Le choix de la médiocrité

Je suis en train de regarder le spectacle d’intronisation – faut appeler les choses par leur nom – de François Hollande comme candidat du PS. C’est surréaliste. Les discours des candidats malheureux à l’investiture invités à prendre la parole pour faire allégéance au nouveau Roi en faisant concours de flatterie, ça a un petit côte féodal qui n’est pas sans charme. Entendre le candidat parler de l’histoire du PS “de plus d’un siècle”, ça ne peut que laisser dubitatifs ceux qui se souviennent que le PS n’a été créé qu’en 1972. Voir en préface au discours du candidat une vidéo “nostalgie” avec des images de l’élection de François Mitterrand en 1981 associées à celles des manifestations ouvrières – quand on sait ce qu’est devenue la politique du PS au pouvoir après 1983 – oblige à conclure que le PS a beaucoup oublié et rien appris.

 

Mais le pire, ce fut le discours du candidat lui-même. Un discours sans grâce, sans le moindre travail sur la forme. Pas un seul subjonctif, pas une phrase avec des subordonnées. Sujet, verbe, prédicat. Sujet, verbe, prédicat. Sujet, verbe, prédicat. Et ainsi de suite jusqu’à la nausée. Un discours attrappe tout dans lequel on trouve pêle-mêle mongénéral et mai 68, Mitterrand et les Indignés, Fabius et Rocard. Un discours, finalement, truffé de références à Mitterrand et aux différents Mitterrand Boys – en évitant soigneusement de raconter comment l’histoire s’était terminée. Avec une conclusion charmante dans son ironie involontaire: “la France ne serait pas aujourd’hui ce qu’elle est sans eux”. C’est bien vrai, ça !

 

Les socialistes sont unis, et ils vont gagner. Ils sont unis parce que le parfum délicieux du maroquin ministériel est dans l’air. Ils savent qu’ils peuvent gagner. Et ils savent qu’ils ont tous intérêt à gagner, parce que François Hollande est – contrairement à Segolène Royral – quelqu’un à qui on peut faire confiance pour partager le butin et donner sa part à chacun. Et ils vont gagner parce que, à moins d’un miracle qu’on ne peut jamais exclure, Sarkozy est pris dans une spirale de l’échec et aura beaucoup de mal à rétablir la situation. Et ils vont gagner parce que Hollande correspond parfaitement à notre époque: un médiocre “raisonnable” qui ne fait peur à personne parce qu’il promet de ne rien faire de nouveau, parce qu’il n’a pas une idée à lui.

 

On a envie de paraphraser la phrase attribuée à Churchill: “un taxi vide arriva a la cour de l’Elysée, et M. Hollande en descendit”. Pauvre de nous.

 

Descartes

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14 réponses à Le choix de la médiocrité

  1. argeles39 dit :

    Je suis en train de regarder le spectacle d’intronisation – faut appeler les choses par leur nom – de François Hollande comme candidat du PS. C’est surréaliste.

    Tu as du mérite !
    C’est sans doute le prix à payer eu égard à ton blog ?

     Les
    discours des candidats malheureux à l’investiture invités à prendre la parole pour faire allégeance au nouveau Roi en faisant concours de flatterie, ça a un petit côte féodal qui n’est pas sans
    charme.

    Plus loin tu parles de
    « partage du butin », au prime abord c’est donc bien de féodalité qu’il est question, mais les seigneurs de guerre qui étaient jadis récompensés pour leur bravoure au combat et leur
    loyauté au suzerain, ça avait quand même une autre « gueule ».

    Pour moi le pire c’est
    Montebourg, pitoyable « pantin » qui rejoint Hollande pour avoir sa part du festin ; tout son discours sur la démondialisation n’était donc que du vent…..

    As-tu remarqué si HUE
    faisait aussi partie des courtisans, postulant à une part de gâteau ? Pendant les primaires il me semble l’avoir aperçu dans l’entourage de Hollande…….

     Les
    socialistes sont unis, et ils vont gagner. Ils sont unis parce que le parfum délicieux du maroquin ministériel est dans l’air. Ils savent qu’ils peuvent gagner. Et ils savent qu’ils ont tous
    intérêt à gagner, parce que François Hollande est – contrairement à Segolène Royral – quelqu’un à qui on peut faire confiance pour partager le butin et donner sa part à chacun. Et ils vont gagner
    parce que, à moins d’un miracle qu’on ne peut jamais exclure, Sarkozy est pris dans une spirale de l’échec et aura beaucoup de mal à rétablir la situation.

    Tu as probablement raison,
    mais le match n’est pas encore plié, tout dépendra de l’évolution de la crise. Si Sarko parviens, avec Merkel, à sauver le système, il peut fédérer une grande partie de la classe moyenne, celle
    qui a peur pour son épargne et ses assurances vie……….

    Et ils vont gagner parce que Hollande correspond parfaitement à notre époque: un médiocre “raisonnable” qui ne fait peur à personne parce qu’il promet
    de ne rien faire de nouveau, parce qu’il n’a pas une idée à lui.

    Comme je l’exprime plus
    haut, entre un « médiocre raisonnable » et « un médiocre combatif », l’issue est incertaine, il y peut y avoir « une prime au sortant » compte tenu de l’époque
    troublée que nous traversons.

    Mais si on fait un pari,
    tu as plus de chances que moi « d’avoir juste », je le reconnais.

    On a envie de paraphraser la phrase attribuée à Churchill: “un taxi vide arriva a la cour de l’Elysée, et M. Hollande en descendit”. Pauvre de nous.

    C’est ainsi que les hommes
    vivent….

    • Descartes dit :

      Pour moi le pire c’est Montebourg, pitoyable « pantin » qui rejoint Hollande pour
      avoir sa part du festin ; tout son discours sur la démondialisation n’était donc que du vent…..

      Ca vous surprend? Aviez-vous oublié qu’il avait soutenu Segolène à l’élection précédente ?
      Méfiez vous des politiciens qui changent d’avis sans expliquer pourquoi… 

      As-tu remarqué si HUE faisait aussi partie des courtisans, postulant à une part de
      gâteau ?

      Il l’a dejà eue: sa réélection au poste de sénateur du Val d’Oise. La générosité des socialistes
      a des limites, et Hue n’a pas grande chose de plus à leur apporter.

      Si Sarko parviens, avec Merkel, à sauver le système, il peut fédérer une grande partie de la
      classe moyenne, celle qui a peur pour son épargne et ses assurances vie…

      Ces classes moyennes savent bien qu’à l’heure de défendre l’Europe libérale, les socialistes
      sont bien plus fiables que la droite, qui de temps en temps cède à ses instincts souverainistes.

  2. Marcailloux. dit :

    « Parlez de moi en bien, parlez de moi en mal, mais surtout parlez de moi » de……….. je ne sais plus qui, mais qui pourrait devenir de celui dont vous parlez puisque vous
    ne pouvez apparemment pas vous en passer. Libre à vous d’accèder à sa requête. 

    Pourquoi ne pas voir, dans cette décrépitude de la lucidité populaire, le chemin le plus court vers le redressement nécessaire. Certains pour comprendre ont besoin d’explications verbales ,
    d’autres écrites, d’autres enfin, et ils sont nombreux, de coups de pied au cul. Et bien va pour la séance des CPAC puisque « tout conspire », on ne peut plus qu’être solidaires. Le
    stoïcisme nous enseigne que la solitude du sage ne l’isole pas. Il reste un citoyen du monde dont il est solidaire.

    « Ne demande pas que ce qui arrive arrive comme tu veux. Mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent, et tu sera heureux .» Épictète

    • Descartes dit :

      je ne sais plus qui, mais qui pourrait devenir de celui dont vous parlez puisque vous ne pouvez apparemment pas vous en passer. Libre à vous d’accèder à sa requête.

      Je ne suis pas sur que la stratégie de l’autruche soit la meilleure. Si ceux qui s’intéressent à la politique s’abstiennent de parler de ce qui est, de quoi parleront-ils ?

      « Ne demande pas que ce qui arrive arrive comme tu veux. Mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent, et tu sera heureux .» Épictète

      Vous m’invitez donc à souhaiter la victoire d’Hollande ? J’avoue que j’ai du mal à comprendre votre position…

       

  3. ronx dit :

    “Ces classes moyennes savent bien qu’à l’heure de défendre l’Europe libérale, les socialistes sont bien
    plus fiables que la droite, qui de temps en temps cède à ses instincts souverainistes.”

    Quand vous utilisez le mot “savent”, est-ce que c’est conscient ou inconscient de la part des classes moyennes
    ?

    • Descartes dit :

      Quand vous utilisez le mot “savent”, est-ce que c’est conscient ou inconscient de la part des classes moyennes
      ?

      Vous avez raison de me rappeler qu’il faut être précis. Je reformule donc ma phrase: “l’immense majorité des membres
      des classes moyennes savent bien qu’à l’heure de défendre l’Europe libérale,
      les socialistes sont plus fiables que la droite…” etc. Et ils le savent bien entendu
      consciemment.

  4. Joe Liqueur dit :

    Je te trouve un peu dur Descartes. Sur la forme je l’ai trouvé pas mal son discours. Sur le fond, évidemment… je partage ton point de vue. Et il y a cette mitterrandolâtrie qui est proprement
    effarante.

     

    J’ai quand même noté la séparation des banques d’affaires et des banques de dépôt – une bonne mesure qui ne résoudra pas tout évidemment, mais une bonne mesure. Reste à savoir comment elle peut
    être mise en œuvre dans le cadre de l’UE (honnêtement je n’en sais rien). Par contre Hollande “oublie” un peu cette sale histoire de dérégulation financière conduite par les gouvernements “socialistes” de Fabius ou de Rocard
    (sans parler des privatisations jospiniennes). Du coup l’hommage au malheureux Bérégovoy était particulièrement, disons… gênant.

    • Descartes dit :

      Je te trouve un peu dur Descartes. Sur la forme je l’ai trouvé pas mal son discours.

      Et bien, il faudra conclure que nous n’avons pas les mêmes demandes… Moi j’attends d’un bon discours qu’il me surprenne. Qu’en l’écoutant je me dise “tiens, ça, je n’y avais pas pensé” ou bien
      “tiens, voilà une façon de le dire que je retiendrai” ou bien “tiens, voilà, c’est ça le mot juste”. Je veux sentir qu’après l’avoir écouté, je suis plus intelligent, plus riche ou mieux informé
      qu’avant. Le discours d’investiture d’Hollande, n’importe quelle personne niveau bac et regardant les journaux télévisés aurait pu l’écrire.

      Et il y a cette mitterrandolâtrie qui est proprement effarante.

      N’est ce pas ? C’est effrayant à quel point les politiciens socialistes de cette génération ont trouvé dans Mitterrand l’image d’un père. D’un père fouettard, dans le cas d’espèce.

      J’ai quand même noté la séparation des banques d’affaires et des banques de dépôt – une bonne mesure qui ne résoudra pas tout évidemment, mais une bonne mesure.

      Pas vraiment très originale: c’est Glass-Steagall revisitée.

      Par contre Hollande “oublie” un peu cette sale histoire de dérégulation financière conduite par les gouvernements “socialistes” de Fabius ou de Rocard (sans parler des privatisations
      jospiniennes).

      Oui. Comme il oublie les privatisations, la destruction des bassins industriels… il y avait d’ailleurs beaucoup d’ironie involontaire dans la vidéo projetée avant le discours d’Hollande: on
      pouvait y voir des ouvriers sidérurgistes de Lorraine fêtant l’élection de Mitterrand… si seulement ils avaient su ce que le gouvernement socialiste allait faire de la sidérurgie quelques
      années plus tard…

  5. Marcailloux. dit :

    Bonjour

    Réponse à commentaire 3:

    « l’immense majorité des membres des classes moyennes savent bien qu’à l’heure de défendre l’Europe
    libérale, les socialistes sont plus
    fiables que la droite…” etc.

    De nouveau, je remets Detoeuf en exergue : « au lieu de discuter, calculons », et d’abord, précisons le sens des mots
    sinon tout discours est voué à ne parler pour ne rien dire.

    L’immense majorité ; cela doit peser au moins 75% (les trois
    quarts), j’imagine. En dessous, c’est une forte majorité. Et à moins de 55% on ne peut parler que de majorité tout court.

    Les classes moyennes représentent environ 60 % de la population selon les spécialistes en sociologie qui font autorité.(Louis
    Chauvel entre autres). Pour Henri Mendras, imagée par sa fameuse toupie, elle recouvrirait même près de 90% de la société. C’est d’ailleurs une approche à laquelle, personnellement, j’adhère. Ce
    qui revient à dire que lorsque l’on parle de classe moyenne, on parle de nous tous, à quelques choses près dont on doit retirer 3 à 5% de gens très aisés et privilégiés, ainsi que 7 à 10%
    d’exclus durablement et plus ou moins condamnés à le rester.

    Il est vrai que dans une vision marxiste tout à fait légitime, cette approche n’a pas cours. Ne rejetant pas à priori le positionnement qui
    est le votre, je note cependant que le pseudo de Descartes que vous avez choisi-après mure réflexion je suppose- vous oblige et vous empêche. Sinon, le pseudo de « Marx » aurait été
    plus conforme au fil conducteur de vos billets. Cela vous oblige à privilégier la raison sur la passion –au sens que l’entendait Descartes- et cela vous empêche de généraliser à partir de cas
    particuliers.

    Dans Europe libérale il y a deux notions qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre. L’Europe en tant que groupement géographique,
    communautaire, historique de plusieurs pays et libérale utilisé dans le sens de doctrine, le libéralisme qui est un mode de fonctionnement de l’économie. À écouter les uns et les autres, en
    toutes circonstances- j’ai très rarement, à votre contraire- l’occasion de fréquenter les cénacles politiques, je constate que la quasi totalité de ceux que j’entend, n’ont qu’une connaissance
    très sommaire des tenants et aboutissants de l’Union Européenne. Pour eux, l’Europe c’est une communauté susceptible de préserver la paix (ce qu’elle a réussie depuis près de 60 ans, fait unique
    dans son histoire), c’est ensuite un marché commun favorisant(en principe) les échanges entre pays possédant la même monnaie, c’est enfin une organisation dont on peut espérer qu’elle nous
    renforce vis à vis de l’émergence de puissances étrangères.

    Je vous suggère de réaliser un test court et simple : poser quelques questions sur l’Europe, dans votre entourage, en prenant soin de
    choisir des citoyens « lambda ». Vous allez probablement être rapidement édifié sur le niveau de connaissances de vos compatriotes à ce sujet. Alors, de là à leur donner une capacité à
    analyser et deviner ce que ferait le PS en telle ou telle circonstance, cela devient du délire ou plutôt du fantasme. Dans un paradigme s’appuyant sur la lutte des classes, pour qu’il y ait
    lutte, il faut qu’il y ait classes. Et l’entretien de cet antagonisme est une condition de survie du système intellectuel. Le même mécanisme mental se retrouve chez les tenants du choc des
    civilisations et ses débordements racistes et xénophobes.

    Ce dont vous parlez avec tant de constance dédaigneuse et stigmatisante, voire même un peu teintée de mépris, -les classes moyennes- ne sont
    en fait que la partie la plus importante de notre société. Les classes moyennes représentent l’essence d’une société car à ses frontières se retrouvent – mais là se posera toujours la question
    sur la pertinence du curseur employé et de son positionnement sur l’échelle de mesure-.d’un coté ceux qui ont trop, qui sont trop, qui font trop…..et de l’autre, ceux qui manquent d’à peu près
    tout. Chacun rêve peu ou prou d’accéder à l’élite, et redoute de sombrer dans le dénuement. Que trouvez vous de contraire à la condition humaine dans cela ?. Qu’avez vous à reprocher à tel
    ou tel individu de vouloir s’élever dans des systèmes hiérarchiques qui ne sont que la mesure des progrès qu’il est capable d’accomplir ?. Vous même, êtes de toute évidence dans cette
    catégorie, ne serait ce que par votre capacité à influencer dans leurs opinions, bon nombre de vos lecteurs. Et si la providence vous permet de rémunérer vos talents à la hauteur de leur valeur,
    nul doute que vous ne vous inscriviez pas dans les tranches supérieures de la classe moyenne. Vous êtes donc possiblement, un cumulard, par le niveau intellectuel – capital précieux, non
    imposable et franco de succession- et le niveau de rémunération, au moins potentiel- je ne connais pas vos revenus et cela n’a aucune importance-, qui ajoutés l’un et l’autre, vous propulserait
    vers le haut des classes moyennes. Devez vous en ressentir un sentiment de culpabilité ? Méritez vous, individuellement d’être mis à l’index ? Le fait d’être –éventuellement- en
    situation de capacités financières modestes, contribue-t-il à faire de vous un citoyen de droit supérieur ? Voudriez vous d’une démocratie censitaire par le bas ? Ou peut être êtes vous
    encore pour la dictature (pourquoi pas pendant qu’on y est, sanguinaire), du prolétariat ?

    Le racisme- forme générale du « classisme »-, l’ostracisme avec ce qui l’accompagne de procès en sorcellerie, ne sont pas un
    facteur de progrès. La stigmatisation catégorielle n’a jamais aboutit à une évolution positive durable. Tous les dogmes en « isme » sont suspects parce qu’ils prétendent tous posséder
    la vérité. Je préfère les mots en « é » car il sont porteurs du réel, du matériel

    • Descartes dit :

      Les classes moyennes représentent environ 60 % de la population selon les spécialistes en sociologie qui font autorité.(Louis Chauvel
      entre autres).

      Non. Je me tue à vous l’expliquer: lorsque je parle ds classes moyennees, je le fais dans un sens bien précis, qui n’est pas celui utilisé
      par Chauvel ou Mendras. Les classes moyennes sont pour moi formées par les personnes qui ont suffisamment de capital pour ne pas produire de la plusvalue, mais pas assez pour en extraire. Avec cette définition, je ne pense pas que les classes moyennes
      représentent plus de 20 à 30% de la population française.

      Ce qui revient à dire que lorsque l’on parle de classe moyenne, on parle de nous tous,

      Une définition de classe moyenne qui aboutit à cette conclusion ne sert à rien, puisque les classes moyennes finissent par englober
      l’ensemble de la société. La seule motivation pour définir des catégories est la possibilité de dégager des groupes d’individus qui partagent les mêmes intérêts et qui ont donc des comportements
      communs. C’est pourquoi les catégories “bourgeoisie”, “prolétariat” ou “classes moyennes” (au sens ou je l’entends) ont une utilité. Mais à quoi peut servir une catégorie qui “nous tous”, c’est à
      dire, des individus aux intérêts non seulement différents, mais antagoniques ? A quoi peut bien servir en termes d’analyse une catégorie où l’on retrouvera ensemble les exploiteurs et les
      exploités, les patrons et les employés ?

      Marx signalait dejà que les groupes sociaux avaient tendance à produire un discours de légitimation en faisant passer leurs intérêts pour
      l’intérêt de tous. Les “classes moyennes” (au sens ou je l’entends) font exactement cela en produisant un discours qui les englobe avec “90% de la population”.  

      Dans Europe libérale il y a deux notions qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre.

      Et dans “mille feuilles” il y a deux notions qui n’ont rien à voir l’une avec l’autre: “mille” et “feuilles” ?

      Dans “Europe libérale”, il n’y a pas “deux notions”. C’est une expression crystalisée qui désigne un objet historique précis, à savoir, la
      construction européenne commencée avec le traité de Rome et que nous avons devans nous aujourd’hui.

      Pour eux, l’Europe c’est une communauté susceptible de préserver la paix (ce qu’elle a réussie depuis près de 60 ans, fait unique dans
      son histoire),

      L’Europe n’a rien “préservé” du tout. Une coïncidence n’est pas suffisante pour établir une causalité. Il faut finir avec le mythe qui veut
      que sans l’Union Européenne on serait en train de se faire la guerre. Si la guerre est devenue impossible en Europe, cela tient plus à la grande trouille de l’URSS, à la posession par la France
      et l’Angleterre de l’arme nucléaire, à la fin de la problématique coloniale, et à une transformation économique profonde qui fait qu’aujourd’hui ce n’est plus l’extension territoriale qui fait la
      puissance des nations. Il faut en finir avec le mythe de l’UE garante de la paix.

      Je vous suggère de réaliser un test court et simple : poser quelques questions sur l’Europe, dans votre entourage, en prenant soin
      de choisir des citoyens « lambda ». Vous allez probablement être rapidement édifié sur le niveau de connaissances de vos compatriotes à ce sujet.

      Ne croyez pas ça. Les gens sont assez conscients que si l’usine du coin est partie en Bulgarie, que si le haut-fourneau d’à côté a été fermé,
      que si des politiques économiques qu’hier ont fait la prospérité du monde du travail ne sont plus possibles, ils le doivent à l’Europe. Les gens “lambda” ne sont pas aussi c…s qu’on veut bien
      le dire, et le vote lors des deux référendums sur l’Europe (celui de Maastricht en 92 et celui du TCE en 2005) le montre: à chaque
      fois qu’on a demande l’avis des gens, et alors que l’establishment politique et des classes moyennes penchait pour le “oui” massivement, il s’est trouve une moitié du peuple français pour mettre
      un bulletin “non” dans l’urne. 

      Alors, de là à leur donner une capacité à analyser et deviner ce que ferait le PS en telle ou telle circonstance, cela devient du délire
      ou plutôt du fantasme.

      Pas du tout. A défaut de meilleurs outils, on anticipe le comportement futur des organisations en regardant leur comportement passé. Et en
      matière de politique européenne, le PS a toujours et sans aucune exception suivi la même politique: tout céder à la
      construction de “l’Europe libérale” en demandant tout au plus des concessions symboliques.

      Dans un paradigme s’appuyant sur la lutte des classes, pour qu’il y ait lutte, il faut qu’il y ait classes. Et l’entretien de cet
      antagonisme est une condition de survie du système intellectuel.

      Dans le paradigme marxiste, en tout cas, la “lutte des classes” est un fait social, qui n’a pas besoin d’être “entretenu”. Un peu comme la
      gravitation: elle existe même si l’on ne fait aucun effort pour l’avoir.

      Le même mécanisme mental se retrouve chez les tenants du choc des civilisations et ses débordements racistes et xénophobes.

      J’avoue que je ne vois pas le rapport.

      Ce dont vous parlez avec tant de constance dédaigneuse et stigmatisante, voire même un peu teintée de mépris, -les classes
      moyennes-(…)

      “Mépris” ? C’est curieux: d’un côté vous me reprochez d’attribuer tous les maux à l’action des classes moyennes, de l’autre vous m’accusez de
      les mépriser. Or, attribuer à quelqu’un tous les maux du monde, c’est lui attribuer un énorme pouvoir. Comment parlr de “mépris” dans ces conditions ?

      Non, je n’ai ni “dédain”, ni “mépris” pour les classes moyennes. Comment le pourrais-je, puisque je suis le premier à reconnaître qu’elles
      ont un énorme pouvoir ?

      (…)-les classes moyennes-ne sont en fait que la partie la plus
      importante de notre société.

      En tout cas, c’est ce qu’elles cherchent à faire croire. Avec un certain succès, je dois dire. Mais dites moi, quel est le critère pour décider quelles couches sociales sont plus “importantes” que d’autres ?

      Qu’avez vous à reprocher à tel ou tel individu de vouloir s’élever dans des systèmes hiérarchiques qui ne sont que la mesure des progrès
      qu’il est capable d’accomplir ?.

      C’est vrai, à la fin… qui pourrait reprocher à tel ou tel apprenti dictateur de vouloir “s’élever dans le système hiérarchique qui ne sont
      que la mesure des progrès qu’ils est capable d’accomplir” en voulant devenir le Maitre du Monde ? Ce qui m’échappe, c’est le rapport de tout ça avec les “classes moyennes”…

      Et si la providence vous permet de rémunérer vos talents à la hauteur de leur valeur, nul doute que vous ne vous inscriviez pas dans les
      tranches supérieures de la classe moyenne.

      Admettons. Et alors ? On peut appartenir à une classe sans être pour autant
      détérminé par elle…

      Devez vous en ressentir un sentiment de culpabilité ?

      Bien sur que non. Pas plus que si j’étais un grand bourgeois, d’ailleurs. La culpabilité est une question individuelle. On est coupable de ce
      qu’on fait, pas de ce qu’on est. Je crois que vous tombez dans le travers de vouloir transformer une analyse politique en une analyse morale. Or, je rejette totalement cette vision du monde. Les
      classes moyennes – comme n’importe quel autre groupe social – utilisent leur pouvoir pour défendre leurs intérêts. Je ne dis pas que cela soit “juste” ou “injuste”, “bon” ou “mauvais”. Ce qui me
      pose problème, c’est que les classes moyennes ayant conquis l’hégémonie dans le domaine des idées, fabriquent une idéologie qui fait de leurs intérêts l’intérêt général.

  6. Marcailloux. dit :

    « Non. Je me tue à vous l’expliquer »

    Je vous en supplie, renoncez à votre démarche funèbre. Vous me rendriez inconsolable ! Rassurez vous d’autre part, j’ai bien enregistré
    et intégré, dès le premier jour, l’approche qui est la votre et je la respecte tout à fait. Je ne songe même pas à la contester car j’en admet le fondement.

    Cependant, vos billets ne peuvent se prévaloir du terme de thèse. Je les lis –et les commente quelquefois- comme des analyses pertinentes et
    souvent décalées, toujours orientées sur les évènements qui nous interpellent. Ils ne peuvent en rien, pour moi constituer l’alpha et l’oméga de mon interprétation et j’imagine que cela ne rentre
    pas dans vos intentions.

    À lire votre réponse, je sens poindre l’irritation et j’en suis désolé tout en pensant néanmoins à un certain « Descartes » têtu
    dans ses opinions jusqu’au bannissement sur le blog d’un candidat à la présidence. Promis, je n’insisterai plus trop, mais ce qui constitue à juste titre une approche acceptable
    intellectuellement ne peut prétendre constituer, seule, l’unique grille de lecture universelle.

    • Descartes dit :

      À lire votre réponse, je sens poindre l’irritation

      Mais non, mais non… tout juste une certaine impatience envers moi même. Il est toujours difficile d’accepter qu’ayant expliqué la chose
      vingt fois et sur tous les tons, on n’ait toujours pas réussi à se faire comprendre.

      Pour la vingt-et-unième fois donc: si l’on veut se comprendre, il faut savoir ce que les mots que l’autre utilise signifient. C’est moi qui
      sur ce blog ai introduit l’idée de “classes moyennes”. Si vous voulez comprendre ce que j’ai dit – et le discuter – il vous faut utiliser l’expression dans le même sens.  Si votre position
      est de dire “ah non, moi quand je parle de “classe moyenne” je parle en fait d’un petit animal à fourrure brune”, le débat s’arrête là, parce qu’on ne peut pas avoir un débat si l’on n’utilise
      pas les mots dans le même sens.

      Je ne prétend pas que ma grille de lecture soit “unique et universelle”. Mais c’est la seule qui rend compréhensible ce que je peux écrire
      sur mon blog, parce que c’est celle que j’utilise lorsque j’écris. Si vous voulez discuter ce que j’écris, c’est celle qu’il faut utiliser.

  7. morel dit :

    Une interrogation : pourquoi utilisez vous ce terme de “classe moyenne” si sujet à définitions multiples donc à incompréhension alors qu’il me semble que vous y mettez le contenu que donnait Marx
    à la petite bourgeoisie.

    Mais peut être je me trompe…

    • Descartes dit :

      Je pourrais utiliser aussi le terme “petite bourgeoisie”, mais ce terme est au moins aussi confus que “classes moyennes”, notamment parce qu’il laisse penser qu’il existe une continuité entre la
      “petite bourgeoisie” et la “bourgeoisie”, alors qu’il s’agit de deux groupes sociologiquement distincts et dont la frontière aujourd’hui n’est pas très perméable.

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