Le discours de la méthode (XII) : remettre les ONG à leur place !

Je sais que le titre de ce blog choquera certains de mes lecteurs. Comment, en effet, peut on aujourd’hui oser remettre en cause ces organisations dont on nous répète à longeur de journée qu’elles sont indispensables à la démocratie, au « vivre ensemble », au fonctionnement de la cité ? Comment peut-on remettre en cause ces organisations au fonctionnement démocratique, reposant sur le bénévolat désintéressé de gens modestes, honnêtes et travailleurs, si différents des politiciens cupides et des fonctionnaires routiniers et procéduriers ?

Et bien, on le peut. Mais cela suppose de remettre en cause quelques uns des dogmes qui entourent le monde des ONG. Non, les ONG ne reposent pas sur le bénévolat, mais sur des dirigeants professionnalisés qui en vivent. Non, le fonctionnement des ONG n’est pas « démocratique », mais repose sur un système de castes dans lequel le militant de base qui paye et se tait n’a pas le même pouvoir que le dirigeant. Non, le milieu associatif n’est pas ce paradis de gens honnêtes et désintéressés, mais est traversé par les mêmes intérêts et les mêmes ambitions que le monde politique.

D’abord, il faut distinguer de quoi on parle. Qu’est ce que c’est une « ONG » ? L’acronyme pour « organisation non gouvernementale » nous vient des pays anglo-saxons et est en lui-même tout un programme. Il ne faut pas oublier que dans les monde anglo-saxon les libéraux se sont construits essentiellement contre le « gouvernement », qu’on confond avec l’Etat (1). On retrouve dans la tradition politique libérale anglo-saxonne beaucoup de formules qui montrent cette confusion, ainsi par exemple la célèbre « keep government small and be free » (« ayez un petit gouvernement, et soyez libre »), ou la formule qui parle de « government grants » là où nous disons « aides d’Etat ». Dans ce contexte, une « organisation non gouvernementale » apparaît comme un élément du long combat de la société pour résister au « gouvernement » et accéder à la liberté. Qu’une formule aussi contraire à notre tradition politique ait été adoptée sans la moindre analyse ou débat montre à quel point l’idéologie libérale a été chez nous incorporée comme si elle allait de soi, à gauche comme à droite.

Chez nous, l’ONG prend traditionnellement la forme de l’association. Mais toute association n’est pas forcément une ONG. Notre pays est couvert d’associations dont le but est de permettre aux citoyens de pratiquer une activité sportive, culturelle ou sociale de leur choix. D’autres ont pour objet de prêter un service de nature plus sociale : alphabétisation, aide aux SDF, aux femmes battues, dispensaires, structures de prise en charge des handicaps… la liste est innombrable. Pour ces associations, « non-gouvernemental » ne rime nullement avec « anti-gouvernemental ». Au contraire : ces associations bénéficient systématiquement de subventions d’argent public par les « gouvernements » au niveau de l’Etat ou des collectivités locales qui demeurent même lorsque la couleur politique du « gouvernement » change. Parmi ces associations, beaucoup d’entre elles fonctionnent de fait ou de droit comme des délégation de service public, ce qui implique que tout un chacun peut y adhérer et bénéficier des services de l’association quelque soient ses opinions politiques, sa religion, sa couleur de peau ou son appartenance à telle ou telle communauté. Difficile de qualifier d’ONG ces organisations qui en pratique sont des auxiliaires du « gouvernement ».

J’exclue aussi du champ des ONG les organisations syndicales et les partis politiques, qui sont des institutions à part entière du fonctionnement du système démocratique établi par la constitution. Ces organisations participent au fonctionnement du « gouvernement », notamment en fournissant les personnes qui exerceront le pouvoir dans ses institutions.

Que reste-t-il alors dans le domaine des ONG ? Une galaxie d’associations dont le point commun est de se placer en dehors des mécanismes institutionnels. Pas parce qu’elles les ignorent ou les rejettent à priori, mais parce qu’elles estiment pouvoir peser plus efficacement sur les décisions en utilisant des moyens extra-institutionnels : campagnes publicitaires, « coups » médiatiques, lobbying, manifestation, grève de la faim… et la liste est longue. C’est d’ailleurs ce qui explique que ces organisations se constituent dans la quasi-totalité des cas contre les politiques menées et les décisions produites à travers ces mécanismes. En effet, à quoi bon constituer une ONG pour appuyer une politique qui de toute manière est soutenue par le système institutionnel ?

Cette caractérisation étant posée, on peut constater que ces ONG sont d’une grande diversité : certaines comptent des dizaines de milliers de cotisants, des budgets millionnaires et des salariés qui se comptent par dizaines et quelquefois par centaines (Greenpeace, MSF…), d’autres se constituent localement contre un projet donné et sont gérées exclusivement par des bénévoles avec des budgets minimalistes (collectifs du type « No gazaran » ou RESF). Leur point commun, et c’est cela qui les différentie des autres associations dont j’ai parlé plus haut, c’est que leurs membres se regroupent non pas sur un projet – que ce soit de construire une société différente ou de bâtir un stade ou un théatre – mais sur une opposition. Ce n’est pas « voici ce que je veux » mais « voici ce que je ne veux pas ».

A la rigueur, me direz-vous, pourquoi pas ? Pourquoi prendre sa lance et foncer sur ce qui n’est finalement qu’un moulin à vent bien inoffensif ? Le problème, c’est que ces organisations constituent un véritable cancer de la République. Celle-ci repose en effet sur deux légitimités différentes : celle – subordonnée – des techniciens, qui repose sur la connaissance, et celle – incontestable – de la représentation politique issue du suffrage universel. Ce que font les ONG, c’est contester ces deux légitimités. La première au nom d’un « savoir populaire » qui serait supérieur au « savoir savant » des scientifiques et des techniciens, la seconde au nom de la participation directe du peuple qui serait plus légitime que la décision prise par des élus dont on souligne avec délectation le carriérisme et l’inféodation aux intérêts privés.

Prenons la première contestation, celle des techniciens. Qu’on me permette à ce sujet une anecdote personnelle : dans un débat public où les ingénieurs de l’Autorité de sûreté nucléaire pointaient que les rejets radioactifs de l’usine de La Hague étaient en dessous des normes et que les prélèvements sur les poissons et les coquillages étaient très inférieurs aux normes, les militants d’une ONG écologiste locale ont répondu que « les mères de famille savent intuitivement mieux que les experts ce qu’ils peuvent donner à manger à leurs enfants ». Et je pourrais citer des dizaines, voire des centaines d’exemples du même acabit. Ce discours passe parce qu’il correspond à une vision « complotiste »et paranoïaque d’experts qui cherchent à nous tromper associée à la vielle démagogie qui flatte le peuple en lui prêtant une sorte de « sagesse naturelle ». On pouvait penser que notre école cartésienne, a philosophie des Lumières et le positivisme qui en est issu avaient vacciné pendant longtemps la vie politique française contre ce genre de logiques. Et c’est encore vrai dans les coches populaires, qui restent modestes et donc très sensibles au discours de « ceux qui savent », bien plus que les couches moyennes, qui ont une formation qui leur donne l’illusion de tout savoir sur tout.

Mais si la contestation de la légitimité donnée par le savoir technique est dangereuse pour la démocratie, la contestation de la légitimité issue du suffrage est, elle, fatale. De ce point de vue, l’affaire Notre Dame des Landes est révélatrice. Voici un projet qui a reçu l’appui massif des élus, que ce soit localement ou nationalement. Et cela ne date pas d’aujourd’hui : le projet est sur la table depuis bientôt quatre décennies. C’est dire si le peuple a eu l’opportunité de sanctionner les élus qui l’ont porté avec une remarquable continuité. Ils ne l’ont pas fait, d’où on peut déduire que le projet jouit d’un brevet de démocratie incontestable. Mais ce n’est pas du tout l’analyse des ONG engagées dans cette affaire. Ce ne sont pas les élus, régulièrement réélus alors que leur engagement dans le projet est connu, qui auraient derrière eux la légitimité populaire, mais les ONG réunissant quelques centaines d’activistes quelques dizaines de milliers de manifestants. Et le pire est que ça marche : ceux qui détiennent la légitimité populaire par l’élection n’ont même pas l’autorité suffisante pour faire appliquer la loi et dégager par la force les occupants de la « ZAD ». S’ils venaient à le faire, ils provoqueraient une tempête médiatique et se mettraient à dos les « classes bavardantes », ce qu’aujourd’hui aucun gouvernement ne peut se permettre. Car là encore, il y a une différentiation nette entre les classes moyennes et les couches populaires, qui acceptent beaucoup plus facilement l’idée que force doit rester à la loi, et que les emmerdeurs devraient être traités comme ils le méritent.

Car il ne faut pas se tromper : derrière la logique des ONG, il y a une logique de classe. La légitimité des élus est fondé sur l’idée que la voix de l’ouvrier vaut celle du médecin, que celle de la femme de ménage vaut celle du chef d’entreprise. La légitimité des ONG donne un pouvoir disproportionné aux dirigeants de ces organisations, qui ne sont pas – loin de là – neutres du point de vue social. De ce point de vue, le monde des ONG n’est pas très différent du monde politique, et on retrouve la même surreprésentation des couches moyennes et supérieures dans les dirigeants d’ONG. Quelle est la dernière fois qu’un ouvrier est devenu dirigeant national de Greenpeace ? La seule différence, c’est que si nos médias sont prompts à s’émouvoir lorsque ce phénomène touche le monde politique, personne ne semble examiner les organes dirigeants des ONG avec les mêmes critères…

Si les ONG ont acquis un tel pouvoir, c’est aussi parce que dans un monde où la corruption et le conflit d’intérêt semblent être partout, on tend accorder aux dirigeants des ONG une présomption d’honnêteté et de désintérêt. Que les faits, si on les regarde avec un peu de rigueur, ne justifient pas. Pour les grosses ONG, c’est une évidence : il y a longtemps que les dirigeants des grosses ONG comme Emmaüs ou Greenpeace ne sont plus des bénévoles militants. Ce sont au contraire des professionnels, qui vivent de leur travail et qui font carrière comme tout le monde. A partir de là, pourquoi seraient-ils plus désintéressés, plus immunisés aux conflits d’intérêt que nos hommes politiques ? Prenons par exemple Michèle Rivasi : on peut raisonnablement penser que ce sont ses activités de fondatrice-présidente de la CRIIRAD et de présidente de la CRIIREM qui lui ont permis de se faire octroyer une circonscription « sûre » par le Parti Socialiste et accéder plus tard à la direction générale de Greenpeace-France. Sans faire injure à Mme Rivasi, on peut penser que dans son activité militante elle a du être confrontée à des dilemmes entre les intérêts de la cause et ceux de sa carrière. Et comme elle, il y a beaucoup de militants des grosses ONG qui joignent l’utile à l’agréable, et qui monnayent leur expérience militante comme « consultants », soit individuellement, soit au sein de cabinets de conseil en « communication écologique » et autres disciplines au nom aussi exotique. Bruno Rebelle, ancien numéro 2 de Greenpeace France et aujourd’hui partenaire du cabinet Transitions en est un excellent exemple.

Restent les petites ONG, celles constituées de bénévoles. Mais là encore, il y a des intérêts en jeu. Celui qui se mobilise au sein de l’association contre l’implantation d’une éolienne ou d’un hôpital psychiatrique se bat souvent contre des projets qui touchent à la valeur de sa maison, à la qualité de son cadre de vie, aux services dont il bénéficie à titre personnel. S’ajoute à cela le pouvoir et la notoriété que donne localement le fait de diriger une ONG, et il n’est pas rare de retrouver les noms de ces personnalités locales dans lors des élections municipales, cantonales, régionales ou législatives. Souvent, ces associations servent de marchepied pour une carrière politique. Là encore, le mythe de l’engagement désintéressé en prend un coup. Mais alors qu’on se passionne pour la question des conflits d’intérêt dans le monde politique, personne ne songe à regarder du côté des ONG. Vous me direz que ce n’est pas la même chose : alors que les élus détiennent le pouvoir législatif et réglementaire, les dirigeants d’ONG n’ont qu’un pouvoir d’influence. C’est en partie vrai… si seulement le pouvoir des ONG restait limité. Mais c’est loin d’être le cas. Le pouvoir des ONG est important, très important. Du fait de la multiplication permanente des procédures de contrôle et de consultation qui entourent les projets d’équipement, les ONG ont acquis un pouvoir d’obstruction énorme. La complexité des procédures fait qu’il est pratiquement impossible de conduire l’instruction d’un grand projet dans un temps raisonnable sans qu’il y ait quelque part un acte irrégulier. Et même lorsque tout est régulier, un contentieux administratif peut vivre facilement entre trois et quatre ans, et pendant ce temps on ne peut bien évidement rien faire sans être accusé d’entraver la justice. Déjà en son temps Superphénix avait été saboté avec ce moyen. Aujourd’hui, l’exemple de Notre Dame des Landes, où des ONG de quelques centaines de membres arrivent à bloquer un projet unanimement soutenu par les élus du peuple est d’ailleurs une parfaite illustration de cette problématique.

Il est essentiel aujourd’hui de remettre les ONG à leur place. Il ne s’agit pas de remettre en cause la liberté d’association, qui fait partie des libertés reconnues par la Constitution, mais de réaffirmer un certain nombre de principes. D’abord, que les ONG ne représentent personne en dehors de leurs membres, et qu’en prétendant représenter le peuple elles usurpent une place qu’elles n’ont pas. Ensuite, que les ONG ne sont ni plus désintéressées, ni plus honnêtes, ni plus « pures » que les élus ou les fonctionnaires. Elles auraient au contraire tendance à l’être moins, puisqu’elles ne rendent compte à personne en dehors de leurs membres. Et enfin, que contrairement aux techniciens et aux politiques, qui assument devant le peuple la responsabilité des politiques qu’ils conduisent, les ONG sont totalement irresponsables. Ce sont les élus qui dégagent l’intérêt général. Les ONG défendent toujours des intérêts particuliers.

Descartes

(1) Cela tient bien entendu à la plus grande politisation de la fonction publique : des postes qui chez nous sont réservés à des fonctionnaires de carrière sont considérés aux Etats-Unis comme des récompenses qu’on accorde à des amis politiques ou plus banalement sont soumis à élection (c’est le cas par exemple des juges et des procureurs).

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6 réponses à Le discours de la méthode (XII) : remettre les ONG à leur place !

  1. CVT dit :

    Bonjour Descartes,
    ayant passé un temps à Bruxelles, votre sujet m’a fait sourire :))).
    Quel rapport avec Bruxelles, me direz-vous? Le siège des principales institutions européennes est reconnu comme la Mecque des lobbies, et les ONG sont de fait les lobbies du pauvre. D’ailleurs, dans le vocable des institutions européennes, les ONG forment avec les lobbies ce qu’on appelle "la société civile".
    Vous avez raison de signaler la confusion qu’elles créent dans l’esprit des citoyens, car elles servent souvent d’alibi à l’UE pour réfuter l’éternel reproche de déficit démocratique qui lui est adressé. Dans l’esprit des technocrates européens, les ONG tendent à se substituer à la représentation démocratique dès il s’agit d’exprimer des revendications populaires, et c’est en cela qu’elles sont dangereuses.
    En effet, elles font rentrer la politique dans une logique de lobbying, donc de lutte d’influences et d’intérêts privés, plutôt que dans une logique de débat public. Elles sont le symptôme d’une privatisation du débat public, et entérinent donc une conception profondément antinomique avec l’idée de république et l’intérêt général. De plus, comme vous le rappelez justement, elle est inéquitable car on sait par définition que les rapports de force des lobbies sont grandement dépendants de l’épaisseur du portefeuille des bailleurs de fonds. Enfin, l’autre aspect pervers des ONGs, c’est qu’elles peuvent être subverties très facilement, précisément à cause de l’opacité de leur structure.
    Sinon, une petite digression à propos de l’aéroport de Notre Dame Des Landes à Nantes. Vous évoquez ces ONG qui en contestent la construction, alors que la décision a été entérinée: je suis d’accord avec vous, ces ONG sont anti-démocratiques et irresponsables. J’ajouterais surtout incohérentes: en effet, ce sont les militants de ces mêmes ONG, généralement d’extrême-gauche et/ou écolo-freaks, qui s’opposent aux adversaires du mariage "pour tous" dans des rixes assez violentes à Nantes, au prétexte que la loi a été promulguée et qu’il faut respecter le vote de nos représentants…
    C’est une constante dont nous avons mille fois discuté sur votre blog, mais il n’y a vraiment rien à faire, ce "deux poids, deux mesures", cet arbitraire, me mettent toujours autant en rogne…

    • Descartes dit :

      [Enfin, l’autre aspect pervers des ONGs, c’est qu’elles peuvent être subverties très facilement, précisément à cause de l’opacité de leur structure].

      Non seulement à cause de l’opacité de la structure, mais surtout du fait que les processus de décision laissent un très grand pouvoir aux dirigeants. Est-ce que vous avez jamais entendu parler d’un congrès de Greenpeace qui aurait fixé une ligne et des priorités ? Bien sur que non. Est-ce que vous savez comment les dirigeants sont élus ? Et bien, c’est fort intéressant: si je crois leur site, l’organe suprême de Greenpeace est une "assemblée statutaire" de 30 membres, dont quinze sont élus par les adhérents… et quinze cooptés par l’assemblée sortante. Autant dire que le processus est "verrouillé" par la direction sortante. Cette assemblée élit un conseil d’administration de 5 membres, qui lui même désigne en son sein le président, le directeur général et le trésorier… on voit que l’influence que peuvent avoir les adhérents est minime.

  2. Baruch dit :

    Les vacances ont été propices à la réflexion! Merci de reprendre le clavier dès ce pluvieux samedi, sur ce site ma foi, fort praticable.
    La critique des ONG comme défendant les intérêts particuliers est très juste. On pourrait aussi parler des actions "internationales" des ONG comme"L’observatoire des Droits de l’homme" créé ad hoc à chaque nouveau conflit en Syrie ,en Libye… Poutine a fait voter des lois sur les ONG étrangères en Russie,et cela a été interprété ici comme une mesure despotique; il ne s’agit pas de défendre V.V. Poutine d’autant que cette loi a des effets sur (par exemple) l’Alliance française en Russie, mais les ONG sont aussi des têtes de pont de l’influence "impérialiste" de la prétendue "communauté internationale" dans tous les pays, la mesure de Poutine aurait pu faire réfléchir au lieu de provoquer seulement l’indignation.

    • Descartes dit :

      Je ne pense pas qu’on puisse comparer la situation avec celle de la Russie. La décision de Poutine vise à réduire les possibilités d’action d’ONG internationales qui sont depuis bien longtemps des instruments politiques des puissances occidentales. Que ces ONG aient raison ou tort n’est pas le problème dans le cas d’espèce: la question est de savoir si on admet qu’une organisation dont les centres de décision sont à l’étranger puissent acquérir du pouvoir dans un pays donné. Pour tous ceux qui pensent que la souveraineté émane de la Nation, la réponse est évidement "non". A ce titre, la décision de Poutine n’est pas aussi scandaleuse qu’il n’y paraît à certains.
      Cela étant dit, je ne pense un seul instant que la décision de Poutine vise un meilleur fonctionnement des institutions russes. C’est une décision de circonstance dans un contexte où ces ONG gênent sa politique personnelle. De ce point de vue, la décision est bien plus critiquable, tant il est vrai que "la pire trahison est de faire une bonne chose pour une mauvaise raison"…

  3. marc.malesherbes dit :

    TS Eliot:
    "La dernière tentation est la pire trahison / c’est faire une bonne chose pour une mauvaise raison".

    Savez-vous dans quel contexte se trouve cette citation ?

    je ne la comprend pas bien, car pour moi, en politique, ce qui compte ce n’est pas les intentions, mais les décisions prises. Si on se basait sur les intentions exprimées, les discours, les politiques n’ont que de bonnes intentions pour la majorité de leurs électeurs.

    • Descartes dit :

      Je ne tire pas la citation de TS Eliot, mais de Francis Bacon, qui l’a utilisée pour qualifier les décisions politiques de Jacques Ier ("The worst treason is to do the right thing for the wrong reason").

      En politique, ce ne sont bien entendu pas les intentions EXPRIMEES qui comptent: celles-ci ne traduisent en fait que ce que l’homme politique suppose que le public veut entendre. Mais les intentions sous-jacentes d’une décision ne sont pas indifférentes, et souvent les "décisions prises" portent dans la manière dont elles sont mises en oeuvre la trace indélébile des intentions qui les sous-tendent. C’est la où le commentaire de Bacon prend toute son importance…

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