Primaire du PS: ou est le débat ?

Mes amis, j’ai bien mal dormi hier. Pas à cause de quelque chose de lourd que j’aurais pu manger. Pas non plus à cause d’activités oh combien charmantes et que la morale bourgeoise reprouve. Non. J’ai tout simplement commis l’erreur de regarder un film d’horreur. Vous savez, celui ou six aliens se battent, chacun voulant devenir maître et seigneur du vaisseau spatial. Ce qui était curieux, c’est qu’au lieu de s’eviscérer, les aliens restaient très poliment debout les uns à côté des autres, sans bouger… Et puis, faut dire que le script n’était pas terrible: pas une pointe d’humour, pas un jeu de mots, pas une phrase mémorable qu’on ait envie de garder pour la répéter aux copains.

 

Bon, trêve de plaisanteries. Oui, je me suis infligé le pensum de regarder cette pitoyable émission. Pourquoi ? Parce que j’avais envie de voir de quoi sera fait notre choix. et je dois dire que je n’ai pas été rassuré. Il est terrifiant de se dire que l’un de ces six ectoplasmes sera dans huit mois président de la République.

 

Faisons un sort d’abord au cas de Baylet. Jeudi soir, on aurait dit qu’il était venu pour l’enregistrement de “qui veut gagner des millions” et s’était trompé de studio. Et si encore il avait eu quelque chose à dire… mais ce n’était même pas une candidature de témoignage, puisqu’il n’avait absolument rien à dire. On avait de la peine pour lui.

 

Les cinq autres candidats étaient, si l’on peut dire, plus sérieux. Chacun d’eux avait quelque chose à dire. Le problème, c’est qu’il n’y avait dans leur discours le moindre projet personnel. A les écouter, on ne pouvait que penser à la formule de l’abbé de Bellecourt dans le film de Patrice Leconte (“Ridicule”): “j’ai prouvé l’existence de Dieu, mais je pourrais prouver le contraire s’il plaisait à Votre Majesté”. Comme de Bellecourt, les candidats socialistes avaient millimétré leur discours en fonction de ce qu’ils croient être les désirs (ou les prejugés) du public: équilibre des finances publiques, sortie du nucléaire…

 

Justement, le nucléaire était une fois encore le paradigme de l’irrationalité et du suivisme de nos cinq candidats. Rappelons d’abord que le PS a gouverné pendant cinq ans, de 1997 à 2002. Pendant ces cinq ans, deux des candidats étaient ministres, un était premier secrétaire du PS, deux étaient députés. Vous souvenez-vous avoir entendu un seul d’entre eux dénoncer la “dangerosité” du nucléaire ? Pas une seule fois. Ont-ils à l’époque proposé la fermeture de certaines tranches nucléaires, une sortie fut-elle graduelle du nucléaire ? Pas du tout. Ont-ils jugé que cette énergie ne collaborait pas à notre indépendence énergétique ? Pas d’avantage. En 2002, lors des discussions électorales, Jospin avait même provoqué une violente réaction des verts en refusant de renoncer au nucléaire (1): “« Ma réponse est claire, je ne suis pas pour que la France renonce au nucléaire […] Je l’ai dit à mes amis les Verts » (L. Jospin, 23 mars 2002). Pas plus Martine Aubry que Ségolène Royal, toutes deux ministres (tout comme Jean-Luc Mélenchon, ne l’oublions pas), que François Hollande, premier secrétaire du PS, n’a réagi à l’époque cette prise de position, qui ne faisait que confirmer une position constante du gouvernement de la “gauche plurielle”.

 

Jeudi soir, pourtant, tous les candidats sont tombés d’accord. Il faut sortir du nucléaire, affligé de tous les maux. La seule différence entre les candidats est la cadence de la sortie, pas son principe. Et on a envie de se demander: quant est-ce que les candidats ont réalisé la “dangerosité” du nucléaire ? Qu’est ce qui les a fait changer d’avis ? Une longue discussion avec les experts ? Des années d’étude des données ? Ou plutôt la lecture des sondages de ces derniers mois et la perspective de devoir conclure des alliances électorales avec les verts ? Et la question subsidiaire: est-il raisonnable d’élire à la première magistrature de l’Etat une personne qui ne fait que caresser le peuple dans le sens de ses préjugés ? Comme l’abbé de Bellecourt, on est prêt au PS – et pas que là, malheureusement – à soutenir tout et son contraire, selon ce que le souverain veut.

 

Au demeurant, on peut difficilement jeter la pierre aux candidats.Après tout, ils ne font que jouer un jeu dont ils ne fixent pas les règles. On sait ce qui est arrivé à ceux (Chèvenement, Séguin…) qui ont voulu faire de la politique en exprimant et en défendant des choix personnels au lieu de sacrifier aux conseils des communiquants et de pratiquer la technique des “groupes-cible” : après avoir été marginalisés, réduits aux deuxièmes rôles, ils ont eu droit aux funérailles nationales.  Qui peut reprocher à Aubry, Hollande, Valls, Montebourg et Royal de vouloir jouer les rôle de Priam plutôt que celui de Cassandre ?

 

Aujourd’hui, pour monter sur la plus haute marche du podium politique, il faut non seulement emprunter aux communiquants les techniques pour transmettre son message. Il faut leur demander le message lui même. Les communiquants ne se contentent pas seulement d’imposer la forme, ils imposent aussi le fond. Et la conséquence est qu’il nous est impossible de savoir ce que les politiques qui briguent nos suffrages pensent vraiment, ce qui est dans leur coeur et dans leurs tripes une fois qu’ils ont remisé l’habit de lumières. On peut même se demander si au bout de tant d’années leur déguisement n’est pas devenu une partie d’eux mêmes. Si après avoir changé d’avis tant de fois sur ordre ou par intérêt, il leur reste quelque chose de personnel, une analyse, un projet qui ne soit pas purement utilitaire (2).

 

Le seul qui échappe – un peu – à ce diagnostic désespérant est Manuel Valls. D’abord, parce qu’il est capable d’articuler un discours fort et qui ne sent pas trop l’agence de com (3). Ensuite, parce qu’il est capable de prendre une certaine hauteur et ne pas égrener des propositions qui de toute évidence sont calibrées en fonction de tel ou tel groupe d’intérêt. Mais il ne va pas pour autant jusqu’au bout de la démarche en construisant un projet personnel. Par exemple, il répète comme un écho la vulgate économique du PS qui est de défendre “l’équilibre des comptes publics” (pour faire sérieux) tout en demandant plus de croissance (pour faire social) alors que ces deux objectifs, en période de crise, sont parfaitement contradictoires.

 

Dans huit mois, on aura à choisir entre l’un de ces six et Nicolas Sarkozy. Ca donne envie de se flinguer.

 

 

Descartes

 

 

(1) http://www.liberation.fr/politiques/0101407468-le-nucleaire-fait-reverdir-mamere

 

(2) De ce point de vue, la palme d’or revient sans doute à Segolène Royal, qui continue à répéter “la france souffre” tout en exhibant son sourire Colgate. A croire qu’elle ne comprend pas ce qu’elle dit.

 

(3) Par exemple, en évitant la répétition obsessionnelle d’une formule apprise par coeur, (“la France est abîmée” (Martine Aubry), “juste et équitable” (Ségolène Royal), “la démondialisation” (Montebourg)).

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27 réponses à Primaire du PS: ou est le débat ?

  1. Trubli dit :

    Le projet de Montebourg est le meilleur des 6. Mais pour l’avoir vu au colloque du 14 septembre, je pense qu’un Chevènement ou Dupont Aignan sont plus habités par ce projet de demondialisation.
    L’ami Valls a reçu un satisfecit du journal The economist. Ça veut dire que c’est un libéral laissez-fairiste â la Tony Blair.

    • Descartes dit :

      Le projet de Montebourg est le meilleur des 6.

      Quel “projet” ? Le problème de cette campagne qui commence, justement, c’est qu’il n’y a pas de “projet”. Les politiques qui se présentent ne fonctionnent pas sur la conviction, mais sur un vieux
      principe de marketing, celui des “cibles”. Vous choisissez la “cible” que vous voulez toucher, et puis vous fabriquez le discours qui attire cette “cible”. Si le discours de Montebourg vous
      plaît, c’est que vous appartenez au groupe qu’il a choisi pour cible, et que les communiquants ont bien fait leur boulot. Mais cela ne préjuge en rien de ce que Montebourg pense vraiment.

      La meilleure preuve de ce mécanisme est la facilité avec laquelle les politiques changent radicalement de position lorsqu’ils changent de “cible”. En 2007, devant Sarkozy, la Madonne des Sondages
      n’était nullement pour la sortie du nucléaire, pas plus qu’elle ne faisait un cheval de bataille de l’équilibre des comptes publics. Est-ce raisonnable de penser qu’elle ait changé radicalement
      de position en cinq ans ? Bien sur que non. Elle a changé tout simplement de cible. Dans le cas Aubry, c’est encore plus flagrant: en quelques semaines, sondages aidant, elle est passé de “sortir
      du tout-nucléaire” à “sortir du nucléaire”. Une révélation subite, peut-être ?

      En politique, j’ai une règle: j’accepte que l’homme politique change d’avis – après tout, il n’y a que les imbéciles qui refusent d’en changer – mais j’exige de lui qu’il m’explique pourquoi il a
      changé. S’il ne le fait pas, méfiance: c’est probablement un changement opportuniste. Je crois à la bonne foi de Chèvenement parce qu’il a écrit des livres expliquant pourquoi il s’était trompé.
      Je ne crois pas à celle de Montebourg ou de Mélenchon parce qu’ils font semblant de n’avoir jamais soutenu autre chose que ce qu’ils défendent maintenant.

      L’ami Valls a reçu un satisfecit du journal The economist. Ça veut dire que c’est un libéral laissez-fairiste â la Tony Blair.

      Ils le sont tous. Mais seul Valls a le courage de le dire tout haut la politique qu’ils appliqueront tous s’ils arrivent au pouvoir. Faut-il lui reprocher ?

       

  2. argeles39 dit :

    « Justement, le nucléaire était une fois
    encore le paradigme de l’irrationalité et du suivisme de nos cinq candidats. »

    Oui, ils ont caressé une partie de la population  dans le sens du poil, en assimilant l’énergie électrique à un stock de confiture (si vous n’aimez pas la confiture de fraise, on réduira votre consommation de 25
    % et à la place vous aurez de la confiture d’abricot, elle sera bio bien sur…….). Je suis étonné qu’ils ne soient pas allés au bout du grotesque, en faisant référence au scénario
    « Négawat » ou bien  à la géothermie (peut être pour ne pas plagier Méluche ?).

    Tout ça est dérisoire et pathétique car le principe de réalité physique
     s’imposerait de lui-même si d’aventure un des six  venait à prendre les manettes (s’ils ne sont pas
    assez fous pour démanteler des réacteurs sans, au préalable,  avoir mis en place une solution de remplacement efficace et pérenne), mais c’est
    néanmoins inquiétant car révélateur d’une indigence qui couvre probablement d’autres domaines, et notamment celui de l’économie.

    Sarko est loin d’avoir perdu la bataille de 2012………

  3. Mohican dit :

    Bonjour Descartes,

    Les Verts conservent vis à vis du PS un pouvoir de nuisance qui oblige ce dernier à faire des concessions, au moins pour ce qui est des discours et des promesses.

    Certes, Jospin refusait de sortir du nucléaire, mais il avait troqué le soutien écologiste à la gauche plurielle contre l’abandon de Superphénix, comme le regrettait Charpak peu avant sa mort :

    “Après quelques problèmes techniques inévitables pour un prototype, et malgré de très nombreux problèmes administratifs puis politiques, Superphénix a remarquablement fonctionné pendant un an. Sa
    fermeture en 1998 résulta d’une exigence des Verts de Dominique Voynet, pour participer au gouvernement Jospin.”

    http://www.liberation.fr/societe/0101651202-nucleaire-arretons-iter-ce-reacteur-hors-de-prix-et-inutilisable

     

    Le problème reste à peu près le même, le PS ayant toujours besoin des voix d’EE-LV (mon Dieu, ce sigle…) pour l’emporter ; à tout prendre, Hollande semblant moins démagogique qu’Aubry de ce
    point de vue, sa candidature est sans doute préférable.

    • Descartes dit :

      Les Verts conservent vis à vis du PS un pouvoir de nuisance qui oblige ce dernier à faire des concessions, au moins pour ce qui est des discours et des promesses.

      Je n’en suis pas convaincu. Les Verts font beaucoup de bruit médiatique, mais en termes électoraux, il n’est nullement évident que le vote anti-nucléaire soit plus important que le vote
      pro-nucléaire. Et chaque fois que les socialistes – où n’importe qui d’autre, suivez mon regard – cède au “chantage” des antinucléaires, il perd des voix d’un côté et il en gagne de l’autre.
      Personne n’a pour le moment démontré que le bilan soit positif. Sarkozy a fait le pari contraire dans sa campagne, et on ne peut pas dire que cela lui ait porté du tort. Personnellement, je
      connais pas mal d’anciens collègues CGT qui ont voté Sarkozy à cause de ce choix.

      Le problème des “politiques professionnels”, c’est qu’ils recherchent plus les alliances d’appareil et l’appui des notables, plutôt que de s’adresser au peuple. C’est dans ce contexte que les
      ecolo-bobos ont un pouvoir considérable. Mais je ne suis pas sur que pour gagner une élection présidentielle l’appui des Verts soit indispensable.

      Certes, Jospin refusait de sortir du nucléaire, mais il avait troqué le soutien écologiste à la gauche plurielle contre l’abandon de Superphénix

      Jospin a voulu gagner sur tous les tableaux en donnant un petit peu à chacun. Il a fini par se les mettre tous à dos.

       

       

  4. Trubli dit :

    Descartes,

    il est évident que je reste soupçonneux envers Montebourg.

    mais je pense comme l’a démontré Philippe Murer et son association pour un débat sur le libre échange qu’il faut à notre tour retourner les armes de nos concurrents contre eux.

    Ok selon les sondages Hollande est favori pour remporter les primaires, et bien nous nous avons un sondage qui montre que les français sont favorables à un protectionnisme raisonné et on entend
    bien imposer ce thème dans le débat de l’élection présidentielle. Montebourg en parle, tant mieux. Le sujet commence à percer. De même que François Asselineau a été invité pour la première fois
    sur une chaine TV, et que les européistes en ont pris plein la poire : http://www.u-p-r.fr/videos/emissions-radio/francois-asselineau-invite-de-nicolas-doze-sur-bfm-business

     

    • Descartes dit :

      Ok selon les sondages Hollande est favori pour remporter les primaires, et bien nous nous avons un sondage qui montre que les français sont favorables à un protectionnisme raisonné et on
      entend bien imposer ce thème dans le débat de l’élection présidentielle.

      Il faut arrêter de raisonner en termes de sondages. Si l’on défend un “protectionnisme raisonné”, ce doit être pour des raisons de fond, et non pas parce que “les français y sont favorables”.
      Avec ce genre de raisonnement, on serait pétainiste en 1940.

      Montebourg en parle, tant mieux. Le sujet commence à percer.

      Marine Le Pen en parle aussi. “Tant mieux” ?

  5. marc malesherbes dit :

    un peu étonné par votre billet.

    Communicants ou pas, les hommes politiques pour être élus ont toujours cherché à satisfaire les souhaits d’une partie de l’électorat. Sinon comment pourraient-ils être élus ?

    Ce que pense vraiment l’homme politique n’est pas le problème (le sait-il lui même?).

    En tant qu’électeur, ce qui compte c’est la politique qu’il appliquera si il parvient au pouvoir, ou encore le message que les votes qu’il va receuillir envoient au pouvoir si on vote pour un
    “minoritaire”.
    Un bon exemple est le vote FN: les électeurs du FN ont peu d’espoir de voir leurs candidats élus, mais le message qu’ils envoient est entendu. Il n’y a qu’à voir les contorsions de l’UMP sur la
    sécurité, l’immigration … et même les candidats de gauche sont devenus “sécuritaires”.

    En ce qui concerne le PS, il a une chance (faible?) de gagner les présidentielles. Il faut donc essayer de deviner ce que fera son candidat s’il est élu.
    Et l’émission dont vous parlez donne des indications.

    La principale est qu’il n’y a toujours pas de différence “programmatique” entre M Aubry et F Hollande.

    Et que tout les deux (pour l’instant) se situent dans la doxa du jour: austérité à venir dans le cadre de l’Europe etc …
    Comme N Sarkoty lui-même. Par contre on peut estimer (c’est mon cas) que dans ce cadre, ils agiront plus intelligement.

    Néammoins, je suis suffisament éloigné du “cadre européen” d’aujourd’hui pour voter au premier tour pour un autre candidat (à définir …). Non parce qu’il sera élu mais parce que cela enverra un
    message.

    • Descartes dit :

      Communicants ou pas, les hommes politiques pour être élus ont toujours cherché à satisfaire les souhaits d’une partie de l’électorat. Sinon comment pourraient-ils être élus ?

      Et bien… en éduquant l’électorat pour que celui-ci les suive, pardi. Je crois me souvenir que Churchill n’a pas cherché à faire plaisir aux partisans de l’appaisement, pourtant majoritaires en
      Angleterre dans les annés 1930, pas plus que De Gaulle n’a cherché à faire plaisir aux partisans du régime d’assemblée, majoritaires – et de loin – entre 1946 et 1958. Marchais est allé expliquer
      à Plogoff que le PCF était favorable à la construction de la centrale nucléaire, et Lucien Newirth s’est battu pour faire passer sa proposition de loi sur la légalisation de la contraception
      alors que tout le monde lui avait bien expliqué qu’il sacrifiait ce faisant sa carrière politique. Bien entendu, il y a toujours eu des démagogues. Mais tous les hommes politiques n’en étaient
      pas. C’est avec la professionnalisation de la politique qu’on a vu apparaître une couche de politiciens qui n’ont pas d’autre projet que celui de monter dans la “carrière”.

      Ce que pense vraiment l’homme politique n’est pas le problème (le sait-il lui même?).

      Ca dépend de l’idée qu’on se fait de l’homme politique. Si pour toi sa fonction n’est que d’être le porte-parole de ses électeurs, alors effectivement ce qu’il pense vraiment n’a aucune
      importance. Par contre, si l’on conçoit l’homme politique comme entretenant avec ses électeurs un dialogue, alors cela devient fondamental.

      En tant qu’électeur, ce qui compte c’est la politique qu’il appliquera si il parvient au pouvoir, ou encore le message que les votes qu’il va receuillir envoient au pouvoir si on vote pour un
      “minoritaire”.

      Bien entendu. Mais “la politique qu’il appliquera s’il parvient au pouvoir”, quelle sera-t-elle ? Celle qui fera plaisir à ses électeurs ? Celle qui lui évitera l’inimitié de tel groupe de
      pouvoir ? Celle qui suivra la ligne de moindre résistance ? Ou celle qui correspond – aux compromis inévitables près – à un projet longuement mûri ? Pour répondre à la question, le fait de savoir
      ce que l’homme politique pense vraiment me paraît indispensable.

      Vous avez raison par contre pour les candidats “de témoignage”: ce que pense vraiment le candidat est profondément indifférent, puisque les électeurs le votent uniquement pour marquer leur accord
      avec le discours public qu’il porte. Le cas du FN est de ce point de vue emblématique.

      En ce qui concerne le PS, il a une chance (faible?) de gagner les présidentielles. Il faut donc essayer de deviner ce que fera son candidat s’il est élu. Et l’émission dont vous parlez donne
      des indications.

      Pour savoir ce que le candidat socialiste fera s’il était élu, l’émission en question n’apporte rien de bien nouveau, du moins pour ceux qui connaissent la trajectoire des candidats et celle du
      PS au pouvoir.

      La principale est qu’il n’y a toujours pas de différence “programmatique” entre M Aubry et F Hollande.

      Mais vous avez dit vous même que cela n’a aucune importance, puisque seul importe “la politique que le candidat appliquera s’il parvient au pouvoir”. Car, comme vous le notez, on n’est pas ici
      dans le cadre d’une candidature de témoignage.

       

  6. Trubli dit :

    Je défends un protectionnisme raisonné pour des raisons de fond que je n’ai pas le temps d’expliquer ici en détail.

    L’emploi des sondages est une réponse à l’objection courante “Mon bon monsieur vous n’y pensez pas, les français de toute façon n’en voudraient pas”. Et bien les sondages permettent de faire
    constater à ces laissez-fairistes que la population n’est pas aussi sotte qu’ils le pensent et même que leur position est en réalité minoritaire dans le pays.

    Voter pour un Montebourg lors de ces primaires est donc pour moi un moyen d’envoyer un message aux deux principaux clowns du PS, Hollande le fils spirituel du père Queille et Aubry fille de son
    papa libéral charitable. Je ne pense pas que Montebourg gagnera, mais un bon score est un moyen supplémentaire de mettre la pression sur les sociélos.

    • Descartes dit :

      Voter pour un Montebourg lors de ces primaires est donc pour moi un moyen d’envoyer un message

      Montebourg a d’ores et dejà déclaré qu’il soutiendrait sans réserve ni négociation aucune le candidat désigné par les primaires. En d’autres termes, Montebourg semble penser que son “projet” est
      totalement compatible avec ce que pourraient faire Hollande, Aubry ou Royal (et même Valls, même si sa désignation est peu probable). Dans ces conditions, on peut sérieusement s’interroger sur la
      nature du “message” qui sera envoyé par ceux qui voteront Montebourg.

      Par ailleurs, je ne me souviens pas que Montebourg ait donné de la voix quand Jospin privatisait à tour de bras. Et j’ai tendance à me méfier des socialistes qui n’ont de bonnes idées que
      lorsqu’ils sont dans l’opposition.

       

       

  7. Trubli dit :

    Entre l’époque Jospin et maintenant il y a juste eu une crise comme on n’en connait qu’une fois par siècle. Cela a du en faire réfléchir quelques un au parti socialiste. 

    Ensuite il s’agit d’une primaire et non de mon vote pour le premier tour de l’élection présidentielle où mon choix serait tout autre. Là un Chevènement ou un Dupont Aignan ou même Asselineau s’il
    arrive à se présenter auraient plus mes faveurs.

    Je pense que tant que Montebourg ne quittera pas le PS, il sera obligé de louvoyer. Il ne peut pas défier directement le parti en evoyant paitre le programme.

    Mitterand a fait volte face au bout de deux ans parce que leur programme était mal fagoté – la contrainte extérieure n’a existé que parce que l’on n’a pas voulu dévaluer et qu’on a fait le choix
    de se soumettre à l’Allemagne – et qu’en fait ils n’y croyaient pas. Donc oui il faut se méfier des sociélos comme le lait sur le feu car ils n’auront jamais la franchise des libéraux de
    droite. 

    • Descartes dit :

      Entre l’époque Jospin et maintenant il y a juste eu une crise comme on n’en connait qu’une fois par siècle. Cela a du en faire réfléchir quelques un au parti socialiste. 

      Je vois que vous êtes un grand optimiste. Si les crises, même celles qui arrivent “une fois par siècle”, faisaient réflechir quelques uns au PS, cela se saurait. Souvenez vous que lorsque les
      socialistes arrivent au pouvoir en 1981, c’était aussi une “crise qui arrive une fois par siècle”. Croyez vous vraiment que cela les ai beaucoup fait réflechir ?

      Là un Chevènement ou un Dupont Aignan ou même Asselineau s’il arrive à se présenter auraient plus mes faveurs.

      Pour ce qui me concerne, Chèvenement probablement, Dupont-Aignan peut-être, Asselineau j’avoue que je ne connais pas assez. Mais les deux derniers sont clairement des candidats de témoignage.
      Seul Chèvenement a une chance de porter ses idées dans un poste de gouvernement.

      Je pense que tant que Montebourg ne quittera pas le PS, il sera obligé de louvoyer. Il ne peut pas défier directement le parti en evoyant paitre le programme.

      Et s’il quitte le PS ? Il irait où ? Je crois qu’il faut tirer les conclusions de l’expérience Mélenchon. Si Jean-Luc a pu quitter le PS sans disparaître, c’est parce qu’il avait négocié
      auparavant un accord avec le PCF. Et même ainsi, il n’a pas pu résister au courant “gauchiste” qui l’a emporté. Le problème est tout simplement qu’il n’y a pas une base sociologique pour un
      mouvement à gauche du PS qui ne soit pas le marigot de la “gauche radicale”. Et celui-ci représente 8% des électeurs à tout casser. Si Montebourg quittait le PS, il ne serait qu’un de plus à
      essayer de pêcher dans ce marigot-là.

      La tragédie de la “gauche radicale” est qu’elle n’a ni l’envie, ni les moyens intellectuels d’aller chercher disputer l’électorat populaire au Front National. Une enquête récente montre ce
      divorce. A la question “faut il continuer à aider la Grèce ?” ce sont les électeurs de gauche qui sont les moins défavorables (58% tout de même) alors que les électeurs de droite sont contre à
      70% et ceux du FN à 90%. Et où sont les ouvriers ? Et bien, ils votent “non” à 80%. Symptomatique, n’est ce pas  ? (Sondage IFOP-Dimanche Ouest France publié dimanche dernier). Tu vois
      Montebourg avec son discours aller disputer l’électorat ouvrier ?

       

       

       

       

  8. Trubli dit :

    Montebourg a au moins deuxmérites, c’est le seul avec Peillon a s’être vraiment intéressé aux paradis fiscaux lors du mandat de Jospin. Peut-être était-ce une posture, vous semblez être bien au
    informé en tout cas mieux que moi. Et le seul qui songe à réformer le cadre institutionnel. 

    • Descartes dit :

      Montebourg a au moins deux mérites, c’est le seul avec Peillon a s’être vraiment intéressé aux paradis fiscaux lors du mandat de Jospin.

      Je ne dis pas qu’il soit sans mérites. Mais “s’être intéressé aux paradis fiscaux” n’est pas pour moi un titre suffisant. On est en droit de demander d’un candidat à la présidence de la
      République un peu plus de hauteur. J’aurais tendance à dire que son opposition à Maastricht – à une époque où l’establishment PS était unanimement pour, Mélenchon compris – plaide bien plus en sa
      faveur que sa position sur les paradis fiscaux ou son obsession de faire juger Chirac.

      Et le seul qui songe à réformer le cadre institutionnel. 

      Oui, mais il n’explique toujours pas d’une manière convaincante ce qu’il voudrait mettre à la place. Si l’on se fie à ses déclarations, ce serait un retour à la IVème et au régime des partis.
      Est-ce cela que nous voulons ? Moi, en tout cas, non. Je l’ai dit plusieurs fois sur ce blog: je veux des institutions fortes et responsables. Pas un système de dilution de la
      responsabilité.

       

  9. Darthé-Payan dit :

    Certes, il y eu ici ou là des nuances d’appréciation, de propositions, d’analyse sur le nucléaire, sur la crise, sur les banques, sur les finances publiques, sur les emplois jeunes, sur la
    légalisation ou pas du cannabis, etc… mais bien superficielles pour qu’il ait une ligne divergente ou alternative.

    Telles que les choses s’engagent ou sont engagées rien d’alternative, rien de sursaut républicain de Salut public ne transpiraient des propos des six concurrents aux primaires socialistes. Il a
    fallu pratiquement attendre plus de deux heures de débat pour qu’un Arnaud Montebourg – celui qui a pour projet la Démondialisation et qui fût certes brillant mais aussi pas mal ampoulé – ne
    prononça le mot souveraineté ! Ce qui démontre, que pour les cinq autres postulants à la candidature, le mot de souveraineté ne fait plus partie de leur vocabulaire politique et idéologique. Ce
    débat a eu le mérite de (dé)montrer que la souveraineté de l’Etat-Nation et la souveraineté du peuple citoyen sont les derniers des soucis des Socialistes !

    Le glissement du PS vers un parti social libéral et écologiste semble s’affirmer, certes, plus ou moins rapidement selon les candidats. Mais cette évolution semble irréversible ! La Maire de
    Lille et ancienne Première Secrétaire du PS, Martine Aubry, semble tenir le pompon de cette évolution qu’elle souhaite rapide et qui mène son parti tout droit à la soumission à l’idéologie
    dominante qu’est devenu l’écologie idéologique et anti-nucléaire dans notre pays !

    “Dans huit mois, on aura à choisir entre l’un de ces six et Nicolas Sarkozy. Ca donne envie de se flinguer.”

    Ta phrase de conclusion résume à merveilles, ce qu’un citoyen républicain peut ressentir en voyant les responsables politiques socialistes candidats aux primaires et à la présidentielle tellement
    domestiqués par l’idéologie écolo-libertarienne et surtout européiste !

    Un autre très mauvais exemple s’est donné en spectacle (médiatico-politique). Je veux parler de Jean-Luc Mélenchon !

    La caricature que Mélenchon a donné à voir de son programme, dans l’émission de Laurent Ruquier “On n’est pas couché” sur France 2, en dit long sur l’incapacité du personnage à sortir des
    postures et des slogans dans lesquels il se complaît et use et abuse à longueurs d’apparitions médiatiques.

    Ni le PS, ni le Front de Gauche n’annoncent et ne proposent un sursaut républicain ! Ce sursaut républicain que j’appelle Salut public !

    Bonne soirée à toi. D-P.

    • Descartes dit :

      Ce débat a eu le mérite de (dé)montrer que la souveraineté de l’Etat-Nation et la souveraineté du peuple citoyen sont les derniers des soucis des Socialistes !

      Je doute qu’il y eut le moindre doute dans l’esprit de qui que ce soit à ce sujet. De toute façon, la souveraineté est un attribut précieux pour ceux qui veulent faire des choses. La souveraineté
      leur permet d’obtenir un mandat clair pour faire, et de mettre de côté les obstacles juridiques. Pour ceux qui n’aspirent qu’à durer en suivant la ligne de moindre résistance, la souveraineté est
      au contraire un attribut encombrant: être souverain, c’est être responsable. Mieux vaut laisser le pouvoir et la responsabilité qui va avec à quelqu’un d’autre (la Commission européenne, le
      Conseil, la CJUE…). Comme ça, quand il y a un problème on peut toujours se laver les mains sur le mode “je veux bien, mais je peux point”.

      La caricature que Mélenchon a donné à voir de son programme, dans l’émission de Laurent Ruquier “On n’est pas couché” sur France 2, en dit long sur l’incapacité du personnage à sortir des
      postures et des slogans dans lesquels il se complaît et use et abuse à longueurs d’apparitions médiatiques.

      J’avoue que je n’ai même pas regardé. Je trouve que ce genre d’emission est une insulte à l’intelligence. Si Mélenchon a envie de jouer au clown, c’est son problème. C’est du spectacle, pas de la
      politique, et ce qu’on dit dans ce genre d’émission est pour moi nul et non avenu. Et à ceux qui disent “qu’il faut bien”, puisqu’on est dans une société médiatique, jouer le jeu, je répondrai
      que Nicolas Sarkozy n’est jamais allé à ce genre d’émission du jour où il s’est déclaré candidat à la présidence. Et cela ne l’a pas empêché d’être élu. Les citoyens sont beaucoup moins bêtes que
      les bobos de gauche ne le croient.

       

       

       

       

  10. ronx dit :

    Montebourg a d’ores et dejà déclaré qu’il soutiendrait sans réserve ni négociation
    aucune le candidat désigné par les primaires. En d’autres termes, Montebourg semble penser que son “projet” est totalement compatible avec ce que pourraient faire Hollande, Aubry ou Royal (et
    même Valls, même si sa désignation est peu probable). Dans ces conditions, on peut sérieusement s’interroger sur la nature du “message” qui sera envoyé par ceux qui voteront Montebourg.”

     

    Je comprends que dans un parti, il faut qu’il y ait un peu de discipline et que si on est minoritaire au moment des élections il faut soutenir le courant majoritaire à ce moment donné. Maintenant
    je veux pas trop m’aventurer sur ce que Montebourg pense exactement, mais j’ai assisté au colloque fin août avec Chevenèment et Montebourg, et j’ai eu l’impression que Montebourg considèrait son
    projet comme un peu incompatible avec ceux d’autres candidats à la primaire. Donc je trouve que ce que t’as écris ne me semble pas très honnête, mais je peux me tromper (j’ai regardé qu’à moitié
    le débat des primaires).

     

    “Par ailleurs, je ne me souviens pas que Montebourg ait donné de la voix quand Jospin privatisait à tour de bras. Et j’ai tendance à me méfier des socialistes qui n’ont de bonnes idées que
    lorsqu’ils sont dans l’opposition.”

    Bonne remarque.

    • Descartes dit :

      Je comprends que dans un parti, il faut qu’il y ait un peu de discipline et que si on est minoritaire au moment des élections il faut soutenir le courant majoritaire à ce moment donné.

      Quand les désaccords portent sur des points secondaires, je suis d’accords. Mais lorsque le désaccord porte sur des points fondamentaux, vitaux, alors si on n’est pas écouté, on part. Comme le
      fit en son temps Chèvenement. Lorsque quelqu’un me dit “je suis antilibéral, je suis contre l’Euro, je suis contre la casse industrielle, mais si la majorité de mon parti est de l’avis contraire,
      je suis prêt à soutenir une politique libérale, europhile et la casse de notre industrie”, je me méfie.

      Maintenant je veux pas trop m’aventurer sur ce que Montebourg pense exactement, mais j’ai assisté au colloque fin août avec Chevenèment et Montebourg, et j’ai eu l’impression que Montebourg
      considèrait son projet comme un peu incompatible avec ceux d’autres candidats à la primaire.

      Alors il faudrait qu’il m’explique comment il fait pour soutenir des candidats dont le projet est incompatible avec ses convictions profondes.

  11. julien dit :

    “Sursaut républicain”, “salut public”… phrases creuses.

    Ce que les Français reprochent aux politiques, c’est justement d’être les derniers à voir la politique comme un phénomène de masses, alors que les citoyens veulent qu’on s’occupe de LEUR cas A
    EUX. Ils veulent une individualisation totale de la politique, autre avatar de la politique “catégorielle” ou “communautaire”.

     

    Il est évident qu’aucun candidat ne saurait représenter la totalité des idées de quelqu’un (à part de quelques fanatiques touchés psychiquement). Surtout après que les idéologies se soient
    rompues depuis 20 ans, ce qui a donné deux courants opposés: d’un côté les minoritaires, pragmatiques, qui défendent une vision du monde a minima cohérente mais sans dogmatisme; de l’autre les
    post-idéalistes, qui vivent de grandes phrases, de yaka, quitte à les contredire tous en même temps. Du genre: “faut baisser les dépenses publiques et aussi mes impôts, mais je veux plus
    d’allocations et d’avantages”. Ou “il faut sortir le plus vite possible du nucléaire et baisser le prix de l’électricité”.

     

    Je peux me tromper (de toute façon il est bien probable que Descartes ne sera pas d’accord avec moi), mais il se pourrait bien que nous – ou du moins les pays développés, Etats de droits
    solidifiés de longue date – nous acheminions à très long terme vers une société où l’Etat en lui-même ne sera plus vraiment nécessaire. Les Belges eux-mêmes estiment que “finalement, on vit pas
    si mal sans gouvernement…”* Il ne l’est déjà plus pour assurer l’essentiel du confort de nos classes moyennes (que je considère plus étendues que selon Descartes); seul demeure la question du
    lissage des inégalités.

     

    Vissé dans un fauteuil, la tablette iPad (hisss) dans les mains pour lire libe.fr ou lefig.fr, le peuple veut-il vraiment encore un “grand dessein national” pour son avenir ?

     

    *ce qui ne veut pas dire que la présence d’un haut responsable ne se fera pas impérieuse sur une question cruciale, en politique extérieure par exemple, ni qu’un Etat moins développé du point de
    vue du droit, la Somalie au hasard, ne souffre pas de l’absence d’un pouvoir central.

    • Descartes dit :

      (…) alors que les citoyens veulent qu’on s’occupe de LEUR cas A EUX. Ils veulent une individualisation totale de la politique, autre avatar de la politique “catégorielle” ou
      “communautaire”.

      La politique, par définition, fait abstraction des individus. Les affaires politiques sont par essence impersonnelles. Parler de “individualisation de la plitique” n’a donc pas de sens: une
      politique “individualisée” cesse d’être politique.

      Que les citoyens veulent transformer leurs élus en nounou ou en assistante sociale, ce n’est pas une nouveauté. De tout temps ceux qui portaient un chef au pouvoir demandaient à celui-ci de
      s’occuper de leur situation particulière. Mais la politique nait justement lorsque le chef peut, au moyen d’institutions qui le protègent, s’abstraire des intérêts particuliers pour définir un
      intérêt général qui les dépasse. Nier cette séparation, c’est nier la politique elle même.

      il se pourrait bien que nous – ou du moins les pays développés, Etats de droits solidifiés de longue date – nous acheminions à très long terme vers une société où l’Etat en lui-même ne sera
      plus vraiment nécessaire. Les Belges eux-mêmes estiment que “finalement, on vit pas si mal sans gouvernement…”

      Vous me semblez confondre “Etat” et “gouvernement”. Si les belges peuvent estimer que “l’on ne vit pas si mal sans gouvernement”, c’est justement parce qu’en Belgique c’est l’Etat qui a pris le
      pas sur le gouvernement. Car en Belgique, que je sache, les policiers continuent à arrêter les voleurs, les juges à les condamner, les gardiens de prison à les enfermer. Les pompiers continuent à
      éteindre les feux, les professeurs à enseigner, les percepteurs à percevoir et les payeurs à payer les traitements. Ce qui est en cause en Belgique ce n’est pas la nécessité d’un Etat, mais la
      nécessité d’un gouvernement élu. La Belgique nous montre quelque chose qu’on savait déjà: qu’un Etat purement technocratique – c’est à dire dirigé par des fonctionnaires dont la seule légitimité
      est le savoir technique – est possible et même d’un certain point de vue souhaitable…

      Il ne l’est déjà plus pour assurer l’essentiel du confort de nos classes moyennes (…); seul demeure la question du lissage des inégalités.

      Pas seulement. Je me demande ce que deviendrait le “confort des classes moyennes” sans police, sans justice, sans armée, sans routes, sans contrôle aérien, sans lycées, sans universités… il ne
      faudrait tout de même pas exagérer: les classes moyennes sont ravies de vivre dans un pays où ce n’est pas la peine d’avoir des policiers privés pour protéger son appartement.

      Vissé dans un fauteuil, la tablette iPad (hisss) dans les mains pour lire libe.fr ou lefig.fr, le peuple veut-il vraiment encore un “grand dessein national” pour son avenir ?

      C’est une excellente question, à laquelle il est très difficile d’apporter une réponse définitive. Je reste convaincu que oui, mais c’est une opinion personnelle, fondée – j’en suis conscient –
      autant dans ma compréhension de la société que dans la conviction que, si l’on admet l’opinion contraire, autant se flinguer tout de suite.

  12. alacoure dit :

    Certes la prestation était assez pitoyable mais je pense qu’il y a un débat profond sousjacent : la question de l’égo. Seuls les socialos la mettent sur la table.

  13. alacoure dit :

    Oh c’est pourtant bien simple pour moi. Quand je vois qu’il existe plusieurs partis, je me dis que cette pluralité se justifie par d’importantes divergences d’analyses politiques. Alors
    lorsque des individus sont dans un même parti, je me dis que ces divergences sont faibles donc que les tensions seront elles aussi faibles à l’intérieur de ce parti. Mais lorsque je constate
    que ces tensions sont fortes dans un parti, je suis bien obligé de penser qu’elles sont dues à autre chose qu’à des divergences. Une fois sur cette piste, je confirme mon impression: plus les
    divergences sont faibles, plus les tensions sont fortes. Plus deux opinions sont identiques, plus ceux qui les défendent se détestent. Pourquoi ? nous sommes dans une
    problématique psychologique et non politique. A partir de là, j’émets l’idée que les divergences sont les conséquences des tensions et non les causes. Et de là…que les divergences sont de
    simples prétextes pour justifier les tensions. Et alors d’où proviennent les tensions ? S’il y a une place et plusieurs prétendants qui n’ont rien de différent à proposer, c’est qu’ils sont
    dominés par l’égocentrisme. Après tout, c’est certes un défaut mais bien naturel. Le danger serait que ce défaut ne puisse être maîtrisé. Pour être maîtrisé, rien de mieux que de ne plus le
    nier et de mettre cette question dans le débat public. Seuls les socialos en sont capables pour le moment.

    • Descartes dit :

      S’il y a une place et plusieurs prétendants qui n’ont rien de différent à proposer, c’est qu’ils sont dominés par l’égocentrisme. Après tout, c’est certes un défaut mais bien naturel. Le
      danger serait que ce défaut ne puisse être maîtrisé. Pour être maîtrisé, rien de mieux que de ne plus le nier et de mettre cette question dans le débat public. Seuls les socialos en sont
      capables pour le moment.

      Mais les socialos ne mettent pas cette question en débat, justement. Ils essayent au contraire de faire croire que les différences entre les candidats sont bien idéologiques, et non simplement
      personnelles. Aucun candidat aux primaires ne sort dire “vous savez, je suis tout à fait d’accord avec les autres prétendants sur ce qu’il faudrait faire, la seule différence avec eux c’est mon
      caractère”.

      Dans l’histoire politique française, c’est essentiellement la droite qui a pointé, et cela depuis longtemps, la primauté de l’Homme sur le Programme. C’est le gaullisme qui a le mieux théorisé ce
      point de vue en faisant de l’élection présidentielle un rapport direct entre “un Homme et le Peuple”. De son côté, la gauche a toujours insisté sur la primauté du collectif – et donc celle du
      programme – opposée à l’Homme, toujours suspecté de vouloir devenir un dictateur et dont il faut se méfier.

      Cette opposition tient au fait que la droite est pragmatique et la gauche est idéologique. Pour la droite, il n’y a pas de route tracée à l’avance. Le rôle d’un capitaine capable de changer de
      route en fonction des circonstances est donc essentiel. La gauche, au contraire, croit toujours en une “route” tracée à l’avance, et que l’élu n’aurait qu’à suivre. Avec l’exercice du pouvoir,
      les socialistes sont devenus pragmatiques, mais sans oser l’admettre. D’où cet exercice hybride que sont les primaires…

  14. alacoure dit :

    Je pense exactement ce que vous dîtes : les socialos font semblant. Ils ont besoin de prétextes justifiant leur ambition personnelle. Ce qui fait dire à certains de ceux qui écoutent leurs débats
    que ce n’est pas normal qu’ils soient dans le même parti s’ils ont d’aussi grandes divergences (comme Valls et Montebourg). Mais eux -mêmes peuvent répondre à cela que vu le paysage politique
    français ils n’ont pas de divergences suffisamment grandes pour justifier une séparation. Ce que je veux bien croire. Car il y a les divergences nécessaires à capter une partie de l’électorat
    pour justifier ses ambitions personnelles (divergences qui s’évanouiront lorsqu’un poste de ministre leur sera confié) et les divergences réelles qui empêcheraient leur participation à un
    gouvernement.

    Avec tout ça on ne résout rien biensûr mais on pose le problème en public : il y a l’ambition personnelle. Elle fait partie de la vie politique autant sinon plus que le programme. Cette question
    était et reste la tambouille interne de chaque parti (les socialos nous proposent d’en sortir !)avec toutes les magouilles, les arrangements, les coalitions, les trahisons, les
    compromissions, etc..que cela suppose. Le peuple n’était convié qu’à choisir un programme et à se soumettre à ceux qui avait gagné le pompon lors de ces embrouilles internes.

    Le ps ouvre les portes et les fenêtres avec les primaires. Il fait en sorte qu’elles soient l’affaire du peuple contrairement aux affirmations de Mélenchon. Il m’est impossible de ne pas y
    voir un progrès.

    En ce qui concerne le grand Charles, peut-être que la détestation de la politique des partis à poussé le peuple à préférer choisir l’humain que son programme ?

    On ne peut pas en rester à choisir soit le programme en niant la question de l’ambition personnelle soit le prétendant en niant l’importance du programme.

    • Descartes dit :

      On ne peut pas en rester à choisir soit le programme en niant la question de l’ambition personnelle soit le prétendant en niant l’importance du programme.

      Tout à fait. D’autant plus que les faits ont abondamment demontré que le plus beau programme du monde ne vaut que s’il est appliqué, et que beaucoup de politiques oublient leur programme dès le
      prononcé des résultats de l’élection.

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