“Rompre et réfonder l’Europe” ? Pas demain la veille…

Mes chers lecteurs, ce papier a pour but de proposer une courte analyse du texte proposé par le Front de Gauche pour les élections européennes sous le titre accrocheur « Rompre et refonder l’Europe » (1).

Pourquoi regarder ce texte, me direz vous ? Et bien, pour paraphraser l’évangéliste, « par leurs textes vous les connaîtrez ». L’expression dans des meetings, des émissions télévisées ou des blogs obéit souvent aux règles du monde médiatique. C'est-à-dire, l’on écrit ou l’on parle vite, et ce n’est pas grave si l’on dit n’importe quoi puisque la bourde sera oubliée demain. Ce n’est pas pareil pour les textes : « verba volant, scripta manent », et c’est particulièrement vrai pour les textes programmatiques. Et de toute manière, pour comprendre les débats idéologiques fort opaques au sein du Front de Gauche, il n’y a pas d’autre voie que l’analyse des textes qu’ils produisent.

Je ne vais pas, bien entendu, faire une analyse ligne à ligne. Ce serait fastidieux, d’autant plus que les deux tiers du texte sont constitués de bavardage ou de vagues pétitions de principe. Je n’ai pas fait l’exercice de comparer le texte avec celui de 2009 – je n’ai pas réussi à le retrouver sur la toile – mais je ne serais pas étonné que quelques paragraphes aient été réutilisés. On pourrait gloser aussi sur certains choix, comme le fait de commencer la description de la crise européenne par « la destruction de l’écosystème » avant de parler de « l’explosion de la pauvreté et du chômage », ce qui donne une petite idée des priorités qu’accordent les rédacteurs aux différentes problématiques. Ou bien une réécriture de l’histoire qui place la naissance du Front de Gauche dans la suite du référendum de 2005, en oubliant les trois ans et l’aventure des « collectifs antilibéraux » qui séparent l’un de l’autre. Il faudrait par contre signaler que pour la première fois à ma connaissance un texte issu du Front de Gauche mentionne explicitement le traité de Maastricht. Oh, je vous rassure, il n’est mentionné qu’une seule fois, et pas de manière trop méchante : « La crise de la dette publique survenue en 2009 était inscrite dans les bases mêmes de ses traités, Maastricht et Lisbonne ». Mélenchon et les siens, qui ont fait campagne avec passion pour la ratification du traité de Maastricht, devraient peut-être nous expliquer comment ils ont fait pour ne pas voir ce qui leur paraît si évident aujorud’hui … explication qui ne semble pas être pour demain, puisque là encore on réécrit l’histoire pour ne pas avoir à l’assumer : « Ce qui fonde l’Union Européenne sont les traités négociés en secret par les gouvernements et ratifiés sans que les peuples ne soient consultés » nous dit le texte. Mélenchon et les siens auraient-ils oublié le référendum de 1992 sur la ratification du traité de Maastricht ? Le PCF – qui pourrait s’enorgueillir d’avoir fait voter « non » à l’époque – aurait-il oublié que le texte du traité avait été distribué par ses soins à des centaines de milliers d’exemplaires avec une brochure explicative ? Ceux qui oublient leur passé sont condamnés à le revivre, disait le sage. Mais quelle est la condamnation qui attend ceux qui le réécrivent ?

Mais laissons ces piques de côté, et allons aux points de fond. J’ai trouvé deux questions qui méritent à mon avis une discussion détaillée : la question de la « désobéissance », celle de l’Euro.

La « désobéissance » d’abord. Elle fait l’objet de la partie la plus longue du document – elle en occupe pratiquement la moitié – intitulée d’une manière on ne peut plus explicite « désobéir et rompre avec les traités ». Le problème, c’est qu’on ne comprend pas très bien à la lecture du texte quel est exactement l’objectif de cette « désobéissance ». On pourrait penser, au vu des protestations sur la « souveraineté populaire » violée par les traités européens, que le but est d’éviter qu’une autorité supranationale puisse imposer au peuple français – ou a n’importe quel autre peuple européen – des normes dont il ne voudrait pas. Mais le diagnostic qui ouvre le chapitre semble aller dans le sens inverse :

« Dans la situation actuelle, l’élargissement à 28 Etats membres rend quasiment impossible la modification des traités qui requiert l’unanimité des pays membres. Un seul pays pourrait bloquer tout progrès social ou écologique. Un gouvernement de gauche devrait donc assumer un rapport de force diplomatique, économique et politique pour s'opposer aux projets dangereux, ouvrir le débat sur des propositions alternatives et créer les chocs diplomatiques visant une remise à plat de la construction européenne ».

Arrêtons nous un moment sur ce paragraphe. Si l’on comprend bien, le problème est qu’un seul état pourrait « bloquer les progrès » du fait de la règle de l’unanimité. En réponse à ce problème, un « gouvernement de gauche » – j’y reviendrai – devrait donc créer un « rapport de force diplomatique, économique et politique ». Mais puisque l’obstacle à faire sauter est la « règle de l’unanimité », ce « rapport de force » ne peut avoir pour objectif que d’amener l’Etat récalcitrant à résipiscence. Au fond, ce paragraphe est dans la droite ligne de la construction politique délorienne : un abandon progressif de la règle de l’unanimité permettant d’affaiblir le rôle des Etats et d’accroître le pouvoir des organes supranationaux qui peuvent s’appuyer sur des alliances variables en fonction des questions pour imposer aux nations leurs orientations. Le FdG semble oublier un peu vite que c’est grâce à la règle de l’unanimité que le référendum français a fait échouer le traité constitutionnel en 2005. Sans cette règle, le traité aurait sans doute recueilli une majorité qualifiée de pays – ils n’ont été que deux à refusé la ratification, trois si l’on compte la Grande Bretagne, qui ne s’est pas prononcée – et le traité aurait été approuvé. Ce paragraphe illustre la confusion idéologique qui règne au Front de Gauche, confusion idéologique qui se traduit par des raisonnements ad hoc : une même règle est « mauvaise » lorsqu’elle s’oppose à vos désirs, bonne lorsqu’elle s’oppose à ceux de vos adversaires. Difficile dans ces conditions de construire une véritable réflexion institutionnelle ou juridique.

Revenons un instant sur la question du « gouvernement de gauche ». Cette expression est une sorte de tarte à la crème qui apparaît à tout bout de champ dans cette partie du texte sur le mode « un gouvernement de gauche devrait faire ceci ou cela ». C’est quoi, pour les rédacteurs de ce texte, un « gouvernement de gauche » ? Si la mémoire ne me trahit pas – et rassurez-vous, elle est excellente – les dirigeants du Front de Gauche ont participé à un moment ou un autre à des expériences gouvernementales. Or, si l’on regarde ce qu’on fait ces différents gouvernements, le moins qu’on puisse dire est qu’on n’est pas frappé par leur adhésion aux principes formulés par le texte. Doit on déduire que ces gouvernements n’étaient pas « de gauche » ? Comment alors expliquer qu’ils aient été soutenus avec enthousiasme par Mélenchon et les siens ?

L’autre question que cette expression pose est pourquoi la politique qui serait bonne pour un « gouvernement de gauche » ne le serait pas si elle était faite par un gouvernement de droite ? Cette question n’est pas secondaire. Elle révèle la difficulté du Front de Gauche de sortir du manichéisme gauche/droite et de prêcher pour une autre paroisse que la sienne. Je veux bien qu’on dise « un gouvernement soucieux des intérêts de la France devrait faire ceci ou cela », mais poser en principe que seuls les « gouvernements de gauche » sont dans cette position est non seulement sectaire, mais surtout contraire à l’expérience historique. Car par le passé les gouvernements « de gauche » ont fait bien plus pour l’Europe libérale que les gouvernements de droite. L’acte unique et sa « libre circulation », Maastricht, avec la monnaie unique et le Banque Centrale « indépendante », c’est la gauche. Mélenchon lui-même avait expliqué à l’époque que Maastricht était « un compromis de gauche »… aurait-il changé d’avis ? Si c’est le cas, on aimerait comprendre pourquoi.

Une fois posé le principe de la « désobéissance », il faudrait savoir en quoi elle consiste exactement. La lecture du texte laisse penser qu’il s’agit de ne pas appliquer les règles issues des règlements ou des directives dès lors que celles-ci apparaissent contraire aux intérêts du pays. Ainsi, par exemple, « Un gouvernement de gauche [toujours lui… NDR] n’acceptera pas que les salariés d’autres pays de l’Union venant travailler en France ne se voient pas accorder les mêmes droits que les salariés français. Il refusera d’appliquer la directive européenne sur le détachement des travailleurs et obligera les employeurs à appliquer le droit du travail à tous le salariés quelle que soit leur nationalité ». Seulement voilà, un Etat n’est pas un syndicat étudiant ou un groupuscule gauchiste, ou l’on peut s’affranchir des règles statutaires quand ça vous arrange sans être rappelé à l’ordre. Un état de droit est fondé sur le principe de légalité, qui veut que l’Etat ne puisse agir autrement qu’en conformité à la loi. Et dans un état de droit, il existe des structures indépendantes – les tribunaux – qui se chargent de vérifier que c’est bien le cas, et qui ont le pouvoir d’annuler les décisions illégales et de condamner l’Etat à réparer le préjudice qu’elles ont causé à un citoyen. La France est un état de droit, et les dirigeants du Front de Gauche déclarent – sincèrement ou pas, c’est une autre affaire – vouloir qu’il le reste. On voit mal comment un gouvernement pourrait « désobéir » aux traités sans violer les lois en vigueur et se faire appeler à l’ordre par les tribunaux. Prenons un exemple : un entrepreneur qui voudrait bénéficier des dispositions de la directive sur le détachement des travailleurs malgré la décision du « gouvernement de gauche » de ne pas l’appliquer irait devant les tribunaux pour exiger son application. Et les tribunaux, s’ils font leur boulot, lui donneront raison, parce que dans un état de droit ils ne peuvent qu’appliquer la loi, et la loi en l’espèce c’est l’article 55 de la Constitution qui précise que « Les traités ou accords régulièrement ratifiés ou approuvés ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois (…) ». Le Conseil d’Etat et la Cour de Cassation ont tous deux reconnu que cette disposition s’appliquait aussi à la législation secondaire prise en application des traités européens, donc aux directives et règlements européens. Problème donc : que fera le « gouvernement de gauche » dans une telle situation ? Décidera-t-il de tenir pour nulles et non avenues les décisions de la justice (2) ? Ce serait la fin de l’Etat de droit, et un précédent extraordinairement grave…

Le propre d’un Etat souverain est précisément de ne pas être soumis a des règles autres que celles qu’il fait lui-même. Or, l’idée même de « désobéissance » implique qu’on est soumis à des règles faites par d’autres, sauf à imaginer qu’on puisse se désobéir à soi même. Imaginer que la France puisse « désobéir » implique donc admettre qu’elle n’est plus souveraine. C’est pourquoi l’idée de « désobéissance » a un sens lorsqu’elle s’applique à un particulier ou à un groupe de particuliers. Mais pas aux Etats souverains. La désobéissance implique qu’il existe un pouvoir supérieur auquel on puisse désobéir, et il n’existe dans notre ordre constitutionnel aucun pouvoir qui soit au dessus du peuple français. Si les traités européens s’imposent à nous, ce n’est pas parce que nous ne serions plus souverains, mais parce que le peuple français les a ratifiés, et en les ratifiant il en a fait des normes que l’Etat doit obéir, au même titre que la Constitution. Et parce que le peuple est toujours souverain, il pourrait demain défaire ce qu’il a fait et dénoncer les traités, qui n’auraient alors plus valeur normative. Mais aussi longtemps que les traités sont en vigueur, « désobéir » aux traités c’est désobéir à la volonté du peuple souverain.

Dans un état de droit, l’Etat peut toujours changer les lois, mais ne peut pas s’en affranchir. Il ne peut « désobéir » sans devenir despotique, puisque les lois représentent la volonté du peuple. Les traités s’imposent à nous parce que nous y avons consenti, et cesseraient de s’imposer dès lors que nous prendrions la peine de les dénoncer. Dénonciation qui est toujours possible, même en l’absence dans le traité de dispositions permettant de le faire, puisque c’est une conséquence du principe d’indivisibilité de la souveraineté. Mais ce que propose le Front de Gauche est que le gouvernement maintienne les traités en vigueur tout en ignorant les effets. Et cela est tout bonnement impossible sauf à remettre en cause le principe de légalité qui fonde l’état de droit.

Si le Front de Gauche prêche aujourd’hui cette absurdité, cela tient à la situation impossible dans laquelle il se trouve. Son intégration au PGE – n’oublions pas que les partis dits « européens » sont financés à condition qu’ils soient « européens »… dans le pire sens du mot – et sa base sociologique lui interdisent de présenter la dénonciation des traités comme une alternative possible. D’un autre côté, les dirigeants du Front de Gauche ont bien compris qu’accepter les contraintes des traités implique renoncer à tout changement de politique. De cette contradiction est née cette idée infantile de garder la règle tout en l’ignorant. Une façon originale de manger le gâteau tout en le conservant entier. Qu’une telle absurdité puisse être vendue aux militants est révélatrice du niveau désastreux de la réflexion institutionnelle et politique au sein du Front de Gauche, et au-delà des lacunes dans la formation des militants. Comment est-ce possible qu’une proposition aussi contradictoire, aussi contraire au principe même de souveraineté populaire, puisse être énoncé dans des réunions sans que les gens éclatent de rire ? Comment une telle proposition peut-elle devenir la pièce centrale d’un soi-disant projet de refondation de l’Europe sans que personne siffle la fin de la récréation ? Et bien, c’est possible parce que le Front de Gauche a fait sienne cette culture « libérale-libertaire » qui met au pinacle la « désobéissance » et la « rébellion ». On l’a bien vu dans le débat sur les « désobéissants » de l’éducation nationale…

Sur l’Euro, on reprend un peu le même schéma. On commence par déclarer que « contrairement à certains » – qu’on évite de nommer, faut pas donner de mauvaises idées à ceux qui n’en ont pas – le Front de Gauche est tout à fait opposé à la sortie de l’Euro. Mais bien entendu, « on ne se satisfait pas de la situation actuelle qui est mortifère (3) pour les peuples d’Europe. L’Euro tel qu’il est aujourd’hui n’est plus supportable pour les peuples ». Et alors, qu’est ce qu’on fait ? Un « changement radical », bien entendu. D’abord l’objectif :

« Il est indispensable que la BCE puisse prêter directement aux Etats et aux collectivités territoriales. Il faut donc, comme cela se fait par exemple aux Etats-Unis, au Japon et au Royaume Uni, que la banque centrale puisse financer les éventuels déficits publics nécessaires pour financer les investissements publics indispensables aux besoins sociaux des peuples de l'Union et à la transition écologique ».

Sauf que, ni aux Etats-Unis, ni au Japon, ni au Royaume-Uni la banque centrale ne finance « directement » des sous-ensembles du pays. Si l’Etat peut emprunter auprès des banques centrales, aucun Etat ne tolère que les collectivités locales fassent de même. Et cela pour une raison très simple : lorsqu’on a une caisse commune, on ne peut permettre que chacun puisse puiser sans limite dans l’argent de tous pour financer ses propres dépenses. Contrairement aux Etats-Unis, au Japon, au Royaume Uni, la banque centrale européenne n’est pas la banque centrale d’un Etat souverain, garantissant à l’intérieur de ses frontières la répartition et les transferts inconditionnels entre ses régions. En choisissant ces exemples, le Front de Gauche montre qu’il ne comprend pas le véritable problème : celui d’une zone monétaire unique mais ayant des politiques budgétaires différentes sans qu’il y ait un système de transferts inconditionnels comme ceux qui existent à l’intérieur d’un Etat. La proposition du Front de Gauche ne peut fonctionner que dans le contexte d’une Europe-nation. Et encore, en donnant à l’Etat européen le pouvoir de se financer auprès de la BCE et de répartir ensuite les financements de la même manière que l’Etat français distribue les dotations aux collectivités. Or, comme la crise grecque l’a montré, la solidarité inconditionnelle entre les différents pays, condition indispensable au fonctionnement de ce modèle n’existe tout simplement pas.

Mais revenons à nos moutons. Il faudrait donc que la BCE « puisse prêter directement aux états ». Le problème, c’est que cela est formellement interdit par les traités (art 123 du TFUE). Or, comme il a été dit plus haut, à 28 il est impossible de les modifier. C’est pourquoi on nous propose une deuxième solution :

« Si cette solution s’avère impossible faute d’accord des autres pays, un gouvernement de gauche devrait aussi prendre des mesures unilatérales en matière monétaire en utilisant un établissement financier public comme par exemple la Banque publique d’investissement. Cette dernière pourrait emprunter directement auprès de la Banque centrale sans passer par les banques privées. Si la BCE s’y oppose, violant d’ailleurs ainsi l’article 123-2 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) qui permet à un établissement public de crédit de se refinancer auprès de la banque centrale, le gouvernement passerait outre ».

La référence à l’article 123-2 du TFUE devrait mettre en émoi nos détecteurs automatiques de baratin. Parce que chaque fois qu’on trouve dans les textes du Front de Gauche une référence précise à des textes, celle-ci révèle une tentative de nous faire passer des vessies pour des lanternes au moyen de l’argument d’autorité (4). Et cette fois-ci, cela ne fait exception. Voici ce que dit l’article 123 du TFUE

« 1. Il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des États membres, ci-après dénommées "banques centrales nationales", d'accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l'Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres; l'acquisition directe, auprès d'eux, par la Banque centrale européenne ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite.

2. Le paragraphe 1 ne s'applique pas aux établissements publics de crédit qui, dans le cadre de la mise à disposition de liquidités par les banques centrales, bénéficient, de la part des banques centrales nationales et de la Banque centrale européenne, du même traitement que les établissements privés de crédit ».

En d’autres termes, l’article 123 précise que les établissements publics de crédit – comme la BPI par exemple – bénéficient dans les mêmes conditions que les banques privées pour « la mise à disposition de liquidités » (c'est-à-dire, de crédits court terme). C’est tout. La BCE peut donc, avant de leur faciliter l’accès aux liquidités, exiger d’elles les mêmes contreparties et conditions que pour les banques privées (ratios de fonds propres, par exemple). Or, à ce jeu là, les capacités d’emprunt de la BPI seraient assez faibles, est sans commune mesure avec les besoins de financement de l’Etat. Ce n’est pas comme cela qu’on pourrait « financer les investissements et la dépense publique » comme le propose le Front de Gauche.

Les dirigeants du Front de Gauche s’essayent ici à la quadrature du cercle. Et ils veulent la réussir en nous vendant l’idée que le problème n’est pas l’Euro, mais les statuts de la BCE. Ce qu’ils ne réalisent pas, c’est que les statuts de la BCE sont intimement liés à l’existence d’une monnaie unique sans souveraineté nationale pour assurer les transferts permanents et inconditionnels qu’une monnaie unique nécessite. Dès lors que les différents pays ne sont pas prêts à accepter des transferts inconditionnels entre eux, il faut un mécanisme qui empêche chacun de piocher dans la caisse commune pour ses propres dépenses. Si la BCE prêtait à tout le monde et sans limite à taux zéro, pourquoi les Etats assumeraient-ils l’impopularité de lever l’impôt ? Chacun pourrait abolir toutes les taxes puisqu’il suffirait de se présenter au guichet de la BCE pour avoir de l’argent gratuit. Sauf que tout se paye dans ce bas monde. Pour satisfaire la demande de monnaie, la BCE n’aurait d’autre choix que de faire tourner la planche à billets, et donc de faire payer tout le monde par le biais de l’inflation. Or, les Allemands n’ont pas envie de payer pour les Grecs, les Suédois pour les Italiens. C’est pour empêcher ces transferts, et non par pure méchanceté, que la BCE a été interdite de prêts directs aux Etats. Et c’est pour cette raison qu’il n’y a la moindre chance de voir les statuts de la BCE changer. Ou alors il faudrait trouver un mécanisme qui permet de contingenter la somme que chacun peut prendre dans la caisse commune. Ce qui ne changerait rien.

En fait, sur toutes les questions on voit le Front de Gauche avoir recours au même mécanisme. N’étant pas capable d’assumer une critique forte de la construction européenne et de l’Euro qui aboutirait à une rupture, il s’efforce à chaque fois de trouver un contournement qui évite une collision frontale. Sur les traités, c’est la « désobéissance », sur l’Euro c’est l’idée d’emprunter par prête-nom ou pire encore, la menace de « passer outre » on ne sait très bien à quoi (5). Dans d’autres textes, on nous avançait l’idée de faire émettre des euros par la Banque de France, ce qui revient à donner sa caution au faux monnayage. Au lieu d’assumer une critique frontale de la règle et de proposer un chemin pour la changer, on propose d’agir comme le ferait un élève « rebelle » avec le règlement de l’école.

Le reste du texte, mieux vaut ne pas en parler. Ou plutôt si : c’est un ramassis de lieux communs. Si vous omettez de le lire, sachez que vous ne perdrez rien. Il n’y a rien dans ce texte qui ressemble à une véritable analyse, à une tentative de comprendre les problèmes et de les expliquer aux électeurs. On y retrouve les « marottes » traditionnelles de la gauche radicale. Avec quelquefois des collisions comiques. Ainsi par exemple : « L'Europe doit être un espace qui garantit l'égalité entre les femmes et les hommes à tous les points de vue, et qui protège le droit fondamental des femmes à disposer de leur corps ». Si l’Europe « garantit l’égalité entre les femmes et les hommes à tous les points de vue », pourquoi devrait-elle s’occuper du « droit fondamental des femmes à disposer de leur corps » et pas du « droit fondamental des hommes à disposer de leur corps » ? Le texte réussit l’exploit de proclamer l’égalité et établir une discrimination dans la même phrase… outre le fait que le « droit fondamental à disposer de son corps » n’existe pas, puisque la vente d’organes est interdite. Mais le Front de Gauche souhaite peut-être en finir avec cette interdiction ?

Après une lecture attentive du texte, je ne peux que constater que le Front de Gauche adopte chaque jour davantage une mentalité groupusculaire. Avec des discours vagues et des projets puérils, il se réfugie chaque fois plus dans le rêve pour ne pas avoir à se coltiner avec la réalité. Non seulement il est a mille lieues de gouverner, mais il est aussi à mille lieues de se concevoir lui-même gouvernant. Comment dans ces conditions pourrait-il être une option crédible à gauche ? Et comment pourrait-il convaincre l’électorat populaire – première victime de l’Europe « libérale-libertaire » – de lui faire confiance, alors que de toute évidence il se réfugie dans une position qui ménage la chèvre et le chou ?

L’élection européenne, parce qu’elle n’a aucun enjeu réel, aurait pu être pour une organisation politique marginale l’opportunité de pousser le débat. Si le Front de Gauche voulait se singulariser, c’était là l’occasion de le faire en posant les problèmes sur la table au lieu de refermer par avance le débat en insinuant par exemple que proposer la sortie de l’Euro ou des traités européens revient à vendre son âme à Le Pen. Quel gâchis…

Descartes

(1) disponible in extenso dans http://www.pcf.fr/53413

(2) bien entendu, me direz-vous, un « gouvernement de gauche » pourrait, par exemple lors de la fondation d’une VIème république – rêvons, rêvons – abroger l’article 55 de la constitution. Cependant, cela poserait pas mal de problèmes. L’article 55, qui figure sous des formes différentes dans la plupart des constitutions, permet de donner une certaine stabilité aux traités. Quel pays accepterait de signer un traité bilatéral avec la France si celui-ci peut être rendu inopérant à n’importe quel moment et sans préavis par le simple vote d’un article de loi ?

(3) Pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué, l’usage du mot « mortifère » est le signe distinctif des textes venant de la mouvance des « réformateurs communistes » du genre Martelli & Co. Si vous voulez vous amuser, essayez de le repérer dans les textes du Front de Gauche….

(4) Souvenez-vous de l’article 410-1 du Code Pénal cité à tort et à travers par Mélenchon à diverses occasions.

(5) Voici la phrase complète : « Si la BCE s’y oppose [au fait de financer la BPI], violant d’ailleurs ainsi l’article 123-2 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) qui permet à un établissement public de crédit de se refinancer auprès de la banque centrale, le gouvernement passerait outre ». Comme c’est la dernière phrase du paragraphe, on ne sait très bien en quoi consiste exactement ce « passer outre »…

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13 réponses à “Rompre et réfonder l’Europe” ? Pas demain la veille…

  1. Sancelrien dit :

    Vous dites des choses sensées, comme d’habitude et je vous en félicite à nouveau. Mais un Etat qui a abandonné sa souveraineté à des apatrides non élus est-il encore un Etat de droit, d’après votre propre définition ? Personnellement je ne le pense pas.
    Ceci dit, j’ai sur le Front de Gauche une opinion très voisine de la vôtre.

    • Descartes dit :

      @ Sancelrien

      [un Etat qui a abandonné sa souveraineté à des apatrides non élus est-il encore un Etat de droit, d’après votre propre définition ? Personnellement je ne le pense pas.]

      D’abord, un point fondamental : la France n’a pas « abandonné sa souveraineté ». La souveraineté, du moins si l’on accepte les principes issus de la Déclaration de 1789, « réside essentiellement dans la Nation ». Il s’ensuit que la Nation ne peut ni « abandonner » ni « déléguer » la souveraineté. Elle lui est consubstantielle. Nous avons délégué aux institutions européennes « non élues » des pouvoirs, des compétences. Mais pas la souveraineté. Et c’est précisément pour cette raison qu’un vote du peuple français serait suffisant pour mettre fin à ces délégations. C’est d’ailleurs ce que retien le Conseil constitutionnel lorsqu’il réaffirme que si les traités européens sont supérieurs aux lois, ils restent inférieurs à la Constitution.

      Pour la seconde partie de votre question, la notion d’Etat de droit n’a aucun rapport avec la démocratie. Un régime dictatorial, une monarchie absolue peuvent être des « états de droit ». La question de l’Etat de droit se résume à celle du principe de légalité, c’est-à-dire, si l’Etat est lui-même soumis aux lois ou pas. Que ces lois soient justes ou injustes, qu’elles soient issues d’un vote démocratique, de la coutume ou de la volonté d’un tyran ne change rien. Dès lors que l’Etat ne peut m’empêcher de faire que ce que la loi interdit et qu’il ne peut m’obliger à faire ce que la loi n’ordonne pas, je suis dans un Etat de droit.

    • Marcailloux dit :

      Bonsoir,
      [Dès lors que l’Etat ne peut m’empêcher de faire que ce que la loi interdit et qu’il ne peut m’obliger à faire ce que la loi n’ordonne pas, je suis dans un Etat de droit.]
      ? ? ? le texte ne me semble pas clair
      Soit: n’interdit PAS, soit l’Etat PEUT
      A moins que je ne sois dur de la "comprenote" lol

    • Descartes dit :

      @marcailloux

      Mea culpa. La formule correcte est "Des lorsque l’Etat ne peut pas m’empêcher de faire ce que la loi n’interdit pas et qu’il ne peut pas m’obliger à faire ce que la loi n’ordonne pas".

  2. Vin dit :

    Très bonne critique, fouillée et documentée sur des points bien précis.

    De manière plus générale et moins détaillée, nous avons essayé une analyse du projet du Front de Gauche avec une petite comparaison avec 2009.

    http://www.blogactualite.org/2014/05/le-front-de-gauche-la-volonte-de-creer.html

  3. Bradou dit :

    Bon désolé chers amis mais mon analyse de ce texte va être assez longue…

    Avant-propos sur les piques d’introduction:
    "Pour comprendre les débats idéologiques fort opaques au sein du Front de Gauche, il n’y a pas d’autre voie que l’analyse des textes qu’ils produisent."

    Faux. Il suffit d’y participer, ça permet en effet de comprendre les arguments qui ont été débattus avant de poser les directions à suivre et donc de ne pas être étonné ou voir bifurcations et magouilles politiques à chaque changement de direction. Ces débats ne sont pas opaques mais bien ouverts à tous, le FDG fait justement parti de ces rares organisations politique nouvelles où c’est le cas. J’y participe sans arrêt et pourtant je ne suis encarté nulle part.

    "Mélenchon et les siens, qui ont fait campagne avec passion pour la ratification du traité de Maastricht, devraient peut-être nous expliquer comment ils ont fait pour ne pas voir ce qui leur paraît si évident aujorud’hui … explication qui ne semble pas être pour demain, puisque là encore on réécrit l’histoire pour ne pas avoir à l’assumer :« Ce qui fonde l’Union Européenne sont les traités négociés en secret par les gouvernements et ratifiés sans que les peuples ne soient consultés » nous dit le texte. Mélenchon et les siens auraient-ils oublié le référendum de 1992 sur la ratification du traité de Maastricht ? Le PCF – qui pourrait s’enorgueillir d’avoir fait voter « non » à l’époque – aurait-il oublié que le texte du traité avait été distribué par ses soins à des centaines de milliers d’exemplaires avec une brochure explicative ?"

    Premièrement, Mélenchon s’est longuement expliqué sur le choix de sa campagne pour Maastricht et sur les raisons qui l’ont amenées à retourner sa veste. Je vous laisse chercher les multiples sources sur internet. Pour moi la raison est simple et revient de la condition même des partis politiques: Dans un parti on se fait confiance et on vote ensemble pour faire de la masse dans le rapport de force face à l’adversaire. Dans une réelle démocratie (utopique), sans parti, il n’y aurait pas de rapport de force à maintenir et ainsi chaque citoyen voterait en pleine connaissance de causes ou voterait blanc. Aujourd’hui ce n’est pas le cas et ainsi, on voit des abérations telles qu’un homme de lettre comme Mélenchon, votant pour un traité alors que le contenu économique est plus que mauvais. Sauf que lui n’a pas forcément les moyens pour s’en rendre compte pleinement et décide de suivre la stratégie de son parti par confiance envers ses camarade.
    Deuxièmement sur les explications du traité lors du référendum de 1992: Ce n’est pas au PCF que revient le rôle d’expliquer la loi, les institutions devraient être accessibles pour tous ou en tout cas les moyens pour les comprendre devraient l’être. Donc la contre argumentation tombe à l’eau puisqu’en effet, sans une certaine catégorie d’élus pour expliquer les institutions au peuple par idéologie propre, l’explication ne serait pas assurée et les ratifications seraient donc bien établits sans consultation des peuples. (Pour les petits malins qui diraient que tout est public, il n’y a cas se renseigner, pas la peine de la ramener. On connait tous la langue de bois utilisée par nos dirigeants pour arriver à sous-entendre des choses sans qu’on ne s’en rende compte si on n’est pas expert du sujet abordé ou au moins averti…)

    Sur la critique de fond:
    Rien à dire sur les problèmes idéologique de l’unanimité et du reste. Tout cela vient de la propention de Mélenchon et de beaucoup de cadres politique de gauche à vouloir étendre leur modèle en l’imposant aux autres plutôt qu’en éttend une exemple pour inspirer les autres. Cette idéologie amène donc à la conclusion de refonder l’Europe pour en faire une europe sociale plutôt que de tout simplement tabler sur la garantie de la souveraineté des Etats avec des processus de partenariat qui faciliteraient l’élévation sociale globale. là-dessus ok.

    Par contre ensuite, quand tu mets en opposition l’expression « gouvernement de gauche » à « un gouvernement soucieux des intérêts de la France devrait faire ceci ou cela » pour soit-disant révéler "la difficulté du Front de Gauche de sortir du manichéisme gauche/droite". Excuse-moi mais c’est complètement abruti comme argumentaire. Biensûr que des gens de droite peuvent avoir la même vision que des gens de gauche sur certain sujet. En particulier sur les questions de souveraineté des Etats. Ceci dit, il est capital de différencier gauche et droite. C’est nier la réalité que de ne pas le faire. Ceci dit tu le fait toi-même dans ton titre de blog alors je ne comprends pas vraiment si c’est une erreur, du foutage de gueule ou de la débilité profonde… "Blog de débat pour ceux qui sont fatigués du discours politiquement correct et de la bienpensance à gauche" Ya pas de bienpensance de droite? Ya une différence ou pas?
    La différence entre gauche est droite elle existe est elle trouve sa source dans les différence d’idéologie pour élever la société. Pour faire simple, la société s’élève par l’activité humaine. Favoriser l’activité humaine permet donc d’élever la société: le progrès, le niveau de vie, le confort, etc… Jusque là on est tous d’accord. C’est au moment d’établir les moyens de favoriser cette élévation que le clivage gauche droite s’opère. En gros, une pensée de droite sera plutôt "méritocrate" (Encore que ça se conteste mais on ne va pas rentrer dans les détails…) et va dire que l’activité humaine est boostée par la capacité à entreprendre et va donc favoriser les entrepreneurs pour tirer tout le monde vers le haut. Une pensée de gauche elle, que l’on qualifiera de "sociale" va plutôt porter l’idée que pour favoriser la capacité à entreprendre il faut garantir un socle social égal pour tous. De là ensuite partent tous les moyens de mise en oeuvre qui séparent tous les partis de chaque camps mais en tout cas, le clivage gauche droite existe et est bien réel. Point.
    Une fois qu’on a compris cette distinction, il est normal de prôner ce que ferait un gouvernement de gauche plutôt "qu’un gouvernement soucieux des intérêts de la France".

    Pour la partie sur la désobéissance aux traités en contradiction avec l’Etat de droits, là je suis obligé d’être absolue et catégorique car il n’y a pas le choix sur ce sujet. Il ne faut pas oublier quand même qu’on parle de Rouges avec un grand R… Ce sont des révolutionnaires et donc oui ils auront les couilles de désobéir et de dire fuck aux sanctions si ils jugent que c’est mieux pour l’intérêt général. On peut ne pas être d’accord avec ça et dire que ça va faire une desastre économique bla bla bla mais le sujet n’est pas là. Le mouvement révolutionnaire est connu pour avoir toujours opéré comme cela dans l’histoire et il compte bien continuer. C’est tout. T’es d’accord tu suis et t’engage, t’es pas d’accord tu ne suis pas. Point. Ya pas à chercher de transgression de la loi machin du traité bidule, on parle de révolution là. Okay Mélenchon espère lui faire prendre une autre allure en la nommant de "citoyenne" ou "par les urnes", il n’en reste pas moins que c’est une révolution que le FDG prépare. Comprendre cette dimension est essentiel pour comprendre les résolutions.

    En ce qui concerne la souveraineté du peuple qui a ratifié les traités européens, c’est justement l’angle d’attaque du FDG. Ce n’est pas le peuple qui a ratifié ces traités et quand bien même il les dénoncait demain, il ne pourait plus les changer. Il a donc perdu sa souveraineté et doit donc désobéier. Je trouve ça assez limpide comme explication personnellement…

    Pas de commentaire sur la position du PGE et des patis européens, l’analyse est bonne mais c’est sous-estimer les militants que de penser qu’ils n’en sont pas conscients. Ils n’en sont pas tous conscients bien-sûr mais certains le sont. La bonne question après une telle analyse c’est: Okay, et donc on fait quoi? On reste assi bêtement dans sont fauteuil, fier de l’analyse qu’on vient de pondre? Ou bien on tente qd mm d’agir? Le FDG tente qd mm d’agir lui…

    Rien à redire sur l’Euro, la décision de ne pas en sortir va dans la continuité de l’idéologie Mélenchoniste (je dis bien Mélenchoniste car tout le monde n’est pas d’accord sur ce sujet au sein du FDG) à vouloir imposer un modèle socialiste à tout l’EUrope. Dans cette volonté, la monnaie commune serait un outil des plus puissant comme le démontre aujourd’hui l’allemagne.

    En ce qui concerne le pôle de finance publique, il n’a jamais été dit que se serait une BPI, les statut et les sources de financement de ce pôle public peuvent être complètement différent et donc garantir d’une meilleure façon les fonds propres et autres conditions pour pouvoir emprunter à la BCE.

    Sur la suite de la critique du programme économique, je valide. Mais bon, encore une fois, qu’est-ce que vous proposez d’autre?…

    Par contre sur la pique du droit fondamental des femmes à disposer de leur corps, "et pourquoi pas les hommes"? Merci pour cet argument débile. On parle ici clairement du droit à l’avortement. Faut-il que les hommes aient le droit d’avorter? Là chapeau, il n’y a pas mieux pour passer pour un abruti.
    Bon après, avoir lu tout ça (je ne te connaissais pas avant), il me semblerait que tu fasse parti de ces nouveaux hybrides citoyens ne connaissant pas la différence entre gauche et droite car ne connaissant les fondamentaux et les origines d’aucun des deux mouvements. Alors je me sens l’obligation d’expliquer l’attachement historique de la gauche au droit à l’avortement. Il s’agit de ne pas attacher une capacité biologique à un destin social. A savoir que si une fille de 18 ans tombe enceinte après son bac, au lieu de finir mère au foyer, elle a le droit de prendre la lourde décision (avec toutes les conséquences psychologiques que ça représente) d’avorter pour pouvoir faire des études et se garantir un meilleur avenir par exemple. L’avortement est un choix personnel lourd à assumer et qui impacte directement sur le corps de la femme d"où le ratacheent au droit fondamental à disposer de son corps.

    Sur ce, bon week-end !!

    • Descartes dit :

      @ Bradou

      [« Pour comprendre les débats idéologiques fort opaques au sein du Front de Gauche, il n’y a pas d’autre voie que l’analyse des textes qu’ils produisent. » Faux. Il suffit d’y participer, ça permet en effet de comprendre les arguments qui ont été débattus avant de poser les directions à suivre et donc de ne pas être étonné ou voir bifurcations et magouilles politiques à chaque changement de direction.]

      « Il suffit d’y participer » ? Et bien, indiquez moi comment on fait pour « y participer » aux réunions de la coordination du Front de Gauche, par exemple. Je serais ravi d’y participer. Malhereusement, cette instance est non seulement fort confidentielle, mais il est même impossible d’en connaître sa composition. Je vous mets au défi de produire une liste de ses membres…

      « Il suffit d’y participer », c’est la réponse standard de la langue de bois. Non, il ne suffit pas « d’y participer ». Ce sont les gens qui « y participent » qui le disent eux-mêmes. Ils découvrent que des textes débattus pendant des semaines passent tout à coup à la trappe on ne sait pas pourquoi (rappelez vous du sort du texte « ligne d’horizon »…), que des « notables » mettent dans leurs discours ou leurs tracts des propositions qui ont été explicitement exclues lors des accords entre les différentes composantes du Front (ex : la déclaration de Gabriel Amard sur la fermeture de Fessenheim).

      [Ces débats ne sont pas opaques mais bien ouverts à tous, le FDG fait justement parti de ces rares organisations politique nouvelles où c’est le cas. J’y participe sans arrêt et pourtant je ne suis encarté nulle part.]

      Vous participez à la coordination du Front de Gauche ? Mes félicitations. Je suis tout de même étonné que vous prétendiez que cette instance, dont – j’insiste – on ne connaît publiquement même pas la composition, est « ouverte à tous ». Mais peut-être confondez-vous les réunions ou se prennent les décisions avec les innombrables « forums », « assises » et autres ou chacun lève la main et dit ce qui lui passe par la tête. Celles-là, oui, sont ouvertes à tout le monde. Mais en dehors d’une thérapie collective, elles ne produisent pas grande chose. Les décisions, les vraies, sont prises ailleurs de manière parfaitement opaque.

      [Premièrement, Mélenchon s’est longuement expliqué sur le choix de sa campagne pour Maastricht et sur les raisons qui l’ont amenées à retourner sa veste. Je vous laisse chercher les multiples sources sur internet.]

      Justement, j’ai beaucoup cherché, et je n’ai rien trouvé. Et le fait que vous-même vous ne donniez pas une référence précise me laisse penser que vous non plus, vous n’avez pas vu ces « longues explications ». Je vous mets au défi de me donner une seule référence d’un texte critique ou Mélenchon explique « les raisons qui l’ont amenées à retourner sa veste ». Je ne me souviens même pas d’un texte ou il admet un tel retournement…

      [Pour moi la raison est simple et revient de la condition même des partis politiques: Dans un parti on se fait confiance et on vote ensemble pour faire de la masse dans le rapport de force face à l’adversaire.]

      Vous voulez dire qu’en 1992, lorsque Mélenchon avait déclaré que le traité de Maastricht est un « compromis de gauche » et que ceux qui s’opposaient à sa ratification étaient des nostalgiques de Vichy il n’en pensait pas un mot ? Guaino, Seguin, Chevènement ont eu le courage de dire ce qu’ils pensaient de ce traité malgré les choix contraires de leurs partis. Pas Mélenchon. Laurent Fabius a eu le courage de flinguer sa carrière politique en votant « non » au TCE malgré la position de son parti. Pas Mélenchon. Quelle confiance puis-je avoir en un homme qui sur une question aussi fondamentale est prêt à déclarer devant la représentation nationale exactement le contraire de ce qu’il pense ? Comment confier le destin du pays à quelqu’un qui aurait une vision aussi « moutonnière » de la politique ?

      De grâce, ne me sortez pas l’argument de discipline de parti. Il peut à la rigueur expliquer pourquoi Mélenchon a voté le traité. Mais pas pourquoi il l’a défendu publiquement en des termes sans la moindre ambiguïté. Et pourquoi il a continué à le défendre jusqu’au jour d’aujourd’hui. Parce que vous remarquerez que dans les discours mélenchonniens, on parle beaucoup du traité de Lisbonne, jamais de celui de Maastricht. Une coïncidence, peut-être.

      [Dans une réelle démocratie (utopique), sans parti, il n’y aurait pas de rapport de force à maintenir et ainsi chaque citoyen voterait en pleine connaissance de causes ou voterait blanc. Aujourd’hui ce n’est pas le cas et ainsi, on voit des abérations telles qu’un homme de lettre comme Mélenchon, votant pour un traité alors que le contenu économique est plus que mauvais.]

      Vous vous racontez une histoire que vous voulez croire. Le fait est que des hommes aussi divers que Chevènement, Séguin, Fabius ou Guaïno ont eu le courage de dire « non » au risque de flinguer leur carrière. Pas Mélenchon. Et on aimerait que l’intéressé nous explique pourquoi, chose qui, contrairement à ce que vous affirmez sans donner de référence, il n’a jamais fait.

      [Sauf que lui n’a pas forcément les moyens pour s’en rendre compte pleinement et décide de suivre la stratégie de son parti par confiance envers ses camarades.]

      Ou peut-être aussi par obéissance féodale à un président qui à l’époque avait encore le pouvoir de distribuer postes et prébendes. Tout est possible dans ce bas monde.

      [Deuxièmement sur les explications du traité lors du référendum de 1992: Ce n’est pas au PCF que revient le rôle d’expliquer la loi, les institutions devraient être accessibles pour tous ou en tout cas les moyens pour les comprendre devraient l’être.]

      C’est votre opinion, une opinion très respectable, mais qui n’en fait pas pour autant une vérité indiscutable. Les institutions ont pour fonction de rendre accessible à tous la loi, et ils l’ont fait en publiant le texte. Mais c’est aussi aux partis politiques d’expliquer les projets présentés au suffrage, et cela résulte du texte même de notre Constitution (article 4 : « Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage »). Et si le PCF l’a fait, puisqu’il a distribué en grand nombre une brochure fort bien faite expliquant le contenu du traité, c’est bien qu’il estimait que cela entrait dans son rôle.

      [Donc la contre argumentation tombe à l’eau puisqu’en effet, sans une certaine catégorie d’élus pour expliquer les institutions au peuple par idéologie propre, l’explication ne serait pas assurée et les ratifications seraient donc bien établis sans consultation des peuples.]

      N’importe quoi. Un parti politique n’est pas « une catégorie d’élus ». Il y a des partis politiques qui ont peu ou pas d’élus, et cela ne les empêche pourtant pas de participer au débat public. En 1992, le peuple français a bien été consulté, et il a fait un choix éclairé puisqu’un riche débat a eu lieu en préalable à la ratification. Dire que le traité de Maastricht a été « négocié en secret par les gouvernements et ratifié sans que les peuples ne soient consultés » est parfaitement contraire à la vérité historique.

      Par ailleurs, je vous fais remarquer que si vous contestez la légitimité de la ratification populaire du traité de Maastricht sous prétexte que le peuple n’avait pas tous les tenants et aboutissants, vous devriez sur le même fondement contester le rejet du traité constitutionnel en 2005…

      [Par contre ensuite, quand tu mets en opposition l’expression « gouvernement de gauche » à « un gouvernement soucieux des intérêts de la France devrait faire ceci ou cela » pour soit-disant révéler "la difficulté du Front de Gauche de sortir du manichéisme gauche/droite". Excuse-moi mais c’est complètement abruti comme argumentaire.]

      Je ne t’excuse pas. Si tu pouvais exposer tes contre-arguments sans avoir besoin en introduction de qualifier les arguments de ton adversaire d’un mot insultant ou grossier, le débat gagnerait en sérénité. Si tu crois qu’en me traitant d’abruti tu donnes plus de force à ton argumentation, tu te fous le doigt dans l’œil.

      Cet argument n’a rien « d’abruti ». Pourquoi à votre avis les prescriptions du Front de Gauche s’adressent exclusivement à « un gouvernement de gauche » et non à un « gouvernement » en général ? A ton avis, quel est le sens de ce choix ?

      [Bien sûr que des gens de droite peuvent avoir la même vision que des gens de gauche sur certain sujet. En particulier sur les questions de souveraineté des Etats.]

      Ils peuvent même avoir une vision plus intelligente et plus informée. Qui avait raison, en 1992, le « gaucher » Mélenchon ou le « droitier » Séguin ? Il n’est pas inutile de rappeler que lors de la ratification de 1992, le « oui » l’a emporté d’un peu moins de 500.000 voix, et que LO par la bouche d’Arlette Laguiller avait appelé à s’abstenir. Si elle avait appelé à voter « non », l’histoire aurait pu être très différente. Comme quoi, il arrive que la droite ait raison et que la gauche ait tort…

      [Ceci dit, il est capital de différencier gauche et droite. C’est nier la réalité que de ne pas le faire. Ceci dit tu le fait toi-même dans ton titre de blog alors je ne comprends pas vraiment si c’est une erreur, du foutage de gueule ou de la débilité profonde… "Blog de débat pour ceux qui sont fatigués du discours politiquement correct et de la bienpensance à gauche" Y a pas de bienpensance de droite? Y a une différence ou pas?]

      La seule différence que je vois, c’est qu’il n’y a pas aujourd’hui de « bienpensance à droite ». Au contraire. La droite est complexée. Elle se sent obligée en permanence de se justifier. Je connais beaucoup de gens de droite, je n’y ai jamais trouvé cette bonne conscience, cette conviction de représenter le Bien, le Beau, le Juste que je retrouve à gauche. A droite, on trouve des discours du genre « c’est bien regrettable, mais on ne peut pas faire autrement ». Il n’y a qu’à gauche qu’on cherche à convaincre les gens que ce qu’on propose est non seulement ce qui a de mieux dans un monde imparfait, mais qu’on fera le bonheur des gens.

      Bien entendu, il y a d’autres différences : il y a une histoire longue qui a donné forme à la division gauche/droite. Mais en terme des politiques mises en œuvre ou des projets ? Difficile de parler aujourd’hui de « gauche » et « droite » quand la « gauche » contient en même temps un Jouyet et un Mélenchon, un Lamy et un Besancenot, un Laurent et un Tapie. Et c’est quoi « la droite » lorsqu’elle contient en même temps un Guaino et un Raffarin, un Sarkozy et un Séguin ? Aujourd’hui, la division droite/gauche n’est plus qu’un prétexte pour exploiter le réflexe pavlovien de l’électeur.

      [La différence entre gauche est droite elle existe est elle trouve sa source dans les différence d’idéologie pour élever la société. Pour faire simple, la société s’élève par l’activité humaine. Favoriser l’activité humaine permet donc d’élever la société: le progrès, le niveau de vie, le confort, etc… Jusque là on est tous d’accord. C’est au moment d’établir les moyens de favoriser cette élévation que le clivage gauche droite s’opère. En gros, une pensée de droite sera plutôt "méritocrate" (Encore que ça se conteste mais on ne va pas rentrer dans les détails…) et va dire que l’activité humaine est boostée par la capacité à entreprendre et va donc favoriser les entrepreneurs pour tirer tout le monde vers le haut. Une pensée de gauche elle, que l’on qualifiera de "sociale" va plutôt porter l’idée que pour favoriser la capacité à entreprendre il faut garantir un socle social égal pour tous.]

      Oui mais… avec votre raisonnement, ou se situent les Lamy, les Jouyet, les Hollande, les Sapin ? Où se situent les Chevènement ? Et les Guaino ? Le problème de votre définition, c’est qu’en l’appliquant strictement, vous trouverez la moitié de ce qu’on appelle habituellement « la gauche » à droite, et la moitié de ce qu’on appelle « la droite » à gauche. Avec votre critère, les gouvernements de gauche ont généralement fait des politiques de droite, et les gouvernements de droite des politiques de gauche…

      [De là ensuite partent tous les moyens de mise en oeuvre qui séparent tous les partis de chaque camps mais en tout cas, le clivage gauche droite existe et est bien réel. Point.]

      Je me méfie toujours de ceux qui veulent clore le débat. Votre « point » ne ferme rien. Ce n’est pas parce que vous répétez une affirmation qu’elle devient une vérité. Vous pouvez toujours créer une division « droite/gauche » en définissant une partition arbitraire. Si je décide appeler « gauche » tous ceux qui ont les yeux bleus et « droite » ceux qui ne les ont pas, j’aurai aussi une « division droite/gauche ». La question aujourd’hui n’est pas tant de savoir si je peux distinguer la « gauche » de la « droite » – je peux toujours, en fabriquant une définition ad hoc – mais si la distinction ainsi crée sert à quelque chose à l’heure d’analyser la politique française. Dans la mesure ou vous trouver dans la « gauche » comme dans la « droite » des gens défendant tout et son contraire, la réponse me semble devoir être négative, puisque en sachant que telle ou telle personne, que tel ou tel gouvernement, est de « droite » ou de « gauche » ne vous permet pas de savoir ce qu’il défend ni quelles seront ses politiques.

      [Une fois qu’on a compris cette distinction, il est normal de prôner ce que ferait un gouvernement de gauche plutôt "qu’un gouvernement soucieux des intérêts de la France".]

      Non. On pourrait à la rigueur conclure que les mesures qu’on propose seront plus probablement mises en œuvre par un gouvernement de gauche que par un gouvernement de droite. Mais ce n’est pas là une raison pour ne pas exiger la même chose des deux…

      [Pour la partie sur la désobéissance aux traités en contradiction avec l’Etat de droits, là je suis obligé d’être absolue et catégorique car il n’y a pas le choix sur ce sujet. Il ne faut pas oublier quand même qu’on parle de Rouges avec un grand R… Ce sont des révolutionnaires et donc oui ils auront les couilles de désobéir et de dire fuck aux sanctions si ils jugent que c’est mieux pour l’intérêt général.]

      J’avoue que je ne vous comprends pas. Si ce sont des « révolutionnaires », pourquoi se contenter de « désobéir » et ne pas « avoir les couilles » de dénoncer les traités franchement ? Drôle de « révolutionnaires », vos « Rouges »…

      Relisez mon papier. Vous comprendrez que la question posée n’est pas celle de savoir si on a « les couilles » ou pas – quoi qu’en mon expérience, il est plus facile en politique d’avoir « les couilles » que d’avoir le cerveau – mais une question fondamentale de conception institutionnelle. Dans un Etat de droit, la « désobéissance » est ouverte aux citoyens, aux groupes de citoyens, mais pas à l’Etat. Précisément parce que l’Etat de droit implique que l’Etat soit soumis à la loi. Maintenant, on a le droit de vouloir sortir de l’Etat de droit, mais dans ce cas, il faut le dire clairement. Et je doute fort que même vos « révolutionnaires » aient « les couilles » pour aller aussi loin. Parce qu’une fois qu’on a dit que l’Etat n’est plus tenu à obéir la loi, que l’Etat peut s’asseoir sur les décisions de justice, on est dans une tyrannie. Et je doute fort que les français veuillent une tyrannie, en ce moment.

      [On peut ne pas être d’accord avec ça et dire que ça va faire une desastre économique bla bla bla mais le sujet n’est pas là.]

      C’est pourquoi ne j’ai pas soulevé cet argument. Curieusement, vous cherchez à réfuter les arguments que personne n’a proposé, et vous négligez de répondre à ceux qui ont été soulevés. Avant de discuter les conséquences de la « désobéissance », il faut se demander si celle-ci est institutionnellement possible.

      [Le mouvement révolutionnaire est connu pour avoir toujours opéré comme cela dans l’histoire et il compte bien continuer.]

      Qu’est-ce que vous en savez ? Le « mouvement révolutionnaire » vous a-t-il nommé son porte-parole pour que vous puissiez dire en son nom ce qu’il compte ou ne compte pas faire ?

      Si vous regardez l’histoire, vous remarquerez que ce n’est pas ainsi que les mouvements révolutionnaires ont « opéré ». Si les révolutionnaires ont souvent proposé la « désobéissance » lorsqu’ils étaient dans l’opposition, rares sont ceux qui ont proposé que l’Etat révolutionnaire lui-même « désobéisse ». Au contraire : les révolutionnaires ont en général cherché a effacer les lois anciennes, pas à les conserver tout en désobéissant. En 1917, la Russie révolutionnaire n’a pas « désobéi » aux traités signés par la Russie tsariste, il les a dénoncés. Les gouvernements issus de la révolution française n’ont pas appelé les gens à désobéir les lois anciennes, ils les ont aboli pour les remplacer par des lois nouvelles auxquelles ils ont exigé une obéissance absolue.

      [C’est tout. T’es d’accord tu suis et t’engage, t’es pas d’accord tu ne suis pas. Point.]

      Encore un « point » ? Décidément, vous semblez avoir des difficultés à concevoir qu’il puisse avoir un débat ouvert… eh bien non, rien ne m’oblige à choisir entre les deux alternatives que vous proposez, alternative qui ressemble drôlement au « celui qui n’est pas avec moi est contre moi » posé par Arturo Ui. Il y a bien d’autres options. Je peux par exemple m’engager sans suivre, parce que je suis d’accord sur certaines choses et pas d’autres.

      [Ya pas à chercher de transgression de la loi machin du traité bidule, on parle de révolution là.]

      Vous, vous parlez de « révolution ». Le problème c’est que votre révolution, vous n’allez pas la faire tout seul. Il faudra convaincre les français que c’est une bonne idée. Et si vous croyez que vous allez convaincre les français qu’ils se trouveront mieux si l’on remplace l’Etat de droit que nous avons réussi à créer après des siècles de lutte par un gouvernement arbitraire qui s’affranchira des lois, vous faites à mon avis une lourde erreur. Vous devriez vous souvenir de la formule de Robespierre : « entre le faible et le fort, c’est la liberté qui asservit et la Loi qui libère ». Et si l’Etat, qui est chargé de faire obéir les lois, n’y est pas soumis, quel recours aura le citoyen ?

      Comme beaucoup de gens dans la « gauche radicale », vous semblez mépriser la réflexion institutionnelle. Vous semblez croire que la révolution c’est « je fais ce que je veux ». Le problème, c’est que les gens n’ont pas envie de mettre leur vie et leurs biens à la merci d’un quelconque « mouvement révolutionnaire ». Et vous-même, si vous réfléchissiez deux minutes, vous seriez d’accord avec eux. Avez-vous envie de risquer qu’un « gouvernement révolutionnaire » se saisisse de vos biens ou de vous-même pour vous jeter en prison ? Car une fois qu’on permet à l’Etat de s’affranchir des limites posés par la loi, tout est possible.

      [Okay Mélenchon espère lui faire prendre une autre allure en la nommant de "citoyenne" ou "par les urnes", il n’en reste pas moins que c’est une révolution que le FDG prépare. Comprendre cette dimension est essentiel pour comprendre les résolutions.]

      Et risque de la préparer encore très, très longtemps. Pour une fois, je ne peux que donner raison à Mélenchon. Il a parfaitement compris que parler d’une « révolution » sans immédiatement la qualifier d’un terme qui rassure quant à sa volonté de garder l’Etat de droit et donc les procédures qui vont avec a le même effet sur les citoyens qu’une gousse d’ail sur un vampire.

      [En ce qui concerne la souveraineté du peuple qui a ratifié les traités européens, c’est justement l’angle d’attaque du FDG. Ce n’est pas le peuple qui a ratifié ces traités et quand bien même il les dénoncait demain, il ne pourait plus les changer. Il a donc perdu sa souveraineté et doit donc désobéier. Je trouve ça assez limpide comme explication personnellement…]

      Confession pour confession, j’ai rarement rencontré une explication aussi obscure. Le traité de Maastricht, je vous le rappelle, a été ratifié par référendum. Dans ces conditions, difficile de dire qu’il n’a pas été ratifié par le peuple souverain puisqu’il s’agir d’une ratification directe. D’ailleurs le FdG déclare que le TCE a été rejeté « par le peuple souverain » en 2005. Je sais qu’au FdG le raisonnement ad hoc règne en maître, mais prétendre que c’est le « peuple souverain » qui s’exprime dans un référendum lorsque le résultat vous convient et que ce n’est pas le peuple qui s’est exprimé lorsque le résultat vous contrarie, c’est pousser la chose au delà du raisonnable.

      Pour ce qui concerne la dénonciation… si l’on dénonce le traité, celui-ci cesse tout simplement d’exister pour nous. La question ne se pose plus donc de le « changer », mais d’en signer un nouveau. Un traité est un accord entre deux ou plusieurs parties, et il faut donc l’accord de toutes les parties pour le modifier, autrement ce ne serait plus un accord. Le fait que le peuple français puisse dénoncer un traité mais pas les changer ne signifie donc en rien qu’il ait « perdu sa souveraineté ».

      [Pas de commentaire sur la position du PGE et des patis européens, l’analyse est bonne mais c’est sous-estimer les militants que de penser qu’ils n’en sont pas conscients. Ils n’en sont pas tous conscients bien-sûr mais certains le sont. La bonne question après une telle analyse c’est: Okay, et donc on fait quoi? On reste assi bêtement dans sont fauteuil, fier de l’analyse qu’on vient de pondre? Ou bien on tente qd mm d’agir? Le FDG tente qd mm d’agir lui…]

      Entre rester assis bêtement dans mon fauteuil et « agir » bêtement dans une direction que j’estime mauvaise, je choisis sans hésiter la première solution. Ce que vous énoncez ici, c’est le principe de « primauté de l’action » qui a été utilisé de tout temps par les dirigeants des groupuscules gauchistes pour tuer – ou du moins pour essayer de tuer – toute contestation de leurs orientations.

      Rien n’oblige les militants du FdG de « agir quand même » sur des mots d’ordre absurdes ou contraires à l’intérêt de la France. Si comme vous le dites ils sont « conscients » du problème, ils n’ont qu’a « agir » pour changer les orientations, au lieu de répéter le discours de leurs dirigeants.

      [Rien à redire sur l’Euro, la décision de ne pas en sortir va dans la continuité de l’idéologie Mélenchoniste (je dis bien Mélenchoniste car tout le monde n’est pas d’accord sur ce sujet au sein du FDG) à vouloir imposer un modèle socialiste à tout l’EUrope. Dans cette volonté, la monnaie commune serait un outil des plus puissant comme le démontre aujourd’hui l’Allemagne.]

      Tout à fait, sauf que grâce à l’Euro, c’est l’Allemagne qui va nous imposer son modèle ordo-libéral et non l’inverse. Quant à l’idée que ce serait « l’idéologie Mélenchoniste » qui s’est imposée alors que « tout le monde n’est pas d’accord », il faut admettre que si Mélenchon a pu imposer son idéologie sans qu’on entende de points de vue divergents, c’est qu’il y a une large majorité qui est d’accord avec lui. Autrement, cela se serait su… vu que les débats au FdG sont conduits, selon vous, en toute transparence…

      [En ce qui concerne le pôle de finance publique, il n’a jamais été dit que se serait une BPI, les statut et les sources de financement de ce pôle public peuvent être complètement différent et donc garantir d’une meilleure façon les fonds propres et autres conditions pour pouvoir emprunter à la BCE.]

      La seule « source de financement » dont parle le projet du FdG sont les liquidités mises à disposition des banques par la BCE. Si vous voyez d’autres sources de financement, pourriez vous indiquer très précisément lesquelles ?

      [Sur la suite de la critique du programme économique, je valide. Mais bon, encore une fois, qu’est-ce que vous proposez d’autre?…]

      Moi, rien. Ce n’est pas mon boulot. Je ne suis qu’un simple citoyen, qui bosse huit heures par jour. C’est le boulot des partis politiques, qui ont les moyens et des gens qui sont payés pour ça de faire des propositions. Ce serait très prétentieux de ma part, moi qui n’a que quelques loisirs à consacrer à la politique, que de prétendre « faire des propositions ». Mais puisque vous insistez, je vous propose quelques orientations : sortie de l’Euro et rétablissement d’une monnaie nationale, sortie de l’UE et négociation d’un accord d’association, instauration d’un « protectionnisme intelligent » comme je l’ai expliqué sur ce blog…

      [Par contre sur la pique du droit fondamental des femmes à disposer de leur corps, "et pourquoi pas les hommes"? Merci pour cet argument débile. On parle ici clairement du droit à l’avortement.]

      Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement. Si on parle ici « clairement d’avortement », autant utiliser le mot « avortement » et éviter toute ambiguïté. Pourquoi, à votre avis, on utilise à la place cette formule ambiguë de « droit à disposer de son corps » ? Si vous vous posiez un peu plus de questions au lieu de sauter comme un ressort et insulter vos interlocuteurs, vous vous éviterez de dire beaucoup de bêtises.

      [Là chapeau, il n’y a pas mieux pour passer pour un abruti.]

      Sur ce sujet, je ne vous disputerai pas. Lorsqu’il s’agit de passer pour un abruti, ce n’est pas moi l’expert.

      [Bon après, avoir lu tout ça (je ne te connaissais pas avant), il me semblerait que tu fasse parti de ces nouveaux hybrides citoyens ne connaissant pas la différence entre gauche et droite car ne connaissant les fondamentaux et les origines d’aucun des deux mouvements. Alors je me sens l’obligation d’expliquer l’attachement historique de la gauche au droit à l’avortement.]

      Monsieur est trop bon… mais permettez moi de vous suggérer de vérifier vos informations avant de vous mettre dans la position du professeur pédant donneur de leçons. Vous éviteriez ainsi de dire d’énormes bêtises, par exemple, de parler de « l’attachement historique de la gauche au droit à l’avortement ». Malheureusement pour vous et votre théorie, « la gauche » n’est certainement pas « historiquement attachée au droit à l’avortement ». Au contraire : jusqu’aux années 1960, « la gauche » comme vous dites était majoritairement contre ce droit. C’était en particulier le cas du PCF, qui dès les années 1930 a choisi une ligne fortement nataliste, mais aussi celui de la SFIO. Si comme vous dites « la gauche est historiquement attachée à l’avortement », comment expliquez vous qu’alors que la gauche a été majoritaire au Parlement plusieurs fois au cours du XXème siècle – en 1936, en 1946, en 1954 – elle n’ait jamais légiféré dans ce sens ? En fait, « l’attachement historique » de la gauche au droit à l’avortement date du début des années 1970. Mais pour vous, j’ai l’impression, c’est là que commence l’Histoire.

      [Il s’agit de ne pas attacher une capacité biologique à un destin social. A savoir que si une fille de 18 ans tombe enceinte après son bac, au lieu de finir mère au foyer, elle a le droit de prendre la lourde décision (avec toutes les conséquences psychologiques que ça représente) d’avorter pour pouvoir faire des études et se garantir un meilleur avenir par exemple.]

      Ah… c’est pour ça… mais dites, si elle découvre le problème une fois l’enfant né, a-t-elle aussi le droit de le tuer ? Ou bien doit-elle se résigner à « finir mère au foyer » et arrêter ses études ?

      Ensuite, si l’objectif avait été « de ne pas attacher une capacité biologique à un destin social », on aurait légalisé l’avortement sous conditions de ressources. Non : lorsque l’avortement à été légalisé, il a été légalisé pour toutes les femmes, et pas seulement pour les « filles de 18 ans » en réponse non pas à la situation caricaturale que vous évoquez, sinon au nom d’une vision bien plus globale, qui est celle de la maîtrise par les femmes de leur fertilité, c’est-à-dire, de leur liberté à choisir combien d’enfants et à quel moment les avoir. C’est cette liberté, et non une considération « sociale » qui a présidé aux mouvements initiés dans les années 1960 et qui ont abouti au vote de la loi Veil – et pas par une majorité de gauche, notez-le bien – en 1976.

      [L’avortement est un choix personnel lourd à assumer et qui impacte directement sur le corps de la femme d"où le rattachement au droit fondamental à disposer de son corps.]

      Attendez, attendez… vous aviez dit plus haut que le « droit à disposer de son corps » et « le droit à l’avortement » étaient une et même chose. Ici, vous expliquez que l’un se « rattache » à l’autre. Pourriez-vous indiquer en quoi consiste pour vous le « droit fondamental à disposer de son corps » en dehors de l’avortement ?

      [Sur ce, bon week-end !!]

      De même…

    • CVT dit :

      @Descartes,
      [Vous devriez vous souvenir de la formule de Robespierre : « entre le faible et le fort, c’est la liberté qui asservit et la Loi qui libère »]

      une petite correction historique: ce n’est l’Incorruptible qui est l’auteur de cette fameuse sentence, mais un prêtre (oui, un prêtre), en l’occurrence l’abbé Lacordaire, député pendant l’éphémère IIè République. La citation complète (de mémoire) était:
      "Entre le fort et le faible, le maître et le serviteur, le riche et le pauvre, la liberté opprime et la loi libère". C’est l’une des phrases qui raisonne le plus dans mon coeur, et qui est l’une de mes boussoles en matière politique car elle explique, par exemple, pourquoi je suis foncièrement anti-libéral. L’une des caractéristiques du libéralisme est la substitution de la loi, qui est le résultat de délibérations collectives, par le contrat, émanation de relations interpersonnelles et sujette aux inégalités les plus diverses (physiques, sociales, etc….).
      Pour en revenir à votre discussion, je crois que bien des gens à gauche en 2014 (et ce depuis… Mai 68) confondent allègrement émancipation individuelle et collective, à l’instar de votre contradicteur: c’est ce que j’ai pu constater depuis mon court passage au PG, où des droits individuels comme l’avortement, le mariage gay ou la parité sont conçus comme des conquêtes sociales, alors qu’elles ne sont que des conquêtes "sociétales", souvent issues de revendications des classes petit-bourgeoises et moyennes. En effet, qui allaient se faire avorter à l’étranger avant 1975? Les filles de bonnes famille. Qui va faire des enfants PMA en Belgique ou en Espagne? Des couples de lesbiennes aisées. Idem pour la GPA, où des couples homosexuels vont "louer" des ventres, comme bientôt, les travailleurs recommenceront à louer leur bras (dixit P.Bergé), puisque c’est une revendication de…gauche! Sans même s’en rendre compte, au nom de l’émancipation individuelle, le FdG se rend complice d’une vague profondément contre-révolutionnaire, puisqu’elle prône la liberté absolu de l’individu-roi, et donc, le retour à de l’arbitraire. Et tout cela parce qu’il est incapable de surmonter ses contradictions, entre émancipation individuelle (i.e. aspiration à plus de liberté individuelle, fusse même au détriment de la société) et émancipation collective (conquêtes sociales, fin de l’exploitation au sens marxiste du terme).
      C’est bien ce refus de choisir qui fait que je crois de moins en moins aux partis de gauche, car cette position est irresponsable, pour ne pas dire infantile. Or la politique est une affaire de gens adultes et responsables…

    • Descartes dit :

      @ CVT

      [une petite correction historique: ce n’est l’Incorruptible qui est l’auteur de cette fameuse sentence, mais un prêtre (oui, un prêtre), en l’occurrence l’abbé Lacordaire, député pendant l’éphémère IIè République. La citation complète (de mémoire) était:
      "Entre le fort et le faible, le maître et le serviteur, le riche et le pauvre, la liberté opprime et la loi libère".]

      Vous avez tout à fait raison. J’aurais du vérifier ma citation. Sauf que Lacordaire utilise le terme « affranchit » à la place du moderne « libère »…

      [C’est l’une des phrases qui raisonne le plus dans mon coeur, et qui est l’une de mes boussoles en matière politique car elle explique, par exemple, pourquoi je suis foncièrement anti-libéral. L’une des caractéristiques du libéralisme est la substitution de la loi, qui est le résultat de délibérations collectives, par le contrat, émanation de relations interpersonnelles et sujette aux inégalités les plus diverses (physiques, sociales, etc….).]

      Personnellement, je ne rejette pas aussi rapidement le libéralisme que vous. Le contrat a aussi sa place, et est bien plus efficient dans beaucoup de cas pour s’adapter aux circonstances particulières de chaque situation que la loi. Par contre, lorsque le statut des deux contractants est si différent qu’une des parties à de fait le pouvoir d’imposer ses clauses à une autre, seule la loi peut garantir contre les abus. Je ne crois pas qu’il faille rejeter le libéralisme en bloc. Et beaucoup de libéraux acceptent parfaitement le besoin de régulation par la délibération collective lorsque les rapports sont inégaux. Le problème n’est pas tellement le libéralisme, comme l’intégrisme libéral.

      [Pour en revenir à votre discussion, je crois que bien des gens à gauche en 2014 (et ce depuis… Mai 68) confondent allègrement émancipation individuelle et collective, à l’instar de votre contradicteur: c’est ce que j’ai pu constater depuis mon court passage au PG, où des droits individuels comme l’avortement, le mariage gay ou la parité sont conçus comme des conquêtes sociales, alors qu’elles ne sont que des conquêtes "sociétales", souvent issues de revendications des classes petit-bourgeoises et moyennes.]

      Je pense qu’il y a derrière cette vision « sociétale » une grande ignorance historique et une véritable absence de réflexion institutionnelle. La gauche « sociétale » pense comme si les institutions étaient faites pour faire le bonheur des individus. On le voit jusqu’à la caricature dans l’argumentation adoptée par cette gauche pour défendre le « mariage pour tous », et que l’on peut résumer par « il faut ouvrir le mariage aux homosexuels parce que cela leur fait plaisir et que cela ne change rien pour les autres ». En d’autres termes, quelque chose qui fait plaisir aux individus concernés et ne change rien à la situation des autres doit être accordé. Seulement, les institutions n’ont pas comme fonction que de faire plaisir aux individus. Elles assurent aussi la stabilité et la prévisibilité des rapports sociaux et la préservation et la reproduction de la société. Pourquoi m’interdit-on de vendre mes organes ? Après tout, si j’en ai envie… seulement voilà, les citoyens ont estimé que même si cela arrange les individus concernés, permettre ce commerce dégrade les rapports sociaux. Et c’est donc interdit. Et si personne ne trouve cette interdiction scandaleuse, c’est probablement parce que les classes moyennes n’ont pas encore assez d’argent pour acheter les organes en question…

      [Et tout cela parce qu’il est incapable de surmonter ses contradictions, entre émancipation individuelle (i.e. aspiration à plus de liberté individuelle, fusse même au détriment de la société) et émancipation collective (conquêtes sociales, fin de l’exploitation au sens marxiste du terme).]

      D’une certaine manière, la gauche « libérale-libertaire » a fait sienne l’observation de Margaret Thatcher : « il n’y a pas de société, il n’y a que des individus, et il y a des familles ». Les institutions n’ont aucune existence autonome, ce ne sont que des appareils destinés à faire le bonheur des individus. « Tout pour l’individu », donc…

      [C’est bien ce refus de choisir qui fait que je crois de moins en moins aux partis de gauche, car cette position est irresponsable, pour ne pas dire infantile. Or la politique est une affaire de gens adultes et responsables…]

      Vaste programme…

    • CVT dit :

      @Descartes,
      [Et c’est donc interdit. Et si personne ne trouve cette interdiction scandaleuse, c’est probablement parce que les classes moyennes n’ont pas encore assez d’argent pour acheter les organes en question…]

      Vous m’angoissez :-(…
      Question bête: que se passera-t-il quand il y aura un marché des organes? Déjà que ces classes moyennes ont les moyens de louer des ventres…

    • Courtial des Pereires dit :

      @ Descartes : Salut pote ! Je commente moins en ce moment mais je lis toujours tout en secret, pas encore calanché !

      @ Bradou :

      Content de voir de nouvelles tête par ici pour se frotter aux arguments-massues du Sieur Descartes. Je voulais juste réagir à ton (je te tutoies, ça se fait à gauche parce que bat les couilles des codes !) post sur quelques points :

      La différence droite / gauche : Tu m’as l’air bien enclin à te déclarer "de gauche", tout comme le FDG met en avant un "gouvernement de gauche", et je ne peux que t’envier d’avoir trouver ta voie aussi clairement. Pour ma part, je pense que cette distinction, ces clans en quelque sorte, est complètement dépassée de nos jours pour de très nombreux citoyens.

      Si je prends mon cas personnel déjà, je suis :

      – Soit un parfait nazi pour les gens "de gauche" : pour le service militaire, un modèle assimilationniste, un enseignement scolaire stricte qui enseigne mais n’éduque pas, avec pourquoi pas en plus des établissements mixtes mais des classes non-mixtes, et une priorité à l’apprentissage du Français et de l’Histoire de France (roman national), l’abandon de l’euro, le retour aux frontières, le protectionnisme et pourquoi pas la préférence nationale, je reconnais que la France est un pays majoritairement de race blanche et de culture Catholique (disons Chrétienne allez…) et qu’elle a vocation à le rester, contre l’adoption par les couples homosexuels, pour l’arrêt des subventions aux associations antiracistes, communautaires en général, et aux organismes de presse, pour le rétablissement du délit de Haute Trahison, avec circonstances aggravantes pour les gens aux responsabilités, blabla.

      – Soit un parfait gauchiste communiste bobo pour les gens de "droite" : pour la limitation des salaires avec impôt saisis à la source aussi, pour la décroissance dans une certaine mesure (en tout cas pour un changement radical de la religion du sacro saint Pouvoir d’Achat et de la logique matérialiste et consumériste à outrance de l’époque), pour une liberté d’expression plus importante (suppression de la loi Gayssot notamment, révision de la loi sur l’incitation à la haine raciale pour qu’on cesse de faire appel à cette terminologie pour tout et n’importe quoi), pour une démocratie plus directe, avec pourquoi pas un système de tirage au sort des élus (qui paraît bien utopique mais c’est bien de gauche ça alors !), pour le droit à l’avortement (pas forcément toujours remboursés cependant, la distribution des contribuables doit trouver une limite), pour une laïcité des institutions (école, service public, etc.), pour des unions civiles pour les couples homosexuels, pour la dépénalisation du cannabis (j’irai personnellement plus loin avec les drogues dites dures mais je ne crois pas que la société y trouve un meilleur avenir), pour un état fort et interventionniste (à condition d’avoir des gens qualifiés aux postes), blablabla.

      Difficile pour moi de me retrouver et de me reconnaître dans un camp bien précis, et encore plus de trouver un parti qui réponde à toutes mes attentes. Autour de moi, je constate chez les individus des tendances trans-courants tout aussi prononcées, sans que ça n’attire forcément leur attention d’ailleurs puisque la plupart sont prompt à se dire de "droite" ou de "gauche" tout comme toi. Moi j’ai une certaine aversion pour la bourgeoisie et les valeurs bourgeoises et plutôt une tendance à avoir du cœur pour les petites gens, les travailleurs, les paysans, la grande masse informe de ceux qui n’entreront jamais dans l’Histoire. Je suis quelqu’un de plutôt sensible, élevé par des parents de gauche molle (mère) et gauche cynique plus radicale et blasée (père) et pourtant, je serai peut-être amené à voter FN aux prochaines élections puisque c’est le seul parti de taille qui soit pour une sortie de l’Euro, la remise en cause de Schengen et de l’Union Européenne. En plus, plus le FN sera haut, plus les mines de nos élites et de nos journalistes et citoyens du monde 2.0 seront déconfite, et ça, ça n’a pas de prix à mes yeux.

      Je trouve que tout est compliqué "en ce bas monde" (c) Descartes, et à mes yeux tu vas vite pour tracer des lignes et tirer des conclusions.

      Maintenant, j’ai cru comprendre que tu étais contre l’euro et sympathisant FDG (peut-être ai-je mal compris)… si je suis ton raisonnement sur le fait de voter pour son "camp" histoire de faire bloc, tu vas donc voter FDG aux européennes ? Si c’est le cas, alors la France est décidément faite pour être le jouet des eurocrates.

  4. tchoo dit :

    si les traités européens sont supérieurs aux lois, ils restent inférieurs à la Constitution.
    Qui a décidé cela, peut le défaire! la supériorité des traités européens sur les lois nationales

    • Descartes dit :

      @tchoo

      [si les traités européens sont supérieurs aux lois, ils restent inférieurs à la Constitution.
      Qui a décidé cela, peut le défaire! la supériorité des traités européens sur les lois nationales]

      Sans doute. Mais ce n’est pas parce qu’une chose est possible qu’elle est rationnelle. Un traité est un acte contractuel entre deux ou plusieurs nations. Par traité, chacun s’engage à faire ou à ne pas faire des choses qui intéressent l’autre. Se pose donc toujours la question de la confiance qu’on peut faire à un Etat donné – et donc à la capacité de son gouvernement – de faire appliquer les dispositions sur lesquelles il s’est engagé. Plus cette confiance est grande, plus le poids d’un Etat dans la négociation est important, puisque ses interlocuteurs savent que ses engagements ont du poids.

      Or, si l’on « défaisait » demain la disposition constitutionnelle qui prévoit que les traités – et pas seulement les traités européens – sont « supérieurs aux lois même postérieures », chaque traité signé par la France serait à la merci d’un amendement parlementaire ou d’un changement de majorité. Un simple vote de l’Assemblée nationale pourrait annuler les effets d’un traité. Dans ces conditions, qui négocierait des traités avec la France ? Qui accepterait de modifier sa législation interne pour permettre l’accès de nos produits à son marché en sachant qu’un simple amendement parlementaire peut interdire l’accès des siens au notre ? Qui accepterait nos propositions de délimitation territoriale sachant qu’elles peuvent être mises en cause sur un simple vote ?

      La disposition qui donne la primauté aux traités sur les lois est une disposition de bon sens. Quand on s’engage, on respecte sa signature. Ou alors, on la retire, ce qui reste toujours possible par la voie de la dénonciation – avec un préavis raisonnable – du traité en question. Mais on ne joue pas à « je signe puis je change la loi pour ne pas appliquer ». Ce qui est un peu la position du Front de Gauche…

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