J’aurais voulu ici commenter les idées échangées lors du “rémue-meninges” du Parti de Gauche. J’aurais voulu commenter les débats de l’université d’été du PCF. Malheureusement, cela m’est difficile. Pourquoi ? Tout simplement, paqu’en matière d’échange d’idées et de débats, ce fut court . Avec un peu d’imagination – très peu, croyez moi – n’importe qui qui ait une connaissance sommaire de la sociologie des deux organisations pourrait lui-même écrire les interventions des uns et des autres. L’intelligence a pris des vacances, et l’électroencephalogramme est plat.
Ok, d’accord, je n’y suis passé qu’une demie journée à Grenoble (1). Mais tout de même. Ce que j’ai vu, c’est l’habituel “débat” tel que la gauche – car il n’y a pas que le PG et le PCF, au PS ce n’est guère mieux – sait si bien l’organiser: une longue suite d’interventions ou personne n’est en désaccord avec personne si ce n’est sur des points mineurs. Ou chacun déclare s’échauffe avec son propre discours jusqu’à l’hystérie en criant “c’est un scandaaaaale !”, avec l’assurance de se faire applaudir par le public. Et chacun sort content de se sentir en communion avec les autres, ses opinions et ses préjugés confirmés par le fait qu’ils sont partagés. Ce “rémue-meninges” était au sens le plus strict du terme un rituel. Et si vous trouvez que je suis dur, je vous recommande de regarder la “table ronde finale” (disponible ici). Regardez-là en écoutant tout particulièrement les interventions de la modératrice (2). Voici quelques exemples:
“[après une intervention de Clémentine Autain] Donc, ne pas attendre 2012, agir maintenant, d’accord. Cela dit, le gouvernement a quand même fait des annonces. L’austérité d’accord, bon. Mais il prétend taxer les plus riches. Ah, ça paraît étrange venant de lui, d’accord. Mais bon, il le prétend. Pierre Laurent, qu’est ce que vous en pensez ?”
ou bien
“[après une intervention de Christian Piquet] Bon, alors, si je comprends bien, si je comprends bien, l’austérité… on est pris à la gorge… c’est la corde au cou… c’est un danger mortel. Bon. Alors… il faut résister. Alors, comment on peut combattre un tel dispositif… en France. Alors, Clémentine, comment on peut combattre ça ?”
Et tout ça dit avec des gestes, avec les modulations dans la voix d’une actrice comique de music-hall faisant son show. Et les réponses à l’avenant: rien de surprenant, rien d’imprévisible, pas un seul désaccord. Clairement, ceci n’est pas une table ronde, un débat rationnel où chacun demande la parole quand il a quelque chose à dire, et où le participant qui n’est pas d’accord avec ce qui vient d’être dit peut ouvrir un débat, avec un modérateur dont le rôle est de tenir l’horloge et permettre à tous de s’exprimer. Ce qu’on a vu à Grenoble, c’est une sorte de spectacle théâtral où chacun à son rôle et le joue à son tour. Le modérateur pose des fausses questions dont il connaît parfaitement la réponse. Comme d’ailleurs le public: le discours est si prévisible, si conformiste que n’importe quelle personne dans l’audience sait ce que chaque acteur va dire avant qu’il prenne le micro. On n’est pas dans un débat, on est dans un rituel. Car ce qui caractérise le rituel, c’est l’absence de surprises. Comme à la messe, chacun sait à quel moment il faut se lever, à quel moment il faut s’asseoir, ce que le curé va dire et ce qu’il faut lui répondre.
Que l’on organise des rites pour galvaniser les militants, je n’ai rien contre. Lorsque l’Église catholique mobilise ses ouailles avec des processions et des messes, elle sait ce qu’elle fait. Ce qui est intolérable, c’est que le rituel prenne toute la place qui devrait être consacrée à la réflexion et à l’éducation des militants. Pire: qu’on fasse croire aux militants qu’ils sont en train de participer à un “remue méninges” ou à une “université d’été” alors qu’en fait ils participent à une cérémonie.
Et cela m’amène au rituel parmi les rituels, à savoir le “discours de clôture” – qui n’a rien d’une clôture, puisqu’il ne fait nullement référence aux travaux qu’il est censé de clore – prononcé par le Petit Timonier et candidat présidentiel du Front de Gauche. Tout d’abord, je voudrais dire que j’admire Mélenchon le rhéteur. Il est certainement le plus grand orateur de sa génération – qui, il faut le dire, est particulièrement plate – et probablement notre meilleur orateur politique depuis que Philippe Séguin a quitté la scène. La qualité de sa diction, la plasticité de sa voix qu’il sait moduler du piano au fortissimo, son utilisation des silences, le lyrisme dont il sait faire preuve, tout est admirable. Même s’il a une certaine tendance à rabâcher les mêmes expressions, les mêmes formules, les mêmes jeux de mots au delà du raisonnable. Est-il utile de répéter pour la n-ième fois la formule “les combats qu’on est sur de perdre sont ceux qu’on ne livre pas” ?
Dommage que ces magnifiques pièces de rhétorique tournent à vide. Car si la forme est magnifique, le fond est désespérément creux. Et ça commence à se voir. Un discours politique qui se limite à répéter que tout va mal n’apporte rien: les gens qui en souffrent le savent, les gens qui n’en souffrent pas s’en foutent. A rien ne sert non plus d’agonir d’injures Trichet, Sarkozy ou Fillon. A rien ne servent non plus les jérémiades sur “le peuple qui se lève” et balayera les riches et les puissants. Bien sur, ça fait plaisir aux militants, les sympathisants, ce qui sont déjà acquis à la cause. Ah, que c’est jouissif le jeu de massacre. Ah, que c’est délicieux d’entendre insulter les puissants. Mais politiquement, à quoi ça avance ? En quoi ça ferait “remuer les méninges” ? Où est l’analyse sérieuse, pédagogique, de la réalité ? Où sont les propositions articulées avec cette analyse ? Tout ça est terrible, horriblement absent. On reste toujours dans le discours magique des solutions “simples” qui ne résolvent rien, genre financement gratuit du déficit par la BCE.
Par contre, ce qui est nouveau dans le discours mélenchonien, c’est une sorte de mystique du peuple qui donne de plus en plus à son discours des tonalités d’évangeliste américain. Voici un premier exemple:
“Et voyez la force et la puissance rédemptrice de l’irruption du peuple sur la scène politique”.
Puissance “rédemptrice” ? Cette identification du peuple à la figure du Christ rédempteur est curieuse. On a envie de demander quels sont les pêchés a qui cette “rédemption” pourrait s’appliquer. Un autre exemple:
C’est d’abord la confiance du peuple qu’il faut gagner car en lui réside toute possibilité de développement, en lui réside toute richesse, en lui réside toute intelligence, en lui réside tout le futur, tout le futur, le reste n’est rien.
Là, on est pratiquement dans le “je suis le chemin, la lumière et la vie”. Le peuple n’est plus seulement le fils rédempteur, il est dieu le père…non, désolé, le peuple est le souverain, il n’est pas pour autant omniscient. Il se trompe quelquefois, et il ne concentre pas “toute intelligence”. Arrêtons la mystique.
Quant au “programme populaire partagé” et à “la campagne des 1500 candidats”… aucun signe de vie. La négociation des circonscriptions législatives semble s’être perdue dans les limbes, et le programme parti aux oubliettes. Il est vrai qu’accord et programme faisaient partie des assurances que Mélenchon devait donner à ses militants du PCF pour obtenir l’investiture. Maintenant qu’il est investi…
Un autre élément remarquable – et d’autant plus remarquable que Piquet fait le même appel à la séance de clôture – est l’appel aux socialistes à “débattre”. Un “débat” qui n’aurait pas grand sens s’il ne s’agissait pas de discuter d’un programme et d’une alliance pour gouverner ensemble. Piquet le dit d’ailleurs encore plus explicitement: “(…) en direction de celles et ceux qui peuvent partager nos idées et qui sont aujourd’hui à la Rochelle. C’est de leur dire: êtes vous prêts à discuter avec nous de ces mesures ? Etes vous prêts parce que ce sont les seules mesures qui permettent de sortir de la crise (…) Ce sont les seules mesures sur lesquelles il est possible de construire une majorité et un gouvernement qui redonnera de l’espoir (…)”. Ceux qui voyaient dans le Front de Gauche une force qui réfuserait en toute circonstance de gouverner avec le PS risquent d’être très, très déçus…
Descartes
(1) Pour la soi-disante “université d’été du PCF”, je me repose sur les témoignages d’amis qui y étaient.
(2) Le reste n’est pas mal non plus… mais bon, on ne peut pas tout commenter. Disons qu’il faut écouter les interventions de Piquet et d’Autain – oui, je sais, c’est pénible – pour comprendre que le Front de Gauche est dans des beaux draps… Le “truc” qui consiste à faire convaincant en faisant indigné semble toujours aussi efficace quand il s’agit de faire applaudir les gogos. Un doute me taraude: Piquet est-il capable d’argumenter sans gueuler ?
On n’est pas dans un débat, on est dans un rituel. Car ce qui caractérise le rituel, c’est l’absence de surprises. Comme à la messe, chacun sait à quel moment il faut se lever, à quel moment il
faut s’asseoir, ce que le curé va dire et ce qu’il faut lui répondre.
Ce type de grand-messe ne
peut-être qu’un rituel pour galvaniser les militants déjà convaincus, et aussi pour essayer d’occuper l’espace médiatique. Compte tenu du temps (limité) et du format (beaucoup de monde, arène et
spectacle…….), dans ce type de réunion il ne peut pas y avoir de débats sérieux et encore moins une réflexion et un travail de fond. Je peux me
tromper, mais je crois que personne, pas même les militants, n’attendait de cette réunion autre chose qu’une cérémonie.
Et cela m’amène au rituel parmi les rituels, à savoir le “discours de clôture” – qui n’a rien d’une clôture, puisqu’il ne fait nullement référence aux travaux qu’il est censé de clore – prononcé
par le Petit Timonier et candidat présidentiel du Front de Gauche.
Normalement les travaux
auraient du se faire en amont. Si cela avait été le cas ils auraient pu être commentés et débattus dans cette réunion. Mais en amont il n’y a que les pseudos programmes partagés, issus de
« brain storming ». Il n’y a pas eu de travail de fond (Hétérogénéité de l’attelage et cruel manque d’experts, d’intellectuels et de
scientifiques), et il est probablement trop tard pour corriger la stratégie.
Quant au “programme populaire partagé” et à “la campagne des 1500 candidats”… aucun signe de vie. La négociation des circonscriptions législatives semble s’être perdue dans les limbes, et le
programme parti aux oubliettes.
Le front de gauche va
partir à la bataille sur l’image de Méluche et avec quelques slogans, pas sur un programme cohérent et réaliste. Personnellement c’est ça qui me navre et me déçois terriblement.
Si le FdG ne propose rien
de cohérent quand le capitalisme financier et le néolibéralisme sont dans une impasse, quand pourra-t-il le faire ?
Un autre élément remarquable – et d’autant plus remarquable que Piquet fait le même appel à la séance de clôture – est l’appel aux socialistes à “débattre”. Un “débat” qui n’aurait pas grand sens
s’il ne s’agissait pas de discuter d’un programme et d’une alliance pour gouverner ensemble.
Sans le PS, dans l’état
actuel du rapport de forces, rien ne peut se faire à gauche. Mais pour pouvoir influencer le PS il faut avoir des billes et le FdG n’en en pas beaucoup dans sa musette. Mais si l’objectif c’est
de s’arrimer au PS pour avoir quelques prébendes, c’est une autre histoire……..
Compte tenu du temps (limité) et du format (beaucoup de monde, arène et spectacle…….), dans
ce type de réunion il ne peut pas y avoir de débats sérieux et encore moins une réflexion et un travail de fond
Je ne suis pas d’accord. En trois jours, on peut faire beaucoup de choses. Je me souviens des
“écoles fédérales” du PCF qui duraient un week-end et où des conférenciers sérieux venaient cultiver les militants. Bien sur, ce n’était pas le style “toutes les paroles se valent”: il y avait
ceux qui étaient là pour enseigner, et d’autres qui étaient là pour apprendre. Le but
était de former les militants, pas de leur faire plaisir.
Je peux me tromper, mais je crois que personne, pas même les militants, n’attendait de cette
réunion autre chose qu’une cérémonie.
Lis les différents billets de dirigeants du PG commentant le “rémue-méninges”, et tu verras que
tu as tort: ils ont l’air de croire (et de vouloir faire croire) que c’était “autre chose qu’une cérémonie”.
Il n’y a pas eu de travail de fond (Hétérogénéité de l’attelage et cruel manque d’experts,
d’intellectuels et de scientifiques), et il est probablement trop tard pour corriger la stratégie.
Il n’est jamais trop tard pour bien faire. Mais que de temps perdu…
Le front de gauche va partir à la bataille sur l’image de Méluche et avec quelques slogans,
pas sur un programme cohérent et réaliste. Personnellement c’est ça qui me navre et me déçois terriblement.
Moi aussi. Si j’ai l’air d’en vouloir à Mélenchon, c’est à cause de ça. Il avait la possibilité
de tracer une route, et il a préféré céder à la facilité. C’est cela que j’ai du mal à lui pardonner.
Mais si l’objectif c’est de s’arrimer au PS pour avoir quelques prébendes, c’est une autre
histoire……..
L’avenir dira. Mais les précédents sont malheureusement plutôt
décourageants.
Je dirais que la séance “Remue Méninges” du PG n’a surtout pas remué les méninges des militants (le PG est un des partis qui réfléchit, qui étudie le moins !) mais par contre a remué les
relations intra-front de Gauche.
Remue Ménage conviendrait mieux !
Tout d’abord, ce que tu rapportes (les propos de certains intervenants) ne me surprennent pas. Laurent, Picquet, Autain, a part soit sortir des banalités convenues et bien pensantes, soit ouvrir
la boite à slogans gauchistes ne savent pas faire grand chose de construit, de réfléchi, d’efficace !
Le programme populaire partagé (le 3P) annoncé ne verra semble t-il jamais le jour ! Bon c’est pas grave car il aurait été d’un contenu plat, convenu et manichéen habituel qui sied fort bien au
PCF de notre temps et au PG adepte du molletisme (verbe haut et dur gauchiste et programme mou social-libéral et européiste) !
Ce 3 P, si d’aventure était publié n’engagera absolument pas le candidat Mélenchon qui lui fait sa campagne “posture” et “slogans” personnelle qui saoule à la longue !
Aucune construction sérieuse d’un programme, d’une argumentation sérieuse et non manichéenne ! bref de la pure “mauvaise” idéologie couplée à de la pure “mauvaise” tactique !
La campagne de JLM patine dans la semoule gauchiste !
Certains commencent à le dire (Claude Debons, Jacques Rigaudiat, et d’autres encore… ) ! Mais aux dires de la Direction du PG tout va très bien pour JLM et pour le front de gauche ! JLM sera au
second tour et bla bla et bla bla !
Le ménage front de gauche n’est pas au beau fixe. Les relations entre le PCF et le PG sont des plus tendues malgré les sourires et accolades sous les caméras à Grenoble ! Le PG risque de ne plus
avoir un seul élu au sénat. La situation est totalement bloquée dans l’Essonne ou l’une des sortants PG veut avoir la première place à la place de Placé l’écolo. Le PS qui a laminé, le PG, dans
l’Essonne, aux dernières cantonales a décidé de l’ordre suivant : 1 vert 2 socialiste 3 PCF 4 PG. Donc la candidate PG si elle reste en 4ème position risque de ne pas être élue et cela
entrainerait la disparition du PG du Sénat. Cette situation rend furieux JLM qui menace de présenter une liste autonome à Paris ce qui aurait pour conséquences d’empêcher l’élection du communiste
Pierre Laurent au Sénat (qui est le Secrétaire national du PCF et qui faisait bisous-bisous avec JLM au “remue méninge” à Grenoble) ! A ce jour les choses sont bloquées ! Il ne reste plus q ue 15
jours à la gauche pour présenter les listes sénatoriales !
Qui mangera son chapeau ?
A Grenoble, JLM a fait une offre aux socialistes (à Aubry) de discuter ! Ce petit signe envers ses anciens camarades socialistes est surtout pour que l’affaire des sénatoriales et de l’Essonne
soit traitée en faveur des exigences du PG. Au passage “Méluche” donne un coup de pattes à Hollande servant ainsi Aubry !
Echange de bons procédésv et d’intérêts communs bien compris ?
Pour terminer, j’ai assisté hier soir à Paris, à l’Assemblée nationale, au colloque avec Jean-Pierre Chevènement et Arnaud Montebourg “L’Europe dans la mondialisation. Que faire ?”. Débats et
échanges sérieux qui changent des envolées lyriques et des boites à slogans de JLM à Grenoble ou des interventions insipides et convenues de Harlem Désir à La Rochelle !
Enfin pour conclure, et même si cela n’a pas de rapport avec ce billet, mais plutôt avec plutôt avec tes précédents, je vois que JLM a mis ses pas dans ce de Marie-George Buffet à propos de DSK.
JLM dit “Qu’il aille se reconstruire ailleurs !” Propos lamentables et d’un grand humanisme et camaraderie. J’ai dit tout le mal que j’en pensais de ce propos sur les réseaux Face Book et bien je
me suis fait éreinter par les moines soldats PGistes qui ont sorti la boite à claques et à ostracismes me traitant de facho, sale c.., de va te faire f….. ! Belle argumentation et aussi joli
sens du débat et de la camaraderie. C’est vrai que même Aubry y va de ces fléches ! Quel sale temps pour la raison politique et l’argumentation ! Bref, le vide sidéral règne en maître !
Le programme populaire partagé (le 3P) annoncé ne verra semble t-il jamais le jour !
Quelque chose verra le jour. Après avoir annoncé qu’il sera distribué à la Fête de l’Humanité et qu’il sera publie sous forme de livre par une éditoriale ayant pignon sur rue à Paris, il sera
difficile de ne pas publier quelque chose. Mais je pense que ce qui verra le jour sera une sorte de liste de courses sans hiérarchie, sans cohérence, sans chiffrage. Et que quoiqu’il puisse dire,
il n’engagera le candidat que dans la mesure où celui-ci le voudra.
Certains commencent à le dire (Claude Debons, Jacques Rigaudiat, et d’autres encore… ) ! Mais aux dires de la Direction du PG tout va très bien pour JLM et pour le front de gauche ! JLM
sera au second tour et bla bla et bla bla !
J’avoue que les comportements “sectaires” des partisans de Mélenchon m’inquiétent profondément. D’un côté, il y a un discours de plus en plus “mystique” (je donne les exemples dans mon article),
d’un autre côté un refus de voir la réalité et des délires comme celui que tu décris. La LCR était gauchiste, mais au moins ses militants étaient suffisamment réalistes pour ne pas imaginer que
leur candidat serait au deuxième tour. Alors, lorsqu’on entend les mélenchoniens débattre très sérieusement (sur le blog de leur Timonier, pour ne pas être plus loin) qui sera le candidat qui
affrontera Mélenchon au deuxième tour et quels pourraient être les ministres et premier ministres du premier gouvernement du président Mélenchon, on peut se dire qu’il y a là quelque chose qui va
bien plus loin que le simple gauchisme. Il y a un refus de voir la réalité comme elle est et de construire un discours politique sur les rapports de force réels.
Le ménage front de gauche n’est pas au beau fixe. Les relations entre le PCF et le PG sont des plus tendues malgré les sourires et accolades sous les caméras à Grenoble ! Le PG risque de ne
plus avoir un seul élu au sénat (…)
Effectivement, des amis m’avaient expliqué ces diverses péripéties. La direction du PCF a commis l’énorme erreur d’investir Mélenchon pour la présidentielle sans exiger un accord global sur
l’ensemble des élections. Et ils vont le payer cher: fort de son investiture, JLM fera à chaque fois pression pour placer ses copains. Le gambit sur Pierre Laurent est habile, puisque Laurent a
besoin desespérement d’un poste d’élu national pour avoir une tribune, et les possibilités de le faire élire député sont très, très minces. Car pour être député, il ne suffit pas du soutien de
l’appareil, il faut obtenir que les électeurs votent pour vous. JLM a bien appris les leçons de son maître Mitterrand: si l’on veut abattre un adversaire, il faut attaquer son poste d’élu. Cela
étant dit, ça promet pour les élections législatives (pour lesquelles on n’a toujours pas d’accord…) et pour la suite des opérations.
Qui mangera son chapeau ?
La direction du PCF. Cette bande de médiocres est incapable de concevoir une stratégie moyennement rationnelle. Ils ne font pas le poids devant l’ancien trotskyste devenu mitterrandiste. La
question est de savoir si une fois que la direction du PCF aura mangé son chapeau elle aura encore une quelconque autorité sur ses propres militants. Et si ceux-ci accepteront de voter pour le
candidat qui aura humilié le premier dirigeant de son parti.
A Grenoble, JLM a fait une offre aux socialistes (à Aubry) de discuter !
Curieux, n’est ce pas ? Et ce qui est plus étonnant, c’est que Piquet reprend cette offre en parlant même d’alliance électorale… oui, il se passent de drôles de choses dans le Front de Gauche.
C’est que la victoire de la gauche sur Sarkozy devient une possibilité chaque jour plus probable… et cela veut dire que des maroquins ministériels seront bientôt disponibles. Dans ces
conditions, faut pas se fâcher avec le futur tôlier. Ou pour le dire avec l’élégance de Mitterrand, “il ne faut pas insulter l’avenir”…
Pour terminer, j’ai assisté hier soir à Paris, à l’Assemblée nationale, au colloque avec Jean-Pierre Chevènement et Arnaud Montebourg “L’Europe dans la mondialisation. Que faire ?”.
Putain, j’avais oublié ce truc. Dommage, les colloques organisés ou co-organisés par Res Publica sont souvent très intéressants.
Belle argumentation et aussi joli sens du débat et de la camaraderie. C’est vrai que même Aubry y va de ces fléches !
Comme disent les anglais, qui sont des grands cyniques, “Riez, et le monde entier1 rira avec vous. Pleurez, et vous pleurerez seul”. Tous ceux qui voyaient en DSK le “grand homme” quand il était
au sommet lui crachent aujourd’hui dessus sans vergogne.
Bonjour,
voii un article e rapport avec votre sujet, sur Melenchon, qui devrait vous intéresser.
http://www.enquete-debat.fr/archives/pourquoi-melenchon-fait-partie-du-systeme
En effet. Même si le style de l’article est un peu désagréable, sur le fonds il n’a pas tout à fait tort…
Bonsoir,
“ Et si vous trouvez que je suis dur…… ”
En effet, je vous ai trouvé de prime abord, assez dur sur l’ensemble du billet jusque après sa lecture terminée je ne découvre la vidéo sur la table ronde.Et alors là, j’ai réellement ressenti un
grand malaise.
N’étant pas, et de loin, aussi averti que vous, Argelès, Darthe – Payan, et beaucoup d’autres sur votre blog, des arcanes et turpitudes en vogue dans ce “ microcosme ”, j’en étais à quelque peu
regretter le terme de pieds nickelés que j’avais employé à l’égard de l’entourage de JLM, dans un précédent commentaire. Eh bien, au spectacle pitoyable de cette table ronde, ou plutôt cette
table qui tournait en rond, telle celle des “spiritistes” cherchant désespérément à entrer en contact avec je ne sais quel esprit désincarné – celui de Marx ou de Jaures, qui sais je- ma boutade
m’est parue soudainement bien adaptée. Comment peut on imaginer qu’un tel aréopage soit candidat à gérer, ou même à participer à la gestion à un niveau élevé de notre pays. Leur prestation à été
d’une telle pauvreté que le citoyen électeur ordinaire que je suis en a des frissons dans le dos si ces participants sont à l’image des leaders politique de gauche.
Pour terminer tout de même sur une note optimiste, il est permis d’imaginer JLM à l’exemple de De Gaulle lors de son retour au pouvoir en 58 qui avait une idée bien arrètée sur l’avenir du
rapport de la France et de l’Algérie, et qui s’est bien garder de l’exprimer.L’essentiel du discours ne serait que tactique afin d’infléchir – en cas de succès relatif du FdG – le PS qui de ce
fait pourrait en être affaibli. Mais alors quid de ses positions réelles et sincères ?.
Peut être est ce pour cela que ses compagnons de campagne sont aussi peu convaincants si toutefois ils se doutent de la manœuvre. Quel gachis en effet qu’il n’y ait pas eut une alliance JLM avec
JP Chevènement qui aurait alors, dans mon hypothèse, eut l’avantage de ne pas avoir à avancer masqué.
Bonne nuit.
En effet, je vous ai trouvé de prime abord, assez dur sur l’ensemble du billet jusque après sa lecture terminée je ne découvre la vidéo sur la table ronde.Et alors là, j’ai réellement
ressenti un grand malaise.
Vous l’aurez compris, c’est en grande partie le côté grandguignolesque de la situation que vous avez pu voir dans la vidéo qui a enflammé mon indignation. C’est grave, parce qu’on prend les gens
pour des imbéciles, et ce faisant on les rend imbéciles. Et c’est encore plus grave parce que les gens qui sont sur la scène se prêtent à cette espèce de jeu de “politique-spectacle”.
Comment peut on imaginer qu’un tel aréopage soit candidat à gérer, ou même à participer à la gestion à un niveau élevé de notre pays.
Comment, en effet…
Pour terminer tout de même sur une note optimiste, il est permis d’imaginer JLM à l’exemple de De Gaulle lors de son retour au pouvoir en 58 qui avait une idée bien arrètée sur l’avenir du
rapport de la France et de l’Algérie, et qui s’est bien garder de l’exprimer.
Mongénéral avait beaucoup de défauts. Mais il avait deux grandes qualités: il était capable de bien s’entourer, et il avait la capacité d’attirer à lui des gens de qualité. C’est pourquoi il
pouvait se permettre beaucoup de choses. Malheureusement, Mélenchon n’a aucune de ces qualités. Et donc, même dans l’hypothèse où sa tactique serait couronnée de succès, son arrivée au pouvoir
serait un désastre.
Personnellement, les intentions des hommes politiques m’importent peu. L’expérience a abondamment montré que le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions. Je veux bien accorder à Mélenchon
le bénéfice du doute. Le connaissant personnellement, je pense que c’est un homme sincère, humain, ayant les meilleures intentions du monde. Mais le rôle qu’il s’est donné est trop grand pour
lui.
Quel gachis en effet qu’il n’y ait pas eut une alliance JLM avec JP Chevènement qui aurait alors, dans mon hypothèse, eut l’avantage de ne pas avoir à avancer masqué.
Ah… l’alliance entre Chèvenement et Mélenchon aurait pu donner quelque chose de magnifique. Car les deux sont complémentaires: d’un côté le technocrate austère et compétent, de l’autre le
tribun. Mais malheureusement, ce sont deux hommes trop différents, avec une histoire et une pensée trop différente pour pouvoir travailler ensemble.
Je vous trouve bien dur, à propos du “Remue-méninges”. Après avoir suivi votre blog pendant plusieurs mois, je m’inquiétais de ce que j’y trouverais, mais finalement, si on pouvait légitimement
en attendre plus, le résultat n’était pas si mauvais.
La table ronde finale, était, certes, une mise en scène que j’ai trouvé d’assez mauvais goût. Les camarades avaient tendance à applaudir pour pas grand chose. Toutefois, ce n’était pas
l’intégralité de l’université d’été, qui n’était pas basée sur ce schéma. Au passage, je dois avouer avoir apprécié certaines interventions de Piquet et même d’Autain (!), tout en restant assez
insensible au discours final. C’est grave ?
A propos du “Remue-Méninges” en lui même, mon bilan est mitigé : d’abord la prise de parole du/des animateur pour la première heure, puis un débat ou des questions/réponses. Bon, 50 ans au PCF,
vous devez connaître. Les exposés de départ m’avaient l’air d’assez bonne qualité, dans l’ensemble, et, contrairement à ce que j’appréhendais, il y a eu assez peu de gauchisme finalement dans les
réponses ou les débats. Quelques-uns qui demandaient comment convaincre le peuple qu’on leur disait la Vérité, quelques “tolérants” qui trouvaient la burqa pas si grave, mais qui sans forcément
se faire rabrouer par le reste de la salle, entraînaient majoritairement des reproches. On était loin de certains commentaires du blog de JLM. Il y a même eu quelques véritables désaccords entre
intervenants dans un ou deux ateliers où j’ai participé !Après, j’avais quand même l’impression que ça manquait de chiffres, et de débat sur le fond, non pas des autres interventions, mais du
programme du FdG.
Dans l’ensemble, s’il y a eu quelques bons ateliers, tant par les exposés que par les interventions, (je pense notamment à celui sur la laïcité, peut être celui à propos duquel j’étais le plus
inquiet), y en a eu pas mal qui ont aussi tournés à vide (interventions des animateurs puis silence/questions-réponses assez peu intéressantes, de ceux que j’ai vu, c’étaient principalement ceux
sur l’économie, le public ne semblant pas trop maîtriser le sujet), et évidemment, les ateliers féministes, dont les échos n’étaient guère glorieux…
De mon point de vue, ça n’était donc pas qu’une cérémonie : la “table-ronde” finale et le discours de “clôture”, oui. Mais les trois jours précédents, il y avait matière à écouter et même parfois
débattre – pas autant qu’on aurait pu l’espérer, mais pas si peu que vous le décrivez.
Quelques commentaires sur vos réponses aux commentaires :
“Mais je pense que ce qui verra le jour sera une sorte de liste de courses sans hiérarchie, sans cohérence, sans chiffrage. “
Dans les documents distribués à l’entrée, on a pu apprendre que toutes les idées présentes dans les fiches livrets, le wiki internet, les ateliers ; ont été traités par une commission programme,
qui a transmis les résultats aux “instances décisionnelles élues par les militants”. Reste à voir ce que “traité” signifie. Je ne suis pas exagérément optimiste, toutefois je me dis que le FdG a
pas mal d’économistes, dont des bons dans ses rangs. Et vu la pub autour du prochain ouvrage de Jacques Généreux, on peut espérer qu’ils ont préparés leur coup.
“J’avoue que les comportements “sectaires” des partisans de Mélenchon m’inquiétent profondément. D’un côté, il y a un discours de plus en plus “mystique” (je donne les exemples dans mon article),
d’un autre côté un refus de voir la réalité et des délires comme celui que tu décris. La LCR était gauchiste, mais au moins ses militants étaient suffisamment réalistes pour ne pas imaginer que
leur candidat serait au deuxième tour. Alors, lorsqu’on entend les mélenchoniens débattre très sérieusement (sur le blog de leur Timonier, pour ne pas être plus loin) qui sera le candidat qui
affrontera Mélenchon au deuxième tour et quels pourraient être les ministres et premier ministres du premier gouvernement du président Mélenchon, on peut se dire qu’il y a là quelque chose qui va
bien plus loin que le simple gauchisme. Il y a un refus de voir la réalité comme elle est et de construire un discours politique sur les rapports de force réels.”
Ca tient à mon avis au profil de ceux qui composent, à mon avis, le PG et les sympathisants. Des gens qui n’avaient plus tant d’espoir dans la politique ou dans les hommes politiques, et qui,
entre un PS qui ne croit en rien et l’UMP qui semble surtout favoriser les riches, en ont trouvés un qui leur dit la vérité, qui leur dit qu’il peut changer les choses – avec eux – et qui le fait
en maniant bien le verbe. Les répétitions des “le seul combat qu’on est sur de perdre est celui qu’on ne mène pas” et “Nous pouvons être au deuxième tour” ne doivent pas venir de bien plus loin :
c’est ce qui a fait le “succès” relatif du PG, de Mélenchon au moins, et qui fait bouger ces militants là, la croyance que parce qu’ils le veulent, ils le peuvent. Difficile d’imaginer qu’avec
tout ces efforts et la présence d’un tribun sincère, 10% peut être un objectif. Le côté “on se passera bien des militants communistes” me paraît d’ailleurs assez révélateur.
A propos de la solidité du FdG, il y a plus que les incidents liés aux directions. Localement, il semblerait qu’il y ait eu pas mal d’affaires qui aient mal tournées entre le PG et le PC,
notamment aux cantonales. Ca doit jouer aussi sur le mépris entre les deux partis – qui me semble plus dû à ces problèmes locaux qu’à de l’anti-communisme – et ça n’est pas du tout de bonne
augure pour les présidentielles et les législatives…
Quand à l’offre de débat avec le PS, je ne sais pas trop quoi en penser. Beaucoup au PG ne pardonneraient pas à Mélenchon de s’allier avec eux, et il en est conscient. Les récentes déclarations
vis à vis de Montebourg ne l’engagent pas trop, puisqu’il est difficilment crédible qu’il gagne les primaires. Ca peut aussi simplement être ce que c’est, une offre de débat qu’il espère gagner
pour attirer ses “2 à 3 millions d’électeurs”.
Pour conclure, je signalerais deux choses sans grand rapport :
– Je trouve que le surnom que vous donnez à JLM, “le Petit Timonier” est assez déplacé. Va pour la politique de modération de son blog, mais je n’ai pas l’impression qu’il se voit, ou agit dans
ce sens…
– Sur le forum de l’escouade du net de JLM, l’adresse que vous donnez pour votre blog est incorrecte, il manque un “e” à “over”.
mais finalement, si on pouvait légitimement en attendre plus, le résultat n’était pas si mauvais.
Je ne partage pas votre avis. Pour moi, ce n’est pas une question de “plus ou moins”, c’est une question qualitative. Il y a une vice fondamental dans l’idée que se font ceux qui ont organisé
cette “grande messe” du débat et de l’éducation des militants. C’est pourquoi il est d’ailleurs illusoire d’attendre que ces “rémue-méninges” s’améliorent d’une année sur l’autre.
La table ronde finale, était, certes, une mise en scène que j’ai trouvé d’assez mauvais goût. Les camarades avaient tendance à applaudir pour pas grand chose.
Mais au delà du “mauvais goût”, que faut-il en déduire ? Car les choses n’arrivent pas par hasard. La table ronde finale, avec ses interventions convenues, son animatrice jouant les naïves et le
public qui applaudit n’importe quoi est le réflet d’une manière de concevoir la politique.
Au passage, je dois avouer avoir apprécié certaines interventions de Piquet et même d’Autain (!), tout en restant assez insensible au discours final. C’est grave ?
Très. Très. Je serais curieux de savoir quelle est l’intervention de Piquet qui vous avez autant apprécié.
Bon, 50 ans au PCF, vous devez connaître.
50 ans ? vous me vieillissez, mon cher…
Les exposés de départ m’avaient l’air d’assez bonne qualité, dans l’ensemble,
Bof. Je n’ai pas tout entendu – c’était impossible – mais ceux que j’ai vu ou qui m’ont été commentés se distinguaient pour leur conformisme, leur manque d’analyse – car dire “c’est comme ceci ou
comme cela” ne constitue pas une analyse – et, et c’est plus grave, par un appel bien plus au sentiment plus qu’à l’intelligence. Je n’ai pas l’impression qu’en écoutant ces exposés le public ait
acquis des instruments d’analyse ou de véritables connaissances.
et, contrairement à ce que j’appréhendais, il y a eu assez peu de gauchisme finalement dans les réponses ou les débats. Quelques-uns qui demandaient comment convaincre le peuple qu’on leur
disait la Vérité, quelques “tolérants” qui trouvaient la burqa pas si grave, mais qui sans forcément se faire rabrouer par le reste de la salle, entraînaient majoritairement des reproches.
Faut dire que c’est souvent une question de contraste. La position prise par les intervenants était souvent d’un tel gauchisme que par contraste le public apparaissait presque conservateur…
On était loin de certains commentaires du blog de JLM.
Peut-être parce qu’il n’y avait pas de webmestre pour censurer les ironiques…
Après, j’avais quand même l’impression que ça manquait de chiffres, et de débat sur le fond, non pas des autres interventions, mais du programme du FdG.
Quel programme ?
Le “débat sur le fonds” nécessite des instruments. On ne peut pas mettre dans une pièce des gens qui n’ont reçu aucune formation politique, économique, juridique, technique, et penser qu’ils vont
pouvoir “débattre sur le fond”. Pour que le débat ait un sens, il faut que les gens aient été formés pour ça. Et vous le dites vous même: “y en a eu pas mal qui ont aussi tournés à vide
(interventions des animateurs puis silence/questions-réponses assez peu intéressantes, de ceux que j’ai vu, c’étaient principalement ceux sur l’économie, le public ne semblant pas trop maîtriser
le sujet)”.
Quant aux “atéliers féministes”…
Dans les documents distribués à l’entrée, on a pu apprendre que toutes les idées présentes dans les fiches livrets, le wiki internet, les ateliers ; ont été traités par une commission
programme, qui a transmis les résultats aux “instances décisionnelles élues par les militants”. Reste à voir ce que “traité” signifie.
Si j’en crois à mon expérience, cela veut dire “discrètement mis à la poubelle”…
Je ne suis pas exagérément optimiste, toutefois je me dis que le FdG a pas mal d’économistes, dont des bons dans ses rangs.
Je n’ai pas les moyens de juger la compétence des “économistes du FdG”. Mais si ce sont eux qui ont rédigé les documents programmatiques qu’on a vu circuler ces derniers mois, alors j’ai les plus
grands toutes quant à leurs compétences. Le probème du FdG n’est pas le manque de compétences: si on avait le souci de faire appel à des experts, le FdG n’aurait aucune difficulté à les attirer.
Seulement, le FdG sacrifie à ce fantasme gauchiste qu’est la détestation des experts et la croyance que toutes les opinions se valent. Le FdG n’a rien fait pour organiser des cellules
d’expertise. Et ce n’est pas près de changer.
Des gens qui n’avaient plus tant d’espoir dans la politique ou dans les hommes politiques, et qui, entre un PS qui ne croit en rien et l’UMP qui semble surtout favoriser les riches, en ont
trouvés un qui leur dit la vérité,
Qui ça ?
qui leur dit qu’il peut changer les choses – avec eux – et qui le fait en maniant bien le verbe.
Là, par contre, je vous suis. Dans notre société infantilisante, il y a un groupe social qui voit le militantisme politique comme une aspiration à la toute-puissance puérile. Et Mélenchon
alimente ce fantasme, celui du “quand nous serons au pouvoir, nous pourrons tout faire”. Et ce n’est pas étonnant que cette couche infantilisée soit prête à croire aux comptes de fées et aux
princes charmants. Mais peut-on vraiment fonder une véritable politique sur une base sociologique aussi faible ?
Difficile d’imaginer qu’avec tout ces efforts et la présence d’un tribun sincère, 10% peut être un objectif. Le côté “on se passera bien des militants communistes” me paraît d’ailleurs assez
révélateur.
Tout à fait d’accord.
A propos de la solidité du FdG, il y a plus que les incidents liés aux directions. Localement, il semblerait qu’il y ait eu pas mal d’affaires qui aient mal tournées entre le PG et le
PC, notamment aux cantonales.
Là encore je vous donne raison. L’affaire qui a rendu impossible de constituer un groupe commun au conseil régional d’Ile de France est de ce point de vue révélateur. Il ne faut pas oublier qu’il
y a de plus en plus dans les rangs de la “vraie gauche” cette détestable engeance que sont les “militants à vie”: jeunes militants lycéens puis étudiants qui ensuite se cherchent une place
d’attaché parlementaire ou chef de cabinet d’un politicien avant de se trouver un poste de permanent dans un parti ou d’élu. Et ce genre de personne, au PG, il y en a un paquet…
Ca doit jouer aussi sur le mépris entre les deux partis – qui me semble plus dû à ces problèmes locaux qu’à de l’anti-communisme – et ça n’est pas du tout de bonne augure pour les
présidentielles et les législatives…
Oui. Le PCF a beau être devenu gauchiste, il ne le sera jamais assez pour les “vrais” gauchistes qui pullulent au PG…
– Je trouve que le surnom que vous donnez à JLM, “le Petit Timonier” est assez déplacé. Va pour la politique de modération de son blog, mais je n’ai pas l’impression qu’il se voit, ou agit
dans ce sens…
Je ne l’ai pas vraiment vu réagir au “culte de la personnalité” dont il est l’objet, en particulier sur son blog. Et cela justifie à lui seul la comparaison. Si j’étais lui, le genre d’hommages
dythirambiques qu’on peut y lire me gêneraient. Pas lui, apparament. Mais si vous insistez, je veux bien l’appeler “le minuscule père des peuples”…
“Pour moi, ce n’est pas une question de “plus ou moins”, c’est une question qualitative.”
C’était ce que je voulais dire – formulé peut être malheureusement ? “J’en attendais plus” ne signifiait pas “plus de militants” ou “plus d’ateliers” mais “plus de qualité” voir “plus de
résultats”.
“Très. Très. Je serais curieux de savoir quelle est l’intervention de Piquet qui vous avez autant apprécié.”
“autant apprécié”, oula, ne me faites pas dire ça. Je constate que, malgré la relecture, j’ai oublié une précision importante : c’est la forme qui m’a séduit, pas le fond. Même si vous trouvez
que Piquet n’argumente qu’en criant, j’ai trouvé ses interventions, les dernières notamment, plutôt bien menées.
“50 ans ? vous me vieillissez, mon cher…”
Mes excuses ! Je comptais marquer 30 – les 50 provenaient du commentaire de je-ne-sais-plus-qui qui estimait votre âge.
“Je n’ai pas l’impression qu’en écoutant ces exposés le public ait acquis des instruments d’analyse ou de véritables connaissances.”
Des instruments d’analyse, je pense que non. Des connaissances en revanche, je ne sais pas ce que vous estimez être “de véritables connaissances”, mais pour ma part, j’en ai appris des choses.
“Quel programme ?”
Ahah 😀
“On ne peut pas mettre dans une pièce des gens qui n’ont reçu aucune formation politique, économique, juridique, technique, et penser qu’ils vont pouvoir “débattre sur le fond”. Pour que le débat
ait un sens, il faut que les gens aient été formés pour ça.”
Je suis d’accord. Et c’est pour cette raison que j’appréhende beaucoup les “ateliers législatifs du Front de Gauche” à venir. Il ne risque pas d’en ressortir grand chose de bon, s’il en ressort
quelque chose.
“Si j’en crois à mon expérience, cela veut dire “discrètement mis à la poubelle”…”
Ce que je supposais aussi. Cela dénoterait un échec du PG (je ne sais pas comment les choses se sont passées pour les autres partis du Front), mais serait-ce pour autant une mauvaise chose ?
“Qui ça ?”
Ahah. Je précise : je ne dis pas que Mélenchon apportait la Vérité Révélée, mais que c’est comme ça qu’il leur est apparu. Ses interventions à propos des affaires plus ou moins dissimulées comme
Swift, ACTA ou le Grand Marché Transatlantique devaient bien aider.
“Mais si vous insistez”
Je n’insisterai pas 🙂
C’était ce que je voulais dire – formulé peut être malheureusement ? “J’en attendais plus” ne signifiait pas “plus de militants” ou “plus d’ateliers” mais “plus de qualité” voir “plus de
résultats”.
J’avais bien compris. Mais je n’ai peut-être pas été clair dans ma réponse. C’est la conception même du du débat et de l’éducation des militants qui est faussée. Aussi longtemps qu’on adhère à
cette manière de faire, il est impossible de faire “plus de qualité” ou “plus de résultats”.
Le problème, c’est que les partis de la “gauche radicale” ont perdu de vue que le militant n’est pas seulement quelqu’un de motivé, c’est aussi quelqu’un de politiquement éduqué. C’est
particulièrement flagrant pour le PCF, dont le système “d’écoles” (de section, fédérale, centrale) en faisait un des meilleurs lieux de formation politique du pays, et le seul ouvert aux gens
issus des couches les plus modestes (et, soit dit en passant, celui auquel je serai toujours reconnaissant de m’avoir formé). Aujourd’hui, on a remplacé l’éducation et la formation par
l’amusement. On va pas donner aux militants des cours et des conférences de “gens qui savent”, ils risqueraient de s’ennuyer. On va leur donner des interventions de gens qui disent ce qu’ils
veulent entendre, puis la possibilité de “s’exprimer”. De ce type de fonctionnement, le “rémue-méninges” du we dernier est une caricature.
c’est la forme qui m’a séduit, pas le fond. Même si vous trouvez que Piquet n’argumente qu’en criant, j’ai trouvé ses interventions, les dernières notamment, plutôt bien menées.
Je ne suis pas d’accord. Chez Piquet, il n’y a aucune distantiation: on a l’impression qu’il se met en colère en écoutant son propre discours. C’est son discours qui le contrôle, et non
l’inverse. Il n’y a chez lui aucune subtilité, aucun humour, aucune intelligence.
Je suis d’accord. Et c’est pour cette raison que j’appréhende beaucoup les “ateliers législatifs du Front de Gauche” à venir. Il ne risque pas d’en ressortir grand chose de bon, s’il en
ressort quelque chose.
Ce sera la même chose que les “forums du programme” (je crois avoir commenté l’un d’eux, celui sur les questions institutionnelles, sur ce même blog). Aussi longtemps que l’on ne sera pas revenu
à la saine distinction entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas, et l’idée que leur parole n’a pas tout à fait la même valeur, il n’y a aucune chance qu’on arrive à quelque chose de
différent.
Ses interventions à propos des affaires plus ou moins dissimulées comme Swift, ACTA ou le Grand Marché Transatlantique devaient bien aider.
Aider à quoi? Le problème de la gauche aujourd’hui n’est pas de convaincre un éléctorat que le capitalisme est méchant. L’effondrement du modèle libéral fait qu’aujourd’hui tout le monde en est
convaincu. La question aujourd’hui, est de montrer aux citoyen que 1) on comprend ce qui se passe et 2) qu’on est capable de changer les choses. Or, les “interventions” de Mélenchon ne répondent
à aucune des deux questions.
Bonjour à tous,
Descartes, vous écrivez (comm. n°6)
“ Aussi longtemps que l’on ne sera pas revenu à la saine distinction entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas, et l’idée que leur parole n’a pas tout à fait la même valeur, il n’y a
aucune chance qu’on arrive à quelque chose de différent. ”
Sur le principe, entièrement d’accord, néanmoins, la difficulté, voire l’impossibilité pour le citoyen lambda comme pour les Pic de la Mirandole, c’est de savoir ce qui est vrai, d’avoir non pas
la certitude mais la démonstration irréfutable que ce que l’on sait et que l’on comprend est vrai.
Ne voyez pas dans cette objection un pinaillage sémantique. Cela me semble le nœud des démocraties.
Il arrive à chacun d’entre nous, quel que soit notre niveau de culture, de rencontrer des individus, physiquement ou par média interposés dont les connaissances apparentes sont impressionnantes.
De quels éléments je dispose pour savoir si ces connaissances exprimées et détaillées sont exactes, si les conclusions extraites du discours sont pertinentes, si ma “grille de lecture ” est en
résonance ou non avec l’exposé. Seule, finalement, mon intime conviction me dictera ce que je dois considérer comme vrai, comme juste, comme équitable. Seule mon éducation et mon expérience
orienteront mes choix d’opinion. Or quelle raison aurais – je de contester le bien fondé d’un savoir différent du mien sur la seule base de ma conviction ou de ma sensibilité.
Pour donner un exemple connu, lorsque j’écoute un homme comme J.Attali sur quelque sujet que ce soit, je n’ai aucun élément pour contester ce qu’il exprime, et ce n’est pas pour au temps qu’il me
convainc.
Ce qui me heurte, intellectuellement parlant dans votre assertion, c’est justement cette “ saine distinction ” qui me paraît une utopie inaccessible et fuyante, plus rapidement encore que les
progrès de notre connaissance et de notre capacité de compréhension. Dans l’antiquité, nous avions les philosophes qui possèdaient une part considérable, et dans tous les domaines, du savoir de
l’humanité. A partir de la Renaissance et même avant, la masse des connaissances, donc des phénomènes perceptibles et descriptibles, s’est accrue et s’est complexifiée de telle manière qu’aucun
esprit ne peut prétendre avoir une vision exhautive des réalités qui nous entourent. Avec les média actuels, le foisonnement des concepts, des faits, des opinions, etc….. est tel que la forme
de l’expression de l’érudition a pris le pas sur le fond.
Connaissez vous un moyen de discerner le vrai du faux ? faire la différence entre le pertinent et l’ inadéquat ? Comment opérez vous pour distinguer entre l’avis de deux experts également
renommés qui divergent radicalement sur leur sujet d’expertise.
La question qui se pose , et qui est, à mon avis centrale, est, en effet comme vous le soulignez fréquemment, la question de l’éducation du citoyen. Mais qui, en toute neutralité peut prétendre
sans conteste, et avec quels outils, réaliser et réussir cette mission. Je pense que la philosophie, et je me réjouis à cet égard de l’initiative gouvernementale d’anticiper son introduction dans
les programmes et sous des formes diverses, est susceptible d’apporter un début de réponse aux individus seuls devant leur conscience citoyenne. Mais pour le reste, ils sont, nous sommes
condamnés à patauger dans la semoule. Est ce celà, après tout la condition humaine?
Cordialement
De quels éléments je dispose pour savoir si ces connaissances exprimées et détaillées sont exactes, si les conclusions extraites du discours sont pertinentes, si ma “grille de lecture” est en
résonance ou non avec l’exposé. Seule, finalement, mon intime conviction me dictera ce que je dois considérer comme vrai, comme juste, comme équitable.
Certes. Mais cette “intime conviction” n’est pas aléatoire. J’ai des moyens de me faire une opinion sur la qualité du discours que l’expert (ou prétendu tel) me propose. Et même si ces moyens ne
sont pas infaillibles, ils réduisent considérablement le risque d’erreur.
Le premier de ces moyens, c’est ce qu’on pourrait appeller les Academies. C’est à dire, des structures qui délivrent des certificats d’expertise et qui contrôlent la qualité de la production de
leurs membres. Ces “Academies” peuvent être très diverses: il y a l’université, il y a les grandes écoles, il y a les groupes d’expertise constitués par les partis politiques, les associations,
les fondations. Dans la mesure où ils font preuve de rigueur scientifique et de sérieux, ces groupes acquièrent plus ou moins de “crédibilité” par le jugement même de leurs pairs.
On accepte communément le verdict de l’Académie. Ainsi, par exemple, qui décide que Mr X. a le droit de pratiquer la chirurgie ? Pas vous: vous n’avez aucun moyen de savoir si Mr X est un
charlatan ou si au contraire il connait son art. Vous déléguez le soin de contrôler cette capacité à d’autres chirurgiens organisés au sein d’une institution qui s’appelle la faculté de médecine.
Et lorsque vous allez vous faire opérer, vous faites confiance au verdict de cette institution lorsque vous vous mettez entre les mains de votre chirurgien.
Or quelle raison aurais – je de contester le bien fondé d’un savoir différent du mien sur la seule base de ma conviction ou de ma sensibilité. Pour donner un exemple connu, lorsque j’écoute
un homme comme J.Attali sur quelque sujet que ce soit, je n’ai aucun élément pour contester ce qu’il exprime, et ce n’est pas pour au temps qu’il me convainc.
Vous avez une excellente raison de contester le “savoir” d’un J. Attali: le fait que dans le milieux académique il est considéré comme un charlatan…
Comment opérez vous pour distinguer entre l’avis de deux experts également renommés qui divergent radicalement sur leur sujet d’expertise.
Si deux experts “également rénommés” (c’est à dire, reconnues chacun par une Académie) “divergent radicalement”, cela veut dire qu’ils partent d’hypothèses différentes (car le contrôle de
l’Académie exclut l’erreur de raisonnement, qui aurait été détecté et dénoncé). A partir de là, il importe de comprendre les hypothèses prises par l’un et par l’autre.
“Le problème de la gauche aujourd’hui n’est pas de convaincre un éléctorat que le capitalisme est méchant. L’effondrement du modèle libéral fait qu’aujourd’hui tout le monde en est
convaincu.”
Pour une fois, je vous trouve excessivement optimiste. Je ne sais pas sur quoi vous vous basez pour dire ça, mais je constate personnellement tout à fait l’inverse : il y a un rejet du
libéralisme vaguement plus élevé qu’avant-crise, et un ressentiment face au détricotage du service public, mais il y a surtout de la résignation et c’est l’idée qu’il s’agit du seul système
possible, le moins pire, et qu’il est de toute façon inévitable qui a convaincu “tout le monde”. Quand à dire que le modèle libéral s’est effondré, vous allez peut être un peu vite en
besogne…
Pour une fois, je vous trouve excessivement optimiste. Je ne sais pas sur quoi vous vous basez pour dire ça, mais je constate personnellement tout à fait l’inverse : il y a un rejet du
libéralisme vaguement plus élevé qu’avant-crise, et un ressentiment face au détricotage du service public, mais il y a surtout de la résignation et c’est l’idée qu’il s’agit du seul système
possible, le moins pire, et qu’il est de toute façon inévitable qui a convaincu “tout le monde”.
Ce que vous écrivez ne contredit pas mo commentaire. J’ai dit qu’aujourd’hui tout le monde était convaincu que le capitalisme est méchant. Mais cela n’implique nullement qu’on soit convaincu
qu’il y a une alternative. C’est bien pourquoi le discours misérabiliste qui décrit par le menu les turpitudes du capitalisme ne marche pas: les gens n’ont pas besoin qu’on leur explique que cela
va mal. Leur demande, c’est qu’on explicite une alternative crédible.
Quand à dire que le modèle libéral s’est effondré, vous allez peut être un peu vite en besogne…
Je ne le crois pas. Aujourd’hui, vous ne trouverez pas un seul économiste pour soutenir que les marchés sont capables de s’autoréguler et que l’Etat ne devrait pas intervenir dans la sphère
économique. Au contraire: les économistes les plus libéraux parmi les libéraux reprochent aux autorités américaines de ne pas avoir secouru Lehman Brothers…
“C’est particulièrement flagrant pour le PCF, dont le système “d’écoles” (de
section, fédérale, centrale) en faisait un des meilleurs lieux de formation politique du pays, et le seul ouvert aux gens issus des couches les plus modestes (et, soit dit en passant, celui
auquel je serai toujours reconnaissant de m’avoir formé). Aujourd’hui, on a remplacé l’éducation et la formation par l’amusement. On va pas donner aux militants des cours et des conférences de
“gens qui savent”, ils risqueraient de s’ennuyer. On va leur donner des interventions de gens qui disent ce qu’ils veulent entendre, puis la possibilité de “s’exprimer”.”
Cher Descartes,
Que préconiserais-tu pour un jeune voulant se former politiquement aujourd’hui ? Quelle organisation pourrait le former ? Quelle pourrait être sa bibliothèque idéale ?
Que préconiserais-tu pour un jeune voulant se former politiquement aujourd’hui ? Quelle organisation pourrait le former ? Quelle pourrait être sa bibliothèque idéale ?
Vaste question…
D’abord, toute formation implique reconnaître, comme disait Scruton, qu’il y a des choses que le maître sait, que l’élève ne sait pas, et qui valent la peine d’être connues. En d’autres termes,
il faut commencer par accepter qu’on ne peut pas soi même reconstruire l’ensemble du savoir humain, qu’on ne peut se former qu’en incorporant les apports de ceux qui nous ont précédés. Sans une
logique de transmission, sans un respect pour le passé, il n’y a pas de formation possible.
Malheureusement, il y a très peu d’organisations qui donentu aujourd’hui de véritables possibilités de formation. Toutes les organisations politiques aujourd’hui ont tendance à adapter leur
discours aux préjugés de leurs militants. Et cela rend impossible toute formation, précisement parce que la formation implique de transmettre les instruments de comprendre et d’interroger la
réalité, ce qui nécessite de sortir le formé de “son” monde pour le plonger dans “le” monde.
Dans ces conditions, les jeunes en sont réduits, c’est triste à dire, à s’auto-former. Ce qui suppose d’avoir une très grande curiosité, et une capacité à remettre en cause ses propres croyances.
De lire beaucoup, dans tous les domaines et dans toutes les opinions. D’essayer de comprendre pourquoi les autres ne pensent pas comme nous. De n’accepter pour vrai que ce qui est prouvé (même si
cela ne va pas dans le sens où l’on voudrait aller) et de considérer comme faux tout ce qui contredit l’expérience. Ce n’est pas facile.
Quant à la bibliothèque idéale… il serait trop long de la donner ici.
à propos de “remue méninge”,
Il serait intéressant de commenter les chiffres publiés par l’INSEE sur l’évolution du niveau de vie des ménages en 2009 (derniers chiffres connus).
2009 a été la première année pleine de la crise, et cette année a été relativement clémente avec encore une hausse du revenu médian de 0,4% !
Il me semble que 2010 sera similaire, et que c’est seulement en 2011 que les affaires se gâtent vraiment.
Mon commentaire: quoiqu’on en dise en 2009 (2010?) Sarkozy a mené une politique sociale démocrate “classique”: un acccroissement très important du déficit public pour maintenir l’activité
et le niveau de vie de l’ensemble des Français. On comprend mieux la “feuille de papier” qui sépare l’UMP du PS, et la présence de M Hirsch et consorts au gouvernement.
Une analyse plus approfondie des “déciles” montrent toutefois que ce sont, pour une fois, les moins favorisés qui sont à la traîne. Sur ce point N Sarkozy n’a pas été “social démocrate”. Ouf !
ses électeurs n’ont pas été bernés.
Votre commentaire serait le bienvenu.
Mon commentaire: quoiqu’on en dise en 2009 (2010?) Sarkozy a mené une politique sociale démocrate “classique”: un acccroissement très important du déficit public pour maintenir
l’activité et le niveau de vie de l’ensemble des Français.
Ce n’est pas tout à fait vrai: Sarkozy a effectivement mené une politique de maintien de la dépense publique (et donc d’accroissement du déficit) pour maintenir la demande et donc l’activité.
Mais cette politique n’a rien de “social démocrate classique”. C’est plutôt une politique keynesienne. Appelons les choses par leur nom. Lorsque les sociaux-démocrates ont été au pouvoir, ils
n’ont pas nécessairement pratiqué ce genre de politique…
On comprend mieux la “feuille de papier” qui sépare l’UMP du PS, et la présence de M Hirsch et consorts au gouvernement.
On ne comprend rien du tout. Le PS français n’est plus keynésien depuis belle lurette. Dans ce domaine, ce n’est pas une “feuille de papier” mais un gouffre béant qui sépare l’UMP (et surtout
Sarkozy et son entourage) du PS. Par pragmatisme le président a fait une politique keynésienne, alors que les socialistes ne parlent que de réduction de la dette.
Une analyse plus approfondie des “déciles” montrent toutefois que ce sont, pour une fois, les moins favorisés qui sont à la traîne. Sur ce point N Sarkozy n’a pas été “social démocrate”.
Ah bon ? Parce que sous les sociaux-démocrates, ce sont les déciles les moins favorisés qui avancent le plus vite ? Je pense que vous avez une vision legèrement faussée des politiques
social-démocrates. Si l’on regarde les indicateurs, on voit qu’en fait depuis trente ans la distribution des niveaux de vie et la pauvrété dépend beaucoup plus du cycle économique que du parti au
pouvoir. Ainsi, par exemple, après avoir diminue drastiquement jusqu’en 1979, l’indice ne fait depuis qu’osciler dans une bande étroite autour de 13,5% (seuil à 60%) sans véritable corrélation
avec les changements politiques. Ce qui laisse penser que les politiques économiques “de droite” ou “de gauche”, sous un vernis différent, n’ont pas été fondamentalement différentes, ou du moins,
qu’elles n’ont pas eu des effets dramatiquement différents.
Si, tout de même, il y a une nouveauté: depuis quelques années, la croissance sur les déciles “moyens” est supérieure à celle des pauvres comme des riches (ainsi, pour la période 2003-2008, le
4ème décile gagne 7,2% en niveau de vie, contre 6% pour le premier et 6,9 pour le dernier). Mais c’est certainement une coïncidence…
Enfin, il convient d’être prudent sur l’interprétation du “niveau de pauvrété”. L’indice utilisé pour mesurer la pauvrété n’est pas un indice “absolu”: en d’autres termes, il ne mesure pas le
nombre de personnes qui n’ont pas accès à un certain nombre de prestations minimales (logement en dur, eau courante, électricité, un certain nombre de calories par jour). C’est un indice
“relatif”, qui mesure en fait combien d’individus sont “en retard” d’un certain pourcentage par rapport au revenu moyen. En d’autres termes, si le bas de l’échelle des revenus augmente son niveau
de vie plus lentement que le haut, on verra l’indice de pauvreté augmenter… sans qu’il y ait dégradation du niveau de vie des plus pauvres. L’indice de pauvété mesure l’inégalité sociale, et
non la misère.
à propos de “remue méninge” (2)
je suppose que les textes de Terra Nova ont été débattus lors de ces tables rondes. En écoutant une émission sur ce sujet sur France Culture (téléchargeable Finkielkraut Samedi 4/9 9h), j’ai
mieux compris l’analyse de Terra Nova.
En gros cela consiste à constater depuis 81 l’évolution importante des conditions économiques des couches populaires. Les ouvriers, employés “classiques” (CDI, grande industrie, à plein temps)
ont beaucoup diminués en part relative. Les précaires de toutes sortes se sont beaucoup accrus pour représenter environ la moitié des couches populaires (le “précariat” de JL Mélenchon).
Et entre les précaires et ceux qui ont encore un emploi stable à plein temps, il s’est produit une fracture. Ceux qui ont encore un emploi stable craignent (à juste titre) de le perdre et leur
avantage relatif . D’ou leur hostilité à l’immigration qui les concurrence et les menace. D’ou leur vote Front national. Par contre ceux qui sont dans le précariat n’ont plus rien à perdre, d’ou
leur vote à gauche (quand ils votent).
Je donne donc un bon point à JL Mélenchon: il cherche à séduire le précariat, en faisant l’impasse sur les couches populaires classiques (il ne peut d’ailleurs les séduire avec son programme
pro-europe, pro-euro donc contre l’industrie, pour l’immigration …)
Par contre cela montre la difficulté de son alliance avec le PCF. Celui-ci est traditionnellement plus implanté dans les couches populaires “classiques”. Mais si JL Mélenchon réussi à assembler
ces contraires, c’est le “jackpot”.
(l’art du politique étant de parvenir à rassembler des courants divers en cultivant l’ambiguité, voir F Mitterand, JM le Pen, N Sarkozy … et .. Komeyni, Obama… Reste à deviner qui sera le
dindon de la farce !)
En gros cela consiste à constater depuis 81 l’évolution importante des conditions économiques des couches populaires. Les ouvriers, employés “classiques” (CDI, grande industrie, à plein
temps) ont beaucoup diminués en part relative. Les précaires de toutes sortes se sont beaucoup accrus pour représenter environ la moitié des couches populaires (le “précariat” de JL
Mélenchon).
Et c’est là que l’analyse est fausse. En fait, elle pêche par cecité historique. On fait comme si “avant” les ouvriers et employés “classiques” n’avaient pas été “précaires”. Mais ce n’est pas le
cas: jusqu’à 1945, la classe ouvrière vivait une situation de “précariat” permanent, sauf dans des secteurs très limités (ceux de “l’aristocratie ouvrière”, dont parle Marx). Dans l’immense
majorité des entreprises, l’ouvrier pouvait être licencié sans préavis ni indemnités sur un simple caprice du patron, et l’embauche à la semaine était encore courante. C’est le manque de main
d’oeuvre après la première guerre et la modernisation après la seconde qui, en créant une demande massive de main d’oeuvre et en “technifiant” le poste de travail a créé une “sécurité de
l’emploi” relative qui a fait oublier le “précariat”. Mais le précariat de la classe ouvrière n’est pas l’exception, c’est la règle.
Et entre les précaires et ceux qui ont encore un emploi stable à plein temps, il s’est produit une fracture. Ceux qui ont encore un emploi stable craignent (à juste titre) de le perdre et
leur avantage relatif . D’ou leur hostilité à l’immigration qui les concurrence et les menace. D’ou leur vote Front national. Par contre ceux qui sont dans le précariat n’ont plus rien à perdre,
d’ou leur vote à gauche (quand ils votent).
C’est la vieille théorie des “insiders” et des “outsiders”. Cependant, cette “théorie” est contredite par les faits. D’abord, l’immigration “concurrence et menace” beaucoup plus les précaires
(qui sont ceux qui ont les emplois les plus instables et les moins qualifiés) que ceux qui ont un emploi stable (plus difficiles à licencier et plus qualifiés). C’est donc le contraire qu’on
devrait observer: les précaires devraient voter pour le FN, alors que les “stables” devraient voter pour la gauche, traditionnellement attachée à défendre leur statut. Je pense qu’en fait ton
analyse est une analyse ad-hoc, qui part de l’idée que le “précariat” serait la ressource électorale “normale” de la gauche…
Je voudrais te proposer une théorie différente: depuis la fin de l’expansion des trente glorieuses, on assiste à un phénomène de “ciseau”: d’une part, le coût horaire du travail augmente
systèmatiquement, par le biais des augmentation de salaire, de l’évolution du SMIC, de la réduction du temps de travail. Cela a deux effets: d’ne part, cela fait disparaître les emplois
“mécanisables”: pour les travaux moins qualifiés, la machine devient compétitive par rapport au travail humain. Il est moins cher d’installer une machine à vendre des billets que de payer un
guichetier. Et deuxième effet, les entreprises sont poussées à optimiser leur force de travail et l’adapter en permanence à leur carnet de commandes: le coût économique de l’intérim (moindre
fidélité de l’employé, perte du capital formation…) devient attractif par rapport au fait de garder la force de travail inemployée.
Ce double effet crée le précariat: une population peu qualifiée sous-employée et dont les emplois sont adaptés en permanence à l’état du cycle économique.
Je donne donc un bon point à JL Mélenchon: il cherche à séduire le précariat, en faisant l’impasse sur les couches populaires classiques (il ne peut d’ailleurs les séduire avec son programme
pro-europe, pro-euro donc contre l’industrie, pour l’immigration …)
JLM n’a aucune raison de “séduire le précariat”. Qu’est ce qu’il a à leur proposer, en dehors des beaux discours ? Et des beaux discours, le “précariat” en a entendu, depuis trente ans… Est-ce
que quelqu’un croit aujourd’hui qu’il suffit par un trait de plume de transformer tous les CDD en CDI pour résoudre le problème ? Malheureusement, on se trouve ici sur une règle de base de
l’économie: personne n’embauchera un travailleur si la valeur qu’il produit est inférieure à son coût. Et plus la marge entre la valeur produite et le coût sera faible, plus l’employeur sera
poussé à optimiser le temps pendant lequel l’employé est payé. La question vitale est donc: comment on fait pour augmenter la productivité unitaire des travailleurs moins qualifiés (l’autre
alternative étant de baisser leurs salaires…).
Par ailleurs, si l’objectif de JLM est de “séduire le précariat” plutôt que la classe ouvrière au sens large, il commet une erreur politique capitale. D’une part, parce que le précariat, quelque
soit sa visibilité politique, représente une fraction relativement faible des couches populaires. Et la fraction la moins politisée, la moins organisée, celle qui a le moindre pouvoir de
négociation. En termes tactiques, est-il raisonnable de fonder une tentative de prise de pouvoir sur une couche qui n’a aucun moyen de créer des rapports de force en sa faveur ?
Mais en fait, je ne crois pas un instant que le discours de JLM vise pas à “séduire le précariat”. Le “précariat” est le sujet de son discours, pas la cible: on parle du
précariat, mais pas au précariat. Avec les discours sur l’euro ou sur l’Europe – comme vous l’avez justement remarqué – le discours du candidat s’adresse plutôt aux classes
moyennes. Or, ces classes aiment bien se donner bonne conscience en défendant les causes de groupes marginaux qui – contrairement à la classe ouvrière – ne représentent pour elles la moindre
menace. Le discours sur le précariat rentre parfaitement dans cette épure…
Par contre cela montre la difficulté de son alliance avec le PCF. Celui-ci est traditionnellement plus implanté dans les couches populaires “classiques”. Mais si JL Mélenchon réussi à
assembler ces contraires, c’est le “jackpot”.
Tu sais, les traditions… aujourd’hui, l’implantation du PCF dans les couches populaires dépend localement de figures implantées à titre personnel. L’époque où le PCF était la représentation
politique des classes populaires est finie et bien finie. Aujourd’hui, le PCF est un parti gauchiste comme les autres. Sa seule spécificité, c’est d’avoir derrière lui un “grand passé”, astre
mort mais dont la lumière nous parvient encore, et d’avoir encore de nombreux élus et “notables” attachés à leurs sièges comme la moule au rocher. Si JLM pense qu’à travers lui il réussira à
toucher la classe ouvrière, il se fourre le doigt dans l’oeil. Non pas parce que le PCF ne voudra pas, mais parce qu’il ne le peut pas.
(l’art du politique étant de parvenir à rassembler des courants divers en cultivant l’ambiguité, voir F Mitterand, JM le Pen, N Sarkozy … et .. Komeyni, Obama… Reste à deviner qui sera le
dindon de la farce !)
Certes… mais pour que ça marche, encore faut-il que les “divers courants” aient une base sociologique consistante. Pour le moment, JLM ne “rassemble” que des “courants” faits de petits notables
et leur cour (genre FASE…) dont l’audience est de trois pelés et deux tondus.
“C’est d’abord la confiance du peuple qu’il faut gagner car en lui réside toute possibilité de développement, en lui réside toute richesse, en lui réside toute intelligence, en lui réside tout le
futur, tout le futur, le reste n’est rien.
Là, on est pratiquement dans le “je suis le chemin, la lumière et la vie”. Le peuple n’est plus seulement le fils rédempteur, il est dieu le père…non, désolé, le peuple est le souverain, il
n’est pas pour autant omniscient. Il se trompe quelquefois, et il ne concentre pas “toute intelligence”. Arrêtons la mystique.”
En quelques phrases vous avez résumé toute la différence entre le populisme et la démocratie, que j’ai enfin réussi à synthétiser moi-même récemment: le populisme, c’est dire que le peuple a
toujours, forcément raison. La démocratie, c’est exprimer que le peuple est adulte, souverain, qu’il assume ses responsabilités, ce qui veut dire qu’il accepte que ça lui retombe sur la gueule
quand il fait une connerie.
“Il ne faut pas oublier qu’il y a de plus en plus dans les rangs de la “vraie gauche” cette détestable engeance que sont les “militants à vie”: jeunes militants lycéens puis étudiants qui ensuite
se cherchent une place d’attaché parlementaire ou chef de cabinet d’un politicien avant de se trouver un poste de permanent dans un parti ou d’élu. Et ce genre de personne, au PG, il y en a un
paquet…”
Ca s’appelle des apparatchiks. Ils pullulent également au PS (Benoît Hamon, Razzy Hammadi…). Ca date au minimum de Mitterrand (combien d’anciens soixante-huitards devenus hauts fonctionnaires
en 81 ?).
(c’est marrant: en 2002 Bayrou roule au colza, tout le monde se fout de sa gueule; en 2007 le green-washing est la dernière mode. En 2007 Bayrou est probablement le SEUL candidat à dire
ouvertement que tout n’est pas possible, et le centre de son programme concerne… la réduction de la dette, qui sera le thème central de 2012 ! Lisez bien le programme de Bayrou le visionnaire
l’an prochain: les clés de la victoire en 2017 y seront…)
En quelques phrases vous avez résumé toute la différence entre le populisme et la démocratie,
Tout à fait. La démocratie est fondée sur l’idée que, dans la mesure où c’est le peuple qui supporte les conséquences des politiques qui sont mises en oeuvre, il a le droit de les choisir et d’en
supporter les conséquences. Le peuple est donc le souverain. Mais il n’est pas pour autant omniscient ou infaillible. Il peut se tromper. Sa légitimité en tant que souverain ne vient pas de ce
qu’il est le meilleur, mais de ce qu’il est soumis aux conséquences.
Lorsqu’on commence à investir le peuple de caractéristiques quasi-divines, on n’est plus en démocratie mais en théocratie: le peuple devient le nouveau dieu, et naturellement ceux qui gouvernent
sont ses prêtres, c’est à dire, ceux qui s’auto-instituent comme les seuls interprètes de ce que le peuple veut. Mais le populisme, c’est autre chose: c’est le fait pour un politicien de flatter
le peuple en lui disant – mais sans le croire – qu’il est merveilleux et que tout vient de lui…
Ca s’appelle des apparatchiks.
Non. Les apparatchiks étaient les “hommes d’appareil”, sorte de fonctionnaires de la politique qui faisaient fonctionner le Parti (l’expression vient du PCUS). Et comme les fonctionnaires, leur
travail était de préserver et de faire fonctionner la structure, sans trop s’occuper de politique. Souvent, c’était des gens dévoués corps et âme à la structure et qui apparaissaient rarement
sous les projecteurs. Kanapa, Plissonnier étaient des apparatchiks. L’engeance dont je parle ne se met pas au service de la structure, mais met la structure à son service. Elle ne cherche pas à
faire marcher le Parti, mais à se faire élire à un siège “sûr” pour ne plus dépendre de la structure…
J’ai personnellement le plus grand respect pour les (bons) apparatchiks comme j’ai le plus grand respect pour les (bons) fonctionnaires. J’en ai connu beaucoup qui ont fait pendant des années des
boulots ingrats, anonymes, et qui l’ont fait avec professionnalisme, dévouement et même courage (notamment dans la Résistance). Bien entendu, l’histoire a oublié leur nom (c’est leur lot), mais
ils méritent tout de même un hommage. Rien à voir avec les petits marquis du mitterrandisme, avides d’argent, de pouvoir et de places.
Lisez bien le programme de Bayrou le visionnaire l’an prochain: les clés de la victoire en 2017 y seront…
Certainement. Et les clés de la défaite aussi. C’est le lot de ceux qui disent tout et son contraire: ils sont sur d’avoir raison à terme…
Cher Descartes,
Tout d’abord, je tiens à vous dire que votre blog a un intérêt, celui d’exposer des arguments clairs, discutables et discutés.
Néanmoins, je dois vous prévenir que vous êtes atteint du syndrome « Zeimmour » (Ni voyez aucune insulte de ma part). Ce syndorme ce résume dans une phrase de vos réponses aux commentaires :
« Il y a un refus de voir la réalité comme elle est et de construire un discours politique sur les rapports de force réels. »
Il y a un refus de voir la réalité comme elle est. Existerait-il une seule et même réalité pour tous ?
La réponse scientifique et je vous renvoie à Thomas Kuhn, est bien sur NON. C’est tout le problème de ce blog, et des éditorialistes et blogueurs en général, ils pensent qu’il n’y qu’une réalité,
et que ce sont eux qui voient la bonne réalité. La statue de Rodin observée par 10 personnes au même instant, donnera 10 visions ou point de vue différent de la statue. N’oubliez pas cela s’il
vous plait, sinon il n’y a aucun intérêt à avoir un débat d’idée puisque vous auriez toujours raison. Les différentes visions sont d’autant plus fortes qu’elles sont accentuées par une éducation
différente, par un vécu différent, par des sensibilités différentes.
De plus, ce commentaire, est lié au fait que les mélenchonistes seraient complètement débiles de penser que Mélenchon puisse être au second tour. Ne croyez-vous pas en la démocratie ? S’ils ne
pensaient pas que leur candidat pouvait gagner, pourquoi le soutenir ? Je suppose alors que vous êtes un partisan du Bipartisme, aucun intérêt d’avoir d’autres partis, PS UMP c’est parfait.
Ne serait-il pas plus subtil de discuter les raisons d’une telle espérance. En effet, Mélenchon est inspiré par ce qui s’est passé dans certains Etats Latino-Américains, à savoir l’élection d’un
candidat issu d’autre chose que les partis de droite et de gauche traditionnel. Pour ma part, je pense qu’il fait une erreur majeure en pensant que cela soit possible en France car il part
du principe que nous avons les mêmes démocraties. Point de départ qui me semble erroné.
Dans tous les cas, je ne pense pas que l’on puisse leur reprocher d’espérer l’élection de leur candidat au prétexte qu’il ne verrait pas la réalité telle qu’elle est selon Descartes.
Je tiens aussi à vous interpeller sur un point important. Vous parlez beaucoup d’économie. Nombre de vos lecteurs avaient salué l’explication du calcul des taux d’intérêts. C’est toute l’illusion
de l’économie qui est dans ce billet, en effet nous avons l’impression que le calcul d’un taux est super rationnel grâce aux petites formules mathématiques ;
Il serait bon de rappeler que l’économie est tout sauf une science exacte, et malgré les efforts de tous les économistes du monde pour faire apparaitre la discipline comme étant une science
exacte (cf. l’évolution de la discipline de plus en plus basée sur les mathématiques), elle ne l’est pas et ne le sera jamais.
Au sujet de l’économie en général, je suis toujours effaré de voir comment cette science dès qu’elle passe dans la sphère politique devient un dogme. Or, cela est catastrophique puisque tout bon
économiste sait pertinemment qu’il ne faut surtout pas s’enfermer dans une seule idée. En effet, parfois il faut de la relance, parfois il faut laisser aller l’inflation, parfois mieux la
contrôler, parfois l’Etat peut jouer un rôle majeur dans l’investissement, parfois il vaut mieux qu’il soit en retrait etc… Je suis réellement catastrophé par ce qu’il se passe aujourd’hui et
l’incapacité des plus hautes sphères politiques à sortir de leur dogme pour sauver ce qu’il est encore possible de sauver de nos sociétés.
Cher Descartes, sur les sociologues des banlieues je vous conseille la lecture d’un sociologue que vous ne connaissez certainement pas, mais qui a réalisé un excellent travail scientifique il y a
maintenant quelques années sur le sujet : « Ghetto Urbain », de Didier Lapeyronnie.
J’en reste là pour le moment, gardez bien à l’esprit que votre réalité n’est pas la mienne, et que d’un même fait nous aurons des analyses très différentes et des conclusions très
différentes et que vous n’aurez pas plus raison que moi à partir du moment où nos argumentaires seront basés sur l’honnêteté scientifique.
Tout d’abord, je tiens à vous dire que votre blog a un intérêt, celui d’exposer des arguments clairs, discutables et discutés.
Je vous remercie. Et je vous remercie d’être l’un de ceux grace à qui mes arguments sont “discutés”. Ils sont là pour ça.
Il y a un refus de voir la réalité comme elle est. Existerait-il une seule et même réalité pour tous ?
Oui. Je me souviens d’une très jolie définition de la réalité: “le réel, c’est ce qui est toujours là lorsqu’on a cessé d’y croire”. Ce qui caractérise la réalité, c’est qu’elle est extérieure à
nous. Et par définition, il n’y a donc “qu’une seule” et elle est “la même pour tous”. Ne confondez pas “réalité” avec “perception de la réalité”. Ce sont deux choses totalement différentes.
La réponse scientifique et je vous renvoie à Thomas Kuhn, est bien sur NON.
La réponse de Kuhn est bien “non”, mais elle n’a rien de “scientifique”. C’est l’opinion de Kuhn. J’attire votre attention que l’idée que “la réalité n’est pas la même pour tous” est une formule
auto-contradictoire. Parce que si “la réalité n’est pas la même pour tous”, alors il est parfaitement possible que dans MA réalité “la réalité soit la même pour tous”, même si c’est ne pas le cas
dans la votre. Qu’est ce qui vous permet de nier que dans MA réalité, Kuhn a tort ?. Comment pouvez vous alors affirmer qu’il a raison ? Tout au plus vous pouvez dire que dans VOTRE réalité, il a
raison. Mais pas dans “la” réalité…
Libre à vous d’adhérer au postmodernisme façon Kuhn. Mais alors il faut assumer les conséquences de cette théorie. Et la conséquence immédiate est un relativisme absolu. Il n’y a plus rien qui
soit un “fait”, il n’y a que des “réalités” paralèlles. Vous ne pouvez donc plus énoncer aucune règle universelle: la théorie de la rélativité est vraie dans VOTRE réalité. Mais est-elle vraie
dans la MIENNE ? Vous n’en savez rien.
La statue de Rodin observée par 10 personnes au même instant, donnera 10 visions ou point de vue différent de la statue.
Décidément, vous confondez la “réalité” et la “perception de la réalité”. 10 personnes qui observent la statue de Rodin auront 10 visions différentes. Mais derrière ces visions il y a une statue,
et celle-ci est unique. D’ailleurs, si les 10 personnes ferment les yeux en même temps, la statue ne disparaît pas pour autant, n’est ce pas ? Franchement, vous croyez vraiement que les choses
n’existent que parce qu’elles sont perçues ?
Les différentes visions sont d’autant plus fortes qu’elles sont accentuées par une éducation différente, par un vécu différent, par des sensibilités différentes.
Mais derrière ces perceptions, il existe une seule réalité. Nous sommes d’accord ?
De plus, ce commentaire, est lié au fait que les mélenchonistes seraient complètement débiles de penser que Mélenchon puisse être au second tour. Ne croyez-vous pas en la démocratie ?
Tout dépend du sens que vous donnez au verbe “pouvoir”. S’il s’agit d’une possibilité, sans doute qu’il le peut, au même titre que n’importe quel autre candidat. Mais si vous entendez par là une
probabilité, alors il faut admettre que dans le monde réel, elle est mince, très mince…
S’ils ne pensaient pas que leur candidat pouvait gagner, pourquoi le soutenir ?
Parce la politique n’est pas binaire. On peut perdre une élection, tout en regroupant suffisamment de voix pour exercer une véritable influence sur les politiques qui seront mises en oeuvre. Le
cas Le Pen me paraît exemplaire de ce point de vue. Voici un parti qui a perdu pratiquement toutes les élections auxquelles il a participé, et qui a réussi quand même a imposer ses thématiques
dans le débat public…
Je suppose alors que vous êtes un partisan du Bipartisme
Et vous vous trompez.
En effet, Mélenchon est inspiré par ce qui s’est passé dans certains Etats Latino-Américains, à savoir l’élection d’un candidat issu d’autre chose que les partis de droite et de gauche
traditionnel. Pour ma part, je pense qu’il fait une erreur majeure en pensant que cela soit possible en France car il part du principe que nous avons les mêmes démocraties. Point de départ
qui me semble erroné.
Tout à fait d’accord. Non seulement nous n’avons pas les mêmes démocraties, mais nous n’avons pas les mêmes peuples. Les leaders latino-américains comme Chavez ou Péron ont construit leur succès
politique sur un populisme qui marche parce que dans leurs pays respectifs il y avait des vastes groupes sociaux complètement écartés du processus politique. En France, ces vastes troupes
n’existent pas, parce que la classe ouvrière française est rentrée depuis très longtemps dans les processus politique.
Dans tous les cas, je ne pense pas que l’on puisse leur reprocher d’espérer l’élection de leur candidat au prétexte qu’il ne verrait pas la réalité telle qu’elle est selon Descartes.
Je ne leur reproche pas d’espérer, je leur reproche d’y croire. Parce qu’en politique tout repose sur une analyse correcte des rapports de force. Il faut dès maintenant penser à ce qu’on fera si
l’on n’est pas au second tour. Et si le fait “d’espérer” empêche de conduire cette réflexion, on va dans le mur.
C’est toute l’illusion de l’économie qui est dans ce billet, en effet nous avons l’impression que le calcul d’un taux est super rationnel grâce aux petites formules mathématiques
Vous n’êtes pas très cohérent. Plus haut, vous m’avez affirmé que “la réalité n’est pas la même pour tous”. Et maintenant vous m’expliquez que mon billet contient “toute l’illusion de
l’économie”. Si je suit votre raisonnement, je peux admettre que l’économie soit une “illusion” dans VOTRE réalité. Qu’est ce qui vous permet de déclarer que VOTRE réalité s’impose à tous ?
Peut-être que dans MA réalité le calcul d’un taux d’intérêt est “super-rationnel”…
Revenons au fond: la fixation des taux d’intérêt est effectivement “super-rationnelle”. Ceux qui la fixent ne le font pas en lisant les entrailles des oiseaux ou en regardant dans une boule en
cristal. Ils le font à partir de règles qu’ils essayent de dégager de l’expérience en utilisant les méthodes scientifiques. Que ces règles soient à un moment donné plus ou moins fines, plus ou
moins précises, modélisent plus ou moins bien le réel. Mais le fait qu’elles soient erronées ne les rendent pas pour autant irrationnelles. La mécanique newtonienne, nous le savons aujourd’hui
(et depuis Einstein), est inexacte. Mais elle reste “super-rationnelle”.
Il serait bon de rappeler que l’économie est tout sauf une science exacte,
Mais même si elle est inexacte, c’est tout de même une science. Le propre des sciences n’est pas la qualité de leurs prédictions, mais la méthode qu’elles utilisent pour analyser le réel.
elle ne l’est pas et ne le sera jamais.
Comment le savez vous ? Et comment arrivez-vous à compatibiliser une affirmation aussi universelle avec votre adhésion aux théories de Kuhn ? Si je suis votre exemple de la statue, il suffirait
que quelqu’un la “voie” comme une science exacte pour qu’elle le soit, puisque pour vous c’est la perception qui “fabrique” une réalité…
Au sujet de l’économie en général, je suis toujours effaré de voir comment cette science dès qu’elle passe dans la sphère politique devient un dogme. Or, cela est catastrophique puisque tout
bon économiste sait pertinemment qu’il ne faut surtout pas s’enfermer dans une seule idée. En effet, parfois il faut de la relance, parfois il faut laisser aller l’inflation, parfois mieux la
contrôler, parfois l’Etat peut jouer un rôle majeur dans l’investissement, parfois il vaut mieux qu’il soit en retrait etc…
Une science n’est jamais prescriptive. Dès lors que vous dites “il faut”, “il vaut mieux”, vous êtes dans le politique. Une science peut vous dire “si vous faites ceci ou cela, vous obtiendrez
tel résultat”. Mais elle ne vous donne pas de critère pour choisir quel résultat vous devez viser. Confondre l’économie et la politique économique revient à croire que c’est la physique nucléaire
qui a détruit Hiroshima.
Je suis réellement catastrophé par ce qu’il se passe aujourd’hui et l’incapacité des plus hautes sphères politiques à sortir de leur dogme pour sauver ce qu’il est encore possible de sauver
de nos sociétés.
C’est l’inverse: les gens inventent les dogmes qui justifient les politiques qui servent leurs intérêts. Ce ne sont pas les dogmes qui les empêchent d’agir, ce sont les dogmes qui leur permettent
d’agir dans le sens qui les arrangent.
J’en reste là pour le moment, gardez bien à l’esprit que votre réalité n’est pas la mienne, et que d’un même fait nous aurons des analyses très différentes et des conclusions très
différentes
Je ne comprends pas votre logique. Si “ma réalité n’est pas la mienne”, alors nous ne pouvons pas partir “d’un même fait”. J’ai du mal à saisir ce qu’est pour vous la “réalité”. Si nous partons
du “même fait”, c’est que ce fait existe en dehors de nous, et qu’il est le même pour tous. Et bien, c’est ça le “réel”…
et que vous n’aurez pas plus raison que moi à partir du moment où nos argumentaires seront basés sur l’honnêteté scientifique.
Beh non. A partir du moment où nos argumentaires seront basés sur “l’honnêteté scientifique”, nous pouvons les soumettre au test de l’expérience. Et ce test dira qui a raison et qui a tort…
Croyez vous vraiment que l’aveugle qui affirme “il fait nuit” a “autant raison” que le voyant qui dit “il fait jour” ?
Juo:
À propos de Kuhn, c’est un peu plus complexe que ça. D’abord la position de Kuhn n’est pas quelque chose de partagé chez les philosophes des sciences (ex: Feyerabend). Ensuite même si on accepte
l’analyse de Kuhn avec la science normale, les paradigmes et tout ça, on ne peut s’empêcher de voir une certaine forme de progrès entre la succession de paradigmes même s’ils sont
incommensurables. Aujourd’hui on est quand même bien content de s’être débarassé de la théorie phlogistique ! Si je me souviens Kuhn ne rejette pas vraiment l’idée de progrès dans certains de ces
textes, ça n’implique pas alors un relativisme absolu. Donc pour en revenir à ton message, je suis pas d’accord. Même s’il y a différentes analyses du réelle et qu’elles ont une certaine
cohérence interne, ça n’implique pas qu’elles soient toutes équivalentes. Les analyses qu’on a aukourd’hui sont quand même meilleures que celles qu’on avait au Moyen-Age, non ? De plus je
remarque que ta position qui va vers le relativisme annule le débat, puisqu’au final toutes les positions se valent.
Si je me souviens Kuhn ne rejette pas vraiment l’idée de progrès dans certains de ces textes, ça n’implique pas alors un relativisme absolu.
La question qui était en débat ici était moins la question du progrès que l’unicité de la “réalité”. Kuhn est assez obscur sur cette question. A certains moments il fait bien la distinction entre
la réalité et sa modélisation par le scientifique, à d’autres moment il les mélange. Mais son relativisme est bien moins absolu que celui de Feyerabend.
Cependant, l’objection la plus puissante aux relativisme des post-modernistes est que ces théories conduisent à une paradoxe, celui contenu dans la formule “il n’y a qu’une vérité universelle, et
c’est qu’il n’y a pas de vérité universelle”. Parce que si toute théorie n’est qu’un “discours”, ni plus vrai ni plus fausse qu’un autre, alors cette règle s’applique aussi à la théorie qui dit
que toute théorie n’est qu’un discours…
Bonjour
La statue de Rodin observée par 10 personnes au même instant, donnera 10 visions ou point de vue différent de la statue. Juo, com. 13
Supposons que vous utilisiez un miroir à 10 faces rayonnantes autour de cette même statue, alors là vous pourriez prétendre approcher, et seulement approcher un peu plus la réalité apparente, au
moyen d’une image plus complète qu’une observation unidirectionnelle, mais qui néanmoins ne vous informerait en rien, ou presque, de la réalité profonde de sa matière constituante, de la façon
dont elle a été sculptée, des raisonset intentions qui ont conduit Rodin à cette création, du message, s’il en existe un, qu’il a voulu transmettre à travers cette œuvre, etc, etc…..Finalement,
nous assimilons l’image à l’entière réalité et nous faisons l’impasse sur celle çi, soit par indifférence, soit par intérêt, soit par tout autre déni favorisant notre confort intellectuel. Cet
exemple que vous choisissez volontairement neutre par rapport au débat politique illustre cependant assez bien l’état de conscience générale devant la multitude des informations auquelles nous
avons accès et que nous selectionnons, par élimination, pour satisfaire des opinions préconçues. Lorsque nous débattons de J.L.Mélanchon, cas fréquent sur ce blog, comme bien d’autres, ne nous
situons nous pas dans la posture de ce visiteur du musée Rodin ?
réponse de Descartes au commentaire 13 de juo
….A partir du moment où nos argumentaires seront basés sur “l’honnêteté scientifique”, nous pouvons les soumettre au test de l’expérience. Et ce test dira qui a raison et qui a tort… Croyez
vous vraiment que l’aveugle qui affirme “il fait nuit” a “autant raison” que le voyant qui dit “il fait jour” ?
En formulant cette réponse, vous faites preuve, Descartes, d’assez peu de cartésianisme. En effet, ne faites vous pas plus crédit aux sens – celui de la vue en l’occurrence – qu’à la raison ? Je
vous rappelle à ce sujet l’allégorie de la caverne de Platon qui décrit par la voix de Socrate le savoir érroné dans lequel nos sens nous amènent à affirmer comme étant la réalité ce que nous
voyons. Si l’aveugle, dans cette situation, met en œuvre un raisonnement basé sur autre chose que la vision générale, rien n’interdit de penser qu’il possède, seul peut être, une notion plus
proche de la réalité que ses multiples compagnons voyants.
Toutes, ou presque, vos interventions privilégient le raisonnement, et c’est pour cela que vous constituez pour beaucoup un maitre à “ réfléchir ” en matière de citoyenneté, ce dont je vous suis
particulièrement gré.
Toutefois , le devoir de vigilence, que vous pronez, m’incite tout en doutant de tout,ou presque, à rechercher néanmoins le plus d’informations possibles, souvent contradictoires, afin de ne
pas sombrer dans le tourbillon de vérités premières qui constituent souvent le terreau de nos opinions. C’est à mon avis, ce que j’évoquais au commentaire n°7 , la philosophie qui est le seul
véritable outil du citoyen susceptible de l’aider à construire des réponses lucides, avec une probabilité de pertinence acceptable, aux questions de plus en plus complexes qui nous interpellent.
Pas beaucoup moins qu’en sciences “ molles ” la vérité des sciences fait probablement l’objet d’un rapport de forces, et ce qui est vrai à un moment donné est en général plus ce qui est fort,
mais jamais présenté comme tel.
Les XVII et XVIII èmes siècles avec Newton, tout imprégné de sa Mécanique Céleste, se sont largement ri des “tourbillons de R. Descartes”. La théorie de la relativité généralisée a non seulement
montré les limites du système de Newton, puis ensuite l’astro-physique avec les galaxies a redécouvert, 3 siècles après Descartes, la notion de tourbillons célestes.
Que nous reste t-il, simples individus isolés, sinon l’obligation de jongler avec des savoirs suspects, parcellaires et un embryon de sagesse philosophique ?
En formulant cette réponse, vous faites preuve, Descartes, d’assez peu de cartésianisme. En effet, ne faites vous pas plus crédit aux sens – celui de la vue en l’occurrence – qu’à la
raison ?
Au contraire: je suis parfaitement cartésien. Descartes n’a jamais prétendu que la raison a elle seule soit suffisante pour nous permettre de connaître la réalité qui nous
entoure. Descartes nous met en garde sur le fait que nos sens peuvent nous tromper, mais il ne dit pas pour autant qu’il faille s’en passer.
Si l’aveugle, dans cette situation, met en œuvre un raisonnement basé sur autre chose que la vision générale, rien n’interdit de penser qu’il possède, seul peut être, une notion plus proche
de la réalité que ses multiples compagnons voyants.
Possible. Mais son raisonnement est forcément fondé sur un sens. Il n’existe aucun raisonnement qui permette de savoir s’il fait jour où s’il fait nuit et qui ne fasse pas intervenir un sens.
Tout simplement parce que les sens sont le seul “pont” qui nous relie au monde réel.
Toutes, ou presque, vos interventions privilégient le raisonnement, et c’est pour cela que vous constituez pour beaucoup un maitre à “réfléchir” en matière de citoyenneté, ce dont je vous
suis particulièrement gré.
Je vous remercie. Mais si mes interventions “privilégient le raisonnement”, ce n’est jamais un raisonnement clos. Il repose toujours dans ses prémisses – et se confronte toujours dans ses
conséquences – au réel. Et ce réel ne nous est “connaissable” qu’à travers des instruments de perception et de mesure qui en dernière instance reposent sur nos sens.
la philosophie qui est le seul véritable outil du citoyen susceptible de l’aider à construire des réponses lucides, avec une probabilité de pertinence acceptable, aux questions de plus en
plus complexes qui nous interpellent
Je ne partage pas cette idée. Sans nier l’importance de la philosophie, je n’en fait pas un “outil” plus important que la connaissance scientifique, par exemple.
Pas beaucoup moins qu’en sciences “molles” la vérité des sciences fait probablement l’objet d’un rapport de forces, et ce qui est vrai à un moment donné est en général plus ce qui est fort,
mais jamais présenté comme tel.
Il y a à mon sens une double erreur dans ce paragraphe. D’une part, en matière scientifique la seule “vérité” est celle qui n’est pas contredite par l’expérience. Et cela ne laisse la moindre
place à l’influence du “plus fort”. Lorsque la vérité est dictée par le plus fort, on ne fait plus de science. Ce qui sépare la science de toutes autres formes de connaissance est justement la
méthode. Et d’autre part vous confondez “vrai” et “tenu pour vrai”. Même si l’Eglise, au zénith de sa puissance, pouvait imposer la croyance que le soleil tournait autour de la terre, cela n’a
jamais été “vrai”. La terre a tourné autour du soleil bien avant Copernic…
Billet très intéressant. Les commentaires aussi. Toutes les universités d’été sont des manifestations qui permettent aux militants de se retrouver et de se remotiver pour repartir au combat. On
ne peut pas non plus empêcher les militants de rêver. A quoi bon militer, donner de son temps, de ses loisirs (au passage un hommage au militants qui ne sont pas comme on le lit parfois des ânes)
si c’est seulement pour faire du témoignage ? Les événements en Amérique du Sud et plus récemment en Afrique prouvent que rien n’est écrit à l’avance, n’en déplaisent aux instituts de sondages.
En tant que PGiste, je suis bien conscient des insuffisantes du FDG et du PG, en particulier d’une certaine timidité intellectuelle à ne pas remettre en question certains postulats (par exemple
la sortie de l’euro)… Le chemin est long parfois…
Le FDG n’est pas la force idéale, mais c’est une des seules en Europe qui rassemble la gauche de la gauche et qui permet de faire entendre une autre musique. On réentend parler de lutte des
classes, d’oligarchie, de peuple dans les médias… J’ai la faiblesse de penser que le FDG n’y est pas pour rien.
Il faut également avoir conscience que le FDG est une “force” en construction, pas évidente à faire bouger en raison de sa nature et que c’est à ceux qui s’en sentent proches de l’investir….
A l’approche des combats à venir, je veux rester optimiste malgré les insuffisances que vous pointez. Le FDG n’a pas un programme parfait. ET bien faites le pari de le changer. De convaincre
autour de vous les FDGistes. Il me semble que si le FDG faisait un score à deux chiffres à la présidentielle et aux législatives, cela pourrait avoir certaines conséquences positives…
Toutes les universités d’été sont des manifestations qui permettent aux militants de se retrouver et de se remotiver pour repartir au combat. On ne peut pas non plus empêcher les militants de
rêver. A quoi bon militer, donner de son temps, de ses loisirs (au passage un hommage au militants qui ne sont pas comme on le lit parfois des ânes) si c’est seulement pour faire du témoignage
?
Je n’ai rien contre le fait que les militants “rêvent”, et je trouve tout à fait positif qu’un parti politique organise des fêtes et des rituels qui permettent à ses militants de se retrouver, de
se motiver, de créer des liens personnels entre eux et le Parti. Seulement, il faut maintenir la séparation entre le moment de la fête et du rituel et celui de la réflexion, de la formation, du
travail politique. Parce que ce sont deux choses différentes, avec des objectifs différents et que les militants doivent aborder dans un esprit différent. Ritualiser la réflexion conduit à la
tuer.
Les événements en Amérique du Sud et plus récemment en Afrique prouvent que rien n’est écrit à l’avance, n’en déplaisent aux instituts de sondages.
On sait que “rien n’est écrit à l’avance” depuis au moins David et Goliat. Cependant, même si rien n’est écrit à l’avance, certaines choses sont plus probables que d’autres, et certaines sont
hautement improbables. Et on ne peut pas faire sérieusement de la politique si l’on ne prend pas en compte ce fait. Quant aux “événéments en Amerique du Sud”, je ne vois pas très bien à quoi tu
fais référence. Je trouve au contraire qu’ils étaient hautement prévisibles: ce n’est pas la première fois que l’Amérique Latine est emporté dans une vague de populisme. As-tu entendu parler de
Peron, de Vargas ?
En tant que PGiste, je suis bien conscient des insuffisantes du FDG et du PG, en particulier d’une certaine timidité intellectuelle à ne pas remettre en question certains postulats (par
exemple la sortie de l’euro)… Le chemin est long parfois…
Je ne crois pas que ce soit de la “timidité intellectuelle”. C’est plutôt une absence totale de travail sur le fond. Les positions du PG sur les différents problèmes sont moins le résultat d’une
élaboration coherente par des gens qui réflechissent qu’un panachage en fonction des sujets qui tiennent à coeur tel ou tel groupe interne ou de questions tactiques. Les positions sur les
questions énergétiques sont un exemple caricatural de ce fonctionnement. Pour ce qui concerne l’euro, le PG défend la monnaie unique moins pour des questions de fond que parce qu’il ne veut pas
rompre les ponts avec le camp fédéraste en se marquant trop du côté des “souverainistes” et de l’épouvantail Le Pen.
Le FDG n’est pas la force idéale, mais c’est une des seules en Europe qui rassemble la gauche de la gauche et qui permet de faire entendre une autre musique. On réentend parler de lutte des
classes, d’oligarchie, de peuple dans les médias… J’ai la faiblesse de penser que le FDG n’y est pas pour rien.
Admettons. Et alors ? Est-ce que le fait de faire parler les médias de “lutte de classes, d’oligarchie, de peuple” est un objectif politique ? Pour moi, franchement, non. Rappelle toi des
discours “de rupture” de Mitterrand avant 81… et ce qu’il en est resté. Ce n’est pas parce qu’on chante “lutte de classes” ou “mort à l’oligarchie” comme on chantait hier “changer la vie” qu’on
change quoi que ce soit.
Quant au fait de “rassembler la gauche de la gauche”, je poserai la même question que Lénine: pourquoi faire ? La politique, la vraie, est une question de représentation bien plus qu’une question
de rassemblement. Ce qui est important, ce n’est pas de savoir quels sont les groupuscules qui appelleront à voter pour le candidat, mais de savoir à quelles couches sociales on s’adresse. Et
pour le moment, le FdG propose un langage et des politiques qui ne peuvent séduire que les classes moyennes. Or, les classes moyennes ont peut-être le coeur à gauche, mais elles ont le
portefeuille à droite. Et à supposer que le candidat Mélenchon arrive contre toute probabilité au pouvoir, il ne pourra pas faire une politique qui irait contre l’intérêt de ceux qui l’ont élu.
Quelque soit son langage de “lutte de classes”.
Il faut également avoir conscience que le FDG est une “force” en construction, pas évidente à faire bouger en raison de sa nature et que c’est à ceux qui s’en sentent proches de
l’investir….
Dans ce domaine, il est rare que les choses se bonifient avec l’âge. Et il est difficile pour des gens “proches” de s’investir dans un mouvement qui ne fait le moindre travail de réflexion
politique et se contente de lever les vieux dogmes gauchistes avec une rare intolérance. Explique moi comment un partisan de l’énergie nucléaire pourrait par exemple “s’investir” au FdG ?
A l’approche des combats à venir, je veux rester optimiste malgré les insuffisances que vous pointez.
C’est votre choix. Mais ne vous plaignez pas après d’avoir été trompé: lorsqu’on fait le choix de la foi contre la raison, faut assumer les conséquences.
Le FDG n’a pas un programme parfait.
Le FDG n’a pas de programme du tout. Ce n’est pas une question de perfection, mais d’existence. D’une part, il n’y a pas de programme du FdG: il y a un programme du PCF
(le fameux “l’Humain d’abord”) que ni le PG ni la GU ni le candidat désigné ne reprennent sur leur site internet ou dans leurs déclarations publiques, et il existe une sorte de “chantier” proposé
par le PG (accessible sur son site internet) auquel les autres organisations ne font, elles non plus, référence.
Mais surtout, aucun de ces documents ne constitue un “programme”. Parce qu’un programme n’est pas une liste de courses et de promesses compilée de manière à faire plaisir à tout le monde. Un
programme est une construction cohérente et hiérarchisée, ou l’on propose des mesures chiffrées en expliquant comment on les mettra en oeuvre et comment on compte les financer. Et ce travail n’a
tout simplement pas été fait. Et connaissant les personnes en présence, il ne sera pas fait, ni maintenant, ni jamais. Parce que dès qu’on commence à chiffrer et à hiérarchiser, il faut expliquer
que certaines choses ne sont pas possibles, qu’il faut faire des choix, et qu’on ne peut pas faire plaisir à tout le monde. Or, justement, la tactique des dirigeants du FdG est de faire plaisir à
tout le monde et de ne jamais trancher dans les sujets qui fâchent. Dès qu’il y a un désaccord, on renvoie les choses “à un débat national” ou à “un référendum”. Sans se rendre compte que ce
renvoi menace la cohérence du tout. Imaginons qu’on fasse le référendum que le programme du PCF propose sur la politique énergétique, et que le référendum dise “oui” au nucléaire. Que deviennent
les autres volets du projet énergétique du FdG ?
ET bien faites le pari de le changer. De convaincre autour de vous les FDGistes.
C’est bien le pari que je fais. Pourquoi croyez-vous que j’écrive ce blog ? Seulement voilà, j’ai une confiance limitée dans les possibilités de “changer” le FdG. D’une part, parce qu’il n’existe
aucun lieu de débat et de décision où les choses pourraient être changées (si vous croyez que ce sont les militants qui font la politique du FdG… vous allez être très déçu). Mais surtout, parce
qu’il est très difficile de faire changer d’opinion les gens qui veulent désespérement croire. On l’a vu en 1981.
Il me semble que si le FDG faisait un score à deux chiffres à la présidentielle et aux législatives, cela pourrait avoir certaines conséquences positives…
Certainement. Mais dans l’état actuel des choses, les conséquences négatives seraient, je le crains, infiniment plus grandes.
Quant à la bibliothèque idéale… il serait trop long de la donner ici.
Je suis toujours intéressé, j’aimerais bien que t’en fasses un article. Voilà une petite piqure de rappel !
Ok ok… puisqu’il y a de la demande, j’y travaille !
Le discours de Mélenchon à Grenoble le 28 août me paraît être un chef-d’oeuvre de cette prétendue gauche qui agonise depuis des décennies et qu’il serait humain d’achever pour repartir
sur des bases enfin démocratiques.
La démocratie ne suffit pas mais elle est la base de tout. Ils ont voulu construire sans elle, c’est normal que ça s’effondre. Le plus tôt sera le mieux.
Il faut enfin construire une gauche basée sur la démocratie, promouvoir ses valeurs et encourager sa pratique.
Je ne la vois pas venir.