Qui choisira le candidat présidentiel du Front de Gauche ?

Ceux qui comme moi suivent de près les débats autour du Front de Gauche ne peuvent qu’être étonnés du décalage entre le discours sur la démocratie et la manière dont le Front lui même fonctionne. D’un côté, on exige une “constituante” destinée à donner à la République les instruments de transparence et de démocratie qui lui manquent. Mais que se passe-t-il lorsqu’il s’agit de prendre les décisions à l’intérieur du Front de Gauche lui même ? Alors, là, c’en est fait de la transparence et de la démocratie. Difficile de savoir qui fait quoi, qui décide de quoi et comment (1). On a l’impression que c’est le premier qui tire qui a gagné.

 

L’exemple le plus caricatural est la procédure de désignation du candidat à l’élection présidentielle. On aurait pu croire que la désignation après négociation et par accord entre les trois formations qui le composent. C’est ce qu’avait suggéré Jean-Luc Mélenchon dans un entretien avec les journalistes, jugeant qu’un vote direct des militants n’aurait pas de sens vu le déséquilibre entre les différentes composantes du Front de Gauche. A minima, il aurait été logique que ce soit un accord des trois organisations qui formalise la procédure de désignation.

 

Or, on semble s’orienter vers une solution différente: ce sont les militants communistes et eux seuls qui choisiront le candidat du Front. Voici ce que dit “l’adresse aux communistes” adoptée par le Conseil national du PCF du 7 janvier dernier:

 

Ce processus devra évidemment respecter, notamment sur le choix des candidatures, nos statuts. Ceux-ci prévoient que « la décision de présenter au nom du Parti ou de soutenir des candidat-e-s aux différentes élections est prise par les adhérent-e-s. » Ils indiquent que « les propositions de candidatures, après appel à candidature, peuvent émaner des différentes instances – assemblée de section, conseils départementaux, conseil national – comme être présentées à titre individuel… » Les projets de candidatures sont ensuite élaborées « dans le conseil départemental pour les élections cantonales, législatives, et sénatoriales », et « dans une conférence nationale pour l’élection présidentielle ».

 

Il faut se méfier lorsqu’une direction se cache derrière les statuts. A plus forte raison, lorsque la direction en question est composé d’individus s’étant fait une spécialité de s’asseoir sur les statuts chaque fois que cela l’arrangeait (ce que Marie-George Buffet a appelé “se défaire de la gangue statutaire”…). Et ça ne rate pas: il suffit de comparer la “citation” contenue dans l’Adresse avec le texte des statuts pour constater la manipulation. Là où l’adresse (citant les statuts, rappelons-le) nous dit que les candidatures peuvent “être présentées à titre individuel”, les statuts, eux, disent  que les candidatures peuvent “être présentées dans le Parti à titre individuel”. En d’autres termes, les candidatures “individuelles” ne peuvent être que le fait de membres du Parti. La nuance, on le voit, est de taille. On peut se demander quelle est la signification de cette “omission”.

 

Et l’Adresse décrit ensuite la procédure qui sera suivie pour choisir le candidat. Première phase:

 

Pour arrêter ce choix, il convoque une conférence nationale les 4 et 5 juin prochains, avec pour ordre du jour nos choix politiques et des candidatures pour les élections de 2012.

Cette convocation ouvre dès aujourd’hui l’appel à candidatures. Toutes les candidatures qu’elles émanent du PCF – celle d’André Chassaigne a déjà été déclarée -, d’une des autres formations du Front de Gauche, ou d’une personnalité se réclamant de sa démarche devront être portées à la connaissance des communistes et examinées dans leur débat.

 

Ce n’était pas la peine de citer les statuts pour ensuite proposer une procédure qui les viole clairement: si les statuts expliquent que les candidatures peuvent soit émaner d’un organe du PCF (assemblées de section, comités départemental ou national) ou de candidatures individuelles dans le parti, on voit mal comment on pourrait examiner des candidatures “émanant d’autres formations du front de gauche” ou d’une “personnalité se reclamant de sa démarche”. Faut suivre le raisonnement jusqu’au bout: aux termes des statuts, seuls les organes du PCF peuvent proposer la candidature d’un non-communiste. Les “candidatures individuelles” sont nécessairement prises “dans le Parti”. Quant à la possibilité d’une organisation extérieure de proposer un candidat, elle n’est nullement mentionnée dans les statuts. Alors faudrait savoir: ou bien on est dans le cadre des statuts, ou alors on les modifie pour l’occasion. Dans cette alternative, la direction du PCF a fait le choix habituel: proclamer hautement son attachement aux statuts et les réécrire en douce à sa convenance.

 

Mais la deuxième phase de la procédure est encore plus amusante:

 

Un conseil national se réunira les 8 et 9 avril. Il tirera le bilan des élections cantonales, fera le point sur le travail engagé pour le programme populaire et partagé, et lancera, en connaissance de toutes les candidatures soumises à la discussion des communistes, la préparation de la conférence nationale. (…). Enfin, pour la désignation de la candidature à l’élection présidentielle, la proposition retenue par la conférence nationale sera soumise, ainsi que l’accord politique, à un vote de tous les communistes les 16, 17 et 18 juin.

 

C’est donc on ne peut plus clair: c’est une conférence nationale du PCF qui proposera le candidat, et c’est le vote des communistes (et d’eux seuls) qui “désignera la candidature à l’élection présidentielle”.  Oui, vous avez bien lu: il ne s’agit pas de désigner celui qui sera proposé par le PCF à ses partenaires, mais le candidat à l’élection présidentielle. A ce stade, le PG, la GU et tout autre force qui rejoindrait d’ici-là le Front de Gauche n’aura qu’à se soumettre où à se démettre.

 

Qu’on me comprenne bien: j’ai toujours soutenu qu’en dernière instance ce serait le PCF qui choisira le candidat. C’est la logique des rapports de force qui veut ça, et seuls quelques gauchistes indécrottables peuvent encore croire que des groupuscules peuvent imposer au PCF un candidat dont celui-ci ne voudrait pas. Mais il y a tout de même quelques formes à garder. En arrêtant unilatéralement la procédure de sélection du candidat, le Conseil national du PCF a montré à quel point le Front de Gauche est loin d’être en voie d’institutionnalisation. Ceux qui parlent d’adhésion directe au Front de Gauche devraient réfléchir: à quoi cela sert d’adhérer à une “organisation” qui ne prend aucune décision, et dont les règles mêmes de décision sont faites ailleurs ?

 

Pour le moment, ce texte ne semble pas avoir suscité de réaction particulière au sein du Front de Gauche. Sur son blog, Jean-Luc Mélenchon écrit qu’il n’a rien à ajouter. Et pourtant, il y aurait beaucoup à dire… par exemple, qu’il est difficile de prendre au sérieux les élucubrations constitutionnelles de dirigeants qui ne sont même pas foutus de rédiger et d’appliquer convenablement leurs propres statuts.

 

 

Descartes

 

 

(1) Il faut dire que les partenaires du Front de Gauche ne donnent pas toujours l’exemple. Ainsi, il est impossible de savoir comment les décisions sont prises au PG. La composition des organes de direction n’est toujours pas publiée, et les statuts du PG restent relativement vagues sur la question, au point que le poste de “président” occupé par Jean-Luc Mélenchon et Martine Billard n’y est même pas mentionné.

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35 réponses à Qui choisira le candidat présidentiel du Front de Gauche ?

  1. Marcailloux dit :

    Bonjour,
    C’est amusant, aujourd’hui même je reçois une invitation du café philo que je fréquente dans la petite ville où j’habite pour une réunion dont le thème est:”le ressenti et le réfléchi”.
    Ces deux notions me paraissent fort justement différencier ce qui vous caractérise dans ce billet ( comme dans d’autres d’ailleurs)de vos lecteurs effectifs et surtout potentiels.Tous les arcanes,
    toutes les implications historiques y sont développés, mais combien seraient en mesure d’en tenir compte ? En France,10000?, 20000?.
    Les autres, c’est à dire 43 ou 44 millions dont je suis, se fient à leur ressenti et on ne peu pas leur en faire le reproche compte tenu de l’opacité que vous dénoncez.
    Personnellement et intuitivement je ne crois pas que le FdG soit stratégiquement une option efficiente.Je ne l’évoque pas sur le blog de JLM pour ne pas attiser le feu qui couve et surtout parce
    que je ne dispose pas d’arguments autres que ma conviction.
    Comme vous le martelez, il est souhaitable de constituer une “task force” avec de relais dans les régions et/ou départements sans attendre la saint glin-glin le bon vouloir des uns et des autres.
    Bayrou a déjà démontrer qu’il pouvait, sur sa seule personne, agréger près de 20% des électeurs et dieu sait si,ni son programme ni son charisme,n’étaient enthousiasmants.
    La question qui se pose est: désire-t-il les voix communistes (peut être pas plus de 60%) ou les voix du peuple de gauche ?
    Ou alors, tellement engagé dans le FdG,une retraite statégique lui semblerait-elle trop risquée ?
    C’est bien connu, la meilleure défense c’est l’attaque, mais en a-t-il le culot?
    Cordialement.

    • Descartes dit :

      Les autres, c’est à dire 43 ou 44 millions dont je suis, se fient à leur ressenti et on ne peu pas leur en faire le reproche compte tenu de l’opacité que vous dénoncez.

      J’ai la plus grande confiance dans le peuple français. Et je pense que si on prend la peine d’alimenter le peuple de bonnes choses, il devient meilleur. C’est mon côté idéaliste…

      Personnellement et intuitivement je ne crois pas que le FdG soit stratégiquement une option efficiente.

      Je t’avoue que je n’en sais rien. Tel qu’il fonctionne aujourd’hui, c’est le PCF qui, par le poids logique du nombre, exerce son hégémonie. Cela ne serait pas grave si ce n’était le fait que le
      PCF n’a pas beaucoup d’idées, et que celles qu’il a sont presque toutes mauvaises. La seule possibilité du PG d’exercer un certain pouvoir au FdG aurait été de prendre l’hégémonie idéologique.
      Mais le PG n’a, lui non plus, pas beaucoup d’idées. Je pense que JLM a fait une erreur en ne cherchant pas à institutionnaliser et organiser le PG (et notamment l’expertise au sein du PG, désolé
      de me répéter).

      Bayrou a déjà démontrer qu’il pouvait, sur sa seule personne, agréger près de 20% des électeurs et dieu sait si,ni son programme ni son charisme,n’étaient enthousiasmants.

      Mais Bayrou avait pour lui l’immense avantage d’avoir une base sociologique (celle du “centre”) importante que personne d’autre ne lui disputait. Ce n’est pas le cas de Jean-Luc Mélenchon, dont
      le discours s’adresse essentiellement aux classes moyennes que se disputent toutes les organisations de gauche. Et cela fait beaucoup de monde.

      La question qui se pose est: désire-t-il les voix communistes (peut être pas plus de 60%) ou les voix du peuple de gauche ? Ou alors, tellement engagé dans le FdG,une retraite statégique lui
      semblerait-elle trop risquée ?

      Tu oublies un fait essentiel: avant de faire des voix, il faut faire une campagne. Et pour cela il faut une infrastructure, des militants, de l’argent, des élus-relais sur le terrain. Sans le
      PCF, Jean-Luc n’a aucune infrastructure. Dans ce contexte, la solution FdG est la moins mauvaise de toutes.

       

  2. FAICT Denis dit :

    Quelle désolation effectivement, quel manque d’humilité de la part de ces gens qui marchent à côté de leurs pompes depuis tant de temps, ils tiennent à leur portée un homme d’une rare intelligence
    politique, doublé d’un excellent locuteur qui peut devenir tribun si nécessaire, d’une personnalité qui sait mettre son intelligence et son discours au diapason de l’auditoire qu’il veut convaincre
    , en clair quelqu’un qui parle simplement au gens simple, qui écrit des idées clairement (son livre récent “qu’ils s’en aillent tous !”) ; mais que veulent ces gens là ? qu’il se mette à leur merci
    ? qu’il se décourage ? a perdre l’honneur d’un homme on lui brûle son âme…

    Je les savais stupides et vindicatifs, je les constate bêtes et c… à la fois, voilà maintenant qu’ils se prennent pour de fin stratèges en reportant leur décision de nomination dans 5 mois, s’ils
    se prennent pour des divas, se sont des divas de caniveaux, il n’y a pas un seul homme ou femme chez eux qui arrive à la cheville de Monsieur Jean-Luc Mélenchon.

    Je vais vous livrez le fond exact de ma pensée : je crois que les communistes français ont peur de gouverner, de prendre la responsabilité de l’état, et, surtout de perdre leurs petits avantages,
    leurs pré-carrés électoraux, vous verrez qu’ils passeront des accords électoraux avec les socialistes, nous l’avons constaté en région parisienne récemment et le constatons en ce moment en province
    pour les cantonales, je crois qu’ils n’ont qu’une culture d’opposition, ces gens là vivent avec leurs fantômes, pour les côtoyer fréquemment je peux vous garantir qu’ils sont tristes et
    rigides.

    Espérons et souhaitons qu’ils aient un éclair de conscience au final, mais néanmoins cela fera 5 mois de perdu pour le Front de Gauche, mais pas pour le FN ni pour l’UMP, est-on si c.. à gauche ?

    • Descartes dit :

      mais que veulent ces gens là ? qu’il se mette à leur merci ?

      Exactement. La dernière fois que “ces gens là” se sont mis à la merci d’un autre (Mitterrand), ça leur a couté très cher. Et ils ne sont pas prêts de recommencer, fut-ce pour un tribun
      exceptionnel. Peut-on les blâmer ? 

      je crois que les communistes français ont peur de gouverner, de prendre la responsabilité de l’état,

      Vous pouvez “croire” ce que vous voulez, mais votre “croyance” n’a aucun support dans les faits: les communistes n’ont, depuis la Libération, jamais refusé une opportunité d’exercer le pouvoir,
      que ce soit dans les ministères ou dans les collectivités territoriales. J’ajoute qu’on leur a beaucoup reproché.

      surtout [ils ont peur] de perdre leurs petits avantages, leurs pré-carrés électoraux,

      Et ils ont bien raison. Un parti politique qui perd ses élus (ce que vous appelez “pré carrés électoraux” et “petits avantages”) perd, dans un régime démocratique comme le notre, une partie de sa
      capacité d’agir sur le réel. On ne peut pas se remplir la bouche du mot “démocratie” et ensuite mépriser ceux qui veulent gagner ou conserver des élus. Les communistes ont tout à fait raison
      lorsqu’ils font tout pour garder leurs moyens d’action, et donc leurs élus.

       

  3. vincent david dit :

    Bonjour Descartes.

    Bravo pour vos commentaires sur le blog de Jean-Luc Mélenchon.

    Je vous avais d’accord pris pour un affreux réac (piloté par Satan).

    Mea culpa.

    Continuez de secouer les révolutionnaires en chambre, ceux qui se demandent “Combien de français faudra-t-il sacrifier…” et qui me font penser au Dr Villega dans “Il était une fois la
    révolution”, le film de Sergio Leone.

    (Désolé de ne pouvoir m’adresser à vous sur le susdit blog, j’y suis tricard pour avoir osé écrire comment a été mise en place la modération).

  4. Marcailloux dit :

    Ne soyez pas désolé de votre insistance dans la défense des experts,une décision quelle qu’elle soit en matière de gestion, (au sens très large)doit s’appuyer très largement sur leurs analyses et
    préconisations.Il n’empêche qu’une décision pour être assez correctement appliquée doit être comprise et le plus grand nombre auquel elle s’adresse doit y retrouver, même si ce n’est pas
    complètement rationnel, ses aspirations profondes qui ne vont pas forcément dans le sens de la meilleure efficience.Sinon, il ne faut pas s’étonner des protestations contre
    le dictakt des élites, etc…
    J’ai personnellement toujours -ou presque- veillé à prendre des décisions qui intégraient partiellement des éléments qui objectivement n’avaient pas grand chose à voir avec l’objectif recherché, et
    qui cependant allaient mettre de l’huile dans les rouages.
    Je conviens volontiers que c’est incompatible avec les sciences exactes. Et la politique ou l’économie ne sont pas des sciences exactes.
    Pour le PG, en effet pour faire des voix il faut faire campagne et le PG n’a pas la logistique nécessaire. Or pour en revenir à Bayrou, il avait quoi, lui? Ses deux atouts étaient constitués du
    rejet de Sarkozy et de l’inconsistance de Royal.Son “équipe” n’etait pas plus étoffée que celle de JLM aujourd’hui et il ne pouvait pas tellement envisager une fédération d’experts ou intellectuels
    susceptibles de collaborer au programme comparé au potentiel de sympatisants d’une réelle gauche radicale qui ne demande peut être,actuellement, qu’à être sollicitée. Quelle est la situation
    aujourd’hui ? la même en pire.Qu’il monte à 13/14% dans les sondages et vous allez voir les girouettes s’agiter. Par contre ce qui lui manque et qu’il perd inexorablement tout les jours, c’est le
    temps. Et qui celà arrange t-il à votre avis ?
    Cordialement votre.

    • Descartes dit :

      Il n’empêche qu’une décision pour être assez correctement appliquée doit être comprise

      Tout à fait. Je ne néglige pas le rôle d’explication des décisions, qui relèvent (comme la décision elle même), du politique. Et c’est parce que cela relève du politique qu’il n’y a pas trop de
      risque de voir les politiques en général – et Jean-Luc Mélenchon en particulier – de négliger cet aspect de la question. Pas la peine donc d’insister lourdement.

      Par contre, l’aspect de conception des politiques relève plutôt du technique et de l’expertise. Et comme le politique n’est qu’un acteur marginal de ce processus, les politiques ont tendance à
      mépriser cette phase pourtant essentielle. D’où le besoin d’insister.

      Pour le PG, en effet pour faire des voix il faut faire campagne et le PG n’a pas la logistique nécessaire. Or pour en revenir à Bayrou, il avait quoi, lui? Ses deux atouts étaient constitués
      du rejet de Sarkozy et de l’inconsistance de Royal.Son “équipe” n’etait pas plus étoffée que celle de JLM aujourd’hui

      Pas vraiment. Bayrou pouvait compter sur les restes de la défunte UDF. Qui même défunte comptait de très nombreux élus, sans compter les donateurs prêts à assurer la partie financière. Rappelle
      toi que Bayrou n’a eu aucune difficulté à réunir les 500 signatures d’élus. Sans l’aide du PCF, penses-tu que JLM les aurait facilement ?

      De plus, la question de la crédibilité ne se pose pas de la même manière pour un centriste, dont le programme est grosso modo de polir les angles, et d’un candidat qui se prétend révolutionnaire
      comme c’est le cas de Mélenchon. Bayrou n’a pas besoin de prouver que sa politique est possible: tout le monde sait qu’elle l’est, puisqu’elle a été mise en oeuvre pendant des années. JLM propose
      quelque chose de beaucoup plus ambitieux, d’où le besoin de pouvoir expliquer comment on le fait et avec quoi.

      et il ne pouvait pas tellement envisager une fédération d’experts ou intellectuels susceptibles de collaborer au programme comparé au potentiel de sympatisants d’une réelle gauche radicale
      qui ne demande peut être,actuellement, qu’à être sollicitée

      Je suis plus sceptique que toi quant au “potentiel” que la gauche radicale pourrait soliciter. Mais le problème de la gauche radicale est différent: après avoir proclamé à chaque opportunité son
      mépris pour “ceux qui savent”, pour “les experts”, pour “les têtes d’oeuf” (énarques, polytechniciens, normaliens, tout ce que tu veux) il est difficile ensuite de dire “on va faire travailler
      les experts”. Qui va aller travailler pour un mouvement qui ne semble pas vouloir prendre en compte ces travaux ?

       

       

  5. FAICT Denis dit :

    VOUS DITES : Et ils ont bien raison. Un parti politique qui perd ses élus (ce que vous appelez “pré carrés électoraux” et “petits avantages”) perd, dans un régime démocratique comme le notre, une
    partie de sa capacité d’agir sur le réel.

    donc, à votre avis ils ont raison de passer des accords électoraux avec les socialistes, ils ont raison de trahir leur alliés du FdeG en l’occurrence de faire un enfant dans le dos de JLM, mais
    alors pourquoi ces traites ont-ils participé à la création de ce FdeG, c’est pour rendre service aux Sociaux-démocrates qui n’ont plus rien de démocrates mais bien plus de néo-libéraux, pour mieux
    étouffé l’enfant de cœur qu’est JLM, le PG et la GU ainsi que la FASE, vous pensez me faire croire cela ?

    D’autre part vous ne perdez pas d’élus si vous avez fait votre travail correctement et honnêtement, vous en gagner de nouveaux avec de vrais alliés qui eux sont comme vous de gauche réellement, je
    ne connais pas un seul élu communiste qui le soit grâce au Parti Socialiste ; je vous parle des élus communistes pas des fonctionnaires communistes des ministères ou autres administrations
    territoriales.

    Qui parle de démocratie monsieur, pas moi, mais vous, moi je n’en ai pas “plein la bouche” comme vous dites, mais vous oui, relisez mon texte vous n’y trouverez pas ce mot, car il n’est utilisable
    qu’au niveau de mon village et pas plus loin ; votre dialectique est fine et construite certes, mais vous ne me leurrerez pas, vous possédez comme les jésuites l’art de retourner les questions et
    comme les léninistes l’assurance de la mauvaise foi.

    Mitterrand ne les a aucunement mis à sa merci, combien de ministre communistes en 1981 ? Non ils les a réduit sans l’aide de personnes, à lui seul, je méprise et haïe l’homme qu’étais François
    Mitterrand ce Machiavel de la politique française, mais ne lui reprochez pas sa supériorité à un Georges Marchais et encore moins à un Robert Hue.

    • Descartes dit :

      donc, à votre avis ils ont raison de passer des accords électoraux avec les socialistes,

      Cela dépend du contexte. A chaque fois il faut regarder ce que ça rapporte et ce que ça coûte. Ce n’est pas une question de principes mais une évaluation stratégique. Et si le rapport
      coût/avantages est bon, alors il faut passer des accords.

      ils ont raison de trahir leur alliés du FdeG

      Je ne vois pas où est la “trahison”. Le PCF n’a jamais fait un secret de son intention de ne pas rompre avec le PS et de garder une attitude ouverte sur la question. Il ne s’est jamais à ma
      connaissance engagé envers ses alliés du FdG à exclure le PS de ses alliances.

      D’autre part vous ne perdez pas d’élus si vous avez fait votre travail correctement et honnêtement, vous en gagner de nouveaux avec de vrais alliés qui eux sont comme vous de gauche
      réellement

      On n’est pas à Disneyland. L’honnêteté ne paye pas forcément. Là encore, il faut rappeller l’expérience du programme commun. Ou celle des éléctions régionales de 2010, où le PCF a perdu la moitié
      de ses élus, alors que le PG et la GU en gagnaient.

      je ne connais pas un seul élu communiste qui le soit grâce au Parti Socialiste

      Ce n’est pas parce que tu ne le connais pas que ça n’existe pas. Au cas où tu ne le saurais pas, il y a plusieurs régions où communistes et socialistes sont allés ensemble dès le premier tour.

      votre dialectique est fine et construite certes, mais vous ne me leurrerez pas, vous possédez comme les jésuites l’art de retourner les questions et comme les léninistes l’assurance de la
      mauvaise foi.

      Je n’ai pas l’intention de laisser passer dans mon blog des insultes ou des attaques ad-hominem. Je veux bien admettre que vos mots aient dépassé votre pensée. En tout cas, si cela devait se
      répéter, je n’hésiterai pas à éliminer votre commentaire sans autre avertissement. Si vous n’êtes pas capable de maintenir un minimum de courtoisie dans votre ton, alors l’échange perd tout
      intérêt. Tenez vous le pour dit.

       

  6. Marcailloux dit :

    Bonjour,
    Je ne voudrais abuser ni de votre temps ni de votre patiente, mais étant un peu comme ces vieux dièsels qui mettent beaucoup de temps à chauffer, lorsqu’ils sont lancés, ils ont tendance à faire de
    l’auto alumage, alors pour les arrêter …..!
    Ceci dit je souhaite revenir sur le capital temps dont dispose encore JLM.
    Il peut lui permettre de lancer une “fusée à trois étages:
    -Le premier à peu près terminé qui constitue sa “philosophie appliquée” au réel de la situation et qui comporte en fait une majorité de décisions essentiellement symboliques.1er objectif:passer la
    barre des 10% d’intentions de vote (I.V.)
    – Le second qui est en construction je suppose,c’est l’approfondissement, le chiffrage, l’étayage des mesures plus techniques. Là une task force (+ ou – dejà en place, prépare les dossiers de
    campagne.
    Jusque là j’enfonce des portes largement ouvertes car si ce n’est le cas, JLM ne mérite en rien de gouverner.
    – Troisième étage, et peut être est-il actuellement en cours de montage,c’est la statégie d’une action individuelle, utilisant l’effet de surprise, le technologies actuelles peu couteuses
    (internet, etc…), une approche novatrice en matière de campagne (appel aux créatifs).
    Rien ne me semble pire que de se laisser embourber dans ce marais ou il patauge actuellement.
    Mon sondage “trottoir” personnel me dit que plus de 25% des électeurs partagent peu ou prou l’essentiel des positions de JLM.Ce sont des I.V.potentielles et c’est à lui d’adopter et d’appliquer la
    mise en forme qui mène au succès.
    Mais attention, le temps rabote chaque jour une partie des moyens disponibles. Il est en situation de conquète comme MLP alors que le PS et Sarkozy sont en situation de défense. Les statégies ne
    sont pas les mêmes, les uns vont privilégier la bataille de tranchée, les autres vont ou doivent imposer la bataille de commando.(n.b. je ne suis pas particulièrement militariste)
    Bon dimanche.

    • Descartes dit :

      Je ne voudrais abuser ni de votre temps ni de votre patiente,

      Vous n’abusez certainement pas. J’ai ouvert ce blog non précisement pour favoriser l’échange, et vous m’honorez donc en participant.

      Votre modèle à trois étages est séduisant. Mais malheureusement, je ne crois pas que JLM soit un stratège (comme pouvait l’être Mitterrand, par exemple) et qu’il ait formulé dans sa tête les
      trois étages dont vous parlez. Je pense au contraire qu’il a abouti à une telle construction par défaut, par intuition, en lançant la première phase: communication tous azimuts pour s’imposer sur
      le terrain médiatique. Et ce n’est pas mal réussi.

      Le problème, c’est que contrairement à vos suppositions, je ne vois aucune “construction” de la deuxième phase. Je ne vois pas de “task force” se constituer, je ne vois pas d’organisation de
      l’expertise pour préparer sérieusement “l’approfondissement, le chiffrage et l’etayage des mesures plus techniques” indispensable pour présenter à l’opinion un projet crédible. Sinon, il est
      difficile de comprendre comment on peut continuer à débiter des absurdités sur le site du PG, absurdités que n’importe quel “expert” moyennement compétent aurait détécté. Pour ne prendre qu’un
      exemple, lisez l’article sur le transport de matières radioactives intitulé “RFF: Radioactivité ferrée de France”. Il est clair que l’auteur ne
      sait pas de quoi il parle. Si c’est ces gens là qui préparent les “dossiers de campagne”, on est très mal barrés.

      Je ne sais même pas si Jean-Luc a conscience de cette nécessité. Je crains que ses réflexes gauchistes (“gauchiste un jour, gauchiste toujours…”) ne le conduisent à mépriser ces questions et à
      les considérer secondaires par rapport aux questions d’alliances ou de candidatures.

      Je crains donc qu’on passe au “troisième étage” de votre fusée directement. On aura donc recours à des “approches novatrices” et aux gadgets technologiques pour diffuser un message…. vide. On
      continuera sur la condamnation de ce qui est, et on débitera (comme le fait la gauche radicale à chaque élection) une liste de “propositions” où il y aura quelque chose pour chaque segment
      éléctoral, mais aucune véritable cohérence. Même si votre “sondage trottoir” est juste, cela ne veut rien dire. On peut éprouver de la sympathie pour une utopie, tout en réalisant qu’à l’heure de
      voter, il vaut mieux le faire pour un projet réaliste.

      L’enjeu aujourd’hui, c’est la crédibilité du projet. Et sur ce point, la gauche radicale n’a même pas commencé à travailler (et je dirais, à lire les interventions sur les différents blogs et
      forums, elle n’a même pas pris conscience du problème).

       

  7. FAICT Denis dit :

    Votre première réponse est celle d’un cynique, je sais vous me direz que pour être homme politique, ou penseur politique une certaine dose est nécessaire, j’espère que c’est ce cynisme là que le
    parti de gauche combat.

    Votre deuxième réponse concernant la trahison, elle aussi consternante de mauvaise foi, car ici il s’agit non d’engagement mais d’alliance (+&+=+ ; +&-=-), osez me dire que JLM n’est pas en
    guerre avec le PS.

    Troisième réponse, je la reçois exactement comme si vous me disiez que l’honnêteté est un état ou un sentiment totalement subjectif, si le PCF a perdu 50% de ses élus, c’est paraît il par la voie
    dite démocratique, les élections…

    Quatrième, que je sache nous n’avons nullement garder quelqu’ animaux ensemble, je vous vouvoye et je me nome Denis Faict, je respecte les hommes a visage découvert, et respectable à vous de l’être
    “Descartes”, j’ai lu ce grand homme et j’avoue qu’il a un autre style.

    Et enfin,les mots que j’utilise sont toujours et le resteront le reflet exact de ma pensée, n’ai-je pas raison ?

    Je vais maintenant être très vulgaire, en plus d’être discourtois, méfiez-vous des gens trop lèche-cul, la position assise devient intolérable arrivé un moment. et puisque vous étes chez vous ici,
    je vous remercie de m’y avoir accepté,mais s’il vous plaît et s’en rire, arrêtez de démolir insidieusement JLM sur son blog. merci de ne pas me jouer l’acte de la vierge effarouchée,merci.

    • Descartes dit :

      Votre première réponse est celle d’un cynique,

      Si tenir compte des réalités lorsqu’on conçoit une stratégie c’est du “cynisme”, alors j’accepte le qualificatif. Pire encore, je le revendique.

      Votre deuxième réponse concernant la trahison, elle aussi consternante de mauvaise foi, car ici il s’agit non d’engagement mais d’alliance (+&+=+ ; +&-=-), osez me dire que JLM n’est
      pas en guerre avec le PS.

      Je ne vois pas où serait la “mauvaise foi”. Que JLM soit ou pas en guerre avec le PS, c’est son problème. Le PCF a toujours été très clair sur ce point: il n’est pas question pour lui d’une
      rupture avec le PS. Si le PG avait posé comme préalable cette rupture pour conclure une alliance avec le PG, le FdG n’aurait pas vu le jour. Il n’y a donc aucune “trahison”, puisque le
      désaccord était clair dès le départ.

      Par ailleurs, je ne suis pas persuadé que JLM soit autant “en guerre avec le PS” que vous le croyez. En tout cas, il a toujours été très clair sur le fait que pour lui l’objectif était de
      participer aux exécutifs y compris avec le PS. C’est d’ailleurs le point fondamental de désaccord avec le NPA.

      Troisième réponse, je la reçois exactement comme si vous me disiez que l’honnêteté est un état ou un sentiment totalement subjectif, si le PCF a perdu 50% de ses élus, c’est paraît il par la
      voie dite démocratique, les élections…

      Tout à fait. Mais la “voie démocratique” ne donne pas tout à fait les mêmes résultats selon la stratégie électorale choisie. Il n’est pas évident qu’une négociation directe au premier tour avec
      le PS n’aurait pas réduit les pertes du PCF.

      Quatrième, que je sache nous n’avons nullement garder quelqu’ animaux ensemble,

      Précisement. Raison de plus pour vous abstenir d’attaques ad hominem ou d’insultes de nature personnelle. 

      Et enfin,les mots que j’utilise sont toujours et le resteront le reflet exact de ma pensée, n’ai-je pas raison ?

      Faudrait savoir ce que vous voulez. Si vous “avez raison” d’exprimer le reflet exact de votre pensée, pourquoi me demandez vous “mais s’il vous plaît et s’en rire, arrêtez de démolir
      insidieusement JLM sur son blog” ? Je ne fais après tout qu’utiliser des mots qui “restent le reflet exact de ma pensée”. N’ai-je pas raison ?

  8. FAICT Denis dit :

    NON, VOUS, vous n’avez jamais raison… c’est un principe, surtout lorsque l’on vous lit dans le texte original. Pour illustration, voici une petite histoire :
    “un soir au fond du sahel, un serpent piqua ce cher Pierre-André, que croyez-vous qu’il arriva, ce fut le serpent qui creva”, la suite de l’histoire :
    “Quand un serpent venimeux est doté de bonne conscience, comme Descartes, il est compréhensible qu’on ait envie de lui écraser la tête”.

    Fin de la polémique, mon cher réactionnaire philosémite.

  9. vincent david dit :

    “Fin de la polémique, mon cher réactionnaire philosémite.”

    Je me suis encore trompé !

    Je vous croyais piloté par satan, et vous êtes téléguidé par les juifs !

    Jesumarijosef !

    Vite, un exorcisme :

    Sors de ce corps, Bernard-Henri Lévy !
    Sors de ce corps, Alain Finkielkraut !

  10. Enki dit :

    Bonjour,

    1) Il suffit de se rendre sur le site du Parti de Gauche pour connaitre la composition de ses organes de direction.

    La composition du bureau national :
    http://www.lepartidegauche.fr/qui-commes-nous/instances-nationales/542-le-bureau-national-du-pg

    La composition du secrétariat national :
    http://www.lepartidegauche.fr/qui-commes-nous/instances-nationales/540-le-secretariat-national-du-pg

    2) Le texte du Conseil National du PCF ne dit pas que les adhérents du PCF vont choisir seul le candidat du Front de Gauche. Il dit que les adhérents du PCF vont choisir le candidat qu’il décide de
    soutenir parmi l’ensemble des candidatures déclarés, qu’elle soit du PCF ou d’une autre composante du Front de Gauche.

    Cordialement

    Enki

    • Descartes dit :

      1) Il suffit de se rendre sur le site du Parti de Gauche pour connaitre la composition de ses organes de direction.

      Vous auriez du vérifier la date des liens que vous proposez. En effet, “il suffit de se rendre sur le site du Parti de Gauche” pour connaître la composition des organes de direction tels
      qu’ils étaient issus du congrès de mars 2009 !!!

      Au cas où vous ne seriez pas au courant, je suis au regret de vous informer que le PG a réuni un congrès en novembre 2010, qui a voté de nouveaux statuts et élu les nouveaux organes de direction.
      La composition de ces organes n’a, à ma connaissance, jamais été publiée et ne figure pas sur le site du PG. Je vous laisse vous demander quelle pourrait être la raison de cette omission.

      2) Le texte du Conseil National du PCF ne dit pas que les adhérents du PCF vont choisir seul le candidat du Front de Gauche. Il dit que les adhérents du PCF vont choisir le candidat qu’il
      décide de soutenir parmi l’ensemble des candidatures déclarés, qu’elle soit du PCF ou d’une autre composante du Front de Gauche.

      Je vous invite à relire le texte en question: “Enfin, pour la désignation de la candidature à l’élection présidentielle, la proposition retenue par la conférence nationale
      sera soumise, ainsi que l’accord politique, à un vote de tous les communistes les 16, 17 et 18 juin” (c’est moi qui souligne). Vous noterez donc qu’il ne s’agit pas de désigner “le candidat
      qu’il décide de soutenir” dans une discussion avec les autres formations du Front de Gauche, mais bien de désigner un candidat à l’élection présidentielle. Maintenant,
      deux alternatives sont possibles: ou bien ce candidat sera rejeté par les autres membres du Front, et il n’y aura pas de candidat de Front de Gauche (et le candidat en question sera présenté sous
      l’étiquette que le PCF choisira), ou bien ce candidat sera accepté par les autres, et le candidat du Front de Gauche aura été désigné par les seuls communistes.

      D’ailleurs, dans la rédaction actuelle des statuts du PCF le processus ne pouvait pas être différent. Seule une modification des statuts préalable à la désignation du candidat aurait pu permettre
      que le candidat du Front soit désigné par accord entre les partis qui le composent.

  11. Enki dit :

    Descartes,

    vous faites erreur. Bien que les articles soient bien datés de 2009, la composition des instances nationales du Parti de Gauche sur le site du PG correspondent bien à celles issues du congrès du
    Mans de 2010. Cette composition a d’ailleurs été envoyé à tous les adhérents du PG. Si vous en voulez une preuve, le bureau national est composé de 60 membres alors que le bureau précédent n’en
    comportait que 50 initialement (plus ceux issues de l’arrivée des proches de Martine Billard).

    Cordialement

    Enki

    • Descartes dit :

      vous faites erreur. Bien que les articles soient bien datés de 2009, la composition des instances nationales du Parti de Gauche sur le site du PG correspondent bien à celles issues du congrès
      du Mans de 2010.

      Ce n’est donc pas moi qui fait erreur, mais celui qui a publié les listes sur le site du PG. Les lecteurs ne sont pas censés être extralucides, et deviner qu’une composition datée du 17 mars 2009
      en fait fait référence aux instances élues en novembre 2010. Je vous signale accessoirement que même en faisant abstraction de cette question de dates, les listes publiées sur le site sont
      incomplètes. Il manque en effet la composition de la “comission de résolution des conflits” prévue à l’article 15 des statuts du PG.

  12. CHIRADE dit :

    Bonsoir,
    Un petit regard décalé, comme souvent à mon habitude,non pas sur le fond mais sur la forme.
    Le ton la plupart du temps employé sur votre blog comme sur celui de JLM me rappelle ce que j’ai vécu vers 16 à 18 ans, alors jeune ouvrier métallurgiste, dans le cadre des auberges de
    jeunesses.
    Ce mélange d’adultes -ils avaient 25 à 30 ans,des vieux alors pour moi-dont plusieurs avaient vécu la guerre civile en Espagne, et de jeunes gens fut emminament instructif par une multitude
    d’ouvertures, culturelle, politiques, sportives, etc….
    Cependant, la dureté,l’intransigeance,voire l’agressivité auxquelles nous étions mêlés ont assez rapidement contribués à m’éloigner, comme d’autres, de cette organisation. Celà a été salutaire pour
    moi en m’incitant à reprendre mes études qques années plus tard.
    Dans ma vie professionnelle, j’ai mainte fois été témoin de situations similaires et voilà qu’aujourd’hui, réengagé modestement dans une démarche politique, 50 ans après je retrouve les mêmes
    caractères des rapports humains.
    Le débat politique chez nous – comme ailleurs peut être – est il condamné à balancer entre invectives et flateries ?
    Comment peut on, lorsque l’on poursuit un objectif, sinon identique du moins assez proche,être autant impuissant à chercher des solutions constructives, accorder des concessions aux avis légèrement
    divergent ou moins éclairés. Comment se prétendants socialiste, aussi peu sont capables de la mansuétude minimum que l’on peu attendre d’un humaniste ? La lecture de Hannah Arendt prendrait-elle a
    ce spectacle toute sa dimension tragique en ce qu’elle est universelle et perpétuelle ?
    Je suis dubitatif sur ma possibilité d’influencer en quoi que ce soit cet aveuglement “nombrilistique”,autocentré sur des querelles intestines ou des susceptibilité exacerbées. Votre patience est
    semble-t-il sans limite,bien que la main soit leste.
    Comment faire comprendre à la plupart des contributeurs sympatisants que le but d’un soutien n’est pas de déverser sa rancoeur,ni de flagorner JLM? du moins par trop, mais d’informer, de
    suggérer,d’éclairer approfondir les situations,contester ses positions et exiger des éclaicissements, de se poser toujours la question : en quoi mon intervention peut faire avancer le projet avec
    même toutes ses imperfctions.
    À quoi bon tout ce travail, toute cette espérance collective si c’est pour se planter lamentablement à 7 ou 8 % pour n’avoir su ou était l’intéret commun et favoriser le maintien de ce que nous
    combattons.Adepte du vote blanc
    pour échapper à toutes ces turpitudes et découvrant une lueur d’espoir dans la démarche de JLM, je crains vraiment que l’avenir ne me conduise (et bien entendu, surtout des millions d’autres )soit
    à mon point de départ, soit pour beaucoup, à la pèche, ou pire encore.
    Bonne nuit !

    • Descartes dit :

      Le débat politique chez nous – comme ailleurs peut être – est il condamné à balancer entre invectives et flateries ?

      J’ose espérer que cette question ne constitue pas un reproche au style de mes articles. Je ne crois pas avoir jamais eu recours ni à la flatterie, ni à l’invective. On peut bien sur me reprocher
      un style acide et incisif, et j’assume le reproche puisque je le fais exprès: la vie m’a enseigné en effet que le discours policé et allusif ne sert à rien. Si l’on veut amener les gens à réagir,
      il faut de temps en temps cracher sur les autels.

      Cela étant dit, je suis d’accord avec vous que le climat des débats à gauche n’est pas bon, et que les intervenants semblent avoir le plus grand mal à s’en tenir aux arguments sans tomber dans
      des attitudes d’adoration irrationnelle quand un discours leur plaît, et dans l’anathème et l’excommunication dans le cas contraire.

      A mon sens, c’est le symptôme d’un problème social: on fait de moins en moins avec sa tête et de plus en plus avec son coeur. Le succès de l’opuscule de S. Hessel en est une escellente
      illustration. Nous vivons dans la société de l’image, du sentiment, de la réaction épidermique, de l’émotion. Dans ce contexte, la nuance disparaît. Les méchants sont à abattre, les bons à
      couvrir des fleurs. L’idée que chaque homme et chaque action a plusieurs facettes, qu’on peut faire des mauvaises choses pour des bonnes raisons – et viceversa -, que chaque homme n’est pas un
      tout entier mais un concentré de contradictions, tout cela devient insaisissable. La dictature de l’émotion empêche de prendre une distance critique et humaine par rapport au sujet d’analyse. Là
      ou Hessel dit “indignez-vous!”, je dirai plutôt “réflechissez!”.

      Un des mes maîtres (j’ai eu la chance d’en avoir quelques uns dans ma vie…) m’avait dit en me recevant: “souvenez vous que pour faire ce métier, il faut aimer les gens”. Cela reste très vrai en
      politique. Pour faire de la politique, il faut aimer les gens tels qu’ils sont, avec leurs grandeurs et les misères, leurs petits égoismes et leurs grandes générosités. Il faut
      toujours regarder avec une certaine méfiance ceux qui prétendent modeler les hommes à leur image. Ils se prennent pour des dieux.

      Comment peut on, lorsque l’on poursuit un objectif, sinon identique du moins assez proche,être autant impuissant à chercher des solutions constructives, accorder des concessions aux avis
      légèrement divergent ou moins éclairés

      Et bien… lorsqu’on se pose une question qui ne semble pas avoir de réponse logique, c’est souvent parce que la question est mal posée. Il faudrait se demander alors si l’objectif poursuivi (le
      vrai, pas celui qu’on déclame) est celui qu’on croit. L’objectif de l’extrême gauche n’est pas de faire, mais de paraître. L’important n’est pas de faire la révolution, mais d’avoir l’air
      révolutionnaire (je reprend ici l’analyse de Pablo Giussani sur les gauches latino-américaines). D’où cette surenchère pour voir qui est le plus grand coupeur de têtes (virtuelles). Pourquoi ?
      Parce que l’extrême gauche est une création des classes moyennes, et les classes moyennes nagent dans un océan de mauvaise conscience (et de crainte…) par rapport aux couches qui sont en
      dessous, et d’envie par rapport à celles qui sont en dessus. Se fabriquer une image “révolutionnaire” permet de satisfaire les deux demandes: on canalise la culpabilité et la crainte en se posant
      en champion des couches populaires (tout en confisquant leur parole et prétendant parler en leur nom), et on canalise l’envie en se racontant que le jour de la révolution on s’appropiera des
      biens des riches.

      D’où l’aprêté du combat. Car les combats pour l’image sont toujours âpres. Dans la surenchère, il faut toujours être sur la brèche, sous peine de se faire piquer le brevet de “plus grand
      révolutionnaire du monde”. Et chaque détail infime compte. Avez vous condamné la Chine ? Dit du mal de Cuba ? Oublié de faire l’éloge de la dernière follie de Chavez ? A chaque fois vous perdez
      des points dans le grand jeu de l’oie dont la dernière case porte le béret du “Che”.

      Je suis dubitatif sur ma possibilité d’influencer en quoi que ce soit cet aveuglement “nombrilistique”,autocentré sur des querelles intestines ou des susceptibilité exacerbées. Votre patience
      est semble-t-il sans limite,bien que la main soit leste.

      Ma patience est “sans limite” parce que je n’ai pas de doute sur l’utilité de ce que je fais. Oh bien sur je n’ai pas d’illusion sur le fait que mes arguments puissent changer le sens de
      l’histoire. Mais c’est un travail pédagogique, et tout travail pédagogique est un travail de fourmi. Si mes arguments éveillent l’envie de réflechir dans une poignée de personnes, s’il reconforte
      une poignée d’autres dans leur envie de penser la politique autrement, alors je me considérerai suffisamment récompensé. Et qui sait, si nous sommes quelques uns à faire de même et notre graine
      tombe en terrain fertile, qui sait ce que cela peut donner ?

      Comment faire comprendre à la plupart des contributeurs sympatisants que le but d’un soutien n’est pas de déverser sa rancoeur,ni de flagorner JLM?

      A la plupart ? C’est impossible. Mais si on arrive à le faire comprendre à quelques uns d’entre eux, on aura dejà fait un grand pas. Il faut se fixer des objectifs atteignables. 

      À quoi bon tout ce travail, toute cette espérance collective si c’est pour se planter lamentablement à 7 ou 8 % pour n’avoir su ou était l’intéret commun et favoriser le maintien de ce que
      nous combattons

      Personnellement, ce n’est pas le score électoral qui m’inquiète. C’est ce qu’on appelle, en citant Gramsci, l’hégémonie idéologique. Lorqu’on est producteur d’idéologie on peut influencer
      sérieusement la société sans nécessairement occuper des positions de pouvoir institutionnelles. Faire 8% sur un véritable projet, ce serait un énorme succès. Faire 15% sur un rassemblement de
      mécontents serait un échec. Il faut arrêter de tout concentrer sur la tactique. Le problème aujourd’hui, ce n’est pas que la “gauche radicale” n’arrive pas à s’unir, c’est le fait que la “gauche
      radicale” est incapable de produire des idées et une vision crédible.

      Adepte du vote blanc pour échapper à toutes ces turpitudes et découvrant une lueur d’espoir dans la démarche de JLM, je crains vraiment que l’avenir ne me conduise (et bien entendu, surtout
      des millions d’autres )soit à mon point de départ, soit pour beaucoup, à la pèche, ou pire encore.

      Personnellement, je n’ai jamais voté blanc, estimant que dans la mesure où l’on a un choix on a le devoir de l’exercer. Mais je comprends très bien votre sentiment. Et je crains moi aussi qu’il
      soit partagé par beaucoup de nos concitoyens.

  13. Marcailloux dit :

    Vous écrivez
    “J’ose espérer que cette question ne constitue pas un reproche au style de mes articles”
    Ma remarque ne visait que l’outance de certains commentaires et en aucun cas le ton de vos réponses.
    J’aurais moi même une grande difficulté à ne pas les formuler de manière plus cinglante.
    Lorsque l’on a le privilège d’être invité,instruit,analysé,donc critiqué dans un but constructif, le minimum de civilité est d’abord de remerçier, ensuite de participer dans la mesure de ses moyens
    et en tout cas de s’abstenir de visite si le “menu” ne vous plait pas.
    Il faut avoir beaucoup étudié en autodidacte, avec pour seuls “maitres” des livres et des manuels(Internet n’existe pas depuis si longtemps) pour mesurer la valeur d’un accompagnement éclairé, le
    temps et l’énergie gagnés.
    Le bon qualitatif de la présence d’un ou de plusieurs mentors est inestimable.
    Si l’amour propre est quelques fois égratigné, c’est le prix minimum à payer pour progresser.
    Foin des qualificatifs de flagornerie qui pourraient éclore dans l’esprit d’aucuns.
    Ceci étant dit,mon commentaire d’hier soir me parait aujourd’hui prémonitoire.
    En effet, je suis entré dans le rang des tricards du blog de JLM depuis ce matin.
    Bien au delà de ma modeste personne, celà pose le problème de la démocratie d’abord sur ce blog(JLM) et par extension dans le PG. Pour ce dernier je n’y connais rien.
    N’étant pas béat d’admiration pour JLM, les trois billets censurés ne comportaient cependant, en rien le moindre mot,la moindre idée, le moindre ton qui puissent justifier leur censure.Tout au
    plus, dans l’un d’entre eux, je questionnais sur la pertinence de la syntaxe utilisée par JLM dans son billet au sujet du référendum concernant la poste.Elle me semblait induire une conclusion
    inverse de l’esprit du texte.Etait-ce là un crime de lèse majesté ?
    Les deux autres portaient sur un échange d’opinions avec un autre blogeur au sujet d’outils à étudier pour la diffusion du message de JLM.
    Rien de moins coopératif, et ni plus ni moins qu’avec mon style habituel, le plus courtois possible!
    Eh bien c’est simple, je n’ai plus accès au blog. De toute façon, et mon billet d’içi hier en était le prémisse, je me posais des questions sur l’intéret d’échanger avec une majorité de mulets.Je
    n’ais pas votre abnégation.
    D’une certaine façon, je frissonne à l’idée de ce que ce type de comportement peu masquer, toutes les hypothèses me sont ouvertes. J’y réfléchis, vous demande votre avis et me réserve, après
    quelque jours de recul, la possibilité de témoigner le plus largement possible de cette péripétie peut être par trop révélatrice.
    Dans le dernier mail de protestation qui bien sur n’a ni été diffusé ni à cet instant entrainé de réponse, je regrettais que JLM pour sa première journée de candidature annoncée, commence déjà sa
    campagne par une mise sous silence de ce qui n’est pas dithyrambique à son égard.
    «Arx tarpeia Capitoli proxima»
    «La Roche tarpéienne est proche du Capitole»
    P.s. ce commentaire n’étant pas directement lié au sujet de votre billet,je vous donne quitus pour en faire l’usage qui vous paraitra le plus utile.
    Cordialement.

    • Descartes dit :

      Je te remercie de tes encouragements. Même si ton message n’est pas strictement sur la thématique de mon billet, je le publie. Ce blog n’a pas un flux de commentaires tels qu’il faille exclure
      les “hors sujets” pour garder un volume raisonnable. Bienvenus donc les “hors sujet” si cela peut lancer un débat.

      Et cela m’amène a votre commentaire sur le blog de JLM. Après quelques échanges aigre-doux avec le webmestre de son blog je pense avoir mieux compris son problème: d’une part, JLM a fait le choix
      (et c’est son droit) de ne pas laisser son blog devenir un forum de discussion. D’autre part, la popularité de son blog génère un flux de commentaires tellement important qu’il faut une politique
      rigoureuse de filtrage des “hors sujet” pour maintenir un semblant d’ordre. Je ne partage pas forcément la politique de modération choisie par JLM, mais c’est la sienne et elle n’est pas
      irrationnelle ni même à mon avis orientée à rendre les commentaires monocolores. Dans l’espace de liberté ainsi délimité, je pense qu’il reste des possibilités considérables d’expression. A
      condition de respecter les limites, et notamment éviter le hors sujet.

  14. Pierre fils de Robert dit :

    Je salue votre attention portée à la “crédibilité” du projet du Front de gauche — et ce, dans ces détails techniques.

    Mais lorsque vous liez à cette exigence l’hégémonie idéologique gramscienne, je suis dubitatif, parce qu’il s’agit plus pour Gramsci d’une idéologie portée par un contenu conceptuel, idéel, une
    vision globale de la société, et non purement technique.

    Je partage votre constat quant au manque de “crédibilité” (je n’aime pas trop ce mot, trop galvaudé par les médias) de la gauche radicale, mais il n’est pas à mon humble avis à trouver dans un
    manque d’idées de la gauche radicale — que ce soit d’un point de vue quantitatif aussi bien que qualitatif.

    Bien au contraire, la gauche radicale manifeste une étonnante vitalité intellectuelle. Revues scientifiques, éditions, blogs, etc. Tous les champs des sciences humaines sont investis par elle.

    Le problème réside plutôt, à mon sens, dans sa division.

    Il faudrait ici distinguer entre savoir théorique et savoir technique.

    Mais, lorsque vous dénoncez l’indigence du savoir technique, de la crédibilité du projet, critique classique adressée à la gauche, vous oubliez qu’elle doit penser un monde qui n’existe pas, un
    monde à venir.

    Or, lorsque ce monde que la gauche radicale appelle de ses vœux sera pensé par elle de manière satisfaisante, cela voudra dire qu’il est déjà le monde réel.

    En attendant, bien entendu, nous devons nous efforcer de le penser du mieux possible. Mais n’oublions pas que le penser dans toutes ses déterminations n’est pas chose possible.

    Cordialement.

    • Descartes dit :

      Il faudrait ici distinguer entre savoir théorique et savoir technique.

      Certainement. Mais on a tort de les séparer comme si c’était deux catégories étanches. Car sans savoir “technique” qui le rattache au monde réel, le savoir théorique s’elève comme un ballon et
      finit par perdre de vue les objets réels pour se complaire dans la construction d’utopies. Marx l’avait très bien compris, lui qui est d’abord et avant tout un penseur du capitalisme tel qu’il
      était au XIXème siècle, et qui fut impitoyablement critique envers les “idéalistes” qui construisaient des chateaux dans les nuages.

      Sans savoir “technique”, il ne peut y avoir d’analyse du réel. Et sans analyse du réel, il n’y a pas de politique qui vaille. Les rêveries de mondes idéaux sont le plaisir des classes affluentes
      qui ont du temps à perdre.

      Bien au contraire, la gauche radicale manifeste une étonnante vitalité intellectuelle. Revues scientifiques, éditions, blogs, etc. Tous les champs des sciences humaines sont investis par
      elle.

      Il ne faut pas confondre l’agitation avec la vitalité intellectuelle. La quantité, vous avez raison, y est. Mais quid de la qualité ? Quel travail fondamental et novateur la gauche radicale
      a-t-elle produit dans les – soyons généreux – trente dernières années ? Quel livre publié depuis est si “fondateur” qu’il mérite encore aujourd’hui d’être lu autrement que par intérêt historique
      ?

      Les “penseurs” issus de Mai 68 ont fait illusion pendant quelques années, mais aujourd’hui il faut se rendre à l’évidence: les références de la gauche datent au mieux des années 1960. Que ce soit
      dans la “théorie” ou dans la “technique”, d’ailleurs.

      Mais, lorsque vous dénoncez l’indigence du savoir technique, de la crédibilité du projet, critique classique adressée à la gauche, vous oubliez qu’elle doit penser un monde qui n’existe pas,
      un monde à venir. Or, lorsque ce monde que la gauche radicale appelle de ses vœux sera pensé par elle de manière satisfaisante, cela voudra dire qu’il est déjà le monde réel.

      Si je comprends bien, vous contestez toute possibilité de prévision. Il est pour vous impossible de “penser” l’avenir avant qu’il se réalise, c’est à dire, qu’il devienne le présent. Le problème
      de cette position, c’est qu’elle demande à ceux qui s’engagent dans la construction du “monde à venir” un formidable pari. Qu’est ce qu’on fait si, une fois ce monde construit, on découvre que
      finalement il ne nous plait pas ? Croyez vous vraiment que des gens vont risquer tout ce qu’ils ont péniblement conquis et s’embarquer sur votre galère si vous n’êtes pas capable de leur dire où
      vous allez ?

      Personnellement, je pense que cette “impossibilité de penser le monde qui n’est pas encore” n’est qu’un prétexte à la paresse intellectuelle. On peut et je dirais même on doit
      penser ce “monde à venir”. Bien sur, ce qu’on construira ne correspondra point par point à l’épure, l’histoire réserve toujours des surprises. Mais il ne sera pas non plus à 100% différent. Et
      même à titre d’exercice, le travail technique est nécessaire pour montrer à ceux à qui on demande de nous soutenir que nous sommes capables de penser les problèmes tels qu’ils se posent et de
      trouver des solutions réalistes. Autrement, pourquoi nous suivraient-ils ?

      Le problème réside plutôt, à mon sens, dans sa [celle de la gauche radicale] division.

      C’est un faux problème. L’indigence du discours des organisations de la gauche radicale et leur adhésion à un “moule” de discours politiquement correct cache des véritables différences
      sociologiques, idéologiques. Ces organisations veulent des choses différentes, parce qu’elles représentent des intérêts différentes. Le trotskystes n’ont pas plus de raison de se marier avec le
      PCF (qu’il ont combattu avec une violence qu’on a aujourd’hui oublié) qu’avec le FN.

  15. Pierre fils de Robert dit :

    Je n’ai pas dit “séparer”, j’ai bien dit “distinguer”. Nous sommes bien d’accord, théorie et pratique sont intrinsèquement liées. Pour la critique marxienne de l’idéalisme, ce n’est pas la même
    chose, il s’agit plutôt du partage de l’histoire de la philosophie entre matérialisme et idéalisme, ce qui engage des questions bien plus amples que la simple question du rapport entre théorie et
    pratique. (Car, par exemple, sur ce point, nous sommes d’accord avec Kant qui s’attaque à l’opinion commune disant “c’est vrai en théorie, mais pas en pratique” — Kant montre que si ça n’est pas
    vrai en pratique, c’est donc aussi que ça n’est pas vrai en théorie, ou alors que la pratique ne se conforme pas à la théorie).

    Loin de moi l’intention de nier l’importance du savoir technique. Vous parlez “d’analyse du réel” : c’est intéressant car c’est bien le problème de l’analyse. L’analyse découpe la réalité en objets
    abstraits (je veux dire, des objets qui n’existent pas séparément dans la réalité effective) pour les penser pour eux-mêmes. Mais si vous en restez au moment de l’analyse, la pensée reste
    abstraite, elle ne pense que des déterminations figées, séparées, arbitraires — elle ne pense pas le mouvement qui est le réel (dialectique). Il faut que la pensée surmonte le premier moment de
    l’analyse pour ensuite penser les déterminations d’un objet de manière concrète, c’est-à-dire le monde ensemble. Certes, c’est un long chemin d’élaboration de la pensée.

    “Il ne faut pas confondre l’agitation avec la vitalité intellectuelle.”

    Ici vous êtes injuste. Même si je suis souvent d’accord avec ce que vous écrivez, votre manière de balayer d’un revers de la main certaines questions sans prendre le temps de les examiner m’agace
    parfois — c’est sans doute ce qui fait votre style “réactionnaire”, comme disent certains. Qu’il faille être sévère, j’en suis parfaitement d’accord, mais injuste, non.

    Je ne comprends même pas comment une telle assertion peut être faite. Qui pense ? La droite ne pense pas, c’est bien sa caractéristique, puisqu’elle est faite pour gouverner. Comme je l’ai dit, la
    gauche a un monde à penser qui n’est pas encore là, et c’est la difficulté immense à laquelle elle est confrontée — la droite sera toujours plus à l’aise sur la question technique, puisqu’elle ne
    propose que des “mesures”, étant essentiellement conservatrice (ou contre-révolutionnaire, ce qui revient au même). Elle est la non-pensée par essence.
    Depuis que la gauche et la droite existent, c’est-à-dire depuis 1789, l’extrême majorité des intellectuels, des grands penseurs, a été de gauche — et ce n’est pas par accident. C’est bien de cette
    exigence que naît la pensée.

    Sur les pensées nées de mai 68, je serais plus nuancé que vous. Bien entendu, il faut séparer le grain de l’ivraie — et il a beaucoup d’ivraie. Mais dire qu’il faut jeter le bébé avec l’eau du
    bain, non. Mai 68 nous a invité à penser à nouveaux frais de nombreuses questions, et même souvent contre mai 68. En philosophie, je déteste Deleuze, Guattari, Lyotard, etc. mais je dois bien
    penser contre eux pour sortir de l’ornière du postmodernisme, donc les lire.

    Dire que rien ne vaut de sérieux depuis les années 1960, c’est aller un peu vite en besogne ; c’est nier des intellectuels comme Jacques Rancière, Axel Honneth, Frédéric Lordon, Michel Clouscard,
    Étienne Balibar, Judith Butler, etc. Par exemple, le courant marxien, émancipé depuis la chute du mur de la vulgate du “Diamat”, témoigne d’une grande production intellectuelle.

    Quelques liens :

    http://www.marxau21.fr/

    http://www.contretemps.eu

    http://mouvements.info

    http://revuedeslivres.net/

    http://multitudes.samizdat.net/

    http://marxandphilosophy.org.uk/reviewofbooks

    http://cahiers2lemancipation.wordpress.com/

    http://philolarge.hypotheses.org/

    http://www.lafauteadiderot.net

    Enfin, je n’ai pas contesté toute possibilité de prévision. J’ai contesté toute possibilité de prévision équivalente à celle de la droite, qui pense à court terme, et à partir de ce monde là
    qu’elle modifie par petite retouches pour le conserver — elle pense comme un gestionnaire pense, c’est-à-dire qu’elle ne pense pas.

    Prévoir est chose possible, mais je dis qu’il ne faut pas présumer des capacités d’une telle prévision, qui reste essentiellement limitée. C’est que penser un monde qui n’existe pas requiert une
    faculté, l’imagination. Or, l’imagination est somme toute chose assez limitée. Même lorsque nous rêvons, nous “n’inventons” pas de toutes pièces un monde, aussi étrange et peu familier qu’il puisse
    nous paraître, nous agençons dans un ordre inconnu des milliards d’images que nous avons connu et qui sont dans notre mémoire. Bref, le matériau reste ce qui est déjà connu. D’autre part, penser un
    monde qui n’existe pas en vue d’un projet de transformation politique est encore plus contraignant que de recourir à la seule imagination, car il obéit au principe de rationalité, et non pas à
    l’imagination seule qui est dans ce cas la servante de la raison.

    Je n’incite pas à la paresse intellectuelle ! Bien au contraire. Mais je dis qu’il ne faut pas être naïf. Comme vous l’avez noté, il y a là-dedans quelque chose du pari pascalien.

    “Qu’est ce qu’on fait si, une fois ce monde construit, on découvre que finalement il ne nous plait pas ? Croyez vous vraiment que des gens vont risquer tout ce qu’ils ont péniblement conquis et
    s’embarquer sur votre galère si vous n’êtes pas capable de leur dire où vous allez ?”

    Là je ne comprends pas vos questions. Vous avez une étrange conception du monde à venir. Comme la construction d’un tel monde s’élabore sur le temps long, et que s’il s’agit effectivement d’un
    projet radical, chacun aura part à son élaboration, ce serait chose très étrange que les gens se réveillent un matin pour se dire qu’il n’en veulent pas. Il ne s’agit pas de refaire le coup de
    l’étatisme à la soviétique.

    Non, la division n’est pas un faux problème. Je reconnais votre goût pour l’exagération lorsque vous dites que le NPA n’a pas plus de raison de s’allier avec le PCF qu’avec le FN. D’ailleurs, c’est
    déjà chose faite : ils siègent au conseil régional du Limousin ensemble, après avoir fait campagne ensemble sur la liste “Limousin terre de gauche”. Certes, la persécution des trotskistes par les
    staliniens a été terrible, mais enfin, le Mur est tombé ! Reconstruire un projet à gauche, c’est aussi mettre fin à des querelles contre-productives.

    Cordialement.

    • Descartes dit :

      L’analyse découpe la réalité en objets abstraits (je veux dire, des objets qui n’existent pas séparément dans la réalité effective) pour les penser pour eux-mêmes

      Non. L’analyse n’a pas pour objet de “découper” la réalité. Elle construit des objets abstraits censés modéliser les objets concrets, mais loin de les “penser pour eux-mêmes” l’analyste modélise
      les rapports entre ces objets. Je crois que vous avez une vision extrêmement réductrice du travail analytique.  

      “Il ne faut pas confondre l’agitation avec la vitalité intellectuelle.” Ici vous êtes injuste.

      Non, réaliste.

      Je ne comprends même pas comment une telle assertion peut être faite. Qui pense ? La droite ne pense pas, c’est bien sa caractéristique, puisqu’elle est faite pour gouverner.

      Ah bon ? Hayek etait de gauche alors ? Keynes ? Schumpeter ? Freud ? Rawls ? Aron ? Ce n’est pas parce qu’on “gouverne” qu’on s’arrête de penser. Au contraire, la pratique du pouvoir nécessite
      une théorie du pouvoir. Si l’activité intellectuelle de la gauche a été intense (surtout dans la période 1870-1970), il ne faudrait pas oublier que la droite a eu aussi ses penseurs. La gauche
      n’a ni le monopole du coeur, ni celui du cerveau.

      Comme j’ai eu l’occasion de le dire plusieurs fois, la pertinence des étiquettes “droite” et “gauche” m’a toujours parue soumise à caution. Mais c’est encore plus vrai pour le monde de la pensée.
      Qualifier les penseurs de “droite” ou “gauche” conduit souvent à des absurdités. Le cas le plus éclatant est celui de Freud, qui était personnellement un homme de droite, mais dont la théorie a
      été considérée comme inspirant une bonne partie de la gauche…

      Comme je l’ai dit, la gauche a un monde à penser qui n’est pas encore là, et c’est la difficulté immense à laquelle elle est confrontée

      Où est la difficulté ? Penser des mondes qu’on n’a pas à faire fonctionner, quoi de plus facile ? Ce sont au contraire ceux qui gouvernent qui éprouvent les “difficultés”. Mais jouer au jeu de
      proposer la semaine des sept dimanches, quoi de plus facile ?

      la droite sera toujours plus à l’aise sur la question technique, puisqu’elle ne propose que des “mesures”, étant essentiellement conservatrice (ou contre-révolutionnaire, ce qui revient au
      même). Elle est la non-pensée par essence.

      Non. La droite est plus à l’aise sur les questions techniques parce qu’elle a l’experience de gouverner, et qu’elle a donc moins tendance à se réfugier dans des mondes virtuels. C’est une grande
      erreur par ailleurs de croire que la droite serait “essentiellement conservatrice”. Les trente dernières années nous ont montré au contraire une droite fondamentalement révolutionnaire, qui n’a
      pas hésité à détruire un monde (celui du capitalisme industriel des “trente glorieuses”) et le reconstruire à son image. Loin de “ne proposer que des mesures”, elle a au contraire proposé une
      vision globale (celle de Thatcher/Reagan). On est très loin de la “non pensée par excellence”.

      Depuis que la gauche et la droite existent, c’est-à-dire depuis 1789, l’extrême majorité des intellectuels, des grands penseurs, a été de gauche

      Personnellement, je demande à voir. Je me demande s’il ne s’agit pas d’un mythe, alimenté entre autres choses par l’ignorance de la gauche, qui a une certaine tendance à ne lire que les siens.
      Barrès n’est pas moins un “intellectuel” ou un “grand penseur” que Jaurès. Aron vaut bien Sartre. Heisenberg n’est pas moins que Jolliot.

      Mai 68 nous a invité à penser à nouveaux frais de nombreuses questions

      Par exemple ?

      En philosophie, je déteste Deleuze, Guattari, Lyotard, etc. mais je dois bien penser contre eux pour sortir de l’ornière du postmodernisme, donc les lire.

      La meilleure manière de ne pas avoir à “sortir de l’ornière du postmodernisme”, est de ne pas y entrer. Oui, on peut lire Deleuze, Guattari ou Lyotard par curiosité, parce qu’ils sont un moment
      de l’histoire de la philosophie au même titre que les lois de Nuremberg sont un moment de l’histoire du droit. Mais ils n’apportent aucun éclairage sur les problèmes d’aujourd’hui.

      Dire que rien ne vaut de sérieux depuis les années 1960, c’est aller un peu vite en besogne ; c’est nier des intellectuels comme Jacques Rancière, Axel Honneth, Frédéric Lordon, Michel
      Clouscard, Étienne Balibar, Judith Butler, etc.

      Je ne me souviens pas d’avoir dit que “rien ne vaut de sérieux depuis les années 1960”. J’ai posé la question suivante: “Quel travail fondamental et novateur la gauche radicale a-t-elle produit
      dans les – soyons généreux – trente dernières années ?”. Je regrette, mais les travaux de Rancière ou de Clouscard, fort intéressant, sérieux et honnêtes au démeurant, sont loin d’être des
      travaux “fondamentaux et novateurs”. On est loin d’un Althusser, d’un Canghilem ou d’un Lefebvre qui furent leurs maîtres. Quant à Lordon ou Butler… je prefère ne pas commenter. Tiens, juste
      pour rigoler… lequel des bouqins de Lordon sera à ton avis encore lu cent ans après sa mort ?

      Par exemple, le courant marxien, émancipé depuis la chute du mur de la vulgate du “Diamat”, témoigne d’une grande production intellectuelle.

      Il témoigne – et là je vais être vraiment dur, mais tu m’excuseras, il y a des limites à tout – des efforts d’un groupe universitaire de sauver son fonds de commerce menacé de tomber en
      désuétude. Les “marxiens” essayent désespérement, tout en se frappant la poitrine pour se faire pardonner les crimes commis au nom du marxisme, de démontrer que les catégories marxistes peuvent
      servir à analyser tous les sujets à la mode: le féminisme (pardon! les “questions de genre”…), la transexualité, la psychanalyse, facebook… On dirait des maréchaux-ferrants qui chercheraient
      à prouver qu’on peut ferrer les automobiles.

      Enfin, je n’ai pas contesté toute possibilité de prévision. J’ai contesté toute possibilité de prévision équivalente à celle de la droite, qui pense à court terme, et à partir de ce monde là
      qu’elle modifie par petite retouches pour le conserver — elle pense comme un gestionnaire pense, c’est-à-dire qu’elle ne pense pas.

      Encore une fois, je pense que les gens de gauche gagneraient à mieux connaître la droite. Si tu penses que Hitler ou Thatcher ont “modifié le monde par petites retouches”, je pense que tu te
      fourres le doigt dans l’oeil. La droite a montré plusieurs fois au cours du XXème siècle sa capacité à produire ses propres “lendemains qui chantent”, qui n’ont rien à envier en termes de
      “prévision” à ceux de la gauche. Faire de la pensée de la droite une “pensée gestionnaire”, c’est ignorer les réalités. Marx l’avait bien compris lorsqu’il avait parlé du rôle “fondamentalement
      révolutionnaire” de la bourgeoisie dans le Manifeste…

      Là je ne comprends pas vos questions. Vous avez une étrange conception du monde à venir. Comme la construction d’un tel monde s’élabore sur le temps long, et que s’il s’agit effectivement
      d’un projet radical, chacun aura part à son élaboration, ce serait chose très étrange que les gens se réveillent un matin pour se dire qu’il n’en veulent pas.

      Je vous renvoie à l’exemple soviétique. C’était un projet radical, élaboré sur le temps long, chacun y a pris sa part… et en 1989, les gens se sont réveillés et ils n’en on plus voulu. Vous
      dites que “il ne s’agit pas de refaire le coup de l’étatisme à la sovietique”. Mais qui garantira à ceux qui vous suivront qu’ils ne se retrouveront en fin de compte avec ça (ou pire) ? Si vous
      n’êtes pas capable de montrer que votre “monde à venir” ressemblera à autre chose, personne ne vous suivra. C’est toute la problématique de la crédibilité. Nous ne sommes pas dans le contexte
      russe de 1917, ou n’importe quel avenir était mieux que le présent.

      Non, la division n’est pas un faux problème.

      Totalement. Car ceux qui ont le pouvoir de changer les choses, ce n’est pas les partis mais les citoyens. S’il y avait un parti de la “gauche radicale” capable de proposer un projet attractif et
      crédible, il attirerait les citoyens et obtiendrait les moyens de gouverner, et les autres partis seraient marginalisés. En se centrant sur la question des fâcheries et des rabibochages entre les
      organisations, on se cache le problème fondamental: le fait qu’aucune de ces organisations ne réussit, par elle même, à attirer le citoyen.

      Allons au fonds des choses. Supposons un instant qu’une organisation avait aujourd’hui un projet attractif et crédible à proposer aux citoyens. Dans ces conditions, pourquoi le fait d’être dans
      un “front” avec untel ou untel devrait lui donner plus de voix ?

      Je reconnais votre goût pour l’exagération lorsque vous dites que le NPA n’a pas plus de raison de s’allier avec le PCF qu’avec le FN.

      Je n’ai pas dit ça. J’ai dit que le NPA n’avait pas de raison de se marier avec le PCF, ce qui va un peu plus loin qu’une simple alliance électorale pour sièger dans un groupe
      d’opposition commun. “Limousin, terre de gauche” n’est pas d’ailleurs la première fois: j’ai eu de nombreux exemples tout au long de ma vie militante de listes municipales ou de candidatures
      communes. Ce qui n’empêchait pas la LCR/NPA et le PCF de se planter le couteau dans le dos dès que c’était leur intérêt…

       

  16. Marcailloux dit :

    Bonjour à Descartes et à tous,
    Vous écrivez :
    Où est la difficulté ? Penser des mondes qu’on n’a pas à faire fonctionner, quoi de plus facile ? Ce sont au contraire ceux qui gouvernent qui éprouvent les “difficultés”. Mais jouer au jeu de
    proposer la semaine des sept dimanches, quoi de plus facile ? …..
    puis :S’il y avait un parti de la “gauche radicale” capable de proposer un projet attractif et crédible, il attirerait les citoyens et obtiendrait les moyens de gouverner, et les autres partis
    seraient marginalisés

    Sans entrer dans les débats historiques qui précèdent – j’en serais incapable -, je me demande néanmoins si nous ne sommes pas condamnés dans les sociétés démocratiques à subir les effets de la
    dichotomie inéluctable entre les « penseurs » : théoriciens de la politique, futurologues, sociologues, économistes,…..et les « acteurs » : gouvernants, experts, élus ….
    On peut penser, on le doit même, cela fait au moins vendre des livres. Mais changer c’est agir, peser sur le réel, le bousculer même.
    Car pour s’engager dans une démarche de réelle évolution et pour atteindre un
    « projet attractif et crédible », il me semble que les conditions et les efforts dans le changement à imposer à la nation, tant du point de vue culturel que social ou économique, le voueraient
    –électoralement- instantanément à l’échec.
    Même dans un système libéral contraignant et défavorable au plus grand nombre, ne rien faire ou presque est toujours ressenti par le plus grand nombre, au moins à court terme comme plus
    confortable, douillet, qu’une aventure incertaine. L’inertie d’un peuple relativement nanti, – les Français – est colossale.
    Ne pourrait – on pas évoquer un syndrome de Stockolm de la population prise en otage par la classe dirigeante libérale ?
    Et, pour sourire
    On dirait des maréchaux-ferrants qui chercheraient à prouver qu’on peut ferrer les automobiles.
    Mais si, en effet, on peut les ferrer. Des milliers le font chaque hiver : ils mettent des chaines aux roues ! Comme quoi………
    Cordialement

    • Descartes dit :

      Car pour s’engager dans une démarche de réelle évolution et pour atteindre un « projet attractif et crédible », il me semble que les conditions et les efforts dans le changement à
      imposer à la nation, tant du point de vue culturel que social ou économique, le voueraient –électoralement- instantanément à l’échec.

      Si l’on suit ce raisonnement, on déduit nécessairement que le changement n’est possible que s’il est imposé au peuple, soit par la force, soit par la tromperie. Car jamais il ne consentira de lui
      même. Je te trouve bien pessimiste…

      L’inertie d’un peuple relativement nanti, – les Français – est colossale.

      La facilité avec laquelle les différents gouvernements (de droite et de gauche) on changé radicalement la France ces trente dernières années montre le contraire. L’inertie des français est, elle
      aussi, un mythe. Et un prétexte commode pour ceux qui ne veulent rien changer. Si Sarkozy a pu faire une réforme radicale du système de retraites sans mettre le pays à feu et à sang, qu’est ce
      qui te fait penser qu’on ne pourrait pas faire la réforme inverse ?

      Mais si, en effet, on peut les ferrer. Des milliers le font chaque hiver : ils mettent des chaines aux roues !

      Peut-être, mais ils évitent de les clouer!

  17. Marcailloux dit :

    Bonjour,vous écrivez:
    Si Sarkozy a pu faire une réforme radicale du système de retraites sans mettre le pays à feu et à sang, qu’est ce qui te fait penser qu’on ne pourrait pas faire la réforme inverse ?

    Ah bon! une réforme qui ne serait probablement pas abolie par une majorité de gauche en 2012 ?, une réforme en trompe l’oeil qui n’a en rien changé sur les fondamentaux, qui n’a en rien touché aux
    écarts de situation entre le public et le privé, entre le régime général et les régimes particuliers, qui n’aborde évidemment pas le cas des parlementaires, des retraites chapeaux etc, etc,….. il
    serait trop long ici de réouvrir le débat.
    J’ai le sentiment, mais ce n’est que celui d’un citoyen de la rue,que dans le fond cette réformette arrange tout le monde: l’UMP qui montre qu’elle est “cap.”-c’est bon pour l’image- et le PS qui
    se sent dispensé, une fois de plus de traiter le problème avec toute l’équité qu’il mérite.
    Pour ce qui est du changement possible, je me sens plus réaliste que pessimiste. Ce qui me fait question c’est la méthode à employer pour faire évoluer les mentalités pour être en condition de
    réaliser un réel changement.Vous le soulignez d’ailleurs fort bien dans un de vos commentaires sur le blog de JLM au sujet d’une fable “adaptée” par un intervenant.Si les “citoyens” sont dans leur
    majorité, véritablement adeptes d’une “révolution citoyenne” comment expliquez vous le manque absolu de curiosité que suscite le programme du PG.Il suffit pour s’en convaincre de noter le nombre de
    lectures enregistrées pour chacun des articles.En ce qui concerne l’agriculture par exemple, on est autour de 70 lecteurs(ou lectures…). Sidérant pour un peuple -de 65 M. d’habitants- avide de
    changement.Faudrait-il que JLM ou d’autres se mettent en tutu et aillent se produire chez Ardisson ou consort sur TF1, pour attirer une curiosité réelle.La fameuse question “les Français
    sont(ils)des veaux” reste toujours d’actualité.
    Re-sourire de nouveau, les automobiles les plus performantes sur terrain glissant, verglacé, ont toutes des roues cloutées,qui sont à l’auto ce que sont les sabots au cheval.Comme quoi,………
    toute affirmation, même “sonnant” bien,peut correspondre à une contre vérité.
    N’y voyez aucune malice.
    Toujours au plaisir de vous lire.

    • Descartes dit :

      Ah bon! une réforme qui ne serait probablement pas abolie par une majorité de gauche en 2012 ?, une réforme en trompe l’oeil qui n’a en rien changé sur les fondamentaux [gna gna gna]

      Faut suivre la discussion, sinon on ne se comprend plus. Je ne prétend pas défendre la réforme Sarkozy des retraites. Je te l’ai donné comme exemple que la théorie selon laquelle les français
      feraient preuve d’une “énorme inertie” et rendraient toute réforme impossible est  fausse. Ces trente dernière années différents gouvernements ont pu conduire des réformes radicales
      (qu’onles aime ou non, c’est une autre question) avec une opposition des français remarquablement faible.

      Quant à l’idée que la gauche pourrait revenir sur la réforme en question… je te trouve bien naïf. La gauche au pouvoir n’est jamais revenue sur les réformes libérales executées par la droite.
      Au contraire: revenue au pouvoir, elle les a en général continuées avec enthousiasme. Il n’y a qu’à voir les privatisations de la “gauche plurielle”.

      Si les “citoyens” sont dans leur majorité, véritablement adeptes d’une “révolution citoyenne” comment expliquez vous le manque absolu de curiosité que suscite le programme du PG

      Avant de se demander si les citoyens sont en leur majorité adeptes d’une “révolution citoyenne”, il faudrait savoir en quoi elle consiste. Les citoyens sont en fait très réalistes: ils ne
      lâcheront pas la proie pour l’ombre. Toutes les enquêtes montrent que nos concitoyens sont pleinement conscients des tares du capitalisme. Mais en même temps, ils se rendent compte que ce
      capitalisme, bon an mal an, permet à l’immense majorité de nos concitoyens une vie somme toute agréable. Et qu’un bouleversement n’apportera pas forcément des améliorations. Ce sentiment est
      particulièrement fort dans les classes moyennes, qui sont les véritables gagnantes de l’affaire.

      Le “manque de curiosité” de nos concitoyens est logique. Depuis des lustres la “gauche radicale” construit ses châteaux dans l’air et s’occupe essentiellement des problématiques qui concernent
      les classes moyennes. Pour ne donner un exemple, il faut relire dans les discours de se dirigeants et dans ses textes de congrès les envolées sur le chômage des jeunes diplômés, souvent rédigés
      sur le ton “même les diplômés ne trouvent pas de travail”. Comme si le chômage était acceptable lorsqu’il touche les non-diplômés, et devenait tout à coup scandaleux lorsqu’il touche ceux qui le
      sont. C’est à dire, ô étrange coïncidence, les fils des classes moyennes. Le PG, après un départ qui laissait espérer autre chose, est devenu un groupuscule comme les autres. Comment s’étonner
      alors le “manque de curiosité” pour un discours qui ne fait que répéter les mêmes vieilles lunes qu’on entend de puis 1968, les références républicaines en moins ?

      Il suffit pour s’en convaincre de noter le nombre de lectures enregistrées pour chacun des articles.En ce qui concerne l’agriculture par exemple, on est autour de 70 lecteurs(ou
      lectures…)

      Et c’est encore trop. Pourquoi les gens iraient perdre leur temps à prendre connaissance d’un ramassis d’idées éparses, non hiérarchisées, non chifrées, et dont aucune n’est vraiment nouvelle ?
      Qu’est ce que cela apporte au lecteur ? Pour que les citoyens soient intéressés, il faut leur offrir quelque chose d’intéressant. Donner un sens au monde qui les entoure, et montrer comment on
      peut le changer. Un catalogue de chez Yaquafoquon n’intéresse personne.

      Si l’on veut intéresser les gens, il faut arrêter de se mettre en tutu chez Ardisson et revenir aux fondamentaux. En d’autres termes, il faut travailler sur les textes, il faut faire marcher la
      calculette, il faut prendre du temps pour réunir des experts et les faire travailler, il faut aller discuter avec les acteurs de terrain et analyser leurs attentes. Et il faut former les mlitants
      capables d’impulser ce mouvement. En un mot, il faut bosser sérieusement. Et ça, désolé, mais personne ne semble avoir envie de le faire.

  18. Marcailloux dit :

    Vous écrivez :
    « Quant à l’idée que la gauche pourrait revenir sur la réforme en question… je te trouve bien naïf. »
    A ma phrase
    « Ah bon! une réforme qui ne serait probablement pas abolie par une majorité de gauche en 2012 ? »
    A part une légère interprétation rhéthorique possible par l’emploi du conditionnel, je ne dit strictement rien d’autre et bien sur ne me fais aucune illusion à ce sujet.
    D’autre part, pour moi le manquede curiosité, surtout pour un peuple qui se reconnaît frondeur, n’est pas une suite logique mais une tare. Il faut savoir ce que l’on aime – on dirait du Ferrat-
    soit faire l’autruche et se taire, soit faire le coq et alors la curiosité systématique s’impose.
    Quand je relate la faible lecture du programma du PG, je déplore non pas un manque de catéchuménat des sympatisants, mais probablement le fait que la quasi totalité de ceux qui parlent de ce sujet
    n’ont pas pris la peine de s’informer sauf par oui-dire.
    C’est cepandant vrai que sa lecture est laborieuse et la forme un peu désolante par son verbiage idéologique.
    C’est vrai que pas un seule approche chiffrée n’y apparaît et cela me rend plus que circonspect.
    C’est vrai que certaines mesures frisent à mon sens la débilité
    C’est vrai aussi , et c’est essentiel, on ne ressent pas une vision, un dessein, une stucture intellectuelle qui donne véritablement un sens.
    C’est pourquoi je m’abstiens d’ailleurs à « japper » de joie ou de dépit avec la meute du blog JLM. N’ayant pas de message à passer, toute contribution de ma part me semble vaine.
    A+

  19. julien dit :

    “Sans entrer dans les débats historiques qui précèdent – j’en serais incapable -, je me demande néanmoins si nous ne sommes pas condamnés dans les sociétés démocratiques à subir les effets de la
    dichotomie inéluctable entre les « penseurs » : théoriciens de la politique, futurologues, sociologues, économistes,…..et les « acteurs » : gouvernants, experts, élus ….”

    La question de la place des penseurs dans la politique se pose au minimum depuis l’exécution de Socrate…

    “Personnellement, je pense que cette “impossibilité de penser le monde qui n’est pas encore” n’est qu’un prétexte à la paresse intellectuelle. On peut et je dirais même on doit penser ce “monde à
    venir”.”

    Roh mais totalement d’accord avec vous descartes ! Pour moi ce rejet de la prospective, qui est une des grandes avancées intellectuelles de la modernité philosophique, est un symptôme de la
    postmodernité irrationnaliste du gauchisme !

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