Alors, on vote demain ?

A vingt quatre heures d’une élection qui selon toute vraisemblance ne nous apprendra rien que nous ne sachions déjà, l’ambiance politique reste la plus étrange dont j’aie souvenir ou même connaissance par les livres d’histoire. Autant le dire, j’avoue que je suis totalement désorienté. Et si cela m’arrive à moi qui, toute modestie mise à part, observe avec une certaine constance les affaires politiques depuis quelques décennies, j’imagine l’état de confusion dans lequel se trouvent probablement les électeurs et même certains militants politiques.

Sommes nous gouvernés ? La question se pose avec une acuité particulière. Nous avons un gouvernement, cela est certain. Mais un gouvernement n’est que le moyen d’une politique. Et les contours de cette politique sont de plus en plus difficiles à percevoir. Que veut exactement le gouvernement ? Quelle est la vision de la France qu’il propose aux français ? Pas grande chose. Le discours électoral de notre Premier ministre est de ce point de vue révélateur. Il a fait le choix de « nationaliser » la campagne. Pourquoi pas. Mais vous remarquerez que cette « nationalisation » n’a nullement pour objet de demander aux français un vote de confiance dans la politique du gouvernement. Pas du tout. La « nationalisation » se fait pour pouvoir agiter l’épouvantail du Front National. Manuel Valls avoue même son « angoisse » est sa « peur » de voir le FN arriver au pouvoir. Que l’homme qui a le pouvoir constitutionnel de « déterminer et de conduire la politique de la nation » avoue ainsi son impuissance n’est pas banal. Car c’est bien d’impuissance qu’il s’agit : si Manuel Valls était lui-même convaincu par la politique qu’il conduit, il n’aurait pas d’inquiétude quant aux résultats et le dirait. Le plus terrible aujourd’hui, c’est que nos dirigeants sont les premiers à admettre qu’on ne peut rien faire. Après deux ans de méthode Coué, ils n’affichent plus aucune illusion sur une amélioration du chômage, des conditions de vie des français. Comment s’étonner alors que les électeurs refusent leur confiance à ceux qui n’ont pas confiance en eux-mêmes ?

Convaincu de son incapacité à changer quoi que ce soit de profond, le monde politique en est réduit à faire dans le symbolique. Alors que le pays s’enfonce dans l’austérité, qu’on laisse se dégrader nos infrastructures, qu’on perd notre industrie et qu’on affaiblit notre recherche, on discute au Parlement du sexe des anges. Le gouvernement y envoie des lois-pavés dépassant la centaine d’articles et qui, loin de poser des principes et marquer des choix, sont un ramassis de mesurettes dont l’impact est minime. Croit-on vraiment que le fait d’ouvrir les magasins douze dimanches au lieu de sept fera une véritable différence ? Qu’on « libérera la croissance » en mettant les notaires en concurrence ? Qu’on fera la « transition énergétique » en fixant par la loi une limite de 50% de nucléaire dans la production d’électricité en 2025, objectif dont tout le monde sait parfaitement qu’il est matériellement irréalisable ? Tout cela ne sert à rien, si ce n’est à permettre à nos élus de s’empoigner pour essayer de faire croire au citoyen qu’ils servent à quelque chose.

De ce point de vue, le psychodrame du 49-3 a été un summum. Création géniale du comité de rédaction de la constitution de 1958, l’article 49-3 ce n’est pas, loin de là, l’instrument anti-démocratique que certains – parmi eux beaucoup de nostalgiques de la VIème… eu pardon, de la IVème République – dénoncent. Tout au contraire : c’est un instrument permettant à chacun – gouvernement, députés, président de la République – de prendre clairement leurs responsabilités. Responsabilité qui est pour moi l’essence de la démocratie. Voici comment tout cela fonctionne : le président de la République a été élu pour inspirer une politique qu’il a exposé aux français. Elu, il nomme un premier ministre pour conduire cette politique. Ce premier ministre dépose devant les assemblées législatives les projets de loi qu’il estime nécessaires pour l’exécution de cette politique. Le Parlement les examine, et peut parfaitement les rejeter. Il peut aussi, et c’est plus sournois, dénaturer le texte par des amendements qui changent complètement sa nature ou réduisent ses effets à néant. Et cela sans que personne ne prenne clairement de responsabilité devant les électeurs : si la loi est promulguée dans cet état, c’est le gouvernement qui en portera la responsabilité, même s’il ne l’a pas voulue ainsi. Comment le citoyen pourrait-il faire la part de ce qui relève de la faute du gouvernement et de ce qui a été voulu par le Parlement ? Et comment pourrait-il sanctionner ce dernier, alors qu’il ne peut en fait que sanctionner son député ?

Le principe de responsabilité exige donc que le gouvernement ait le choix. Puisqu’il assume la responsabilité des conséquences, il faut qu’il puisse en cas de conflit avec le Parlement soumettre le différend au peuple souverain. Et c’est à cela que sert l’article 49-3. En usant de cet article, le gouvernement dit « la loi en discussion est si importante qu’il faut absolument qu’elle passe dans l’état où on l’a conçue, ou avec les modifications que nous pouvons accepter, et c’est pourquoi, si le Parlement persiste, nous irons demander aux électeurs de confirmer notre choix en dissolvant l’assemblée nationale ». Dans cette logique, il est bien entendu admis que si le peuple tranche en faveur du Parlement, le président de la République présente sa démission pour permettre l’élection d’un président qui soit sur la même longueur d’onde que le peuple (1).

Manuel Valls a donc été parfaitement cohérent en utilisant l’article 49-3. Il avait toujours déclaré que le dispositif Macron était une pièce absolument essentielle de la politique du gouvernement. Dans cette logique, il ne pouvait pas permettre qu’elle soit dénaturée par le Parlement, et c’est pourquoi le ministre de l’économie a été intraitable pendant le débat parlementaire, au risque de ne pas avoir une majorité pour voter la loi à l’issue du débat. Il ne pouvait pas non plus admettre sans rien faire que la loi soit rejetée par l’Assemblée. Il a donc bien utilisé le 49-3 pour le but pour lequel il a été conçu : mettre le Parlement devant ses responsabilités, en lui demandant si oui ou non il veut changer de politique et donc changer les hommes qui l’exécutent. Honneur à qui honneur est du : ce faisant, Manuel Valls et Emmanuel Macron sortent de la politicaillerie habituelle, celle des ministres qui, comme Marisol Touraine ou Ségolène Royal, sont prêts à transformer les lois qu’elles défendent en coquilles vides pour faire plaisir aux différents groupes de pression. Il renoue avec l’esprit de la Vème République en sommant les députés de le suivre sous peine d’avoir a se justifier devant leurs électeurs, chose qu’aucun élu ne devrait craindre s’il avait la conscience tranquille d’avoir bien servi ceux qui l’ont élu. Bon point donc pour Valls.

Mais à la cohérence de Valls a répondu une cacophonie qui a mis péniblement en évidence l’état de décomposition général de la gauche. Commençons par le groupe le plus nombreux : les soi-disant « frondeurs », ces frondeurs qui font penser à la formule de Clemenceau : ils ont franchi le Rubicon, mais c’était pour y pêcher à la ligne. Après avoir expliqué pendant des semaines que la politique du gouvernement nous conduit dans le mur, ils ont décidé qu’ils n’allaient pas voter une motion de censure dont l’effet, si elle avait été votée, aurait été d’enterrer la politique en question. La position des frondeurs est totalement illisible : Ils savent que le gouvernement a choisi une politique, et que tant que Valls sera là elle ne changera pas. Changer de politique implique donc changer de gouvernement. Et si on n’est pas prêt de forcer le gouvernement à la démission, alors à quoi bon les rodomontades ? Les « frondeurs » donnent la désagréable impression de vouloir se laver publiquement les mains de la politique du gouvernement tout en faisant ce qui est nécessaire pour qu’elle puisse continuer. Pour comprendre cette incohérence, il faut laisser de côte les considérations idéalistes et revenir aux fondamentaux. Le Parti Socialiste est d’abord une société mutuelle d’assurances pour élus. Les députés « frondeurs » ont leurs convictions, certes, mais la politique est leur gagne-pain. Il y a bien entendu au PS quelques notables bien installés, élus sur leur nom et donc intouchables – le genre Jean-Noël Guérini. Mais la majorité des « frondeurs » ne sont pas dans cette catégorie. Ils doivent souvent leur siège à des équilibres d’appareil, et sans le soutien de l’appareil ils sont foutus. C’est pourquoi il ne faut pas se faire d’illusions : ils ne franchiront jamais le Rubicon. Jamais ils ne feront quelque chose qui pourrait mettre le gouvernement en danger, et celui-ci le sait. Du coup leur capacité à infléchir la ligne gouvernementale est nulle.

Du côté de la « gauche radicale », ce n’est guère mieux. C’en est même pire. Ainsi, le PCF appelle les députés Front de Gauche a voter la motion de censure déposée par la droite, ce qui paraît cohérent avec le discours qui veut que l’austérité conduit la France dans le mur… mais qui provoque immédiatement l’ire du PG qui dénonce son partenaire au nom du sacro-saint « fossé gauche/droite » qui interdirait de mêler ses voix aux siennes. Ceux qui ont un minimum de mémoire apprécieront le paradoxe : aux municipales, le PG avait voué le PCF aux gémonies au prétexte que celui-ci avait accepter, pour « battre la droite », des alliances de premier tour avec le PS. Aujourd’hui, le PG voue encore aux gémonies son allié pour la raison exactement inverse. On va finir par penser que le PG fait ses choix de manière à mettre en porte-à-faux son allié… et on n’aura pas tort.

En fait, les partis qui constituent la « gauche radicale » – devenus des groupuscules – n’ont globalement plus rien à dire de sérieux. Ils n’ont pas d’analyse politique, économique, sociale, bref, pas d’idéologie à défendre. La preuve ? Ils constituent aujourd’hui des alliances qui varient de département en département, de canton en canton, en fonction des préférences ou des détestations personnelles et locales. Dans un canton, EELV ira avec le PS alors que le PCF ira avec le PG, Ensemble et le NPA. Dans le canton voisin, le PS ira avec le PCF, alors que EELV se joindra au PG et Ensemble. Dans un troisième, Ensemble et EELV auront fait alliance alors que le PS se retrouve avec le PCF et le PG. Et ainsi de suite.

Si le critère dominant pour conclure ou exclure une alliance était la compatibilité des choix idéologiques et des projets, on n’observerait pas une telle variabilité. Si le « projet » d’EELV et celui du FdG étaient compatibles, ils le seraient ici et en Chine. Et s’ils sont incompatibles, idem. Le fait qu’ils soient compatibles à Trifouillis-les-Oies mais incompatibles à Gerson-le-Canard montrent que ce n’est pas d’idées qu’on est en train de discuter. En fait, ces alliances se font en fonction des amours et des détestations personnelles entre candidats, alimentées par l’histoire particulière des rapports entre forces politiques à l’échelon local, le caractère « prenable » ou non du siège voire du Conseil départemental. Tous sujets qui passionnent les militants, mais qui laissent les électeurs de marbre. Et c’est bien là le problème, accentué encore par cette institution stupide qui est le vote par « couples ». Ainsi, dans ma commune je me vois proposer par un « rassemblement de la gauche solidaire et écologiste » (2) deux candidats : une dame qui affiche son appartenance au PCF, un monsieur qui n’affiche rien du tout mais dont on devine sans trop de difficulté qu’il est encarté à EELV. Et bien moi, électeur je ne veux pas manifester par mon vote un quelconque soutien à un projet et à une idéologie écologiste avec la quelle je n’ai rien de commun. Mais je souhaiterais manifester mon soutien au projet communiste, avec lequel je partage bien de points communs donc, par exemple, le soutien au nucléaire. Ce qui n’est pas neutre dans une élection locale dans un département « nucléarisé ». Maintenant, je fais comment ? Comment puis-je marquer par mon vote le choix entre deux projets contradictoires, alors qu’ils se présentent ensemble ?

Ces alliances à la gauche du PS sont quelquefois présentées comme les prémisses d’une recomposition à gauche qui ferait apparaître un « pôle de radicalité » à gauche, susceptible de faire jeu égal avec les socialistes, une sorte de « Podemos » ou de Syriza. Remarquez, on peut toujours croire au père Noël, mais ce n’est pas ça qui le fera venir. Pour qu’il y ait recomposition, il faudrait qu’il y ait un débat d’idées, à l’issue duquel les différentes organisations proposeraient à l’électeur un projet cohérent. Or c’est le contraire qu’on fait : des alliances tactiques sans débat d’idées qui conduisent à proposer à l’électeur d’élire d’un coup la carpe et le lapin sur quelques vagues engagements qui permettent de mettre sous le tapis les points de divergence. C’est cette incapacité à mettre sur la table les points de désaccord et à en débattre qui ont plombé dès le départ le Front de Gauche, le réduisant à une alliance tactique entre des gens proposant des projets contradictoires. Mais les dirigeants de la « gauche radicale » sont prêts à recommencer : que Cécile Duflot apparaisse dans une tribune de meeting avec Mélenchon et Laurent, et on commence à nous raconter que le pôle de radicalité est en marche. Personne ne prend la peine d’expliquer comment la position euro-fédéraliste de Duflot et les siens pourrait s’ajuster à l’euro-prudence du PCF. Mais qui se soucie de ce genre de détails ? L’essentiel, c’est qu’on puisse additionner les voix pour avoir beaucoup d’élus. Cela fera toujours quelques apparatchiks de casés.

On se prend à penser au slogan de mai 1968 : « assez d’actes, nous voulons des paroles ». Ce qui manque aujourd’hui, ce sont des paroles. La politique dite « politicienne », celle qui évacue les idées et les projets pour ne s’intéresser qu’aux questions tactiques a bouffé l’autre, la vraie, celle qui avait trait aux idées. Et on aurait tort de croire que l’électorat en général et l’électorat populaire en particulier se désintéressent des idées. Au contraire : la meilleure preuve est le succès du Front National. Notre classe politique est prompte à signaler que les mesures proposées par le FN sont « non financées » ou très difficiles à mettre en œuvre. Et pourtant, il caracole en tête. Pourquoi ? Parce qu’il reste le seul parti qui par ses propositions, même si elles sont difficilement réalisables, semble tenir compte des préoccupations de l’électorat populaire. Les autres continuent à débiter leur discours en vase clos, sans tenir le moindre compte des préoccupations de nos concitoyens. Ainsi, dans ma commune, le « rassemblement de la gauche sociale et écologiste » propose sans rire de « défendre le droit de vote des étrangers (…) aux élections locales ». Comment cette promesse peut-elle être ressentie dans l’électorat populaire, à votre avis ?

J’entends d’ici les objections : « vous voudriez que nous faisions de la démagogie en mettant sous le boisseau nos idées ». Pas le moins du monde. Mais il faut savoir ce qu’on veut. Si l’on propose des choses dont les électeurs ne veulent pas, ils ne voteront pas pour vous. Faire de la politique implique entraîner les gens derrière vous, pas de leur balancer des propositions « à prendre ou à laisser ». Et pour entraîner, il faut partir des problèmes des gens. C’est cela qui avait fait la force du PCF en son temps, et qui fait la force du FN aujourd’hui.

Descartes

(1) Cette logique reçut son premier coup de canif en 1986. Cette année-là, la gauche toute entière admit que le fait que le peuple désavoue le président n’est pas une raison suffisante pour provoquer sa démission. La logique aurait voulu que le président renonce à son droit de dissolution : puisque le président ne peut être désavoué par une élection parlementaire, le Parlement ne devrait pas pouvoir être désavoué par l’élection présidentielle. Mais bien entendu il n’en fut rien, et le Parlement élu en 1986 fut dissout par Mitterrand en 1988 après l’élection présidentielle. Les décisions conjuguées de 1986 et 1988 peuvent être considérées comme la mort de l’esprit, sinon de la lettre, de la Constitution de 1958.

(2) Il faut d’ailleurs aller à la sixième page de leur dépliant pour trouver, en tout petit, les logos de EELV et du Front de Gauche. Un peu comme si le fait d’adhérer à un parti – et donc d’endosser des choix idéologiques – était une maladie honteuse.

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57 réponses à Alors, on vote demain ?

  1. tmn dit :

    Il est vrai que la sortie de Valls sur sa “peur” est quand même assez incroyable, ça m’a surpris de sa part.

    Sur le vote des étrangers aux élections locales, je ne sais pas trop quoi en penser sur le fond, après tout pourquoi pas ?
    Les étrangers vivant dans une ville y paient des impots, font partie de la cité, ont leurs enfants dans les écoles…Etc.

    Ceci dit concernant le ressenti de cette promesse dans l’électorat populaire, je pense qu’avant out ça ne fait pas franchement partie leur priorités.

    • Descartes dit :

      [Il est vrai que la sortie de Valls sur sa “peur” est quand même assez incroyable, ça m’a surpris de sa part.]

      Pourtant, c’est bien dans le caractère du personnage. Mais le fond n’est pas très original. C’est le « contre le chômage on a tout essayé » de Mitterrand. C’est l’aveu qu’on ne sait plus quoi faire, tout simplement. Ce n’est pas à proprement parler un aveu d’impuissance, mais plutôt un aveu d’incompréhension. « On a tout essayé » et ça ne marche pas. Parce qu’on ne comprend plus le monde, on ne peut plus le changer.

      [Sur le vote des étrangers aux élections locales, je ne sais pas trop quoi en penser sur le fond, après tout pourquoi pas ? Les étrangers vivant dans une ville y paient des impots, font partie de la cité, ont leurs enfants dans les écoles…Etc.]

      On ne construit pas une politique sur des « pourquoi pas ». La définition du corps électoral dépend de la vision qu’on a de la société. On peut décider que le vote est fondé sur la citoyenneté (c’est-à-dire, sur une « communauté de destin », mais aussi sur la possibilité de participer au débat politique, ce qui n’est pas garanti dans le cas d’étrangers qui ne parlent pas ou très mal notre langue) ou bien la fonder sur le paiement de l’impôt – et dans ce cas il serait logique d’exclure du vote ceux qui n’en payent pas, ou pas suffisamment. C’est la logique du vote censitaire.

      Si les étrangers, comme vous dites, « font partie de la cité » au point de vouloir accéder aux droits politiques, ils ont une voie toute tracée : la naturalisation. S’ils ne la souhaitent pas, on doit déduire qu’ils ne souhaitent pas les droits du citoyen et les devoirs qui vont avec.

      [Ceci dit concernant le ressenti de cette promesse dans l’électorat populaire, je pense qu’avant tout ça ne fait pas franchement partie leur priorités.]

      Je suis en total désaccord. D’ailleurs, on voit bien quelle est la base sociologique des partis politiques qui défendent le vote des étrangers, et celle des partis qui la rejettent. Dans mon quartier, l’idée que la gestion municipale pourrait être soumise au vote de gens qui ne parlent même pas notre langue pose un problème réel. Car donner le vote aux étrangers implique donner le vote sans condition d’apprentissage de la langue ou des coutumes du pays…c’est donc la porte ouverte au vote communautaire.

    • CVT dit :

      @Descartes,
      [Je suis en total désaccord. D’ailleurs, on voit bien quelle est la base sociologique des partis politiques qui défendent le vote des étrangers, et celle des partis qui la rejettent. Dans mon quartier, l’idée que la gestion municipale pourrait être soumise au vote de gens qui ne parlent même pas notre langue pose un problème réel. Car donner le vote aux étrangers implique donner le vote sans condition d’apprentissage de la langue ou des coutumes du pays…c’est donc la porte ouverte au vote communautaire.]

      Et moi, je suis totalement d’accord avec vous :)!!
      J’en parle d’expérience quand je résidais il y a trois ans, à Bruxelles, lors des élections communales (on dirait municipales en France).
      A cette occasion, de multiples incidents sont survenus dans les bureau de vote des communes bruxelloises à majorité “marocaine” ou “turque”: plusieurs assesseurs ont donné des “explications” en arabe dialectal ou en turc à des votants non belges âgés, au lieu de les donner en français ou en néerlandais, deux des trois langues nationales belge! Le plus grave, c’est qu’il s’est avéré que ces assesseurs donnaient des consignes de vote, et non des informations sur le déroulement du scrutin: en clair, la sincérité du scrutin avait été faussée!
      Car oui, en Belgique, toute personne ayant résidé plus de 5 ans dans une commune, a le droit de voter aux élections communales; même des gens ayant passé des décennies sur le sol belge en ne sachant ni lire ni écrire en français ou en néerlandais!
      Comment ce seul fait ne pourrait-il pas choquer les partisans du droit de vote pour les étrangers? Qu’on explique en quoi le vote a favorisé l’intégration de ces immigrés, résidants bruxellois de longue date!
      Avant même ces faits, j’étais déjà convaincu du caractère nuisible du vote des étrangers à des élections locales, car pour moi, je ne sépare pas la commune du reste du pays: pourquoi voter pour le maire, et non pour le député ou le président de la république? Le pays est un continuum, et surtout, la citoyenneté ne se découpe pas en tranches!
      D’ailleurs, je suis conséquent: en tant que Français, j’ai toujours refusé de voter en Belgique, non par incivisme (je connais un peu la politique belge, et franchement, je n’en voudrais pas chez moi! Même les Belges francophones sont plus intéressés par la politique française, c’est dire l’interêt qu’ils portent à leur classe politique…) mais parce que j’estime que les élections en Belgique sont l’affaire des belges, et non des EUROPEENS! C’est une véritable sottise que d’avoir octroyé d’office le droit de vote à tout “citoyen” européen, car ce “droit” ne crée pas d’emblée un sentiment d’appartenance, ou de communauté de destin. C’est pour cette même raison que le fait de payer des impôts n’est pas un argument recevable de citoyenneté, puisque tout résident dans notre pays, français ou non, doit en payer dans la limite de ses capacités. C’est inverser la cause avec la conséquence que de décerner un brevet de citoyenneté à un contribuable, alors qu’il ne fait que son devoir!
      Enfin, ce qui me mets en rogne, c’est le clientélisme échevelé de cette revendication « anti-raciste » , et son caractère irresponsable : déjà, dans certains quartiers Bruxellois à majorité « musulmane » (« turque » ou « marocaine » ), sous la pression du nombre, les partis politiques « normaux » soutiennent les demandes de militants appelant à l’application, dans ces quartiers, de mesures qui relèvent de la charia! Imaginez alors, ce que donnera en France si on accorde ce même droit de vote, au hasard en Seine St Denis, entre de mains mal intentionnées…
      Je suis scandalisé par la légèreté de ceux qui veulent accorder un droit de vote à des étrangers, car ils bradent notre souveraineté, surtout à une époque où elle est menacée de toute part: c’est comme si, dans un jeu, on faisait constamment rentrer de nouveaux joueurs INDEFINIMENT!
      Franchement, je suis de plus en plus en colère à l’égard de ces Français “bien-pensants” qui veulent sacrifier aujourd’hui le contrôle de NOTRE destin (car oui, la souveraineté est la condition nécessaire pour atteindre ce but), et qui demain, vont pleurer qu’on ne pourra rien faire contre le “cours inéluctable” des choses, alors qu’ils auront démissionné…

    • Descartes dit :

      @ CVT

      [J’en parle d’expérience quand je résidais il y a trois ans, à Bruxelles, lors des élections communales (on dirait municipales en France).]

      D’une façon générale, j’ai tendance à me méfier des exemples étrangers qu’on transpose sans précaution alors que les cultures politiques sont différentes. Mais dans le cas présent, je crois que la comparaison est pertinente. Oui, il faudrait aller voir comment cela se passe dans les pays qui ont donné aux étrangers le droit de vote. J’ai d’ailleurs demandé aux défenseurs de ce « droit » plusieurs fois s’ils étaient conscients du fait que donner le droit de vote aux étrangers implique nécessairement de créer un électorat qui ne parle pas la langue du pays. Comment on concilie ce fait avec l’idée que la démocratie implique la délibération collective ? Je n’ai jamais eu de réponse.

      Il est vrai que la Belgique a déjà ce problème avec la querelle linguistique, puisque tous les belges ne sont pas capables de se comprendre entre eux. Mais chez nous – merci, les jacobins – nous n’avons pas cet énorme problème. Quelque soient les défauts de notre système politique, nous nous sommes au moins donné les moyens pour que tout citoyen français puisse comprendre et être compris par ses concitoyens. Je ne vois pas quel avantage il y aurait à revenir sur cette conquête.

      [C’est une véritable sottise que d’avoir octroyé d’office le droit de vote à tout “citoyen” européen, car ce “droit” ne crée pas d’emblée un sentiment d’appartenance, ou de communauté de destin.]

      Bien entendu. Mais c’était le signe d’une époque ou l’idéalisme eurolâtre était religion d’Etat. Il fallait créer de toutes pièces des « citoyens européens ». Souvenez-vous, c’est de ce temps-là que date le droit de vote des européens, la mention « Union européenne » dans les passeports, l’obligation de mettre le drapeau européen dans le fronton des bâtiments publics. Ces gens n’ont que récemment réalisé que la citoyenneté c’est un peu plus compliqué que ça, que l’Allemand ne voit pas dans le Grec un « concitoyen » quoi que dise son passeport.

      [C’est pour cette même raison que le fait de payer des impôts n’est pas un argument recevable de citoyenneté, puisque tout résident dans notre pays, français ou non, doit en payer dans la limite de ses capacités. C’est inverser la cause avec la conséquence que de décerner un brevet de citoyenneté à un contribuable, alors qu’il ne fait que son devoir!]

      Surtout, si le payement de l’impôt est le fondement de la citoyenneté, alors il faut enlever le droit de vote à ceux qui ne payent pas, c’est-à-dire à ceux qui n’ont ni propriété, ni revenu suffisant. Les pauvres, quoi. Ceux qui utilisent l’argument fiscal ne se rendent pas compte qu’ils sont en train de valider le raisonnement qui justifie le suffrage censitaire.

    • Marcailloux dit :

      @ tmn
      Bonjour,
      [ Sur le vote des étrangers aux élections locales, je ne sais pas trop quoi en penser sur le fond, après tout pourquoi pas ?
      Les étrangers vivant dans une ville y paient des impots, font partie de la cité, ont leurs enfants dans les écoles…Etc.]
      Il y a un domaine où ils sont les bienvenus, et qui constitue un tremplin à l’intégration, voire l’assimilation dans certains cas, c’est la participation au fonctionnement des associations. Là, ils y auront un champ d’action et un droit de vote qui peut constituer l’embryon d’une future citoyennetée.
      ” C’est le temps que tu passes pour ta rose qui fait ta rose si importante”

    • tmn dit :

      @Descartes @CVT

      [On ne construit pas une politique sur des « pourquoi pas »]

      Ça tombe bien je n’ai pas la prétention de “constuire une politique”… mais avec des “pourquoi pas” sur un blog on peut quand même poser des questions, demander des arguments et provoquer le débat non ?

      [Franchement, je suis de plus en plus en colère à l’égard de ces Français “bien-pensants” qui veulent sacrifier aujourd’hui le contrôle de NOTRE destin (car oui, la souveraineté est la condition nécessaire pour atteindre ce but), et qui demain, vont pleurer qu’on ne pourra rien faire contre le “cours inéluctable” des choses, alors qu’ils auront démissionné…]

      Mon commentaire était une interrogation (“je ne sais pas trop quoi en penser sur le fond, après tout pourquoi pas ?”), je veux bien qu’on me reproche de ne pas avoir plus réfléchi que ça à la question, voire d’être un peu limité intellectuellement, mais clientélisme, légereté, brader la souveraineté, démission… du calme ! C’est une impression ou l’ambiance s’est un peu tendue sur ce blog ? A l’image du climat politique ?

      Ceci dit votre argument sur le “continuum” et la citoyenneté qui ne se découpe pas est à lui seul convaincant je trouve, merci.

      [Surtout, si le payement de l’impôt est le fondement de la citoyenneté, alors il faut enlever le droit de vote à ceux qui ne payent pas, c’est-à-dire à ceux qui n’ont ni propriété, ni revenu suffisant. Les pauvres, quoi. Ceux qui utilisent l’argument fiscal ne se rendent pas compte qu’ils sont en train de valider le raisonnement qui justifie le suffrage censitaire.]

      D’accord, mais ce n’est pas du tout ce dont je parlais… j’illustrais l’appartenance à la cité par plusieurs choses DONT le paiement d’impôts.

      [D’ailleurs, on voit bien quelle est la base sociologique des partis politiques qui défendent le vote des étrangers, et celle des partis qui la rejettent.]

      Vous voulez dire que la base sociologique du PS est composée de gens qui ne cotoient pas d’étrangers ? C’est un peu sévère.
      Ceci dit concrètement aucun parti de gouvernement ne le défend vraiment (sinon le PS l’aurait institué non ?).

      [Dans mon quartier, l’idée que la gestion municipale pourrait être soumise au vote de gens qui ne parlent même pas notre langue pose un problème réel]

      En effet. Mais ceci dit il y a des français qui parlent plutôt mal notre langue, et des étrangers qui la parlent bien.

      J’avoue que je suis perplexe devant ces questions (que vous abordiez également dans l’article précédent, pardon pour le mélange).
      En quoi ma vieille voisine franco/marocaine qui met un foulard plus par tradition que par symbole communautariste est une menace pour le vivre ensemble (elle parle très bien français je vous rassure, et sert la main aux gens) ?
      Où est la limite de la “communauté nationale” : faut il manger du poisson le vendredi ? Fêter noël, ne pas s’habiller “comme au bled”, parler uniquement français ?
      J’avoue ma perplexité, et ma grande difficulté à poser des limites claires sur tout ça.

    • Descartes dit :

      @ marcailloux

      [Il y a un domaine où ils [les étrangers] sont les bienvenus, et qui constitue un tremplin à l’intégration, voire l’assimilation dans certains cas, c’est la participation au fonctionnement des associations. Là, ils y auront un champ d’action et un droit de vote qui peut constituer l’embryon d’une future citoyenneté.]

      Oui, s’il s’agit d’associations d’intérêt général (sportives, d’aménagement, etc.). Non, s’il s’agit d’associations communautaires, destinées à renforcer l’entre-soi et fermées à tous ceux qui n’appartiennent pas à la « communauté ». La participation associative peut, du point de vue de l’assimilation et de la « future citoyenneté » être la meilleure ou la pire des choses. De ce point de vue, l’exigence que les actes officiels – délibérations du conseil d’administration, statuts, etc. – soient en « langue maternelle française et pas autrement » est une exigence importante.

    • Marcailloux dit :

      @ Descartes
      [Non, s’il s’agit d’associations communautaires, destinées à renforcer l’entre-soi et fermées à tous ceux qui n’appartiennent pas à la « communauté » ]
      Cela va sans dire. . . . . . . . .mais cela va encore mieux en le disant !
      Il est évident que l’ adhésion, seulement, à une association communautaire conforte et tend à démontrer la volonté de l’immigré de se maintenir dans sa situation antérieure. J’ose espérer que les dossiers de naturalisation sont instruits en tenant compte de ce type de démarche

    • Descartes dit :

      @ tmn

      [Ça tombe bien je n’ai pas la prétention de “constuire une politique”… mais avec des “pourquoi pas” sur un blog on peut quand même poser des questions, demander des arguments et provoquer le débat non ?]

      Certes. Mon point était qu’on ne peut pas prendre une décisions politique – par exemple, celle de soutenir le « droit de vote aux résidents » – sur un simple raisonnement du type « pourquoi pas ». Une fois les questions posées, il faut y répondre !

      [Mon commentaire était une interrogation (“je ne sais pas trop quoi en penser sur le fond, après tout pourquoi pas ?”), je veux bien qu’on me reproche de ne pas avoir plus réfléchi que ça à la question, voire d’être un peu limité intellectuellement, mais clientélisme, légereté, brader la souveraineté, démission… du calme ! C’est une impression ou l’ambiance s’est un peu tendue sur ce blog ? A l’image du climat politique ?]

      Mais non… simplement, il y a dans ce blog des passionnés. Et la passion transparaît dans leurs commentaires. Personne ne vous accuse personnellement. Tout ce que l’intervenant a voulu dire, c’est que ceux qui proposent ce type de réforme de notre système électoral font preuve de clientélisme, de légèreté, qu’ils bradent la souveraineté populaire, etc. Comme vous le dites vous-même, vous ne proposez pas cette politique, vous vous contentez de poser la question.

      [Surtout, si le payement de l’impôt est le fondement de la citoyenneté, alors il faut enlever le droit de vote à ceux qui ne payent pas, c’est-à-dire à ceux qui n’ont ni propriété, ni revenu suffisant. Les pauvres, quoi. Ceux qui utilisent l’argument fiscal ne se rendent pas compte qu’ils sont en train de valider le raisonnement qui justifie le suffrage censitaire.][D’accord, mais ce n’est pas du tout ce dont je parlais… j’illustrais l’appartenance à la cité par plusieurs choses DONT le paiement d’impôts.]

      Mais quelles sont les « autres choses » ? Envoyer les enfants à l’école ? Le fait d’être consommateur d’un service public est un élément « d’appartenance à la cité » ?

      [D’ailleurs, on voit bien quelle est la base sociologique des partis politiques qui défendent le vote des étrangers, et celle des partis qui la rejettent.][Vous voulez dire que la base sociologique du PS est composée de gens qui ne cotoient pas d’étrangers ? C’est un peu sévère.]

      Pas du tout. On peut « côtoyer » des étrangers sans vivre avec eux. J’aimerais bien savoir quel pourcentage des militants – et des dirigeants – du PS habitent dans des communes où les résidents étrangers représenteraient, s’ils avaient le vote, une force suffisante pour changer les rapports de force…

      [Ceci dit concrètement aucun parti de gouvernement ne le défend vraiment (sinon le PS l’aurait institué non ?).]

      Vrai, vrai…

      [Dans mon quartier, l’idée que la gestion municipale pourrait être soumise au vote de gens qui ne parlent même pas notre langue pose un problème réel][En effet. Mais ceci dit il y a des français qui parlent plutôt mal notre langue, et des étrangers qui la parlent bien.]

      Mais ce sont les exceptions, et non la règle.

      [En quoi ma vieille voisine franco/marocaine qui met un foulard plus par tradition que par symbole communautariste est une menace pour le vivre ensemble (elle parle très bien français je vous rassure, et sert la main aux gens) ?]

      Entre « être une menace pour le vivre ensemble » et « avoir le droit de vote » il y a une certaine marge. Pour avoir le vote, il faut quelque chose de plus que le simple fait de ne pas menacer l’ordre public. Et si votre voisine franco/marocaine veut voter, et bien elle peut manifester ce désir en demandant la naturalisation française, ce qui implique accepter l’ensemble des devoirs qui vont avec les droits du citoyen.

      Par ailleurs, il me semble qu’il faut aussi revenir sur cette question des « traditions ». Si je suis indien et que je me promène dans une rue parisienne avec une cravate frappée de la croix gammée, je risque des ennuis. Et de rien ne servira d’expliquer qu’en Inde la croix gammée est une « tradition », un ancien symbole solaire et rien de plus. Je ne sais pas pour quelle raison votre voisine franco/marocaine met son foulard, mais elle ne peut pas ne pas savoir que ce foulard est devenu un symbole « communautaire ». Alors, même si elle le porte par « tradition », elle devrait réfléchir à l’image qu’elle donne.

      [Où est la limite de la “communauté nationale” : faut il manger du poisson le vendredi ? Fêter noël, ne pas s’habiller “comme au bled”, parler uniquement français ?]

      Encore une fois, cela dépend. Lorsqu’une communauté fait d’une pratique un élément de distinction, un symbole pour dire « je ne suis pas comme vous », le fait d’y adhérer introduit une suspicion. Il y a trente ou quarante ans, porter un foulard sur la tête était une pratique qui était considéré comme neutre, et cela ne posait aucun problème. De la même manière qu’il y a un siècle un hindou pouvait se balader sur les grands boulevards avec une cravate frappée d’une croix gammée sans que cela suscite le moindre intérêt. Aujourd’hui, porter la croix gammée fait de vous un admirateur du nazisme et porter le foulard marque une volonté de s’exclure de la collectivité nationale.

      Les pratiques, les éléments d’habillement, les signes contiennent des éléments objectifs et des éléments subjectifs. L’objectif ne pose jamais problème : pour être français il n’est pas nécessaire de manger telle ou telle chose, de fêter telle fête ou de s’habiller de telle ou telle façon. C’est dans l’élément subjectif que se trouvent les difficultés : quand le fait de manger –ou de ne pas manger – telle ou telle chose est utilisé comme un moyen de s’auto-exclure, alors le fait de manger ou non la chose en question devient signifiant. Et c’est ce signifiant que l’on peut – ou doit – combattre.

  2. dsk dit :

    @ Descartes

    [“Notre classe politique est prompte à signaler que les mesures proposées par le FN sont « non financées » ou très difficiles à mettre en œuvre.”]

    C’est vrai. Et sans jamais fournir la moindre démonstration convaincante à ce sujet, voire même sans fournir de démonstration du tout.

    [“Et pourtant, il caracole en tête. Pourquoi ? Parce qu’il reste le seul parti qui par ses propositions, même si elles sont difficilement réalisables, semble tenir compte des préoccupations de l’électorat populaire.”]

    Et aussi parce que cet électorat populaire, dont je fais partie, ne voit absolument pas en quoi les propositions du FN seraient difficilement réalisables. A moins d’entendre simplement par là qu’elles demanderaient du courage, de la volonté, et de l’intelligence. Mais qui ne croit que la situation préoccupante de la France, aujourd’hui, exigerait de telles qualités chez ses dirigeants ?

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [“Notre classe politique est prompte à signaler que les mesures proposées par le FN sont « non financées » ou très difficiles à mettre en œuvre.”][C’est vrai. Et sans jamais fournir la moindre démonstration convaincante à ce sujet, voire même sans fournir de démonstration du tout.]

      Il y a des cas ou la démonstration n’est pas nécessaire. Qu’une sortie de l’Euro serait une opération difficile est une évidence même pour ses plus ardents partisans. Mais vous avez raison de dire que certaines affirmations passent dans notre classe politico-médiatique pour des évidences qui n’ont besoin de démonstration et qui, en plus sont considérées comme indiscutables par toute personne censée. Ce qui est le propre du dogme.

      [“Et pourtant, il caracole en tête. Pourquoi ? Parce qu’il reste le seul parti qui par ses propositions, même si elles sont difficilement réalisables, semble tenir compte des préoccupations de l’électorat populaire.”][Et aussi parce que cet électorat populaire, dont je fais partie, ne voit absolument pas en quoi les propositions du FN seraient difficilement réalisables. A moins d’entendre simplement par là qu’elles demanderaient du courage, de la volonté, et de l’intelligence.]

      Je ne crois pas qu’on puisse considérer la sortie de l’Euro comme une mesure « facilement réalisable ». Et on n’a aucun intérêt d’ailleurs à cacher aux citoyens la difficulté de la chose. Mais comme disait Richelieu, l’art de la politique est de rendre possible ce qui est nécessaire. C’est ce que les sondeurs ne veulent pas comprendre lorsqu’ils interprètent les sondages qui nous disent que seule une minorité de nos concitoyens – et des électeurs du front national – souhaitent la sortie de l’Euro. L’électorat populaire comprend parfaitement la difficulté de la chose, et elle les inquiète. Il préférerait ne rien toucher. Mais d’un autre côté, il apprécie les dirigeants qui lui disent qu’il faut le faire, parce qu’il comprend confusément que c’est un pas nécessaire.

      [Mais qui ne croit que la situation préoccupante de la France, aujourd’hui, exigerait de telles qualités chez ses dirigeants ?]

      Nos dirigeants ont ces qualités. Personne ne peut nier que Valls soit courageux, volontaire, intelligent. Le problème n’est pas là. Le problème est que le système est bâti de telle manière que tout ce courage, cette volonté, cette intelligence est mis au service de la poursuite de petites choses : la carrière personnelle, la conquête de tel ou tel poste, ou pire encore, durer tout simplement. Ce qui manque à nos hommes politiques, c’est la culture historique, le sens du tragique, la capacité à s’abstraire des petites querelles. En un mot, la « grandeur ». Ce sont des nains politiques, des nains fort intelligents, courageux et volontaires, mais des nains. Et ce n’est pas tout à fait leur faute : nous les avons tels que nous les avons fait. Les « classes moyennes », fatiguées de payer pour la « grandeur » gaullienne, ont préféré se replier sur leur bonheur privé, sur le « personnel » et le « sociétal », et ont généré une classe politique à leur image.

    • dsk dit :

      @ Descartes

      [“Personne ne peut nier que Valls soit courageux, volontaire, intelligent.”]

      Je note que vous semblez faire preuve de la même incompréhensible (pour ne pas dire irrationnelle) indulgence vis-à-vis de Valls que de Sarkozy. Peut-être est-ce dû, dans les deux cas, à une certaine hostilité que vous percevez à leur encontre chez vos fameuses “classes moyennes” ? En ce qui me concerne, je me méfie du précepte “les ennemis de mes ennemis sont mes amis”. Toujours-est-il que je vous rappelle qu’il en est au moins un, Michel Onfray, qui “conteste” que Valls soit intelligent. Et personne ne peut nier, pour le coup, que les propos de Valls auxquels il faisait allusion mériteraient bien de figurer dans une anthologie de la bêtise éternelle. De mon côté, Valls me fait surtout penser à cette fameuse question que posait Desproges à propos de Jacques Séguéla : “Jacques Séguéla est-il un con ? La question reste posée. Et la question restant posée, il ne nous reste plus qu’à poser la réponse. Jacques Séguéla est-il un con ? De deux choses l’une, ou bien Jacques Séguéla est un con, et ça m’étonnerait tout de même un peu, ou bien Jacques Séguéla n’est pas un con, et ça m’étonnerait quand même beaucoup.”. En effet, si Valls est un “crétin”, comment comprendre qu’il soit parvenu au poste de Premier ministre ? Mais s’il n’est pas un “crétin”, comment expliquer l’hallucinante stupidité de ses propos ? Je dirais qu’il n’est pas impossible qu’aujourd’hui, le “système” soit à ce point perverti qu’il promeuve, effectivement, les pires “crétins”.

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [“Personne ne peut nier que Valls soit courageux, volontaire, intelligent.”][Je note que vous semblez faire preuve de la même incompréhensible (pour ne pas dire irrationnelle) indulgence vis-à-vis de Valls que de Sarkozy.]

      Je ne vois pas où est « l’indulgence ». L’indulgence s’applique à une faute morale. Or, ni l’intelligence, ni le courage, ni la volonté ne sont des caractéristiques morales. Hitler était certainement intelligent, courageux et volontaire. Est-ce faire preuve « d’indulgence » que de le reconnaître ?

      Le système politique français a beaucoup de défauts. Mais il a au moins une qualité : il est relativement sélectif, et du coup les gens qui arrivent aux postes de premier plan sont rarement des imbéciles. Les Morano, les Tapie ou les Lefebvre sont en général cantonnés aux seconds rôles. Valls, Sarkozy et même Hollande ont beaucoup de défauts, mais on ne peut dire qu’ils aient un QI en dessous de la moyenne.

      [Peut-être est-ce dû, dans les deux cas, à une certaine hostilité que vous percevez à leur encontre chez vos fameuses “classes moyennes” ?]

      Je ne vois pas beaucoup d’hostilité chez les classes moyennes pour Manuel Valls.

      [Toujours-est-il que je vous rappelle qu’il en est au moins un, Michel Onfray, qui “conteste” que Valls soit intelligent.]

      Je n’ai pas eu connaissance du texte d’Onfray auquel vous faites implicitement référence, mais Onfray contestant l’intelligence de Valls, c’est un peu l’hôpital se moquant de la charité, non ?

      [Et personne ne peut nier, pour le coup, que les propos de Valls auxquels il faisait allusion mériteraient bien de figurer dans une anthologie de la bêtise éternelle (…). En effet, si Valls est un “crétin”, comment comprendre qu’il soit parvenu au poste de Premier ministre ? Mais s’il n’est pas un “crétin”, comment expliquer l’hallucinante stupidité de ses propos ?]

      Encore une fois, je ne connais pas le « propos » auquel vous faites référence. Mais j’hasarderai une réponse : beaucoup d’hommes politiques se font beaucoup plus bêtes qu’ils ne le sont, persuadés que c’est ce que le peuple attend d’eux. Et ils n’ont pas tout à fait tort : l’électorat se méfie des « premiers de la classe », des gens qui ont l’air plus intelligent que tout le monde. Cela donne à l’électeur des complexes d’infériorité, cela alimente cette suspicion très humaine qui nous dit qu’il est imprudent de faire confiance a quelqu’un qui est plus intelligent que nous. Pourquoi croyez-vous que Chirac a fait de sa passion pour les arts orientaux un secret, que Le Pen – dont la culture historique et littéraire est immense – joue les « beaufs » ? Comme disait un publicitaire américain, « personne dans la communication n’a jamais fait faillite parce qu’il a sous-estimé l’intelligence du public ». Beaucoup d’hommes politiques se fondent sur ce principe. La culture, aujourd’hui, n’est pas un atout, c’est un handicap. Paraître idiot, c’est s’attirer les bonnes grâces de l’électorat.

    • dsk dit :

      @ Descartes

      [“Hitler était certainement intelligent, courageux et volontaire. Est-ce faire preuve « d’indulgence » que de le reconnaître ?”]

      Pour Valls, sans aucun doute. Il qualifierait même ceci de “faute morale”, et s’il ne tenait qu’à lui, il téléphonerait à son amie Christiane afin qu’elle vous fasse enfermer derechef à Cayenne.

      [“Valls, Sarkozy et même Hollande ont beaucoup de défauts, mais on ne peut dire qu’ils aient un QI en dessous de la moyenne.”]

      J’aime beaucoup le : “et même Hollande”. En ce qui me concerne, je dirais qu’ils tous ont un QI qui tend à se rapprocher dangereusement de la moyenne.

      [“Je ne vois pas beaucoup d’hostilité chez les classes moyennes pour Manuel Valls.”]

      Alors dans ce cas, je ne m’explique vraiment pas que vous puissiez lui trouver des qualités de courage, de volonté et d’intelligence. Sur quels éléments objectifs vous fondez-vous ?

      [“Je n’ai pas eu connaissance du texte d’Onfray auquel vous faites implicitement référence,”]

      http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/03/08/31001-20150308ARTFIG00094-la-reponse-de-michel-onfray-a-manuel-valls.php

      [“mais Onfray contestant l’intelligence de Valls, c’est un peu l’hôpital se moquant de la charité, non ?”]

      Peu importe. Sur ce point, il avait raison. Les propos de Valls étaient effectivement d’un crétinisme achevé.

      [“Mais j’hasarderai une réponse : beaucoup d’hommes politiques se font beaucoup plus bêtes qu’ils ne le sont, persuadés que c’est ce que le peuple attend d’eux. Et ils n’ont pas tout à fait tort : l’électorat se méfie des « premiers de la classe », des gens qui ont l’air plus intelligent que tout le monde. Cela donne à l’électeur des complexes d’infériorité, cela alimente cette suspicion très humaine qui nous dit qu’il est imprudent de faire confiance a quelqu’un qui est plus intelligent que nous. Pourquoi croyez-vous que Chirac a fait de sa passion pour les arts orientaux un secret, que Le Pen – dont la culture historique et littéraire est immense – joue les « beaufs » ? Comme disait un publicitaire américain, « personne dans la communication n’a jamais fait faillite parce qu’il a sous-estimé l’intelligence du public ». Beaucoup d’hommes politiques se fondent sur ce principe. La culture, aujourd’hui, n’est pas un atout, c’est un handicap. Paraître idiot, c’est s’attirer les bonnes grâces de l’électorat.”]

      Vous vous rassurez. Quel besoin avait Valls d’aller chercher Onfray, pour des déclarations dont quasiment personne n’avait eu connaissance ? Il me paraît difficile de lui prêter, sur ce point, un calcul. Quant à JMLP, je ne trouve pas du tout qu’il “joue aux beaufs”. Il se ;trouve qu’il est aussi, dans une certaine mesure, un “beauf”, car il est issu d’un milieu populaire.

    • Marcailloux dit :

      @ Descartes
      Bonjour,
      [Je n’ai pas eu connaissance du texte d’Onfray auquel vous faites implicitement référence, mais Onfray contestant l’intelligence de Valls, c’est un peu l’hôpital se moquant de la charité, non ?]
      Voila l’exemple même d’un jugement sans appel sur ce que l’on est plutôt que sur ce que l’on fait.
      Est ce là une démonstration de ce qu’est l’intelligence?
      Michel Onfray n’est sans doute pas un grand penseur du XXIème siècle, il a bon nombre de prises de positions contestables – comme bien des gens que je connais d’ailleurs – mais on ne peut lui refuser le mérite d’apporter beaucoup à ses lecteurs et /ou auditeurs dont je suis et je trouve vos propos à son égard, désobligeants et non fondés en l’absence de faits précis. C’est fou ce que les “gens de gauche”, dans leur ensemble historique, ont, à mes yeux une propension à la détestation de ceux qui ne sont pas dans la droite ligne de leur dogme. Et même dans ce cas d’ailleurs. . . . . quelquefois.
      On ne peut réduire tous ceux qui l’apprécient totalement ou partiellement à une masse de gogo boboétisés parce qu’il développe un penchant libertaire. Ou faut-il lui préférer un Alain Badiou thuriféraire de Pol Pot ?

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [“Je ne vois pas beaucoup d’hostilité chez les classes moyennes pour Manuel Valls.”][Alors dans ce cas, je ne m’explique vraiment pas que vous puissiez lui trouver des qualités de courage, de volonté et d’intelligence. Sur quels éléments objectifs vous fondez-vous ?]

      La volonté me paraît évidente. On n’arrive pas au poste de Premier ministre sans le vouloir tenacement… Pour ce qui concerne le courage, les exemples sont aussi nombreux : sa campagne pour la primaire du PS, qu’il conduisit en reprenant des thèmes de nature à vous faire beaucoup d’ennemis au PS, sa réaction immédiate à l’acte d’indiscipline de Montebourg et Hamon en mettant sa démission dans la balance… et finalement pour l’intelligence, c’est un homme qui a écrit plusieurs livres qui – même si on ne partage pas le point de vue de l’auteur – sont assez intéressants.

      [“Je n’ai pas eu connaissance du texte d’Onfray auquel vous faites implicitement référence,”][http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/03/08/31001-20150308ARTFIG00094-la-reponse-de-michel-onfray-a-manuel-valls.php]

      Mais ou voyez-vous dans cet article Onfray contestant l’intelligence de Valls ? Onfray juge que Valls est dans l’erreur, mais l’erreur en question n’est nullement stupide. Pour Onfray, la vérité est une valeur en soi, et par conséquent une idée fausse « de gauche » ne vaut pas une idée vraie « de droite ». Pour Valls, les idées n’ont de valeur qu’en fonction des résultats qu’elles permettent d’obtenir. Et ainsi, une idée fausse « de gauche » vaut mieux qu’une idée vraie « de droite ». C’est le pragmatisme contre l’idéalisme. Ce qui est paradoxal, c’est qu’on trouve dans la position de Valls un écho de la devise soixante-huitarde « il vaut mieux avoir tort avec Sartre qu’avoir raison avec Aron », alors qu’Onfray, après avoir été longtemps soixante-huitard, semble rejeter le relativisme et se rapprocher d’une position classique que ne renierait pas Finkielkraut…

      [Peu importe. Sur ce point, il avait raison. Les propos de Valls étaient effectivement d’un crétinisme achevé.]

      Je ne suis pas d’accord. Je ne partage pas la vision de Valls, mais sa position n’a rien de « crétin ». C’est un vieux débat de savoir si une idée fausse qui améliore le monde vaut mieux qu’une idée vraie qui l’empire…

      [Vous vous rassurez. Quel besoin avait Valls d’aller chercher Onfray, pour des déclarations dont quasiment personne n’avait eu connaissance ?]

      J’ignore dans quel contexte Valls s’est senti obligé de commenter Onfray, mais j’aurais tendance à dire qu’avoir un ministre qui lit ce que les philosophes écrivent est plutôt une bonne chose, non ?

      [Quant à JMLP, je ne trouve pas du tout qu’il “joue aux beaufs”. Il se ; trouve qu’il est aussi, dans une certaine mesure, un “beauf”, car il est issu d’un milieu populaire.]

      Le « beauf » ne se distingue pas seulement par ses origines populaires, mais aussi par son manque de culture et sa superficialité. JMLP ne partage certainement pas cet aspect-là du beauf.

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [Je n’ai pas eu connaissance du texte d’Onfray auquel vous faites implicitement référence, mais Onfray contestant l’intelligence de Valls, c’est un peu l’hôpital se moquant de la charité, non ?][Voila l’exemple même d’un jugement sans appel sur ce que l’on est plutôt que sur ce que l’on fait.]

      Je n’ai pas très bien compris votre commentaire. Je ne juge ni l’un ni l’autre sur ce qu’ils « sont ». Mais j’ai écouté les deux parler, et j’ai lu au moins un livre de chacun d’entre eux. Je ne vois pas en quoi l’un pourrait se vanter d’être beaucoup plus intelligent que l’autre.

      [Michel Onfray n’est sans doute pas un grand penseur du XXIème siècle, il a bon nombre de prises de positions contestables – comme bien des gens que je connais d’ailleurs – mais on ne peut lui refuser le mérite d’apporter beaucoup à ses lecteurs et /ou auditeurs dont je suis et je trouve vos propos à son égard, désobligeants et non fondés en l’absence de faits précis.]

      Je ne vois pas en quoi il serait « désobligeant » de comparer l’intelligence de Michel Onfray à celle de notre premier ministre. Je note d’ailleurs que le fait qu’Onfray se permette de contester l’intelligence de Valls ne semble guère vous gêner. Alors pourquoi n’aurions nous aussi le droit de contester celle d’Onfray ?

      Personnellement, je ne suis pas aussi convaincu que vous qu’Onfray apporte tant que ça a ses lecteurs et/ou auditeurs. Ses livres et ses conférences sont souvent superficiels, et comme beaucoup d’intellectuels de sa génération il tend à faire des raisonnements ad hoc.

      [C’est fou ce que les “gens de gauche”, dans leur ensemble historique, ont, à mes yeux une propension à la détestation de ceux qui ne sont pas dans la droite ligne de leur dogme. Et même dans ce cas d’ailleurs. . . . . quelquefois.]

      Je ne comprends pas où vous voyez une quelconque « détestation »…

      [On ne peut réduire tous ceux qui l’apprécient totalement ou partiellement à une masse de gogo boboétisés parce qu’il développe un penchant libertaire.]

      Notez que vous êtes le seul ici qui à vouloir « réduire ceux qui apprécient » Onfray à quelque chose. Moi je n’ai parlé que d’Onfray, pas de ses admirateurs ou de ses disciples. Si je n’apprécie pas Onfray, ce n’est pas tant à cause de son « penchant libertaire » que de sa tendance à faire des raisonnements ad hoc pour soutenir ce « penchant ».

      [Ou faut-il lui préférer un Alain Badiou thuriféraire de Pol Pot ?]

      Pourquoi choisir entre la peste et le choléra ?

    • dsk dit :

      @ Descartes

      [” et finalement pour l’intelligence, c’est un homme qui a écrit plusieurs livres qui – même si on ne partage pas le point de vue de l’auteur – sont assez intéressants.”]

      Ah oui ? J’avoue que n’en suis pas franchement convaincu. Voici, par exemple, le début de son avant-dernier livre “L’énergie du changement”, avec mes commentaires :

      [“INTRODUCTION – Crise économique internationale, krach financier, poids insupportable de la dette, impuissance des États à se coordonner, chômage de masse, malaise démocratique, réchauffement climatique, catastrophe nucléaire, horreurs terroristes, insécurité, affaires politico-judiciaires, l’année 2011 – pour reprendre l’expression d’Amin Maalouf – est une année d’ampleur homérique.”]

      Ici, il est manifeste que Manuel Valls ne comprend pas le sens du mot “homérique” ( “qui présente le caractère extraordinaire, fabuleux, démesuré, de scènes décrites par Homère”), qui s’applique en effet difficilement à “l’impuissance des États à se coordonner”, au “malaise démocratique”, à “l’insécurité”, ou aux “affaires politico-judiciaires”. Il semble, en réalité, s’être contenté de reproduire une citation mise en exergue d’une interview de M. Amin Maalouf au magazine Le Point du 21/07/2011, sans prendre garde au fait que celui-ci y évoquait seulement le “printemps arabe”, et certainement pas l’année 2011 en général…

      http://www.lepoint.fr/grands-entretiens/amin-maalouf-l-annee-2011-est-d-ampleur-homerique-21-07-2011-1357330_326.php

      [“L’horizon est si sombre, les pesanteurs sont si lourdes, qu’il faut être fou ou d’une naïveté indécrottable pour proposer un abécédaire de l’optimisme…
      C’est tout le contraire.”]

      Il faut avouer que notre Premier ministre use ici d’un superbe style d’écriture. C’est tout le contraire…

      [“Bien sûr les sources d’inquiétudes sont grandes, parfois désarmantes. Toutes les composantes de la société française sont en proie au doute : les classes moyennes, les ouvriers, le monde paysan, la jeunesse, les retraités.”]

      Et quid des classes supérieures et des français d’âge moyen ?

      [“Nombreux se savent menacés par la crise financière, par le déclassement individuel et collectif qui en découle, par l’émergence de nouveaux concurrents, par les dangers qui pèsent sur la nature. Nous nous trouvons, tous, craignant pour notre niveau de vie ou notre identité, enfermés dans notre isolement, comme tétanisés devant l’ampleur des menaces et de la tâche à accomplir. Alors nous nous mettons à espérer. Espérer en un événement déclencheur, parfois même en un sauveur, bref en un facteur exogène qui tel un signe du ciel, un miracle, viendrait transformer une réalité insupportable et soulager le fardeau de nos peines.”]

      Mais à quel “facteur exogène” fait-il donc allusion ? Au retour de la croissance ? A la mise en œuvre d’une nouvelle politique, si tant est que l’on puisse qualifier ceci de “facteur exogène” ? Eh bien, rassurons-nous, la suite du texte ne nous l’apprendra pas.

      [“Ce signe ne viendra pas. En tout cas, il ne peut être l’horizon d’une action politique.”]

      Certes. Surtout si l’on ne sait même pas de quoi il peut bien être question.

      [“Ce petit livre rouge – au-delà du clin d’œil et bien loin des fausses espérances maoïstes – est rouge comme une interpellation, rouge comme un rappel à l’ordre, comme une exhortation, rouge comme un devoir, celui d’être désespérément optimiste !”]

      Rouge, surtout, comme une absurdité : si l’on est optimiste, c’est forcément que l’on espère.

      [“Un optimisme que je puise notamment dans mon expérience d’élu de terrain et de maire d’une grande ville populaire où rien n’est facile, mais où les énergies existent bel et bien. Un optimisme que je trouve également dans le formidable Printemps des peuples arabes qui, malgré bien des incertitudes, démontre l’aspiration à des valeurs universelles.”]

      Eh bien, n’est-ce pas là puiser son optimisme dans des facteurs exogènes ?

      [“N’en déplaise à ceux qui ne feront pas l’effort de se confronter à ces pages, ce livre est une gifle aux vains espoirs, un camouflet au confort de la déresponsabilisation, et surtout une ode militante aux combats optimistes.”]

      Je dirais que c’est certainement une gifle au vains espoirs de lire quelque chose de sensé.

      [“La mort de l’espoir stérile, c’est la renaissance de l’optimisme de l’action.”]

      C’est très beau. Bon, je m’arrête là, faute de temps, mais tout le reste est du même acabit : ce ne sont qu’idées confuses exprimées de façon grotesque. Pour moi, la réponse est désormais sans appel : oui, Valls est bien un “crétin”.

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [Ici, il est manifeste que Manuel Valls ne comprend pas le sens du mot “homérique” ( “qui présente le caractère extraordinaire, fabuleux, démesuré, de scènes décrites par Homère”), qui s’applique en effet difficilement à “l’impuissance des États à se coordonner”, au “malaise démocratique”, à “l’insécurité”, ou aux “affaires politico-judiciaires”.]

      Je n’aime pas trop l’expression, mais elle n’est pas particulièrement inappropriée. « Homérique » s’applique parfaitement à une catastrophe. Parler d’une « annus horribilis » comme « homérique » n’est pas totalement hors de propos.

      [Il semble, en réalité, s’être contenté de reproduire une citation mise en exergue d’une interview de M. Amin Maalouf au magazine Le Point du 21/07/2011, sans prendre garde au fait que celui-ci y évoquait seulement le “printemps arabe”, et certainement pas l’année 2011 en général… ]

      Là, vous êtes injuste. Valls n’écrit pas « comme dit Amin Maalouf ». Il écrit au contraire « pour reprendre l’expression d’Amin Maalouf ». Il est donc parfaitement conscient qu’il reprend la forme et non le fond du commentaire de Maalouf. Encore une fois, je trouve que votre haïne du personnage vous égare…

      [Il faut avouer que notre Premier ministre use ici d’un superbe style d’écriture. C’est tout le contraire…]

      J’ai dit que Valls était « intelligent ». Pas qu’il est un poète ou un styliste… Il est vrai que son style est plutôt pataud, et dans l’introduction que vous citez il fait une mauvaise copie d’ENA, alignant les lieux communs et les phrases toutes faites. Il faut dire que de tous ses livres c’est le moins intéressant : ce n’est pas un véritable livre, mais plutôt un programme électoral en vue de la primaire socialiste de 2011.

      [“Bien sûr les sources d’inquiétudes sont grandes, parfois désarmantes. Toutes les composantes de la société française sont en proie au doute : les classes moyennes, les ouvriers, le monde paysan, la jeunesse, les retraités.”][Et quid des classes supérieures et des français d’âge moyen ?]

      Et bien, les français d’âge moyen qui ne sont ni ouvriers, ni paysans et n’appartiennent pas aux classes moyennes ne sont pas en proie au doute, pas plus que les classes supérieures. Cela semble assez évident…

      [“Nombreux se savent menacés par la crise financière, par le déclassement individuel et collectif qui en découle, par l’émergence de nouveaux concurrents, par les dangers qui pèsent sur la nature. Nous nous trouvons, tous, craignant pour notre niveau de vie ou notre identité, enfermés dans notre isolement, comme tétanisés devant l’ampleur des menaces et de la tâche à accomplir. Alors nous nous mettons à espérer. Espérer en un événement déclencheur, parfois même en un sauveur, bref en un facteur exogène qui tel un signe du ciel, un miracle, viendrait transformer une réalité insupportable et soulager le fardeau de nos peines.”][Mais à quel “facteur exogène” fait-il donc allusion ? Au retour de la croissance ? A la mise en œuvre d’une nouvelle politique, si tant est que l’on puisse qualifier ceci de “facteur exogène” ? Eh bien, rassurons-nous, la suite du texte ne nous l’apprendra pas.]

      Je vous trouve ici d’une mauvaise foi assez flagrante. Le paragraphe est assez clair, et n’a pas besoin de « la suite du texte ». Valls parle ici d’une société tétanisée et qui attend que son salut vienne de l’extérieur. Pour Valls, peu importe la nature du « facteur exogène » dont les gens attendent leur salut. Ce n’est d’ailleurs pas nécessairement le même pour telle ou telle catégorie. La distinction qu’il fait se situe entre le fait de chercher son salut dans ses propres actions, ou dans l’attente d’un changement venu de l’extérieur. J’ajoute que, lorsqu’on voit combien Hollande à joué son va-tout en pariant sur le changement de la conjoncture mondiale et européenne, on peut trouver ce paragraphe commis par son premier ministre assez ironique.

      [“Ce petit livre rouge – au-delà du clin d’œil et bien loin des fausses espérances maoïstes – est rouge comme une interpellation, rouge comme un rappel à l’ordre, comme une exhortation, rouge comme un devoir, celui d’être désespérément optimiste !”][Rouge, surtout, comme une absurdité : si l’on est optimiste, c’est forcément que l’on espère.]

      Ca s’appelle un « oxymore ». Une figure de style tout à fait respectable. Faudrait savoir ce que vous voulez : quand il écrit sans style, vous lui reprochez. Quand il fait une figure de style, aussi ?

      [“Un optimisme que je puise notamment dans mon expérience d’élu de terrain et de maire d’une grande ville populaire où rien n’est facile, mais où les énergies existent bel et bien. Un optimisme que je trouve également dans le formidable Printemps des peuples arabes qui, malgré bien des incertitudes, démontre l’aspiration à des valeurs universelles.”][Eh bien, n’est-ce pas là puiser son optimisme dans des facteurs exogènes ?]

      Non, puisqu’il prend le « formidable printemps des peuples » comme un symptôme, « démontrant » l’aspiration à des valeurs universelles, et non comme une cause.

      [Pour moi, la réponse est désormais sans appel : oui, Valls est bien un “crétin”.]

      Sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, il nous faudra nous mettre d’accord sur le fait que nous sommes en désaccord…

    • dsk dit :

      @ Descartes

      [Il semble, en réalité, s’être contenté de reproduire une citation mise en exergue d’une interview de M. Amin Maalouf au magazine Le Point du 21/07/2011, sans prendre garde au fait que celui-ci y évoquait seulement le “printemps arabe”, et certainement pas l’année 2011 en général… ] [Là, vous êtes injuste. Valls n’écrit pas « comme dit Amin Maalouf ». Il écrit au contraire « pour reprendre l’expression d’Amin Maalouf ». Il est donc parfaitement conscient qu’il reprend la forme et non le fond du commentaire de Maalouf.]

      Avez-vous déjà songé à une carrière d’avocat ?;-)

      [Pour moi, la réponse est désormais sans appel : oui, Valls est bien un “crétin”.]

      [Sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres, il nous faudra nous mettre d’accord sur le fait que nous sommes en désaccord…]

      Soit. Je tiens néanmoins à vous remercier, car sans vous, je dois dire que je n’aurais sans doute jamais songé à ouvrir un livre de Manuel Valls. Or cette lecture m’a ouvert de nouvelles perspectives sur ce personnage. En effet, je trouve que l’on sent, dans ce texte, quelque chose d’autre que de la bêtise. Il y a là, en réalité, une forme de pensée carrément délirante, sur un arrière-plan dépressif, que traduit assez bien la formule “désespérément optimiste”. Ceci me paraît éclairer d’un nouveau jour sa récente sortie sur sa “peur” du FN, qu’il lui faudrait “regarder en face”, le caractère obsessionnel de ses discours, sa véritable guerre, que j’avais déjà qualifié de “folle” contre Dieudonné, ses tremblements, ses emportements etc. Philippot a dit plusieurs fois que Valls devrait “prendre des vacances”. Je comprends mieux pourquoi.

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [Avez-vous déjà songé à une carrière d’avocat ?;-)]

      Pourquoi, vous pensez que j’aurais été bon ? Je ne vous cache pas que c’est une profession qui m’aurait bien attiré… mais il y en a tant que j’aurais aimé faire, et notre vie est si courte…

      [Soit. Je tiens néanmoins à vous remercier, car sans vous, je dois dire que je n’aurais sans doute jamais songé à ouvrir un livre de Manuel Valls. Or cette lecture m’a ouvert de nouvelles perspectives sur ce personnage. En effet, je trouve que l’on sent, dans ce texte, quelque chose d’autre que de la bêtise.]

      Sur ça, nous pouvons être d’accord. J’ai dit qu’à mon avis on ne pouvait nier que Valls était « intelligent, volontaire et courageux ». Mais cela n’implique pas qu’il n’ait pas d’autres défauts de caractère, comme on aurait dit au XVIIIème. Il est intelligent, mais son intelligence est surtout tactique, et il n’a pas la hauteur de vues qui fait toute la différence entre un politique efficace et un véritable homme d’Etat. Pour le dire autrement, si nos hommes d’Etat ont été des hommes d’action, ils ont surtout été des contemplatifs, capables de s’isoler pour lire un livre, pour se promener, amoureux des discussions générales au coin du feu. Au point de se fabriquer chacun d’eux un « coin secret » où ils pouvaient s’isoler – Colombey pour le Général, Latché pour Mitterrand… Valls n’est rien de tout ça. Il n’a aucune capacité à s’abstraire du temps présent, à parler d’autre chose que de la crise en cours. On ne l’imagine pas discutant des œuvres de Maupassant. Il vit dans le présent. Si vous ajoutez à cela un goût de la castagne plutôt que de la réflexion, vous aurez une idée du personnage.

      Peut-être le plus intéressant, c’est de constater combien ce profil psychologique est aujourd’hui répandu parmi les politiques en activité. Copé, par exemple, ou Le Maire. Le profil de Sarkozy n’est pas très différent, sauf que Sarkozy est beaucoup plus conscient de ses limites et tend à s’entourer de conseillers qui sont très différents de lui – Guaino, Buisson. Valls n’est finalement qu’un Sarkozy qui ne saurait pas s’entourer.

      [Il y a là, en réalité, une forme de pensée carrément délirante, sur un arrière-plan dépressif, que traduit assez bien la formule “désespérément optimiste”.]

      Je partage.

      [Philippot a dit plusieurs fois que Valls devrait “prendre des vacances”. Je comprends mieux pourquoi.]

      La formule est intéressante, d’autant plus que Philippot est plutôt du genre contemplatif et ne vit pas dans le présent. Je pense qu’inconsciemment il a plutôt voulu dire que Valls ferait bien de prendre de la hauteur, de cesser de regarder devant sont nez et d’embrasser une perspective plus large. Je ne suis pas sûr qu’il en soit capable. C’est très dommage parce que, comme je vous l’avais dit, il a des qualités indéniables de courage et de volonté qui ne sont pas si courantes que ça chez la gent politique. Mais c’est un pur produit du parti socialiste façonné par François Mitterrand, ou la lutte pour la survie est permanente et tout le monde est trop occupé à esquiver les coups de couteau dans le dos de ses petits camarades et à planter le sien dans leur dos. Pas un milieu qui peut encourager la réflexion et la confrontation d’idées.

    • dsk dit :

      @ Descartes

      [Avez-vous déjà songé à une carrière d’avocat ?;-)] [Pourquoi, vous pensez que j’aurais été bon ?]

      Certainement. Valls était sans doute un cas désespéré. Je dirais même que c’était faire preuve d’un “optimisme désespéré” que de vouloir le défendre. Mais pour le reste, je dois dire que vous m’étonnez souvent par votre faculté à opposer des arguments convaincants aux discours les plus divers.

      [Peut-être le plus intéressant, c’est de constater combien ce profil psychologique est aujourd’hui répandu parmi les politiques en activité.]

      Effectivement. Faut-il y voir un effet de la démocratie, qui aurait une tendance naturelle à porter au pouvoir des individus en lesquels l’électeur moyen reconnaîtrait sa propre médiocrité intellectuelle ? Ou bien l’effet du libéralisme qui n’a besoin, pour mettre en œuvre son idéal de “laisser-faire”, que d’hommes politiques tout juste bons, précisément, à ne rien faire ? Les deux ?

    • Descartes dit :

      @ dsk

      [Certainement. Valls était sans doute un cas désespéré. Je dirais même que c’était faire preuve d’un “optimisme désespéré” que de vouloir le défendre. Mais pour le reste, je dois dire que vous m’étonnez souvent par votre faculté à opposer des arguments convaincants aux discours les plus divers.]

      Comme disait Vergès, « le pire des salauds mérite le meilleur des avocats ». Je dois dire que je me suis formé auprès d’un père qui adorait la discussion, et qui était un grand partisan de l’entraînement rabbinique. L’exercice qui consiste à mettre face-à-face deux étudiants et de demander à l’un de refuter l’écriture et à l’autre de la défendre est un excellent exercice pour comprendre d’abord la relativité de toute opinion, et ensuite la logique interne de la construction d’un argument, indépendamment du fait de savoir qui a raison et qui a tort… Je trouve d’ailleurs que c’est un exercice très utile. Si plus de militants de gauche essayaient de temps en temps à titre d’exercice de défendre les positions de Sarkozy ou de Le Pen, ils comprendraient peut-être mieux pourquoi les idées nepassent pas.

      [Effectivement. Faut-il y voir un effet de la démocratie, qui aurait une tendance naturelle à porter au pouvoir des individus en lesquels l’électeur moyen reconnaîtrait sa propre médiocrité intellectuelle ?]

      Non, je ne crois pas. D’abord, parce que l’électeur moyen n’a pas forcément le comportement que vous lui attribuez. En France, notamment, l’électeur est très ambigu. D’un côté, il aime avoir des dirigeants cultivés et intellectuellement supérieurs. D’un autre, il tombe facilement dans le populisme anti-intellectuel genre Raffarin. Mais pendant très longtemps c’est la première tendance qui l’a emporté : les dirigeants politiques, qu’ils sortent des meilleures écoles et universités (De Gaulle, Pompidou, Giscard, Chirac, Mitterrand) ou qu’ils soient autodidactes (Marchais, Séguy, Krasucki, Le Pen) ont généralement été des hommes très cultivés et ayant un sens aigu de l’Histoire et de son caractère tragique.

      Si les profils comme ceux de Valls ou de Sarkozy deviennent de plus en plus fréquents, c’est parce que la politique elle-même a changé. Pour les générations précédentes, elle était un sacerdoce, un devoir, une passion, mais rarement un métier comme un autre. On entrait en politique comme on entre en religion, pas comme on est embauché chez Carrefour. Et la société elle-même a changé : faire de la politique est de plus en plus une question de forme et de moins en moins une question de fond. L’important, c’est d’être élu, les convictions sont facultatives. Et lorsque l’environnement change, les êtres vivants s’adaptent. La politique d’aujourd’hui a fabriqué de redoutables bêtes politiques dont les capacités intellectuelles et physiques sont totalement tournées vers la communication. Ségolène Royal, Manuel Valls, Nicolas Sarkozy ont cela en commun.

      Bien entendu, cette transformation n’arrive pas par hasard. L’éloignement du spectre de guerre en Europe, le triomphe des idées libérales avec le transfert concomitant du pouvoir aux grands intérêts financiers et à la technocratie bruxelloise ont réduit considérablement le rôle des politiques. Personne aujourd’hui, lorsqu’il vote pour un président, ne se demande si le candidat de son choix serait capable de conduire la France dans une guerre mondiale, ni même dans une grave crise sociale.

  3. Jacques Payen dit :

    J’ai rarement lu un exposé aussi ramassé et éclairant de ce que sont la lettre et l’esprit de la Vème République.
    République honnie par la cohorte de ceux qui ont toujours bafoué son ressort : le principe de responsabilité absolue devant le souverain peuple…
    Ce que vous dites de l’épisode 86/88 est capital.
    Chacun peut noter que la défiance chronique de l’électorat pour la gent des partis suit cet épisode.
    Nous ne finissons pas de crever du poison qu’il a instillé.
    Dors tranquille Mitterrand ! Tu as eu la peau de la Vème ! ( avec aussi l’aide des petites mains du RPR : Chirac, Balladur, Juppé etc).
    Le triomphe du FN demain (45% au deuxième tour de la Présidentielle sans doute) finira le travail.

    • Descartes dit :

      @ Jacques Payen

      [République honnie par la cohorte de ceux qui ont toujours bafoué son ressort : le principe de responsabilité absolue devant le souverain peuple…]

      Exact. La logique de la Vème République est celle de la responsabilité. Elle tire les leçons des excès de la IIIème puis de la IVème : le système de la « combinazione » parlementaire a pour effet de diluer les responsabilités. Des lois sont votées ou rejetées, des gouvernements investis ou renversés, quelquefois pour des broutilles ou parce qu’ils dérangent un groupe d’intérêt, sans que personne ne prenne la responsabilité. Le gouvernement ne peut être tenu responsable de ce qu’il fait, puisqu’il lui faut en permanence composer avec les groupuscules parlementaires qui font et défont les majorités, le député n’est individuellement responsable de rien puisque ce n’est pas son vote qui fait la différence.

      La Vème République a mis fin à tout ça. Elle produit un capitaine qui, étant seul maître à bord, ne peut se défausser de ses responsabilités lorsque le bateau touche l’iceberg. Et ce maître n’est pas un despote, puisque son pouvoir peut être mis en cause à tout moment, mais seulement devant le peuple souverain. Cette merveilleuse mécanique a toujours déplu aux lobbies et autres groupuscules, qui avaient beaucoup plus de pouvoir dans la logique des majorités à géométrie variable.

      [Ce que vous dites de l’épisode 86/88 est capital. Chacun peut noter que la défiance chronique de l’électorat pour la gent des partis suit cet épisode.]

      Tout à fait. A l’époque, la plupart des commentateurs a manqué – comme d’habitude – l’importance de l’événement. La plupart d’entre eux se sont contentés d’y voir une lutte de pouvoirs entre un parti socialiste malmené par les électeurs et une droite triomphante. La décision de Mitterrand de se cramponner au fauteuil a été vue comme une décision de circonstance, et rares ont été ceux qui se sont demandés ce qu’elle pouvait signifier dans le long terme pour nos institutions.

      [Dors tranquille Mitterrand ! Tu as eu la peau de la Vème ! ( avec aussi l’aide des petites mains du RPR : Chirac, Balladur, Juppé etc).]

      Il ne mérite ni cet excès d’honneur, ni cette indignité. La Vème gaullienne est morte parce que le principe de responsabilité lui-même est mort. Il ne faut pas oublier que notre caste politique n’a jamais vraiment aimé la Vème. C’était une idée qu’on défendait à droite parce que c’était une « lubie du Général », et que la gauche, même la gauche jacobine, n’accepta que sur le tard. L’irresponsabilité qui vient en France avec le régime parlementaire – ce que Maurice Duverger appelait la « nostalgie de l’impuissance » – correspond beaucoup mieux aux logiques et aux intérêts de notre classe politique. L’enterrement de la Vème en 1986 a été l’acte politique le plus consensuel de l’histoire récente.

  4. Georges Dubuis dit :

    Début de siècle, fin d’un cycle, la nation: la maison est à l’ordre du jour, même Mélanchon est condamné à mettre du bleu dans son rouge, un spectre hante ce monde et c’est pas le communisme, c’est LA fantaisie, dont le marxisme fait intégralement parti dés le départ devenu parti sociétal fatalement. La finance anglo americaine est ce point d’appui qui renverse le monde ochidental ultra libéral gâté , créateur de chaos, c’est le temps du n’importe quoi comme disait Bécaud et qui a peur du père fouettard Poutine, un homme du renseignement celui là, grand joueur d’échecs orthodoxe et pratique.

  5. gugus69 dit :

    Mon cher ami et camarade, je suis confronté au même dilemme que vous dans mon canton : un homme EELV et une femme PCF. Quand on aura dit que la dame est ingénieur EDF, on imagine le beau mariage de la carpe et du lapin ! Comment voulez-vous que je vote pour un pareil “binôme” ? Moi qui suis électeur communiste depuis 40 ans, membre de l’union rationaliste, partisan du renforcement et de la modernisation de notre parc électro-nucléaire, plutôt souverainiste et partisan du retrait de l’Euro, vous m’imaginez voter pour un candidat EELV ??? Je voterai blanc en glissant dans l’enveloppe la reproduction d’un tract communiste … de 1936 : “Pour le bonheur de la famille, votez communiste !”
    Mais aujourd’hui, on vote aussi pour une municipale partielle à Vénissieux, où les communistes “gérinistes” dirigent une liste de toute la gauche sauf le PS, contre la droite et l’extrême droite, sur des bases de classe, mais aussi contre la liste du PS soutenue par le patron de la métropole Gérard Collomb, qui aimerait bien déglinguer le dernier gros bastion rouge du sud-est de la France.
    Et là, la bataille se fait sur des idées et des programmes, pour la défense des institutions issues de la Révolution et proches du peuple : la commune, le département, la République une et indivisible dont les territoires sont solidaires, notamment grâce à l’unicité des services publics, contre l’idée européiste des métropoles et des régions concurrentes et “mieux offrantes” au capital. Je suis de ceux qui souhaitent que cette municipale montre que les communistes peuvent l’emporter quand ils sortent le drapeau rouge de leur poche. Les électeurs nous diront cela…

    • Descartes dit :

      @ gugus69

      [Mon cher ami et camarade, je suis confronté au même dilemme que vous dans mon canton : un homme EELV et une femme PCF. Quand on aura dit que la dame est ingénieur EDF, on imagine le beau mariage de la carpe et du lapin ! Comment voulez-vous que je vote pour un pareil “binôme” ?]

      Tout à fait. Le système de vote « binomial » est d’ailleurs assez révélateur de la vision « politicienne » des élections. Si le but était la parité, on aurait pu exiger la présentation dans chaque circonscription d’un candidat homme et d’une candidate femme séparément, permettant à l’électeur de voter éventuellement par deux candidats présentés par des partis différents. On a préféré en faire un « binôme », ce qui permet aux partis de faire « tirer » un candidat inconnu par un candidat populaire, donnant ainsi plus de possibilités aux directions de « caser » des apparatchiks. Mais le plus grave n’est pas là : comme il s’agit d’élire un conseiller départemental – et non, comme c’est le cas dans les élections municipales ou régionales, une liste complète – les « programmes » n’ont pas grand sens, puisqu’on pourra difficilement reprocher à un conseiller de ne pas avoir réalisé son « programme ». Du coup, l’association de la carpe et du lapin se fait sans que la carpe et le lapin aient a négocier un véritable accord politique.

      Personnellement, je refuse de voir mon vote pris en otage. Je ne voterai pas pour un candidat écologiste pour pouvoir voter pour le candidat communiste.

      [Moi qui suis électeur communiste depuis 40 ans, membre de l’union rationaliste, partisan du renforcement et de la modernisation de notre parc électro-nucléaire, plutôt souverainiste et partisan du retrait de l’Euro, vous m’imaginez voter pour un candidat EELV ??? Je voterai blanc en glissant dans l’enveloppe la reproduction d’un tract communiste … de 1936 : “Pour le bonheur de la famille, votez communiste !”]

      Mettez plutôt le bulletin du candidat communiste avec le nom de l’écologiste barré. Le vote sera nul, mais les scrutateurs verront le message.

      [Mais aujourd’hui, on vote aussi pour une municipale partielle à Vénissieux, où les communistes “gérinistes” dirigent une liste de toute la gauche sauf le PS (…)]

      Au moins là vous savez pour qui il faut voter ! Et de tout cœur avec Gérin !

  6. bovard dit :

    Attention au tropisme pro FN qui est un parti à Franchise.En effet,le FN est un parti qui a des électeurs mais n’a pas de cadres locaux..Seule l’étiquette,’Lepen/FN’ est porteuse.Pas de cadrelocaux donc pas d’implantations locales donc évidemment trés peu d’élus.Le FN reste fondamentalement la PME lepen,sans implantation dans les territoires mais recueille le vote protestataire.
    Pour la gauche radicale entièrement d’accord avec vous.Une précision concernant eelv/PS puis ‘Gerson le canard’ et le Béarn.
    À l’échelle nationale, pourtant, le parti écolo n’a opté pour un rapprochement avec le PS que dans un cas sur dix. Dans 45 % des situations, les militants ont préféré former des alliances avec tout ou partie du Front de gauche. C’est le cas dans les Pyrénées-Atlantiques où Europe Écologie-Les Verts et le Front de gauche présenteront des binômes communs dans les quinze cantons du département. « Nous avons débuté des discussions à l’automne pour y parvenir. Sur le terrain, les militants des deux familles se retrouvent régulièrement, par exemple contre ce projet ruineux et totalement inutile d’une nouvelle autoroute entre Pau et Oloron », se réjouit Olivier Dartigolles, patron du PCF en Béarn.

    • Descartes dit :

      @ bovard

      [Attention au tropisme pro FN qui est un parti à Franchise. En effet, le FN est un parti qui a des électeurs mais n’a pas de cadres locaux.. Seule l’étiquette,’Lepen/FN’ est porteuse. Pas de cadres locaux donc pas d’implantations locales donc évidemment très peu d’élus. Le FN reste fondamentalement la PME lepen, sans implantation dans les territoires mais recueille le vote protestataire.]

      C’était en partie vrai il y a quelques années, c’est de moins en moins vrai aujourd’hui. Si le FN n’a pas un maillage serré du territoire – comme ce fut le cas du PCF, du PS ou des avatars du gaullisme – il a toujours eu des implantations locales non négligeables dans certaines régions, avec des cadres locaux et, quelquefois, des élus. C’était le cas par exemple sur le pourtour méditerranéen, là où les rapatriés d’Algérie étaient nombreux et organisés. L’ambition de passer d’une implantation locale au niveau national pose au FN d’énormes problèmes. On l’a vu avec le choix des candidats pour les dernières élections locales, municipales ou départementales. Sans cadres locaux, sans structure pour faire le « filtre », on a vu un peu tout et n’importe quoi. Mais la volonté des dirigeants du FN est claire : ils veulent installer le FN comme parti « institutionnalisé » et non plus comme « franchise ».

      [À l’échelle nationale, pourtant, le parti écolo n’a opté pour un rapprochement avec le PS que dans un cas sur dix. Dans 45 % des situations, les militants ont préféré former des alliances avec tout ou partie du Front de gauche. C’est le cas dans les Pyrénées-Atlantiques où Europe Écologie-Les Verts et le Front de gauche présenteront des binômes communs dans les quinze cantons du département. « Nous avons débuté des discussions à l’automne pour y parvenir. Sur le terrain, les militants des deux familles se retrouvent régulièrement, par exemple contre ce projet ruineux et totalement inutile d’une nouvelle autoroute entre Pau et Oloron », se réjouit Olivier Dartigolles, patron du PCF en Béarn.]

      On dit souvent que la vérité sort de la bouche des imbéciles, mais l’exemple que vous donnez fait mentir le dicton. En fait, il illustre parfaitement mon point : le politicard a bouffé le politique. On se « rassemble » non pas a partir d’un débat d’idées aboutissant à un compromis sur un projet, mais sur le minimum commun dénominateur de ce qu’on ne veut pas. Et ce faisant, on se condamne à se penser en éternel opposant. Croyez-vous que si Dartigolles et consorts, au lieu de discuter des « projets ruineux et totalement inutiles » avaient commencé le débat sur ce qu’ils ont a proposer comme projets « économiques et totalement utiles », il y aurait eu accord avec les écologistes ?

      Au risque de me répéter : si la « gauche radicale » reste au stade groupusculaire, ce n’est pas parce que les électeurs l’ont ainsi décidé. C’est parce qu’elle se pense en termes de politique groupusculaire. Pour avoir une chance d’accéder au pouvoir, il faut d’abord être capable de se penser au pouvoir. Les électeurs ne sont pas idiots, et ils ne vous confieront pas le pouvoir de conduire la politique de la nation à une coalition qui n’est d’accord que pour ne pas faire.

  7. Jo dit :

    Votre analyse sur l’alliance de la carpe et du lapin est exacte. Que Pierre Laurent ait cette nouvelle force politique comme projet révèle le néant qui a envahi son cerveau et la coupole de la place du colonel Fabien. Comme vous l’écrivez, l’objectif ne consiste pas à répondre à l’aspiration populaire, mais d’additionner les logos, en espérant additionner des voix pour caser des élus. En effet, à Paris par exemple, les municipales de l’année dernière n’avaient que cet objectif : placer des permanents comme élus (ça permet de faire payer à la collectivité ce que les cotisations des militants ne permettent plus de faire…). Cela leur permet, à ces élus-permanents, de continuer leur entre-soi, et à n’avoir comme discours non pas une pensée, une doctrine, une idéologie, mais simplement de se faire plaisir, de blablater un spontanéisme qui dit tout et son contraire (dernier exemple en date : du “je suis charlie” à tour de bras, et derrière un meeting avec les Indigènes de la république… oh yeah !) et n’admet, pourtant, jamais la contradiction. Après 10 ans dans ce traquenard, j’ai préféré rendre ma démission.

    • Descartes dit :

      @ jo

      [Comme vous l’écrivez, l’objectif ne consiste pas à répondre à l’aspiration populaire, mais d’additionner les logos, en espérant additionner des voix pour caser des élus.]

      Si les débats portaient sur les projets, alors on voit mal pourquoi ce qui est incompatible dans un canton serait compatible dans le canton voisin. Or, on voit que la cartographie des alliances varie radicalement d’un canton à l’autre… La chose devient tellement ridicule que le ministère de l’Intérieur n’arrive plus à calculer les pourcentages des uns et des autres. En effet, lorsque vous avez une liste « d’union citoyenne » comprenant le Front de Gauche, les verts et le NPA, à qui faut-il attribuer les voix ? Faut-il les additionner aux listes qui incluent le FdG et le NPA mais pas les verts ? Ou vice-versa ? Dans ces conditions, comment voulez-vous que les électeurs s’y retrouvent ?

      [En effet, à Paris par exemple, les municipales de l’année dernière n’avaient que cet objectif : placer des permanents comme élus (ça permet de faire payer à la collectivité ce que les cotisations des militants ne permettent plus de faire…).]

      Et d’assurer la place de Pierre Laurent au Sénat. Laurent est ainsi le premier leader du PCF depuis 1945 a n’avoir jamais reçu l’onction du suffrage universel. Tout un symbole…

      [(dernier exemple en date : du “je suis charlie” à tour de bras, et derrière un meeting avec les Indigènes de la république… oh yeah !)]

      C’est quoi, ce meeting ? Avez-vous une référence ? Merci.

    • Jo dit :

      Oui j’ai des références :
      http://www.marianne.net/quand-gauche-radicale-s-acoquine-accros-integrisme-100231602.html
      Le meeting a eu lieu le 6 mars dernier à Saint-Denis. La fine fleur de la gauche “anti-discriminations” appelait au meeting ; le PG s’en est désolidarisé. Quant au PCF, toujours très clair, il a maintenu sa signature mais n’a envoyé personne. Rebelote samedi 21 mars avec une manif organisée par les mêmes :
      http://www.marianne.net/mouvance-antiraciste-malade-du-confusionnisme-100232163.html

    • Descartes dit :

      @ Jo

      [Oui j’ai des références : http://www.marianne.net/quand-gauche-radicale-s-acoquine-accros-integrisme-100231602.html%5D

      Je te remercie beaucoup. Il faut quand même se méfier des listes de signataires qui figurent dans ce genre d’appels. Souvent les organisateurs – les « indigènes » sont largement coutumiers du fait – « gonflent » les listes de signataires, sachant pertinemment que beaucoup d’organisations politiques n’ont pas les moyens humains et matériels de surveiller l’usage qui est fait de leur nom et de le faire enlever le cas échéant. Par ailleurs, beaucoup d’organisations fonctionnent sans qu’il soit très clair qui a le droit de parler en leur nom. Ainsi, par exemple, lorsqu’il apparaît que « le PCF » appelle à cette manifestation, cela veut dire quoi ? Que Pierre Laurent a donné son accord ? Un membre de l’Exécutif national ? Le secrétaire fédéral ? Le secrétaire de section ? Un militant communiste connu ?

    • Jo dit :

      Oui, je sais très bien tout ça et les ambiguïtés liées à ce genre d’appel. Mais cette affaire a néanmoins fait un peu polémique et le PG s’est clairement exprimé pour refuser de participer à cet appel, tandis qu’EELV a, lui, retiré sa signature… On sait aussi que Clémentine Autain, jadis, avait revendiqué de signer un texte des Indigènes avant de le retirer sous la pression…
      Ce que je veux mettre en évidence ici, c’est que le flou dans lequel se trouve le PCF se révèle par exemple dans cette incapacité à décider ce qu’est sa ligne y compris lors d’une crise comme celle-ci qui devrait l’obliger à la clarifier : soit la république, la laïcité, l’universalisme, les Lumières, soit le communautarisme, le différentialisme, le culte des “minorités”, la théorie de la domination symbolique, etc. Je crois que, au fond, les communistes sont attachés à la première, mais que les contingences électorales, singulièrement en banlieue, et une certaine paresse intellectuelle (conduisant notamment à l’entretien de liens étroits avec Clémentine…) amènent à ce que ce soit finalement la deuxième qui soit défendue dans les actes.

    • Descartes dit :

      @ jo

      [Ce que je veux mettre en évidence ici, c’est que le flou dans lequel se trouve le PCF se révèle par exemple dans cette incapacité à décider ce qu’est sa ligne y compris lors d’une crise comme celle-ci qui devrait l’obliger à la clarifier : soit la république, la laïcité, l’universalisme, les Lumières, soit le communautarisme, le différentialisme, le culte des “minorités”, la théorie de la domination symbolique, etc.]

      Je suis tout à fait d’accord avec vous sur ce point. Pour aller plus loin, il faut comprendre que ces deux « pôles » idéologiques correspondent à des classes sociales et des intérêts différents. La tradition jacobine et illuministe est celle du PCF « ouvriériste » issu de la guerre de 1939-45, les idées « post-modernes » sont celles des dirigeants et des militants des « classes moyennes » arrivés souvent dans la foulée de mai 1968.

      [Je crois que, au fond, les communistes sont attachés à la première, mais que les contingences électorales, singulièrement en banlieue, et une certaine paresse intellectuelle (conduisant notamment à l’entretien de liens étroits avec Clémentine…) amènent à ce que ce soit finalement la deuxième qui soit défendue dans les actes.]

      A partir des années 1990, le pôle « post-moderne » s’est imposé au PCF, surtout chez les dirigeants. Mais une partie importante de la base et des cadres intermédiaires reste attachée à la tradition jacobine et rationaliste. D’où les hésitations apparentes et les va-et-vient entre les deux pôles.

  8. bovard dit :

    Le PCF en 2008 et le Front de gauche en 2011 recueillent entre 8,8 et 8,9% des suffrages exprimés sur la France métropolitaine et 9,4% sur les cantons où ils sont présents (environ 3.600 au total pour 2008 et 2011). En 2015, les binômes où figure au moins une composante du Front de gauche recueillent 9,4% des suffrages exprimés sur le total des cantons métropolitains et 11,9 % sur les seuls cantons où il présentait des candidats (1.540 cantons). Si on laisse de côté les 0,6% obtenus par une alliance PC-PS, le FDG retrouve son niveau global des scrutins précédents, alors que la gauche s’effondre. Le phénomène est encore accentué si l’on se fixe sur les seuls cantons où il était présent d’une manière ou d’une autre : on se rapproche alors du résultat de la présidentielle de 2012.

    L’ouverture des alliances vers d’autres composantes de la gauche dite “radicale” et surtout l’esquisse d’un rapprochement local avec Europe-Écologie-Les Verts ont montré leur utilité dans un contexte périlleux. Mais le résultat confirme aussi que le Front de gauche n’a pas su apparaitre comme une alternative attractive au socialisme recentré. La fonction de “coup de pied dans la fourmilière” a été assurée par le FN. Et les composantes du FDG n’ont pas su imposer une image suffisamment claire, dynamique et crédible pour rompre la morosité qui accompagne depuis longtemps le recul du mouvement ouvrier et le démantèlement de “l’État-providence”.
    La méthode pour le calcul est simple:additions ont été faites des scores de toutes les listes où fdg apparaissait.Ne soyons pas excessif en perrorant que cela ne signifie rien,SVP,un peu de sérieux:Vous êtes dans le salon de Monsieur Descartes….
    De plus il est tout à fait possible d’être écologiste,pro-nucléaire civil aprés référendum(gagné d’avance…),cotisant au PCF comme moi et partisan de plus d’alliances avec EELV et les frondeurs du PS plus qu’avec les mélencheno-gauchistes du PG.

    • Descartes dit :

      @ bovard

      [Le PCF en 2008 et le Front de gauche en 2011 recueillent entre 8,8 et 8,9% des suffrages exprimés sur la France métropolitaine et 9,4% sur les cantons où ils sont présents (environ 3.600 au total pour 2008 et 2011). En 2015, les binômes où figure au moins une composante du Front de gauche recueillent 9,4% des suffrages exprimés sur le total des cantons métropolitains et 11,9 % sur les seuls cantons où il présentait des candidats (1.540 cantons). Si on laisse de côté les 0,6% obtenus par une alliance PC-PS, le FDG retrouve son niveau global des scrutins précédents, alors que la gauche s’effondre. Le phénomène est encore accentué si l’on se fixe sur les seuls cantons où il était présent d’une manière ou d’une autre : on se rapproche alors du résultat de la présidentielle de 2012.]

      Je me méfie de ce genre de comparaisons. Il fut un temps ou les partis se présentaient sous leur propre étiquette, ou dans une alliance négociée nationalement. Le décompte des voix avait alors un sens. Mais dès lors que les « binômes » se forment un peu au hasard des circonstances locales, il devient très difficile de déduire le poids réel des uns et des autres. D’ailleurs, comment faites vous la comptabilité des « binômes ou figure au moins une composante du Front de Gauche » ? Les binômes soutenus par le Front de Gauche ou l’un des membres est un écologiste et l’autre est « issu de la société civile » sont ils comptés ou pas ? Pour être rigoureux, vous devriez comparer le résultat d’un binôme avec la somme des résultats faits par les organisations qui le composent au scrutin précédent. Une comparaison très difficile à faire au niveau national.

      [L’ouverture des alliances vers d’autres composantes de la gauche dite “radicale” et surtout l’esquisse d’un rapprochement local avec Europe-Écologie-Les Verts ont montré leur utilité dans un contexte périlleux.]

      Ah bon ? En quoi consiste cette « utilité » ? Faire des scores avec des discours et des candidatures attrape-tout, ça s’appelle du marketing, pas de la politique. On imagine mal le magma hétéroclite des candidatures de la « gauche radicale » accoucher d’un projet moyennement crédible.

      [Mais le résultat confirme aussi que le Front de gauche n’a pas su apparaitre comme une alternative attractive au socialisme recentré.]

      C’est joliment dit… personnellement je le dirais autrement. Au risque de me répéter : le FdG et les écolos chassent dans un marigot de « classes moyennes » gaucho-bobo qui fait au total un peu plus de 10%. Si l’on fait la somme de leurs scores dans les scrutins des dix ou quinze dernières années, on aboutit toujours à peu près à ce résultat, avec une remarquable stabilité. Le discours de ces groupuscules n’a aucune chance de porter en dehors de ce groupe sociologique, et les dirigeants – et militants – du FdG sont trop sectaires pour se mettre à la place des autres et comprendre les décalages.

      [La fonction de “coup de pied dans la fourmilière” a été assurée par le FN. Et les composantes du FDG n’ont pas su imposer une image suffisamment claire, dynamique et crédible pour rompre la morosité qui accompagne depuis longtemps le recul du mouvement ouvrier et le démantèlement de “l’État-providence”.]

      D’autant plus que vous trouvez au FdG beaucoup de gens – notamment parmi les dirigeants – qui, en d’autres temps, ont fait ce qu’il fallait pour contribuer au recul du mouvement ouvrier et le démantèlement de l’Etat-providence. D’autres ont la mémoire courte et le pardon facile. Pas moi. Moi j’ai la mémoire longue et la rancune tenace : je n’ai rien oublié du néo-maccarthysme mitterrandien des années 1980.

      [La méthode pour le calcul est simple: additions ont été faites des scores de toutes les listes où fdg apparaissait.]

      La chose n’est pas aussi « simple » que vous le pensez. Ainsi, par exemple, si vous prenez un binôme formé entre un communiste et un écologiste, comment comptez-vous les voix ? Pourquoi compter ces voix comme allant au Front de Gauche, et pas à EELV ? En stricte rigueur, il faudrait compter la moitié des voix pour l’un et l’autre moitié pour l’autre, non ? Ou bien les partager à proportion des scores des deux partis au dernier scrutin ? Autre situation difficile : que faire des binômes soutenus par le FdG mais dont les candidats se déclarent non-encartés ? Doit on les compter comme candidats du FdG ou pas ? Troisième cas : que faire des cas ou les différentes composantes du FdG sont sur des binômes différents ? Doit-on ajouter leurs scores ?

      [De plus il est tout à fait possible d’être écologiste, pro-nucléaire civil après référendum (gagné d’avance…), cotisant au PCF comme moi et partisan de plus d’alliances avec EELV et les frondeurs du PS plus qu’avec les mélencheno-gauchistes du PG.]

      Bien sur, il est tout à fait possible… et c’est bien là le drame ! Cela vous dit à quel point le PCF est aujourd’hui dans la mouise. En quoi EELV ou les frondeurs du PS seraient plus « compatibles » avec vos objectifs que les mélencheno-gauchistes ? J’avoue que je trouve ces discours difficiles à comprendre. J’accepte tout à fait la nécessité des alliances, seule qui permette de sortir d’une vision groupusculaire. Mais une alliance est fondée sur un accord politique, et non sur des affinités partisanes. Alors je ne vois pas pourquoi on devrait faire des choix et des exclusives à priori. Si l’on trouve avec une organisation quel qu’elle soit un accord dont les avancées compensent les concessions, faudrait-il le refuser au prétexte que cette organisation n’est pas « casher » ou que la tête de son dirigeant ne me revient pas ? Moi, je suis ouvert à des alliances avec EELV, avec le PG, avec l’UMP, avec le FN. Tout est question de projet et de programme. Vous pouvez penser qu’il serait probablement plus facile pour le PCF de trouver un accord avec le PG qu’avec le FN. C’est probable. Mais être partisan à priori de « plus d’alliances avec EELV qu’avec les mélencho-gauchistes du PG » sans avoir vu le projet, je trouve cela absurde. Et j’attends toujours de voir le projet sur lequel EELV et le PCF (du moins le PCF tel que je le conçoit) peuvent apporter leur signature.

  9. Bannette dit :

    @CVT : et moi je suis totalement d’accord avec toi ! j’y repenserai au coup des assesseurs en Belgique qui donnent des instructions de vote clientélistes en langue étrangère à des immigrés, c’est un argument massue contre les bobos pro-vote des étrangers.

    Sinon, l’élection s’est déroulée comme c’était prévu, avec un score historique du FN, car il a ce score par lui tout seul, dans une élection locale (différente des européennes) avec une légère augmentation de la participation, au contraire de l’UMP, qui fait des alliances avec des partis centristes. Les affiches du FN du genre « Le peuple français uni est invincible » étaient bien pensées, après les attentats du début de l’année. Très loin de la petitesse des gauchiste du genre « si machin est à la manif pour Charlie, je défile pas avec lui ».

    Sinon, si notre hôte le permet, je souhaiterais faire une légère digression suite à un article du Economist vantant la productivité des Frenchies par rapport aux anglais :
    http://www.economist.com/news/britain/21646235-if-britain-cannot-get-more-its-legion-cheap-workers-recovery-will-stall-bargain

    qui a fait pas mal parler de lui, et qui, comble de la bêtise des médias dits de gauche, a surtout été repris chez nous par des médias dits de droite.

    L’article est intéressant dans le sens où il pointe 3 problèmes majeurs : la productivité en berne au Royaume Uni, la main d’œuvre bon marché (avec le corolaire “immigrationniste”) et le défaut d’investissements, qui sont tous les 3 liés.

    Ça me rappelle la discussion que tu as eu récemment, assez surréaliste à mon goût d’ailleurs, où v2s louait le maintien de postes à faible valeur ajoutée en Allemagne (d’où chômage moindre par rapport à la France) et avait la naïveté de croire à une sorte de bienveillance du patronat allemand. Or comme le rappelle très bien cet article de The Economist, à force d’avoir une MO bon marché, il devient plus compétitif d’embaucher de la MO peu ou non qualifiée et corvéable à merci, que d’investir massivement pour améliorer la productivité.
    Qu’un canard libéral anglo-saxon affirme que même si les Frenchies ne travaillaient que 4/7 j dans la semaine, leur productivité resterait supérieure à celle des anglais me fait sourire.

    Il ne dit pas qu’il n’y a pas de postes ultra-qualifiés et hautement productifs en UK, il dit surtout que la productivité de l’ensemble des travailleurs anglais est tirée vers le bas par l’abondance des postes faiblement ou pas du tout qualifiés, par rapport aux Frenchies, et surtout s’en inquiète, ce qui est très positif. Ce qu’il dit du Royaume Uni peut s’étendre aux USA et ailleurs.

    L’ex-Président Bush Jr avait eu ce mot de mauvais esprit anti-Frenchies : “There is no French translation for the word Entrepreneur”. Les journaleux français qui ont reporté cette pique de façon admirative (ah le mythe du pseudo self made man qui fait tout ex-nihilo et que l’Etat ose ponctionner et brider !) auraient sans doute dû se rappeler qu’en France, The Entrepreneur (dans le sens US) est culturellement l’Etat, les grands projets industriels, à forte valeur ajoutée et haute technologie, ont toujours été chez nous pilotés par l’Etat. Les floués des start up et autres auto-entreprises nous en diront des nouvelles…

    Que The Economiste s’alarme du manque d’investissement et les infrastructures qui périclitent est très sain, surtout qu’on peut également l’observer chez nous.
    En aparté : à propos du mythe de l’Entrepreneur, on remarquera que même aux USA, si la consigne est de laisser faire, les grands groupes privées et banques au bord de la faillite vont toujours pleurnicher dans les jupes de l’Etat fédéral, et l’administration Obama a beaucoup poussé pour le développement des gaz de schiste (nouvelle bulle en perspective ?), ce qui est une décision politique et une forme d’investissement en soi.

    Sur le lien entre MO cheap et immigration, je n’y vois aucune intonation raciste, comme le feront très certainement les gauchistes qui liront ce papier.

    D’ailleurs, à la lumière de cet article, je comprends mieux pourquoi les promesses magiques du FdG du genre SMIC à 1700 € nets ne rencontrent que peu d’enthousiasme dans les classes populaires. Non pas qu’elles ne veulent pas être mieux payées, au contraire, mais elles savent que ça touche essentiellement le… lumpenprolétariat. Actuellement 1700 € nets c’est le salaire d’une assistante ou d’une comptable qualifiée ; Les défenseurs du SMIC à 1700 vous diront : ah mais les autres emplois seront vus à la hausse (comme si le coût de la vie resterait éternellement le même que durant la période SMIC à moins de 1700…).

    Que dire de la médiatisation d’autres solutions magiques du genre : services à la personne, développement des métiers autour de l’autonomie des personnes âgées, petite enfance pour faire comme les égalitaires scandinaves, c’est LA solution contre chômage ! comme par hasard, beaucoup de ces métiers de services personnels sont déductibles des impôts… Je respecte tout à fait ceux qui les exercent, et pour certains comme infirmier permanent à domicile, ils nécessitent une vraie qualification, mais ce ne sont pas les métiers les plus productifs.

    M’enfin, tout ça montre qu’en fait, depuis 30 ans, on ne fait que grossir le lumpenprolétariat, c’est un peu la constatation de cet article même s’il n’emploie jamais le terme, mais parle de cheap workers.
    On ne peut pas continuer une société active de cheap workers, avec le corolaire immigrationniste. Il faut au contraire être ambitieux dans les industries de pointes nécessitant une MO qualifiée issant la productivité nationale vers le haut, c’est d’ailleurs la meilleure façon d’assimiler les immigrés, vu que si le lempen-emploi se raréfie, non seulement il serait mieux payé, mais ils devront faire l’effort de s’intégrer. Je connais d’ailleurs beaucoup d’anciens immigrés cheminots qualifiés à la retraite, et ils sont à des années lumières du mettons… préparateur de kebab (l’exemple type du cheap worker), car faisant partie des assimilés, ils ont acquis cette fierté ouvrière de l’émancipation par le travail.

    • Descartes dit :

      @ Bannette

      [Les affiches du FN du genre « Le peuple français uni est invincible » étaient bien pensées, après les attentats du début de l’année. Très loin de la petitesse des gauchiste du genre « si machin est à la manif pour Charlie, je défile pas avec lui ».]

      La comparaison est intéressante. En effet, si la « gauche de la gauche » reste groupusculaire dans les faits, c’est parce qu’elle est d’abord groupusculaire dans sa tête. Je me souviens d’un copain socialiste qui racontait la plaisanterie suivante pour montrer la différence entre les socialistes venus du trotskysme et les autres : « dans une réunion de 30 personnes, Lionel Jospin se demande « qui est le traître qui ne devrait pas être là ? » ; dans une réunion de 300 personnes Laurent Fabius se demande « qui est-ce que j’ai oublié d’inviter ? » »

      [Sinon, si notre hôte le permet, je souhaiterais faire une légère digression (…)]

      Pas de problème : les disgressions intelligentes sont toujours les bienvenues.

      [Or comme le rappelle très bien cet article de The Economist, à force d’avoir une MO bon marché, il devient plus compétitif d’embaucher de la MO peu ou non qualifiée et corvéable à merci, que d’investir massivement pour améliorer la productivité.]

      La question est très importante. On a raison de dire que la France a choisi le chômage et les salaires élevés, alors que nos voisins ont préféré plutôt l’emploi et les salaires bas. Et nôtre choix n’est pas si irrationnel qu’il y paraît : avec nos salaires élevés, nous avons il est vrai un chômage supérieur. Mais en même temps, les salaires plutôt élevés encouragent aux investissements en productivité, pour tirer tout le « jus » possible de la main d’œuvre, et de concentrer ces investissements sur la partie de la main d’œuvre la plus productive. Et cette haute productivité dégagé suffisamment de valeur pour pouvoir donner des allocations chômage plutôt généreuses…

      [L’ex-Président Bush Jr avait eu ce mot de mauvais esprit anti-Frenchies : “There is no French translation for the word Entrepreneur”.]

      C’est d’autant plus ironique que le mot « entrepreneur » est à l’origine un mot français, entré dans la langue anglaise, tout comme « entreprise »…

      [The Entrepreneur (dans le sens US) est culturellement l’Etat, les grands projets industriels, à forte valeur ajoutée et haute technologie, ont toujours été chez nous pilotés par l’Etat. Les floués des start up et autres auto-entreprises nous en diront des nouvelles…]

      C’est vrai aux US aussi, contrairement à ce qu’on croit. Le capital privé a toujours détesté le risque, et préféré le transférer sur la collectivité. Chez nous, c’est donc l’Etat qui a pris sur lui les grands projets de développement risqués (nucléaire, aéronautique, plan calcul, etc.). Aux USA, cela se fait par des mécanismes différents : la commande publique (ex. le ministère de la défense paye ainsi toutes sortes de projets, qu’ils aboutissent ou pas) ou la garantie publique (construction des chemins de fer). La mythe de l’entrepreneur qui risque sa fortune sur une idée n’est que cela, un mythe. Même aux USA, les entrepreneurs entreprennent avec des garanties publiques.

  10. gugus69 dit :

    Alors voila, les élections municipales partielles de Vénissieux ont connu leur premier tour.
    La liste d’union de la gauche conduite par les communistes, sans le PS, obtient près de 38% des voix ; la liste UMP UDI MODEM recueille 28% des suffrages ; la liste FN 16% ; la liste PS 15% ; et la liste LO est éliminée avec 2,7%.
    Un des enseignements, et pas des moindres, c’est que lors d’un week-end qui a vu le FN atteindre 25% en France, il plafonne à 15% à Vénissieux, alors que cette cité de banlieue emblématique devrait lui être un terreau favorable. Mais ici, les communistes, depuis 30 ans, mènent un combat sans concession sur les questions de l’emploi, de l’école, de la laïcité. L’ancien maire, André Gerin, a été le fer de lance de la lutte pour l’interdiction du voile intégral. Dans les pires conditions budgétaires, la Ville se bat bec et ongles pour maintenir des prestations sociales de haut niveau dans les cantines scolaires, les colonies de vacances, l’aide au 3e âge, la culture, la santé, le sport accessibles à tous. Elle mène un combat de tous les jours pour faire entendre la voix des couches populaires dans ce grand machin qu’est la métropole de Lyon. Et les élus communistes, à Vénissieux, continuent d’être au petit matin devant les “boîtes”…
    Il y aurait des leçons à en tirer…

    • Descartes dit :

      @ gugus69

      [Alors voila, les élections municipales partielles de Vénissieux ont connu leur premier tour. La liste d’union de la gauche conduite par les communistes, sans le PS, obtient près de 38% des voix ; la liste UMP UDI MODEM recueille 28% des suffrages ; la liste FN 16% ; la liste PS 15% ; et la liste LO est éliminée avec 2,7%.]

      J’en suis vraiment très content. D’abord, pour les camarades qui ont su maintenir une ligne politique et un type de militantisme qui a fait les grands jours du PCF et qui voient leurs efforts reconnus par leurs concitoyens. Ensuite, parce que cela démontre que le déplacement de l’électorat populaire vers le FN n’est pas le fruit d’une « droitisation », mais le résultat d’un abandon. Là où une force politique prend en compte leurs problèmes, le FN reste contenu.

      [Il y aurait des leçons à en tirer…]

      Je ne vous le fait pas dire. Malheureusement, je ne vois pas Pierre Laurent et ceux qui l’entourent travailler dans ce sens…

  11. JMP dit :

    Bonjour
    soutenez-vous le projet de magazine RUPTURE porté par l’équipe de Bastille république Nation ? Compte tenu de l’état général des médias , je pense que cette tentative de lancer un journal progressiste et de résistance mérite l’appui de tous les républicains, quelque soient leurs divergences
    Pour plus d’info :
    http://fr.ulule.com/ruptures-presse/

    • Descartes dit :

      @ JMP

      [soutenez-vous le projet de magazine RUPTURE porté par l’équipe de Bastille république Nation ? Compte tenu de l’état général des médias , je pense que cette tentative de lancer un journal progressiste et de résistance mérite l’appui de tous les républicains, quelque soient leurs divergences]

      J’attends de voir le journal pour mieux en juger. Mais oui, je soutiens le projet porté par Pierre Lévy et son équipe. J’ai connu Lévy lorsqu’il est apparu comme journaliste critique des dérives du PCF sous le règne de Robert Hue, et je l’ai toujours trouvé courageux et idéologiquement solide. Je comptais d’ailleurs consacrer un article au nouveau magazine lorsqu’on s’approchera de la date de lancement.

  12. bovard dit :

    A partir des résultats du ministère de l’Intérieur, nous avons repris les données dans le tableau joint, et ordonnées dans un cadre « Valeurs de la République » de Gauche, un cadre « Valeurs de la république de droite » et un cadre « Discrimination/autorité » de l’extrême droite.Nous voulions savoir, pour des militants du PCF engagés, quel était le visage politique de la France, ce qui ne peut se faire qu’à partir du premier tour des élections.Nous n’avons pas fait ce travail pour essayer de démontrer une quelconque satisfaction de notre parti sur les résultats obtenus. Ils sont très mauvais, mais simplement pour rétablir des vérités, dénoncer des hypocrisies et relancer notre motivation :
    Le total des réserves des Républicains de Gauche par rapport aux votes exprimés est de7.739.544 voix, soit 36,90%. Bien sûr la bataille pour rassembler tous ces électeurs au 2èmetour, là où la gauche sera encore présente, n’est ni évidente ni même probable, mais sur le plan de la représentation de la gauche en France qui est fortement dégradée, c’est loin d’être catastrophique. La deuxième partie du quinquennat doit être entièrement consacrée à cet objectif de rassemblement, ainsi bien sûr que sur la mobilisation des abstentionnistes, avec toutes les orientations politiques de compromis nécessaires pour pouvoir gagner les présidentielles, voire avant les régionales.
    Le total des réserves des Républicains de Droite par rapport aux votes exprimés est de7.413.333 voix, soit 36,56%. L’hypocrisie de cette droite est d’essayer de faire croire qu’elle peut gagner ces départementales, voire assurer plus tard une « alternance », sur ses seules positions idéologiques et politiques (non partagées par tous d’ailleurs et alors qu’elle n’a pas les réserves nécessaires), sans faire appel NI aux républicains de gauche (qui ne sont pas et ne seront pas sur leurs positions politiques et idéologiques et ne négocieront pas dans ces domaines) NI sur les extrêmes droites qui ne prônent que discriminations et mesures autoritaires anti sociales (qui négocieront sur les renoncements idéologiques que pourront faire les droites au profit de leurs propres positions idéologiques).
    Descartes ne partage pas ces présupposés mais pour faire court,le FN attrape-tout,actuel dirigé par Philipot ne durera pas.
    L’extrème droite pétainiste,anti-dreyfusarde et colonialo-militariste,reprendra les rêns au FN car c’est le fond idéologique du FN.
    Le total des réserves de l’extrême droite, discriminatoire et anti sociale par rapport aux votes exprimés est de 5 121 448 voix, soit 25,26%. L’hypocrisie de cette extrême droite est d’une part de ne pas admettre que leur objectif principal de se vouloir être le premier parti de France n’a pas été atteint et d’autre part, que comme les droites elle n’a pas de réserve. Elle ne pourra que faire du « charme » et des « magouilles » pour essayer d’attirer de nouveaux électeurs. Ceci dit c’est une percée électorale (pas forcément idéologique, vu les votes sanction) dans les structures locales, très importante, dont le FN va profiter au maximum pour mieux s’installer dans le paysage français.
    Nous sommes devenus un pays « tripartis »
    Quant à nous, il nous faut reconnaître, pour nous aussi pour ne pas tomber dans l’hypocrisie, que la gauche a raté de nombreuses marches en direction des misères et souffrances des Français, raté le rassemblement de la gauche, raté la mobilisation de nos abstentionnistes, qu’elle a laissé le champ libre à « l’unité » de la droite et du centre qui a bien réussi et a obtenu de bons résultats et surtout que nous n’avons pas encore réussi à combattre les populismes et poujadismes, s’alimentant de problèmes réels mais ne proposant aucune solution, aucun plan viables et réalisables pour résoudre, sur le fond, les problèmes des Français.
    Il nous faut donc nous retrousser les manches, à gauche, sortir de postures figées et « non négociables », gagner la bagarre de l’information et de la communication face aux propagandes des droites, nous rassembler autour d’orientations politiques, de propositions qui peuvent fédérer suffisamment sur des mesures acceptables par tous, attendues par les Français et sans compromis avec les fondamentaux de gauche. C’est cela qu’attend notre « peuple de gauche » qui pourra alors revenir faire corps avec nous.
    Agissons, Informons sur les réalités du visage politique d’aujourd’hui qui n’est pas satisfaisant pour la gauche mais pas encore catastrophique. Il n’est pas plus satisfaisant pour les droites.Nous n’avons encore rien perdu, mobilisons nous avec courage pour gagner. Communiquons ce type d’information partout autour de nous.La bataille n’est pas terminée pour que nous puissions gagner sur l’essentiel, à savoir une France qui reste pilotée avec les valeurs de la gauche.

    • Descartes dit :

      @ bovard

      [A partir des résultats du ministère de l’Intérieur, nous avons repris les données dans le tableau joint (…)]

      Quel « tableau joint » ? Je crains que l’information se soit perdue en route…

      [(…) et ordonnées dans un cadre « Valeurs de la République » de Gauche, un cadre « Valeurs de la république de droite » et un cadre « Discrimination/autorité » de l’extrême droite. Nous voulions savoir, pour des militants du PCF engagés, quel était le visage politique de la France, ce qui ne peut se faire qu’à partir du premier tour des élections. Nous n’avons pas fait ce travail pour essayer de démontrer une quelconque satisfaction de notre parti sur les résultats obtenus. Ils sont très mauvais, mais simplement pour rétablir des vérités, dénoncer des hypocrisies et relancer notre motivation :]

      Le critère de classification semble un petit peu arbitraire. Par exemple, avez-vous classé les voix du NPA ou de LO parmi les « valeurs de la République de gauche » ? Si ma mémoire ne me trompe pas, le discours de ces partis n’est pas très conforme aux valeurs de la République, en particulier à la notion d’Etat de droit…

      [Le total des réserves des Républicains de Gauche par rapport aux votes exprimés est de 7.739.544 voix, soit 36,90%. Bien sûr la bataille pour rassembler tous ces électeurs au 2ème tour,]

      Mais… faut-il les rassembler ? Pourquoi ?
      Vous semblez tenir comme évident qu’il faudrait que les « républicains de gauche » se rassemblent. Mais cela n’a rien d’évident. En quoi l’élection d’un conseiller général PS qui soutiendra sans faille la politique du gouvernement actuel fera avancer le schmilblick ? En quoi fera-t-elle mieux l’affaire des exploités que l’élection d’un candidat « républicain de droite », voire d’extrême droite ? Le « rassemblement » n’a de sens que s’il se fait autour d’un accord politique. Et qui dit accord, dit compromis. Or, le PS a annoncé dès le départ que la politique du gouvernement ne changera pas. Où est alors le « compromis » ?

      Il faut arrêter de bêler « rassembleeeeement, rassembleeeeement » comme des moutons.

      [La deuxième partie du quinquennat doit être entièrement consacrée à cet objectif de rassemblement, ainsi bien sûr que sur la mobilisation des abstentionnistes, avec toutes les orientations politiques de compromis nécessaires pour pouvoir gagner les présidentielles, voire avant les régionales.]

      Mais gagner les présidentielles pour quoi faire ? Parce que si c’est pour continuer comme ça, ce n’est pas la peine. Et si la gauche part au combat avec comme drapeau le bilan de ce gouvernement, elle sera massacrée, rassemblement ou pas. Tant que le PS n’accepte pas l’idée d’une inflexion de la politique gouvernementale, parler de « rassemblement » relève de l’illusion et de la tromperie.

      [Le total des réserves des Républicains de Droite par rapport aux votes exprimés est de 7.413.333 voix, soit 36,56%. L’hypocrisie de cette droite est d’essayer de faire croire qu’elle peut gagner ces départementales, voire assurer plus tard une « alternance », sur ses seules positions idéologiques et politiques (non partagées par tous d’ailleurs et alors qu’elle n’a pas les réserves nécessaires), sans faire appel NI aux républicains de gauche (qui ne sont pas et ne seront pas sur leurs positions politiques et idéologiques et ne négocieront pas dans ces domaines) NI sur les extrêmes droites qui ne prônent que discriminations et mesures autoritaires anti sociales (qui négocieront sur les renoncements idéologiques que pourront faire les droites au profit de leurs propres positions idéologiques).]

      Là je dois dire que votre raisonnement m’égare. Vos calculs donnent les « républicains de droite » et les « républicains de gauche » quasiment à égalité. Si votre raisonnement est juste, alors le symétrique l’est aussi, et vous devriez concéder que « la gauche ne peut éviter l’alternance sur ses seules positions idéologiques et politiques, sans faire appel NI aux républicains de droite, NI aux extrêmes droites ». Or, une fois posé le problème ainsi, il ne vous reste que deux horizons possibles : ou bien le gouvernement « d’union national » avec une alliance entre la gauche et la droite républicaine, ou bien un gouvernement à participation FN…

      Je ne crois pas qu’on puisse faire de la politique avec ce type de comptabilité. D’abord, je crois qu’il est temps de comprendre que les temps où « la gauche » représentait une politique et « la droite » une autre est passé. On ne peut donc plus se fier aux étiquettes, et il faut donc revenir aux fondamentaux, c’est-à-dire, aux politiques. « Rassembler » ? Oui, tout à fait. Mais sur un projet, et non sur une vague étiquette. Je me fous éperdument de savoir si le président qui sortira des urnes en 2017 sera « de droite » ou « de gauche ». Cela ne veut plus rien dire. En 2012 c’est un président « de gauche » qui est sorti, et on voit le résultat.

      [Le total des réserves de l’extrême droite, discriminatoire et anti sociale par rapport aux votes exprimés est de 5 121 448 voix, soit 25,26%.]

      Ah bon… parce que vous trouvez que « la gauche » qui est aujourd’hui au pouvoir est « sociale » ? J’avoue que cela m’avait échappé. Alors, soyez sérieux. Si vous accolez le qualificatif « anti sociale » à l’extrême droite, pourquoi pas à la « gauche » ? Peut-être parce que la « gauche » resterait « sociale » en essence, même lorsqu’elle préside au délitement de notre système de protection sociale ?

      [Quant à nous, il nous faut reconnaître, pour nous aussi pour ne pas tomber dans l’hypocrisie, que la gauche a raté de nombreuses marches en direction des misères et souffrances des Français, raté le rassemblement de la gauche, raté la mobilisation de nos abstentionnistes, qu’elle a laissé le champ libre à « l’unité » de la droite et du centre qui a bien réussi et a obtenu de bons résultats et surtout que nous n’avons pas encore réussi à combattre les populismes et poujadismes, s’alimentant de problèmes réels mais ne proposant aucune solution, aucun plan viables et réalisables pour résoudre, sur le fond, les problèmes des Français.]

      Et après ce diagnostic, vous vous attendez toujours à ce qu’on vote pour elle ?

      [Il nous faut donc nous retrousser les manches, à gauche, sortir de postures figées et « non négociables », gagner la bagarre de l’information et de la communication face aux propagandes des droites,]

      S’il y a aujourd’hui un nombre record de chômeurs, ce n’est pas la faute à la « propagande des droites ». Si la croissance est en berne, ce n’est pas la faute à la « propagande des droites ». Si nous sacrifions nos infrastructures, notre industrie, notre cohésion sociale aux diktats de Bruxelles, ce n’est pas la faute à la « propagande des droites ». Avant de chercher à « gagner la bagarre de l’information et de la communication », il faudrait déjà gagner sur le terrain, avec la mise en œuvre d’un projet politique.

      Vous réduisez tous les problèmes de la gauche à une question purement tactique, un « rassemblement » qui n’a pas eu lieu, une « bataille de communication » qui se passe mal. Mais les gens ne sont pas des imbéciles, et ce n’est pas la « com’ » qui va les persuader qu’ils ne risquent plus le chômage, que l’industrie se développe, que les services publics reçoivent l’investissement nécessaire. Or, cette « gauche » que vous voulez rassembler est pour une large partie responsable du désastre, parce qu’elle gouverne.

      [nous rassembler autour d’orientations politiques, de propositions qui peuvent fédérer suffisamment sur des mesures acceptables par tous, attendues par les Français et sans compromis avec les fondamentaux de gauche. C’est cela qu’attend notre « peuple de gauche » qui pourra alors revenir faire corps avec nous.]

      Le PS a déjà déclaré qu’il n’y aurait aucune inflexion de la politique du gouvernement. A partir de là, il faudra m’expliquer comment vous arrivez a « rassembler » autour de propositions fédératrices.

      [Agissons, Informons sur les réalités du visage politique d’aujourd’hui qui n’est pas satisfaisant pour la gauche mais pas encore catastrophique.]

      Ah bon ? Vous trouvez ?

      [Nous n’avons encore rien perdu, mobilisons nous avec courage pour gagner.]

      Pour « gagner » quoi ?

      [La bataille n’est pas terminée pour que nous puissions gagner sur l’essentiel, à savoir une France qui reste pilotée avec les valeurs de la gauche.]

      « Une France qui RESTE pilotée avec les valeurs de la gauche » ? Pensez-vous vraiment que notre France est « pilotée avec les valeurs de la gauche » aujourd’hui ? Pourriez-vous me donner une petite liste de ces « valeurs » ?

  13. Bruno dit :

    Bonjour Descartes,

    Je vous prie de bien vouloir m’excuser pour cette question “HS” mais je souhaitais avoir votre avis, ou mieux encore un papier, au sujet de la grève qui perturbe actuellement Radio France. Plus généralement je serais curieux de connaître votre opinion sur l’évolution de la radiophonie publique en France ces dernières années. Pour ma part je dois bien dire que si j’écoute, grâce aux Podcasts, certaines émissions de France Culture, et, pour rigoler (sans rire), une partie de la matinale de France Inter (M. Guetta, M. Cohen et les autres sont tellement “clichés”), je déplore le ton global de “nos” radios, très consensuel et de plus en plus commercial.

    • Descartes dit :

      @ Bruno

      [Je vous prie de bien vouloir m’excuser pour cette question “HS” mais je souhaitais avoir votre avis, ou mieux encore un papier, au sujet de la grève qui perturbe actuellement Radio France.]

      Même si je ne prétends pas être un spécialiste des sujets que j’aborde dans ce blog, je prétends au moins les avoir travaillé un minimum. Et sur le sujet que vous évoquez j’avoue n’avoir aucune information ni aucune idée autre que celle qu’on peut glaner en lisant « Le Monde ».

      [Plus généralement je serais curieux de connaître votre opinion sur l’évolution de la radiophonie publique en France ces dernières années.]

      Je pense que la radiophonie publique souffre du même mal que l’ensemble des médias publics : une absence de politique publique qui leur donne des missions précises et un cadre. A quoi servent les médias publics ? S’il s’agit de divertir, je ne vois pas en quoi le caractère public est nécessaire. Après tout, l’initiative privée offre des possibilités quasi infinies de divertissement pour tous les choix. S’agit-il d’informer alors ? Là encore, on voit mal pourquoi il faudrait un audiovisuel public ferait mieux que le privé. Après tout, il n’y a jamais eu de « secteur public » dans la presse. Pourquoi la radio ou la télévision seraient différents ? On sait bien que la neutralité n’existe pas, et que la qualité de l’information tient plus à la multiplicité des sources qu’à la « neutralité » de chacune d’elles.

      Non, si la radiotélévision publique a un sens, c’est lorsqu’elle remplit des fonctions que le privé ne remplira jamais : celle d’éduquer le peuple, par exemple. Ou celle de transmettre la « parole de la France » et le « roman national » qui en fait partie. Mais justement, depuis les années 1970 et 1980 ces deux missions ont été exclues pour une large part de notre audiovisuel. La première de facto – puisqu’on a fait de la course à l’audience la priorité – la deuxième de jure, dans la mesure où l’on a cherché à rendre l’audiovisuel public « indépendant ». A partir de là, on peut se poser la question de ce à quoi sert l’audiovisuel public. France Culture et France Musique apportent quelque chose que le privé n’apportera jamais. Arte aussi – mais pas toujours. Mais pour le reste ? France Inter reste de meilleure qualité que ses concurrentes, mais à chaque révision des grilles on voit la dérive vers la radio commerciale. Et je ne parle même pas de la “matinale” que j’écoute aussi parce qu’il n’y a rien de mieux à écouter ailleurs pendant qu’on se rase, et qui devient de plus en plus une officine de propagande pour les idées libérales et eurolâtres, ou les invités qui ne sont pas dans la ligne sont rudoyés et interrompus sans pitié alors que ceux qui sont conformes au canon sont caressés dans le sens du poil, avec chaque matinée la bonne parole du Révérend Guetta bénissant les bons et flétrissant les mauvais. Quant aux chaines de télévision… mieux vaut ne pas en parler.

  14. bovard dit :

    Le terrain de l’élection cantonale n’est pas le plus favorable pour un PC plus à l’aise dans des consultations nationales ou municipales. On parle facilement de “communisme municipal”, mais rarement de “communisme départemental”, et seulement quand est en cause une direction communiste qui n’a été durable que dans le cas de la Seine-Saint-Denis (41 ans) et du Val-de-Marne (à ce jour 48 ans, moins six ans de présidence du gaulliste Roland Nungesser entre 1970 et 1976). On ignore plus souvent que l’implantation départementale communiste n’a acquis son épaisseur que depuis les années 1960, au plus fort de l’union de la gauche en expansion. Au début de la Ve République, alors qu’il représentait nationalement un cinquième des électeurs français, le PC n’avait que 90 conseillers généraux éparpillés sur le territoire métropolitain. Ce n’est qu’à partir de 1967 que sa représentation cantonale a fait un bond spectaculaire, pour culminer à 478 en 1976 et 1979.

    Ajoutons que le redécoupage cantonal actuel défavorise les formations les plus modestes, au bénéfice des “poids lourds”. En 2008 et 2011, le PCF et le FDG avait obtenu 61 sièges de conseillers régionaux dès le premier tour. Or, si l’on projette les résultats de 2008 et 2011 sur les nouveaux cantons, on atteint un chiffre oscillant entre 12 et 15 binômes élus au premier tour, soit une réduction de moitié du nombre de conseillers, par le seul effet du découpage territorial.

    Enfin, on ne saurait sous-estimer le phénomène apparu dès les législatives de 2012 et confirmé aux municipales et aux européennes de 2014 : si le Front de gauche progresse dans ce qui constituait les zones de faiblesse du PC, il continue très souvent de s’éroder dans les anciens “bastions”. En régressant dans les zones de force, il limite ses capacités à parvenir au second tour et à gagner des majorités, a fortiori quand les troubles de l’électorat de gauche fragilisent les dites majorités.

    • Descartes dit :

      @ Bovard

      [Le terrain de l’élection cantonale n’est pas le plus favorable pour un PC plus à l’aise dans des consultations nationales ou municipales.]

      Ah bon ? J’avoue que « l’aisance » du PCF ces vingt dernières années dans les consultations nationales et municipales ne m’avait pas frappé. Que ce soit aux municipales, aux européennes, aux législatives ou aux présidentielles, chaque élection se traduit par une perte importante tant en voix qu’en sièges. Alors le discours sorti à chaque élection sur le mode « les résultats ne sont pas bons, mais c’est parce que ce n’est pas une élection favorable », ça commence à bien faire. Faudrait peut-être arrêter de se trouver des prétextes et chercher à poser les bonnes questions. Par exemple, pourquoi le FN réussit, y compris dans des élections qui lui sont à priori « défavorables », à s’implanter dans des régions marquées par une tradition ouvrière et populaire, alors que le PCF et la « gauche » en général réussit mieux dans les centres villes boboisés.

      [On parle facilement de “communisme municipal”, mais rarement de “communisme départemental”, et seulement quand est en cause une direction communiste qui n’a été durable que dans le cas de la Seine-Saint-Denis (41 ans) et du Val-de-Marne (à ce jour 48 ans, moins six ans de présidence du gaulliste Roland Nungesser entre 1970 et 1976).]

      C’est déjà pas mal. La Seine-Saint-Denis est un exemple qu’il aurait fallu analyser. Pourquoi dans un département ou le PCF a pu pendant quatre décennies mettre en œuvre des politiques en faveur des populations et recueillir leur adhésion y compris pour les élections « difficiles » – en 1978, le PCF remporte le « grand chelem » aux législatives, fait rarissime dans un département de la couronne parisienne, et en 1981 le candidat communiste à la présidence de la République recueille 28% des voix, presque le double que le niveau national. Et pourtant, en une dizaine d’années le PCF a perdu le département. Et lorsqu’il fut perdu, a-t-on fait une quelconque analyse ? Bien sûr que non. Au lendemain de la défaite, la « ligne » fut de dire qu’elle était le résultat d’une situation « conjoncturelle » et que – juré, craché – le département serait reconquis à l’élection suivante.

      [On ignore plus souvent que l’implantation départementale communiste n’a acquis son épaisseur que depuis les années 1960, au plus fort de l’union de la gauche en expansion. Au début de la Ve République, alors qu’il représentait nationalement un cinquième des électeurs français, le PC n’avait que 90 conseillers généraux éparpillés sur le territoire métropolitain. Ce n’est qu’à partir de 1967 que sa représentation cantonale a fait un bond spectaculaire, pour culminer à 478 en 1976 et 1979.]

      Non. Vous confondez l’implantation avec le nombre d’élus. La quatrième république avait peaufiné la loi électorale de manière à réduire la possibilité du PCF – et des gaullistes – d’avoir des élus. Ces lois scélérates – dont la fameuse « loi des apparentements » expliquent aussi pourquoi les communistes sont sous représentés jusqu’aux années 1960.

      [Ajoutons que le redécoupage cantonal actuel défavorise les formations les plus modestes, au bénéfice des “poids lourds”. En 2008 et 2011, le PCF et le FDG avait obtenu 61 sièges de conseillers régionaux dès le premier tour. Or, si l’on projette les résultats de 2008 et 2011 sur les nouveaux cantons, on atteint un chiffre oscillant entre 12 et 15 binômes élus au premier tour, soit une réduction de moitié du nombre de conseillers, par le seul effet du découpage territorial.]

      Comment ça « par le seul effet » du découpage ? Il s’est tout de même passé beaucoup de choses depuis les élections de 2008 et 2011, non ?

      Il faudrait arrêter de vouloir à tout prix démontrer que si l’on perd le match c’est que le terrain était mouillé ou que l’arbitre était mauvais. Ces discours sont à la fois nuisibles et inutiles. Inutiles, parce que si le PCF est condamné à l’échec par le système électoral, le découpage et les médias, toutes choses sur lesquelles il n’a aucun contrôle, alors ce n’est pas la peine de continuer à militer. Nuisibles, parce qu’ils sont utilisés comme rideau de fumée pour ne pas se poser les véritables questions sur le projet qu’on porte devant les électeurs et la stratégie qu’on met en place pour le faire. Si le PCF perd depuis vingt ans chaque élection, ce n’est pas la faute du découpage, du système électoral, de ses alliés, de la télévision. C’est d’abord et surtout parce que le projet est inexistant et que la stratégie est mauvaise. Tout le reste est fiction.

  15. Marcailloux dit :

    @ Descartes, en HORS SUJET
    Bonjour,
    Depuis quelques temps, hormis le nouvel ordre des commentaires qui, à mes yeux, n’apporte que de la confusion sans progrès dans le suivi des lectures, l’impossibilité d’accéder aux commentaires s’est manifestée à compter de ce billet, et ce, sur mon ordinateur principal (âgé de moins d’un an) alors qu’il reste accessible sur un portable plus ancien, dans les mêmes conditions de réception.
    Quelle en est la cause ? Comment y remédier ? Est-ce un cas fréquemment rencontré ? Que recherche Overblog avec ces modifications intempestives ? Est ce un complot contre un blog qui dérange ? (allez, là, je plaisante !)

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [L’impossibilité d’accéder aux commentaires s’est manifestée à compter de ce billet, et ce, sur mon ordinateur principal (âgé de moins d’un an) alors qu’il reste accessible sur un portable plus ancien, dans les mêmes conditions de réception.]

      Il doit y avoir quelque chose de mal configuré sur votre ordinateur. Le rasoir d’Occam, toujours…

      [Quelle en est la cause ? Comment y remédier ? Est-ce un cas fréquemment rencontré ?]

      Je ne sais pas comment y rémédier, mais pour le moment vous êtes le seul à avoir reporté le problème. Si d’autres le font, j’informerai Overblog…

      [Est ce un complot contre un blog qui dérange ? (allez, là, je plaisante !)]

      J’aimerais croire que je dérange à ce point les puissances obscures. Malheureusement, je doute beaucoup que ce soit le cas…

  16. bovard dit :

    Comment expliquer que tous les partis soient satisfaits au soir di 1er tour?C’est la réthorique électorale ,mais la France est le pays qui a inventé le premier tour ,les binomes obligatoires homme/femme.Or à part la France aucun autre pays ne pratique le premier tour et les binomes obligatoires homme/femme.Avec ce système où quatre partis (2 candidats titulaires+2 remplaçants) peuvent se prévaloir des électeurs réunis sur la liste et un nombre de listes limités à 4 ou 5 tout au plus,tout le monde peut se féliciter.N’est ce pas une réponse de l’établishment politique que cette mise en place d’élections de ce type alors que des élections à la proportionnelle serait plus juste,plus simples et moins alambiquées?
    Sinon le PS/prg/dvg avec 28,7%,retrouve les 28,6% de F.Holland au premier tour mais quel recul au second.
    Mais comment l’UMP peut elle appeler à l’abstention en cas de duel ,PS/fn ?Est il normal d’avoir appelé à l’abstention pour un parti gouvernemental?cela n’est pas la peine de verser des larmes de crocodiles au vu de l’abstention à chaque élection et appeler à l’abstention au second tour.

    • Descartes dit :

      @ bovard

      [Comment expliquer que tous les partis soient satisfaits au soir di 1er tour?]

      Qu’est-ce qui vous fait penser que « tous les partis soient satisfaits » ? Nous savons tout au plus qu’ils se disent satisfaits, mais cela n’implique pas qu’ils le soient. Et la raison pourquoi tout le monde prétend être satisfait est facile à expliquer. Elle est toute contenue dans le dicton anglais : « riez, et le monde rit avec vous ; pleurez, et vous pleurerez tout seul ». Si vous voulez attirer des nouveaux militants et électeurs et mobiliser les existants, quel est pour vous le meilleur discours ? « On a gagné », ou « on a perdu » ?

      [Or à part la France aucun autre pays ne pratique le premier tour et les binômes obligatoires homme/femme.]

      C’est inexact. Le système à deux tours est pratiqué dans plusieurs pays. Ainsi, par exemple, l’Argentine élit son président au scrutin uninominal à deux tours. Par contre, le binôme obligatoire est une création française, et compte tenu de ses défauts je doute qu’elle soit adoptée largement.

      [Avec ce système où quatre partis (2 candidats titulaires+2 remplaçants) peuvent se prévaloir des électeurs réunis sur la liste et un nombre de listes limités à 4 ou 5 tout au plus, tout le monde peut se féliciter.]

      On trouve toujours de quoi se féliciter. Mais il est vrai que le système des binômes permet de compter les voix autant de fois qu’on a envie…

      [N’est-ce pas une réponse de l’establishment politique que cette mise en place d’élections de ce type alors que des élections à la proportionnelle serait plus juste, plus simples et moins alambiquées?]

      La proportionnelle a exactement les mêmes défauts que le binôme obligatoire du point de vue du décompte des voix : si vous faites une liste de 25 personnes, cela fait potentiellement 25 partis qui peuvent revendiquer les voix de la liste… et pour ce qui concerne la « justice » du mode de scrutin proportionnel, je vous ai déjà dit ce que j’en pense.

      [Mais comment l’UMP peut-elle appeler à l’abstention en cas de duel, PS/fn ?]

      Et pourquoi pas ?

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