :

      @ CVT

      [désolé, mais je ne partage pas du tout ce fardeau, et ce pour deux raisons.
      La première raison se résume à la question suivante : pourquoi ne pas non plus le porter pour les morts du Kivu au Congo-Kinshasa, la guerre la plus meurtrière du XXIè siècle, et dont tout le monde se fout éperdument ?]

      Parce que, cela ne vous aura pas échappé, l’Union européenne n’a pas conclu un accord d’association avec l’un des belligérants. Parce qu’aucun dirigeant français n’a proclamé son « soutien indéfectible » à l’un ou à l’autre camp. Parce que les armées occidentales ne participent pas à la protection militaire de l’une des parties au conflit et ne fournissent pas armement et assistance a hauteur de plusieurs dizaines de milliards de dollars. Parce que les pays européens ont pris de sanctions et sont intervenus à différents moments pour essayer de faire cesser le conflit.

      Si Israël ne pouvait pas compter sur le « soutien indéfectible » du monde occidental, ses dirigeants seraient obligés à établir avec leurs voisins des rapports moins hostiles, et donc de faire des concessions. Notre soutien et donc instrumental à la tragédie de Gaza, alors qu’il est pour le moins marginal dans le conflit du Kivu. Je sais bien que ce « nous » est un peu abusif, parce que ni vous ni moi à titre personnel n’avons pris la décision de soutenir inconditionnellement Israël. Mais en tant que citoyen, j’assume jusqu’à un certain point les fautes de mon pays.

      [La deuxième raison, c’est tout bonnement la résignation: le conflit israélo-palestinien dure depuis plus trois-quarts de siècle, et personne n’a vraiment cherché à faire la paix, sauf en 1993 avec le processus d’Oslo. Malheureusement, ce dernier a été rapidement mis dans le coma avec l’assassinat en novembre 1995 d’Itzak Rabbin par un Juif (et non un Palestinien) et définitivement liquidé après la mort de Yasser Arafat en 2004 (mort que certains estime éminemment suspecte…).
      Pour filer une métaphore cinématographique, ce conflit, c’est vraiment “Highlander”: il n’en restera qu’un…]

      Mais si « personne n’a vraiment cherché à faire la paix », c’est aussi parce que la logique occidentale a encouragé la partie la plus puissante, c’est-à-dire, les israéliens, à ne faire aucune concession en les assurant d’une aide massive et, surtout, inconditionnelle. Et cette inconditionnalité saute aux yeux aujourd’hui, puisqu’alors même qu’un génocide est commis à Gaza, personne n’ose imaginer une remise en cause de ce soutien.

      [La société israélienne ne souhaite pas vraiment la paix, sinon elle n’aurait pas installé à sa tête des impérialistes comme Netanyahou, qui ont fermé toute possibilité de discussion de paix en marginalisant le Fatah et en soufflant dans les voiles du Hamas, qui est sa créature.]

      La société israélienne est une société très dysfonctionnelle. Un des problèmes est que l’Etat a été fondé sur deux fictions qui aujourd’hui empêchent de comprendre les problèmes, et donc de les traiter. La première est la fiction « d’une terre sans peuple pour un peuple sans terre », qui empêche de comprendre que la construction d’Israël s’est faite sur la négation des droits d’un peuple déjà installé dans la région. La seconde est celle d’un « peuple juif » qui n’a jamais existé. Déjà dans les temps bibliques, les juifs ont été divisés entre eux, et depuis le début de la Diaspora il y a eu une divergence considérable entre les juifs d’Europe occidentale, ceux d’Europe orientale, ceux de l’Afrique du nord, ceux du Levant, sans compter avec les communautés iraniennes ou somaliennes. Remettre tout ce monde ensemble crée des tensions qu’Israël n’arrive à gérer que grâce à l’existence d’un ennemi commun. Faites la paix avec les palestiniens, et vous aurez la guerre civile entre israéliens.

      [Et surtout, les Palestiniens ne sont pas non plus des anges, surtout quand on compile toutes les exactions commises par les réfugiés dans les divers pays arabes qui les ont recueillis depuis 80 ans: ils ont une image désastreuse auprès de leurs “frères arabes”…]

      Oui, mais souvent pour de mauvaises raisons. Par exemple, parce que les palestiniens sont nettement moins pratiquants que leurs « frères arabes », et beaucoup plus modernes en termes politiques, ce qui les a conduit souvent à contester les monarchies théocratiques…

      Cela étant dit, je suis d’accord sur le fait qu’il n’y a pas de saints en politique. Mais les Israéliens, avec la bénédiction des occidentaux – avec de rares et honorables exceptions, dont la France – se sont évertués à affaiblir les mouvements les plus progressistes, les plus laïques, les plus ouverts, pour privilégier les mouvements islamistes et rétrogrades comme le Hamas.

  2. samuel dit :

     [j’ai toujours quelque scrupule à transmettre mon vague à l’âme à mes lecteurs]
     
    Oh non ! Continuez à écrire, même des billets déprimés. Ils ne sont pas si déprimants que cela, car ils sont écrits avec coeur et discernement. A une époque où les textes écrits avec ces qualités sont si rares, c’est vraiment réconfortant de vous lire. 

  3. Sami dit :

    J’ai à peine commencé à lire votre article, et j’ai arrêté pour une urgence : NON, n’arrêtez surtout pas de nous écrire vos analyses, qu’il vente, qu’il pleuve, ou qu’il fasse beau. N’arrêtez pas. Contre vents et marrées !Vous êtes un des rares endroits où on apprend vraiment à mieux comprendre les choses politiques. On peut être d’accord (souvent) ou pas (ça arrive) avec vous, mais toujours, on apprend ! Et ça, ça n’a pas de prix. Dans un monde où le débat politique atteint des fonds abyssaux (terrifiants !), vous n’avez pas le droit d’arrêter, tant que vos doigts peuvent taper sur un clavier. C’est de votre faute : vous nous avez rendu addicts à ces moments d’aération, d’oxygénation, de désintoxication, de saine réflexion… du coup, vous n’avez plus le droit de nous laisser tomber ! Je dirais même plus : c’est quand la tempête rugit, quand le monde avance sur une ligne de crête incroyablement dangereuse (la plus dangereuse depuis la 2eme GM), qu’il faut plus que jamais essayer de comprendre, de s’élever…
    Bon, maintenant que j’ai poussé mon cri, je continue ma lecture…

  4. Gérard Georges dit :

    Bien vu, mais encore un effort.
    Vous n’incluez-pas le tout pour le tout planétaire
    des assesseurs du prophète.

    • Descartes dit :

      @ Gérard Georges

      [Vous n’incluez-pas le tout pour le tout planétaire des assesseurs du prophète.]

      Quel rapport ? A Gaza, un génocide est en cours. Et le monde occidental, qui n’arrête pas de parler de “valeurs”, ne fait rien – quand il ne soutient pas les génocides. C’est là le problème qu’il me semblait important de traiter. Et dans cette question, “le tout planétaire des assesseurs du prophète” n’a guère d’importance.

  5. MJJB dit :

    Merci. C’est pour de tels textes que je lis votre blog avec assiduité…
     
    Après une telle lecture, tout commentaire semble vain et superflu. Je préfère donc changer de sujet. Peut-être est-ce une forme de lâcheté ?…
     
    Que pensez-vous de ceci :
     
    [Jacques Delors, [lors d’une] entrevue avec Craig Stapleton [ambassadeur des Etats-Unis en France de 2005 à 2009] en décembre 2005, [a dit que] “le peuple français est à la fois traumatisé par son rôle réduit dans le monde et arrogant quant à sa vocation et sa capacité uniques à apporter des valeurs positives au monde. La combinaison de ce traumatisme et de cette arrogance, a-t-il dit, est à l’origine d’une schizophrénie toxique. Il a notamment fustigé, en les qualifiant de dangereux, ceux qui “sont tentés d’exalter l’importance de la France sur la scène mondiale”.]
     
    Mais après tout, peut-être y a-t-il un lien (ténu) entre les obscénités de feu M. Delors et la situation à Gaza : toute l’action de nos classes dirigeantes tend (consciemment ou non ; M. Delors relevait de toute évidence de la première catégorie) à dissoudre la France, coûte que coûte, dans un ensemble “euro-atlantique”. Or, en raisons de ses contradictions internes absolument insurmontables, un tel ensemble ne pourra qu’être voué, comme “Océania”, à considérer le reste du monde comme un ennemi, avec lequel les seules relations possibles seront de nature exclusivement guerrières. Et Israël en fait partie, de cet ensemble “euro-atlantique” ; pour reprendre la métaphore de Josep Borrell, il s’agit d’un poste avancé du “jardin” au beau milieu de la “jungle”…

    • Descartes dit :

      @ MJJB

      [Que pensez-vous de ceci : (…)]

      Je pense que les télégrammes en question ne font que confirmer ce qu’on savait déjà. D’abord, il faut être très naïf pour imaginer que les ambassades étrangères ne font pas de politique. Bien entendu, les résultats des élections ne leur sont pas indifférents, et elles cherchent par tous les moyens à leur portée de peser sur les équilibres politiques locaux. Pour cela, tous les moyens sont bons : on peut financer des politiciens « amis », mettre sur la place publique des informations compromettantes obtenues par des moyens que la morale réprouve, et même, cela s’est vu, soudoyer des juges ou des militaires. Et il n’y a là rien de condamnable : après tout, les diplomates sont payés pour servir les intérêts de leur pays. Difficile de leur reprocher de faire exactement cela…

      Il faut être aussi très naïf pour s’imaginer que les politiciens n’essayent pas de profiter de cette situation. La méthode qui consiste à séduire un interlocuteur en lui disant ce qu’il veut entendre n’est pas seulement efficace avec les électeurs, elle marche aussi avec les diplomates étrangers. Il est donc assez logique que les dirigeants politiques français de tous bords aillent chercher le soutien de l’ambassade américaine – ou de n’importe quelle autre – en expliquant que toute leur action sera bien plus favorable aux intérêts de leur interlocuteur que celle de leurs concurrents. Là aussi, on n’est pas obligé de croire à la sincérité de telles déclarations.

      Celle de Delors, par contre, est plus intéressante parce qu’elle est le fait non d’un politicien cherchant des soutiens, mais d’un politicien en fin de carrière qui n’a plus rien à gagner et plus rien à perdre, et qui reflète donc plus probablement sa pensée. Mais là encore, rien de bien nouveau : la volonté de la « deuxième gauche » de diluer la France dans l’Europe est connue au moins depuis la fin des années 1980.

      [Mais après tout, peut-être y a-t-il un lien (ténu) entre les obscénités de feu M. Delors et la situation à Gaza : toute l’action de nos classes dirigeantes tend (consciemment ou non ; M. Delors relevait de toute évidence de la première catégorie) à dissoudre la France, coûte que coûte, dans un ensemble “euro-atlantique”. Or, en raisons de ses contradictions internes absolument insurmontables, un tel ensemble ne pourra qu’être voué, comme “Océania”, à considérer le reste du monde comme un ennemi, avec lequel les seules relations possibles seront de nature exclusivement guerrières.]

      Vous manquez, je pense, le point fondamental de l’argumentation d’Orwell. La question n’est pas que « l’Océania » euro-atlantique soit considéré par le reste du monde comme un ennemi. La question est que l’ensemble en question, de par ses contradictions internes, a BESOIN d’avoir des rapports hostiles avec le reste du monde, parce que seule l’existence d’un ennemi extérieur permet de maintenir son unité et d’obtenir le consentement des populations à leur dépossession. C’est pourquoi les dirigeants européens ont poussé l’Ukraine à la guerre, puis ont utilisé cyniquement le conflit pour « faire avancer la construction européenne ». Exactement comme Big Brother utilise le conflit entre Océania et ses voisins pour justifier son régime.

  6. Paul dit :

    Cher Descartes,
    Merci pour cet article. On se sent moins seul, c’est important même si ça ne rajoute pas à notre pouvoir de changer les choses.
    Est-ce que l’humanité peut supporter longtemps de tels drames, de telles impasses ? 
    Je partage bien de vos références, de Barnavi à Finkielkraut, je constate avec vous le drame de leur impuissance à se décaler d’un destin imaginaire. 
    1984 était une dystopie. Peut-on vraiment penser qu’il n’y aurait pas de limite à l’évolution “naturelle” du capitalisme ? L’humanité ne saurait-elle plus rétablir de la Loi ? J’ose l’espérer, même si je ne sais pas encore comment.

    • Descartes dit :

      @ Paul

      [Est-ce que l’humanité peut supporter longtemps de tels drames, de telles impasses ?]

      Oui, très longtemps. Indéfiniment, en fait. Il suffit de ne pas regarder, ou comme le font certains de nos intellectuels, de nier que cela existe.

      [Je partage bien de vos références, de Barnavi à Finkielkraut, je constate avec vous le drame de leur impuissance à se décaler d’un destin imaginaire.]

      Et ils sont nombreux. Combien de nos intellectuels, combien de nos hommes politiques se sont contentés de répéter « il faut une solution à deux états » alors même que les Israéliens faisaient tout ce qu’il faut pour qu’une telle solution devienne impossible sans que personne ne bouge le petit doigt ?

      [1984 était une dystopie. Peut-on vraiment penser qu’il n’y aurait pas de limite à l’évolution “naturelle” du capitalisme ?]

      Non, si l’on croit Marx. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on ne voit pas cette limite à l’horizon. Est-ce un effet de notre propre myopie, ou est-ce parce qu’elle est encore très loin ? Très difficile à dire…

  7. Bob dit :

    @ Descartes
     
    [Dans quelques années, il aura disparu du paysage et ce sera tant mieux pour nous tous.]
     
    Bayrou, tout comme Macron. Car si les deux sont médiocres, le 2e aura fait beaucoup plus de mal à notre pays.
     
    [Qui aurait pu prévoir en 1945 que l’Etat construit par les survivants de la Shoah serait, quatre-vingt ans après la libération d’Auschwitz, en train de parquer, de bombarder et d’affamer une population civile en attendant de pouvoir la déporter ailleurs, le tout dans l’indifférence générale ?]
     
    Vertigineux en effet.
     
    [Tandis que le génocide qui a lieu aujourd’hui à Gaza sera, lui, une tache indélébile sur notre front à tous.]
     
    Dans une certaine mesure, oui. Je ferais cependant une distinction entre les Etats-Unis qui arment, et continuent à le faire malgré le génocide indéniable, Israël depuis toujours, et le reste du monde “occidental”, condamnable pour inaction et pour sa lâcheté. Sans le soutien américain, il y a belle lurette que l’action destructrice d’Israël aurait été limitée, voire annihilée.
     
    L’ONU dans tout cela ? Son impuissance montre sa totale inutilité.

    • Descartes dit :

      @ Bob

      [Bayrou, tout comme Macron. Car si les deux sont médiocres, le 2e aura fait beaucoup plus de mal à notre pays.]

      Oui, mais il ne faudrait pas exagérer : Macron n’est pas tombé du ciel pour changer radicalement les politiques mises en œuvre. Il se place dans la continuité de François Hollande, et plus généralement, des gouvernements – et tout particulièrement des gouvernements socialistes – qui se sont succédés depuis les années 1970. En fait, Macron n’a pas inventé grande chose : il s’est contenté de continuer ce que ses prédécesseurs avaient commencé, dans un contexte qui lui permettait de faire ce que ses prédécesseurs avaient rêvé, mais n’avaient pas pu mettre en œuvre.

      [« Tandis que le génocide qui a lieu aujourd’hui à Gaza sera, lui, une tache indélébile sur notre front à tous. » Dans une certaine mesure, oui. Je ferais cependant une distinction entre les Etats-Unis qui arment, et continuent à le faire malgré le génocide indéniable, Israël depuis toujours, et le reste du monde “occidental”, condamnable pour inaction et pour sa lâcheté. Sans le soutien américain, il y a belle lurette que l’action destructrice d’Israël aurait été limitée, voire annihilée.]

      Vous vous souvenez de ce texte « complice est pire qu’auteur, parce que l’auteur a eu au moins le courage de le faire… »

      [L’ONU dans tout cela ? Son impuissance montre sa totale inutilité.]

      Je ne suis pas d’accord. On ne peut pas jeter un tournevis au motif qu’il ne fait pas le travail d’une pince. L’ONU n’a pas et ne peut pas avoir le pouvoir d’arrêter ou d’empêcher les conflits, surtout lorsque le conflit engage l’une des grandes puissances. Ses fondateurs l’avaient d’ailleurs très bien compris, et c’est pourquoi les puissances ont, au Conseil de sécurité, un droit de véto qui matérialise une réalité pragmatique : une résolution qui ne compte pas avec le soutien unanime des grandes puissances n’a aucune chance d’être mise en œuvre sur le terrain.

      L’ONU est un forum d’échanges entre états, une institution qui, à travers ses agences, peut aider à réduire les conséquences d’un conflit ou soutenir les efforts des parties pour y mettre fin. Mais c’est tout. On ne peut conclure qu’elle est « inutile » parce qu’elle ne peut faire que ce pourquoi elle a été créée.

  8. Carloman dit :

    Bonsoir,
     
    Merci pour cet article. Je pense également que l’histoire sera très sévère avec nous pour n’avoir pas su retenir le bras d’Israël.
     
    Par contre, je me pose une question: que se passe-t-il dans le monde arabo-musulman? On se souvient des grandes manifestations à l’époque des caricatures du prophète. Et là, on a l’impression que les opinions publiques arabes sont un peu moins véhémentes, et on ne parle pas là de dessins blasphématoires réalisés dans un lointain pays occidental, mais de frères massacrés et affamés au Proche-Orient même… C’est tout de même étrange cette apparente apathie.
     
    Les sociétés arabes sont-elles lasses? Nous savons bien que le panarabisme, de tendance laïque et socialisant, est en perte de vitesse, mais on avait l’impression que l’islamisme, particulièrement celui des Frères musulmans, avait pris le relais en terme d’idéologie “transnationale” susceptible de constituer un ciment pour le monde arabo-musulman.
     
    Je pense pour ma part que les relations entre Israël et ses voisins ne sont pas si mauvaises que vous le dites. En fait, j’ai même l’impression que bon nombre de pays arabes sont prêts au “deal” suivant: abandonner les Palestiniens en échange d’une normalisation des relations avec Israël.

    • Descartes dit :

      @ Carloman

      [Par contre, je me pose une question: que se passe-t-il dans le monde arabo-musulman? On se souvient des grandes manifestations à l’époque des caricatures du prophète. Et là, on a l’impression que les opinions publiques arabes sont un peu moins véhémentes, et on ne parle pas là de dessins blasphématoires réalisés dans un lointain pays occidental, mais de frères massacrés et affamés au Proche-Orient même… C’est tout de même étrange cette apparente apathie.]

      Oui et non. D’abord, il ne faut pas oublier que les régimes arabes sont des régimes dictatoriaux, et que la « rue » ne s’exprime de façon visible que lorsque le pouvoir local le permet. Or, les pouvoirs locaux ont compris qu’on prend des risques très importants à affronter Israël, parce que cela amène potentiellement à un conflit avec les Etats-Unis. Avec la fin du monde bipolaire, les marges de manœuvre qui permettaient par exemple aux régimes baasistes de maintenir une position intransigeante vis-à-vis d’Israël n’existent plus. Las Américains exercent une pression énorme sur les régimes arabes pour qu’ils « normalisent » leurs relations avec Israël – voir par exemple les accords d’Abraham – et sanctionnent lourdement ceux qui s’y refusent. On comprend que dans ce contexte les régimes arabes évitent de donner la parole à la rue. Seul l’Iran, pour des raisons historiques, peut se permettre de maintenir une position pro-palestinienne, et encore, avec une certaine prudence. Et là, vous voyez des manifestations de masse comme au bon vieux temps…

      [Les sociétés arabes sont-elles lasses ? Nous savons bien que le panarabisme, de tendance laïque et socialisant, est en perte de vitesse, mais on avait l’impression que l’islamisme, particulièrement celui des Frères musulmans, avait pris le relais en termes d’idéologie “transnationale” susceptible de constituer un ciment pour le monde arabo-musulman.]

      C’est probablement le cas. Mais le panarabisme était, ne l’oubliez pas, une idéologie officielle, soutenue de près ou de loin par beaucoup de dirigeants du monde arabe. L’islamisme, et tout particulièrement celui des Frères Musulmans, est au contraire un mouvement clandestin reprimé dans pratiquement l’ensemble du moyen orient. De là que les expressions publiques que nous pouvons percevoir en occident soient très différentes…

      [Je pense pour ma part que les relations entre Israël et ses voisins ne sont pas si mauvaises que vous le dites. En fait, j’ai même l’impression que bon nombre de pays arabes sont prêts au “deal” suivant: abandonner les Palestiniens en échange d’une normalisation des relations avec Israël.]

      Le « deal » est plutôt l’abandon des palestiniens en échange de l’appui – ou du moins, de la non-hostilité – américaine. Ce qui, vous me l’accorderez, est nettement plus intéressant pour des régimes qui ont des problèmes de stabilité interne et qui ont en mémoire le sort de Saddam Hussein… mais quand je parlais de « voisins », je pensais surtout aux Palestiniens !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *