Policier, mon frère…

Samedi 8 octobre dernier, une patrouille de police a été victime à Viry-Chatillon, au voisinage de la cité de la Grande Borne, d’une violente attaque par quelques dizaines d’individus. Les caractéristiques de l’attaque ne laissent pas de doute quant à l’intention des criminels de blesser et de tuer des policiers. Le monde politique a immédiatement réagi. Déclarations martiales de notre président de la République, qui promet que « tout sera fait pour retrouver les auteurs de cette attaque et les traduire devant la justice pour qu’ils soient condamnés à une peine à la mesure de la gravité de leur acte ». Déclaration non moins martiale de notre Premier ministre : « Les auteurs de ces attaques seront poursuivis sans relâche et traduits en justice. Au moment où les forces de l’ordre répondent avec courage aux menaces auxquelles notre pays est confronté, des actes aussi intolérables appellent des sanctions exemplaires ». Les réactions n’ont pas été moins martiales chez les candidats de la primaire à droite, mesurées et discrètes à gauche. Le ministre de l’Intérieur s’est déplacé pour visiter à l’hôpital les policiers blessés, et promis – c’est la solution miracle à tous les problèmes – plus de moyens.

Et ensuite ? Plus rien. Le monde continue à tourner comme si de rien n’était. L’inacceptable est finalement accepté, l’intolérable toléré. Pas d’émission spéciale pour débattre de ces questions à la télévision. Aucun parti politique n’appelle à manifester en signe de protestation. Personne ne songe même à demander la démission de quelque responsable que ce soit. Les syndicats – en dehors de ceux de la police nationale – restent muets. Notre président, créateur de l’inoubliable « médaille des victimes » et si assidu aux commémorations des différentes attaques terroristes ne songe même pas à se déplacer à l’hôpital pour porter aux policiers blessés le soutien de la Nation. Bref, tout le monde s’en fout.

Pour reprendre les mots d’un policier : « il y a vingt ans l’uniforme était une protection, maintenant c’est devenu une cible ». Et nous acceptons ça. Collectivement. Il y eut même de beaux esprits pour expliquer que la hiérarchie avait tort de placer la patrouille policière là où elle était car « c’était un endroit dangereux ». Comme s’il était normal que dans la France de 2016 il y ait des endroits où une patrouille de police ne peut s’installer sans être attaquée. Nous apprenons aussi que quelques semaines avant cette attaque, la caméra que la patrouille était chargée de surveiller avait été détruite par une voiture-bélier en plein jour et sous le regard de plusieurs dizaines de personnes. L’attaque aux policiers lui-même s’est déroulée en plein jour, dans un carrefour très fréquenté et bordé d’habitations. Mais bien entendu, dans un cas comme dans l’autre personne n’a rien vu, personne ne sait rien, personne ne dira rien parce que, voyez-vous, nous ne sommes pas des délateurs. Et puis on n’aime pas la police.

Et comme à chaque fois, cette affaire délie les langues et on découvre tout à coup devant nous un monde que nous ne voulons pas voir. Parce que si les actes d’une telle violence sont relativement rares, ils ne sont pas nouveaux et font partie d’un climat général de violence que nous – et j’utilise le collectif exprès – avons laissé s’installer dans notre pays. On découvre à cette occasion qu’ils sont nombreux les policiers, les gendarmes, les fonctionnaires de l’éducation nationale, des postes, de l’inspection du travail, des hôpitaux qui se font agresser, quelquefois violemment, et qui font leur travail la peur au ventre – quand ils ne se retirent pure et simplement. Il y a des quartiers dans notre République ou la police ne va pas, ou les médecins ne se rendent plus, ou le courrier n’est pas distribué, où les ambulances sont vandalisées et les pompiers caillassés.

A la prochaine révision constitutionnelle, il est urgent de modifier la devise de la République. « Liberté, Egalité, Fraternité » c’est dépassé. Notre devise aujourd’hui c’est « pas de vagues ». « Pas de vagues » dit l’élu qui achète la paix sociale en fermant les yeux sur le développement des trafics dans certains territoires de sa commune. « Pas de vagues » pensent les recteurs d’académie et les préfets lorsqu’ils conseillent aux fonctionnaires sous leur autorité de fermer les yeux sur les actes plus ou moins graves dont ils ont connaissance. « Pas de vagues » dit le citoyen qui voit devant lui se commettre un délit ou même un crime mais qui n’ira pas raconter ce qu’il sait à la police parce qu’il ne veut pas d’ennuis et puis la délation, ce n’est pas bien. Car il faut le dire haut et fort : tout le monde sait que certaines cités sont des plaques tournantes de toutes sortes de trafics. Tout le monde sait qui fait quoi, où, comment et avec qui. Mais nous avons tous collectivement accepté la faiblesse de l’Etat, son retrait de certaines zones – dont il faut croire qu’elles n’intéressent ni ceux qui nous gouvernent, ni leurs électeurs.

Et personne ne fait rien : ni les autorités, ni les partis politiques, ni les syndicats, ni les citoyens. Oui, je dis bien les citoyens. Car à un certain moment, il faut que les citoyens eux-mêmes montrent un peu de courage. C’est triste de voir que nos grand parents sont allés dans les tranchées, se sont engagées dans la Résistance ou dans la France Libre pour que nous puissions vivre en citoyens, et que cinquante ans plus tard des bandes de quelques dizaines de jeunes peuvent faire la loi dans une cité. Je ne demande même pas aux gens de prendre les armes – je ne demanderai pas aux autres de faire ce que je ne suis pas sûr d’être capable de faire moi-même – mais au moins de communiquer, fut-ce anonymement, des renseignements à la police. Car on ne m’ôtera pas de la tête que parmi les habitants de la Grande Borne, il y a des gens qui savent qui à fait le coup contre les policiers le 8 octobre. Si ces gens-là n’ont pas dit aux policiers ce qu’ils savent, alors qu’ils ne viennent pas pleurer ensuite que leur quartier devient un dépotoir, que les employeurs se méfient des candidats qui en viennent – et qui ne se méfierait pas d’un candidat qui vient d’un quartier ou tout le monde trafique ou couvre les trafics –  ou que leur fils ou leur fille a pris une balle perdue dans un règlement de comptes. Ils n’ont que ce qu’ils méritent.

A un moment donné, il faut choisir. Si vous ne voulez pas de la police, et vous ne voulez pas non plus les dealers dans la cage d’escalier, sauf à croire au pouvoir de la prière il ne vous reste plus qu’une solution, aller les flinguer vous-même. Etes vous disposés à le faire ? Non ? Alors on ne peut pas à la fois vouloir la loi et l’ordre, et cracher sur ceux qu’on envoie prendre en notre nom et à notre service les risques que nous sommes trop poltrons ou trop lâches pour prendre nous-mêmes. Ceux qui dénoncent les « violences policières » devraient se taper une petite semaine dans l’équipe d’une BAC de banlieue, cela leur ouvrirait probablement les yeux sur les difficultés de l’exercice du métier. J’ai eu la chance de faire cette expérience, et je peux vous assurer qu’après avoir vu ça on n’est pas le même homme. Il est très facile post facto décider que tel policier n’aurait pas du sortir son arme, qu’il n’aurait pas fallu plaquer au sol telle personne au comportement suspect, que tel coup de matraque ne se justifiait pas et que tel adolescent qui saute la clôture d’un transformateur EDF n’aurait pas dû être poursuivi. C’est un peu différent sur le terrain, lorsque votre vie peut dépendre de la justesse avec laquelle vous évaluez une situation. Nous avons la chance d’avoir une police professionnelle, républicaine et raisonnablement honnête. Elle mérite de notre part une bien plus grande bienveillance, une bien plus grande confiance que celle que nous lui témoignons. Et nos policiers, qui sont bien plus humains qu’on ne le croit, méritent aussi d’être soutenus par la population qu’ils servent comme ils l’ont été en janvier 2015.

Quant à nos faiseurs d’opinion, toutes tendances confondues, il leur faut prendre conscience que si l’on veut éviter le chaos, la violence légitime doit appartenir à l’Etat et à lui seul. Celui qui lance un cocktail Molotov contre la police doit être sanctionné, et cela est aussi vrai à Viry-Châtillon qu’à Sivens ou Notre Dame des Landes. Parce qu’il faudra m’expliquer en quoi il est plus grave de défigurer un policier dans un carrefour en région parisienne que dans le bocage nantais. Partout et sur tout le territoire, le policier, le gendarme, le pompier, le professeur, l’inspecteur, le médecin hospitalier, le proviseur doivent être intouchables. Et ils ne le seront que si celui qui les touche est foudroyé non pas par les dieux, mais par l’Etat. Il ne peut y avoir dans ce domaine de compromis. L’autorité publique doit inspirer le respect, et le respect – n’en déplaise aux bisounours divers et variés – implique la crainte. La crainte du jugement de nos semblables, de leur réaction, de la sanction qu’ils peuvent nous infliger. Cette crainte, n’en déplaise là encore aux pedagogos, est un sentiment sain, puisque c’est la crainte qui amène les hommes à se mettre ensemble et à faire société. La sanction n’est pas un abus mais un acte d’amour, puisque sanctionner quelqu’un c’est témoigner que son comportement ne nous est pas indifférent. Nous vivons dans une société qui sanctionne trop peu – voire pas du tout. Et si on écoutait les bonnes âmes, nous sanctionnerions moins encore. Or, nous avons besoin d’actes qui nous permettent d’exprimer comme société les limites entre le permis et l’interdit, entre le tolérable et l’intolérable.

Il nous faut rétablir symboliquement ce qu’on appelle en droit le privilège du préalable. En d’autres termes, nous devons supposer que, parce que l’Etat représente l’intérêt général, lui et ses agents ont raison de faire ce qu’ils font jusqu’à preuve contraire. La méfiance systématique qui oblige les agents publics à se justifier en permanence conduit nécessairement à la logique du « pas de vagues ». Bien entendu, il y a toujours un risque d’arbitraire. Mais l’arbitraire d’une autorité légitime – et soumise au contrôle des institutions –  est infiniment moins dangereux que son impuissance, qui laisse libre cour à l’arbitraire des chefs de clan qui, eux, ne rendent compte à personne. Et là, il nous faut choisir. Que préférons-nous : le risque que le policier abuse de son autorité, ou le risque que le voyou abuse de sa Kalachnikov ?

Nos fonctionnaires ne tirent leur légitimité que de l’institution qu’ils représentent. Et cela, n’en déplaise aux syndicalistes de tout poil et aux ministres de toute extraction, n’est pas seulement une question de moyens. Le fonctionnaire en mission est notre agent. Et c’est de l’intérêt de tous qu’il accomplisse sa mission. Celui qui entrave cette mission est l’ennemi du peuple. Il doit donc être sanctionné avec la dernière sévérité, non seulement pour lui, mais aussi pour l’exemple. Et cette sanction doit être soutenue et assumée par l’ensemble des citoyens. Il faut arrêter de voir dans chaque criminel une « victime » de la société – ou pire encore, de l’Etat. L’enfance malheureuse, les mauvaises compagnies, l’échec scolaire ou amoureux, les discriminations sociales ou raciales peuvent expliquer un geste meurtrier, mais ne sauraient ni le justifier, ni l’excuser.

Aujourd’hui, les fonctionnaires de police manifestent. De par leur statut, ils ont juridiquement tort, et politiquement raison. En ces moments si noirs pour eux – et pour la République – qu’il me soit permis de leur rendre un sincère et chaleureux hommage.

Descartes

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44 réponses à Policier, mon frère…

  1. Vincent dit :

    Très beau plaidoyer pour le monopole de la violence légitime.

    Je suis certain que vous me suivrez si je complète / amende ce texte en précisant que, s’agissant de beaucoup de ceux qui exercent ces violences, que ce soit à Sivens ou dans les banlieues, le fond du problème est qu’ils ne reconnaissent plus la légitimité de l’Etat, et qu’ils ne se considèrent pas comme appartenant à la Nation, avec les obligations que cela comporte.
    Ceux qui font cela combattent la France et son Etat, soit au nom d’une idéologie qui tient de l’anarchisme (Sivens), soit au nom de leur appartenance à une communauté qui n’est pas la communauté nationale.
    Mais dénoncer ces dérives violentes -qui restent heureusement très minoritaires- masque que beaucoup d’autre dérives de personnes qui se lancent dans des appartenances diverses et variées, qui n’ont heureusement aucune manifestation violente : regrouppement par origines ou par religions, groupes via internet qui peuvent être complotistes, écologiste (dogmatiques et un peu allumés), anti vaccinations, vegan, sectes diverses et variées…

    Cela dénote qu’il y a un profond manque de “collectif” au niveau de la Nation. Sans un projet mobilisateur, qui permette de focaliser les Français sur quelque chose, je doute qu’on réussire à supprimer cette violence, qui n’est que la partie émergée d’une forme de regrouppement de chacun dans les communautés qui réussissent le mieux à la séduire ou à s’imposer à lui.

    En bref, s’il est nécessaire de restaurer de l’autorité, il est peu vraisemblable qu’il suffise de bien revisser le couvercle sur la cocotte minute pour que l’eau arrête de bouillir…

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [Très beau plaidoyer pour le monopole de la violence légitime.]

      Merci. Pour moi, c’est l’essence de la fonction de l’Etat.

      [Je suis certain que vous me suivrez si je complète / amende ce texte en précisant que, s’agissant de beaucoup de ceux qui exercent ces violences, que ce soit à Sivens ou dans les banlieues, le fond du problème est qu’ils ne reconnaissent plus la légitimité de l’Etat,]

      C’est une tautologie. Reconnaître la légitimité de l’Etat, c’est lui reconnaître le monopole de la violence légitime, et vice-versa.

      [Ceux qui font cela combattent la France et son Etat, soit au nom d’une idéologie qui tient de l’anarchisme (Sivens), soit au nom de leur appartenance à une communauté qui n’est pas la communauté nationale.]

      Nier le monopole de la violence légitime à l’Etat implique reconnaître qu’il existe d’autres sources de légitimité à l’usage de la violence en dehors de lui. Il peut s’agir d’une légitimité individuelle, clanique, communautaire, etc. Il y là bien entendu une dissolution de ce qui est pour moi le principe constitutif de la nation, qui est la solidarité inconditionnelle et impersonnelle entre ses membres.

      [En bref, s’il est nécessaire de restaurer de l’autorité, il est peu vraisemblable qu’il suffise de bien revisser le couvercle sur la cocotte minute pour que l’eau arrête de bouillir…]

      Tout à fait.

    • Vincent dit :

      @Descartes

      Pour rebondir et se poser la question plus loin sur ce qui pourrait mettre fin à ces communautarismes…

      On ne détruit que ce qu’on remplace. On pourrait dire, assez simplement, que LA communauté est la communauté nationale, mais ce serait une vision très, très simplifiée, et fausse de ce que la société française a toujours été.

      En réalité, derrière le mythe d’une nation sans communautés, il y en a toujours eu, mais largement basées sur la profession : les cheminots, naturellement, mais chaque corps de métier a sa fierté, son amour propre, ses codes, etc.

      C’est cet aspect qui est tant reproché quand on dénonce les archaïsmes de la société française. Et force est de reconnaitre que l’atomisation du marché du travail fait que ces “archaïsmes” reculent. Et quelqu’un qui n’a plus de motif de fierté d’exercer son travail, d’avoir une compétence reconnue (au moins par ses pairs), et son propre savoir faire, risque de se tourner vers autre chose que la profession et le statut socio-professionnel pour chercher une appartenance.

      Je conseille à tous à ce sujet la lecture de “La logique de l’honneur” (Philippe d’ Iribarne).

      Ne peut on pas voir dans la lutte contre les “archaïsmes” de la société française, aux cotés d’autres facteurs d’atomisation de la société, une réelle cause de cette logique de dissociation de la Nation ?

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [On ne détruit que ce qu’on remplace. On pourrait dire, assez simplement, que LA communauté est la communauté nationale, mais ce serait une vision très, très simplifiée, et fausse de ce que la société française a toujours été. En réalité, derrière le mythe d’une nation sans communautés, il y en a toujours eu, mais largement basées sur la profession : les cheminots, naturellement, mais chaque corps de métier a sa fierté, son amour propre, ses codes, etc.]

      Bien sur qu’il y a toujours des « communautés » : les gens se sont toujours regroupés avec gens avec lesquels ils partagent un métier, une culture, une passion, un sport, une origine, une croyance communs. Et ces « communautés » n’ont jamais constitué un défi pour la République, tout simplement parce qu’elles se placent dans la sphère privée, et non dans la sphère publique. Aucune de ces « communautés » ne prétend pouvoir imposer des règles à ses membres, ou de créer des espaces où ses règles s’imposent par-dessus la loi civile. C’est peut-être le plus important héritage de la Révolution. Les révolutionnaires de 1789 ont brisé toutes les « corporations » publiques, posant en principe le fait que le dialogue entre le citoyen et l’Etat se fait sans intermédiaires.

      Le problème n’est pas que les gens se regroupent par affinités. Le problème apparaît quand on prétend donner à ces regroupements une place dans la sphère publique.

      [Je conseille à tous à ce sujet la lecture de “La logique de l’honneur” (Philippe d’ Iribarne).]

      Un bouquin que j’ai trouvé très intéressant, même si je ne partage pas certaines de ses conclusions.

      [Ne peut on pas voir dans la lutte contre les “archaïsmes” de la société française, aux cotés d’autres facteurs d’atomisation de la société, une réelle cause de cette logique de dissociation de la Nation ?]

      Oui, parce que ce qu’on dénonce comme « archaïsme » n’est souvent qu’un élément qui gêne les intérêts des « classes moyennes »…

  2. @Descartes

    Étant d’accord sur l’essentiel de votre billet, il ne reste plus qu’à chipoter sur quelques détails.

    “C’est la crainte qui amène les hommes à se mettre ensemble et à faire société.”

    J’ai écris ailleurs que même les mauvaises idées de Hobbes avaient le mérite de nous faire réfléchir, mais il ne faut pas abuser. Oui les hommes sont poussés à s’associer pour que leur “force commune” (Rousseau) les préserve des agressions internes et externes… Mais ça n’est qu’une tendance parmi d’autres, de sens équivalents ou opposés. En bon marxiste, vous savez bien que le fondement de la vie humaine en société réside dans la nécessité de s’associer à autrui pour développer les moyens de production nécessaires pour échapper à la nécessité (besoins vitaux), “produire sa propre vie” comme dit Marx. C’est en tout cas une explication beaucoup plus solide (matérialiste) que les fictions contractualistes, pour lesquelles la société est au fond toujours contingente, le résultat d’un “choix” que tous le monde ignore avoir fait…

    “L’Etat représente l’intérêt général.”

    Et revoilà Rousseau ! Si l’on peut dire (lui parle de volonté générale). Je suis curieux de savoir ce qu’une telle phrase peut bien signifier pour vous. Qu’est-ce que c’est “l’intérêt général” ? Ce qui est avantageux pour tous les citoyens ? Pour toute la population du pays ? Et que veut dire que l’Etat le “représente” ? Je pourrais comprendre une phrase comme “l’Etat œuvre en faveur de l’intérêt général”. Mais “le représente” ? Il y a quelque chose d’éthéré là-dedans. Je veux bien qu’un tableau de Napoléon “représente” Napoléon, qu’il rende présent, évoque quelque chose d’absent, mais que l’Etat “représente l’intérêt général”…

    • Descartes dit :

      @ Johnathan R. Razorback

      [Étant d’accord sur l’essentiel de votre billet, il ne reste plus qu’à chipoter sur quelques détails.]

      C’est là que se trouve le diable…

      [« C’est la crainte qui amène les hommes à se mettre ensemble et à faire société. » J’ai écris ailleurs que même les mauvaises idées de Hobbes avaient le mérite de nous faire réfléchir, mais il ne faut pas abuser. (…) En bon marxiste, vous savez bien que le fondement de la vie humaine en société réside dans la nécessité de s’associer à autrui pour développer les moyens de production nécessaires pour échapper à la nécessité (besoins vitaux), “produire sa propre vie” comme dit Marx.]

      Mais l’un ne contredit pas l’autre. La « crainte » dont je parle n’est pas seulement la crainte des agressions ou des conflits. C’est aussi la crainte de la misère. Je fais une lecture matérialiste de Hobbes : lorsqu’on parle de « guerre de tous contre tous », cette guerre n’est pas la conséquence d’un caprice ou d’un atavisme. Elle a une motivation matérielle, l’appropriation des biens qui permettent de satisfaire les besoins. Lorsque Hobbes parle de la vie sous l’état de nature comme étant « misérable, brutale et courte », on trouve bien l’idée que l’association n’a pas pour but seulement de sortir de la brutalité, mais aussi de la misère.

      [C’est en tout cas une explication beaucoup plus solide (matérialiste) que les fictions contractualistes, pour lesquelles la société est au fond toujours contingente, le résultat d’un “choix” que tous le monde ignore avoir fait…]

      J’avoue une certaine tendresse pour les « fictions contractualistes », parce qu’elles permettent de fonder solidement le droit. Comme toute fiction, elle a ses limites. Cela étant dit, on ne peut pas parler véritablement d’un « choix » chez Hobbes. En effet, l’alternative – la vie sous état de nature – est présentée par lui comme une chose si terrible que le « choix » en question est un peu forcé. Nous faisons chaque jour le chois de ne pas sauter par la fenêtre, de ne pas avaler de la mort-aux-rats ou de ne pas nous tirer une balle dans la tête, mais ce « choix » est virtuel, il est écrit dans la logique des choses. En ce sens, la société n’est pas « contingente ».

      [« L’Etat représente l’intérêt général. » Et revoilà Rousseau ! Si l’on peut dire (lui parle de volonté générale).]

      Beh non, on ne peut pas dire. Parce que l’intérêt général et la volonté générale sont deux choses très différentes.

      [Je suis curieux de savoir ce qu’une telle phrase peut bien signifier pour vous.]

      Je vais essayer de répondre à vos interrogations une à une :

      [Qu’est-ce que c’est “l’intérêt général” ? Ce qui est avantageux pour tous les citoyens ? Pour toute la population du pays ?]

      « L’intérêt général » est une construction intellectuelle abstraite. On pourrait la définir comme l’intérêt de la société tel que pourrait le dégager un individu rationnel détaché de tout lien d’affection, de famille, de communauté, de classe. Par certains côtés, cela ressemble un peu à la vision de la justice chez Rawls. Bien entendu, en pratique cet intérêt nous demeure caché, parce qu’aucun de nous peut faire abstraction de ses appartenances familiales, sociales, communautaires. De là tout le débat sur les institutions qui nous permettraient collectivement de nous approcher le plus possible, dans la décision publique, de l’intérêt general.

      [Et que veut dire que l’Etat le “représente” ? Je pourrais comprendre une phrase comme “l’Etat œuvre en faveur de l’intérêt général”. Mais “le représente” ?]

      Ici le terme « représenter » n’est pas utilisé dans son sens politique, c’est-à-dire, au sens ou le représentant porte la volonté, le mandat du représenté pour agir en son nom. Je l’ai utilisé plutôt dans le sens archaïque : donner une forme, une image, un corps. C’est dans le sens où un tableau « représente » un personnage, où un commercial « représente » son entreprise. Peut être le terme « incarne » serait plus explicite.

      [Il y a quelque chose d’éthéré là-dedans. Je veux bien qu’un tableau de Napoléon “représente” Napoléon, qu’il rende présent, évoque quelque chose d’absent, mais que l’Etat “représente l’intérêt général”…]

      L’analogie du tableau montre que vous avez au fond très bien compris mon image. Oui, l’Etat « rend présent » l’intérêt général. Lorsque le fonctionnaire de police arrête un voyou, le citoyen doit conclure qu’arrêter un voyou est dans l’intérêt général, et non prendre la défense du voyou au prétexte qu’il a eu une triste enfance. Lorsque le fonctionnaire enseignant enseigne « nos ancêtres les gaulois », le parent doit déduire qu’il est de l’intérêt général que les gens croient cette fiction, et non aller protester sous prétexte que les gaulois n’étaient pas noirs. Pour le dire autrement, les actes de l’Etat doivent bénéficier de la présomption de représenter l’intérêt général.

  3. luc dit :

    Très beau texte auquel je m’associe.
    Hommage aux policiers,gendarmes,CRS,services secrets qui dans l’idéologie fétide anti-collectiviste des médias actuels,essaient de faire leur travail. républicain en France
    Ce travail est souvent sabotée par leur hiérarchie généralement acquise à l’ultra-libéralisme.
    Je rends hommage aussi,aux enseignants,j’en fais partie.
    Nous vivons l’époque de la démolition de la république sociale française issue de la libération.
    Les fonctionnaires de police,de l’EN et tous les autres travaillent sans compter pourle bien être social de la Nation.
    Pendant ce temps,nos élites/dirigeantes travaillent sans compter pour démolir,l’état social français issu de 1945.
    Chacun peut en constater les conséquences néfastes…

    • Descartes dit :

      @luc

      [Ce travail est souvent sabotée par leur hiérarchie généralement acquise à l’ultra-libéralisme.]

      Pitié… pourquoi toujours insister sur ce lieu commun qui oppose une base parée de toutes les vertus à une hiérarchie parée de tous les défauts ? D’ailleurs, d’où sort cette hiérarchie si “acquise à l’ultra-libéralisme” si ce n’est en grande partie de la base, par promotion interne ? Ce “basisme” si caractéristique de l’extrême gauche n’aide vraiment pas à organiser les luttes. Crois-tu vraiment que les commissaires de police qui exercent leur – difficile – métier en Seine Saint Denis sont “acquis à l’ultra-libéralisme” ?

      [Je rends hommage aussi, aux enseignants, j’en fais partie.]

      Moi pas. Je reconnais qu’ils exercent un métier difficile. Mais contrairement aux policiers, en tant que corps constitué ils ont failli à leur mission. En jouant majoritairement la carte anti-institutionnelle, ils ont scié la branche sur laquelle ils étaient assis en reniant ce qui faisait leur légitimité. Ce qui n’est pas le cas des policiers, qui n’ont jamais mis en cause l’Etat et ses institutions. Peut-être faut-il voir dans ces positionnement une différence dans leur origine de classe ?

      [Les fonctionnaires de police, de l’EN et tous les autres travaillent sans compter pour le bien être social de la Nation.]

      Sans compter, sans compter… n’exagérons rien. Les fonctionnaires sont certainement dévoués, ils ne sont pas tous non plus des moines soldats. Et c’est particulièrement vrai dans l’EN, ou si mes informations sont exactes on “compte” assez ses heures, et on crie hautement – ou on refuse de prendre – lorsqu’une charge exceptionnelle se présente…

    • Raptor dit :

      “Sans compter, sans compter… n’exagérons rien. Les fonctionnaires sont certainement dévoués, ils ne sont pas tous non plus des moines soldats. Et c’est particulièrement vrai dans l’EN, ou si mes informations sont exactes on “compte” assez ses heures, et on crie hautement – ou on refuse de prendre – lorsqu’une charge exceptionnelle se présente…”

      Ah non Descartes tu vas pas te mettre à avoir un discours anti-prof toi aussi, à l’instar de ce qui veulent en diminuer le nombre ou ce qui comme NKM veulent leur retirer leur statut de fonctionnaire (soit leur dernier véritable avantage, on est d’accord que c’est pas pour leur salaire ou l’ambiance qu’on devient prof). Il faudrait d’ailleurs peut-être leur dire qu’on commence à avoir un manque criant de profs par exemple en Mathématiques dans l’académie de Créteil.
      La plupart des gens, y compris moi et peut-être toi ne tiendrai pas 2h de trop devant une classe dans les conditions actuelles.

    • Descartes dit :

      @ Raptor

      [Ah non Descartes tu vas pas te mettre à avoir un discours anti-prof toi aussi,]

      Ce n’est pas un « discours anti-prof » que d’admettre que le corps enseignant s’est suicidé depuis trente ans en sapant lui-même ce qui faisait sa légitimité. Peut-être le paradoxe est que le corps enseignant est essentiellement recruté dans les « classes moyennes »… mais qu’il est de l’intérêt des « classes moyennes » d’affaiblir l’enseignement public !

      [ou ce qui comme NKM veulent leur retirer leur statut de fonctionnaire (soit leur dernier véritable avantage, on est d’accord que c’est pas pour leur salaire ou l’ambiance qu’on devient prof).]

      Mais… ces sont les professeurs eux-mêmes qui ont rejeté le statut du fonctionnaire. Parce que le propre du fonctionnaire est qu’il est l’agent de l’Etat, et qu’à ce titre il est tenu à une discipline particulière, qui inclut le devoir de réserve (qui inclut, entre autres, l’interdiction de critiquer sa propre administration), l’obéissance hiérarchique, le devoir de rapporter tout délit dont il a connaissance dans l’exercice de ses fonctions entre autres devoirs. Quand des enseignants critiquent à tort et à travers leur hiérarchie, lorsqu’ils refusent d’appliquer les directives de leur hiérarchie – voir l’affaire des « désobéissants » – et qu’ils refusent de dénoncer à la police leurs élèves en situation irrégulière, que reste-t-il du « statut du fonctionnaire » ?

      En fait, la majorité des enseignants ne veulent pas du statut du fonctionnaire. Ils veulent la sécurité de l’emploi. Ils veulent les droits, mais pas les devoirs.

      [Il faudrait d’ailleurs peut-être leur dire qu’on commence à avoir un manque criant de profs par exemple en Mathématiques dans l’académie de Créteil.]

      Ca se résout facilement. Il suffit d’appliquer les règles du statut du fonctionnaire qui permettent de nommer un fonctionnaire là où ses services sont nécessaires sans lui demander son avis « dans l’intérêt du service ». Après tout, si les enseignants tiennent tellement au statut du fonctionnaire, ils ne s’opposeront pas à l’application d’un des principes fondamentaux de ce statut, non ?

      [La plupart des gens, y compris moi et peut-être toi ne tiendrai pas 2h de trop devant une classe dans les conditions actuelles.]

      Possible. Mais le destin des postiers dans certains quartiers est lui aussi très dur. La différence, c’est que les postiers n’ont pas passé trente ans à expliquer qu’il fallait une société sans poste…

    • Raptor dit :

      “Ca se résout facilement. Il suffit d’appliquer les règles du statut du fonctionnaire qui permettent de nommer un fonctionnaire là où ses services sont nécessaires sans lui demander son avis « dans l’intérêt du service ». Après tout, si les enseignants tiennent tellement au statut du fonctionnaire, ils ne s’opposeront pas à l’application d’un des principes fondamentaux de ce statut, non ?”

      Là sans vouloir te vexer je te trouve dur et très simpliste. D’une part parce que tu peux pas demander à n’importe quel fonctionnaire d’aller donner des cours de maths, d’histoire ou de français devant des lycées et/ou collégiens si ils en ont pas le niveau, et encore moins si ils en ont moins le niveau. D’autre part ca ne fait que repousser le problème : il faudra bien trouver un moyen de rendre cet emploi à nouveau attirant, et là je te l’accorde ils ont une part de responsabilité.

      De manière cynique et pragmatique ce qui attire beaucoup de gens vers des métiers aujaurd’hui c’est soit le salaire soit la garanti de l’emploi à vie. Or, qu’on le veuille ou non pour devenir prof il faut 5 voir 6 ans d’étude, et à niveau équivalent ce n’est pas le salaire de 1600 net en début de carrière et 2300 en milieu qui va les attirer (pour le coup on pourrait regarder chez nos voisins européens pour voir combien ils sont payés). Ce n’est pas non plus le prestige ni l’ambiance délètere (dans laquelle ils ont une responsabilité je te l’accorde encore) qui va les attirer. Il reste les vacances mais c’est un maigre argument je trouve surtout que ce qui connaissent un peu les profs savent qu’une minorité non négligeable de leur vacances est consacré à la correction de copies, préparation de cours, d’examens, etc. Il reste donc le dernier, mais pas des moindres, surtout en temps de crise, avantage : l’emploi à vie. Si tu enlèves ce dernier avantage pourquoi un jeune voudrait-il être prof ? La grande majorité des jeunes ne le voudraient pas et ils auraient bien raison. Ils pourraient à niveau d’étude égale faire d’autres métiers avec d’autres avantages, ou même moins d’études mais autant payés. C’est peut-être cynique et matérialiste mais on devient pas prof juste pour la beauté du métier et la passion de la transmission, il faut des “arguments”.

      Bon après je ne pense pas que les gens de droite iront jusqu’à enlever le statut de fonctionnaire, je ne pense pas qu’ils soient aussi inconscients.

      Mais sinon à lire certaines de tes interventions sur les profs j’ai l’impression que tu n’est pas tendre avec eux, non ? Ou du moins que tu ne veux pas améliorer leur situation ?

      Raptor

    • Descartes dit :

      @ Raptor

      [Là sans vouloir te vexer je te trouve dur et très simpliste. D’une part parce que tu peux pas demander à n’importe quel fonctionnaire d’aller donner des cours de maths, d’histoire ou de français devant des lycées et/ou collégiens si ils en ont pas le niveau, et encore moins si ils en ont moins le niveau.]

      Je crois que vous n’avez pas compris mon commentaire : Je n’ai pas parlé de nommer « n’importe quel fonctionnaire », mais de nommer n’importe quel professeur.

      [De manière cynique et pragmatique ce qui attire beaucoup de gens vers des métiers aujourd’hui c’est soit le salaire soit la garanti de l’emploi à vie. Or, qu’on le veuille ou non pour devenir prof il faut 5 voir 6 ans d’étude, et à niveau équivalent ce n’est pas le salaire de 1600 net en début de carrière et 2300 en milieu qui va les attirer (pour le coup on pourrait regarder chez nos voisins européens pour voir combien ils sont payés).]

      Tout à fait. Et puisqu’on y est, on pourrait aussi regarder de combien d’heures est leur service. Si on veut comparer, il faut prendre en compte tous les éléments. Par ailleurs, jepense qu’il serait intéressant de savoir quelle est la rémunération horaire moyenne une personne qui a 5 à 6 ans d’études. Ce serait intéressant de comparer…

      [Ce n’est pas non plus le prestige ni l’ambiance délètere (dans laquelle ils ont une responsabilité je te l’accorde encore) qui va les attirer.]

      Pourtant, je pense que c’est dans ce domaine qu’on doit faire un effort. D’ailleurs, si on admet que l’enseignement est un boulot comme les autres, que les gens embrassent pour des questions purement matérielles, pourquoi faudrait-il en faire des fonctionnaires ?

      [Il reste donc le dernier, mais pas des moindres, surtout en temps de crise, avantage : l’emploi à vie. Si tu enlèves ce dernier avantage pourquoi un jeune voudrait-il être prof ?]

      L’emploi à vie a un coût. Si la question est d’attirer les candidats par des stimuli matériels, alors autant mettre le coût de l’emploi à vie dans le salaire, et recruter les enseignants en CDI ordinaire. L’emploi à vie des fonctionnaires ne se justifie que s’il est nécessaire au bon fonctionnement du service.

      [La grande majorité des jeunes ne le voudraient pas et ils auraient bien raison. Ils pourraient à niveau d’étude égal faire d’autres métiers avec d’autres avantages, ou même moins d’études mais autant payés.]

      Comme par exemple ?

      [C’est peut-être cynique et matérialiste mais on devient pas prof juste pour la beauté du métier et la passion de la transmission, il faut des “arguments”.]

      Si tel est le cas, alors qu’est ce qui justifie que les enseignants soient fonctionnaires ? Pourquoi pas les recruter en CDI de droit privé ?

      [Mais sinon à lire certaines de tes interventions sur les profs j’ai l’impression que tu n’est pas tendre avec eux, non ?]

      Non, je ne suis pas tendre avec eux. Autant j’ai un grand respect pour le métier d’enseignant – que je regretterai toujours de ne pas avoir exercé – autant je trouve que le corps enseignant a collectivement failli à sa mission en mettant ses intérêts par devant l’intérêt général. C’est justement parce que j’ai une haute idée de la mission de l’enseignant que je trouve que les gens qui l’exercent ne sont pas à la hauteur.

      [Ou du moins que tu ne veux pas améliorer leur situation ?]

      Ca dépend sur quel aspect. Améliorer leur situation en rétablissant le contrat implicite entre l’Etat et les enseignants, en défendant leur autorité et leur prestige, oui. Mais je ne pense pas que du point de vue rémunération ou charge de travail nos enseignants soient à plaindre. Mais c’est mon opinion… et je ne prétend pas être un expert.

    • Marcailloux dit :

      @ Descartes et Raptor
      Bonjour,

      Raptor : [Ou du moins que tu ne veux pas améliorer leur situation ?]
      Descartes : “Ca dépend sur quel aspect. Améliorer leur situation en rétablissant le contrat implicite entre l’Etat et les enseignants, en défendant leur autorité et leur prestige, oui. Mais je ne pense pas que du point de vue rémunération ou charge de travail nos enseignants soient à plaindre. Mais c’est mon opinion… et je ne prétends pas être un expert.”

      Pour avoir de nombreuses relations parmi les enseignants de la maternelle au supérieur, bien que ma carrière professionnelle n’ai eue que des rapports éloignés avec l’Education Nationale, j’ai constaté que dans l’exercice de leurs fonctions, on rencontrait d’énormes disparités.
      Des bambins qui braillent, font dans leur culotte, pleurent, etc . . . .aux disciples attentifs et enrichissants que certains profs du supérieur côtoient, il y a un océan. Ce n’est pas le même métier.
      Entre un prof d’histoire géo en terminale professionnelle de la banlieue Est de Paris et le prof de philo de terminale L à Louis le Grand, où est la similitude ?
      Je parle en béotien du domaine, mais il n’est pas nécessaire d’être grand clerc pour imaginer la réalité.
      Par conséquent, j’ai le sentiment qu’il est très difficile de parler objectivement de cette profession. Ou alors il faut détailler, analyser en profondeur, ce qui n’est pas possible dans le cadre de ce blog.
      Cependant, deux éléments me semblent dominer la question du malaise des enseignants :
      Le premier est leur tendance à une forme de communautarisme de pensée qui les place souvent « hors sol » par rapport à la vie socioéconomique dans laquelle nous vivons. Ceux que je côtoie, la plupart retraités de l’EN, me semblent assez naïfs vis à vis des réalités.
      Le second élément qui est peut-être une cause du premier, c’est la monotonie de la plupart des carrières.
      On commence prof de math dans un collège mal côté, on fini au mieux prof de math dans un lycée de centre ville. Où est la richesse de la diversité ? Le travail monotone entraine l’assoupissement intellectuel, l’altération de son propre sentiment d’utilité, l’auto déconsidération de sa position sociale, etc . . . .
      A force de se protéger, une collectivité s’affaiblit, ne développe pas chez ses membres le réflexe de réactivité progressiste, s’installe comme vous l’indiquez, Descartes, dans une logique où les droits supplantent les devoirs, s’enferme dans le ressentiment.
      Le redressement ne peut que venir d’eux, mais comment ?
      Un chef désigné n’est vraiment un chef que lorsqu’il est accepté comme tel. C’est la même chose pour un expert, un sachant dans quelque domaine que ce soit. L’enseignant est un sachant – ses diplômes l’attestent – il ne deviendra et sera considéré comme tel que le jour où il saura imposer autre chose que ce qu’il sait mais ce qu’il est. Face à des ignorants que sont par définition ses élèves, il lui faut d’abord faire accepter l’idée du positif de son action, de son utilité. Et c’est dans les établissements où cette évidence est la moins admise que la « machine » de l’EN envoie les moins armés et expérimentés de ses jeunes enseignants.
      Ce n’est pas en postant des vigiles ou policiers aux portes des lycées que le problème sera réglé.
      Ce n’est pas en discréditant le savoir sous toutes ses formes que l’on progressera vers un monde meilleur.
      Ce n’est pas non plus en opposant le savoir et le savoir être que l’on obtiendra des résultats.
      Ce n’est pas en substituant l’habileté au courage que l’on sortira de l’ornière du court « termisme ».

    • @ Descartes & raptor,

      Bonjour,

      Puisqu’on parle des enseignants, et que c’est un sujet qui me touche de très près, je me permets d’intervenir.

      “Ce n’est pas un « discours anti-prof » que d’admettre que le corps enseignant s’est suicidé depuis trente ans en sapant lui-même ce qui faisait sa légitimité.”
      C’est vrai. Mais il faut saluer, quand même, les professeurs qui ont lutté contre cela, même si le fait que les grands syndicats enseignants aient adopté le discours anti-institutionnel a contribué à rendre cette “résistance” inaudible. Ne mettons pas tout le monde dans le même sac. Mais il est vrai que, globalement, le corps enseignant s’est à mon sens décrédibilisé. On ne peut pas se scandaliser de voir son enseignement contesté par les élèves quand on a soi-même contesté le fonctionnement de l’institution, le respect de la loi, etc…

      “Mais… ces sont les professeurs eux-mêmes qui ont rejeté le statut du fonctionnaire.”
      C’est vrai, nous en avons déjà parlé. Le devoir de réserve par exemple, n’est pas appliqué de manière rigoureuse. Beaucoup d’enseignants veulent les bénéfices mais pas les servitudes du statut de fonctionnaire. On peut effectivement envisager de leur retirer ce statut. Je ne crois pas que ce soit souhaitable: il est préférable à mon sens de contraindre les enseignants à obéir aux statuts, en appliquant enfin des sanctions qui ne le sont jamais.

      “Quand des enseignants critiquent à tort et à travers leur hiérarchie, lorsqu’ils refusent d’appliquer les directives de leur hiérarchie – voir l’affaire des « désobéissants » – et qu’ils refusent de dénoncer à la police leurs élèves en situation irrégulière, que reste-t-il du « statut du fonctionnaire » ?”
      Qu’appelez-vous “la hiérarchie”? Je ne pense pas que la hiérarchie soit exempte de critique. La hiérarchie aussi a sa part de responsabilité dans la déliquescence de l’institution. Quand certains enseignants réclament des sanctions contre des élèves, parfois à juste titre et pour essayer justement de conserver à l’institution le peu de crédibilité qui lui reste, et que la “hiérarchie” tergiverse, pour “éviter les vagues”, je ne crois pas qu’il soit malvenu de lui adresser des critiques. Quant à l’exemple que vous donnez, je vous citerai simplement mon chef d’établissement (qui dirige la plus grosse cité scolaire de mon département, on ne parle pas là d’un petit principal d’un collège de campagne): “pour les élèves clandestins, s’il y en a dans notre établissement, ma politique est simple: ils restent, et je serai vigilant là-dessus”. Auriez-vous la bonté de me dire ce que vous pensez d’une telle hiérarchie qui s’assoit elle-même sur la loi? Avouez que parfois le mauvais exemple vient d’en-haut. Après, j’avoue à titre personnel que je ne fouille pas dans la vie de mes élèves pour savoir s’ils sont en situation irrégulière ou pas. Cependant, je ne m’opposerai pas au travail de la police en cas d’interpellation et d’expulsion d’un élève, contrairement à bien des collègues.

      “Ca se résout facilement. Il suffit d’appliquer les règles du statut du fonctionnaire qui permettent de nommer un fonctionnaire là où ses services sont nécessaires sans lui demander son avis « dans l’intérêt du service ».”
      Le problème est qu’il n’y a pas forcément pléthore de professeurs de mathématiques ailleurs… Dans mon académie, les profs de maths manquent également, et je ne travaille pas dans l’académie de Créteil. Après, je pense que nous sommes tous humains: peu de gens ont envie de se faire insulter, cracher dessus, agresser. Et le fait de se dire que, collectivement, nous le méritons parce que nous avons failli (et je suis d’accord là-dessus) est une maigre consolation au moment de se prendre un coup de poing (ou pire!) dans la figure…

      Je vais parler un peu de mon expérience. Lorsque j’ai été titularisé, j’ai pu rester dans mon académie d’origine, parce qu’il y avait des postes à pourvoir dans ma discipline, je n’ai pas eu de passe-droits, je n’ai pas magouillé un Pacs ou utilisé des relations pour rester. Je mentirai pourtant si je disais que je n’ai pas été soulagé d’échapper à la Seine-Saint-Denis. Pendant plusieurs années, j’ai effectué des remplacements. Partout où l’on m’a envoyé, j’y suis allé sans me plaindre, parfois assez loin de chez moi. Certains remplaçants hurlent dès qu’ils travaillent à plus de 20 km de leur domicile, moi pas. J’ai toujours considéré que c’était mon devoir d’aller là où il y avait besoin de moi, souvent dans des petits collèges ruraux où, plus encore que dans les cités, l’école est le seul endroit où les enfants accèdent à la culture car il n’y a pas de grandes bibliothèques, de médiathèques, de centres culturels comme on en trouve dans les villes. J’ai même accepté (un peu contraint je l’admets) d’enseigner une autre discipline que la mienne parce qu’il y avait besoin. Si j’avais été muté en région parisienne, dans un établissement difficile, j’y serais allé, mais je ne crois pas, honnêtement, que j’aurais tenu le coup. Je suis attaché au statut de fonctionnaire, mais en tant qu’individu, je comprends aussi qu’on ait envie de se préserver. Il est toujours problématique de se retrouver à faire les frais d’une situation dont on n’est pas personnellement responsable. Doit-on admettre d’être malheureux dans son travail, d’aller au turbin avec la peur au ventre, d’exercer dans des conditions où son intégrité physique et morale n’est point toujours garantie, au motif que le corps enseignant porte collectivement la responsabilité de cette situation? C’est une question épineuse.

      “L’emploi à vie des fonctionnaires ne se justifie que s’il est nécessaire au bon fonctionnement du service.”
      Mais êtes-vous sûr que supprimer le statut de fonctionnaire des enseignants améliorera le fonctionnement du service? J’en doute.

      “Mais je ne pense pas que du point de vue rémunération ou charge de travail nos enseignants soient à plaindre. Mais c’est mon opinion…”
      C’est aussi en partie la mienne. Je n’ai jamais compris les jérémiades des syndicats sur les rémunérations des enseignants: rapporté au temps effectif de travail, les enseignants français sont correctement payés. Beaucoup partent au ski en hiver et à l’étranger en été ou à Pâques. Ce n’est pas tout le monde… Quant à la charge de travail, elle est tout à fait supportable. Disons qu’on assiste à une multiplication des tâches, hors enseignement, qui, de mon point de vue, revêtent une utilité fort discutable. En terme de contenu, la tendance est plutôt à l’allègement. Je ne suis ni de ceux qui en font le plus, ni de ceux qui en font le moins, je pense honnêtement être dans la moyenne. Après, il y a des semaines chargées, d’autres moins. En moyenne, l’honnêteté m’oblige à dire que je suis entre 30 et 35h de travail hebdomadaire. La fatigue pour moi n’est clairement pas liée à la charge de travail, elle est davantage liée à la gestion de classe, qui peut absorber pas mal d’énergie avec des classes pénibles (mais toutes ne le sont pas). Je serai cependant disposé à travailler plus, sans demander de hausse de salaire, si l’on me donnait le sentiment de prendre part à un grand projet national, et non seulement de faire garderie en répétant en boucle un discours aussi éculé qu’inefficace sur le “vivre-ensemble”.

      Voilà, je souhaitais verser au débat ces éléments de mon expérience personnelle. Je ne prétends pas représenter tous les enseignants, loin de là, et je livre ici mes seules impressions.

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [Pour avoir de nombreuses relations parmi les enseignants de la maternelle au supérieur, bien que ma carrière professionnelle n’ai eue que des rapports éloignés avec l’Education Nationale, j’ai constaté que dans l’exercice de leurs fonctions, on rencontrait d’énormes disparités. (…) Entre un prof d’histoire géo en terminale professionnelle de la banlieue Est de Paris et le prof de philo de terminale L à Louis le Grand, où est la similitude ?]

      Vous avez raison de signalé les disparités. Mais sans nier les différences, il y a quelques « similitudes », notamment dans la manière dont les enseignants en France conçoivent leur rôle. Depuis le grand chambardement de 1968, s’est imposée l’idée que le professeur tient son autorité de lui-même, de son savoir, de son utilité, mais certainement pas de l’institution à laquelle il appartient. Cela est aussi vrai dans le primaire que dans le supérieur, en passant par le secondaire. Je ne connais aucun autre corps de la fonction publique dont les membres se font un titre de gloire de piétiner le principe d’obéissance hiérarchique ou le devoir de réserve. Imaginez-vous un policier « désobéissant » ?

      [Cependant, deux éléments me semblent dominer la question du malaise des enseignants :
      Le premier est leur tendance à une forme de communautarisme de pensée qui les place souvent « hors sol » par rapport à la vie socioéconomique dans laquelle nous vivons. Ceux que je côtoie, la plupart retraités de l’EN, me semblent assez naïfs vis à vis des réalités.]

      Oui, mais ce n’est pas forcément un mal. Je ne partage pas l’idée que le monde doit rentrer à l’école. Au contraire. Je pense que l’école doit être un espace protégé, avec ses règles et ses hiérarchies qui ne doivent pas être celles du monde extérieur. Bien sur, il serait mieux si les enseignants avaient une véritable curiosité envers le monde qui les entoure…

      [Le second élément qui est peut-être une cause du premier, c’est la monotonie de la plupart des carrières. On commence prof de math dans un collège mal côté, on fini au mieux prof de math dans un lycée de centre ville. Où est la richesse de la diversité ?]

      Vous savez, il y a beaucoup de métiers dans lesquels il n’y a pas à proprement parler de « carrière ». Pensez au médecin généraliste, qui reçoit à son cabinet un patient après l’autre. Pensez au dentiste, à l’avocat, au notaire. C’est quoi leur perspective de « carrière » ?

      Ce qui fait l’intérêt de ces métiers, c’est la diversité des cas humains. Chaque malade, chaque dentier, chaque divorce, chaque héritage pose un problème différent, pour lequel il faut trouver une solution. Pour l’enseignant, c’est pareil : les élèves se renouvellent sans cesse, et chaque classe est différente. Bien sur, vous trouverez des enseignants routiniers, comme vous trouverez des médecins ou des notaires routiniers, qui répètent les mêmes gestes sans jamais chercher à faire du nouveau. Mais ce n’est pas le métier qui veut ça, ce sont les gens qui le font.

      [Un chef désigné n’est vraiment un chef que lorsqu’il est accepté comme tel. C’est la même chose pour un expert, un sachant dans quelque domaine que ce soit. L’enseignant est un sachant – ses diplômes l’attestent – il ne deviendra et sera considéré comme tel que le jour où il saura imposer autre chose que ce qu’il sait mais ce qu’il est. Face à des ignorants que sont par définition ses élèves, il lui faut d’abord faire accepter l’idée du positif de son action, de son utilité.]

      Mais ça, ce n’est pas l’enseignant qui peut le faire. Seule l’institution – c’est-à-dire l’Etat – peut investir l’enseignant d’une telle autorité. C’est à l’Etat de dire que celui qui sait est au dessus de celui qui ne sait pas. C’est à l’Etat de stigmatiser l’ignorant et d’honorer le sachant. Ce n’est que par ce biais que l’enseignant acquiert sa légitimité. Et cela suppose que l’enseignant se conçoive lui-même comme un agent de l’institution.

      [Ce n’est pas en postant des vigiles ou policiers aux portes des lycées que le problème sera réglé.]

      Oui et non. Rappelez-vous de la ruse – peut-être légendaire ? – utilisée par Parmentier pour diffuser la culture de la pomme de terre : semer un champ et le faire garder par des hommes en armes, en leur donnant l’instruction de ne pas garder trop sévèrement et de permettre les voleurs de soustraire quelques uns des précieux tubercules. Parmentier anticipait que les paysans feraient la déduction évidente que si ces tubercules étaient gardés, c’est qu’ils étaient précieux, et qu’il valait donc la peine de les voler et de les cultiver… Et bien, le fait de construire pour l’école des beaux bâtiments et de les faire garder, c’est aussi un moyen de lui donner de l’importance.

      [Ce n’est pas en discréditant le savoir sous toutes ses formes que l’on progressera vers un monde meilleur.]

      Certainement. Mais il ne faudrait pas oublier que c’est dans la corporation enseignante qu’on trouve les plus grands contempteurs du savoir. Que fait-on des enseignants qui expliquent à nos chères têtes blondes que telle discipline, tel savoir ne sert à rien parce qu’il n’est pas monnayable sur le marché du travail ?

    • Descartes dit :

      @ nationaliste-ethniciste

      [« Ce n’est pas un « discours anti-prof » que d’admettre que le corps enseignant s’est suicidé depuis trente ans en sapant lui-même ce qui faisait sa légitimité. » C’est vrai. Mais il faut saluer, quand même, les professeurs qui ont lutté contre cela,]

      Tout à fait d’accord. Non seulement il faut reconnaître leur clairvoyance, mais aussi le mérite qu’ils ont de ramer contre le courant, d’autant plus que le courant est fort ! Car le milieu enseignant n’est pas tendre avec les « dissidents » quand leur dissidence ne va pas dans le bon sens. Je crois que Brighelli a qualifié ces enseignants de « résistants », et il n’a pas tout à fait tort.

      [Beaucoup d’enseignants veulent les bénéfices mais pas les servitudes du statut de fonctionnaire. On peut effectivement envisager de leur retirer ce statut. Je ne crois pas que ce soit souhaitable: il est préférable à mon sens de contraindre les enseignants à obéir aux statuts, en appliquant enfin des sanctions qui ne le sont jamais.]

      Je suis d’accord. Je ne voudrais pas qu’on puisse penser que mes convictions vont dans le sens d’une privatisation de l’éducation, ou même d’une école publique servie par des enseignants de droit privé. Je pense qu’il y a de bonnes raisons pour que les enseignants soient des agents publics bénéficiant de la protection du statut du fonctionnaire, qui est aussi une garantie de la neutralité et de la non politisation de la fonction. Mais on ne peut accorder à l’enseignant la protection du statut et ne pas exiger de lui les devoirs qui y sont attachés.

      [Je ne pense pas que la hiérarchie soit exempte de critique.]

      Moi non plus. Comme toutes les hiérarchies, elle est critiquable. Mais qu’elle soit critiquable n’implique pas qu’on ait le droit de lui désobéir.

      [La hiérarchie aussi a sa part de responsabilité dans la déliquescence de l’institution. Quand certains enseignants réclament des sanctions contre des élèves, parfois à juste titre et pour essayer justement de conserver à l’institution le peu de crédibilité qui lui reste, et que la “hiérarchie” tergiverse, pour “éviter les vagues”, je ne crois pas qu’il soit malvenu de lui adresser des critiques.]

      Non, c’est vrai. Mais il y a des règles et des formes à respecter pour faire remonter ces critiques. Et je trouve que les enseignants s’affranchissent souvent de ces normes, critiquant par exemple ouvertement devant les parents ou même les élèves les principaux ou proviseurs, les inspecteurs, les recteurs et même le ministre… Imaginez-vous ce qui se passerait si les policiers critiquaient le préfet devant les citoyens, voire les voyous !

      [Quant à l’exemple que vous donnez, je vous citerai simplement mon chef d’établissement (qui dirige la plus grosse cité scolaire de mon département, on ne parle pas là d’un petit principal d’un collège de campagne): “pour les élèves clandestins, s’il y en a dans notre établissement, ma politique est simple: ils restent, et je serai vigilant là-dessus”. Auriez-vous la bonté de me dire ce que vous pensez d’une telle hiérarchie qui s’assoit elle-même sur la loi?]

      Ais-je besoin de vous préciser ma pensée ? Déjà, l’idée qu’un chef d’établissement puisse avoir « sa politique » dans la matière comme s’il dirigeait une république autonome a de quoi faire frémir.

      [Doit-on admettre d’être malheureux dans son travail, d’aller au turbin avec la peur au ventre, d’exercer dans des conditions où son intégrité physique et morale n’est point toujours garantie, au motif que le corps enseignant porte collectivement la responsabilité de cette situation? C’est une question épineuse.]

      Tout à fait. Je ne pense pas que ce soit une bonne chose de mélanger les questions individuelles et les questions politiques. Je peux comprendre l’individu qui protège par compassion humaine un clandestin, et en même temps je ne pense pas qu’on puisse généraliser ce geste individuel et en faire une politique. Si on veut faire de la politique, il accepter de vivre cette contradiction : ce qui est bon au niveau individuel ne fait pas nécessairement une bonne politique, et vice-versa.

      [« L’emploi à vie des fonctionnaires ne se justifie que s’il est nécessaire au bon fonctionnement du service. » Mais êtes-vous sûr que supprimer le statut de fonctionnaire des enseignants améliorera le fonctionnement du service? J’en doute.]

      Au point où on en est, je me le demande. Je pense comme vous que le meilleur système est celui où les enseignants sont fonctionnaires, parce que le statut protège l’indépendance de leur enseignement. Mais en même temps, on ne peut accorder les droits sans exiger en retour les devoirs. Et j’en arrive à me demander quel serait la décision des enseignants si on leur demandait de choisir entre les statut du fonctionnaire avec la plénitude des droits et des devoirs et le contrat de droit privé…

      [Voilà, je souhaitais verser au débat ces éléments de mon expérience personnelle. Je ne prétends pas représenter tous les enseignants, loin de là, et je livre ici mes seules impressions.]

      Merci beaucoup, c’est toujours intéressant d’entendre l’opinion honnête de quelqu’un qui voit les choses de l’intérieur.

  4. Marcailloux dit :

    @ Descartes,
    Bonjour et un grand merci pour ce coup de gueule salutaire.
    Pour une fois, ce n’est pas coutume, vous ne parlez pas de la responsabilité de la classe moyenne. Eh bien moi je vais la mettre en cause, car, constituant la grande majorité (selon mon estimation) des citoyens, respectueuse – à peu de choses près – des lois et règlements, éloignée des lieux “agités”, elle ne se sent pas vraiment concernée et n’exige que très mollement le respect de l’ordre républicain. Le mal s’approche d’elle, mais n’est-il pas un peu tard pour régler tout cela paisiblement ? La violence civile et institutionnelle est probablement programmée de manière déterministe. Nous n’y échapperons certainement pas.
    Il me parait inadmissible que l’on “floute” pour un oui ou un non les témoignages à la télé, même pour des situations banales. C’est un signe de terrorisme mental. Dire ce qui est serait-il devenu un délit de lèse majesté ? Tout témoin de bonne foi doit être protégé, particulièrement des actes de rétorsions des auteurs de délit et les contrevenants devraient être plus durement sanctionnés, comme ils doivent l’être pour toute agression, même verbale des agents de l’autorité publique.
    Pour ne pas particulièrement enfoncer le gouvernement actuel et bien démontrer qu’il s’agit de quelque chose de plus profond donc de plus grave, le nombre d’emprisonnements n’a jamais été aussi important que depuis que F. Hollande est président. S’il n’a pas fait ce qu’il aurait fallu, ses opposants sont assez mal placés pour le critiquer.
    Qui aura le courage de poser le problème dans son intégralité, comme vous le posez vous même? Pourrait-il être alors élu ?
    Petit détail: vous écrivez “Le fonctionnaire en mission notre agent” . . . . .je ne comprend pas très bien, manque-t-il “est” ?

    • Descartes dit :

      @ marcailloux

      [Pour une fois, ce n’est pas coutume, vous ne parlez pas de la responsabilité de la classe moyenne. Eh bien moi je vais la mettre en cause, car, constituant la grande majorité (selon mon estimation) des citoyens, respectueuse – à peu de choses près – des lois et règlements, éloignée des lieux “agités”, elle ne se sent pas vraiment concernée et n’exige que très mollement le respect de l’ordre républicain.]

      Chez les « classes moyennes », la violence prend des formes différentes mais elle est tout aussi présente. Plus capables de symboliser, on trouve chez elles moins de violence physique et plus de violence symbolique.

    • Marcailloux dit :

      @ Descartes,
      Bonsoir,
      (Chez les « classes moyennes », la violence prend des formes différentes mais elle est tout aussi présente. Plus capables de symboliser, on trouve chez elles moins de violence physique et plus de violence symbolique. )
      Je me suis mal fait comprendre.
      Ce n’est pas la violence que l’on peut rencontrer dans toutes les couches de la société que je dénonce. C’est la relative indifférence d’une majorité de citoyens qui ne se sentent pas directement menacés par toutes ces formes de violence et qui vont tomber des nues lorsque la situation deviendra insurrectionnelle.
      Nos responsables politiques la jouent modérato cantabilé pour ne pas – selon leur crainte – alimenter le discours du Front National, et c’est là qu’ils se plantent. La politique de l’autruche ne peut produire que de l’exaspération et ainsi favoriser les choix extrémistes des électeurs.

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [C’est la relative indifférence d’une majorité de citoyens qui ne se sentent pas directement menacés par toutes ces formes de violence et qui vont tomber des nues lorsque la situation deviendra insurrectionnelle.]

      Je ne dirais pas « une majorité de citoyens ». Mais il est clair que les « classes moyennes » ont pu largement ignorer le problème grâce à la ségrégation géographique qui fait qu’elles ne sont pas en contact avec les territoires à problèmes. Et qui accessoirement dans beaucoup de pays préfèrent payer des gardes armés autour de leurs quartiers fermés plutôt que de payer des impôts pour financer une véritable police d’Etat…

      [Nos responsables politiques la jouent modérato cantabilé pour ne pas – selon leur crainte – alimenter le discours du Front National, et c’est là qu’ils se plantent. La politique de l’autruche ne peut produire que de l’exaspération et ainsi favoriser les choix extrémistes des électeurs.]

      Tout à fait. Mais nos élus sont dans une logique de court terme. D’où l’achat de la paix sociale par des concessions qui se révèlent désastreuses à long terme…

  5. Unci TOÏ-YEN dit :

    Devant un problème donné on se doit d’adopter un mode de raisonnement ou pédagogique spatial, c’est-à-dire holistique : considérer le tout qui ne fait qu’un, à l’inverse de la pédagogie linéaire ou vectorielle, une succession de savoirs, qui est elle, réductionniste, implique que chacun des savoirs n’est pas considérer comme faisant parti d’un tout. C’est un défilement de savoir, linéaire. Nous pourrions dire : pédagogie linéaire ou vectorielle (1D) à opposer à pédagogie spatiale qui occupe tout l’espace (3D).

    En prenant le problème par petit bout, une fois les policier, une autre fois les professeur , une autre fois une religion, une fois x ou y : nous sommes dans une succession, le mode pédagogique vectoriel (1D) alors que nous nous devons d’ouvrir notre vision à l’espace global donc actionner notre mode pédagogique spatial (3D)

    Dans ce cas nous dirions :

    Se comprendre est toujours un dilemme. Dire qu’on n’a été compris ou cru comprendre : c’est déjà une volonté de chercher à partager des idées pour en trouver des solutions.
    Être stigmatiser n’est pas agréable alors on se victimise.
    Mais ni la stigmatisation, ni la victimisation, n’existeraient si des humaniste de pacotille avec leurs boucs émissaires d’un côté, les offres en pâture à l’autre clan pour excuser le comportement de quelques-uns d’eux et le comportement, de ces quelques uns, permet la stigmatisation de leur clan qui, à leur tour, se victimise. Résultat : le dialogue n’est plus possible ; alors l’élimination de l’un par l’autre n’est pas loin.
    La causse de cela c’est que, aux fronton d’édifice public est écrit ‘’LIBERTE EGALITE FRATERNITE’’ Alors que devrait être écrit la première règle de notre vie sociétale :
    ‘’DEVOIR PRODUIRE POUR LES AURES AUTANT QUE LES AUTRES PRODUISENT POUR NOUS’’
    Alors se comprendrait que la destruction volontaire, des personnes ou des biens des autres, oblige à la réparation des dommages, sans compassion. Mais les humanismes de pacotille n’en veulent pas il ne pourrait dominer sans leurs boucs émissaires objet de leur pouvoir en se servant, bien que laïque dur et pur, de la culture judéo chrétienne de bien d’entre nous, qui cultivons la compassion.
    C’est pourquoi il faut, au niveau des religions, cesser de stigmatiser, se montrer intelligent, vouloir assimiler la culture arabo-musulmane , comme la culture Gréco- romaine, sans se sacrifier, à assimiler la culture judéo-chrétienne : bien entendu, sous condition : si cette culture musulmane décide, et elle seule le peut, de modifier les versets qui sont incompatibles avec la culture gréco-romaine et judéo-chrétienne qui était la notre jusqu’ici mais est appelée à progresser pour être plus universelle et plus humaniste où croyants et non croyants se trouvent chez eux .
    Unci TOÏ-YEN

    • Descartes dit :

      @ Unci TOY-YEN

      [Devant un problème donné on se doit d’adopter un mode de raisonnement ou pédagogique spatial, c’est-à-dire holistique : considérer le tout qui ne fait qu’un, à l’inverse de la pédagogie linéaire ou vectorielle,]

      Je vais être franche avec vous : tout ça ne veut rien dire. Vous utilisez des mots qui sonnent bien (« spatial », « holistique », « linéaire », « vectorielle ») mais qui dans ce contexte n’ont aucun sens. Alors, ou bien vous définissez précisément les termes que vous utilisez, ou vous utilisez des termes qui ont dans ce contexte une définition acceptée.

      [Alors que devrait être écrit la première règle de notre vie sociétale : ‘’DEVOIR PRODUIRE POUR LES AURES AUTANT QUE LES AUTRES PRODUISENT POUR NOUS’’]

      Les handicapés sont mal barrés…

      [C’est pourquoi il faut, au niveau des religions, cesser de stigmatiser, se montrer intelligent, vouloir assimiler la culture arabo-musulmane,]

      Au niveau des « religions » il faudrait assimiler une « culture » ? A ce niveau de confusion…

  6. cdg dit :

    Globalement d accord, meme si a Notre dames des landes c est un manifestant qui a ete victime de la gendarmerie et pas un policier defigure par les manifestants. Vous pratiquez un amalguame un peu douteux entre des gens qui manifestent pour uen idee (bonne ou pas est une autre question) et des criminels qui se batent pour continuer leur traffic.
    Dans le premier cas, dans une societe democratique, la violence ne doit pas etre un moyen de s exprimer (et ca faut pour l aeroport comme pour la FNSEA).
    Dans le second cas, il faut avoir le courage de reprimer. Mais, desolé de devoir ecrire ca, a par le FN je vois pas qui aurait le courage de le faire:
    – le PS: parti au pouvoir, il aurait pu le faire depuis longtemps. Mais pour leurs dirigeants, c est culturellement impossible (delinquants=victime d une societe injuste). J ai meme lu que le ministre s est felicite que les policiers n aient pas utilise leurs armes (dans ce cas, a quoi bon les armer ?)
    – Melanchon : il est sur ce point sur une ligne équivalente a ses ex camarades du PS. On peut pas declarer que l immigration magrébine est l avenir de la France et apres declencher des operations qui vont mettre en prison essentiellement des gens de cette origine (oui, on ne sais pas qui a fait le coup. Mais la probabilite que ca soit des auvergnats est assez limitee)
    – Juppe, Sarkozy : a beaucoup promis (surtout Sarkozy) mais n a pas fait grand chose au pouvir. Comme vous l ecrivez, c est “pas de vagues” et puis on s en moque un peu vu que les gens habitant la bas ne votent pas pour eux. Vous rajoutez a ca la necessite de reduire le nombre de fonctionnaires pour baisser les impots et la fascination technologique (ou le desir de surveillance) qui fait que l argent va dans des cameras. Cameras qui ici comme a nice ont montre qu elles ne servaient a rien (il fallait proteger la camera par la presence de policiers !!)

    PS:
    1) si j habitais dans le quartier je ne parlerai probablement pas. Car meme si vous voulez etre debarasse des delinquants (ce qui est pas sur car ce sont les seuls qui ramenent de l argent & des emplois via le narco traffic) vous savez que la police ne peut rien. Je suis pret a parier que meme si les gens sont arrete ils seront libre rapidement. ET ce jour la, quand on saura qui a parle, vous avez interet a courir vite …
    2) comme on est en periode presidentielle, les solutions a mon avis sont
    a) legaliser le cannabis pour assecher le traffic (on le taxe comme l alcool ou les cigarettes). la prohibition a fait al capone, il faut arreter les frais
    b) introduire des camps de reeducation par le travail (comme en chine ou ce qui se fait en russie). Ca rendra pas forcement les gens qui y sont alle meilleurs mais au moins ca dissuaderai certains. on peut aussi reintroduire la peine de mort

    • Descartes dit :

      @ cdg

      [Globalement d’accord, même si a Notre dames des landes c’est un manifestant qui a été victime de la gendarmerie et pas un policier défiguré par les manifestants.]

      « Victime de la gendarmerie » ? Je rejette absolument ce genre d’expression. L’admettre ce serait admettre que « la gendarmerie », comme institution, avait l’intention de tuer. Non : Remy Fraisse a été « victime » d’un accident, accident qu’il a d’ailleurs contribué à provoquer par son comportement en participant en toute connaissance de cause à une manifestation qu’il savait devoir être violente. Par ailleurs, j’ajoute que de nombreux gendarmes ont été blessés à Sivens. Mais qui se soucie d’eux, n’est ce pas ?

      [Vous pratiquez un amalgame un peu douteux entre des gens qui manifestent pour une idée (bonne ou pas est une autre question) et des criminels qui se battent pour continuer leur trafic.]

      Absolument pas. Je ne crois pas avoir une seule fois fait référence à « des gens qui manifestent pour une idée ». Je pense que vous faites une confusion entre « manifester » et « dégrader les biens publics et privés, jeter des pierres et des cocktails Molotov sur les CRS ». Ce n’est pas du tout la même chose.

      J’ai au contraire le plus grand respect pour les gens qui manifestent pacifiquement. Il faut d’ailleurs noter que les manifestations qui ont obtenu les résultats les plus forts et durables sont celles qui ont montré la force d’une foule pacifique. Mais dans un contexte démocratique je n’accorde à personne le droit de considérer que ses idées valent qu’on détruise, qu’on mutile, qu’on tue.

      [- le PS: parti au pouvoir, il aurait pu le faire depuis longtemps. Mais pour leurs dirigeants, c’est culturellement impossible (delinquants=victime d une societe injuste). J’ai meme lu que le ministre s est felicite que les policiers n aient pas utilise leurs armes (dans ce cas, a quoi bon les armer ?)]

      C’est un peu plus compliqué que ça. Le PS – ou pour être plus précis les classes sociales qui composent son électorat – sont très ambiguës sur cette question, passant périodiquement par des crises d’angélisme suivies d’explosions d’autoritarisme. La gestion erratique de la « jungle » de Calais est une bonne illustration de ce fonctionnement. Et cela vient de loin : il n’y a qu’à voir ce que fut la politique coloniale de la SFIO sous la IVème République…

      [- Melanchon : il est sur ce point sur une ligne équivalente a ses ex camarades du PS. On peut pas déclarer que l immigration magrébine est l avenir de la France et après déclencher des opérations qui vont mettre en prison essentiellement des gens de cette origine (oui, on ne sais pas qui a fait le coup. Mais la probabilité que ca soit des auvergnats est assez limitée)]

      Je pense que le problème de Mélenchon – et de la « gauche radicale » en général – n’est pas du côté de l’immigration, mais est bien plus profond. Cette partie de la gauche a de la société une vision essentiellement romantique et manichéenne. D’un côté, des pauvres, qui sont par définition moraux, de l’autre les riches, par essence corrompus. Quand le pauvre est délinquant, ce n’est donc pas sa faute mais celle de la société qui le pousse au crime. Or cette description – qui tourne le dos à toute analyse matérialiste – empêche de voir la réalité des faits et surtout d’agir sur eux. On ne peut punir le pauvre délinquant parce que ce n’est pas sa faute. Il ne reste donc plus à la société qu’à se frapper la poitrine en permanence…

      La « gauche radicale » est profondément enfoncée dans une logique de témoignage. Comme elle n’arrive pas à faire la différence entre ce qu’il faudrait sur le long terme – une société débarrassée de l’exploitation de l’homme par l’homme – et le fait de gouverner hic et nunc une société qui est ce qu’elle est, elle ne peut pas gouverner. A ceux qui lui parlent de problèmes concrets – Viry Chatillon, Calais, Belfort – elle répond « l’ennemi c’est le banquier ». Avec ça, on ne va pas loin…

      [1) si j habitais dans le quartier je ne parlerai probablement pas. Car même si vous voulez etre débarrasse des délinquants (ce qui est pas sur car ce sont les seuls qui ramenent de l’argent & des emplois via le narco traffic) vous savez que la police ne peut rien. Je suis pret a parier que meme si les gens sont arrete ils seront libre rapidement. ET ce jour la, quand on saura qui a parle, vous avez interet a courir vite …]

      Je peux comprendre que les gens ne parlent pas à visage découvert. J’ai du mal à comprendre qu’ils ne fournissent pas des renseignements anonymement. Sauf à admettre – ce qui est probablement vrai jusqu’à un certain point – que les habitants ne le fassent pas parce qu’ils profitent eux-mêmes peu ou prou des trafics. Mais dans ce cas, ils ne sont pas victimes, ils sont complices. Et méritent largement ce qui leur arrive.

      [a) légaliser le cannabis pour assécher le trafic (on le taxe comme l’alcool ou les cigarettes). la prohibition a fait Al Capone, il faut arrêter les frais]

      Dans ce cas, pourquoi se limiter au cannabis ? Il faudrait aussi légaliser la cocaïne, l’héroïne, l’extasy, le trafic d’armes… Si l’argument « assécher le trafic » vaut pour les uns, pourquoi ne vaudrait-il pas pour les autres ?

      Personnellement, je suis contre la légalisation du cannabis parce que l’interdiction n’a pas seulement pour fonction de punir le trafic. Elle a aussi pour fonction de marquer un interdit. L’utilisation de psychotropes n’est pas et ne doit pas être un geste banal. Fumer un joint ne doit pas être un comportement banal. Par ailleurs, il faut penser aux jeunes : pour se construire, ils ont eux aussi besoin de violer des interdits. Or, si nous enlevons tous les interdits qui ne présentent pas de danger, ils iront violer ceux qui en présentent un. Hier une fille pouvait être « rebelle » en allant au lycée avec du rouge à lèvres. Aujourd’hui, il lui faut au moins planter un couteau dans son professeur pour obtenir le même résultat. Je prefère personnellement que mon enfant s’offre un frisson en fumant un joint plutôt qu’en s’injectant de l’héroïne ou en allant chez Daesh.

      [b) introduire des camps de rééducation par le travail (comme en chine ou ce qui se fait en russie). Ca rendra pas forcement les gens qui y sont allés meilleurs mais au moins ça dissuaderai certains. On peut aussi réintroduire la peine de mort]

      Pour qu’une dissuasion soit efficace, il faut que le message soit clair. La prison reste chez nous suffisamment terrible pour être dissuasive. Et pourtant elle ne dissuade pas vraiment. La raison est que notre société donne des messages contradictoires. D’un côté, elle fait de l’argent la mesure de toute réussite, de toute position sociale, et donne en exemple ceux qui en gagnent beaucoup, même s’ils le font avec des méthodes que la morale réprouve. D’un autre côté, elle s’étonne lorsque « l’esprit d’entreprise » conduit certains à appliquer ces mêmes méthodes à l’échelle de leur quartier…

      On répète à l’excès l’anecdote du lascar qui demande à son professeur combien il gagne par mois, et qui remarque qu’il se fait autant en une journée avec des trafics. Mais on ne tire pas la moralité de cette fable : si le lascar pose cette question, c’est parce qu’il a intégré le message de la société qui veut que l’argent soit la mesure de toute chose. Et une fois ce principe posé, il vaut toujours mieux être trafiquant que professeur. Il faut bien insister sur ce point : dans aucune société, dans aucun temps les professeurs ont gagné plus que les commerçants. Jamais. Et ce ne sera jamais le cas. Le prestige du professeur ne peut venir que d’une institution qui met le savoir au dessus de l’argent. Sinon, il est mort.

      Pour que la dissuasion soit efficace pour combattre un comportement donné, il faut que ce comportement soit socialement – et non seulement pénalement – condamné. Si la société porte au pinacle les escrocs, alors la prison ne dissuadera personne d’escroquer son voisin.

  7. Gugus69 dit :

    Bonjour ami et camarade,
    Vous imaginez bien, me connaissant un peu, que j’ai participé à toutes les manifestations lyonnaises contre la loi travail.
    À chacun de ces rassemblements, j’ai été ulcéré de voir des groupes de jeunes imbéciles masqués et vêtus de noir, se glisser par quelques dizaines en tête du cortège. Chaque fois d’ailleurs sans aucune réaction des SO syndicaux…
    Et évidemment, à chaque fois, au bout de quelques centaines de mètres, les jeunes “révolutionnaires” faisaient pleuvoir sur les policiers toutes sortes de projectiles plus ou moins dangereux : œufs, peinture, pavés, boulons…
    Et tout ça alors qu’une foule de syndicaliste plus ou moins concernés laissaient faire, indifférents voire goguenards, quand ils ne reprenaient pas sur l’air des lampions : “Tout le mon-de dé-tes-te la police !” Combien de la gauche “radicale”, et même des communistes, m’expliquaient que les policiers faisaient “de la provocation”. Pourquoi ? Ben… parce qu’ils étaient là !
    Cela fait 45 ans que je manifeste pour un tas de raisons : j’ai toujours vu les policiers accompagner les cortèges. Et je me rappelle avoir vu (mais ça, c’était avant…) les camarades du syndicat CGT des pompiers, en uniforme, charger sans ménagement les casseurs de tout poil, pour les contraindre à se replier en queue de défilé.
    Ils sont où, ces centaines de milliers de Français, qui applaudissaient les policiers en janvier 2015, après Charlie ?
    Misère de la gauche radicale…

    • Descartes dit :

      @ Gugus69

      [Bonjour ami et camarade, Vous imaginez bien, me connaissant un peu, que j’ai participé à toutes les manifestations lyonnaises contre la loi travail.]

      Je n’en doutais pas ! « Ami et camarade »… cela fleure bon les discours de l’époque Marchais. Oh tempora…

      [À chacun de ces rassemblements, j’ai été ulcéré de voir des groupes de jeunes imbéciles masqués et vêtus de noir, se glisser par quelques dizaines en tête du cortège. Chaque fois d’ailleurs sans aucune réaction des SO syndicaux…]

      Les « jeunes imbéciles » en question sont une constante de notre histoire politique. Malgré tous leurs efforts, les gauchistes n’ont jamais réussi à emporter derrière eux les masses populaires. Celles-ci sont longtemps restées fidèles à leurs organisations – le PCF, les syndicats ouvriers – et ceux qui s’en sont éloignés le font vers l’abstention ou vers d’autres partis « populaires » comme le FN. Du coup, ils cherchent à chaque fois à prendre les masses en otage en parasitant les manifestations en se donnant le premier rôle, avec la complaisance des médias. Médiatiquement, la manifestation qui regroupe 100.000 syndiqués et 100 « autonomes » devient dans les médias la manifestation des « autonomes ».

      La différence aujourd’hui est que les organisations ouvrières n’ont plus ni la volonté ni la force pour empêcher ces parasitages. Là encore, les médias jouent un rôle néfaste, puisqu’ils sont toujours prêts à transformer les « autonomes » en victimes – que ce soit de la police ou des « nervis syndicaux ». Mais les centrales syndicales ont aussi leur part de responsabilité lorsqu’elles choisissent la solution de facilité en jouant la carte anarcho-syndicaliste du « on n’aime pas la police »…

      [Cela fait 45 ans que je manifeste pour un tas de raisons : j’ai toujours vu les policiers accompagner les cortèges. Et je me rappelle avoir vu (mais ça, c’était avant…) les camarades du syndicat CGT des pompiers, en uniforme, charger sans ménagement les casseurs de tout poil, pour les contraindre à se replier en queue de défilé.]

      Bien entendu. Et pour avoir fait du SO dans ma jeunesse, je peux t’assurer qu’on discutait avant la manif avec les CRS et avec la police, et qu’on se distribuait les rôles avec un souci de part et d’autre que tout se passe bien. Et je dois dire que je n’ai trouvé chez les policiers qu’un grand respect pour le sérieux et la parole donné des SO de la CGT et du PCF. Je peux témoigner que pendant des décennies la police et les CRS n’entraient pas à la Fête de l’Humanité.

      [Ils sont où, ces centaines de milliers de Français, qui applaudissaient les policiers en janvier 2015, après Charlie ?]

      C’est une bonne, une excellente question…

  8. marc.malesherbes dit :

    votre billet sur l’autorité est très sympathique, mais il me semble passer à coté de l’essentiel. Est-ce la faute de nos politiques ?
    Certes en partie, mais seulement dans la mesure ou ils sont l’expression de notre société. C’est l’évolution de notre société qui est en cause pour moi.
    Le mieux pour le voir clairement est de regarder la société américaine, notre avenir. Nous n’avons cessé de nous rapprocher d’elle au fur et à mesure que nos structures économiques, et donc nos « superstructures » idéologiques liées s’en sont rapprochées.
    En résumé, nous vivons de plus en plus dans un monde ou l’individu est le maillonon de base, car il est le consommateur, et rien ne doit s’opposer à ses désirs de consommation. L’état de ce point de vue n’est que second, un simple moyen de garantir les échanges commerciaux.
    Alors il n’y a plus d’autorité légitime. Le rapport de force seul compte, rapport de force constitué par les regroupements d’individus qui se fédèrent.
    La conséquence ultime en est des lieux de vie gardés et protégés par des gardes privés,en fonction des moyens dont dispose ces communauté regroupées.
    Alors inutile de se lamenter : les médecins et autres services seront liés aux endroits, et donc aux ressources dont vous disposez. Les policiers, pompiers … ne se déplaceront dans certaines zones qu’armés, protégés par leur nombre. On a déjà commencé, et bientôt ont autorisera les tirs nécessaires à leur défense.
    OK, c’est assez loin de la fiction que nous entretenons collectivement. Mais il vaut toujours mieux se préparer à ce qui va arriver, que de rêver retrouver un passé que l’on ne retrouvera pas.

    nb : on pourrait rajouter que l’immigration de masse que nous avons connu depuis vingt ans a été un puissant adjuvant à cette évolution inévitable. Dans une société confronté à une immigration de masse, il n’y a pas d’autre issue que le communautarisme. Les USA en sont un bel exemple. Mais c’est pareil partout ou cette situation existe. Regardez en particulier ce qui se passe dans les pays subsahariens ou cette situation est commune.

    • Descartes dit :

      @ marc.malesherbes

      [votre billet sur l’autorité est très sympathique, mais il me semble passer à coté de l’essentiel. Est-ce la faute de nos politiques ?]

      Je ne crois pas que « l’essentiel » soit de déterminer à qui est la « faute ». La « faute » n’est jamais d’un seul côté. Il y a une dialectique entre les politiques et leurs électeurs : si le sujet intéressait leurs électeurs, les politiques s’y intéresseraient. Et réciproquement, un politique peut soulever un problème et y intéresser la société.

      [Certes en partie, mais seulement dans la mesure ou ils sont l’expression de notre société. C’est l’évolution de notre société qui est en cause pour moi. Le mieux pour le voir clairement est de regarder la société américaine, notre avenir. Nous n’avons cessé de nous rapprocher d’elle au fur et à mesure que nos structures économiques, et donc nos « superstructures » idéologiques liées s’en sont rapprochées.]

      Je ne crois pas, justement. Ce « rapprochement » est à mon avis plus un effet « culturel » qu’une réalité sociale et politique. Oui, nous regardons des séries américaines, nous nous habillons comme des américains… mais nos aspirations, nos représentations, nos tabous ne sont pas ceux de la société américaine. La centralité de la famille, de la religion, de la communauté, qui caractérise la société américaine, ne se manifeste guère chez nous. L’Etat reste aussi central dans nos représentations qu’il ne l’était sous Napoléon.

      Je ne dis pas que l’individualisme « consumériste » ne se développe chez nous. Mais c’est un individualisme autochtone, qui n’a rien à voir avec l’individualisme américain.

      [L’Etat de ce point de vue n’est que second, un simple moyen de garantir les échanges commerciaux. Alors il n’y a plus d’autorité légitime. Le rapport de force seul compte, rapport de force constitué par les regroupements d’individus qui se fédèrent.]

      Mais si cette vision était assumée – comme elle l’est aux USA – l’affaiblissement de l’Etat ne serait pas aussi traumatique. Il l’est précisément parce que l’immense majorité des français ne se contente pas d’une société construite sur l’affrontement des communautés. Aux Etats-Unis, l’émeute ou l’assassinat de policiers font partie de la « normalité ».

      [La conséquence ultime en est des lieux de vie gardés et protégés par des gardes privés,en fonction des moyens dont dispose ces communauté regroupées. Alors inutile de se lamenter : les médecins et autres services seront liés aux endroits, et donc aux ressources dont vous disposez. Les policiers, pompiers … ne se déplaceront dans certaines zones qu’armés, protégés par leur nombre. On a déjà commencé, et bientôt ont autorisera les tirs nécessaires à leur défense.]

      Je persiste à croire que nos concitoyens ne veulent pas ça. Et par conséquent, que cela peut être évité.

      [OK, c’est assez loin de la fiction que nous entretenons collectivement. Mais il vaut toujours mieux se préparer à ce qui va arriver, que de rêver retrouver un passé que l’on ne retrouvera pas.]

      Je trouve que vous vous résignez un peu vite…

  9. LittleBuddha dit :

    Bonjour Descartes,
    En préliminaire, je me présente : je suis nouveau venu sur votre blog, et ceci est mon tout premier commentaire. Je suis tombé sur votre blog un peu par hasard il y a quelques semaines, en suivant un lien. Il a produit sur moi un choc d’intelligence. J’ai potassé vos archives, lu vos échanges avec les internautes. J’ai adhéré a bien des choses tant sur la forme que sur le fond. J’ai progressé sur la grille d’analyse marxiste qui m’était largement étrangère, n’ayant pas eu la chance d’avoir eu des parents communistes. Et donc j’ai eu la furieuse envie de participer aux débats que vous lancez et animez fort bien. Je suis sympathisant de droite, pour le dire schématiquement, sans grande sympathie pour l’offre actuelle de droite.

    La police, donc. Je me joins à votre soutien aux policiers et au rappel de leur mission essentielle au service de la société. Mais je voulais revenir sur l’attribut de “violence légitime” qui lui est donné, car ça me semble pas très exact. La police disposerait plutôt de la “force légitime”, pour interpeller, placer en garde en vue, interroger, mener des actions contraignantes pour des besoins d’enquête. Mais l’usage de la violence par la police est très encadré, et finalement limité aux cas de légitime défense. Il n’est pas “légitime”, sauf circonstances particulières. Certes, lorsque le raid lance l’assaut sur l’appartement de Saint-Denis, c’est violent, mais a priori relevant de la légitime défense. Et lorsque la police fait usage de la violence, elle a immédiatement l’IGPN sur le dos.

    Pourquoi est-ce important de le souligner ? Parce que cette notion de “violence légitime” est au coeur du sujet, et ce n’est pas que pinaillage sémantique. Le fait que la “violence” soit interdite à la police est ce qui caractérise une police d’un état démocratique par rapport à une police d’un état autoritaire, qui elle peut donner de la matraque comme bon lui semble. Et c’est aussi parce que la violence de la police n’est pas légitime en règle générale que nos forces de l’ordre sont moins craintes. Des individus violents n’hésitent plus à s’en prendre à elle, car ils savent que ses marges d’action/réaction sont très contraintes. Ceux qui partent en guerre contre la République ont bien compris les faiblesses de leurs adversaires. Je pense donc qu’il est temps d’élargir le champ de la légitime défense, comme le demandent les policiers, sans pour autant accréditer l’idée que la violence policière devienne légitime.

    La “violence légitime” d’état existe bien, mais elle me semble l’apanage des armées, et réservée aux ennemis extérieurs ( … ou aux compatriotes qui sont passés à l’ennemi à l’extérieur, cf. les engagés dans les rangs de Daesh).

    Voilà. C’était ma première pierre, modeste, apportée à votre édifice. J’essaierai de faire plus percutant une prochaine fois si l’occasion m’en ai donnée ! A+

    • Descartes dit :

      @ LittleBuddha

      [En préliminaire, je me présente : je suis nouveau venu sur votre blog, et ceci est mon tout premier commentaire.]

      Bienvenu au salon ! N’hésitez pas à répéter l’expérience…

      [Je suis sympathisant de droite, pour le dire schématiquement, sans grande sympathie pour l’offre actuelle de droite.]

      Personne n’est parfait… 😉 Rassurez-vous : même si ma « famille » politique est la gauche, on a ici des gens qui viennent de tous les horizons, qui échangent de manière fort civilisée.

      [Mais je voulais revenir sur l’attribut de “violence légitime” qui lui est donné, car ça me semble pas très exact. La police disposerait plutôt de la “force légitime”, pour interpeller, placer en garde en vue, interroger, mener des actions contraignantes pour des besoins d’enquête.]

      A la lecture de votre commentaire, je pense que vous n’avez pas compris ce qu’il y a derrière la notion de « monopole de la violence légitime ». C’est Max Weber qui caractérise l’Etat par le fait qu’il détient dans le territoire qu’il contrôle le monopole non pas de la violence – beaucoup d’acteurs ont la possibilité d’exercer des violences et le font tous les jours – mais le « monopole de la violence légitime ». Ce que cela veut dire c’est que tout autre acteur social qui utilise la violence est présumé le faire d’une manière illégitime. Seul l’Etat peut exercer légitimement la violence, même si toute violence exercée par l’Etat n’est pas forcément légitime.

      Vous semblez aussi confondre la « violence » avec l’usage des armes. La « violence » a une définition bien plus large. Le simple fait de forcer une personne à faire ce qu’elle ne veut pas faire constitue une violence. Qu’on le fasse par la force physique, par la pression psychologique, par la menace…

  10. JMP dit :

    Bonjour
    vous écrivez : « Celui qui lance un cocktail Molotov contre la police doit être sanctionné, et cela est aussi vrai à Viry-Châtillon qu’à Sivens ou Notre Dame des Landes. »

    j’ajouterai une remarque supplémentaire : Notre Dame des Landes ( sur l’opportunité de laquelle je suis bien incapable d’avoir une opinion tranchée) , c’est un projet de 40 ans, approuvé par l’immense majorité des élus, des dizaines de recours qui ont été examinés par la justice_ et rejetés_ et enfin un référendum départemental qui a été remporté sans discussion possible par les partisans du projet ; or, on apprend que Mr hollande , dans ses confidences , déclare qu’il ne sera pas annulé mais ne se fera pas…, et que l’ineffable Ségolène Royal est partisante « d’arrêter les frais » , et déconseille a Valls de faire évacuer par la force le site occupé par les zadistes. Autrement dit, les plus hauts personnages de l’état pronnent la négation a la fois de l’état de droit, de l’autorité de l’état , et du respect de la démocratie ; dans ces conditions, pourquoi voulez-vous que des petits caïds de banlieue les respectent ??

    • Descartes dit :

      @ JMP

      [j’ajouterai une remarque supplémentaire : Notre Dame des Landes ( sur l’opportunité de laquelle je suis bien incapable d’avoir une opinion tranchée) , c’est un projet de 40 ans, approuvé par l’immense majorité des élus, des dizaines de recours qui ont été examinés par la justice_ et rejetés_ et enfin un référendum départemental qui a été remporté sans discussion possible par les partisans du projet ;]

      Je partage votre point de vue. Je ne suis pas non plus expert du transport aérien, et je n’ai pas le loisir de regarder en profondeur le dossier pour me faire une idée par moi-même. Mais à un certain moment, il faut faire confiance aux experts, aux fonctionnaires, aux élus qui, eux, ont fait ce travail.

      [(…) Autrement dit, les plus hauts personnages de l’état pronnent la négation a la fois de l’état de droit, de l’autorité de l’état , et du respect de la démocratie ; dans ces conditions, pourquoi voulez-vous que des petits caïds de banlieue les respectent ??]

      J’ai quelque scrupule a critiquer ce gouvernement, parce que je n’aime pas tirer sur les ambulances et encore moins sur les corbillards. Mais il me semble évident que Hollande a fait la preuve de son incapacité à se mettre au niveau de la fonction qu’il occupe. Et plus on le connaît, plus cette incapacité devient évidente. Comment celui qui est garant de l’autorité de l’Etat, du fonctionnement de la justice, de l’exécution des lois peut-il publiquement critiquer les juges, affirmer que les décisions démocratiques – y compris le référendum qu’il a lui-même convoqué – resteront sans effet ?

      Oui, vous avez raison : aucune pédagogie ne peut marcher si elle est contredite par l’exemple qui vient d’en haut. Comment peut on faire de l’instruction civique à l’école quand les principes qu’on enseigne sont quotidiennement contredits par ceux qui ont pour charge de les faire respecter ?

  11. Marcailloux dit :

    @ Descartes
    Bonjour,
    Un récent sondage vient d’indiquer que 57% des policiers ont l’intention de voter FN au premier tour des présidentielles.
    Cela me rend mal à l’aise de ne pas retrouver peu ou prou les mêmes proportions d’opinion politiques, dans cette corporation défenderesse des libertés, que dans l’ensemble de la population.
    Et il me vient à l’esprit que les différends qui ont opposé la CGT aux forces de police il y a quelques mois ne sont pas aussi fortuits que l’on aurait pu l’imaginer. Des automatismes comportementaux n’ont pas besoin d’une incitation explicite pour apparaitre.
    Qui a intérêt à l’expansion du désordre dans le pays. Sans faire preuve de complotmania, il est tentant de penser que plus les évènements violents se perpétuent, plus le FN n’a pas besoin de faire campagne. Je dirais même qu’il s’agit là d’un bon placement financier pour un parti qui à des problèmes à ce sujet. Toute économie sur les frais de campagne est bonne à prendre. Et puis cela peut être un très bon argument que d’afficher des dépenses bien inférieures à celle des concurrents.
    Ne dit-on pas chez les policiers enquêteurs: ” à qui profite le crime ?”

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [Un récent sondage vient d’indiquer que 57% des policiers ont l’intention de voter FN au premier tour des présidentielles. Cela me rend mal à l’aise de ne pas retrouver peu ou prou les mêmes proportions d’opinion politiques, dans cette corporation défenderesse des libertés, que dans l’ensemble de la population.]

      Pourquoi « mal à l’aise » ? Vous trouverez chez les inspecteurs du travail une proportion d’électeurs du NPA ou de LO bien supérieure à son poids dans l’ensemble de la population. On comprend bien pourquoi : certains corps de fonctionnaires sont confrontés dans leur pratique quotidienne à des problématiques qui sont plus ou moins bien prises en compte par tel ou tel parti politique. Le FN fait de la sécurité et de criminalité une priorité depuis des années. Comment le corps de fonctionnaires qui veille sur la sécurité pourrait être indifférent à ce positionnement ?

      Il y a à mon avis un deuxième élément : les corps de la fonction publique ne recrutent pas tous dans les mêmes catégories sociales. Les policiers sont recrutés dans des couches bien plus « plébéiennes » que les enseignants ou les inspecteurs du travail. Est-ce anormal dans ces conditions de retrouver chez les policiers une distribution des opinions proche de celle de la classe sociale où ils sont recrutés ?

      [Et il me vient à l’esprit que les différends qui ont opposé la CGT aux forces de police il y a quelques mois ne sont pas aussi fortuits que l’on aurait pu l’imaginer. Des automatismes comportementaux n’ont pas besoin d’une incitation explicite pour apparaitre.]

      Je ne crois pas que des différents aient opposé « la CGT » aux forces de police. Le conflit a été le fait de certaines fédérations CGT, celles où – et ce n’est pas une coïncidence – l’extrême gauche a conquis des positions de pouvoir.

      [Qui a intérêt à l’expansion du désordre dans le pays. Sans faire preuve de complotmania, il est tentant de penser que plus les évènements violents se perpétuent, plus le FN n’a pas besoin de faire campagne. Je dirais même qu’il s’agit là d’un bon placement financier pour un parti qui à des problèmes à ce sujet.]

      Vous voulez dire que le FN finance Daesh ? Parce que c’est à cette conclusion que vous arriverez en poussant votre raisonnement « complotmaniaque »…

  12. luc dit :

    A lire le compte rendu de l’agitation ce samedi à Saint-Etienne,l’avenir est aux émeutes:
    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2016/10/22/97001-20161022FILWWW00172-saint-etienne-degradations-apres-une-manifestation-pour-desarmer-la-police.php
    La paix sociale ne sera pas pour demain en France au vu du programme social en de la droite qui reprendra les rênes en2017.
    Or la démolition de l’état social français,sommet de civilisation,ne peut pas se faire sans des réactions vives du corps social qui sera violenté,à mort.
    Les policiers seront de nouveau sollicités pour défendre l’ordre établi.
    Mais si aujourd’hui,je peux les appeler mes frères,je n’imagine pas qu’il en sera ainsi dés Juin20017,avec l’installation fracassante des ultras,anti-patriotes par définition.Les policiers leur obéiront,c’est leur fonction.J’espère que fidèle à sa conscience progressiste,le camp collectiviste français n’oubliera pas que sous l’uniforme,le policier reste un citoyen.
    Mais,pour avoir vu mon nom tagué sur une cabine téléphonique,avec ‘à mort!’ comme appréciation,signé FN,je n’ai guère de sympathie pour ceux qui ont dit vouloir me tuer!
    La démolition de l’état social français est au programme de 2017.
    Les policiers le savent.
    La cgt et les masses influencées par son combat,dont je fais partie, aussi.
    Il est clair que faute de débouchés politiques,et d’un PCF digne de son histoire,la guérilla urbaine anti-Elkhomri durera,s’amplifiera pour contrer la démolition de l’état social français par les anti-patriotes,mis sur l’agenda de 2017.
    Cette violence est regrettable mais au fond ,qui en sera responsable?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [A lire le compte rendu de l’agitation ce samedi à Saint-Etienne, l’avenir est aux émeutes:]

      Il faut mettre les événements en perspective. Ce n’est pas parce qu’une centaine d’imbéciles cassent des abribus et des vitrines que « l’avenir est aux émeutes ». Le principal danger est que ces imbéciles finissent par excéder les citoyens honnêtes qui bossent dur pour gagner leur pain et qui ne voient pas d’un bon œil que l’argent de leurs impôts parte en fumée.

      [La paix sociale ne sera pas pour demain en France au vu du programme social en de la droite qui reprendra les rênes en 2017. Or la démolition de l’état social français, sommet de civilisation, ne peut pas se faire sans des réactions vives du corps social qui sera violenté, à mort.]

      Mais de quelle « paix sociale » on parle ? On n’est pas en guerre civile que je sache. Au contraire, les temps sont marqués par la passivité des classes populaires bien plus que par leur activisme. Ceux qui cassent les abribus ne sont pas les fils des ouvriers, mais des cadres et des professeurs. Et je ne crois pas que le « programme social de la droite » changera grand-chose à ce sujet. Malheureusement, les couches populaires ne sortiront dans la rue que si elles ont une alternative crédible devant elles. Et ce n’est pas la gauche dans son état actuel qui va lui proposer.

      [Les policiers seront de nouveau sollicités pour défendre l’ordre établi.]

      Les policiers sont sollicités pour défendre l’ordre public. Faut arrêter avec cette vision anarchiste du policier défendant le méchant patron à cigare et haut de forme. Qui est le plus gêné par le voyou qui brule une voiture, par le trafiquant qui « privatise » un hall d’immeuble ? L’ouvrier de Grigny ou le bourgeois du XVIème ?

      [Mais si aujourd’hui, je peux les appeler mes frères, je n’imagine pas qu’il en sera ainsi dés Juin20017, avec l’installation fracassante des ultras, anti-patriotes par définition. Les policiers leur obéiront, c’est leur fonction. J’espère que fidèle à sa conscience progressiste, le camp collectiviste français n’oubliera pas que sous l’uniforme, le policier reste un citoyen.]

      J’espère. En tout cas, c’est bien le sens de mon message.

      [Il est clair que faute de débouchés politiques, et d’un PCF digne de son histoire, la guérilla urbaine anti-Elkhomri durera,]

      Quelle « guérilla urbaine » ? Celle des petits bourgeois imbéciles qui prétendent piquer à la classe ouvrière son rôle et parler en son nom ? Allez… croyez-vous vraiment que les casseurs d’abribus et de vitrines ont quelque chose à foutre de « l’état social » français ?

  13. xc dit :

    Dans votre réponse à Marcailloux, vous dites “Je ne crois pas que des différents aient opposé « la CGT » aux forces de police. Le conflit a été le fait de certaines fédérations CGT, celles où – et ce n’est pas une coïncidence – l’extrême gauche a conquis des positions de pouvoir.”.
    Cela concerne l’organisation Info Com’ CGT qui a publié deux affiches anti-police en avril et mai derniers ?

    • Descartes dit :

      @ xc

      [Cela concerne l’organisation Info Com’ CGT qui a publié deux affiches anti-police en avril et mai derniers ?]

      Oui, mais pas seulement.

  14. Gégé dit :

    C’est quoi l’utilité de ce billet ? Qui conteste ces évidences ?

    • Descartes dit :

      @ Gégé

      [C’est quoi l’utilité de ce billet ? Qui conteste ces évidences ?]

      Beaucoup plus de gens que vous ne l’imaginez… vous devriez lire la prose de la “gauche radicale”, et même d’une partie du PS…

  15. « Lorsque Hobbes parle de la vie sous l’état de nature comme étant « misérable, brutale et courte », on trouve bien l’idée que l’association n’a pas pour but seulement de sortir de la brutalité, mais aussi de la misère. »

    Exact. En y repensant, lorsque Hobbes décrit l’état de nature, il le qualifie également de « sans industrie » (toute la description est apophatique du reste).

    « « L’intérêt général » est une construction intellectuelle abstraite. On pourrait la définir comme l’intérêt de la société tel que pourrait le dégager un individu rationnel détaché de tout lien d’affection, de famille, de communauté, de classe. Par certains côtés, cela ressemble un peu à la vision de la justice chez Rawls. »

    Pourquoi ne pas appelez ça la justice alors ?

    « Les institutions […] nous permettraient collectivement de nous approcher le plus possible, dans la décision publique, de l’intérêt général. »

    Je ne vois pas comment on pourrait échapper à une critique sceptique de cette prétention. Si l’individu concret n’est pas d’une rationalité indiscutable en raison de ses appartenances (s’il n’y avait que ça…), comment la majorité électorale pourrait-elle être meilleure juge ? N’est-elle pas composée d’individus ?

    En d’autres termes, que répondez-vous au sceptique qui dirait : « l’intérêt général n’est qu’une fiction pour notre faire obéir à la volonté intéressée de l’Etat / le Gouvernement / la majorité électorale / la classe dominante, etc. » ?

    « Peut-être le terme « incarne » serait plus explicite. »

    L’Etat incarne la Justice ? *moue dubitative.*

    « Les actes de l’Etat doivent bénéficier de la présomption de représenter l’intérêt général. »

    Vous êtes subrepticement passé à une affirmation moins forte que la précédente (« l’Etat incarne » à « il faut estimer a priori que, le plus vraisemblable est… »). Je vais poser la question différemment, parce que vos deux exemples sont clairement asymétriques. Le vol en tant que tel n’est défendu par personne ; de là, on peut admettre que l’action du policier soit juste. En revanche l’enseignement du « roman national » n’est pas consensuel, certains vous diront (à tort ou à raison, ça n’a pas d’importance pour mon raisonnement) qu’il falsifie la vérité historique, etc. Donc, face aux cas où il y a dissensus entre notre conception particulière du bien et l’action de l’Etat, que faire ? A quelles conditions peut-on légitiment désobéir à la Loi ? Si vous répondez jamais (« l’Etat incarne l’intérêt général »), vous ne pouvez pas critiquer le despotisme (on en reste au niveau de Hobbes). Si vous admettez la légitimité de toute forme de contestation (subjectivisme radical, stirnérisme), vous ne pouvez plus critiquer les zadistes & cie…

    Si vous admettez (comme moi) une position intermédiaire, vous allez avoir besoin d’une philosophie morale pour discriminer entre les interventions justes ou injustes (et symétriquement entre les désobéissances justes et injustes). Et vous devrez avancer sur un terrain habituellement déserté par les marxistes, pour lequel le critérium du politique n’est pas d’ordre moral mais le caractère « favorable » à « l’intérêt de la classe ouvrière » ou aux « progrès de la Révolution » (c’est-à-dire au fond un pragmatisme tactique. Je doute qu’il puisse conduire à des normes stables et raisonnables pour vivre en communauté…).

    • Descartes dit :

      @ Johnathan R. Razorback

      [« « L’intérêt général » est une construction intellectuelle abstraite. On pourrait la définir comme l’intérêt de la société tel que pourrait le dégager un individu rationnel détaché de tout lien d’affection, de famille, de communauté, de classe. Par certains côtés, cela ressemble un peu à la vision de la justice chez Rawls. » Pourquoi ne pas appelez ça la justice alors ?]

      Parce que cela « ne ressemble qu’un peu », et seulement « par certains côtés »…

      [« Les institutions […] nous permettraient collectivement de nous approcher le plus possible, dans la décision publique, de l’intérêt général. » Je ne vois pas comment on pourrait échapper à une critique sceptique de cette prétention. Si l’individu concret n’est pas d’une rationalité indiscutable en raison de ses appartenances (s’il n’y avait que ça…), comment la majorité électorale pourrait-elle être meilleure juge ? N’est-elle pas composée d’individus ?]

      Mais « meilleur juge » comparée à quoi ? J’ai bien écrit « s’approcher le plus possible ». Connaissez-vous une méthode qui permette de s’approcher encore plus près ?

      [En d’autres termes, que répondez-vous au sceptique qui dirait : « l’intérêt général n’est qu’une fiction pour notre faire obéir à la volonté intéressée de l’Etat / le Gouvernement / la majorité électorale / la classe dominante, etc. » ?]

      Je lui répondrais que l’intérêt général est certainement une « fiction nécessaire ». Elle permet de fonder un système institutionnel sur une idéologie de la recherche du bien public. Ce système n’est pas parfait, loin de là… mais quelles sont les alternatives ? Dès qu’on s’en éloigne, on tombe dans la vision cynique, qui me semble bien moins productive.

      [« Peut-être le terme « incarne » serait plus explicite. » L’Etat incarne la Justice ? *moue dubitative.*]

      Je ne vois pas pourquoi vous faites la moue. « Incarner » au sens de donner une chair, une forme à une idée abstraite.

      [Je vais poser la question différemment, parce que vos deux exemples sont clairement asymétriques. Le vol en tant que tel n’est défendu par personne ; de là, on peut admettre que l’action du policier soit juste. En revanche l’enseignement du « roman national » n’est pas consensuel, certains vous diront (à tort ou à raison, ça n’a pas d’importance pour mon raisonnement) qu’il falsifie la vérité historique, etc. Donc, face aux cas où il y a dissensus entre notre conception particulière du bien et l’action de l’Etat, que faire ? A quelles conditions peut-on légitiment désobéir à la Loi ?]

      Ma réponse est qu’il n’est jamais « légitime » de désobéir à la Loi. Qu’une loi soit consensuelle ou pas ne change rien. Dès lors qu’il s’agit d’une loi – c’est-à-dire, de l’expression du peuple souverain – nul n’est légitime à la mettre en doute. Mais mon point n’était pas tout à fait celui-là. Je pense que les agents de l’Etat doivent bénéficier, de la part de la population, de la présomption de légalité. En d’autres termes, quand le policier vous dit « il est interdit de faire telle chose », notre première réaction doit être de dire « le policier a raison ». Et ce n’est que si nous avons de bonnes raisons de penser le contraire que nous pouvons dire qu’il a tort. En d’autres termes, le doute doit profiter à l’agent de l’Etat.

      [Si vous répondez jamais (« l’Etat incarne l’intérêt général »), vous ne pouvez pas critiquer le despotisme (on en reste au niveau de Hobbes).]

      Mais l’Etat n’incarne l’intérêt général que parce qu’il agit par délégation du souverain, c’est-à-dire, de la Nation. Je peux donc parfaitement contester le despotisme en tant qu’un Etat soumis à un despote n’incarne que l’intérêt du despote.

      [Si vous admettez (comme moi) une position intermédiaire, vous allez avoir besoin d’une philosophie morale pour discriminer entre les interventions justes ou injustes (et symétriquement entre les désobéissances justes et injustes).]

      Mais je n’admets pas cette position intermédiaire, justement, parce que je ne reconnais pas de morale transcendante qui me permette de décider ce qui est juste ou injuste.

  16. luc dit :

    Puisqu’il s’agit d’un papier sur la police ,que pensez vous des sites qui se qualifient d’anti-conspirationnistes?
    Je connais vos positions que je partage sur les anti-complotistes mais de nombreux sites favorables à la pensée unique affublent du nom de ‘conspirationniste,toute critique de l’ordre établi’.
    Ainsi ,je suis tombé en suivant les liens internets,sur in site qui qualifie le site pcf bassin,de ‘conspirationniste’,aisi qu ”Annie Lacroix-riz’.
    Hors ,j’estime ce site et cet auteur comme étant sérieux,fiable et à contre courant de la pensée unique.Que pensez vous de Lacroix riz de pcf bassin,et du site ci dessous qui les dénonce(à tort selon moi)de conspirationniste,votre blog Descartes n’étant pas cité?
    http://www.parasite.antifa-net.fr/liste-non-exhaustive-des-sites-conspirationnistes-et-confusionnistes-version-2015/

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Puisqu’il s’agit d’un papier sur la police ,que pensez vous des sites qui se qualifient d’anti-conspirationnistes?]

      Je pense que ma position est assez claire. Je pense que le discours « complotiste » est un raisonnement extrêmement dangereux, parce qu’il joue sur le tropisme « victimiste » déjà très fort dans notre société. Le discours « complotiste » est attractif parce qu’il permet à chaque individu de se concevoir comme victime de forces obscures qui le dépassent. Il est dangereux parce qu’en détruisant la confiance dans les institutions en général ils ouvrent la voie à toute sorte de gourous et de charlatans.

      [mais de nombreux sites favorables à la pensée unique affublent du nom de ‘conspirationniste, toute critique de l’ordre établi’.]

      Il faut dire que par bêtise ou par facilité, beaucoup de critiques de « l’ordre établi » ont recours à des discours de nature « complotiste ». Si ces gens faisaient la police eux-mêmes, ils risqueraient moins ce type de confusion.

      [Ainsi, je suis tombé en suivant les liens internets, sur in site qui qualifie le site pcf bassin,de ‘conspirationniste’, ainsi que ”Annie Lacroix-riz’.]

      C’est l’illustration de ce que je disais plus haut. Autant Annie Lacroix-Riz a publié des travaux intéressants et rigoureusement scientifiques, autant dans certains entretiens ou articles elle s’est laissé aller à des raisonnements « complotistes ». Pour moi, l’usage intensif du rasoir d’Occam s’impose. Quand on commence à dire « il n’y a pas de fumée sans feu »… danger !

      [Or, j’estime ce site et cet auteur comme étant sérieux, fiable et à contre courant de la pensée unique. Que pensez vous de Lacroix riz de pcf bassin, et du site ci dessous qui les dénonce (à tort selon moi ) de conspirationniste, votre blog Descartes n’étant pas cité?]

      Comme je vous l’ai dit, Annie Lacroix-Riz a pu se laisser aller quelquefois à quelques penchants coupables dans ce domaine. Le cite PCF Bassin publie en général de bons articles, mais sa vigilance a aussi pu être trompée, et publier des articles « complotistes » simplement parce qu’ils disent ce qu’on a envie d’entendre. Je ne crois pas qu’on puisse accuser l’une et l’autre de faire du « complotisme » systématiquement et volontairement. Quant au site qui les dénonce… je me méfie toujours des gens qui composent des « listes noires ».

      Le « complotisme » n’est pas la maladie, il est le symptôme. Le combat contre le « complotisme » ne passe pas pour moi par la dénonciation, mais par la réhabilitation de la Raison et de la science, par la défense des institutions, par le combat contre les idéologies victimistes. Or, vous noterez que bien de ceux qui se désolent des progrès du « complotisme » ont été particulièrement actifs dans le combat anti-rationnel, anti-scientifique et anti-institutionnel.

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