Certains nous disent que nous vivons au-dessus de nos moyens. Ils ont raison. Et je m’en vais vous donner un exemple très concret, très précis, de comment dans notre beau pays on jette l’argent par les fenêtres.
C’est l’hiver, et comme tous les ans la grippe nous guette. Cette année, l’épidémie a pris une ampleur exceptionnelle, et nous avons pu voir à la télévision ces images de services des urgences surchargés, des brancards qui s’accumulent dans les couloirs. Nous avons pu constater sur notre lieu de travail l’absence de nos collègues, et nous apprenons par différents moyens l’hospitalisation ou la mort de personnes fragiles de notre entourage. Mais avec plus ou moins grande intensité, la chose se répète année après année.
Tout cela a bien entendu un coût. Selon les années, les coûts pour la médecine ambulatoire varient entre 230 et 840 M€. Entre 2 et 12 millions de journées de travail sont perdues, ce qui représente entre 800 M€ et 4,8 Md€ de perte de production (1). On arrive donc à un coût qui varie entre 1 et 5,6 Md€ par an, et cela sans compter les coûts de second ordre ou difficilement monétisables, comme celui de la mort prématurée, de la désorganisation du travail induite par les absences inopinées, etc.
Pourtant, ce coût est parfaitement évitable. Nous disposons d’un vaccin contre la grippe. Il est sûr, efficace, et pas cher. La dose coûte 6 € (application comprise) et ce prix diminuerait certainement s’il était commandé en plus grande quantité. Vacciner 75% de la population, de manière à créer l’immunité de groupe, reviendrait donc à quelque 250 M€. Autrement dit, un quart du coût de l’épidémie les bonnes années, et moins d’un vingtième les mauvaises.
Moralité : nous jetterons cette année quelque 5 milliards d’euros en tribut à notre propre stupidité, à notre propre immaturité. Cinq milliards, c’est le prix que nous payons pour jouir du privilège de ne pas nous vacciner. Pour éviter une petite piqure de rien du tout. Certains par paresse, d’autres invoquant les plus nobles justifications : « Pour ne pas donner de l’argent à « big pharma » » (sic !) ; « Parce que le vaccin est un prétexte pour nous injecter des substances qui nous rendent dociles » (re-sic !) ; « Parce que les granulés homéopathiques sont aussi efficaces et moins dangereux » (re-re-sic !). La paresse et l’obscurantisme militant nous font jeter par les fenêtres cette année l’équivalent du budget de la Culture, ou de la moitié du budget de la Justice.
Alors, faut-il rendre obligatoire la vaccination contre la grippe. Je vois déjà les partisans de la liberté pousser des grands cris d’orfraie. Mais cette « liberté » absurde vaut-elle les cinq milliards qu’elle nous coutera cette année ? N’y a-t-il pas d’autres « libertés » bien plus importantes qui ne sont pas effectives faute de financements suffisants ?
Certains nous disent que nous vivons au-dessus de nos moyens. Ils ont raison. Ce n’est pas dans nos moyens de payer à hauteur de 5 Md€ la liberté d’éviter une piqure. Seulement, à l’heure de chercher les économies, ce n’est pas à ce genre d’absurdité qu’on s’attaque. Les princes qui nous gouvernent cherchent ailleurs, là où le coût politique est plus faible. Ceux-là font penser à la blague de l’ivrogne qui cherche ses clés au pied du réverbère alors qu’il les a perdues ailleurs, au motif que c’est là que la lumière est la meilleure pour les chercher. Il est plus facile politiquement de passer un « coup de rabot » sur l’ensemble des dépenses, sans se poser des questions, pour ensuite reculer là où ça gueule plus fort. Et c’est exactement cela qu’on est en train de faire. Si l’on exclut du « rabot » les 4000 postes d’enseignant – parfaitement justifiables au vu de la démographie scolaire – ce n’est pas parce que c’est là qu’une analyse sérieuse a conduit à en faire une priorité, mais parce que tel ou tel parti politique en a fait le totem de son ralliement à la majorité. Et en même temps on amputera le budget de la recherche, indispensable pour préparer l’avenir de notre économie, parce que tout le monde ou presque s’en fout.
Descartes
(1) Le nombre de journées perdues et les coûts médicaux ont pour source Sante publique France. Pour obtenir les pertes totales, j’ai multiplié le nombre de journées perdues par le PIB moyen par emploi (autour de 400 € en 2021).
“Nous disposons d’un vaccin contre la grippe. Il est sûr, efficace,…” Il n’est pas certain que ce vaccin soit si efficace que cela, voir : https://pgibertie.com/2025/01/19/efficacite-des-vaccins-contre-la-grippe-difficile-a-mesurer-la-reduction-des-hospitalisations-et-de-la-mortalite-reajusteee-de-50-a-moins-de-10/
@ Odile
[“Nous disposons d’un vaccin contre la grippe. Il est sûr, efficace,…” Il n’est pas certain que ce vaccin soit si efficace que cela, voir: (…)]
J’ai vu. Et ce que j’ai vu, c’est un site qui défend toutes sortes de théories complotistes (voici le titre du papier qui suit celui que vous proposez: “Le Sévice Public désinforme en toute impunité, c’est avec votre argent et celui se Soros”, tout un programme…), et qui cite des articles sur des recherches utilisant des données antérieures à 2011 (les vaccins ont fait pas mal de progrès depuis…).
Mais permettez moi une petite question: si je comprends bien, vous ne croyez pas à l’efficacité du vaccin antigrippal. Compte tenu du fait que la vaccination est recommandée par l’OMS et par les autorités sanitaires de la plupart des pays, cela suppose que tous ces institutions, tous ces experts recommandent une vaccination parfaitement inutile. A votre avis, comment en est on arrivé à une telle unanimité ? Soros y est pour quelque chose, à votre avis ?
Je n’ai pas écrit que ce vaccin était « parfaitement inutile », ni que je ne « croyais pas à efficacité du vaccin antiviral ». J’ai écrit qu’il n’était peut-être pas « si efficace que cela ». En effet, toute votre argumentation repose sur l’hypothèse d’une excellente efficacité, disons 90%. Si l’efficacité était inférieure, cela remettrait en cause votre démonstration.
Je crois effectivement d’une part que cette efficacité est probablement nettement inférieure à 90%, d’autre part que cette efficacité est variable d’une année à l’autre, compte tenu des modalités de conception dudit vaccin.
En ce qui concerne l’OMS, il y a longtemps que je me méfie de cette institution dont les financements sont en grande partie privés.
@ Odile
[J’ai écrit qu’il n’était peut-être pas « si efficace que cela ». En effet, toute votre argumentation repose sur l’hypothèse d’une excellente efficacité, disons 90%. Si l’efficacité était inférieure, cela remettrait en cause votre démonstration.]
Absolument pas. Même avec des vaccins bien moins efficaces, vous pouvez par l’effet d’immunité collective étouffer une épidémie. C’est le fameux coefficient “R” que nous avons découvert pendant la pandémie. S’il est légèrement supérieur à 1, le nombre d’infectés croit exponentiellement. S’il est légèrement inférieur à 1, le nombre DECROIT tout aussi exponentiellement. Prenez par exemple le vaccin BCG, dont l’efficacité tourne autour de 75%. Et pourtant, la tuberculose a pratiquement disparu dans les pays où la vaccination est systématique…
[Je crois effectivement d’une part que cette efficacité est probablement nettement inférieure à 90%, d’autre part que cette efficacité est variable d’une année à l’autre, compte tenu des modalités de conception dudit vaccin.]
Sur ce point, je suis d’accord avec vous. C’est d’ailleurs l’OMS qui le dit.
[En ce qui concerne l’OMS, il y a longtemps que je me méfie de cette institution dont les financements sont en grande partie privés.]
Pourriez-vous m’indiquer quels sont les “financements privés” qui constituent une “grande partie” du budget de l’OMS ? L’OMS est une agence des Nations Unies, dont les budgets sont essentiellement financés par la cotisation des états, par des organisations internationales et par des fondations privées. Les dons privés représentaient 12% du total, avec la fondation Bill et Melinda Gates représentant à elle seule 9%. Ce n’est pas ce que j’appelle une “grande partie”.
Par ailleurs, si vous ne faites pas confiance à l’OMS – et à l’ensemble des experts gouvernementaux qui, sur la question du vaccin, soutiennent ses avis – à qui feriez vous plutôt confiance ?
[Prenez par exemple le vaccin BCG, dont l’efficacité tourne autour de 75%. Et pourtant, la tuberculose a pratiquement disparu dans les pays où la vaccination est systématique…]
Mauvais exemple, M. Descartes. La quasi-disparition de la tuberculose est due à bien d’autres facteurs. D’ailleurs, le BCG ne protège pas contre la tuberculose pulmonaire commune, mais plus généralement contre ses formes secondaires (méningite, miliaire, etc)
@ maleyss
[« Prenez par exemple le vaccin BCG, dont l’efficacité tourne autour de 75%. Et pourtant, la tuberculose a pratiquement disparu dans les pays où la vaccination est systématique… » Mauvais exemple, M. Descartes. La quasi-disparition de la tuberculose est due à bien d’autres facteurs.]
Pas tout à fait. L’incidence de la tuberculose a commencé à diminuer avant la généralisation de la vaccination BCG, du fait de l’amélioration des conditions de vie et notamment de l’alimentation. Mais cette diminution n’aurait pas été suffisante pour faire disparaître la maladie. Vous noterez d’ailleurs que les pays où la vaccination n’est pas systématique ont encore une présence non négligeable de la maladie…
[D’ailleurs, le BCG ne protège pas contre la tuberculose pulmonaire commune, mais plus généralement contre ses formes secondaires (méningite, miliaire, etc)]
Vous auriez une source ?
Si on calcule tout… On calcule tout. Les malades et décès de la grippe sont des coups en moins : ce sont souvent des pensionnés. Donc les décès de la grippe font faire des économies de dépenses publiques.
@ Gautier Weinmann
[Si on calcule tout… On calcule tout. Les malades et décès de la grippe sont des coups en moins : ce sont souvent des pensionnés. Donc les décès de la grippe font faire des économies de dépenses publiques.]
C’est relatif. Ceux qui meurent économisent des dépenses publiques, mais ceux qui restent mal en point avec des séquelles tendent au contraire à les augmenter. C’est un peu comme le calcul qui veut qu’il faille encourager la consommation de tabac, puisque en faisant mourir les gens plus tôt permet d’économiser sur les retraites. Le problème, c’est que ce que vous économisez d’un côté vous le perdez de l’autre, en traitements médicaux pour les survivants…
Gauthier, si vous le prenez par ce côté, on pourrait aussi et au moins, encore plus logiquement, permettre par la loi d’accéder aux demandes de ceux qui, malades inguérissables, victimes de pathologies dégénératives et en redoutant l’évolution, souhaiteraient pouvoir en finir en douceur, au lieu d’encombrer (en dépit qu’ils en aient) des hospices, des EHPAD ou autres unités de soins palliatifs, tout en contribuant à la ruine de la Sécu, surtout lorsqu’on sait que ce sont souvent les derniers jours, semaines ou mois qui sont médicalement les plus coûteux de la vie de quelqu’un.
Et à qui me dirait qu’ils n’auraient alors qu’à se suicider tout seuls sans ennuyer personne, il faudra expliquer qu’un suicide est un acte social très agressif et perturbant pour la société, outre qu’il laisse seule et en souffrance la personne au moment où elle aurait le plus particulièrement besoin d’assistance humaine ou médicale.
@ Claustaire
[Gauthier, si vous le prenez par ce côté, on pourrait aussi et au moins, encore plus logiquement, permettre par la loi d’accéder aux demandes de ceux qui, malades inguérissables, victimes de pathologies dégénératives et en redoutant l’évolution, souhaiteraient pouvoir en finir en douceur, au lieu d’encombrer (en dépit qu’ils en aient) des hospices, des EHPAD ou autres unités de soins palliatifs, tout en contribuant à la ruine de la Sécu, surtout lorsqu’on sait que ce sont souvent les derniers jours, semaines ou mois qui sont médicalement les plus coûteux de la vie de quelqu’un.]
Pardon, mais je ne comprends pas votre raisonnement. Si le but est de réduire les coûts, pourquoi se limiter à ceux qui « souhaiteraient pouvoir en finir » ? Pourquoi ne pas imposer l’euthanasie obligatoire à tous ceux qui sont victimes de ces pathologies ?
Votre question est un excellent exemple des raisons qui m’amènent à être très prudent lorsqu’il s’agit de permettre à ceux qui le « souhaitent » de mettre fin à leur vie. Inévitablement, l’argent va s’en mêler. Inévitablement, il y aura une pression sur les gens malades à qui on répétera ce que vous dites dans votre commentaire : vous coutez trop cher, il est temps que vous débarrassiez le plancher. Combien de malades qui ne souhaitent pas, au fond d’eux-mêmes, en finir, céderont finalement à ce discours et accepteront nolens volens le suicide dit « volontaire » ?
Voilà pourquoi je continue à penser que l’euthanasie et le suicide assisté doivent avoir lieu « dans le dos de la loi ». Les légaliser, c’est proclamer socialement que les malades nous coûtent trop cher, comme vous le dites si bien dans votre commentaire.
Il y aurait une bonne et conséquente économie à faire estimée entre 160 et 240 milliards d’aides publiques annuelles aux entreprises privées ce qui est le coût du maintien, selon l’économiste Jacques Sapir, d’une monnaie surévaluée pour notre économie selon les études économiques du FMI et sous-évaluée pour l’économie allemande notre principale partenaire économique.
@ Cording1
[Il y aurait une bonne et conséquente économie à faire estimée entre 160 et 240 milliards d’aides publiques annuelles aux entreprises privées ce qui est le coût du maintien, selon l’économiste Jacques Sapir, d’une monnaie surévaluée pour notre économie selon les études économiques du FMI et sous-évaluée pour l’économie allemande notre principale partenaire économique.]
Là, vous rentrez dans un calcul très complexe. Supposons que vous dévaluez la monnaie. Vous n’aurez plus besoin de ces aides publiques pour maintenir la compétitivité de nos entreprises… mais d’un autre côté, il vous faudra distribuer cet argent aux gens pour qu’ils conservent le même pouvoir d’achat, vu que nous sommes très dépendants des importations pour beaucoup des biens que nous consommons… Au delà des débats monétaires, il y a une réalité: on ne peut pas consommer plus qu’on ne produit.
Merci d’illustrer une fois de plus combien les Droits de l’Homme peuvent permettre un abus de droits individuels aux dépens (sic) de ceux de la collectivité.
Sur un autre passage : vous auriez pu vous demander (critiquer ou comprendre) pourquoi le PS a fait de ces 4000 postes d’enseignants une de ses conditions (non de ralliement) de non censure. Peut-être que les parents dont les enfants se retrouvent sans profs sont légitimement sensibles à ce problème. Malgré une récente régression démographique (sensible dans le primaire) des comparaisons européennes signalent que l’enseignement français resterait celui où il y a (en moyenne) le plus grand nombre d’élèves par classes.
Cela dit, il y a sans doute des milliards d’euros qui pourraient être mieux employés ou épargnés dans notre EN, mais en parler supposerait une réflexion de fond et de longs développements et fastidieux échanges.
@ Claustaire
[Sur un autre passage : vous auriez pu vous demander (critiquer ou comprendre) pourquoi le PS a fait de ces 4000 postes d’enseignants une de ses conditions (non de ralliement) de non censure. Peut-être que les parents dont les enfants se retrouvent sans profs sont légitimement sensibles à ce problème.]
Peut-être. Et peut-être que les habitants des quartiers défavorisés sont légitimement sensibles au faible nombre de policiers disponibles pour patrouiller dans leurs rues. Mais curieusement, la gauche en général et le PS en particulier n’ont jamais fait de cette question un casus belli. A votre avis, si au lieu de supprimer 4000 postes d’enseignant le gouvernement avait supprimé 4000 postes de policiers, quelle aurait été la réaction du PS ?
[Malgré une récente régression démographique (sensible dans le primaire) des comparaisons européennes signalent que l’enseignement français resterait celui où il y a (en moyenne) le plus grand nombre d’élèves par classes.]
Possiblement. Mais je doute beaucoup que ce soit là la raison du raidissement du PS. Si les socialistes sont si soucieux des effectifs enseignants et si indifférents aux effectifs policiers, c’est peut-être parce que les policiers ne votent pas socialiste, et les enseignants si…
Sur le même sujet (les vaccinations souhaitables), pour les abonnés au Monde :
https://www.lemonde.fr/planete/article/2025/01/28/infections-a-pneumocoque-la-haute-autorite-de-sante-recommande-la-vaccination-des-plus-de-65-ans_6519755_3244.html
Bonjour,
Je suis bien entendu convaincu de l’importance de la vaccination.
Mais je m’amuse toujours lors des campagnes d’incitation pour la grippe. La seule fois à ma mère a voulu se faire vacciner après des années sans, c’est la seule fois où elle l’a eu !
Cordialement. Cyril
@ Cyril Vailly
[Mais je m’amuse toujours lors des campagnes d’incitation pour la grippe. La seule fois à ma mère a voulu se faire vacciner après des années sans, c’est la seule fois où elle l’a eu !]
Il est dangereux de tirer des conclusions d’un cas particulier. D’abord, vous ne savez pas si elle ne l’aurait pas eu quand même, et ensuite vous ne pouvez pas savoir si elle aurait eu la même gravité si elle n’avait pas été vaccinée. Aucun vaccin n’est efficace à cent pour cent. Mais avec une couverture vaccinale importante, même un vaccin relativement peu efficace peut éteindre une épidémie. Prenons un exemple: imaginons que chaque personne malade ait une probabilité de transmettre la maladie à deux personnes saines tous les jours. Dans cette hypothèse, le nombre de malades double tous les jours, ce qui fait une progression géométrique. Mais si vous avez un vaccin efficace à 75%, et une couverture vaccinale de cent pour cent, chaque jour le nombre de malades est divisé par deux, et l’épidémie s’éteint…
Une épidémie d’une ampleur exceptionnelle ???????????
Il ne faut peut être pas se tromper d’analyse ….
L’épidémie de grippe existe tous les ans et j’ai eu à soigner dans le passé des épidémies bien plus cognées
Si les urgences sont surchargées ce n’est pas de la responsabilité de la grippe mais bien celle de nos politiques qui auront soigneusement détruit et. la médecine de ville et surtout les urgences et l’hôpital avec lits d’aval
Alors évidemment que cela pose problème …… nous en sommes rendus à 7 ministres en peu de temps mais le mur est là et bien là et toutes les déclarations fumeuses des génies politiques n’arrangeront RIEN.
Je sais, ce texte sera taxé de complot car faire fonctionner sa cervelle est toxique ….. quand à bassiner avec le vaccin dites moi donc au bout de combien de temps le patient sera immunisé s’il se fait vacciner aujourd’hui …. ce sera APRES la fin de l’épidémie …. efficace …. Non ????
@ Toubib09
[Une épidémie d’une ampleur exceptionnelle ???????????]
C’est ce que je lis dans les journaux. Je n’ai pas d’avis sur la question, et on n’aura les statistiques que dans quelques mois.
[L’épidémie de grippe existe tous les ans et j’ai eu à soigner dans le passé des épidémies bien plus cognées]
Possible. Mais vous noterez que cela apporte de l’eau à mon moulin. S’il y a des épidémies bien plus « cognées », alors les coûts sont encore plus importants…
[Si les urgences sont surchargées ce n’est pas de la responsabilité de la grippe mais bien celle de nos politiques qui auront soigneusement détruit et la médecine de ville et surtout les urgences et l’hôpital avec lits d’aval]
Mais ne trouvez-vous pas idiot de dépenser des centaines de millions pour permettre à l’hôpital et à la médecine de ville de répondre à une épidémie quand on a les moyens de l’éviter pour beaucoup moins ? Qu’il faille renforcer l’hôpital et la médecine de ville, nous sommes d’accord. Mais je pense qu’il ne faut pas opposer les deux choses. Si on a une prévention efficace, on peut se permettre d’investir moins de moyens dans le curatif.
[Alors évidemment que cela pose problème …… nous en sommes rendus à 7 ministres en peu de temps mais le mur est là et bien là et toutes les déclarations fumeuses des génies politiques n’arrangeront RIEN.]
Je crains malheureusement que le problème soit bien plus profond que la simple stabilité des ministres. Parce que les ministres passent, mais les politiques restent.
[Je sais, ce texte sera taxé de complot car faire fonctionner sa cervelle est toxique …]
Pourquoi serait-il « taxé de complot » ? Justement, je fais fonctionner ma cervelle : voici une épidémie qu’on pourrait éviter avec un investissement de quelques centaines de millions d’euros en vaccination, et qui nous coûte quelques milliards. Le bon sens vous donne la réponse. Et cela quelque soit l’état de notre système de santé.
[… quand à bassiner avec le vaccin dites moi donc au bout de combien de temps le patient sera immunisé s’il se fait vacciner aujourd’hui …. ce sera APRES la fin de l’épidémie …. efficace …. Non ????]
Non. Et c’est pourquoi il aurait fallu le vacciner au mois d’octobre, quand le vaccin est devenu disponible. Là, franchement, vous vous trouvez un prétexte…
Bonsoir,
Ne voyez pas malice si je vous dis que vous m’avez fait sourire. Je retrouve bien là, au-delà de nos divergences le rationaliste qui m’a fait il y a un temps arriver à ce blog et, à ce sujet de la vaccination vous faites œuvre éminemment d’utilité publique,
Je le comprends et il n’est pas non plus honteux de s’adonner au calcul économique, mais ne nous interdisons pas de souligner le coût humain de cette idéologie anti-vaccins qui, appliquée au pied la lettre pourrait consister à perdre un être qui nous est cher et à ce titre j’ai connu de nos anciens suffisants fragiles pour ne pas céder un pouce et il n’y a pas que les âgés.
Personnellement, ce qui me révolte c’est que suite à des « syndicats » de médecins ont eu de longues années gain de cause sur le numérus clausus à la faculté de médecine, avec de plus la suppression de lits on arrive à une situation intenable pour les personnels (finis les applaudissements bêtes du Covid ? Des moyens, des personnels et correctement payés).
Ce qui d’autant plus doit nous faire redoubler d’effort, chacun à son niveau, pour combattre cette vague irrationnelle où les pseudos « réseaux sociaux » ont une part importante.
La simplification du monde en noir ou blanc est la pire chose qui soit advenue, Ce qui n’empêche nullement de faire de vrais choix.
Exemple vaccin de la grippe : nous savons qu’il est élaboré très tôt en fonction de ce qui est constaté en Asie, Entre temps, le virus peut muter avant son arrivée en Europe ce qui peut procurer une moindre efficacité lors de l’hiver européen mais n’étant pas si éloigné de la souche ou voire y correspondant, il fait son office : diminution des atteintes.
Autre effet, si l’on peut toutefois attraper le virus, la charge virale étant diminuée, nous n’arrivons pas à ces saturations de services d’urgence d’une gravité qu’il faudrait évaluer en termes de santé publique pour d’autres affections ou différés d’opérations..
La liberté individuelle, oui, mais qui ne saurait s’opposer à la sécurité sanitaire collective.
Faut-il rappeler que constamment notre Révolution qui nous a fait passer de sujet à citoyens définit son domaine qui ne devrait pas « nuire à autrui » ?
Bonne journée à vous.
@ morel
[Je le comprends et il n’est pas non plus honteux de s’adonner au calcul économique, mais ne nous interdisons pas de souligner le coût humain de cette idéologie anti-vaccins qui, appliquée au pied la lettre pourrait consister à perdre un être qui nous est cher et à ce titre j’ai connu de nos anciens suffisants fragiles pour ne pas céder un pouce et il n’y a pas que les âgés.]
Bien entendu. J’ai évoqué le sujet en parlant des coûts « difficilement monétisables ».
Plus globalement, j’aurais tendance à citer un écrivain américain qui notait, à propos de la tendance de Ronald Reagan à inventer des histoires et prendre des libertés avec les faits – car il ne faut pas croire que la « réalité alternative » a commencé avec Trump – que la confiance dans les institutions a une valeur économique : le fait que l’autorité signalant qu’un puits est empoisonné ou qu’une route est dangereuse soit crue est essentiel à notre préservation. Et qui finissait sa démonstration par une formule intraduisible : « you cannot lead people by misleading them ». Les idéologies qui cultivent la méfiance systématique envers les institutions sont très dangereuses. Et pas seulement du point de vue intellectuel : il y a des vies en jeu.
[Personnellement, ce qui me révolte c’est que suite à des « syndicats » de médecins ont eu de longues années gain de cause sur le numérus clausus à la faculté de médecine, avec de plus la suppression de lits on arrive à une situation intenable pour les personnels]
Tout à fait. La question du numerus clausus illustre à la perfection comment le pouvoir politique a adopté la logique du chien crevé au fil de l’eau : toujours suivre la ligne de moindre résistance. Accroitre le nombre de médecins formés aurait fait hurler les syndicats médicaux, le restreindre ne fait hurler personne – parce que les résultats ne seront visibles que bien des années plus tard. Donc, on restreint. Et c’est partout la même chose. Quand il faut faire des économies, on ne réduit surtout pas les subventions et les allocations. Non, on coupe dans les crédits d’investissement et d’entretien, parce que cela ne se voit pas. Et tant pis si demain les effondrements de ponts se multiplient, ou bien si les pannes sur les centrales électriques se multiplient…
[Ce qui d’autant plus doit nous faire redoubler d’effort, chacun à son niveau, pour combattre cette vague irrationnelle où les pseudos « réseaux sociaux » ont une part importante. La simplification du monde en noir ou blanc est la pire chose qui soit advenue,]
Vous me rappelez cette belle formule : « à l’affirmation « il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée », le dialecticien répond « je n’en vois pas la nécessité » ». Oui, la simplification du monde et l’irrationnalité galopante sont des fléaux. Mais pour les combattre, il faut comprendre pourquoi, après deux siècles d’illuminisme et de positivisme, on en arrive là. Si nos chaînes de télévision passent à longueur de soirées des documentaires complotistes sur le « paranormal », les « chasseurs de fantômes » et autres extraterrestres, c’est qu’il y a un public pour les regarder. Et j’ai du mal à imaginer que ce public les regarde par leur effet comique.
Pour moi, cette forme d’irrationnalité est très liée à la confiance dans le fait institutionnel. La force d’une institution tient en général à sa capacité à donner un sens au monde, à le rationnaliser. C’est même vrai pour des institutions qui à première vue reposent fondamentalement sur un dogme « irrationnel ». L’Eglise catholique n’aurait jamais eu la puissance institutionnelle qu’elle a acquise si elle n’avait pas bâti une théologie pour ordonner des croyances diverses et leur donner une cohérence « rationnelle ». Une théologie qui d’ailleurs laissait une très large place à la controverse et au débat argumentatif, donc rationnel. C’est d’ailleurs dans ces controverses et dans ces débats qu’ont été forgés les instruments intellectuels qui ont donné forme au rationalisme cartésien, puis aux Lumières.
Le rationalisme « institutionnel » explique que le monde est très complexe, au point que son appréhension rationnelle est impossible pour l’individu isolé. Seule l’institution une compréhension complète – ou du moins la plus complète possible. L’individu est donc invité à faire confiance à une forme de compréhension collective, à déférer aux « experts » dans les domaines qu’il ne domine pas. Or, une telle vision s’oppose frontalement à cet « individu-île », tout-puissant et auto-suffisant, que le capitalisme tend à constituer. Comment l’individu pourrait-il être tout-puissant dans ses choix s’il devait « déférer » à une institution ? Et c’est comme ça que des individus finissent par s’imaginer qu’ils ont la capacité de choisir entre suivre l’avis du médecin ou celui d’on ne sait quel « influenceur » sur les réseaux sociaux.
[Ce qui n’empêche nullement de faire de vrais choix.]
Oui et non. Il est rationnel de laisser certains choix à l’institution. Lorsque je vais chez le médecin, et que celui-ci me conseille de prendre un médicament, je le prends. Je peux lui demander de m’expliquer pourquoi il me le conseille, quels sont ses effets… mais je n’ai aucun moyen rationnel de dire si un autre médicament ferait mieux l’affaire. La solution la plus rationnelle est de suivre son avis. Il n’y a donc pas vraiment de « choix » que je puisse faire.
Il y a des choix qui relèvent de l’institution, et d’autres qui relèvent du citoyen. Je peux dessiner une maison conforme à mes goûts, mais si l’ingénieur me dit que la maison que j’ai conçu risque de s’effondrer, j’ai tout intérêt à suivre son avis. Je peux choisir entre plusieurs possibles, mais je n’ai pas la compétence pour dire ce qui est possible et ce qui ne l’est pas.
[La liberté individuelle, oui, mais qui ne saurait s’opposer à la sécurité sanitaire collective. Faut-il rappeler que constamment notre Révolution qui nous a fait passer de sujet à citoyens définit son domaine qui ne devrait pas « nuire à autrui » ?]
C’est bien ça le problème. Dans une société qui tend à mutualiser de plus en plus les risques, il devient difficile de faire quoi que ce soit sans « nuire à autrui ». Si la société vous assure contre la maladie, alors elle à le droit d’exiger de vous des gestes de précaution pour en réduire le coût. Si la société vous assure contre l’incendie, elle a le droit de vous imposer d’avoir un extincteur chez vous. Une société ou TOUS les risques seraient mutualisés serait une société totalitaire. A partir de là, il y a une réflexion à mener sur la part de risque qui est laissée à chacun, et celle qui, étant mutualisée, donne à la société un droit de contrôle sur ce que vous faites.