Il faut défendre un service public de l’éducation

“Les seules vraies conquêtes, celles qui n’entrainent aucun regret,

sont celles qu’on fait sur l’ignorance” (Napoléon Bonaparte)

 

 

 

Pendant très longtemps, le “test de l’acide” qui permettait de distinguer les progressistes des réactionnaires, c’était la vision de l’enseignement. Au fonds, progressistes et réactionnaires étaient d’accord sur un point, même s’ils en tiraient des conclusions opposées: un peuple savant tend à remplacer les hiérarchies de la naissance ou de la fortune par les hiérarchies du mérite. Et c’est ce qui rend l’éducation désirable pour les uns et dangereuse pour les autres.

 

Entre celui qui voit l’éducation comme un simple processus de professionnalisation et celui qui en voit la fabrique du citoyen, entre celui qui fait de l’éducation le rouage essentiel de l’ascenseur social et celui qui veut au contraire préserver ses enfants de toute compétition, se dessinent des visions politiques diamétralement différentes. En d’autres termes, dis moi comment tu vois l’éducation, et je te dirais qui tu est en politique.

 

L’ennui, aujourd’hui, est que personne n’a vraiment de vision de l’éducation. Dans les programmes des candidats, dans leurs déclarations et leurs interventions dans les médias, on ne trouve pas grande chose. En dehors de débat byzantins – et au fort contenu corporatif – sur le nombre de postes à créer, le triste destin des intervenants en arts plastiques, les angoisses des nouveaux professeurs, ou le nombre d’élèves par classe,  c’est silence radio. Il faut dire que le débat public est fortement pollué par les fantasmes d’une classe moyenne terrorisée par la perspective du déclassement et faisant de la “réussite scolaire” – sans que ce mot ait un sens bien précis – l’alpha et l’oméga de ses préoccupations, tout au moins aussi longtemps qu’elle ne nécessite pas le sacrifice du samedi matin qui casse un week-end bien mérité.

 

Car l’éducation, ce n’est pas tant de postes de prof de plus ou de moins, tant de milliards de trop ou de pas assez. C’est d’abord une vision des buts que doit poursuivre l’éducation, et des institutions qui doivent s’en charger. Et sur ces questions, je dois dire que la plupart des programmes politiques que j’ai pu consulter restent muets.

 

Il y a à mon sens une question fondamentale, c’est celle du positionnement de l’école. S’agit-il d’une institution publique dont parents et élèves sont les usagers ? Ou faut-il y voir un simple service dont parents et élèves sont des clients ? C’est cette question qui, bien plus que le débat sur les moyens ou les méthodes pédagogiques est déterminant pour l’avenir de notre école. Mais avant de poser le débat, il me semble utile de bien poser les termes.

 

Quelle est la différence entre le rapport client-fournisseur et le rapport entre un service public et ses usagers ? La réponse tient aux règles qui régissent leurs rapports. L’usager d’un service public a avec celui-ci un rapport réglementaire. En d’autres termes, il existe un règlement explicite et qui décrit la prestation et son prix. Un règlement sur lequel – en tant qu’usager – n’a aucun pouvoir: il ne peut ni le modifier, ni négocier ses termes. Conséquence de ce principe, la prestation et son prix sont égaux pour tous, et ne dépendent donc pas du pouvoir de négociation de tel ou tel individu.

 

Le rapport client-fournisseur, par contre, est régi par le principe de la liberté contractuelle et donc par un rapport de forces. Le fournisseur est libre de définir les prestations et les prix, mais reste libre de les adapter personnellement à chaque client. Deux clients placés dans les mêmes circonstances de fait peuvent se voir proposer des prestations et des prix différents. Le client a donc un pouvoir de négociation, fondé essentiellement dans le fait qu’il peut faire jouer la concurrence entre les fournisseurs.

 

On voit donc que la différence fondamentale est une question de pouvoir. Dans le premier cas, l’individu qui bénéficie du service n’a aucun pouvoir sur celui-ci, ce pouvoir étant exercé collectivement non pas par les usagers, mais par les citoyens – y compris les citoyens qui n’utilisent pas le service, par choix ou par impossibilité matérielle. Ainsi par exemple le prix et les horaires du métro sont fixés en dernière instance par des élus du peuple, qui répondent autant à des électeurs qui prennent le métro comme à ceux qui prennent la voiture. Dans le cas du client, par contre, il existe un pouvoir individuel, subjectif. Ce pouvoir dépend de la situation de chacun, de son pouvoir d’achat, de la rareté ou de l’abondance des produits qu’il cherche à se procurer, de la situation de ses fournisseurs.

 

Cette distribution du pouvoir détermine les intérêts que la gestion du service cherche à satisfaire. Dans le cas de l’usager, le service est organisé de manière à servir l’intérêt général, tel qu’il est défini par le système politico-administratif. Les décisions ne sont pas prises pour satisfaire tel ou tel individu concret, mais pour satisfaire un individu abstrait. Dans le cas du client, par contre, les décisions résultent d’un rapport de force individuel entre les intérêts du prestataire du service – le fournisseur – et celui du consommateur du service – le client. Boucheron peut ouvrir un dimanche si un Emir suffisamment fortuné le demande, parce qu’on est dans le cadre d’un rapport client-fournisseur. Mais la Préfecture de Police n’ouvrira pas le service des passeports un dimanche même si Pinault en a besoin. Et si elle le faisait, on crierait – avec raison – à une privatisation du service public.

 

Venons maintenant à l’Ecole. La IIIème République en avait fait un service public, et cette vision n’a pas été véritablement mise en cause jusqu’aux années 1960. Jusqu’à cette date, un très large consensus voulait que l’école soit un organe de transmission, dont la fonction était de donner aux jeunes non seulement “ce que la civilisation humaine a produit de mieux au cours des siècles” – ce qui suppose un jugement de valeur sur ce qui est “meilleur” dans cette production – mais aussi un ensemble de valeurs, de règles et de comportements jugés socialement nécessaires. En d’autres termes, l’Ecole était là pour transmettre non pas ce que les parents ou les élèves voulaient, mais ce que la société avait décidé, collectivement et politiquement, de transmettre.  Et les choix n’allaient pas de soi: certains parents auraient volu que l’école transmettre leurs valeurs religieuses, par exemple. D’autres jugeaient certains enseignements – notamment en biologie ou en histoire – inappropriés ou contraires à leurs convictions. Cela n’a pas empêché la collectivité nationale de faire des choix et à l’Etat, qui est son bras armé, de les appliquer dans un climat de consensus général qui se moquait des frontières idéologiques. On était donc clairement dans un rapport entre un service et ses usagers.

 

Tout ça change vers la fin des années 1960, avec une contestation qui ne touchait pas seulement l’école, mais le principe même de la transmission. Que ce fut sur le versant marxiste – avec Althusser et les “appareils idéologiques de l’Etat” – ou sur le versant “libéral-libertaire”, l’heure était à la critique de toute référence au passé, vécue comme une chaîne, et une survaloration de tout ce qui était “nouveau”. Une critique radicale de toutes les institutions fondées sur la transmission (l’Ecole, l’Université, l’Eglise, l’Armée) aboutit à la vision d’un individu tout-puissant, seul juge de ce qu’il doit ou non apprendre. Cette vision change du tout au tout la vision qu’on a de l’Ecole: s’il faut libérer l’individu de l’emprise des “appareils idéologiques de l’Etat”, alors celui-ci n’a plus aucune légitimité pour enseigner tel comportement plutôt que tel autre. C’est au contraire à l’individu de décider ce qu’il veut apprendre, et l’institution doit s’adapter à lui. Et on aboutit par ce biais, après beaucoup de péripéties, à “mettre l’élève au centre du système scolaire” (1). Cette idée d’une Ecole dont les règles et les contenus seraient le fruit d’une négociation entre les membres de la “communauté éducative” nous éloigne du modèle de service public pour nous rapprocher d’un modèle client-fournisseur. Un modèle ou l’Ecole ne transmet plus ce que la collectivité a décidé de transmettre, mais ce que les parents (et en moindre mesure les élèves) veulent voir transmis. Et ce n’est pas du tout la même chose.

 

Cette transformation n’est pas accidentelle. Elle ne résulte pas non plus, contrairement à ce qu’on nous raconte, d’un changement sociologique qui ferait que les parents d’aujourd’hui, contrairement à ceux d’hier, exigeraient d’avoir du pouvoir sur l’enseignement qui est prodigué à leurs enfants. La manière dont la loi sur les signes religieux ostensibles à l’Ecole a mis fin à des incidents qui avant elle se multipliaient chaque année montre à quel point les parents, ceux des classes populaires en particulier, sont disposés à se soumettre à la règle lorsqu’elle est générale, alors que placés dans un contexte de négociation ils cherchent au contraire à imposer leurs vues. Non, ce n’est pas les parents des couches populaires qui posent problème. Ceux qui veulent absolument un rapport client-fournisseur avec l’Ecole, ce sont les parents des classes moyennes, terrorisés par la perspective du déclassement et qui entendent réserver à leurs enfants le bénéfice de l’éducation, si nécessaire en s’adressant à l’enseignement privé.

 

C’est cela qu’il faut comprendre si l’on veut comprendre la dégradation de notre école. Dans une société à faible croissance, l’ascenseur social ne peut fonctionner seulement en montant. Pour que certains puissent monter, il faut bien que d’autres descendent pour leur faire de la place. Les couches moyennes l’ont bien compris, et elles n’ont nulle envie que leurs rejetons, même s’ils sont nuls, descendent la pyramide des diplômes. Et c’est pourquoi elles ont tout fait pour que l’ascenseur social s’arrête et pour “congeler” la pyramide sociale. Et une école qui “s’adapte” (3) aux élèves (et aux parents…) est une école qui encourage chacun à rester ce qu’il est. Ainsi, on enseignera le Rap aux enfants de Seine-Saint-Denis et les grands classiques aux enfants du VII pour s’adapter à la “culture” de chacun. Avec le prétexte, fort opportun, de ne pas “stigmatiser” les enfants de banlieue qui pourraient avoir des difficultés à comprendre Racine ou Corneille, mais qui lisent le NTM ou le Doc Gyneco dans le texte. Les classes moyennes ont compris combien un véritable service public de l’éducation est une menace pour leurs rejetons. Et c’est pourquoi, sous couvert des intentions les plus nobles, ils cherchent à lui substituer un “supermarché de l’éducation”, ou chacun est traité selon son portefeuille.

 

L’Ecole n’est émancipatrice que lorsqu’elle extrait les enfants de leur univers familial, social, mental. C’est pourquoi, si elle veut rester émancipatrice, elle doit rejeter toute “adaptation” à ces univers et au contraire créer son propre univers, le même pour tous, auquel l’élève est prié de s’adapter.  Loin “d’adapter” son langage et ses références à celui de ses élèves, elle doit leur imposer son langage et ses références à elle. Et cela veut dire chasser impitoyablement les parents, mais aussi les potentats locaux de toutes sortes, du débat et des décisions concernant l’enseignement. Le choix des contenus et des valeurs à transmettre est l’affaire des citoyens, et non des usagers – pas plus que des agents (2) – du service public. Faire ce choix fondamental implique défier les classes moyennes sur le terrain où elles sont les plus sensibles. C’est peut-être pourquoi les programmes électoraux évitent prudemment d’aborder le sujet. L’Ecole cesse d’être émancipatrice lorsqu’elle est asservie aux parents, aux “notables” communautaires ou politiques. Lorsqu’elle l’est, elle devient au contraire un instrument d’immobilisme social et de perpétuation des positions sociales acquises.

 

Car une école qui accepte de “s’adapter” aura du mal à résister aux demandes religieuses, ethniques, sociales, communautaires. Si l’on doit enseigner l’arabe en Seine-Saint-Denis ou le breton à Quimper sous prétexte que cela fait partie de la “culture ancestrale”, quelle légitimité aura-t-on pour ne pas enseigner la religion ? Qui contestera que la religion fait partie de la “culture” ?

 

Voilà donc le véritable choix politique à faire. S’agit-il de donner à chacun une éducation de citoyen, ou plutôt de lui donner l’éducation que lui – ou plutôt ses parents – veulent ? L’Ecole doit elle ancrer les citoyens dans les valeurs de la République, ou doit-elle au contraire les ancrer dans les valeurs de leur communauté, de leur village, de leur région ? Pour que l’Ecole soit un service public, il ne suffit pas qu’il soit assuré par des agents publics. Encore faut-il qu’il soit fondé sur un rapport d’usager, et non de client. Il faut que nos candidats nous disent de quel côté leur coeur balance.

 

 

Descartes

 

 

(1) Cette transformation touche non seulement l’Ecole, mais l’ensemble de la société. Cela sera peut-être le sujet d’un autre papier, car je ne voudrais pas ici trop m’écarter du sujet scolaire. Mais il faut être conscient que la transformation du “citoyen-usager” en “citoyen-client” est inséparable de la “privatisation” de la société qu’on voit se dérouler depuis trente ans, et dont la gauche a été, par aveuglement et par incompétence, le fer de lance. Tous les discours de la “proximité”, de la “décentralisation”, des “minorités” auxquelles la République doit “s’adapter” et jamais l’inverse portent en fait cette privatisation. On dit – à juste titre – que le service public c’est le menu fixe, et que le rapport client-fournisseur c’est la possibilité de manger à la carte. Ce qu’on oublie de dire, c’est que lorsqu’on mange à la carte, chacun mange en fonction de son portefeuille.

 

(2) Il faut ici dire un mot des enseignants. Il faut clairement expliciter les limites de la liberté de chaire. L’enseignant est un technicien de l’enseignement, et à ce prix il faut lui laisser une large liberté méthodologique. Mais il faut dire clairement que l’enseignant est un fonctionnaire, un serviteur public, et non le propriétaire de sa classe. Il est donc tenu, en matière des contenus et des valeurs qu’il enseigne, à respecter les décisions prises par les autorités politiques. Le militantisme, politique ou sociétal, ne devrait pas avoir sa place dans la salle de classe.

 

(3) On parle ici d’adaptation des objectifs et des contenus, et non bien entendu des moyens. Le fait que l’Ecole puisse adapter ses moyens aux difficultés particulières de tel ou tel public (par exemple, en consacrant plus de moyens ou en réduisant la taille des classes pour aider des publics en difficulté) me paraît tout à fait approprié. Le problème commence lorsqu’on adapte les contenus, les programmes ou pire encore les niveaux d’exigeance. Ce qui fabrique des “écoles” différentes, l’une pour l’élite (où l’on enseigne les savoirs d’élite) et une autre pour les couches populaires, ou l’on enseigne le minimum vital.

 

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22 réponses à Il faut défendre un service public de l’éducation

  1. Marcailloux dit :

    Bonjour,

    Sans m’opposer à ce qui est écrit, je trouve cette entame un peu réductrice. Tout d’abord, la question a-t-elle été posée, de manière rigoureuse c’est à dire scientifique au cours
    d’un ou de plusieurs sondages sur le sujet. La précision requise des questions serait – elle compatible avec la capacité d’analyse des sondés (y compris à due part des illettrés).

    La distribution des niveaux, dans une hiérarchie nationale est certes assez largement conditionnée par l’itinéraire scolaire emprunté. Cependant, la vitesse d’évolution de l’environnement
    collectif, les valeurs, les technologies, les modes d’organisation éphémères laissent de plus en plus de place à l’expression de savoirs, de capacités, de compétences, d’aptitudes – ces mots ne
    sont pas aussi synonymes que l’on pourrait le penser de prime abord- qui ne sont pas ou très peu enseignés ou expérimentés dans le service public de l’éducation ( pas plus dans la plupart
    des établissements privés).

    La fonction de l’éducation à l’école tout particulièrement est de transmettre ce que l’on sait déjà, c’est à dire notre histoire, nos connaissances littéraires et scientifiques, de développer
    notre cognition. Tout cela est indispensable mais pas suffisant et encore moins maintenant qu’avant pour les raisons évoquées plus haut. La génétique, l’entourage de l’enfant puis de
    l’adolescent, les hasards et opportunités qu’il rencontrera et son aptitude à les valoriser sont à mes yeux plus importants maintenant que la possession dans un coin de son cerveau d’un choix
    plus ou moins pertinent – mais la pertinence se mesure à l’usage – de connaissances scolaires.Je ne rejette en rien la nécessité des savoirs, mais ce que l’on peut comprendre et retenir par
    rapport à ce qu’il y a à comprendre et connaitre fait que ce rapport décroit au fil du progrès humain. René Descartes en 1650 savait relativement au savoir universel beaucoup plus que vous
    Descartes citoyen de 2012, mais vous en savez beaucoup plus que lui de manière absolue, et pourtant beaucoup moins de manière relative.Je sais, c’est angoissant voire frustrant!

    Il me semble que les parents, de quelque classes ils appartiennent ont de plus en plus conscience de ce fait qui les dépasse. Et devant le malaise, l’angoisse qui les envahissent, ils demandent
    tout et son contraire à l’institution.

    S’ils en ont les moyens, ils demanderont un peu ou beaucoup plus à des marchands d’éducation. De toute façon ils se fourvoient grandement car la qualité d’homme au sens plein du terme ne sera
    acquise par leur progéniture que par un ensemble de phénomènes qui leur – qui nous – échappe. On peut tout au plus accompagner, favoriser, accélérer les processus. Mais les organiser, les
    contrôler, les maîtriser………… faut pas rêver !

    • Descartes dit :

      Tout d’abord, la question a-t-elle été posée, de manière rigoureuse c’est à dire scientifique au cours d’un ou de plusieurs sondages sur le sujet.

      Je suis désolé, mais je ne vois pas très bien quelle est la “question” à laquelle tu fais référence.

      Cependant, la vitesse d’évolution de l’environnement collectif, les valeurs, les technologies, les modes d’organisation éphémères laissent de plus en plus de place à l’expression de savoirs,
      de capacités, de compétences, d’aptitudes – ces mots ne sont pas aussi synonymes que l’on pourrait le penser de prime abord- qui ne sont pas ou très peu enseignés ou expérimentés dans le
      service public de l’éducation ( pas plus dans la plupart des établissements privés).

      Je ne suis pas convaincu. D’abord, parce que l’école a pour fonction essentielle de donner les structures et les instruments de la pensée. Et que ce sont ces structures et instruments qui
      permettent d’incorporer les “savoirs, compétences, capacités, aptitudes” qu’on apprend dans l’Ecole et hors l’Ecole.

      La génétique, l’entourage de l’enfant puis de l’adolescent, les hasards et opportunités qu’il rencontrera et son aptitude à les valoriser sont à mes yeux plus importants maintenant que la
      possession dans un coin de son cerveau d’un choix plus ou moins pertinent – mais la pertinence se mesure à l’usage – de connaissances scolaires.

      “Plus importants” de quel point de vue ? On en revient à la question des buts de l’instruction. Si le but est de gagner beaucoup d’argent, alors effectivement la connaissance du maniement de la
      kalachnikov, de la technique de raffinage de la cocaïne et de la géographie des quartiers nord de Marseille est certainement plus “importante” que la lecture de “la Princesse de Clèves”.
      Personnellement, je pense que le but de l’instruction est de permettre à la génération suivante de bénéficier du capital cognitif accumulé par les générations précécentes. Et de ce point de vue,
      le fait d’avoir “dans un coin de son cerveau” des connaissances scolaires est à mon sens bien plus important que la capacité à valoriser “hasards et opportunités”.

      Je ne rejette en rien la nécessité des savoirs, mais ce que l’on peut comprendre et retenir par rapport à ce qu’il y a à comprendre et connaitre fait que ce rapport décroit au fil du progrès
      humain. René Descartes en 1650 savait relativement au savoir universel beaucoup plus que vous Descartes citoyen de 2012, mais vous en savez beaucoup plus que lui de manière absolue, et pourtant
      beaucoup moins de manière relative.

      Je n’en suis pas convaincu. Il est vrai que le “savoir universel” est aujourd’hui infiniment plus important qu’il ne l’était en 1650. Mais il est aussi vrai que nous avons des instruments pour
      systématiser et accéder à cette connaissance qui sont infiniment plus puissants. La bibliothèque à laquelle avait accès Descartes représentait une partie bien plus faible du “savoir universel”
      que celle à laquelle j’ai accès. Par ailleurs, j’insiste, les “savoirs” qu’on accumule sont souvent un prétexte pour donner corps aux structures qui permettent de les systématiser. Ce sont ces
      structures, bien plus que les connaissances, qui sont importantes.

      Il me semble que les parents, de quelque classes ils appartiennent ont de plus en plus conscience de ce fait qui les dépasse. Et devant le malaise, l’angoisse qui les envahissent, ils
      demandent tout et son contraire à l’institution.

      Je pense que vous avez une vision bien optimiste des motivations des parents. Je ne crois pas un instant que ce qui les motive soit la peur que leurs enfants n’accèdent pas aux connaissances
      universelles. Au contraire: ils sont prêts à mettre toute prétension d’univesalité à la poubelle si on leur garantit que leur enfant aura un emploi bien rémunéré.

      De toute façon ils se fourvoient grandement car la qualité d’homme au sens plein du terme ne sera acquise par leur progéniture que par un ensemble de phénomènes qui leur – qui nous –
      échappe.

      Et qu’est ce qui vous fait penser que les parents sont recherchent pour leurs enfants “la qualité d’homme au sens plein” ? Vous êtes un grand optimiste, vous…

  2. Tite dit :

    Bonjour Descartes,

     

    si je souscris à l’essentiel de votre analyse, j’achoppe un peu sur
    l’approche de classe que vous en faite avec une classe moyenne vue comme, en partie, responsable de la situation actuelle d’une éducation nationale fonctionnant de plus en plus selon une logique
    commerciale.

     

    Pour ce qui est des classes populaires tout d’abord qui poseraient moins
    problème, je reprendrai votre exemple des signes ostensibles. Il me semble difficile d’évaluer que dans cette affaire elles ont accepté plus facilement la décision de les bannir que les classes
    moyennes. En effet, je ne sais si vous avez des preuves à l’appui mais, pour ma part, je n’en ai trouvé aucune.

     

    Ensuite, vous avancez que les classes moyennes se projetteraient plus
    volontiers dans un rapport de consommateur car elles y verraient un des moyens d’éviter le déclassement. Si l’on accepte cette vision d’une logique de classe (ce que, j’avoue, j’ai du mal à faire
    et ce, en particulier pour la classe moyenne qui est très hétérogène) c’est une approche contreproductive car permettant en fait aux seules classes supérieures de se maintenir puisqu’ayant plus
    de moyens.

     

    Pour ma part, je verrais plus la situation actuelle comme résultant d’une
    part d’attaques “culturelles” de la part de la gauche (ce qui comprend votre argument sur la critique radicale des institutions) et d’autre part, d’attaques “économiques” de droite (une tendance
    à vouloir tout régir selon une vision contractuelle). Il n’en reste pas moins que quelque soit la vision que l’on retient, ce sont les classes populaires qui en pâtissent.

     

    Merci pour vos vœux ainsi que pour vos articles qui m’apportent
    beaucoup.

     

    Bonne année.

    • Descartes dit :

      (…) une classe moyenne vue comme, en partie, responsable de la situation actuelle (…)

      Je précise que je n’ai jamais parlé d’une “responsabilité” au sens que peut avoir ce mot en droit. Je ne crois pas à la responsabilité collective. Par contre, il me semble incontestable que les
      classes moyennes, par leur vote, par leur comportement, par l’idéologie qu’elles ont secrété, ont poussé dans ce sens et sont en grande partie la cause efficente de cette évolution. Non pas parce
      qu’elles aient organisé un complot, mais parce que le métabolisme social fait que la poursuite par les individus des classes moyennes de leurs intérêts personnels ont abouti à un mouvement
      cohérent, même s’il n’est pas coordonné.

      Pour ce qui est des classes populaires tout d’abord qui poseraient moins problème, je reprendrai votre exemple des signes ostensibles. Il me semble difficile d’évaluer que dans cette affaire
      elles ont accepté plus facilement la décision de les bannir que les classes moyennes. En effet, je ne sais si vous avez des preuves à l’appui mais, pour ma part, je n’en ai trouvé aucune.

      La legislation concernant le port des signes religieux touche essentiellement les couches populaires. Il est rare que les enfants des classes moyennes se présentent voilées à l’Ecole. S’il faut
      comparer la discipline sociale vis à vis des lois, il faut la comparer sur des mesures qui touchent également les différentes couches. Tiens, par exemple, la carte scolaire (avant son abolition).
      Qui étaient les groupes qui tendaient le plus à contourner ses dispositions ?

      Ensuite, vous avancez que les classes moyennes se projetteraient plus volontiers dans un rapport de consommateur car elles y verraient un des moyens d’éviter le déclassement. Si l’on accepte
      cette vision d’une logique de classe (ce que, j’avoue, j’ai du mal à faire et ce, en particulier pour la classe moyenne qui est très hétérogène) c’est une approche contreproductive car permettant
      en fait aux seules classes supérieures de se maintenir puisqu’ayant plus de moyens.

      J’ai du mal à saisir votr raisonnement. Je ne vois rien de “contreproductif” pour les classes moyennes dans la “congélation” de la pyramide sociale. Les classes moyennes acceptent simplement le
      fait de ne pas pouvoir accéder aux classes supérieures (ce qui est un sacrifice mineur, étant donné qu’elles savent pertinement que de toute manière cet accès ne concernerait qu’une infime
      minorité) en échange de l’assurance de pas redescendre vers les couches populaires, un risque qui pourrait affecter un grand nombre de leurs membres. Cela semble un marché assez attractif…

      Pour ma part, je verrais plus la situation actuelle comme résultant d’une part d’attaques “culturelles” de la part de la gauche (ce qui comprend votre argument sur la critique radicale des
      institutions) et d’autre part, d’attaques “économiques” de droite (une tendance à vouloir tout régir selon une vision contractuelle). Il n’en reste pas moins que quelque soit la vision que l’on
      retient, ce sont les classes populaires qui en pâtissent.

      Vous semblez accepter l’idée des “attaques culturelles de la part de la gauche”. Allez une étape plus loin dans le raisonnement: quelle est la motivation de ces attaques ? Car derrière chaque
      idéologie se cache en fait un intérêt…

  3. morel dit :

     

    D’abord définir les objectifs puis les moyens, nous sommes bien d’accord. Dans un objectif d’instruction publique,
    l’école ne peut être que du même métal (l’école privée qu’il ne s’agit pas d’interdire ne vivant que de ses propres moyens). Ce n’est le démagogique « élève » qui doit être au centre
    mais les savoirs dans en mise à l’endroit de l’humanisme bien compris.

     

    Par contre, il est dommage qu’une fois de plus, vous donniez à ce que vous appelez « la classe moyenne » une
    telle omniprésence (omniscience ?). Il me semble que les intérêts de la grande bourgeoisie impactent beaucoup plus notre pays en particulier en utilisant les idéologies qui conviennent à la
    poursuite de ses buts.   

    Une dernière remarque :

     

    « Sauf erreur de ma part, il me semble lire que tout un peuple est responsable de la dette contractée
    aujourd’hui.

     

    Vous avez bien compris.

     

    4/12/11 commentaires billet « Des promesses, des promesses… »

     

    Je précise que je n’ai jamais parlé d’une “responsabilité” au sens que peut avoir ce mot en droit. Je ne
    crois pas à la responsabilité collective.

    Réponse à ce billet. 

     

    • Descartes dit :

      Par contre, il est dommage qu’une fois de plus, vous donniez à ce que vous appelez « la classe moyenne » une telle omniprésence (omniscience ?). Il me semble que les intérêts de la grande
      bourgeoisie impactent beaucoup plus notre pays en particulier en utilisant les idéologies qui conviennent à la poursuite de ses buts.

      Arrêtons les fantasmes. Quels sont les intérets de la “grande bourgeoisie” en matière éducative ? Pour ce qui concerne ses propres enfants, ils sont généralement éduqués dans des écoles de
      prestige – en général privées – sur lesquelles elle a tout contrôle. Et pour le reste du système, leur intérêt est que l’école produise une force de travail compétitive, bien formée et avec de
      bonnes habitudes de travail. La “grande bourgeoisie” a donc tout intérêt à ce que l’école joue son rôle d’ascenseur social, puisque cela augmente la concurrence sur le marché du travail qualifié
      et tend à faire baisser son prix.

      Il n’y a qu’un groupe social qui a intérêt à ce que l’école ne modifie pas la répartition du capital culturel: c’est le groupe social dont la position est assise précisement sur ce capital, à
      savoir, les classes moyennes. De la même manière que la “grande bourgeoisie” a peur d’une fiscalité sur le capital qui redistribuerait celui-ci, les classes moyennes sont terrifiées à l’idée que
      les couches populaires pourraient recevoir le même capital culturel qu’elles et les concurrencer. C’est pourquoi à l’heure de défendre l’école, la “grande bourgeoisie” est plutôt un allié et les
      classes moyennes l’ennemi.

      Pour ce qui concerne la fin de votre commentaire, je n’ai pas très bien compris ce que vous vouliez dire…

       

  4. Globalement d’accord avec ce texte, même si je reste un
    peu sur ma faim, car je ne vois pas bien où tu écris ce que l’on pourrait faire pour justement défendre cette idée de service public. Mais le constat est valable.

     

    En effet, le problème de l’Education nationale
    aujourd’hui ne se résume pas à une question de moyens. De ce point de vue-là, il faut le dire, les revendications de beaucoup de syndicats enseignants sont lamentables, et concourent d’ailleurs à
    nous faire détester. On n’a pas besoin de classes à 15 élèves. Je crois que c’est aussi un problème d’autorité. Or, si la droite a bien tenu ses promesses sur les « économies » (entre
    parenthèse, je note que la suppression de milliers de postes dans mon corps de profession n’a pas allégé la dette du pays, bien au contraire, et apparemment, ça n’a pas sauvé le triple A non
    plus…), je constate que le « discours sur l’autorité » n’a duré que le temps d’une campagne. Des classes à 30 élèves en collège, ça ne pourrait marcher que si l’institution inspirait un
    tant soit peu de respect, et j’irais même jusqu’à dire de crainte, aux élèves comme aux parents. Mais de ce point de vue-là, rien n’a changé. Les mêmes directives parviennent des rectorats aux
    chefs d’établissement : pas de vague, le moins de sanction possible, etc. Un exemple parmi d’autres : un proviseur de mon académie a exclus un élève un mois après conseil de discipline,
    eh bien il a été désavoué par le rectorat qui a ramené la sanction à une semaine. Et de se faire taper sur les doigts parce qu’il y a « trop de conseils de discipline ». Comment avoir
    la moindre crédibilité ? Le Président parlait de redonner du sens aux mots « effort » et « autorité ». On attend toujours…

     

    Il y a bien sûr des profs « gauchistes »
    allergiques à l’autorité (enfin… temps que la leur n’est pas remise en cause en classe), mais beaucoup d’autres seraient d’accord pour qu’on ressert un peu la vis, si je puis dire. Un collègue me
    disait récemment : « il faudrait une école avec de vrais valeurs ! ». Car si le militantisme doit être proscrit, et je suis bien d’accord, nous sommes des serviteurs de l’Etat
    et des exécutants, il manque en revanche à l’école une idéologie. Je trouve qu’on a sombré dans un relativisme facile : les cultures se valent, les croyances se valent… C’est dans l’air du
    temps, évidemment. Il faudrait, je crois, remettre les idées de patrie et de nation à l’école car elles ont disparu. Prenons les programmes d’Education civique en collège : on ne trouvera
    que les mots « République » (purement abstraite) et surtout « droits de l’homme », « liberté », « le citoyen » (mais presque jamais la collectivité…
    intéressant, non ?), sans oublier « l’éco-citoyenneté ». Mais reparler de nation et de patrie entraînerait un tollé chez certains collègues, car cela supposerait tout de même que
    les enseignants aient un minimum de convictions républicaines, et même, j’ose le mot, de patriotisme. Est-ce le cas ? Non. Beaucoup de collègues penchent par exemple pour Europe Ecologie-les
    Verts, et c’est à mes yeux un positionnement antirépublicain, car les écolos, c’est le régionalisme, l’européisme, la technophobie, le règne de l’irrationnel, alors que notre métier suppose de
    raison garder. D’une certaine manière, ces professeurs (consciemment ?) détestent les principes mêmes sur lesquels se fonde leur métier et rejettent la tradition de la profession (au
    meilleur sens du terme) qui a tout de même contribué à l’unité nationale et au recul des superstitions. Eux-mêmes adhèrent aujourd’hui à l’écologie qui prend parfois l’aspect d’une nouvelle
    superstition, à dimension eschatologique et apocalyptique (deux termes religieux). Quand je vois Philippe Meirieu, un pédagogue très en vue et très écouté, être candidat pour les écolos, je suis
    perplexe : comment croire que cet individu aime l’école républicaine ?

     

    Cela étant, tes remarques sur les intérêts des classes
    moyennes (réponse au commentaire n°3) me laissent, comme souvent, perplexes. Non point que je pense que tu as complètement tort, et le positionnement de Meirieu & cie (dont des membres de ma
    profession, ayons l’honnêteté de le reconnaître) me semble rejoindre ce point de vue. Mais je crois malgré tout que tu fais une fixation, et pour le coup je me demande si tu n’es pas un peu aussi
    dans le fantasme. Il y a d’autres facteurs, qui tiennent aussi, à mon humble avis, à un changement au sein des élites. La « vieille » bourgeoisie avait, parmi ses qualités, celle d’être
    cultivée et d’aimer la culture. Or cette vieille bourgeoisie, si elle existe toujours, je me demande si elle tient encore le haut du pavé. N’y aurait-il pas l’émergence, depuis quelques
    décennies, d’un nouveau type d’élite ? Et ces élites-là, parvenues, n’ont que mépris pour la culture classique, les humanités comme on disait, parce que le savoir n’est pas le moteur de leur
    ascension d’une part, et d’autre part il n’est pas non plus une preuve de la réussite sociale. Au contraire, c’est aujourd’hui un honneur de venir dire à la télé : « j’ai réussi sans la
    moindre espèce de culture ! ». En histoire, on définit les élites comme ceux qui ont l’avoir, le pouvoir et le savoir. On a parfois l’impression aujourd’hui que l’avoir et le pouvoir
    suffisent… Bien sûr, il y a toujours des membres de l’élite cultivée, mais parfois il semblerait qu’ils sont plus fiers d’étaler leur richesse que leur science. La société française ne paraît pas
    aimer les « intellos », et je me souviens, élève, avoir eu droit à ce sobriquet peu flatteur. Celui qui aime apprendre passe pour un original, presque un cas, et ce n’est pas
    nouveau.

     

    Tu regrettais, dans un de tes billets, le manque de
    références culturelles de beaucoup de politiques (députés, ministres, candidats) aujourd’hui, du moins dans leur discours, alors qu’un Pompidou citait Eluard sans complexe dans une conférence de
    presse. Le mépris pour la c

    • Descartes dit :

      même si je reste un peu sur ma faim, car je ne vois pas bien où tu écris ce que
      l’on pourrait faire pour justement défendre cette idée de service public.

      Si je le savais…

      Des classes à 30 élèves en collège, ça ne pourrait marcher que si l’institution
      inspirait un tant soit peu de respect, et j’irais même jusqu’à dire de crainte, aux élèves comme aux parents.

      Je suis d’accord. Mais pour inspirer “respect et crainte”, il faudrait d’abord que
      l’école se conçoive comme une institution, ce qui suppose une conscience institutionnelle chez les enseignants. Lorsqu’un enseignant se permet de critiquer ses collègues, son principal, son
      ministère, il commet un crime de lèse-institution qui en dernière instance met en cause sa propre autorité. Le plus difficile dans la réforme de l’Education Nationale, c’est qu’il faut la faire
      avec les personnels en place.

      Il y a bien sûr des profs « gauchistes » allergiques à l’autorité
      (…), mais beaucoup d’autres seraient d’accord pour qu’on ressert un peu la vis, si je puis dire. Un collègue me disait récemment : « il faudrait une école avec de vrais
      valeurs ! ».

      Mais sont-ils prêts à payer le prix que suppose le rôle d’enseignant dans une école
      avec des “vraies valeurs” ? Parce que ce n’est pas donné: dans une école avec des “vraies valeurs”, l’enseignant doit porter ces “valeurs” qu’elles lui plaisent ou pas. Parce qu’il n’est pas un
      individu isolé, mais l’agent d’une institution. Je ne suis pas persuadé que tu trouveras un prof sur cent pour accepter ce rôle.

      Il y a d’autres facteurs, qui tiennent aussi, à mon humble avis, à un changement
      au sein des élites. La « vieille » bourgeoisie avait, parmi ses qualités, celle d’être cultivée et d’aimer la culture. Or cette vieille bourgeoisie, si elle existe toujours, je me
      demande si elle tient encore le haut du pavé.

      Je crois qu’il ne faut pas idéaliser le passé, et s’il y avait une “vielle”
      bourgeoisie cultivée, il y avait aussi une “vieille” bourgeoisie ignorante qui méprisait tout ce qui ne rapportait de l’argent. Il faut relire Balzac ou Hugo…

      Mais tu as raison sur un point: la culture est liée intimement à la question d’un
      élite, d’une “aristocratie” au sens ethymologique du terme. Dès lors que la culture était le marqueur social de l’aristocratie, elle devenait désirable pour toutes les classes de la société qui
      aspiraient à prendre l’ascenseur social. Dès lors que les classes moyennes ont voulu l’arrêt de l’ascenseur, elles ont produit un discours de détestation d’une culture classique commune – tout en
      la conservant pour ses propres enfants – et la promotion des “cultures” de chacun (Mozart pour les riches, NTM pour les pauvres). C’est la grande schizophrénie des classes moyennes: défendre dans
      le discours l’ascenseur social, tout en coinçant la porte. Militer pour la “défense de la culture” tout en proclamant que toutes les cultures se valent. Le paradigme de cette schizophrénie fut
      Mitterrand: un homme pétri de culture classique qui donna les manettes de la culture puis de l’éducation aux partisans de la “culture spectacle” et fit de Tapie un ministre.

      J’ai l’impression que ton commentaire a été coupé intempestivement, mais je crois
      saisir l’esprit de ta conclusion.

  5. morel dit :

     L’accusation de « fantasmes » que vous formulez ne correspond pas à l’image d’étude et d’objectivité que vous voulez donner.

    1/ Il n’a jamais été question des enfants de la grande bourgeoisie.

    2/ Je suis loin d’être persuadé que l’étude du grec et du latin, entre autres soit plébiscité par cette classe pour ceux qui seront ses salariés.

    3/ Le nombre de diplômés y compris du supérieur ne cesse de croître et ils connaissent une mise en concurrence féroce pour l’accès au travail qui lui se raréfie. Le capital financier balaie
    l’économie productive.

    4/ Dans tout cela la petite bourgeoisie est un nain qui jusqu’à présent secrète toutes sortes d’idéologie pour tenter de tirer son épingle du jeu mais les lignes directrices politiques,
    économiques et même législatives qui dominent notre pays depuis 30 ans indiquent l’influence majeure de la grande bourgeoisie, la petite bourgeoisie profitant parfois des miettes.

    5/ Parlons maintenant concrètement d’enseignement : les politiques favorables aux riches et surtout très riches amènent l’Etat à la portion congrue d’où l’intérêt pour les gouvernants de jeter un
    rideau de fumée idéologique à leur décisions et il est tout trouvé avec les délires soixante- huitards. On va faire, par ex, l’apologie du combat contre la « différence » pour supprimer un grand
    nombre de classes spécialisées et « intégrer » des gamins qui ne pourront suivre dans des classes ordinaires mais qu’importe puisqu’on interdit ou soumet le redoublement au bon vouloir des
    parents. L’économie étant loin d’être négligeable.

    J’ai d’autres exemples (fournis par des amis instits) à votre disposition…

    Concernant la fin de mon commentaire précédent, têtu, j’ai souligné la variation de vos réponses. La 1ere est référencée, la seconde concerne votre réponse au commentaire n 2 du présent bille

    • Descartes dit :

      1/ Il n’a jamais été question des enfants de la grande bourgeoisie.

      Si. Vous avez fait référence au poids que la “grande bourgeoisie” pouvait avoir sur la question éducative. J’ai essayé de vous montrer quels étaient les intérêts de al “grande bourgeoisie”, et
      cela nécessite d’examiner la question sur deux volets: la vision que la “grande bourgeoisie” a de l’éducation de ses propres enfants, et celle de l’éducation des enfants des autres.

      2/ Je suis loin d’être persuadé que l’étude du grec et du latin, entre autres soit plébiscité par cette classe pour ceux qui seront ses salariés.

      Alors il faudra m’expliquer pourquoi les attaques contre le “lycée classique” depuis mai 1968 sont essentiellement venus des militants des classes moyennes, alors que la “grande bourgeoisie”
      était plutôt du côté des défenseurs de l’éducation traditionnelle, grec et latin inclus. Je pense que vous avez une vision totalement caricaturale de ce que veut la “grande bourgeoisie”. Le latin
      et le grec n’ont jamais été pour le “vulgum pecus”, mais pour les formations d’élite. Et la “grande bourgeoisie” y tient. Ce sont plutôt les classes moyennes qui sont obsédées par l’effacement
      des “marqueurs sociaux” que sont les langues anciennes ou la culture générale (il n’y a qu’à voir la réforme du concours d’entrée à Sciences-Po Paris).

      3/ Le nombre de diplômés y compris du supérieur ne cesse de croître et ils connaissent une mise en concurrence féroce pour l’accès au travail qui lui se raréfie. Le capital financier balaie
      l’économie productive.

      Je ne vois pas très bien le rapport avec le “capital financier”, mais enfin, passons. Oui, le nombre de diplômés ne cesse de croire. Mais le niveau de formation que ces diplômes sont censés
      certifier ne cesse de diminuer. Il faut arrêter avec le fétichisme du diplôme: ce qui intéresse les recruteurs, c’est ce que l’employé prospectif est capable de faire. Pendant longtemps, le
      diplôme certifiait une véritable compétence. Mais c’est de moins en moins vrai. J’ai’écrit que la grande bourgeoisie rechercne une main d’oeuvre “bien formée et avec de bonnes habitudes de
      travail”. C’est vous qui confondez “bien formé” et “bien diplomée”. Or aujourd’hui, ce sont deux choses très différentes.

      Le phénomène que vous évoquez est parfaitement cohérent avec mon analyse. Les classes moyennes ont tout intérêt à la dévalorisation du diplôme qui est la conséquence inévitable d’une
      multiplication du nombre de diplomés. Lorsque le diplôme garantissait une compétence, il était un facteur de promotion sociale. Mais lorsque tout le monde a le diplôme, ce n’est plus le mérite
      qui permet de décrocher un poste, ce sont les “relations”. Et à ce jeu là, les classes moyennes peuvent beaucoup plus facilement “caser” leurs rejetons.

      4/ Dans tout cela la petite bourgeoisie est un nain qui jusqu’à présent secrète toutes sortes d’idéologie pour tenter de tirer son épingle du jeu mais les lignes directrices politiques,
      économiques et même législatives qui dominent notre pays depuis 30 ans indiquent l’influence majeure de la grande bourgeoisie, la petite bourgeoisie profitant parfois des miettes.

      Je pense que vous sous-estimez le pouvoir des classes moyennes. Notamment pour des questions électorales. Par quelle magie croyez-vous que la “grande bourgeoisie” impose ses “lignes directrices
      législatives” alors que notre démocratie est loin d’être censitaire ?

      Je pense que vous sous-estimez considérablement le pouvoir des classes moyennes. Peut-être parce que celui-ci vient précisement du fait que la grande bourgeoisie, pour défendre ses intérêts, a
      besoin dans un régime démocratique d’une masse de manoeuvre qui aille voter. Les classes moyennes ont bien compris cela, et exercent un chantage permanent qui leur a permis au cours des années
      d’obtenir bien plus que des “miettes”.

      5/ Parlons maintenant concrètement d’enseignement : les politiques favorables aux riches et surtout très riches amènent l’Etat à la portion congrue d’où l’intérêt pour les gouvernants de
      jeter un rideau de fumée idéologique à leur décisions et il est tout trouvé avec les délires soixante- huitards. On va faire, par ex, l’apologie du combat contre la « différence » pour supprimer
      un grand nombre de classes spécialisées et « intégrer » des gamins qui ne pourront suivre dans des classes ordinaires mais qu’importe puisqu’on interdit ou soumet le redoublement au bon vouloir
      des parents. L’économie étant loin d’être négligeable.

      Mais l’économie pour qui ? Soutiendriez vous que c’est la “grande bourgeoisie” qui supporte l’essentiel du poids du financement ? On sait bien que pour des questions d’assiette, de taux et de
      niches, ce sont les classes moyennes qui supportent l’essentiel du poids de l’impôt sur le revenu. La TVA est plate, tout comme les autres impositions sur la consommation. Alors, dites moi, quel
      est le groupe social qui a le plus intérêt à la réduction de la dépense budgétaire de l’Etat ?

      Si, comme vous le dites, les délires soixante-huitards sont bien un “rideau de fumée” pour cacher les intentions de la “grande bourgeoisie”, comment expliquez vous que ce soit précisement cette
      “grande bourgeoisie” qui les ait le plus résolument combattus ? Si ma mémoire ne me trompe pas, c’est bien Sarkozy qui appellait à “finir avec l’esprit de 68”. Mais peut-être que Sarkozy n’est
      pas le candidat de la “grande bourgeoisie” ?

      Concernant la fin de mon commentaire précédent, têtu, j’ai souligné la variation de vos réponses. La 1ere est référencée, la seconde concerne votre réponse au commentaire n 2 du présent
      billet

      Il n’y a pas de “variation”. Dans le premier texte j’affirme ma conviction que l’ensemble des citoyens est “responsable” des décisions prises par son gouvernement, dans le deuxième je précise que
      je n’utilise pas le terme “responsabilité” au sens que donne à ce terme le droit et qu’accessoirement je ne crois pas que la responsabilité en droit puisse être “collective”, chacun étant
      responsable pénal et civilement de ses propres actes, et non ceux du voisin.

       

  6. En effet, ma conclusion a été coupée (mes messages sont souvent un peu longs…). Je complète:

     

    Tu regrettais, dans un de tes billets, le manque de
    références culturelles de beaucoup de politiques (députés, ministres, candidats) aujourd’hui, du moins dans leur discours, alors qu’un Pompidou citait Eluard sans complexe dans une conférence de
    presse. Le mépris pour la culture, pour le savoir, et en dernier ressort pour l’école, dépasse à mon avis le simple intérêt des classes moyennes. C’est une évolution générale de la société, qui
    rejoint tes considérations sur la crise de la transmission et le manque d’imagination que tu soulignais dans un autre de tes billets. Et pourtant… Les enfants des classes moyennes ont en général
    un accès satisfaisant à ce que l’on nomme la « culture générale », dans ces conditions n’est-il pas étonnant que les dirigeants, qui apparemment servent leurs intérêts depuis des
    décennies, veuillent supprimer la culture générale des concours de la fonction publique ? Le mépris du savoir provient à mon avis en partie des transformations économiques, du néolibéralisme
    qui a une vision très utilitariste de la formation intellectuelle dispensée par l’enseignement. Je le vois dans mes classes, où les enfants de milieu modeste sont nombreux, lorsqu’on me
    demande : « Mais, Monsieur, à quoi ça sert ? ». On a beau leur répondre qu’il est souhaitable qu’un futur citoyen français connaisse un peu l’histoire de son pays et ait
    quelques notions sur la marche du monde, certains restent dubitatifs…

     

    En tout cas merci de ta réponse. Pour la critique de
    l’institution, je suis d’accord, si elle est publique, elle pose problème: on a un devoir de loyauté envers l’administration qui nous emploie. En privé, on peut exprimer, je crois, des réserves
    sur son chef ou un collègue… Qui ne le fait pas? Mais il serait important d’apparaître plus unis aux yeux de la société (le fameux “esprit de corps” que nous avons déjà évoqué). Pourtant, cet
    esprit de corps, sache que nos supérieurs travaillent parfois à le saper: quand on donne des primes à des recteurs ou à des principaux pour fermer des classes (à effectif en progression,
    s’entend), pour faire avaler des dotations horaires en baisse (à effectif stable ou en légère progression: c’est le cas dans mon collège), quand on désavoue en haut lieu un chef d’établissement
    “à poigne”… Ce qui me pose problème, c’est qu’un certain nombre de bureaucrates de l’EN gagne du galon en affaiblissant l’institution. Quant au ministre, ma foi, j’avoue que quand il ridiculise
    l’institution ou ment effrontément, j’ai un peu plus de mal… Il est parfois difficile de supporter ce qui paraît être de la mauvaise foi. Lorsqu’on est ministre, on a droit au respect, encore
    faut-il essayer de se montrer respectable. Et je dois avouer que, bien que personnellement respectueux des institutions, j’ai perdu tout respect pour M. Fillon et ses ministres. Simplement, je
    n’étale pas mon mépris pour ces gens devant les élèves, et je les reprends même lorsqu’ils se laissent aller à des propos critiques envers M. Sarkozy (Dieu sait que j’en entends!).

    • Descartes dit :

      Le mépris pour la culture, pour le savoir, et en dernier ressort pour l’école,
      dépasse à mon avis le simple intérêt des classes moyennes.

      Peut-être. Mais il faut se demander à qui profite le crime. Et accessoirement, ce
      sont bien les classes moyennes qui ont diffusé l’idéologie anti-savoir et anti-école au nom de laquelle on a institutionnalisé ce mépris. En 1968, ce ne sont pas les grands bourgeois ni les
      ouvriers qui ont cloué au pilori “la culture de gand-papa” et expulsé Jean Vilar d’Avignon.

      Les enfants des classes moyennes ont en général un accès satisfaisant à ce que
      l’on nomme la « culture générale », dans ces conditions n’est-il pas étonnant que les dirigeants, qui apparemment servent leurs intérêts depuis des décennies, veuillent supprimer la
      culture générale des concours de la fonction publique ?

      Je crains que tu te fasses des illusions sur le niveau de “culture générale” des
      enfants des classes moyennes. 

      Le mépris du savoir provient à mon avis en partie des transformations
      économiques, du néolibéralisme qui a une vision très utilitariste de la formation intellectuelle dispensée par l’enseignement.

      Tout à fait. Et le “néo-libéralisme” c’est l’idéologie des classes  moyennes.
      Thatcher en Angleterre, Reagan aux USA, Mitterrand en France ont été les candidats des classes moyennes. Ces classes moyennes qui ne voulaient pas, dans un contexte de faible croissance,
      continuer à payer les coûts de l’Etat-providence pour que les autres en profitent. Croyez-vous vraiment que si l’idéologie libérale n’avait été portée que par les super-riches elle
      aurait réussi à s’imposer aussi facilement dans l’ensemble du monde développé ?

      Je le vois dans mes classes, où les enfants de milieu modeste sont nombreux,
      lorsqu’on me demande : « Mais, Monsieur, à quoi ça sert ? ». On a beau leur répondre qu’il est souhaitable qu’un futur citoyen français connaisse un peu l’histoire de son pays
      et ait quelques notions sur la marche du monde, certains restent dubitatifs…

      Ce n’est pas la bonne réponse. La bonne réponse est “ça sert à se faire plaisir, et
      puis ça sert aussi à ce que les gens qui vous gouvernent ne puissent pas vous vendre des vessies pour des lanternes”…

      Pour ce qui concerne l’institution, tout à fait d’accord avec toi. Le mauvais exemple
      vient souvent du haut…

  7. morel dit :

    Il me faudrait répondre point par point. Le temps me manque. Concentrons-nous sur l’essentiel :

    « Si, comme vous le dites, les délires soixante-huitards sont bien un “rideau de fumée” pour cacher les intentions de la “grande bourgeoisie”, comment expliquez vous que ce soit précisement cette
    “grande bourgeoisie” qui les ait le plus résolument combattus ? Si ma mémoire ne me trompe pas, c’est bien Sarkozy qui appellait à “finir avec l’esprit de 68”. Mais peut-être que Sarkozy n’est
    pas le candidat de la “grande bourgeoisie” ? »

    A la bonne heure ! C’est donc bien la grande bourgeoisie qui est aux commandes et non la petite.

    Quant au « combat » de Sarkozy contre mai 68, il me semble que sa détestation provient bien plus de la peur éprouvée alors par la classe qu’il représente que de l’idéologie gauchiste.

    Chacun peut vérifier que depuis son avènement les textes législatifs et réglementaires en vigueur avant lui n’ont pas été abrogés et peu modifiés.

    La loi Jospin notamment est toujours en vigueur qui organise la « communauté éducative », les cycles, la proscription du redoublement, l’intégration. C’est même pire : Jospin avait supprimé 1H en
    primaire, temps libéré au profit de «concertations » ; sous Sarkozy 2H ont suivi, libérant le samedi matin. Le charabia pédago a toujours cours y compris dans les instructions officielles…

    Encore un coup des « classes moyennes » ?

    • Descartes dit :

      A la bonne heure ! C’est donc bien la grande bourgeoisie qui est aux commandes et non la petite.

      Décidément, vous ne voyez que ce que vous avez envie de voir. Si vous relisez avec attention le paragraphe que vous citez, vous verrez qu’il dit exactement le contraire de ce que vous voulez à
      tout prix lui faire dire. Ce n’est nullement la “grande bourgeoisie” qui “est aux commandes”. Au contraire: malgré tous ses efforts pour “en finir avec l’esprit de 68”, celui-ci est plus vivant
      que jamais, comme vous le constatez vous même dans la suite de votre commentaire. Croyez-vous vraiment que la “grande bourgeoisie” soit suffisamment nombreuse pour donner 53% des voix à son
      candidat ?

      Par ailleurs, je ne sais pas ce que vous appelez “petite bourgeoisie”. Moi je n’ai parlé que des classes moyennes.

      Quant au « combat » de Sarkozy contre mai 68, il me semble que sa détestation provient bien plus de la peur éprouvée alors par la classe qu’il représente que de l’idéologie gauchiste.

      Franchement, vous croyez que la “grande bourgeoisie” a aujourd’hui “peur” des soixante-huitards ? Peur de quoi ? Du “libéral-libertaire” europhile Cohn-Bendit ? D’Alain Geismar, l’inspecteur
      général de l’éducation nationale par la grâce de Mitterrand premier ? Qui peut croire aujourd’hui encore que les soixante-huitards vont faire les socialisme en France et arracher aux riches leurs
      privilèges ? Allons, soyons sérieux…

      Chacun peut vérifier que depuis son avènement les textes législatifs et réglementaires en vigueur avant lui n’ont pas été abrogés et peu modifiés.

      Et qu’est-ce que vous en concluez ? Ces textes ont été faits par des gouvernements qui comptaient avec un soutien massif des classes moyennes, et qui obéissent souvent à des principes fortement
      défendus par l’idéologie soixante-huitarde. Que les “président des riches” ne les ait pas réformés devrait vous détromper sur l’idée que c’est la “grande bourgeoisie” qui fait la pluie et le beau
      temps.

       

       

       

  8. Trubli dit :

    Bonsoir.

    Je trouve que vous avez un goût prononcé pour le pinaillage par souhait d’avoir le dernier mot…mais je vais essayer de vous répondre avec la plus grande clarté.
      
    Avez-vous une preuve de ce que vous avancez ? Autant que vous la preuve que Couturier est payé par l’Etat.

    Comment interpréter votre réponse ? La preuve que Couturier est payé par l’Etat est publique. Il est le producteur de l’émission “Du grain à moudre”

    Si vous contestez le droit de Couturier de critiquer l’Etat parce que celui-ci le paye, alors vous ne devriez pas tolérer que celui qui touche des bénéfices grace aux marchés financiers
    critique ces derniers. Question de cohérence.

    Je ne dis pas que Couturier n’a pas le droit de critiquer l’état parce que celui-ci le paie. Je dis et pense surtout que son discours est le discours libéral éculé. Si on lui demandait où il faut
    couper dans les dépenses je suis à peu près sûr qu’il dirait qu’il faut réduire le nombre de fonctionnaires, réduire les charges des entreprises, etc. mais il ne lui viendrait pas à l’idée que
    l’état pourrait se délester de lui et de ses pairs.

    Je ne crois pas qu’il faille juger un argument autrement qu’en fonction de sa logique interne. La vie de famille de celui qui le porte ne devrait pas entrer en ligne de compte.

    La vie de famille de celui qui porte l’argument importe quand il s’agit de savoir si la personne est la mieux à même de représenter et porter les idées qu’il défend. Si un F. Bayrou vous dit
    qu’il faut réindustrialiser la France mais que dans ses actes de tous les jours il ne défend pas l’industrie française, pensez-vous qu’il sera crédible auprès des électeurs ? Les électeurs ne se
    demanderont-ils pas si ce n’est qu’un positionnement tactique ? En revanche dans le cas de Couturier qui n’est pas candidat au poste suprème on peut se contenter d’analyser uniquement la logique
    interne de ses arguments.

    Pourquoi ne demande-t-il pas la fermeture pure et simple ou la privatisation de France Culture

    Comment savez-vous qu’il ne l’a pas fait ?

    Parce que je suis ses interventions et qu’il n’a jamais rien dit de tel.

    Et sur le raisonnement symétrique, si vous avez investi dans une SICAV, et que celle-ci vous a rapporté beaucoup, vous pensez à reverser ce qui dépasse du “taux raisonnable” au Trésor public
    ? Non ? Alors vous n’êtes guère plus cohérent que Couturier..

    Vous vous avancez mon cher. J’investis ma maigre épargne dans un fond de mon entreprise qui ne m’a encore rien rapporté -épargne bloquée 5 ans-

    • Descartes dit :

      Je trouve que vous avez un goût prononcé pour le pinaillage (…)

      C’est ce qui fait mon charme, parait-il…

      (…) par souhait d’avoir le dernier mot…

      Ce qui, évidement, n’est pas du tout votre cas…

      Et maintenant, venons-en au fond

      Comment interpréter votre réponse ? La preuve que Couturier est payé par l’Etat est publique. Il est le producteur de l’émission “Du grain à moudre”

      Pas du tout. A supposer que Couturier soit payé en tant que producteur salarié, il l’est par Radio France, et non par l’Etat. Diriez-vous que les employés d’EDF sont “payés par l’Etat” ?

      Je dis et pense surtout que son discours est le discours libéral éculé. Si on lui demandait où il faut couper dans les dépenses je suis à peu près sûr qu’il dirait qu’il faut réduire le
      nombre de fonctionnaires, réduire les charges des entreprises, etc. mais il ne lui viendrait pas à l’idée que l’état pourrait se délester de lui et de ses pairs.

      C’est votre opinion. Mais ce n’est pas parce que vous êtes “sur” que cela devient un fait. Par ailleurs, cela n’a aucun rapport avec la question de savoir si son discours est “libéral eculé” ou
      pas. Si au lieu de tenir ce discours comme employé de Radio France il le tenait comme salarié de RTL, est-ce que son discours serait moins “éculé” ? Encore une fois, il faut apprécier les idées
      par ce qu’elles sont, et non en fonction de celui qui les exprime.

      La vie de famille de celui qui porte l’argument importe quand il s’agit de savoir si la personne est la mieux à même de représenter et porter les idées qu’il défend.

      Balivernes: Couturier ne “réprésente” rien du tout, et ne prétend pas le faire. Il ne se présente pas à une élection. C’est un chroniqueur qui exprime son opinion, point à la ligne. Cette opinion
      doit être évaluée en fonction d’elle même, et non du comportement de celui qui l’exprime.

      Si un F. Bayrou vous dit qu’il faut réindustrialiser la France mais que dans ses actes de tous les jours il ne défend pas l’industrie française, pensez-vous qu’il sera crédible auprès des
      électeurs ?

      Non. Mais à ma connaissance, Couturier ne se présente à aucune élection. Un chroniqueur et un homme politique sont deux choses totalement différentes. On demande à un homme politique d’avoir une
      cohérence entre ses idées et son action. On ne demande pas la même chose aux philosophes, aux sociologues, aux historiens ou aux chroniqueurs.

      Vous vous avancez mon cher. J’investis ma maigre épargne dans un fond de mon entreprise qui ne m’a encore rien rapporté -épargne bloquée 5 ans-

      J’ose espérer que s’ils devaient, à l’issue de ces 5 ans, vous rapporter plus que le livret A, vous verserez la différence au Trésor public. Pour mettre en accord vos idées et vos actes, je veux
      dire… n’est ce pas ?

       

  9. morel dit :

    Descartes, vous me désespérez. Lorsque je vous
    signale que la grande bourgeoisie est aux commandes, ce qui n’est pas une figure de style car chacun peut mesurer l’accélération que représente le gouvernement actuel en faveur des très riches,
    donc sa responsabilité pleine et entière de classe qui possède le pouvoir, vous m’objectez ce que vous appelez « la classe moyenne » dont la définition est sujette à caution, au risque
    d’exonérer les premiers.

    Votre aveuglement vous conduit à une lecture
    déficiente :

    « Quant au « combat » de Sarkozy contre mai 68, il me semble que sa détestation provient bien plus de la peur éprouvée ALORS par la classe qu’il représente que de l’idéologie gauchiste. »

    Car 68 ne se limite nullement au
    « folklore » gauchiste : un pays paralysé par la grande grève ouvrière, De Gaulle qui se rend en hélicoptère à Baden-Baden, le pouvoir, alors flottant….

    Accessoirement : je n’ai jamais fait l’éloge
    de ceux que vous décrivez.

    Quant au chef actuel de l’Etat, lorsqu’il
    proclame tout son mépris pour la lecture de la « Princesse de Clèves » pensez-vous sérieusement qu’il ne fait là qu’un clin d’œil en direction des « classes
    moyennes » ?

    Jugeons sur les faits et ceux-ci démontrent la
    continuité des gouvernements successifs en matière d’enseignement. Ceci me tient à cœur non seulement parce que j’y ai encore des enfants mais parce qu’il est une institution de notre République
    à préserver.

    PS : une anecdote rapportée par ma
    fille aînée en terminale : un groupe d’élèves a demandé au prof de philo d’organiser des « débats » en cours.

    Réponse de l’intéressé : Non. Comme j’en
    sais plus long que vous, ça tournerait vite court. Il est préférable d’étudier ce qu’ont en dit les philosophes avant nous.  

    • Descartes dit :

      Lorsque je vous signale que la grande bourgeoisie est aux commandes, ce qui n’est pas une figure de style car chacun peut
      mesurer l’accélération que représente le gouvernement actuel en faveur des très riches,

      Et aussi l’accélération qu’il représente en faveur des classes moyennes. Tiens, à votre avis, l’abolition des droits de
      succession, elle profite à qui ? Comment expliqueriez-vous que cette politique garde, malgré la crise, l’appui de plus d’un français sur trois. Pensez-vous qu’il y ait autant de “grands
      bourgeois” dans notre pays ?

      donc sa responsabilité pleine et entière de classe qui possède le pouvoir, vous m’objectez ce que vous appelez « la
      classe moyenne » dont la définition est sujette à caution, au risque d’exonérer les premiers.

      En d’autres termes, il faut maintenir la fiction que tout est la faute de la “grande bourgeoisie” à tout prix ? Je vous ai
      plusieurs fois posé la question, vous ne répondez jamais: comment expliquez-vous que plus d’un français sur deux ai voté Sarkozy, et que plus d’un français sur trois est aujourd’hui prêt à le
      refaire ? Tous des idiots ?

      Votre aveuglement vous conduit à une lecture déficiente :

      Et le votre à un défaut de politesse. Ce qui est infiniment plus grave.

      Car 68 ne se limite nullement au « folklore » gauchiste : un pays paralysé par la grande grève ouvrière, De
      Gaulle qui se rend en hélicoptère à Baden-Baden, le pouvoir, alors flottant….

      Mais la détestation de Sarkozy pour mai 68 est celle justement du folklore gauchiste. Quand il a parlé d’en finir avec mai 68,
      ce n’est ni aux grèves, ni au voyage à Baden Baden qu’il faisait allusion. C’était bien de l’idéologie gauchiste. Attribuer cette détestation à la “peur” me paraît pour le moins faire un
      contresens.

      Quant au chef actuel de l’Etat, lorsqu’il proclame tout son mépris pour la lecture de la « Princesse de Clèves » pensez-vous
      sérieusement qu’il ne fait là qu’un clin d’œil en direction des « classes moyennes » ?

      Tout à fait. Car il faut se souvenir de ce qu’à dit précisement Sarkozy à ce sujet. Il n’a jamais manifesté du “mépris” pour la
      lecture de la “Princesse de Clèves”. Son commentaire portait   sur les concours de la fonction publique, et il manifestait sa conviction qu’il était absurde d’exiger d’un futur fonctionnaire la lecture
      du livre en question. Et cela, je regrette, c’est une idée bien plus répandue dans les classes moyennes que chez les autres groupes sociaux. Curieusement, lorsque Richard Descoins propose
      d’abolir l’épreuve de culture générale à l’entrée de Sciences-Po, cetet mecque des classes moyennes, personne ne proteste… une coïncidence, certainement.

      Jugeons sur les faits et ceux-ci démontrent la continuité des gouvernements successifs en matière
      d’enseignement.

      Tout à fait. Et cela met par terre votre théorie selon laquelle ce serait le Grand Kapital qui tient les manettes. Admettons que
      Sarkozy fut le “président des riches”. Mais etais-ce le cas de Jospin ? de Mitterrand ? Non, bien sur que non. Si ces politiques exhiben une parfaite continuité, c’est parce que les gouvernements
      qui se succèdent depuis plus de trente ans répondent essentiellement aux classes moyennes. Celles-ci constituent le facteur de continuité des politiques éducatives.

      PS : une anecdote rapportée par ma fille aînée en terminale : un groupe d’élèves a demandé au prof de philo
      d’organiser des « débats » en cours. Réponse de l’intéressé : Non. Comme j’en sais plus long que vous, ça tournerait vite court. Il est préférable d’étudier ce qu’ont en dit les
      philosophes avant nous.

      A mon avis, ce prof mérite la Légion d’Honneur. J’espère que vous avez pris le soin de le féliciter
      !

  10. morel dit :

    Il y a aussi une autre hypothèse : la bourgeoisie fait feu de toute idéologie qui lui permet d’assurer sa domination.
    Sarkozy n’a-t-il pas, à sa manière, joué de la France « black, blanc, beur »  avec son premier gouvernement ?

    Possédant le pouvoir économique, elle sait faire pression et s’accommoder de bien des situations pour reprendre la main, n’es-ce
    pas ce qui s’est passé après 81 ?

    Mais puisque vous en tenez pour « la classe moyenne », restons-en là.

     

    Relativement au prof de philo, j’ai applaudit à ses propos lorsque ma fille me les a rapportés mais avec elle, c’est facile. Il
    faut trouver la bonne formule à l’égard du prof, qu’il soit clair que je ne cherche pas à lui dicter la conduite de sa classe.

    • Descartes dit :

      Il y a aussi une autre hypothèse : la bourgeoisie fait feu de toute idéologie qui lui permet d’assurer sa domination.
      Sarkozy n’a-t-il pas, à sa manière, joué de la France « black, blanc, beur »  avec son premier gouvernement ?

      Pour vous, si j’ai bien compris, si Sarkozy privilégie les riches, c’est qu’il sert la grande bourgeoisie. Et s’il privilégie
      les pauvres, alors cela fait partie d’un obscur complot pour servir la grande bourgeoisie. Avec des raisonnement tautologiques de ce genre, vous arriverez toujours à la conclusion qui vous
      arrange…

      Je pense qu’il faut sortir de ce type de manichéisme. Sarkozy n’est pas “l’agent du Grand Kapital”, et la “grande bourgeoisie”
      n’a pas “les manettes”. Nous sommes dans une société complexe, où les rapports de force impliquent des alliances des différents groupes sociaux. Pour être plus précis, nous sommes depuis un peu
      plus de trente ans gouvernés par une alliance de la bourgeoisie et des classes moyennes, après l’avoir été pendant les trente glorieuses par une alliance entre la bourgeoisie et les couches
      populaires (le celèbre “gaullo-communisme”). C’est à mon avis comme cela qu’il faut interpréter 1981: les classes moyennes prenant le pouvoir en alliance avec la bourgeoisie et réléguant les
      couches populaires au néant politique.

      Possédant le pouvoir économique, elle sait faire pression et s’accommoder de bien des situations pour reprendre la main,
      n’es-ce pas ce qui s’est passé après 81 ?

      Pas vraiment… la pédagogie de l’échec en 1981 fut au contraire essentielle pour assurer la montée aux commandes des classes
      moyennes et la rélégation des classes populaires.

  11. Trubli dit :

    Comment vous situez vous par rapport aux questions suivantes :

    carte scolaire

    collège unique

    méthode globale versus méthode syllabique d’apprentissage de la lecture

    suppression des notes 

    volonté d’interdire le redoublement

    examen d’entrée à l’université

    Sur la question de la sélection à l’entrée de l’université, je comprends que les établissements universitaires
    puissent l’envisager dès lors que le bac n’est plus un examen sanctionnant un savoir et des méthodes solides. 

    Sur la volonté de certains d’interdire les notes à l’école ou d’interdire le redoublement, je suis perplexe.
    Rien ne sert de casser le thermomètre. L’école a bien besoin d’outils mesurant le degré d’acquisition des connaissances. La note n’est pas une sanction mais un étalon. Je ne vois pas trop en quoi
    les enfants seraient traumatisés surtout quand nous savons qu’il arrive dans les cours de récréation des choses bien plus traumatisantes.

    Qu’on interdise le redoublement à l’intérieur d’un cycle, pourquoi pas. Mais à la fin de chaque cycle il
    faudrait un examen qui soit un sas. Si l’élève n’a pas acquis l’ensemble des connaissances nécessaires pour passer au cycle suivant, il doit redoubler. Le retard accumulé devient à un moment
    donné totalement ingérable. 

    Concernant les méthodes pédagogiques, vous dites qu’il faut laisser de la liberté aux instituteurs. Je
    nuancerai votre propos. Si l’Education Natioanle leur laisse de la liberté concernant la méthode d’apprentissage du français, il faudrait dès lors que soit précisé lors des examens la méthode
    d’enseignement utilisée. En fonction des notes des élèves nous verrons quelle est la meilleure méthode. Et je pense que les partisans du pédagogisme comme l’ancien ministre socialiste Jean-Pierre
    Sueur ou Phlippe Meirieu ont des soucis à se faire. http://www.lcp.fr/emissions/ca-vous-regarde/vod/8405-pourquoi-nos-enfants-ne-savent-plus-lire-et-ecrire

     

    Sur la carte scolaire et le collège unique j’ai du mal à me prononcer car je n’ai pas assez de recul. L’abolition de la carte scolaire profite surtout aux classes moyennes qui ont le relationnel
    qui leur permettra d’envoyer leurs enfants dans les établissements de prestige de la grande bourgeoisie. En revanche les enfants des classes populaires resteront là où elles sont. Et ce ne serait
    pas si grave qu’elles restent dans leur environnement si l’école gardait la même exigence pour ces enfants que pour ceux des établissements d’élite en y mettant les moyens humains et
    pédagogiques. 

    Le collège unique a été mis en place en 75 je crois. Il y a derrière ce choix, peut-être, la volonté de ne pas orienter des enfants vers des voies de garage rapidement. D’autres parlaient
    d’encourager la mixité sociale. Le problème du collège unique qui peut être une bonne intention réside peut-être dans l’hétérogénéité du niveau des élèves. Réduire cette hétérogénéité supposerait
    alors d’être plus sélectif à la fin du primaire pour ne pas laisser passer ceux qui ont de grosses lacunes et ensuite au niveau du collège lui-même organiser les classes suivant le niveau des
    élèves. C’est l’idée de classes de niveau où l’on met plus d’enseignants et de moyens pour les classes les plus faibles. On pourrait avoir une semaine de 4 jours pour les meilleurs éléments et
    une semaine de 5 jours pour les élèves les plus en difficulté.

    Cordialement.

    • Descartes dit :

      Comment vous situez vous par rapport aux questions suivantes :

      C’est un véritable examen de passage… chaque sujet donnerait de quoi écrire livre. Je vais quand même dire quelques mots
      sur chacun:

      Carte scolaire: je n’ai pas d’avis. D’un côté, il y a un intérêt évident à ce qu’il y ait un brassage des classes sociales,
      et depuis que la conscription a été supprimée l’école est l’une des rares institutions ou cela est possible. D’un autre côté, il faut être réaliste: nous vivons dans une société de classes, et
      chaque classe fera des pieds et des mains pour que “ses” enfants soient protégés, et fera ce qu’il faut pour contourner les dispositifs mis en place pour assurer le brassage. La carte scolaire
      est une mauvaise solution pour un vrai problème.

      Sur le collège unique, là aussi c’est une noble idée difficile à réaliser dans une société de classe, ou chacun voit dans
      l’école un moyen de préserver sa place dans la société.

      Sur la méthode globale, je suis d’accord avec les spécialistes qui la critiquent fortement. Il faudrait clairement marquer le
      choix d’une méthode syllabique.

      Je suis bien entendu contre la suppréssion des notes. Je ne pense pas, contrairement à cette vulgate qui nous vient des
      Etats-Unis, qu’il faille craindre de traumatiser les enfants en leur disant la vérité sur leurs capacités. Raconter aux élèves nuls qu’ils sont comme les autres sous prétexte de soigner leur
      auto-estime est une recette pour le désastre. Car tôt ou tard, la notation s’opérera. Et si ce n’est pas l’école qui le fait, ce sera le monde professionnel. Mais il sera alors trop tard.

      Interdire le rédoublement ? Pourquoi pas, je n’ai pas réflechi à la question.

      Examen d’entrée à l’Université ? OUI, mille fois OUI. Autrement, l’université devient une garderie pour les enfants des
      classes moyennes.

      Concernant les méthodes pédagogiques, vous dites qu’il faut laisser de la liberté aux instituteurs. Je
      nuancerai votre propos. Si l’Education Natioanle leur laisse de la liberté concernant la méthode d’apprentissage du français, il faudrait dès lors que soit précisé lors des examens la méthode
      d’enseignement utilisée.

      Tout à fait. La liberté n’exclue pas le contrôle et l’évaluation. L’instituteur doit avoir une certaine liberté
      méthodologique. Mais si la méthode choisie ne fonctionne pas, le système doit avoir les moyens de corriger le tir.

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