Burqa or not burqa, telle est la question ?

Ça y est, avec la burqa nous avons notre polémique de l’été. Chacun, homme politique, dirigeant associatif ou syndical, star du petit ou grand écran sera bientôt sommé de prendre position. C’est un peu notre spécialité à nous, français, que de polariser un débat légitime sur un point de détail, puis d’éxiger de chacun qu’il choisisse son côté de la tranchée. Et bien, il ne faut pas avoir peur de le dire: le problème est mal posé, et le choix du détail ne facilite pas une clarification des idées.

Le problème ici n’est pas tel ou tel détail vestimentaire, mais quelque chose de bien plus général: le contact entre une communauté nationale et des individus qui, venant d’autres communautés et de cultures différentes, sont amenés à vivre dans son sein. On peut sortir tous les poncifs du genre “la diversité n’est pas un problème mais une richesse”, il n’empêche que ceux qui ont à vivre ou à travailler dans certains territoires pudiquement appellés “difficiles” peuvent constater chaque jour que la “richesse” en question s’accompagne d’un certain nombre de difficultés. Ce n’est pas en niant les problèmes qu’on peut les résoudre.

Le problème n’est pas la bourqa (ou plutôt pas seulement la burqa), mais la manière dont une communauté nationale constituée, avec son passé, ses traditions et tout un système symbolique établi, peut intégrer, accepter, coexister, rejeter ou ignorer des habitudes, des traditions et une symbolique qui lui sont extérieures mais qu’une population immigrée amène avec elle.

Historiquement, la France a donné par le passé une réponse très précise à cette question, et la réponse était l’assimilation. L’étranger qui vivait en France était prié dans l’espace public, d’adopter strictement les coutumes les habitudes, les règles et la symbolique française. La “tolérance” envers les différences était perçue plutôt comme une concession temporaire envers une population “qui ne sait pas encore comment on fait les choses en France” que comme l’acceptation permanente d’un état de fait destiné à perdurer. Le but était clair: l’étranger devait devenir, au bout d’un temps plus ou moins long, un “français comme les autres”. Il était demandé à l’étranger de construire une nouvelle identité en se fondant dans le “creuset républicain”.

Cette vision fusionnelle, qui fit les riches heures du “modèle français”, se trouve substituée à partir des années 1980, par l’idée d’intégration. Il ne s’agit plus d’amener l’immigré à adopter les valeurs, traditions, coutumes et mode de vie “français”, mais de “vivre avec les différences”. L’étranger est supposé conserver sa culture d’origine, son “identité”, et la société française doit s’adapter pour faire coexister des “identités” différentes.

Ce changement n’est pas le fruit du hasard. La vision assimilationniste est une vision exigeante, qui récompense socialement un effort individuel.  La vision integrationniste est bien plus conforme au discours libéral politiquement correct soutenu par des classes moyennes boboïsées, discours centré sur un individu-roi qui n’a que des droits et jamais de devoirs, et une société dont le seul but est de permettre à cet individu-roi de se réaliser. Et comme la société est toujours défaillante (parce que l’individu-roi a toujours quelque désir insatisfait), l’individu se positionne nécessairement en victime. L’assimilationnisme était fils des Lumières, et postulait l’immigré comme un individu libre et responsable, capable de faire des choix et de supporter les conséquences de ceux-ci. Capable surtout de sortir de sa condition par l’apprentissage et l’effort. L’intégrationnisme est fils de mai 68, et postule l’immigré comme victime, condamné par des forces obscures à rester dans sa condition et incapable d’assumer une responsabilité quelconque pour ses actes.

L’immigré a fait le choix de venir résider en France (1). Il serait donc à priori normal qu’il assume les conséquences de ce choix en se pliant aux exigences de la société qui l’accueille: apprendre le français, adopter les usages locaux, obéir aux lois et règlements. Mais la logique de l’intégration renverse les termes du débat: l’immigré n’est pas un individu libre qui a fait un choix, mais est au contraire une victime de circonstances qui lui échappent. Ce n’est donc pas à lui de faire l’effort pour se rapprocher des modes de vie du pays d’accueil, mais à la société d’accueil de modifier son mode de vie pour permettre à l’immigré d’y vivre tout en conservant ses “racines”. On voit bien en quoi cette conception ne peut être soutenue que par ceux qui n’ont pas à vivre quotidiennement ce choc des cultures, et combien elle ne peut qu’être rejetée par ceux qui vivent en contact avec les populations immigrées. Après tout, c’est à eux qu’on demande tout l’effort…

Revenons maintenant à la burqa. La question de son interdiction n’est pas du tout la même selon l’optique choisie. Si l’on est assimilationniste, là pas de problème: en France, on ne porte pas la burqa. Point à la ligne. Si les immigrés ont vocation à devenir “des français comme les autres”, alors ils doivent s’habiller comme les autres. Et s’ils trouvent cette contrainte insupportable, ils peuvent toujours revenir dans leur pays, où ils pourront vivre en conformité avec leurs traditions ancestrales. Il n’y a rien à discuter et rien à négocier, parce que chacun fait ses choix: si on veut vivre en France, le prix (autant pour les “de souche” que pour les autres) est de vivre à la française. Si on veut vivre à l’algérienne ou à la malienne, on va vivre en Algérie ou au Mali (2).

Mais si on se place dans la logique integrationniste, alors les problèmes commencent. Parce que dès lors qu’on décide que chaque communauté immigrée à droit au respect de ses traditions, de sa culture et de ses modes de vie, se pose la question de savoir jusqu’où ce respect doit aller. On admet bien que des bonnes soeurs soient confinées dans des couvents toute leur vie après leur “mariage avec dieu”. En quoi cette logique serait plus attentatoire aux droits de la femme que celle qui confine la femme au foyer après son mariage avec un homme ? Pourquoi faut-il avoir plus de respect pour les coiffes bretonnes ou alsaciennes que pour les voiles des marocaines ? Pourquoi rejeter la mutilation que constitue l’excision et accepter la circoncision ?

Le point faible des integrationnistes est que la pente naturelle de leur idéologie les amène a établir une équivalence entre la culture “de souche” et la culture de l’immigré (souvent au nom du rejet de l’eurocentrisme, devenu une espèce d’épouvantail des bienpensants). On veut ainsi effacer deux mille ans d’histoire. Et surtout, on fait semblant d’ignorer qu’il y a une dissymétrie fondamentale entre le français et l’immigré: l’immigré à choisi en connaissance de cause d’aller vivre dans un autre pays ou la culture et les moeurs sont différents de la sienne d’origine. Le français “de souche”, lui, n’a rien choisi du tout. Et il ne voit pas pourquoi il devrait changer son mode de vie au nom du “respect” pour une population qu’il n’a pas nécessairement invité chez lui. L’immense majorité de nos concitoyens pensent que s’il veut être compris, c’est l’immigré qui doit parler français, et non pas le français “de souche” qui doit parler arabe ou swahili. La même majorité est persuadée que s’il veut être accepté, c’est à l’immigré de ne pas heurter les coutumes locales, et non pas l’inverse.

On peut se demander pourquoi l’intégrationnisme s’est imposé sur l’assimilationnisme ? Et bien, l’assimilationisme est cher, particulièrement pour les classes moyennes. Car l’effort des immigrés pour se “fondre” dans la société doit avoir pour contrepartie non seulement un système éducatif qui l’accompagne, mais aussi un système de promotion sociale qui récompense cet effort. Or, si les immigrés prennent l’ascenseur social, ils entrent fatalement en compétition avec les enfants des classes moyennes. Et ils sont des concurrents bien plus redoutables que la classe ouvrière autochtone, puisque les émigrants constituent en général les individus les plus dynamiques de leur couche sociale du pays d’origine.

Ce n’est pas étonnant que l’arrêt de l’ascenseur social coïncide avec l’enracinement d’une classe moyenne puissante. Ce sont ces classes moyennes qui ont bloqué les ascenseurs qui leur avaient servi à monter, de peur que d’autres les utilisent. Et ce blocage s’accompagne d’une idéologie ad-hoc, celle du “respect des racines”. Une immigrée coupée du monde (par sa burqa, par exemple) ne constitue pas une menace pour les fils des classes moyennes. Une immigrée “assimilée”, par contre, est une concurrente redoutable. D’où l’alliance des classes moyennes bienpensantes et des pires rétrogrades pour défendre le “droit” des musulmanes à porter le voile (3).

La triste vérité, c’est qu’une société qui n’est pas fière de son histoire, de ses valeurs, de ses réalisations bref, qui ne s’aime pas elle même, ne peut prétendre à assimiler. Si nous tenions vraiment à l’universalité de nos valeurs, nous n’hésiterions pas à croasser au passage des femmes en noir, comme nous n’hésitions pas à le faire au passage des curés du temps du combat laïque. Nous n’y croyons plus, voilà la vraie question.

Descartes

(1) Et c’est bien un choix. Un certain nombre de bonnes âmes rejetteront cette idée de choix, argumentant que dans les conditions de misère ou de conflit du pays d’origine le choix est limité. Mais cet argument conduit à faire de nous tous des créatures prédestinées, puisque l’essentiel de nos “choix” sont en fait contraints: “tu gagneras ton pain à la sueur de ton front”. Par ailleurs, on notera que dans les pays d’émigration qui alimentent les flux migratoires vers la France, l’immense majorité des habitants reste sur place. Ce qui montre bien qu’il s’agit d’un choix.

(2) Certains diront ici que l’individu peut vouloir “panacher” des cultures: vivre en France, ou il y a des TGVs et la Sécurité Sociale, mais s’habiller et prier  “comme au pays”. La réponse est qu’une société ne s’achête pas au détail. C’est parce que chez nous on a chassé la réligion de la sphère publique qu’on a des TGVs et la Sécurité sociale. On ne peut pas acquérir les uns si l’on conserve l’autre…

(3) Un mécanisme similaire concerne les immigrés dits “de la seconde génération”, qui n’ont en fait d’immigré que le nom, puisqu’il s’agit de personnes nées en France, de nationalité française, qui ont effectué leur scolarité en France et qui sont, dans leur immense majorité, bien plus “assimilés” qu’on ne veut bien le croire dans les salons parisiens. Ces “immigrés” sont priés par l’alliance des mollahs et du Boulevard Saint-Germain réunis de renouer avec leurs “racines” et de formuler leur revindications sur une base ethnique et communautaire. On les encourage (dans une émission d’Arte de mardi dernier, pour ne donner qu’un exemple) à se déclarer “plutôt marocain (ou algérien, ou…) que français”. Mais voilà: quand ils reviennent “au pays”, ces mêmes individus s’aperçoivent assez vite qu’ils sont bien plus étrangers dans “leur” pays qu’en France. L’idéologie intégrationniste les empêche de devenir pleinement français au nom de “racines” qui sont imaginaires.

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8 réponses à Burqa or not burqa, telle est la question ?

  1. Trubli dit :

    Ce passage est brillant :

    Ce n’est pas étonnant que l’arrêt de l’ascenseur social coïncide avec l’enracinement d’une classe moyenne puissante. Ce sont
    ces classes moyennes qui ont bloqué les ascenseurs qui leur avaient servi à monter, de peur que d’autres les utilisent. Et ce blocage s’accompagne d’une idéologie ad-hoc, celle du “respect des
    racines”. Une immigrée coupée du monde (par sa burqa, par exemple) ne constitue pas une menace pour les fils des classes moyennes.

    Mais j’ajouterai ceci. la France et les immigrés se sont mutuellement mentis. La France en pensant que ces immigrés venus aider à la reconstruction du oays partiraient et les immigrés en faisant
    croire à leurs enfants que leur avenir n’était pas ici.

    En plus, la droitisation de la société et les difficultés économoques rendent encore plus tentant le repli sur sa communauté et la religion.

    • Descartes dit :

      Merci de votre encouragement…

      Quant au “mensonge mutuel”… je ne suis pas tout à fait d’accord. A partir du moment où la France a authorisé le regroupement familial, il était évident pour tout le monde que les immigrés ne
      repartiraient pas, et que l’avenir de leurs enfants serait ici. Et il faut dire que les immigrants arrivés avant 1973 ont joué le jeu: ils ont dévoilé leurs femmes et leurs filles, ils se sont
      habillés “à l’occidentale”, ils ont eu une pratique religieuse discrète tout à fait conforme à la vision française de la laïcité.

      En plus, la droitisation de la société et les difficultés économoques rendent encore plus tentant le repli sur sa communauté et la religion.

      Quelle “droitisation de la société” ? Le communautarisme est un phénomène plutôt corrélé à la “gauchisation de la société” dans les années 1970 et 1980… en France, c’est la gauche qui tend à
      être communautariste, pas la droite.

  2. ronx dit :

    À propos de ta deuxième note de bas de page, tu nous dis que ce n’est pas possible de panacher les cultures.

    J’ai pourtant l’impression que c’est possible. Je pense qu’il faut distinguer différents niveaux de culture. Il y a des cultures qui sont plus globalisantes que d’autres (religion, tenue
    vestimentaire etc.). Je pense que la culture française se base surtout sur la république (si ce n’est pas le cas, alors je pense que ça devrait être de cette manière) et que ce genre
    d’assimilation même si elle exigeante donne quand même de bonnes marges de maneuvres dans la sphère privée notamment.

    Je pense qu’il ne faut pas argumenter contre la burqa en faisant appel aux habitudes vestimentaires des français, il me semble bien plus pertinent de faire appel à la république, ses lois, ses
    valeurs. Je ne vois pas pourquoi quelqu’un ne pourrait pas s’habiller comme il veut sous prétexte que les français en général ne portent pas ce genre d’habits. Je parle ici d’habits qui ne
    violent pas les lois, les valeurs de la république. Peut-être que tu ne t’attaquais pas à ça précisément, mais certains éléments nous portent à le croire : 

    “Si les immigrés ont vocation à devenir “des français comme les autres”, alors ils doivent
    s’habiller comme les autres. “

     

    Donc je pense qu’il devrait y avoir un noyau dur de culture/assimilation républicaine et pour le reste chacun est libre de faire ce qui lui plait. Donc un panache – même s’il est limité – est
    possible. Qu’une personne soit en djellaba ou en jean, ça m’est égal tant que cette personne respecte la république française.

    • Descartes dit :

      À propos de ta deuxième note de bas de page, tu nous dis que ce n’est pas possible de panacher les cultures. J’ai pourtant l’impression que c’est possible.

      Je pense que tu te trompes. Une culture peut bien entendu incorporer des éléments d’autres cultures, et la culture française l’a toujours fait abondamment. Mais il y a une différence entre
      incorporer et “panacher”. Dans le mot même “incorporer” il y a l’idée que l’objet extérieur devient partie du corps lui même. Lorsqu’on incorpore quelque chose d’extérieur, ce quelque chose
      devient une partie intégrante de la culture qui l’intègre, quitté à subir des modifications qui la rendent compatible avec le fonctionnement de la culture d’accueil. Lorsqu’on panache, au
      contraire, on fait coexister des éléments sans aucun questionnement sur leur compatibilité.

      Je pense que la culture française se base surtout sur la république (si ce n’est pas le cas, alors je pense que ça devrait être de cette manière)

      Non. Il y a eu une France bien avant 1789, et la France n’a pas disparu sous Napoléon. La “culture française” est héritière de Robespierre autant que de Napoléon et de Richelieu.

      et que ce genre d’assimilation même si elle exigeante donne quand même de bonnes marges de maneuvres dans la sphère privée notamment.

      Bien entendu. Par définition, la liberté dans la sphère privée est totale, puisque celle-ci échappe par définition à l’Etat et à la société. Des marges existent aussi dans la sphère publique,
      dans les limites posées par la loi.

      Je pense qu’il ne faut pas argumenter contre la burqa en faisant appel aux habitudes vestimentaires des français, il me semble bien plus pertinent de faire appel à la république, ses lois,
      ses valeurs.

      Oui et non. Les “habitudes vestimentaires des français” sont aussi le sujet des lois et des valeurs de la République. La loi interdit de se promener à poil, et elle interdit de se promener le
      visage caché. Dans les deux cas, il y a des valeurs qui sont en jeu.

      Je ne vois pas pourquoi quelqu’un ne pourrait pas s’habiller comme il veut sous prétexte que les français en général ne portent pas ce genre d’habits.

      En d’autres termes, tu penses que la nudité publique devrait être permise ? Parce que tu auras du mal à trouver des justifications pour l’interdiction de la nudité publique qui ne fassent pas
      appel aux coûtumes…

      Je parle ici d’habits qui ne violent pas les lois, les valeurs de la république.

      Depuis cette année, la burqa viole les lois de la République. Où est le problème ? Que je sache, personne n’appelle à interdire des habits qui ne violent pas des lois…

      Qu’une personne soit en djellaba ou en jean, ça m’est égal tant que cette personne respecte la république française.

      Mais qu’appelles tu “respecter” ? Ici tout est question de symbolique: dès lors qu’un symbole, un vêtement, un comportement est utilisé pour marquer sa différence, cela pose un problème. Parce
      qu’on ne peut pas en même temps jouir de l’égalité et proclamer publiquement, agressivement sa différence. Si la burqua était un vêtement, on pourrait se permettre de le tolèrer. Mais dès lors
      que cela devient un symbole, elle est intolérable.

       

       

  3. ronx dit :

    J’ai l’impressionnant qu’en saussisonant les réponses des uns et des autres on s’en sort jamais. 

    Après avoir lu ton article, je me suis dit que ton argument contre la burqa était le suivant :

    P1 Porter la burqa n’est pas dans les habitudes vestimentaires des français

    P2 Ce qui va à l’encontre des habitudes vestimentaires des français devrait être interdit

    C Le port de la burqa doit être interdit

     

    Peut-être que j’ai mal restitué ton argument et là tu peux m’arrêter tout de suite, c’est pas la peine de lire la suite.

    L’argument en lui-même est logiquement valide, y a pas de problème de ce côté là. Le soucis à mon avis c’est que ce type de raisonnement va nous conduire à exclure des habitudes vestimentaires
    qui ne posent aucun problèmes, comme par exemple les habits gothiques ou même la mode en général.

    Personnellement je modifierais l’argument pour quelque chose du genre : 

    P1 Porter la burqa va à l’encontre des valeurs/lois de la République Française

    P2 Ce qui va à l’encontre des valeurs/lois de la République Française doit être interdit

    C Le port de la burqa doit être interdit

    Pour l’instant je trouve mon argument plus acceptable que le tien, il permet d’autoriser les habits gothiques et d’interdire la burqa. Alors tu m’opposes l’exemple de la nudité. Je pense pas que
    ce soit un cas insurmontable, on pourrait argumenter qu’il y a un droit à être nu, mais qu’il y a un droit supérieur qui est de pouvoir ne pas voir les autres nus.

    Maintenant peut-être que tu peux trouver certains cas tordus où mon argument ne donnerait pas quelque chose d’acceptable.

    • Descartes dit :

      J’ai l’impressionnant qu’en saussisonant les réponses des uns et des autres on s’en sort jamais.

      C’est la seule manière de répondre point par point. De toute manière, le commentaire intégral reste sur le forum pour celui qui veut le lire in extenso.

      Après avoir lu ton article, je me suis dit que ton argument contre la burqa était le suivant :

      P1 Porter la burqa n’est pas dans les habitudes vestimentaires des français

      P2 Ce qui va à l’encontre des habitudes vestimentaires des français devrait être interdit

      C Le port de la burqa doit être interdit

      Peut-être que j’ai mal restitué ton argument et là tu peux m’arrêter tout de suite, c’est pas la peine de lire la suite.

      Non, ce n’est pas mon raisonnement. Ce n’est pas parce que quelque chose n’est pas “dans les habitudes” qu’il doit être interdit, autrement la société n’avancerait jamais. D’abord, il faut
      distinguer entre la sphère privée, ou l’Etat n’a pas à “interdire” ou “permettre” quoi que ce soit, et la sphère publique. Ensuite, lorsqu’un comportement “qui n’est pas dans les habitudes” prend
      le caractère d’une provocation, il doit être interdit.

      Ton raisonnement, qui consiste à interdire “ce qui va a l’encontre des lois” est en fait tautologique: si cela va contre les lois, il est déjà interdit, et il suffit de faire une loi ad hoc pour
      qu’un comportement quelconque soit “contraire aux lois de la République”…

      Alors tu m’opposes l’exemple de la nudité. Je pense pas que ce soit un cas insurmontable, on pourrait argumenter qu’il y a un droit à être nu, mais qu’il y a un droit supérieur qui est de
      pouvoir ne pas voir les autres nus.

      Tu peux faire le même raisonnement pour la burqua…

       

  4. ronx dit :

    Est-ce que tu peux me dire ce que tu entendais par la phrase : “Si les immigrés ont vocation à
    devenir “des français comme les autres”, alors ils doivent s’habiller comme les autres.” ? 

    Dans cette phrase tu ne parles pas de comportements provocatoires, c’est plus général ou alors j’ai mal compris. Pour que ce soit plus clair pour moi je te pose une question : Est-ce qu’on peut
    être français tout en portant un kilt ?

    Personnellement je pense que ça ne pose pas de problème, sauf si – et là je rejoins ce que tu dis à propos des provocations – le kilt est utilisé comme une provocation, une insigne religieuse ou
    je ne sais quoi d’autre.

    • Descartes dit :

      Est-ce que tu peux me dire ce que tu entendais par la phrase : “Si les immigrés ont
      vocation à devenir “des français comme les autres”, alors ils doivent s’habiller comme les autres.” ?

      Bien ententendu. Il ne t’aura pas échappé que les français ne s’habillent pas tous pareil: selon
      la région, la saison et même la fantaisie, on se couvre plus ou moins, on montre plus ou moins. Mais on respecte tous un certain nombre de règles: on enlève son chapeau lorsqu’on est dans un
      endroit fermé, on montre son visage sauf lorsqu’on a des raisons objectives (se protéger du froid, d’un environnement agressif) de le faire, on ne montre pas les parties considérées “intimes”
      sauf dans des contextes bien déterminés. Lorsque j’écris “si les immigrés ont vocation à devenir des français comme les autres, ils doivent s’habiller comme les autres”, cela implique qu’ils
      respectent les mêmes règles que le reste de la population.

      Dans cette phrase tu ne parles pas de comportements provocatoires, c’est plus général ou alors j’ai mal compris.

      En effet, c’est plus général. Mais c’est la logique même de l’assimilation: l’étranger peut vivre parmi nous en conservant un certain nombre de comportements “étrangers”, à condition que ceux-ci
      ne constituent pas une provocation. Mais si l’étranger veut devenir “un français comme les autres”, alors les exigeances ne sont plus les mêmes. Elles sont bien plus étendues.

      Pour que ce soit plus clair pour moi je te pose une question : Est-ce qu’on peut être français tout en portant un kilt ?

      Bien sur que si. De la même manière qu’on peut être français et sortir dans la rue à poil avec un entonoir sur la tête. Lorsqu’on fait ça, on n’est pas, c’est “un français comme les autres”. On
      est un français fou.

      On ne peut pas être “un français comme les autres” et porter le kilt chaque fois qu’on sort de chez soi. De la même manière qu’on ne peut pas être “un français comme les autres” et porter une
      jupe de feuilles et les seins nus. Tout simplement parce qu’une personne qui a ce comportement ne comprend de toute évidence pas dans quelle société il vit. Etre membre d’une société implique la
      comprehension de certains codes.

       

       

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