L’Union européenne, de défaite en défaite…

“Il faut toujours se réserver le droit de rire le lendemain de ses idées de la veille.”
(Napoléon Bonaparte)

Ainsi, comme c’était prévisible, les négociations entre l’Union européenne et les Etats-Unis sur les droits de douane ont abouti à un « accord déséquilibré ». C’est là en tout cas l’expression que la novlangue européenne utilise pour ne pas écrire « on s’est fait avoir » – et si j’écris « avoir », c’est que je ne veux pas utiliser un terme populaire qui pourrait paraître grossier dans un blog de bon niveau.

Aux termes de cet accord, l’ensemble des produits et services européens paieront à leur entrée dans le territoire américain une taxe de 15% de leur valeur – autrement dit, trois quarts de notre TVA – contre 2,4% avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Avec quelques rares dérogations (pièces aéronautiques, matériaux critiques). Sauf l’acier et l’aluminium qui, eux, restent taxés à 50%. L’UE s’engage aussi à acheter aux Américains pour 750 Md$ de « produits énergétiques » – c’est-à-dire, du gaz et du pétrole – et d’investir aux Etats-Unis pour 600 Md$. Les produit et services made in USA, eux, entreront librement et sans rien payer dans le grand marché européen.

Faisons quelques chiffres. Les exportations européennes vers les Etats-Unis représentent quelque 860 Md€ par an. L’accord permet donc au trésor américain d’engranger quelque 130 Md€ par an prélevés sur la richesse européenne, et cela sans compter avec les effets sur la relocalisation des activités économiques et les investissements et achats supplémentaires. Trump, nous disent les médias, est un fou ou un imbécile, il est entouré de bénis oui-oui incompétents, mais le moins qu’on puisse dire est qu’à l’heure de négocier, c’est un maître. Comme n’importe quel diplomate, de Machiavel à Kissinger, vous le dira, l’art de la diplomatie est d’obtenir des résultats sans humilier l’adversaire. Parce qu’un adversaire humilié, c’est un adversaire qui cherchera une revanche. Et Trump l’a bien compris : en annonçant des taxes à 30%, puis en signant à 15%, il a eu ce qu’il voulait sans humilier Von der Leyen et sa bande, qui pourront toujours sauver la face en prétendant avoir évité le pire. Et vous verrez qu’on parlera de cet accord à Bruxelles comme une « victoire européenne ». On commence déjà à entendre nos ministres nous expliquer servilement que cet accord « apportera de la stabilité », qu’il est « préférable à la confrontation » et que notre économie « peut l’absorber ». Tout va très bien donc, madame la marquise. Le diagnostic le plus lucide, c’est celui de Sergueï Lavrov : « (cet accord) mènera à une poursuite de la désindustrialisation de l’Europe, à un mouvement des investissements de l’Europe vers les Etats-Unis et, bien sûr, cela sera un coup très dur ».

A ce propos, il faut noter la dissonance introduite par notre Premier ministre : « C’est un jour sombre que celui où une alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts, se résout à la soumission », écrit-il sur les réseaux sociaux. La formule vaut la peine d’être décortiquée. François Bayrou parle de l’UE comme « d’une alliance de peuples libres ». Exit donc le « peuple européen ». L’UE n’est plus une nation en construction, pas même une fédération. Elle se retrouve ravalée au rang d’une simple « alliance ». Et une « alliance » de peuples qui gardent leur « liberté ». C’est à des formules comme celle-là, sous la plume d’un fédéraste acharné, qu’on perçoit le désarroi de certains eurolâtres devant le monstre qu’ils ont eux-mêmes enfanté. Michel Barnier nous avait déjà donné un exemple lorsqu’il avait contesté publiquement la supériorité du droit européen sur le droit français, principe que les eurolâtres ont toujours défendu bec et ongles puisqu’indispensable à la construction d’une Europe supranationale. François Bayrou enfonce le clou en parlant d’une vague « alliance » qui, à l’entendre, « se résout à la soumission ».

Ce qui peut surprendre, c’est que Bayrou en soit surpris. Parce que cela devient une habitude en Europe de se « résoudre à la soumission ». Ceux qui ont une bonne mémoire se souviendront de la manière dont le dernier sommet de l’OTAN avait été organisé : tout avait été fait pour ne pas déplaire au grand chef à plumes. Y compris la flagornerie abjecte dont Mark Rutte, secrétaire général de l’organisation, avait fait preuve dans un message devenu public. Et ne parlons même pas de la manière dont l’Union européenne a regardé le génocide de Gaza sans rien faire – pas même reconnaître la réalité de ce qui se déroule sous ses yeux. Les « valeurs » dont parle notre Premier ministre sont depuis longtemps enterrées.

En fait, la surprise de François Bayrou est probablement toute tactique. Notre Premier ministre sait que la chasse au PM sera bientôt ouverte, et que dans ces conditions mieux vaut ne pas donner des munitions à ceux qui voudraient le faire chuter – c’est-à-dire, la plupart de ses petits camarades. La saison n’est pas à défendre l’indéfendable. Et tirant le premier sur cet accord, Bayrou s’assure que les balles qui ne manqueront pas de s’abattre sur ce dernier ne lui seront pas destinées. L’ennui, c’est que dans une semaine, quand il faudra voter pour ou contre l’accord à Bruxelles, il faudra peut-être changer la tonique et rentrer dans le rang. Mais comme disait un célèbre politicien anglais, « une semaine, c’est du long terme en politique »…

Bien sûr, passé un moment d’égarement, tous ces gens-là reprendront le poil de la bête. On nous expliquera que si Von der Leyen s’est couchée devant Trump – en tout bien tout honneur, cela va sans dire – c’est parce que « il n’y a pas assez d’Europe ». Que si l’on veut que l’Europe pèse dans le monde, alors il faut transférer encore plus de pouvoirs au niveau européen, réduire encore plus les compétences des états membres, étendre encore plus le marché unique, donner encore plus de pouvoir à la Commission. Bref, pousser encore plus loin les recettes qui nous ont conduit à une situation où le Royaume-Uni tout seul peut négocier en de meilleurs termes que l’Union européenne.

Le problème, et cette affaire le souligne, n’est pas là. Si l’Union européenne ne pèse rien, c’est parce qu’elle n’est pas une nation, mais une « alliance » dont les institutions ne savent qu’une chose, gérer un marché. La négociation sur les droits de douane illustre à la perfection la différence entre une nation comme les Etats-Unis ou la Chine, et une « alliance » comme l’UE. Une nation peut négocier comme un tout, parce qu’elle s’appuie sur une solidarité inconditionnelle et impersonnelle entre ses citoyens. Lorsqu’une nation conclut un accord commercial, il y a toujours des perdants et des gagnants. L’accord avantagera certaines de ses régions, certaines professions, certains groupes, et en désavantagera d’autres. Mais puisqu’il existe une solidarité inconditionnelle, chacun acceptera des transferts internes où les régions, les groupes, les professions avantagées payeront pour aider ceux qui sont lésés. Pour prendre un exemple pratique, si la France signe un accord qui profite à l’industrie et met l’agriculture en difficulté, tout le monde trouvera normal que l’Etat mette en place des aides aux agriculteurs lésés, prélevées sur les avantages dont bénéficiera l’industrie, et cela sans conditions. Dans un ensemble national, ce type de transferts inconditionnels vont de soi, tant pour ceux qui payent que pour ceux qui reçoivent.

Mais l’UE n’est pas une nation. Les citoyens Allemands, tout « européens » qu’ils sont, ne ressentent aucune obligation inconditionnelle envers les Grecs, les Français, les Espagnols ou les Italiens. Alors, si un accord commercial proposé par l’UE avantage l’industrie automobile allemande et menace l’oléiculture grecque, l’oléiculteur du Péloponèse sait que l’industriel de Duisbourg s’opposera résolument à toute tentative de transférer une partie de son avantage, et que « l’Etat européen » n’aura aucun moyen ni aucune envie de l’y obliger. Si quelque chose unifie l’Europe, c’est bien le rejet de « l’Europe des transferts ».  La crise Grecque l’a bien montré : la solidarité européenne, c’est toujours sous conditions.

A l’heure de négocier, la différence est donc patente. Le gouvernement des Etats-Unis ou la Chine négocient comme un bloc pour trouver l’accord qui leur soit le plus favorable globalement, quitte à distribuer ensuite les gains et compenser les pertes à l’intérieur de manière à ce que personne ne soit lésé. Les dirigeants de l’UE négocient en sachant qu’ils ne peuvent compter sur l’unité de leurs mandants, puisque personne n’acceptera un accord qui lui serait défavorable en comptant sur la répartition des gains pour compenser ses pertes. Et si a cela vous ajoutez la pusillanimité des politiciens européens et leur dépendance idéologique aux Etats-Unis, pas étonnant qu’on aboutisse à des « accords déséquilibrés ».

Si l’Europe est sortie de l’histoire, c’est – au risque de me répéter – parce que la construction européenne a émasculé les Etats sans pour autant construire un ensemble national, c’est-à-dire, fondé sur la solidarité inconditionnelle et impersonnelle entre ses membres, plus vaste. On a enlevé aux états les pouvoirs et les compétences non pas pour les subsumer dans un ensemble national plus large, mais pour les confier à un gestionnaire de marché. Conclusion : on a confié le soin de négocier pour nous à un ensemble qui est incapable de créer un rapport de forces. L’UE est une armée dont les différents bataillons ne se sentent nullement solidaires entre eux. Ce n’est pas ainsi qu’on peut gagner une bataille.

Ce problème, on le retrouve à chaque pas. Lorsqu’il s’agit de voter des sanctions contre la Russie, de négocier avec le Mercosur ou d’acheter des armes, chaque état membre, chaque groupe de pression voit midi à sa porte. Et contrairement à ce que prétendent les eurolâtres, ce n’est pas une question d’égoïsme national ou sectoriel, mais une réaction purement rationnelle. Pourquoi irais-je sacrifier mes intérêts à ceux des autres, si je ne peux pas compter sur la réciprocité ? Pourquoi les Grecs seraient solidaires de l’industrie allemande, si lorsqu’ils étaient dans le besoin les allemands ont assorti leur « solidarité » de conditions draconiennes ? Si personne n’est prêt à faire des cadeaux, pourquoi j’en ferais, moi ?

Ce qui fait la force de l’ensemble national, c’est cette solidarité inconditionnelle, qui fait que chaque citoyen a intérêt à maintenir l’unité politique, à contribuer à la prospérité économique, à renforcer la puissance de la nation à laquelle il appartient. Riches et pauvres, sains et malades, jeunes et vieux, tous les citoyens y perdent lorsque la nation s’affaiblit, parce que nous bénéficions tous de la solidarité de nos concitoyens, sans conditions. Et c’est pourquoi la seule voie vers l’Europe puissance, c’est l’Europe des transferts inconditionnels. Sauf que l’acceptation de ces transferts ne va pas de soi. Elle passe par la construction de solidarités inconditionnelles elles aussi, et cette construction nécessite un très long processus historique, un ensemble de batailles gagnées et perdues ensemble, une langue et un cadre de référence politique, juridique, social partagé qui permet de communiquer avec l’autre, d’anticiper ses réactions, de voir en lui un autre soi-même. Aucune de ces conditions n’est réunie aujourd’hui, et ne le sera à un horizon de temps prévisible. Où sont les combats communs des européens ? Où sont « les grandes choses faites ensemble » ? Même à l’heure d’imprimer des billets, il a été impossible de trouver des figures, des monuments, des paysages d’identification communes pour y mettre dessus. On a du se rabattre sur des fenêtres qui ne regardent sur rien et des ponts qui conduisent nulle part.

Et ce sont ces ponts, malheureusement, que nous avons emprunté il y a quarante ans. Les résultats sont visibles : l’économie européenne a décroché, tout comme l’éducation, la recherche, l’innovation. Et ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les rapports signés par Enrico Letta et Mario Draghi, deux personnages qu’on peut difficilement suspecter d’être des souverainistes forcenés. Dans les affaires du monde, l’Europe comme les états membres ne pèsent plus rien ou presque, et les grandes affaires se règlent entre les gens sérieux. On arrive à une situation où un micro-état de dix millions d’habitants pèse plus lourd que les 450 millions d’européens. Peut-être parce que dix millions de citoyens pèseront toujours plus que 450 millions de consommateurs ?

Descartes

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16 réponses à L’Union européenne, de défaite en défaite…

  1. Bertrand dit :

    Aha! Les rapports ne sont pas éponymes, car ce sont Letta et Draghi qui leur ont donné leur nom, pas l’inverse.
    Bon, à part ça, vous êtes qualitativement toujours aussi convaincant.
    Particulièrement navrante, cette débâcle, parce qu’elle touche au cœur de la puissance européenne, sa supposée force de frappe, d’ailleurs sous compétence exclusive de la commission : la politique commerciale, c’est censé être la projection de puissance du marché intérieur, le joyau (Merkel), ses 500 millions de consommateurs à l’appui des normes et des droits de douane…  L’arlésienne de l’harmonisation fiscale à l’unanimité des 27, les affres de la PESC à la majorité qualifiée, pour la raison que vous rappelez ici d’ailleurs, on comprend; mais si j’ai un souvenir d’ado avant certains apprentissages techniques, c’est que la CEE, aujourd’hui l’UE, au moins, devait être la planche de salut pour résister commercialement aux autres blocs. 

    • Descartes dit :

      @ Bernard

      [Aha! Les rapports ne sont pas éponymes, car ce sont Letta et Draghi qui leur ont donné leur nom, pas l’inverse.]

      Vous avez tout à fait raison, j’ai écrit un peu vite. J’ai corrigé le texte, comme c’est l’usage sur ce blog…

      [Particulièrement navrante, cette débâcle, parce qu’elle touche au cœur de la puissance européenne, sa supposée force de frappe, d’ailleurs sous compétence exclusive de la commission : la politique commerciale, c’est censé être la projection de puissance du marché intérieur, le joyau (Merkel), ses 500 millions de consommateurs à l’appui des normes et des droits de douane…]

      Tout à fait. Les néolibéraux de la commission se sont intoxiqués avec leur propre discours. Dans leur monde idéal gouverné par le libre-échange, la politique commerciale est en effet un ressort de puissance parce que 450 millions de consommateurs solvables, c’est une énorme force de frappe. Mais pour que cela marche, il faut que tout le monde joue le jeu et respecte les règles. Et nos néolibéraux sont en train de découvrir que dans le monde réel on ne peut pas compter là-dessus. Quand cela ne les arrange pas, les Etats n’hésitent pas à ignorer les traités et s’asseoir sur le droit. Que sont devenues les règles de l’OMC, qu’on tenait pour intangibles ? Personne n’en parle plus…

      Le fait que l’Europe soit un marché de 450 millions de consommateurs, et non une nation de 450 millions de citoyens est une faiblesse, pas une force. Parce que contrairement aux citoyens, qu’on peut persuader de se battre pour l’intérêt général, les consommateurs ne font que suivre leur intérêts, qui sont par essence divers… comment espérer que d’un marché puisse sortir l’unité ou la solidarité…

      [mais si j’ai un souvenir d’ado avant certains apprentissages techniques, c’est que la CEE, aujourd’hui l’UE, au moins, devait être la planche de salut pour résister commercialement aux autres blocs.]

      La CEE, qui était un instrument à la main des états membres, peut-être. Parce que les Etats en question avaient en main tous les leviers de la souveraineté, qu’ils étaient peu nombreux et pouvaient donc s’accorder dans la recherche d’un intérêt commun. Mais le problème est que la construction européenne a détruit la capacité des Etats à engager un rapport de forces. C’est bien mon point. Les Etats ont la souveraineté, mais n’en ont plus les leviers pour l’exercer, alors que les instances européennes ont les leviers, mais pas la souveraineté qui les légitime. La BCE n’est pas un organisme politique, c’est un organisme administratif. Elle ne fait pas de politique au sens noble du terme, elle se contente de viser un objectif d’inflation, et le reste peut crever. La Commission fait de même : sa mission est de protéger le marché unique, et tout le reste passe derrière.

      Pour engager un rapport de forces avec les Etats-Unis, il faut quelque chose de plus qu’un objectif d’inflation ou d’être « gardien des traités ». Il faut une légitime politique qui vous permet d’engager « la vie et les biens » des citoyens. Et cela, seul peut le faire une institution ayant reçu le mandat d’une nation, c’est à dire, d’un peuple constitué. Aucune instance européenne n’a ce mandat, et ne peut l’avoir parce qu’il n’y a pas de nation européenne, d’ensemble de citoyens liés par une solidarité inconditionnelle et une communauté de destin.

    • xc dit :

      La CEE “planche de salut pour résister commercialement aux autres blocs”.
      Il me fut enseigné, il y a longtemps, qu’elle se voulait “libre-échangiste à l’intérieur, et protectionniste à l’extérieur”.
      Depuis, nous sommes passés à l”UE… 
       

      • Descartes dit :

        @ xc

        [Il me fut enseigné, il y a longtemps, qu’elle se voulait “libre-échangiste à l’intérieur, et protectionniste à l’extérieur”. Depuis, nous sommes passés à l”UE…]

        Tout à fait. Au départ, la CEE est construite pour créer un espace de libre commerce interne dans un monde où les barrières douanières étaient partout. Les dirigeants de l’époque étaient très conscients des problèmes qu’il y avait à ouvrir les frontières entre pays dont les fondamentaux économiques étaient trop différents. Il s’agissait donc d’ouvrir le commerce de biens marchands entre la France, le Bénélux, l’Allemagne (réduite à la RFA et encore handicapée par les destructions de guerre) et l’Italie, donc entre pays dont l’économie, le niveau de la fiscalité, la protection sociale n’étaient pas trop différents. Et seulement pour les biens marchands ouverts aux consommateurs privés, puisqu’une large panoplie de services (dans le transport, l’énergie, l’éducation, les médias etc.) en étaient exclus. Avec la révolution néolibérale de la fin des années 1970, le projet change radicalement de forme. On élargit sans mesure, on ouvre tous les domaines à la concurrence, on fait tomber les taxes aux frontières de l’Union… et on donne aux institutions européennes un rôle politique.

  2. CVT dit :

    @Descartes,

    [Ce qui fait la force de l’ensemble national, c’est cette solidarité inconditionnelle, qui fait que chaque citoyen a intérêt à maintenir l’unité politique, à contribuer à la prospérité économique, à renforcer la puissance de la nation à laquelle il appartient. Riches et pauvres, sains et malades, jeunes et vieux, tous les citoyens y perdent lorsque la nation s’affaiblit, parce que nous bénéficions tous de la solidarité de nos concitoyens, sans conditions.]

     
    Dans ce cas, nous Français, sommes dans de bien beaux draps: si on parle de la France, l’idéologie de l’antiracisme y a tué la République et la Nation. Parce qu’en effet, dès lors qu’il n’y a plus de distinction entre les citoyens et les étrangers (pour ne pas parler des clandestins…), la condition d’égalité en droits et en devoirs saute, or c’est précisément ce qu’il se passe avec la politique migratoire actuelle: le contrat social est brisé, et l’anomie s’installe.
    Le bloc bourgeois, qui porte cette idéologie antinationale, a quasiment réussi sa mission, puisque les “patriotes” (i.e. les citoyens de la France d’Avant, de souche ou assimilés) restent majoritaires numériquement, mais sont minoritaires en terme de représentation politique, du moins tant qu’ils n’auront le choix qu’entre la PME Le Pen et l’abstention…
     
    Nous sommes vraiment au milieu du gué: notre vieille nation se défait et s’éteint sous nos yeux, mais d’un autre côté, la promesse d’une Europe fédérale, à laquelle les zélés européistes français, à commencer par notre Méprisant de la République, veulent sacrifier nos intérêts (armée, agriculture, industrie, etc…), ne sera jamais tenue, parce que celle-ci est une chimère (au sens littéral du terme).
    D’ailleurs, les fédérastes (quel bon mot…) “français” sont les derniers des Mohicans (avec les Belges et les Luxembourgeois, peut-être…) à croire encore à une souveraineté européenne à venir, et ils seront bien  incapables de changer d’avis, par pure vanité (et accessoirement intérêts sonnants et trébuchants bien compris…).
     
    Cette même vanité me rappelle l’inconséquence d’un Louis XV qui a bradé bon nombre de ses conquêtes militaires, histoire de  faire le beau (“Nous gouvernons en roi, pas en marchands”).  D’ailleurs, nous voyons  encore aujourd’hui l’ombre portée de la légèreté de Louis le Bien-Aimé, si on se figure les conséquences en cascades de la défaite de la Guerre de Sept ans, et également celles de la haine inextinguible que nous vouent les Prussiens encore à ce jour (en 2025, l’Allemagne, son avatar, cherche encore et toujours à concourir à notre perte…).
     
    J’ai souvent comparé le P’tit Cron à Pierre Laval (le côté arriviste, obséquieux avec le Boche), voire Charles X (pour sa morgue et son mépris du peuple français: certainement une réaction d’Emigré sur le retour…) , mais je pencherai désormais plutôt vers Louis XV, au vu des conséquences calamiteuses de son égotisme…

    • Descartes dit :

      @ CVT

      [Dans ce cas, nous Français, sommes dans de bien beaux draps: si on parle de la France, l’idéologie de l’antiracisme y a tué la République et la Nation. Parce qu’en effet, dès lors qu’il n’y a plus de distinction entre les citoyens et les étrangers (pour ne pas parler des clandestins…), la condition d’égalité en droits et en devoirs saute, or c’est précisément ce qu’il se passe avec la politique migratoire actuelle: le contrat social est brisé, et l’anomie s’installe.]

      Oui et non. Je me méfie toujours de la musique médiatique, qui reflète très souvent l’idéologie d’une petite fraction des classes dominantes. Je ne crois pas que dans nos villes et nos villages la distinction entre citoyens et étrangers ait disparu. La meilleure preuve est que le parti politique qui monte dans les sondages est précisément celui qui fait de cette différentiation l’un de ses piliers idéologiques. Pour moi, le danger vient moins de la disparition de la frontière entre citoyen et étranger que dans le fractionnement communautariste qui affaiblit la solidarité inconditionnelle fondée sur la citoyenneté en mettant au-dessus d’elle la solidarité communautaire fondée sur les origines ou les croyances. Les risques de ce type de sécession sont bien connues depuis longtemps, et la République s’est dotée très vite d’instruments – l’école, la conscription, la rotation des fonctionnaires – pour la combattre, en sortant les jeunes de leur « communauté » pour les brasser.

      « Une seule solution, l’assimilation » !

      [Nous sommes vraiment au milieu du gué: notre vieille nation se défait et s’éteint sous nos yeux, mais d’un autre côté, la promesse d’une Europe fédérale, à laquelle les zélés européistes français, à commencer par notre Méprisant de la République, veulent sacrifier nos intérêts (armée, agriculture, industrie, etc…), ne sera jamais tenue, parce que celle-ci est une chimère (au sens littéral du terme).]

      Les rapports Draghi et Letta montrent que même la bourgeoisie « européiste » commence à prendre conscience des dangers que pose le monstre qu’ils ont contribué à créer. Et ce rapport de force fait que l’institution européenne sombre lentement dans l’anomie. Jamais auparavant il n’y a eu autant de pays européens qui ignorent les directives de Bruxelles sans qu’aucune procédure d’infraction ne soit ouverte contre eux, et pour cause. La Commission sait très bien qu’elle peut avoir besoin de leur voix pour faire passer son budget, et évite donc de se faire des ennemis. Ainsi par exemple la Commission a bien compris que la question de la privatisation des barrages hydroélectriques serait pour la France un « casus belli », et la procédure d’infraction sur cette question traîne lamentablement depuis plus de dix ans… Et je ne vous parle même pas de la révision à bas bruit des directives « écologiques » sous la pression des Etats qui voient les effets de désindustrialisation.

      [J’ai souvent comparé le P’tit Cron à Pierre Laval (le côté arriviste, obséquieux avec le Boche), voire Charles X (pour sa morgue et son mépris du peuple français: certainement une réaction d’Emigré sur le retour…) , mais je pencherai désormais plutôt vers Louis XV, au vu des conséquences calamiteuses de son égotisme…]

      Si l’on veut jouer à ce jeu, je dirais que Macron est une sorte de Louis XVI socialiste. Il succède à un roi soleil (Mitterrand en Louis XIV) dont les successeurs ont bradé l’héritage (Jospin et Hollande en Louis XV). Et maintenant, il voudrait réformer pour sauver le vieux monde, mais ne sait pas comment s’y prendre. Mais je ne crois pas que ces parallèles historiques soient très éclairants. Macron n’est pas vraiment un héritier (contrairement à Charles X ou Louis XV), mais un opportuniste qui a su profiter du délitement du duopole « droite/gauche » en proposant de substituer à l’alternance le co-gouvernement. En ce sens, il est plus proche d’un Pierre Laval, mais avec une très grosse différence. Laval était un outsider, un homme d’origine plutôt modeste qui avait une revanche sociale à prendre face à des élites politiques et administratives de droite qui le méprisaient. Son ascension politique et son ascension sociale s’alimentent l’une l’autre. Mais même après être devenu le notable de Châteldon et en avoir racheté le château, il restait un politicien traditionnel, ayant une compréhension très fine de l’humeur populaire. Macron, au contraire, est né avec une cuiller d’argent dans la bouche. Pas une fois dans tout son parcours il n’a eu à se frotter au « bas peuple » qu’il ne connaît pas et qu’il méprise. Jamais un Pierre Laval n’aurait dit qu’il suffisait aux chômeurs de traverser la rue pour trouver un emploi, lui qui a été au début de sa carrière avocat dans les quartiers populaires de Saint Denis…

      Mais peut-être celui à qui Macron ressemble le plus pourrait être le maréchal de Mac Mahon, vous savez, celui du « j’y suis, j’y reste »…

      • Cording1 dit :

        Macron n’a pas organisé le délitement du duopole droite:gauche mais il a mis fin par son action mandatée par de riches oligarques à un affrontement fictif droite/gauche qui étaient d’accord sur l’essentiel. 
        Concernant Mitterrand et son héritage nous y sommes encore parce que c’est lui et les siens qui ont mis en place l’UE actuelle par l’intermédiaire du socialiste et commissaire européen Jacques Delors par l’Acte unique en 1986. Ses héritiers ont poursuivi son oeuvre néfaste dans tous ses effets. La réalité donne raison au discours prémonitoire de Philippe Seguin le 5 mai 1992. 

  3. Cording1 dit :

    Tout cela était bien prévisible et de plus malgré les déclarations de tel ou tel personnage de la classe dirigeante “française l’accord sera accepté comme l’est ou le sera le Mercosur. Elle ne fait que semblant de s’y opposer. Aucun pays n’avait vraiment envie de s’opposer aux oukases américaines et surtout pas l’Allemagne de Madame von der Leyen. Donc nous serons perdants, une fois de plus. 
    L’UE n’est jamais qu’un moyen pour lles Etats-Unis de dominer plus facilement les Européens en ne négociant avec une seule personne et non pas 26; Il est à remarquer que la Grande Bretagne a négocié seule en obtenant des conditions moins draconiennes; Merci le Brexit.  
    Il est à noter, comme le font la Russie et la Chine, l’UE n’est jamais qu’un O.G.N.I. ou Objet Géopolitique Non Identifié. A chaque fois que madame von der Leyen se rend en Chine les dirigeants chinois lui font subir toutes sortes d’humiliations qu’elle accepte sans broncher et que cela ne soit jamais relevé dans la presse française.  
    “On arrive à une situation où un micro-état de dix millions d”habitants pèseront toujours plus que 450 millions de consommateurs” 
    Il y a pire que cela : La représentante de l’UE en matière diplomatique est Kaja Kallas une femme politique estonienne d’un pays de 1 370 000 habitants dont 30% de russophones faisant une politique étrangère comme si elle était celle de son pays à la russophobie délirante à l’instar de ses autres pays baltes et Pologne. Choisie par Ursula von der Leyen dont elle est à l’unisson et adoubée par les autres pays de l’UE. 

    • Descartes dit :

      @ Cording1

      [Tout cela était bien prévisible et de plus malgré les déclarations de tel ou tel personnage de la classe dirigeante “française » l’accord sera accepté comme l’est ou le sera le Mercosur.]

      On verra. Cet accord présente un point particulier qui est très intéressant à observer : pour la première fois, un accord négocié par l’UE est particulièrement défavorable à l’Allemagne. Car le premier pays européen pour ses exportations vers les Etats-Unis, et de très loin, c’est l’Allemagne avec 161 Md€ pour les biens, soit presque le tiers du total, suivie de l’Irlande avec 72 Md€ puis l’Italie avec 67 Md€. Le suivant, la France, ne pèse que 47 Md€, trois fois moins que l’Allemagne. L’Allemagne, qui fait la pluie et le beau temps à Bruxelles, laissera passer un tel accord ? Friderich Merz, talonné par l’AfD et les souverainistes peut-il se permettre d’apparaître comme celui qui a sacrifié l’industrie allemande ? Intéressante question, n’est-ce pas ?

  4. Bob dit :

    @ Descartes
     
    [On nous expliquera que si Von der Leyen s’est couchée devant Trump – en tout bien tout honneur, cela va sans dire – c’est parce que « il n’y a pas assez d’Europe ». Que si l’on veut que l’Europe pèse dans le monde, alors il faut transférer encore plus de pouvoirs au niveau européen, réduire encore plus les compétences des états membres, étendre encore plus le marché unique, donner encore plus de pouvoir à la Commission. Bref, pousser encore plus loin les recettes qui nous ont conduit à une situation où le Royaume-Uni tout seul peut négocier en de meilleurs termes que l’Union européenne.]
     
    C’est prévisible comme à chaque nouvelle crise en effet. Les eurolâtres vont nous ressortir cet argumentaire. Direction le mur, toujours plus vite.
    L’UE est le royaume des bisounours néo-libéraux indéodés aux Ricains. Et dire qu’ils sont responsables de notre destinée…
    750 Md$ de « produits énergétiques » payés aux Etats-Unis, c’est pour nous “désensibiliser” du pétrole et du gaz russe, dit ce soir D. Lombard. La facture de désensibilisation est sacrément élevée, d’autant plus à l’heure où quasiment tous les pays de l’UE raclent les fons de tiroir. Qu’un tel idéologisme de pacotille soit assumé comme une “stratégie” fait froid dans le dos.
    Comme à chaque nouvelle défaite de l’UE (on ne les compte plus) me revient en tête la formule de Kissinger : “l’Europe, quel numéro de téléphone ?”.
    Lemaire voulait mettre “l’économie de la Russie à genoux” ; l’UE vient de s’y mettre toute seule devant les Etats-Unis.
    Lavrov a tout résumé à la perfection.
     
     

    • Descartes dit :

      @ Bob

      [C’est prévisible comme à chaque nouvelle crise en effet. Les eurolâtres vont nous ressortir cet argumentaire. Direction le mur, toujours plus vite.]

      La folie, c’est de refaire la même expérience en attendant des résultats différents. Les eurolâtres ont même créé un récit pour justifier leur constance dans l’erreur : c’est la légende selon laquelle « l’Europe se construit dans les crises ». Les crises deviennent donc positives, puisqu’elles permettent d’avancer sur le chemin qui conduit au paradis. Et peu importe si les « crises » en question laissent sur le carreau des régions entières. Tout grand œuvre a ses « dommages collatéraux ».

      Le mur, nous y sommes. Depuis quarante ans, on a enlevé les leviers des mains des politiciens pour les confier à des administrateurs. Et maintenant qu’il s’agit de faire de la politique – au sens noble du terme – dans un monde complexe, on découvre tout à coup que les administrateurs ne savent pas faire. C’en est presque caricatural : on peut lire dans « Le Monde » un récit de la négociation, et le journal de souligner que les officiels européens s’étaient rendus à la réunion avec des lourds dossiers, alors que le président américain, lui, n’avait qu’une feuille pliée en quatre. Sauf que c’est Trump, avec sa petite feuille, qui sort gagnant.

      [L’UE est le royaume des bisounours néo-libéraux indéodés aux Ricains. Et dire qu’ils sont responsables de notre destinée…]

      Pire. L’UE est surtout une structure administrative. Attention, je n’ai rien contre l’administration et ses fonctionnaires, j’en suis un. Mais à chacun son métier. Une bonne administration sait gérer un budget, produire des textes normatifs cohérents et les mettre en œuvre, chercher l’efficacité des politiques publiques. Le but de l’administration, c’est la recherche de la stabilité et la préservation de l’ordre. C’est pourquoi en 1940 l’administration a suivi massivement Pétain plutôt que de prendre le risque du chaos, et qu’en 1945 elle était massivement du côté de De Gaulle pour la même raison. Mais elle n’est pas formée pour gérer les questions politiques et les rapports de force qui, par essence, échappent à la raison administrative. En politique, le « bon choix » n’est pas nécessairement l’ordre et la stabilité, l’efficacité ou la cohérence. A l’administrateur qui ne supporte pas l’incohérence, Napoléon répond « en politique, une absurdité n’est pas une impossibilité ».

      [750 Md$ de « produits énergétiques » payés aux Etats-Unis, c’est pour nous “désensibiliser” du pétrole et du gaz russe, dit ce soir D. Lombard. La facture de désensibilisation est sacrément élevée, d’autant plus à l’heure où quasiment tous les pays de l’UE raclent les fons de tiroir.]

      Et surtout, c’est une impossibilité physique : l’UE achète bon an mal an 70 Md€ de produits énergétiques aux Etats-Unis. Il n’y a pas les infrastructures pour permettre d’importer 750 Md$ en quatre ans comme le prévoit l’accord. Il y a donc fort à parier que cette clause ne sera pas mise en œuvre, ce qui donnera à Trump un prétexte pour durcir encore sa politique…

  5. BourgogneLaTéméraire dit :

    La France ne sortira jamais de l’Europe, nos élites ne le toléront jamais. Une solution, sortons de la France. Il y a de nombreuses langues régionales qui ont été opprimé, la plus importante étant l’occitan, avec une histoire millénaire. On peut reconstruire une nation souveraine, mais plus avec la France.
    Je suis sûr que les libéraux l’accepteront car cela sera une réforme courageuse et responsable de l’État francais qui permettra le retour au 3% car moins de passif et de services publics. On pourra se fixer sur le territoire de l’Occitanie historique ou reprendre la ligne de démarcation, voire même faire un état huguenot.
     
    L’État francais abandonne ses sujets, faisons les réformes en profondeur de courage et responsabilité pour redonner liberté, responsabiliser, émanciper les gens en leur remettant leur destin entre leurs mains, laissons les entreprendre leurs vies communes.
     
    Après tout, les élections ne permettent plus d’influer sur le commerce, le droit a la concurrence, la politique industrielle, la politique monétaire. Ils nous ne reste à discuter que de l’Algérie, des Frères Musulmans, ou du ratio de remplacement frites/porc à la cantine. A quoi bon vouloir changer le système, il est verouillé comme l’était celui de l’Ancien Régime avec les parlements, faisons comme les americains ou algeriens, demandons une reforme en profondeur de l’etat, y compris et surtout des reformes territoriales. Ils l’ont pu, pourquoi pas nous ?

    • Descartes dit :

      @ BourgogneLaTéméraire

      [La France ne sortira jamais de l’Europe, nos élites ne le toléreront jamais.]

      Ne dites jamais jamais… qui aurait pensé qu’un jour l’Ukraine sortirait de l’URSS ?

      [Une solution, sortons de la France. Il y a de nombreuses langues régionales qui ont été opprimé, la plus importante étant l’occitan, avec une histoire millénaire. On peut reconstruire une nation souveraine, mais plus avec la France.]

      Si vous voulez construire une nation sur la base de la langue occitane, alors ce sera une toute petite nation. Déjà, parce que la « langue occitane », loin d’avoir une « histoire millénaire », n’a qu’un peu plus d’un siècle d’existence. Comme beaucoup de langues dites « régionales », il s’agit d’une construction artificielle qui date de la fin du XIXème siècle, quand en réaction au processus de modernisation qui commence avec la Révolution et se poursuit avec l’industrialisation, des notables locaux réactionnaires ont fabriqué des « langues » censées avoir été parlées dans une région à partir d’une grande diversité de dialectes parlés très localement. De la même manière que la Bretagne n’a jamais parlé breton, L’espace « occitan » est en fait scindé entre plusieurs espaces linguistiques : le limousin, l’auvergnat, l’alpino-vivarais, le gascon, le languedocien, le provençal. Et même en mettant tout ce beau monde ensemble, on arrive tout au plus à 530.000 locuteurs vivants, ce qui, vous l’admettrez, paraît un peu court pour faire une nation. Tiens, juste par curiosité, est-ce que vous, dans votre famille, vous utilisez l’occitan comme langue véhiculaire ?

      Mais pour faire une « nation », il ne suffit pas d’une langue. Il faut un cadre de référence, une histoire partagée, un droit distinct, tous éléments qui vous permettent de construire une solidarité inconditionnelle et impersonnelle. Et cela n’existe que très partiellement au niveau régional, et presque exclusivement dans les régions isolées ou frontalières.

      Et puis, il y a la question de la taille critique. Vous imaginez la « nation bretonne » négociant les tarifs douaniers avec Donald Trump ?

      [Je suis sûr que les libéraux l’accepteront]

      J’en suis persuadé aussi. Tout ce qui peut affaiblir l’Etat, c’est du bonus vu du côté des libéraux, puisque la faiblesse de l’Etat assure le pouvoir du marché. Cela étant dit, je ne suis pas persuadé que les citoyens seraient ravis. Au cas où vous ne le sauriez pas, il n’y a en France que deux régions qui versent à l’Etat plus qu’elles n’en reçoivent. Pour toutes les autres, la sécession serait un appauvrissement…

      [car cela sera une réforme courageuse et responsable de l’État français qui permettra le retour au 3% car moins de passif et de services publics.]

      Je vois mal comment, sauf à sabrer radicalement dans les services publics.

      [On pourra se fixer sur le territoire de l’Occitanie historique ou reprendre la ligne de démarcation, voire même faire un état huguenot.]

      Si je comprends bien, votre Occitanie indépendante ne maintiendrait pas l’église et l’Etat séparés ?

      [L’État francais abandonne ses sujets,]

      D’abord, l’Etat n’a pas de sujets. Ensuite, quand je roule sur une route, quand je vois mes médicaments remboursés, quand je peux envoyer mes enfants à des écoles ou des universités gratuitement, je me dis que l’Etat est très loin de « m’abandonner ».

      [faisons les réformes en profondeur de courage et responsabilité pour redonner liberté, responsabiliser, émanciper les gens en leur remettant leur destin entre leurs mains, laissons les entreprendre leurs vies communes.]

      « Entre le faible et le fort, c’est la liberté qui asservit et la loi qui libère »…

      [Après tout, les élections ne permettent plus d’influer sur le commerce, le droit a la concurrence, la politique industrielle, la politique monétaire.]

      Ah bon ? D’où tirez-vous cela ? Il suffit d’une seule loi pour sortir de l’Union européenne, reprendre notre pouvoir sur le commerce, la concurrence, la politique industrielle, la politique monétaire. Un seul vote, rien de plus…

      [faisons comme les americains ou algeriens, demandons une reforme en profondeur de l’etat, y compris et surtout des reformes territoriales. Ils l’ont pu, pourquoi pas nous ?]

      Le risque, c’est que nous nous retrouvions comme les Algériens. Pensez-vous que leur demande d’une réforme profonde de l’Etat ait donné des résultats intéressants ?

  6. Musée de l'Europe dit :

    “750 Md$ de « produits énergétiques » payés aux Etats-Unis”
    Payés par qui ? Que je sache l’UE n’est pas compétente pour acheter des hydrocarbures ??? Cela veut dire que l’on va fédéraliser (et nationaliser au niveau de l’UE ?) les achats d’hydrocarbures ?
    Même chose pour les investissements aux EU (qui ne sont pas interdits mais relève de l’initiative privée).
    C’est tout à fait contraire aux traités fondant l'”Union des peuples libres” (sic) sur la liberté d’investissement, le marché et la concurrence libre et non faussée (sic) !!!
    La “gardienne des traités” fume la moquette pour le moment….

    • Descartes dit :

      @ Musée de l’Europe

      [Payés par qui ? Que je sache l’UE n’est pas compétente pour acheter des hydrocarbures ??? Cela veut dire que l’on va fédéraliser (et nationaliser au niveau de l’UE ?) les achats d’hydrocarbures ?
      Même chose pour les investissements aux EU (qui ne sont pas interdits mais relève de l’initiative privée).]

      Oui et non. Dans l’état actuel des choses, l’UE n’achète pas d’hydrocarbures. Pendant la crise du gaz, la Commission avait mis sur la table une proposition de créer une agence commune d’achat qui aurait permis de centraliser l’approvisionnement au niveau européen, mais je crois qu’il n’en est rien sorti. Et l’investissement dépend bien de l’initiative privée. Mais l’Union européenne dispose de leviers pour orienter les achats ou l’investissement. Elle pourrait par exemple exempter de la fiscalité sur les bénéfices les capitaux investis aux Etats-Unis, et vous verriez « l’initiative privée » aller investir outre-Atlantique pour profiter de l’aubaine. De la même manière, la Commission pourrait mettre des taxes sur les produits énergétiques provenant d’autres pays, de manière à rendre plus intéressant l’achat aux Etats-Unis…

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