Pour le lecteur qui suit l’actualité politique, le mot de l’année sera certainement “compétitivité”. On le met à toutes les sauces: compétitivité de nos entreprises, de nos universités, de nos “économies” en général… c’est devenu le mot “passe-partout” qui, dans le climat de pensée unique qui nous entoure, ne supporte pas de discussion. La compétitivité est par essence un “bien”. Ce qui augmente la compétitivité doit être loué, ce qui la réduit doit être honni. Gauche et droite communient autour du nouveau Graal, comme naguère autour des “marchés libres et non faussés” ou de “l’Euro qui protège”. Le raisonnement bruxellois est un raisonnement d’évidences.
Cette glorification de la “compétitivité” illustre jusqu’à la caricature la manière dont les économistes libéraux ont réduit le raisonnement économique à un raisonnement micro-économique, oubliant qu’on ne peut généraliser les raisonnements qui fonctionnent dans une entreprise à l’ensemble de l’économie. Pour illustrer ce problème, examinons un exemple simple. Imaginons une petite entreprise A dans une économie fermée: le patron décide de réduire les salaires de 10% ce qui lui permet de réduire les prix de ses produits de 5%. Un raisonnement simple montre que l’entreprise A gagnera des parts de marché, étant plus “compétitive” que ses concurrentes, et que ses profits augmenteront. Tout bénéf en sorte… pour le patron.
Mais imaginons maintenant que les autres entreprises, ne voulant pas perdre de la “compétitivité”, jouent le même jeu et réduisent les salaires de 10%. A première vue, cela se traduira par une baisse générale des revenus des travailleurs de 10%, et une baisse générale des prix de 5%… en d’autres termes, comme la baisse des salaires n’est pas compensée intégralement par la baisse des prix, la décision de baisser les salaires fait baisser la demande globale, et donc la production globale… et donc les profits. Même les patrons y perdent…
Cet exemple illustre une réalité que beaucoup d’économistes ont oublié: si au niveau microéconomique les travailleurs et les consommateurs sont deux groupes distincts, au niveau macroéconomique ce sont les mêmes. Lorsqu’on s’intéresse à une entreprise, la baisse des salaires peut augmenter les parts de marché et les profits. Mais lorsqu’on s’intéresse à l’ensemble de l’économie, la course à la baisse des salaires implique que les consommateurs aient moins d’argent en poche, ce qui se traduit par une baisse de la demande, et donc une contraction de l’économie.
La problématique de la surenchère dans la course à la compétitivité n’est pas nouvelle. Le professeur Christopher Hill, dans son histoire du pré-capitalisme anglais note combien la pression était forte pour augmenter les cadences de travail jusqu’à travailler sept jours sur sept. Pourtant, les employeurs étaient tous d’accord sur l’intérêt en termes de stabilité sociale et même de productivité qu’il y avait à accorder un jour de congé par semaine. Mais aucun ne pouvait faire le premier pas, puisqu’il aurait perdu de la “compétitivité” devant les autres, et aucun accord n’était possible parce que tous craignaient le comportement de “passager clandestin” de l’industriel qui resterait à sept jours pour profiter de l’aubaine. Il fallait qu’une autorité extérieure incontestable intervienne pour obliger tout le monde à agir de la même manière: ce fut l’église anglicane, qui proclama la sanctuarisation du Sabbath. Cet exemple montre combien la course à la compétitivité peut être néfaste, combien le fonctionnement du marché peut conduire au bloquage du progrès économique de la société, et combien l’existence d’une autorité extérieure pouvant faire échec au fonctionnement du marché est nécessaire.
Ce raisonnement reste valable aujourd’hui. Le “marché libre et non faussé” n’aboutit pas nécessairement au meilleur résultat, non seulement parce qu’il est rarement “pur et parfait”, mais aussi parce que sa logique est d’optimiser les quantités échangées, et non le bien-être global de la société. La liberté des échanges, alors que la mobilité du capital est infinie et celle du travail est très limitée, conduit à une sur-rémunération du capital et une sous-rémunération du travail. Ce qui est déjà criticable du point de vue de la justice abstraite, mais qui sur le plan concret se traduit par un afaiblissement de la demande. Car le travailleur et le consommateur, on n’insiste jamais assez sur ce point, sont une seule et même personne. Réduire les salaires et prestations de l’un, c’est réduire le pouvoir d’achat de l’autre.
Plus fondamentalement, l’idée de “compétitivité” implique que les entreprises, les organisations, même les pays sont engagés dans une sorte de “course”. Mais dans toute course, il y a les gagnants et les perdants. Admettre la logique de la compétitivité implique nécessairement qu’il y aura des perdants. Car il y aura toujours des “plus” compétitifs et des “moins” compétitifs. Qu’est ce qu’on fait avec les perdants ? Sont-ils condamnés à la pauvreté éternelle ? La logique de Bruxelles est de les forcer à devenir “plus compétitifs” en coupant les salaires et prestations. Admettons – contre toute évidence – que cela puisse marcher, et que grâce à ce traitement la Grèce, l’Espagne et le Portugal deviennent des “tigres européens” plus compétitifs que l’Allemagne. Mais alors, ce sera l’Allemagne qui sera en difficulté… ce sera l’Allemagne qui devra couper salaires et prestations pour devenir “plus compétitive”… et si elle réussit, on sera revenus à la case départ. La course à la “compétitivité” implique une réduction continue de la rémunération des travailleurs. Et en réduisant salaires et prestations, on réduit la demande et donc la production globale et on augmente donc le chômage. C’est un cercle vicieux.
L’illusion bruxelloise, résumée dans ce qu’on appelle dans un franglais détestable “l’Agenda de Lisbonne”, est que l’Europe peut gagner la course à tous les coups en devenant “l’économie la plus compétitive de la planète” et en inondant le reste du monde avec ses produits – ces produits que les européens ne pourront plus acheter, puisqu’il faut se serrer la ceinture pour les produire à faible coût. Seulement, cela ne marche pas. Les segments dans lesquels une économie développée peut effectivement concurrencer des économies où la main d’oeuvre est vingt ou trente fois moins chère et la législation environnementale inexistante sont assez limités. Ils se réduisent à la haute technologie, le luxe… et guère plus. Et pour compliquer les choses, l’Europe reste une économie relativement fermée, ou la grande majorité des échanges sont intra-européens, alors que les états européens ont perdu les instruments de régulation de la “compétitivité” de leur économie que sont les barrières à l’importation et les parités monétaires.
La course à la compétitivité est par essence une politique récessive. Le justification morale de l’affaire est qu’il faut produire plus et consommer moins. Seulement, si tout le monde s’amuse à ce petit jeu, on ne voit pas qui va consommer le surplus de production. C’est pourquoi la course à la compétitivité n’a de sens que si l’on trouve suffisamment de monde pour ne pas y participer, pour continuer à consommer – éventuellement à crédit – de manière à créer une demande suffisante.
L’efficacité de l’activité économique ne se mesure pas à sa “compétitivité”, mais à sa productivité. C’est ce mot qu’il faut remettre à sa place dans la réflexion économique. Lorsqu’une économie produit des biens en optimisant les facteurs de production nécessaires, elle peut offrir par construction un haut niveau de vie à sa population. C’est donc cette optimisation qui doit être l’objectif de la politique économique. La question de la “compétitivité” est secondaire, et s’ajuste ensuite par la réglementation au niveau national et par des instruments de politique monétaire et fiscale au niveau des échanges extérieurs. Le mythe bruxellois d’une compétition “libre et non faussée” nous conduit tout droit à la récession.
Descartes
Ca me decoit un peu que vous ne comprenez pas la cause des pigeons… La lutte des classes c’est fini, on est plus au XIXeme ! L’ouvrier a autant interet que son patron a que l’entreprise soit
competitive sinon il perd son boulot et la boite ferme. Tout le monde est dans le meme bateau ! Sa ne sert a rien de diviser la population et de faire regner un climat de guerre civile a l’heure ou
on devrait se rassemblé et faire une unite nationale pour contrer la crise et combler le deficit. Les entrepreneurs doivent etre aides car c’est eux qui prennent des risques enormes, creent la
richesse et permettent la croissance et l’innovation, la cle de la sortie de crise. Je rappelle que les PME sont les premiers createurs d’emploi en France et representent plus de 50% des
salaries… mais elles sont ecrasees par les charges et ne peuvent du coup pas resister a la crise ! Sa ne sert a rien aussi d’imposer des meme contraintes a des secteurs tres differents: il
faudrait commencer par negocier branche par branche. Les 35h ont ete une catastrophe !!! Le monde a change, on n’est plus dans les annees 60 ou les pays riches se sont fait une fortune sur le dos
des colonies et des pays en voie de developement. On ne peut pas revenir en arriere et faire comme si les Chinois et les Bresiliens n’existaient pas. Si nous ne faisons rien ils nous depasseront et
alors personne ne voudra de nos produits et nous ne pourrons plus rien importer. Nous devons aller de l’avant et reconnaitre que nous ne pouvons plus vivre comme avant et nous adapter ! Et
commencer par faire le tri dans toutes les depenses inutiles..
La lutte des classes c’est fini, on est plus au XIXeme !
Je ne savais pas que la “lutte des classes” avait une date de pérémption… Non, la lutte des classes existe toujours, et elle existera encore longtemps. L’expression “lutte des classes” est
tellement galvaudée, tellement utilisée à tort et à travers qu’on oublie qu’elle a un sens précis. Un sens qui d’ailleurs ne vient pas du marxisme, mais des historiens libéraux du XIXème siècle
comme Guizot. Ce sont eux qui les premiers découvrent que la société est divisée en groupes dont les intérêts sont divergents, et qui dont s’opposent naturellement pour faire avancer leur
intérêt. La pensée marxiste n’a fait qu’enrichir cette idée en construisant une théorie historique et matérialiste des classes et de leurs oppositions.
L’ouvrier a autant interet que son patron a que l’entreprise soit competitive sinon il perd son boulot et la boite ferme. Tout le monde est dans le meme bateau !
Vraiment ? Prenons par exemple le cas du patron qui, pour que son entreprise soit “compétitive”, ferme la totalité de ses usines en France et déplace son activité en Chine. L’entreprise devient
plus compétitive, le patron gagne plus d’argent, et ses ouvriers pointent au chômage. Pensez-vous vraiment qu’ils soient tous sur le “même bateau” ? Que l’ouvrier ait “autant intérêt que son
patron” à la fermeture de son usine ? Vous rigolez…
Il y a un intérêt commun de patrons et ouvriers à l’amélioration de la productivité, puisqu’augmenter la productivité augmente la taille du gâteau qu’on peut distribuer ensuite
entre capital et travail (le conflit, la “lutte des classes”, apparaît ensuite lorsqu’il s’agit de partager ce gâteau). Mais il ne faut pas confondre “productivité” et “compétitivité”. La
competitivité est une pure question de configuration de marché: la preuve en est qu’on peut changer la compétitivité d’une économie par une dévaluation, alors que les techniques de production
restent les mêmes. La course à la “compétitivité” n’implique pas, contrairement à celle de la productivité, une augmentation du gâteau disponible, au contraire: elle est fondamentalement
récessive.
Sa ne sert a rien de diviser la population et de faire regner un climat de guerre civile a l’heure ou on devrait se rassemblé et faire une unite nationale pour contrer la crise et combler le
deficit.
Je vous mets en garde sur le fait que l’idée d’une société débarrassée de ses conflits, ou tous les groupes sociaux auraient les mêmes “intérêts” est une constante de la pensée totalitaire. Votre
discours sonne étrangement comme celui de Vichy et son “union nationale”. Le propre d’une société démocratique – comme le dit si bien Alain-Gérard Slama dans un livre que j’ai conseillé mille
fois sur ce blog, “le siècle de monsieur Pétain” – n’est pas de nier les divisions et les conflits inhérents à toute société, mais de les gérer.
Les entrepreneurs doivent etre aides car c’est eux qui prennent des risques enormes, creent la richesse et permettent la croissance et l’innovation, la cle de la sortie de crise.
S’il s’agit d’aider les “entrepreneurs” (c’est à dire, ceux qui se lancent dans de nouveaux projets et des nouvelles activités, qu’ils soient d’ailleurs publics ou privés) a entreprendre, c’est à
dire, à créer des entreprises, construire des usines, augmenter la taille du “gâteau” national, je suis pour. Ce qui me gêne, par contre, c’est qu’on les aide a devenir riches. Il faudra
m’expliquer en quoi le fait de permettre aux “entrepreneurs” de vendre leur entreprise sans payer des impôts aiderait les gens à créer de la richesse et de la croissance. Au contraire: cela ne
fait qu’encourager le comportement de “filibustier” qui consiste à s’enrichir en vendant une clientèle. Ne vous êtes vous pas demandé pourquoi les “pigeons” se trouvent essentiellement dans les
activités liées à l’internet ? C’est simple: c’est un domaine où si vous réussissez à créer une “mode”, vous pouvez rapidement faire de l’argent. Comment ? Et bien, vous créez par exemple un site
internet avec un “truc”, et si vous avez de la chance et le “truc” marche vous aurez rapidement un trafic important. Ce trafic, avec lequel vous ne pouvez pas faire grande chose et que vous ne
pourriez pas garder longtemps une fois le “truc” éventé, est précieux pour les grands opérateurs qui – eux – sont capables de le fidéliser en lui offrant une grosse palette de services mais qui
ne sont pas forcément capables de le capter. Ils sont donc prêts à acheter votre entreprise très cher non pas parce qu’elle produit, comme vous dites, “de la richesse, de la croissance et de
l’innovation” mais parce qu’elle détient une “clientèle”. C’est pourquoi les “pigeons” sont si embêtés par la taxation des plusvalues. Dans un fonctionnement économique classique, l’entreprise
que vous crééz est l’oeuvre de votre vie, et vous la vendrez peut-être une fois, lorsque vous prendrez votre retraite. Mais dans le domaine des nouvelles technologies, le “coup” est de créer un
site, “monter” une clientèle et la vendre rapidement. On appelle cela “entrepreneurs”, et on a tort. Ils ne produisent absolument rien. Ils ne créent ni richesse, ni innovation. Ils se contentent
d’exploiter une mode.
Je le repète: s’il s’agit d’aider des véritables “entrepreneurs” a créer une activité économique qui produise de la richesse, je suis pour. Des crédits à l’équipement, des aides à la recherche,
des services bancaires adaptés, je suis prêt à accorder tout ça. Mais je ne vois aucune raison pour que le travail de l’entrepreneur soit mieux rémunéré (ou moins fiscalisé) que le travail de
n’importe quel autre travailleur à niveau de compétence et de responsabilité équivalente.
Je rappelle que les PME sont les premiers createurs d’emploi en France et representent plus de 50% des salaries…
Et quelle fraction de la valeur ajoutée ?
mais elles sont ecrasees par les charges et ne peuvent du coup pas resister a la crise !
Possible. Mais j’ai du mal à saisir le rapport avec la campagne des “pigeons”, qui ne visait pas les “charges”, mais les impôts sur les plusvalues de revente. C’est cela que je trouve étrange
dans votre raisonnement. Ce n’est pas en défiscalisant les profits effectués par l’entrepreneur qui revend son entreprise que vous allez aider les PME à résister à la crise… la logique des
“pigeons” n’a rien à voir avec la bonne santé des PME, mais avec les profits personnels du capitaliste.
Sa ne sert a rien aussi d’imposer des meme contraintes a des secteurs tres differents: il faudrait commencer par negocier branche par branche.
Je ne suis pas contre. Mais il faut que vous réalisiez que la “négociation” est au fond un rapport de forces, et que laisser les “contraintes” à la pure négociation de branche voudrait dire que
dans les branches fortement syndicalisées et organisées les contraintes seraient fortes, alors que dans celles ou les travailleurs sont précaires ou peu organisés elles seront faibles. Il faut
donc nécessairement une intervention de l’Etat par voie réglementaire.
Les 35h ont ete une catastrophe !!!
Ca, je suis d’accord. Cela étant dit, si demain on revenait à 40 heures il faudrait revenir aussi sur les concessions faites au patronat sur les charges, la “flexibilité” et la modération
salariale qui étaient la contrepartie, n’est ce pas ?
Le monde a change, on n’est plus dans les annees 60 ou les pays riches se sont fait une fortune sur le dos des colonies et des pays en voie de developement.
Des études économiques récentes ont fait un sort à cette théorie fumeuse. L’enrichissement sur le dos des colonies était peut-être une réalité au XIXème siècle, mais certainement pas dans les
années 1960.
On ne peut pas revenir en arriere et faire comme si les Chinois et les Bresiliens n’existaient pas. Si nous ne faisons rien ils nous depasseront et alors personne ne voudra de nos produits et
nous ne pourrons plus rien importer.
Mais si nous n’importons plus rien, comment fera l’économie chinoise et brésilienne pour pour vivre ? C’est justement là le paradoxe de la course à la compétitivité: pour être “compétitives”, ces
économies doivent payer des faibles salaires. Ce qui veut dire que les populations de ces pays ne peuvent pas constituer une demande suffisante pour maintenir l’économie à flot. Cette demande
doit donc venir de l’extérieur, c’est à dire, de nous. Mais si nous aussi nous commençons à réduire nos salaires pour rester compétitifs, alors nous non plus nous ne générerons pas assez de
demande… vous voyez pourquoi la recherche de la compétitivité à travers la déflation salariale est fondamentalement récessive ?
Bien sur qu’il faut “faire quelque chose”. Mais je doute que ce “quelque chose” doive se limiter à baisser rémunérations et prestations à la recherche d’une “compétitivité” qui n’a pas de sens.
Il faut bien comprendre qu’une économie fondée sur les excédents extérieurs n’est pas généralisable: chaque excédent a pour contrepartie un déficit, et si certains exportent plus qu’ils
n’importent, il faut bien que quelqu’un importe plus qu’il n’exporte… or, vous le dites vous-même, l’époque où le tiers monde pouvait accepter un rapport économique déséquilibré est révolue. La
seule solution généralisable est donc une balance équilibrée pour tous… et cela suppose qu’on ajuste les parités monétaires pour que la “compétitivité” soit équivalente.
Nous devons aller de l’avant et reconnaitre que nous ne pouvons plus vivre comme avant et nous adapter !
Tout à fait. Je compte sur vous pour expliquer donc aux “pigeons” et autres capitalistes que “on ne peut plus vivre comme avant”, et qu’il faut qu’ils se résignent à des profits moins juteux, des
dividendes plus faibles et des revenus plus taxés. Ah non, pardon, j’oubliais… quand on dit “qu’on ne peut plus vivre comme avant”, cela ne vaut que pour les salariés. Ce sont eux qui doivent
se serrer la ceinture. Les patrons, eux, peuvent continuer à vivre comme avant, et même mieux !
Et commencer par faire le tri dans toutes les depenses inutiles..
Excellente idée. On pourrait par exemple commencer par examiner les dividendes et les hautes rémunérations des entreprises ? Voilà des “dépenses inutiles” qui mériteraient d’être
examinées…
100 % en phase avec toi. Dans une économie mondialisée, pour être plus compétitifs que la Chine ou l’Inde il nous faudrait accepter un sérieux recul de niveau de vie et être beaucoup moins
regardant sur les normes sociales et environnementales.
C’est vrai que nos principaux échanges se font en Europe, mais en 2011 notre déficit commercial avec la Chine était tout de même de 27 Mds € sur un total de 70, ce n’est quand même
pas rien.
Je crois que si nous n’imposons pas une régulation de nos échanges commerciaux, au niveau Européen ou Français, avec une reconquête du tissu industriel et agricole, on va s’enfoncer
d’avantage dans cette spirale du déclin.
On peut continuer à consommer plus que ce que nous produisons, via le crédit, mais c’est un processus qui à mon sens ne peut pas être pérenne. Diminuer la consommation et le niveau
de vie moyen, en acceptant la désindustrialisation et le recul de la production de richesses, c’est aussi une impasse, c’est un processus mortifère.
Ce qui me navre avec l’équipe actuellement aux manettes en France, encore que je n’en attendais rien, c’est son incapacité, voir sa couardise, à sortir de ce cadre néolibéral qui nous
étrangle. Et puis dans cette équipe il y a le syndrome Zapatero, allumer des contre feux avec des dossiers qui sont un peu décalés et non prioritaires compte tenu de
nos difficultés, comme le mariage homo par exemple.
100 % en phase avec toi. Dans une économie mondialisée, pour être plus compétitifs que la Chine ou l’Inde il nous faudrait accepter un sérieux recul de niveau de vie et être beaucoup moins
regardant sur les normes sociales et environnementales.
Pas seulement. Ce “recul du niveau de vie” impliquerait qu’on acheterait moins à la Chine et l’Inde, et qu’on pousserait ces deux économies dans la récession. C’est là le grand paradoxe de
l’économie actuelle: pour être compétitives, la Chine et l’Inde payent des salaires si bas que leur population ne peut acheter les produits qu’elle fabrique. Il faut donc, pour maintenir
l’économie à flot, que quelqu’un à l’étranger ait de l’argent pour les acheter. Si l’Europe et les USA jouent eux aussi le jeu de la déflation salariale pour “devenir compétitifs”, qui achetera
tous ces produits en “compétition” ?
On est, au niveau mondial, dans le mécanisme signalé par Keynes dans les années 1930: la déflation salariale fait baisser la demande, et la baisse de la demande fait baisser la production et donc
les salaires. C’est un cercle vicieux.
Je crois que si nous n’imposons pas une régulation de nos échanges commerciaux, au niveau Européen ou Français, avec une reconquête du tissu industriel et agricole, on va s’enfoncer
d’avantage dans cette spirale du déclin.
Tout à fait. Je ne crois pas à une régulation européenne pour des raisons que j’ai expliqué longement sur ce blog. Mais il faut un mécanisme de régulation nationale qui pourrait être celui du
“protectionnisme intelligent” que j’ai défendu ici. Mais il est clair qu’en fin de compte nous ne pouvons consommer d’une manière durable que ce que nous produisons. Sans un “redressement
productif”, notre niveau de vie ne peut que diminuer.
Ce qui me navre avec l’équipe actuellement aux manettes en France, encore que je n’en attendais rien, c’est son incapacité, voir sa couardise, à sortir de ce cadre néolibéral qui nous
étrangle.
“Heureux ceux qui n’attendent rien, car ils ne seront pas déçus”… Si je crois un copain à moi qui travaille dans un cabinet ministériel, le problème est essentiellement un manque de projet et
vision globale couplée à une hypersensibilité aux lobbies. On arrive à une situation ou ce sont les antinucléaires qui font la politique nucléaire, les anti-gaz-de-schiste qui font la politique
pétrolière, les collectifs LGBT qui font le droit civil, et ainsi de suite.
A cela il faut rajouter l’incompétence – le mot est faible – et le mépris des “militans professionnels” devenus ministres pour les questions formelles et pour l’état de droit, illustré jusqu’à la
caricature par l’affaire de la “loi Duflot”…
Bonjour,
« Lorsqu’une économie produit des biens en optimisant les facteurs de production nécessaires, elle peut offrir par construction un haut niveau de vie à sa population. C’est donc cette
optimisation qui doit être l’objectif de la politique économique. »
Comme habituellement le billet est fort pertinent. Cependant je souhaiterais que vous précisiez ce que vous entendez par « haut niveau de vie à sa population ».
Si c’est posséder 20 chemises, 15 vestes et pantalons plus les autres vêtements qui vont avec, 1 voiture pour le boulot, une pour les courses de madame ( monospace si possible à cause des
enfants), une pour les loisirs et les vacances ainsi qu’un quad avec sa remorque , un téléphone portable pour chacun des membres de la famille ( Ipad ou similaire bien sur, dignité oblige )
écrans plats géants au salon et dans la chambre parental, un 24 pouces dans chacune des chambres d’enfants, des Nicke bien sur, Chevignon, et, n’étant pas Prévert, j’interrompt là une liste sans
limite, alors dites le clairement. Mais expliquez aussi ce que cela implique d’une part en matière de déséquilibre de la balance des paiements, avec son coté très malsain, économiquement et
moralement, et d’autre part en situation de contraintes esclavagistes pour aller conquérir à tout prix les moyens de cette consommation effrénée. Et ne ne m’apesantis pas sur les conséquences
indirectes du stress, de l’agitation brownienne des consommateurs avides, etc…..
En reprenant les termes d’un précédent commentaire, il me semble qu’une politique ambitieuse et anticipatrice pourrait se formuler en ces quelques termes :
-Moins de quantité, plus de qualité, le montant du PIB n’est plus la valeur de référence.
-Moins de matériel, plus d’immatériel, une randonnée dans la nature peut être aussi jouissive que le spectacle d’un match de foot ou pire encore la pratique « sportive » en
salon avec une gamme boy.
-Moins de dépendance et d’addiction et plus d’autonomie, par exemple diminuer la consommation de plats cuisinés industriellement, faire de l’exercice plutôt que se médicamenter, peser sur la télé
débilisante, et des centaines d’actions ponctuelles allant dans ce sens.
-Moins de dépenses de l’ « appareil public », avec toutes ses redondances, uniques parmi les pays civilisés et les économies réalisées reversées, après réduction drastique de la dette, et donc de
son service (50Md € par an) au financement des mesures évoquées.
-Moins d’individualisme et de vanité mal placée à dénigrer la production nationale au bénéfice de la qualité des produits étrangés et plus de pression et d’incitation ( pas uniquement par la
magie du verbe) sur nos entreprises pour développer une compétitivité qualitative.
-Moins d’assistance de tous ordres et qui dissuadent souvent l’action constructive et plus de possibilités publiques ou privées pour permettre à chacun de vivre de son activité.
Je pourrais continuer, mais je ne veux, ce dimanche, ni vous lasser ni fatiguer d’éventuels lecteurs des commentaires de ce blog.
Aller, portez vous bien et bon dimanche.
Comme habituellement le billet est fort pertinent. Cependant je souhaiterais que vous précisiez ce que vous entendez par « haut niveau de vie à sa population ». Si c’est posséder 20 chemises,
15 vestes et pantalons plus les autres vêtements qui vont avec, 1 voiture pour le boulot, une pour les courses de madame (…)
Un haut niveau de vie, c’est la possibilité réelle d’accèder à des biens selon son choix. Maintenant, ce choix relève de la liberté de chacun. Là où certains voudront “une voiture pour le boulot,
une pour les courses de madame”, d’autres préféreront la collection complète de La Pléiade ou un mois d’excursion culturelle en Grèce. C’est d’avoir cette liberté de choisir qui est pour moi le
signe d’un “haut niveau de vie”…
Maintenant, il est évident que le choix effectif qui sera fait par la population dépend de toute une série de paramètres, dont du niveau de vie lui même. Plus une couches sociale est aisée, plus
on tend à privilégier la qualité et le fond plutôt que la quantité et la forme. Dans les pays aux économies fortement productives, on achète proportionnellement plus de livres et moins de
“nike”…
Mais expliquez aussi ce que cela implique d’une part en matière de déséquilibre de la balance des paiements, avec son coté très malsain, économiquement et moralement, et d’autre part en
situation de contraintes esclavagistes pour aller conquérir à tout prix les moyens de cette consommation effrénée.
Justement, plus le niveau de vie croit, moins la consommation devient “effrenée”. A votre avis, qui consomme de manière plus “effrenée” ? Qui à votre avis est plus sensible aux “marques” ? Les
enfants de Mme Bettencourt ? Ou les enfants de sa femme de ménage ? Plus on a les moyens de choisir, et moins on est sensible à la pression consumériste. Pour un cadre récemment promu, une belle
voiture est le signe de sa réussite. Mais un directeur général peut se permettre – et il y aurait même un certain snobisme – à rouler en deux-chevaux sans que cela apparaisse comme une
déchéance…
En reprenant les termes d’un précédent commentaire, il me semble qu’une politique ambitieuse et anticipatrice pourrait se formuler en ces quelques termes :
-Moins de quantité, plus de qualité, le montant du PIB n’est plus la valeur de référence.
Oui et non. Comme le montrait le vieux Karl, pour qu’il y ait “qualité” il faut au préalable qu’il y ait quantité. Et si le PIB n’est pas “la” valeur de référence, il reste une valeur importante.
– Moins de matériel, plus d’immatériel, une randonnée dans la nature peut être aussi jouissive que le spectacle d’un match de foot ou pire encore la pratique « sportive » en salon avec une
gamme boy.
Je suis d’accord avec l’objectif. Mais pas – je m’avance peut-être en interprétant vos propos – avec la méthode. On ne peut imposer aux gens ce genre de choix par la loi. Tout au plus on peut,
par l’éducation, par la création d’infrastructures adéquates, essayer de faire comprendre que “une randonnée peut être aussi jouissive que le spectacle d’un match de foot”. Mais il faut préserver
la liberté de chacun de choisir.
– Moins de dépendance et d’addiction et plus d’autonomie, par exemple diminuer la consommation de plats cuisinés industriellement, faire de l’exercice plutôt que se médicamenter, peser sur la
télé débilisante, et des centaines d’actions ponctuelles allant dans ce sens.
Là, je suis en total désaccord. Diminuer la consomation de plats cuisinés industriellement… et pourquoi pas élever sa propre volaille, cultiver son propre blé, et ainsi de suite ? Non: la
division du travail et la conquête du temps est au coeur du progrès de l’espèce humaine. Si l’industrialisation de la cuisine nous permet de récupérer du temps pour faire d’autres choses
plus intéressantes et plus productives, pourquoi pas ?
Je partage votre idée de “moins de dépendance et d’addiction”, mais il faut être cohérent: on ne peut pas imposer la liberté. On ne peut pas lutter contre les dépendances et les addictions en
cherchant à imposer des comportements.
– Moins de dépenses de l’ « appareil public », avec toutes ses redondances, uniques parmi les pays civilisés et les économies réalisées reversées, après réduction drastique de la dette, et
donc de son service (50Md € par an) au financement des mesures évoquées.
Je ne vois pas très bien de quoi vous parlez. A quelles “redondances” faites-vous allusion ? Si l’on laisse de côté les discours outranciers et qu’on regarde les chiffres, on s’aperçoit que le
coût de “l’appareil public” est en fait assez modéré. On répète à l’envi que la pression fiscale est en France proche de 57%, on oublie de dire que la plus grande partie de cet argent est
redistribuée, sous forme de services, de subventions, d’allocations. L’Etat ne gardant finalement pour son fonctionnement qu’une toute petite partie.
-Moins d’individualisme et de vanité mal placée à dénigrer la production nationale au bénéfice de la qualité des produits étrangés et plus de pression et d’incitation ( pas uniquement par la
magie du verbe) sur nos entreprises pour développer une compétitivité qualitative.
Oui, bien sur.
-Moins d’assistance de tous ordres et qui dissuadent souvent l’action constructive et plus de possibilités publiques ou privées pour permettre à chacun de vivre de son activité.
D’accord.
Aller, portez vous bien et bon dimanche.
De même pour vous !
@LL,
même Warren Buffet, l’un des hommes les plus riches de la planète, a reconnu qu’il y avait une guerre des classes, et que son camp était en train de gagner la guerre!
La lutte DE classes n’a jamais été aussi pertinente qu’aujourd’hui: il y a une formidable contradiction entre les rentiers, dont les consommateurs sont les alliés objectifs et les
travailleurs/producteurs. Les producteurs sont victimes de la financiarisations du marché.
Faire croire au populo qu’il a les mêmes intérêts que le capitaliste relève d’une fable qui se raconte depuis la fin des trente glorieuses. C’est la même chose que de faire croire que tout le
monde a intérêt à la lutte contre l’inflation.
Les différentes crises que nous subissons depuis 2007 montrent au contraire que les intérêts (remarquez la répétition de ce mot, elle est fondamentale) des travailleurs et des capitalistes sont
totalement opposés.
Le problème des PME, qui ne sont que la cheville ouvrière des grands groupes capitalistiques, est le suivant: c’est bien l’absence de protectionnisme et non le trop-plein de cotisations sociales
(que vous appelez de manière cynique des charges) qui est à l’origine du problème. Diminuer ces cotisations ne rétablira pas la compétitivité des PME françaises face au PME des pays émergents. Le
libre-échange soumet les PME à la concurrence mondiale, forcément distordue. Cette distorsion de concurrence existe également à l’intérieur de l’Union Européenne: c’est peut-être la preuve que
cette dernière est plus un problème qu’une solution, comme on l’entend souvent dans les médias.
@Descartes,
Bravo, votre réplique est un vrai régal. Question tir aux pigeons, vous l’avez mis dans le mille!!
@LL,
Même si cela ne s’adresse pas à moi, je me permets quelques remarques quand même…
même Warren Buffet, l’un des hommes les plus riches de la planète, a reconnu qu’il y avait une guerre des classes, et que son camp était en train de gagner la guerre!
Ce n’est pas parce qu’on est riche qu’on est une référence. Au demeurant, Buffet montre dans ce commentaire que lui non plus n’a rien compris à ce qu’est la “lutte des classes”. Ce n’est pas une
guerre qu’on peut “perdre” ou “gagner”. C’est un conflit d’intérêt qui perdure aussi longtemps qu’on vit dans une société de classe…
Les différentes crises que nous subissons depuis 2007 montrent au contraire que les intérêts (remarquez la répétition de ce mot, elle est fondamentale) des travailleurs et des capitalistes
sont totalement opposés.
Faut pas exagérer. Sur certains points bien précis (par exemple sur la promotion de la “marque France”) les travailleurs français et les capitalistes français ont des intérêts convergents.Mais
globalement, on peut dire que les intérêts des patrons et ceux des travailleurs sont “antagoniques”.
Le problème des PME, qui ne sont que la cheville ouvrière des grands groupes capitalistiques, est le suivant: c’est bien l’absence de protectionnisme et non le trop-plein de cotisations
sociales (que vous appelez de manière cynique des charges) qui est à l’origine du problème. Diminuer ces cotisations ne rétablira pas la compétitivité des PME françaises face au PME des pays
émergents.
Oui et non. Il y a un véritable problème dans la question des charges sur les activités productives. En dehors de toute considération de compétitivité, à partir d’un certain niveau ces charges
deviennent dissuassives pour les activités productives à faible valeur ajoutée. Et lorsque ces activités deviennent non rentables, c’est l’emploi des moins qualifiés qui souffre. D’où l’intérêt
de transférer cette charge de la production à la consommation, taxant au passage les produits fabriqués à l’étranger au même taux que les produits français. C’est la logique de la TVA sociale,
dont je me demande toujours pourquoi la gauche la rejette…
Par contre, il est parfaitement exact ce que n’est pas la suppression des charges sociales qui pourrait rétablir la compétitivité salariale des PME françaises par rapport aux PME chinoises ou
indiennes, qui bénéficient de salaires et charges vingt à trente fois inférieures…
Le libre-échange soumet les PME à la concurrence mondiale, forcément distordue. Cette distorsion de concurrence existe également à l’intérieur de l’Union Européenne: c’est peut-être la preuve
que cette dernière est plus un problème qu’une solution, comme on l’entend souvent dans les médias.
Là encore, faut relativiser. Si nous avions à notre main l’instrument monétaire, la concurrence ne serait pas “forcément distordue”, puisque la parité monétaire pourrait être ajustée de manière à
équilibrer la balance extérieure. C’est la combinaison du libre-échange et de la parité monétaire fixe qui est en train de tuer notre industrie…
@Descartes,
Bravo, votre réplique est un vrai régal. Question tir aux pigeons, vous l’avez mis dans le mille!!
Vous me flattez…
Bonjour,
Tu disais dans un de tes précédents articles que le déficit de la balance commerciale était au premier plan.que seule une dévaluation nationale, impossible donc sous le règne de l’euro,
permettait de relancer une compétitivité. En vendant plus à l’étranger et en consommant moins sur notre territoire.
J’ai lu par ailleurs que le transfert de cotisations et charges patronales sur l’impot des ménages revenait de fait à une dévaluation fiscale. Serait-ce une solution?
J’ai lu par ailleurs que le transfert de cotisations et charges patronales sur l’impot des ménages revenait de fait à une dévaluation fiscale. Serait-ce une solution?
Pas vraiment. La dévaluation monétaire étant interdite du fait de l’Euro, beaucoup d’économistes ont recherché des mécanismes qui provoquent un effet équivalent. C’est pourquoi on voit fleurir
des expressions du type “dévaluation fiscale”, “dévaluation salariale”, etc.
L’effet d’une dévaluation monétaire est de faire baisser simultanément les prix et les coûts exprimés en monnaie étrangère. Prenons un exemple. Imaginons qu’en Angleterre les salaires soient de
10 livres l’heure, et le prix de la baguette – baguette anglaise, beurk! – d’une livre. Et que la parité livre-euro soit de 1 pour 1,2. Cela veut dire qu’exprimés en euros, le salaire horaire est
de 12 euros et la baguette coute 1,2 euro.
Maintenant imaginons que je dévalue la livre de 20%, pour la mettre à parité 1 pour 1 avec l’Euro. Pour l’ouvrier anglais rien ne change: avec son salaire horaire il achetera toujours dix
baguettes. Mais pour un observateur français, le salaire horaire et le prix de la baguette auront baissé. Si je suis un investisseur, il sera plus rentable pour moi d’investir en Angleterre, est
si je suis un acheteur de baguettes d’en importer de Londres. L’Angleterre devient donc plus compétitive, mais cela ne marche que parce que je baisse simultanément les prix et les salaires. Si je
baisse les prix sans baisser les salaires, les entreprises ne couvriront plus leurs coûts et elles licencieront. Si je baisse les salaires sans baisser les prix, je pousserai dans la misère les
travailleurs.
La question est donc comment faire baisser ensemble prix et salaires. Une solution proposée est la “déflation salariale”. L’idée est que si je fais baisser les salaires, j’entraîne une baisse de
la demande (parce que les gens n’ont plus d’argent pour acheter) et donc une baisse des prix. C’est ce qu’on a essayé en Grèce… et cela n’a pas marché, parce que les prix ne baissent jamais
aussi vite que les coûts (c’est ce que les économistes appellent “la rigidité à la baisse des prix”). Une autre solution est la “déflation fiscale”, c’est à dire, on ne fait pas baisser les
salaires payés, mais on prelève plus sur le salaire avec l’espoir que cela se répercutera dans les prix. Je crains que cela n’échoue pour la même raison: l’expérience a montré que les entreprises
ne repercutent que très partiellement leurs baisses de coûts sur leurs prix…
Salut Descartes
Il me semble tout à fait salutaire de mettre en lumière comme tu le fais la notion de productivité, au détriment de celle de compétitivé. Cela me suggère deux réflexions. La première est un peu
légère, sans doute : la compétitivité est une question de point de vue. Du point de vue du travailleur, une entreprise compétitive est celle qui offre des salaires (je veux dire : des “coûts du
travail”…) plus élevés. Toujours du point de vue du travailleur, un pays plus compétitif est celui qui offre des salaires plus élevés – des coûts du travail plus élevés, quoi…
Deuxième réflexion, sur un mode plutôt lexical : l’oblitération du terme de “productivité” dans la novlangue n’a rien d’étonnant (on préfère parler de “compétitivité hors prix”, une notion proche
sans être vraiment équivalente). Tout ce qui peut rappeler la notion de production, de travail, a tendance à disparaître. La nécessité de “sauver la planète” arrive alors bien souvent à la
rescousse, parce que produire, dans un “monde-fini”, c’est mal, forcément. A l’inverse, tout ce qui a trait aux notions de compétition, de lutte pour la (sur)vie, tout ce qui rappelle la
sauvagerie de la nature, est mis en valeur et présenté comme une approche “moderne” – alors qu’il s’agit bien d’une régression vertigineuse. Il ne s’agit plus de produire pour lutter
collectivement contre la nature, mais simplement de lutter les uns contre les autres tout en rendant une sorte de culte proto-païen (j’y vois comme une régression animiste) à la “planète” – un
nouvel opium du peuple qui me semble infiniment plus dangereux que celui de la secte de Ratzinger (par exemple). Nos dirigeants nous entraînent tranquillement vers un monde primitif.
J’en profite pour signaler, pour ceux qui ne l’auraient pas vu passer, que le Diplo a publié dans ses deux derniers numéros deux articles éclairants, le premier sur la
compétitivité (par Gilles Ardinat, numéro d’octobre), le deuxième sur le “coût du travail” (salaires) et les “charges” (cotisations), par Christine Jakse dans le numéro de
novembre.
Quand des dirigeants de “gauche” commencent à parler de “compétitivité”, de “coût du travail” et de “charges”, peut-on encore douter d’avoir affaire à d’authentiques sociaux-traîtres ? Je dois
dire qu’en mettant un bulletin blanc dans l’urne au deuxième tour, je n’étais pas totalement à l’aise. Aujourd’hui, chaque fois que j’ouvre un journal (n’importe lequel !) ou que je zappe sur un
JT, je me félicite de ce choix. Pour un peu, je me féliciterais presque de ne pas avoir voté contre Sarkozy. Sarkozy aime l’argent, il aime les riches, mais il a au moins un mérite : il le dit…
la compétitivité est une question de point de vue. Du point de vue du travailleur, une entreprise compétitive est celle qui offre des salaires (je veux dire : des “coûts du travail”…) plus
élevés.
Pour être précis, la “compétitivité” est une notion qui dépend du marché. Une entreprise intervient sur plusieurs marchés: sur le marché du travail quand il embauche ses collaborateurs, sur le
marché des équipements lorsqu’elle achete des machines, et finalement sur le marché ou se vend sa production. Par convention, lorsqu’on parle de la compétitivité d’une entreprise c’est à ce
dernier marché qu’on fait implicitement référence…
Tout ce qui peut rappeler la notion de production, de travail, a tendance à disparaître.
Exacte. C’est pourquoi la compétitivité, qui est une notion liée au prix, “oblitère” la notion de productivité, qui est elle liée à la valeur. La productivité
est indépendante du fonctionnement des marchés, la “compétitivité” est inséparable de celui-ci. D’ailleurs, on peut changer la compétitivité par des mesures qui n’ont aucun rapport avec le
processus de production (la dévaluation est un bon exemple…).
Aujourd’hui, chaque fois que j’ouvre un journal (n’importe lequel !) ou que je zappe sur un JT, je me félicite de ce choix. Pour un peu, je me féliciterais presque de ne pas avoir voté contre
Sarkozy.
Moi aussi.
Sarkozy aime l’argent, il aime les riches, mais il a au moins un mérite : il le dit…
Au delà de sa fascination pour les riches – plus que pour l’argent, dont il avait en fait fort peu – Sarkozy avait un énorme mérite: la conscience que la pire des politiques est celle du chien
crevé au fil de l’eau. Il avait, il faut le dire, une véritable attraction, presque sensuelle, pour tout ce qui est industrie, et une conscience très claire de son importance (on l’a vu dans
l’affaire l’Alsthom ou dans sa gestion des dossiers nucléaires). Et il ne sacrifiait pas au veau d’or bruxellois. Cela ne retire rien à ses immenses défauts, mais permet de mettre le personnage
en perspective.
Bon, bah merci de m’avoir repondu meme si j’ai encore beaucoup de choses a y redire. Je pense que vous n’avez pas compris mon point sur la lutte des classes… je veux juste dire que si vous etes
ouvrier et qu’on vous pose la question: “petite baisse de salaire ou chomage ?” je pense que vous serez d’accord de dire que c’est dans l’interet de l’ouvrier de garder son boulot et de travailler
pour un peu moins cher. Tous les patrons ne sont pas avec un chapeau hautdeforme… sa c’est un fantasme mais beaucoup sont des petits entrepreneurs qui ne peuvent pas “deplacer leur activite en
Chine”. Desole mais le patron de la petite PME du coin il fait ce qu’il peut pour payer ses employes et bien souvent il touche a peine un salaire… la question de la valeur ajoutee n’a pas
d’importance, sauf si pour vous un emploi vaut moins parce qu’il est dans une entreprise qui fait moins de VA ? Votre point entre producitvite et competitivite n’est pas clair… si on est plus
productif on est plus competitif… “Il faudra m’expliquer en quoi le fait de permettre aux “entrepreneurs” de vendre leur entreprise sans payer des impôts aiderait les gens à créer de la richesse
et de la croissance” Je suis desole mais quand vous avez travaille toute votre vie pour votre petite boite, vous n’avez pas envie de perdre tout votre oeuvre lorsque vous partez a la retraite et
que vous essayez de la vendre… c’est la confiscation pure. Quand a votre histoire de “faire un coup” c’est du veritable proces d’intention. Encore une fois, tous n’ont pas un cigare et un chapeau
haut de forme… certains esayent juste de faire tourner leur petite boite en faisant des heures pas possibles et parfois en payant tres bien leurs employes. Mais voila, si on sait par avance qu’on
a aucune chance de reussir on ne se lance pas a l’aventure comme ca… il faut au moins avoir une perspective d’enrichissement, je pense que c’est le grand enseignement de la guerre froide. Avez
vous des liens pour votre theorie sur le non enrichissement sur les colonies pendant les annees 60 ? Ca m’etonnerait beaucoup, quand on a largement acces a des matieres premieres pour pas grand
chose, ca fait une difference enorme. “Mais si nous n’importons plus rien, comment fera l’économie chinoise et brésilienne pour pour vivre ?” ils echangeront entre eux, c’est tout… chacun
consommera une partie de ce qu’il produit et l’autre partie sera echange avec l’autre. Nous, nous serons dans la pauvrete en autarcie car nos produits n’interesseront personne. Peut etre que l’euro
est un peu surevalue. Mais en sortir serait une catastrophe pour le consommateur qui verrait ses prix augmenter et pour le producteur qui perdrait tous ses marches europens (vous l’avez dit vous
meme)… sans meme parler de la dette qui exploserait. Alors il faut faire avec et baisser les charges sur les entreprises en echange de combler le deficit de la secu, embaucher moins d’attaches
territoriaux qui sont trop nombreux, etc, etc. pour regagner notre place dans le jeu international dont on ne peut pas s’exclure. P.S: desole pour les accents et la mise en page L.L
Bon, bah merci de m’avoir repondu meme si j’ai encore beaucoup de choses a y redire. Je pense que vous n’avez pas compris mon point sur la lutte des classes… je veux juste dire que si vous
etes ouvrier et qu’on vous pose la question: “petite baisse de salaire ou chomage ?” je pense que vous serez d’accord de dire que c’est dans l’interet de l’ouvrier de garder son boulot et de
travailler pour un peu moins cher.
Certes. Et si un bandit pointe sur vous votre flingue et vous dit “la bourse ou la vie”, il est évident que c’est de votre intérêt de lui donner votre bourse plutôt que d’aller manger les
pissenlits par la racine. C’est d’ailleurs aussi l’intérêt du bandit que vous lui donniez votre argent plutôt que de se retrouver avec une possible accusation d’homicide. Cependant, je n’irais
pas jusqu’à dire qu’il y a entre vous et le bandit un “intérêt commun”…
Je pense que vous posez mal le problème. L’intérêt du patron est de maximiser son profit en réduisant le plus possible ses coûts, et donc les salaires. L’intérêt de l’ouvrier est de maximiser sa
rémunération. Ces deux intérêts sont, par construction, contradictoires. Ce qui n’exclue pas que dans une situation concrète le patron et l’ouvrier puissent avoir intérêt à sacrifier chacun une
partie de leurs intérêts plutôt que de tout perdre. Mais il ne faut pas confondre une situation conjoncturelle avec une question structurelle.
Tous les patrons ne sont pas avec un chapeau hautdeforme…
Non, pas tous. Mais tous ont un compte en banque qu’ils cherchent à garnir… La question n’est pas de faire le procès des patrons en tant qu’individus. J’en ai connu suffisamment pour savoir
qu’il y a parmi eux des gens fort décents pour qui le développement de leur entreprise – en tant qu’entité économique – passe avant leur bénéfice personnel. Mais ce n’est pas, loin de là, la
généralité de l’espèce. Ce n’est pas une question de morale, c’est une question d’intérêt.
Desole mais le patron de la petite PME du coin il fait ce qu’il peut pour payer ses employes et bien souvent il touche a peine un salaire…
Le pauvre… alors qu’il pourrait si facilement devenir le salarié d’un de ces patrons qui “fait ce qu’il peut pour payer ses employés” grassement, il prefère rester patron et “toucher à peine un
salaire”. Ce n’est plus un métier, c’est un sacerdoce…
Allons, soyons sérieux: tout patron a la possibilité de devenir salarié. Si l’immense majorité ne le fait qu’en dernière extremité et souvent contrainte et forcée, c’est qu’il doit y avoir
un avantage à rester patron… alors je veux bien entendre la complainte du petit patron, mais il y a des limites à l’irrationnel.
la question de la valeur ajoutee n’a pas d’importance, sauf si pour vous un emploi vaut moins parce qu’il est dans une entreprise qui fait moins de VA ?
Bien sur qu’elle a une importance. La VA est le “gâteau” à partir duquel le capital et le travail sont rémunérés. Plus la VA est grande, plus l’entreprise crée de richesse. Tout le discours sur
“les PME créent l’essentiel de l’emploi” oublient un point fondamental: la finalité des entreprises n’est pas de créer de l’emploi, mais de créer de la richesse. Si le but est créer des emplois,
la solution est simple: je mets la moitié des chômeurs à creuser des trous, et l’autre moitié à les combler, et le tour est joué.
Aider les PME n’a de sens que si elles créent de la richesse. S’il faut subventionner les PME (à travers des réductions de charges ou des exceptions fiscales, par exemple) pour maintenir l’emploi
si elles ne créent pas de richesse est un suicide économique. C’est faire de l’emploi aidé financé par les activités qui créent de la VA, qui curieusement sont centrées essentiellement sur les
grandes entreprises… Car le problème est là: si les PME ne se développent pas c’est parce que leur productivité est relativement faible…
Votre point entre producitvite et competitivite n’est pas clair… si on est plus productif on est plus competitif…
Non. Les deux notions ont des rapports, bien entendu, mais sont largement déconnectées. Prenons un exemple: imaginons deux pays A et B, dont les monnaies (que je note $A et $B) sont à un moment
donné à parité (c’est à dire, 1$A = 1$B). Il y a en A une entreprise qui fabrique une voiture qui coûte 1000 $A et dans B une entreprise qui fabrique une voiture identique pour 800 $B. Laquelle
de ces deux entreprises est la plus compétitive ? Cela semble évident que c’est celle du pays B.
Maintenant, imaginons que le gouvernement de A décide une dévaluation de 50%. Maintenant, laquelle des deux entreprises est la plus compétitive ? Exprimée en monnaie de A, la voiture produite en
A coutera 1000 $A, celle en B coutera 1600 $A (exprimé en monnaie de B, cela donne 500 $A et 800 $A). C’est donc maintenant l’industrie de A qui est “plus compétitive”… Et cela alors
que la productivité des usines concernées n’a pas changé !
Ce petit raisonnement te montre que la productivité et la compétitivité ne sont pas liées. Le même raisonnement peut être fait avec les impôts: en supprimant les charges sociales, j’améliore la
compétitivité… sans changer la productivité.
Je suis desole mais quand vous avez travaille toute votre vie pour votre petite boite, vous n’avez pas envie de perdre tout votre oeuvre lorsque vous partez a la retraite et que vous essayez
de la vendre…
Allons… la révolte des “pigeons” n’est pas le fait d’entrepreneurs âgés qui pensent à la transmission de leur entreprise “oeuvre de toute une vie”. Ce sont au contraire des entrepreneurs jeunes
qui, comme je l’ai expliqué, font des “coups” en vendant rapidement des entreprises jeunes dont ils survendent les perspectives. Ok, je veux bien te faire une proposition: serais-tu d’accord avec
l’impôt sur les plusvalues tel que proposé s’il ne s’appliquait pas lorsque le vendeur détient l’entreprise depuis plus de vingt ans ? S’il s’agit de préserver “le travail de toute une vie”, cela
ne semble pas déraisonnable…
Quand a votre histoire de “faire un coup” c’est du veritable proces d’intention
Non, c’est une constatation factuelle. Vous devriez relire l’histoire de la “bulle internet”…
Encore une fois, tous n’ont pas un cigare et un chapeau haut de forme… certains esayent juste de faire tourner leur petite boite en faisant des heures pas possibles et parfois en payant
tres bien leurs employes.
Ceux-là ne perdront rien d’un impôt sur les plusvalues de cession… ce ne sont pas ceux-là qui vendent leur entreprise souvent, n’est ce pas ?
Mais voila, si on sait par avance qu’on a aucune chance de reussir on ne se lance pas a l’aventure comme ca…
Je ne comprends pas en quoi une imposition sur les plusvalues de cession pourrait leur ôter une “chance de réussir”…
ll faut au moins avoir une perspective d’enrichissement,
Nous voilà… C’est là le coeur du problème: l’idée que pour se “lancer dans l’aventure” il faudrait “une perspective d’enrichissement”. Pourtant, le monde est plein de gens qui se lancent “dans
l’aventure” sans la moindre perspective de s’enrichir. Que pensez vous du pompier qui se lance dans un immeuble en feu pour sauver des vies, du policier qui patrouille pour assurer notre sécurité
? Ceux qui choisissent ces carrières savent qu’ils peuvent au mieux attendre une prime et peut-être la légion d’honneur, souvent à titre posthume. Et pourtant, ils se “lancent dans l’aventure”.
Et que penser du médecin hospitalier qui se lance à créer un service ? Du scientifique du CNRS qui crée un laboratoire ? Du grand commis de l’Etat qui lance une entreprise publique ? Le mieux
qu’ils puissent raisonnablement attendre est d’être reconnus par leurs pairs. De l’argent ? Très peu, merci. Certainement pas “l’enrichissement”. Alors, pourquoi faudrait-il garantir “des
perspectives d’enrichissement” aux entrepreneurs ?
Avez vous des liens pour votre theorie sur le non enrichissement sur les colonies pendant les annees 60 ?
Ce n’est pas “ma” théorie. Je n’ai pas de “liens”, mais je vous renvoie à deux livres: “Pour en finir avec la répentance coloniale” de Daniel Lefeuvre (qui est un historien-économiste spécialiste
de l’Algérie et professeur à Paris VIII) et “l’Esprit economique impérial, 1830-1970” sous la direction d’Hubert Bonin, Catherine Hoder et Jean-François Klein.
Ca m’etonnerait beaucoup, quand on a largement acces a des matieres premieres pour pas grand chose, ca fait une difference enorme.
Faudra m’expliquer alors comment l’Allemagne, pays sans colonies, est devenue une puissance économique mondiale. De quelles colonies ont bénéficié la Suisse ou la Suède ?
“Mais si nous n’importons plus rien, comment fera l’économie chinoise et brésilienne pour pour vivre ?” ils echangeront entre eux, c’est tout…
Eh non… si vous payez des salaires de misère, vous ne générez pas de demande. Pour que les travailleurs chinois achètent les produits brésiliens et vice-versa, encore faudrait-il que les
travailleurs de ces pays ayent un pouvoir d’achat suffisant. Or, comment générer ce pouvoir d’achat tout en maintenant les salaires bas ?
Je crois que vous n’avez pas compris le problème. Il ne suffit pas d’être “compétitif” pour vendre. Il faut assi qu’en face il y ait des clients avec les poches pleines. Si les chinois peuvent
vendre leurs produits en Europe et aux USA, c’est parce que les salaires des travailleurs européens et américains restent suffisamment hauts. C’est d’ailleurs parce que ces revenus diminuent que
l’économie chinoise commence à avoir des ratés et risque un aterrissage violent.
Peut etre que l’euro est un peu surevalue. Mais en sortir serait une catastrophe pour le consommateur qui verrait ses prix augmenter et pour le producteur qui perdrait tous ses marches
europens (vous l’avez dit vous meme)…
Je n’ai rien dit de tel. Au contraire, j’ai toujours dit que l’objectif était d’avoir des échanges équilibrés, et non l’autarcie. Je n’ai pas de problème à ce que des étrangers vendent chez nous,
et que nous vendions chez eux. Ce que je propose, c’est un mécanisme pour que les flux s’équilibrent.
J’ai d’ailleurs du mal à comprendre pourquoi la sortie de l’Euro devrait faire perdre aux producteurs leurs marchés européens. Après tout, les anglais, les danois ou les suédois ne sont pas dans
l’Euro, et cela ne les empêche pas de vendre en Europe. Les norvégiens ne sont même pas dans l’UE, et pourtant ils vendent leurs produits sur le marché européen sans problème. Alors, s’il vous
plait, évitez de tomber dans l’argument terroriste du style “sortir de l’Euro, c’est la fin du monde”. Pendant des siècles l’économie européenne a fonctionné sans euro.
Quant aux consommateurs, oui, ils perdraient. Avec la sortie de l’Euro, les prix augmenteront. Et alors ? Que préférez vous, un chômeur en chemisette chinoise à un euro ? Ou un travailleur en
chemisette française à 10 euros ?
sans meme parler de la dette qui exploserait.
Pourquoi la dette devrait-elle augmenter ? Je vous signale que le passage du franc à l’euro n’a pas réduit la dette. Il n’y a donc aucune raison que le passage inverse la fasse augmenter.
Pour répondre au début du commentaire No 1 de LL : je lui conseille de lire l’article sur le lien
suivant :
http://alternatives-economiques.fr/blogs/clerc/2012/10/05/derriere-les-pigeons-les-vautours/
quand on voit de quoi il retourne réellement, on ne peut qu’être consterné par la capitulation en rase campagne , sans
combat, de ce gouvernement…une capitulation qui en annonce d’autres, a coup sur hélas.
Pour illustrer votre excellent article, je signale un reportage paru aux actualités sur la 2 il ya quelques jours ,
concernant la relance de l’usine chevrolet a Détroit : après la déconfiture de l’industrie automobile, cette usine est repartie en production ; origine de ce succès ? : les
syndicats on accepté la suppression du droit de grève… et l’embauche massive de jeunes ouvriers… avec un salaire réduit de moitié par rapport aux anciens salaires
Je ne doute pas que d’ici peu de temps , après les laudes sur le modèle allemand, on va nous vanter de nouveau le modèle
américain
Bonsoir,
“Allons, soyons sérieux: tout patron a la possibilité de
devenir salarié.”
D’accord pour la plupart des patrons, mais cela n’est pas
forcément aussi facile que vous semblez le suggérer. Mais surtout, il y a la situation des 1,1 million d’auto-entrepreneurs qui pour l’immense majorité n’ont pas eut d’autres choix que ce moyen
actuel de se faire exploiter.
“Allons, soyons sérieux: tout patron a la possibilité de devenir salarié.” D’accord pour la plupart des patrons, mais cela n’est pas forcément aussi facile que vous semblez le suggérer.
Je ne vois pas où est la difficulté.
Mais surtout, il y a la situation des 1,1 million d’auto-entrepreneurs qui pour l’immense majorité n’ont pas eut d’autres choix que ce moyen actuel de se faire exploiter.
Le débat portait sur la situation des patrons. Que viennent faire les “auto-entrepreneurs” là dedans ?
Encore un sujet d’actualité et intéressant, indispensable à traiter, d’ailleurs très bien traité, avec en plus quelques réponses aux commentaires à se tordre de rire (surtout quand j’ai honte
de le dire c’est un autre qui se les prend dans les dents, que la victime me pardonne c’est pas méchant).
Bon maintenant après la brosse à reluire, quelques divergences:
Marcailloux: “Allons, soyons sérieux: tout patron a la possibilité de devenir salarié.” D’accord pour la plupart des patrons, mais cela n’est pas forcément aussi facile que vous semblez le
suggérer.
Descartes:” Je ne vois pas où est la difficulté.”
Peut-être parce que tu n’as jamais été confronté à la difficulté du choix de devenir petit patron ou crever sans aucune aide sociale. Et il ne faut pas non plus croire à la propagande
satellisante de Pole Emploi. D’abord il y a la notion d’ENTREPRISE individuelle, les administrations font tout leur possibles pour te classer dans la catégorie travailleur indépendant, donc
“entreprises”.
Ensuite par définition, un salarié touche un salaire stable bien défini par contrat (ou à défaut fiche de paie) et est sous protection du code du travail, un travailleur autre n’a pas de
salaire assuré, il récupère ce qu’il peut de ce qui lui reste après avoir payé ses achats, charges etc et en général relève du régime du BIC, (Bénéfice Industriel Commercial), le statut à
part d’auto-entrepreneur a je crois plusieurs options de contributions diverses (forfait ou %).
Pour pouvoir devenir salarié, il lui faut donc d’une part constituer une Société (type SARL) avec des parts et sous contrainte d’être minoritaire, sinon étant par ex gérant majoritaire il
relève obligatoirement des cotisations TNS (Travailleur Non Salarié ) ou TNSNA (+ Non Agricole) et d’autre part avoir suffisamment de rentrées pour se payer son salaire + cotisations, ce qui
est difficile pour des petites activité débutantes. C’est pour cette raison que souvent ils ne sont pas salariés et que les honnêtes petits “chefs d’entreprise” car c’est comme cette dernière
dénomination qu’ils sont considérés, lorqu’ils ont des salariés les payent d’abord et eux se serrent la ceinture plusieures années et quelquefois jusqu’à la cessation prématurée d’activité.
Tout le monde ne s’appelle pas Marc Zuckerberg.
Attention, je ne fais pas ici l’apologie des patrons en général, que cela soit bien clair, moi je ne réfute pas la lutte des classes !
Marcailloux: Mais surtout, il y a la situation des 1,1 million d’auto-entrepreneurs qui pour l’immense majorité n’ont pas eut d’autres choix que ce moyen actuel de se faire exploiter.
Descartes: Le débat portait sur la situation des patrons. Que viennent faire les “auto-entrepreneurs” là dedans ?
Marcailloux a raison, je viens d’essayer de t’expliquer, qu’on le souhaite ou non que dans les faits les auto-entrepreneurs sont assimilés à des patrons, sauf que ce n’est pas ce mot là qui est
employé , mais son synonyme: “chef d’entreprise” !
Peut-être parce que tu n’as jamais été confronté à la difficulté du choix de devenir petit patron ou crever sans aucune aide sociale.
Je ne savais pas que les pauvres petits patrons n’avaient que ces deux choix là. J’ignorais qu’il était interdit aux petits patrons de prendre un emploi salarié dans une entreprise existante…
D’abord il y a la notion d’ENTREPRISE individuelle, les administrations font tout leur possibles pour te classer dans la catégorie travailleur indépendant, donc “entreprises”.
Au delà des nomenclatures administratives, la notion même “d’entreprise individuelle” est un non-sens. L’idée même “d’entreprise” implique une entité économique distincte des personnes qui la
composent. Le patron n’est pas “l’entreprise”, il n’est que le chef. Et les intérêts de l’entreprise, tels que la jurisprudence les qualifie, ne sont pas les intérêts du patron. Dans ces
conditions, l’entreprise individuelle n’existe pas. Un artisan ne constitue pas une “entreprise”.
Pour pouvoir devenir salarié, il lui faut donc d’une part constituer une Société (type SARL) avec des parts et sous contrainte d’être minoritaire, sinon étant par ex gérant majoritaire il
relève obligatoirement des cotisations TNS (…)
Je crois qu’on ne s’est pas compris. Lorsque j’ai dit qu’un patron avait toujours le choix de devenir salarié, je n’ai pas ajouté “de sa propre entreprise”. Un patron a toujours le choix de
devenir salarié: il lui suffit de liquider son entreprise et d’aller chercher du travail comme le ferait n’importe quel travailleur. S’il ne le fait pas, j’insiste, c’est donc qu’il a un intérêt
certain à rester patron. L’idée que les petits patrons sont des pauvres victimes qui travaillent plus et gagnent moins que les salariés est donc fausse: si elle était vraie, on verrait les petits
patrons se précipiter pour devenir salariés.
Marcailloux a raison, je viens d’essayer de t’expliquer, qu’on le souhaite ou non que dans les faits les auto-entrepreneurs sont assimilés à des patrons,
Par qui ? Comment peut-on être “chef” si l’on a pas de troupes ?
Pour illustrer ce problème, examinons un exemple simple. Imaginons une petite entreprise A dans une économie fermée: le patron décide de réduire les salaires de 10% ce qui lui permet de
réduire les prix de ses produits de 5%. […] en d’autres termes, comme la baisse des salaires n’est pas compensée intégralement par la baisse des prix, la décision de baisser les
salaires fait baisser la demande globale, et donc la production globale… et donc les profits. Même les patrons y perdent…
Merci de rendre la connaissance de certains mécanismes aussi claire et distincte. Ce genre d’explications est peut-être une évidence pour pas mal de tes lecteurs, mais pas pour tous ! T’as le
talent de rendre simple quelque chose qui peut apparaître compliqué en quelques lignes et je me prive pas pour réutiliser tes exemples ailleurs. Si ma mémoire est bonne dans un commentaire tu
parlais de jeunes qui ne demandaient qu’à être initiés, et bien continue à m’initier cher Descartes !
Je te remercie de ton encouragement. J’essaierai de continuer à faire de la pédagogie…
“J’ignorais qu’il était interdit aux petits patrons de prendre un emploi salarié dans une entreprise existante…”….Ah trop facile le bottage en touche! Ce n’est évidemment pas un
interdit mais une question de possibilité dans le contexte économique actuel.
“Le patron n’est pas “l’entreprise”, il n’est que le chef. Et les intérêts de l’entreprise, tels que la jurisprudence les qualifie, ne sont pas les intérêts du patron.” D’accord
avec ça dans le cadre principal, mais sauf possibilité de cas particulier (voir suite) !
“Dans ces conditions, l’entreprise individuelle n’existe pas. Un artisan ne constitue pas une “entreprise”. Faux du point de vue des administrations et que fais-tu des EURL
(Entreprise Unipersonnelle à rasponsabilité Limitée) et autres récentes inventions du même style ?
“Je crois qu’on ne s’est pas compris. Lorsque j’ai dit qu’un patron avait toujours le choix de devenir salarié, je n’ai pas ajouté “de sa propre entreprise”. Un patron a toujours le choix de
devenir salarié: il lui suffit de liquider son entreprise et d’aller chercher du travail comme le ferait n’importe quel travailleur. S’il ne le fait pas, j’insiste, c’est donc qu’il a un intérêt
certain à rester patron. L’idée que les petits patrons sont des pauvres victimes qui travaillent plus et gagnent moins que les salariés est donc fausse: si elle était vraie, on verrait les petits
patrons se précipiter pour devenir salariés.”
Descartes, je t’apprécie habituellement énormément et je te trouve généralement très rigoureux, mais alors là les bras m’en tombent, sans vouloir t’offenser, franchement tu me déçois, pardonne
moi l’expression, ta réponse est complètement déconnectée de la réalité. Tu fantasmes ici aveuglément sur des situations que tu ne connais pas, moi si et parfaitement pour une fois. Es tu au
courant qu’il y a ne serait-ce qu’officiellement 3 millions de demandeurs d’emploi et que chercher le plus activement possible du travail ne veut pas dire en trouver ! As tu déjà subi un passage
à Pole Emploi avec des postes de travail (et encore lorsqu’il y en a à proposer) où tu te retrouves en concurrence avec 100 ou 500 candidats. Si tu n’est pas le premier après le passage à la
moulinette de la sélection, tu peux repartir pour un tour gratuit, et ainsi de suite, ça peut dure éternellement. Après,au bout d’un certain temps (variable selon ton cas mais qui peut être très
court ) tu n’a plus droit aux indemnités de chômage. Et si tu as eu la (mal)chance de retravailler quelques mois, tu peux perdre aussi le droit à l’ASS et tu gagnes celui de devenir SDF! Et
crois moi, actuellement des petits patrons et des auto-entrepreneurs qui ne rêvent que des avantages du statut de salarié, il y en a plus que tu ne le penses !
“Comment peut-on être chef si l’on a pas de troupes”
J’ai aussi rencontré des “chefs de groupe” sans personnel…qui travaillaient en relations dites “transversales”.
Ben oui, c’est pas la première curiosité rencontrée dans les faits, t’as qu’à poser la question aux administrations concernées puisque ce sont elles qui le disent !
Pour elles, une activité non salariée et non profession libérale (et encore) est forcément une entreprise, même individuelle , et toujours pour elles, une entreprise a forcément un représentant
légal, un” dirigeant”, qu’elles considérent comme un “chef” que l’on peut aussi trouver sous la désignation de “gérant”, rarement “directeur” dans le cas présent, le terme “gestionnaire” étant
plutôt réservé à l’évocation du fonctionnement.
Cette fois-ci permets-moi exceptionnellement à mon tour de prendre la liberté de te répondre: “s’il te plait, vérifies tes sources et justifies tes propos !”
“L’idée que les petits patrons sont des pauvres victimes qui travaillent plus et gagnent moins que les salariés est donc fausse” …Tu serais prêt à prendre le risque de nourrir pendant
1 mois tous ceux que je peux amener chez toi ?
Quant aux (grands) patrons qui se gavent sur le dos des travailleurs qui transpirent plus qu’eux à produire, eh bien je suis pour ……. qu’ils s’en aillent tous ! Sur 65 ou 66 millions de
Français, on doit bien pouvoir retrouver quelques personnes aussi compétentes et moins rapaces pour les remplacer !
J’ai dit !
Ce n’est évidemment pas un interdit mais une question de possibilité dans le contexte économique actuel.
Ce n’est pas plus dur pour un petit patron que pour n’importe quel autre citoyen.
Faux du point de vue des administrations et que fais-tu des EURL (Entreprise Unipersonnelle à rasponsabilité Limitée) et autres récentes inventions du même style ?
C’est une pure fiction juridique. Le but est de donner un statut juridique à une activité économique personnelle. Mais ce n’est pas une “entreprise” au sens économique du terme.
Es tu au courant qu’il y a ne serait-ce qu’officiellement 3 millions de demandeurs d’emploi et que chercher le plus activement possible du travail ne veut pas dire en trouver !
Certainement. Tu admets donc qu’il vaut mieux être petit patron que salarié. Parce que le salarié, lui, n’a pas le choix. Le jour où son patron le licencie, il va s’inscrire à Pôle Emploi. Le
petit patron, lui, a le choix.
Par ailleurs, s’il est vrai qu’il y a trois millions de chômeurs, il n’est pas vrai que le chômage touche tous les secteurs. Et le patron est généralement mieux formé que ses salariés…
As tu déjà subi un passage à Pole Emploi avec des postes de travail (et encore lorsqu’il y en a à proposer) où tu te retrouves en concurrence avec 100 ou 500 candidats.
Je ne l’ai pas subi, mais je connais. Et je sais aussi que cela ne concerne que les emplois peu qualifiés. Si t’es soudeur qualifié, tu est le roi du pétrole et tu peux choisir ton poste. Mais la
question n’est pas là: notre conversation portait sur la situation comparée entre le petit patron et le salarié. Mon point, est que le petit patron peut décider à chaque instant de partager le
destin des salariés, puisqu’il a la possibilité d’en devenir un, alors que le salarié, lui, n’a pas le choix. Ton discours sur le chômage ne change rien à ce point: si le petit patron devenu
salarié ne trouve pas de travail, il se trouve à égalité avec de nombreux salariés qui sont dans la même situation.
“L’idée que les petits patrons sont des pauvres victimes qui travaillent plus et gagnent moins que les salariés est donc fausse” …Tu serais prêt à prendre le risque de nourrir pendant 1
mois tous ceux que je peux amener chez toi ?
Je ne saisis pas le rapport. Qu’ils gagnent plus ou moins que leurs salariés, je n’ai pas de raison pour les nourrir…
“Et je sais aussi que cela ne concerne que les emplois peu qualifiés”
Eh bien Descartes, pour une fois peut-être, tu “sais” de façon erronée, c’est vrai que c’ est sans doute pire pour des emplois peu qualifiés, mais un technicien au niveau le plus élévé de
la grille de classification de la métallurgie ne relève pas d’un emploi peu qualifié et un cadre qui a dépassé un certain age (on va dire 45 ans mainenant) non plus, c’est pas pour autant qu’ils
retrouvent du travail. Tu oublies un peu vite que si les entreprises licencient à tour de bras, c’est pas pour embaucher en même temps, et tu oublies aussi la mise au placard des seniors !
Reviens dans le monde réel !
Mais surtout , en clair, ce qui me gêne dans tes propos, c’est cette espèce de racisme dogmatique qui semble ressortir (à tort ou à raison) envers
les petits entrepreneurs, alors qu’ils ne sont pas plus favorisés à l’heure actuelle que les salariés, que certains ne se lancent dans la création d’entreprise que parcequ’ils n’ont plus la
possibilité de rester salariés et qu’à mon avis, ces personnes là, en les rejetant en quelque sorte, tu (toi ici et d’autres par ailleurs) les encourage à aller se jeter tout droit dans les bras
accueillants du Front National (autrefois on aurait dit du Poujadisme) ! En tout les cas, il est certain que c’est de cette façon qu’ils percevront tes propos…
(et que les intéressés viennent me contredire si je ne dis pas une vérité !)
Alors union ou division des travailleurs ? A toi de répondre !
Eh bien Descartes, pour une fois peut-être, tu “sais” de façon erronée, c’est vrai que c’ est sans doute pire pour des emplois peu qualifiés, mais un technicien au niveau le plus élévé
de la grille de classification de la métallurgie ne relève pas d’un emploi peu qualifié
Ca dépend. Il ne faut pas confondre “classification” et “qualification”. On peut se retrouver “au niveau le plus élévé de la grille de classification” par le jeu des avancements au choix et de
l’ancienneté sans forcément avoir une haute qualification.
Il faut arrêter de penser le chômage comme si les chômeurs étaient une masse indifférentiée. Il y a en France 3 millions de chomeurs… sur quelque 30 millions de salariés. Ce qui indique que 90%
des gens qui cherchent un emploi salarié le trouvent. Alors, sans rien retirer à la souffrance de ceux qui sont au chômage, on ne peut pas raisonner comme si toute personne qui cherche un emploi
ne trouvait pas. Et en particulier, il n’y a pas de véritable problème d’offre d’emploi dans les secteurs industriels à forte qualification: les soudeurs qualifiés, les robinettiers qualifiés,
les chaudronniers et tuyauteurs qualifiés trouvent du travail sans trop de difficulté. Et je sais de quoi je parle… si tu connais un soudeur qualifié au chômage, envoie moi son dossier je me
charge de le faire recruter…
et un cadre qui a dépassé un certain age (on va dire 45 ans mainenant) non plus, c’est pas pour autant qu’ils retrouvent du travail.
Là encore, c’est une question de qualification. Il y a des secteurs (ex. la vente) ou les cadres de 45 ans et plus ont beaucoup de mal à trouver du travail, mais dans d’autres secteurs (ex.
l’ingéniérie pétrolière) on se les arrache à des salaires mirobolants. Il y a une réalité de la rigidité du marché du travail (c’est à dire la difficulté pour un travailleur de se “requalifier”
dans un auter domaine). Mais encore une fois, la question discutée était tout autre: un patron a toujours plus de choix qu’un salarié, ne serait-ce parce qu’il peut toujours devenir salarié s’il
le souhaite, et que le salarié ne peut devenir patron à volonté.
Tu oublies un peu vite que si les entreprises licencient à tour de bras, c’est pas pour embaucher en même temps, et tu oublies aussi la mise au placard des seniors ! Reviens dans le monde
réel !
Tu oublies un peu vite que les entreprises ne licencient en général que la mort dans l’âme, parce que le but d’une entreprise ce n’est pas, comme tu sembles le croire, de faire souffrir les
salariés, mais de faire du profit. Or, les salariés âgés et expérimentés sont plus chers certes, mais ils sont beaucoup plus productifs, notament dans les métiers où la qualification et
l’expérience sont importants. Une fois encore, tu généralises trop rapidement à l’ensemble du monde du travail certains phénomènes minoritaires: les chômeurs ne représentent que 10% des
travailleurs, ce qui signifie que 90% d’entre eux trouvent un emploi. Je veux bien que lorsqu’il s’agit de ranger des caddies, un “vieux” de 50 ans soit moins profitable qu’un “jeune” de 25. Mais
lorsqu’il s’agit de changer un robinet de centrale nucléaire, je peux t’assurer que les “vieux” du métier, on les garde…
Mais surtout , en clair, ce qui me gêne dans tes propos, c’est cette espèce de racisme dogmatique qui semble ressortir (à tort ou à raison)
envers les petits entrepreneurs, alors qu’ils ne sont pas plus favorisés à l’heure actuelle que les salariés,
C’est drôle… parce que je refuse de reconnaître aux petits entrepreneurs le statut de “victimes”, je ferais preuve de “racisme dogmatique”. Il est vrai que dans notre société “victimiste”,
refuser à quelqu’un le statut de “victime” c’est presque le nier comme être humain… 😉
Soyons sérieux: le patron, qu’il soit grand ou petit, est toujours plus “favorisé” que le salarié, ne serait-ce que parce qu’il a le choix. C’est lui qui choisi qui il emploie et qui il licencie,
alors que le salarié, lui, n’a pas le choix. Et en dernière instance, si son sort est si noir, il a toujours le choix de liquider son entreprise et devenir un de ces salariés dont le sort est si
enviable. Il faut arrêter de croire le discours “victimiste” des entrepreneur. On pleurniche que le sort des fonctionnaires est merveilleux… et pourtant, on ne voit pas les petits patrons
liquider leurs entreprise en masse et passer les concours de la fonction publique. On pleurniche qu’il vaut mieux être salarié que patron… et pourtant les patrons s’accrochent à leur entreprise
contre vents et marées et refusent de redevenir des salariés comme les autres. Alors…
que certains ne se lancent dans la création d’entreprise que parcequ’ils n’ont plus la possibilité de rester salariés
Parce qu’ils n’ont plus la possibilité, ou parce qu’on gagne moins ? Je laisse de côté bien entendu les entreprises unipersonelles, qui n’ont d’entreprise que le nom.
et qu’à mon avis, ces personnes là, en les rejetant en quelque sorte, tu (toi ici et d’autres par ailleurs) les encourage à aller se jeter tout droit dans les bras accueillants du Front
National
Ce raisonnement s’applique à tous les patrons. Evidement, si/quand la gauche épouse les thèses du MEDEF, ces gens-là n’ont pas besoin d’aller à droite…
Alors union ou division des travailleurs ? A toi de répondre !
Union des travailleurs ? Certainement. Unité des travailleurs et des patrons… je suis moins convaincu.
“Union des travailleurs ? Certainement. Unité des travailleurs et des patrons… je suis moins convaincu.”
Descartes, dans la vie, tout ne fonctionne pas en blanc ou noir ou en 0 et 1 comme en informatique, il y a des nuances comme dans un arc-en-ciel, la mécanique quantique a aussi des répercussions
à notre échelle.
Je suis d’accord avec toi si tu dis que le Gvt et le PS ne défendent pas les travailleurs, pour moi ils ne sont clairement pas de gauche, quant au MEDEF, il me donne la nausée, je les considère
comme des esclavagistes car je ne marche pas dans leur pipeautage de coût des salaires et charges. Leur idéal serait, toutes chose égales par ailleurs , de nous salarier au tarif des… (coréens,
thaîlandais?).
Il ne t’aura pas échappé que j’ai parlé “d’union ou division des travailleurs” et non “d’union des travailleurs et des patrons “, justement pour
faire ressortir une distinction occultée entre les petits patrons qui trempent leur chemise au milieu de leurs employés, qui pour moi sont à classer dans la même catégorie “travailleurs” et
d’autre part les patrons qui ne sont que des pompes à fric. Pour ces derniers, une entreprise ne représente qu’un “centre de profit”, peu importe pour eux ce qu’ils produisent, l’argent n’a pas
d’odeur, peu leur importe que leur production soit utile ou réprésente un besoin ou non, l’important étant de produire en quantité pour baisser le coût unitaire, de vendre ces produits par des
techniques commerciales de manipulations diverse et variées à des acheteurs qui n’en ont pas réellement besoin, de pomper sur “la vache à lait” (expression pas uniquement de journaliste mais
réellement consacrée dans le domaine économique) tant que possible.
Alors j’anticipe, tu vas me répondre, oui mais ton petit patron il cherche aussi à faire du profit et à augmenter ses revenus et c’est facile pour lui puisque c’est lui qui décide. Ma réponse est
que:
1) je ne connais pas de salarié qui refuserait une augmentation quel que soit son salaire
2) c’est aussi une question de possibilités compte-tenu des moyens, d’abord une entreprise en général n’est rentable qu’après plusieurs années, ensuite plus de 50 % d’entreprises coulent après
seulement 5 ans d’existence. Si c’est un salarié qui s’est reconverti en entrepreneur, il peut perdre par ex la totalité de ses indemnités de licenciement investies, voire sa maison en rabe
etc… !
3) Je considère aussi qu’il est logique qu’un (petit) patron cherche à faire du profit pour faire vivre correctement sa famille et en assure son avenir, les études des enfants etc…
Par conséquent, la limite qui est difficile à fixer puisque subjective est la suivante: quel est le revenu qui doit être considéré comme normal pour tout individu ou foyer, et à partir de quel
montant supérieur le patron passe-t-il du qualificatif de travailleur à celui d’exploiteur avec conflit d’intérêt ?
N’y a-t-il donc personne d’autre ici pour témoigner dans un sens ou dans l’autre ?????
(…) la mécanique quantique a aussi des répercussions à notre échelle.
J’avoue que ce commentaire me laisse songeur…
Il ne t’aura pas échappé que j’ai parlé “d’union ou division des travailleurs” et non “d’union des travailleurs et des patrons “, justement
pour faire ressortir une distinction occultée entre les petits patrons qui trempent leur chemise au milieu de leurs employés, qui pour moi sont à classer dans la même catégorie “travailleurs” et
d’autre part les patrons qui ne sont que des pompes à fric.
Mais… tu crois vraiment qu’un Mestrallet, un De Margerie, un Mittal ne bossent pas ? Tu crois qu’ils se la coulent douce au bord de la piscine pendant que leurs ouvriers travaillent ? Tu
rigoles… les grands patrons, même les plus grands, ne vivent souvent que pour leurs travail et se payent des journées de dingue. En quoi seraient-ils plus méprisables que les “petits patrons”
qui “trempent leur chemise au milieu de leurs employés” ?
Le petit patron (comme le gros) ont beau “tremper leur chemise”, ils ont une différence énorme par rapport à leurs employés: d’une part, ils gagnent plus; d’autre part, ils ont le pouvoir. C’est
là toute la différence. Maintenant, si tu penses que les petits patrons qui mouillent leur chemise n’ont aucun avantage par rapport à leurs employés… pourquoi diable persistent-ils a vouloir
être patrons ?
Pour ces derniers, une entreprise ne représente qu’un “centre de profit”, peu importe pour eux ce qu’ils produisent, l’argent n’a pas d’odeur, peu leur importe que leur production soit utile
ou réprésente un besoin ou non,
Et qu’est ce qui te fait croire que c’est différent pour le “petit patron” ? Crois-tu vraiment que les petits patrons sont des bienfaiteurs de l’humanité qui se soucient que leur production soit
utile et ne sont pas sensibles à l’attrait de l’argent ? Tu ne trouves pas que tu exagères un peu ?
3) Je considère aussi qu’il est logique qu’un (petit) patron cherche à faire du profit pour faire vivre correctement sa famille et en assure son avenir, les études des enfants etc…
Je n’ai pas dit que ce n’était pas “logique”. Ce que j’ai dit, c’est qu’on ne me fera pas verser des larmes sur les (petits) patrons…
“Tu rigoles… les grands patrons, même les plus grands, ne vivent souvent que pour leurs travail et se payent des journées de dingue. En quoi seraient-ils plus méprisables que les “petits
patrons” qui “trempent leur chemise au milieu de leurs employés” ?”
Parce que les petits se battent juste pour vivre ou survivre au milieu des travailleurs et qu’à l’opposé les grands patrons “qui se paient des journées de dingues”, c’est parce que tel est leur
bon plaisir, pour engranger sans fin du pognon dont ils n’ont pas besoin pour vivre, le dépenser de façon indécente devant le nez de ceux qu’ils exploitent car ils trouvent toujours que les
salariés coutent trop cher alors qu’ils se font eux-mêmes augmenter même s’ils plantent l’entreprise dans le même temps. D’ailleurs lors de la dernière campagne électorale De Margerie sans être
poussé dans ses derniers retranchements, a reconnu en direct à la TV qu’il “était incapable de justifier pourquoi il avait besoin de rémunérations aussi importantes”. Comme je l’ai déja dit, une
journée fait au max la même durée pour tout le monde et le mieux payé des patrons ne travaillera jamais plus que 24 Heures / 24, tout le reste n’est que foutage de gueule et indécence !
Parce que les petits se battent juste pour vivre ou survivre au milieu des travailleurs
Plutôt “sur le dos des travailleurs”. Car ce n’est pas dans les grandes entreprises que les travailleurs sont les plus exploités et les plus maltraités. Loin de là. Et si tu ne me crois pas, va
faire un tour chez les “petits patrons” de la confection.
et qu’à l’opposé les grands patrons “qui se paient des journées de dingues”, c’est parce que tel est leur bon plaisir, pour engranger sans fin du pognon dont ils n’ont pas besoin pour
vivre,
Tu sais, il y a pas mal de petits patrons qui vivent dans l’opulence… le discours du “petit-patron-victime”, ou l’on te sort toujours le petit industriel qui la larme à l’oeil voit son
entreprise mise en liquidation, ça va un moment. Comme je t’ai dit, si la vie du petit patron était si terrible que ça, ils se presseraient pour liquider leur entreprise et devenir des
salariés…
D’ailleurs lors de la dernière campagne électorale De Margerie sans être poussé dans ses derniers retranchements, a reconnu en direct à la TV qu’il “était incapable de justifier pourquoi il
avait besoin de rémunérations aussi importantes”.
C’est drôle que tu donnes l’exemple de De Margerie, et pas celui de Zidane, par exemple…
De Margerie a raison: à son niveau – qui est le même que Zidane – le salaire cesse d’être justifié par la “nécessité” et acquiert une fonction sacrificielle: on paye la personne non pas pour lui
permettre de vivre, mais pour la distinguer, pour établir son statut, de la même manière qu’hier on sacrifiait des biens aux dieux ou à l’empereur pour souligner sa position. Mais le nombre de
personnes dans une telle situation est très, très réduit.
Si j’ai insisté, c’est parceque je trouve dommage de relèguer des électeurs, qui travaillent, dans le camp de ceux qui défendent des positions contraires aux intérêts des travailleurs. Nos
institutions font que nous avons besoin d’une majorité pour pouvoir faire progresser la société !
“C’est drôle que tu donnes l’exemple de De Margerie, et pas celui de Zidane, par exemple…”
Je suis bien content que tu soulèves ce point, car si j’ai donné l’exemple de De Margerie c’est parceque c’est lui que j’ai entendu et non pas Zidane, saches que perso je suis anti-foot (pas ce
sport en lui même ni les sports en général,bien au contraire, mais le contexte) au moins autant que anti-foutage de gueule et je peux pas sentir ces footeux dits de haut niveau dont la plupart
sont des gros primaires prétentieux. Cependant ils ont bien raison d’en profiter, tant qu’il y aura des … benêts(?) de smicards prêts à payer pour aller voir mal jouer des milliardaires…
Ce qui m’amène à en conclure que je suis très pessimiste quant à notre avenir car notre principal ennemi c’est la médiocrité de pensée et l’individualisme de beaucoup d’êtres “humains” !
Merci pour ces échanges
Je suis bien content que tu soulèves ce point, car si j’ai donné l’exemple de De Margerie c’est parceque c’est lui que j’ai entendu et non pas Zidane, saches que perso je suis anti-foot
Dans ce cas-là tu peux prendre Yves Klein. Ou Johnny Hollyday. Ou Daniel Baremboïm. Ou Tom Cruise. Ou n’importe quelle “star” du sport, de la musique, du cinema, de l’art contemporain…
j’imagine qu’il y a au moins un parmi tous ceux-là que tu aimes. Pourquoi leur rémunération astronomique serait-elle plus “juste” que celle de De Margerie ?
“De Margerie a raison: à son niveau – qui est le même que Zidane – le salaire cesse d’être justifié par la “nécessité” et acquiert une fonction sacrificielle: on paye la personne non pas pour
lui permettre de vivre, mais pour la distinguer, pour établir son statut, “
Si une personne ressent autant le besoin d’être distinguée ( pathologie psychique la poussant à afficher qu’elle a une c….lle virtuelle de plus que les autres ???), on n’a qu’a lui refiler une
médaille (en chocolat enrobé dans du papier doré de préférence) !
La personne que je préfère honorer, c’est celle qui ne sait pas trop bien nager et qui plonge dans un fleuve glacial pour repécher un noyé potentiel !
“Dans ce cas-là tu peux prendre Yves Klein. Ou Johnny Hollyday. Ou Daniel Baremboïm. Ou Tom Cruise. Ou n’importe quelle “star” du sport, de la musique, du cinema, de l’art contemporain…
j’imagine qu’il y a au moins un parmi tous ceux-là que tu aimes.”
“Aimer”, ce serait un abus de langage par contre je peux répondre oui à la reconnaissance de certains talents, pour autant je considère que le show-biz, les sports, l’art moderne avec des
tableaux peints avec les propres(!) excréments du génie créateur, etc ne doivent en aucun cas ni de quelque façon que ce soit passer devant la politique de “la poule au pot” (les
choses vitales: manger, avoir un toit, du chauffage, de quoi aller au boulot, du repos, l’école, etc…)
Pourquoi leur rémunération astronomique serait-elle plus “juste” que celle de De Margerie ?”
Pour aucune raison ! Qu’on les rémunere au SMIC comme tant d’autres pour leur remettrre un peu les idées en place ! Si l’on considère que le SMIC suffit pour les uns, il doit aussi
suffire pour les autres en tant que revenu maximum !
“De Margerie a raison: à son niveau – qui est le même que Zidane – le salaire cesse d’être justifié par la “nécessité” et acquiert une fonction sacrificielle: on paye la personne non pas pour
lui permettre de vivre, mais pour la distinguer, pour établir son statut, ” Si une personne ressent autant le besoin d’être distingué(…)
Ce n’est pas la personne qui ressent le besoin d’être distinguée, c’est ceux qui la payent. Lorsque la rémunération devient “sacrificielle”, ceux qui font le “sacrifice” sont les payeurs…
La personne que je préfère honorer, c’est celle qui ne sait pas trop bien nager et qui plonge dans un fleuve glacial pour repécher un noyé potentiel !
Beh curieusement personne n’a reçu pour acte de courage ou de dévouement la moitié du dixième de ce qu’on est prêt à consentir pour avoir un Zidane ou un Halliday. Curieux, non ?
“Pourquoi leur rémunération astronomique serait-elle plus “juste” que celle de De Margerie ?”
Peut-être parce que c’est en considération de leur mérite personnel et exclusif que le consommateur achète leur production. En revanche, je crains que la personne de De Margerie ne soit
parfaitement indifférente aux automobilistes venus faire leur plein chez Total…
Autrement dit, je crois que la différence essentielle entre un De Margerie et un Zidane par exemple, est que le premier est un producteur, tandis que le second est un produit. La rémunération de
Zidane, c’est donc le prix que les consommateurs eux-mêmes sont prêts, directement, à le payer. Certes, on peut soutenir que la rémunération de De Margerie est, quant à elle, le prix que les
actionnaires sont prêts à le payer. Toutefois, on pourrait se demander ce qui, dans cette rémunération, tient réellement à la personne de De Margerie, et ce qui ne tient qu’à sa seule fonction.
D’autre part, la valeur d’un individu, lorsqu’elle est reconnue par une masse de consommateurs, paraît plus légitime que lorsqu’elle ne l’est que par un cercle restreint d’actionnaires. Peut-être
est-ce là, du reste, l’origine du caractère “sacrificiel” de la rémunération des hauts dirigeants que vous pointiez, qui auraient ainsi besoin qu’on les rassure sur leur valeur, alors que les
footballeurs et les artistes ont quant à eux, en plus de leurs rémunérations considérables, leurs fan-clubs et leurs foules en délire ? Les patrons ne se plaignent-ils pas très souvent,
d’ailleurs, d’être des “mal aimés” ?
Peut-être parce que c’est en considération de leur mérite personnel et exclusif que le consommateur achète leur production. En revanche, je crains que la personne de De Margerie ne soit
parfaitement indifférente aux automobilistes venus faire leur plein chez Total…
Ce ne sont pas les automobilistes qui achètent les services de De Margerie, ce sont les actionnaires de Total… maintenant, tu ne t’est jamais posé la question pourquoi les actionnaires payent
si cher De Margerie alors qu’ils pourraient avoir quelqu’un d’aussi compétent pour bien moins ? Après tout, c’est de leur poche que sort la différence…
Autrement dit, je crois que la différence essentielle entre un De Margerie et un Zidane par exemple, est que le premier est un producteur, tandis que le second est un produit. La rémunération
de Zidane, c’est donc le prix que les consommateurs eux-mêmes sont prêts, directement, à le payer.
Bien sur que non. Les gens qui s’abonnent à Canal+ pour regarder le foot ou ceux qui achètent leur place au stade n’ont pas de voix au chapitre. Ce sont les actionnaires du club et ses dirigeants
qui négocient le salaire de Zidane, de la même manière que ce sont les actionnaires de Total qui décident du salaire de De Margerie. Il n’y a aucune différence entre les deux cas.
Et si la situation du petit patron est si enviable, pourquoi tout le monde n’essaie pas de le devenir?
C’est juste pour souligner l’absurdité de l’argument selon lequel si le patron n’est pas content, il n’a qu’à …..
Les choses ne se résument pas qu’en termes “d’intérêts financiers”.
Combien de gens choisissent de devenir patron pour ne pas s’exiler dans les grandes villes seules capables de payer leurs compétences, dans ce cas, ces patrons sont bels et bien des victimes de
la trop forte centralisation si chère à la France.
Je crois que tout le monde est profiteur de ses acquis, et aussi victime de ses acquis.
Il y a des gagnants et des perdants dans les 2 camps.
Et pour finir, réduire tous les petits patrons à des surfeurs sur les vagues des modes du moment, c’est exagéré, la revente de petites entreprises pour réaliser 2, 3 ou 4ans d’efforts pour
valoriser leur prise de risque ne date pas de la bulle Internet. C’est classique dans la stratégie de l’entrepreneur, car pour développer une entreprise, il faut des capitaux que l’ont n’a pas et
que seul un groupe peut vous fournir en rachetant votre entreprise tout en vous laissant aux commandes.
Pour tout le reste, je suis d’accord, voir même impressionné par la clarté du propos.
Merci. 🙂
Et si la situation du petit patron est si enviable, pourquoi tout le monde n’essaie pas de le devenir?
Et qu’est ce qui te fait dire que tout le monde n’essaye pas ? Bien sur, il y a ceux qui choisissent leur travail non seulement en fonction de critères matériels… mais je ne connais personne
qui, ayant eu la possibilité de devenir patron, ait préféré rester salarié. Car c’est là l’asymétrie fondamentale de mon argumentation, qui fait qu’on ne peut la “renverser” comme tu le fais: le
patron a toujours le choix de devenir salarié, le salarié n’a que très rarement le choix de devenir patron…
Les choses ne se résument pas qu’en termes “d’intérêts financiers”.
Non, mais ils se résument presque toujours en termes “d’intérêts matériels”. Il y a, bien entendu, des gens qui choisissent leur métier par vocation et qui sont prêts à sacrifier des situations
mirobolantes pour faire ce qui leur plaît. Mais ils sont extraordinairement rares…
Combien de gens choisissent de devenir patron pour ne pas s’exiler dans les grandes villes seules capables de payer leurs compétences, dans ce cas, ces patrons sont bels et bien des victimes
de la trop forte centralisation si chère à la France.
Pourquoi “victimes” ? La République n’a pas, que je sache, un devoir de permettre à tout le monde de vivre “à la campagne” dans les villes. Il y a des choix à faire: si je prefère avoir une
grande maison et un grand jardin plutôt qu’un grand salaire, je peux choisir de vivre à la campagne. Si je préfère au contraire avoir à côté de ma porte les cafés, les bibliothèques, les théatres
et les cinémas, faut que je me résigne à prendre le métro serré comme une sardine. C’est ça, la vie. Cela étant dit, je ne vois pas beaucoup de gens qui “deviennent patron” pour ne pas habiter en
ville.
Et pour finir, réduire tous les petits patrons à des surfeurs sur les vagues des modes du moment, c’est exagéré, la revente de petites entreprises pour réaliser 2, 3 ou 4ans d’efforts pour
valoriser leur prise de risque ne date pas de la bulle Internet.
Une entreprise qui opère dans un crénéau “mature” ne génère pas en “2,3 ou 4 ans” suffisamment de valeur pour que sa révente soit intéressante. Dans la métallurgie ou dans le bâtiment, pour ne
donner que deux exemples, il faut beaucoup plus de temps pour établir une entreprise, pour la faire connaître, pour former une main d’oeuvre de qualité, pour se faire une clientèle, en un terme,
pour créer les éléments qui font la valeur d’une entreprise. Il n’y a que dans les secteurs de très forte croissance, tirés par des “modes” ou des “bulles”, qu’on peut en deux ou trois ans créer
une entreprise et la revendre avec une très forte plusvalue. Ce n’est pas d’ailleurs par hasard si le mouvement des “pigeons” s’est organisé autour de dirigeants d’entreprises de la sphère
Internet, et non de la métallurgie…
“Beh curieusement personne n’a reçu pour acte de courage ou de dévouement la moitié du dixième de ce qu’on est prêt à consentir pour avoir un Zidane ou un Halliday. Curieux, non ?”
D’abord, pour le coup la question se pose réellement, c’est qui ton “on” ?
Ensuite, non, pas “curieux”, mais “minable”, “lamentable”, “désespérant”, et caractéristique de l’état des valeurs de notre société.
D’un autre côté, ces personnes courageuses ou dévouées ne font pas ça pour l’argent, mais au moins on pourrait les honorer comme il faut, (pas seulement lorsque c’est à titre posthume) et les
citer largement comme exemples, en plus c’est comme un sourire, ça coûte rien et ça fait toujours plaisir.
D’abord, pour le coup la question se pose réellement, c’est qui ton “on” ?
L’ensemble des décideurs du système démocratique. A ma connaissance, personne n’a jamais proposé une loi donnant aux personnes ayant accompli des actes de courage et de dévouement une
rémunération équivalente à celle de Zidane ou de Halliday.
Ensuite, non, pas “curieux”, mais “minable”, “lamentable”, “désespérant”, et caractéristique de l’état des valeurs de notre société.
Et de toutes les sociétés, parce qu’à ma connaissance aucune société n’a accordé à celui qui sauve un enfant de la noyade la même récompense qu’à une star du sport. Mais au lieu de chercher des
qualificatifs, il serait peut-être plus intéressant de se demander le pourquoi de cette différence. Et si tu te poses la question, tu tomberas assez rapidement sur le caractère “sacrificiel” de
ce type de rémunération.
D’un autre côté, ces personnes courageuses ou dévouées ne font pas ça pour l’argent, mais au moins on pourrait les honorer comme il faut, (pas seulement lorsque c’est à titre posthume)
Elles sont honorées, et pas seulement à titre posthume. Mais elles ne sont pas rémunérées…