Je venais de donner la dernière touche à mon papier sur l’affaire Leonarda Dibrani. Je venais tout juste d’appuyer sur la touche « publier » avec toujours ce vague sentiment qui mélange la satisfaction du devoir accompli et l’insatisfaction de ne pas avoir vraiment écrit l’article qu’on aurait voulu écrire… et voici qu’en levant les yeux je vois sur l’écran du téléviseur l’image rondouillarde de notre président de la République. Un frisson de crainte m’a traversé un instant. Peut-être que le président allait prendre de la hauteur, montrer qu’il n’est pas soumis à la dictature de l’émotion, réaffirmer que force doit rester à la loi, couvrir les fonctionnaires dont il est en dernière instance le chef suprême… cela aurait pu d’un coup rendre mon analyse fausse et porter un coup irréparable à ma crédibilité !
Et bien, j’avais tort de m’inquiéter. La déclaration présidentielle était prévisible. Comme à son habitude, Hollande a fait, dans un français approximatif qui oscille toujours entre la vérité de La Palisse et l’erreur de syntaxe, l’une de ces synthèses-éteignoir dont il a le secret. C’est un morceau qui mérite d’être étudié in extenso. Pour cela, je me suis permis de transcrire la déclaration du président de la République à partir de la vidéo publiée sur le site de l’Elysée, aucun texte n’ayant été publiée. J’ai essayé de respecter le plus strictement possible la syntaxe originale, sans corriger les erreurs même évidentes. Vous trouverez ce texte en annexe. Mais permettez-moi de commenter quelques extraits :
Le rapport vient de m’être remis par le ministre de l’intérieur. Ses conclusions sont claires : d’abord, l’enquête confirme qu’aucune règle de droit n’a été enfreinte dans l’examen de la situation de la famille de Leonarda et pas davantage dans la décision de mettre en œuvre l’obligation de quitter le territoire parce que toutes les voies de recours avaient été épuisées. Mais l’enquête indique aussi que l’interpellation de la collégienne s’est déroulée à l’occasion d’une sortie scolaire. Même si la prise en charge de la collégienne a eu lieu à l’abri des regards, c’est une infraction par rapport à ce que l’on peut penser être la possibilité d’interpeller une enfant. Il n’y a donc pas eu de faute, et de ce point de vue la loi a été parfaitement respectée. Mais il y a eu un manque de discernement dans l’exécution de l’opération.
Nous savons donc maintenant qu’il peut être reproché à un fonctionnaire, outre une infraction à la loi et aux procédures, une « infraction par rapport à ce que l’on peut penser être la possibilité d’interpeller un enfant ». On admirera la clarté et l’élégance de la formule, mais surtout on est en droit se demander qui est ce « on » qui pense les possibilités d’interpeller les enfants. Qui décide ? Qui fait les règles ? Au nom de quoi on décide qu’on peut interpeller les gens dans un orphelinat ou un restaurant d’entreprise mais pas dans une école ? Qui fixe la liste des lieux « interpellables » et des lieux qui ne le sont pas ?
En fait, cette nouvelle « infraction » que le président invente a pour but de faire plaisir à tout le monde dans la logique de la synthèse hollandienne. La loi a été respectée mais il y a quand même « infraction ». La loi a été respectée, mais les fonctionnaires ont fait preuve d’un « manque de discernement » dont ils sont blâmables. Leonarda Dibrani a donc été légalement expulsée, mais la République dans sa grande générosité lui permettra quand même de revenir. Mais pas à n'importe quelle condition :
Enfin les valeurs de la République c’est de tenir compte de situations humaines, et par rapport au cas de cette jeune fille, Leonarda, si elle en fait la demande compte tenu des circonstances, et si elle veut poursuivre sa scolarité en France, un accueil lui sera réservé. Et à elle seule.
Comme quoi, la générosité de la République a ses limites. Si Leonarda Dibrani peut revenir, ses petits frères et sœurs n’ont pas, eux, eu la chance d’être médiatisés, et ne sont donc pas éligibles à l'humanisme républicain façon Hollande. Car celui-ci est semble-t-il indexé sur le bruit médiatique de chaque affaire. Car c’est là la seule différence entre Leonarda et ses petits frères et sœurs : la médiatisation. Sachez-le donc, chers lecteurs : la médiatisation c’est la clé de tout. Médiatisez votre chômage, et le président vous recevra et s’occupera de votre cas. Médiatisez votre expulsion, et le président lui-même vous demandera de revenir. Peu importe le mérite de votre dossier, la légalité de votre expulsion. Les lois cessent de s’appliquer lorsque le dieu aux mille bouches le décide. Toutes les lois, d’ailleurs, y compris celle qui veut qu’on ne sépare pas les enfants mineurs de leurs parents. Imaginons que la jeune Leonarda veuille revenir, qui assurerait sa tutelle en France ? François Hollande en personne ? Qu'en pense Valérie ?
Le président semble avoir oublié que parmi les « valeurs de la République » il y a ce petit détail qui s’appelle « égalité devant la loi ». Un principe que le président viole ouvertement en déclarant que Leonarda, seule parmi toutes les filles kossovares, seule parmi les membres de sa famille, aura droit à une exception que la loi ne prévoit pas. En fait, des « valeurs de la République » le président n’en a cure. Il fallait jeter un os à la rue pour conjurer le risque d’une agitation lycéenne, et c’est cela qui demain ouvrira la porte du retour à Leonarda Dibrani. C’est dire si les appels à « appliquer la loi » qui parsèment la déclaration présidentielle sonnent creux.
Mais une fois les lycéens calmés, il fallait s’attaquer à une autre cible chère – du point de vue électoral, s’entend – au cœur des socialistes. Vous avez certainement déviné : il s’agit des enseignants. Et voici ce qu’on leur promet :
Les valeurs de la République c’est aussi l’école et ce qu’elle représente. Un lieu d’émancipation, d’intégration. L’école elle doit être préservée des conflits de la société. Et là je pense que nous devons faire preuve d’une plus grande clarté. C’est pourquoi une instruction sera adressée aux préfets par le ministre de l’intérieur prohibant toute interpellation d’enfants dans le cadre scolaire, aussi bien dans les établissements que dans les transports, les sorties, ou les centres de loisirs. L’école doit être préservée, parce que c’est un lieu où les enfants doivent être eux-mêmes en sécurité.
Après un président de l’Assemblée Nationale qui déclare que la Loi doit s’incliner devant « les valeurs », nous avons un président de la République qui estime que l’action de la police et de la gendarmerie pourrait compromettre la sécurité de nos enfants. Car c’est précisément cela que nous dit ce texte. Pour « préserver l’école des conflits de la société » il faut tenir à distance les fonctionnaires dont la fonction est précisément de réguler ces conflits. Cette croyance que ce ne sont pas les délinquants, mais ceux qui sont chargés de les réprimer qui font rentrer les « conflits de la société » à l’école est l’un de ces mythes qui nous viennent de 1968 et qui ont tant fait pour rendre le métier d’enseignant un métier impossible. C’est quand même curieux d’imaginer qu’on puisse éduquer nos enfants en citoyens tout en faisant de l’école une zone de non-droit, où la loi de la République ne s’appliquerait pas. Ce serait une drôle d’éducation républicaine celle qui enseignerait qu’il faut se méfier des forces qui sont chargées de nous protéger.
Il n’y a aucune raison que l’école soit une enceinte sacrée qui, comme les églises naguère, disposent d’une sorte de « droit d’asile ». N’en déplaise aux enseignants, qui ont une certaine tendance à placer leur statut au dessus des lois. Si l’on croit la déclaration présidentielle, l’instruction aux préfets interdira aussi l’interpellation des petits racketteurs et trafiquants de drogue, qui pourront exercer leurs talents avec la garantie de l’impunité. Cela fera certainement plaisir à certains enseignants qui croient toujours qu’ils protègent leurs élèves en dissimulant ces faits à la police et à la justice ou en refusant de leur prêter leur concours. Car c’est là à mon avis la motivation de cette « sanctuarisation » de l’école. Il ne s’agit pas de protéger les enfants – qui voient quotidiennement aux informations ou dans la rue des choses bien plus violentes qu’une interpellation – mais de protéger les enseignants, qui n’ont pas envie de se sentir « complices » de l’interpellation en question. Les enseignants, malheureusement, sont plus attachés aux droits que donne le statut de fonctionnaire qu’aux obligations qui s’y rattachent, et tout particulièrement au fait qu’en tant que fonctionnaires de l’Etat ils sont tenus d’appliquer et de faire appliquer les lois, même celles qui leur déplaisent.
Adlai Stevenson notait, en paraphrasant un célèbre dicton, que si le pouvoir corrompt, l’impuissance corrompt absolument. François Hollande en est réduit, pour essayer de se faire quelques points de popularité en plus, de traîner dans la boue l’autorité de l’Etat en accréditant l’idée que la politique migratoire de la France se fait non pas à la Corbeille mais pire, au journal de France 2. Dans une déclaration bourrée de fautes et de poncifs, il affirme que l’école deviendra une zone de non-droit ou les lois de la République ne s’appliquent pas, qu’une personne expulsée légalement après épuisement de tous les recours sera finalement autorisée à revenir « elle seule » oubliant d’un coup la doctrine qui veut qu’on ne sépare pas les enfants mineurs de leurs parents. Et pour couronner le tout affirme que tout cela permettra « d’appliquer la loi ». Je n’attendais pas beaucoup d’Hollande, mais je dois avouer que le désastre dépasse toutes mes espérances…
Descartes
Annexe : Déclaration du président de la République du samedi 19 octobre 2013.
Je reproduis ici in extenso la déclaration du président. Ce texte a été transcrit à partir de la vidéo publiée sur le site de l’Elysée en étant le plus fidèle possible. Je n’ai donc pas corrigé les fautes de syntaxe et les pataquès qui émaillent le texte, et qui me semblent très significatifs de la manière dont le président conçoit sa communication. Voici donc le texte :
Les conditions de l’éloignement de la jeune Leonarda ont suscite, et je le comprends parfaitement, une légitime émotion, notamment dans la jeunesse. Car la France est un pays de droits, et de liberté. Et c’est ce qui fait le fondement même de notre République. Etre ferme, car c’est nécessaire pour vivre ensemble, et en même temps être humaine parce c’est ce qui fonde notre capacité à vivre en commun. C’est pourquoi le gouvernement a demandé, dès qu’il en a eu connaissance, une enquête sur ce qui s’était produit dans ce collège ou dans le transport scolaire concernant la jeune Leonarda.
Le rapport vient de m’être remis par le ministre de l’intérieur. Ses conclusions sont claires : d’abord, l’enquête confirme qu’aucune règle de droit n’a été enfreinte dans l’examen de la situation de la famille de Leonarda et pas davantage dans la décision de mettre en œuvre l’obligation de quitter le territoire parce que toutes les voies de recours avaient été épuisées. Mais l’enquête indique aussi que l’interpellation de la collégienne s’est déroulée à l’occasion d’une sortie scolaire. Même si la prise en charge de la collégienne a eu lieu à l’abri des regards, c’est une infraction par rapport à ce que l’on peut penser être la possibilité d’interpeller une enfant. Il n’y a donc pas eu de faute, et de ce point de vue la loi a été parfaitement respectée. Mais il y a eu un manque de discernement dans l’exécution de l’opération. J’en tire donc à mon tour trois conclusions. La première c’est que les valeurs de la République c’est le respect de la Loi. La loi doit s’appliquer. Cela vaut pour le droit d’asile qui devra encore être reformée pour accélérer les procédures pour ne pas avoir ce nombre de déboutés qui ensuite restent sur le territoire parce qu’ils y sont là depuis trop longtemps. La force de la loi est d’avoir une politique d’immigration qui soit claire avec des conditions pour le droit au séjour. Le respect de la loi c’est de traduire les conséquences d’une obligation de quitter le territoire pour les personnes qui n’ont pas à y rester. Et la force de la loi c’est la condition pour qu’il y ait à la fois une politique de l’immigration et une politique de sécurité que chacun peut comprendre.
Les valeurs de la République c’est aussi l’école et ce qu’elle représente. Un lieu d’émancipation, d’intégration. L’école elle doit être préservée des conflits de la société. Et là je pense que nous devons faire preuve d’une plus grande clarté. C’est pourquoi une instruction sera adressée aux préfets par le ministre de l’intérieur prohibant toute interpellation d’enfants dans le cadre scolaire, aussi bien dans les établissements que dans les transports, les sorties, ou les centres de loisirs. L’école doit être préservée, parce que c’est un lieu où les enfants doivent être eux-mêmes en sécurité. Et donc l’instruction ne laissera aucun doute sur la volonté du gouvernement et la manière avec laquelle nous devons agir.
Enfin les valeurs de la République c’est de tenir compte de situations humaines, et par rapport au cas de cette jeune fille, Leonarda, si elle en fait la demande compte tenu des circonstances, et si elle veut poursuivre sa scolarité en France, un accueil lui sera réservé. Et à elle seule.
La France, je l’ai dit, c’est la République. La République c’est la fermeté dans l’application de la loi, et c’est l’humanité aussi dans ce que doit être nos procédures. Je veille à chaque occasion à ce que le gouvernement et le ministre de l’intérieur puissent mener la politique que j’ai déterminé. Et en même temps je veux avec le Premier ministre qu’il y ait des règles qui puissent être chaque fois interprétées dans le meilleur sens pour notre République. Et cette affaire a été l’occasion d’une clarification et désormais il n’y a plus de doute sur ce que doit être l’école, sur ce qu’il est possible d’y faire, et je pense que cela apaisera tout en permettant à la loi de s’appliquer.
> les enseignants, qui n’ont pas envie de se sentir « complices »
Je pense qu’une bonne partie des français sont hypocrites sur ce sujet, et pas spécifiquement les enseignants.
Conformément à la contradiction que vous évoquez dans votre article précédent, beaucoup de français sont bienveillants envers les immigrés (parfois davantage d’ailleurs qu’envers leurs compatriotes les plus modestes… mais c’est une autre histoire), mais savent (sans vouloir en tirer les conséquences) qu’il n’est pas possible d’en accueillir un nombre infini. Du coup ils préfèrent NE PAS VOIR du tout ce qui se passe, et si les interpellations peuvent se dérouler partout ailleurs que dans un espace commun, c’est pour le mieux, leurs nuits et leur conscience n’en sera que plus tranquille.
@tmn
[Je pense qu’une bonne partie des français sont hypocrites sur ce sujet, et pas spécifiquement les enseignants].
Peut-être, mais on est tout de même obligés de constater que ni les patrons de café, ni les directeurs d’agence de Pôle-Emploi, ni les chefs de gare SNCF n’ont à ma connaissance exigé qu’il n’y ait pas d’interpellation chez eux. Les seuls qui prétendent tenir à distance les forces de l’ordre, ce sont les enseignants. Cela peut être légitime lorsque l’enseignant revendique la possibilité d’exercer la répression lui même dans un but pédagogique. Mais cela devient absurde lorsque l’enseignant prétend soustraire l’élève à la loi en créant de fait une zone de non-droit.
Dormez, braves gens, dormez bien, grand-papa François(et Valérie aussi) veille sur vous.
Pauvre France!
Chomsky signalait l’infantilisation des télespectateurs comme l’une des 10 stratégies de manipulation des masses.
Incroyable couac, incroyable médiatisation de l’affaire avec ce père qui affirme qu’il "reviendra illégalement", cet enfant de 15 ans dire devant des caméras "je vais revenir en France pour faire ma loi ", un premier secrétaire qui contredit son ancien supérieur en disant qu’il souhaite le retour de la mère et des enfants. Quel bordel monumental ! Je me souviens du papier que tu as écris récemment sur l’impréparation manifeste de ce gouvernement mais c’est proprement consternant et hallucinant ! Karl Kraus a un jour écrit qu’il y avait un terrible malheur pour le satiriste : ne plus pouvoir dire grand chose quand la réalité avait épuisé l’imagination de la fiction. C’est un peu ça que l’on voit depuis un an et demi. De l’auto caricature qui s’alimente elle-même et qui creuse, qui creuse, qui creuse. On est déjà descendu tellement bas…Voilà un président qui gouverne comme pour une dissertation de terminale SES : thèse, antithèse, synthèse. As-tu lu le rapport de la préfecture ? Les pages 16 et 17 sont accablantes tout comme le sont les propositions de retour avec deux belles sommes : 8500 euros la première fois et 10000 euros pour la seconde. J’ai une question : est-il d’usage qu’une somme soit allouée aux familles ou individus reconduits ? Si oui, dans quelles limites et sur quel budget se fait-elle ? Si non, et bien c’est ahurissant. Mais les deux sommes en elles-mêmes sont indécentes….
Quant à la syntaxe..que de "en même temps" , "c’est aussi ", "il faut à la fois…et à la fois " dans la prose d’Hollande depuis un an et demi. Si ça ce n’est pas une peur (politique) profonde et irrémédiable du conflit…
@LCH
En tout cas, la lecture du rapport est passionnante… il est disponible à cette adresse:
http://www.interieur.gouv.fr/content/download/66019/477578/file/2013-%20Modalit%C3%A9s%20d%27%C3%A9loignement%20de%20Leonarda%20Dibrani.pdf
Jusqu’où l’abjection et la division ? autre manière de poser la question : a force de boire la lie, quand est-ce que l’organisme vomi ?
Cher Descartes,
effectivement, on a atteint un niveau d’aboulie et d’incurie de l’Etat rarement vu depuis…la fin de la quatrième république! Hollande, c’est Guy Mollet 2.0!
Je suis écoeuré, j’ai vu juste lors de mon dernier commentaire à propos de la sonate d’Automne: il n’y a plus d’état de droit de droit en France et particulièrement, plus aucune autorité de la chose jugée, qui peut être contestée comme n’importe quel contrat qui n’a pas été respecté…
En bref, je suis désespéré car, sous Hollande, les mots ne veulent plus rien dire, ou du moins, elles veulent dire une chose et son contraire: Hollande dit qu’il n’y a pas eu de faute dans la procédure d’expulsion, mais une infraction; il veut se montrer ferme, tout en laissant sur la possibilité à Léonarda de revenir SEULE, ce qui est une fumisterie: en gros, si on accède à sa demande, elle reviendra AVEC sa famille. Incapable qu’il est de trancher, son attitude déteint sur le gouvernement: lors de la fête musulmane de l’Aïd à laquelle ont assisté Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls, ces deux membres du gouvernements y ont participé AU NOM DE LA LAICITE! Bien entendu, c’est de la blague, et la laïcité, c’est le contraire: si l’Etat respecte tous les cultes, il n’en reconnaît AUCUN. Cette scélératesse (et je pèse mes mots, j’ai failli parler de salo..rie…) illustre précisément la politique du gouvernement: elle est ultra-clientéliste, quitte même à tordre le sens de mots!
En un mot comme en cent, j’ai peur d’avoir raison: nous voulons lutter pour une république qui n’est plus! Notre république est devenu un astre mort (E.Todd parlerait de zombie, mais c’est moins poétique…). Ce gouvernement toujours ce mot de "République" à la bouche, alors que c’est le plus anti-républicain des régimes que j’ai pu voir depuis que je suis né…
Cette subversion du vocabulaire, du sens des mots, est extrêmement grave, car pour faire de la politique, il faut des mots; or si les mots ne signifient plus ce qu’ils veulent dire, ou pire, permettent, comme dans le livre "1984" de G.Orwell, de faire cohabiter des notions contradictoires ("double-pensée"), ça veut dire que la violence n’est plus très loin, car faute de pouvoir exprimer des idées par le verbe, on le fera par des gestes, et pas tendres avec ça…
Oui, je suis triste car Hollande et sa clique sont en train de se moquer de la majorité des Français, et pire, cela leur est parfaitement égal: la meilleure preuve, c’est qu’il se focalise sur cette affaire, alors que l’agro-alimentaire de la Bretagne se fait laminer par la PAC, et par la concurrence déloyale allemande. Mais là encore, et je vais encore radoter, Rousseau nous avait prévenu:
"Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher loin dans leur livre des devoirs qu’ils dédaignent d’accomplir chez eux.
Tel philosophe aimera les Tartares pour se dispenser d’avoir à aimer ses semblables".
@CVT
[effectivement, on a atteint un niveau d’aboulie et d’incurie de l’Etat rarement vu depuis…la fin de la quatrième république! Hollande, c’est Guy Mollet 2.0!]
J’aime bien cette comparaison – qui n’est pas raison. Elle est un peu injuste avec Guy Mollet, qui le pauvre devait composer avec des fractions autrement plus puissantes que celles qui assiègent François II, et qui ne disposait pas de la protection d’une constitution bien faite. Alors qu’on peut comprendre la difficulté de Mollet à s’extirper du guêpier, étant sous la menace permanente de la censure de la Chambre et sous la pression de puissants lobbies, il est difficile de comprendre pourquoi Hollande, qui dispose des instruments que lui donne la constitution de la Vème et qui dans cette affaire affronte des groupes de pression qui ne sont finalement que des tigres de papier, est incapable de définir une ligne cohérente.
J’avoue mon incompréhension. Je donnerais cher pour savoir ce que Hollande a pensé lorsqu’il s’est regardé lui-même après sa déclaration d’hier midi. Etait il satisfait de sa prestation ? A-t-il engueulé le collaborateur qui a rédigé l’intervention ? S’est-il rendu compte de l’aberration que cela représente cette proposition de faire retourner Leonarda Dibrani comme « mineur isolé » ? Se rend-t-il compte combien le discours de « force doit rester à la loi » est creux dès lors que la première chose qu’on fait après l’avoir proclamé est d’écarter dans un cas concret son application ? Ou vit-il dans une espèce de monde parallèle où les pommes tombent du bas vers le haut ?
[Mais là encore, et je vais encore radoter, Rousseau nous avait prévenu: "Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher loin dans leur livre des devoirs qu’ils dédaignent d’accomplir chez eux. Tel philosophe aimera les Tartares pour se dispenser d’avoir à aimer ses semblables".]
Une citation qui mérite d’être méditée…
Je viens de penser à une chose que Hollande aurait pu faire qui, au moins, aurait eu de la gueule: le fait du Prince.
En bon monarque républicain, le président de la République aurait pu décréter que Léonarda et sa famille avait le droit de rester en France, annulant de fait la décision de justice…
C’est vrai, cela aurait été choquant, mais au moins, assumé, et surtout vu le degré d’arbitraire qu’il a dans cette affaire, il serait aller au bout de cette logique.
Mais pour cela, il aurait fallu avoir du courage, ce dont Hollande, comme qui chacun sait, est parfaitement démuni…
@CVT
Plus que du courage, ç’aurait été de la témérité. Et un cadeau à Marine Le Pen…
[Plus que du courage, ç’aurait été de la témérité. Et un cadeau à Marine Le Pen…]
Mais justement, le mal est fait, c’est MLP qui va tirer les marrons du feu! Alors, perdu pour perdu…
Résultat: un nouveau camouflet. Le président de la République a été ridiculisé par la réponse de Léonarda à son ‘"invitation". Et au passage, celle-ci, loin de faire profil bas, se permet de se moquer des Français en disant qu’elle va changer la loi: mais quel culot! Elle et sa famille représentent tout, mais absolument tout, ce que les travailleurs honnêtes, français ou non, détestent: ce sont des prédateurs! Même l’association RESF s’est arraché les cheveux à propos de cette famille, tellement son comportement était parasitaire…
Cette affaire illustre parfaitement pourquoi Marx voulait avertir les prolétaires des méfaits du lumpenprolétariat, qui sont les ennemis de classe les plus sous-estimés des classes laborieuses, et alliés objectifs des bourgeois: quand on voit le soutien des libéraux-libertaires à la cause de Léonarda et de sa famille, on comprend mieux le divorce qui règne entre la population française et son élite.
Mais tout de même, cher Descartes, vous allez m’aider à comprendre, parce qu’avec tout ça, je suis un peu perdu: en dehors de se payer une bonne conscience, quelle est l’intérêt matériel pour les bobos (ou vos chères classes moyennes, si vous préférez) d’importer une population aussi parasitaire, au dépend des classes populaires présentes en France? Elle refuse sciemment de travailler, et vient pour piller, mendier, escroquer (ce qui était le cas de la famille Dibrini…). Avant, je pensais avoir une réponse, mais avec cette affaire, j’ai perdu le nord. Je ne suis pas adepte de la théorie du "grand remplacement" de Renaud Camus, qui fait fureur en ce moment chez les partisans du FN, mais franchement, on voudrait nous y faire croire qu’on ne s’y prendrait pas autrement! Donc je cherche des explications plus sérieuses…
@CVT
[Résultat: un nouveau camouflet. Le président de la République a été ridiculisé par la réponse de Léonarda à son ‘"invitation". Et au passage, celle-ci, loin de faire profil bas, se permet de se moquer des Français en disant qu’elle va changer la loi: mais quel culot! Elle et sa famille représentent tout, mais absolument tout, ce que les travailleurs honnêtes, français ou non, détestent: ce sont des prédateurs! Même l’association RESF s’est arraché les cheveux à propos de cette famille, tellement son comportement était parasitaire…]
Et bien, je ne suis pas mécontent de voir pour une fois RESF puni par là où il a pêché. Cela leur fera peut-être comprendre combien la vision angélique qui veut que tout sans-papier soit par définition un homme vertueux qui ne cherche qu’à s’intégrer et à être utile à la société est dangereuse. Faut espérer que cela les rendra plus sages pour la prochaine fois, et qu’ils réfléchiront deux fois avant de défendre l’indéfendable…
[Mais tout de même, cher Descartes, vous allez m’aider à comprendre, parce qu’avec tout ça, je suis un peu perdu: en dehors de se payer une bonne conscience, quelle est l’intérêt matériel pour les bobos (ou vos chères classes moyennes, si vous préférez) d’importer une population aussi parasitaire, au dépend des classes populaires présentes en France?]
Aucun. Tout l’intérêt, c’est précisément cette « bonne conscience ». Comme les dames patronnesses, les bobos ont « leurs pauvres ». En les secourant, ils se donnent non seulement bonne conscience, mais gagnent une respectabilité sociale qui les met à l’abri des reproches. De la même manière que chaque antisémite a besoin d’un ami juif, chaque bobo a besoin d’un misérable pour se justifier. Et à ce jeu, le prolétaire ne suffit pas : il faut choisir le misérable le plus misérable qu’on puisse imaginer. Et de préférence, un misérable qui n’étant pas politiquement et économiquement intégré ne puisse pas parler par lui-même ou – horresco referens – se syndiquer. Un misérable en somme dont on puisse confisquer sans danger la parole. C’est pourquoi le sans-papier ou le Rom est le misérable idéal, ce qui explique qu’ils soient aujourd’hui à la mode…
[" quelle est l’intérêt matériel pour les bobos (ou vos chères classes moyennes, si vous préférez) d’importer une population aussi parasitaire, au dépend des classes populaires présentes en France?"] demande CVT.
["Aucun. Tout l’intérêt, c’est précisément cette « bonne conscience ……..(répond Descartes).
Un misérable en somme dont on puisse confisquer sans danger la parole. C’est pourquoi le sans-papier ou le Rom est le misérable idéal, ce qui explique qu’ils soient aujourd’hui à la mode…"]
Voilà un échange fort intéressant que je voudrais commenter.
1. Descartes admet donc d’abord que l’intérêt matériel ne guide pas toujours les gens, et qu’il peut y avoir d’autres motivations -en l’occurrence la recherche d’une "bonne conscience", quelque chose qui n’est, à première vue, pas très rationnel, mais relève plutôt de la psychanalyse, voire de la psychiatrie parfois…
2. Mais je ne suis pas sûr que cela concerne principalement les classes moyennes (au sens populaire sinon "marxiste").
3. Aussi la suite du propos de Descartes(que je rappelle) me parait, sinon totalement infondée, du moins à nuancer sérieusement. Un radio-trottoir à ce sujet confirmerait certainement mes réserves.
@Albert
[1. Descartes admet donc d’abord que l’intérêt matériel ne guide pas toujours les gens, et qu’il peut y avoir d’autres motivations -en l’occurrence la recherche d’une "bonne conscience", quelque chose qui n’est, à première vue, pas très rationnel, mais relève plutôt de la psychanalyse, voire de la psychiatrie parfois…]
Vous simplifiez un peu trop mon propos. J’ai expliqué plus haut pourquoi la recherche de cette « bonne conscience » n’est pas la recherche d’une satisfaction psychologique, mais au contraire elle permet la construction d’une idéologie qui justifie les privilèges économiques d’une classe. Vous avez l’air d’être surpris que j’épouse une théorie qui a toujours été la mienne. Je n’ai jamais dit que l’intérêt matériel guide tous les actes des gens. L’idéologie a aussi cette capacité. Mais par une étrange coïncidence, les classes sociales fabriquent des idéologies qui les poussent très souvent à accomplir les actes qui vont dans le sens de leurs intérêts… étonnant, n’est ce pas ?
[2. Mais je ne suis pas sûr que cela concerne principalement les classes moyennes (au sens populaire sinon "marxiste").]
Cela dépend de que vous entendez par « cela ». Toutes les classes tendent à produire des idéologies qui soutiennent leurs intérêts. Mais la capacité des différentes couches sociales à produire de l’idéologie n’est pas tout à fait la même. Les classes moyennes bénéficient du fait qu’elles contrôlent les usines qui fabriquent et diffusent l’idéologie.
["Toutes les classes tendent à produire des idéologies qui soutiennent leurs intérêts. Mais la capacité des différentes couches sociales à produire de l’idéologie n’est pas tout à fait la même. Les classes moyennes bénéficient du fait qu’elles contrôlent les usines qui fabriquent et diffusent l’idéologie."]
Il y a sans doute du vrai, Descartes, dans votre théorie, à condition que vous soyez plus restrictif dans votre catégorisation des classes moyennes. Car enfin, avez-vous le sentiment que vous ou moi nous "contrôlions les usines qui fabriquent et diffusent" ladite idéologie?
D’autre part, et sur le mode plaisant, croyez-vous que les moutons de Panurge avaient, consciemment ou inconsciemment, le sens de leur intérêt? Vous me direz peut-être que les hommes ne sont pas des moutons? Voire!
@ CVT
["Je ne suis pas adepte de la théorie du "grand remplacement" de Renaud Camus, qui fait fureur en ce moment chez les partisans du FN, mais franchement, on voudrait nous y faire croire qu’on ne s’y prendrait pas autrement! Donc je cherche des explications plus sérieuses…"]
Je vous signale que Renaud Camus n’est pas membre du FN. Depuis des années, le FN lutte contre l’immigration, un point c’est tout. Il n’y a aucune "théorie du grand remplacement" là-dedans, si ce n’est la dénonciation du fait avéré que le grand patronat a joué un rôle actif dans la venue en masse de travailleurs immigrés.
@Albert
[Il y a sans doute du vrai, Descartes, dans votre théorie, à condition que vous soyez plus restrictif dans votre catégorisation des classes moyennes. Car enfin, avez-vous le sentiment que vous ou moi nous "contrôlions les usines qui fabriquent et diffusent" ladite idéologie?]
Je ne sais pas vous. Mais regardons en face: d’où sortent les journalistes, les professeurs, les hauts fonctionnaires, les cadres supérieurs du secteur privé, les écrivains, les hommes politiques, les cinéastes ? Lorsque quelqu’un parle dans un micro, dans une caméra, devant une audience réunie, quelle est la probabilité qu’il appartienne aux classes moyennes ? Il est vrai que c’est la bourgeoisie qui possède les journaux et les chaines de télévision. Mais les journaux ne peuvent fonctionner qu’avec des journalistes. Et même si le propriétaire du journal quelques moyens de pression, il lui faut tout de même trouver un modus vivendi avec sa rédaction. A l’école et à l’université, c’est pire: dites vous bien que chaque génération passe une quinzaine d’années à écouter des professeurs…
[D’autre part, et sur le mode plaisant, croyez-vous que les moutons de Panurge avaient, consciemment ou inconsciemment, le sens de leur intérêt?]
Tout à fait. Le comportement grégaire est, globalement, un comportement efficient. Si dans la fable de Panurge ce comportement a eu pour eux des conséquences terribles, dans l’immense majorité des cas c’est un comportement qui vous sauve la vie. Comment je le sais ? Parce que c’est un comportement qui est le résultat de la sélection naturelle. Si le mouton "critique" avait plus de chances de survie que le mouton "grégaire", la sélection naturelle aurait préféré le premier au second et les moutons "critiques" seraient majoritaires. Or, ce n’est pas le cas. QED
Bien sur, chez les moutons c’est un comportement instinctif. Mais chez les hommes, on trouve beaucoup de comportements sociaux qui peuvent paraître aberrants dans une situation donnée, mais qui perdurent parce qu’ils sont globalement efficients. Ainsi, par exemple, dans une situation de crise faire ce que vous dit de faire l’homme vêtu d’un uniforme. Rien ne vous prouve dans une situation donnée que son jugement soit meilleur que le votre ou qu’il soit mieux informé, mais l’expérience a prouvé que dans l’immense majorité des cas, cela sauve des vies.
[Vous me direz peut-être que les hommes ne sont pas des moutons? Voire!]
De toute évidence, nous n’avons pas les mêmes fréquentations…
J’allais vous dire tout l’intérêt que je trouve à votre argumentation en l’espèce, quand soudain votre dernière phrase me décoiffe violemment!
["De toute évidence, nous n’avons pas les mêmes fréquentations…"]. Ca veut dire quoi?
Je suppose que vous comme moi avons dans nos "fréquentations" une certaine diversité, avec des gens sensés et des cons (difficile de tous les éviter!). Mais ma réflexion personnelle, et notamment politique, n’est pas fondée que sur mes fréquentations; elle repose tout autant, sinon plus, sur une observation aussi large que possible de mes semblables et de mes lectures également.
Donc oui, puisqu’il faut le dire, je suis désolé mais la majorité (ou presque) des gens sont souvent très moutonniers, c’est comme ça, ça fait partie de la nature humaine et vouloir l’ignorer en politique ne peut conduire qu’à l’échec.
@Albert
[J’allais vous dire tout l’intérêt que je trouve à votre argumentation en l’espèce, quand soudain votre dernière phrase me décoiffe violemment!]
Il n’y a vraiment pas de quoi, ce n’était qu’une plaisanterie…
[Donc oui, puisqu’il faut le dire, je suis désolé mais la majorité (ou presque) des gens sont souvent très moutonniers, c’est comme ça, ça fait partie de la nature humaine et vouloir l’ignorer en politique ne peut conduire qu’à l’échec.]
Je ne le crois pas. Comme j’ai essayé de vous expliquer, le comportement grégaire des moutons est instinctif. Ce n’est pas le cas dans les êtres humains, chez qui c’est un comportement parfaitement rationnel.
Chef d État ou président d une commission de synthèse boiteuse d un parti qu il géra… Ce soir la France a atteint le fond du fond. Avec Sarko on avait un art de la gesticulation oratoire… Aujourd’hui hui c est le marigot du compromis verbeux…
"marigot du compromis verbeux" formule lumineuse.
Bonsoir,
Pendant tout ce tapage politico médiatique, qui a duré près d’une semaine, un petit reportage au cours du JT de TF1 ou France 2 décrivait la tragédie de plus de 500 agriculteurs, et surtout leur famille et proches, qui sont poussés au suicide, chaque année en France.
Il n’y a pas lieu, bien sur, de s’en émouvoir, de se poser quelques questions sur les politiques agricoles successives, et de toute façon l’Etat n’y peut pas grand chose.
"Circulez, y a rien à voir"
@Marcailloux
[Pendant tout ce tapage politico médiatique, qui a duré près d’une semaine, un petit reportage au cours du JT de TF1 ou France 2 décrivait la tragédie de plus de 500 agriculteurs, et surtout leur famille et proches, qui sont poussés au suicide, chaque année en France.]
Encore la "dictature de l’émotion"…
Faut arrêter ces discours. Il y aura toujours des métiers et des milieux où l’on se suicidera plus que dans d’autres – on se suicide bien plus chez les policiers que chez les agriculteurs, d’ailleurs. De là à soutenir que les gens sont "poussés au suicide", il y a un pas qu’on ne peut pas franchir aussi facilement que vous le faites. Pensez vous vraiment qu’il y a une volonté de provoquer le suicide de ces agriculteurs ? Non ? Alors on ne peut pas parler de "pousser au suicide".
[ Encore la "dictature de l’émotion"…
Faut arrêter ces discours ]
Ah !, je m’en doutais dès l’instant où j’ai posté ce commentaire, tout de suite les grands mots.
Tout d’abord, je ne souhaitais, dans mes remarques, que souligner l’écart colossal de traitement médiatique et politique entre deux informations traitées au cours de cette semaine. Je n’ai ni d’attache dans le milieu agricole, ni de relation particulière avec une expérience de suicide dans mon environnement. Cependant je ne peux rester insensible à une situation qui positionne mon pays parmi ceux, en Europe, où le taux de suicide est le plus élevé. Plus de 10 000 par an.
En comparaison, les roms, en France seraient au nombre de 15 000.
Vous confondez sensibilité, qui est à mes yeux une qualité, et sensiblerie, qui peut en effet être considérée comme un travers.
D’autre part, ne vous en déplaise, je trouve que votre injonction de cesser d’exprimer une sensibilité relève plus du totalitarisme que de la démocratie pratiquée avec bonheur sur ce blog. J’attribuerai donc cette réaction à l’affluence des commentaires auxquels vous nous faites, à nous commentateurs, l’ honneur de répondre.
@Marcailloux
[Cependant je ne peux rester insensible à une situation qui positionne mon pays parmi ceux, en Europe, où le taux de suicide est le plus élevé. Plus de 10 000 par an].
De quelle "situation" parlez vous ? Il n’y a pas de véritable corrélation entre la situation économique et le taux de suicides. Ainsi, on se suicide beaucoup plus en France qu’en Grèce (16 et 4 suicides par 100.000 habitants par an respectivement). Et pourtant, je doute que le paysan grec soit beaucoup mieux loti que le paysan français… En fait, ce qui pèse surtout sur le suicide, c’est le poids de la religion dans la vie des gens. Dans beaucoup de pays, les suicides ne sont pas déclarés comme tels parce que la famille souhaite pouvoir donner une sépulture religieuse au défunt et éviter le scandale….
[D’autre part, ne vous en déplaise, je trouve que votre injonction de cesser d’exprimer une sensibilité relève plus du totalitarisme que de la démocratie pratiquée avec bonheur sur ce blog.]
Et c’est à moi que vous reprochez "les grands mots" ? Allons, calmez-vous, personne ne vous "enjoint" de cesser de vous exprimer. S’il "faut arrêter ces discours", ce n’est pas parce que je l’ai ainsi décidé, mais parce qu’ils sont faux. Personne ne "pousse les paysans au suicide".
["S’il "faut arrêter ces discours", ce n’est pas parce que je l’ai ainsi décidé, mais parce qu’ils sont faux. Personne ne "pousse les paysans au suicide"."]
Marcailloux n’a jamais dit que "quelqu’un" poussait les agriculteurs au suicide. Il a juste dit qu’ils étaient "poussés au suicide". Or une simple situation, ne résultant d’aucune volonté particulière, peut fort bien vous "pousser au suicide". Sa comparaison me semble donc tout à fait pertinente. Pourquoi, en effet, une telle "émotion" pour une jeune étrangère expulsée, ce qui déclenche manifestations, prises de positions passionnées, intervention de la sous-préfecture, pardon, de la présidence de la République, tandis que la situation des agriculteurs, de son côté, n’en provoque quasiment aucune ? Personnellement, je proposerais l’explication suivante : les produits agricoles français ne constituent qu’une concurrence déloyale à l’égard des produits du "commerce équitable". Seuls les agriculteurs "bio" méritent d’être sauvés, et encore, pas tous;-). Plus sérieusement, il se peut que ce qui émeuve au-delà de tout les gens "de gauche" chez nos amis les immigrés, c’est leur extrême compétitivité. En effet, il est bien connu que l’immigration est hautement bénéfique pour l’économie, car ceux-ci acceptent les emplois que ces fainéants privilégiés de travailleurs français refusent. A l’inverse, les agriculteurs français ne sont pas compétitifs. La preuve : ils font faillite. Ils ne méritent donc que notre mépris.
@dsk
[Marcailloux n’a jamais dit que "quelqu’un" poussait les agriculteurs au suicide. Il a juste dit qu’ils étaient "poussés au suicide". Or une simple situation, ne résultant d’aucune volonté particulière, peut fort bien vous "pousser au suicide".]
Admettons…
[Sa comparaison me semble donc tout à fait pertinente. Pourquoi, en effet, une telle "émotion" pour une jeune étrangère expulsée, ce qui déclenche manifestations, prises de positions passionnées, intervention de la sous-préfecture, pardon, de la présidence de la République, tandis que la situation des agriculteurs, de son côté, n’en provoque quasiment aucune ?]
Parce qu’il est difficile de reprocher à quelqu’un ce qui n’est finalement que « une simple situation, ne résultant d’aucune volonté particulière », alors que dans le cas de la jeune kossovar, c’est un acte de volonté auquel on peut trouver un responsable…
Franchement, j’ai du al à éprouver de la pitié pour les pauvres bretons, parce que j’ai trop en mémoire la manière dont les bretons se posent en permanence en « victimes » de l’impérialisme français tout en tendant en permanence la sébile. C’est l’ensemble de la collectivité nationale qui a financé les autoroutes – gratuites, bien entendu, au nom d’on ne sait quelle « spécificité bretonne ». Les bretons bénéficient de l’électricité au même prix que les autres français, mais ils sont très fiers d’être la seule région à avoir refusé d’accueillir une centrale nucléaire. Depuis des années l’ensemble de la collectivité nationale a subventionné la Bretagne et qu’a-t-on comme remerciement ? Un « musée de Bretagne » à Rennes qui crache sur la France. Des bateaux qui mettent le drapeau breton à la place d’honneur, celle qui devrait échoir au drapeau national. Alors à un certain moment, il y en a marre.
["Parce qu’il est difficile de reprocher à quelqu’un ce qui n’est finalement que « une simple situation, ne résultant d’aucune volonté particulière », alors que dans le cas de la jeune kossovar, c’est un acte de volonté auquel on peut trouver un responsable…"]
Pas d’accord. L’expulsion de Léonarda ne procédait pas d’un "acte de volonté". Elle n’était, justement, que l’effet de l’action impersonnelle de la loi. Tout comme les agriculteurs ne sont, de leur côté, victimes que de l’action impersonnelle du marché.
["Depuis des années l’ensemble de la collectivité nationale a subventionné la Bretagne et qu’a-t-on comme remerciement ? Un « musée de Bretagne » à Rennes qui crache sur la France. Des bateaux qui mettent le drapeau breton à la place d’honneur, celle qui devrait échoir au drapeau national. Alors à un certain moment, il y en a marre."]
Bon, c’est vrai qu’à un moment, les bretons commencent à nous les brouter. Mais je ne pense pas que Marcailloux évoquait spécialement le cas des agriculteurs bretons. Il nous alertait sur le fait que chaque année, 500 agriculteurs étaient "poussés au suicide" en France. Alors encore une fois, pourquoi cela n’émeut-il pas autant tous ces braves gens "de gauche" ?
@dsk
[Pas d’accord. L’expulsion de Léonarda ne procédait pas d’un "acte de volonté". Elle n’était, justement, que l’effet de l’action impersonnelle de la loi.]
Non. La loi n’est pas un phénomène naturel, et ce n’est pas une tornade qui est allée prendre Leonarda dans son bus et l’a déposée a Mitrovica. La loi est appliquée par des hommes, des hommes qui sont soumis à une hiérarchie qui décide concrètement d’exécuter une expulsion. Et à ce titre, l’acte d’expulsion est bien un acte volontaire, qui a un responsable.
[Il nous alertait sur le fait que chaque année, 500 agriculteurs étaient "poussés au suicide" en France. Alors encore une fois, pourquoi cela n’émeut-il pas autant tous ces braves gens "de gauche" ?]
Pourquoi ça devrait ? Il y a grosso modo 10.000 suicides en France chaque année. 500, cela fait 5%. Vu que les agriculteurs représentent quelque 5% des actifs, le chiffre ne paraît pas particulièrement élevé.
Bonjour,
@ Descartes et à DSK
Une de mes remarques ayant fait l’objet d’un échange épistolaire entre vous, je me fait un devoir de préciser le fondement de mon commentaire.
Il s’agissait, de mettre en parallèle un fait qui me parait mineur, au niveau de la nation, c’est à dire, d’un coté, la simple application d’une loi assez peu contestée par les deux partis de gouvernement, et d’un autre coté, la même semaine, la question du suicide massif de milliers de nos compatriotes, qui révèle tout de même une forme de misère devant laquelle, à moins d’être un barbare, on ne peut rester indifférent. Les agriculteurs, les policiers, les Bretons n’ont rien à voir dans tout cela. Mon propos était de dénoncer la montée en épingle d’un événement qui, au regard de ce qui se passe en France ou ailleurs, me parait d’une banalité affligeante. Nous rencontrons la même médiatisation outrancière lorsqu’une entreprise engage un plan social, licence quelques centaines de salariés- ce qui, j’en conviens, pour les individus concernés peut être dramatique quelquefois- alors que dans la même semaine, des dizaines de milliers de salariés perdent leur emploi dans l’anonymat, voir l’indifférence générale, ainsi que des millions se voient refuser l’accès à un travail leur permettant de vivre dignement. Face à cela, où est l’indignation génératrice d’une réforme EFFECTIVE de nos institutions et de notre organisation. Il n’y a même pas débat véritable, et chaque pré carré maintient un statut quo mortifère tout en versant sa larme de circonstance devant tel ou tel épiphénomène tout à fait secondaire.
@Marcailloux
[Il s’agissait, de mettre en parallèle un fait qui me parait mineur, au niveau de la nation, c’est à dire, d’un coté, la simple application d’une loi assez peu contestée par les deux partis de gouvernement, et d’un autre coté, la même semaine, la question du suicide massif de milliers de nos compatriotes, qui révèle tout de même une forme de misère devant laquelle, à moins d’être un barbare, on ne peut rester indifférent.]
J’ai l’impression que vous avez essayé, plutôt qu’à les mettre en parallèle, à les mettre en contraste. Et c’est cela que j’ai essayé de critiquer. Parce que au delà de l’importance relative des deux événements, vous faites exactement ce que font les partisans de Leonarda : vous faites appel à l’émotion plutôt qu’à la raison. Vous pourriez aussi isoler un cas de suicide, montrer la détresse de la famille, les dernières lettres du décédé… l’effet serait encore plus saisisant sur l’opinion. Et peut-être réussiriez-vous à obtenir que le président fasse un discours et lâche quelques subventions. Mais vous ne faites pas là de la politique, vous faites de la com’.
Une politique n’est pas bonne ou mauvaise parce que un paysan se suicide ou parce qu’une jeune fille doit descendre d’un bus devant les caméras. Ce genre d’arguments n’appartiennent pas au registre du politique. Selon le métier et le statut social, les réactions sont différentes. Dans certaines couches, on prend de la cocaïne, dans d’autres on tombe dans la délinquance, chez certains on bat sa femme et ses enfants, chez d’autres on se suicide. Pour autant, faut-il en faire une sorte de « hiérarchie » des problèmes en fonction de la gravité de ces réactions ? Faut-il s’occuper des agriculteurs plutôt que des ouvriers au prétexte que devant les difficultés les premiers se suicident alors que les seconds sombrent dans l’alcoolisme ?
Non. La politique – pour rester politique – doit raisonner froidement sur des problèmes abstraits, et non sur des cas concrets. Il faut avoir une politique agricole non pas parce que les gens se suicident, mais parce que c’est une ressource essentielle de notre économie et assure un rôle fondamental dans l’aménagement du territoire.
[Les agriculteurs, les policiers, les Bretons n’ont rien à voir dans tout cela.]
Désolé d’avoir été ironique. Si j’ai sorti les bretons, c’est parce que je voulais vous montrer qu’une fois qu’on singularise un « cas » (celui des agriculteurs) on peut le subdiviser à l’infini jusqu’à tomber dans le cas individuel.
[Mon propos était de dénoncer la montée en épingle d’un événement qui, au regard de ce qui se passe en France ou ailleurs, me parait d’une banalité affligeante. Nous rencontrons la même médiatisation outrancière lorsqu’une entreprise engage un plan social, licence quelques centaines de salariés- ce qui, j’en conviens, pour les individus concernés peut être dramatique quelquefois- alors que dans la même semaine, des dizaines de milliers de salariés perdent leur emploi dans l’anonymat, voir l’indifférence générale, ainsi que des millions se voient refuser l’accès à un travail leur permettant de vivre dignement.]
Tout à fait d’accord. Le problème est précisément que dans la société de l’émotion dans laquelle nous vivons, les médias n’arrivent à intéresser le chaland qu’en montrant des cas concrets. Il est devenu impossible dans les médias de discuter une question générale sans l’inévitable « reportage » qui l’illustre par un cas concret. Vous me direz que c’est un procédé pédagogique habituel que d’illustrer un exposé général par des exemples. La difficulté avec les médias est que l’exemple est choisi non pas en fonction de sa valeur illustrative, mais de son poids émotionnel, tout simplement parce que le but est de retenir l’audience. Et dans ce contexte l’exemple – toujours larmoyant – fait oublier le problème général et prend sa place dans le débat politique. Cette manière d’exposer le problème non seulement annule toute possibilité de réflexion politique – comment « réfléchir » devant une caméra après l’exposé explicite du cas d’une femme seule, noire, prostituée, handicapée, séropositive, élevant seule six enfants dans un bidonville – mais a surtout un effet fortement trompeur, puisqu’il présente l’exceptionnel comme si c’était la règle. Non, tous les jeunes ne sont pas au chômage, non, tous les ouvriers ne sont pas licenciés, non, tous les paysans ne se suicident pas, non, tous les immigrés ne sont pas sans-papiers. Mais quelle émission ira vous présenter un reportage chez monsieur et madame tout le monde, qui ont un travail ni bien ni mal payé, une petite maison moyennement agréable dans une banlieue moyennement paisible, deux enfants qui font moyennement à l’école et ainsi de suite ? Et pourtant, c’est le lot de l’immense majorité de nos concitoyens.
[Face à cela, où est l’indignation génératrice d’une réforme EFFECTIVE de nos institutions et de notre organisation. Il n’y a même pas débat véritable, et chaque pré carré maintient un statut quo mortifère tout en versant sa larme de circonstance devant tel ou tel épiphénomène tout à fait secondaire.]
Oui, mais dites bien que tout comportement a une fonction. Si les gens ne veulent pas savoir, il doit bien y avoir une raison. Si la réforme « effective » des institutions ne vient pas, c’est que l’équilibre actuel arrange bien tout le monde, ou tout au moins ceux qui ont les moyens de changer quelque chose. C’est cette analyse qui me paraît personnellement absolument indispensable. Ceux qui croient faire de la politique en proposant des « révolutions citoyennes » sans se poser la question fondamentale de savoir pourquoi ces propositions ne rencontrent pas l’adhésion du plus grand nombre – et notamment de ceux qui en théorie auraient le plus à gagner – n’ont aucune chance de changer quoi que ce soit.
@ Descartes
["Non. La loi n’est pas un phénomène naturel, et ce n’est pas une tornade qui est allée prendre Leonarda dans son bus et l’a déposée a Mitrovica. La loi est appliquée par des hommes, des hommes qui sont soumis à une hiérarchie qui décide concrètement d’exécuter une expulsion. Et à ce titre, l’acte d’expulsion est bien un acte volontaire, qui a un responsable."]
Tandis que la loi qui autorise vos créanciers à saisir vos biens et à vous expulser de votre logement, elle n’est pas "appliquée par des hommes qui sont soumis à une hiérarchie qui décide concrètement" ? Quoi qu’il en soit, quand bien même la loi du marché serait comparable à un phénomène naturel, cela n’expliquerait pas l’absence d’émotion. Souvenez-vous, en effet, de l’émotion déclenchée par la catastrophe du Tsunami…
["Pourquoi ça devrait ? Il y a grosso modo 10.000 suicides en France chaque année. 500, cela fait 5%. Vu que les agriculteurs représentent quelque 5% des actifs, le chiffre ne paraît pas particulièrement élevé."]
Ce n’est pas l’avis de l’Institut National de Veille Sanitaire, qui a observé "Un excès significatif de suicides […] chez les hommes exploitants agricoles à partir de 2008, comparativement à la population générale de même âge."
http://www.invs.sante.fr/Espace-presse/Communiques-de-presse/2013/Surveillance-de-la-mortalite-par-suicide-des-agriculteurs-exploitants-premiers-resultats
@dsk
[Tandis que la loi qui autorise vos créanciers à saisir vos biens et à vous expulser de votre logement, elle n’est pas "appliquée par des hommes qui sont soumis à une hiérarchie qui décide concrètement" ?]
Tout à fait. La saisie des biens ou l’expulsion du logement sont parfaitement comparables à l’expulsion de Léonarda. Mais quel rapport avec le suicide ? Heureusement, l’immense majorité des gens qui sont saisis ne se suicident pas. Lorsque la préfecture décide d’exécuter une expulsion, le résultat certain est que l’étranger est reconduit chez lui. Lorsque l’huissier exécute une saisie, le suicide n’est qu’un risque potentiel, et relativement rare.
[Souvenez-vous, en effet, de l’émotion déclenchée par la catastrophe du Tsunami…]
Je ne me souviens pas qu’il y ait eu de grandes manifestations liées au Tsunami…
[Ce n’est pas l’avis de l’Institut National de Veille Sanitaire, qui a observé "Un excès significatif de suicides […] chez les hommes exploitants agricoles à partir de 2008, comparativement à la population générale de même âge."]
Un "excès significatif", oui. Mais le rapport lui même cite de la bibliographie qui montre que, selon les auteurs, "L’excès de suicide parmi les travailleurs du monde agricole a été mis en évidence dans plusieurs études en France et à l’étranger. D’après ces études, la population agricole se distingue des autres populations de travailleurs par un excès de décès par mort violente, en particulier par suicide (…). Récemment, les résultats de l’analyse conduite à partir des données du programme Cosmop (Cohorte pour la surveillance de la mortalité par profession) de l’Institut de veille sanitaire (InVS) en France ont montré que les agriculteurs exploitants présentaient un risque de décéder par suicide trois fois plus élevé chez les hommes et deux fois plus élevé chez les femmes, que celui des cadres. Ceci place la catégorie sociale des agriculteurs exploitants comme celle présentant la mortalité par suicide la plus élevée parmi toutes les catégories sociales. Cette surmortalité par suicide chez les agriculteurs exploitants a également été observée dans plusieurs pays, comme le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada ou encore la Corée". L’une des études citées à l’appui de cette affirmation est date de 2006 et est intitulée "Analyse de la mortalité et des causes de décès par secteur d’activité de 1968 à 1999 à partir de l’Échantillon démographique permanent". Il me semble donc aventureux d’attribuer la surmortalité en question à la crise économique…
Vous avez été trop dur envers Hollande. Il s’est comporté en président, il a assumé de dire qu’il faut appliquer les lois. Certes il a été hésitant, alors qu’avec une tête un peu plus solide il aurait pu être plus sûr de lui ; certes il a fait quelques concessions aux sensibilités d’extrême gauche sur les questions migratoires, mais finalement, le consensus d’une démocratie doit donner une écoute à toutes les sensibilités. Mais l’essentiel est sauf : on a au moins un président qui dit qu’il faut appliquer la loi. Le problème n’est pas Hollande mais le contexte qui fait que ce soit déjà bien d’avoir cela. Bravo donc a Hollande qui a eu le cran d’assumer, comme un chef.
S’il vus plait vous pouvez nous fournir l’enregistrement de "votre" déclaration de Hollande ?
@samuel
[Vous avez été trop dur envers Hollande].
Je ne vois pas comment je le pourrais. Après son intervention d’hier, c’est une impossibilité matérielle.
[Il s’est comporté en président, il a assumé de dire qu’il faut appliquer les lois.]
Non. Il a « assumé » qu’il faut appliquer les lois sauf quand les « circonstances » justifient qu’on ne les applique pas. Lorsque le président « invite » Léonarda Dibrani à revenir alors qu’elle est sous le coup d’une obligation de quitter le territoire entré en force de chose jugée, assume-t-il le fait « d’appliquer les lois » ? Non, pas plus qu’il ne l’assume lorsqu’il exige une instruction interdisant de manière générale « toute interpellation dans le cadre scolaire » (j’insiste sur le « toute »), acte qui revient à créer une zone de non-droit, où un élève peut vendre de la drogue ou poignarder l’enseignant sans le moindre risque d’être interpellé. Le gouvernement s’est d’ailleurs lui-même rendu compte de la bourde : la circulaire Valls signée aujourd’hui n’interdit pas « toute interpellation dans le cadre scolaire » – selon les mots du président – mais précise que cette interdiction ne s’applique que « dans le cadre des procédures d’éloignement ». Faut croire que la nuit porte conseil.
En fait, le président « n’assume » rien du tout. A côté de la déclaration générale qu’il faut appliquer les lois – encore heureux – il ouvre la porte à n’importe quelle exception dictée par « les circonstances ». Si c’est ça, « se comporter en président »…
[certes il a fait quelques concessions aux sensibilités d’extrême gauche sur les questions migratoires, mais finalement, le consensus d’une démocratie doit donner une écoute à toutes les sensibilités].
Le problème n’est pas là. Que le président « écoute » toutes les sensibilités, c’est son boulot. Qu’il décide de faire une concession à tel ou tel intérêt, c’est son affaire. Mais le président est le garant de l’état de droit, et cela inclut l’exécution des décisions de justice. S’il veut faire une « concession » à tel ou tel groupe, il n’a qu’à changer les lois. Mais il ne peut apparaître comme celui qui décide de ne pas les appliquer. Ce qui est reproché à Hollande, c’est l’hypocrisie qui consiste à affirmer que les lois doivent être appliquées et ensuite ouvrir la porte des exception, exceptions qui en plus dépendent de la pression médiatique.
[Mais l’essentiel est sauf : on a au moins un président qui dit qu’il faut appliquer la loi.]
Encore une fois, ce n’est pas ce qu’a dit le président. Ce qu’il a dit, c’est qu’il faut appliquer la loi sauf quand les circonstances demandent qu’on ne l’applique pas.
[Bravo donc a Hollande qui a eu le cran d’assumer, comme un chef.]
Je vois que la méthode Coué garde ses adeptes…
@Gérard Couvert
[S’il vus plait vous pouvez nous fournir l’enregistrement de "votre" déclaration de Hollande ?]
Ce n’est pas "mon" enregistrement. J’ai utilisé la vidéo publiée sur le site de l’Elysée. Voici le lien: http://www.elysee.fr/videos/declaration-du-president-de-la-republique-au-sujet-de-leonarda-dibrani/
@ decartes
Ce que vous dites est vrai, mais il me semble toujours que c’est une vérité incomplète.
Pour être justes envers Hollande il faut lui reconnaitre ce qu’il a fait de bien.
J’ai l’impression que ce n’était pas si facile pour lui, étant donné la mentalité globale dans laquelle nous sommes tombés, d’assumer les lois comme doit le faire un président.
Il mérite qu’on l’encourage quand il fait quelque chose de bien, pas seulement qu’on le critique.
@samuel
[Pour être justes envers Hollande il faut lui reconnaitre ce qu’il a fait de bien].
Encore faut-il avoir de la matière. J’ai défendu ici même l’intervention au Mali ordonnée par le président de la Républqiue. Mais en dix-huit mois de présidence, c’est à peu près tout ce qu’il a "fait de bien".
[J’ai l’impression que ce n’était pas si facile pour lui, étant donné la mentalité globale dans laquelle nous sommes tombés, d’assumer les lois comme doit le faire un président.]
Encore une fois, je ne vois pas qu’il ait "assumé" quoi que ce soit. Dès lors qu’il se déclare prêt à admettre le retour de Leonarda Dibrani, il admet que la loi et les décisions de justice soient ignorées. Si Hollande avait déclaré que les lois devaient s’appliquer et que les Dibrani ne reviendraient pas, j’aurais été le premier à reconnaître son courage. Mais dès lors qu’il a ouvert la porte à un retour, je me dois de faire le contraire.
Bravo pour votre blog que je suis avec un tres grand interet depuis la Nouvelle Zelande (aussi, pardonnez-moi pour l’absence d’accents, j’utilise un clavier local).
En voyant cette intervention consternante de Hollande, je repense a une conference du politologue Laurent Bouvet a laquelle j’avais assisté. Meme s’il etait deja critique sur le positionnement et le programme socialiste, il avait quand meme exprimé une certaine confiance en affirmant que Hollande, qu’il a personnellement cotoyé, était "de loin" le plus intelligent des leaders socialistes, plus que Aubry ou Fabius par exemple. Bouvet semble avoir revu son jugement puisqu’il déclare sur twitter "La tactique pour la tactique, la semi-habileté et le bonneteau permanent ont leurs limites en politique. Et c’est maintenant."
Mais, quand meme, une telle erreur politique, cela jette le doute sur les capacités intellectuelles du président.
@julien
[Mais, quand meme, une telle erreur politique, cela jette le doute sur les capacités intellectuelles du président.]
J’avoue que je donnerais cher pour avoir été une petite souris à l’Elysée ces derniers jours… J’ai beaucoup de mal à comprendre comment Hollande, qui a défaut d’avoir des idées est un tacticien hors pair, en est arrivé à cette intervention qui transpire l’amateurisme et la précipitation. A-t-il perdu contact avec la réalité ? Pourquoi n’arrive-t-il pas à avoir autour de lui un cabinet capable de lui éviter ce type de bêtises ?
Descartes ma question s’adressait à Samuel qui ne semble pas avoir écouté la même intervention que nous.
"Samuel" est une réponse, le carré bobo est satisfait.
C’est comme s’il appliquait systématiquement la synthèse à tout problème intérieur. Cela semble très étrange pour un cas particulier. Ici, on aboutit à un "Elle peut revenir en France mais sans sa famille".
Ne risquons-nous pas d’avoir un nouveau fonctionnement? Une mousse médiatique sur un cas particulier, quelques manifestants et Hollande qui nous fait une annonce ridicule.
@jard
[Ne risquons-nous pas d’avoir un nouveau fonctionnement? Une mousse médiatique sur un cas particulier, quelques manifestants et Hollande qui nous fait une annonce ridicule.]
C’était déjà le cas. L’exemple le plus flagrant est la fermeture de Fessenheim, fermeture qui n’a aucun fondement ni technique ni économique, qui coutera entre 2 et 6 Md€ au trésor public, et dont la seule justification est la "synthèse" avec les EELV. Mais il y en a d’autres, par exemple les reculades multiples sur le projet de loi de finances…
[A-t-il perdu contact avec la réalité ? Pourquoi n’arrive-t-il pas à avoir autour de lui un cabinet capable de lui éviter ce type de bêtises ?]
C’est juste une hypothèse, mais je pense que Hollande et son entourage ont complètement paniqué devant les manifestations lycéennes. Ils ont voulu couper court à ce truc qu’ils pensaient pouvoir grandir rapidement.
@tmn
[C’est juste une hypothèse, mais je pense que Hollande et son entourage ont complètement paniqué devant les manifestations lycéennes. Ils ont voulu couper court à ce truc qu’ils pensaient pouvoir grandir rapidement. ]
Votre hypothèse est probablement juste. Cette affaire pouvait servir d’étincelle pour mettre dans la rue – ou dans la contestation – deux secteurs particuliers des classes moyennes connus pour leur réactivité et la difficulté à les contrôler une fois déchaînés : les enseignants et les étudiants-lycéens. Deux corporations qui par ailleurs sont essentielles électoralement pour le gouvernement et qui sont en ce moment particulièrement mécontentes. Que le gouvernement ait paniqué et ait voulu concéder tout de suite pour éviter d’avoir à concéder plus plus tard, c’est vraisemblable. Mais cela dit beaucoup sur l’état de nervosité de notre président…
"Deux corporations […] qui sont en ce moment particulièrement mécontentes"
Pourrais-tu préciser? Je n’ai pas constaté un "mécontentement" particulier au sein du corps enseignant auquel j’appartiens, un corps dans lequel, je le précise, se plaindre est une habitude…
@nationalistejacobin
Peut-être que le terme "mécontent" n’est pas bien choisi. Plus que le mécontentement, je sens chez mes amis enseignants un sentiment qui même déception et crainte.
Dans un foyer de mineurs géré par le conseil général, nous accueillons des mineurs étrangers, certains sont majeurs, c’est tellement évident que ça en est ridicule. Et pourtant, si cette personne affirme qu’elle a 16 ans, en cas de doute c’est a vous de prouver le contraire. Mais les travailleurs sociaux, souvent de goooche, approuve le fraude sous pretexte qu’ils ne sont pas là pour dénoncer des clandestins. Alors, on fait comme si et des hommes de 25 ans ou plus se retrouvent au lycée en seconde!!!
J’ai relevé ce fait, on m’a clairement remis à ma place. Je crois que notre pays est malade et perdu. En tous les cas, je n’y crois plus.
@Candide
Ce genre d’exemples sont, malheureusement, très nombreux. Il y a dans le monde du "social" une tendance à se croire investi d’une mission supérieure de protéger la veuve et l’orphelin, qui justifie un peu tout et n’importe quoi. Y compris de cacher l’utilisation et le trafic de stupéfiants, quand ce n’est pas des délits plus graves. C’est malheureusement un des héritages empoisonnés de 1968… personne ne veut assumer la part de répression qui lui incombe en tant que fonctionnaire public et en tant qu’éducateur. On préfère laisser le "sale boulot" à d’autres…qu’on se permet ensuite de brocarder dans les gazettes !
"Je n’ai donc pas corrigé les fautes de syntaxe et les pataquès qui émaillent le texte…"
Le jugement du Père Hugo nous éclaire parfaitement :
"La forme, c’est le fond qui revient à la surface".
Nous sommes servis.
Cher Descartes, vous m’avez aujourd’hui convaincu par ce billet et son argumentation: aucune zone de non droit, y compris l’école !
(j’aurais écris le contraire hier)
Le jour où ce sera toute une famille qui en dernier ressort viendra squatter en période de cours un établissement scolaire pour retarder une expulsion, ça risque d’être chaud…plus chaud qu’avec une église St Bernard.
Les valeurs de la République c’est également mettre tout en œuvre pour empêcher que des justiciables de notre pays se retrouvent ruinés par des professionnels du droit et c’est aussi diligenter les enquêtes qu’exigent de tels dysfonctionnements. Mme TAUBIRA, qui ne cesse de faire référence à Aimé CESAIRE, se garde bien de citer ceci…’’ Tous les hommes ont mêmes droits… Mais du commun lot, il en est qui ont plus de pouvoirs que d’autres. Là est l’inégalité’… Aimé Césaire. il y a les poètes et il y a ceux qui s’abritent sous leur humanisme pour se donner bonne conscience, car seul compte pour eux le POUVOIR….A n’importe quel prix.
http://combatcontreinjustice.over-blog.com
@Philo
C’était notre séquence "je suis paranoïaque et je ne me soigne pas"… Ce n’est pas la première fois que ce genre de message m’est envoyé. Il est toujours aussi incompréhensible. Mais bon, je l’aurai publié une fois…
Cher Descartes, je viens de lire votre article. Ma conclusion est claire : c’est un bon article, même si c’est une infraction par rapport à ce que l’on peut penser être un bon article. J’en tire donc une conclusion : je pense que vous auriez mieux fait de l’intituler "le naufrage du pédalo". En même temps, je crois que je n’ai rien d’autre à ajouter, tellement je suis sidéré.