Mes chers lecteurs, et pour certains amis et collègues, tout d’abord mes meilleurs vœux de bonheur, de paix et de prospérité pour vous et tous ceux qui vous sont chers. Et qu’il nous soit donné de vivre des temps intéressants. D’ailleurs, ça semble bien parti…
Le moment est venu de faire le bilan, devenu traditionnel, de l’année écoulée sur le blog. D’autant plus traditionnel que dans deux mois – le 28 février pour être précis – ce modeste forum fêtera ses dix ans d’existence. Je n’en dis pas plus, parce que j’espère pouvoir fêter dignement l’évènement par un papier de bilan plus complet des dix ans écoulés. Je dirai simplement qu’on peut appliquer à un blog ce que Churchill écrivait à propos de l’écriture d’un livre : « au début c’est un jouet et un amusement, puis il devient une maîtresse, puis un maître, puis un tyran ».
La plus grande nouveauté 2018 sur ce blog – du moins pour ce qui concerne la forme – a été la migration depuis un hébergement assuré par Overblog vers WordPress, qui permet de disposer d’une interface beaucoup plus agréable, et de ne pas être soumis aux caprices – et aux censures – d’Overblog. Cette migration, qui s’est faite sans perte des archives anciennes, que ce soit des articles ou des commentaires, n’a été possible que grâce à la contribution d’un commentateur discret mais actif de ce blog. Qu’il soit ici chaleureusement remercié.
Mais venons aux chiffres de 2018. J’ai publié 25 papiers, contre 22 en 2017. Les échanges ont donné lieu à plus de 3000 commentaires. Le nombre d’abonnés a bondi – notamment après le passage au nouvel hébergement – pour atteindre les 400 abonnés, et la fréquentation tourne autour de 350 lecteurs uniques par jour pour quelque 1400 consultations. C’est modeste comparé à d’autres sites abordant les mêmes sujets, mais pas négligeable.
Sur le fond, je suis satisfait d’avoir gardé le cap original de ce blog, qui est de créer un espace ou l’on puisse débattre en toute liberté des questions qui intéressent le citoyen d’une République dans une confrontation qui courtoise et respectueuse, ce qui n’exclut ni la franchise, ni la passion. La quasi-totalité des commentateurs se sont pliés à cette règle, et je les en remercie. Je regrette tout de même la disparition ou la raréfaction des interventions de certains commentateurs, pour certains partis vers d’autres horizons, pour d’autres dégoutés du débat politique, pour d’autres encore pris par des obligations professionnelles. Ce blog est aussi victime du phénomène de polarisation de la société, qui fait que souvent les commentateurs cherchent plus un espace de communion pour partager une croyance commune qu’un lieu de débat où ils doivent se confronter à des opinions différentes de la leur. C’est aussi pour lutter contre ce phénomène que ce blog a été créé.
L’année 2019 s’annonce difficile pour les progressistes. Si l’on regarde notre histoire, la faiblesse du pouvoir exécutif n’annonce jamais rien de bon. Avec une crise financière à l’horizon et une construction européenne à bout de souffle, on peut se demander si les partis politiques – ou ce qui en reste – tireront finalement la conclusion qui s’impose ou s’ils feront une fois de plus bloc autour des vieilles idées devenues rassurantes à force d’être ressassées. On ne voit pas grande chose de nouveau poindre… mais on peut espérer se tromper !
Quoi qu’il en soit, permettez-moi chers lecteurs de vous renouveler mes vœux, et j’espère vous retrouver souvent en 2019 sur cet espace qui est aussi le votre.
Descartes
Bonne et heureuse année, ami et camarade !
Que 2019 voie une forte progression des défenseurs de l’indépendance et de la souveraineté nationales, notamment aux élections européennes.
Et pis la santé… ! À la votre et à celle de notre blog préféré…
Merci pour les 25 articles 2018 . Parfois je regarde les titres de vos publications et en relis un ou deux en fonction de l’actualité. Sur les énergies renouvelables dernièrement…
Je vous souhaite du temps, plein de temps pour votre blog et moins égoïstement santé et pleins de joies.
Cher Descartes,
A mon tour de vous adresser mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année, à vous ainsi qu’à tous les commentateurs du blogue et particulièrement à ceux qui sont réguliers!
Bonne année à tout le monde !
J’avais pas mal de choses à dire lors des papiers précédents, mais j’ai passé les deux dernières semaines dans une isolation relative, n’ayant accès au blog que via mon téléphone… Mais je me doute bien que ce que j’avais à ajouter ou les questions je voulais poser reviendront dans la discussion à un moment ou un autre.
J’avoue que dans mon cas, ce qui me sidère le plus ces temps-ci est l’amateurisme ambiant de l’exécutif et de la majorité, l’incompétence comme étendard et l’arrogance en bandoulière. Franchement on ne sait plus trop quoi penser, quand on a par exemple Gilles Le Gendre qui déclare des choses comme ceci « Et puis, il y a une deuxième erreur qui a été faite et dont nous portons tous la responsabilité, moi y compris. C’est le fait d’avoir été probablement trop intelligents, trop subtils. »
En tant que militant, on peut toujours argumenter contre des gens avec lesquels on n’est pas d’accord, mais qui vivent dans la même réalité que soi. Il est par contre vraiment angoissant de se retrouver face à des gens qui semblent évoluer dans une dimension parallèle…
@ BolchoKek
[J’avais pas mal de choses à dire lors des papiers précédents, mais j’ai passé les deux dernières semaines dans une isolation relative, n’ayant accès au blog que via mon téléphone…]
Heureux homme, celui qui peut s’isoler… de nos jours, c’est une possibilité rare !
[J’avoue que dans mon cas, ce qui me sidère le plus ces temps-ci est l’amateurisme ambiant de l’exécutif et de la majorité, l’incompétence comme étendard et l’arrogance en bandoulière. Franchement on ne sait plus trop quoi penser, quand on a par exemple Gilles Le Gendre qui déclare des choses comme ceci « Et puis, il y a une deuxième erreur qui a été faite et dont nous portons tous la responsabilité, moi y compris. C’est le fait d’avoir été probablement trop intelligents, trop subtils. »]
Je crois que cette remarque est très révélatrice de la manière dont fonctionnent les « classes intermédiaires » aujourd’hui. La ségrégation scolaire, sociale, géographique fait que de plus en plus les gens ne parlent qu’à des gens qui leur ressemblent. Et à force de fonctionner en circuit fermé, de ne parler qu’à des gens qui ont les mêmes références, le même langage, les mêmes intérêts, les mêmes parcours, elles oublient que le reste du monde peut avoir une sensibilité différente, que ce qui peut être un trait d’humour dans un diner de parlementaires ou dans une ronde d’amis devient offensant lorsqu’il est dit devant une audience différente.
Un politicien des années 1950 ou 1980 avait pour ses électeurs une empathie sociale qui lui interdisait de manquer le respect à ses électeurs, fussent-ils d’une classe plus modeste que la sienne. Daladier pouvait dire « les cons » en pensant aux citoyens enthousiastes qui l’ont accueilli à son retour de Munich, mais il le disait à voix basse à l’oreille de son directeur de cabinet. Il n’aurait jamais dit pareille chose dans un microphone. De Gaulle pouvait dire à l’un de ses conseillers « les français sont des veaux », il ne l’aurait jamais dit à une tribune. Il y avait des règles de décorum qui précisaient les choses « qu’on peut dire » et des choses « qu’on ne peut pas dire ».
C’est avec la génération des soixante-huitards que l’idée du politicien qui s’exprime sans filtre est devenue populaire. Le langage « de tous les jours » a donc fait son entrée non seulement à la radio et à la télévision, mais aussi en politique. Des personnalités comme Bernard Tapie ont construit une carrière politique sur une grossièreté revendiquée sous la forme de la franchise. Aujourd’hui, on est allé au bout de cette logique. Les députés, les ministres parlent – et tweetent – comme s’ils étaient assis dans leur cuisine avec un copain de leur milieu.
Plus que de l’amateurisme, c’est donc une totale absence d’empathie sociale, de capacité à se mettre à la place de l’autre.
avec mes meilleurs vœux, mes impressions sur les événements politiques français majeurs de 2018.
Paradoxalement, je ne mettrais pas l’évolution négative de la popularité de Macron en première ligne, car c’était “logique”, mais le mouvement des gilets jaunes qui a mobilisé des couches de la société qui se sont peu mobilisés publiquement jusqu’à présent. Je ferai la comparaison avec le poujadisme dans le sens ou il s’agit de couches sociales “actives”, mais qui voient leur disparition à l’horizon. Comme le poujadisme ce sera un feu de paille, car l’évolution de notre monde les condamne irrévocablement. On peut discuter du rythme, des compensations, mais c’est tout.
Autre fait politique majeur: aussi bien JLM* que MlP ne mettent plus l’abandon de l’euro comme un enjeu politique majeur des élections européennes à venir. Comme je suppose qu’ils ne sont pas idiots, cela veut dire que même pour les électeurs contestataires de droite et de gauche, ce n’est plus crédible. Dommage … dommage. Cela prépare pour les couches moyennes et inférieures un avenir bien triste, sauf si Macron réussi à transformer notre pays en “start up nation”, ce qui paraît bien peu probable.
* si tant est qu’il ait jamais soutenu clairement une telle option.
@ marc.malesherbes
[mais le mouvement des gilets jaunes qui a mobilisé des couches de la société qui se sont peu mobilisés publiquement jusqu’à présent. Je ferai la comparaison avec le poujadisme dans le sens ou il s’agit de couches sociales “actives”, mais qui voient leur disparition à l’horizon.]
Là, j’ai du mal à vous suivre. Sauf à exterminer des populations très importantes, je vois mal comment ces couches sociales pourraient « disparaître ». Moins qu’une « disparition », je vois plutôt une lente descente aux enfers, avec un appauvrissement non seulement monétaire mais aussi social, éducatif, politique. Ces gens-là ne vont pas « disparaître ». Ils seront toujours là, plus pauvres, moins éduqués, plus précaires, plus atomisés… mais auront toujours le droit de vote. Et c’est là où ces gens posent un problème politique aux « classes intermédiaires » : comment éviter que par leur vote ces gens remettent en cause la belle mécanique de la mondialisation…
[Comme le poujadisme ce sera un feu de paille, car l’évolution de notre monde les condamne irrévocablement.]
Je pense qu’il y a une erreur fondamentale dans la comparaison avec le poujadisme. Le mouvement poujadiste était un mouvement réactionnaire qui s’opposait aux transformations sociales d’un pays en pleine croissance. Oui, les petits commerçants et artisans avaient tout à craindre de la modernité industrielle, mais la société dans son ensemble en a touché les fruits. Les « gilets jaunes » apparaissent au contraire dans un pays en pleine régression sociale, économique, industrielle.
[On peut discuter du rythme, des compensations, mais c’est tout.]
Résignez-vous, résignez-vous, la fin du monde est proche…
[Autre fait politique majeur: aussi bien JLM* que MlP ne mettent plus l’abandon de l’euro comme un enjeu politique majeur des élections européennes à venir. Comme je suppose qu’ils ne sont pas idiots, cela veut dire que même pour les électeurs contestataires de droite et de gauche, ce n’est plus crédible.]
Je ne pense pas que ce soit une question de « crédibilité ». Je pense surtout que tout le monde a compris qu’évoquer la sortie de l’Euro, c’est la garantie d’avoir contre soi l’ensemble du système médiatique. Et ce système a encore une puissance considérable lorsqu’il s’agit de diaboliser un mouvement politique. Souvenez-vous le discours martelé par les pontes médiatiques lors de la présidentielle de 2017 : « Le FN a réussi sa dédiabolisation, il ne lui reste plus qu’à abandonner la sortie de l’Euro pour avoir une chance d’entrer à l’Elysée ».
Du côté de Mélenchon, la sortie de l’Euro n’a jamais figuré au programme. Et pas seulement pour une question de calcul politique : Mélenchon, il ne faut jamais l’oublier, est un fédéraliste et un maastrichien de cœur. Du côté FN, on verra quels seront les effets de cet abandon programmatique sur son électorat, et notamment cet électorat qui est venu attiré par les positions social-souverainistes de Philippot et consorts. Pour ce qui concerne les autres partis « historiques », le seul qui s’était opposé de manière consistante à l’Euro était le PCF, et cela fait de longues années que ce n’est plus le cas.
[Dommage … dommage. Cela prépare pour les couches moyennes et inférieures un avenir bien triste, sauf si Macron réussi à transformer notre pays en “start up nation”, ce qui paraît bien peu probable.]
La transformation de la France en « start-up nation » vous semble de nature à égayer l’avenir ? Pas moi, en tout cas…
La question de l’Euro est malheureusement trop technique pour servir d’argument politique dans une culture où l’homme politique a trente secondes pour s’expliquer – et qu’il y est coupé trois fois par le journaliste dans ce lapse de temps. A la rigueur, un énarque comme Philippot peut porter ce type de discours, qui nécessite d’avoir des idées claires, mais on l’a vu, le politicien moyen – au FN et ailleurs – n’est pas à ce niveau.
Certains racontent – se consolent ? – en disant que de toute façon l’Euro s’effondrera sous le poids de ses propres contradictions, et que ce n’est donc pas la peine de chercher à construire un consensus presque impossible pour une sortie ordonnée.
Bonjour Cher Descartes,
Très bonne nouvelle année à vous !
Merci pour votre engagement. C’est toujours un plaisir de vous lire !
Cordialement,
Gallus
Manquant d’inspiration pour mes vœux, j’ai décidé de vous proposer une sélection de phrases de ceux de Macron (1). Je me dis qu’un président de la République, décrit comme supérieurement intelligent et qui réfléchit pendant des jours à un discours qu’on annonce majeur, ça doit dire des choses sacrément pertinentes. Malheureusement, je doute d’être parvenu à m’en assurer…
Je me permets donc de solliciter votre aide pour bien comprendre ce qu’il a dit et donc, très certainement, en voir tout l’intérêt. 😉
« Mais nous avons aussi vécu de grands déchirements et une colère a éclaté, qui venait de loin […] colère contre un système administratif devenu trop complexe et manquant de bienveillance »
Ce ne sont pas plutôt des propos de Carlos Ghosn sur le système japonais ? Car je n’ai pas entendu parler pas de ça chez les gilets jaunes… Et d’ailleurs, qu’est-ce au juste qu’un système administratif « bienveillant » ?
« On ne peut pas travailler moins, gagner plus, baisser nos impôts et accroître nos dépenses »
Il considère que le progrès c’est fini et nous l’annonce ?
« on ne paye pas ou presque la scolarité de nos enfants »
Car les écoles et les enseignants poussent sur les arbres ?
« Et, surtout qu’on puisse vivre en sécurité et tranquillité partout. J’y veillerai personnellement et chaque jour. »
Qu’y-a-t-il de rassurant à se voir promettre la protection « personnelle » d’une personne peinant à assurer sa propre sécurité, hormis en sortant furtivement deux minutes à Saint-Trop ?
« Le peuple est souverain. Il s’exprime lors des élections. Il y choisit des représentants qui font la loi précisément parce que nous sommes un Etat de droit. »
Il est pourtant possible d’être un « État de droit » sans que la population n’ait son mot à dire sur ceux qui décident des lois ?
Macron n’ayant pas aidé (et je crois qu’il y a peu de chance qu’il aide volontairement à quoi que ce soit de bon), je vais faire dans le classique en vous souhaitant, ainsi qu’à tous les lecteurs et/ou commentateurs, tous mes vœux pour vous et vos proches.
Et comme vous le dites, l’année 2019 s’annonce bien plus intéressante que 2018 qui promettait une n-ième année dont on avait l’impression d’avoir déjà vu le film. Le problème étant, comme vous semblez le sous-entendre, qu’« intéressante » ne rime pas forcément avec « aller dans le bon sens » !
(1) https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2018/12/31/voeux-aux-francais-2019
@ bip
[Je me permets donc de solliciter votre aide pour bien comprendre ce qu’il a dit et donc, très certainement, en voir tout l’intérêt.]
Je vous avoue qu’en écoutant le discours, je me suis demandé surtout quel était le public qu’il visait. Je pense qu’il ne faut pas le regarder comme un discours adressé au pays tout entier : si l’effet recherché est le consensus, on évite soigneusement de parler des choses qui fâchent, ce qui n’est tout de même pas très difficile à faire dans un discours de vœux, qui est un exercice formellement cadré. Personne ne s’attend à ce que le président parle politique, et non peut parfaitement se contenter du classique « je pense à ceux qui sont seuls, je pense à ceux qui sont dans le besoin…. »
Non, le discours de Macron était à mon avis adressé à ses propres troupes, à son propre électorat, qui pouvait être inquiet d’un changement de cap ou d’un blocage des « réformes » qui l’intéressent. L’annonce qu’on continue dans la même direction, la stigmatisation des « foules haineuses » rentre bien dans ce cadre.
[« Mais nous avons aussi vécu de grands déchirements et une colère a éclaté, qui venait de loin […] colère contre un système administratif devenu trop complexe et manquant de bienveillance » Ce ne sont pas plutôt des propos de Carlos Ghosn sur le système japonais ? Car je n’ai pas entendu parler pas de ça chez les gilets jaunes… Et d’ailleurs, qu’est-ce au juste qu’un système administratif « bienveillant » ?]
Ce genre de formule va dans le sens de l’analyse que j’ai faite plus haut. La question de la « bienveillance » de l’administration est un cheval de bataille de l’électorat macronien. Par « bienveillance », il faut comprendre « moins de contrôles, pas de sanctions », bien entendu. Un vieux rêve du patronat… mais quelque chose qui ne parle pas du tout aux « gilets jaunes » et plus largement aux couches populaires. Le sujet n’est d’ailleurs jamais sorti dans les cahiers de revendications.
[« On ne peut pas travailler moins, gagner plus, baisser nos impôts et accroître nos dépenses » Il considère que le progrès c’est fini et nous l’annonce ?]
Mais surtout, qui c’est ce « on » ? Parce que grâce à la politique fiscale du gouvernement les actionnaires « gagnent plus » et je n’ai pas l’impression que leur temps de travail ait beaucoup augmenté. Le raisonnement macronien déguise sous ce « on » indifférencié le fait que si tous les citoyens sont égaux, certains sont beaucoup plus égaux que les autres.
[« Et, surtout qu’on puisse vivre en sécurité et tranquillité partout. J’y veillerai personnellement et chaque jour. » Qu’y-a-t-il de rassurant à se voir promettre la protection « personnelle » d’une personne peinant à assurer sa propre sécurité, hormis en sortant furtivement deux minutes à Saint-Trop ?]
Effectivement, on peut se demander ce que cela veut dire pour un président de la République de veiller « personnellement » sur la sécurité de ses concitoyens.
[« Le peuple est souverain. Il s’exprime lors des élections. Il y choisit des représentants qui font la loi précisément parce que nous sommes un Etat de droit. » Il est pourtant possible d’être un « État de droit » sans que la population n’ait son mot à dire sur ceux qui décident des lois ?]
Cette expression du président est intéressante parce qu’elle révèle une conception précise de ce la démocratie. Le peuple ne s’exprime que lors des élections. La participation aux activités des partis politiques, la pétition, la manifestation, l’insurrection même ne constituent pas pour Macron des expressions du peuple souverain…
[Le problème étant, comme vous semblez le sous-entendre, qu’« intéressante » ne rime pas forcément avec « aller dans le bon sens » !]
Non, bien sur. Mais au moins, on ne s’ennuie pas !
@Descartes
> La question de la « bienveillance » de l’administration est un cheval de bataille de
> l’électorat macronien. (…) Un vieux rêve du patronat… mais quelque chose qui ne
> parle pas du tout aux « gilets jaunes » et plus largement aux couches populaires. Le
> sujet n’est d’ailleurs jamais sorti dans les cahiers de revendications.
Cela me rappelle un autre point. Dans la période du mouvement des gilets jaunes, on percevait très bien que les éléments de langage de LREM et de l’UMP était :
“il s’agit d’un mouvement de provinciaux qui se révoltent contre Paris. Je les comprends, il faut en effet que Paris cesse de vouloir tout diriger, et il faut donc que les problèmes vécus par les français, qui sont des problèmes locaux, soient traités localement, au plus près et au cas par cas”.
En bref, en réponse à un problème qui était celui des zones délaissées par la collectivité, on répond qu’il faut plus de décentralisation, c’est à dire les régions riches qui gèrent leurs problèmes de riches avec leurs moyens de riches, et les régions pauvres qui gèrent leurs problèmes de pauvres avec leurs pauvres moyens.
Ici encore, il s’agit de rebondir sur le mouvement, pour le retourner et proposer en face d’un problème qui est effectivement territorial, une solution qui aura pour conséquence d’aggraver les déséquilibres !
@ Vincent
[Cela me rappelle un autre point. Dans la période du mouvement des gilets jaunes, on percevait très bien que les éléments de langage de LREM et de l’UMP était : “il s’agit d’un mouvement de provinciaux qui se révoltent contre Paris. Je les comprends, il faut en effet que Paris cesse de vouloir tout diriger, et il faut donc que les problèmes vécus par les français, qui sont des problèmes locaux, soient traités localement, au plus près et au cas par cas”.]
Votre observation est très intéressante. Trente-cinq ans de décentralisation qui a transformé les maires et les présidents des différentes collectivités territoriales en potentats locaux ayant à leur disposition des crédits importants et des administrations pléthoriques. Et pourtant, lorsque les gens veulent qu’on s’occupe vraiment de leurs problèmes ils s’adressent toujours au pouvoir central et à ses représentants locaux – les préfets. Si les gens pensaient que leurs problèmes sont « locaux » et « devraient être traités localement », ils manifesteraient devant le conseil régional, le conseil départemental, le siège de l’intercommunalité ou de la métropole, la mairie. Or, qu’est ce qu’on observe ? Que les « gilets jaunes » se foutent éperdument de l’échelon local. Qu’ils n’y font même pas référence dans leurs revendications. Leurs problèmes, ils veulent les voir traités par l’Etat central. Et lorsqu’ils ne sont pas contents, c’est la démission du Président qu’ils exigent, pas celle du président de région ou du maire.
De la même manière que les macronistes « plaquent » sur le mouvement leur fantasme d’une « administration bienveillante », c’est en fait la maffia des élus locaux qui invente cette revendication de voir « traiter localement les problèmes des français » parce qu’ils y voient une opportunité de soutirer encore plus de pouvoir, de compétences, de budgets, de personnels.
Il est vrai qu’on ne va pas s’ennuyer en 2019
Macron devant le Parlement européen le 17 avril 2018 :
«Il faut entendre la colère des peuples d’Europe aujourd’hui, certains nous disent avec aplomb que les peuples ne veulent plus de l’Europe. Ce n’est pas le peuple qui a abandonné l’idée européenne c’est la trahison des clercs».
Et puisque tous nos politiciens ne pensent qu’aux européennes à venir
Macron : son discours ”Initiative pour l’Europe”du 26 septembre 2017 à la Sorbonne
«Nous devons refonder le projet européen, par et avec le peuple, avec une exigence démocratique beaucoup plus forte qu’une simple question binaire (…) au lieu de demander, en fin de course, perclus de fantasmes et d’incompréhension, si c’est oui ou si c’est non, sur un texte illisible, écrit dans le secret, organisons un débat ouvert, libre, transparent, européen pour construire ce projet qui donne enfin un contenu et un enjeu à nos élections européennes de 2019».
«Je défends, pour 2019, des listes transnationales qui permettront aux Européens de voter pour un projet cohérent et commun. (…) Et je souhaite qu’aux élections suivantes, le vrai pas en avant puisse être que la moitié du Parlement européen soit élue sur ces listes transnationales».
«Nous ne pourrons pas continuer avec une Commission à près de 30 membres, comme si chacun devait veiller aux intérêts de son pays. Ce n’est ni le sens, ni l’esprit du projet européen. Une Commission de 15 membres devra être notre horizon et pour avancer, soyons simples : que les grands pays fondateurs renoncent à leurs commissaires pour commencer ! Nous donnerons l’exemple. Cela permettra de rassembler les compétences, plutôt que de les fragmenter».
@ PenArBed
[Macron : son discours ”Initiative pour l’Europe”du 26 septembre 2017 à la Sorbonne
«Nous devons refonder le projet européen, par et avec le peuple, avec une exigence démocratique beaucoup plus forte qu’une simple question binaire (…) au lieu de demander, en fin de course, perclus de fantasmes et d’incompréhension, si c’est oui ou si c’est non, sur un texte illisible, écrit dans le secret, organisons un débat ouvert, libre, transparent, européen pour construire ce projet qui donne enfin un contenu et un enjeu à nos élections européennes de 2019».]
C’est fou ce que Macron – dont le style de direction, que ce soit à LREM ou à l’Elysée est d’une verticalité rarement vue dans nos contrées – devient un homme de « débats ouverts, libres et transparents » dès qu’il est devant les microphones. Tiens, son projet présidentiel, est-il issu d’un « débat ouvert, libre et transparent » chez les « marcheurs » ? Non. A-t-il lancé un « débat ouvert, libre et transparent » avant de faire passer ses « réformes » ? Non plus. Et pourtant, chaque fois qu’il sent que ça brûle, il nous propose un « grand débat »…
[«Je défends, pour 2019, des listes transnationales qui permettront aux Européens de voter pour un projet cohérent et commun. (…) Et je souhaite qu’aux élections suivantes, le vrai pas en avant puisse être que la moitié du Parlement européen soit élue sur ces listes transnationales».]
Tiens, juste pour rigoler… dans quelle langue seront rédigées les professions de foi de ces « listes transnationales » ? En cas de conflit entre les différentes traductions, laquelle fera foi ? Dans quelle langue se feront les débats électoraux entre les différentes listes (car il n’y a aucune raison pour que les têtes de liste soient toutes issues du même pays…) ?
[«Nous ne pourrons pas continuer avec une Commission à près de 30 membres, comme si chacun devait veiller aux intérêts de son pays. Ce n’est ni le sens, ni l’esprit du projet européen. Une Commission de 15 membres devra être notre horizon et pour avancer, soyons simples : que les grands pays fondateurs renoncent à leurs commissaires pour commencer ! Nous donnerons l’exemple. Cela permettra de rassembler les compétences, plutôt que de les fragmenter».]
Voilà une idée qu’elle est bonne, si on veut faire que les citoyens européens se sentent plus représentés dans leurs institutions. Nul doute que les Allemands se sentiront bien plus à l’aise avec une commission ou personne connaissant intimement leur pays n’est présente en séance. Remarquez, quand on voit ce que font nos commissaires à Bruxelles, on se dit que les intérêts de la France ne seront pas moins bien représentés s’ils n’étaient pas là.
@Descartes
Meilleurs vœux,à vous,à qui je souhaite exprimer ma reconnaissance.
Votre blog,ouvert,bienveillant,est digne du meilleur.
A propos de la prospective concernant 2019,je suis plus optimiste que vous.
Au final de 2018,il me semble que le rapport de force,a vacillé, pour les gilets jaunes,non?
C’est vrai que les vœux de Macron,debout annonçant une période de débats,ont peut-être,entamés la détermination des contestataires,aux 10 morts?
mais quel beau réveillon nous eûmes grâce aux gilets jaunes,ça valait le coup d’être encore vivant pour voir les dépits des L(a)RM,non?
Je vous souhaite de passer une excellente année, Descartes.
Merci également aux commentateurs, qui donnent souvent lieu à des échanges fort intéressants.
Bonjour,
Bonne et heureuse année à vous, Descartes, et à tous les commentateurs, ainsi qu’aux lecteurs qui ne commentent pas.
Personnellement, j’ai du mal à croire que 2019 sera une année intéressante. Les élections européennes n’ont pas de réels enjeux. Je pense même que pour la 1ère fois depuis 15 ans, je n’irai pas voter. Fatigué que ça ne serve à rien.
Les municipales de 2020 seront certainement bien plus intéressantes. On pourrait enfin récolter les fruits de deux ou trois décennies de communautarisme et d’antiracisme repentant. Il se dit ici ou là que certains, jusque dans les couloirs du ministère de l’Intérieur, s’inquiète de la possible élection de maires salafistes. Le Point et le Figaro soulignent que les suppôts d’Erdogan essaient de mettre la main sur les musulmans de France (le CFCM est présidé déjà par un Turc). Un parti politique essaie de se structurer pour récupérer le vote communautaire. Même si à mon avis les “10 à 15 % de voix” qu’espère à terme obtenir cette formation sont un objectif trop ambitieux, on ne saurait exclure des succès (pour ne pas dire des conquêtes) locaux.
Bref, les raisons qui m’ont poussé à tourner le dos à la République sont toujours là: l’Etat protège – encore pour quelques temps du moins – ma personne et mes biens, mais il a renoncé à défendre ma culture et mon identité. Or ma culture et mon identité ne sont pas n’importe lesquelles: c’est la culture nationale, c’est l’identité française. Du jour où la République a renoncé à défendre l’unité, la souveraineté et l’identité de ce pays pour se contenter de gérer la diversité dans l’optique de bâtir (ou plutôt de laisser s’installer) un paradis multiculturel, pluriethnique, multiconfessionnel, elle a pour moi tué la France. Dans tout le monde occidental, je le crains, les identités nationales s’étiolent avec le déclin, démographique et culturel, des populations de race blanche. On le voit aux Etats-Unis, où une bonne partie des “petits blancs” des zones rurales ou des régions désindustrialisées de la “rust belt” ont sombré dans le désespoir, à tel point que les suicides et overdoses ont fait baisser l’espérance de vie.
L’élection de Trump aux Etats-Unis et peut-être le mouvement des gilets jaunes en France sont des formes de réaction, mais qui selon moi traduisent davantage la détresse de populations déboussolées, confrontées à l’insécurité économique et culturelle, que la foi dans une hypothétique amélioration. Ni Trump, ni les gilets jaunes ne disposent du pouvoir médiatique et économique, et dans le cadre de la mondialisation, je crains que le véritable pouvoir se trouve davantage dans les gratte-ciel de Manhattan qu’à la Maison Blanche. Trump et les gilets jaunes font peur, indéniablement, ils peuvent peut-être freiner un temps la descente aux enfers des populations sinistrées, mais peuvent-ils réellement inverser la tendance? Je pense que Trump a une réelle volonté de contenter son électorat dont il a compris les revendications, mais que pourra-t-il faire au final?
Bon, comme d’habitude, je m’étais promis de faire court…
Je réitère mes meilleurs voeux à tous.
@ nationaliste-ethniciste
[Personnellement, j’ai du mal à croire que 2019 sera une année intéressante. Les élections européennes n’ont pas de réels enjeux. Je pense même que pour la 1ère fois depuis 15 ans, je n’irai pas voter. Fatigué que ça ne serve à rien.]
Voter aux européennes ne sert pas à grande chose, il est vrai. Mais je pense que le débat qui les préparera pourrait être intéressant, précisément parce que l’élection n’ayant pas de véritable enjeu elle permet de soulever des problématiques intéressantes. Mais si le pire n’est pas sûr, le meilleur ne l’est pas non plus, et je vous accorde que pour le moment le conformisme du discours des principales organisations politiques ne présage rien de bien passionnant.
[Les municipales de 2020 seront certainement bien plus intéressantes. On pourrait enfin récolter les fruits de deux ou trois décennies de communautarisme et d’antiracisme repentant. Il se dit ici ou là que certains, jusque dans les couloirs du ministère de l’Intérieur, s’inquiète de la possible élection de maires salafistes. Le Point et le Figaro soulignent que les suppôts d’Erdogan essaient de mettre la main sur les musulmans de France (le CFCM est présidé déjà par un Turc).]
Je pense que la possibilité que des « maires salafistes » soient élus fait partie des croquemitaines que des publications comme Le Point ou Le Figaro utilisent pour faire peur au bon peuple. Je pense que les activistes musulmans ont bien compris que la forme de nos institutions et la tradition politique française – que les immigrés ont bien plus intégré qu’on ne le pense – rendent très difficile l’installation d’un mouvement communautaire ou religieux dans le paysage politique. C’est d’ailleurs pourquoi les rares tentatives de faire rentrer le fait communautaire dans la sphère politique – comme le « Parti des musulmans de France » – se sont invariablement cassées la gueule.
[Bref, les raisons qui m’ont poussé à tourner le dos à la République sont toujours là: l’Etat protège – encore pour quelques temps du moins – ma personne et mes biens, mais il a renoncé à défendre ma culture et mon identité.]
Je pense que vous faites de la République un bouc émissaire d’un processus dans lequel elle n’a qu’une responsabilité secondaire. Les monarchies constitutionnelles comme la Grande Bretagne ou les Pays-Bas sont bien plus « diversitaires » que notre bonne vieille République française… Je ne pense pas que ce soit la République ou l’Etat qui aient « renoncé à défendre votre culture ou votre identité ». Cette renonciation est une renonciation politique.
[Or ma culture et mon identité ne sont pas n’importe lesquelles: c’est la culture nationale, c’est l’identité française. Du jour où la République a renoncé à défendre l’unité, la souveraineté et l’identité de ce pays pour se contenter de gérer la diversité dans l’optique de bâtir (ou plutôt de laisser s’installer) un paradis multiculturel, pluriethnique, multiconfessionnel, elle a pour moi tué la France.]
La France en a vu d’autres… je pense qu’il ne faut pas confondre l’apparence avec la substance. Le projet « diversitaire » est hautement visible, parce qu’il est porté par les couches sociales qui possèdent tous les mégaphones. Mais il reste une France invisible bien plus nombreuse, qui conserve largement intouchée cette « culture nationale » à laquelle vous faites référence. Je regrette comme vous le fait que cette culture ne soit plus la culture des « classes intermédiaires », qui lui doivent pourtant leur promotion. Mais cela ne veut pas dire qu’il faille donner cette culture pour morte.
[L’élection de Trump aux Etats-Unis et peut-être le mouvement des gilets jaunes en France sont des formes de réaction, mais qui selon moi traduisent davantage la détresse de populations déboussolées, confrontées à l’insécurité économique et culturelle, que la foi dans une hypothétique amélioration.]
Certainement. Pour le moment, on ne trouve pas de véritable idéologie qui puisse transformer cette détresse en projet. Et c’est logique : la domination totale du champ idéologique par les « classes intermédiaires » fait que la fabrique des idées tourne au bénéfice exclusif de ces couches sociales. Le XIXème siècle avait des « traîtres à leur classe » comme Marx et Engels, au XXIème siècle c’est encore à venir.
[Je réitère mes meilleurs voeux à tous.]
Mes meilleurs vœux pour vous aussi ! Je vous souhaite d’avoir tort !
> Le XIXème siècle avait des « traîtres à leur classe » comme Marx et Engels,
> au XXIème siècle c’est encore à venir.
Ne vous considérez vous pas personnellement comme un traitre à votre classe ? (je suppose que vous vous classez économiquement dans votre définition de la classe moyenne ?).
Personnellement, je me considère comme tel… Du moins j’espère l’être…
@ Vincent
[Ne vous considérez vous pas personnellement comme un traitre à votre classe ?]
Sans doute… mais je n’ai pas le talent d’un Marx ou d’un Engels ! 😉
>> Ne vous considérez vous pas personnellement comme un
>> traitre à votre classe ?
> Sans doute… mais je n’ai pas le talent d’un Marx ou d’un Engels ! 😉
Vous n’êtes pas le seul traitre à votre classe, loin de là. Philippot, Guaino, ou Chevènement, par exemple, me semble aussi être de bons traitre, pour parler de personnages publics.
Vous me direz qu’aucun d’entre eux n’a le talent de Marx. Je n’en suis pas si certain. Mais peu importe à la rigueur, que les traitres à leur classe aient un talent extraordinaire. Ce qui compte, c’est qu’ils soient d’un niveau suffisante pour pouvoir tenir la comparaison(intellectuellement) avec les défenseurs de leur classe.
Et quand on voit ce qu’il y a en face… Ce ne sont pas des Castaner, Wauquiez, ou autres Moscovici qui pourront les écraser par leur envergure ou leur intelligence… Je crois que la baisse de niveau des politiciens est patente ; si cela n’épargne peut être pas les traitre à leur classe, ceux ci ne sont certainement pas intellectuellement déclassés par ceux qui sont restés dans la doxa !
@ Vincent
[Vous n’êtes pas le seul traitre à votre classe, loin de là. Philippot, Guaino, ou Chevènement, par exemple, me semble aussi être de bons traitre, pour parler de personnages publics.]
Certes… mais malheureusement, des traîtres qui restent assez isolés…
[Vous me direz qu’aucun d’entre eux n’a le talent de Marx. Je n’en suis pas si certain. Mais peu importe à la rigueur, que les traitres à leur classe aient un talent extraordinaire. Ce qui compte, c’est qu’ils soient d’un niveau suffisant pour pouvoir tenir la comparaison (intellectuellement) avec les défenseurs de leur classe.]
De ce point de vue, on tient la comparaison je pense… mais cela ne suffit pas. Aujourd’hui, le camp progressiste n’a pas à sa disposition un théoricien majeur, à la fois économiste, sociologue et philosophe capable d’énoncer une théorie révolutionnaire comme le fit Marx en son temps. C’est parce que cette théorie nous manque que nous sommes obligés de penser dans les termes et avec les concepts de la théorie dominante. Ou alors essayer d’actualiser la théorie marxiste en inventant de nouvelles catégories pour tenir compte de ce qui a changé en un siècle et demi, comme j’essaye modestement de le faire sur ce blog.
@Vincent, Descartes
> Philippot, Guaino, ou Chevènement, par exemple, me semble aussi être de bons traitre, pour parler de personnages publics.
Chevènement peut-être, dans sa jeunesse socialiste à tout le moins… Les deux autres, je ne comprends pas en quoi. Philippot et Guaino ne font pas d’analyse de classe, ils voient le monde à travers un prisme gaulliste qui leur fait théoriser un intérêt général ou national qui surplomberait les particularismes de la société. Il n’est d’ailleurs pas évident que la victoire de leurs idées politiques ferait courir un risque à leurs intérêts matériels personnels (ce qui pose le problème, AMHA, de la pertinence de cette catégorie « classes intermédiaires », si la communauté d’intérêts n’y est pas avérée). Les deux sont hauts fonctionnaires et on ne peut pas dire que l’idéologie des « classes intermédiaires » soit en leur faveur…
Je pense qu’il faut distinguer un « traître » marxiste ou socialiste, qui décide de rallier les intérêts de la classe ouvrière (avec tous les risques que cela représente pour sa propre classe), d’un gaulliste jacobin dont la position consiste à se distancier des intérêts immédiats de chaque classe (y compris la sienne propre, mais pas que) au profit d’un long terme historique et national.
Il y a par ailleurs des marxistes jacobins pétris de sentiment historique comme notre hôte, ce qui complique un peu la tâche 🙂
PS : Guaino vient d’un milieu populaire, ce qui ferait au mieux de lui un « demi-traître » ?
@ Antoine
[Chevènement peut-être, dans sa jeunesse socialiste à tout le moins… Les deux autres, je ne comprends pas en quoi. Philippot et Guaino ne font pas d’analyse de classe, ils voient le monde à travers un prisme gaulliste qui leur fait théoriser un intérêt général ou national qui surplomberait les particularismes de la société.]
Certes. Mais ce n’est pas – et c’est le moins qu’on puisse dire – l’idéologie adoptée aujourd’hui par leur classe sociale. Pire, lorsqu’elle est exprimée par Philippot ou Guaino, elle est dénoncée par l’ensemble des porte-voix de leur classe. Pourquoi, à votre avis ? Il ne me semble pas irrationnel de penser que si l’un et l’autre sont traités comme des parias c’est parce que leur idéologie « gaulliste » non seulement va contre les intérêts de leur classe, mais parce qu’elle est en plus dangereuse pour eux.
La question est donc de savoir si pour être « traitre à sa classe » il faut une intention de nuire à sa classe, ou si le simple fait objectif d’attaquer ses positions suffit. Si l’on choisit la première option, alors vous avez raison : Guaino et Philippot ne sont pas stricto sensu « traîtres à leur classe ». Mais si vous prenez la seconde – et c’est le sens qu’on a généralement donné à l’expression, la conclusion serait différente.
[Il n’est d’ailleurs pas évident que la victoire de leurs idées politiques ferait courir un risque à leurs intérêts matériels personnels (ce qui pose le problème, AMHA, de la pertinence de cette catégorie « classes intermédiaires », si la communauté d’intérêts n’y est pas avérée).]
Je vous avoue que mon utilisation du terme « traître à leur classe » était plus ironique que autre chose. Dans une analyse rigoureuse, je ne suis pas persuadé qu’on puisse classer Guaino ou Philippot dans les « classes intermédiaires ». Ce sont des hauts fonctionnaires « à l’ancienne » qui ne cherchent pas à utiliser leur pouvoir de négociation pour améliorer leur salaire en faisant par exemple un tour dans le privé. En tant que fonctionnaires, leur pouvoir de négociation dans la fonction publique est nul.
[Les deux sont hauts fonctionnaires et on ne peut pas dire que l’idéologie des « classes intermédiaires » soit en leur faveur…]
Tout à fait. Mais il faut dire qu’ils appartiennent l’un et l’autre à un groupe résiduel, celui des hauts fonctionnaires à l’ancienne mode, qui ne font pas un tour dans le privé et n’utilisent pas à fond leur pouvoir de négociation pour faire de l’argent. On peut se demander jusqu’à quel point ils sont membres des « classes intermédiaires »… ce qui conduirait évidement à réviser l’idée de « traîtres à leur classe ».
[Je pense qu’il faut distinguer un « traître » marxiste ou socialiste, qui décide de rallier les intérêts de la classe ouvrière (avec tous les risques que cela représente pour sa propre classe), d’un gaulliste jacobin dont la position consiste à se distancier des intérêts immédiats de chaque classe (y compris la sienne propre, mais pas que) au profit d’un long terme historique et national.]
Là, je ne suis absolument pas d’accord. Une idéologie ne surgit jamais comme objet social par hasard : elle est la manifestation d’un intérêt collectif, en général d’un intérêt de classe. La volonté gaullienne d’inventer une idéologie qui soit non pas celle de tel ou tel intérêt mais celle de la nation toute entière est une illusion, très noble, mais sans réalisation possible. Si l’idéologie gaulliste a réussi à faire illusion, c’est parce que pendant une période de temps – finalement assez courte – elle a correspondu à un compromis possible entre les intérêts de la bourgeoisie nationale, des « classes intermédiaires » et ceux des couches populaires. Mais dès lors que le contexte économique – celui de la croissance forte – qui avait permis ce compromis a changé, les intérêts sont redevenus antagoniques : ceux des « classes intermédiaires » et de la bourgeoisie se sont opposés à ceux des couches populaires, et mongénéral a été obligé de partir à Colombey.
[PS : Guaino vient d’un milieu populaire, ce qui ferait au mieux de lui un « demi-traître » ?]
Ca fait penser à la formule de Clemenceau : « pour les traîtres, douze balles dans la peau, pour les demi-traîtres, six balles suffiront ».
@Descartes
> Dans une analyse rigoureuse, je ne suis pas persuadé qu’on puisse classer Guaino ou Philippot dans les « classes intermédiaires ». Ce sont des hauts fonctionnaires « à l’ancienne » qui ne cherchent pas à utiliser leur pouvoir de négociation pour améliorer leur salaire en faisant par exemple un tour dans le privé.
Mais alors, dans quelle classe les classeriez-vous ? Jusqu’ici, vous avez présenté votre théorie comme une sorte de tripartition de la société qui complète la classification marxienne (bourgeois et prolétaires) par une troisième classe que vous nommez « intermédiaire » (ou auparavant « moyenne »). Y a-t-il des groupes sociaux qui sont en-dehors de cette tripartition ?
Par ailleurs, je suis un peu étonné de vous voir mettre « classes intermédiaires » au pluriel (comme on dit « classes moyennes » dans le langage courant ou sociologique). Faut-il y voir l’idée qu’il y a en réalité plusieurs « classes » intermédiaires (au sens marxien) et que l’analyse doit être reprise en ce sens afin de distinguer les positions de ces différents classes « intermédiaires » dans le système productif ? Sur quel critère serait basée une telle classification plus fine ?
J’espère que cela ne vous dérange pas qu’on pousse votre système dans ses retranchements. Cela me paraît nécessaire.
@ Antoine
[« Dans une analyse rigoureuse, je ne suis pas persuadé qu’on puisse classer Guaino ou Philippot dans les « classes intermédiaires ». Ce sont des hauts fonctionnaires « à l’ancienne » qui ne cherchent pas à utiliser leur pouvoir de négociation pour améliorer leur salaire en faisant par exemple un tour dans le privé. » Mais alors, dans quelle classe les classeriez-vous ?]
Les classifications sont là pour constituer conceptuellement des ensembles cohérents à partir d’individus abstraits. Mais il est vain de chercher à y faire entrer chaque individu concret. Il y a toujours des individus qui, ayant les attributs de l’une et de l’autre classe, resteront au milieu, de la même manière que dans les classifications zoologiques il y a des êtres qu’on hésite à classer entre les végétaux et les animaux. Un Guaino ou un Philippot sont des personnages atypiques. Ils ont le pouvoir de négociation qui permettrait de les classer parmi les « classes intermédiaires », mais dans les faits ils choisissent de ne pas les utiliser. Comment interpréter ce fait ? Un bourgeois qui distribuerait le capital de son entreprise entre ses ouvriers – comme le fit naguère Godin – reste-t-il un bourgeois ? Devient-il un prolétaire ? La théorie ne fournit pas la réponse, et ce n’est pas trop grave. Parce que de telles personnalités restent numériquement marginales.
[Jusqu’ici, vous avez présenté votre théorie comme une sorte de tripartition de la société qui complète la classification marxienne (bourgeois et prolétaires) par une troisième classe que vous nommez « intermédiaire » (ou auparavant « moyenne »). Y a-t-il des groupes sociaux qui sont en-dehors de cette tripartition ?]
Bien entendu. Marx lui-même ne pensait pas que la division en classes qu’il proposait fut exhaustive, et il fait référence à d’autres groupes qui ne sont pas des classes (le lumpenprolétariat, par exemple).
[Par ailleurs, je suis un peu étonné de vous voir mettre « classes intermédiaires » au pluriel (comme on dit « classes moyennes » dans le langage courant ou sociologique). Faut-il y voir l’idée qu’il y a en réalité plusieurs « classes » intermédiaires (au sens marxien) et que l’analyse doit être reprise en ce sens afin de distinguer les positions de ces différents classes « intermédiaires » dans le système productif ? Sur quel critère serait basée une telle classification plus fine ?]
Non, bien entendu. Je postule au contraire l’unité des « classes intermédiaires ». Le pluriel n’est qu’un abus de langage.
[J’espère que cela ne vous dérange pas qu’on pousse votre système dans ses retranchements. Cela me paraît nécessaire.]
Cela ne me dérange nullement, au contraire. Mon « système » n’est qu’une théorie, que j’essaye de construire à partir de l’observation. N’étant ni sociologue, ni philosophe, ni historien, je ne prétends pas avoir construit quelque chose de très savant ou de scientifiquement complet. C’est grâce à des gens comme vous qui remettent en cause tel ou tel point obscur, qui pointent telle ou telle contradiction que j’ai pu compléter, modifier, raffiner cette théorie au point où elle commence à ressembler à quelque chose !
@Descartes
En lisant cette conversation, il me vient une inspiration, qui expliquerait pourquoi vos classes ne passent pas bien : les appellations de classes intermédiaires (et à forcerie classes moyennes) ne correspondent pas à la manière dont les membres de ces classes se vivent.
Ils se vivent en effet plus comme de la petite bourgeoisie, ou aspirant à vivre comme tels.
Peut être une appellation comme “classes aisées” passerait mieux.
Cela donnerait (si je comprends tout bien) :
– bourgeoisie (qu’il serait bien aussi de renommer, par exemple “bourgeoisie de rente) : ceux qui, de par leur position, réussissent à gagner plus que leur stricte valeur ajoutée ; la rente peut être une rente de situation, financière…
– classes aisées : dont le pouvoir de négociation leur permet de se faire rémunérer à la hauteur de leurs qualifications (cette définition est à retravailler, car pour moi un haut fonctionnaire rentre dedans),
– nouveau prolétariat : ceux qui ne sont pas en situation de négocier, mais ont un emploi stable, et une large partie des zones périurbaines, qui se trouvent dans cette situation du fait du manque d’activité économique,
– nouveau lumpen : ceux qui sont uberisés, qui n’ont même pas la sécurité de l’emploi, les intérimaires, et une large partie de nos banlieues de grandes villes.
Qu’en pensez vous ?
@ Vincent
[En lisant cette conversation, il me vient une inspiration, qui expliquerait pourquoi vos classes ne passent pas bien : les appellations de classes intermédiaires (et à fortiori classes moyennes) ne correspondent pas à la manière dont les membres de ces classes se vivent.]
Mais pourquoi dites-vous que « mes classes » ne passent pas ? Je pense au contraire que les appellations comme « moyennes » ou « intermédiaires » conviennent parfaitement aux membres de ces classes. Et je pense qu’elles correspondent parfaitement à la manière dont ces classes « se vivent ». En effet, les « classes moyennes » ont deux terreurs : la première, de retomber vers les couches populaires, la seconde, d’être assimilées aux méchants exploiteurs. La logique de « ni prolétariat, ni bourgeoise » leur va donc comme un gant.
[Ils se vivent en effet plus comme de la petite bourgeoisie, ou aspirant à vivre comme tels. Peut être une appellation comme “classes aisées” passerait mieux.]
Certainement pas. La dernière chose que les « classes moyennes » ont envie d’entendre, c’est le fait qu’elles sont « aisées ». Elles consacrent au contraire un considérable effort à mettre en scène l’idée qu’elles arrivent à peine à joindre les deux bouts – ce qui leur permet de se poser en porte-paroles du « 99% ». Et vous pensez qu’elles accepteraient mieux de se voir traitées de « classes aisées » ?
J’ai une autre raison pour ne pas accepter ce terme : parler de « classes aisées » impliquerait de rattacher leur statut non pas à leur place dans le mode de production, mais à leur revenu. Or, comme vous l’aurez noté, il y a parmi les représentants des “classes intermédiaires” des gens nettement plus “aisés” que d’autres…
voter aux européennes ne sert pas à grand chose? mais alors pourquoi le RN est sur les rangs et les Patriotes se sont alliés aux Gilets Jaunes (enfin… ceux qui voudront bien se lancer)? croyez vous que ce ne soit que pour percevoir d’énormes indemnités?
j’espère que vous n’allez pas encore vous renier et que vous allez continuer sur votre lancée de mai 2017!
@ patriote
[voter aux européennes ne sert pas à grand chose?]
Au sens où le vote peut changer les choses à Bruxelles, je persiste : ça ne sert à rien. Le Parlement européen est une institution totalement inutile. Par construction, il est contrôlé par les eurolâtres. Son organisation empêche tout véritable débat parlementaire. Quand bien même les eurosceptiques feraient un excellent résultat, cela ne changerait strictement rien.
[mais alors pourquoi le RN est sur les rangs et les Patriotes se sont alliés aux Gilets Jaunes (enfin… ceux qui voudront bien se lancer)? croyez vous que ce ne soit que pour percevoir d’énormes indemnités?]
En partie. Un groupe au Parlement européen présente un intérêt financier non négligéable à l’heure de rémunérer des permanents (et je le dis sans aucune méchancété, je trouve parfaitement normal qu’un parti politique qui ne peut disposer de l’aide d’amis aux poches profondes prenne l’argent là où il se trouve). Mais je pense que le principal objectif est de transformer ce qui en théorie est un scrutin européen en test électoral national. C’est évident pour LFI, qui a déjà annoncé que sa ligne serait de faire du scrutin un « référendum anti-macron ».
[j’espère que vous n’allez pas encore vous renier et que vous allez continuer sur votre lancée de mai 2017!]
Je ne me suis jamais « renié », même s’il m’est arrivé de changer d’avis. Je ne sais pas ce que vous appelez « ma lancée de mai 2017 ». J’avais trouvé très intéressante la tentative du FN de secouer son héritage réactionnaire en adoptant une ligne sociale-souverainiste qui le rapprochait sur beaucoup d’aspects du PCF « populaire » des années 1970. Je ne peux que constater que la tentative a échoué, que ceux qui portaient cette ligne essayent difficilement de survivre politiquement en dehors du RN, et que celui-ci a repris son vieux discours. Si Philippot présente une liste sur une ligne social-souverainiste, je voterai pour elle.
> L’année 2019 s’annonce difficile pour les progressistes. Si l’on regarde notre histoire, la faiblesse
> du pouvoir exécutif n’annonce jamais rien de bon.
Je ne vois pas exactement à quoi vous faites allusion… Pourriez vous préciser ?
> Avec une crise financière à l’horizon et une construction européenne à bout de souffle, on peut se
> demander si les partis politiques – ou ce qui en reste – tireront finalement la conclusion qui s’impose
> ou s’ils feront une fois de plus bloc autour des vieilles idées devenues rassurantes à force d’être
> ressassées. On ne voit pas grande chose de nouveau poindre… mais on peut espérer se tromper !
Je suis désolé, mais il y a quelque chose de très nouveau que l’on voit poindre : une crise financière qui entrainerait une explosion de l’euro, et donc de la construction européenne actuelle, déjà plus que branlante !
On peut se dire qu’une fois encore, la crise sera dure pour tout le monde, et particulièrement pour les petits.
Mais on peut aussi se dire qu’une fois cette crise passée, cela laissera un boulevard pour les progressistes, qui pourront afficher aux yeux de tous la preuve claire et définitive que le système actuel ne tourne pas rond, et qu’il faut se diriger vers autre chose.
Et les politiciens qui auront soutenu jusqu’au bout ce qui dysfonctionne seront balayés, comme l’ont été ceux qui ont soutenu Pétain jusqu’au bout…
Bref, sans pouvoir savoir ce que cela donnera, on peut espérer qu’au moins cela donnera quelque chose de nouveau !
@ Vincent
[« L’année 2019 s’annonce difficile pour les progressistes. Si l’on regarde notre histoire, la faiblesse du pouvoir exécutif n’annonce jamais rien de bon. » Je ne vois pas exactement à quoi vous faites allusion… Pourriez-vous préciser ?]
Il y a des gens – à droite comme à gauche d’ailleurs – qui se réjouissent de l’affaiblissement du président de la République et du gouvernement. Si nous étions dans un contexte où cela pouvait aboutir à un changement des hommes ou des politiques, j’en serais moi aussi très heureux. Mais dans le contexte actuel, cela risque d’aboutir à un affaiblissement du pouvoir exécutif lui-même. Or, dans notre histoire la paralysie de l’exécutif a souvent abouti à des ruptures catastrophiques.
[Je suis désolé, mais il y a quelque chose de très nouveau que l’on voit poindre : une crise financière qui entrainerait une explosion de l’euro, et donc de la construction européenne actuelle, déjà plus que branlante !]
C’est vrai.
[On peut se dire qu’une fois encore, la crise sera dure pour tout le monde, et particulièrement pour les petits. Mais on peut aussi se dire qu’une fois cette crise passée, cela laissera un boulevard pour les progressistes, qui pourront afficher aux yeux de tous la preuve claire et définitive que le système actuel ne tourne pas rond, et qu’il faut se diriger vers autre chose.]
C’est la version optimiste. Malheureusement, je ne vois pas qui parmi les « progressistes » pourrait jouer le rôle d’un Bonaparte ou d’un De Gaulle. Vous me direz que les hommes exceptionnels sont aussi le produit des circonstances exceptionnelles…
@Vincent&Descartes
[[Je suis désolé, mais il y a quelque chose de très nouveau que l’on voit poindre : une crise financière qui entrainerait une explosion de l’euro, et donc de la construction européenne actuelle, déjà plus que branlante !]
C’est vrai.]
Qu’est-ce qui vous rend optimiste sur le fait que la prochaine crise financière aurait plus de chances d’aboutir à l’explosion de l’euro que les précédentes ? Les placards qui débordent de cadavres et des tapis sous lesquels on ne peut mettre plus de poussière, ce qui réduit les possibilités de réponse à une crise ? La situation de la « zone allemande » qui continue de diverger du reste des pays, ce qui rend pour l’Allemagne, avec le temps, le coût de la rupture de plus en plus intéressant vis-à-vis du coût de maintien ?
@ bip
[Qu’est-ce qui vous rend optimiste sur le fait que la prochaine crise financière aurait plus de chances d’aboutir à l’explosion de l’euro que les précédentes ? Les placards qui débordent de cadavres et des tapis sous lesquels on ne peut mettre plus de poussière, ce qui réduit les possibilités de réponse à une crise ?]
Oui. La construction européenne et l’Euro ont progressivement dégradé les conditions sociales et économiques des différents pays. La montée des populismes et les rebellions pacifiques – pour le moment – comme celle des gilets jaunes montre qu’il y a une limite dans ce que le « block dominant » peut imposer aux couches populaires. Les pays européens dans leur majorité sont de plus en plus endettés, leurs couches populaires de plus en plus précarisées, de plus en plus fragilisées, de plus en plus confrontés à un avenir sans espoir. Cela réduit les marges de manœuvre du politique pour faire demain face à une nouvelle crise.
[La situation de la « zone allemande » qui continue de diverger du reste des pays, ce qui rend pour l’Allemagne, avec le temps, le coût de la rupture de plus en plus intéressant vis-à-vis du coût de maintien ?]
Aussi. On avait eu du mal à vendre aux travailleurs pauvres allemands l’aide à la Grèce, on aura beaucoup plus de mal à vendre à ces travailleurs de plus en plus nombreux et énervés par la concurrence d’une immigration massive une aide à l’Italie…
((((Malheureusement, je ne vois pas qui parmi les « progressistes » pourrait jouer le rôle d’un Bonaparte ou d’un De Gaulle.))))
Si ça pète, le seul homme politique que j’ai trouvé en qui j’aurais à peu près confiance pour tenir le manche, (et je l’ai cherché dans tout le champ politique sans distinction idéologique), c’est Sarkozy.
Expérience de la fonction + expérience de la tempête + préoccupation nationale + potentiel pour rassembler au-delà de la classe moyenne. Je n’en vois pas d’autres.
@ Pierre
[Si ça pète, le seul homme politique que j’ai trouvé en qui j’aurais à peu près confiance pour tenir le manche, (et je l’ai cherché dans tout le champ politique sans distinction idéologique), c’est Sarkozy.]
C’est drôle, pas mal de gens m’ont dit la même chose… y compris des copains plutôt classés à gauche ! Oui, c’est d’ailleurs assez ironique pour un personnage qui n’a jamais joué sur l’image paternelle, et qui avec le temps commence à l’incarner. Je ne sais pas si c’est une attitude pensée ou bien s’il laisse parler sa nature, mais ses positions depuis la dernière élection présidentielle est dans une logique très gaullienne de mise « en réserve de la République ». Et dans cette réserve, il est bien seul…
@ Pierre & Descartes
[[Si ça pète, le seul homme politique que j’ai trouvé en qui j’aurais à peu près confiance pour tenir le manche, (et je l’ai cherché dans tout le champ politique sans distinction idéologique), c’est Sarkozy.]
C’est drôle, pas mal de gens m’ont dit la même chose… y compris des copains plutôt classés à gauche !]
Sarkozy en dernier rempart des « classes intermédiaires » ? On peut comprendre le raisonnement : qui d’autre que lui a aussi bien réussi à embobiner les classes populaires pour au final faire le traité de Lisbonne, lancer le sauvetage de l’euro au prix du dernier membre des classes populaires s’il le faut, augmenter le nombre d’immigrés arabo-africains et calmer les « banlieues sensibles » en s’appuyant sur l’islam ?
Par contre, il ne réussira pas deux fois le même coup. Ses échecs de 2012 et 2017 en attestent. Et ceux que je connais des classes populaires qui ont cru en lui en 2007 en sont tous revenus et ont pour certains voté à cette occasion pour la dernière fois.
Donc peut-être qu’en cas de troubles graves les « classes intermédiaires » s’en remettront à lui pour tenter de sauver ce qu’ils pourront mais ce sera un miracle qu’il devra accomplir s’il veut se détacher l’étiquette de trahison que beaucoup lui ont collée. C’est un gouffre qu’il y a eu entre la perception de son discours et la perception de sa politique…
@ bip
[Sarkozy en dernier rempart des « classes intermédiaires » ?]
Des « classes intermédiaires » comme des autres. C’est l’un des rares hommes politiques capables de parler au-delà de sa propre classe. Si demain on tombait dans une situation de chaos institutionnel, un peu comme en 1958, je ne vois vraiment pas beaucoup d’autres figures qui pourraient prendre le gouvernail. Notez bien qu’il s’agit là d’une considération personnelle, et que cela ne préjuge en rien du type de politique qu’il mettrait en œuvre dans de telles circonstances.
Au demeurant, je suis moins sévère que vous : vous avez raison sur le traité de Lisbonne, vous avez tort sur la question de la sortie de la crise de 2008, où il s’est écarté avec décision des recettes bruxelloises pour pratiquer une politique résolument keynésienne en laissant filer le déficit. Je pense qu’en faisant ce choix il nous a économisé une crise à l’espagnole ou à la portugaise, et c’est déjà pas mal. Et je dois noter aussi que sur d’autres sujets – l’industrie, le nucléaire – il a fait des politiques expansives très différentes de celles de ses prédécesseurs.
Après, je ne me cache pas le fait que sur beaucoup de sujets importants, son passage à l’Elysée a été beaucoup de paillettes et peu de substance. En cela il n’a fait que poursuivre la politique du chien crevé au fil de l’eau de ses prédécesseurs…
@ Descartes
[vous avez tort sur la question de la sortie de la crise de 2008, où il s’est écarté avec décision des recettes bruxelloises pour pratiquer une politique résolument keynésienne en laissant filer le déficit.]
Je faisais plutôt référence aux « packs » budgétaires qui ont suivi dès que le système financier a été à peu près stabilisé ou autre débat sur la constitutionnalisation d’une « règle d’or ».
Mais c’est vrai qu’on peut mettre à son crédit son rôle au plus fort de la crise de 2008. Encore que j’aurais aimé voir ce qu’aurait pu faire quelqu’un qui aurait réfléchi en amont à un tel cas de figure : faire sauter l’euro, nationaliser le système bancaire, rétablir des barrières douanières…
Il est vrai qu’éviter un effondrement était sûrement la seule priorité mais avoir à ses pieds tout ce que le système compte de puissances financières n’arrive pas tous les jours.
ps : sinon j’ai pensé à Gégé Collomb pour tenir compagnie à Sarkozy dans la « réserve ». Je ne sais pas s’il a un côté visionnaire ou un bol immense (ce qui ma foi peut toujours être utile), mais le timing de sa démission a été une merveille du genre. 😉
@ bip
[Mais c’est vrai qu’on peut mettre à son crédit son rôle au plus fort de la crise de 2008. Encore que j’aurais aimé voir ce qu’aurait pu faire quelqu’un qui aurait réfléchi en amont à un tel cas de figure : faire sauter l’euro, nationaliser le système bancaire, rétablir des barrières douanières…]
Oui, mais là on revient à un ancien débat : à supposer même que le président de la France en 2008 eut réfléchi à « faire sauter l’euro, nationaliser le système bancaire, tec… » encore eut-il fallu que l’opinion le suive, qu’une majorité de citoyens fut prête à accepter une telle politique. Pensez-vous que ce fut le cas ?
[ps : sinon j’ai pensé à Gégé Collomb pour tenir compagnie à Sarkozy dans la « réserve ». Je ne sais pas s’il a un côté visionnaire ou un bol immense (ce qui ma foi peut toujours être utile), mais le timing de sa démission a été une merveille du genre.]
Quitter le Titanic avant la collision peut prouver qu’on a le flair ou la chance, mais ne fait pas de vous un homme d’Etat.
Je présente mes voeux à notre hôte et à tous les commentateurs qui l’enrichissent si bien.
Pour moi, Sarkozy c’est NAN.
Tu avais rappelé à juste titre dans un commentaire précédent le mot de Theresa May sur les dommages irrémédiables aux institutions de passer outre l’esprit d’un referendum, et Sarko en a commis un avec le TCE, et la classe politique en paie désormais le prix avec cette fronde et les dangers de désordre institutionnel. Peu importe que ce ne soit pas tout à fait la même chose que le texte refusé en referendum, peut importe que Sarko soit un européïste opportuniste plus que de conviction, etc, il est disqualifié à jamais. Toutes ses autres conneries (comme la guerre en Lybie, les coupes dans la fonction publique régalienne) sont rattrapables mais celle là ce “n’est pas un crime, mais une faute” comme disait l’autre.
Sarko est détesté essentiellement par les bobos, mais le reste de la population lui colle surtout l’étiquette de menteur car le décalage avec le discours et les faits est particulièrement flagrant chez lui notamment en matière de sécurité et d’immigration.
Après je reconnais qu’il a des qualités de vrai chef, et en fait Sarko provoque chez moi la même chose qu’un Zemmour : ils m’énèèèèèèèèèèèrvent beaucoup mais ils ont des contradictions qui les rendent intéressants. Mettons que si un président de type gaullien réactivait le projet méditerranéen dont parlait Guaino en assumant clairement de faire de la mer une zone d’influence française (pas comme ce con de McRon qui envoie un tweet en arabe à des levantins alors qu’ils sont souvent francophones et francophiles) et le confiait à Sarko, je suis sûre que ce dernier pourrait le mener à bien si on lui en donne le temps et les moyens diplomatiques. Il a un côté pitbull, le genre qui ne recule pas devant la difficulté et n’a pas les genoux cagneux ou la larme facile devant la moindre contrariété, et en plus on sent chez lui un potentiel “transcendanciel” dans le genre à pouvoir se sublimer si on lui confie un projet bigger than life.
@ Bannette
[Pour moi, Sarkozy c’est NAN.]
Il ne s’agissait pas de porter un jugement de valeur sur sa politique, mais plutôt de trouver les personnalités qui ont la stature pour prendre la direction de l’Etat en cas de crise.
[Tu avais rappelé à juste titre dans un commentaire précédent le mot de Theresa May sur les dommages irrémédiables aux institutions de passer outre l’esprit d’un referendum, et Sarko en a commis un avec le TCE,]
Je suis d’accord avec vous. Alors même que je pense qu’en concluant le traité de Lisbonne il n’a pas tout à fait violé l’esprit du référendum – tout simplement parce que le traité en question, s’il reprend un certain nombre d’éléments du TCE, n’a pas de caractère constituant – je ne conteste pas que ce geste a causé d’irrémédiables dommages aux institutions. Car la nuance a échappé aux gens, et ce qui en est resté est la perception que les élites politiques se permettent de passer outre la volonté populaire.
[Sarko est détesté essentiellement par les bobos, mais le reste de la population lui colle surtout l’étiquette de menteur car le décalage avec le discours et les faits est particulièrement flagrant chez lui notamment en matière de sécurité et d’immigration.]
Tout cela est vrai. Mais avec ses immenses défauts, il reste la seule personnalité politique ayant une véritable stature. Imaginez-vous que demain il faille faire appel à un homme providentiel. A qui penseriez-vous ? Hollande ? Valls ? Hamon ?
[Il a un côté pitbull, le genre qui ne recule pas devant la difficulté et n’a pas les genoux cagneux ou la larme facile devant la moindre contrariété, et en plus on sent chez lui un potentiel “transcendanciel” dans le genre à pouvoir se sublimer si on lui confie un projet bigger than life.]
Oui, est c’est en cela qu’il a une « stature » qui manque aux autres.
@ Descartes
[Oui, mais là on revient à un ancien débat : à supposer même que le président de la France en 2008 eut réfléchi à « faire sauter l’euro, nationaliser le système bancaire, tec… » encore eut-il fallu que l’opinion le suive, qu’une majorité de citoyens fut prête à accepter une telle politique. Pensez-vous que ce fut le cas ?]
Non bien sûr. Mais une opinion savamment travaillée et l’entretien de la panique chez les gros épargnants auraient pu laisser de belles marges de manœuvre. L’opinion était-elle prête à apporter sa garantie à hauteur de centaines de milliards d’euros à un système bancaire à la gestion désastreuse ? Ou, inquiète et n’y comprenant pas grand-chose, a-t-elle laissé faire ?
Plus généralement, pour vous, « les classes intermédiaires », qui sont l’« opinion » (ou en tout cas la seule qui compte), ne peuvent donc pas être « contournées » par la ruse ? Un président de la République n’aurait aucune marge de manœuvre pour jouer au plus malin avec l’opinion et « trahir » les « classes intermédiaires » ?
Par exemple, l’opinion veut l’euro. Bien. L’opinion veut-elle donner des milliards à la Grèce ? C’est beaucoup moins sûr. Un président français n’aurait-il alors pas pu encourager les Allemands à mettre les Grecs dehors et ainsi valider par l’exemple qu’on peut sortir de l’euro ? N’aurait-il pas pu encourager les Allemands dans leur opposition aux politiques monétaires de Draghi qui ont stoppé l’envolée des taux en Espagne et en Italie ?
Que pourrait faire l’opinion si un président décidait de faire exploser le déficit en tenant publiquement des discours comme quoi il n’y a pas à s’inquiéter c’est le budget global de la zone euro qui compte ? Je suis sûr que les Allemands adoreraient.
Ou si un président décidait d’une stratégie « de tension » avec l’Allemagne ? Par exemple au lendemain de l’affaire Volkswagen en décrétant un embargo sur les véhicules allemands en attendant que toute la lumière soit faite afin de « préserver l’environnement » ? Argument qui permettrait aussi de porter plainte contre l’Allemagne pour pollution excessive due au charbon. Ou alors il doit être possible de trouver des personnages allemands importants et de leur faire une « Carlos Ghosn » en argumentant que la lutte pour la « justice fiscale » est un impératif ?
Ou faire un maximum de publicité aux crimes commis par des migrants en Allemagne en publiant à tout va des tweets du genre « toute notre compassion va à l’Allemagne qui a organisé en conscience le sacrifice de nombre de ses concitoyens afin de permettre à des millions d’arabo-africains de profiter des richesses créées par sa population. Quelle grandeur d’âme ! ».
@ bip
[Non bien sûr. Mais une opinion savamment travaillée et l’entretien de la panique chez les gros épargnants auraient pu laisser de belles marges de manœuvre. L’opinion était-elle prête à apporter sa garantie à hauteur de centaines de milliards d’euros à un système bancaire à la gestion désastreuse ? Ou, inquiète et n’y comprenant pas grand-chose, a-t-elle laissé faire ?]
Cela dépend de ce que vous appelez « l’opinion ». L’opinion des classes intermédiaires, dont une partie non négligeable des avoirs est investie dans des actifs financiers, était certainement tout à fait favorable à ce qu’on garantisse à hauteur de centaines de milliards d’euros – payés par l’ensemble des citoyens/contribuables – au système bancaire.
[Plus généralement, pour vous, « les classes intermédiaires », qui sont l’« opinion » (ou en tout cas la seule qui compte), ne peuvent donc pas être « contournées » par la ruse ? Un président de la République n’aurait aucune marge de manœuvre pour jouer au plus malin avec l’opinion et « trahir » les « classes intermédiaires » ?]
La « ruse » peut fonctionner ponctuellement, mais dans l’ensemble c’est toujours in fine une logique de rapport de forces. Pour pouvoir « trahir » les classes intermédiaires, il faut avoir ailleurs des soutiens qui permettent de créer un rapport de forces. La difficulté aujourd’hui, c’est que les couches populaires sont placées dans une position d’infériorité économique telle que leur poids politique est négligeable. Comment créer un rapport de force quand le capital a la possibilité d’aller s’investir ailleurs, en vous privant au passage de votre moyen de subsistance ?
[Par exemple, l’opinion veut l’euro. Bien. L’opinion veut-elle donner des milliards à la Grèce ? C’est beaucoup moins sûr.]
Cela dépend. La partie de l’opinion qui a investi lourdement dans la dette grecque – et cela fait beaucoup de monde, vue que la plupart des SICAV ont un socle d’obligations européennes, et que la dette grecque paye un intérêt conséquent – est certainement très favorable à ce que l’ensemble des citoyens/contribuables donnent des milliards à la Grèce. Pourquoi croyez-vous que nos chères élites n’aient pas soulevé ce point, et aient soutenu avec passion les plans d’aide à la Grèce ?
[Un président français n’aurait-il alors pas pu encourager les Allemands à mettre les Grecs dehors et ainsi valider par l’exemple qu’on peut sortir de l’euro ? N’aurait-il pas pu encourager les Allemands dans leur opposition aux politiques monétaires de Draghi qui ont stoppé l’envolée des taux en Espagne et en Italie ?]
Seulement en défiant les classes intermédiaires, dont l’épargne financière aurait lourdement souffert de ces politiques. Et lorsque les classes intermédiaires se sentent menacées, elles ont des moyens de réagir à côté desquels l’occupation des ronds points et le saccage de quelques boutiques sont des jeux d’enfant. Combien de cas de gouvernements connaissez-vous qui aient défié les classes intermédiaires et aient survécu pour raconter leur histoire ?
[Ou si un président décidait d’une stratégie « de tension » avec l’Allemagne ? Par exemple au lendemain de l’affaire Volkswagen en décrétant un embargo sur les véhicules allemands en attendant que toute la lumière soit faite afin de « préserver l’environnement » ?]
Et bien, Volkswagen serait allé devant le Conseil d’Etat, qui lui aurait donné raison et aurait fait payer à l’Etat une lourde amende. Vous oubliez je pense que nous sommes dans un Etat de droit. Le président peut faire beaucoup de choses, mais ne peut pas faire n’importe quoi.
@ Descartes
[Combien de cas de gouvernements connaissez-vous qui aient défié les classes intermédiaires et aient survécu pour raconter leur histoire ?]
J’avoue que je serais bien en peine d’en citer un seul qui ait même essayé… As-tu des exemples en tête ?
@ BolchoKek
[J’avoue que je serais bien en peine d’en citer un seul qui ait même essayé… As-tu des exemples en tête ?]
En France, on peut citer De Gaulle à la fin des années 1960. Aucun de ses successeurs n’a été aussi téméraire. A l’étranger, on peut citer Allende à partir de 1970. Mais les cas demeurent très rares, parce que la violence de la réaction dès que les intérêts des classes intermédiaires est souvent telle que les gouvernements cèdent immédiatement. Pensez par exemple à la loi Devaquet…
@ Descartes
[L’opinion des classes intermédiaires, dont une partie non négligeable des avoirs est investie dans des actifs financiers, était certainement tout à fait favorable à ce qu’on garantisse à hauteur de centaines de milliards d’euros – payés par l’ensemble des citoyens/contribuables – au système bancaire.]
Il y en a beaucoup dont le montant des avoirs financiers dépasse les plafonds des fonds de garantie ? Vous me direz qu’en cas d’effondrement du secteur, ces plafonds restent assez théoriques et que la principale garantie des petits épargnants sont les gros. On ne pourrait pas aussi voir dans le comportement des classes intermédiaires à cette occasion la défense de leur alliance avec la bourgeoisie ? D’où la nécessité de les faire un peu paniquer pour essayer de fragiliser cette alliance ?
[Comment créer un rapport de force quand le capital a la possibilité d’aller s’investir ailleurs, en vous privant au passage de votre moyen de subsistance ?]
En temps normal, aucun. C’est pour ça qu’il faudra tirer profit d’un moment de crise majeur. Chose que Sarkozy n’a pas su, ou voulu, faire.
[Pourquoi croyez-vous que nos chères élites n’aient pas soulevé ce point, et aient soutenu avec passion les plans d’aide à la Grèce ?]
Mais pourquoi les élites allemandes ont, elles, essayé avec entrain de mettre la Grèce dehors ?
[Combien de cas de gouvernements connaissez-vous qui aient défié les classes intermédiaires et aient survécu pour raconter leur histoire ?]
Les gouvernements ayant dorénavant au maximum 5 ans devant eux, j’aurais envie de dire que quitte à se faire dégager, marquer sa sortie en faisant tomber les masques peut mettre du baume au cœur. Le seul truc, c’est qu’il ne faut avoir en tête de se recaser à bon compte…
[Et bien, Volkswagen serait allé devant le Conseil d’Etat, qui lui aurait donné raison et aurait fait payer à l’Etat une lourde amende.]
La crise de la « vache folle » a pourtant montré que ce n’était pas aussi simple non ? Mais c’est vrai que c’est un peu trop casse-gueule comme terrain pour s’y aventurer autant. Il aurait au moins été de bon ton d’encourager nos associations écolo à mettre le paquet sur cette affaire. Histoire de rentabiliser un peu tout ce qu’elles reçoivent…
@ bip
[Il y en a beaucoup dont le montant des avoirs financiers dépasse les plafonds des fonds de garantie ? Vous me direz qu’en cas d’effondrement du secteur, ces plafonds restent assez théoriques et que la principale garantie des petits épargnants sont les gros.]
Surtout, il ne faut pas oublier que le fond de garantie est censé garantir vos dépôts en cas de faillite de la banque qui les héberge. Mais il ne garantit pas la valeur de votre SICAV, qui elle-même contient des titres bancaires. Si ces titres perdent leur valeur, votre SICAV baisse et il n’y a aucune garantie contre cela.
La faillite d’une ou plusieurs banques provoque toujours une baisse de la valeur des titres financiers et de la pierre. Or, de plus en plus les « classes intermédiaires » se tournent vers ce type d’investissement. Pour elles, il devient donc vital de voir les marches financier et immobilier soutenus par l’argent public. C’est pour cette raison que les « classes intermédiares » n’ont que peu ou pas protesté contre le renflouement des banques en 2008-9.
[« Pourquoi croyez-vous que nos chères élites n’aient pas soulevé ce point, et aient soutenu avec passion les plans d’aide à la Grèce ? » Mais pourquoi les élites allemandes ont, elles, essayé avec entrain de mettre la Grèce dehors ?]
Elles n’ont pas vraiment « essayé ». Si les élites allemandes avaient vraiment voulu pousser la Grèce dehors, la Grèce serait sortie. Les Allemands ont utilisé cette menace pour faire plier le gouvernement grec, en pariant que celui-ci ferait l’impossible pour éviter une sortie. Et les faits leur ont donné raison.
[Les gouvernements ayant dorénavant au maximum 5 ans devant eux, j’aurais envie de dire que quitte à se faire dégager, marquer sa sortie en faisant tomber les masques peut mettre du baume au cœur. Le seul truc, c’est qu’il ne faut avoir en tête de se recaser à bon compte…]
Vous avez tout dit…
@ Descartes
[[Les gouvernements ayant dorénavant au maximum 5 ans devant eux, j’aurais envie de dire que quitte à se faire dégager, marquer sa sortie en faisant tomber les masques peut mettre du baume au cœur. Le seul truc, c’est qu’il ne faut avoir en tête de se recaser à bon compte…]
Vous avez tout dit…]
Mais qu’est-ce qu’il y a de tellement génial à gagner 10-20-30 000 euros par mois plutôt que 2-3000 en ayant le sentiment d’avoir essayé de faire de grandes choses ?
Avoir une cuisinière et une femme de ménage à temps plein ? Avoir une super montre pour y lire la même heure que sur n’importe quel téléphone ?
Il n’existe plus de politicien en France qui préfère lire un livre plutôt que d’aller bronzer sur un yacht ?
Sinon, à l’étage au-dessus, vous comprenez ce qu’un milliardaire peut avoir en tête pour, riche à ne plus savoir quoi faire de son argent, quand même continuer à chercher à s’enrichir ? J’ai parcouru une enquête de Denis Robert qui reliait un Albert Frère âgé de plus de 70 ans aux affaires Quick-Caisse des dépôts, à l’affaire Uramin-Areva et au scandale Petrobras. Ça m’a fait penser à des paroles d’une chanson de Coluche : « J’en veux l’exemple que mon père / Qui vit l’jour de son enterr’ment / Qu’il était l’plus riche du cim’tière ».
Qu’est-ce qui les anime au juste ? Le pouvoir que peut apporter quelques milliards de plus ? Monter dans les classements des grandes fortunes pour… pour… pour quoi au juste ? Personne ne se souviendra d’eux, si ? Qui sont les personnages de l’Histoire de France qui sont restés célèbres pour leur fortune ? Fouquet ? Mais si on s’en souvient c’est parce que Louis XIV l’a dégommé pour asseoir son pouvoir…
@ bip
[Mais qu’est-ce qu’il y a de tellement génial à gagner 10-20-30 000 euros par mois plutôt que 2-3000 en ayant le sentiment d’avoir essayé de faire de grandes choses ?]
Beh… les « grandes choses » que vous avez faites ne font pas bouillir la marmite. Elles ne vous permettent pas d’aller en vacances au Seychelles, ou d’avoir la maison dans le Luberon avec piscine chauffée. Faire des « grandes choses » ne compense que dans une société ou la logique de l’honneur est puissante, ou le fait d’avoir fait des « grandes choses » vous faut le respect et la considération de vos voisins et la reconnaissance visible des institutions.
« La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu’on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages. » (Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du Parti Communiste, 1848)
[Il n’existe plus de politicien en France qui préfère lire un livre plutôt que d’aller bronzer sur un yacht ?]
De moins en moins. Vous savez, lire des livres ça rend malheureux, comme dit le personnage de Bradbury…
[Sinon, à l’étage au-dessus, vous comprenez ce qu’un milliardaire peut avoir en tête pour, riche à ne plus savoir quoi faire de son argent, quand même continuer à chercher à s’enrichir ?]
A ce niveau, la richesse devient un moyen de compter les points. Ce n’est pas tant ce que l’argent peut acheter que le fait de gagner plus que les autres, de battre les records qui les motive. Que voulez-vous, nous sommes un animal compétitif…
[Personne ne se souviendra d’eux, si ? Qui sont les personnages de l’Histoire de France qui sont restés célèbres pour leur fortune ? Fouquet ? Mais si on s’en souvient c’est parce que Louis XIV l’a dégommé pour asseoir son pouvoir…]
Pour le moment, notre « roman national » était bâti sur une logique d’honneur. Il retenait les figures qui avaient fait quelque chose pour le bien public, ou même qui avaient essayé sans nécessairement réussir, à condition qu’ils soient tombés dans l’honneur. Mais ce n’est pas le cas dans d’autres pays. Aux Etats-Unis, les « tycoons » et les « stars » font partie du roman national au même titre que les scientifiques, les artistes ou les administrateurs. Plus le capitalisme avance, et plus cette logique de l’honneur à laquelle vous et moi sommes attachés aura tendance à s’effacer pour ne laisser que le « paiement au comptant » comme seule mesure de la gloire.
@Vincent
> Je suis désolé, mais il y a quelque chose de très nouveau que l’on voit poindre : une crise financière qui entrainerait une explosion de l’euro, et donc de la construction européenne actuelle, déjà plus que branlante !
L’euro a déjà vécu et survécu à la crise financière de 2008, qui était probablement la pire depuis 1929. Au passage, en recourant à des mesures dont personne ne pensait qu’elles étaient possibles en zone euro (comme le rachat de dettes par la BCE).
Mon intuition est que l’euro ne pourra « exploser » que le jour où on aura décidé de le laisser exploser. Tant qu’il est soutenu par les grands pays de la zone (et il l’est : par la France, l’Allemagne, l’Italie, et l’Espagne si on veut élargir un peu), il n’y a aucune chance qu’il explose malgré eux, comme par mégarde.
La question devient donc : quand les grands pays européens finiront-ils par se lasser de l’euro ?
@ Antoine
[L’euro a déjà vécu et survécu à la crise financière de 2008, qui était probablement la pire depuis 1929. Au passage, en recourant à des mesures dont personne ne pensait qu’elles étaient possibles en zone euro (comme le rachat de dettes par la BCE).]
Certes. Mais on a vu des empires qui avaient résisté a beaucoup de crises importantes s’effondrer un jour sur une simple pichenette… Cela étant dit, je partage un peu votre avis : le système Euro a été consolidé de manière à ce qu’une crise ne menace pas le système financier – et il n’y a que cela qui intéresse aujourd’hui le « bloc dominant ». Les effets néfastes de l’Euro sur le long terme… ça n’intéresse pas grand monde. Et l’expérience grecque l’a bien montré : lorsqu’il s’est agi entre les risques d’effondrement financier et l’austérité éternelle, les « classes intermédiaires » ont choisi la seconde option.
[Mon intuition est que l’euro ne pourra « exploser » que le jour où on aura décidé de le laisser exploser. Tant qu’il est soutenu par les grands pays de la zone (et il l’est : par la France, l’Allemagne, l’Italie, et l’Espagne si on veut élargir un peu), il n’y a aucune chance qu’il explose malgré eux, comme par mégarde.]
Là encore, je partage votre diagnostic mais avec une nuance de taille. Le soutien crucial n’est pas celui de l’Italie ou de l’Espagne, c’est celui de l’Allemagne – et dans une moindre mesure, celui de la France. Le principal risque de l’Euro, c’est qu’il finisse par coûter trop cher. La crise grecque l’a bien montré : sauver l’Euro implique des transferts. Et même s’ils sont conditionnés, même s’ils se traduisent par des austérités féroces imposés aux pays les plus faibles, ces opérations de sauvetage coûteront de plus en plus cher aux pays excédentaires, et donc à l’Allemagne. Si demain l’Italie était victime d’une crise financière semblable à la crise grecque, c’est des centaines de milliards que l’Allemagne serait appelée à mettre sur la table. Si elle refuse, l’Euro est mort, et cela quelque soit la position de l’Italie, de l’Espagne… ou de la France.
[La question devient donc : quand les grands pays européens finiront-ils par se lasser de l’euro ?]
La réponse est : quand il leur coûtera globalement plus cher que ce qu’il leur rapporte…
J’avoue avoir beaucoup de mal, depuis quelques temps, à commenter et mes velléités retombent vite. Trop années à se battre et débattre et quel résultat ?
Lorsque j’ai débuté ma carrière, on voyait encore passer dans les services des anciens venus saluer leurs connaissances et je me souviens comme un collègue et moi-même étions partis d’un rire étouffé quand l’un d’eux complimenté sur sa retraite avait rétorqué nettement « Tu sais, la retraite c’est l’antichambre de la mort ! ». Pas de pathos mais plus vraiment inscrit dans la vie, sentiment d’inutilité, d’absurdité.
Gilet jaune ? Révolte de la fraction populaire la moins organisée, la moins consciente en séparation avec celle organisée. Il y a, bien sûr, de bonne raisons pour cela mais aussi de mauvaises et tant que tout cela ne sera pas mis au clair, on tournera en rond. Trop à reprendre.
Que ceci n’empêche pas mes vœux sincères pour cette nouvelle année à vous et aux commentateurs de ce blog.
@ morel
[J’avoue avoir beaucoup de mal, depuis quelques temps, à commenter et mes velléités retombent vite. Trop années à se battre et débattre et quel résultat ?]
On peut espérer que les années de combat et de débat vous permettent de mieux comprendre comment le monde fonctionne et d’imaginer des alternatives encore meilleures. En tout cas c’est ma conviction.
[Lorsque j’ai débuté ma carrière, on voyait encore passer dans les services des anciens venus saluer leurs connaissances et je me souviens comme un collègue et moi-même étions partis d’un rire étouffé quand l’un d’eux complimenté sur sa retraite avait rétorqué nettement « Tu sais, la retraite c’est l’antichambre de la mort ! ». Pas de pathos mais plus vraiment inscrit dans la vie, sentiment d’inutilité, d’absurdité.]
Heureusement, ce n’est plus le cas. A l’époque, les gens profitaient de leur retraite à peine quelques années, souvent avec une santé chancelante. Aujourd’hui, on peut espérer en profiter au moins quinze ans en bonne santé… et avec les moyens de faire beaucoup de choses.
[Gilet jaune ? Révolte de la fraction populaire la moins organisée, la moins consciente en séparation avec celle organisée. Il y a, bien sûr, de bonne raisons pour cela mais aussi de mauvaises et tant que tout cela ne sera pas mis au clair, on tournera en rond. Trop à reprendre.]
Je crois l’avoir dit dès le départ : pour moi, les « gilets jaunes » sont un symptôme intéressant à observer, mais certainement pas le début d’un mouvement révolutionnaire. Tout simplement parce qu’il n’y a pas de révolution sans une théorie révolutionnaire, sans une organisation révolutionnaire. Et que le processus d’organisation n’est pas un processus qui se produit spontanément.
[Que ceci n’empêche pas mes vœux sincères pour cette nouvelle année à vous et aux commentateurs de ce blog.]
Tous mes vœux aussi, inclus celui de vous voir commenter ici plus souvent !
Cher Descartes, chers tous,
Un grand merci pour cette année 2018 riches en articles et débats intéressants malgré ce sentiment tenace de désespoir/mélancolie qui nous envahie tous sous cette présidence macronienne.
L’année 2019 s’annonce effectivement intéressante. Entre le système financier qui tangue, les gilets jaunes et la suite du mouvement… qui sait, même les Européennes risques finalement d’avoir un intérêt ? Quand on a un Quatremer, grand adorateur européen devant l’éternel, qui déclare que “La zone euro, c’est une sorte de dictature” et qu’il ne faut pas “être eurobéat”, on se dit que peut-être, l’espoir est permis que les choses changent…
Tous mes voeux pour 2019.
Marencau
@ Marencau
[L’année 2019 s’annonce effectivement intéressante. Entre le système financier qui tangue, les gilets jaunes et la suite du mouvement… qui sait, même les Européennes risquent finalement d’avoir un intérêt ? Quand on a un Quatremer, grand adorateur européen devant l’éternel, qui déclare que “La zone euro, c’est une sorte de dictature” et qu’il ne faut pas “être eurobéat”, on se dit que peut-être, l’espoir est permis que les choses changent…]
Il ne faut pas accueillir trop vite le pêcheur repenti. Quatremer a beau admettre que la zone euro c’est « une sorte de dictature », sa conclusion est que cela est arrivé parce que la zone euro est « inachevée » et qu’il faut donc compléter le dispositif en transférant l’exercice démocratique du niveau national au niveau européen. C’est le classique discours de « si l’Europe marche mal, c’est parce qu’on n’est pas allé assez loin dans le fédéralisme ». On retrouve là les idées fédéralistes de Delors et de Mitterrand, celles que Melenchon reprend sous la forme de « l’autre Europe » qui serait fédérale – et conserverait donc l’Euro – mais qui, on ne sait par quelle magie, serait aussi démocratique et sociale.
@Marencau
> qui sait, même les Européennes risques finalement d’avoir un intérêt ?
En effet, enfin l’UPR va percer et s’imposer dans le paysage politique français.
(un peu d’humour ne fait pas de mal)
@ Antoine
[En effet, enfin l’UPR va percer et s’imposer dans le paysage politique français. (un peu d’humour ne fait pas de mal)]
Ce n’est pas gentil, de tirer sur les ambulances…
Ami et camarade, soyez gentil, effectivement, de ne pas tirer sur l’ambulance UPR, car j’ai décidé de monter dedans.
Des gens qui se battent contre vents et marées depuis 12 ans, pour la sortie de l’Union européenne, de l’euro et de l’Otan; des gens qui veulent réactualiser le programme du Conseil national de la Résistance, notamment en reconstruisant les services publics et le secteur public, je vais les accompagner jusqu’à l’hôpital, malgré leurs erreurs et leurs défauts (que je connais).
Il y en a qui veulent voter pour des listes “social-souverainistes”… Moi je vais voter pour une liste “progressiste-patriotique”.
Ils vont subir une défaite, pensez-vous ? On verra, ce n’est pas certain. Mais j’en ai tellement subi, des défaites électorales, depuis un demi-siècle, que de toute façon je m’en relèverai une fois encore.
@ Gugus69
[Ami et camarade, soyez gentil, effectivement, de ne pas tirer sur l’ambulance UPR, car j’ai décidé de monter dedans.]
Par amitié pour vous, je veux bien cesser le feu… et je ne me permettrai même pas de critiquer votre choix. J’ai beaucoup de respect pour les militants, quel que soit leur choix partisan. Ce n’est pas évident aujourd’hui de sortir de chez soi et d’aller se coltiner les gens au nom d’une vision de la politique. Je me demande d’ailleurs s’il ne faudrait pas créer un forum réservé aux militants – à l’exclusion des élus et des permanents, c’est-à-dire, de ceux qui ont un intérêt matériel dans le processus politique. Je pense que cela donnerait des débats très intéressants. C’est d’ailleurs pourquoi, je le redis encore une fois, tous les militants sont bienvenus dans ce blog, quel que soit leur organisation d’appartenance.
[Des gens qui se battent contre vents et marées depuis 12 ans, pour la sortie de l’Union européenne, de l’euro et de l’Otan; des gens qui veulent réactualiser le programme du Conseil national de la Résistance, notamment en reconstruisant les services publics et le secteur public, je vais les accompagner jusqu’à l’hôpital, malgré leurs erreurs et leurs défauts (que je connais).
Il y en a qui veulent voter pour des listes “social-souverainistes”… Moi je vais voter pour une liste “progressiste-patriotique”.]
Ce n’est pas leur bonne volonté que j’irai critiquer, ce serait plutôt leur fonctionnement qui à mon avis les condamne à l’impuissance. On ne peut changer les choses si on ne se demande pas au préalable pourquoi elles sont comme elles sont. Pourquoi nos concitoyens ne veulent pas en majorité d’une sortie de l’Euro ? Quels sont leurs intérêts dans l’affaire ? De quoi ont-ils peur ? Un parti qui veut gagner les gens à la sortie de l’Euro doit se poser ces questions. Il ne peut pas se contenter de répéter « il faut sortir ».
[Ils vont subir une défaite, pensez-vous ? On verra, ce n’est pas certain.]
Cela dépend de ce qu’on appelle « une défaite ». Ils peuvent faire un résultat honnête s’ils arrivent à regrouper tous ceux qui veulent une sortie de l’Euro – et qui, même minoritaires, sont quand même nombreux. Mais cela reste un parti de témoignage.
Je déprime de constater que l’UPR s’enfonce encore plus dans son exagération quasi-complotiste.
Aujourd’hui ils ont décrété que Macron faisait exprès d’envenimer la situation pour pouvoir s’arroger les pleins pouvoirs (blablabla article 16).
Pourquoi faut-il que tous les partis que j’approuve tombent aussi bas ?
@ Un Belge
[Je déprime de constater que l’UPR s’enfonce encore plus dans son exagération quasi-complotiste.
Aujourd’hui ils ont décrété que Macron faisait exprès d’envenimer la situation pour pouvoir s’arroger les pleins pouvoirs (blablabla article 16).]
Oui, on a l’impression qu’Asselineau ou ceux qui le conseillent ont du mal à voir le monde autrement qu’à travers un prisme juridique. Toute action politique semble devoir s’enraciner dans un article de la loi, de la Constitution, d’un traité…
[Pourquoi faut-il que tous les partis que j’approuve tombent aussi bas ?]
Les autres tombent très bas aussi, mais comme on ne les approuve pas, cela ne nous fait rien…
@Descartes :
[Les autres tombent très bas aussi, mais comme on ne les approuve pas, cela ne nous fait rien…]
Je vous avoue que je n’avais pas vu les choses sous cet angle là. Ca me rassure un peu sur mes opinions, mais beaucoup moins sur la marche du monde.
@Descartes
Ce n’est pas très gentil de doucher mes espoirs comme ça dès le début d’année 😉
Plus sérieusement, même si c’est pour dire qu’il faut “plus d’Europe”, je trouve que c’est un progrès d’évaluer des dysfonctionnements par rapport à estimer que la zone euro est un immense succès (cf l’article outrageux des échos courant décembre).
Car ensuite, une fois les dysfonctionnements actés, il leur reste à proposer une solution… solution qui ne sera pas entendable par des gilets jaunes par exemple.
@Antoine
L’UPR est assez marrant comme parti en terme de composition. C’est un peu un parti rempli de “traîtres de classe” pour reprendre ce qui a été dit dans d’autres commentaires. Des classes moyennes propres sur eux qui s’attardent sur des détails et pensent changer le monde d’un coup de plume en se fondant sur un article d’un traité parfois obscur (leur référence systématique à la charte de Munich auprès des journalistes me fait beaucoup rire)… Probabilité que cela parle aux couches populaires et leur permette de gagner des élections: 0,1%
Cela dit, ils ont toute ma sympathie (car nous sommes, disons… “dans le même camp” ?) et je connais très bien certains militants avec qui je discute pas mal. Pour eux, ce que vous venez de dire n’est absolument pas une plaisanterie mais une prédiction !
En effet, les eurosceptiques sincères de “classes moyenne” (à l’UPR ou ailleurs) n’ont en général pas de raisonnement en termes d’intérêts ou de classe. Par conséquent, la situation actuelle ne peut s’être installée que de deux manière:
– Un complot (les classes dirigeantes, les banques, les élites qui ont trahi la France… chacun son idée sur le sujet)
– Un immense malentendu: il suffit juste d’expliquer et forcément, évidement, “les Français” ouvriront les yeux
L’UPR oscille entre ces deux visions. Mais selon la seconde, vu qu’ils expliquent bien de manière claire (selon eux) les problèmes et le chemin à suivre, alors logiquement, tôt ou tard, les Français devraient voter à + de 50% pour eux… dès le 1er tour.
@ Marencau
[Plus sérieusement, même si c’est pour dire qu’il faut “plus d’Europe”, je trouve que c’est un progrès d’évaluer des dysfonctionnements par rapport à estimer que la zone euro est un immense succès (cf l’article outrageux des échos courant décembre).]
Je ne sais pas s’il faut appeler « progrès » une ruse. Il devient de plus en plus difficile de nier les dysfonctionnements de l’Euro. On peut donc s’attendre à ce que ses plus farouches partisans finissent pas réaliser que leur argument de vente nécessite un sérieux lifting. Mais le produit à vendre reste le même. Parce que si Quatremain est prêt à accepter que tout ne va pas bien dans le royaume de l’Euro, il n’est pas du tout prêt à admettre que le problème est dans le principe de l’Euro lui-même, et non dans sa mise en œuvre.
[Car ensuite, une fois les dysfonctionnements actés, il leur reste à proposer une solution… solution qui ne sera pas entendable par des gilets jaunes par exemple.]
La solution est classique : « plus d’Europe »… un article de foi qui, comme tout article de foi, n’est pas falsifiable par l’expérience puisque on peut toujours faire « plus ».
[Cela dit, ils ont toute ma sympathie (car nous sommes, disons… “dans le même camp” ?) et je connais très bien certains militants avec qui je discute pas mal. Pour eux, ce que vous venez de dire n’est absolument pas une plaisanterie mais une prédiction !]
Ce qui m’hérisse chez l’UPR c’est moins les idées que le mode de fonctionnement, le côté sectaire et groupusculaire. Je me souviens toujours de la formule de mon maître en politique qui disait qu’en matière politique on n’a jamais raison tout seul. Que si le génie du philosophe ou de l’expert se juge aux idées qu’il produit, le génie du politique se juge à la capacité de les populariser. On rejoint la définition de la politique donnée par Richelieu : « rendre possible ce qui est nécessaire ». C’est pourquoi j’ai une méfiance instinctive pour ceux chez qui l’exclusion ou la scission est un motif de joie ou de fierté. Chasser l’opposant peut être une nécessité, mais c’est toujours un échec : cela traduit l’incapacité à le convaincre.
[En effet, les eurosceptiques sincères de “classes moyenne” (à l’UPR ou ailleurs) n’ont en général pas de raisonnement en termes d’intérêts ou de classe.]
Ce qui ne veut pas dire que dans leur raisonnement n’apparaisse pas implicitement leur intérêt de classe. La théorie de la gravitation s’applique à vous que vous ayez lu Newton ou pas, et c’est pareil avec les lois de l’histoire dégagées par Marx… Mais il est vrai que la plupart des eurosceptiques ne placent pas leur analyse dans le cadre marxiste. C’est à mon sens très dommage : des hommes comme Guaino sont suffisamment intelligents pour savoir que ce n’est pas parce qu’on utilise les instruments d’analyse développés par Marx qu’on devient un affreux communiste… et pourtant, la division héritée de la guerre froide subsiste, et empêche très souvent des personnalités de droite d’utiliser des outils intellectuels qui aujourd’hui sont un peu patrimoine commun de l’humanité.
Pour ce qui concerne Philippot, je suspecte qu’il fait bien plus usage des outils marxistes qu’il veut bien l’avouer… je pense notamment à sa stratégie lorsqu’il était le premier conseiller de MLP, et qui me semble assez clairement fondée sur une analyse de classe. Mais une telle analyse n’a jamais été explicitée par l’intéressé.
[Par conséquent, la situation actuelle ne peut s’être installée que de deux manière:
– Un complot (les classes dirigeantes, les banques, les élites qui ont trahi la France… chacun son idée sur le sujet)
– Un immense malentendu: il suffit juste d’expliquer et forcément, évidement, “les Français” ouvriront les yeux]
Tout à fait d’accord. Le grand mérite des outils marxiens – et des autres théories matérialistes – c’est de donner une cohérence aux faits observables, d’expliquer pourquoi ce qui existe existe sans avoir recours à des théories de complot ou de manque de pédagogie. C’est pourquoi se priver de ces outils conduit à une impasse : l’histoire cesse de dépendre des évolutions structurelles, pour devenir une simple suite de coïncidences, de complots, de malentendus. L’empire romain tombe parce que le nez de Cléopatre était un peu trop long…
Concernant l’impuissance de l’UPR à rallier des &lecteur, il me semble que vous éludez un peu vite un élément pourtant simple a vérifier : l’omerta quasi totale auquel elle est soumise en particulier sur toutes les chaines ( télé et radios) du service public.. résultat inévitable, une immense majorité de français ne savent même pas qu’elle existe et ce que sont ses propositions et ses analyses ; difficile dans ses conditions de convaincre beaucoup de monde .
Philipot n’est sûrement pas beaucoup mieux traité , mais pas a ce point, et ce pour une raison très simple : quoiqu’il fasse, il ne se débarrassera jamais de l’image de celui qui a été le bras droit de Marine le Pen pendant des années ; ça permet de continuer a associer « sortie de l’europe » a « extrème droite » , ce qui n’est pas possible avec Asselineau si on se renseigne sur ses positions…
PS ; je n’associe pas , personnellement, Philipot a l’extrème droite
@ JMP
[Concernant l’impuissance de l’UPR à rallier des électeurs, il me semble que vous éludez un peu vite un élément pourtant simple à vérifier : l’omerta quasi totale auquel elle est soumise en particulier sur toutes les chaines (télé et radios) du service public.. résultat inévitable, une immense majorité de français ne savent même pas qu’elle existe et ce que sont ses propositions et ses analyses ; difficile dans ses conditions de convaincre beaucoup de monde.]
Oui et non. S’il ne faut pas sous-estimer l’importance de la présence médiatique, il ne faut pas exagérer non plus son importance. D’un autre côté, il est difficile à la fois de s’enfermer dans une logique groupusculaire et de vouloir accéder aux médias.
[Philippot n’est sûrement pas beaucoup mieux traité, mais pas à ce point, et ce pour une raison très simple : quoi qu’il fasse, il ne se débarrassera jamais de l’image de celui qui a été le bras droit de Marine le Pen pendant des années ; ça permet de continuer à associer « sortie de l’Europe » a « extrême droite », ce qui n’est pas possible avec Asselineau si on se renseigne sur ses positions…]
Le fait d’être associé à l’extrême droite est anathème dans certains milieux, mais rapporte des voix dans d’autres. Le fait d’être associé à Marine Le Pen n’est pas forcément un handicap, d’autant plus qu’il peut revendiquer une stratégie qui a très largement dédiabolisé le FN et aidé son implantation dans des terres et des couches sociales où il était pratiquement absent. Philippot, quoi qu’on puisse penser de lui par ailleurs, est un vrai politique qui a fait ses classes. Asselineau donne toujours l’impression du haut fonctionnaire égaré en politique sur le tard…
Bonjour,
je profite de ce bref passage pour vous présenter ainsi qu’à vos lecteurs mes vœux de santé et de bonheur pour cette année qui débute.
Je n’ai plus le temps d’écrire sur votre blogue et je le regrette mais je continue de le lire quand j’ai un peu de temps.
J’ai découvert votre blogue en 2011 et depuis il représente un phare en ces temps troublés.
Longue vie à cet espace d’échanges !!!
Dénigrez,dénigrez,il en restera toujours quelque chose..La machine idéologique à broyer les gilets jaunes est lancée.
Tel député,à la double nationalité franco/sénégalaise, a reçu une lettre contenant des menaces de mort ,raciste.Tel gilet jaune aurai tenu des propos anti sémites.Tel autre,des propos homophobes.Un autre serait mysogine.Y en a même qui ont un casier judiciaire vierge,et d’autres non.Certains seraient …xénophobe et anti-Vegan !
Tous sont pour le réchauffement climatique et jaloux,comme traditionnellement en France,de ceux qui ont réussi.
Un certain nombre de gilets jaunes,auraient quelques argents sur leur compte en banque.
Les journalistes ont massivement rejoints le camp du bloc dominant.
Comment combattre cette idéologie dominante,véritable propagande incessante contre les progressistes ?
La stratégie de la guérilla urbaine,des casseurs arborrant la cause des gilets jaunes, ne favorise t elle pas le gouvernement Macron?
En chantant,nous attirons la sympathie,plus sûrement ,que dans la casse des biens collectifs,non?
https://fr.sputniknews.com/france/201901051039535616-gentils-mechants-gilets-jaunes-toile/
@ luc
[Dénigrez, dénigrez, il en restera toujours quelque chose… La machine idéologique à broyer les gilets jaunes est lancée. Tel député, à la double nationalité franco/sénégalaise, a reçu une lettre contenant des menaces de mort raciste. Tel gilet jaune aurai tenu des propos antisémites. Tel autre, des propos homophobes. Un autre serait mysogine. Y en a même qui ont un casier judiciaire vierge, et d’autres non. Certains seraient …xénophobe et anti-Vegan !]
Certainement. Et c’est logique, quand on y pense. Je persiste et signe : le mouvement des « gilets jaunes » est un mouvement expressif. Sa raison d’être, c’est d’exprimer des angoisses, des difficultés, un ras-le-bol général devant des élites qui sont de plus en plus autistes. Mais il n’a aucune cohérence interne en termes d’opinions politiques ou sociétales, aucun dispositif de discipline interne. Il n’y a aucune raison que parmi les gens angoissés et dégoutés il n’y ait pas des racistes, des antisémites, des xénophobes ou des anti-végan.
Ce qui est étonnant, c’est que ceux qui disent vouloir une meilleure représentativité quitte à désigner les représentants du peuple par tirage au sort critiquent cet état de fait. Si l’on tire au sort les représentants, il y aura parmi eux des antisémites, des racistes et des homophobes à proportion du pourcentage des citoyens partageant ces convictions. Et quand ces gens s’exprimeront en tant que représentants, il sera difficile de les faire taire… après tout, ils ne font que représenter leurs mandants.
[Les journalistes ont massivement rejoints le camp du bloc dominant.]
Ce n’est pas nouveau, ça…
[Comment combattre cette idéologie dominante, véritable propagande incessante contre les progressistes ? La stratégie de la guérilla urbaine, des casseurs abhorrant la cause des gilets jaunes, ne favorise-t-elle pas le gouvernement Macron? En chantant, nous attirons la sympathie, plus sûrement, que dans la casse des biens collectifs, non?]
C’est loin d’être évident. Dieu sait que je me suis toujours opposé à la violence groupusculaire, toujours défendu la conception léniniste du parti de masse. Pourtant, je suis bien obligé de constater que ce que la grève pacifique des cheminots n’a pas réussi à obtenir en deux mois le mouvement des « gilets jaunes » a réussi à l’obtenir en une journée de violence à l’Arc de Triomphe.
Du pain béni pour Macron..Les gilets jaunes ne sont que le cache sexe ‘de la manif pour tous’…
https://www.bfmtv.com/societe/gilets-jaunes-l-abrogation-du-mariage-pour-tous-revendication-la-plus-votee-de-la-consultation-en-ligne-1604910.html
La bataille idéologique,est intense,le soutien de Dupont-Aignan,Asselineau,Besancenot,Roussel,Lassale,Wauquiez et Mélenchon,durera t il longtemps?
Tout l’enjeu pour Macron est de briser en mille morceaux le bloc hétéroclite des gilets jaunes.
Tout l’enjeu pour les Gilets Jaunes est de conserver leur indépendance, gage de leur unité selon le principe du plus petit dénominateur commun.
Déjà les peines de prisons fermes sont tombées.Les qualificatifs malveillants et déplacés d’anti-émite,homophobe,mysogine,raciste,réacs sont affublés ,sans vergogne,aux gilets jaunes?
Cela rappelle 1980,et la haine ineffable qui s’est alors abattu sur le PCF et G.Marchais;ça avait fonctionné à l’époque en 1988,A.Lajoinie ne recueilli que 6% des voix là où 7 ans plus tôy G.Marchais faisait 16%!
Ah,les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets,faisant passé les gilets jaunes de 70% d’opinions favorables,à 2%?
@ bip
[La bataille idéologique est intense, le soutien de Dupont-Aignan, Asselineau, Besancenot, Roussel, Lassale, Wauquiez et Mélenchon, durera-t-il longtemps?]
Franchement, je ne vois pas où est la « bataille idéologique » dont vous parlez. S’il y a quelque chose qui manque à tout ça, c’est bien l’idéologie. Au risque de me répéter, le mouvement des « gilets jaunes » est un mouvement expressif. Et parce que chacun exprime SES angoisses, SES colères, SES difficultés, il est très difficile de passer à un stade « idéologique ». L’idéologie implique d’avoir un prisme de lecture de la réalité, qui permet d’expliquer comment on est arrivé là où on est et partant, comment en sortir. Mais on ne peut faire une « idéologie » à partir de perceptions subjectives.
[Tout l’enjeu pour Macron est de briser en mille morceaux le bloc hétéroclite des gilets jaunes.
Tout l’enjeu pour les Gilets Jaunes est de conserver leur indépendance, gage de leur unité selon le principe du plus petit dénominateur commun.]
En même temps, le mouvement – en tant que mouvement expressif – a déjà dit à peu près tout ce qu’il avait à dire. L’unité ne lui servira à rien si c’est pour refaire ce qui a déjà été fait. Et la transformation en mouvement politique implique des choix idéologiques qui ne peuvent que diviser un mouvement très hétérogène dans sa composition sociale.
[Cela rappelle 1980, et la haine ineffable qui s’est alors abattu sur le PCF et G.Marchais; ça avait fonctionné à l’époque en 1988, A.Lajoinie ne recueilli que 6% des voix là où 7 ans plus tôt G.Marchais faisait 16%!]
C’est totalement différent. Dans le néo-maccarthysme des années 1980 il s’agissait pour les « classes intermédiaires » de conquérir l’ensemble du champ politique et de priver les couches populaires de représentation politique pour pouvoir parler en leur nom. Aujourd’hui, cette représentation n’existe plus et le mouvement des « gilets jaunes » de par sa constitution même n’entend pas jouer ce rôle.
Non c’est une réponse @luc.
Cher Descartes,
Je vous souhaite une bonne et heureuse année.
Encore une fois, merci pour votre travail, la pertinence de vos articles et votre constance pour répondre à chaque commentaire.
Je ne suis pas sur que l´année 2019 va être riche en rebondissement. Les grains des gilets jaunes sont certes semés, mais je doute que la récolte se fasse maintenant. Dans 5 ans qui sait !
[Ce blog est aussi victime du phénomène de polarisation de la société, qui fait que souvent les commentateurs cherchent plus un espace de communion pour partager une croyance commune qu’un lieu de débat où ils doivent se confronter à des opinions différentes de la leur. C’est aussi pour lutter contre ce phénomène que ce blog a été créé.]
Je suis venu sur votre blog car j´ai lu un article de bon sens. Et le bon sens, c´est souvent son opinion !
Vous faites un vœu pieux, mais pour faire véritablement un débat, il faudrait réfléchir plus profondément sur vos articles voire pouvoir proposer des articles défendant un autre position pour arriver à un juste compromis.
Simple question : si vous voulez faire un lieu de débat pour votre blog, savez vous comment les gens arrivent sur votre blog? Je parie que c´est par l´intermédiaire d´une autre personne. Donc une personne partage votre blog car elle est en “communion avec vos croyances” à d´autres personnes qui sont sensiblement à ces croyances.
@ Barbey
[Je suis venu sur votre blog car j´ai lu un article de bon sens. Et le bon sens, c´est souvent son opinion !]
Pas toujours. Je trouve intéressant de lire un Bourlanges ou un Finkielkraut alors même que je ne partage pas leurs opinions sur des points fondamentaux.
[Vous faites un vœu pieux, mais pour faire véritablement un débat, il faudrait réfléchir plus profondément sur vos articles voire pouvoir proposer des articles défendant un autre position pour arriver à un juste compromis.]
D’une certaine façon, c’est ce que j’essaye de faire en permettant des commentaires très libres tant sur le sujet abordé que sur la longueur. Ni l’un ni l’autre n’étant limités, ça permet à n’importe quel contradicteur d’exprimer sa pensée en toute liberté. Je vois mal comment aller plus loin…
Au début de ce blog, il y avait bien plus de contradicteurs, et même de contradicteurs violents. J’ai l’impression qu’au fur et à mesure que le débat se polarise, la participation des gens aux forums qui ne sont pas de leur persuasion a diminué – et je dois dire qu’un certain nombre de ces forums auxquels je participais ont fermé ou connaissent maintenant une telle censure que toute participation est impossible.
@ Descartes
[Au début de ce blog, il y avait bien plus de contradicteurs, et même de contradicteurs violents.]
Je ne sais pas si c’est si regrettable que ça. Il y a beaucoup plus de volume de commentaires, et la contradiction est surtout le fait de pinailleurs – dont je fais occasionnellement partie – ce qui permet d’approfondir de nombreux sujets de droit, d’histoire, d’économie… Je préfère franchement lire ça que lire Femme des années 80! Mais j’avoue que odp par exemple manque un peu. Il me semble qu’on ne l’a pas vu depuis qu’il a jubilé de l’élection de Macron, ce qui tendrait à valider ton point que les gens désertent les lieux de débat qui ne leur sont pas acquis.
@ BolchoKek
[Je ne sais pas si c’est si regrettable que ça. Il y a beaucoup plus de volume de commentaires, et la contradiction est surtout le fait de pinailleurs – dont je fais occasionnellement partie – ce qui permet d’approfondir de nombreux sujets de droit, d’histoire, d’économie…]
Mais justement, le pinaillage est utile parce que c’est une forme ludique de réflexion. Pour pinailler, il faut avoir lu, et avoir lu avec attention – autrement on se ridiculise.
[Mais j’avoue que odp par exemple manque un peu.]
Odp, dsk, edgar… pas mal de copains qui ont enrichi ce blog de leurs réflexions, leurs contradictions, leurs pinaillages et qui n’interviennent plus guère. Moi aussi ils me manquent…
[Il me semble qu’on ne l’a pas vu depuis qu’il a jubilé de l’élection de Macron, ce qui tendrait à valider ton point que les gens désertent les lieux de débat qui ne leur sont pas acquis.]
Je ne suis pas sûr que dans le cas d’Odp ce soit la bonne explication. Au contraire, je pense qu’il avait un certain plaisir à être seul contre tous… 😉
@Descartes,
je vous souhaite une bonne année 2019 sur le plan personnel, familial et professionnel.
Parce que pour ce qui est de notre cher pays, les choses semblent se gâter sérieusement et la violence est en train de monter d’un cran: à l’heure où j’écris ce commentaire, le ministère des Relations avec le Parlement, dont le titulaire est Benjamin Griveaux, vient d’être attaqué par les Gilets Jaunes…
Certains d’entre nous se souviennent des dégâts causés par les agriculteurs au ministère de l’Agriculture il y a un peu plus de 20 ans, sous le gouvernement Jospin mais il semble que cette fois-ci, la politique et la négociation ne soient plus de mise :(…
Au jeu des prédictions, le pire n’est jamais certain, mais j’en tenterai une pour 2019, et malheureusement, ces dernière années, j’ai eu du flair. Pour preuve, début 2017, peu après la nomination de Benoît Hamon comme candidat du PS aux Présidentielles, j’avais pronostiqué un second tour Le Pen-Macron, avec comme espoir que Fillon contredirait mon pronostic (Fillon, dont je dois dire au passage, que j’ai toujours méprisé comme homme politique).
Je pense pour ma part que, sauf à mettre la France à feu et à sang à l’aide du “lumpenprolétariat”(j’ai nommé la maudite mésalliance Black-Block/Anti-Fa/Racaille islamo-gauchiste), le président Macron a de bonnes chances de quitter son mandat dès cette année, et croyez-moi, cette perspective est loin de me réjouir, vu l’incurie qui règne désormais au sommet de l’Etat. Mais sans doute suis-je trop alarmiste ?
Les raisons qui m’incitent à penser au départ de Microbe sont essentiellement symbolique et psychologique : la panique s’est emparé du sommet de l’Etat avec la persistance des Gilets Jaunes, alors que les institutions de la Vè République sont censées protéger nos élus: si même le gouvernement n’y crois plus… Les révélations se succèdent dans les médias (notamment l’imbuvable nanar publié par l'”Immonde”, j’ai nommé l’affaire Benalla; ce qui prouve que même les larbins ne sont plus tenus en laisse…), et l’une d’entre elles m’a particulièrement fait réfléchir: d’après le “Canard Enchaîné”, mi-décembre dernier, des plans auraient été échafaudés pour évacuer l’Elysée en cas d’un envahissement par les Gilets Jaunes! Comment un pouvoir sûr de son droit et de sa légitimité peut raisonnablement envisager un “remake” de la Journée des Tuileries au XXIè siècle?
Beaucoup glosent sur sa sortie provocatrice concernant les “foules haineuses”, mais à sa décharge, sauf à se déjuger et à trahir les interêts de ce qu’ils l’ont appointé pour prendre le pouvoir, Macron n’a pas vraiment le choix, il est dans l’impasse: je n’aime pas le mot de “guerre civil”, mais là, on s’en rapproche dangereusement…
@ CVT
[Parce que pour ce qui est de notre cher pays, les choses semblent se gâter sérieusement et la violence est en train de monter d’un cran: à l’heure où j’écris ce commentaire, le ministère des Relations avec le Parlement, dont le titulaire est Benjamin Griveaux, vient d’être attaqué par les Gilets Jaunes…]
Que voulez-vous : en cédant après les violences à l’Arc de Triomphe ce qu’il n’avait pas voulu consentir après trois semaines de protestation pacifique, le gouvernement a transmis – et sans se rendre compte – un message extrêmement dangereux : celui qui dit que seule la violence paye. Et croyez-moi, ce message n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
Je suis assez ancien pour me souvenir des manifestations de masse que pouvait convoquer en son temps le PCF ou la CGT. Les gouvernements faisaient à l’époque très attention à prendre le « pouls » de la société, et lorsque la manifestation était massive – et massivement soutenue – ils cherchaient la négociation AVANT de passer au stade de la violence. Il fallait à tout prix éviter la situation où l’on serait obligé de concéder à la violence ce qu’on avait refusé de concéder à la manifestation. Cela étonnait souvent les gens inexpérimentés en politique, qui se demandaient « après tout, qu’est-ce qu’on a à foutre qu’il y a un million de personnes défilant sagement pour l’école libre ? Puisque nous avons la majorité à l’Assemblée, nous pouvons passer en force ». Un vieux sage comme Mitterrand savait que ce n’était pas le cas : une fois que vous avez un million dans la rue, l’étape suivante ne peut être que violente. Mieux vaut prendre ses pertes avant.
J’ajoute que je trouve un peu surprenante la manière dont ces manifestations sont gérées. Quand le PCF ou la CGT pouvaient mettre des centaines de milliers de personnes dans les rues, il n’y avait aucune ambiguïté sur le fait que le quartier des ministères, l’Assemblée et la place de la Concorde l’ensemble Elysée-Beauvau étaient hors limites, et que tous les moyens – y compris le tir à balles réelles – seraient employés pour empêcher une manifestation dans ces zones. Aujourd’hui on découvre qu’on peut laisser dans la rue en plein quartier des ministères un engin de chantier prêt à servir pour défoncer la porte d’un ministère ? Pourtant, il s’agit de contrôler quelques milliers de manifestants, on est loin d’une manifestation de masse !
[Je pense pour ma part que, sauf à mettre la France à feu et à sang à l’aide du “lumpenprolétariat”(j’ai nommé la maudite mésalliance Black-Block/Anti-Fa/Racaille islamo-gauchiste), le président Macron a de bonnes chances de quitter son mandat dès cette année, et croyez-moi, cette perspective est loin de me réjouir, vu l’incurie qui règne désormais au sommet de l’Etat. Mais sans doute suis-je trop alarmiste ?]
J’ai jamais été très bon au jeu des prédictions. Je ne peux que constater la solidité des institutions de la Vème République, qui garantissent quand même un haut niveau de gouvernabilité au jour le jour alors même que le gouvernement et le président sont extrêmement affaiblis sur le plan personnel. Mais la magie des institutions ne peut sauver éternellement une équipe qui a perdu la confiance de la société, et la rémanence du mouvement des « gilets jaunes » montre que c’est le cas. Clairement, il y a une majorité de Français qui ne souhaite pas que Macron reprenne la main, et cela même après des désordres qui en général mettent les indécis du côté de l’ordre.
Départ de Macron ? Je n’y crois pas trop. Je pense plutôt à une forme de « neutralisation », une retraite jupitérienne qui le transforme en personnage symbolique, avec un nouveau Premier ministre qui puisse représenter une rupture et un nouveau départ. La difficulté, bien entendu, c’est que ce « nouveau départ » implique des marges de manœuvre pour faire une politique différente, et cela suppose dans le contexte actuel un conflit avec l’UE…
[Les raisons qui m’incitent à penser au départ de Microbe sont essentiellement symbolique et psychologique : la panique s’est emparé du sommet de l’Etat avec la persistance des Gilets Jaunes, alors que les institutions de la Vè République sont censées protéger nos élus: si même le gouvernement n’y crois plus…]
Il y aurait beaucoup à dire là-dessus. Nous avons aujourd’hui un personnel politique qui dans sa grande majorité n’a pas connu ce que peut être la violence politique, la colère d’une foule. Naguère, vous trouviez des politiques qui avaient connu les grandes grèves dans leur usine ou leur mine, qui avaient organisé les grandes manifestations, qui avaient été membres du SAC, de l’OAS ou du service d’ordre du PCF. Je vous assure que vous prenez alors conscience de la force aveugle qu’un mouvement social contient, et du besoin impératif de le contenir. Seuls les petits gauchistes de bistrot s’imaginaient qu’il faut « libérer la violence populaire ». Les autres savaient ce que cette violence peut faire, et pourquoi un mauvais accord vaut toujours mieux qu’une guerre civile.
Aujourd’hui, dans les administrations, dans les cabinets, au parlement on trouve des gens qui ont très peu sorti de chez eux, qui ont fréquenté des gens « classes moyennes » comme eux – c’est-à-dire, moyennement riches, moyennement engagés, moyennement raisonnables –, le genre qui tapera gentiment à la porte du ministère et non le genre qui ira la défoncer. Et je peux vous dire qu’ils sont terrifiés, d’autant plus que les références aux têtes au-dessus des piques restent assez présentes dans la culture scolaire.
[Les révélations se succèdent dans les médias (notamment l’imbuvable nanar publié par l’”Immonde”, j’ai nommé l’affaire Benalla; ce qui prouve que même les larbins ne sont plus tenus en laisse…),]
Nous sommes dans une civilisation libérale, cher ami. Le Monde et Médiapart martèlent l’affaire Benalla tout comme BFM passe en boucle les exploits des « gilets jaunes » parce que cela fait vendre du papier, et que dans une concurrence féroce, vendre est la première priorité, bien avant un quelconque engagement politique. L’époque des magnats de presse qui s’offraient un journal comme portevoix de leurs idées politiques est loin derrière nous : la presse est devenue un business comme les autres.
[et l’une d’entre elles m’a particulièrement fait réfléchir: d’après le “Canard Enchaîné”, mi-décembre dernier, des plans auraient été échafaudés pour évacuer l’Elysée en cas d’un envahissement par les Gilets Jaunes! Comment un pouvoir sûr de son droit et de sa légitimité peut raisonnablement envisager un “remake” de la Journée des Tuileries au XXIè siècle?]
Comme disait Lord Vetinari, l’un de mes maîtres en politique, « ne faites jamais confiance à un gouvernant qui se préoccupe de tunnels, de bunkers ou de chemins de fuite. On peut être sûr qu’il ne consacre pas toute sa tête au boulot ». Oui, je vous assure qu’un certain nombre de députés, de conseillers, de ministres craignent pour leur vie, et s’imaginent déjà pendus. Vous n’avez qu’à voir tout le scandale fait par un certain nombre de députés qui ont – ou prétendent avoir – reçu des menaces de mort. Pour avoir connu pas mal d’élus communistes d’hier et d’aujourd’hui, je peux vous assurer que la menace de mort fait partie de leur quotidien. Il n’était pas rare pour un dirigeant communiste ou même une personnalité communiste connue d’être accompagnée dans ses déplacements par un ou deux militants de confiance, « au cas où ».
[Beaucoup glosent sur sa sortie provocatrice concernant les “foules haineuses”, mais à sa décharge, sauf à se déjuger et à trahir les interêts de ce qu’ils l’ont appointé pour prendre le pouvoir, Macron n’a pas vraiment le choix, il est dans l’impasse: je n’aime pas le mot de “guerre civil”, mais là, on s’en rapproche dangereusement…]
Je n’y crois pas vraiment. Les institutions sont plus solides que vous ne le croyez, et je ne crois pas qu’il y ait en France un groupe significatif convaincu que ses intérêts seront mieux défendus par un recours illimité à la violence que dans les limites du cadre démocratique. Les « gilets jaunes » réclament des démissions, des élections, des référendums, pas des armes.
@Descartes,
[Départ de Macron ? Je n’y crois pas trop. Je pense plutôt à une forme de « neutralisation », une retraite jupitérienne qui le transforme en personnage symbolique, avec un nouveau Premier ministre qui puisse représenter une rupture et un nouveau départ. La difficulté, bien entendu, c’est que ce « nouveau départ » implique des marges de manœuvre pour faire une politique différente, et cela suppose dans le contexte actuel un conflit avec l’UE…]
En gros, une nouvelle “cohabitation” version Mitterrand-Rocard, quoi… Tout ça pour ça: “flinguer” le septennat pour arriver à ça!
Au surplus, un “super” premier ministre qui irait au combat face à l’UE, je n’y compte pas vraiment: l’oligarchie qui nous tient lieu d’élite française est lâche, europhile car comprador et déteste le conflit, sauf pour écraser le prolo de sa morgue.
C’est bizarre, mais votre argument me conforte un peu plus dans mon pronostic…
A vrai dire, l’UE est la seule question qui n’est jamais vraiment posée depuis le début de ce mouvement populaire, et qui en fait une sorte d'”imam caché” ou comme disent les Américains, de gorille au milieu de la pièce. D’ailleurs, parler de l’UE impliquerait en fait de parler de notre souveraineté nationale, du protectionnisme et de l’euro: croyez-vous qu’au bout du compte et passé l’enfumage du Référendum d’initiative citoyenne, les Gilets Jaunes finiront par mettre cette question sur la table ? L’absence de drapeau européen et l’omniprésence du “Bleu-Blanc-Rouge” au milieu des manifestations apportent un élément de réponse, mais elle demeure inconsciente: à quand une vraie revendication politique formelle?
@ CVT
[En gros, une nouvelle “cohabitation” version Mitterrand-Rocard, quoi… Tout ça pour ça: “flinguer” le septennat pour arriver à ça!]
Eh oui. La question est de savoir si l’image de Macron est irréparablement abîmée, ou s’il peut se refaire. Les faits pointent plutôt vers la première hypothèse : on imagine mal qu’à l’issue d’un « grand débat » qui sera probablement fantomatique, Macron puisse revendiquer une légitimité renouvelée. Un référendum pourrait le faire… à condition de le gagner, ce qui me semble pour le moins compromis. On va devoir donc se résigner à trois ans de « présidence faible »…
[Au surplus, un “super” premier ministre qui irait au combat face à l’UE, je n’y compte pas vraiment: l’oligarchie qui nous tient lieu d’élite française est lâche, europhile car comprador et déteste le conflit, sauf pour écraser le prolo de sa morgue.]
En effet. D’un autre côté, les marges de manœuvre à l’intérieur du cadre européen sont très faibles pour pouvoir faire une « autre politique ». D’ailleurs, le cadre en question a été pensé précisément dans ce but : faire que les politiques néo-libérales soient les seules possibles. Prenez par exemple l’ISF. Macron ne veut pas revenir sur sa décision pour beaucoup de raisons. Mais il y en a une qui est parfaitement logique : dans un système de libre circulation et de concurrence, on ne peut taxer que les facteurs les moins mobiles. Autrement, ils partent. Or, c’est le capital qui est le facteur le plus mobile, et le travail peu qualifié le plus statique…
[A vrai dire, l’UE est la seule question qui n’est jamais vraiment posée depuis le début de ce mouvement populaire, et qui en fait une sorte d’”imam caché” ou comme disent les Américains, de gorille au milieu de la pièce.]
Tout à fait. Alors que les problématiques prioritaires des « gilets jaunes » – le pouvoir d’achat, l’aménagement du territoire, l’emploi, la justice fiscale – sont intimement liées aux politiques imposées par Bruxelles, personne n’en parle (sauf peut-être Philippot, quand il est invité à la télé). Même Mélenchon, pourtant catalogué par les médias – je me suis toujours demandé par quel miracle – parmi les « souverainistes » n’a pas fait la liaison. On dirait que notre classe politique, presque unanimement eurolâtre, a peur de ce qui pourrait se passer si la colère populaire était dirigée contre les institutions européennes. Quand on voit ce que les manifestants en font des institutions républicaines – qui pourtant ont pour elles une véritable légitimité démocratique – je ne suis pas persuadé que leurs peurs soient infondées.
[D’ailleurs, parler de l’UE impliquerait en fait de parler de notre souveraineté nationale,]
Tout à fait. D’ailleurs, je vous fais remarquer que les partisans du « référendum d’initiative citoyenne » omettent très soigneusement d’évoquer un problème intéressant. Que se passera-t-il le jour où le vote populaire approuvera une loi jugée contraire aux traités européens ou à leur droit dérivé ? Pour les lois votées par le Parlement, on peut invoquer le principe que « les traités régulièrement ratifiés sont supérieurs aux lois mêmes postérieures ». Mais une loi votée par le peuple souverain en référendum a une hiérarchie quasi-constitutionnelle, reconnue par le Conseil constitutionnel au point qu’il estime ne pas pouvoir vérifier leur conformité à la Constitution.
[(…) du protectionnisme et de l’euro: croyez-vous qu’au bout du compte et passé l’enfumage du Référendum d’initiative citoyenne, les Gilets Jaunes finiront par mettre cette question sur la table ? L’absence de drapeau européen et l’omniprésence du “Bleu-Blanc-Rouge” au milieu des manifestations apportent un élément de réponse, mais elle demeure inconsciente: à quand une vraie revendication politique formelle?]
Tout à fait d’accord. L’épisode des « gilets jaunes » montre entre autres choses que pour la France populaire, les niveaux « euro-compatibles » (régions, Europe) comptent pour du beurre. Quand il s’agit de demander des changements, de rechercher une protection, d’exiger qu’on vous écoute, c’est à la République qu’on s’adresse, et la République c’est l’Etat central, les préfets, les maires. C’est le tricolore, et non le bleu aux étoiles que les gens choisissent pour les représenter. Ce n’est pas tellement que l’opposition reste « inconsciente », mais surtout qu’elle apparaît tellement évident que ce n’est même pas la peine de la formaliser. Ils savent très bien que ce n’est pas la peine de manifester à Bruxelles, il n’y a rien à gagner là-bas. C’est à Paris que cela se passe.
@ CVT & Descartes
[[A vrai dire, l’UE est la seule question qui n’est jamais vraiment posée depuis le début de ce mouvement populaire, et qui en fait une sorte d’”imam caché” ou comme disent les Américains, de gorille au milieu de la pièce.]
Tout à fait. Alors que les problématiques prioritaires des « gilets jaunes » – le pouvoir d’achat, l’aménagement du territoire, l’emploi, la justice fiscale – sont intimement liées aux politiques imposées par Bruxelles, personne n’en parle (sauf peut-être Philippot, quand il est invité à la télé).]
Et intimement liées aussi à l’autre éléphant au milieu du salon que tout le monde fait semblant de ne pas voir : l’immigration arabo-africaine, descendants inclus, qui coûte, recettes comprises, des dizaines et des dizaines de milliards. A comparer aux quelques milliards de l’ISF qui ne changerait pas grand-chose à ces problèmes…
Et tout ça sans même parler des implications dans la vie quotidienne.
C’est là toute la force de l’extrême gauche qui profite de la peur à exprimer médiatiquement certaines opinions (là où en privé cette peur a très largement disparu) pour imposer ses thèmes : ISF ou RIC par exemple. A la télé, ça présente mieux de demander un juste partage des richesses plutôt que de demander à arrêter de subventionner notre propre invasion…
@ bip
[Et intimement liées aussi à l’autre éléphant au milieu du salon que tout le monde fait semblant de ne pas voir : l’immigration arabo-africaine, descendants inclus, qui coûte, recettes comprises, des dizaines et des dizaines de milliards. A comparer aux quelques milliards de l’ISF qui ne changerait pas grand-chose à ces problèmes…]
C’est là un autre sujet « tabou » du débat. On le voit bien avec la valse-hésitation sur les sujets à aborder dans le “grand débat” organisé par le gouvernement…
@ Descartes,
“Vous n’avez qu’à voir tout le scandale fait par un certain nombre de députés qui ont – ou prétendent avoir – reçu des menaces de mort. Pour avoir connu pas mal d’élus communistes d’hier et d’aujourd’hui, je peux vous assurer que la menace de mort fait partie de leur quotidien”
Et pas que communiste. J’ai un ami qui, enfant, était proche du fils d’un responsable local du FN. Cet homme recevait régulièrement des menaces de mort et le parti mettait à sa disposition du personnel pour sa sécurité. Mon ami l’a vu de ses yeux. Cet homme était officier de réserve, et ne passait pas son temps à pleurnicher en faisant état des menaces qu’il recevait… Pour lui, la politique était une forme de sacerdoce et les menaces faisaient en quelque sorte partie de l’engagement (au demeurant, d’après mon ami, c’était un homme peu sympathique, dur et rigide notamment avec ses enfants, mais du moins dévoué à son parti).
J’avoue que je ne comprends pas trop la pusillanimité de ces députés LREM. Dieu sait que je ne me considère pas comme quelqu’un de courageux, mais je crois que face à ce type de menaces, je finirais par répondre par une bravade (pas forcément en allant affronter seul la foule, mais au moins en publiant un message manifestant le plus profond mépris pour ceux qui profèrent les menaces… et qui sont bien souvent anonymes). Être menacé par ses ennemis, n’est-ce pas la preuve qu’on est redouté, qu’on a de l’importance? N’est-ce pas une forme d’honneur? Mais peut-être ai-je prononcé un gros mot…
@ nationaliste-ethniciste
[Cet homme était officier de réserve, et ne passait pas son temps à pleurnicher en faisant état des menaces qu’il recevait… Pour lui, la politique était une forme de sacerdoce et les menaces faisaient en quelque sorte partie de l’engagement (…)]
C’est exactement ce que je voulais dire. La politique était pour beaucoup de militants des générations précédentes un « sacerdoce », où le martyre était toujours une possibilité acceptée. Il faut dire qu’une partie non négligeable avait effectivement risqué sa peau pour ses idées : quand on a risqué quotidiennement la déportation à Buchenwald ou l’égorgement en Algérie, j’imagine qu’on met en perspective le fait de recevoir une balle ou une lettre de menaces par la poste.
[J’avoue que je ne comprends pas trop la pusillanimité de ces députés LREM.]
Moi si. Quand on a vécu toute sa vie dans du coton, entouré de parents aimants, d’une famille bienveillante, de voisins de la même classe sociale, qu’on a fait de bonnes études à l’abri des murs épais d’une grande école, qu’on travaille dans un joli bureau avec des gens sympas le fait de recevoir par la poste une balle doit surprendre…
[Dieu sait que je ne me considère pas comme quelqu’un de courageux, mais je crois que face à ce type de menaces, je finirais par répondre par une bravade (pas forcément en allant affronter seul la foule, mais au moins en publiant un message manifestant le plus profond mépris pour ceux qui profèrent les menaces… et qui sont bien souvent anonymes).]
Oui, mais… vous êtes une personne pétrie d’histoire et ayant le sens du tragique. J’imagine que si vous receviez une lettre de menaces, vous vous demanderiez « que feraient Richelieu, Bonaparte, Clémenceau, De Gaulle à ma place ? ». Il vous viendrait peut-être à l’esprit la réponse de Victor Hugo : « j’ai lu votre missive d’un derrière distrait »…
[Être menacé par ses ennemis, n’est-ce pas la preuve qu’on est redouté, qu’on a de l’importance? N’est-ce pas une forme d’honneur? Mais peut-être ai-je prononcé un gros mot…]
Non, je crois que vous avez prononcé le mot juste. Comme disait Cyrano, « on n’abdique pas l’honneur d’être une cible ». C’est d’ailleurs pourquoi la multiplication des « menaces » complaisamment étalées dans les médias me paraît éminemment suspecte, notamment lorsqu’elle concerne des députés fort peu connus même de leurs électeurs…
Le devoir de réserve n’existe pas. Il ne figure en aucun cas dans le statut ! Au contraire ! La liberté d’opinion est garantie aux fonctionnaires. (article 6 de la loi 83-634, dite loi Le Pors, Titre I du Statut Général).
En réalité, si devoir de neutralité il y a, il s’applique plutôt aux fonctionnaires les plus hauts placés dans la hiérarchie de manière croissante en fonction du poste occupé.
Si ce devoir de réserve n’est pas présent dans nos statuts, ce n’est pas par simple oubli, c’est une volonté délibérée prise par Anicet Le Pors, ancien ministre de la fonction publique et auteur des lois portant statut général des fonctionnaires. C’est d’ailleurs ce qu’il confirme dans une interview qu’il a accorder à SUD éducation.Confirmez vous que le devoir de réserve n’existe pas pour les enseignants fonctionnaires ?
http://www.sudeduc13.ouvaton.org/spip.php?article1213
@ luc
[Le devoir de réserve n’existe pas. Il ne figure en aucun cas dans le statut !]
Le fait qu’il ne figure pas dans le statut n’implique nullement qu’il n’existe pas.
[Au contraire ! La liberté d’opinion est garantie aux fonctionnaires. (article 6 de la loi 83-634, dite loi Le Pors, Titre I du Statut Général).]
Vous confondez la liberté d’opinion avec la liberté de l’exprimer. Le devoir de réserve ne concerne pas le fond des opinions, mais la forme de leur expression. Il a une double fonction. D’une part, il empêche le fonctionnaire d’utiliser sa position dans son administration pour donner de l’autorité à son discours. D’autre part, il interdit au fonctionnaire de porter atteinte à l’image et l’autorité de l’administration.
Voici ce qu’en disait Anicet Le Pors dans une tribune parue dans « Le Monde » le 31 janvier 2008 : « J’ai rejeté à l’Assemblée nationale le 3 mai 1983 un amendement tendant à l’inscription de l’obligation de réserve dans la loi en observant que cette dernière « est une construction jurisprudentielle extrêmement complexe qui fait dépendre la nature et l’étendue de l’obligation de réserve de divers critères dont le plus important est la place du fonctionnaire dans la hiérarchie » ET QU’IL REVENAIT AU JUGE ADMINISTRATIF D’APPRECIER AU CAS PAR CAS » (c’est moi qui souligne). Anicet Le Pors n’entendait pas donc faire disparaître le « devoir de réserve », mais lui conserver un caractère prétorien en laissant au juge la plus large liberté.
[En réalité, si devoir de neutralité il y a, il s’applique plutôt aux fonctionnaires les plus hauts placés dans la hiérarchie de manière croissante en fonction du poste occupé.]
Il ne faut pas confondre le « devoir de neutralité » et le « devoir de réserve ». Le « devoir de neutralité » impose au fonctionnaire d’exercer son métier en faisant abstraction de ses convictions personnelles. Le « devoir de réserve » implique de ne pas tenir des propos qui pourraient jeter le discrédit sur l’administration. Le seul point commun, est que le devoir de réserve interdit au fonctionnaire des expressions qui pourraient faire douter de sa neutralité.
[Si ce devoir de réserve n’est pas présent dans nos statuts, ce n’est pas par simple oubli, c’est une volonté délibérée prise par Anicet Le Pors, ancien ministre de la fonction publique et auteur des lois portant statut général des fonctionnaires.]
Tout à fait. Mais la « volonté délibérée » d’Anicet Le Pors, comme je l’ai montré plus haut, n’était pas de faire disparaître le devoir de réserve. Celui-ci, dans sa version purement jurisprudentielle, demeure un pilier de notre fonction publique. Et ceux qui le contestent devraient réfléchir à deux fois : si demain le devoir de réserve devait disparaître, on pourrait voir un fonctionnaire quelque soit son niveau hiérarchique critiquer la politique qu’il est censé mettre en œuvre ou le ministre qui la porte et rester en poste. Comment voulez vous dans ces conditions que le public croie un instant croire que la volonté du politique sera mise en œuvre loyalement par les fonctionnaires ? Il n’y aurait alors qu’un seul moyen pour le politique de se protéger de l’obstruction : nommer des fonctionnaires qui lui soient acquis politiquement… et on arrive au système des dépouilles.
[C’est d’ailleurs ce qu’il confirme dans une interview qu’il a accorder à SUD éducation.]
Dans cette interview, Anicet Le Pors ne “confirme” rien de tel. Il se contente de rappeler que le devoir de réserve ne figure pas dans la loi, et que cette omission tient au fait qu’il a “estimé qu’il y avait plus de risques que d’avantages à retenir cette solution, d’autant plus que si la liberté d’opinion est de caractère général, la liberté d’expression prend différentes significations en fonction des circonstances, de la place du fonctionnaire dans la hiérarchie et qu’il revenait au juge, par la jurisprudence progressivement établie de trancher tous les cas d’espèce“. Le Pors le dit donc clairement: pour lui, si la liberté d’opinion du fonctionnaire est totale, la liberté d’expression est bien limitée sous le contrôle exclusif du juge. Et lorsque les syndicalistes le poussent dans ses retranchements, il est encore plus explicite:
Q: “En conclusion, vous nous confirmez qu’un fonctionnaire, même de catégorie À comme les enseignants et directeurs d’école, ne risquent pas grand chose à donner publiquement leur opinion sur la politique et les orientations du gouvernement, du maire, du conseil général, du recteur, voire de leur chef d’établissement car ils ne disposent pas de fonctions d’autorité ?”
R: “Ce n’est pas aussi mécanique. Je ne peux pas me réclamer de la conception du fonctionnaire-citoyen et garantir des règles qui s’imposeraient en toutes circonstances. Les principes et les règles de droit une fois posés, c’est aux intéressés eux-mêmes de s’interroger en permanence sur les conditions d’exercice de leur responsabilité et cela ne peut aller sans risques, sans confrontations, sans succès ni échecs.”
[Confirmez vous que le devoir de réserve n’existe pas pour les enseignants fonctionnaires ?]
Je ne « confirme » certainement pas pareille chose. Le Conseil d’Etat a rappelé que le « devoir de réserve s’impose à tout agent public » (Conseil d’Etat, Mme Marchand, 28 juillet 1993 ; Melle A., 13 mars 2006). Le devoir de réserve existe donc bien pour les enseignants fonctionnaires. Et Anicet Le Pors ne dit pas autre chose.
Bonjour René!
Je vous souhaite une très bonne année 2019 et vous exprime toute ma reconnaissance pour votre travail. Puissiez-vous continuer longtemps !
J’ai l’impression qu’avec cette crise des Gilets Jaunes nous vivons un moment de possible refondation politique, possible mais pas probable ou peu probable. Je me rends compte que si j’ai toujours voté “à gauche”- mais pour beaucoup d’électeurs dits de gauche voter Chevènement en 2002 était déjà très suspect…-ce n’est pas parce que je suis “de gauche”mais parce qu’une certaine gauche me semblait porteuse d’une position souverainiste et anti-maastrichienne. Et déjà je me prenais à ne pas rejeter une alliance avec les républicains et patriotes de l’autre rive…mais il ne fallait en parler qu’aux personnes de confiance… A travers les récents événements, il me semble voir que des individus venant d’horizons “idéologiques”différents – des gens ayant voté fn, pc ou jamais voté- peuvent se retrouver sur ce socle souverainiste: comme si la politique n’était pas une simple affaire d’affinités d’opinion mais de conscience ou de prise de conscience d’une situation qui appelle à déterminer autrement le clivage droite gauche ; ce n’est pas qu’il n’existe plus, mais dans la pratique une partie de la gauche, anti-souverainiste et pro européenne, est de droite.
Bref, les GJ me semblent faire signe vers la nécessité d’une restructuration des partis politiques autour d’un nouveau clivage : la défense de la souveraineté nationale ou la subordination à Bruxelles.
Pour tout vous dire, j’ai beaucoup de sympathie pour Florian Philippot… Est-ce grave docteur?
Cordialement
Rogers
@ ROGERS
[Je vous souhaite une très bonne année 2019 et vous exprime toute ma reconnaissance pour votre travail. Puissiez-vous continuer longtemps !]
Merci, j’en ai l’intention ! Et les encouragements comme le votre m’aident beaucoup…
[J’ai l’impression qu’avec cette crise des Gilets Jaunes nous vivons un moment de possible refondation politique, possible mais pas probable ou peu probable.]
Je pense surtout que cette crise met à nu ce que certains disaient depuis longtemps : le champ politique est devenu un champ de ruines. Les vénérables institutions qui assuraient la sélection, la formation, la promotion et la discipline du personnel politique ne sont plus que des ombres lorsqu’elles ne sont pas mortes. Au point qu’aujourd’hui on peut accéder aux plus hautes fonctions de l’Etat sans être passé par l’une d’elles.
Est-ce que cette situation est favorable à une refondation politique ? Oui et non. Oui, parce que la force des structures existantes pour s’y opposer est nulle ou presque. Non, parce que si le champ politique se trouve dans cet état, ce n’est pas par hasard, mais parce que l’évolution de la société fait que le politique a perdu de son charme…
[A travers les récents événements, il me semble voir que des individus venant d’horizons “idéologiques” différents – des gens ayant voté fn, pc ou jamais voté- peuvent se retrouver sur ce socle souverainiste: comme si la politique n’était pas une simple affaire d’affinités d’opinion mais de conscience ou de prise de conscience d’une situation qui appelle à déterminer autrement le clivage droite gauche ;]
Je pense qu’en politique il y a surtout une hiérarchie des priorités. Communistes et gaullistes se sont joyeusement étripés sur beaucoup de sujets, mais ils ont pu travailler ensemble lorsque la priorité était la libération du territoire et la reconstruction du pays. Aujourd’hui, parce que la question de la souveraineté devient chaque jour plus prioritaire si l’on veut pouvoir affronter les défis qui sont devant nous, des gens qui ont des désaccords importants concernant beaucoup de choses peuvent cependant se retrouver sur un projet souverainiste.
[Bref, les GJ me semblent faire signe vers la nécessité d’une restructuration des partis politiques autour d’un nouveau clivage : la défense de la souveraineté nationale ou la subordination à Bruxelles.]
C’est-à-dire, en référence à la ligne de partage girondins/jacobins qui s’est toujours superposé dans la politique française à la ligne droite/gauche pour créer un système quadripartite plutôt que le bipartisme traditionnel chez nos voisins.
Je vous cite une anecdote qui m’a été rapportée par un ami : lors des incidents de samedi dernier à Paris, un groupe de gilets jaunes a démonté les drapeaux qui ornaient le fronton d’un ministère. Ils ont pris avec euxles drapeaux tricolores… et brûlé les drapeaux européens. Tout un symbole.
[Pour tout vous dire, j’ai beaucoup de sympathie pour Florian Philippot… Est-ce grave docteur?]
Grave non… mais ne soyez pas déçu par les résultats… en politique, avoir raison seul ne sert souvent à pas grand-chose.
Juste pour vous souhaiter également une très bonne année !
Merci pour ce blog qui est toujours aussi intéressant, sur le fond comme sur la forme !