Si mon cher père revenait de sa tombe, il ne reconnaîtrait certainement pas le journal qui fut pendant des décennies sa lecture préférée. Quoi de commun en effet entre le « grand quotidien du soir » où les meilleures plumes s’honoraient d’écrire, ou les phrases étaient pesées, l’orthographe surveillée, la rigueur une marque de fabrique, et le torchon a scandales que je trouve chaque soir sur le pas de ma porte, et que je ne lis plus que parce que les autres sont pires ?
Si, il y a tout de même quelque chose qui est resté. Le ton moralisant, la conviction absolue d’être du côté du Bien et du Beau, le mépris absolu pour toute autre opinion qui ne soit pas celle de la bienpensance. Mais pour le reste… les années Plenel sont peut-être derrière le quotidien qui fut un temps honorable, mais le côté « scoop à scandales » reste toujours aussi présent. Et l’actualité de cette semaine, avec les « Panama papers » – il paraît que la langue française n’est pas assez riche pour pouvoir leur donner un nom qui ne soit anglais – donne le parfait exemple de cette combinaison détestable entre l’esprit de la presse de caniveau et la hauteur morale sanctimonieuse.
C’est quoi les « Panama papers » ? En fait, ce ne sont pas des papiers. Ce sont plus d’une dizaine de millions de fichiers informatiques soustraits au cabinet panaméen expert dans la création et la gestion de sociétés dans des paradis fiscaux Mossack-Fonseca. Ces fichiers ont été communiqués gracieusement au respectable journal allemand Suddeutsche Zeitung par un ami qui voulait peut-être du bien au journal, mais qui voulait certainement beaucoup de mal à Mossack-Fonseca. Quoi qu’il en soit, le journal est arrivé à la conclusion qu’il ne pouvait pas analyser tout seul une telle masse de documents, et a donc fait appel au ICIJ (1). Une centaine de journaux ont dont mis en commun les efforts pour cataloguer, analyser puis publier les résultats dans leurs pages.
C’est bon pour l’information, me direz-vous. Certes. Mais c’est surtout bon pour le commerce. Cela fait une semaine que « Le Monde » fait de cette affaire un produit d’appel, distillant chaque jour des révélations bien choisies et présentées dans le meilleur style publicitaire. Ainsi, lundi on nous « révélait » que « des proches de Marine Le Pen figurent dans les documents ». Mardi, c’était Cahuzac et Poutine. Jeudi, les « papers » deviennent « une onde de choc mondiale ». Et puis chaque jour le journal consacre ses cinq premières pages – et les cinq premières pages d’un journal, ce n’est pas rien – à telle ou telle célébrité, tel ou tel groupe dont le nom figure dans les listings. Oligarques russes et « milliardaires rouges » chinois, premiers ministres et députés, sportifs et fonctionnaires internationaux, tout le monde y passe. Tout le monde ? Non. Un petit groupe résiste, et aucun de ses membres n’est de près ou de loin cité : les propriétaires des grands groupes de presse. Une coïncidence, certainement…
J’entends déjà les protestations de mes lecteurs. La publication des « Panama papers » n’est –elle pas une avancée de la transparence et donc de la démocratie ? Ne rend-t-on pas service à la démocratie en révélant au grand jour les turpitudes commises par les riches, les puissants, les princes qui nous gouvernent ?
Et bien, je vais essayer de répondre. D’abord, cette affaire n’a en elle-même aucune valeur pédagogique. Elle n’apprend rien au lecteur qu’il ne sut déjà. Franchement, combien de gens ignorent qu’il existe sur cette planète un certain nombre d’états – souvent des micro états – qui font leur beurre en attirant l’argent qui cherche à se cacher grâce à une pression fiscale réduite et une législation bancaire favorisant le secret et la discrétion ? Combien de gens croient encore que lorsque les riches créent des sociétés aux Bahamas ou a Jersey pour y mettre leur argent en toute discrétion c’est pour éviter que les démarcheurs essayent de profiter de leur richesse pour leur vendre du double vitrage ? Est-ce une surprise d’apprendre que des gens fort honorablement connus utilisent tous les moyens que la loi met à leur disposition pour éviter le regard du fisc ?
Je vous mets au défi de m’indiquer une chose, une seule, que vous ayez apprise grâce aux « Panama papers ». Une seule chose qui vous ait étonné ou surpris dans ces informations. Vous ne trouvez rien ? Alors, il faut se demander pourquoi on fait tant de raffut sur des informations que tout le monde connaît par cœur. Pourquoi tant de bonnes âmes se déclarent scandalisées en découvrant ce que tout le monde sait déjà. Pourquoi notre ineffable commissaire européen aux affaires financières, l’oubliable Moscovici, déclare que cette affaire doit nous pousser à lutter contre les paradis fiscaux. Aurait-il oublié que l’actuel président de la Commission européenne, Jean Claude Juncker a fait la richesse de son pays grâce à des juteux arrangements qui permettaient aux multinationales de s’affranchir de l’impôt en échange de leur installation au Luxembourg ? Fallait-il au commissaire attendre les « Panama papers » pour faire quelque chose ?
Comment expliquer que « Le Monde », qui a salué l’élection de Juncker à la tête de la Commission européenne avec des articles dithyrambiques nous fasse aujourd’hui le numéro de la vierge effarouchée découvrant les turpitudes de Cahuzac ou de Poroshenko ? Les journalistes du « Monde » ne savaient-ils pas que le Luxembourg était un paradis fiscal et que Juncker en était le premier ministre ? Pour des « jounalistes d’investigation », avouez que c’est ballot…
Il ne faudrait pas que le public prenne les vessies pour des lanternes, et la vente de papier en utilisant un « scoop » pour un acte déontologique et citoyen. D’autant plus que dans cette affaire toutes les manipulations sont possibles. Pour commencer, nous ne savons pas comment ces fichiers ont quitté le cabinet Mossack-Fonseca. S’agit-il de la totalité des fichiers de cette société ? Ou est-ce une sélection de ces fichiers ? Et dans ce cas, qui a fait la sélection ? Se pourrait-il que certains fichiers n’aient pas été communiqués par la « source », et si oui, lesquels ? Nous ne le saurons jamais. Ensuite, les « Panama papers » ne sont pas accessibles au public. Ni vous ni moi ne pouvons les consulter, vérifier ce qu’on nous en dit, nous faire notre propre opinion. Nous ne pouvons que lire ce que les journalistes qui les ont eu entre les mains veulent bien nous raconter. Et cela donne à ces journalistes un énorme pouvoir. Celui de jeter en pâture tel nom, d’occulter avec bienveillance tel autre. Pensez-vous qu’ils s’en serviront avec déontologie et dans le but exclusif d’informer le public ? Et bien, moi je ne le crois pas. Et je ne le crois pas parce que je me souviens comment l’affaire « Luxleaks » a été traitée par cette même presse bienpensante… mais il est vrai qu’elle menaçait rien de moins que le président de la Commission, et pas un Poutine ou un Le Pen quelconque…
On glose dans nos gazettes sur l’immoralité de ceux qui utilisent les paradis fiscaux pour soustraire au fisc l’argent qui devrait légitimement lui revenir. Mais ce sont les mêmes qui depuis trente ans applaudissent lorsque l’Union européenne organise l’évasion – pardon, l’optimisation – fiscale des entreprises et des gros contribuables. A votre avis, pourquoi le siège de Airbus est aux Pays-Bas ? Pourquoi tant de multinationales installent leurs sièges en Irlande ? Pas par amour des tulipes ou parce que la Guinness y est meilleure. Alors, faut arrêter ce double discours dans lequel il y a des « bons » et des « mauvais » paradis fiscaux, ou l’on applaudit la déréglementation financière mais on pousse des cris d’orfraie lorsque les gens – les gens riches, parce que les pauvres n’ont guère l’opportunité – en profitent en fonction de leurs intérêts. On ne peut pas interdire au nom de la morale ce qu’on a choisi de permettre par la loi.
Descartes
(1) « International Consortium for Investigative Journalism », ou pour le dire dans la langue de Molière, « Consortium international pour le journalisme d’investigation ». Il s’agit d’une association regroupant des journaux et des journalistes. Son siège se trouve à Washington – un gage d’indépendance – et elle est copieusement financée par un certain nombre de grandes fondations américaines – encore une autre garantie d’indépendance…
[On ne peut pas interdire au nom de la morale ce qu’on a choisi de permettre par la loi.]
C’est bien dit. Vous avez raison, rien de neuf avec cette histoire, d’ailleurs il n’y a que les médias pour en faire tout un plat.
Ce qui est fou dans cette histoire c’est qu’on hurle sur ceux qui ont commis le péché ultime de dissimuler leur argent au fisc. Mais tout le monde semble se foutre de savoir d’où vient la loi (ou l’absence de loi) permettant tout cela ! C’est simple, je n’ai entendu aucun média faire un point sur la facilité des mouvements de capitaux, par exemple en comparant la situation actuelle à celle des années 60… et quelque-chose me dit que ce serait éclairant. Quand à évoquer un changement, n’y pensons même pas !
Bref c’est comme si on critiquait les joueurs qui flirtent avec la règle du jeu, plutôt que de regarder celui qui a fait la règle… Encore une fois je trouve que nos médias poussent pas le raisonnement jusqu’au bout. Je ne parle même pas de Kerviel qui se permet de donner des leçons de morale ?!
De plus sur un plan purement moral, si on se place dans la peau d’un millionnaire, il faut presque être un saint ou un naïf pour ne pas être tenté d'”optimiser”… A la limite un dirigeant qui “n’optimise” pas est naturellement voué à être dégagé par les actionnaires.
@ tmn
[C’est simple, je n’ai entendu aucun média faire un point sur la facilité des mouvements de capitaux, par exemple en comparant la situation actuelle à celle des années 60… et quelque-chose me dit que ce serait éclairant.]
Très éclairant. Mais ce genre de comparaison pourrait donner d’étranges idées à certains… par exemple de se demander qui et pourquoi a démonté le système de contrôle des transactions financières qui, s’il n’empêchait pas l’apparition des paradis fiscaux, limitait considérablement leurs opérations. L’affaire des « Panama papers » rappelle ces politiciens qui font des grands discours sur la morale en public et vont voir les putes en privé.
[Je ne parle même pas de Kerviel qui se permet de donner des leçons de morale ?!]
Que voulez-vous, c’est la nouvelle référence de la « gauche radicale »… dis moi qui tu fréquentes, et je te dirai qui tu est.
[De plus sur un plan purement moral, si on se place dans la peau d’un millionnaire, il faut presque être un saint ou un naïf pour ne pas être tenté d'”optimiser”… A la limite un dirigeant qui “n’optimise” pas est naturellement voué à être dégagé par les actionnaires.]
Bien entendu. Je dirais plus : un dirigeant qui n’utilise pas toutes les voies légales pour réduire les impôts payés par sa société commet une faute professionnelle, puisque sa fonction est précisément de prendre les décisions dans l’intérêt de l’entreprise, et non dans l’intérêt de la société. On ne peut pas autoriser l’optimisation dans la loi et ensuite exiger des gens qu’ils s’abstiennent de l’utiliser.
c’est, en effet grotesque !
Que cela soit clair dans la tête de gens pour reprendre le merveilleux Juncker : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. » Ou comment l’UE a inventé la démocrassie unique….
A part le jean louis jucker je souscris totalement (jean claude)
@ Tonio
Merci Tonio l’erreur est corrigée
@Descartes
Quel mauvais esprit vous faites !
Poutine est un méchant et en plus certains de ses “proches” ont des comptes dans des paradis (l’emploi de “parasites” semblant plus approprié si on considère qu’employer “paradis” implique que les lieux fuis soient des “enfers”) fiscaux.
Les chinois sont des méchants et en plus ils font de l’évasion (parlons plutôt de “désertion” à moins de considérer être dans une prison) fiscale.
Les FN c’est des méchants, des proches etc. (Rappelons que le trésorier de la campagne de Hollande avait des comptes aux Caïmans. Sans même parler de notre ancien ministre des finances…) Sans, à ma connaissance, nous dire si c’était fait de manière légale ou non.
Les étasuniens sont des gentils et on n’entend pas trop parler d’eux dans cette histoire.
Ça me parait bon d’être rappelé…
Y a bien Cameron qui se trouve emmerdé par cette histoire et qui faisait partie des Gentils jusqu’à maintenant. C’était avant d’organiser le référendum sur la sortie de l’UE (qui a l’air d’aller dans le sens de la sortie) ?
Voilà ce que j’ai compris du “bruit” parvenu jusqu’à moi. Belle opération.
Je sais pas si c’est à relier avec ce genre de choses : http://www.les-crises.fr/quand-france-2-et-etienne-leenhardt-cherchent-a-paniquer-la-population/
ou https://francais.rt.com/international/18669-pour-wikileaks-panama-papers-soros
Mais ce que j’en comprends m’incite à aller apprendre quelques mots de russe. Ça pourrait être utile si on décide de nous envoyer sauter sur Moscou. 😉
ps : C’est français “sanctimonieuse” ?
Sinon coquille : Jean-Claude (pas Louis) Juncker.
@ bip
[Quel mauvais esprit vous faites !]
N’est ce pas ?
[Les étasuniens sont des gentils et on n’entend pas trop parler d’eux dans cette histoire.]
Curieux, n’est ce pas ? Cela étant dit, il ne faut pas tomber dans les théories du complot. Il est possible que du point de vue de la législation américaine il y ait des moyens plus simples et moins chers de frauder le fisc, ou que le Panama, précisément parce que c’est un semi-protectorat des Etats-Unis, ne soit pas considéré assez « sûr » du point de vue des contribuables étatsuniens pour y cacher son magot. Dans ces affaires, il faut toujours conserver le rasoir d’Occam à côté de soi…
[Y a bien Cameron qui se trouve emmerdé par cette histoire et qui faisait partie des Gentils jusqu’à maintenant. C’était avant d’organiser le référendum sur la sortie de l’UE (qui a l’air d’aller dans le sens de la sortie) ?]
Explication typiquement complotiste… Quel intérêt à « punir » Cameron aujourd’hui ? D’abord, cela risque de profiter plus au camp des partisans du « Brexit », puisque Cameron a pris position contre lui.
[Je sais pas si c’est à relier avec ce genre de choses :]
Je ne crois pas. Là encore, il faut utiliser le « rasoir ». La peur et le scandale font vendre du papier, et cela n’a rien de nouveau.
[ps : C’est français “sanctimonieuse” ?
Non, c’est un horrible anglicisme. Mea culpa…
AH,décidemment vous forcez l’admiration de certains de vos lecteurs!
Ainsi cher Descartes,vous continuez à lire ‘LiMonde’!
En ce qui me concerne,c’est fini depuis 1986,année qui suivit mon Mariage suivi d’un divorce que je regrette encore…
Au sujet du malheureux sort des ‘lanceurs d’alerte'(Snowden,Assange etc..),un assez bon récapitulatif,est dressé à cette adresse:
http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/industrie-financiere/panama-papers-la-situation-paradoxale-des-lanceurs-d-alerte-dans-la-finance-562745.html
Que pensez vous de cs rumeurs?Elles circulent dans le Landernau des ex-Eurocommunistes selon laquelle le cycle des sociaux-libéraux arriverait à son terme.
Ce serait un retour plein pot aux ‘années 7O,qui durant les prochains mois donnerait le ‘La’ à gauche,avec le mouvement ‘Nuit debout’ comme figure de prou.
Nuit debout démontre que la forme d’action politique qu’est le rassemblement s’est banalisée et est désormais connue des citoyens. Les autorités ont d’ailleurs donné leur accord pour cette occupation – en dépit de l’état d’urgence – et elle fait, plusieurs fois par jour, la une des chaînes d’information continue. Mais petit à petit, ce qui paraissait s’inscrire dans la continuité des manifestations contre la loi El Khomri, et donc l’encadrement des syndicats, s’est mué en mouvement autonome. Nuit debout ne se préoccupe plus de cette loi, ni de ce que veulent les syndicats ou les partis, encore moins de ce que fait le gouvernement. Il s’agit maintenant de débattre collectivement de l’avenir qu’il faut créer ensemble.
Par ailleurs,fait unique,jamais arrivé aprés des années de fréquentation de votre blog (sous différents pseudos,d’ailleurs),mon avant dernière contribution n’a pas été publiée.
Cela ne me pose pas de problème,car j’ai toujours accepté avec confiance votre souveraineté légitime et souhaitable sur votre oeuvre,ce remarquable blog.
Mais aucun système n’étant à l’abri de dysfonctionnement,ce post est perdu où j’y développais des exemples de malveillances banales,(pour un débat entre lecteurs dans votre article précédant).
Auquel cas ce serait de ma faute si vous ne l’avez pas reçu,car j’oublie de renseigner la parie E-mail me avec une adresse bidon.Je ne tiens pas en effet que vous vous préoccupiez de me joindre,puisque vous êtes ‘maitre d’oeuvre’.Bonne continuation…..
@ luc
[Que pensez vous de cs rumeurs? Elles circulent dans le Landernau des ex-Eurocommunistes selon laquelle le cycle des sociaux-libéraux arriverait à son terme. Ce serait un retour plein pot aux ‘années 7O, qui durant les prochains mois donnerait le ‘La’ à gauche, avec le mouvement ‘Nuit debout’ comme figure de proue.]
Les ex-eurocommunistes se sont trompés systématiquement toute leur vie. Pourquoi changer une habitude qui leur a si bien réussi ?
[Nuit debout démontre que la forme d’action politique qu’est le rassemblement s’est banalisée et est désormais connue des citoyens.]
Quels « citoyens » ? Les « citoyens bobos des centre-ville » ?
[Les autorités ont d’ailleurs donné leur accord pour cette occupation – en dépit de l’état d’urgence – et elle fait, plusieurs fois par jour, la une des chaînes d’information continue.]
Bien entendu. La « Nuit debout », c’est « cool ». Bientôt Benneton produira une ligne de vêtements pensés pour ce genre de manifestation.
[Mais petit à petit, ce qui paraissait s’inscrire dans la continuité des manifestations contre la loi El Khomri, et donc l’encadrement des syndicats, s’est mué en mouvement autonome. Nuit debout ne se préoccupe plus de cette loi, ni de ce que veulent les syndicats ou les partis, encore moins de ce que fait le gouvernement. Il s’agit maintenant de débattre collectivement de l’avenir qu’il faut créer ensemble.]
Objection, votre honneur. Il n’y a dans la « nuit debout » une once de débat. Le débat suppose qu’on pense ensemble, qu’on réagisse sur ce que dit l’autre. Pas qu’on écoute successivement des interventions libres de trois minutes sur n’importe quoi. Le débat implique un minimum de discipline intellectuelle fondée sur la logique. On ne débat pas à coups de « je crois que ».
[Par ailleurs,fait unique,jamais arrivé aprés des années de fréquentation de votre blog (sous différents pseudos,d’ailleurs),mon avant dernière contribution n’a pas été publiée.]
J’ai publié toutes vos contributions. Et si j’avais décidé de ne pas en publier une, je vous aurais expliqué pourquoi. Je respecte trop le travail de mes commentateurs pour me permettre de mépriser leur travail de la sorte.
http://www.marianne.net/nuitdebout-n-oubliez-pas-loi-travail-100241844.html :
« “La loi Travail n’est qu’un prétexte pour nous”, reprennent plusieurs intervenants lors de l’AG nocturne de mardi, sous les applaudissements nourris de l’auditoire. Certains considèrent “ne plus rien revendiquer, seulement changer le système”. Andrea, 25 ans, poursuit sans prendre de pincettes : “A vrai dire, on s’en fout de la loi Travail. On en a juste marre d’être pris pour des cons”.
« Ce soir-là, les discussions auront tourné autour des conditions des réfugiés et des sans-papiers, la cause animale, le droit au logement, les violences policières, mais aussi la reconnaissance de la langue des signes, défendue par plusieurs personnes sourdes… La loi Travail, elle, se fait doucement oublier. »
http://www.marianne.net/loi-el-khomri-mobilisation-baisse-nuit-debout-persevere-100241988.html :
« Descendant le boulevard Beaumarchais, en direction de la place de la Bastille, un jeune homme portant un panneau siglé “Nuit Debout” assure que “toute la place de la République est là pour contester la loi Travail, au nom de la convergence des luttes”. Difficile de le croire, tant la présence des indignés est peu visible ce samedi. Certains arborent un pin’s rouge, symbole du mouvement, d’autres des stickers. Mais ils sont discrets. »
@ morel
[« “La loi Travail n’est qu’un prétexte pour nous”, reprennent plusieurs intervenants lors de l’AG nocturne de mardi, sous les applaudissements nourris de l’auditoire. Certains considèrent “ne plus rien revendiquer, seulement changer le système”. Andrea, 25 ans, poursuit sans prendre de pincettes : “A vrai dire, on s’en fout de la loi Travail. On en a juste marre d’être pris pour des cons”.]
Je trouve dans ces lignes la confirmation du caractère « ludique » de l’évènement, dans la droite ligne de la « politique festive » apparue dans les années 1980 avec les concerts de SOS racisme. Il est vrai que depuis la plus haute antiquité chaque génération éprouve le besoin d’une expérience formatrice, d’un rite de passage. Avant les années 1960, ces expériences venaient naturellement à travers les guerres, les famines ou les épidémies. Depuis la fin de la guerre d’Algérie, la société française est obligée de produire ces expériences « sur commande » si l’on veut. Mai 1968, le Larzac, 1981… autant de « fausses révolutions » qui permettent aux générations successives de se donner l’impression d’avoir fait l’histoire…
Je ne lis pas le torchon de Plenel, ce dernier m’étant très très antipathique, avec sa prétention à détenir la Vérité Vraie.
A côté de ce non-scoop que sont les Panama Papers, les médias furent très discrets sur la reprise de Palmyre par l’armée syrienne régulière aidée par les russes (et sans doute le Hezbollah sur le terrain). Pourtant l’invasion de cette cité oh combien importante au niveau culturel par les terroristes avait ému l’an dernier, voir que c’est “l’Axe du Mal” qui l’a sauvée me fait ricaner. D’ailleurs, on remarquera que les raïs autocrates locaux (Saddam, Assad père) ont toujours préservé le passé culturel de leur pays, là où certains freedom fighters se sont empressés de le détruire (ou le vendre au marché noir). Est-ce un hasard si pour les pseudo-révélations de Panama, les journaleux se sont empressés de mettre Vlad Putin en première ligne ?
Un autre micro-événement très symbolique qui n’a pas fait la Une, c’est le Non des bons élèves européens que sont les néerlandais à un accord avec l’Ukraine “démocrate”, un énième coup de canif au machin européïste. Faut croire que là aussi, la propagande qui voulait nous faire passer les nazillons de Kiev pour des lanternes que nous accueillerions à bras ouverts a échoué.
@ Bannette
[Je ne lis pas le torchon de Plenel, ce dernier m’étant très très antipathique, avec sa prétention à détenir la Vérité Vraie.]
Je vous rassure : en personne, il est encore pire. Je l’ai entendu dans une conférence, c’était à pleurer. Surtout quand on a lu « La face cachée du Monde » de Péan et Cohen… Pour faire court, il a troque le messianisme trotskyste pour le messianisme journalistique.
[A côté de ce non-scoop que sont les Panama Papers, les médias furent très discrets sur la reprise de Palmyre par l’armée syrienne régulière aidée par les russes (et sans doute le Hezbollah sur le terrain).]
Je ne trouve pas. Ce n’est tout de même pas la chute de Stalingrad… c’est une prise symbolique et je trouve que la couverture des médias a été assez décente.
[D’ailleurs, on remarquera que les raïs autocrates locaux (Saddam, Assad père) ont toujours préservé le passé culturel de leur pays, là où certains freedom fighters se sont empressés de le détruire (ou le vendre au marché noir).]
Tout a fait. Parce que les « raïs autocrates » avaient une vision de la Nation assez proche de la notre : « le souvenir des grandes choses faites ensemble, et le désir d’en accomplir de nouvelles ». Le baassisme comme le nasserisme étaient profondément historicistes. Ne voulant pas chercher les références dans le mythe religieux, ils sont allés le chercher dans l’histoire. D’où l’importance donnée aux fouilles archéologiques, aux musées, aux bibliothèques.
[Est-ce un hasard si pour les pseudo-révélations de Panama, les journaleux se sont empressés de mettre Vlad Putin en première ligne ?]
Probablement pas. Mais je ne crois pas qu’il s’agisse d’une conspiration. Simplement, Vlad Poutine fait vendre du papier.
[Un autre micro-événement très symbolique qui n’a pas fait la Une, c’est le Non des bons élèves européens que sont les néerlandais à un accord avec l’Ukraine “démocrate”, un énième coup de canif au machin européïste.]
Là, par contre, je trouve la discrétion des médias remarquable… mais on sait bien que nos médias ont sur la question européenne une attitude militante.
J’ai toujours tendance à me méfier désormais quand je lis quelque par le nom de Soros… Il semble qu’il ait contribué au financement de cette “grande enquête”… Hmm
Tout comme vous je n’ai pas du tout compris qu’on fasse passer cette banale “nouvelle” pour un scoop…
Il faut croire que l’on nous prend vraiment pour des cons. Les gens savent bien que les puissants profitent du système jusqu’au bout.
Ce qui est plus étonnant c’est cette schizophrénie : on dénonce la pratique, mais on cautionne sa mise en place.
Pourquoi d’après vous? Du côté des puissants et des politiques, je comprends bien. Mais pourquoi les journaux suivent-ils? Pourquoi sont-ils aussi peu conséquents?
@Bruno
[Mais pourquoi les journaux suivent-ils? Pourquoi sont-ils aussi peu conséquents?]
Parce que ça fait vendre du papier…
Je ne peux m’empêcher de vous inviter à lire ce papier dans lequel le “quotidien de référence” brille d’une rare auto-satisfaction :
http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/04/16/du-bon-usage-de-la-complementarite_4903462_3232.html
@Bruno
La lecture des papiers du “médiateur” du grand quotidien du soir sont généralement un exercice pénible…
Ami et camarade, moi je vois au contraire un intérêt politique majeur aux “Panama Papers”. Ils sont surtout là pour dire au vulgus pecum aux prises avec la crise : “Non, ce n’est pas le capitalisme qui est pourri jusqu’à la moelle ; c’est une clique de malhonnêtes qui cherchent à planquer leur pognon !” Ainsi, nul besoin de combat politique ; une bonne opération de police suffira. Pour faire vrai, on donnera au dit pecum quelques ambulances et corbillards sur quoi tirer, comme Cahuzac ou Balkany.
Mais j’y trouve quand même le signe qu’il devient difficile de présenter le système dans lequel nous vivons comme le meilleur des mondes. Il devient nécessaire aujourd’hui d’abattre une digue, pour déverser le flux trop puissant du mécontentement des peuples vers des landes où il ne fera pas trop de dégâts.
Il suffit de veiller, pour faire flèche de tout bois, que tel et tel adversaire de l’empire sera mouillé, mais pas les boss de Washington ou de Bruxelles.
@ Gugus69
[Ils sont surtout là pour dire au vulgus pecum aux prises avec la crise : “Non, ce n’est pas le capitalisme qui est pourri jusqu’à la moelle ; c’est une clique de malhonnêtes qui cherchent à planquer leur pognon !” Ainsi, nul besoin de combat politique ; une bonne opération de police suffira. Pour faire vrai, on donnera au dit pecum quelques ambulances et corbillards sur quoi tirer, comme Cahuzac ou Balkany.]
Je n’y avais pas pensé, mais il est vrai que votre idée explique pas mal de choses. En effet, la présentation moralisante tend à faire croire que le problème tient au comportement individuel des individus, et non à un élément inhérent à la logique du capitalisme financier mondialisé. Si on admet l’idée que la concurrence conduit au meilleur équilibre toujours est partout, on voit mal pourquoi le domaine fiscal devrait être protégé. Et si on admet la concurrence fiscale, on admet l’idée de paradis fiscal.
[Il suffit de veiller, pour faire flèche de tout bois, que tel et tel adversaire de l’empire sera mouillé, mais pas les boss de Washington ou de Bruxelles.]
Juncker est à mon avis un excellent exemple de l’hypocrisie qui règne chez nos élites médiatiques et politiques sur cette question.
Bonjour M. Descartes,
Je tiens d’abord à vous dire que je lis et apprécie beaucoup votre blog. En ce qui concerne les Panama Papers, ils n’ont peut-être pas d’intérêt pour les citoyens ; en revanche, ils me semblent avoir un grand intérêt pour la justice.
@Ryuzaki
Merci beaucoup de votre encouragement. Je ne sais pas dans quelles conditions les Panama papers seront communiqués à la justice, ni quelle est leur valeur probante. Il faut insister sur un fait: les “papiers” n’ont été vus qu par une centaine de journalistes, et ne sont pas publics…
Bonsoir Descartes,
> Et bien, je vais essayer de répondre. D’abord, cette affaire n’a en elle-même aucune valeur pédagogique. Elle n’apprend rien au lecteur qu’il ne sut déjà.
La pédagogie étant en partie affaire de répétition, cette affaire n’a-t-elle *précisément* pas valeur pédagogique ?
@ Antoine
[La pédagogie étant en partie affaire de répétition, cette affaire n’a-t-elle *précisément* pas valeur pédagogique ?]
Je n’en suis pas convaincu. On n’est pas à l’école, et en matière politique je me méfie de la valeur pédagogique du scandale. Je me demande si ce genre de “révélation” ne va pas finalement banaliser la chose.
2020, défilé de la victoire sur daesch aux Champs Elysées :
En tête, les américains : porte-flingues fureteurs protégeant les « personnalités », gros capitalistes à haut de forme et cigare, girls court vêtues, musique militaire jazz « afro-américains » swinguant, pasteur brandissant la bible… Puis leurs alliés.
Une partie de la foule : « Vive l’Amérique ! vive (président USA) !
Ensuite, les russes : porte-flingues fureteurs idem, directeurs de consortium mastiquant du caviar, petits rats du Bolchoï, accordéon et danses des cœurs de l’armée russe, pope brandissant une icône… Puis leurs alliés.
L’autre partie de la foule : « Vive la Russie ! vive Poutine ! »
Faust : « Et la France, dans tout ça ? »
Week-end suivant : manifestation contre la troisième loi « travail » :
Foule immense, dense, serrée, déterminée. Nous sommes dans une zone commerciale de banlieue, chacun pousse son caddy. De loin, le cortège « Ikéa » est le plus nombreux, ils sont venus de partout. Le cortège « Carrefour » est pas mal non plus et il y a les autres que l’on reconnait à leurs enseignes…
Plus loin, le défilé des vacanciers et des pêcheurs à la ligne… Ah ! Les braves gens !
La manifestation syndicale n’a réuni que 2737 personnes selon la police, 5000 selon les organisateurs.
Faust (ne sachant plus pour cause d’U.E. s’il est Français ou Allemand) :
« Im Anfang war das Wort »……………………………………………« Au commencement était le Verbe »………….
..« Au commencement était la force ! »…………………………. « Im Anfang war die Kraft! »………………….
…« Im Anfang war die Tat! »……………………………………………« au commencement était l’action! ».
Baisser de rideau.
@morel
[Week-end suivant : manifestation contre la troisième loi « travail » : Foule immense, dense, serrée, déterminée. Nous sommes dans une zone commerciale de banlieue, chacun pousse son caddy. De loin, le cortège « Ikéa » est le plus nombreux, ils sont venus de partout. Le cortège « Carrefour » est pas mal non plus et il y a les autres que l’on reconnait à leurs enseignes…]
Ce n’est pas mal observé…
[La manifestation syndicale n’a réuni que 2737 personnes selon la police, 5000 selon les organisateurs.]
La question qu’il faut se poser est : pourquoi les gens vont manifester ? Autrement dit, qu’est ce qui peut bien motiver les gens pour sacrifier une demie journée de travail – ou une demie journée de congé – pour aller battre le pavé derrière une banderole ? Je me souviens les manifestations de mon enfance et de ma jeunesse. On y allait en famille, on y rencontrait des copains – du Parti, de la « Cgete » – avec qui on échangeait des nouvelles et on allait boire un coup ensemble. Les pancartes « individuelles » étaient l’exception, et les banderoles collectives – celle d’une usine, d’un atelier, d’une administration – règle. Et on était fier d’avoir amené autant de monde pour montrer aux copains des autres usines qu’on était fort.
Et puis, il y avait une perspective politique. On défilait derrière des dirigeants en qui on avait confiance et qui avaient une vraie autorité et un vrai prestige. On avait des organisations qui avaient un véritable projet politique et social et qui pouvaient inscrire des actions ponctuelles dans un ensemble cohérent.
Qu’est ce qui pourrait me donner envie de manifester aujourd’hui ? Pas grande chose : c’est devenu une foire ou chacun fait ce qu’il lui plait. Les pancartes individuelles deviennent la règle, et le collectif l’exception. La tête de manif est prise par des dirigeants qui se détestent et qui poursuivent chacun ses propres objectifs. Et puis, il n’y a pas de perspective. On ne demande finalement que le maintien de l’existant.
Airbus n’est pas une boîte franco-française et je ne vois pas pourquoi vous exigeriez des actionnaires non Français de ce groupe européen d’aller inscrire leur société dans un pays où ils paieraient plus d’impôts;
le pseudo Descartes nous fait croire à son nationalisme cocorico mais en fait il voudrait plus de réglementation européenne pour traquer ceux qui optimisent leur rentabilité, faudrait savoir…
NB: j’apprends sur ce site de haute volée que ma fille est dans une “garderie pour classe moyenne” (pseudo D), que j’ai des idées de gauche, “la panoplie des idées disponibles à “gauche” n’est pas si large… surtout les idées dominantes chez les “classes moyennes” (Antoine) et que j’aurais “joué ce jeu de se créer un personnage, et que là aussi elle avait joué sur le style pour donner une crédibilité à sa création” (pseudo D)
alors une fois pour toutes: NON, je n’appartiens pas à la classe moyenne (ni économiquement, ni culturellement), NON je ne suis pas de gauche (à moins que Macron et Valls se lancent ensemble mais je ne crois pas que ce serait un mouvement “de gauche”), et OUI Françoise est un pseudo (quant à une soit-disant Germaine, saluez-là de ma part si vous la croisez dans vos archives)
@ Françoise
[Airbus n’est pas une boîte franco-française et je ne vois pas pourquoi vous exigeriez des actionnaires non Français de ce groupe européen d’aller inscrire leur société dans un pays où ils paieraient plus d’impôts;]
Moi je « n’exige » rien, je constate. Ce sont les mêmes qui militent pour la libre circulation des capitaux et la liberté d’établissement qui font le numéro de la vierge violée quand le capital utilise ces facilités pour s’installer là où ses intérêts sont le mieux servis. Je trouve qu’il y a là une bien curieuse contradiction, dont il me paraît utile d’essayer de comprendre les ressorts.
[le pseudo Descartes nous fait croire à son nationalisme cocorico mais en fait il voudrait plus de réglementation européenne pour traquer ceux qui optimisent leur rentabilité, faudrait savoir…]
Pas du tout. Je ne veux surtout pas « plus de réglementation européenne », puisqu’on sait que la réglementation européenne va toujours dans le même sens, celui de la concurrence fiscale. Ce que je voudrais, c’est plus de réglementation NATIONALE pour assurer que la valeur créée et l’argent gagné en France est imposé en France.
Pour le reste, vos états d’âme ne m’intéressent pas.
voilà ce que ne peut pas faire un Etat à son petit niveau:
l’action de l’UE:
http://www.la-croix.com/Economie/Monde/Bruxelles-durcit-ligne-contre-evasion-fiscale-2016-04-12-1200752788
et celle de l’OCDE:
http://www.keepeek.com/Digital-Asset-Management/oecd/taxation/plan-d-action-concernant-l-erosion-de-la-base-d-imposition-et-le-transfert-de-benefices_9789264203242-fr#page1
Pour Airbus, ils sont partis assembler les pièces aux USA car la main d’oeuvre est moins chère et la TVA quasi inexistante;
la seule mesure que pourrait prendre la France serait de baisser les charges sociales, mais pas sûr que vos collègues soient d’accord?
@ Françoise
[voilà ce que ne peut pas faire un Etat à son petit niveau:]
Mais bien sur que si : présenter des plans et des projets c’est à la portée de tout le monde… tiens, si vous voulez que je vous fasse un « plan de lutte contre les paradis fiscaux », je vous en fais un demain matin.
Cela ne vous étonne pas que la proposition de la Commission arrive juste au moment du scandale des « Panama papers » ? En fait rien d’étonnant à ça : c’est une opération de communication pour montrer que l’UE fait quelque chose. On verra ce qui restera de cette initiative une fois que le cirque médiatique s’éloignera. Ce ne sera ni la première ni la dernière proposition de directive concernant la lutte contre l’évasion fiscale sans lendemain…
Par ailleurs, vous noterez que la directive en question n’exige des entreprises que la publication d’un certain nombre de données. Ce que peut parfaitement faire un Etat « à son petit niveau ». D’ailleurs, si jamais la directive passait elle n’aurait effet que par sa transposition dans la législation nationale de chaque état membre.
[Pour Airbus, ils sont partis assembler les pièces aux USA car la main d’oeuvre est moins chère et la TVA quasi inexistante;]
Vous dites n’importe quoi : la TVA n’a aucun effet, puisque les biens exportés ne payent pas de TVA dans le pays qui les exporte. Airbus assemble aux USA non pas parce que la main d’œuvre ou la fiscalité seraient moins couteuses, mais parce que les Etats-Unis pratiquent des politiques protectionnistes, et qu’il est donc plus difficile de pénétrer le marché américain lorsqu’on ne produit pas aux Etats-Unis. Et beaucoup de pays font de même : la Chine, l’Inde, le Brésil n’achètent nos trains, nos réacteurs nucléaires ou nos Rafale que sous condition qu’une partie de la production soit « localisée ». Pourquoi ne faisons-nous pas de même ? Eh bien… faudrait le demander à Bruxelles…
On peut dire ce qu’on veut, mais Descartes dans le texte, c’est quand même autre chose… Et si vous vous demandez encore à quoi servent vos billets, je vous le dis tout de go : ils m’empêchent de me jeter dans le canal, et c’est déjà quelque chose. Mais il est vrai, et j’en conviens volontiers, qu’à l’échelle de la civilisation, la préservation de mon intégrité physique est un phénomène insignifiant…
Pour le surplus, je crains que l’action, fût-elle collective, soit impuissante à modifier le cours des événements… Je ne parle pas, bien sûr, de l’action “2.0 à coup de hashtag”, si chère à l’alter-gauche, inoffensive car décervelée (l’action comme l’alter-gauche), mais de la bonne vieille stratégie de lutte syndicale… Le pouvoir, l’ordre en place, est du même bois que Tatcher : borné, entêté, sûr de lui… La pression des travailleurs lui est indifférente; il n’a d’oreille que pour ses pairs.
J’arrête ici… l’attrait du canal réapparaît…
@ luxy luxe
[Et si vous vous demandez encore à quoi servent vos billets, je vous le dis tout de go : ils m’empêchent de me jeter dans le canal, et c’est déjà quelque chose.]
C’est beaucoup ! Vous mettez tout à coup une bien lourde responsabilité sur mes épaules… En tout cas, si mes billets vous permettent de passer un bon moment et vous remontent le moral, c’est déjà un bien grand encouragement !
[Pour le surplus, je crains que l’action, fût-elle collective, soit impuissante à modifier le cours des événements…]
Je ne sais pas. Je défend par optimisme méthodologique qu’il faut le croire, parce qu’autrement on se retire soigner son jardin et on ne fait plus rien. Même si cela n’a aucun effet sur le cours de l’événement, agir pour quelque chose de grand nous grandit nous-mêmes, comme disait François George. C’est déjà pas si mal. Et puis, il y a période et période. Nous n’avons pas la chance de vivre une période ou l’on refait le monde, mais on peut au moins faire quelque chose pour éviter qu’il se défasse…
[Le pouvoir, l’ordre en place, est du même bois que Tatcher : borné, entêté, sûr de lui… La pression des travailleurs lui est indifférente; il n’a d’oreille que pour ses pairs.]
De toute façon, la bourgeoisie n’écoute que lorsque le rapport de force l’y oblige. Et le rapport de force est aujourd’hui structurellement favorable au capital et défavorable au travail. C’est pourquoi il ne faut pas partir la fleur au fusil en imaginant qu’on va faire la révolution demain, comme le fait la « gauche radicale ». Le temps est plus à la résistance – et notamment à la résistance culturelle – qu’à la reconquête. Et cette résistance peut elle aussi être exaltante.
Fiscalité, taxations, prélèvements, dégrèvements, regrèvements, redevances, contributions, droits de mutations, de bail, d’apports, de donations, de successions, de plaidoirie, de participations, de dépassement, de réalisation, de non réalisation, de … pffff. Que de vilains mots, voyons les choses en face: ces Panama papers sont une aubaine, un bonheur poétique, infini, ils nous transportent, nous enlèvent, nous enflamment, ils nous transbordent… sans bourse délayer! Invitation au voyage; ils nous rappellent qu’au bout du tunnel métropolitain, le soleil brille, que la vie existe, transfigurée, une parabole que le petit écran de saurait égaler. Ces papers font traverser les mers, ils ressuscitent le capitaine Nemo, nous font faire le tour du monde en 80 secondes. L’herbe plus verte ailleurs, doutons en, au nom de l’égalité; tout autant paradisiaque, 2 petites enclaves qui jouissent de souveraineté fiscale, Panama et Belize? Mais non, elles se nomment palais Bourbon et palais du Luxembourg, leurs habitants : députés et sénateurs.
http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20130419.OBS6359/le-paradis-fiscal-des-deputes-et-senateurs.html
@ Olive
[Mais non, elles se nomment palais Bourbon et palais du Luxembourg, leurs habitants : députés et sénateurs.]
Je ne veux pas vous offenser, mais j’ai l’habitude d’être franc avec mes commentateurs. Et franchement, je trouve ce genre d’argumentation détestable. On utilise l’antiparlementarisme toujours à fleur de peau chez nos concitoyens pour vendre du papier, sans s’apercevoir qu’on ne fait qu’alimenter la musique du « tous pourris ». Tiens, curieusement l’Obs n’a jamais publié d’article sur les privilèges fiscaux des journalistes – et qui pourtant sont importants. Un oubli, sans doute…
La rémunération des parlementaires est très décente. Des indemnités complémentaires leur permettent de rémunérer des collaborateurs, de voyager gratuitement sur tout le territoire. Et c’est très bien. Parce que sans ça, la fonction parlementaire ne pourrait être correctement assumée que par ceux qui ont une fortune personnelle. C’est ça que nous voulons ? Que le député millionnaire puisse enquêter dans tout le territoire, se payer une secrétaire et un attaché pour éplucher les dossiers et préparer les débats, pendant que le député d’humble origine est confiné à Paris et bosse tout seul ?
Triste pays, ou l’on trouve scandaleuse la paye des députés, mais personne – et surtout pas l’Obs – ne râle contre les jetons de présence dans les conseils d’administration des grandes entreprises publiques et privées…
Cher Descrates,
J’apprécie au moins tout autant la franchise; et d’abord merci pour votre délicatesse, mais aucune offense dans votre réponse; peut il ne jamais y en avoir, sans doute pas, en dehors de celle parfois faite à l’intelligence de celui qui s’écarte de la vérité, involontairement ou pas. Eviter les amalgames d’interdit évidemment pas de regarder les choses en face (et de lire des articles). Evitons le procès des hebdomadaires, un autre jour… Simplement, les médias informent, de manière plus ou moins objective, à chacun d’interpréter selon ses références… comprendre entre les lignes ce qui relève du militantisme, parfois grossier, de l’information. Tous pourris, sans doute pas, majoritairement, certainement, puisque vous connaissez le fonctionnement des institutions française, leur composition, train de vie, opacité de fonctionnement, privilèges de toutes sortes à tous les étages, pour ceux qui sont en place, et ceux qui l’ont déjà quittée; enrichissement personnels sur l’épargne des français (vois le Figaro si vous le souhaitez, ou autre, l’article intitulé “Comment des députés deviennent propriétaires grâce à leurs indemnités”) les exemples sont multiples, la liste interminable; qu’un employé dispose d’un budget de fonctionnement est habituel, dépenses sans justificatifs ni contrôle, déjà moins; aucune entreprise n’oserait, le fisc ne le permettrait d’ailleurs pas; la Cour des compte tente bien quelques sorties, mais puisque “tout le monde” (politiciens que vous dites irréprochables) s’en contrefiche; ces “représentants” ne sont simplement pas soumis au droit commun réservé à la vulgum pecus, à bien des égards, fiscalité, régimes de retraites, etc. vous avez lu des articles; les abus dépensiers de la politique et de l’administration sont, autant le dire simplement, scandaleux. Traduire les rémunérations des responsables publiques en équivalent salaire d’un employé ordinaire serait déjà une performance; elle ne nuirait pas à cette démocratie qui rejette la transparence (elle aurait d’ailleurs pu être inscrite dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, article XIV, cette transparence: “Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs Représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée”… “ET leurs représentants” aurait été mieux formulé, certainement, où avaient ils la tête?). Quant à l’efficience du Parlement français, pour n’évoquer que lui, près de 1000 bouches bien nourries, et la Cour qui les sert; quand le Sénat et la Chambre des représentants américains réunissent 535 représentants, au service d’une population de 318 millions d’individus qui génère 17 348,075 milliards de dollars de PIB; rapportez tout ces chiffres à la France et son mille feuille administratif, en effet, la soupe est bonne… si elles servent les français, et les plus démunis… en partie, mais dans quelle mesure??; conclusion: on se moque du monde.
“Personne ne râle contre les jetons de présence dans les conseils d’administration d’entreprises publiques”, ha oui, vraiment ?… ouvrir les débats publiques, présenter les chiffres à la population; il faudra creuser…
Quant au privé, les CA consanguins sont en effet particulièrement vulgaires, surtout lorsqu’ils sont protégés dans des monopoles offerts par le politique, et même parfois sauvés par l’argent des ménages, eux, des libéraux, plus ou moins sociaux ?! . Le libéralisme ne fonctionne que lorsqu’on l’applique. Triste pays, vous le dites si bien.
PS: ‘”sans bourse délier”, évidemment, vous aviez corrigé par vous même.
@ Olive
[Simplement, les médias informent, de manière plus ou moins objective, à chacun d’interpréter selon ses références…]
Les médias « informent » ? Cela dépend de ce que vous appelez « information ». Les médias construisent une représentation de la réalité en fonction de leurs intérêts – vendre du papier, pour faire vite – et des intérêts de leurs propriétaires. Pour atteindre le premier but, il faut dire aux gens ce que ceux-ci savent déjà et ont envie d’entendre, c’est-à-dire, de satisfaire leurs préjugés. Pour atteindre le deuxième but, il faut présenter une représentation dans laquelle tout ce qui est bon pour leurs actionnaires apparaisse bon pour la collectivité…
En fait, les médias « informent » lorsqu’ils ne peuvent pas faire autrement. Car il faut que la représentation qu’ils nous proposent soit crédible, et pour qu’elle soit crédible elle ne doit pas heurter trop frontalement l’évidence empirique – sauf bien entendu dans les situations ou l’envie de croire du public est telle qu’on peut lui raconter n’importe quoi.
[Tous pourris, sans doute pas, majoritairement, certainement, puisque vous connaissez le fonctionnement des institutions française, leur composition, train de vie, opacité de fonctionnement, privilèges de toutes sortes à tous les étages, pour ceux qui sont en place, et ceux qui l’ont déjà quittée;]
Excusez-moi, mais de ce que je « connais » je ne tire nullement la même conclusion que vous. Pourriez-vous illustrer de quelques exemples ?
[enrichissement personnels sur l’épargne des français (vois le Figaro si vous le souhaitez, ou autre, l’article intitulé “Comment des députés deviennent propriétaires grâce à leurs indemnités”)]
Je ne comprends pas le rapport avec « l’épargne des français ». Par ailleurs, je ne saisis pas ce qu’il y aurait de condamnable dans le fait de « devenir propriétaire grâce à ses indemnités ». Les salariés deviennent propriétaires – quant ils le peuvent – grâce à leurs salaires. Les fonctionnaires grâce à leur traitement. Pourquoi devrait-il en aller différemment pour les élus ? Au nom de quoi on devrait décider qu’un salarié à le droit de payer une maison avec ses revenus, mais du jour où il est élu député – et ne peut donc plus travailler – il faudrait qu’il y renonce ?
[les exemples sont multiples, la liste interminable; qu’un employé dispose d’un budget de fonctionnement est habituel, dépenses sans justificatifs ni contrôle, déjà moins; aucune entreprise n’oserait, le fisc ne le permettrait d’ailleurs pas]
Vous faites erreur : il y a beaucoup d’entreprises et d’administrations qui remboursent les frais au forfait, et donc sans justificatif. C’est une simple logique de coût : dans certains cas, le contrôle des justificatifs coûte cher, plus cher que l’argent qu’il est censé économiser. Prenez par exemple les frais de mission : les entreprises qui envoient souvent leur personnel en mission en France divisent le territoire en deux ou trois « zones » pour lesquelles elles définissent un « forfait jour », moyenne de ce que coutent deux repas et une nuit d’hôtel dans cette zone. Vous partez en mission cinq jours ? Et bien, vous êtes remboursé de cinq fois le « forfait jour ». Et si vous avez réussi à négocier un hôtel moins cher ou mangé chez une cousine… tant mieux pour vous. Une autre fois vous aurez un hôtel plus cher et vous ne trouverez pas de restaurant bon marché, et vous perdrez un peu d’argent. En moyenne, ça compense. Et vous n’avez pas à vous emmerder à collectionner reçus de restaurant et factures d’hôtel, pas plus que votre employeur n’a à payer ses gens pour les contrôler.
[ces “représentants” ne sont simplement pas soumis au droit commun réservé à la vulgum pecus, à bien des égards, fiscalité, régimes de retraites, etc.]
Excusez-moi, mais de quel « droit commun » parlez-vous ? Parce qu’en France le « vulgum pecus » est une vue de l’esprit. Si les élus ne sont pas soumis au droit commun, c’est aussi le cas pour les artisans, les curés, les fonctionnaires, les agents des IEG, les notaires, les prostituées… en fait, le régime général est bien moins « général » qu’on veut bien le dire.
[vous avez lu des articles; les abus dépensiers de la politique et de l’administration sont, autant le dire simplement, scandaleux.]
Oui, j’ai bien lu, mais je ne crois que très exceptionnellement ce que je lis simplement parce que c’est imprimé. J’aimerais bien entendre quelques exemples précis et documentés des « abus dépensiers de la politique et de l’administration ».
[Traduire les rémunérations des responsables publiques en équivalent salaire d’un employé ordinaire serait déjà une performance; elle ne nuirait pas à cette démocratie qui rejette la transparence]
Je ne comprends pas votre problème. La loi vous permet de consulter le revenu imposable de n’importe lequel de vos concitoyens. Il suffit de se rendre au centre des impôts de son domicile. Dans la mesure où les rémunérations des élus sont fiscalisées, cela satisfait parfaitement votre demande. Par ailleurs, la comparaison des rémunérations des « responsables publics » sont beaucoup moins importantes que vous ne le croyez, et largement inférieures à celles offertes pour les mêmes profils par le secteur privé.
[Quant à l’efficience du Parlement français, pour n’évoquer que lui, près de 1000 bouches bien nourries, et la Cour qui les sert; quand le Sénat et la Chambre des représentants américains réunissent 535 représentants, au service d’une population de 318 millions d’individus qui génère 17 348,075 milliards de dollars de PIB; rapportez tout ces chiffres à la France et son mille feuille administratif, en effet, la soupe est bonne… si elles servent les français, et les plus démunis… en partie, mais dans quelle mesure??; conclusion: on se moque du monde.]
C’est vous qui vous « moquez du monde » en comparant ce qui n’est pas comparable. D’abord, il ne vous aura pas échappé que le Congrès américain est celui d’un pays fédéral, ou le gouvernement central a beaucoup moins de compétences. Il faudrait donc y ajouter l’effectif des sénats et des chambres des états fédérés, et alors là… Par ailleurs, si vous voulez vivre aux Etats-Unis, rien ne vous y empêche. Cependant, avant d’acheter votre billet d’avion, je vous conseille de mieux vous informer : l’administration américaine a une réputation bien établie d’inefficacité et de corruption.
[« Personne ne râle contre les jetons de présence dans les conseils d’administration d’entreprises publiques », ha oui, vraiment ?… ouvrir les débats publiques, présenter les chiffres à la population; il faudra creuser…]
Oui, vraiment. A ma connaissance, personne ne propose aujourd’hui la suppression des jetons de présence.
Bonsoir Descartes,
Je sais que vous n’avez certainement pas que ça à faire mais j’aimerais vous suggérer un sujet de billet si à l’occasion vous en cherchiez : le gaullo-communisme. Vous parlez en effet souvent du “pacte gaullo-communiste” implicite qui a tant marqué la France durant les années gaulliennes et c’est un sujet que je trouve passionnant mais sur lequel il me semble que très peu de choses ont été écrites. De toutes mes lectures je crois n’avoir vu cette question de la “gémellité inversée” étrange de ces deux grands courants du jacobinisme français abordée que dans l’article des Lieux de mémoires T3 de Nora intitulé “Gaullistes et communistes” ainsi que, rapidement, dans le récent ouvrage de Gauchet “Comprendre le malheur français”. Mais en dehors de ça et si je fais abstraction de l’analyse tactique de l’alliance objective des gaullistes et communistes contre la IVe République au Parlement notamment contre la CED, il n’y a rien, du moins à ma connaissance.
Etant bien trop jeune pour avoir pu connaître cela directement, je serais très intéressé par votre analyse sur la question, notamment à la lumière de votre expérience au sein du PCF. Comment le PCF et ses militants considéraient-ils de Gaulle et les gaullistes ? Et réciproquement ? Comment les deux doctrines percevaient-elles leur proximité et leurs différences irréductibles, à la fois du temps de leur splendeur mais aussi de leur décadence simultanée dans les années 1980 ? En tant que jacobin forcené et gaulliste, quoique à l’origine d’une sensibilité “de gauche” – à l’époque où je croyais encore que ce mot avait un sens – je suis assez frustré par la difficulté à trouver des sources fiables et intéressantes sur ce qu’à été le “grand PCF” des années 1950-1980, c’est assez frappant comme la mémoire de l’influence sociale immense de ce mouvement a été totalement occultée depuis les années 1990, aujourd’hui quand je parle à quelqu’un de mon âge des écoles internes de formation de cadres du PCF par exemple il y a bien peu de chances qu’il connaisse même leur existence… D’une certaine manière le gaullisme a aussi subi une occultation mais sur un mode différent, on a plutôt réécrit son histoire pour faire de de Gaulle un “grand européen malgré tout” en passant par pertes et profit ce qui est peut-être la partie la plus subversive du message gaullien : l’idée que la grandeur de la France et la souveraineté du peuple français sont indissolublement liée et qu’elles sont plus une question de volonté collective que de “masse critique face à la Chine ou aux E-U”.
@ Carnot
[Je sais que vous n’avez certainement pas que ça à faire mais j’aimerais vous suggérer un sujet de billet si à l’occasion vous en cherchiez : le gaullo-communisme.]
C’est un très beau sujet… mais il nécessite le travail patient et les lumières d’un véritable historien. Je ne suis qu’un commentateur…
[Vous parlez en effet souvent du “pacte gaullo-communiste” implicite qui a tant marqué la France durant les années gaulliennes et c’est un sujet que je trouve passionnant mais sur lequel il me semble que très peu de choses ont été écrites.]
Le « gaullo-communisme » présente un problème théorique intéressant. Il faut bien comprendre qu’il n’a jamais existé de véritable entente, de véritable alliance formelle, institutionnelle, entre gaullistes et communistes après les combats de la Résistance. Politiquement, les deux mouvements se sont au contraire combattus pied à pied. Le « gaullo-communisme » est une construction à postériori. Elle résulte de l’observation des politiques réellement suivies plus que des discours. Si gaullistes et communistes se sont disputés le pouvoir – symbolique et réel – au nom d’idéologies très différentes, leurs visions de ce que devait être la politique de la France et les valeurs qui les sous-tendaient étaient finalement assez proches. Et surtout, les deux mouvements étaient beaucoup plus éloignés des autres composantes de leur même camp – centristes et socialistes – qu’ils ne l’étaient entre eux. On l’a bien vu en Mai 1968, mais aussi lors de la décolonisation. Peut-être celui qui le mieux à peint cette convergence et souligné la tragédie de cette alliance impossible est Paul-Marie de La Gorce dans son livre « L’après guerre ».
[De toutes mes lectures je crois n’avoir vu cette question de la “gémellité inversée” étrange de ces deux grands courants du jacobinisme français abordée que dans l’article des Lieux de mémoires T3 de Nora intitulé “Gaullistes et communistes” ainsi que, rapidement, dans le récent ouvrage de Gauchet “Comprendre le malheur français”. Mais en dehors de ça et si je fais abstraction de l’analyse tactique de l’alliance objective des gaullistes et communistes contre la IVe République au Parlement notamment contre la CED, il n’y a rien, du moins à ma connaissance.]
Non, c’est vrai. J’ai l’impression que les historiens français sont au moins aussi contraints que les politiques par la coupure droite/gauche. On dirait qu’ils évitent soigneusement les sujets qui montrent la le caractère artificiel de cette frontière et les situations et les personnages ambigus vis-à-vis de cette division. Le gaullo-communisme mais aussi la période de Vichy posent de ce point de vue des problèmes complexes…
[Etant bien trop jeune pour avoir pu connaître cela directement, je serais très intéressé par votre analyse sur la question, notamment à la lumière de votre expérience au sein du PCF. Comment le PCF et ses militants considéraient-ils de Gaulle et les gaullistes ?]
Je suis moi aussi beaucoup trop jeune pour répondre à votre question complètement. Lorsque j’ai eu l’âge de militer, De Gaulle était mort depuis longtemps. Le gaullisme, pour nous, c’était Chirac ou Pasqua… Mais dans mon souvenir, il y avait toujours une sorte d’ambigüité dans les rapports avec cet adversaire auquel on se confrontait – y compris physiquement, parce qu’à l’époque les campagnes électorales étaient tout sauf pacifiques – mais avec lequel on se retrouvait souvent sur les mêmes positions sur les grandes questions. D’ailleurs, lorsque cela arrivait le discours standard était de dénoncer « l’hypocrisie » du camp adverse : ce fut le cas lorsque Chirac manifesta son souverainisme dans « l’appel de Cochin » ou lorsque le PCF décida en 1977 de soutenir la stratégie de dissuasion nucléaire. Personnellement, je toujours trouve regrettable le « communisme » de certains gaullistes et le « gaullisme » de certains communistes soit resté honteux. Il y a eu d’ailleurs des « gaullistes de gauche » qui ont essayé d’établir un pont et qui étaient très bien reçus par les dirigeants et les militants du PCF. Mais le tabou que constitue la division droite/gauche et l’anathème qui s’attache à celui qui essaye de la traverser était trop puissant pour que cela aille plus loin.
[Et réciproquement ? Comment les deux doctrines percevaient-elles leur proximité et leurs différences irréductibles, à la fois du temps de leur splendeur mais aussi de leur décadence simultanée dans les années 1980 ?]
Même si sous le manteau certains admettaient cette proximité, chacun était trop lié à son histoire pour pouvoir l’avouer. Il ne faut pas non plus oublier les effets de la guerre froide, qui ont polarisé à l’extrême le spectre politique. Le gaullisme, qui au départ prétendait dépasser la division droite/gauche a été obligé de se positionner à droite pour trouver un électorat (on peut d’ailleurs se poser une intéressante question : si l’électorat populaire n’avait pas été encadré par un PCF fort et avait été vacant, est-ce que le gaullisme ne se serait pas allé plutôt chercher cet électorat-là ?).
Je pense que la décadence commune du gaullisme et du communisme dans les années 1980 – ce qui a postériori accrédite l’idée que les deux organisations étaient liées aux mêmes intérêts et à une même vision du monde – a peut-être rendu communistes et gaullistes plus conscients de leur patrimoine commun, notamment lorsque les historiens révisionnistes ont commencé à attaquer l’image de la Résistance.
[En tant que jacobin forcené et gaulliste, quoique à l’origine d’une sensibilité “de gauche” – à l’époque où je croyais encore que ce mot avait un sens – je suis assez frustré par la difficulté à trouver des sources fiables et intéressantes sur ce qu’à été le “grand PCF” des années 1950-1980, c’est assez frappant comme la mémoire de l’influence sociale immense de ce mouvement a été totalement occultée depuis les années 1990, aujourd’hui quand je parle à quelqu’un de mon âge des écoles internes de formation de cadres du PCF par exemple il y a bien peu de chances qu’il connaisse même leur existence…]
Comme disait Orwell, « qui contrôle le présent contrôle le passé, qui contrôle le passé contrôle l’avenir ». Et il n’y a pas qu’en URSS qu’on efface des photos les gens qu’on ne veut plus voir. Les élites politico-médiatiques d’aujourd’hui sont pour une large part héritières – quand ce n’est pas les mêmes – de celles qui ont combattu et finalement détruit le PCF. Leur bilan étant ce qu’il est, elles n’ont pas du tout envie d’assumer leur œuvre…
[D’une certaine manière le gaullisme a aussi subi une occultation mais sur un mode différent, on a plutôt réécrit son histoire pour faire de de Gaulle un “grand européen malgré tout”]
De Gaulle est certainement plus difficile à faire oublier que Thorez, Duclos ou Marchais, ne serait-ce que parce qu’ayant gouverné son œuvre est visible, alors que le PCF n’a changé la France que par son influence. C’est pourquoi la technique de stérilisation est différente… mais tout aussi néfaste.
[je suis assez frustré par la difficulté à trouver des sources fiables et intéressantes sur ce qu’à été le “grand PCF” des années 1950-1980]
Sur ces thématiques, vous pouvez suivre les travaux de Nathalie Ethuin et Julian Mischi, dans les noms que je connais…
Si je peux me permettre! Comment les communistes considéraient-ils De Gaulle et les gaullistes? D’abord, De Gaulle, le “grand Charles”! Pour la période de la résistance, ils avaient un grand respect en lui pour avoir dit non à “l’amgo” des américains et …des britanniques. De Gaulle n’avait pas une grande sympathie pour Churchill. N’oublions pas la lutte de pouvoir entre De Gaulle et Giraudqui était soutenu par les anglo-saxons. Il avait tissé des liens…diplomatiques avec Staline, notamment avec la création de l’escadrille “Normandie-Niemen” qui a combattu sur le front russe. Pour les communistes, c’était un résistant, un patriote et…”souverainiste” mais un militaire et de plus un “DE”!!!
Maintenant les gaullistes! Il y avait dans son entourage (De Gaulle) de nombreux “nationalistes”, Soustelle et bien d’autres, qui étaient de fervents américanophiles et anti communistes. Le PCF a donc soutenu De Gaulle tant qu’il a pu imposé le programme du CNR aux siens. Et De Gaulle avait confiance au travail des ministres communistes.
Le retour de De Gaulle en 1958 est nettement plus compliqué.
@ dudu87
[Il avait tissé des liens…diplomatiques avec Staline, notamment avec la création de l’escadrille “Normandie-Niemen” qui a combattu sur le front russe. Pour les communistes, c’était un résistant, un patriote et…”souverainiste” mais un militaire et de plus un “DE”!!!]
De Gaulle était un ovni politique. Imaginez, un homme venant incontestablement de la droite qui ouvre la porte du gouvernement aux communistes et impose au patronat libéral des réformes sociales et économiques qui aboutissent pratiquement à une économie planifiée. Ce positionnement explique l’ambiguïté de la vision qu’on avait de lui tant à droite qu’à gauche. Effectivement, au PCF on n’oubliait pas que c’était un homme de droite, mais on ne pouvait pas non plus oublier la Résistance. D’où une très grande gêne, entre un discours anticapitaliste qui rangeait mongénéral dans le camp de l’ennemi, et du soutien ponctuel dans les faits : en 1958, c’est en grande partie l’électorat ouvrier qui répondait au PCF qui a assuré la ratification de la Constitution.
[Le retour de De Gaulle en 1958 est nettement plus compliqué.]
Oui, parce qu’on y voyait l’arrivée d’un « dictateur ». Mais en pratique, l’électorat du PCF a soutenu la nouvelle constitution et les communistes s’y sont finalement faits. La dénonciation de la Vème République fut finalement beaucoup plus véhémente chez les centristes et les socialistes – qui tenaient leur pouvoir du régime de « troisième force » de la IVème – que chez les communistes.
Bonjour Descartes,
pardon de ramener J. Sapir encore une fois, mais je trouve qu’il enfonce beaucoup de portes ouvertes dans son dernier opus…
@ Anne Iversaire
[pardon de ramener J. Sapir encore une fois, mais je trouve qu’il enfonce beaucoup de portes ouvertes dans son dernier opus…]
Oui et non. Si sa vision est très « conformiste », l’article que vous citez pose deux questions qui à mon sens sont intéressantes.
Le mouvement « la nuit debout » est un rassemblement de gens pour dire « je ne suis pas content ». Mais « je ne suis pas content » de quoi, exactement ? Du capitalisme. De la consommation de viande. Du fait que la langue des signes n’est pas langue officielle de la République. Du système politique. Du temps qu’il fait. Or, peut-on en concentrant tous ces mécontentements en un lieu géographique en faire un « mouvement politique » ? Sapir écrit que le mouvement n’est pas « apolitique ». Il a raison : il s’agit d’un mouvement ANTIPOLITIQUE. Il ne s’oppose pas seulement à la politique présente ou à la politique passée, comme l’écrit Sapir, mais aussi à la politique en général, en ce qu’elle implique de hiérarchisation des problèmes, de compromis entre les différents intérêts. Crier « je veux autre chose » sans savoir quoi, ce n’est pas faire de la politique. Ce n’est même pas le début d’une politique.
La deuxième question est celle de l’homogénéité du mouvement. Lorsque Sapir écrit « l’organisation décentralisée ne fonctionne, on le sait, que quand existe une forte homogénéité des représentations parmi ses membres. Cette homogénéité, elle peut être atteinte par une idéologie partagée, ou par ce que l’on appelle une « doctrine » ». Certes, mais quel est le miracle qui permet qu’une « idéologie » soit « partagée », que les membres d’une collectivité fassent leur une « représentation » homogène ? Ne serait-ce, par hasard, l’existence d’un intérêt commun, plus vulgairement appelé « intérêt de classe » ? Sapir expose ici la raison pour laquelle un mouvement « inorganisé » ne peut pas, structurellement, déboucher sur un rassemblement de nature politique. Le seul ciment du mouvement est le rejet de l’existant. Dès lors qu’il s’agit d’élaborer un projet, on verra s’opposer des intérêts – et donc des « représentations » – antagoniques.
A propos des Gaullistes de gauche,Chalandon en fut un,bien meilleur que Jean Louis Bourlanges qui a dérivé vers les rivesde la déragulation libérale..Suivant en cela,Catherine Nay,propagandiste effrénée de la dérégulation européisto-libérale,alors qu’elle fut la compagne( de route,un certain temps) de Chalandon,qui comme Guéna furent des figures charismatiques du gaullisme de gauche.
Je me souviens qu’influencer par les chevénementistes l’UJP a même participé à des meetings communs MJS,MJCF,JOC dans les années 7O.
Moi aussi j’étais dans la mouvance PCF,comme toute ma famille qui l’est encore bien que sous l’impulsion des dirigeants actuels,le PCF risque bientôt de ne plus exister.
Le concept pour éclairer Carnot,qui me vient est celui de :rapports de force favorables.
En 1945-1980 les décolonisteurs+les souverainistes+les chrétiens sociaux+les progressistes athéo-marxistes+les partisans de la coexistance pacifique+les partisans de la planification industrielle+les constucteurs d’une modernité sociale,étaient majoritaires.
Avec toute ma sympathie…
@ luc
[A propos des Gaullistes de gauche, Chalandon en fut un, bien meilleur que Jean Louis Bourlanges qui a dérivé vers les rives de la déragulation libérale…]
Bourlanges n’a jamais été « gaulliste », ni de droite, ni de gauche. Il est plutôt proche des giscardiens de l’UDF. Chalandon, lui, avait été combattant dans la Résistance.
“Tous pourris” ? Selon votre place sur l’échiquier, vous aurez tendance soit, à vouloir raccourcir tout ce qui dépasse, soit, à réclamer toujours plus de rallonges pour tout ce qui ne ressemble pas à un laborieux.
“Vous faites erreur : il y a beaucoup d’entreprises et d’administrations qui remboursent les frais au forfait, et donc sans justificatif.” .
Les fonctionnaires (alors peut-être pas les très hauts, moins regardants quant à leurs dépenses, surtout extra-professionnelles : pas la peine de vous faire un dessin), y compris de catégorie A, doivent justifier les dépenses liées à leurs déplacements (notes d’hôtel, billets de train à fournir si avance du billet) sauf le repas (remboursement autour des 15 €).
@ Souvarine
[« Vous faites erreur : il y a beaucoup d’entreprises et d’administrations qui remboursent les frais au forfait, et donc sans justificatif. » Les fonctionnaires (alors peut-être pas les très hauts, moins regardants quant à leurs dépenses, surtout extra-professionnelles : pas la peine de vous faire un dessin),]
Si, si, c’est bien la peine de me faire un dessin. Qu’est ce qui vous fait penser que les « très hauts fonctionnaires » sont moins regardants quant à leurs dépenses ? J’ai un ami qui a été directeur d’administration centrale. Il passait son temps à voyager, et son hotel lui était remboursé au forfait selon le pays où il allait. Comme les forfaits avaient toujours un coup de retard sur l’inflation – et que souvent les hotels étaient réservés par ses interlocuteurs locaux qui choisissaient de bons hotels croyant lui faire plaisir – il y était à chaque fois de sa poche. Il faut finir avec le mythe des « hauts fonctionnaires » se gavant de champagne et caviar pendant que les autres fonctionnaires sont dans la misère. Les règles pour les remboursement des frais sont finalement assez semblables pour les uns et les autres.
[y compris de catégorie A, doivent justifier les dépenses liées à leurs déplacements (notes d’hôtel, billets de train à fournir si avance du billet) sauf le repas (remboursement autour des 15 €).]
Je ne sais pas dans quelle administration vous travaillez, mais dans celle où je dépends hotel et repas sont remboursés au forfait, sans justificatif. Et comme le forfait est assez misérable, vous êtes généralement de votre poche. Seul le transport (train, avion, taxi) est remboursé sur justificatif.
à Souvarine:
Selon la “place sur l’échiquier”, revient à dire: “selon le niveau d’avilissement, d’hypocrisie, d’ignominie, de corruption”. d’autres sont guidés par des valeurs comme honnêteté intellectuelle et non intellectuelle, décence, pudeur, conscience, dignité…
à Descartes:
l’aptitude à échanger est une qualité certaine; sans hypocrisie ni sophismes. quoiqu’il en soit, une vidéo et deux définitions:
https://www.youtube.com/watch?v=JngNyfTbR4g
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/aveuglement
http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/discernement
@Olive
Autre vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=kiVXK2SlHvE
@Descartes
“Il faut en finir avec le mythe des « hauts fonctionnaires » se gavant de champagne et caviar pendant que les autres fonctionnaires sont dans la misère.”
Si pour vous, tous les fonctionnaires sont logés à la même enseigne…
Si ce n’était encore que de champagne et de caviar dont ils se gorgeaient. C’est de l’argent de poche abusivement distribué et ils en font ce qu’ils en veulent, à partir du moment où ils n’ont rien à justifier !
L’honnêteté (à supposer qu’ils en soient dotés), c’est bien trop difficile à entretenir, ainsi incité à profiter, sur le dos du peuple.
On rigole moins du côté des catégories “C”, mais surtout, ils n’ont pas autre chose que leur (petit) salaire pour vivre et selon les administrations, pas de treizième mois et même plus la peine d’espérer le moindre petit reliquat de fin d’année tombant dans leur gosier.
Mais visiblement, là ne sont pas vos références !
Ne surtout pas mélanger les torchons avec les serviettes ! Vos exemples sont parlants.
@ Souvarine
[« Il faut en finir avec le mythe des « hauts fonctionnaires » se gavant de champagne et caviar pendant que les autres fonctionnaires sont dans la misère. » Si pour vous, tous les fonctionnaires sont logés à la même enseigne…]
Ca dépend de ce que vous appelez « être logé à la même enseigne ». Par exemple, si vous comptez le différentiel entre le privé et le public, c’est chez les hauts fonctionnaires qu’on trouve les écarts les plus importants. En d’autres termes, pour un haut fonctionnaire le choix du service public plutôt que du privé se traduit par une perte de salaire bien plus importante que pour un fonctionnaire « de base ». Maintenant, si par « logé à la même enseigne » vous entendez avoir le même salaire, il est évident que ce n’est pas le cas.
[Si ce n’était encore que de champagne et de caviar dont ils se gorgeaient. C’est de l’argent de poche abusivement distribué et ils en font ce qu’ils en veulent, à partir du moment où ils n’ont rien à justifier !]
Et qu’est ce qui vous fait penser que les hauts fonctionnaires ont de « l’argent de poche » dont « ils font ce qu’ils veulent » ? J’ai l’impression que vous avez une étrange idée du fonctionnement de la haute fonction publique. Du point de vue du remboursement des frais, la règle est uniforme pour l’ensemble de la fonction publique. En d’autres termes, oui, ils sont tous « logés à la même enseigne ».
[On rigole moins du côté des catégories “C”, mais surtout, ils n’ont pas autre chose que leur (petit) salaire pour vivre et selon les administrations, pas de treizième mois et même plus la peine d’espérer le moindre petit reliquat de fin d’année tombant dans leur gosier.]
Parce que vous croyez que les hauts fonctionnaires ont un « treizième mois » ? Qu’ils autre chose que leur salaire pour vivre ? Mais vous rêvez, mon vieux…
@Souvarine
« Il est vrai que j’ai coutume de refuser d’écrire mes pensées touchant la morale et cela pour deux raisons : l’une, qu’il n’y a point de matière d’où les malins puissent plus aisément tirer des prétextes pour calomnier ; l’autre, que je crois qu’il n’appartient qu’aux souverains, ou à ceux qui sont autorisés par eux, de se mêler de régler les mœurs des autres. » René Descartes (1596 – 1650)… une bien belle manière de confondre le souverain, son pouvoir et sa cour; les figures humaines dégénérées du Malin n’y verront aucune subtilité, n’en doutons pas.
@ Olive
Belle citation de Descartes (le vrai). Elle contient en germe la séparation entre la sphère publique – ce que le souverain règle – et la sphère privée, ou chacun fait ce qu’il veut.
@ Olive
Cette citation est excellente, et il y a un aspect que je trouve particulièrement intéressant :
“‘il n’appartient qu’aux souverains, ou à ceux qui sont autorisés par eux, de se mêler de régler les mœurs des autres”
L’Église a dû apprécier… Ça serait comme dire à Mélenchon qu’il n’a pas à s’arroger la parole du peuple…
“Mais vous rêvez, mon vieux…”
“Mon vieux”… Vous vous permettez quelques familiarités, à défaut d’apporter du liant…
C’est aussi le titre d’une chanson de Daniel Guichard. Ce n’est jamais sans un pincement au coeur que je la réécoute, en souvenir de lui, digne figure paternelle qui n’avait de cesse de me montrer le droit chemin. Mais vous ne pouvez pas connaître…
Et pour ne pas avoir l’air d’être venu les mains vides, d’autres liens, d’autres sons de cloche… :
http://www.europe1.fr/politique/des-indemnites-illegales-pour-80-parlementaires-francais-2723551
http://www.hebdo.ch/hebdo/id%C3%A9es-d%C3%A9bats/detail/panama-papers-la-porno-finance
Et non, je ne rêve pas, je constate les abus et pas le seul à le faire.
@ Souvarine
[“Mon vieux”… Vous vous permettez quelques familiarités, à défaut d’apporter du liant…]
Je ne fais qu’adapter mon langage à celui qu’use mon interlocuteur…
[Et non, je ne rêve pas, je constate les abus et pas le seul à le faire.]
Vous ne « constatez » rien du tout. Vous vous contentez de répéter les « constats » réels ou supposés faits par d’autres. C’est là ou se trouve le risque du « tous pourris » : étant donnée l’envie de croire du public, n’importe quelle histoire, vraie ou fausse, trouvera du crédit. Et comment se défendre ? Comment l’immense majorité des hauts fonctionnaires patriotes, honnêtes et républicains pourraient-ils prouver leur bonne foi ?
Bonsoir Descartes,
Il est intéressant de se pencher sur un autre scandale : le coup d’état institutionnel qui est en train de se dérouler au Brésil. Dilma Rousseff élue démocratiquement n’étant mise en cause dans aucune affaire de corruption, s’apprête à être destituée par des parlementaires qui eux trempent dans des affaires, au prétexte qu’elle aurait maquillé les comptes public pour se faire réélire. Il est amusant de constater que de ce côté Atlantique on parle beaucoup des manifestations anti Rousseff mais beaucoup moins de celles de soutient. Sous prétexte de transparence, etc, pour les manifestants, il s’agit surtout de revenir à l’ancien monde. L’oligarchie n’a visiblement pas digéré les programmes sociaux que Lula a mis en place. Je me méfie beaucoup des sondages qui la donne à moins de 10% d’opinions favorables.
Il est amusant de constater qu’en France, le mécontentement des classes moyennes se traduit surtout par les “nuit debout” surtout “progressistes” alors qu’au Brésil cela se traduit par les manifestations anti Rousseff surtout “réactionnaires”.
Autrement, il est intéressant de suivre le lancement du “mouvement” “En Marche” d’Emmanuel Macron. J’aime bien les niaiseries qu’il balance dans sa vidéo de présentation, sans oublier que la France est paralysée par les blocages et les corporatismes (la video ne précise pas lesquels, mais j’ai mas petite idée). Ce “mouvement” a même la prétention de nous aider à nous prendre main au lieu de “rester assis”, en nous sortant d’un chapeau comme statistique qu’un candidat musulman a trois moins de chances d’être retenu pour un emploi qu’un candidat catholique (moi qui pensait que l’on ne marquait pas sa religion sur son CV, à moins qu’il n’ait utilisé la méthode Ménard pour obtenir ce résultat, ce que je pensais abject, d’autant plus que la moitié de la population française est incroyante).
L’inscription à ce mouvement étant gratuite, M Macron est obligé de faire des levées de fonds chez les banquiers à Londres pour financer son parti, mais il n’y a même pas de lien sur son site pour faire des dons. Ainsi “En Mouvement” est à la politique ce que la presse gratuite est au journalisme. À ma connaissance, il est inédit en France qu’il y ait un parti politique qui soit aussi dépendant des milieux financiers.
Autrement, je me réjouis que le “réel est entré par effraction au gouvernement” pour reprendre l’excellente formule d’Éric Zemmour, après les propos tenus par Mme Rossignol et M Kanner (quand on sait que ce dernier a déposé une gerbe pour les deux électrocutés de 2005). J’aimerais croire qu’il s’agit d’une conversion sincère mais quand on voit juste après que le gouvernement ressort les classiques campagnes anti racistes nous expliquant que les Français sont d’indécrottables racistes (et au bout du compte, ne créent que de la défiance dans les personnes issues de l’immigration africaine), je crains qu’il s’agit d’une simple manœuvre politicienne. Au moins cela veut dire que la doxa “diversitaire” est en train de perdre définitivement la bataille idéologique. Que de chemin parcouru quand on sait qu’il y a bientôt deux ans, Nadine Morano a été clouée au pilori pour des propos d’une teneur similaire.
@ François
[Il est intéressant de se pencher sur un autre scandale : le coup d’état institutionnel qui est en train de se dérouler au Brésil.]
En effet, en effet… Ca donne une bonne idée des risques contenues dans les procédures « révocatoires » que certains essayent de nous vendre dans la perspective d’une « VIème République »…
Cela étant dit, le PT au Brésil a été victime de cette usure du pouvoir qui a touché l’ensemble des « progressismes » latinoaméricains : la formation progressive d’une couche corrompue qui vit sur la bête et qui, se croyant intouchable, va de plus en plus loin dans la corruption. Je ne sais pas si Dilma Rousseff est elle-même corrompue. Probablement pas, et sa volonté de lutter contre la corruption est probablement authentique. Mais elle a laissé se développer au sein de son propre parti un système de corruption qui n’a rien à envier aux régimes de droite qui ont précédé la prise de pouvoir de Lula.
[Dilma Rousseff élue démocratiquement n’étant mise en cause dans aucune affaire de corruption, s’apprête à être destituée par des parlementaires qui eux trempent dans des affaires, au prétexte qu’elle aurait maquillé les comptes public pour se faire réélire.]
L’infraction qu’on lui prête est un prétexte. Mais la corruption du régime brésilien est une réalité. Et elle exaspère les brésiliens. C’est cela qui permet le « coup d’Etat légal » de prospérer.
[Il est amusant de constater que de ce côté Atlantique on parle beaucoup des manifestations anti Rousseff mais beaucoup moins de celles de soutient. Sous prétexte de transparence, etc, pour les manifestants, il s’agit surtout de revenir à l’ancien monde. L’oligarchie n’a visiblement pas digéré les programmes sociaux que Lula a mis en place. Je me méfie beaucoup des sondages qui la donne à moins de 10% d’opinions favorables.]
Je pense que tu as tort. C’est vrai au Brésil, mais aussi en Argentine ou au Vénézuela, ou la camp « progressiste » a perdu les dernières élections : les niveaux de corruption massive – inimaginables en France – finissent par exaspérer la « majorité silencieuse ». Même une partie de ceux qui ont bénéficié des programmes du PT pour sortir de la pauvreté finissent par se détourner lorsqu’ils constatent que pour chaque dollar qu’ils reçoivent il y en a neuf qui finissent dans les poches des intermédiaires…
[Il est amusant de constater qu’en France, le mécontentement des classes moyennes se traduit surtout par les “nuit debout” surtout “progressistes” alors qu’au Brésil cela se traduit par les manifestations anti Rousseff surtout “réactionnaires”.]
Ici les mécontents ne manifestent pas parce qu’ils ont d’autres moyens de se faire entendre. Par exemple, en votant. Et si Juppé caracole en tête des sondages, c’est bien qu’une partie du camp progressiste à déserté « la gauche »… Quant à la « Nuit Debout », c’est un phénomène marginal d’une jeunesse qui s’amuse au printemps…
[Autrement, il est intéressant de suivre le lancement du “mouvement” “En Marche” d’Emmanuel Macron. J’aime bien les niaiseries qu’il balance dans sa vidéo de présentation, sans oublier que la France est paralysée par les blocages et les corporatismes (la video ne précise pas lesquels, mais j’ai mas petite idée).]
Oui, le site de Macron est très drôle… j’essaye de terminer un papier sur Macron et son aventure, mais en ce moment le boulot ne me laisse pas une minute pour écrire…
J’étais venu lire Descartes sur “Nuit debout”, et on n’est pas déçu, même si c’est juste dans les commentaires! Assez d’accord avec vous pour dire que ce machin tourne en rond et aura beaucoup de mal à sortir de la contemplation de son nombril. Exemple très parlant à mon avis: Rufin propose une perspective en ayant une manif commune le 1er Mai avec les syndicats contre la loi El Khomri; impossible à l’AG de se mettre d’accord sur ce programme minimal qui semble pourtant complètement logique du point de vue Nuit debout: http://www.liberation.fr/france/2016/04/21/nuit-debout-a-la-bourse-du-travail-l-etape-d-apres-reste-en-suspens_1447683
Par ailleurs, la couverture médiatique de ND est incroyable.
@Ifig
Là aussi, j’aimerais écrire un papier, mais en ce moment c’est boulot, boulot, boulot…
« Nuit debout » : soyons nets, si l’on passe la nuit debout, c’est qu’on ne va pas au boulot le matin. Plus clairement son « programme » :
« — Embauche des 6 millions de chômeurs
— Semaine des 25 heures
— Augmentation du salaire minimum à 1 500 euros net avec retraite, salaire étudiant et revenu d’existence à 1 200 euros…etc. »
http://plateforme2016.hautetfort.com/plateforme-2016/ voir « plateforme 2016 »
Foutage de gueule lorsqu’on ne se donne pas même les moyens d’un retrait de la loi « travail » dont il semble bien qu’organisateurs et participants de la « nuit » se contrefichent au nom de leur programme chimérique dans la situation actuelle.
Je ne prétends en rien avoir toujours raison mais il me semble que si cette loi passe, c’est non seulement un nouveau recul pour les salariés mais, un encouragement à aller plus loin avec « l’alternance » prochaine prévisible (« droite » et « gauche » sont des frères jumeaux qui se passent le relais avec une belle continuité).
Au risque de passer pour un obtus – imbécile – passéiste – etc. (ne garder que la mention utile), j’incite tous les participants de ce blog, avec la permission de Descartes, à participer aux grèves et manifestations du 28 avril, avec la conscience que ce gouvernement voudra maintenir l’apparence de force des pouvoirs faibles mais, sans vouloir en abuser, comparaison n’étant pas raison, il en était de même pour la fin du gouvernement Chirac avec le CPE.
@ Descartes
Peut-être, je me trompe ou je m’abuse sur différents sujets mais je crois, même si hélas, il n’y a pas actuellement de perspectives politiques sérieuses et que nous nous battons en défense, il me semble important que toute reculade sur un projet négatif à l’égard du salariat, pourrait aider à aller peut-être, vers le mieux.
@morel
[« Nuit debout » : soyons nets, si l’on passe la nuit debout, c’est qu’on ne va pas au boulot le matin.]
Exactement. Le choix des modes de lutte dit beaucoup sur la base sociologique qu’on vise. La « Nuit Debout » vise de toute évidence des gens qui peuvent passer leurs nuits place de la République, et de facto exclut ceux qui ont une famille et qui bossent.
[Plus clairement son « programme » : Embauche des 6 millions de chômeurs ; Semaine des 25 heures ; Augmentation du salaire minimum à 1 500 euros net avec retraite, salaire étudiant et revenu d’existence à 1 200 euros…etc.]
Mais peut-on parler de « programme » ? Il faut je pense redonner leur sens aux mots. Un « programme » n’est pas un catalogue de vœux. C’est une réflexion sur un ensemble hiérarchisé d’actions cohérentes entre elles, sur leur cadencement et sur les moyens à mettre en œuvre.
[Foutage de gueule lorsqu’on ne se donne pas même les moyens d’un retrait de la loi « travail » dont il semble bien qu’organisateurs et participants de la « nuit » se contrefichent au nom de leur programme chimérique dans la situation actuelle.]
En fait, la « Nuit Debout » est un avatar supplémentaire de cette logique de la « gauche radicale » qui fait de la mobilisation un but et non un moyen. Le retrait de la loi El Khomri aujourd’hui, comme celui de la loi Devaquet hier sont des prétextes, et non de véritables objectifs. Le but est de produire de la mobilisation, parce qu’il y a une croyance tenace dans la « gauche radicale » qu’une fois la mobilisation obtenue, elle ira naturellement en se radicalisant jusqu’à vouloir tout changer. Les limites de cette logique est que l’essentiel des travailleurs ne sont pas prêts à s’embarquer dans une aventure sans savoir à l’avance où cela mène…
[Je ne prétends en rien avoir toujours raison mais il me semble que si cette loi passe, c’est non seulement un nouveau recul pour les salariés mais, un encouragement à aller plus loin avec « l’alternance » prochaine prévisible (« droite » et « gauche » sont des frères jumeaux qui se passent le relais avec une belle continuité).]
Tout à fait d’accord. Lorsque la gauche se met en tête de défaire le Code du Travail, elle désarme par avance toute résistance à la réforme que voudra faire la droite. C’est une défaite idéologique avant d’être une défaite sur le terrain.
[Au risque de passer pour un obtus – imbécile – passéiste – etc. (ne garder que la mention utile), j’incite tous les participants de ce blog, avec la permission de Descartes, à participer aux grèves et manifestations du 28 avril,]
Ne voulant pas donner à ce blog un caractère militant, je m’abstiens en général d’appeler directement à se joindre à telle ou telle action. Je fais confiance à mes lecteurs pour tirer les conclusions qui s’imposent à partir de mes articles. Mais bien entendu, vous êtes libre de lancer un tel appel, auquel je me joins bien évidement. On peut penser – et je le pense – que le Code du Travail a besoin d’une réforme. Mais pas de celle qu’on nous propose aujourd’hui.
« Le retrait de la loi El Khomri aujourd’hui, comme celui de la loi Devaquet hier sont des prétextes, et non de véritables objectifs. Le but est de produire de la mobilisation, parce qu’il y a une croyance tenace dans la « gauche radicale » qu’une fois la mobilisation obtenue, elle ira naturellement en se radicalisant jusqu’à vouloir tout changer. Les limites de cette logique est que l’essentiel des travailleurs ne sont pas prêts à s’embarquer dans une aventure sans savoir à l’avance où cela mène… »
Bien d’accord avec vous. J’avais personnellement antérieurement noté que chez Mélenchon, par ex (Leila Chaibi est une des « personnalités » à l’origine des « nuits ») un coup chasse l’autre, le mouvement permanent en quelque sorte, ce qui me semble aller dans le même sens.
Mais permettez-moi une nuance de forme entre les lois El Khomri et Devaquet : « Nuit debout » se conduit comme un parasite sur la lutte contre le projet. Sans cette dernière, il n’aurait vu le jour et cherche constamment à vivre dessus même si le retrait n’est pas son souci. Des « politiques » (seuls les naïfs peuvent croire qu’il n’y en a pas) de ce mouvement et au premier chef Ruffin poussent pour la « convergence des luttes » en se greffant sur les initiatives syndicales : par ex, le défilé du 1er mai prévu Bastille-Nation devrait se prolonger (pour rendre hommage à « Nuit debout » ?) à République :
http://www.liberation.fr/france/2016/04/22/entre-nuit-debout-et-la-cgt-francois-ruffin-reve-de-lien_1448125
Espérons que Martinez dise non.
@ morel
[Mais permettez-moi une nuance de forme entre les lois El Khomri et Devaquet : « Nuit debout » se conduit comme un parasite sur la lutte contre le projet.]
On a déjà vécu tout ça, en 1968, quand les « enragés » à la Cohn-Bendit ont réussi « à faire marcher les staliniens de la CGT derrière le drapeau noir », pour reprendre ses mots. Là aussi il y avait la tentation de « parasiter » le mouvement revendicatif en cherchant une « jonction » avec les « classes moyennes », jonction ou ces dernières auraient bien entendu le contrôle du mouvement. Car comme le disait Cohn-Bendit, il s’agissait de faire marcher la classe ouvrière DERRIERE les drapeaux noirs des étudiants…
Ruffin rêve de la même chose. La manifestation ouvrière du 1er Mai se terminant à la République. Car c’est la montagne qui va à Mahomet, et pas l’inverse. Personnellement, je doute qu’il trouve un accueil très enthousiaste.
http://www.liberation.fr/france/2016/04/27/vers-un-rapprochement-entre-la-cgt-et-nuit-debout_1449013
La CGT est bien entendu libre de ses options mais elle commettrait une grave erreur en s’associant à un mouvement inconsistant, lâchant la proie pour l’ombre.
On est mal barrés. Décourageant.
@ morel
[(…) La CGT est bien entendu libre de ses options mais elle commettrait une grave erreur en s’associant à un mouvement inconsistant, lâchant la proie pour l’ombre.]
Je vous encourage à une lecture attentive de l’article de « Libération », qui est un modèle de manipulation. Vous noterez qu’alors que le titre (« Vers un rapprochement entre la CGT et la Nuit Debout ») fait croire à un processus de rapprochement en cours, l’article lui-même ne contient que des conditionnels. Ainsi, le projet de rapprochement « POURRAIT se concrétiser dès jeudi ». A cette fin, nous dit-on, une « assemblée générale commune » est organisée place de la République où les syndicalistes interviendront. Mais dans la phrase suivante on nous explique que pour le moment « seul Eric Beynel, porte-parole de Solidaires, a confirmé sa présence ». La CGT ne sera pas là, mais « les choses POURRAIENT bouger rapidement dans d’autres confédérations, et notamment à la CGT, où la direction semble prête à se rapprocher de Nuit debout ». Bien sur, aucun fait, aucune déclaration d’un dirigeant cégétiste n’est proposée à l’appui de ce conditionnel. Ah, si : il parait que « une recontre est prévue entre Philippe Martinez, secrétaire général de la centrale de Montreuil, François Ruffin et une délégation du mouvement de la place de la République ». Et le journaliste d’ajouter : « l’enjeu est important, car la CGT POURRAIT appeler officiellement à rejoindre la mobilisation Nuit debout ». Plus loin : « La rencontre de jeudi midi POURRAIT même convaincre Martinez de faire une visite place de la République ». Avec des « pourrait », on met Paris en bouteille…
En fait, tout ça fait partie d’une campagne pour faire pression sur la CGT. On a déjà vu le traditionnel quarteron de gauchistes qui font de l’entrisme dans la CGT signer une pétition dans Fakir pour que la CGT soutienne la Nuit Debout. C’est cela qui est présenté par « Libération » comme une « pression de la base » susceptible de faire changer la Confédération d’avis. En tout cas, on apprend dans cet article que le 1er mai, si la manifestation ouvrière devait arriver place de la République, elle ne trouverait pas Ruffin et les siens sur place. Il sera à une présentation de son film à Flexicourt (Somme). On voit bien ou sont les priorités.
@ Descartes
>En fait, tout ça fait partie d’une campagne pour faire pression sur la CGT. On a déjà vu le traditionnel quarteron de gauchistes qui font de l’entrisme dans la CGT signer une pétition dans Fakir pour que la CGT soutienne la Nuit Debout. C’est cela qui est présenté par « Libération » comme une « pression de la base » susceptible de faire changer la Confédération d’avis. En tout cas, on apprend dans cet article que le 1er mai, si la manifestation ouvrière devait arriver place de la République, elle ne trouverait pas Ruffin et les siens sur place. Il sera à une présentation de son film à Flexicourt (Somme). On voit bien ou sont les priorités.< J’avoue que le rôle de Ruffin ne m’est pas très clair là dedans, il y a sûrement quelque chose qui m’échappe. Pourquoi publier la pétition dans Fakir (qui est sa chose) demandant un rapprochement de Nuit Debout et de la CGT, si c’est après pour snober une rencontre qui irait dans ce sens ?
J’ai aussi lu à droite à gauche que Ruffin et son film auraient été à l’origine de “Nuit Debout”, ce que tout le monde prend semble relayer, mais je n’ai trouvé nulle part de déclaration de sa part qui exprime un soutien clair…
@ BolchoKek
[J’avoue que le rôle de Ruffin ne m’est pas très clair là dedans, il y a sûrement quelque chose qui m’échappe. Pourquoi publier la pétition dans Fakir (qui est sa chose) demandant un rapprochement de Nuit Debout et de la CGT, si c’est après pour snober une rencontre qui irait dans ce sens ?]
Ma conclusion serait qu’il est parfaitement conscient que le « rapprochement » n’aura pas lieu le 1er mai. Si j’étais méchant, je dirais que l’appel a aussi pour but de rendre la CGT responsable lorsque la « nuit debout » s’effondrera. Il ne manquera pas de voix dans la « gauche radicale » pour dénoncer la « trahison » des « apparatchiks » de la Confédération, comme en mai 1968…
Le « pourrissement » du mouvement commence d’ailleurs à apparaître, avec les violences de plus en plus présentes des groupuscules qui essayent de canaliser le mouvement à leur avantage. Il ne pouvait pas en être autrement : la nature a horreur du vide, et le refus de se donner des institutions laisse le champ libre aux plus extrémistes pour faire ce qu’ils veulent. L’expulsion de Finkielkraut et les violences de cette nuit en sont une parfaite illustration. Ces dérives, à leur tour, poussent les plus raisonnables à partir et isolent le mouvement qui reste confiné aux groupuscules. C’est ce mécanisme qui a toujours empêché la « gauche radicale » de sortir de son marigot. Et c’est aussi pourquoi le PCF et la CGT de la grande époque se méfiaient comme de la peste de ces groupuscules et mettait en place un service d’ordre puissant pour les tenir écartés des mouvements. Les laisser rentrer, c’est créer les conditions du pourrissement.
[J’ai aussi lu à droite à gauche que Ruffin et son film auraient été à l’origine de “Nuit Debout”, ce que tout le monde prend semble relayer, mais je n’ai trouvé nulle part de déclaration de sa part qui exprime un soutien clair…]
Je crois que c’est lui qui a lancé le premier un appel à « occuper » la République la nuit, mais je n’ai pas de référence précise à te donner. Quoi qu’il en soit, il apparaît aujourd’hui aux yeux de tous comme la seule personnalité avec Lordon qui puisse servir de « point focal » au mouvement.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2016/04/29/la-difficile-convergence-des-luttes-entre-nuit-debout-et-les-syndicats_4910716_3224.html
Il y est allé. C’est son droit mais je pense qu’il a eu tort tout simplement parce que ce n’est pas sa place comme ce n’est pas celle de tout syndicat « lutte des classes ». Il a payé son écot à l’ « A.G » : « Je me réjouis de participer à l’assemblée générale » qui ne sera jamais suffisant pour ce public qui aime tant l’auto-applaudissement : « la mascotte du jour se révèle au micro. Ce soir, ce sera Gaël, postier de Sud Poste 92. « Nuit debout, vous faites la jonction entre toutes nos luttes. Vous montrez que l’on peut gagner, que l’on va gagner. » L’ovation dure quelques instants. ».
Face aux « nuitards » qui exigent des salariés qu’ils se mettent en grève générale (qui, comme tout syndicaliste le sait ne se décrète pas) il a tenté la raison : « il faudra « convaincre les salariés », car « une grève générale ne se mène pas tout seul ». Mais la raison, la réalité a-t-elle prise sur ces personnes livrées aux affects et pulsions qui n’ont envie d’entendre que ce qui va dans leur sens ?
Je connais trop ces forts en gueule et, personnellement, j’aurais demandé publiquement à ces « Gaël » et idem aux autres : combien de postiers en grève le 28 avril dans le 92 ?
Dommage que des syndicats autrement représentatifs se mêlent à cela.
Que dire aussi des interventions « texto » : « Chaque représentant a cinq minutes pour parler. » (au nom d’une vue fallacieuse de l’égalité toutes les interventions sont drastiquement limitées parfois c’est 1 ou 2 minutes !)?
Je le dis sans plaisir, nous sommes en phase d’être à nouveau perdants, raison de plus pour concentrer notre travail et notre réflexion sur la classe salariale.
@ morel
[Il y est allé. C’est son droit mais je pense qu’il a eu tort tout simplement parce que ce n’est pas sa place comme ce n’est pas celle de tout syndicat « lutte des classes ».]
Je ne partage pas. Pour moi, lorsqu’il est invité à parler, un leader politique ou syndical ne peut se dérober. Il ne faut jamais refuser une tribune. Mais il faut l’utiliser pour dire sa vérité, sans démagogie. Et je trouve que Martinez a été de ce point de vue très correct.
[Mais la raison, la réalité a-t-elle prise sur ces personnes livrées aux affects et pulsions qui n’ont envie d’entendre que ce qui va dans leur sens ?]
Bien sur que non. Ou plutôt si : ces personnes écoutent tout à fait la raison quand celle-ci leur parle de leurs intérêts.
[Que dire aussi des interventions « texto » : « Chaque représentant a cinq minutes pour parler. » (au nom d’une vue fallacieuse de l’égalité toutes les interventions sont drastiquement limitées parfois c’est 1 ou 2 minutes !)?]
Ce type de limitation montre que ce qui est important est de permettre à tout le monde de parler. Ce qui est dit, le contenu de l’intervention, c’est secondaire. Le principal est que chacun sente qu’il a eu droit à son « quart d’heure de gloire ». C’est pourquoi je ne crois pas un instant qu’il puisse sortir quelque chose de ce mouvement.
Espérons que la manifestation de demain 1er mai sera massive. Mais je crains que les petits jeux des groupuscules violents aient découragé pas mal de monde de manifester. Ces groupuscules sont les pires ennemis du mouvement des salariés.
« Ces groupuscules sont les pires ennemis du mouvement des salariés. »
Oui. Personnellement je penche pour des mesures d’autoprotection de nos manifestations expulsant ces groupes violents.
@ morel
[Oui. Personnellement je penche pour des mesures d’autoprotection de nos manifestations expulsant ces groupes violents.]
J’ai été en mon temps l’un des responsables du SO de la CGT et du PCF. A l’époque, on faisait ce qu’il fallait pour protéger les manifestants des agissements des groupuscules. Et on se coordonnait avec la police – qui d’ailleurs avait un grand respect pour notre travail – pour les isoler, de manière que quand les matraques entraient en action elles tombaient sur les têtes des gens qui le méritaient, et non sur celle des manifestants pacifiques. Et pour cela, on se faisait traiter de “fachos” et de “complices des flics” par les groupuscules en question.
Aujourd’hui, la vision bisounours fait que beaucoup de militants de gauche croient que les gens sont naturellement bons, et que s’il y a de la violence c’est la faute à la police. Ceux qui appellent à manifester ne se posent même pas, où à peine, la question de monter un véritable SO et de s’accorder avec les autorités du déroulement de la manifestation. On laisse les choses à la bonne franquette, avec les résultats qu’on peut voir: des groupuscules qui utilisent la manifestation comme “bouclier”, des policiers qui pour les atteindre sont obligés de prendre le risque d’amocher des manifestants pacifiques. Et in fine, des violences qu’on peut voir à la télé et qui finissent par éloigner les gens. Quand on était des enfants, mon père nous amenait à la manif sachant que le SO de la CGT était là. Est-ce que j’amènerai aujourd’hui des enfants sachant qu’il pourraient servir de “bouclier” aux groupuscules violents ? Je ne le crois pas.
« Et pour cela, on se faisait traiter de “fachos” et de “complices des flics” par les groupuscules en question. »
Je comprends. Une anecdote à la fin de la manifestation du 31 mars dans ma ville : la manifestation se dispersait lorsque des gamins (lycéens ? étudiants ?) comme un troupeau de panurge décident de faire un sit-in devant une rangée de CRS. Sentant le danger, quelques syndicalistes de diverses obédiences dont moi-même, nous interposons pour tenter de raisonner les jeunes : il y avait là de frais minois y compris féminins qui m’ont paru très enfantins et naïf mais aussi des visages masqués avec capuche rabattue. Un gauchiste nous a gratifiés d’un « collabos » et, ce qui fait le plus mal, des ricanements dans le groupe. La suite : un énergumène a lancé une canette en verre sur la police, mouvement des CRS. On leur a dit « Barrez-vous ! », ils sont restés, nous sommes partis.
Honnêtement, la police aurait pu faire un massacre. J’ai lu dans le journal le lendemain : quelques blessés légers et quelques arrestations avec une « cavalcade » durant 2 à 3 heures.
Plus personne n’encadre ces gamins, aucune organisation pour les structurer. De plus trop immatures pour comprendre que ce n’est pas un jeu, que c’est dangereux. Que leur jeune et joli minois, particulièrement celui des filles, ne mérite pas d’être risqué pour une telle connerie (ici, je ne parle pas des provocateurs qui n’auraient que ce qu’ils méritent) !
@ morel
[la manifestation se dispersait lorsque des gamins (lycéens ? étudiants ?) comme un troupeau de panurge décident de faire un sit-in devant une rangée de CRS.]
Que veux-tu. Les adolescents sont souvent dans une logique de toute-puissance. Surprotégés par les parents, par l’école, par la société ils ont l’impression que rien ne peut leur arriver. En plus, ils sont nourris par une filmographie où les gentils s’en sortent toujours à la fin… beaucoup s’imaginent héroïquement comme de nouveaux Jean Moulin, ce qui est d’autant plus facile que contrairement à la Gestapo, nos CRS ont pour consigne de faire un minimum de dégâts humains.
[Un gauchiste nous a gratifiés d’un « collabos » et, ce qui fait le plus mal, des ricanements dans le groupe.]
C’est le lot commun de ceux qui prétendent défendre la Raison devant une foule, je le crains.
[La suite : un énergumène a lancé une canette en verre sur la police, mouvement des CRS. On leur a dit « Barrez-vous ! », ils sont restés, nous sommes partis.]
Oui, et ils seront rentrés chez eux les yeux rougis avec la conviction d’avoir posé un acte de résistance devant les « violences policières ». Chaque génération a besoin de son aventure.
[Honnêtement, la police aurait pu faire un massacre. J’ai lu dans le journal le lendemain : quelques blessés légers et quelques arrestations avec une « cavalcade » durant 2 à 3 heures.]
Compte tenu des scènes de violence que j’ai pu observer de visu plusieurs fois – et la dernière lors de la manifestation du 1er mai à Paris – je pense qu’il faut rendre hommage au sang froid et au professionnalisme de nos forces de l’ordre, CRS et gendarmerie mobile confondus. Qui d’ailleurs ont payé un lourd tribut en termes de blessés, y compris très graves. Qu’ils arrivent à contrôler des bandes de quelques centaines d’individus qui viennent en découdre avec si peu de dégâts chez les manifestants alors que les « casseurs » n’hésitent pas à utiliser les manifestants comme boucliers humains semble presque miraculeux.
Ce qui me gêne plus est l’attitude de certains manifestants – bien plus minoritaires qu’on ne se plait à le dire dans certains journaux – qui manifestent leur sympathie pour les « casseurs » et leur rejet des forces de l’ordre alors que de toute évidence ce sont les premiers qui contribuent à « pourrir » le mouvement, alors que ce sont les seconds qui garantissent la sécurité de la manifestation.
[Plus personne n’encadre ces gamins, aucune organisation pour les structurer. De plus trop immatures pour comprendre que ce n’est pas un jeu, que c’est dangereux. Que leur jeune et joli minois, particulièrement celui des filles, ne mérite pas d’être risqué pour une telle connerie (ici, je ne parle pas des provocateurs qui n’auraient que ce qu’ils méritent) !]
Tout à fait. Il y a une éducation, une transmission des gestes et des disciplines de lutte qui ne se fait plus. Ma génération avait manifesté avec ses parents, et connaissait bien les gestes de prudence et le rituel de la confrontation. Ce n’est pas le cas des générations suivantes. On peut y voir un exemple de plus de la crise de la transmission dans notre société.
Je ne résiste pas à la tentation de copier l’excellent papier de Romain Goupil publié dans « Le Monde » et qui, à mon avis, montre une intéressante prise de conscience :
« Se découvre sur la place de la République pour une jeune génération le plaisir de se retrouver, de se parler et de s’écouter. Du coup, la façon dont Alain Finkielkraut a été interpellé, chassé, expulsé et insulté est la négation de toutes les aspirations proclamées du mouvement ZAD (« zone à débats »).
Lors d’assemblées générales, un vote à la majorité écrasante de 80 % fait et défait la politique. Souhaiter la paix à 100 %… La fin de l’horreur économique, 100 %. La condamnation des violences policières, 99 %. Une meilleure éducation, 107 %… C’est une assemblée qui peut toujours remettre en cause le vote du jour précédent, c’est ouvert, hypradémocratique, non contrôlé et revendiqué comme incontrôlable.
Alain Finkielkraut venait observer, écouter, se rendre compte. La façon dont il a été reconnu et repoussé est l’illustration contraire des aspirations du mouvement. Sinon il leur faut installer des caméras à reconnaissance faciale pour éviter tout éventuel contradicteur ou sceptique. Sinon il faut un service d’ordre armé d’autres matraques que les cannes à selfies pour chasser l’ennemi de la classe, ou s’emparer de « Finki », lui mettre une pancarte de « Causeur » au cou et le convoquer devant les masses de « merci patron » pour en faire un procès édifiant. Je suis abattu, dégoûté par les insultes adressées, les crachats envoyés…
Mais… mais, et c’est le paradoxe qui m’interpelle. Je sais l’ignominie de l’intolérance, des pogroms, de la loi de Lynch, de la foule amoureuse des raccourcis simplistes. Je me souviens de Mai 68, de l’occupation des lycées, des facs et des usines. Je me souviens des bonnets d’âne, des moqueries et des menaces contre les mandarins, les profs et les suppôts de l’ordre moral.
Je me souviens des idéaux de mon groupuscule d’extrême gauche (JCR), de mes discours. J’avais pour but comme leader d’éviter toute possibilité d’expression des autres groupuscules, d’éliminer toute parole qui n’émanait pas de notre analyse « juste », de « La Vérité ». Bagarres très violentes contre les maoïstes qui tenaient meeting à la Mutualité sous les portraits de Staline et de Mao. Bagarres sanglantes contre l’AJS, sous-groupe trotskiste aux vues différentes sur l’Amérique latine, Cuba et la IVe Internationale.
Interdiction de parole des JC (Jeunesses communistes) dans les bahuts. Cogne systématique aux manifs contre la CGT et les gros bras du PCF. Je ridiculisais les hésitants, les neutres, les mous, les socio-traîtres et surtout les staliniens. Nous étions l’avant-garde, nous détenions l’avenir de l’humanité, il suffisait d’organiser la grève générale pour qu’elle devienne insurrectionnelle et que l’on s’empare du pouvoir pour instaurer la dictature du prolétariat et la victoire de la classe ouvrière. Tout le pouvoir aux Soviets !!! Donc tous ceux qui se mettaient en travers de notre chemin devaient plier. Tous ceux qui émettaient un doute étaient injuriés comme traîtres à la classe ouvrière.
Je me souviens des insultes en 1968 contre Jean Vilar = Salazar en Avignon, des hurlements à l’Odéon contre Jean-Louis Barrault « valet du théâtre bourgeois », les crachats contre Aragon devant la Sorbonne. Les menaces contre les chiens de garde du Grand Capital, j’en ai été le témoin et le coupable.
Je sais, mais si les jeunes écoutaient les vieux qui ont l’expérience et la raison, alors ça deviendrait des vieux jeunes qui ne hurleraient que pour leurs futures retraites et la protection de leur emploi de fonctionnaires de souche. Un môme, moi en 1968, s’opposait systématiquement et de manière hyperviolente aux vieux (profs, parents, PC, CGT, écrivains…) qui étaient comptables d’un monde que je voulais renverser. Je n’avais pas confiance et j’avais raison.
Ils – les vieux – n’avaient pas confiance dans mes diatribes de bolchevik déchaîné pour un Homme nouveau. Mes utopies purificatrices et sanglantes à l’image des gardes rouges et des Khmers rouges. Et… ils avaient raison de me mettre en garde. C’est eux qui ont évité que je me radicalise à l’image du terrorisme des Brigades rouges, de la bande à Baader et de l’Armée rouge japonaise…
J’avais raison de les insulter, ils avaient raison d’essayer de me raisonner. Heureusement qu’il y a eu Grimaud (préfet de police), Edgar Morin, Alain Touraine, Georges Pompidou et mon père. C’est une liberté incroyable que d’être en désaccord, de pouvoir opposer nos arguments, nos attitudes, nos écrits, nos pensées, sans redouter la prison, l’expulsion, le bannissement ou la pendaison.
Donc, je dis à mes amis les agitateurs de mains : « Invitez Alain, laissez-lui cinq minutes et votez à 100 % contre ce qu’il vous aura exposé… Cela vous rassurera sur votre pureté idéologique. » Allez, c’était une grosse connerie, superdésagréable, de le menacer. Je veux bien continuer à faire semblant qu’il n’y a pas de « direction du mouvement », mais je sais pertinemment par vieille expérience que c’est faux et manipulatoire. La « direction » est contre « toute direction » pour mieux conserver la « bonne » direction. »
« Que veux-tu. Les adolescents sont souvent dans une logique de toute-puissance. Surprotégés par les parents, par l’école, par la société ils ont l’impression que rien ne peut leur arriver. En plus, ils sont nourris par une filmographie où les gentils s’en sortent toujours à la fin… beaucoup s’imaginent héroïquement comme de nouveaux Jean Moulin, ce qui est d’autant plus facile que contrairement à la Gestapo, nos CRS ont pour consigne de faire un minimum de dégâts humains. »
C’est généralement vrai mais je crois qu’il faut garder à l’esprit que concernant les manifestations, il s’agit d’une minorité. Les jeunes salariés sont plus matures et les cortèges lycéens-étudiants bien minoritaires au regard des classes d’âges scolarisées. Chez moi, les cortèges salariés dominaient largement.
« Ce qui me gêne plus est l’attitude de certains manifestants – bien plus minoritaires qu’on ne se plait à le dire dans certains journaux – qui manifestent leur sympathie pour les « casseurs » et leur rejet des forces de l’ordre alors que de toute évidence ce sont les premiers qui contribuent à « pourrir » le mouvement, alors que ce sont les seconds qui garantissent la sécurité de la manifestation. »
Je n’ai, heureusement pas constaté cette sympathie ici mais je ne suis pas parisien. J’aimerais savoir qui sont ces gens et leurs sympathisants (profil, catégorie sociale…) pour m’en faire une idée plus nette car ce monde m’est très étranger.
Cette fascination pour la violence groupusculaire me semble complètement étrangère au mouvement ouvrier qui exerce plutôt la contrainte de masse quand le rapport de force le permet.
Sur le papier de Goupil, autocritique amusée, prise d’écart salutaire y compris par rapport à sa propre jeunesse mais cette façon d’être jeune n’est pas l’apanage de tous. J’ai un peu l’impression que le miroir grossissant de la presse aboutit à imposer une image un peu convenue de la jeunesse : combien d’encartés dans les groupuscules en 68 et suivantes ? Quelle proportion de jeunes dans les dernières manifestations et parmi eux combien de « casseurs » ? Quelle proportion de jeunes à « Nuits Debout » ? (proportions rapportées à l’effectif total).
Même Phillipot, du moins au début y est allé de sa note élogieuse ; ne parlons pas de JLM…
@ morel
[C’est généralement vrai mais je crois qu’il faut garder à l’esprit que concernant les manifestations, il s’agit d’une minorité. Les jeunes salariés sont plus matures et les cortèges lycéens-étudiants bien minoritaires au regard des classes d’âges scolarisées. Chez moi, les cortèges salariés dominaient largement.]
Tout à fait. J’étais dans la manifestation parisienne du 1er mai dans le cortège syndical CGT, et la tonalité était toute autre. Loin d’être solidaires avec les « casseurs » ou les considérer partie de la manifestation – comme le prétendent certains commentateurs – la tendance était plutôt à l’exaspération devant des comportements qui risquent de compromettre le mouvement tout entier en polarisant les médias sur ce seul aspect de la manifestation.
[Je n’ai, heureusement pas constaté cette sympathie ici mais je ne suis pas parisien. J’aimerais savoir qui sont ces gens et leurs sympathisants (profil, catégorie sociale…) pour m’en faire une idée plus nette car ce monde m’est très étranger.]
De ce que j’ai pu observer, c’est surtout le fait des mouvements étudiants et lycéens et des enseignants. Mais c’est difficile à être plus précis sans une véritable étude.
[Cette fascination pour la violence groupusculaire me semble complètement étrangère au mouvement ouvrier qui exerce plutôt la contrainte de masse quand le rapport de force le permet.]
Je pense qu’il y a dans cette fascination un double aspect. D’un côté, il y a une mauvaise lecture de la réalité par les « classes moyennes », nourries de romantisme révolutionnaire. Cette lecture conduit à une description misérabiliste de couches populaires noyées par le malheur, ne connaissant la moindre parcelle de félicité et, pour utiliser une formule célèbre, « n’ayant à perdre que leurs chaînes ». N’ayant rien à perdre, elles seraient donc disponibles pour se joindre à n’importe quel mouvement de changement radical, puisque leur situation ne peut que s’améliorer.
Cette vision ignore le fait que les couches populaires ne vivent pas – si tant est qu’elles aient jamais vécu – dans la misère absolue. Leur vie est dure, beaucoup plus dure que celle des bourgeois, mais elle n’est pas pour autant uniformément triste et malheureuse. Les ouvriers, les employés, ont aussi leurs fêtes, leurs moments de bonheur, leur petit chez soi. Ils ont eux aussi accumulé un patrimoine : une maison, des meubles, des objets, mais aussi des droits comme la protection sociale et la retraite. En d’autres termes, ils ont bien plus à perdre que leurs chaînes. Et ils ont une conscience aigüe de l’effort nécessaire pour accumuler ce patrimoine, et des risques de le perdre dans un contexte où l’ordre public, au sens large du terme, serait rompu. Même si la situation est dure, les couches populaires savent très bien que cela pourrait être bien pire. Et c’est pourquoi les mouvements groupusculaires qui prônent la violence au nom de la classe ouvrière se trouvent rapidement isolés de celles-ci.
Le second aspect tient au rapport de forces. Les « classes moyennes » ont toujours rêvé d’utiliser la masse des couches populaires pour faire pression sur la bourgeoisie et renforcer ainsi leur position. La théorie de « l’étincelle qui met le feu à la plaine » leur permet de se donner un rôle historique qui, dans une logique de masse, ne peut que leur échapper. Ce n’est pas par hasard si les mouvements groupusculaires qui se conçoivent comme des « avant-gardes éclairées » recrutent essentiellement parmi les « classes moyennes »…
[Sur le papier de Goupil, autocritique amusée, prise d’écart salutaire y compris par rapport à sa propre jeunesse mais cette façon d’être jeune n’est pas l’apanage de tous.]
Ayant lu d’autres papiers de Goupil dans le passé, je trouve qu’il commence à mûrir. Il y a peut-être encore de l’espoir pour Cohn-Bendit ?
[J’ai un peu l’impression que le miroir grossissant de la presse aboutit à imposer une image un peu convenue de la jeunesse : combien d’encartés dans les groupuscules en 68 et suivantes ? Quelle proportion de jeunes dans les dernières manifestations et parmi eux combien de « casseurs » ? Quelle proportion de jeunes à « Nuits Debout » ? (proportions rapportées à l’effectif total).]
Le problème de « la jeunesse » est que son image est construite en fonction des nostalgies de ceux qui voient leur jeunesse s’éloigner. D’où une tendance à l’idéalisation… Oui, il y a des jeunes politisés qui veulent changer le monde. Mais la plupart s’accommode du monde tel qu’il est et réagit en fonction de ses petits intérêts personnels. Oui, il y a des jeunes ouverts et tolérants, mais le racisme, l’antisémitisme et le fanatisme est aussi bien représenté dans la jeunesse que dans n’importe quelle catégorie d’âge. Personnellement, je reste un matérialiste : ce sont les conditions matérielles et non l’âge qui déterminent les comportements politiques. Et puis, comme disait Brassens… « le temps ne fait rien à l’affaire… »
[Même Phillipot, du moins au début y est allé de sa note élogieuse ; ne parlons pas de JLM…]
La « Nuit Debout » en tant que spectacle ne manque pas de charme. L’erreur serait de lui attribuer un contenu politique…
«Les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. »
Cette phrase du Manifeste date de 1848. Il suffit de se plonger dans une étude sérieuse de la condition ouvrière d’alors pour se pénétrer de sa véracité. Mais le marxisme n’est pas un dogme. L’histoire a poursuivi son chemin fait par les hommes eux-mêmes. La condition ouvrière s’est trouvée transformée par ses propres conquêtes qui malgré la régression imposée continuent pour la plupart d’encadrer l’existence et aujourd’hui, en attendant mieux, il s’agit de les conserver.
« Le problème de « la jeunesse » est que son image est construite en fonction des nostalgies de ceux qui voient leur jeunesse s’éloigner. D’où une tendance à l’idéalisation… Oui, il y a des jeunes politisés qui veulent changer le monde. Mais la plupart s’accommode du monde tel qu’il est et réagit en fonction de ses petits intérêts personnels. Oui, il y a des jeunes ouverts et tolérants, mais le racisme, l’antisémitisme et le fanatisme est aussi bien représenté dans la jeunesse que dans n’importe quelle catégorie d’âge. Personnellement, je reste un matérialiste : ce sont les conditions matérielles et non l’âge qui déterminent les comportements politiques. Et puis, comme disait Brassens… « le temps ne fait rien à l’affaire… »
Bien dit. Mais dans le monde où nous vivons, la jeunesse semble apparaître plus comme une qualité intrinsèque qu’un stade objectif de l’évolution de l’être humain. Les mots de « jeune », «jeunesse » sont plébiscités et emplis d’un contenu positif ; à contrario les « vieux »…
On est loin de Victor Hugo : ” Et l’on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens, mais, dans l’œil du vieillard, on voit de la lumière “.
@ morel
[«Les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. » Cette phrase du Manifeste date de 1848. Il suffit de se plonger dans une étude sérieuse de la condition ouvrière d’alors pour se pénétrer de sa véracité.]
Déjà à l’époque cette phrase devait plus à l’exagération rhétorique d’un texte militant qu’à la réalité. Mais il est clair qu’en France, avec les conquêtes ouvrières de la fin du XIXème siècle et du XXème, elle est devenue totalement anachronique. Et que le discours et le projet politique d’un parti ouvrier ne peut ignorer le fait que les ouvriers ont peut-être toujours « un monde à gagner », mais qu’ils ont aussi pas mal à perdre…
[Bien dit. Mais dans le monde où nous vivons, la jeunesse semble apparaître plus comme une qualité intrinsèque qu’un stade objectif de l’évolution de l’être humain. Les mots de « jeune », «jeunesse » sont plébiscités et emplis d’un contenu positif ; à contrario les « vieux »…]
Tout à fait. Dans une société idéologiquement fondée sur un individu tout-puissant, il n’est logique de voir le culte à la jeunesse – qui en fait ressemble moins à la jeunesse d’autrefois qu’à une sorte d’adolescence prolongée – se développer. Nous vivons dans une société de Peter Pan, qui ne veut pas accepter l’inévitable : le passage du temps, les étapes de la vie, et puis la mort au bout. On se condamne donc à être « jeune » toute sa vie. Le problème est qu’en retirant leurs lettres de noblesse à l’âge adulte et à la vieillesse, on se condamne à faire de sa vie une longue déchéance… ou à se maquiller pour se prétendre toujours « jeune » alors qu’on ne l’est plus…
Et tout ça, j’insiste, ce n’est pas la faute aux jeunes. Au contraire : en faisant de la jeunesse un idéal, les adultes les condamnent à ne pas grandir sous peine de déchoir.
[On est loin de Victor Hugo : ” Et l’on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens, mais, dans l’œil du vieillard, on voit de la lumière “.]
Magnifique formule !
C’est la question de la probité en politique,du sens de la fonction publique et du service public qui est sous jacent partout dans l’actualité.
Sur cette question,tout le monde est ébranlé.
Pour vous avoir lu depuis longtemps,vous devez l’être aussi,certes en France,par le président Holland,mais aussi particulièrement au sujet de Sarkozy.A ce propos que pensez vous de la position de vieux Druide,à la Chevénement qu’est en train de prendre un Jean louis debré revigoré(intellectuellement parlant) comme jamais?
http://www.lexpress.fr/actualite/politique/jean-louis-debre-de-moins-en-moins-sage_1755568.html
@ luc
[C’est la question de la probité en politique,du sens de la fonction publique et du service public qui est sous jacent partout dans l’actualité.]
Je n’en suis pas persuadé. Pour ce qui concerne leurs élus, les français ont d’ailleurs une attitude assez pragmatique : ils leur pardonnent facilement leurs écarts lorsque leur bilan est jugée positif, comme le montre le cas des nombreux élus réélus à leur poste malgré leurs ennuis judiciaires. C’est d’ailleurs pourquoi on a créé les peines d’inéligibilité, qui n’existent pas dans les pays anglo-saxons ou l’électeur se charge lui-même d’assurer la peine.
Le cas des fonctionnaires est différent parce que n’étant pas élus le citoyens sent qu’il n’a aucun moyen de le sanctionner directement. D’où une sévérité plus grande. Mais en général – et ceux de mes lecteurs qui auront vécu à l’étranger partageront je pense cette vue – nous avons une fonction publique très largement « républicaine » et où les cas de corruption ou d’abus de biens publics restent exceptionnels. Il faut dire que le système a été bien construit pour cela : le principe fondamental de séparation de l’ordonnateur et du comptable, qui fait que celui qui ordonne la dépense ne voit jamais l’argent et que celui qui touche l’argent ne peut ordonner une dépense, reste la clé de voûte de notre administration, avec en plus le fait que le comptable est responsable de sa caisse sur ses propres deniers.
Autre élément qui favorise l’honnêteté de nos fonctionnaires et la logique du statut et de l’emploi à vie. Cette garantie fait que le fonctionnaire n’est pas poussé à profiter pour « faire des réserves » pendant son mandat, comme c’est souvent le cas dans les pays ou le système des dépouilles – chaque gouvernement nommant ses amis politiques dans les postes de la haute fonction publique – est la règle. Le paradoxe est que souvent ceux qui dénoncent la corruption de la fonction publique sont les mêmes qui dénoncent le « privilège » que constitue l’emploi a vie, qui permet précisément de lutter contre la corruption…
Enfin, une fonction publique honnête est une fonction publique bien payée. Si le fonctionnaire n’est pas raisonnablement payé par rapport à la rémunération des mêmes profils dans le privé, les meilleurs éléments s’en vont et les autres tendent à se considérer maltraités et à compenser en piquant dans la caisse. C’est humain. En France, pendant longtemps la fonction publique a été moins payée que le privé, et la différence compensée par des éléments symboliques : le respect de ses concitoyens, le fait de travailler dans un bâtiment prestigieux, les « ors de la République ». C’est de moins en moins le cas aujourd’hui. Par ailleurs, la plus grande hypocrisie règne sur la rémunération des hauts fonctionnaires : tout le monde est d’accord qu’il faut les rémunérer raisonnablement par rapport au privé, mais personne ne veut assumer publiquement ce fait. Du coup, tout le monde se pare de vertu dépensière en congelant le point d’indice et la rémunération statutaire, tout en compensant par derrière grâce à des systèmes de « primes » de plus en plus complexes et surtout opaques. Mais ce n’est pas les hauts fonctionnaires qu’il faut blâmer pour cette opacité, c’est le politique.
[Sur cette question,tout le monde est ébranlé.]
« Tout le monde » ? N’exagérons rien. Par ailleurs, c’est une question qui se pose de manière récurrente depuis des siècles, et qui n’a guère changé depuis l’antiquité grecque.
[Pour vous avoir lu depuis longtemps, vous devez l’être aussi, certes en France, par le président Hollande, mais aussi particulièrement au sujet de Sarkozy. A ce propos que pensez vous de la position de vieux Druide, à la Chevénement qu’est en train de prendre un Jean louis debré revigoré (intellectuellement parlant) comme jamais?]
Dans ces affaires, ma position a toujours été socratique : « de tout, modérément ». Je trouve imbécile un système ou l’on fait démissionner un ministre parce qu’il a payé un chocolat avec la carte du ministère, et dangereux un système ou tout le monde se remplit les poches sans que la justice n’arrive jamais comme on le voit dans certains pays. Je ne pense pas que Hollande ou Sarkozy aient été personnellement plus corrompus que ne l’étaient leurs prédécesseurs, De Gaulle compris.
Contrairement à ce qu’on voit sous d’autres latitudes, nos présidents entrent à l’Elysée avec des patrimoines relativement limités et en sortent rarement plus riches. Regardez la déclaration de patrimoine de Sarkozy à la fin de son mandat, elle est très intéressante de ce point de vue. Le problème chez nous est moins l’homme politique national ou le haut fonctionnaire qui utilise son mandat pour s’enrichir que les hommes d’affaire qui lui tournent autour. Qui s’est enrichi pensant le mandat de Sarkzoy ? Pas lui-même, pas Guéant (qui va se faire condamner pour quelques dizaines de milliers d’euros), pas Hortefeux. Ceux qui se seront enrichis, ce sont des gens comme Tapie… C’est un peu différent pour les élus et fonctionnaires locaux, qui sont eux bien plus corrompus, peut-être parce que là le système des dépouilles fonctionne toujours. Mais c’est là une vieille tradition française, celle de l’Etat central honnête comme protecteur des sujets contre la rapacité de la noblesse locale…
Quant à Jean-Louis Debré… qui disait que « les vieux donnent de bons conseils pour se consoler du fait qu’ils ne peuvent plus donner de mauvais exemples » !
“Vous ne « constatez » rien du tout. Vous vous contentez de répéter les « constats » réels ou supposés faits par d’autres. ” .
Affirmation gratuite. Qu’en savez-vous de ma place sur l’échiquier ?
Quant à “adapter votre langage à celui de votre interlocuteur”, j’ai eu beau me relire, je n’y ai vu aucune raison particulière vous incitant à user de familiarité à mon égard, en retour.
“Comment l’immense majorité des hauts fonctionnaires patriotes, honnêtes et républicains pourraient-ils prouver leur bonne foi ?”
Et vous-même, de quels éléments factuels disposez-vous pour conclure en leur bonne foi ?
Ne prêcheriez-vous pas pour votre paroisse ? Et je n’affirme rien en disant cela, je n’ai pas autant de certitudes que vous en avez. Juste une interrogation.
Vous ne trouverez, de toute façon, jamais de “jouisseurs” dénonçant les moyens par lesquels ils sont amenés à jouir, sans entrave aucune, au détriment de ceux qui peinent à le faire.
Sont, à l’inverse, plus nombreux, ceux donnant dans l’illusion compatissante. En effet, honorable pour les uns, dégradante pour les autres, la perception bonne ou mauvaise d’une situation donnée ne s’évalue qu’en condition réelle.
Alors, théoriser à l’infini sur la supposée intégrité de nos chères élites, c’est faire le jeu des faussaires.
@ Souvarine
[“Vous ne « constatez » rien du tout. Vous vous contentez de répéter les « constats » réels ou supposés faits par d’autres. ” .]
Je ne sais que ce que vous écrivez ici. Et depuis le début de notre échange, vous ne faites que proposer des liens vers diverses publications, sans une seule fois proposer un exemple ou vous auriez constaté de visu la malhonnêteté de tel ou tel haut fonctionnaire. Vos « constats » sont donc bien la répétition de « constats » faits par autrui, et non issus d’une expérience personnelle.
[Affirmation gratuite. Qu’en savez-vous de ma place sur l’échiquier ?]
Si votre place sur l’échiquier vous permet de faire personnellement de tels « constats », vous êtes le bienvenu pour les partager avec nous. Mais en attendant, vos lecteurs sont fondés à supposer que vous ne connaissez ce dont vous parlez que par lecture interposée…
[“Comment l’immense majorité des hauts fonctionnaires patriotes, honnêtes et républicains pourraient-ils prouver leur bonne foi ?” Et vous-même, de quels éléments factuels disposez-vous pour conclure en leur bonne foi ?]
Une expérience de vingt ans à les côtoyer. Mais je pourrais vous répondre que je n’ai besoin d’aucun élément factuel. L’un des principes essentiels de la citoyenneté est que la bonne foi se présume, et la mauvaise foi se prouve. Nous sommes tous innocents jusqu’à preuve de notre culpabilité, et non l’inverse.
Votre question est très révélatrice des dangers que recèlent les mécanismes paranoïaques de la suspicion en politique. Ces mécanismes construisent un discours de la suspicion ou tout homme politique, tout haut fonctionnaire est coupable par définition, par le simple fait d’appartenir à un groupe, sans qu’il soit besoin de prouver une faute. Et qui plus est, il n’a aucun moyen de se laver de cette accusation, puisque l’honnêteté est impossible à prouver : on peut démontrer que quelqu’un a volé dans la caisse, mais il est impossible de prouver le contraire, puisqu’il s’agit d’un acte négatif.
[Ne prêcheriez-vous pas pour votre paroisse ? Et je n’affirme rien en disant cela, je n’ai pas autant de certitudes que vous en avez. Juste une interrogation.]
Pas particulièrement. J’aurais été très honoré d’être haut fonctionnaire, mais la vie ne l’a pas décidé ainsi. Mais j’ai été assez proche de ce milieu pour voir comment il fonctionne. Et il fonctionne bien mieux que ne le croient les citoyens en général. Pour une poignée qui s’illustrent dans les pages noires des gazettes, chaque promotion de l’ENA forme une centaine de fonctionnaires qui servent correctement et honnêtement leur pays. Et j’ajoute que le discours que vous tenez les blesse particulièrement, et a des effets délétères : beaucoup finissent par se dire « puisqu’on nous suspectera de toute façon, à quoi bon rester honnête » ?
[Vous ne trouverez, de toute façon, jamais de “jouisseurs” dénonçant les moyens par lesquels ils sont amenés à jouir, sans entrave aucune, au détriment de ceux qui peinent à le faire.]
Et donc, tout le monde est suspect. Belle conclusion…
“Une expérience de vingt ans à les côtoyer.”
Au hasard de mes passages ici, j’ai pu y lire, émanant de vous, notamment, que vous viviez parmi les “humbles”, faudrait savoir !
Sachant que ces deux mondes là sont parfaitement irréconciliables, puisse-t-il être possible d’y fréquenter de concert et les sans grade et ce que vous allez l’air de considérer comme la crème de la crème de l’élite française, parfaitement incorruptible, selon vous ?
A moins que vous ne possédiez le don d’ubiquité…
@ Souvarine
[« Une expérience de vingt ans à les côtoyer. » Au hasard de mes passages ici, j’ai pu y lire, émanant de vous, notamment, que vous viviez parmi les “humbles”, faudrait savoir !]
Je ne vois pas ce qui vous pose problème. Je vis toujours dans la cité populaire où mes parents se sont installés quand j’étais encore un adolescent, et mon travail m’amène à côtoyer quotidiennement des hauts fonctionnaires. C’est simple à comprendre, non ?
[Sachant que ces deux mondes là sont parfaitement irréconciliables,]
Ah bon ? En quoi sont ils « irréconciliables » ? Vous savez, les hauts fonctionnaires qui ont aujourd’hui entre quarante et soixante cinq ans ont été recrutés à une époque où l’ascenseur social était encore une réalité. Vous croyez vraiment que les hauts fonctionnaires dans notre pays habitent tous à Neuilly et portent perruque poudrée ?
[puisse-t-il être possible d’y fréquenter de concert et les sans grade et ce que vous allez l’air de considérer comme la crème de la crème de l’élite française,]
C’est une question de motivation. J’aurais pu peut-être déménager dans un quartier plus « bourgeois », mais je me sens très bien là où je suis, et je fais mon heure quotidienne de transport vers les « beaux quartiers » ministériels…
[parfaitement incorruptible, selon vous ?]
Pas « parfaitement incorruptible ». Mais largement moins « corruptible » que ce qu’on peut observer dans le privé. Les gens sont infiniment plus vénaux dans la presse, la culture, l’industrie et bien entendu, dans la finance. Et la raison est simple : si pour vous gagner beaucoup d’argent est une priorité, la voie de la haute fonction publique n’est guère rentable : il vous faut un énorme investissement en terme d’effort dans vos études et dans votre travail pour un rendement très aléatoire : seule une minorité de fonctionnaires accède à des postes où la corruption rapporte. Mieux vaut être cadre dans une banque. Cette sélection par la motivation contribue à rendre la fonction publique sinon parfaitement honnête, en moyenne bien plus honnête que le reste de la société.
“Cette sélection par la motivation contribue à rendre la fonction publique sinon parfaitement honnête, en moyenne bien plus honnête que le reste de la société”.
J’entends ce que vous dites mais quant à adhérer à votre point de vue, ce n’est pas gagné.
@Souvarine
[J’entends ce que vous dites mais quant à adhérer à votre point de vue, ce n’est pas gagné.]
Qu’est ce qui vous gêne dans mon raisonnement ? J’ai l’impression que vous vous accrochez à un préjugé…
Bonsoir Descartes,
Je serais heureux de soumettre à votre jugement cet article de Simone Wapler: http://www.contrepoints.org/2016/04/24/248925-politique-monetaire-lallemagne-en-resistance-contre-la-bce
(Bien sûr, ce qui m’intéresse en priorité, ce n’est pas vraiment de savoir si nombre d’entreprises publiques françaises souffrent vraiment d’une “gestion malsaine” -je vous sais prompt à réagir à ce genre d’allégations.)
Selon vous, a-t-elle raison de critiquer la position de son confrère d’Atlantico (et par voie de conséquence, la politique monétaire de la BCE) ? La baisse des taux directeurs va-t-elle mener au chaos économique, comme le prophétisent les économistes libéraux ? Et jusqu’où pourrait aller l’Allemagne pour contrecarrer ce type de politique monétaire ?
@ Johnathan R. Razorback
[Je serais heureux de soumettre à votre jugement cet article de Simone Wapler:]
Mon jugement ? La mort ! Et sans libération conditionnelle possible…
Franchement, c’est un article idiot. A part les imprécations contre « les keynésiens qui gouvernent l’Euro » – un comble – et la opposition caricaturale entre l’Allemagne travailleuse, responsable, « raisonnable » et l’Europe du sud dépensière, paresseuse et irresponsable, on n’y trouve rien. L’analyse est vraiment indigente.
[Selon vous, a-t-elle raison de critiquer la position de son confrère d’Atlantico (et par voie de conséquence, la politique monétaire de la BCE) ?]
Avant de critiquer la politique de la BCE, il faut se demander s’il y a une autre politique possible. La BCE, ce n’est pas dieu le père, qui peut se permettre de séparer la lumière des ténèbres. La BCE fonctionne dans un faisceau de contraintes qui s’imposent à elle. Bien entendu, elle aurait pu refuser la politique de taux bas et le rachat des obligations publiques. Mais cela aurait probablement conduit à la faillite des pays les plus faibles (Grèce, Italie, Espagne) et à l’effondrement de l’Euro. Par ailleurs, la BCE n’a que le contrôle de la politique monétaire, mais pas celui de la politique budgétaire, qui est dans les mains de la Commission. Or, vu les choix désastreux d’une politique budgétaire déflationniste, on voit mal ce que la BCE aurait pu faire d’autre. Alors que sous la houlette de la Commission tous les pays européens se sont engagés dans une politique budgétaire déflationniste, remonter les taux d’intérêt risquerait de nous précipiter dans une récession.
Le chaos actuel – et on n’a encore rien vu, à mon avis – ne fait qu’illustrer le vice constitutif de l’Euro, celui de croire que les parités fixes entre des économies aussi différentes que celles des différents états européens et une politique monétaire unique étaient soutenables en l’absence de tout système de transferts inconditionnels. Contre ce vice, la BCE ne peut rien. Elle est obligée de naviguer entre une politique monétaire restrictive qui ferait l’affaire des allemands mais détruirait l’économie italienne ou espagnole, et une politique monétaire expansive qui pénalise le retraité allemand mais aide le travailleur espagnol ou italien. Or, la BCE a pour priorité de sauver l’Euro, et a bien compris que le risque d’explosion se situe pour le moment plutôt du côté des pays du Sud. D’où la politique expansionniste poursuivie depuis la crise grecque.
Simone Wapler a donc tort en ce que sa critique suppose qu’il y aurait une « bonne » politique qui – le hasard fait bien les choses – serait celle qui arrange l’Allemagne. La BCE n’a en fait que des mauvais choix. Et ce n’est pas sa faute.
[La baisse des taux directeurs va-t-elle mener au chaos économique, comme le prophétisent les économistes libéraux ?]
Possiblement. Mais la montée des taux nous conduirait à un autre chaos, très différent. Avec les taux bas, le risque est de ruiner les rentiers et de provoquer la formation de « bulles » spéculatives qui feront de gros dégâts lors de leur explosion. Mais monter les taux, c’est étouffer la croissance et provoquer la faillite des Etats, souvent très endettés. Le problème n’est pas tant la politique monétaire de la BCE que la politique budgétaire que les traités imposent aux Etats.
[Et jusqu’où pourrait aller l’Allemagne pour contrecarrer ce type de politique monétaire ?]
A mon avis, jusqu’à la sortie de l’Euro…
J’essaye de finir un papier sur cette affaire, mais ça prend un temps fou !
@Descartes
Merci de votre réponse.
“« les keynésiens qui gouvernent l’Euro » – un comble.”
C’est tout de même un fait d’observation que les orientations théoriques des keynésiens les conduisent, à tort ou à raison, à soutenir une politique monétaire extensive. Piketty écrit ainsi: “Il faut que la Banque centrale européenne (BCE) fasse avec les Etats ce qu’elle a fait avec les banques : émettre de la monnaie et leur prêter à 0 % ou 1 % pour que les Etats se débarrassent du surplus de dette créé par la récession.” -Thomas Piketty (source: http://bercy.blog.lemonde.fr/2010/06/02/dette-la-banque-centrale-doit-creer-de-la-monnaie-et-preter-a-0-aux-etats/ ).
De même, je pourrais vous retrouver des documents du PCF qui réclame une monétisation de la dette par la BCE. Une certaine perplexité me gagne lorsque j’observe que c’est ce qui est en train de se passer, ce qui n’empêche d’ailleurs pas la gauche radicale de continuer à conspuer “l’Europe ultralibérale”…Tout cela est assez déroutant.
“Avec les taux bas, le risque est de ruiner les rentiers et de provoquer la formation de « bulles » spéculatives qui feront de gros dégâts lors de leur explosion. Mais monter les taux, c’est étouffer la croissance et provoquer la faillite des Etats, souvent très endettés.”
Mais le dilemme se pose à toute monnaie étatique, qu’elle soit pilotée à l’échelle européenne ou non, n’est-ce-pas ?
Les économistes libéraux affirment qu’une création monétaire excessive déforme les mécanismes de marché et décourage la reconstitution de l’épargne, préalable à l’investissement. Mais le problème c’est “excessif par rapport à quoi” ? Les traités d’économie que j’ai pu consulter n’apportent pas de réponse à cette question.
@ Johnathan R. Razorback
[C’est tout de même un fait d’observation que les orientations théoriques des keynésiens les conduisent, à tort ou à raison, à soutenir une politique monétaire extensive.]
Non. Pour les keynésiens, la clé se trouve du côté de la politique budgétaire. Si les keynésiens poussent la BCE a émettre de la monnaie, c’est – comme votre exemple l’illustre parfaitement – pour donner des marges budgétaires aux états, et leur permettre de relancer la dépense publique pour créer de la demande. La politique qui consiste à faire tourner la planche à billets pour injecter la monnaie dans les circuits privés n’a rien de « keynésien ». Cela rappelle plutôt la logique monétariste d’un Friedman.
[De même, je pourrais vous retrouver des documents du PCF qui réclame une monétisation de la dette par la BCE.]
Mais c’est toujours de la dette des Etats qu’on parle au PCF. Or, ce n’est pas du tout ce que fait la BCE. La BCE injecte la monnaie dans le circuit bancaire et financier, pas en monétisant la dette des Etats. La proposition du PCF est purement keynésienne : permettre aux Etats de maintenir la dépense en monétisant la dette. Mais ce n’est pas du tout ce que fait la BCE.
[Une certaine perplexité me gagne lorsque j’observe que c’est ce qui est en train de se passer, ce qui n’empêche d’ailleurs pas la gauche radicale de continuer à conspuer “l’Europe ultralibérale”…Tout cela est assez déroutant.]
Pas du tout. L’Europe est bien « ultralibérale » : elle injecte de la monnaie dans les circuits privés, et bloque la dépense publique. C’est bien l’essence du néo-libéralisme, non ?
[Mais le dilemme se pose à toute monnaie étatique, qu’elle soit pilotée à l’échelle européenne ou non, n’est-ce-pas ?]
Non. Dans le cas d’une monnaie nationale, la politique monétaire qui convient à une région peut ne pas convenir à une autre. Ainsi, si une région est en pleine expansion et une autre en récession, augmenter les taux d’intérêt peut éviter la surchauffe de la première, et mettre la seconde en faillite. Exactement comme dans le cas de l’Euro. La différence, c’est qu’à l’intérieur de l’espace national il existe des mécanismes de transfert inconditionnel qui compensent cette situation. Dans la région en pleine expansion, l’Etat prélèvera des impôts qu’il pourra transférer dans la région pauvre pour compenser l’effet de sa politique monétaire. Et du coup, la politique monétaire n’est pas pensée en fonction de telle ou telle région, mais en fonction d’un équilibre global.
Si demain on prélevait sur l’Allemagne en expansion des impôts supplémentaires pour les verser à la Grèce, le fait que la politique monétaire de la BCE soit faite dans l’intérêt de l’Allemagne passerait beaucoup moins mal en Grèce… mais provoquerait une révolution en Allemagne. Le « pilotage à l’échelle européenne » de l’Eurone permet pas aux transferts inconditionnels de compenser les effets du choix de politique monétaire, tout simplement parce qu’il n’y a pas de « nation » européenne, et donc pas de solidarité inconditionnelle entre les différentes « régions » de l’Europe.
[Les économistes libéraux affirment qu’une création monétaire excessive déforme les mécanismes de marché et décourage la reconstitution de l’épargne, préalable à l’investissement. Mais le problème c’est “excessif par rapport à quoi” ? Les traités d’économie que j’ai pu consulter n’apportent pas de réponse à cette question.]
Et pour cause ! L’affirmation que vous citez est en fait une tautologie, puisque le critère pour juger si la création monétaire est excessive ou non… c’est précisément le fait qu’elle déforme les mécanismes de marché !
Pour comprendre le problème, il faut regarder la réalité économique sous un aspect dual : d’un côté, les objets matériels : machines, bâtiments, matières premières, frigidaires, heures de travail, etc. D’un autre, les titres qui les représentent : monnaie, actions, obligations, etc. En théorie, chacun est convertible dans l’autre. Je vends ma machine à laver et je reçois de la monnaie, je prends cette monnaie et j’achète une action qui représente une part des machines, des bâtiments, des matières premières de l’entreprise.
Mais qu’est ce qui se passe lorsque la valeur nominale de l’ensemble des titres augmente beaucoup plus vite que la valeur des biens matériels ? En théorie, leur valeur réelle – la quantité de biens matériels que je peut obtenir en échange – devrait rester constante. Il y a donc a terme décalage entre la valeur faciale des titres et leur valeur réelle. Ce décalage n’est pas visible tant que les deux mondes, le matériel et le financier, ne se confrontent pas, c’est-à-dire, tant qu’on continue à échanger du papier par du papier. C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui : les milliards créés par la BCE vont dans le système financier. Pour qu’il passe au secteur « réel », il faudrait que les consommateurs demandent des crédits pour acheter des biens. Cela provoquerait un accroissement de la demande de biens de consommation avec une certaine mesure d’inflation et de la croissance. Le problème est qu’en situation de crise la méfiance des consommateurs et leur anticipation d’un avenir morose les conduit au contraire à ne pas s’endetter et à ne pas dépenser leurs économies. L’argent que la BCE déverse ne se transforme donc pas en demande de biens de consommation, et reste donc dans le système financier en alimentant la demande de titres ou de biens immobiliers, ce qui se traduit par la formation de « bulles »…
Keynes avait raison : en temps de crise, le seul acteur économique qui peut s’endetter et dépenser est l’Etat. Pour stimuler la demande, il n’y a donc qu’un seul moyen, et il passe par la dépense publique. Distribuer de la monnaie « par hélicoptère » comme le suggérait Friedman ne sert à rien, parce que en temps de crise les individus tendent à thésauriser l’argent et faire des provisions. C’est pourquoi l’austérité européenne nous condamne à la stagnation, et cela quelque soit la politique de la BCE.
“Qu’est ce qui vous gêne dans mon raisonnement ?”
Etant donné que l’on passe plus de temps sur son lieu de travail (quand on a la chance (ou la malchance) d’en avoir un) qu’à profiter de son petit chez soi, il n’est pas difficile d’en déduire qui on est amené à côtoyer le plus.
Nos voisins peuvent nous demeurer parfaitement invisibles, nos collègues plus difficilement.
Maintenant, des quartiers populaires en banlieue qui ne soient pas un enfer pour tous, il en subsiste très peu. Sans doute, avez-vous le privilège de vivre dans l’un de ces quartiers, rescapés d’un temps où la France affichait une mine radieuse.
Je ne vois tout simplement pas ce que la motivation vient faire là-dedans. Toutes les motivations ne se valant pas, de plus.
P.S. : message à l’identique du précédent (faute de frappe en moins). Privilégier la version sans la faute, SVP.
@ Souvarine
[Etant donné que l’on passe plus de temps sur son lieu de travail (quand on a la chance (ou la malchance) d’en avoir un) qu’à profiter de son petit chez soi, il n’est pas difficile d’en déduire qui on est amené à côtoyer le plus.]
J’ai dit que je côtoyais les couches populaires dans mon quartier, et les couches supérieures dans mon boulot. Je ne suis pas rentré dans la question de savoir qui je « côtoyais le plus ». Cela demanderai un calcul savant, parce que je passe une partie de mon temps de travail à voyager, et pendant ce temps je ne « côtoie » personne. Et puis, quand je suis dans un bureau se seul à travailler, est-ce qu’on peut dire que je « côtoie » quelqu’un ? Le fait n’en demeure pas moins que j’ai la chance – une chance que j’ai fabriqué, mais enfin, appelons-là ainsi – de fréquenter les deux couches de la société.
[Nos voisins peuvent nous demeurer parfaitement invisibles, nos collègues plus difficilement.]
Quand vous avez milité dans un quartier, que vous avez des responsabilités dans des associations, que vous avez fait pendant des décennies du porte-à-porte, les voisins ne sont pas des inconnus.
[Maintenant, des quartiers populaires en banlieue qui ne soient pas un enfer pour tous, il en subsiste très peu. Sans doute, avez-vous le privilège de vivre dans l’un de ces quartiers, rescapés d’un temps où la France affichait une mine radieuse.]
Je ne crois pas qu’il en « subsiste très peu ». Des quartiers populaires, il y en a toute une gradation. Dans certains, oui, la vie est infernale, gangrenée par les trafics, la drogue, la violence. Mais ils sont une petite minorité. Dans d’autres, la vie est très agréable. Et au milieu, la grande masse des quartiers ou la vie est… moyenne. Je ne sais pas où se situe mon quartier, probablement dans la bonne moyenne : c’est un quartier HLM ancien, où les résidents – « gaulois », descendants d’immigrés portugais, espagnols, arabes – sont installés depuis longtemps et sont attachés au quartier, ou ceux qui ont bénéficié d’une relative promotion sociale ne sont pas partis. Cela donne une mixité sociale et ethnique, et une population très largement assimilée – grâce en particulier à une groupe scolaire où le principal et les enseignants sont plutôt de la vieille école.
[Je ne vois tout simplement pas ce que la motivation vient faire là-dedans. Toutes les motivations ne se valant pas, de plus.]
Justement. On peut supposer qu’une personne qui, ayant le choix de sa carrière, préfère s’orienter vers une voie qui offre une rémunération faible, ne fait pas de l’argent l’élément essentiel de ses choix et sera moins sensible à ses sirènes. C’est pourquoi chez nous les hauts fonctionnaires sont beaucoup plus sensibles aux honneurs symboliques, au prestige d’un poste ou d’un corps qu’à l’argent.
[P.S. : message à l’identique du précédent (faute de frappe en moins). Privilégier la version sans la faute, SVP.]
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