Pour qui sonne le glas ?

“And therefore never send to know for whom the bell tolls; It tolls for thee” (John Donne, 1624)

 

 

Les dirigeants européens s’inquiètent des conséquences de la crise sur la démocratie. Et ce n’est pas moi qui le dit, c’est le “journal de référence” (daté du 7 février 2012) autrement connu comme “Le Monde” dans le titre d’un article dont le sous-titre est encore plus explicite: “L’austérité prônée par l’Allemagne est de plus en plus critiquée dans l’UE”.  Et si Le Monde le dit, cela doit sûrement être vrai…

 

L’article en question est un compte rendu d’une table ronde organisée à Munich le 4 février sur “les implications internationales de la crise financière” dans le cadre d’une conférence sur la sécurité, au cours de laquelle plusieurs dirigeants de pays de l’UE ont été invités à s’exprimer. Et ce qui fait l’intérêt de l’article, c’est moins les inquiétudes des dirigeants européens – qui, comme souvent, arrivent après la bataille – mais la tonalité général des interventions. Loin est l’enthousiasme eurobéat de naguère ! Comme s’ils se réveillaient finalement d’un rêve, les éminents dirigeants qui ont tant fait pour nous vendre l’Europe de Maastricht brûlent ce qu’ils ont adoré naguère en allant – devant un auditoire sélectionné, faut tout de même pas trop demandé – jusqu’à faire un brin d’autocritique.

 

Ainsi, par exemple, Mario Monti s’étonne que l’Italie ait confié à un technicien le soin de piloter le pays dans la tempête, “comme si la démocratie n’était pas le système le plus à même de résoudre les problèmes“, alors qu’un pays au régime autoritaire, la Chine, va de succès économique en succès économique. Peer Steinbruck, si l’on croit la encore le journal, déclare que “les gens ont à la fois l’impression que le contribuable finit toujours par payer la facture, mais aussi que les politiques ne maîtrisent pas la situation“. Et il conclut dans la même veine: “Aura-t-on une crise des systèmes démocratiques ? Beaucoup de gens pensent que ces systèmes ne protègent plus leur vie“.

 

Ces remarques sont intéressantes parce qu’elles posent le problème non pas au niveau des faits, mais au niveau de la perception. Ce que Monti et Steinbruck disent d’une manière légèrement différente est que le problème ne se situe pas au niveau de la capacité réelle du système qu’ils appellent “démocratique” – en cette espèce si particulière de “démocratie” qui est celle associée à la construction européenne – de répondre aux problèmes, de répartir correctement les factures, de maîtriser la situation et de protéger la vie des gens. Le problème, pour ces dirigeants, se situe au niveau de la perception que les gens ont de ces capacités. La conséquence évidente de ce raisonnement est qu’il n’y a rien à retoucher dans le processus institutionnel lui même: il suffit de mieux communiquer, afin que les européens perçoivent le système dans toute sa perfection, au lieu de se laisser berner par la réalité.

 

Cependant, le coeur n’y est pas. Même si la formulation utilisée par les dirigeants se veut rassurante, on voit percer dans leurs commentaires – et dans les commentaires du “Monde”, qui, ne l’oublions pas, est le “journal de la corporation” des politiques et des hauts fonctionnaires – une prise de conscience du fait que cette fois-ci ce n’est pas qu’un problème de communication, mais un problème de fond. Ainsi, on peut entendre dans la bouche de Mario Monti, eurocrate libéral s’il en fut, le commentaire suivant: “il y a de très bons arguments qui plaident en faveur d’une relance des investissements publics. L’Espagne et l’Irlande ont été victimes du secteur privé. Cela est dû au traité de Maastricht qui disait que les dépenses privées étaient une bonne chose et que les dépenses publiques étaient une mauvaise chose“. Quel dommage que ces bons docteurs découvrent que leurs traitements étaient mauvais une fois que le patient est mort ! Se souviennent-ils seulement de ce qu’ils jetaient à la figure de ceux qui critiquaient le traité de Maastricht il y a seulement vingt ans (2) ? Songent-ils à faire amende honorable ?

 

Pas vraiment. Du moins si l’on croit la conclusion que tire “Le Monde” des travaux de cet aréopage: “Revenir sur la logique de Maastricht tout en renforçant l’intégration européenne ne sera pas facile. Pourtant, c’est la seule solution que vient les dirigeants présents à Munich“. Les eurolâtres sont comme les serpents: ils n’ont pas de marche arrière. Ils sont incapables de faire une croix sur leur rêve même lorsqu’ils sont prêts à admettre combien il a été nocif ces vingt dernières années.  Peu importe au fond qu’ils soient à droite où à gauche, libéraux ou sociaux. De ce point de vue, Monti ou Steinbruck ne sont guère différents de notre Mélenchon national, qui peut admettre dans un moment de sincérité que “Chèvenement avait raison sur Maastricht”, et quelques minutes plus tard continuer à soutenir la monnaie unique et l’intégration européenne. Leur problème, c’est le manque d’imagination: après avoir vécu  trente ans dans un milieu politique où l’intégration européenne à la mode de Maastricht était l’alpha et l’oméga de la pensée politique  et où celui qui s’éloignait un tant soi peu des dogmes était considéré un hérétique et traité comme tel, il leur est impossible de penser le monde autrement qu’à travers ce prisme. On l’oublie un peu aujourd’hui, mais l’eurolâtrie fut, pendant deux décennies, une ferveur quasi-religieuse avec des comportements qu’on pourrait qualifier de sectaires (3). Et comme dans tout phénomène sectaire, en sortir implique admettre qu’on a été berné, une opération toujours d’autant plus difficile qu’on a l’ego développé, et de ce point de vue les hommes politiques n’ont rien à envier à personne.

 

Laissons la conclusion au journaliste du Monde, Frédéric Lemaître: “la crise remet en cause bien des certitudes en Europe”. Vraiment ? Même celles du “quotidien de référence” ? Il était temps…

 

Descartes

 

 

(1) Comme quoi l’autocritique est finalement assez limitée. Pour Steinbruck, le paiement par les contribuables et l’impuissance des politiques n’est qu’une “impression”, pas une réalité. Ah, si seulement les gens faisaient confiance à la propagande eurolâtre plutôt qu’aux faits…

 

(2) Il est inutile de revenir longuement, mais cela vaut la peine de rappeler quelques perles: « [Les partisans du “non”] sont des apprentis sorciers. […] Moi je leur ferai un seul conseil : Messieurs, ou vous changez d’attitude, ou vous abandonnez la politique. Il n’y a pas de place pour un tel discours, de tels comportements, dans une vraie démocratie qui respecte l’intelligence et le bon sens des citoyens. » (Jacques Delors à Quimper, 29.8.92); « Un “non” au référendum serait pour la France et l’Europe la plus grande catastrophe depuis les désastres engendrés par l’arrivée de Hitler au pouvoir. » (Jacques Lesourne, Le Monde, 19.9.92); « Je suis persuadé que les jeunes nazillons qui se sont rendus odieux à Rostock votent “non” à Maastricht. » (Michel Rocard, Le Figaro, 17.9.92). Aucun de ces dirigeants ne s’est, à ma connaissance, excusé de ces dérapages verbaux. Plus près de nous, on se souvient de Jean-Luc Mélenchon qualifiant les partisans de la sortie de l’euro de “pétainistes”.

 

(3) Ainsi, par exemple, si j’en crois des amis qui ont fréquenté l’institution, à l’ENA les étudiants qui ne communiaient formellement dans le discours eurolâtre étaient considérés comme “suspects” et mis en quarantaine. Un “voyage d’études” à Bruxelles et à Luxembourg étaient l’occasion de juger de cette “conformité”. L’Ecole Centrale de Paris organisait dans les années 1980-90 une “semaine européenne” à participation facultative, qui servait aussi au repérage des hérétiques.

 

Ce contenu a été publié dans Uncategorized. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

12 réponses à Pour qui sonne le glas ?

  1. JMP dit :

     

    «  De ce point de vue, Monti ou Steinbruck ne sont guère différents de notre Mélenchon national, qui peut admettre dans un moment de sincérité que “Chèvenement avait raison sur Maastricht”,
    et quelques minutes plus tard continuer à soutenir la monnaie unique et l’intégration européenne……Plus près de nous, on se souvient de Jean-Luc Mélenchon qualifiant les partisans de la sortie
    de l’euro de “pétainistes”.

     

    L’ambiguïté de Mélenchon , idolâtre de Mitterand , est sans doute , au fond, d’origine assez banale : il s’est fait un petit fond de commerce politique en crachant dans soupe de la
    construction européenne ( avec de bonnes raisons d’ailleurs) mais en tant que député européen , il ne tiens pas du tout à ce qu’on enlève l’assiette.

    C’est minable mais classique

    • Descartes dit :

      L’ambiguïté de Mélenchon, idolâtre de Mitterand, est sans doute, au fond, d’origine assez banale : il s’est fait un petit fond de commerce politique en crachant dans soupe de la
      construction européenne ( avec de bonnes raisons d’ailleurs) mais en tant que député européen, il ne tiens pas du tout à ce qu’on enlève l’assiette. C’est minable mais classique

      Je ne le crois pas. D’abord, je n’aime pas cette vision poujadiste qui prétend lier la position politique des élus avec leurs basses intérêts matériels. Si le but est “l’assiette”, alors il y a
      beaucoup de façons de faire bien plus d’argent en travaillant moins et avec moins d’efforts que de prétendre à une fonction élective. Les politiques sont souvent motivés par la recherche du
      pouvoir ou de la gloire personnelle. Mais je ne crois pas que leur salaire joue là-dedans un rôle important. Par ailleurs, si Mélenchon était tenté par “l’assiette”, il n’avait pas besoin d’aller
      au Parlement européen, il lui suffisait de rester au Sénat !

      Je pense, contrairement à vous, que les convictions europhiles de Mélenchon sont sincères, même si elles doivent plus à la Mitterandolâtrie qu’à une analyse rationnelle des tenants et
      aboutissants de la construction européenne. Elles tiennent aussi, et c’est là un problème de génération, à la difficulté de penser en dehors du cadre dogmatique dans lequel il a fait l’essentiel
      de sa carrière politique.

  2. JMP dit :

     

    «  D’abord, je n’aime pas cette vision poujadiste qui prétend lier la position politique des élus avec leurs basses intérêts matériels. »

     

    il ya un peu plus d’un an ,j’étais intervenu sur le site de JLM a propos de Filoche, en soulignant l’incohérence entre ses positions et sa présence au PS ; et vous m’aviez répondu
    immédiatement sur ce même site en me donnant l’explication suivante ( de mémoire, ) : pour la carrière , bien sûr ! Était ce du poujadisme de votre part ? Ceci dit, une
    précision : vous dites « Les politiques sont souvent motivés par la recherche du pouvoir ou de la gloire personnelle. » oui, et j’aurai
    du effectivement utiliser le terme carrière au lieu de soupe qui fait exclusivement référence a l’argent

     

    «  par ailleurs, si Mélenchon était tenté par “l’assiette”, il n’avait pas besoin d’aller au Parlement européen, il lui suffisait de rester au Sénat ! « 

     

    peut-être ; à un détail près : JLM était sénateur élu sur la liste socialiste … et il est député européen sur la liste front de gauche , parce que tout
    de même, il y a des limites au grand écart.

     

    Je reste persuadé que l’apparente incohérence de JLM est liée au moins en partie au souci de préserver sa carrière politique ; il sait très bien que s’il
    franchi la ligne rouge tracée par le système politico-médiatique en place , a savoir la mise en cause de la construction européenne et l’euro, il subira le sort de tous ceux qui prennent cette
    position : la mise aux oubliettes médiatiques ( comme l’UPR de Asselineau par exemple) il s’est frité avec les médias au début de son aventure front de gauche, mais depuis il a donné des
    gages sur ces sujets , de façon parfois assez dégueulasse comme vous le rappelez vous-même , et du coup ca va beaucoup mieux, il peut aller faire le beau chez Druker par exemple…

     

    cordialement

    • Descartes dit :

      Il ya un peu plus d’un an ,j’étais intervenu sur le site de JLM a propos de Filoche, en soulignant l’incohérence entre ses positions et sa présence au PS ; et vous m’aviez répondu
      immédiatement sur ce même site en me donnant l’explication suivante ( de mémoire, ) : pour la carrière , bien sûr ! Était ce du poujadisme de votre part ?

      Faut lire avec attention: mon commentaire faisait référence aux motivations des élus, et mon argument reposait sur le fait que si le but était faire de l’argent, il y a beaucoup
      d’activités qui rapportent bien plus que la carrière politique. J’attire votre attention sur le fait que Gérard Filoche n’a jamais été élu ni voulu l’être. Par ailleurs, vous confondez “la
      carrière” avec “les intérêts matériels”, qui sont deux choses très différentes… La carrière, pour un politique, c’est aussi le prestige, la gloire, le pouvoir. Qui ne sont pas des éléments
      “bassement matériels”, jusqu’à nouvel ordre.

      peut-être ; à un détail près : JLM était sénateur élu sur la liste socialiste … et il est député européen sur la liste front de gauche , parce que tout de même, il y a des limites
      au grand écart.

      Il n’aurait pas eu trop de mal à se faire réélire au Sénat sur une liste “front de gauche”…

       

  3. marc malesherbes dit :

    à propos de JL Mélenchon, une évolution intéressante

    dans une émission récente grand public (moins d’un mois, chez Ruquier ?), il a assez longuement et très nettement défendu “l’inflation” comme bénéfique (cela entrait dans la défense de son
    souhait de “monétiser” les dettes par la BCE, et de l’inflation qui s’en suivrait). Sans parler un instant de la baisse de pouvoir d’achat induite par l’inflation.

    Cette position me paraît centrale, car elle valide progressivement la sortie de l’euro et l’indépendance de la banque de France (qui permet la monétisation de la dette). En effet de telles
    mesures vont conduire à une dévaluation, et donc à de l’inflation; Or cette inflation, qui va diminuer le pouvoir d’achat (tout en permettant de faire croître l’emploi) était dénoncée comme
    injuste pour les plus défavorisés (sans prendre en compte le fait que le pire, c’est de se trouver sans emploi).

    Ceci dit, c’est une orientation à confirmer, car j’ai souvent entendu les politiques tenir un discours, puis en changer (ou ‘l’oublier”) un peu après.
    A suivre …

    • Descartes dit :

      à propos de JL Mélenchon, une évolution intéressante

      J’avoue que les évolutions de Mélenchon m’intéressent de moins en moins… Echanger des noms d’oiseau avec Marine Le Pen caresse les militants dans le sens du poil, mais c’est finalement une
      solution de facilité, puisque cela dispense d’entrer dans un débat sérieux sur ses propres propositions. A terme, choisir comme principal adversaire celui qui n’a aucune chance de jamais
      gouverner n’est pas la meilleure manière de rendre son propre discours crédible. Quant à croire que c’est en traitant de “dément” son chef qu’on combat le FN… vingt-cinq ans d’expérience
      montrent que ce n’est pas très efficace.

      dans une émission récente grand public (moins d’un mois, chez Ruquier ?), il a assez longuement et très nettement défendu “l’inflation” comme bénéfique (cela entrait dans la défense de son
      souhait de “monétiser” les dettes par la BCE, et de l’inflation qui s’en suivrait). Sans parler un instant de la baisse de pouvoir d’achat induite par l’inflation.

      L’inflation n’induit pas nécessairement une “baisse de pouvoir d’achat” pour toutes les catégories. La meilleure preuve en est la période des “trente glorieuses”, pendant laquelle on a vu
      coexister une inflation relativement forte avec une augmentation continue du pouvoir d’achat des salariés. En fait, l’inflation ne détruit le pouvoir d’achat que si elle est très supérieure à la
      croissance économique. Et la perte n’est pas également distribuée: elle est plus forte pour les rentiers et plus faible pour ceux qui vivent d’une activité productive.

      Cette position me paraît centrale, car elle valide progressivement la sortie de l’euro et l’indépendance de la banque de France (qui permet la monétisation de la dette).

      Pas du tout. La monétisation de la dette pourrait être faite – si un accord était trouvé – par la BCE. Et c’est précisement ce que propose Mélenchon. Voir dans son acceptation de l’inflation un
      changement de position me parait pour le moins rapide…

       

  4. JMP dit :

     

    Echanger des noms d’oiseau avec Marine Le Pen caresse les militants dans le sens du poil, mais c’est finalement une solution de facilité, puisque cela dispense d’entrer dans un débat sérieux
    sur ses propres propositions. A terme, choisir comme principal adversaire celui qui n’a aucune chance de jamais gouverner n’est pas la meilleure manière de rendre son propre discours
    crédible.

    il me semble que la principale utilité du Front national est de faire associer systématiquement les partisans de la sortie de l’euro et de l’europe a l’extrème droite ; et c’est bien ce mécanisme que Mélenchon , avec d’autres, utilise quand il traite ces partisans de maréchalistes; c’est particulièrement malhonnête et
    effectivement, cela permet de faire l’économie d’un débat de fond : débat qu’il faut soigneusement éviter parce que justement, il devrait se faire avec des gens dont on veut soigneusement
    empêcher qu’ils apparaissent dans le débat politique

     

    PS : j’ai retrouvé le texte exact de notre échange sur le blog de JLM

    Descartes dit:
    8 décembre 2010 à 23h20

    ….

    entre ce qu’on trouve sur le site de Démocratie et socialisme de Gérard Filoche et les vaticinations de Manuel Valls, on se demande ce qu’il y a de commun

    Mais… l’envie de pouvoir et des postes, bien entendu. C’est cela qui réunit les socialistes. Faudrait pas oublier que le gentil Filoche, après des années à magouiller à la LCR, entre au PS en
    1995… et devient instantanément membre du conseil national de ce parti. Cinq ans plus tard, le voilà au bureau national du PS et nommé à une place douillette de membre du Conseil Economique et
    Social par Jospin.

    • Descartes dit :

      il me semble que la principale utilité du Front national est de faire associer systématiquement les partisans de la sortie de l’euro et de l’europe a l’extrème droite

      Il est clair que le Front National, surtout depuis qu’il a décidé de s’acheter une conduite en reprenant les drapeaux jacobins que la gauche a laissé tomber, est devenu un croquemitaine fort
      utile pour l’ensemble du camp “libéral-libertaire”. Que ferait la “gauche radical” si le FN n’était pas là ? Elle serait obligée de parler de son programme, de justifier son choix europhile sans
      avoir un épouvantail à agiter… l’horreur, quoi.

       

       

  5. Tite dit :

    Bonjour Descartes,

    il est vrai qu’il n’y a qu’une seule vision qui prévaut au sein des eurocrates: l’UE est fondamentalement bonne, comment le faire comprendre aux citoyens? Une bonne illustration de ce phénomène
    est le slogan du Parti populaire européen : “la réponse c’est plus d’Europe”… et maintenant circulez! 

    Ici à Bruxelles, je ne peux vous dire le nombre de fois où a été abordé la question de comment mieux vendre l’Europe et, ce, sans jamais se faire la réflexion que vu le fric dépensé en com’ et
    les résultats obtenus, le problème doit être ailleurs que dans l’ignorance des gens.

    De même, je suis toujours surpris des réactions des visiteurs dans les institutions européennes (qui sont pour l’immense majorité des partisans de l’UE) qui ne cessent de répéter qu’il faut
    plus et mieux communiquer, que l’on n’y comprend rien, que l’UE c’est trop compliqué et que le fédéralisme est la seule solution. A aucun moment ils ne perçoivent qu’en fin de compte (toujours
    pour la majorité d’entre eux) ils ne connaissent pas plus en détail le fonctionnement institutionnel français et la constitution mais que l’énorme différence est la confiance qu’ils sont
    prêts instinctivement à mettre dans ces dernières. De même, très peu d’entre eux font la démarche de se renseigner au préalable ce qui démontre que ce n’est pas un problème d’offre européenne
    mais plutôt de demande citoyenne.

    • Descartes dit :

      Vous avez raison de pointer le fait que les institutions européennes ne sont pas plus “complexes” que les institutions nationales. La “confiance intuitive” dont vous parlez n’est pas tout à fait
      de la confiance. C’est l’expression de la légitimité. Nous faisons “intuitivement” confiance aux institutions nationales parce que celles-ci ont une légitimité évidente, étant issues de la Nation
      à travers une procédure démocratique. Les institutions européennes n’ont pas cette légitimité non seulement parce qu’elles ne sont pas en général issues d’une procédure démocratique, mais surtout
      parce qu’il n’existe pas de “Nation européenne” d’où cette légitimité pourrait être issue.

      La propagande européenne est fondée sur l’idée que la construction européenne est bonne par essence. C’est pourquoi elle ne peut être fondée sur une conviction rationnelle, mais elle fait plutôt
      appel à l’émotion et aux sentiments. Regardez les emissions de propagande europénne qu’on voit en permanence sur Arte: on y voit des jeunes, gentils, souriants, qui vous disent qu’ils sont
      heureux grâce à l’Europe. Mais vous n’y verrez jamais quelqu’un expliquer rationnellement en quoi l’Europe change quoi que ce soit.

       

  6. Trubli dit :

    Et oui, il y a 20 ans c’était la signature des accords de Maastricht.

    Personne pour les fêter en grande pompe ?!

Répondre à marc malesherbes Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *