“tu causes, tu causes, c’est tout ce que tu sais faire” (Raymond Quéneau, “Zazie dans le métro”)
François Bayrou n’est pas Philippe de France, comte de Poitiers. Contrairement à celui qui devint roi de France sous le vocatif de Philippe V en 1316, notre premier ministre n’a pas osé murer les partenaires sociaux dans une chapelle au pain et à l’eau, et avec la menace d’en enlever le toit s’ils n’arrivaient pas à un accord présentable dans le délai indiqué. Les cardinaux, réunis en concile à Lyon ont obligé Philippe en élisant rapidement son candidat, Jacques Duèze, devenu Jean XXII. Les partenaires sociaux, réunis en « conclave », ont désobligé le premier ministre en se séparant, après quatre mois de réunions acrimonieuses, sans qu’aucune proposition consensuelle n’en sorte.
Que l’exercice fut vain, c’était prévisible dès le départ pour qui connaît le principe fondamental de toute négociation. Pour que les parties s’entendent, il faut qu’elles aient toutes quelque chose à gagner à le faire, ou bien quelque chose à perdre si la négociation n’aboutit pas. En annonçant par avance que tout ce qui tenait à cœur le MEDEF était intouchable, il a enlevé au patronat tout intérêt à faire la moindre concession. FO et la CGT l’ont très bien compris, et ont quitté la table des négociations plutôt que de cautionner ce qui n’était plus qu’un exercice pour gagner du temps. La CFDT, elle, est restée. Pourquoi ? Parce que certaines sirènes leur ont susurré à l’oreille que le gouvernement serait prêt à faire pression sur le patronat pour récompenser la position conciliante du syndicat et ainsi conserver un interlocuteur bienveillant parmi les partenaires sociaux. C’est pourquoi, jusqu’à la dernière minute, les connaisseurs s’attendaient à un accord qui ferait à la CFDT ne serait-ce qu’une concession symbolique. Un petit prix de consolation sur la carrière des femmes tenait la corde. Hélas, c’était ne pas tenir compte des « durs » du MEDEF, qui n’ont aucune envie de mettre de l’argent dans la caisse, et surtout de prendre le risque d’un débat parlementaire qui, dans le contexte actuel, peut produire à peu près n’importe quoi.
Outre la CFDT, se sont les socialistes qui sortent ridiculisés de cet exercice. On se souvient que le « conclave » fut le prix payé par Bayrou aux socialistes pour faire passer à l’Assemblée sa loi de finances sans risquer la censure. Quatre mois plus tard, les socialistes réalisent qu’ils ont lâché la proie pour l’ombre. Ils auraient pu obtenir des concessions substantielles sur le budget à l’époque, car Bayrou était aux abois et prêt à tout pour rester en poste. Aujourd’hui, ils vont essayer de cacher leur bêtise derrière une motion de censure parfaitement inutile. Pourquoi inutile ? Parce qu’à supposer même qu’elle soit adoptée, elle n’aura aucun effet sur la vie des Français. Renverser le gouvernement ne changera rien à la réforme, qui continuera à s’appliquer sans modification. Cette motion de censure n’est qu’une pure vengeance, et en politique les vengeances ne servent à rien. A supposer qu’elle soit votée, elle ne ferait que bordéliser un peu plus le système sans rien apporter aux Français. Et le Rassemblement national ne s’est pas trompé en décidant de ne pas la soutenir, quitte à se faire accuser de « soutenir Macron ».
Cette lamentable affaire n’est que l’illustration d’une dégradation générale. Une dégradation qui ne touche pas que la France, mais qui est celle de toute l’Europe. Nous sommes gouvernés par des gens dont le seul objectif est de durer. Que ce soit du côté du premier ministre ou celui du parti socialiste, ce « conclave » était un dispositif inventé pour sortir d’un mauvais pas. Les socialistes avaient besoin d’un prétexte pour ne pas voter la censure lors du budget pour faire plaisir à leur électorat modéré, Bayrou avait besoin de leurs voix pour rester à Matignon. Alors ils sont tombés d’accord sur le « conclave » sans que personne ne réfléchisse vraiment à l’après. « On verra quand on y sera » semble être le crédo de nos dirigeants, tout juste capables de naviguer à vue.
Mais cette affaire illustre aussi le fait que la politique est devenue en Europe un genre théâtral. Nos dirigeants montent sur la scène et parlent, parlent, parlent, sans attendre de tous ces discours le moindre effet sur le monde réel. Sur les chaînes dites d’information, des pseudo-experts commentent leurs propos à l’infini, quitte à défoncer des portes ouvertes ou dire le lendemain le contraire de ce qu’ils ont dit la veille. Tout cela rajoute à un système ou le bavardage est roi, et où le citoyen, qui est plus intelligent qu’on ne le pense généralement, cesse d’écouter.
Prendre des décisions, les mettre en oeuvre ? Vous n’y pensez pas. C’est comme ça qu’on se fait des ennemis. Décider, c’est dangereux, parce qu’une décision « c’est l’annulation de tous les possibles sauf un », et que derrière chacun de ces possibles il y a quelqu’un qui, forcement, ne sera pas content. Alors on retarde, on procrastine, on invente des comités consultatifs, des grands débats et des conclaves qui permettent de gagner – ou plutôt de perdre – des mois quand ce n’est pas des années. Et lorsque la décision est finalement prise, pas de panique : on a prévu des recours, réexamens et autres « clauses de revoyure » permettant de bloquer ou ralentir sa mise en œuvre à l’infini.
Et pour justifier le fait que tout le monde cause mais rien n’est fait, les politiciens et les médiacrates se sont trouvés le coupable idéal. Si rien ne se fait, nous dit-on, c’est la faute à « L’Etat profond », à tous ces fonctionnaires qui bloquent nos belles réformes. Tout ça n’est, bien entendu, qu’une invention. Ce n’est pas la faute de « l’Etat profond » si deux ans après l’annonce de la construction de six réacteurs EPR aucune décision n’est prise, si les « classes de niveau » ne sont pas mises en œuvre ou si l’aéroport de Notre Dame des Landes, dont la construction a été décidée dans les années 1960, n’est toujours pas là. C’est une question de volonté politique : lorsque la volonté existe – prenez par exemple le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu – « l’Etat profond » non seulement n’empêche rien, mais au contraire, fait ce qu’on lui dit et le fait bien. Mais l’Etat profond est comme un navire : il va où on lui dit d’aller. Et si le capitaine se confond entre ordres et contre-ordres, il faut pas s’étonner si on finit dans les cailloux.
La politique internationale est peut-être le champ ou cela est le plus évident. On a longtemps discuté si la France était encore une grande puissance, ou bien si elle s’alignait parmi les puissances moyennes. Nous savons maintenant que dans les affaires du monde nous ne pesons plus rien du tout. Les guerres commencent et s’arrêtent sans que la France soit, je ne dis pas consultée, mais au moins informée. Que les Etats-Unis exercent une influence prédominante, on peut le comprendre compte tenu de leur poids démographique, économique et militaire. Mais comment se fait-il qu’un petit pays comme Israël devienne plus significatif en termes d’influence internationale qu’une puissance comme la France ? Comment se fait-il que la Russie, dont le PIB est équivalent à celui de l’Allemagne, arrive à tenir tête à l’ensemble du monde occidental ? Eh bien, la réponse est simple : parce que ces pays-là, lorsque leurs intérêts sont menacés, ne se contentent pas de bavardages. Ils agissent. Leurs dirigeants préparent – souvent très à l’avance – leurs actions, et lorsqu’ils prennent une décision, ils la mettent en œuvre. Poutine estime que la menace vitale que serait d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN risque de se réaliser ? Il donne l’ordre à ses troupes de traverser la frontière, et la décision est effective dans les jours qui suivent. Trump estime que les intérêts de son pays exigent des barrières douanières ? La décision est prise en quelques semaines, et quelques jours plus tard la décision s’applique. Et comment cela se passe chez nous ? Rien n’est préparé, aucun plan n’est tracé, et lorsqu’on est finalement au pied du mur, on réagit dans l’urgence et on se contente de bavarder. On savait en Europe depuis des années que l’élection de Trump était une possibilité, et on connaissait ses positions sur les droits de douane ou sur l’Ukraine. A-t-on réfléchi à une riposte, préparé un plan pour réagir rapidement le jour venu ? Rien du tout. Résultat : sur l’Ukraine, les leaders européens tournent comme des poulets sans tête, les barrières douanières américaines sont là depuis plus d’un mois, l’Union européenne n’a toujours pris aucune décision. « Tu causes, tu causes, c’est tout ce que tu sais faire », selon les mot de Laverdure chez Queneau.
Trump méprise les européens, et il a parfaitement raison. Il les méprise parce qu’il a pris la pleine mesure de leurs limitations. Et les européens font tout pour justifier ce mépris. Il n’y a qu’à lire le message de Mark Rutte la veille du sommet de l’OTAN, un message dont la flagornerie est digne d’un courtisan du temps de Louis XIV. Le voici en version intégrale : « Félicitations et remerciements pour votre action décisive en Iran, c’était vraiment extraordinaire, et quelque chose que personne d’autre n’osait faire. Cela nous rassure tous. Vous volez maintenant vers un autre grand succès à La Hague ce soir. Ce n’était pas facile, mais nous avons réussi à les faire signer pour le 5%. Donald, vous nous avez conduit à un moment vraiment, vraiment important pour l’Amérique et l’Europe, et pour le monde. Vous allez accomplir quelque chose que AUCUN président américain depuis des décennies n’a réussi. L’Europe va passer à la caisse EN MASSE, comme c’est leur devoir, et ce sera votre victoire. » (soulignés de l’auteur). Et Rutte n’est pas n’importe qui : c’est un politicien chevronné, ancien premier ministre de son pays. Si une telle personnalité s’abaisse à lécher les bottes de Trump par écrit, pourquoi attendre que celui-ci le respecte, et respecte cette « Europe » qu’il représente ? Mais surtout, comment ne pas comprendre que derrière cette flagornerie se cache un réel désarroi, parce que les européens n’ont pas pensé un « plan B » à mettre en œuvre ?
Et ce n’est pas seulement Trump. Ni Xi ni Poutine n’ont l’Europe en grande considération. Même un Netanyahu, pourtant dirigeant d’un petit pays qui a désespérément besoin d’amis, se permet de railler les européens. Le seul qui n’a toujours pas compris est Zelenski, et même lui commence à se demander si, en cherchant des relations étroites avec l’UE, il a parié sur le bon cheval. Et si on nous méprise, nous n’avons que nous-mêmes à blâmer. L’autosatisfaction permanente de la Commission, que ni le rapport Letta, ni le rapport Draghi – pourtant tous deux accablants pour les politiques mises en œuvre par l’establishment européen – n’ont réussi à ébranler, devient pathétique. Alors que la position de l’UE dans le monde recule sur les plans économique, politique, militaire et culturel, difficile de trouver un seul papier de la Commission, un seul compte rendu de séance du Conseil européen qui ne soit farci de paragraphes d’autocongratulation. Comme le bon docteur Coué le recommandait, les institutions bruxelloises expliquent à chaque communication que tout va de mieux en mieux. Ce décalage entre les réalités et le discours finit par se voir. Et ce décalage devient de plus en plus voyant, parce que le monde change de plus en plus vite, et les institutions européennes sont incapables de changer, congelées par les dogmes maastrichiens.
Il faut regarder en face le désastre. Le problème n’est pas d’avoir une armée européenne. On en aurait une qu’on ne saurait pas quoi en faire avec. Si elle existait, les européens attendraient que les américains nous pointent la direction où il faut l’envoyer, comme en Ukraine. Il n’y a qu’à voir l’usage qui est fait – ou plutôt qui n’est pas fait – des instruments économiques à la main de la Commission à l’heure de riposter aux droits de douane américains. Et c’est logique : il n’existe pas « d’intérêt européen » fondé sur une solidarité inconditionnelle entre citoyens européens. Dans ces conditions, impossible de définir une politique commune qui ne soit pas le résultat d’une négociation de marchand de tapis. Et on ne peut pas faire dépendre une politique étrangère ou le commandement d’une armée de ce genre de négociation. Pour pouvoir prendre des décisions fondamentalement tragiques, il faut avoir le peuple derrière soi. Et il n’y a pas de « peuple européen ».
La construction européenne n’a pas fabriqué une nouvelle nation, mais a émasculé les nations existantes. En diluant les responsabilités, en transformant chaque décision en une négociation interminable, en confiant le véritable pouvoir à des organismes bureaucratiques ou à des lobbies, elle a vidé la politique de son sens. Et cela a transformé les classes politiques nationales. La fonction du politicien n’est plus de définir une vision et de la mettre en œuvre, mais d’expliquer au peuple des décisions prises ailleurs. Ce n’est plus de « rendre possible ce qui est nécessaire », pour reprendre la formule de Richelieu, mais d’expliquer pourquoi ce qui est nécessaire est rendu impossible. Et c’est pourquoi le profil du politicien change : ce n’est plus un visionnaire, ou bien un champion de la mise en œuvre, mais un communicateur, souvent plus intéressé par l’explication de son action que par l’action elle-même. Souvenez-vous d’Emmanuel Macron pendant le « grand débat », pérorant en manches de chemise pendant des heures devant son audience, lui qui est incapable de se concentrer pendant la même durée sur un dossier de fond. Et il n’est pas le seul : des ministres qui peinent à consacrer trente minutes à l’analyse d’un dossier passent des heures à préparer une conférence de presse.
C’est au Parlement que cette dérive fait le plus de dégâts. A l’Assemblée, le véritable travail législatif est devenu marginal dans un hémicycle où l’obsession de chacun est de se faire remarquer. Drapeaux, t-shirts et pancartes sont devenus les outils d’un travail parlementaire devenu spectacle. C’est en cela que l’Assemblée ressemble de plus en plus à une assemblée universitaire : tout est dans le symbole, dans l’apparence, dans la communication. La réalité, on s’en fout. Prenez par exemple les « niches » parlementaires dont on faisait, lorsqu’elles ont été instaurées, le symbole du retour en force du Parlement. En pratique, elles ne servent à rien, si ce n’est à faire de l’affichage. La plupart des groupes y place des textes dont il sait qu’ils ne seront pas votés, mais qui lui permettent de briller dans les médias. Ce petit jeu a lassé tout le monde : la dernière s’est arrêtée après que le rapporteur ait renoncé à soutenir son texte, constatant qu’il n’avait aucune chance d’être examiné sérieusement.
Dans cette logique de bavardage, l’obstruction est devenue le mode naturel de fonctionnement du Parlement. Fut un temps où les textes législatifs faisaient l’objet de quelques dizaines, voire quelques centaines d’amendements sérieusement pensés et considérés, qu’on prenait vraiment le temps d’examiner. Le dépôt de milliers d’amendements pour ralentir le débat était une tactique réservée à quelques textes considérés comme particulièrement sensibles. A titre d’illustration, la loi Veil de 1974, pourtant touchant un sujet complexe, a fait l’objet d’une centaine d’amendements – dont une proportion importante retirés en séance. Maintenant, le moindre texte fait l’objet de centaines sinon de milliers d’amendements. La qualité du débat s’en ressent, d’autant plus que les quatre cinquièmes – et encore, je suis gentil – des amendements déposés en séance ne se proposent pas d’améliorer le texte, mais ont pour but de permettre à leur auteur de communiquer vis-à-vis de ses électeurs. Et peu importe s’ils rendent la loi plus obscure ou inapplicable, voire ont l’effet contraire à celui voulu par leurs auteurs – et les cas sont nombreux (2).
A cela s’ajoute une véritable culture de l’empêchement. De plus en plus, on rentre dans l’activité politique par le biais d’un militantisme négatif, dont le but n’est pas de faire, mais d’empêcher. C’est particulièrement flagrant dans les mouvements écologistes, où l’on présente comme médaille d’honneur le fait d’avoir participé au fauchage d’un champ d’OGM ou à une manifestation contre tel ou tel projet. La diffusion de l’écologisme dans l’ensemble des partis politiques, notamment à gauche, a transporté une culture où ceux qui « font » sont diabolisés et ceux qui « empêchent de faire » portés aux nues. On en arrive à une situation où les hommes politiques hésitent à mettre en valeur les réalisations – pensez à l’EPR de Flamanville, couplé au réseau sans un seul ministre présent pour marquer l’occasion… faire, c’est dangereux, ça vous fait des ennemis, alors que ne rien faire fait tout au plus des mécontents.
Le système de sélection des élites donne une telle prime au communiquant que nous nous trouvons avec des gens qui savent vendre ce qu’ils font, mais ne savent rien faire – et au fond, faire ne les intéresse même pas. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant si de plus en plus nos hommes et femmes politiques viennent de formations proches de la communication, comme Sciences-Po ou les écoles de commerce. C’est très grave, parce que cette dérive donne au secteur privé – qui, ne l’oublions pas, agit en fonction des intérêts de ceux qui possèdent le capital – le monopole de l’action. Puisque l’Etat ne fait plus que bavarder, c’est l’activisme du secteur privé qui s’impose. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard si la construction européenne, qui a servi à organiser l’impuissance du politique, a toujours été soutenue avec enthousiasme par les détenteurs du capital.
Tous ceux qui prétendent revitaliser la démocratie à grands renforts de réformes constitutionnelles manquent le point essentiel. Ce qui dévitalise la démocratie, c’est la perception – justifiée par les faits – que ce qui se dit sur la scène n’a aucun effet sur la réalité. Que ce bavardage général rapproche l’action politique du café du commerce. Si l’on veut revitaliser la démocratie, il faut finir avec le bavardage, exiger que les hommes politiques fassent ce qu’ils disent, et assument les résultats.
Descartes
(1) « Congratulations and thank you for your decisive action in Iran, that was truly extraordinary, and something no one else dared to do. It makes us all safer. You are flying into another big success in La Hague this evening. It was not easy but we’ve got them all signed onto 5%. Donald, you have driven us to a really, really important moment for America and Europe, and the world. You will achieve something NO american president in decades could get done. Europe is going to pay in a BIG way, as they should, and it will be your win. (…) »
(2) pour ne donner qu’un exemple, lors du vote de la loi dite « Gremillet », la gauche et le Rassemblement national votent un premier amendement pour inscrire à l’article L 100-1 du code de l’énergie le monopole réservant à EDF l’exploitation des réacteurs nucléaires, pour ensuite voter un second amendement qui, en réécrivant l’article concerné, élimine du même coup le premier amendement…
Bonjour Descartes,
Un constat accablant qui a bien peur de chance de changer en bien tant que la population continuera à s’en foutre et n’exigera pas la fermeture du cirque hélas.
Vous avez confondu Philippe V dit le long avec le grand Philippe II ”auguste” dans votre référence historique.
@ Thomas
[Vous avez confondu Philippe V dit le long avec le grand Philippe II ”auguste” dans votre référence historique.]
C’est vrai. Je peux dire à ma décharge que l’erreur vient du fait que Philippe régna en France sous le vocatif de Philippe V, mais fut aussi roi de Navarre sous celui de Philippe II… J’ai corrigé dans le papier.
Le “On verra quand on y sera” n’est pas un credo seulement chez nos dirigeants politiques : c’est aussi quelque chose qu’on entend ailleurs, par exemple dans les entreprises ou les administrations. Là aussi la communication et le court terme ont pris le dessus. Dans beaucoup de métiers essayer de voir à plus de six mois est au mieux vu comme une lubie ! Ce que je ne m’explique pas trop c’est : pourquoi en France et en Europe, et moins en Russie ou aux USA ? L’union européenne n’est pas non plus responsable de ce court-termisme dans tous les secteurs je pense…Sur la négociation sur les retraites, cet “échec” a au moins le mérite de clouer le bec aux tenants du discours “les partenaires sociaux savent mieux gérer que l’Etat, on va vous montrer…”.
@ tmn
[Le “On verra quand on y sera” n’est pas un credo seulement chez nos dirigeants politiques : c’est aussi quelque chose qu’on entend ailleurs, par exemple dans les entreprises ou les administrations. Là aussi la communication et le court terme ont pris le dessus. Dans beaucoup de métiers essayer de voir à plus de six mois est au mieux vu comme une lubie !]
C’est quelque chose que je perçois aussi. Mais je m’interroge sur le mécanisme qui provoque cette transformation. Est-ce là aussi une conséquence d’une vision hyperindividualiste qui fait que chaque acteur ne pense qu’en fonction de son propre horizon temporel ? Est-ce parce que la logique généralisée du « marché libre et non faussé » impose la « myopie des marchés » dans l’ensemble des activités économiques ?
[Ce que je ne m’explique pas trop c’est : pourquoi en France et en Europe, et moins en Russie ou aux USA ? L’union européenne n’est pas non plus responsable de ce court-termisme dans tous les secteurs je pense…]
C’est peut-être parce que nulle part ailleurs la logique de la « concurrence libre et non faussée » est poussée aussi loin. Aux Etats-Unis, ce sont les oligopoles qui dominent l’économie, et l’Etat n’hésite pas à restreindre la concurrence pour protéger une entreprise jugée stratégique. En Russie comme en Chine, la « concurrence libre et non faussée » n’est certainement pas un objectif en soi. Il n’y a qu’en Europe qu’on flingue nos propres entreprises de peur qu’elles aient une position dominante, qu’on démantèle des entreprises qui marchent pour créer artificiellement de la concurrence. Et la concurrence entraine un rapprochement de l’horizon temporel. Prenez par exemple l’électricité : avant l’ouverture à la concurrence, un industriel qui s’installait en France pouvait négocier avec EDF un contrat sur dix ou vingt ans. A l’ouverture de la concurrence, la Commission européenne a jugé de tels contrats « anticoncurrentiels » et exigé une remise en concurrence tous les trois ans maximum… Qui va construire une usine – ou une centrale électrique d’ailleurs – à amortir sur vingt ans ou plus alors que le prix de l’électricité peut fluctuer tous les trois ans ?
[Sur la négociation sur les retraites, cet “échec” a au moins le mérite de clouer le bec aux tenants du discours “les partenaires sociaux savent mieux gérer que l’Etat, on va vous montrer…”.]
Tout à fait. Ma crainte venait de la CFDT. Je me suis dit que la direction serait prête, pour ne pas perdre la face, à accepter n’importe quoi, suivant l’adage qui veut que « si demain le MEDEF proposait de rétablir l’esclavage, la CFDT négocierait le poids des chaînes ». Le fait qu’ils ne l’aient pas fait me paraît indiquer un niveau d’exaspération de leur base particulièrement fort…
Bonjour,
J’ai entre autres une activité de correspondant local de presse (ce qui, en passant, me permet d’échanger et discuter avec beaucoup de gens sur leur ressenti). Et en plaisantant, j’ai l’habitude de dire : ” L’important, ce pas le savoir-faire mais le faire-savoir “.
Cordialement (et en passant petite nuance amicale : Louis Ier était roi de Navarre avant de devenir Louis X le Hutin roi de France. Il était le fils ainé de Philippe IV le Bel, qui lui non plus n’attendait pas pour agir)
est roi de Navarre et comte de Champagne de 1305 à 1316 sous le nom de Louis Ier et roi de France de 1314 à 1316,
@ Cyril Vailly
[J’ai entre autres une activité de correspondant local de presse (ce qui, en passant, me permet d’échanger et discuter avec beaucoup de gens sur leur ressenti). Et en plaisantant, j’ai l’habitude de dire : ” L’important, ce pas le savoir-faire mais le faire-savoir “.]
Malheureusement, c’est devenu presque la devise de la République. Dans les couloirs du pouvoir, on trouve de plus en plus des gens qui n’ont jamais rien fait de leur vie, mais qui sont là du fait de leur qualité de communicateurs. Qu’un personnage comme Gabriel Attal ait accédé à Matignon est une triste illustration de ce phénomène. En début de carrière, j’avais eu un chef qui, chaque fois qu’on discutait d’une nomination ou d’un recrutement, posait la question « lui, qu’est ce qu’il a construit dans sa vie ? ». Pour lui, il n’était pas question de donner des responsabilités à des gens qui n’avaient jamais rien fait…