Economie: l’illusion du “toutes choses égales par ailleurs”

On ne réalise pas souvent, mais l’une des différences entre le Français de ce début de XXIème siècle et celui du début du siècle précédent est la taille de la collectivité dans laquelle il vit. En 1900, la grande majorité des français vivait dans des collectivités relativement petites. Ses échanges économiques allaient rarement très loin: on gagnait ses sous dans l’usine du village ou l’on allait vendre ses bestiaux à la foire du village voisin. Et on les dépensait chez les commerçants du canton, souvent pour acheter des produits fabriqués avec du travail local. C’était le jeu de l’offre et de la demande locale qui faisait les prix. A l’aube des années 2000, tout cela a changé: on consomme de plus en plus des produits qui sont fabriqués par une chaîne de production complexe qui ne relève plus d’une économie locale, et on les achète chez des grandes surfaces qui couvrent une zone de chalandise qui dépasse de loin la communauté locale.

 

Un effet de ce changement de taille – qu’il ne s’agit pas pour moi de regretter, mais simplement de constater – est que les comportements individuels ont une influence décroissante sur les conditions économiques perçues par les acteurs. Dans une économie villageoise, la décision par quelques acteurs de changer leurs habitudes d’achat ou de vente pouvait avoir un effet important sur les prix. Que deux ou trois bourgeois décident d’installer l’électricité chez eux, et le fabriquant de chandelles se trouvait en faillite. Mais que pèse un changement dans les habitudes d’un client individuel lorsqu’il achète chez Carrefour un produit fabriqué dans une usine qui alimente la France entière ? Ce fait a une conséquence sur la pensée économique des gens: celle de croire que nos décisions peuvent être appréciées comme si l’environnement économique n’était pas modifié par celles-ci, comme si on pouvait raisonner “toutes choses égales par ailleurs”. Un bon exemple de ce raisonnement est la justification fournie par les resquilleurs dans les transports en commun – qui, ce n’est pas inutile de le rappeler, volent la collectivité du prix de leur ticket. L’argument, avec certaines variations, se résume à “qu’est ce que cela fait pour la RATP un euro de plus ou de moins”. Et cet argument trouve un écho dans les passagers, qui prennent souvent fait et cause pour le délinquant. L’idée que l’acte individuel est finalement sans effet sur les “grands” équilibres est répandue et presque généralement acceptée. Le modèle de ce raisonnement est cet humoriste qui demandait que chaque citoyen de lui envoyer un centime d’euro: pour celui qui envoie, le sacrifice est minime, mais pour le récepteur cela représente quelques centaines de milliers d’euro, une somme suffisante pour changer sa vie…

 

Au niveau individuel, le raisonnement n’est pas faux. Le problème, c’est qu’on a tendance à projeter cette réalité individuelle sur des comportements collectifs. Et c’est là que les ennuis commencent. Car si un resquilleur ne met pas en faillite la SNCF, ce n’est plus le cas lorsque ceux-ci deviennent nombreux. Lorsqu’on considère un comportement individuel, le principe de “toutes choses égales par ailleurs” marche. Lorsque le comportement individuel devient collectif – ou lorsqu’il est le fait d’un acteur ayant un poids économique important – la règle n’est plus vraie.

 

Cette confusion est à l’origine d’une forme “d’illusion de richesse”. Supposons que j’aie une action de Total. A la cotation d’aujourd’hui, cette action vaut 37,5 euro. Si je la vends à la bourse, j’obtiendrai 37,5 € en monnaie. Imaginons que j’aie 100 actions Total. Si je dis que ma fortune se monte à 3750 euro, je n’ai pas tort: si je me présente au guichet de ma banque et que je lui demande de vendre mes actions, c’est la somme qui me sera remise en numéraire. Mais que se passe-t-il si j’avais non pas 100 actions, mais un milliard ? Et bien, si j’essayais de vendre un milliard d’actions Total, je provoquerais l’effondrement des cours. En offrant quelques actions, je ne change pas significativement l’équilibre entre l’offre et la demande, et donc le prix. Mais en offrant un milliard, je provoque un effet dramatique à la baisse. Je toucherais non pas 37,5 milliards d’euro, mais beaucoup moins. Et cet effet n’est pas limité aux titres financiers: si je possède un appartement, je peux le vendre au prix du marché. Mais si j’en possède des dizaines de milliers… ce n’est plus la même chose.

 

Mais alors, à combien je dois estimer une fortune ou une entreprise pour être réaliste ? La question n’est pas simple, et fait l’objet de débats passionnés chez les spécialistes des questions comptables. Sauf dans le cas – très rare – où elle serait directement sous forme monétaire. Et encore: dès lors que je cherche à transformer cette monnaie en un bien réel, je dois compter sur le même effet: un particulier qui achète un appartement peut le faire au prix du marché. Mais un magnat qui met sur la table des milliards pour acheter de l’immobilier fait de ce seul fait monter les prix… et obtiendra en fait une surface inférieure à celle qu’on obtiendrait en multipliant simplement une opération particulière.

 

Conclusion: on ne peut pas raisonner de la même manière lorsqu’on considère des grandes masses et lorsqu’on parle de petites opérations individuelles. Dès lors qu’on dépasse certains chiffres, des effets non-linéaires apparaissent. Pour le dire d’une façon simple, si vous vendez dix actions vous obtenez dix fois le prix. Si vous vendez un milliard d’actions, vous n’en obtenez pas un milliard de fois le prix unitaire.

 

Le plus étonnant, c’est que nos hommes politiques n’ont toujours pas compris ce simple phénomène. Ou du moins, font semblant de ne pas l’avoir compris. L’exemple le plus éclatant est le débat sur la dette. On nous explique doctement que pour équilibrer les comptes publics il faut faire comme ferait une ménagère: il suffit de réduire les dépenses et d’augmenter les recettes. Seulement, lorsqu’une ménagère décide de remplacer les poireaux par des navets pour faire des économies, le marché du poireau ne s’écroule pas. Le raisonnement de nos politiques suppose qu’en réduisant les dépenses et en augmentant les recettes de l’Etat le reste de l’économie continuera à fonctionner comme si de rien n’était. Or, ceci est vrai si les réductions de dépenses et les augmentations d’impôts sont faibles. Mais dès lors qu’il s’agit de mouvements importants, ces actions ont un effet sur le fonctionnement global de l’économie: réduire le déficit tend à provoquer une baisse de la demande, donc de la croissance et de l’investissement. Qui à son tour tend à dégrader les recettes et à augmenter les dépenses publiques. Alors que l’idée d’équilibrer le budget en réduisant la dépense et en augmentant les recettes semble rationnelle pour une famille ou une entreprise, elle peut aboutir au résultat inverse lorsqu’on l’applique à un acteur économique suffisamment gros…

 

Un autre exemple de cette extrapolation abusive d’un raisonnement “micro” au raisonnement “macro” est la vision que la gauche radicale a du système financier. On cite alors les sommes folles des capitalisations boursières pour montrer que “de l’argent, il y en a”. Oui, de l’argent il y en a… à condition de le laisser là où il est. Comme l’argent du Monopoly, il n’a de pouvoir d’achat qu’aussi longtemps qu’il reste dans la sphère financière, sous forme de titres qu’on ne vend que pour en acheter d’autres. Si on cherchait à transformer cet argent virtuel en argent réel, par exemple en vendant ces titres pour acheter des biens réels, les cours s’effondreraient et on récupérerait en fait une faible partie de la valeur théorique.

 

Il est temps de réhabiliter le raisonnement macro-économique en politique, de considérer l’économie comme un ensemble complexe d’équilibres et de comprendre qu’on ne peut toucher significativement quelque chose sans toucher en même temps le reste. Ce qui condamne les “programmes” style liste de courses au père Noël, puisqu’il faut évaluer les mesures comme un ensemble et non pas une par une, sous peine de voir l’effet des unes annuler celui des autres. Il ne suffit pas qu’une mesure soit “juste”, encore faut-il qu’elle ne provoque par ailleurs une injustice pire qu’elle n’est censée réparer. L’exemple de la relance salariale de 1981devrait sonner comme un avertissement.

 

Descartes

 

 

 

Ce contenu a été publié dans Uncategorized. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

8 réponses à Economie: l’illusion du “toutes choses égales par ailleurs”

  1. Trubli dit :

    “L’exemple de la relance salariale de 1981devrait sonner comme un avertissement.”

    En économie ouverte, relancer sans avoir réduit la propension à importer des consommateurs français (TVA sociale, droits de
    douane, dévaluation…) ce n’était pas très sérieux. 

    • Descartes dit :

      C’était une grave erreur. Mais curieusement, il n’y a pas eu vraiment de retour critique sur cette erreur à gauche. Il suffit de se souvenir du débat en 2008 entre les partisans de la relance par
      l’investissement et la relance par la consommation…

  2. Trubli dit :

    Quand on parle de relance par l’investissement on pense au thérême de Schmidt – les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain qui sont les emplois d’après-demain.

    La vérité est que ce thérême se vérifie uniquement si les entreprises sont intéressées à investir les profits dans l’appareil productif local et non pas dans les activités financières – pouvant
    être plus rentables – ou l’appareil productif à l’étranger. 

    • Descartes dit :

      Le théorème de Schmidt doit être interprété comme un théorème négatif: si les entreprises ne font pas de profit, elles n’investissent pas, l’appareil productif se dégrade et l’emploi se ressent.
      Si le profit ne garantit pas l’investissement, l’absence de profit garantit par contre que l’investissement sera réduit.

      En dernière instance, la question ici est l’arbitrage entre consommation et investissement… un domaine dans lequel gauche et droite pour une fois d’accord n’ont aucune réflexion sérieuse.

  3. Marcailloux. dit :

    Bonjour,

    « A l’aube des années 2000, tout cela a changé: on consomme de plus en plus des produits qui sont fabriqués par une chaîne de production complexe qui ne relève plus d’une économie
    locale »

    Le phénomène que vous décrivez n’en est en fait pas un. Dès l’antiquité des échanges de marchandises ont eut lieu en Méditerranée puis ailleurs ensuite. Les empires coloniaux de la France, de
    l’Angleterre, de la Hollande, des Portugais, etc, etc étaient fondés sur le commerce de marchandises dès le XVème siècle. Ensuite le développement de ces échanges n’a cessé de progresser pour en
    arriver, en effet vers la fin du XXème siècle à une rupture des équilibres, particulièrement pour les pays occidentaux. Je ne vois pas vraiment un changement être intervenu brutalement sinon pour
    imputer à l’avènement de l’euro la cause de nos difficultés actuelles.

    D’autre part, il y a moins d’un siècle, le budget de 90% des ménages, consacré à l’indispensable pour survivre ( nourriture, loyer, vêtements) avoisinait les 100% de leurs revenus. L’ajustement
    budgétaire se faisait par la privation. L’autoconsommation de la production représentait une part importante. L’explosion des moyens de communication, matériels et immatériels a, des le début du
    XXème siècle, engagé un processus de progression exponentielle qui aujourd’hui nous submerge.

    « Mais que pèse un changement dans les habitudes d’un client individuel lorsqu’il achète chez Carrefour un produit fabriqué dans une usine qui alimente la France entière ? »

    Vous abordez là, une forme de paradoxe appelé par les philosophes « le sophisme du tas » ou « sorite », c’est à dire paradoxe du flou.

    En effet, le marché de Carrefour est constitué, pour un produit donné (façon de parler !), par l’ensemble des acheteurs potentiels et réels de ce produit. Ils constituent donc une sorte de
    tas, comme un tas de blé est constitué d’une multitude de grains de blé. Si l’on soustrait un grain au tas, cela reste t-il toujours un tas. Et si l’on renouvelle l’opération il y aura un moment
    ou un grain particulier que l’on sortira du tas déclenchera la question : avons nous toujours un tas ? Normalement, jusqu’au dernier grain, nous sommes en présence d’un tas puisque nous
    avons reconnu au départ que la soustraction d’un grain ne faisait pas la différence  entre un tas et un non tas. Ceci montre qu’il est impossible d’analyser des notions
    qualitatives en termes quantitatifs.

    Or chacun de nous, peut se considérer comme un grain insignifiant ou un grain déclenchant la remise en question de la réalité du tas. Les mouvements consuméristes constituent des agglomérats
    signifiants du tas. Nous avons là une conséquence de l’individualisation des consciences. C’est donc la conscience individuelle de chacun qui fera, ou non, que la somme des « poids »
    infimes devient très rapidement, si l’agglomérat est bien construit, un poids déterminant.

    De même dans le métro, chaque usager payant paie une petite partie de son ticket représentant sa duplicité-complicité vis à vis des resquilleurs. Idem pour l’actionnaire de Total nonobstant le
    fait irréfutable que celui qui possède 100 actions ne pèse rien par sa présence ou son absence alors que celui qui en possède 1 milliard manœuvre en maitre absolu dans l’entreprise sans avoir à
    vendre la moindre action et a tout loisir, par ses choix de faire monter ou descendre la valeur des actions qu’il possède.

    « Il est temps de réhabiliter le raisonnement macro-économique en politique, de considérer l’économie comme un ensemble complexe ……….. Ce qui condamne les “programmes” style liste
    de courses au père Noël, puisqu’il faut évaluer les mesures comme un ensemble et non pas une par une, sous peine de voir l’effet des unes annuler celui des autres »

    Faudrait-il encore disposer d’un modèle fiable, ce qui n’est apparemment pas encore le cas lorsque l’on lit les économistes à ce sujet. Il n’empêche que des politiques responsables doivent tenir
    compte de cette nécessité, même si la prédictivité des modèles disponibles est très aléatoire. D’ailleurs, qui vous dit qu’ils n’en tiennent pas compte, car s’ils en présentaient les augures
    publiquement, ils n’auraient pratiquement aucun auditoire capable de les suivre sur leurs démonstrations et les rares indications présentées seraient souvent autant de balles qu’ils se tireraient
    dans le pied. Cela revient à dire qu’ils deviendraient ipso-facto des non candidats. D’autre part, un pays comme la France, 1% de la population mondiale, se présente aussi en situation de microéconomie par rapport à l’ensemble de la planète, comme un ménage l’est par rapport au pays et les règles qui s’y appliquent, si
    elles ne sont pas irréfutables, n’en sont pas pour le moins indispensables. Une démocratie, c’est avant tout une opinion, et allez faire croire à cette opinion que 2+2 ne font pas 4. Et si en
    réalité cela fait 4,2 ou 3,7, allez faire admettre à une majorité qu’il s’agit d’une donnée économique qui se vérifiera dans 2,3 ou 5ans. Essayez seulement de le faire admettre par une infime
    minorité de grands spécialistes économiques. Alors quid de l’électeur souverain dans tout ça.

    Finalement, la seule solution : jouer des mirettes ou du menton.

    Bon weekend, et pour vous faire un peu sourire, un bon mot de W.Allen : Dieu est mort, Marx est mort, et moi-même je ne me sens pas très bien…,

    pour un peu plus vous désillusionner, un film du même Woody : Le rêve de Cassandre-2007-

    et pour achever ceux qui ne seraient pas encore convaincus, un cri du cœur de Devos : “Est-ce que c’est en remettant toujours au lendemain la catastrophe que nous pourrions faire le jour
    même que nos l’éviterons ?”

    • Descartes dit :

      Le phénomène que vous décrivez n’en est en fait pas un. Dès l’antiquité des échanges de marchandises ont eut lieu en Méditerranée puis ailleurs ensuite.

      Oui, mais la consommation de ces marchandises était réservée aux couches les plus aisées de la société. L’immense majorité de la population – et la quasi-totalité des couches laborieuses, qui en
      l’époque romaine étaient les esclaves – consomme essentiellement des produits de fabrication locale ou du moins échangés sur des marchés locaux. Ce n’est qu’à partir du XXème siècle que les
      couches populaires consomment majoritairement des produits importés et les échangent sur des marchés non-locaux.

      C’est donc la conscience individuelle de chacun qui fera, ou non, que la somme des « poids » infimes devient très rapidement, si l’agglomérat est bien construit, un poids
      déterminant.

      Il n’y a pas que la “conscience individuelle”, justement. Pour que les “poids infimes” deviennent “déterminants” il faut quelque chose qui agglomère les volontés individuelles en une volonté
      commune (car on parle ici de volonté, et non de comportements involontaires). Or, la logique du “passager clandestin” s’oppose à cette aggrégation. La meilleure preuve est que les associations de
      consommateurs sont extrêmement faibles.

      Faudrait-il encore disposer d’un modèle fiable, ce qui n’est apparemment pas encore le cas lorsque l’on lit les économistes à ce sujet

      Le moins fiable des modèles est préférable à pas de modèle du tout.

      D’ailleurs, qui vous dit qu’ils n’en tiennent pas compte, car s’ils en présentaient les augures publiquement, ils n’auraient pratiquement aucun auditoire capable de les suivre sur leurs
      démonstrations et les rares indications présentées seraient souvent autant de balles qu’ils se tireraient dans le pied

      Si cette théorie selon laquelle les candidats ont des “modèles cachés” qu’ils ne revèlent pas pour des raisons électorales était vraie, alors on verrait les candidats utiliser ces modèles après
      les élections. Or, ils ne le font pas: paradoxalement, les candidats appliquent généralement leurs promesses…

      un pays comme la France, 1% de la population mondiale, se présente aussi en situation de microéconomie par rapport à l’ensemble de la
      planète

      Cela dépend des secteurs économiques. Dans certains secteurs, la France, 1% de la population, représente plus du tiers du chiffre d’affaires (pensez au nucléaire…). Lorsqu’on prend des
      décisions dans ces questions, on ne peut pas se contenter d’approches micro-économiques. Mais mon propos se référait aux choix économiques internes ou européens, pas à notre politique vis-à-vis
      de la Chine.

      Une démocratie, c’est avant tout une opinion,

      Je ne suis pas d’accord. Ce n’est pas parce que nous sommes empêtrés dans une démocratie d’opinion qu’il faut croire que c’est la seule possible…

  4. FrédéricLN dit :

    “Oui, de l’argent il y en a… à condition de le laisser là où il est. Comme l’argent du Monopoly, il n’a de pouvoir d’achat
    qu’aussi longtemps qu’il reste dans la sphère financière, sous forme de titres qu’on ne vend que pour en acheter d’autres. Si on cherchait à transformer cet argent virtuel en argent réel, par
    exemple en vendant ces titres pour acheter des biens réels, les cours s’effondreraient et on récupérerait en fait une faible partie de la valeur théorique.”

    Tout à fait d’accord.

    Selon mon calcul sur un coin de table, une plus forte imposition du foncier permettrait de collecter autour de 20 milliards / an (Jean Peyrelevade arrive, je crois, à la même estimation) ; pris
    aux propriétaires, ce qui ne leur fera pas plaisir ; c’est beaucoup d’argent : de l’ordre de 400 € par logement !  en ajoutant foncier professionnel et agricole pour arriver au total.

    Or la valeur totale du foncier français est autour de 12000 milliards dans les comptes nationaux. On n’arriverait donc à en collecter que 1,7 pour mille (en plus des impôts actuels), ce qui peut
    sembler ridicule – comparer aux taux de l’ISF !

    Mais à mon avis, au-delà d’un tel montant, l’Etat pousserait des propriétaires à vendre pour se procurer les liquidités nécessaires, et ferait donc baisser la valeur foncière dont il prétendait
    bénéficier.

    Plus profondément, dire que l’Etat (au sens large : secteur public) doit trouver 100 milliards par an, ça ne veut pas dire qu’il faut piocher 100 milliards dans un trésor jusqu’ici caché ou
    inaccessible ; ça veut dire qu’il faut affecter pour 100 milliards de plus de valeur réelle (travail ou autre), produite en France et par les Français, au secteur public.

    (Ou bien sûr diminuer les besoins de financement du secteur public d’autant, à service rendu identique ; ou moit-moit…).

    • Descartes dit :

      Plus profondément, dire que l’Etat (au sens large : secteur public) doit trouver 100 milliards par an, ça ne veut pas dire qu’il faut piocher 100 milliards dans un trésor jusqu’ici caché ou
      inaccessible ; ça veut dire qu’il faut affecter pour 100 milliards de plus de valeur réelle (travail ou autre), produite en France et par les Français, au secteur public.

      Oui, tout à fait d’accord. La croyance naïve qu’on retrouvera dans un coffre fort des liasses de billets cachés qui, reversés au Trésor, résoudront les problèmes n’est pas sérieuse. Ce n’est pas
      l’argent, mais la valeur sous-jacente qui est importante. Et lorsqu’on parle de sommes de cet ordre, on ne peut pas confondre les deux notions.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *