Pourquoi les idées se meurent…

Entre les deux tours de l’élection départementale, « Libération » a publié un étrange éditorial, sur lequel les éditorialistes sont passés un peu vite (1). D’autant plus que, quelques jours plus tard, Laurent Joffrin – qui signait cet éditorial – récidivait dans une tribune publiée par le journal « Le Monde ». Et que disait cet éditorial ? Et bien, permettez-moi de reproduire le passage le plus significatif :

« Mais la leçon du scrutin est sans appel : unie, la gauche peut gagner ; divisée, elle a déjà perdu ; unie, elle est au second tour ; divisée, elle disparaît. Les esprits chagrins diront que cette gauche en morceaux n’a aucune chance de retrouver un début de concorde. Ils se trompent. Si elle met de côté les postures rhétoriques et les calculs personnels, la gauche peut se retrouver, même si certaines fractures, sur l’austérité ou sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, ont laissé des traces. Sa division idéologique, quand on y regarde de plus près, est moins profonde qu’on ne le croit. Tous ses courants ou presque acceptent le principe de l’économie de marché. Ils se divisent sur le degré de régulation écologique et sociale qu’il convient d’imposer. Il n’y a plus à gauche, aujourd’hui, que des réformistes, plus ou moins audacieux. Alors peut-on comprendre, à la gauche de la gauche, que l’aide aux entreprises dans le but de relancer l’emploi en période de perte de compétitivité n’est pas forcément de droite ? On rappellera à cet égard que les «frondeurs», dont on a tant parlé, ne discutaient que des modalités de cette aide et non de son principe. Quant aux socialistes, ils ont assez de souvenirs – de conscience ? – pour savoir que le retour de la croissance n’a de sens que si les plus modestes en profitent et que l’aspiration à un autre mode de vie est élémentaire à gauche. Ils peuvent, dans la culture politique de l’altermondialisme, distinguer les réformes possibles et les mettre en œuvre. »

En d’autres termes, Joffrin nous explique que, paraphrasant un célèbre président américain, « nous sommes tous des libéraux maintenant ». Que les désaccords à gauche sont finalement cosmétiques, des pures « postures rhétoriques » – ou pire, des « calculs personnels » alors qu’en fait tout le monde ou « presque » se sont ralliés à l’économie de marché. Leurs différences finalement ne portent que sur « le degré ». Sur « l’audace » plus ou moins grande des « réformes ». La « gauche de la gauche » devrait pouvoir comprendre que les travailleurs doivent se sacrifier pour que leur entreprise soit « compétitive » – car il est hors de question que le capitaliste sacrifie quoi que ce soit dans ce but. Les socialistes – qu’on n’appelle pas « la droite de la gauche », malgré le parallélisme évident des formes – devraient savoir que la gestion de l’économie n’a de sens que si « les plus modestes en profitent » – qui a dit que la « modestie » n’est pas une qualité ? – et si l’on satisfait « l’aspiration à un autre mode de vie »…

Mais la démonstration de Joffrin contient un non dit : Si les différences entre les courants de la gauche sont simplement sur l’étendue des réformes à engager, sur le fait d’aller plus ou moins loin dans telle ou telle direction, et non sur la nature profonde des réformes en question, c’est donc qu’elles partagent la même analyse, la même interprétation de la réalité. En d’autres termes, qu’il n’y a plus à gauche de différences quand aux outils historiques, sociologiques, anthropologiques, politiques qui servent à comprendre le réel et lui donner un sens. Qu’il existe un corpus d’analyse unique, à partir duquel on ne peut que tomber d’accord pourvu qu’on abandonne « postures rhétoriques » et « combats personnels ».

Admettons un instant que Joffrin ait raison – et je pense que c’est le cas même si, comme on le verra, ce n’est pas tout à fait pour la raison qu’il évoque. La question qui se pose immédiatement est : Mais comment en est-on arrivé là ? Comment la diversité de la pensée de gauche, la créativité foisonnante des idées nouvelles, a-t-elle pu laisser la place à une véritable « pensée unique » partagée par tous ? Comment une grille d’analyse commune a pu s’imposer aux écologistes comme aux « sociaux libéraux », aux communistes comme aux radicaux de gauche ? Qu’est ce qui réunit Pierre Laurent et Manuel Valls, Mélenchon et Duflot ? La réponse est tellement simple qu’elle semble triviale : c’est l’envie de gagner ou conserver des sièges, de gagner des voix. C’est là la grille d’analyse « universelle » qui a fini par se substituer à toutes les autres. Les maîtres à penser de la gauche ne sont plus Louis Althusser ou Jean-Paul Sartre, Pierre Bourdieu ou Jacques Lacan, c’est Jacques Séguéla. Les élites politico-médiatiques ne pensent plus en termes d’idées, mais en termes de communication.

Vous trouvez que j’exagère ? Et bien, regardons un autre exemple. Il y a maintenant quelques semaines, « Le Monde » consacrait deux pleines pages au Front National, sous le titre « Le FN piégé par son programme économique ». Ceux des lecteurs du « quotidien de référence » – interdit de rigoler – qui s’attendaient à une analyse de la pertinence du programme économique du FN auront été pour leurs frais. Ce que l’article analysait, c’était dans quelle mesure les choix programmatiques des dirigeants du Front – et notamment la sortie de l’Euro – pouvaient le gêner ou l’avantager dans la chasse aux voix. Et la conclusion était sans appel : proposer la sortie de l’Euro, c’est s’aliéner les électeurs plus âgés, qui ont peur pour leur capital et leurs retraites. Si le FN veut arriver au pouvoir, il est donc impératif de se défaire de ce « marqueur » médiatique trop encombrant. En d’autres termes, peu importe qu’une proposition, une mesure, un projet soient cohérents ou qu’ils soient dans l’intérêt du pays. Le seul critère pour le juger, c’est l’adéquation avec les préjugés de telle ou telle cible électorale. Un parti politique n’est pas là pour convaincre ses électeurs, mais pour profiter de leurs idées préconçues en adaptant son discours.

Un autre exemple, peut-être ? Et bien, prenez les discours de la « gauche radicale » qui se réfèrent à une alliance générale qui irait du NPA aux écologistes, en passant par le PCF, le PG et toute la galaxie des groupuscules divers et variés. Et sur quoi, je vous le demande, repose ce projet ? Sur une négociation qui servirait à confronter les analyses et les idées et à construire un projet et un programme de compromis acceptable par tous ? Bien sur que non. Cela repose exclusivement sur l’affirmation – exemples à l’appui – que « lorsque la gauche de la gauche se présente unie, elle peut l’emporter ». Exactement l’argument de Joffrin. Ce n’est pas la peine de discuter des idées, des analyses, des projets parce que ceux-là n’ont aucune importance. Si on laisse de côté les « postures rhétoriques » et les « combats personnels », on peut unir Duflot et Laurent, Mélenchon et Hamon sur un objectif commun : gagner des sièges.

Faut-il pousser le raisonnement jusqu’au bout ? Joffrin ne s’y risque pas. Après avoir montré que la gauche peut s’unir, il conclut avec la formule suivante : « Question de volonté, de part et d’autre. On ne le veut pas ? Dans ce cas, l’avenir s’appelle Sarkozy. Ou Le Pen. ». Admettons. Mais au fond, est-ce si grave ? Après tout, si la gauche dans son ensemble accepte « le principe de l’économie de marché » ; si la « gauche de la gauche » admet, comme le lui conseille Joffrin, d’accepter qu’il faut aider les patrons – pardon, pardon, « les entreprises » – au nom du Graal de la compétitivité ; en quoi la gauche est-elle finalement si différente de la droite ? Finalement, la logique de Joffrin conduit à une conclusion qui semble être l’inverse de celle qu’il nous propose.

Maintenant, mes chers lecteurs, vous comprenez pourquoi les débats politiques sont aussi creux, pourquoi les « forums populaires », les « assises du renouveau », les « remue méninges » et autres « conférences nationales » organisées ostensiblement pour « réfléchir » deviennent rapidement des exercices sans le moindre intérêt, qui servent souvent de prétexte à une intervention de clôture du « dirigeant suprême » devant les militants et la presse assemblés. Pourquoi les appareils d’éducation et de formation des militants sont devenus squelettiques là où ils existaient, et pourquoi le débat théorique, qui était caractéristique de la gauche française, a totalement disparu. Normal: avoir des idées peut devenir un "piège" qui vous empêchera de faire preuve de la flexibilité nécessaire pour atteindre telle ou telle cible électorale. Le monde politique ne pense plus. Il ne fait que communiquer.

Descartes

(1) http://www.liberation.fr/politiques/2015/03/23/question-de-volonte_1227009

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34 réponses à Pourquoi les idées se meurent…

  1. bovard dit :

    Quand Hollande ,assimile les propositions du FN à celles du PCF,il ne fait que répéter,ce qu’un numéro du journal Fakir avait révélé dès 2013:le FN avait pillé le programme social du pcf’ canal historique:retraite à 60 ans,euroscepticisme etc..Circulations manifestes des idées.Quand Pierre Laurent proteste,c’est par l’obligation d’é-viter l’amalgame harceleur anti-PCF Rouge/Brun des années 80.
    Pour un Hollande en perdition,brouiller le débat d’idées n’est ce pas le B.A.B.A de SOS-Culbuto ?
    SVP,n’accablez pas Hollande,car il ne faut pas tirer sur un ambulance,fut elle chef de file du PS.
    Tout amalgamer,pour créer des écrans de fumée pendant que ‘Culbuto’ (l’autresurnom d’Hollande) pourra se repositionner.
    Chapeau M l’ex premier secrétaire du PS..Mais comme président,nous attendions mieux pour consolider votre majorité,même si 80% des français vous rejettent. surnom d’Hollande .

    • Descartes dit :

      @ bovard

      [Pour un Hollande en perdition, brouiller le débat d’idées n’est ce pas le B.A.B.A de SOS-Culbuto ?]

      Je ne crois pas. La place du PCF dans le « débat d’idées » aujourd’hui est négligeable. Je doute fort que Hollande mette dans sa liste de priorités le fait de « brouiller » l’image du PCF. Je pense plutôt que c’est chez Hollande un « cri du cœur ». La génération Mitterrand, à laquelle Hollande appartient, a été éduquée politiquement dans l’anticommunisme.

  2. edgar dit :

    Il est par ailleurs tout à fait possible que Joffrin n’ait fait, dans son édito, que retranscrire les nouveaux éléments de langage concoctés à l’Elysée.

    • Descartes dit :

      @ edgar

      [Il est par ailleurs tout à fait possible que Joffrin n’ait fait, dans son édito, que retranscrire les nouveaux éléments de langage concoctés à l’Elysée.]

      Vous croyez ? Je n’en vois pas trop la nécessité. L’identification idéologique entre l’hôte de l’Elysée et Joffrin pour assurer un langage uniforme sans qu’il soit besoin d’y voir un complot.

  3. Ifig dit :

    Bonjour Descartes,
    Tu écris : “Mais comment en est-on arrivé là ? Comment la diversité de la pensée de gauche, la créativité foisonnante des idées nouvelles, a-t-elle pu laisser la place à une véritable « pensée unique » partagée par tous ? Comment une grille d’analyse commune a pu s’imposer aux écologistes comme aux « sociaux libéraux », aux communistes comme aux radicaux de gauche ? Qu’est ce qui réunit Pierre Laurent et Manuel Valls, Mélenchon et Duflot ? La réponse est tellement simple qu’elle semble triviale : c’est l’envie de gagner ou conserver des sièges, de gagner des voix. C’est là la grille d’analyse « universelle » qui a fini par se substituer à toutes les autres.”

    Autre réponse possible : ce qui réunit tout ce monde, c’est un certain réalisme quant aux politiques économiques possibles et souhaitables. La politique suivie in fine par le gouvernement de Syriza en Grèce est intéressante à ce sujet. Ils ont mis beaucoup d’eau dans leur radicalisme de départ, parce que la rupture, c’est plus facile à dire qu’à faire. Ils n’arriveront peut-être pas à avaler suffisamment de couleuvres et seront finalement contraints à la dite rupture, mais dans tous les cas, ils ont montré qu’ils pouvaient bien s’accommoder de privatisations par exemple, et de mesures libérales en général.

    • Descartes dit :

      @ Ifig

      [Autre réponse possible : ce qui réunit tout ce monde, c’est un certain réalisme quant aux politiques économiques possibles et souhaitables.]

      « Souhaitables » pour qui ? Oui, vous avez raison, il y a un total consensus sur les politiques « souhaitables » pour les « classes moyennes ». Et comme ce sont les « classes moyennes » qui dominent totalement le paysage politico-médiatique, ce sont ces politiques qui sont présentées comme étant les seules « réalistes ». C’est pourquoi je pense que Joffrin n’a pas tout à fait tort : puisque tous les partis de gauche représentent finalement les intérêts des classes moyennes, pourquoi ne pourraient-ils finalement s’entendre ?

      [La politique suivie in fine par le gouvernement de Syriza en Grèce est intéressante à ce sujet. Ils ont mis beaucoup d’eau dans leur radicalisme de départ, parce que la rupture, c’est plus facile à dire qu’à faire.]

      Bien sur que c’est difficile. Mais elle était difficile en 1789, en 1945, en 1958… Est-ce pour autant une raison d’y renoncer, et de renoncer non seulement à la faire, mais même à la penser ? Car avant de se poser la question de la rupture dans l’action, il faut se l’être posée dans la pensée. Or, c’est justement cela que je dénonce : nos élites politico-médiatiques ont renoncé à penser un monde différent de celui que nous avons. Ils s’efforcent de respecter les règles du jeu – celles de la finance, de l’Europe, de la mondialisation – sans jamais se demander d’où viennent ces règles et si elles sont aussi « naturelles » qu’on le dit.

    • Ifig dit :

      On en revient à la discussion sur ‘les classes moyennes’ que tu mènes régulièrement avec v2s. Allez, un peu d’hyperbole: nos sociétés sont les plus libres et les plus riches qu’on ait vus sur Terre. Et pas seulement pour les classes moyennes, aussi pour des grandes masses de pays pauvres. Les alternatives anticapitalistes n’ont pas apporté la preuve de leur capacité à emmener une société plus juste. Pourquoi faire confiance à des politiques révolutionnaires, qui proposent le saut dans l’inconnu? Si tu acceptes ce jugement, tu en déduis que le domaine de la politique devient celui de la bonne gestion et de savoir où placer les curseurs vers plus ou moins de redistribution, plus ou moins d’intervention étatique dans l’économie, plus ou moins de protection ou de libéralisme dans le marché du travail.

      Je suis d’accord avec toi que la politique devrait ne pas penser pour autant que le monde est stable et que l’histoire est finie. Des chocs arrivent et arriveront, chocs techniques, environnementaux ou géopolitiques par exemple.

      PS: ta nouvelle plate-forme de discussion a un petit bug: il n’y a pas de bouton “Répondre” aux commentaires qui sont déjà des réponses, et donc dans un ‘groupe’ de discussion, le sens est du plus récent vers le plus ancien.

    • Descartes dit :

      @ Ifig

      [Allez, un peu d’hyperbole: nos sociétés sont les plus libres et les plus riches qu’on ait vus sur Terre. Et pas seulement pour les classes moyennes, aussi pour des grandes masses de pays pauvres. Les alternatives anticapitalistes n’ont pas apporté la preuve de leur capacité à emmener une société plus juste.]

      Ce n’est pas vrai. Les alternatives anticapitalistes ont au moins apporté la preuve de leur capacité à emmener une société plus juste… dans les pays capitalistes ! Croyez-vous que sans la peur que le « fantôme qui parcourt l’Europe » a inspiré aux classes dominantes on aurait eu un jour des « Etats-providence » en France, en Angleterre, en Allemagne et jusqu’aux Etats-Unis ? Et pourquoi croyez-vous que la déchéance des Etats-providence et la chute des expériences socialistes soit concomitante ?

      [Pourquoi faire confiance à des politiques révolutionnaires, qui proposent le saut dans l’inconnu? Si tu acceptes ce jugement, tu en déduis que le domaine de la politique devient celui de la bonne gestion et de savoir où placer les curseurs vers plus ou moins de redistribution, plus ou moins d’intervention étatique dans l’économie, plus ou moins de protection ou de libéralisme dans le marché du travail.]

      Tout à fait. Sauf qu’en acceptant cette logique, la marge sur le placement des curseurs devient extrêmement faible. Poussez le curseur de la redistribution ou celui de la protection des travailleurs, et le capital ira s’investir ailleurs. La vision « gestionnaire » de la politique pousse irrésistiblement dans un entonnoir ou il n’y a plus qu’une seule politique possible. Sans le courage d’explorer des chemins inconnus – et peut-être dangereux – on est condamné par les limites du connu.

      [Je suis d’accord avec toi que la politique devrait ne pas penser pour autant que le monde est stable et que l’histoire est finie. Des chocs arrivent et arriveront, chocs techniques, environnementaux ou géopolitiques par exemple.]

      Et il n’y a pas que ça. La politique ne peut être conçue comme purement réactive. Nous pouvons essayer de nouvelles choses même lorsqu’aucun « choc » se présente à l’horizon.

      [PS: ta nouvelle plate-forme de discussion a un petit bug: il n’y a pas de bouton “Répondre” aux commentaires qui sont déjà des réponses, et donc dans un ‘groupe’ de discussion, le sens est du plus récent vers le plus ancien.]

      S’il n’y avait que ça… malheureusement, over-blog n’écoute que rarement ses utilisateurs.

    • Ifig dit :

      Descartes: ” Les alternatives anticapitalistes ont au moins apporté la preuve de leur capacité à emmener une société plus juste… dans les pays capitalistes ! Croyez-vous que sans la peur que le « fantôme qui parcourt l’Europe » a inspiré aux classes dominantes on aurait eu un jour des « Etats-providence » en France, en Angleterre, en Allemagne et jusqu’aux Etats-Unis ? Et pourquoi croyez-vous que la déchéance des Etats-providence et la chute des expériences socialistes soit concomitante ?”

      Sur l’histoire de l’Etat providence: je connais bien cette thèse de l’Etat providence comme création / rempart au communisme. (Je l’ai suffisamment répété pendant des années…) Est-ce qu’elle tient vraiment la route? Qu’est-ce qui est directement relatif à l’influence (ou à la peur) communiste, typiquement le programme du CNR, versus qu’est-ce qui vient de la dynamique interne des sociétés à état providence qui souhaitent l’élargir / le maintenir parce que c’est la demande démocratique de ces sociétés? Typiquement, la Suisse a sûrement un Etat providence développé: est-ce que c’est par peur du bolchevisme?

      Sur la situation actuelle de l’Etat providence: est-ce qu’elle est si dégradée que ça? Grosso modo, la moitié de l’économie dans nos sociétés est faite de dépenses publiques, donc soumise à redistribution, dépenses sociales etc. Et je ne suis pas sûr que la baisse soit si marquée malgré les pressions des affreux libéraux. Marx aurait signé immédiatement pour ce niveau, lui qui dans le Manifeste demandait des choses très modestes à nos yeux, comme un impôt sur le revenu.

    • Descartes dit :

      @ Ifig

      [Sur l’histoire de l’Etat providence: je connais bien cette thèse de l’Etat providence comme création / rempart au communisme. (Je l’ai suffisamment répété pendant des années…) Est-ce qu’elle tient vraiment la route?]

      Je pense que oui. D’abord, il y a quelques coïncidences qui sont quand même troublantes : Pourquoi la réponse de la bourgeoisie à la crise de 1929 a-t-elle été dans un premier temps totalement « classique », mais a laissé la place dans un deuxième temps à un traitement totalement novateur par rapport à la gestion des crises pré-1917 ? Pourquoi les classes dominantes ont accepté le « New Deal » aux Etats-Unis, le Front Populaire en France, les réformes du droit du travail britanniques, les concessions sociales des régimes autoritaires ? Pourquoi on voit en 1945 la bourgeoisie accepter dans toutes les nations développées, là où la classe ouvrière était puissante, des systèmes « d’Etat providence », alors que dans les pays ou la classe ouvrière est inexistante ces systèmes n’apparaissent pas ? Et finalement, pourquoi on voit ces systèmes dépérir en même temps que les régimes socialistes cessent d’apparaître comme une véritable menace ?

      [Qu’est-ce qui est directement relatif à l’influence (ou à la peur) communiste, typiquement le programme du CNR,]

      La question n’est pas le programme, mais les moyens de l’appliquer. Si la bourgeoisie avait utilisé son pouvoir pour saboter le plan, si elle avait été prête à aller à la guerre civile pour empêcher sa mise en œuvre – comme elle l’était dans les années 1900 ou dans les années 1930, l’Etat-providence n’aurait pas vu le jour. Mais la bourgeoisie n’a pas véritablement résisté la mise en œuvre du programme du CNR – pas plus qu’elle n’a résisté à la création du National Health Service en Grande Bretagne. Pourquoi ? De quoi avait-elle peur, au point que l’octroi d’avantages sociaux considérables lui est apparu comme un pis-aller ?

      [versus qu’est-ce qui vient de la dynamique interne des sociétés à état providence qui souhaitent l’élargir / le maintenir parce que c’est la demande démocratique de ces sociétés?]

      Dans les années 1930, la bourgeoisie n’avait pas hésité à s’asseoir sur la « demande démocratique ». Pourquoi a-t-elle hésité à le faire dans la période 1945-1980 ? Et pourquoi elle n’hésite plus depuis la fin des années 1980 ? Vous avouerez que la coïncidence est troublante…

      [Typiquement, la Suisse a sûrement un Etat providence développé: est-ce que c’est par peur du bolchevisme?]

      Et pourquoi pas ? La Suisse avait dans les années 1940 un parti communiste puissant. Je doute que la révolution en Suisse aurait pris un tour bien sanglant, mais la bourgeoisie aurait tout de même perdu beaucoup…

      [Sur la situation actuelle de l’Etat providence: est-ce qu’elle est si dégradée que ça? Grosso modo, la moitié de l’économie dans nos sociétés est faite de dépenses publiques, donc soumise à redistribution, dépenses sociales etc.]

      Comme vous y allez… la dépense publique n’est nullement une garantie de « redistribution ». Prenez par exemple les subventions aux entreprises. Ou le financement d’un système éducatif destiné à former les travailleurs ou les cadres dont les entreprises ont besoin. Ou les dépenses dans des infrastructures qui sont d’abord utilisés par les entreprises. Tout cela n’a rien à voir avec « l’Etat providence ». L’Etat providence est fondé sur le transfert sur l’Etat d’un certain nombre de risques sociaux. C’est la garantie assumée par l’Etat de protéger la santé, la vie de famille, le logement, le travail de chaque citoyen. Avec un chômage de masse qui voit de plus en plus de chômeurs d’arriver en fin de droits, un système de santé de plus en plus livré à la concurrence, des services publics qui se concentrent sur les secteurs économiques « rentables », la multiplication des mal logés, la dégradation des écoles publiques et le transfert massif des « classes moyennes » sur le privé, oui, on peut le dire, l’Etat-providence est sérieusement atteint.

      [Et je ne suis pas sûr que la baisse soit si marquée malgré les pressions des affreux libéraux.]

      La question est moins la baisse de la dépense que son caractère redistributif.

      [Marx aurait signé immédiatement pour ce niveau, lui qui dans le Manifeste demandait des choses très modestes à nos yeux, comme un impôt sur le revenu.]

      Je ne crois pas. Marx avait trop de culture historique pour penser que l’on peut demander la même chose en 1848 et en 2015. S’il vivait encore, il ne pourrait que constater que la part de la valeur produite qui rémunère le travail revient dangereusement aux niveaux qu’il avait connus en 1848.

    • morel dit :

      @ Ifig

      «. Marx aurait signé immédiatement pour ce niveau, lui qui dans le Manifeste demandait des choses très modestes à nos yeux, comme un impôt sur le revenu. »

      Vous faites erreur, Marx ne demandait pas des choses si « modestes » dans le Manifeste :

      Il demandait, entre autres, pour les « pays les plus avancés » : « Impôt fortement progressif » et non le seul établissement d’un impôt sur le revenu ainsi que « Abolition du droit d’héritage ».

      Marx, même en 1848, ne raisonnait pas en termes de « niveau de vie » mais en termes de « transformation sociale ».

  4. v2s dit :

    [Les maîtres à penser de la gauche ne sont plus Louis Althusser ou Jean-Paul Sartre, Pierre Bourdieu ou Jacques Lacan, c’est Jacques Séguéla. Les élites politico-médiatiques ne pensent plus en termes d’idées, mais en termes de communication.]

    Vous introduisez une confusion entre, d’une part, le fond, les idées – ce que pensent les élites- et d’autre part les moyens de voir leurs idées progresser, à savoir la communication, les méthodes à la Jaques Séguéla.

    Si Sartre, Bourdieu ou Lacan étaient encore de ce monde, sans doute qu’ils peaufineraient leur « communication », sans doute qu’ils apparaîtraient dans les émissions littéraires ou politiques à forte audience, sans doute qu’on les verrait débattre aux heures de grande écoute avec leurs confrères. Peut-être même seraient-ils invités au « supplément de Canal+ ».

    S’il existe si peu de défenseurs de vos idées dans les médias, si peu de dirigeants politiques qui se démènent pour faire avancer les idées que vous défendez, c’est simplement parce que ces dirigeants ne croient pas aux idées que vous défendez.
    Très rares sont ceux, dirigeants élites ou pas qui y croient encore.
    Libre à vous de continuer à y croire, mais pourquoi voudriez vous que ceux qui n’y croient pas se battent pour des idées qui ne sont pas les leurs.

    [Tous ses courants ou presque acceptent le principe de l’économie de marché. Ils se divisent sur le degré de régulation écologique et sociale qu’il convient d’imposer.]
    Oui, c’est exactement ça.

    • Descartes dit :

      @ v2s

      [Vous introduisez une confusion entre, d’une part, le fond, les idées – ce que pensent les élites- et d’autre part les moyens de voir leurs idées progresser, à savoir la communication, les méthodes à la Jaques Séguéla.]

      Aucune confusion. Il fut un temps ou nos hommes politiques et nos élites médiatiques lisaient Marx, Sartre, Bourdieu ou Aron. Vous imaginez aujourd’hui Hollande lisant Marx ? Sarkozy lisant Aron ? Poujadas lisant Bourdieu ? Vous rigolez.

      [Si Sartre, Bourdieu ou Lacan étaient encore de ce monde, sans doute qu’ils peaufineraient leur « communication », sans doute qu’ils apparaîtraient dans les émissions littéraires ou politiques à forte audience, sans doute qu’on les verrait débattre aux heures de grande écoute avec leurs confrères. Peut-être même seraient-ils invités au « supplément de Canal+ ».]

      Et c’est pour cela qu’il n’y a plus de Sartre, de Bourdieu ou de Lacan. Parce qu’une pensée complexe se construit et se transmet par le livre, par l’étude, pas par la « communication ». On ne diffuse pas une pensée dans une émission littéraire ou politiques « aux heures de grande écoute » – ça existe ? – ou les invités ont droit à trois minutes d’expression montre en main, et ne sont invités que s’ils ont un livre à vendre. On ne diffuse pas une pensée dans des émissions du genre « supplément de Canal+ » ou le parti pris est celui de la superficialité et l’impertinence. La pensée nécessite du temps, de la concentration, de la discipline, du sérieux. Des choses qui sont anathème au système politico-médiatique d’aujourd’hui.

      [S’il existe si peu de défenseurs de vos idées dans les médias, si peu de dirigeants politiques qui se démènent pour faire avancer les idées que vous défendez, c’est simplement parce que ces dirigeants ne croient pas aux idées que vous défendez.]

      C’est très possible. Mais ce que je reproche aux hommes politiques ce n’est pas de ne pas croire à mes idées, c’est de ne pas croire aux idées en général. Quand tout le monde tient le même discours, cela ne montre qu’une chose : que personne ne pense.

  5. bernard dit :

    bonsoir , que c’est triste d’entendre Pierre Laurent qui se sent scandalisé par les propos d’Hollande, c’est un peu renier les discours de Georges Marchais cette attitude , il est vrai quand on a appeler a voter pour Hollande( le changement c’est maintenant ) il se sent un peu ridicule et honteux de la lucidité du pcf de l’époque

    • Descartes dit :

      @ bernard

      [bonsoir , que c’est triste d’entendre Pierre Laurent qui se sent scandalisé par les propos d’Hollande, c’est un peu renier les discours de Georges Marchais cette attitude , il est vrai quand on a appeler a voter pour Hollande( le changement c’est maintenant ) il se sent un peu ridicule et honteux de la lucidité du pcf de l’époque]

      Les palinodies autour de la phrase de François Hollande donnent une idée de la confusion idéologique dans laquelle nous nous trouvons. Que le FN ait piqué le programme du PCF des années 1970 est finalement un hommage du vice à la vertu. Cela montre combien le PCF de l’époque était intimement connecté avec les couches populaires, au point de produire un discours qui reste, quarante ans plus tard, tellement actuel que ceux qui veulent conquérir l’électorat ouvrier en sont réduits à le reprendre.

      Seulement voilà : il ne faut pas oublier que Laurent et les siens sont les représentants d’une génération d’apparatchiks qui ont foulé aux pieds l’héritage marchaisien, en privé comme en public. Dans les années 1980-90, Marchais était le symbole du « PCF ringard » que les « refondateurs » et autres « rénovateurs » voulaient déboulonner. Avec l’arrivée du père UbHue, ce fut la chasse à tout ce qui pouvait rappeler le « PCF d’avant ». A la poubelle avec la faucille et le marteau, le « socialisme aux couleurs de la France », l’opposition à l’UE et à l’Euro, l’analyse matérialiste de la question de l’immigration.

      Si Marine Le Pen a pu reprendre le programme du PCF de Marchais – et l’électorat qui va avec – c’est parce que ses héritiers naturels l’ont laissé tomber. Ils sont assez mal placés donc aujourd’hui pour le revendiquer.

  6. Ribus dit :

    D’après vos citations de Joffrin et votre propre analyse, il en ressort que le sort de notre nation ne les intéresse pas du tout ; c’est bien le cadet de leurs soucis. Il est évident que pour les socialistes, la reprise économique n’a pas pour finalité de redresser les comptes du pays et de reprendre le chemin de la croissance et de la prospérité mais seulement de permettre aux caciques du parti et aux pistonnés qui leur doivent leur situation de conserver leur sinécure.

    Or, les défaites aux municipales et aux départementales ont bien entamées le gâteau et pour eux il devient urgent de sauvegarder le reste coûte que coûte. Pour ce faire, ils sont prêts à tout, même à marier une carpe socialiste avec un lapin écologiste ou communiste.

    La prochaine union de la gauche ne sera donc qu’une association d’intérêts dépourvue de tout contenu politique au sens où ce mot définit l’intérêt général, un peuple et un pays, certes en voie de libanisation.

    De ce point de vue, Joffrin a tout à fait raison car les socialistes vont faire comprendre aux « frondeurs » et à la gauche de la gauche que sans une victoire de Hollande ou un autre batracien en 2017, ils vont tous se retrouver chômeurs.
    On est bien loin de l’intérêt supérieur de l’État….

    Pour ce qui est de l’habillage de ces manœuvres, attendons à mon avis 2016 où on va nous refaire le coup du « grand débat », de l’unité nationale avec la grande fanfare de la propagande médiatique.

    Vous citez également des intellectuels de gauche en disant que Séguéla a remplacé Sartre et qu’il n’y aurait plus de vrais penseurs à gauche. Et pourtant, si en la personne de l’immense BHL qui, par son envergure philosophique réunit la droite et la gauche ! Je ne plaisante pas : BHL est la plus grand penseur sans pensée de toute l’Histoire. Il est l’inventeur du vide philosophique et cette vacuité conceptuelle est la cause de son grand succès dans les milieux bobos. Car, en effet, seul compte la com’ et les bénéfices qu’elle peut générer au profit du pouvoir.

    Plus sérieusement, dans la vie politique en France ( et sans doute ailleurs ) le débat d’idées est finalement une fiction puisque nous n’assistons qu’à des joutes verbales et à des coups de com’. En fait, le débat politique n’existe pas.

    Une preuve en est aussi ces soirées où des hommes politiques professionnels « affrontent » des quidams ou des jeunes adolescents pour faire peuple alors que ce ne sont que des émissions factices où toutes les chances sont mises du côté du politicien.

    • Descartes dit :

      @ Ribus

      [D’après vos citations de Joffrin et votre propre analyse, il en ressort que le sort de notre nation ne les intéresse pas du tout ; c’est bien le cadet de leurs soucis. Il est évident que pour les socialistes, la reprise économique n’a pas pour finalité de redresser les comptes du pays et de reprendre le chemin de la croissance et de la prospérité mais seulement de permettre aux caciques du parti et aux pistonnés qui leur doivent leur situation de conserver leur sinécure.]

      Bien entendu. Et il est difficile de leur jeter la pierre, puisque la politique est devenue un métier comme un autre. Pensez-vous que le cadre de Procter & Gamble ait d’autre objectif dans son action quotidienne que de s’assurer son salaire et ses primes ? Que pour lui vendre du savon soit autre chose qu’un moyen pour atteindre ce but ? Et pourquoi voulez-vous que les cadres de « l’entreprise PS » agissent autrement ?

      La politique fut pendant longtemps une passion ou un sacerdoce, réservée souvent à des gens qui y consacraient leur fortune – lorsqu’ils en avaient – et leur vie. Non seulement elle rapportait peu, mais elle pouvait vous couter cher. Et pas seulement en argent : pensez à Georges Mandel, à Jean Zay… Aujourd’hui, elle est devenue un métier « normal ». Pourquoi s’étonner que les politiques réagissent comme des cadres d’entreprise ?

      [Or, les défaites aux municipales et aux départementales ont bien entamées le gâteau et pour eux il devient urgent de sauvegarder le reste coûte que coûte. Pour ce faire, ils sont prêts à tout, même à marier une carpe socialiste avec un lapin écologiste ou communiste.]

      Vous n’imaginez pas. Les dernières défaites ont déversé sur le marché toute une population de membres de cabinets – des maires, des présidents de conseil général – des cadres de direction, des attachés… des gens qui n’ont aucune expérience en dehors du monde étroit de la politique et des compétences difficiles à valoriser. Et la rue est dure, ces temps-ci. Alors on les voit défiler, chez des anciens amis politiques ou « camarades » demandant « un petit poste, pour l’amour de dieu »…

      [De ce point de vue, Joffrin a tout à fait raison car les socialistes vont faire comprendre aux « frondeurs » et à la gauche de la gauche que sans une victoire de Hollande ou un autre batracien en 2017, ils vont tous se retrouver chômeurs.]

      C’est la seule chose qui réunit aujourd’hui les différents courants du PS. Mais ne sous-estimez pas la puissance de ce lien. Il permet de faire vivre des gauchistes repentis – genre Pouria Amirshahi ou Julien Dray – et des droitiers assumés comme Bockel ou Le Guen, sans parler des girouettes opportunistes dont il serait trop long de donner la liste. C’est un fonctionnement purement clanique. Et à droite ce n’est guère mieux.

      [Vous citez également des intellectuels de gauche en disant que Séguéla a remplacé Sartre et qu’il n’y aurait plus de vrais penseurs à gauche. Et pourtant, si en la personne de l’immense BHL qui, par son envergure philosophique réunit la droite et la gauche !]

      Soyons sérieux. BHL a eu sa chance dans les années 1980, lorsqu’il inventa avec Glucksmann cette supercherie qu’était la « nouvelle philosophie ». Une supercherie qui a bien marché parce que son anticommunisme lui permettait de servir de fondement philosophique au « deuxième maccarthisme » des années 1980. Mais depuis lors, son manque de sérieux est apparu de manière si flagrante que personne lui accorde la moindre stature « intellectuelle ». C’est devenu une sorte d’Alain Minc des riches.

      [Plus sérieusement, dans la vie politique en France ( et sans doute ailleurs ) le débat d’idées est finalement une fiction puisque nous n’assistons qu’à des joutes verbales et à des coups de com’. En fait, le débat politique n’existe pas.]

      Il existe. Mais il est confidentiel. Allez aux colloques de la fondation Res Publica, par exemple – les actes sont disponibles sur leur site internet – et vous verrez de véritables débats avec des gens sérieux qui connaissent leur sujet et qui sont prêts à se mettre en danger en confrontant leurs opinions. Il existe dans certains blogs – le mien, en toute modestie.

      [Une preuve en est aussi ces soirées où des hommes politiques professionnels « affrontent » des quidams ou des jeunes adolescents pour faire peuple alors que ce ne sont que des émissions factices où toutes les chances sont mises du côté du politicien.]

      Ici, je ne partage pas votre avis. Au contraire : le politicien est souvent démuni dans ce genre de « confrontation ». Il se trouve dans une position d’infériorité absolue. D’un côté, les règles de la « com » politique l’obligent à paraître lisse, consensuel, apte tous publics. S’il prend un ton cassant, s’il agresse son interlocuteur, il aura le public contre lui. Tout ce qu’il affirmera, faits, chiffres, exemples, sera soumis à caution. Le « quidam », lui, n’est soumis à aucune de ces contraintes. Tout ce qu’il dira – parce qu’il raconte une expérience personnelle – sera tenu pour vrai et sa sincérité jamais mise en doute par le public. S’il agresse l’homme politique, s’il est cassant, il aura le soutien du public sera avec lui, ravi de cette opportunité de « se faire un politicien » par procuration. Et pour couronner le tout, l’homme politique n’est même plus protégé par son investiture symbolique. Il fut un temps où personne n’aurait osé l’impolitesse face au président de la République. Ce n’est plus le cas : on n’hésite plus à répondre grossièrement au président – et je ne parle même pas des ministres, des députés, des maires – ou de les rudoyer en public. On l’a bien vu lors du dialogue entre le président de la République et une chef d’entreprise anonyme lors du dernier « show » télévisuel.

      C’est d’ailleurs logique. Si les hommes politiques ont rejeté les habits du symbolique et se considèrent des simples « gestionnaires », des « cadres » de l’entreprise France, il n’y a aucune raison pour que les citoyens ne les prennent pas au mot.

  7. bovard dit :

    La voie d’alliances au centre droit est ouverte.En peu de mots Hollande s’est aliéné un bon million de voix pour essayer d’en pêcher deux à droite.
    Ce président sans culture politique (le Nord Pas-de-Calais était une terre d’élection socialiste dans les années soixante-dix) aurait dû être plus clair et dire que le discours du FN ressemble à un discours de Mitterand en 1957.
    Du fait des échecs de la politique gouvernementale, de la faiblesse du PS et des mauvais chiffres des sondages, Hollande pourrait avoir la tentation de gouverner avec le centre lors d’un deuxième mandat, voire de séduire une partie de la droite qui serait mécontente de revoir Sarkozy à l’Elysée (mauvais cheval) et qui, fine analyste (notre droite n’est pas toujours “la plus bête du monde”), ne voit pas grande différence entre les politiques “de droite “et “de gauche”.Bref,François Hollande prépare un retournement d’alliances vers le centre droit.Les socialistes sont AVANT TOUT atlantistes et anticommunistes depuis la seconde guerre mondiale…Il est bien triste de voir que les communistes n’en aient pas tiré toutes les conséquences…..aux présidentielles (1965…1974…1981…1988… 1995…2007….et même 2012……..aux municipales…aux départementales… maintenant what else ?
    Tous ces calculs politiques sont au prix d’une réduction à néant de la capacité idéologique (critique)… Dont désormais c’est Normal premier soi-même qui donne l’exemple !!!… L’ennui du jusqu’au-boutisme dans le brouillage des repères, au prix de la promotion des illusions de noce incestueuse des contraires, …c’est qu’il ne se contente pas de prêter le flanc à la mentalité d’extrême droite rénovée : il participe directement de sa prolifération désastreuse !…Le PS sait qu’il profitera ‘mécaniquement’ d’une poussée FN.
    Il ne s’agit d’ailleurs pas ici précisément d’une pratique d’« amalgame » (un mot qui n’avait pas à l’origine un sens négatif), mais d’analogie mensongèree, lorsqu’un tel rapprochement est fait entre le PCF des années 70 et Marine Le Pen !…
    Ce qui d’une part disqualifie toute Gauche authentique: effectivement sur une la longue séquence de la mise en place du « il n’y a pas d’alternative », après la rupture de 68, et d’autre part crédite la Marine de son virage de normalisation anti-papa, décidée à manger à tous les râteliers du ressentiment !… Il me semble que la question est trop grave, pour que le PCF « demande qu’il s’excuse » au Président de la République : c’est encore quelque part : trop désirer le sauver !…
    Il y a surtout à se demander ce que Pierre Laurent est allé faire à s’exposer, photo à l’appui dans l’Huma, avec des dignitaires solfériniens … Mais aussi se pose pour la gauche à la gauche du PS, le problème d’entretenir un souffle de longue haleine : y compris sans concessions sur le passé. Je ne peux pas souscrire aux propos de Jean-Luc Mélenchon qu’il tint « sur le divan » de Fogiel, le 17 février dernier, comme quoi la « conviction de gauche était totale », chez François… Mitterrand !…
    Entre autres, c’est oublier,d’une part le tournant soi-disant « réaliste » de la rigueur de 1983t parce qu’en réalité on ne savait plus quoi faire d’autre, et d’autre part le problème du Le Pénisme, venant progressivement compenser les « déceptions ».Cela ne date pas du 21 avril 2002 !… Pour le dire vite, c’étaient déjà Mitterrand, Delors , Hollande etc qui avaient mis le FN en selle !…
    Par ailleurs Hollande a t il oublié le programme commun,préparé en 70,signé en 72,rompu au profit du PS en 78-79,sur une ligne union de la gauche?
    Cette ligne socialo-communiste a permis au PS de’ se refaire’ une virginité politique après les compromissions colonialistes de la sfio et Mitterand,himself!
    Pour plus d’un millions d’électeurs cette ligne’ socialo-communiste ‘ ,est un concept progressiste.
    Nous y attachons de l’importance et nous le ferons savoir en sanctionnant F.Hollande.

    • Descartes dit :

      @ bovard

      [La voie d’alliances au centre droit est ouverte. En peu de mots Hollande s’est aliéné un bon million de voix pour essayer d’en pêcher deux à droite.]

      De quelles « voix » tu parles ? Franchement, crois-tu qu’il y a un million d’électeurs qui changeront leur vote parce qu’Hollande a fait une remarque sur la ressemblance du discours économique du FN de 2015 avec celui du PCF des années 1970 ? Cela peut faire du bruit dans les chaumières – les toutes petites chaumières – de la « gauche radicale ». Mais en dehors, TOUT LE MONDE S’EN FOUT. Les gens sont préoccupés par le chômage, par la baisse des salaires, par la dégradation de leurs conditions de vie, par le sentiment d’abandon. Les querelles pour savoir si Marine Le Pen est ou non la fille adoptive de Marchais n’intéressent qu’un tout petit groupe de militants.

      [Bref,François Hollande prépare un retournement d’alliances vers le centre droit.]

      Je pense que vous cédez au fantasme pavlovien de la « gauche radicale ». Je ne pense pas que François Hollande imagine un retournement des alliances vers le « centre droit », tout bêtement parce qu’il n’y a personne au « centre droit » pour faire alliance avec lui. Le « centre droit », quelque soient les efforts faits pour le cacher, est bien à droite. Et toutes les tentatives des socialistes de faire alliance au centre se sont soldées par des échecs : à chaque fois, on arrive à détacher quelques personnalités isolées (Michel Durafour, Jean-Pierre Soissons…) mais le gros des troupes ne suit pas. Et d’ailleurs, pourquoi le feraient-ils ? Qu’ont-ils à gagner ?

      L’alliance au centre droit est pour les socialistes un paradoxe. Lorsque le PS est fort, il n’a pas envie de partager le pouvoir avec eux. Et lorsqu’il est en position de faiblesse, il n’a plus rien à leur offrir pour prix de leur « alliance ». C’est pourquoi cette « alliance » ne se fait jamais. Si le PS avait proposé au « centre droit » une alliance en 2012, cela aurait pu peut-être se faire. Mais en 2015, alors que le bateau fait eau de toutes parts, que les défaites électorales s’accumulent et que la perspective la plus probable est une nouvelle alternance en 2017 ?

      [Il ne s’agit d’ailleurs pas ici précisément d’une pratique d’« amalgame » (un mot qui n’avait pas à l’origine un sens négatif), mais d’analogie mensongère, lorsqu’un tel rapprochement est fait entre le PCF des années 70 et Marine Le Pen !…]

      Je ne vois pas ce qu’il y a de « mensonger » là dedans. L’analogie est juste : le FN aujourd’hui a repris le discours du PCF des années 1970, et cela pour une raison très simple : il veut s’adresser au même électorat. Je l’ai dit ailleurs : ce « vol de discours » est un hommage du vice à la vertu. C’est reconnaître que le PCF en 1970 avait si bien analysé les intérêts de la classe ouvrière et la représentait si bien que personne ne peut prétendre à s’adresser à elle sans reprendre peu ou prou son discours. Et que l’analyse faite par le PCF était si bonne qu’elle reste d’actualité 40 ans plus tard, ce qui n’est pas rien.

      [Ce qui d’une part disqualifie toute Gauche authentique:]

      Je ne sais pas ce que vous appelez « la gauche authentique ». S’il s’agit du PCF, alors je ne vois pas le problème. Le PCF a rompu définitivement au cours des années 1990 avec le PCF marchaisien. S’il a conservé le nom, il a impitoyablement chassé de son horizon tous les symboles, tous les modes d’organisation, toutes les idées qui le rattachaient à lui. S’il admet aujourd’hui la comparaison entre Staline et Hitler, pourquoi pas celle entre Marchais et Le Pen ? Faut savoir ce qu’on veut : le « nouveau PCF » issu du congrès de Martigues est-il le même PCF qui demandait la fermeture des frontières à l’immigration, proclamait son attachement à la Nation et refusait le traité de Maastricht ? Oui ou non ? Si la réponse est « non », comme le disent et répètent les dirigeants du PCF, alors je ne vois pas en quoi la remarque de Hollande pourrait les offenser.

    • bovard dit :

      Les idées meurent aussi par calcul politicien.l’exemple du culot de F.Hollande à propos des années 70 et du pcf,est révélateur.

      En assimilant Marine Lepen 2015,et le pcf des anées 70,c’est un formidable coup de pouce pour le FN.En effet,le PS était lié depuis sa naissance à épinay au PCF par le programme commun !Mitterand,père politique de F.Hollande fut le candidat du PCF dès 1965!..

      Voilà comment les idées meurent!Elles sont assassinées par certains à des fins politiciennes!Car,légitimer le FN,c’est se choisir le meilleur adversaire pour 2017,en ce qui concerne le PS.

      De plus pour FHollande discréditer le PCF ,c’est affaiblir la concurrence via JLM,à la gauche du PS comme pour l’affaiblissement d’EELV,d’ailleurs.

      Et puis ,il faut aussi aller chercher les voix de ites voix-Bayrou qui avaient participer à la victoire de F .Hollande en 2012,pour 2017.

      Oui,les idées socialo/communistes sont mortes sur l’autel de l’intérêt électoralistes de F.Hollande.

      [NDR: J’ai effacé la suite, qui est une recopie du premier commentaire. SVP, il est inutile de copier-coller plusieurs fois la même intervention… je ne publie qu’un seul exemplaire!]

    • Descartes dit :

      @ bovard

      [Les idées meurent aussi par calcul politicien. L’exemple du culot de F.Hollande à propos des années 70 et du pcf,est révélateur. En assimilant Marine Le Pen 2015, et le pcf des années 70, c’est un formidable coup de pouce pour le FN.]

      Vraiment ? Pensez-vous VRAIMENT que l’opinion de Hollande sur le PCF des années 70 ait le moindre effet sur le vote des électeurs de 2015 ? Je pense que vous rêvez. Les débats sur le passé du PCF étaient importants dans les années 1970 et 1980, quand le PCF jouait un véritable rôle de parti tribunicien et qu’il avait derrière lui la CGT. A l’époque, accuser Marchais d’avoir été volontaire en Allemagne ou présenter un journaliste cagoulé se disant membre du Bureau Politique au journal de 20 heures pour débiter des horreurs avait un intérêt électoral. Plus maintenant. Croyez-vous vraiment qu’il y ait beaucoup d’électeurs qui en écoutant le président se diront « cet homme a raison, puisque le FN reprend le flambeau du PCF, il vaut voter pour Marine » ?

      [De plus pour FHollande discréditer le PCF, c’est affaiblir la concurrence via JLM, à la gauche du PS comme pour l’affaiblissement d’EELV, d’ailleurs.]

      D’autres vous diront au contraire que plus le PCF est affaibli, plus JLM risque de réussir finalement son OPA sur le Front de Gauche et donc constituer un pôle à la gauche du PS. Mais ces spéculations politicardes n’ont pas grand intérêt. Elles touchent un tout petit marigot. Et puis, à la fin, tous ces gens-là voteront bien pour Hollande comme ils l’ont fait en 2012.

  8. bovard dit :

    Pourquoi les idées meurent?
    Entre 1975-1995,l’idée du 100% collectivisme à la soviétique,est morte.Pour moi ,cela est arrivé,sous les chocs de la lecture de Soljénytsine puis des séquences historiques liées au Gorbatchévisme.
    Mais,la lecture de la presse du pc soviétique,ainsi que celle des gauchistes français,éhontément mensongère, m’avait rendu ;avant 1975, bolchéviskophobe.
    Pourtant,que de tâtonnements…
    En voici l’illustration,entre profondeur historique et autodérisions.
    Je n’hésite pas à évoquer l’islamofolie car pour moi,la politique, c’est avant tout, l’analyse concrète du réel.
    Raconter,des balivernes,ne m’intéressent pas.
    Car ce qui a succédé au monde ancien,ce qui règne aujourd’hui-malgré l’abondance et son ‘opposé/’autoproclamé’,l’islamofolie,ce n’est pas le rêve du bonheur pour tous,comme avec les pc mais celui,vain,d’ égalité totale,fut elle islamiste.
    Eh,oui,mon cher DESCARTES!
    Certains de nos jeunes (les fameux auto-endoctrinés)en sont là!
    Certes,seulement une partie de la jeunesse de France, heureusement,mais suffisante pour causer tous nos tracas actuels.
    L’islam en apparence,dénonce le capitalisme comme le communisme et veut les anéantir sauf qu’il s’accommode ,dans les faits avec le capitalisme financier ,pas avec le communisme athée.
    Car l’islamisme est fondé sur l’idée que les pauvres peuvent se croire aussi heureux que les riches grâce à l’islam alors que le communisme passe pour être une société dont l’objectif est de rendre les riches aussi malheureux que les pauvres.
    Ce n’est pas le cas pour le communisme à la française(Baboeuf,Buonoretti,Jean Jaurès,Rosa Luxembourg,Marcel Cachin,Gramsci,Thorez,Marchais en sont les théoriciens les + connus).
    Mais à force d’anti-communisme,nous en sommes là,à vivre dans une société où l’idéal communiste est dévalorisé.
    Seul le communisme à la Lénine,est rentré dans la noosphère globale et y est mort.
    Mais comme le bonheur,le communisme à la française, reste une idée à (re)découvrir.
    Soyons humbles,l’espoir communiste réside dans des micro-blogs comme celui de notre cher Descartes.
    Merci à Descartes de me permettre d’exprimer que le communisme est une idée pouvant ressusciter par la vertu de la discussion argumentée et sereine.
    Sans prier dieu ou allah, qu’il continue à pratiquer avec brio sur son blog,la discussion rationnelle,libre et argumentée.
    Merci à lui,de nous permettre d’y participer.

    • Descartes dit :

      @ bovard

      [Entre 1975-1995, l’idée du 100% collectivisme à la soviétique, est morte. Pour moi, cela est arrivé, sous les chocs de la lecture de Soljénytsine puis des séquences historiques liées au Gorbatchévisme.]

      Je pense que vous avez une vision de la dynamique des idées trop schématiques. L’histoire est pleine d’idées qui ont été associées – et ont rendu possibles – des « crimes » infiniment plus grands que ceux racontés par Soljenitsine. Prenez l’idée chrétienne, par exemple, qui a présidé au génocide des indiens d’Amérique Latine. Ou les idéologies racistes qui ont permis pendant deux siècles l’asservissement des noirs dans les Amériques. Croyez-vous que les maîtres d’esclaves ignoraient comment les esclaves étaient traités ?

      Une idée ne meurt pas parce qu’elle serait monstrueuse, elle meurt parce qu’elle cesse d’être utile. Aussi longtemps que l’idée du « 100% collectivisme à la soviétique » leur a été utile – comme référence, comme idéal, comme fondement moral – beaucoup de gens y ont cru. Lorsque cette idée à cessé d’être utile, elle a disparu.

      [Mais, la lecture de la presse du pc soviétique, ainsi que celle des gauchistes français, éhontément mensongère, m’avait rendu avant 1975, bolchéviskophobe.]

      Vous devriez lire plus souvent « Le Monde ». Cela vous conduirait à relativiser le caractère « mensonger » de la presse soviétique… Bien entendu, aucune autorité n’impose au « Monde » ce qu’il doit écrire. Elle n’en a pas besoin : les cadres du journal appartenant à une classe sociale bien déterminée, ils distillent tout naturellement l’idéologie qui sert les intérêts de cette classe. Et si pour cela il faut inventer les faits ou les tordre… croyez-vous qu’ils hésitent ?

      [Car ce qui a succédé au monde ancien, ce qui règne aujourd’hui-malgré l’abondance et son ‘opposé/’autoproclamé’, l’islamofolie, ce n’est pas le rêve du bonheur pour tous, comme avec les pc mais celui, vain, d’égalité totale, fut elle islamiste.]

      L’idéologie « islamiste » n’est en rien « égalitaire ». Je crois que vous faites là une erreur d’analyse. L’idéologie « islamiste » est une idéologie de la soumission à la communauté, à la tradition. Elle tire sa force de sa capacité à offrir des repères immuables dans une société dont les institutions ont renoncé à le faire. C’est une idéologie qui explique ce qu’il faut faire ou ne pas faire à chaque instant, et qui, en échange de cette soumission, donne au croyant une forme de pouvoir sur les autres et la promesse d’un paradis transcendent. Mais il n’y a dans cette idéologie la moindre trace de « égalité totale ».

      [Certes, seulement une partie de la jeunesse de France, heureusement, mais suffisante pour causer tous nos tracas actuels.]

      Si les institutions de la République renoncent à offrir pas à la jeunesse de France des repères et des références, il ne faut pas s’étonner qu’elle aille les chercher ailleurs. Les jeunes ont besoin de savoir ou sont les limites, et de les franchir occasionnellement pour les « tester », pour s’affirmer en tant qu’êtres sociaux. Or, comme disait Lacan, « là ou tout est permis, rien n’est subversif ». Dans notre société ou tout ou presque est permis, qu’est ce qui reste au jeune comme « transgression » possible, comme « aventure » personnelle, comme « geste » politique ?

      [Mais à force d’anti-communisme, nous en sommes là,à vivre dans une société où l’idéal communiste est dévalorisé. Seul le communisme à la Lénine,est rentré dans la noosphère globale et y est mort. Mais comme le bonheur, le communisme à la française, reste une idée à (re)découvrir.]

      Je suis méfiant devant ce genre de tentatives de redorer le blason du « communisme ». On ne sauvera pas Marx en mettant Lénine au pilori. L’héritage communiste ne peut être découpé en morceaux. Le socialisme soviétique a pris une forme particulière qui tient autant aux travaux de Lénine qu’à l’histoire russe. De la même manière que le capitalisme eltsinien ou putinien tiennent autant des travaux de Smith et Locke que de l’histoire russe. Si la France avait suivi le chemin socialiste, ce socialisme aurait été aussi différent du socialisme soviétique que peut l’être le capitalisme français du capitalisme soviétique.

      C’est pourquoi le projet porté par exemple par Lucien Sève de « sauver » le communisme, censé être une idée « pure », en rejetant les « erreurs » et les « trahisons » de ceux qui les ont mises en oeuvre me paraît vouée à l’échec. Aucune idée n’est « pure » en politique, et l’idée n’existe que traduite en acte. Dire « Marx n’a pas voulu le goulag » n’a aucun intérêt. La question intéressante est de savoir si la mise en œuvre des idées de Marx conduit nécessairement au goulag.

      [Soyons humbles, l’espoir communiste réside dans des micro-blogs comme celui de notre cher Descartes.]

      Alors, on est mal barrés…

  9. bovard dit :

    @Descartes
    Vous avez bien sûr raison:1970 et 2015 sont des contextes différents.
    Aujourd’hui, le concept de tripartisme,FN/UMP/PS,me semble pertinent.
    A moins que les effets des 10 et 11/01/2015 ne soient pas totalement exprimés!
    Cela est fort probable…
    Donc,’Wait and see’ .En effet,il est urgent d’attendre,comment par exemple la Grèce va évoluer…Cela nous évitera d’écrire des inepties..
    Au fait,à propos des longues attentes’,vous avez évoqué un fait médiatique,ancien d’une trentaine d’année :le journaliste cagoulé,était ce Trillat,Naudy ou Mano ?
    C’est le genre de question,demeuré sans réponse caractéristique du pcf avant internet et entre autre, ‘le blog descartes’.
    J’aurai tendance à innocenter feu-Naudy,ainsi que Mano..Je chauffe?..Ah, cette loi du silence au PCF qui a transformé tant de dirigeants en statues de sel quand les statuts s’effritaient;.. aux bénéfices de mutants/mutés..:-)

    • Descartes dit :

      @ bovard

      [Au fait, à propos des longues attentes’,vous avez évoqué un fait médiatique, ancien d’une trentaine d’année :le journaliste cagoulé, était ce Trillat, Naudy ou Mano ?]

      Aucun d’eux. Le « Jean Fabien » qui s’est prêté en 1984 à cette opération de propagande était en fait Pierre Olivieri, ancien journaliste à l’Humanité-Dimanche qui avait quitté le PCF – ce qui n’a pas nui à sa carrière – peu avant l’affaire et qui était en fait le porte-parole d’un petit groupe formé autour de lui. Tout cela a été révélé « Globe-Hebdo » en 1993. L’affaire s’était faite avec la bénédiction de certains apparatchiks et de « notables » dont la liste n’est pas connue avec certitude, même aujourd’hui. Parmi les apparatchkis suspectés d’avoir participé figure Pierre Blotin, qui sera plus tard Grand Vizir du Calife UbHue

  10. B. Javerliat dit :

    C’est hors sujet mais bon, fallait que j’en fasse part à quelqu’un !

    On a une nouvelle présidente de France télévision. C’est sûr, la télé française va s’améliorer.

    http://www.latribune.fr/technos-medias/adapter-france-televisions-au-numerique-le-projet-de-delphine-ernotte-471809.html

    Extraits :

    – Les 65 millions de Français sont en droit d’être traités comme 65 millions d’abonnés ; elle veut insuffler la préoccupation de la relation client.
    – Elle cite « The Voice » et « Danse avec les Stars » sur TF1 comme exemples.
    – Elle veut construire une plateforme numérique autour des marques fortes (sic) Ludo et Zouzous et en partenariat avec d’autres acteurs de jeux ou de livres.
    – Créer une nouvelle plateforme numérique, ergonomique, qui soit au standard du marché sur le modèle de Netflix.
    – France 5 doit demeurer la chaîne des savoirs.

    Demeurer ?

    Si c’est vraiment trop hors sujet, ne pas publier. C’est juste un coup de déprime…

    • Descartes dit :

      @ B. Javerliat

      [C’est hors sujet mais bon, fallait que j’en fasse part à quelqu’un !]

      Je n’ai jamais combattu le « hors-sujet » sur ce blog, comme le font certains. Et je ne le fais pas pour deux raisons : d’une part, parce que le but de ce blog n’est pas de propager mes idées – je suis trop réaliste pour ne pas me faire d’illusions sur leur portée – mais d’ouvrir des débats. Et un hors-sujet peut ouvrir un débat intéressant. Plusieurs fois déjà c’est un hors-sujet sur un papier qui m’a donné l’idée du papier suivant. Et d’autre part, parce que j’ai trop de respect pour le travail de mes commentateurs pour jeter leurs commentaires à la poubelle.

      [On a une nouvelle présidente de France télévision. C’est sûr, la télé française va s’améliorer.]

      Ca me rappelle la formule de G.B. Shaw : « la démocratie est un système destiné à s’assurer que nous ne sommes pas gouvernés mieux que nous ne le méritons ». On a cassé l’ORTF parce qu’on ne voulait pas que ce soit aux autorités démocratiquement élues de décider ce qui passait au fenestron. Le problème, c’est que si on enlève ce choix aux élus du peuple, qui le fera ?

      La réponse, n’en déplaise aux derniers croyants de l’autogestion, c’est que lorsqu’on ferme la porte au ministre de l’Information, il ne reste plus qu’un juge possible, le téléspectateur-consommateur lui-même. Et Delphine Ernotte a raison : le téléspectateur-consommateur est un « client », qui adore « The Voice » et « Danse avec les stars ». Au nom de quoi lui donnerait-on autre chose ? Une fois l’Etat hors course, quelle institution aurait la légitimité suffisante pour dire au téléspectateur que Mozart c’est mieux que Nabila ?

      Il faut savoir ce qu’on veut. La culture, par définition, ne peut être qu’aristocratique, au sens le plus strict de ce terme. Pour que la télévision puisse avoir la mission de tirer le spectateur vers le haut, il faut qu’il y ait une institution qui soit légitime pour dire ce que « haut » veut dire. Les « cultureux » qui déclarent qu’ils veulent « amener la culture au peuple » devraient être fusillés, et fusillés dans le dos, comme des traîtres. C’est le peuple qui doit être « amené » à la culture, et non l’inverse. Mais pour cela, il faut encore qu’on sache ce que « culture » veut dire.

  11. Ribus dit :

    Cher Descartes,

    1- « Pourquoi s’étonner que les politiques réagissent comme des cadres d’entreprise ? »

    Je m’étonne pour ce qui me concerne mais je dois être un peu démodé je l’admets. Je considère que la politique est une activité humaine importante très particulière qui doit être servie par des gens sérieux, si possible intègres et animés par l’intérêt général de leur patrie.

    Si ce n’est pas le cas, qu’ils fassent autre chose, chef d’entreprise ou chanteur de variété, çà m’est égal. S’ils bénéficient d’un train de vie luxueux cela ne me dérange pas dans la mesure où ils font leur boulot. Or, actuellement, l’essentiel de la classe politique est constituée de gens qui n’ont que l’apparence du sérieux et de la compétence mais qui sont en réalité des zozos. C’est là où le bât blesse.

    2- BHL a eu sa chance dans les années 1980….. lorsqu’il inventa avec Glucksmann cette supercherie qu’était la « nouvelle philosophie »….. Mais depuis lors, son manque de sérieux est apparu de manière si flagrante que personne lui accorde la moindre stature « intellectuelle ». C’est devenu une sorte d’Alain Minc des riches. »

    BHL est pour moi un escroc et un type dangereux. Même Minc ma paraît vertueux en comparaison même si c’est un plagiaire reconnu.

    3- Le politicien est souvent démuni dans ce genre de « confrontation ». Il se trouve dans une position d’infériorité absolue…

    Si c’est le cas soit ils sont masochistes, soit leurs communicants ne valent pas un clou pour les exposer ainsi. Je persiste à penser que ces shows sont bel et bien organisés pour permettre à nos petits politiciens de briller.

    C’est un peu comme les tournois organisés et mettant de jeunes compétiteurs en face de champions comme au judo ou aux échecs. Les chances de voir le champion se faire battre sont nulles. Il me semble que les communicants ont transposé le procédé en politique.

    4 – Votre blog est intéressant et très agréable.

    Cordialement

    • Descartes dit :

      @ Ribus

      [« Pourquoi s’étonner que les politiques réagissent comme des cadres d’entreprise ? ». Je m’étonne pour ce qui me concerne mais je dois être un peu démodé je l’admets. Je considère que la politique est une activité humaine importante très particulière qui doit être servie par des gens sérieux, si possible intègres et animés par l’intérêt général de leur patrie.]

      Je pense que tel DEVRAIT être le cas. Mais en même temps, il m’est difficile de reprocher à aux gens d’agir en fonction de leurs intérêts. Etalez du sucre dans votre cuisine, et vous aurez des fourmis. A certaines époques de notre histoire politique nous avons eu des dirigeants pour qui la politique était à la fois une passion et un sacerdoce. A d’autres, des dirigeants pour qui ce n’était qu’un gagne-pain. Et cela tient souvent à la balance risque/avantages qu’offre la « profession » politique. Aujourd’hui, on peut dire que la balance est particulièrement avantageuse.

      [Si ce n’est pas le cas, qu’ils fassent autre chose, chef d’entreprise ou chanteur de variété, çà m’est égal.]

      L’ennui, c’est que pour être chef d’entreprise ou chanteur de variété, il faut avoir un minimum de capital, de connaissances, de talent. La profession politique permet à des individus médiocres et sans talent de réussir. Il suffit d’une loyauté canine et d’un manque total de scrupules. Combien de nos actuelles personnalités politiques sont devenues députés, sénateurs, ministres et même plus en récompense d’un long parcours de porte-flingue ? Je ne mentionnerait pas de noms pour ne pas faire des jaloux…

      [BHL est pour moi un escroc et un type dangereux. Même Minc ma paraît vertueux en comparaison même si c’est un plagiaire reconnu.]

      On exagère beaucoup à mon avis la « dangerosité » de BHL. Et l’intéressé contribue lui-même à cette exagération en gonflant en permanence ses exploits. Mais il ne faut pas céder à l’intoxication : ce n’est pas parce qu’on parle tout le temps de quelqu’un qu’il devient influent. Un homme comme BHL n’est dangereux que s’il est écouté. Et aujourd’hui, franchement, qui écoute BHL ? Qui le prend au sérieux ? Personne. Tout simplement parce que son discours est passé de mode. Quand il faisait de la « nouvelle philosophie » une arme de guerre contre le communisme, il était utile et donc pris au sérieux. Plus maintenant. Aujourd’hui, la mode est à l’obscurantisme façon Rifkin. C’est là que le danger réside…

      [« 3- Le politicien est souvent démuni dans ce genre de « confrontation ». Il se trouve dans une position d’infériorité absolue… ». Si c’est le cas soit ils sont masochistes, soit leurs communicants ne valent pas un clou pour les exposer ainsi.]

      C’est comme un examen. Quand vous passez un « grand oral », vous êtes souvent démuni et en position de faiblesse face au jury. Et pourtant, il faut le passer si vous voulez entrer à l’ENA. Et bien, ces émissions sont une sorte de « grand oral ». L’homme politique n’y brille guère, et est souvent en difficulté. Mais c’est une épreuve imposée pour passer à l’étape suivante, celle des urnes…

      [Je persiste à penser que ces shows sont bel et bien organisés pour permettre à nos petits politiciens de briller.]

      Dans ce cas, lis sont bien mal organisés. Parce qu’on en peut pas dire que ces shows mettent en valeur nos politiciens. Au contraire. Pour se mettre en valeur, ils vont plutôt chez Drucker.

      [4 – Votre blog est intéressant et très agréable.]

      On me l’a beaucoup dit… mais c’est toujours aussi agréable à entendre. Savoir que l’effort que je mets dans ce blog est apprécié m’aide à continuer. Merci donc !

  12. bovard dit :

    @Ribus
    [BHL a eu sa chance dans les années 1980….. lorsqu’il inventa avec Glucksmann cette supercherie qu’était la « nouvelle philosophie »]
    Associés à JP.Sarthre et Aron,ils ont aussi beaucoup milité pour que la France accueille les 120000 boat-people fuyant le vietnam en 1979-80.r
    Je viens d’écouter sur France culture,l’esprit public.Cher Descartes,votre ami ,Bourlanges a dit :”les français ont le coeur plein d’ordures..’
    Incroyable pour un ancien de l’UJP!
    Cohn-Bendit,sort de ce corps!
    JL Boranges a adéveloppé de façon injuste ,un discours laudateur des allemands,méprisants pour le peuple français!
    Cette charge falacieuse de mise en parallèle des boat people,avec le cas des boat-people actuels,était indigne
    Je me souviens d’un article de Descartes:’Nous avons toujours tort de ne pas écouter JL.Bourlanges’.
    Effectivement,JL Bourlanges,européiste convaincu a des arguments et j’y suis parfois sensible.J’y trouve des arguments pour rester au pcf,iafflié au pge.
    Mais je ne cautionne pas la culpabilisation du peuple français et ces insultes.
    Les 10 et 11/O1/2015,4 millions de républicains ont manifesté,sans haine,sans esprit revenchard,pacifiquement,dignement,contre les massacres dus à l’islamofolie.
    Depuis les années trente ,ce sont des millions d’étrangers,musulmans souvent qui se sont intégrés en France avec beaucoup d’efforts de la part des natifs comme moi,croyez moi et je ne le regrette pas.Je suis enseignant.ALors que l’on insulte la France parcequ’au lieu des trente mille,boat people de Lybie,nous en accueillons 10000,ça NON!
    Non seulement,le français ont du coeur mais en plus ils l’ont montré.Depuis 85 ans,tellement d’immigrés sont arrivés,qu’aujourd’hui leurs descendants,français,sont plusieurs dizaines de millions.Aujourd’hui,la France est le pays où les gens issus de culture musulmanes sont en proportion les plus nombreux.Plus de 9% avec durant ces vingt dernières années,plus de 4000 lieux de prière et mosquées,construites.J’habite à 100m d’une cité à problèmes.Je suis professeur dans un collège où les enfants issus de culture musulmane sont plus de 30 à 40%!.J’ai du coeur,croyez moi et c’est parce que j’ai la fierté de mon pays à la constitution,laïque,sociale et démocratique,unique que je tiens le coup malgré un divorce et diverses maladies chroniques!
    Inutile de dire que les notions de ‘constitution,laïque,sociale et démocratique’,ne sont pas particulièrement valorisées dans mon quartier.
    Alors,JL Bourlanges,utilisez votre esprit de rationalité avant d’insulter le peuple français.
    C’est indigne de vous!Pensez à nous,à la base:C’est pas facile!Désolé pour cet accès d’émotivité,mais les propos de JL Bourlange m’ont indigné!

    • Descartes dit :

      @ bovard

      [Je viens d’écouter sur France culture,l’esprit public. Cher Descartes, votre ami, Bourlanges a dit :”les français ont le coeur plein d’ordures..’]

      D’abord, ce n’est pas « mon ami ». Je ne l’ai vu qu’une fois, et encore, c’était lors d’une conférence qu’il faisait aux élèves de l’ENA. Ensuite, j’ai un peu de mal à croire qu’il ait dit exactement les termes que vous lui attribuez. Et s’il l’a dit, il montre un remarquable sens de l’autocritique. Après tout, n’est-il pas lui aussi « français » ?

      [Je me souviens d’un article de Descartes:’Nous avons toujours tort de ne pas écouter JL.Bourlanges’. Effectivement, JL Bourlanges, européiste convaincu a des arguments et j’y suis parfois sensible. J’y trouve des arguments pour rester au pcf, afflié au pge.]

      Je pense que vous avez mal interprété le titre de mon article. S’il faut écouter JL Bourlanges, ce n’est pas parce qu’il apporte des arguments à la cause européenne, mais parce qu’il est suffisamment intelligent pour constater l’abîme béant entre ces arguments et la réalité.

      [Lors que l’on insulte la France parcequ’au lieu des trente mille,boat people de Lybie,nous en accueillons 10000,ça NON!]

      Pourtant, comme souvent, le commentaire de Bourlanges pousse à la réflexion. Qu’est-ce qu’ils avaient les boat-people qui les rendaient si chers à notre bienpensance ? N’étais-ce pas parce qu’ils fuyaient une « dictature communiste » ? Bien sur que si : à l’époque, les « boat-people » étaient un outil for commode pour la propagande anticommuniste. C’est pourquoi tout ce que Saint Germain des Près comptait comme sommité était à leur chevet. L’Erythrée ou la Lybie n’étant pas des « dictatures communistes », leurs ressortissants peuvent crever la gueule ouverte. Pour un homme comme Bourlanges, qui s’efforce sincèrement de croire que l’Europe est autre chose que les « égoismes nationaux », je comprends que le coup soit rude…

  13. bovard dit :

    JAURES dans le débat… Qui a eu cette extraordinaire formule : « la France n’est pas schismatique, elle est révolutionnaire !… » C’est dire que la vocation française ne serait pas une attitude fermée, mais fine, à l’égard de la religion : ce qui implique que « le révolutionnaire » ASSUME la dimension « mystique » de son propre engagement !…
    …Il y a comme une assomption d’une « religiosité », dans ce que Jaurès met dans l’Espérance…
    Mais déjà voici, à ce propos Pierre Juquin à la 15ème minute de la conférence sur Jaurès, visible sur dailymotion, qu’il a donnée à la Maison du Peuple de Clermont-Ferrand, le jeudi 23 octobre 2014., où il est question de “l’idée d’un cosmos où tout se tient, tout est en relation, dans l’infini, et l’homme existe en relation avec l’infiniment petit et l’infiniment grand, il est une partie de ce monde, et il faut le comprendre comme ça : Jaurès situe la pensée socialiste, l’avenir socialiste à l’intérieur de cette vision cosmique. »
    Juquin ajoute à la 19ème minute : « Jaurès, on l’a accusé parfois, ou glorifié, d’avoir dit : « le socialisme sera une nouvelle religion. » Seulement, comment définit-il la religion ? Il dit : la religion, c’est l’ensemble des valeurs qui relient les hommes entre eux. C’est ce qu’ils mettent en commun. Ca ne l’empêchait pas d’être profondément laïc, tout en affirmant l’unité de l’être, faire toute sa place à l’Esprit, à l’émotion, etc. ..
    .Et faut examiner comment il parlait de la religion, parce que sur le plan de la religion telle qu’elle existe, dogmatique, etc., sa réfutation est implacable ! Mais il dit : il y a deux choses, il y a la religion catholique – parce qu’il ne parle que d’elle – telle qu’elle existe dans l’Eglise, dogmatique, etc. Et puis il y a la figure de Jésus. Il dit : c’est tout-à-fait autre chose !… On dit « Jésus était roi, mais roi de quoi ? Roi de lui-même, pour se dépasser lui-même !… Et il voulait l’amour, l’unité : c’est en ce sens que l’humanisme qu’on peut trouver dans certains passages des Evangiles et l’humanisme socialiste que nous allons créer se rejoignent. Alors je vais donner une citation, le mieux c’est de le faire parler (vous verrez que les choses sont extrêmement simples, pourvu qu’on lise Jaurès dans le texte) : « Les vrais croyants sont ceux qui veulent abolir l’exploitation de l’homme par l’homme. » On ne peut pas être plus clair ! …Je l’ai jamais vue citée celle-là ! …« Et par suite, les haines d’homme à homme, les haines de race à race, de nation à nation, toutes les haines !… Et créer vraiment l’Humanité-qui-n’est-pas-encore. Mais créer l’Humanité, c’est créer la raison, la douceur, l’amour… Et qui sait si Dieu n’est pas au fond de ces choses ? »Plus tard,Jaurès créa le journal quotidien,constituant l’unité des courants socialistes et communistes;’L’Humanité’.
    Pour moi,la pensée de Jaurès s’incarne dans le PCF/pge ainsi que dans d’autres structures.Mais ici est posée la question de la religion?de l’homme nouveau ?
    Tout cela cher Descartes,n’est il qu’un fratras incohérent ou est ce du politique et n’évoque t il pas ,l’analogie entre l’appareil du PCF et d’autres partis,avec la hiérarchie de l’église catholique?

    • Descartes dit :

      @ bovard

      [Mais déjà voici, à ce propos Pierre Juquin à la 15ème minute de la conférence sur Jaurès, visible sur dailymotion,]

      Finalement, je me demande qui a fait plus de mal à ce pauvre Jaurès : Raoul Villain avec son revolver, ou Pierre Juquin avec ses conférences…

      [Tout cela cher Descartes, n’est il qu’un fratras incohérent ou est ce du politique et n’évoque t il pas, l’analogie entre l’appareil du PCF et d’autres partis, avec la hiérarchie de l’église catholique?]

      Mais l’église est un parti politique. Et même un parti révolutionnaire au départ, qui une fois sa révolution faite – celle qui a marqué la transition de l’économie antique au féodalisme – est devenu un parti de pouvoir. La plupart des partis politiques au cours de l’histoire ont d’ailleurs puisé dans l’expérience d’organisation développée par l’église catholique…

    • Aubert Sikirdji dit :

      Je signale, par besoin élémentaire d’honnêteté, que ce commentaire résulte du pompage d’un autre commentaire que moi, Aubert Sikirdji, qui suis une autre personne que ce bovard ici s’exprimant, …ai posté sur le site de Regards, …le 1er mai à 14:54, ici : http://www.regards.fr/qui-veut-la-peau-de-roger-martelli/article/pcf-fn-hollande-connait-ses ( sous un article de Roger Martelli : ” PCF / FN : Hollande connaît ses amalgames”.) Il n’était pas spécialement destiné à devoir être soumis au jugement du responsable de ce blog-ci, par la question conclusive : “Tout cela cher Descartes,n’est il qu’un fratras incohérent ?”…S’il n’y a pas de “droits d’auteurs” dans ce qui s’assume à l’occasion comme “pensée collective”, il reste que la réalité de la part personnelle ne doit pas être masquée, lorsqu’il s’agit d’une pratique à l’insu des gens. Merci !… Car c’est plus que désagréable. La moindre des politesses est de citer ses sources. Savoir autant que possible d’où les gens parlent et à qui ils s’adressent est aussi important que ce qu’ils disent, pour toute construction intellectuelle. Si je devais m’exprimer ici, je le ferais en m’adaptant à d’autres conditions de débat !… Je précise en passant que ma vie militante au PCF a été marquée de ma fréquentation de Pierre Juquin. Et le recopieur-colleur de mon texte, qui, à ma différence, ne signe pas de sa véritable identité, le sait pertinemment.

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