Il y a exactement dix ans aujourd’hui, les français disaient « non » à une large majorité au traité constitutionnel européen. Si, comme l’a dit un politicien anglais, une semaine c’est très long en politique, dix ans sont une éternité. Il n’est donc pas trop tôt pour avoir une vision distanciée de l’évènement et d’en tirer quelques conséquences.
D’abord, le cadre. Quoi que puissent dire ses thuriféraires, la construction européenne est dès le départ une construction anti-démocratique. Non par accident, non par un défaut de conception accidentel, mais par la volonté parfaitement assumée de ses fondateurs. Monnet, Schuman et les autres avaient tous un point commun : ils se méfiaient du peuple, cette masse à leurs yeux moutonnière toujours disposée à se laisser guider par de mauvais bergers et à faire la guerre. Pour sauvegarder la paix et le « bon gouvernement », il fallait enlever le pouvoir aux peuples pour le confier à des gens comme il faut, de bonne famille et impeccable éducation, une élite de techniciens détachés de toute loyauté nationale.
Mais Monnet et les siens savaient qu’un tel projet était politiquement indéfendable. Après les affres de la deuxième guerre mondiale, il était hors de question de revenir à un despotisme fut-il éclairé. Les nations européennes se devaient d’être des démocraties, mais des démocraties « limitées », ou le peuple peut choisir de manière totalement démocratique la couleur du papier peint, mais certainement pas se prononcer sur les questions sérieuses telles que la politique économique ou sociale. Lorsque J-P Juncker déclare « qu’il ne peut y avoir de décision démocratique contre les traités », il ne fait qu’énoncer tout haut ce qui a été toujours le credo discret de la construction européenne. Mais il fallait maintenir tout de même l’illusion démocratique. C’est pourquoi on inventa la stratégie dite « des petits pas ». Il fallait réussir à pousser les peuples à mettre « démocratiquement » le doigt dans l’engrenage européen en lui soumettant des décisions en apparence bénignes – et en les accompagnant de force discours rassurants – mais qui par construction rendaient nécessaires des abandons de souveraineté de plus en plus grands.
Cette logique a relativement bien marché lorsqu’il s’agissait de faire des règles sur l’étiquetage des concombres, et encore : on se souvient que les gouvernements du temps n’hésitaient pas à tracer des lignes rouges et à s’y tenir, comme ce fut le cas lors du Compromis de Luxembourg. Cela s’est déjà moins bien passé lorsqu’au nom des équilibres européens et dans un contexte de crise le plan Davignon – du nom d’un célèbre commissaire européen – a sacrifié la sidérurgie française pour sauver la sidérurgie allemande avec la complicité plus ou moins forcée des élites politico-médiatiques. Mais les choses se sont vraiment gâtées lorsque la logique des « petits pas » a conduit à toucher aux fondements de la souveraineté, et cela alors même que les politiques néolibérales creusaient la fracture sociale entre les « gagnants » et les « perdants » de la construction européenne. Le problème apparut dans toute sa splendeur en 1992, lors de la ratification du traité de Maastricht, qui transférait à l’Union européenne le droit de battre monnaie. On avait pu alors constater le fossé entre les élites qui avaient fait de la construction européenne un dogme indépassable – tout simplement parce que la construction néolibérale qu’est l’UE allait dans le sens de leurs intérêts – et les couches populaires de plus en plus malmenées par cette même construction. La ratification de ce que Mélenchon – vous savez, cet ancien trotskyste alors passé au service inconditionnel de Mitterrand et qui refera parler de lui en pourfendant ses héritiers, mais pas son héritage, quelques années plus tard – avait alors appelé « un compromis de gauche » avait finalement été acquise de justesse, en partie grâce à une utilisation massive de la machine à faire peur – genre « si le non passe, on sera obligé de fermer les cantines scolaires » – et en partie du fait de l’aveuglement d’une partie de la « gauche radicale » qui avait appelé à voter « oui » – comme les écologistes – ou à s’abstenir – comme LO.
Mais les dieux aveuglent ceux qu’ils veulent perdre. Après leur victoire de 1992, les élites politico-médiatiques largement acquises au courant eurolâtre et soutenues solidement par la bourgeoisie et par les « classes moyennes » se sont auto-persuadées que la dernière digue venait de tomber, que la construction européenne était devenue une évidence indiscutable. Que les français ayant dit « oui » à l’abandon de leur monnaie, ne diraient pas « non » aux transferts de souveraineté suivants censés être nécessaires pour faire fonctionner leur nouveau jouet. Un jour, peut-être, un historien fera une analyse complète de cette auto-intoxication qui a conduit nos élites à imaginer que leurs opinions étaient de l’ordre de l’évidence, au point de croire – et de le dire – qu’aucun homme intelligent et de bonne foi pouvait penser autrement. En d’autres termes, ces élites ont perdu le contact avec la réalité. Elles ont totalement oublié qu’il existe des gens dans ce pays – et dans d’autres – pour qui la construction européenne n’est pas symbole de paix, de voyages à l’étranger, de consommation bon marché mais au contraire symbole de guerre économique, de chômage, de relégation. Elles on fait l’erreur que font partout et toujours les « classes moyennes », celui de croire qu’elles sont seules au monde. Et une fois la forteresse de la souveraineté monétaire tombée, l’élite eurolâtre s’est attaquée à la forteresse suivante : celle de la constitution.
En effet, l’ambition des pères fondateurs d’enlever la souveraineté aux peuples s’est trouvé freinée par une contrainte juridique. La plupart des pays européens, pour ne pas dire tous, considèrent que leurs constitutions nationales sont placées en haut de la hiérarchie des normes, et soumettent logiquement les traités à la constitution. Cela implique nécessairement – et quoi que dise une cour de justice européenne acquise aux thèses eurolâtres – que le droit européen se place au dessus de toutes lois et décrets, mais ne peut s’imposer contre les textes constitutionnels, puisque le droit européen est issu des traités internationaux. En particulier, cela empêche l’Union européenne d’imposer aux nations des règles qui sont du domaine constitutionnel, telle que l’organisation des pouvoirs publics ou l’appartenance même à l’Union européenne, que n’importe quelle nation peut à tout moment décider de quitter l’Union européenne sans avoir pour cela à respecter d’autre procédure que celle que fixe sa constitution. Pour faire tomber cette difficulté, pour donner aux « lois » européennes prééminence décisive sur les constitutions nationales, il fallait donner une constitution à l’Europe elle-même, ratifiée par les peuples suivant une procédure suffisamment solennelle pour donner au texte une crédibilité qui la place au dessus des constitutions nationales.
C’est donc dans la joie et l’allégresse du lancement des billets en Euro que les élites eurolâtres se lancèrent en 2001 à l’assaut de leur nouveau projet, en réunissant une « convention pour l’avenir de l’Europe ». Cette convention produisit un projet de « traité établissant une constitution pour l’Europe », texte de 448 articles (record toutes catégories pour une constitution) prétendant graver dans le marbre – de manière à empêcher tout retour en arrière – l’ensemble des dogmes néo-libéraux qui sont l’épine dorsale de la construction européenne. Bien entendu, fidèles à la tactique des « petits pas » on expliqua que ce traité était tout à fait innocent, qu’il ne faisait que codifier dans un texte unique les traités antérieurs, que non, pas du tout, il ne s’agissait pas vraiment d’une « constitution » au sens juridique, mais toujours d’un traité même si le titre disait le contraire… bref, les poncifs habituels destinés à endormir la vigilance quand au véritable sens du traité. Il y a fort à parier que si la ratification avait été acquises, on aurait tombé les masques le jour suivant le référendum pour proclamer que l’Europe avait finalement une constitution et que le principe de « concurrence libre et non faussée » inscrit dans celle-ci devenait un principe constitutionnel s’imposant au droit interne des états jusqu’au plus haut niveau.
Mais les organisateurs de la « convention » sont ont été victimes de cette illusion si pernicieuse et si fréquente chez les élites endogamiques qui ont perdu contact avec les autres couches de la société : celle de confondre le consensus de ceux qui vous ressemblent avec le consensus de la société dans son ensemble. Si les organisateurs de la « convention » avaient pris la peine d’inviter à participer à celle-ci quelques eurosceptiques, ils auraient peut-être compris que le projet n’allait pas de soi. Mais les « classes moyennes » qui composent l’essentiel de notre oligarchie politique et médiatique a perdu depuis longtemps l’habitude – et la curiosité – d’écouter les autres. Erreur fatale qui fit de la « convention » une sorte de conférence d’eurolâtres convaincus d’où toute opinion dissidente était exclue. Le texte fut donc proposé aux dirigeants des états membres comme si sa ratification n’était qu’une formalité, comme si elle allait de soi. Au point que lorsque Jacques Chirac, alors président de la République, décida de soumettre le texte à référendum, notre classe politique jugea qu’il s’agissait d’une manœuvre tactique habile pour mettre le Parti Socialiste en difficulté en l’obligeant à mêler ses voix à celles de la majorité de droite pour ratifier le traité. Presque personne, dans le monde politico-médiatique, n’avait pointé les risques de l’option prise par Chirac, tant la victoire du « non » paraissait impossible.
Ce n’est qu’au fur et à mesure de l’avancement de la campagne que les élites eurolâtres ont commencé à prendre peur. D’abord, parce qu’elles ont découvert avec horreur et surprise que loin de faire l’unanimité, la proposition provoquait des fractures profondes y compris dans les grands partis de gouvernement. Ensuite, parce que le débat a mis en évidence une deuxième fracture non pas idéologique celle-là mais économique et sociale. Une fracture que le candidat Chirac – qui, il faut le reconnaître, était un homme à l’écoute des opinions des autres – avait reconnu à l’instance de Philippe Séguin et de son collaborateur Henri Guaino lors de sa campagne présidentielle de 2002. Celle entre qui sépare les couches sociales enrichies, cosmopolites, protégées par leur capital matériel ou immatériel des affres de la mondialisation et qui ont bénéficié à plein de l’ouverture des frontières et de la « concurrence libre et non faussée », et des couches populaires qui sont les grandes perdantes du processus, que ce soit en termes sociaux, économiques ou politiques. Enfin, parce que contrairement à ce qui s’était passé en 1992, le président de la République n’était nullement prêt à lancer tout le poids de son autorité dans la balance, n’étant pas lui-même un eurolâtre convaincu (1).
L’establishment européen aurait peut-être pu encore gagner la partie s’il avait été plus habile. Mais sa réponse aux doutes fut particulièrement maladroite. Comme en 1992 mais en bien pire on eut droit à une campagne de bourrage de crâne, ou l’ensemble des médias – et on sait qui sont les gens qui écrivent dans les médias, n’est ce pas ? – fit preuve d’un unanimisme digne qui n’aurait pas étonné chez Kim Il Sung, mêlant des appels pathétiques quotidiens d’un Bernard Guetta et les vaticinations menaçantes de Rocard ou de BHL. Ce fut tellement grossier, tellement stupide, les cajoleries et les menaces dépassèrent tant de fois le niveau du ridicule… Jusqu’au bout, la caste politico-médiatique a cherché à persuader – en s’auto-persuadant au passage – qu’elle allait l’emporter. Et alors que la plupart des sondages « sérieux » – les guillemets sont à savourer – donnaient toujours le « oui » gagnant, le soir du 29 mai ce fut la surprise. Avec 55% des voix et une participation de 70%, les français ont dit « non » à la « constitution de l’Europe ».
Une légende bien établie veut que tout le monde se souvienne ce qu’il faisait quand Kennedy est mort ou quand les tours du World Trade Center ont été détruites. En tout cas, je me souviendrai toute ma vie ce que je faisais ce 29 mai lorsque le camp du « non » a emporté la victoire à laquelle, je l’avoue humblement, je n’osais croire. Inutile de dire que chez moi le Champagne a coulé à flots, entre deux appels de copains qui travaillent dans les services de la Commission et qui voulaient savoir s’il était vrai que les hordes de Le Pen et du PCF réunies marchaient sur l’Elysée (2). Et qui m’expliquaient combien c’était la panique à Bruxelles, ou l’on avait du mal à croire les nouvelles venues de France, ou les hypothèses les plus folles étaient examinées, comme celle de refaire un référendum – on l’avait fait au Danemark pour la ratification de Maastricht – ou de passer outre au référendum avec une ratification par le Congrès. Mais le plus surprenant pour moi était leur surprise même. Même si le « non » n’avait pas partie gagnée au départ, on voyait bien et depuis des années les fractures s’ouvrir. Tôt ou tard, l’accident devait arriver. Or, ils ne s’y étaient pas du tout préparés. Les élites eurolâtres vivent dans une bulle où ce genre d’accident n’arrive pas. Elles sont incapables de comprendre que leur dogme ne soit pas partagé. Que dans le monde réel, celui qui n’est pas celui des salles de rédaction, des cabinets ministériels ou des services de la Commission il y a des gens qui pensent autrement et qu’il faut tenir compte de leur avis si on ne veut pas se planter. Pour elles, la construction européenne est un « bien » si évident, que celui qui ne le reconnaît pas doit être un fou et/ou un suppôt des forces obscures.
Bien sur, une fois la surprise passée, la machine de propagande s’est remise en route. Il s’agissait de démontrer que non, les français n’avaient pas dit « non » à la construction européenne ni même à une certaine forme de construction européenne, mais que leur vote avait été guidé par des basses considérations de politique intérieure, quand il n’avait pas été guidé par des basses considérations tout court. Avec l’aveuglement qui caractérise nos pontes médiatiques, on nous expliqua que le peuple avait tort. Mais ces discours sonnaient creux. Loin d’être un accident conjoncturel, le vote français – suivi du rejet par les néerlandais – a fait prendre conscience aux élites bruxelloises qu’on rentrait dans une nouvelle ère.
Que reste-t-il aujourd’hui de cette victoire du « non » ? Il est de bon ton dans la « gauche radicale » de dénoncer le traité de Lisbonne comme ayant passé outre le vote des français et réduit à néant l’effet du référendum. Ce n’est pas mon avis. D’abord, l’échec du traité marque la disparition du projet constitutionnel pour l’Europe. Même si le traité de Lisbonne a repris une partie – mais seulement une partie – des dispositions du projet, personne ne songe plus à donner à l’Europe une « constitution » qui disputerait la portée des constitutions nationales. Même la modification des traités est approchée aujourd’hui avec d’infinies précautions par des élites qui ont compris que le projet européen n’a rien de consensuel. La victoire du « non » a ouvert aussi la voie à une remise en cause du dogme de l’irréversibilité de la construction européenne. Le traité de Lisbonne, pour la première fois dans la longue liste des traités européens, inclut parmi ses dispositions la procédure permettant à un état membre de quitter l’Union Européenne, chose qui relevait auparavant de l’impensable. Et on peut aujourd’hui évoquer la sortie de tel ou tel pays de l’Euro ou de l’Union sans que cela apparaisse comme irréaliste.
Mais surtout, la victoire du « non » a marqué symboliquement un tournant du projet européen. Disparus des discours les projets d’une Europe-nation fédérale, d’une « citoyenneté européenne » et autres balivernes. Le voile bisounoursien de cette Union idéale a été déchiré et nous laisse voir l’Union telle qu’elle est : un rassemblement d’états défendant farouchement leurs intérêts et refusant non moins farouchement de « payer pour les autres » face à une bureaucratie européenne pléthorique, inefficace et corrompue. Les autocollants « Europe, mon pays », les films de commande style « l’Auberge Espagnole », la vision Disney de l’Europe sont tombés ce 29 mai 2005 pour être ensuite achevés par la crise économique qui s’en suivit. Aujourd’hui, si l’on trouve une majorité des français pour dire qu’il faut rester dans l’UE et dans l’Euro, ce n’est pas une majorité d’adhésion mais une majorité de peur. Ce n’est pas une mobilisation pour le meilleur, c’est la résignation au moins pire.
Sur le plan politique, le bilan est moins ragoûtant. On aurait pu un instant imaginer que le combat commun pour le « non » pouvait permettre aux jacobins de gauche et de droite de reconstruire l’équivalent du « gaullo-communisme » et de constituer un courant trans-partisan traversant la frontière gauche/droite. Malheureusement, la tranchée mentale qui sépare la droite de la gauche s’est révélée trop difficile à franchir, d’autant plus qu’il n’y a pas dans le paysage une figure charismatique capable de fédérer autour d’elle. Le « non de gauche » et le « non de droite » n’ont pas réussi à se parler, et c’est regrettable. A partir de là, chacun est rentré chez lui. Le « non de gauche » s’est atomisé presque immédiatement. Au parti socialiste, les « nonistes » sont rentrés dans les rangs pour se consacrer à leur sport préféré : l’élection présidentielle. Dans la « gauche radicale », les réflexes anticommunistes des groupuscules « alternatifs » ont fait rapidement exploser le front commun en une nébuleuse de groupuscules gauchistes plus intéressés par la poursuite des querelles d’un autre âge et de la construction de châteaux en Espagne que par un véritable combat politique. Par ailleurs, si les couches populaires ont voté majoritairement pour le « non », la « gauche radicale » n’avait ni le discours ni le projet pour garder durablement cet électorat. Le PCF achevait sa « mutation » – a moins que ce soit la « mutation » qui ait achevé le PCF. Pour séduire les « classes moyennes », il avait depuis dix ans renié systématiquement l’ensemble des références, des pratiques et des usages qui avaient fait de lui « le parti de la classe ouvrière ». Couronnant ce processus, le PCF commençait alors son virage « eurolâtre » en rejoignant le PGE, et n’allait pas ruiner ses espoirs d’en prendre la tête en tenant un discours souverainiste. Le PCF était donc particulièrement mal outillé en 2005 pour proposer un discours et un projet crédibles et susceptibles de séduire les couches populaires.
Dans les recompositions de la politique intérieure, la principale conséquence de la victoire du « non » aura été d’accélérer la mutation du Front National. En montrant qu’il existait, en face des classes moyennes converties à l’eurolâtrie, un électorat populaire orphelin et prêt à se donner à celui qui serait à l’écoute de ses problèmes, la victoire du « non » a ouvert un espace politique aux secteurs les plus « populaires » du FN et donné à des personnalités souverainistes comme Florian Philippot de prendre pied dans l’appareil du FN. Rétrospectivement, c’est le Front National qui se sera donné les meilleurs outils pour récupérer l’héritage électoral du « non », en se posant radicalement en parti anti-UE et anti-Euro pendant que les « nonistes de gauche » tergiversent toujours sur le thème de « l’autre Europe » et n’arrivent pas à décider s’il faut ou non sortir de l’Euro.
Bilan contrasté donc que celui de ce référendum gagné il y a dix ans. Mais ne boudons pas notre plaisir. Débouchons une bonne bouteille avec des amis en nous disant qu’un jour il y a dix ans le peuple français a fait mentir les pisse-vinaigre pleurnichards qui nous expliquent qu’il faut se résigner à l’inévitable et renoncer à peser sur l’histoire. Ceux-là même qui nous expliquent que si demain nous choisissions de sortir de l’Euro ou de l’UE – ou pourquoi pas des deux – le ciel nous tomberait sur la tête. N’ayons pas peur, chers amis : la France a fort bien vécu avec sa propre monnaie et sans Union européenne pendant des siècles. Et elle pourrait le faire demain si elle le décidait ainsi. Alors… a la santé de la République !
Descartes
(1) On ne remerciera jamais assez Chirac de son rôle dans cette affaire. Sa décision de soumettre le texte à référendum puis son soutien « a minima » du texte a permis le rejet du texte.
(2) J’ai eu, je l’avoue, la tentation de leur répondre par l’affirmative…
Rappel intéressant. Bravo!
Cher Descartes, je vais peut-être passer pour un vieux con s’intéressant à la forme d’un texte parce que le fond lui échappe, mais vous devriez vous relire! Outre deux ou trois fautes d’orthographe et d’accord, voici que maintenant (c’est un comble!) vous sacrifiez à la manie du mauvais calque de mots et d’expressions anglaises. Ainsi : 1°) je vous rappelle qu'”affluent” n’a d’autre sens en français que “rivière se jetant dans un fleuve” et que l’adjectif anglais “affluent” doit être traduit par “riche, prospère, bien pourvu”. 2°) je vous rappelle que l’expression “faire des châteaux en l’air” (calquée sur “to build castles in the air”) n’existe pas en français, langue dans laquelle lesdits châteaux se bâtissent en Espagne.
@ maleyss
Au contraire! je prends très au sérieux vos remarques et je m’empresserai de corriger. Mais j’ai quelque chose à dire pour ma défense: il est très difficile de relire un texte qu’on a beaucoup travaillé sans le laisser reposer quelques jours… et cela retarderait d’autant la publication. C’est pourquoi je prends le risque de quelques imperfections… que je corrige au fur et à mesure que les erreurs me sont signalés.
Sur le non pas même envisageable :
“Ce qui épouvante les partisans du oui au référendum sur la Constitution européenne, ce n’est par que ce non puisse gagner mais que non seulement ce non soit possible. […]
C’est ce qui fait aussi que lorsque des sondages donnent le non gagnant, on plaint le oui :”Un vent mauvais souffle sur le oui”, écrit-on par exemple. Jamais l’idée ne viendrait à personne de dire qu’un vent mauvais souffle sur le non quand les sondages donnent le oui victorieux.[…]
Ce non est également défini comme un “vote sanction”. On parle alors de “tentation du vote sanction”. Est-ce qu’on parle, quand il s’agit du oui, de “tentation de vote onction” ? Bien sûr que non.[…]
Dans ces conditions pourquoi perdre son temps à imprimer des bulletins non ? Le jour du référendum, l’électeur ne devrait avoir à se décider qu’entre deux piles de oui : ainsi ne saurait-il faire d’autre choix que le seul.”
Oui-oui au pays du oui, Philippe Muray.
A la santé de notre hôte !
@ Ruben
[“Ce qui épouvante les partisans du oui au référendum sur la Constitution européenne, ce n’est par que ce non puisse gagner mais que non seulement ce non soit possible. […]]
On aurait tort de sous-estimer cet effet, tant ce que nous pourrions appeler le « réflexe provincial » est puissant dans l’être humain. Lorsque nous vivons dans un contexte donné, nous perdons progressivement la capacité à imaginer que celui-ci puisse ne pas être le seul possible. Qu’on puisse vivre aussi bien – et même mieux – dans un contexte différent. Dans mes débats avec des jeunes militants, je suis toujours surpris de la question « mais comment ferait-on pour gérer l’économie avec une monnaie nationale ? On n’y arriverait pas ! ». Ce qui revient à oublier que non seulement l’immense majorité des nations sur notre planète a une monnaie nationale et ne s’en sort pas trop mal, mais aussi que nous-mêmes avons eu pendant des siècles une telle monnaie, et que c’est avec elle que nous sommes devenus la troisième économie mondiale.
On nous ressort en permanence des sondages qui, selon leurs commanditaires, montrent que les français – et en général les européens – ne souhaitent pas, dans leur majorité, quitter l’Union européenne ou sortir de l’Euro. Ils ont raison. Là où ils ont tort, c’est lorsqu’ils tirent de cette expression des conclusions quant à l’adhésion au « projet européen ». Ce vote est fait de trois composantes distinctes : d’abord, des couches privilégiées de la société chez qui l’adhésion à la construction européenne coïncide avec l’intérêt ; ensuite, les retraités et les rentiers, pour qui il vaut toujours mieux le mal qu’on connaît que le bien à connaître, tant l’instabilité leur fait peur ; et finalement, une portion de la jeunesse qui, n’ayant pas d’horizon historique, ne conçoit pas que les choses puissent être différentes ce qu’elles sont. C’est peut-être cette dernière catégorie à laquelle les eurosceptiques devraient s’adresser en priorité, puisque c’est celle dont les intérêts sont les plus éloignés de sa position politique.
@Descartes,
[Une légende bien établie veut que tout le monde se souvienne ce qu’il faisait quand Kennedy est mort ou quand les tours du World Trade Center ont été détruites.]
Moi, je me souviens parfaitement du désarroi, pour ne pas dire de l’effarement, des médias. Je me rappelle aussi de la vilaine et pitoyable manoeuvre du gouvernement pour sauver le OUI: ce jour-là, les bureaux de vote à Paris étaient fermés à 22 heures, et non à 20H, comme d’habitude. En effet, les oui-ouistes étaient tellement persuadés que les sondages seraient “serrés”, un peu comme ce fut le cas pour le “oui à Maastricht », qu’ils espéraient une divine surprise. Mais de surprise, il y en a bien eu, mais pas celle escomptée par les partisans du OUI: le NON avait même enfoncé leurs prévisions les plus pessimistes!
En ce qui me concerne, les deux référendums européens de 1992 et 2005 ont considérablement influé sur ma conception de la politique; en effet, j’ai voté pour la première fois de ma vie à l’occasion du référendum pour le traité de Maastricht. Et je n’ai pas honte de l’avouer, j’ai voté OUI, mais du bout des lèvres. A l’époque, bien que j’exécrais (déjà!) les socialistes (et particulièrement l’« ami » Delors, qui avait été odieux durant la campagne) et leurs alliés centristes, et en dépit du scandaleux déni des résultats du référendum danois, je me voyais alors mal mettre à terre le si beau projet “Européen”!
Malheureusement, je fus assez rapidement déçu par la suite, mais là encore, j’y croyais, ou plutôt, j’avais envie d’y croire! Ce qui me décilla définitivement, ce ne furent ni les traités d’Amsterdam de Nice, pourtant objets de marchandages sans fin, ni l’entrée de nouveaux membres, ou encore l’avènement de l’euro, mais un événement d’un autre ordre: la guerre en Irak en 2003!
En gros, le refus légitime d’engager la France dans une guerre de rapine, dont on mesure encore aujourd’hui les effets, aura été l’un la dernière manifestation de volonté souveraine des Français, qui se sont sentis bien seuls face à la volonté d’en découdre des Américains. A ce moment-là, d’ « Europe » (on devrait dire les institutions européennes, ou l’UE), il n’existait plus, et le « projet européen » m’est m’apparu pour ce qu’il est: une façade politique de l’OTAN! La meilleure preuve fut que les anciens pays du pacte de Varsovie ont adhéré à l’OTAN AVANT d’entrer dans l’UE. Outre les ex-pays de l’Est, la Grande-Bretagne et l’Espagne se sont ralliés à l’Oncle Sam: pour une solidarité européenne, on pouvait repasser! Seuls deux pays ont manifestés une neutralité bienveillante à l’égard de la position française: l’Allemagne et la Belgique. Quand aux vrais alliés de la France, ce furent la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU: en gros, des pays “ennemis” de l’OTAN!
En 2005, laissant le bénéfice du doute à l’UE, j’ai pris soin de lire les chapitres de ce fameux TCE, afin de voir si les “défauts” de la “construction européenne” ont été gommés, à savoir une trop grande dépendance militaire à l’égard des USA, et surtout, une remise en cause d’une politique favorable aux intérêts de la rente et de la finance. Ma défiance s’est accrue, quand au bout de quelques pages, je remarquai que les notions de “Constitution” et de “concurrence libre et non faussée” cohabitaient dans le même paragraphe: comment peut-on vouloir d’une “Europe sociale” et en même temps, rendre constitutionnel un principe économique qui lui est antinomique? C’est surtout que le choix de n’importe quel système économique doit être réversible, et l’inscrire dans une constitution est un déni de démocratie!
Cette lecture a fait basculer mon existence, car tout ce en quoi je croyais auparavant, en gros l’abdication de notre souveraineté pour un avenir pacifique, est mort à ce moment-là: j’ai compris depuis cette période, que le plus grand espace politique possible était bien la Nation, et que tout autre tentative d’aller au-dela mène obligatoirement à une dictature, ou pire, à la tyrannie. Le fameux discours de Pierre-Mendès France contre le Traité de Rome de 1957, résonne toujours à mes oreilles…
Par la suite, mes séjours à l’étranger m’ont renforcé dans mon patriotisme, j’ai pu comprendre la fameuse maxime de Jaurès (“un peu d’internationalisme vous éloigne de la patrie, beaucoup vous y ramène”), mais également, à quelle point la “construction européenne » (construction de quoi, en fait? D’un empire?) était franchement inhumaine, car elle niait la diversité des nations et de leurs peuples, et surtout, MORTIFÈRE pour la France, car elle la prive de sa souveraineté, et bizarrement, de son ouverture vers le monde (j’en veux pour preuve, le désintérêt de nos « élites françaises » pour les langues étrangères, ou du manque de curiosité vers l’autre…).
Pour moi, la France doit quitter l’UE, sous peine de mort…
@ CVT
[(…) je me voyais alors mal mettre à terre le si beau projet “Européen”! Malheureusement, je fus assez rapidement déçu par la suite, mais là encore, j’y croyais, ou plutôt, j’avais envie d’y croire!]
Eh oui, je ne le répéterai jamais assez : l’envie de croire est le psychotrope le plus puissant qu’on connaisse. Un psychotrope capable d’abolir toute capacité de jugement, d’empêcher tout examen raisonnable, de pousser jusqu’à la psychose.
Je dois dire que je n’ai jamais été séduit par le « beau projet Européen ». D’abord, j’ai appris d’abord la politique auprès d’un père qui avait été un stalinien de stricte obédience fut profondément blessé par la découverte de la réalité. Cette expérience de mon enfance m’a vacciné définitivement contre le mélange des genres entre la religion et la politique, et a fait de moi un cynique. On dit que le cynisme est la fumée qui s’élève des illusions brûlées, et je pense que c’est vrai. Je vois toujours avec une grande méfiance les gens qui me promettent la lune, je ne crois pas qu’il puisse y avoir en politique des dîners gratuits, et mon premier réflexe quand le Magicien d’Oz me parle est de regarder ce qu’il y a de l’autre côté du rideau. Cela m’a valu souvent, lorsque je refusais de communier dans la joie et l’allégresse dans la croyance commune, des remarques acerbes et des regards noirs de mes camarades militants, mais en fin de compte je ne me suis pas porté plus mal, et cela m’a évité de faire beaucoup de bêtises.
Et lorsqu’on a essayé de me vendre le « beau projet Européen », ma première réaction a été de me dire « à qui profite tout ça » ? Pourquoi tout à coup des personnalités aussi peu soucieuses en général du bonheur public que Mitterrand ou Delors se soucient tant de construire un avenir radieux rien que pour moi ? En un mot, « à qui profite le crime ? ».
[Cette lecture a fait basculer mon existence, car tout ce en quoi je croyais auparavant, en gros l’abdication de notre souveraineté pour un avenir pacifique, est mort à ce moment-là: j’ai compris depuis cette période, que le plus grand espace politique possible était bien la Nation, et que tout autre tentative d’aller au-dela mène obligatoirement à une dictature, ou pire, à la tyrannie. Le fameux discours de Pierre-Mendès France contre le Traité de Rome de 1957, résonne toujours à mes oreilles…]
Eh bien, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Je pense que la trajectoire que vous décrivez est celle de beaucoup d’anciens europhiles convaincus qui ont cru aux promesses de l’establishment bruxellois et qui ont réalisé ensuite qu’ils ont été bernés. Il n’y a jamais de honte à changer d’avis.
[Pour moi, la France doit quitter l’UE, sous peine de mort…]
Oui.
Merci pour cet article. Je ne connaissais pas cette histoire de “plan Davignon” (je viens de vérifier sur Internet : j’étais à peine né à l’époque). Force est de constater que personne n’en parle de nos jours…
Et vous avez raison : je vais boire un petit verre (ou trois :-)) à cet anniversaire.
@ Antoine
[Merci pour cet article. Je ne connaissais pas cette histoire de “plan Davignon” (je viens de vérifier sur Internet : j’étais à peine né à l’époque). Force est de constater que personne n’en parle de nos jours…]
Et pour cause. Davignon était un homme d’influence – comme Monnet – mais contrairement à ce dernier il ne cherchait même pas à déguiser son affairisme derrière un discours présentable aux moutons qui élisent les gouvernements et payent des impôts. Un jour peut-être quelqu’un pourra écrire la véritable histoire de l’Union européenne. On comprendra alors peut-être que le monstre bruxellois doit beaucoup moins aux idéalistes comme Schuman – que l’on nous sert à toutes les sauces dans le costume du « père de l’Europe » – qu’à une maffia d’affairistes sans scrupules, souvent liés aux milieux d’affaires ou du renseignement américain. La lecture de la biographie de Davignon dans les écoles, en contrepoint de la lettre de Guy Moquet, pourrait être une initiative intéressante.
[Et vous avez raison : je vais boire un petit verre (ou trois :-)) à cet anniversaire.]
Profitez-en, on n’a pas tous les jours l’occasion de fêter quelque chose…
2005,Ce fut aussi pour le PCF,la superbe occasion de diffuser comme lors du référendum de Maastricht,l’intégralité du texte de la constitution.
Mon superbe parti,celui de Georges Marchais,fonctionna peut être pour la dernière fois de façon magnifique grâce au tirage à des millions d’exemplaires l’intégralité du texte.Il l’avait fait pour le ‘défi démocratique’, pour ‘le programme commun’à l’occasion du vote sur Maastricht et là pour ce TCE dont le préambule était signé par plus d’une dizaine de rois et reines;ultimes provocations pour des français républicains comme moi!
Tout le pays discutait de ces textes grâce au PCF,raccort en cela avec Descartes qui faisait remarquer qu’il est possible d’avoir des débats de fond massifs en dehors d’internet.
Aujourd’hui,où en est la CEE ?
Pour la Grèce : elle n’a pas l’appareil productif nécessaire pour tirer bénéfice d’une dévaluation de sa monnaie. Pour équilibrer sa balance extérieure, et pour essayer d’attirer des capitaux alors même qu’elle aurait fait défaut, elle serait sans doute contrainte à des contreparties que ses dirigeants refusent aujourd’hui, à raison, de mettre en œuvre. Car évidemment, ayant fait défaut sur une dette détenue ou garantie maintenant essentiellement par des États (La France, l’Allemagne notamment) et par d’autres acteurs publics (BCE, FMI), la Grèce de Syriza ne devra espérer aucune aide de ce côté-là. Pas plus demain en dehors de l’euro qu’aujourd’hui.
Pour l’Europe et pour ses peuples : au plan économique, l’appartenance à la zone euro ne sera donc plus irréversible. Pour essayer d’éviter que les taux d’intérêt sur le financement de la dette publique des autres pays européens, plus ou moins fragiles, ne remontentcompte tenu de ce précédent, la BCE accroîtra encore plus sa politique de facilité financière, comme elle vient du reste de le faire par prévention ce mois-ci. Mais nul ne sait, en fait, ce qui peut advenir au plan financier et au plan économique. Quant au plan politique, il sera surtout évident que le débat et le combat pour un changement d’orientation de l’Europe en général, et de la zone euro en particulier, seront durablement et profondément affaiblis.
Superbe PCF qui en 2015,fit changer la tendance,lors du référendum du TCE grâce à son activité de masse,intelligente et déterminée,qui fait qu’aujourd’hui encore je suis membre du reliquat de ce parti et je le resterai.
Un être humain doit rester avec ce qui le fait vibrerpositivement .
@ bovard
[Mon superbe parti, celui de Georges Marchais, fonctionna peut être pour la dernière fois de façon magnifique grâce au tirage à des millions d’exemplaires l’intégralité du texte. Il l’avait fait pour le « défi démocratique », pour « le programme commun » (…)]
C’est là ou vous voyez le problème : avant de « diffuser » le « défi démocratique » ou le « programme commun », le PCF les avait écrit. Et il y a une grande différence entre la diffusion d’un texte qu’on a écrit et la diffusion d’un texte écrit par d’autres. Lors de la ratification du traité de Maastricht, le PCF ne s’était pas contenté de diffuser le texte du traité, il en avait diffusé le texte commenté. Ce ne fut pas le cas en 2005 : le texte fut diffusé « brut ». Comme si le PCF était de moins en moins capable de diffuser ses idées et se contentait d’un rôle d’éditeur.
[Pour la Grèce : elle n’a pas l’appareil productif nécessaire pour tirer bénéfice d’une dévaluation de sa monnaie.]
Pardon ? C’est l’inverse : c’est la dévaluation qui crée les opportunités de développement d’un « appareil productif », puisqu’elle rend compétitive la production locale par rapport aux importations.
[Pour équilibrer sa balance extérieure, et pour essayer d’attirer des capitaux alors même qu’elle aurait fait défaut, elle serait sans doute contrainte à des contreparties que ses dirigeants refusent aujourd’hui, à raison, de mettre en œuvre. Car évidemment, ayant fait défaut sur une dette détenue ou garantie maintenant essentiellement par des États (La France, l’Allemagne notamment) et par d’autres acteurs publics (BCE, FMI), la Grèce de Syriza ne devra espérer aucune aide de ce côté-là. Pas plus demain en dehors de l’euro qu’aujourd’hui.]
Ce n’est pas évident. Lorsqu’on regarde l’histoire économique, on observe que de très nombreux pays, y compris les plus riches, ont fait plusieurs fois défaut sur leur dette. Ce fut le cas de la France, de l’Angleterre, de l’Allemagne… et pourtant ces pays n’ont pas trop de difficultés aujourd’hui à se financer. Il ne faut pas croire que le défaut implique ipso facto une mise au ban du système économique international.
[Superbe PCF qui en 2015, fit changer la tendance, lors du référendum du TCE grâce à son activité de masse, intelligente et déterminée, qui fait qu’aujourd’hui encore je suis membre du reliquat de ce parti et je le resterai.]
Un adhérent du FN pourrait dire la même chose. Arrêtez de croire que c’est le PCF ou même « la gauche » qui ont gagné en 2005…
[Un être humain doit rester avec ce qui le fait vibrer positivement.]
Je vois que la méthode Coué a encore des adeptes…
Mea culpa,il fallait écrire 2005 et non,2015,à la fin de mon dernier post.Fonctionnant comme un prof de collège selon Brighelli,mes interventions sont pleines d’erreurs ..de frappes,m’a sussuré mon subconcscient honteux..Veuillez accepter en même temps que mes excuses,un petit texte en deux autres petits paragraphes.
Le PCF que j’ai connu effectivement était capable d’animer d’immenses débats en son sein ou dans l’ensemble de la société comme avec les comptes rendus du comité central d’Argenteuil,en 1961,ou vers 1970,le manifeste de Champigny suivi de ‘Changer de cap’.Tous ces textes étaient diffusés et discutés par des dizaines ou centaines de milliers de personnes.
Il y eu aussi vers 1975-1980,’L’état et nous’ dont le remarquable compte rendu faisait des centaines de pages et ‘l’URSS et nous’ dirigé par FrancisCohen,suivi par des centaines de débats.
Mais sans contestes dans ma mémoire,1992 fut un millésime de combat,exceptionnel même si nous perdimes.
Tant d’explications de fond grâce à la diffusion,par l’Huma,de l’intégralité de l’inique traité aurait du déboucher sur la victoire.
Mais ,mais,Miterrand sortit sa …Prostate !
Rapellez vous quelques jours avant,pathétiquement,le vote qui s’annonçait serré,à la tv,il nous révéla un cancer de prostate en nous suppliant de voter pour Maastricht ou ,sinon ,sous entendu,la contrariété d’un Non à Maastricht,lui provoquerait une récidive sur sa prostate.,!.?
Las,les bonnes ménagères et gentils maris, se rangèrent du coté de la prostate Miterandienne.Le Oui,l’emporta !
.C’était pas un people ce Mythe errant là ?
Maastricht ,fut perdu,le PCF rendu à devenir le reliquat actuel,dont je suis adhérent,fier de l’être,mais dont le parti a été déserté.
Mais ‘Miracle’,Déus ex-Machina,vint 2005!
De nouveau l’Huma publia l’intégralité du TCE,le diffusa à des centaines de milliers d’exemplaires,avec des centaines de débat ,avec comme conséquences, des millions de personnes en conscientisation .
Oui,nous gagnâmes !
Descartes a remarquablement décrit différentes facettes de 2005.L’unité fut la plus belle !
Mais,le rôle du PCF y fut essentiel,en particulier par le sérieux avec lequel,il amena les gens à débattre du fond.Cette méthode fut encore une fois comme pour 4Maastricht’ basée sur la diffusion en masse de l’écrit du TCE,par le PCF !
Pour moi ce rapport essentiel à l’écrit chez le PCF est directement relié à Thorez.
Déjà Thorez,membre très engagé des jeunesses socialistes,influencé par son grand père comme dans de nombreuses familles d’ouvriers socialistes français,lisait Victor Hugo,les journaux,’l’Huma’,au début du XXième siècle.
S’approprier la culture était pour ces socialistes devenant plus tard des communistes, une condition sine quanum pour obtenir des succès dans le combat politique.
Plus tard il y eut les éditions de Moscou,les éditions sociales,EFR,le livre club Diderot,la Farandole,messsidor,les éditions vaillant,miroir du cyclisme,miroir du foot et bien sur les multiples journaux locaux nationaux,régionaux,tous dans la mouvance PCF.
La chose écrite ,était valorisée,essentielle dans le PCF Thorézien,puis le PCF canal historique de georges Marchais.
Maintenant,voici mes dernières questions et remarques élargies,sur’ L’écrit dans la culture.
Au sujet de la chose écrite,ses conséquences écrites furent nombreuses.
La bible des juifs est un exemple connu.
Les nouvelles évangiles eurent aussi des conséquences quant à la diffusion de la nouvelle religion,le christianisme.
La diffusion des textes écrits du Coran,fut essentielle.
L’invention de l’imprimerie, plus tard,déboucha encore une fois sur un bouleversement religieux:le protestantisme.
Mais ,puis je vous poser une question,cher Descartes,que je remercie au passage de nouveau pour la qualité chaleureuse et bienveillante de son blog;est il vrai que comme je l’ai entendu sur France culture,la diffusion en Grèce antique,de la technique écrite,apprécié par PLaton,dénigrée par Socrate,eut entre autre comme conséquence de changer la religion grecque avec une nouvelle hiérarchie,dans le panthéon,comme si Poséidon remplaçait Dyonisos?
faute d’avoir écouté l’intégralité de cette émission de France culture,saisie à la volée,je n’ai pu avoir de réponses à cette question pour laquelle je comprendrai,évidemment,que vous n’ayez pas de réponses..L’omniscience n’est l’apanage d’aucune personne, fut elle
même, très férue en antiquités grecques..
@ bovard
[Le PCF que j’ai connu effectivement était capable d’animer d’immenses débats en son sein ou dans l’ensemble de la société comme avec les comptes rendus du comité central d’Argenteuil,en 1961,ou vers 1970,le manifeste de Champigny suivi de ‘Changer de cap’. Tous ces textes étaient diffusés et discutés par des dizaines ou centaines de milliers de personnes.]
Oui. Et c’était une réussite remarquable, dont on peut tirer des leçons fort utiles aujourd’hui. Mais tout cela, c’est le passé. C’est fini, terminé, kaput. Quelquefois, je me dis qu’on a eu tort de s’opposer au changement du nom du PCF. Au moins, avec un nouveau nom tout le monde aurait bien compris que du PCF de la grande époque il ne restent que la mémoire et trois lettres. La boîte est toujours là, mais elle ne contient plus rien.
[Mais, mais Miterrand sortit sa …Prostate !]
Eh oui… quelquefois, les tournants de l’histoire tiennent à bien peu de choses : si le nez de Cléopâtre avait été plus court et la prostate de Mitterrand moins cancéreuse, l’histoire aurait été très différente…
[Mais, le rôle du PCF y fut essentiel, en particulier par le sérieux avec lequel il amena les gens à débattre du fond.]
En 1992, le rôle du PCF était encore important. En 2005, son rôle ne fut en rien « essentiel ». Faut arrêter de se raconter des histoires. Le PCF en 2005 agita le marigot « antilibéral », mais la portée de son message dans les couches populaires fut faible. Si celles-ci ont voté contre Maastricht, cela doit bien plus à l’engagement de la droite gaullienne et de l’extrême droite que du PCF.
[La chose écrite était valorisée, essentielle dans le PCF Thorézien, puis le PCF canal historique de Georges Marchais.]
Oui. Mais enfin Robert Hue vint au monde…
[Mais, puis je vous poser une question, cher Descartes,que je remercie au passage de nouveau pour la qualité chaleureuse et bienveillante de son blog;est il vrai que comme je l’ai entendu sur France culture,la diffusion en Grèce antique, de la technique écrite, apprécié par PLaton, dénigrée par Socrate, eut entre autre comme conséquence de changer la religion grecque avec une nouvelle hiérarchie, dans le panthéon, comme si Poséidon remplaçait Dyonisos?]
J’avoue que je ne connais pas la civilisation grecque suffisamment pour pouvoir répondre à cette question.
Comme tu cites le film de Klapisch, “L’Auberge Espagnole”, parfait film de bobos made in France, es-tu au courant que, dans la même veine de propagande eurolâtre, il existe depuis les années 1980, des “European Awards” d’une mystérieuse “Académie européenne du cinéma” (Sic), prix qui sont censés être l’équivalent voire le concurrent européen des Oscars US ? Cette cérémonie est censée être calquée sur celle des Etats Unis, mais elle a toujours fait un flop, alors même que le milieu du ciné est très bobo, europhile (il n’y a pas une interview d’acteur français ou anglais qui dit se sentir “européen” ou “citoyen du monde”), et friand de ce genre de sauterie. C’est à peine si des revues type Cahiers du Cinéma et autres Positif signalent son existence et les gagnants.
Mais c’est normal. La nationalité d’un film n’est pas celle du réalisateur, ni le sujet, ni même la langue, mais la provenance des capitaux. Ainsi “Le Pianiste” de Polanski est un film français en dépit de son sujet polonais, de son cinéaste d’origine polonaise, de sa vedette américaine et de ses dialogues anglais, parce que la majorité des capitaux sont français (même si en réalité c’est une co-production). C’est le cas de beaucoup de films produits en Europe, mais il y a toujours une production principale. Même si “Le Pianiste” est l’archétype d’un certain idéal de cinéma cosmopolite, c’est surtout du à des contraintes commerciales (la Pologne est trop petite pour produire ce genre de film et le rentabiliser sur son sol, d’où les dialogues anglophones et l’acteur américain), en quoi des oeuvres comme “Le Ruban blanc” d’Haneke, “Todo sobre mi madre” d’Almodovar ou “Habemus Papam” de Moretti seraient considérées comme “européennes” ? Ces réalisateurs souvent primés dans les festivals internationaux type Berlin, Cannes ou Venise mettent en scène des sujets qui leurs sont culturellement proches. Ils sont la preuve qu’il y a des cinématographies nationales (dont les santés varient d’un pays à l’autre), et non européenne. Même sans ce milieu là, la propagande n’a pas réussi son oeuvre.
Remarquons que la mystérieuse académie européenne a l’an dernier eu le bon goût de récompenser la palme d’or… turque de l’an dernier (“Winter Sleep”), ils ont la même vision de l’extension absurde du machin européïste que les élites bruxelloises.
Sinon, pour ces 10 ans, encore une fois, le gâchis est de mise au sein des partis considérés comme républicains. 10 ans de perdus, à cause d’une part l’aveuglément total des élites, mais aussi la mauvaise interprétation du vote ; la palme d’or revient bien sûr à la Gauche qui avait interprété cette victoire comme un “Non de gauche”, et non l’attachement profond des français à la République et à son Identité (comme ce fut le cas lors de la manifestation après les attentats comme Charlie Hebdo). C’est avec beaucoup d’amertume que je constate également que le seul qui a su rentabiliser ce Non est le FN.
@ Bannette
[Comme tu cites le film de Klapisch, “L’Auberge Espagnole”, parfait film de bobos made in France, es-tu au courant que, dans la même veine de propagande eurolâtre, il existe depuis les années 1980, des “European Awards” d’une mystérieuse “Académie européenne du cinéma” (Sic), prix qui sont censés être l’équivalent voire le concurrent européen des Oscars US ?]
Non, franchement je ne savais pas. Les institutions européennes ont créé toutes sortes de « prix » permettant de récompenser – certains diraient « acheter » – les intellectuels et les artistes qui se prosternent devant les idoles bruxelloises. Les monarques d’antan avaient un système de « patronage », où les poètes, les écrivains, les musiciens recevaient des prébendes en échange de leur docilité…
[Mais c’est normal. La nationalité d’un film n’est pas celle du réalisateur, ni le sujet, ni même la langue, mais la provenance des capitaux.]
Parler de « nationalité d’un film » m’a toujours paru bizarre. Un acteur, un réalisateur, un producteur ont une « nationalité » : leur éducation, leur travail, leur position administrative peuvent les rattacher à une nation. Mais un « film » ? On peut dire que tel ou tel film se rattache à une culture cinématographique nationale, mais ce rattachement n’est pas forcément lié à la nationalité du producteur, du directeur ou des principaux acteurs. Les films expressionnistes que Fritz Lang a réalisé aux Etats-Unis restent des films « allemands » parce qu’ils se rattachent à une grammaire cinématographique qui est née en Allemagne.
Et de la même manière qu’un film n’est pas « français » du simple fait que son acteur principal est breton, son directeur est auvergnat et son producteur parisien, le fait que Polanski soit polonais, que l’acteur principal soit français et qu’il ait été tourné en anglais ne suffit pas à en faire un film « européen ».
@Bannette
“es-tu au courant que, dans la même veine de propagande eurolâtre, il existe depuis les années 1980, des “European Awards” d’une mystérieuse “Académie européenne du cinéma” (Sic)”
Oui, moi je connais. Mon voisin du dessus n’arrête pas de me rabattre les oreilles de toutes les manifestations “européennes” qui ont lieu, subventionnées par l’UE ou non. Je ne sais pas comment considérer ce personnage : il tient un drapeau européen tendu devant sa fenêtre. Et quand je dis tendu, c’est pas du genre PSG les soirs de coupe de la ligue, c’est tendu, placardé toute l’année SUR sa fenêtre. Lorsque je lui ai posé la question de savoir si cela ne gênait pas sa vision du ciel nocturne, il m’a dit que c’étaient “les seules étoiles qui le faisaient rêver”. J’ai essayé de lui glisser une remarque potache sur l’obscurantisme et Galilée… Comme disent les anglophones, c’était “perdu sur lui”.
Mais je me doute un peu que sans ce genre de personnage, ce machin européen ne serait pas même parvenu à mes oreilles…
@ Descartes
[le vote français – suivi du rejet par les néerlandais –]
Je crois que le non français fut précédé (de qqs jours seulement certes) par le non néerlandais.
@ Anne Iversaire
Si ma mémoire ne me trompe pas, c’est bien le “non” français qui est arrivé le premier. Le référendum français eut lieu le 29 mai 2005, le référendum aux Pays-Bas deux jours plus tard, le 1er juin.
@anne Iversaire,
Non, c’était bien l’inverse: les Néerlandais ont voté en juin 2005, une semaine APRES les Français. D’ailleurs, ce fut le premier (et seul) référendum consultatif organisé dans ce pays depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Et oui, en matière politique, nous sommes SOUVENT un pays qui montre la voie…
Mea culpa : fucking memory !
@ Anne Iversaire
Pas de problème, Anne. Ca arrive à tout le monde…
Merci pour ce texte magnifique, lumineux, instructif… Il y a quand même un petit mystère : pourquoi Mitterrand a été pour l’euro ? n’y a-t-il pas, chez lui ou d’autres, une sorte de raison autre que de vouloir ruiner la démocratie en Europe ? Par exemple, la croyance qu’il faut coute que coute que les pays européens fusionnent pour ne pas connaitre le triste sort des provinces italiennes de l’époque de Machiavel, et que ce ce dernier déplorait ? La croyance, donc, que vis-a-vis des puissances du monde a venir, Chine, USA, Inde, Brésil, Russie, les pays européens finiront par devenir dangereusement faibles, incapables de se défendre, s’ils ne s’unissent pas assez ? Qu’il faut donc coute que coute les fusionner, pour leur éviter d’être manges par plus gros qu’eux ?
@ samuel
[Il y a quand même un petit mystère : pourquoi Mitterrand a été pour l’euro ? n’y a-t-il pas, chez lui ou d’autres, une sorte de raison autre que de vouloir ruiner la démocratie en Europe ? ]
Pour comprendre pourquoi Mitterrand a été pour l’euro, il faut se souvenir de plusieurs choses. La première est que Mitterrand n’y connaissait rien à l’économie, et que les questions économiques ne l’intéressaient pas. Les conséquences du passage à l’euro sur l’économie française ne l’intéressaient que marginalement. Ce qui l’intéressait d’abord, c’était le grand projet politique d’une Europe « unie ».
Me deuxième élément dont il faut tenir compte est que Mitterrand appartient à la génération qui a vécu la défaite de 1940. Comme beaucoup d’europhiles, il voyait dans une Europe « unie » la seule force capable de mettre l’Allemagne sous contrôle et de l’empêcher de dominer le continent. L’euro faisait partie de cette stratégie : il était censé déposséder l’Allemagne de son mark pour le mettre sous le contrôle d’une institution « indépendante ».
Il ne faut donc pas voir dans l’engagement européen de Mitterrand une vision d’une Europe puissance, capable de tenir tête aux américains ou à qui ce soit d’autre. Tout simplement parce que Mitterrand n’a jamais montré la moindre méfiance envers ses cousins d’outre-atlantique. Dès la fin de la guerre, il fera preuve d’un atlantisme qui ne se démentira jamais. Faut-il rappeler que sous sa présidence la France a participé – active ou passivement – aux guerres américaines, du bombardement du quartier général de Kadhafi à la première guerre du Golfe ? Mitterrand n’avait aucun problème avec l’idée de laisser les américains jouer au gendarme du monde. Son obsession, c’était l’Allemagne.
@ Descartes
Merci pour votre réponse. Mais elle ne répond qu’en partie aux interrogations que j’essayais de formuler.
Je suis très d’accord avec tous les inconvénients de l’UE dans sa forme actuelle, dont vous parlez souvent, et j’aurais préféré que la France s’engage dans un autre chemin que le tournant de la rigueur de 83, Maastricht, etc.. ; j’aurais préféré un chemin plus proche de ce que disent, par exemple, Cotta, Chevènement…
Mais il me semble que les gens qui pensent comme cela, devraient plus prendre au sérieux cet argument de la nécessité que les pays européens se solidarisent entre eux : que chacun se dispose à réagir comme si on l’avait agressé lui, quand on agresse un des autres, de manière à former une entité géopolitique capable de se défendre face aux grosse entités géopolitiques de l’avenir. Car, même à l’avenir, personne n’aura de droits qu’il n’a la force de défendre.
Que cette solidarisation des pays européens ait besoin de tous ces sacrifices que sont 83, Maastricht, etc… : c’est la seule raison qui me semble assez forte pour qu’on puisse envisager qu’elle pourrait justifier ces sacrifices.
Or j’ai l’impression que vous balayez cette raison d’un revers de main.
Premièrement, vous ne dites pas pourquoi, selon vous, elle ne justifierait pas tous ces sacrifices.
Deuxièmement, vous balayez d’un revers de main, l’idée que nos dirigeants qui pourraient sembler les plus avisés, comme Mitterrand, voire Hollande, pourraient avoir dans le fond cette raison-là de forcer la France à faire tous ces sacrifices. On reste alors incrédule face à la médiocrité qui serait la leur, s’ils n’avaient pas fait ce qu’ils ont fait avec cette raison-là, la seule capable de justifier sérieusement ce qu’ils ont fait.
En particulier, je reste incrédule face aux raisons que vous attribuez à Mitterrand. Comment aurait-il pu ignorer le chemin de douleur sur lequel il était en train d’engager la France ? Comment aurait-il pu le vouloir sans une bonne raison ? Comment, en particulier, aurait-il pu être assez idiot pour prendre l’Allemagne profondément pacifiée des années 1970 et après, pour quelque chose de dangereux comme celle de Bismarck ou Hitler ? Pour croire que cette Allemagne de son époque à lui, représentait un tel danger, qu’il fallait qu’on l’écarte par tous ces sacrifices ?
Décidémment votre explication me laisse incrédule…
@ samuel
[Mais il me semble que les gens qui pensent comme cela, devraient plus prendre au sérieux cet argument de la nécessité que les pays européens se solidarisent entre eux : que chacun se dispose à réagir comme si on l’avait agressé lui, quand on agresse un des autres, de manière à former une entité géopolitique capable de se défendre face aux grosse entités géopolitiques de l’avenir. Car, même à l’avenir, personne n’aura de droits qu’il n’a la force de défendre.]
Le premier défaut de ce raisonnement est qu’il repose sur une « naturalisation » des frontières de l’Europe, comme si l’Europe constituait « naturellement » une unité géopolitique. Mais ce n’est pas vrai. A votre avis, avec qui l’Irlande a les liens les plus étroits ? Avec les Etats-Unis ou avec la Roumanie ? Lorsque la Bulgarie subit une attaque, qui à votre avis se portera plus facilement à son secours, la Russie ou le Portugal ? Pourquoi un français devrait « réagir comme si on l’avait agressé lui » lorsqu’on attaque la Lettonie, et pas la Russie ?
Le deuxième défaut de ce raisonnement réside dans la vision d’un monde fait de « grosses entités géopolitiques » qui s’affronteraient les unes aux autres, et l’idée apocalyptique qu’il faudrait nous regrouper pour défendre « nos droits » menacés par les autres. Si l’on excepte les américains, les « grosses entités géopolitiques » sont en fait assez peu expansionnistes. Je ne vois pas la Chine, l’Inde, la Russie ou le Brésil « menacer » demain les « droits » des citoyens français.
J’aimerais que vous me décriviez une situation concrète et vraisemblable ou nos droits en tant que français pourraient être menacés sans que la France soit en mesure de les défendre. Je pense que ce genre de scénarios relèvent de la politique-fiction. D’ailleurs, si l’on suit le cours de l’histoire du dernier demi-siècle, on peut constater au contraire la dislocation des blocs multinationaux et un retour aux unités nationales.
Par ailleurs, se pose aussi la question de ce qui est réalisable. Quand on apprend que le gouvernement allemand a aidé les américains a espionner les entreprises et les gouvernements européens, on se demande jusqu’à quel point on peut faire confiance à une « solidarité européenne » pour protéger nos droits.
[Or j’ai l’impression que vous balayez cette raison d’un revers de main.]
Non pas d’un revers de main. D’un très ferme et très décidé coup de pied.
[Premièrement, vous ne dites pas pourquoi, selon vous, elle ne justifierait pas tous ces sacrifices.]
Comme je l’ai expliqué plus haut, si le but de cette « unité » est géopolitique, elle me paraît une mesure inefficace pour combattre un danger imaginaire. A partir de là, elle ne mérite aucun sacrifice.
[Deuxièmement, vous balayez d’un revers de main, l’idée que nos dirigeants qui pourraient sembler les plus avisés, comme Mitterrand, voire Hollande, pourraient avoir dans le fond cette raison-là de forcer la France à faire tous ces sacrifices.]
Je vous ai expliqué pourquoi : ni Mitterrand ni Hollande ne se sont souciés, au cours de leur longue carrière, de l’indépendance de la France face à « l’ensemble géopolitique » américain. Pourquoi s’en seraient-ils brusquement souciés pour penser l’Europe ? Par ailleurs, si leur but avait été de « préserver nos droits » face aux « ensembles géopolitiques », comment expliquez vous la passivité dont fait preuve François Hollande devant les révélations successives de la soumission européenne aux américains, telles que la coopération de pays européens au réseau d’arrestations et tortures illégales organisés par la CIA ou des services allemands à l’espionnage de son propre gouvernement ?
[En particulier, je reste incrédule face aux raisons que vous attribuez à Mitterrand. Comment aurait-il pu ignorer le chemin de douleur sur lequel il était en train d’engager la France ?]
Je vous l’ai dit : il ne comprenait rien à l’économie.
[Comment aurait-il pu le vouloir sans une bonne raison ?]
Mais il avait plein de bonnes raisons : croyez-vous que s’il avait choisi Chevènement plutôt que Delors les lobbies europhiles auraient porté sa candidature en 1988 ?
[Comment, en particulier, aurait-il pu être assez idiot pour prendre l’Allemagne profondément pacifiée des années 1970 et après, pour quelque chose de dangereux comme celle de Bismarck ou Hitler ? Pour croire que cette Allemagne de son époque à lui, représentait un tel danger, qu’il fallait qu’on l’écarte par tous ces sacrifices ?]
C’est vous qui êtes « assez idiot » pour penser le contraire. L’Allemagne de son époque à lui – et de notre époque à nous d’ailleurs – n’est pas moins dangereuse que celle de Bismarck. Certes, il est peu probable de voir les troupes allemandes franchir demain le Rhin. Mais les allemands nous ont imposé par le biais de l’Union européenne leur monnaie, leurs politiques et bientôt probablement leur droit. Ni Bismarck, ni Hitler n’avaient réussi à en faire autant.
[“Le premier défaut de ce raisonnement est qu’il repose sur une « naturalisation » des frontières de l’Europe (etc…)”]
Admettons que ce soit dans l’intérêt de la France, et de chaque pays européen, de se solidariser avec d’autres pays, sur un plan au moins militaire, diplomatique, industriel, au sein d’une confédération : parce que sur ces plans-là, l’union fait la force, et une force dépassant celle des petits pays européens sera de plus en plus importante dans l’avenir (un tel intérêt de ce genre de confédérations, ayant été indiqué, par exemple, par Machiavel, Montesquieu, Rousseau ou Tocqueville). Si on admet cela, avec quels pays serait-il le plus naturel, pour chaque pays européen, de s’associer dans une confederation ? Et qu’est-ce qui fera tenir unie une confederation associant, d’une maniere aussi naturelle que possible, des pays ? Il peut sembler que c’est plus naturel pour un pays européen de s’associer avec ses voisins, pour des raisons de proximité geographique, de ressemblance des projets de société (democratie politiquement liberale), des moeurs, d’unité culturelle. Ensuite, ce qui relierait ensemble des pays européens ne serait pas que des liens naturels ou historiques : il y a aussi le fait que c’est dans l’intéret de chacun de ne pas rester isolé ; et il y a les formes d’unité qui se construisent, la collaboration des armees et diplomaties, la collaboration industrielle, savante, les echanges humains et culturels.
[“Le deuxième défaut (…) réside dans (…) l’idée apocalyptique (etc…)”]
Ca ne me semble pas du tout une idee apocalyptique de dire que dans les relations internationales, il faut avoir la force de se defendre, car sinon les autres un jour ou l’autre vous manqueront de respect. Sans etre un connaisseur en geopolitique, je dirais qu’il y a au moins besoin de maitriser un peu les lieux sources de matieres premieres (petrole, uranium…), pour eviter qu’on nous fasse du chantage. Il y a d’autres besoin d’etre en mesure de dire non, à n’importe qui, qui par exemple convoite un territoire auquel il veut imposer une domination injuste, ou qui voudrait nous imposer d’accepter telle ou telle chose que nous ne voulons pas, ou qui pollue trop la planete, etc… Vous me semblez trop confiant dans le fait que la Chine, la Russie, le Bresil, les USA, l’Inde, seraient incapables un jour ou l’autre de vouloir quelque chose a quoi il nous faudrait etre en mesure de dire non.
[“Par ailleurs, se pose aussi la question de ce qui est réalisable.”]
Une confederation europeenne me semble realisable petit a petit. Dans un premier temps, la France pourrait s’unir avec ceux qui le veulent, par exemple les pays latins. A la longue, les autres pays européens, meme l’Allemagne, se rendront compte qu’ils sont de plus en plus des nains dans les sommets internationaux, et ils finiront par chercher a s’allier a des gens avec qui ils sentent que l’alliance est la meilleure pour eux. Ce sera alors plutot la France que la Chine ou la Russie, me semble-t-il, si l’Allemagne veut une confederation dans laquelle cela se passe le mieux pour elle, dans laquelle elle est respectee, etc…
[“Non pas d’un revers de main. D’un très ferme et très décidé coup de pied.”]
J’aurais aimé profiter de vos lumieres sur les raisons pour lesquelles l’euro n’est pas necessaire a une confederation européenne, qui devrait se limiter, selon moi, a une solidarisation sur les plans militaires, diplomatique, industriel, savant, humain et culturel. Chevenement raconte, je crois, que les gens comme Monnet s’imaginent que l’euro est necessaire a cette solidarisation. J’aimerais que Monnet ait tort, mais qu’en pensez-vous ?
[“Je vous ai expliqué pourquoi : ni Mitterrand ni Hollande ne se sont souciés, au cours de leur longue carrière, de l’indépendance de la France (etc, etc…)”]
Je reste encore un peu incredule face à la mediocrité qui serait celle de Hollande et Mitterrand, si vous aviez raison…
@ samuel
[Admettons que ce soit dans l’intérêt de la France, et de chaque pays européen, de se solidariser avec d’autres pays, sur un plan au moins militaire, diplomatique, industriel, au sein d’une confédération : parce que sur ces plans-là, l’union fait la force, et une force dépassant celle des petits pays européens sera de plus en plus importante dans l’avenir (un tel intérêt de ce genre de confédérations, ayant été indiqué, par exemple, par Machiavel, Montesquieu, Rousseau ou Tocqueville). Si on admet cela, avec quels pays serait-il le plus naturel, pour chaque pays européen, de s’associer dans une confederation ?]
Eh bien… je dirais que l’Angleterre a plus intérêt à s’associer dans une « confédération » avec les Etats-Unis qu’avec la Lituanie, par exemple. Que le Portugal a plus intérêt à se « confédérer » avec le Brésil qu’avec la Bulgarie. Que la Bulgarie a plus intérêt à se « confédérer » avec la Russie qu’avec la Finlande… Même en admettant que les « petits pays » européens – et pourquoi se limiter à eux, les autres « petits pays » n’auraient-ils pas le même problème ? – aient intérêt à se « confédérer », il vous resterait à démontrer qu’ils ont intérêt à se confédérer avec d’autres pays européens. C’est loin d’être évident.
[Et qu’est-ce qui fera tenir unie une confederation associant, d’une maniere aussi naturelle que possible, des pays ? Il peut sembler que c’est plus naturel pour un pays européen de s’associer avec ses voisins, pour des raisons de proximité geographique, de ressemblance des projets de société (democratie politiquement liberale), des moeurs, d’unité culturelle.]
Parfait. A votre avis, qui sont les « voisins » de l’Espagne : le Maroc ou la Finlande ? Qui est plus « voisin » de la Bulgarie, la Russie ou l’Angleterre ? Votre remarque montre à quel point vous avez « naturalizsé » l’Europe, au point de distordre les distances pour faire des « voisins » des pays qui n’en sont pas.
[Ensuite, ce qui relierait ensemble des pays européens ne serait pas que des liens naturels ou historiques : il y a aussi le fait que c’est dans l’intéret de chacun de ne pas rester isolé ;]
Mais encore une fois pourquoi parlez vous comme si le problème ne se posait qu’aux pays européens ? Il n’y a aucune raison de supposer que ce qui est bon pour les pays européens ne le serait pas pour les autres. En quoi par exemple une « confédération » de tous les pays du pourtour méditerranéen serait-elle moins « naturelle » que la confédération des pays européens ?
[et il y a les formes d’unité qui se construisent, la collaboration des armees et diplomaties, la collaboration industrielle, savante, les echanges humains et culturels.]
Historiquement, la France a plus de collaboration « des armées et diplomaties, industrielle, savante, d’échanges humains et culturels » avec la Tunisie qu’avec la Finlande ou la Lettonie. Encore une fois, vous ne répondez pas à la question de fond : en admettant même qu’il faille se « confédérer », il n’y a aucune raison de le faire avec des pays « européens ».
[“Le deuxième défaut (…) réside dans (…) l’idée apocalyptique (etc…)”][Ca ne me semble pas du tout une idee apocalyptique de dire que dans les relations internationales, il faut avoir la force de se defendre, car sinon les autres un jour ou l’autre vous manqueront de respect.]
Je n’ai pas l’impression qu’on manque beaucoup de respect à la Suisse. Et si la Suisse a la capacité de se défendre toute seule, je ne vois pas pourquoi la France ne l’aurait pas. Mais la question ici n’était pas celle du « respect » mais de la protection des droits. J’ai la faiblesse de croire que la possession de l’arme atomique et d’une armée moderne suffit très largement à protéger les « droits » des citoyens français, sans qu’il soit besoin d’aller chercher une protection dans une hypothétique confédération. Je vous fais par ailleurs remarquer que si les « droits » des citoyens français sont menacés, c’est plus par le chômage que par l’intervention d’on ne sait quelle armée étrangère.
[Sans etre un connaisseur en geopolitique, je dirais qu’il y a au moins besoin de maitriser un peu les lieux sources de matieres premieres (petrole, uranium…), pour eviter qu’on nous fasse du chantage. Il y a d’autres besoin d’etre en mesure de dire non, à n’importe qui, qui par exemple convoite un territoire auquel il veut imposer une domination injuste, ou qui voudrait nous imposer d’accepter telle ou telle chose que nous ne voulons pas, ou qui pollue trop la planete, etc… Vous me semblez trop confiant dans le fait que la Chine, la Russie, le Bresil, les USA, l’Inde, seraient incapables un jour ou l’autre de vouloir quelque chose a quoi il nous faudrait etre en mesure de dire non.]
Votre raisonnement me rappelle la fable « Les grenouilles voulaient un roi ». En d’autres termes, vous proposez qu’on abdique de notre droit de dire « non » à Bruxelles pour avoir peut-être un jour la possibilité de dire « non » à la Chine ou au Brésil ? Et qui vous garantit que le jour ou « il nous faudra être en mesure de dire non » le reste de l’Europe sera d’accord pour dire « non » avec nous ? Qui vous dit que lorsque l’intérêt de la France sera de dire « non » Bruxelles ne dira pas « oui » ?
[“Par ailleurs, se pose aussi la question de ce qui est réalisable.”][Une confederation europeenne me semble realisable petit a petit. Dans un premier temps, la France pourrait s’unir avec ceux qui le veulent, par exemple les pays latins.]
Cela veut dire quoi, « s’unir » ?
[J’aurais aimé profiter de vos lumieres sur les raisons pour lesquelles l’euro n’est pas necessaire a une confederation européenne, qui devrait se limiter, selon moi, a une solidarisation sur les plans militaires, diplomatique, industriel, savant, humain et culturel. Chevenement raconte, je crois, que les gens comme Monnet s’imaginent que l’euro est necessaire a cette solidarisation. J’aimerais que Monnet ait tort, mais qu’en pensez-vous ?]
Monnet avait raison. Vous définissez votre « confédération » en termes vagues, vous la limitez à une « solidarisation » sans chercher à préciser en quoi cette « solidarisation » consiste. Si vous déroulez la pelote, vous vous apercevrez très vite que se pose la question du pouvoir : qui, dans votre « confédération », prend les décisions ? Prenons l’exemple du militaire : qui décide d’utiliser l’outil militaire ? Qui désigne l’ennemi ? Qui contrôle le budget militaire et décide de son affectation ?
Monnet avait compris que poser la question comme cela, c’était condamner la « confédération », parce que les citoyens ne consentiraient jamais à abandonner leur souveraineté pour a confier à une vague assemblée de technocrates. C’est pourquoi la monnaie unique est nécessaire : pour que les peuples mettent le doigt dans l’engrenage. Une fois la monnaie unique mise en place, on leur expliquera que pour fonctionner la monnaie unique a besoin d’une « coordination chaque fois plus étroite » des politiques budgétaires, sans quoi le ciel nous tombera sur la tête. Et Monnet avait raison : après avoir chanté les louanges de l’Euro pendant vingt ans, nos élites ont du mal à reconnaître que ça ne marche pas et qu’il faut arrêter l’expérience, tant il est vrai qu’en politique ça ne paye pas d’admettre ses erreurs. Les élites en question sont donc poussées irrésistiblement à chercher à cacher leur erreur initiale, et c’est précisément cette poussée qui est le secret de la politique des « petits pas ». Après avoir consenti un « petit » transfert de souveraineté pour faire l’Euro, nos élites se feront les avocats d’un transfert encore plus grand – celui des politiques budgétaires – pour le sauver. Et c’est ainsi qu’on construit la « confédération » que vous appelez de vos vœux.
[“Je vous ai expliqué pourquoi : ni Mitterrand ni Hollande ne se sont souciés, au cours de leur longue carrière, de l’indépendance de la France (etc, etc…)”][Je reste encore un peu incredule face à la mediocrité qui serait celle de Hollande et Mitterrand, si vous aviez raison…]
Les faits sont là.
Merci pour ce rappel qui contraste avec le superbe silence des médias.
En ce qui me concerne, cela a commencé avec la lutte contre la directive Bolkestein (application du droit du travail du pays d’origine relative aux prestations de services dans l’UE, pour mémoire) qui fournissait un nouvel exemple concret de la nature de cette construction européenne.
Il y avait, bien évidemment, les points d’appui de toutes les organisations qui appelaient à voter « non » mais je garde le souvenir que les couches populaires s’étaient approprié le sujet, ce qui a fait la différence (c’est aussi pourquoi, pour ma part, je n’ai jamais fait référence au fameux et fumeux « non de gauche » ; c’est le peuple Français tout simplement qui a dit : NON !).
En en parlant avec des copains, on a fait notre petite campagne : discussions, envois de courriels via les carnets d’adresse etc…) et on trouvait des relais…
Les résultats : moment de bonheur. Un copain avait une grande maison familiale à la campagne, on s’est posté devant la tv…
Pour ceux qui auraient oublié :
1/ Hollande et Sarkozy main dans la main pour le oui dans Paris Match :
https://fr.news.yahoo.com/photos/paris-match-2005-hollande-sarkozy-slideshow/paris-match-17-mars-2005-photo-160227797.html
2/ l’édito du bobo July le lendemain :
http://tempsreel.nouvelobs.com/medias/20061205.OBS1535/l-editorial-de-serge-july.html
@ morel
[Il y avait, bien évidemment, les points d’appui de toutes les organisations qui appelaient à voter « non » mais je garde le souvenir que les couches populaires s’étaient approprié le sujet, ce qui a fait la différence (c’est aussi pourquoi, pour ma part, je n’ai jamais fait référence au fameux et fumeux « non de gauche » ; c’est le peuple Français tout simplement qui a dit : NON !).]
Tout à fait. On a perdu collectivement une opportunité de combler le fossé gauche/droite et de faire apparaître une force souverainiste, jacobine, qui aurait été forcément diverse en termes politiques mais qui aurait pu s’entendre sur un programme qui aurait été proche de celui du CNR.
Quand on parle « Europe », difficile de ne pas évoquer l’Allemagne et la germanolâtrie de nos élites, selon une expression largement utilisée, en substance, sur ce blog !
Germanolâtrie étonnante, dis-tu, quand on se souvient que la France a été envahie 3 fois par l’Allemagne en moins d’un siècle, comme je le pensais moi-même, suite à mes souvenirs de lycée ou autres.
Mon ressenti sur le sujet est proche du vôtre, mais des gens bien intentionnés (de la gauche radicale par exemple, mais pas seulement) proposent parfois une autre lecture de ces trois affrontements :
a. 3 fois, l’armée française a été écrasée par l’armée allemande (pas complètement en 14) qui a alors envahi la France.
b. mis à part en 39, l’impérialisme français était au moins aussi agressif que l’impérialisme allemand, la guerre de 70 tenant moins à une volonté d’expansion de l’Allemagne qu’à une opposition classique entre truands.
c. en 14, la guerre fut causée par le militarisme revanchard français et le refus des truands français de partager le gâteau colonial avec les truands allemands.
d. la montée du nazisme – et donc la Seconde Guerre Mondiale – est largement due au poids insupportable des réparations exigées par la France, celle-ci ayant occupé et humilié l’Allemagne après l’avoir déclarée seule responsable de la guerre, alors que la France en était tout aussi responsable (voir c.)
Que pense Descartes de cette « grille de lecture » des événements ?
@ Anne Iversaire
[Quand on parle « Europe », difficile de ne pas évoquer l’Allemagne et la germanolâtrie de nos élites, selon une expression largement utilisée, en substance, sur ce blog ! Germanolâtrie étonnante, dis-tu, quand on se souvient que la France a été envahie 3 fois par l’Allemagne en moins d’un siècle, comme je le pensais moi-même, suite à mes souvenirs de lycée ou autres.]
La germanolâtrie des élites françaises n’a rien d’étonnant. Au contraire : c’est précisément parce que les allemands ont envahi la France trois fois en un siècle que nous avons envers eux un sentiment ambigu qui mêle détestation et admiration. Après tout, il est beaucoup plus difficile d’admirer ceux qu’on a battus que ceux qui nous ont foutu la raclée, non ?
Mais plus profondément, nos élites ont toujours eu la malédiction de la « haine de soi ». Elles se sont amourachés successivement de toute sortes d’étrangers : des allemands, bien sur, mais aussi des anglais, des américains, des japonais… je me souviens quand je faisais mes études avoir entendu des enseignants qui ne juraient que par le « toyotisme » et affirmaient que le XXIème siècle serait japonais ou ne serait pas. Avant eux, nous avions eu la génération des Servan-Schreiber qui ne juraient que par le « modèle américain ». Sans compter avec notre élite d’extrême gauche qui vous expliquera que l’avenir de la France réside dans le tiers monde en lutte ou dans l’immigration, pour reprendre le motif d’un discours de l’ineffable Mélenchon.
Pour nos élites, depuis les années 1930, l’avenir sera donc tout, sauf français. Et derrière cette détestation de tout ce qui est français se cache une représentation de ce qu’est un français qui ressemble drôlement, tel le « beauf » de Cabu, à l’ouvrier. Parce que l’enjeu est en fait là : ceux qui adorent l’Amérique vous parleront de ces américains aventureux qui ne s’encombrent pas d’un Code du Travail. Ceux qui ne jurent que par le Japon vous parleront de ces ouvriers qui vont au travail en chantant « merci patron » et qui sont prêts à tout sacrifier à la rentabilité de leur entreprise-famille. Et ceux qui rêvent en allemand ne vous parlent que des « réformes » – nom code pour « abandon des acquis sociaux » – que le pays d’outre-Rhin a pu faire grâce à des syndicats « compréhensifs ». Curieusement, pas un de ces « admirateurs » ne nous explique que le système japonais repose sur une sécurité de l’emploi quasi-absolue… L’admiration de l’étranger ce n’est pas l’admiration d’un étranger tel qu’il est, mais d’un étranger fantasmé, sur lequel on projette les insatisfactions par rapport au français qu’on n’aime pas. Le ministre qui n’arrive pas à supprimer le SMIC se rêve en anglais ou en allemand…
@Descartes,
la préférence étrangère vient de loin: certains disent même qu’elle a commencé avec les gallo-romains, l’élite de l’époque qui aurait été circonvenue par Jules César… Puis on passe à l’époque de la Guerre de Cent ans, entre les Armagnacs et les Bourguignons, les premiers incarnant la France des campagnes, et les seconds, la France des bourgs (villes de l’époque…), bien entendue acquis aux Anglais….
Le problème, c’est que ces trahisons de l’élite française étaient relativement espacées dans le temps, ce qui est d’autant plus étonnant que la monarchie impliquait souvent des rois dont les mères étaient étrangères.
Je ne suis pas loin de partager le point de vue d’E.Zemmour sur cet atavisme de nos élites: depuis la défaite de Waterloo (une anecdote, pour montrer qu’on a échappé au pire: les Belges ont voulu émettre une pièce de deux euros CELEBRANT la défaite de Napoléon et donc, la victoire de l’Europe unie derrière l’Angleterre. Ce coup bas, que je pense venir des Flamingants, a été éventé et évité par l’ambassadeur de France en Belgique, après une vive protestation. Comme quoi, notre pays n’est pas tout à fait mort…), nos élites se cherchent systématiquement des maîtres à l’étranger!
A l’exception notable de la Grande Guerre, elles ont systématiquement favorisé les intérêts étrangers: durant la Restauration, on disait qu’elles avaient été ramenées dans les fourgons anglais. Pendant la guerre Franco-Prusse de 1870, les Versaillais se sont alliés aux Prussiens pour écraser la Commune, qui était mue, au départ, par une réaction PATRIOTIQUE. Avant la Seconde Guerre mondiale, nos élites (de droite et de gauche) étaient pacifistes et regardaient qui en Allemagne ou en Italie, qui en Russie…
Bref, j’en ai plus qu’assez de cet atavisme qui tente d’échapper à l’égalité républicaine, car nos élites supportent assez mal l’égalité des droits et des devoirs, comme le disait Mongénéral: “la passion de l’égalité, l’amour des privilèges”. C’est encore le cas aujourd’hui, et bizarrement, c’est la gauche, jadis héraut de l’égalité et du patriotisme, qui professe des valeurs exactement inverses: les inégalités, au nom d’un vague droit à la différence, et le cosmopolitisme, qui sert à noyer la nation dans un magma informe qui permet d’échapper à l’obligation faite à chacun de respecter ses devoirs envers la cité.
Je sais que ma réflexion est un peu en vrac, mais c’est le signe d’un désespoir causé par cette haine de soi anti-française de nos élites, que je ne retrouve pas ailleurs, sauf dans pas mal de pays africains: c’est la meilleure façon de ne pas s’en sortir…
@Descartes
>Pour nos élites, depuis les années 1930, l’avenir sera donc tout, sauf français.<
Je pense que l’on peut remonter à beaucoup plus loin. Thiers tint à ce que le colonel Rossel fût fusillé “pour l’exemple”… malgré les protestations énergiques de Denfert-Rochereau et de Hugo. Lui qui pensait qu’en rejoignant ceux qui se battaient contre la Prusse et ses alliés, il défendait la France…
Si les “jacobins” cherchent un héros de référence qui a, en temps de crise, su traverser le clivage gauche-droite, je pense qu’il en est un de choix dans notre histoire…
Connaissez vous l’Allemagne? le SMIC existe, les syndicats sont fortement soutenus (des marxistes aux chrétiens, ils représentent 30% des travailleurs alors qu’en France…), ils participent à la gestion des entreprises, ils organisent de nombreuses grèves que la CGT envie; bref, je ne pense pas que “Le ministre qui n’arrive pas à supprimer le SMIC se rêve en anglais ou en allemand…”; vous en êtes resté à Schröder mais l’Allemagne avance, même s’il lui reste une grosse épine avec ses retraites.
@ Françoise
[Connaissez vous l’Allemagne?]
Moi oui, et vous ?
[le SMIC existe]
Depuis le 1er janvier 2015, il existe certes un « salaire minimum » fixé par la loi, mais qui ne s’applique encore qu’aux travailleurs non soumis à un accord de branche. Ce n’est qu’en 2017 qu’il concernera tous les travailleurs. Il n’existe donc pas, à l’heure actuelle, de « SMIC » en Allemagne.
[les syndicats sont fortement soutenus (des marxistes aux chrétiens, ils représentent 30% des travailleurs alors qu’en France…),]
Là encore, vous faites erreur. Vous confondez « être soutenu » avec « avoir beaucoup de membres ». Si les syndicats ont beaucoup de membres en Allemagne, c’est parce que l’adhésion au syndicat donne un certain nombre d’avantages, et en particulier celui de bénéficier des accords conclus par un syndicat qui ne bénéficient qu’à ses membres, ce qui est interdit en France. Par ailleurs, les « marxistes » sont dans beaucoup d’endroits exclus de l’activité syndicale depuis qu’une loi de 1972 a institué le « Berufsverbot », qui permettait dans certaines activités de licencier tout employé qui aurait des vues politiques « radicales » ou qui serait membre d’un parti politique ayant de telles vues, parmi eux le Parti communiste allemand. Dans certains Länder, cette loi est toujours en vigueur.
[ils participent à la gestion des entreprises,]
Ca oui. Dans certains cas, ils sont mêmes associés aux bénéfices. Ce qui tend à les rendre très compréhensifs des intérêts patronaux…
[ils organisent de nombreuses grèves que la CGT envie;]
Pourriez-vous donner une référence à un quelconque document ou déclaration de la CGT démontrant leur « envie » pour les grèves organisées outre-Rhin ?
[bref, je ne pense pas que “Le ministre qui n’arrive pas à supprimer le SMIC se rêve en anglais ou en allemand…”;]
C’est votre opinion. Maintenant, peut-être aimeriez indiquer ce qui vous conduit à « ne pas penser »…
oui je connais l’Allemagne! j’habite même dans une des quatre villes que vous avez fustigées gratuitement dans un commentaire précédent le 5 mars 2015 dans “le prix à payer”:
“J’ai vécu quelques mois en Allemagne, et je peux vous assurer qu’il s’agit d’un pays extraordinairement provincial. Une sorte de grande Suisse. Et je ne parle pas seulement des structures politiques, mais aussi de l’esprit des gens. A Freiburg comme à Köln, à Bonn comme à Nurnberg, les gens vous parlent comme si le vaste monde n’existait pas, comme s’il s’arrêtait à la frontière de leur ville.”
j’en ris encore de vos affirmations à la con!! mais malheureusement pour vous, j’ai du mal à oublier…
(d’autant plus que dans ce post, vous avez par deux fois, à Marcailloux et V2S, attaqué en qu’ils disaient “n’importe quoi” (sic) mais apparemment, vous seul avez la science infuse…)
pas b’soin d’publier!!
@ CVT
[la préférence étrangère vient de loin: certains disent même qu’elle a commencé avec les gallo-romains, l’élite de l’époque qui aurait été circonvenue par Jules César…]
L’organisation de la société gauloise ou féodale n’ont rien à voir avec nos sociétés modernes. Les fidélités étaient purement personnelles ou claniques et l’idée même de loyauté à une collectivité nationale était inconnue. On commet un péché d’anachronisme lorsqu’on assimile la trahison des féodaux qui ont renié leurs serments au roi de France pour se placer dans le camp du roi d’Angleterre à une « trahison à la France ».
[Je ne suis pas loin de partager le point de vue d’E.Zemmour sur cet atavisme de nos élites: depuis la défaite de Waterloo (…), nos élites se cherchent systématiquement des maîtres à l’étranger!]
De Gaulle pointait lui que les français ont trop tendance à imaginer que leur salut viendra de l’extérieur. Ce qui est un autre versant de la même tendance.
[Je sais que ma réflexion est un peu en vrac, mais c’est le signe d’un désespoir causé par cette haine de soi anti-française de nos élites, que je ne retrouve pas ailleurs, sauf dans pas mal de pays africains: c’est la meilleure façon de ne pas s’en sortir…]
Je comprends et je partage, mais le désespoir est plus facile à gérer si on essaye d’ordonner la réflexion. La France est – et cela c’est aussi sa grandeur – un pays ouvert, intéressé par ce qui se passe ailleurs. Contrairement aux nations « provinciales » comme l’Allemagne ou les Etats-Unis, nous avons en France une véritable curiosité pour ce qui se passe ailleurs. Cela se manifeste dans les grandes choses comme dans les petites. Pour ne donner qu’un exemple, j’ai fait des chantiers à l’étranger, et il m’est arrivé d’aller manger avec les techniciens que j’encadrais. Vous pouvez aller au restaurant avec des Français à Alger ou à Djakarta, à Pékin ou à Rio et vous verrez qu’ils essaieront sans hésiter les spécialités locales. Allez-y avec un américain ou un allemand : ils commanderont ce qu’ils ont l’habitude de manger chez eux. Seule une très petite élite cultivée en Allemagne ou aux Etats-Unis échappe à cette règle.
Et parce que nous nous intéressons à ce qui se passe ailleurs, nous avons tendance en permanence à nous comparer. Et à retenir chez les autres ce qui nous paraît « mieux » que chez nous, surtout si cela va dans le sens de la position que nous défendons, quitte à oublier que ce « mieux » dans un domaine se paye d’un infiniment pire dans d’autres et que des choses qui marchent bien ailleurs ne marcheraient pas bien chez nous.
Le problème de nos élites est surtout leur tendance à la pleurnicherie. La “haine de soi” devient très vite un prétexte pour justifier le fait qu’on ne fait rien.
@ BolchoKek
[Je pense que l’on peut remonter à beaucoup plus loin. Thiers tint à ce que le colonel Rossel fût fusillé “pour l’exemple”… malgré les protestations énergiques de Denfert-Rochereau et de Hugo. Lui qui pensait qu’en rejoignant ceux qui se battaient contre la Prusse et ses alliés, il défendait la France…]
Vous soulignez un point intéressant. Il est vrai que les classes dominantes en France ont été, lors des épisodes marquants de notre histoire moderne, tojours soutenus par l’étranger contre leur propre peuple. Ce fut le cas de l’aristocratie en 1789 et en 1815, de la bourgeoisie en 1870 mais aussi en 1940. A chaque fois, ce fut l’intervention étrangère fut de leur côté contre le peuple. Curieusement, nous n’avons pas d’exemple inverse, ou l’étranger aurait soutenu une insurrection du peuple contre sa classe dominante… alors que de tels épisodes se présentent dans d’autres pays : pensez à la France soutenant la révolution américaine. Est-ce qu’il faut voir dans cela une simple coïncidence ? Ou est-ce que la mémoire de ces épisodes marque nos élites au point de penser qu’elles ont plus à craindre du peuple français que des interventions étrangères ? Je ne saurais le dire…
[Si les “jacobins” cherchent un héros de référence qui a, en temps de crise, su traverser le clivage gauche-droite, je pense qu’il en est un de choix dans notre histoire…]
En effet… mais c’est un exemple assez décourageant. Après tout, il a payé de sa vie le fait de traverser le « clivage »…
@ Françoise
[oui je connais l’Allemagne! j’habite même dans une des quatre villes que vous avez fustigées gratuitement dans un commentaire précédent le 5 mars 2015 dans “le prix à payer”:]
Il n’empêche que vous vous êtes trompée sur le SMIC, trompé sur le « soutien aux syndicats »… comme quoi il ne suffit pas « d’habiter » quelque part pour la connaître…
[j’en ris encore de vos affirmations à la con!! mais malheureusement pour vous, j’ai du mal à oublier…]
Si vous saviez combien je m’en fous…
[(d’autant plus que dans ce post, vous avez par deux fois, à Marcailloux et V2S, attaqué en qu’ils disaient “n’importe quoi” (sic) mais apparemment, vous seul avez la science infuse…)]
Je viens de faire une recherche sur la page sur l’expression « n’importe quoi ». Elle ne figure pas une seule fois ni dans ce post, ni dans ses commentaires. Encore raté. Je ne sais pas si vous « avez du mal à oublier », mais de toute évidence vous avez des difficultés pour lire.
[pas b’soin d’publier!!]
Dans ce cas, pas besoin de l’écrire. J’ai un peu marre de vos insultes sous le mode « pas la peine de publier ». Si vous avez des choses à dire, assumez-les. Ou alors, envoyez-les par courrier privé en utilisant l’adresse de contact.
Je ne me suis pas trompée:
le SMIC existe en Allemagne http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/02/26/20002-20150226ARTFIG00219-le-salaire-minimum-mensuelest-desormais-bien-plus-eleve-en-allemagne-qu-en-france.php
Je n’ai pas menti, “ce” post était celui dont je parlais, le prix à payer:
“Désolé, mais vous dites n’importe quoi.” à Marcailloux le 6 mars
“Vous dites n’importe quoi” à v2s le 1er mars
@ Françoise
[Je ne me suis pas trompée: le SMIC existe en Allemagne]
Si, vous vous êtes trompée. La caractéristique du SMIC est d’être un salaire minimum universel, c’est-à-dire, qui s’applique à toutes les branches. L’Allemagne dispose depuis le 1er janvier 2015 d’un salaire minimum qui ne s’applique qu’aux travailleurs qui ne sont soumis à aucun accord de branche. Donc, ce n’est pas vraiment un SMIC, puisqu’il n’a pas de caractère universel. Il ne l’aura qu’à partir de 2017. Et si vous aviez lu mon explication, je ne serais pas obligé de perdre mon temps à vous la rappeler. Franchement, si je passe du temps sur ce blog ce n’est pas pour des discussions de cour de récréation.
[“Désolé, mais vous dites n’importe quoi.” à Marcailloux le 6 mars
“Vous dites n’importe quoi” à v2s le 1er mars]
Vous me rappelez la célèbre réponse d’Eleanor Roosevelt fit au sénateur McCarthy, qui avait eu l’imprudence de l’appeler par son prénom : « ma cuisinière peut m’appeler Eleanor, mon jardinier peut m’appeler Eleanor, le marchand de journaux peut m’appeler Eleanor, la moitié des taxis de Washington peuvent m’appeler Eleanor. Mais pour vous, c’est Madame Roosevelt ».
Avec Marcailloux ou V2S nous avons eu des échanges passionnés de part et d’autre. Et quelquefois, nos mots reflètent cette passion. Et chaque fois qu’un mot a pu offenser, la personne mise en question l’a fait remarquer et obtenu une excuse immédiate de la part de l’autre. Si Marcailloux ou V2S m’avaient signalé l’expression, je m’aurais excusé auprès d’eux immédiatement. C’est toute la différence avec vous : quand on vous fait noter qu’on est blessé par votre expression, vous ne vous excusez jamais. Au contraire, vous persistez. Voilà toute la différence.
A propos du smic allemand :
1/ Il ne suffit pas de se contenter des effets d’annonce de la presse, ainsi l’article du « Figaro »
qui prend toutefois la peine de préciser que le smic horaire est plus élevé en France (9,61 contre 8,50). La présentation en « smic mensuel » est fallacieuse car « En France, c’est très simple, ce sont les 35 heures. Outre-Rhin les choses sont un peu plus compliquées car il n’existe pas de durée légale nationale du travail, chaque branche et même chaque entreprise fixe la durée du travail qui lui convient, en concertation avec les syndicats. Eurostat en a bien sûr tenu compte, et se base sur une moyenne entre l’ensemble des branches en Allemagne. » (article Figaro), une durée statistique en somme qui jette un brouillard sur la réalité.
Il faut savoir, par ailleurs que nombre de salariés qui ne bénéficiaient pas d’un minimum sont à temps partiel…
2/ Le salaire minimum sera bien progressivement introduit entre 2015 et 2017.
La nouvelle loi prévoit qu’à partir du 1er janvier 2015, tous les secteurs d’activité n’ayant pas de salaire minimum devront en créer un à hauteur de 8,50 euros brut de l’heure (1 473 euros brut/mois). Les secteurs ayant déjà négocié un salaire minimum, mais à un niveau inférieur à 8,5 euros, auront jusqu’au 1er janvier 2017 pour se mettre à niveau (certains secteurs patronaux ont su se montrer prévoyants, il n’y a pas de petites économies).
3/ La loi sur le salaire minimum prévoit qu’il fera l’objet d’aménagements négociés chaque année au sein d’une commission patronat-syndicat : trois représentants des salariés, trois représentants des employeurs et deux experts choisis par chacun des deux camps.
« Avec ces exceptions possibles, cet accord sur le salaire minimum se rapproche des positions de la CDU, qui exigeait de la souplesse », commente l’économiste Odile Chagny, co-auteure d’une étude sur cette question pour l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques).
D’ores et déjà ne seront pas concernés par la loi : les moins de 18 ans non qualifiés (ne pas créer une éventuelle incitation à chercher un travail plutôt que de commencer un apprentissage ou des études), les apprentis en formation, les travailleurs saisonniers (jusqu’à 70 jours par an), les stagiaires (stages inférieurs à 3 mois), les porteurs de presse et enfin les chômeurs de longue durée pendant les six mois suivant leur embauche, (pour favoriser leur réinsertion sur le marché du travail).
4/ Décrets du ministère des finances fédéral en novembre dernier : application du smic aux travailleurs « mobiles » : routiers, poste, logistique etc… qui autorisent l’employeur à fournir un temps de travail « estimé » au lieu d’un décompte réel. Idem pour les employeurs étrangers envoyant de la main d’œuvre en Allemagne. Une autre façon de rendre le bénéfice de la loi sur le smic inopérante.
5/ Le Spiegel en novembre 2014 a révélé certaines méthodes de détournement de la loi à venir à partir de notes internes d’une filiale de Bauer Media Group recommandant de n’embaucher que des chômeurs de longue durée pour des CDD de 6 mois…
Bilan provisoire. Cette loi, même si l’on peut souhaiter toute avancée même imparfaite du travail n’est pas un smic universel comme le souligne Descartes.
La première page de l’humanité ce matin conforte votre analyse sur la gauche radicale ( oui a une autre Europe) au forum européen des alternatives ! ça donne mal aux tripes de voir Laurent avec sa posture et son écharpe rouge
@ bernard
[La première page de l’humanité ce matin conforte votre analyse sur la gauche radicale ( oui a une autre Europe) au forum européen des alternatives !]
C’est une posture très confortable : on fait plaisir aux européistes – puisqu’on bénit « l’Europe » – sans assumer les dégâts de la construction européenne, puisqu’on dit oui à une « autre » Europe. Une « autre » dont on ne sait pas très bien si elle est possible, puisqu’on ne sait toujours pas en quoi elle consiste…
@Descartes,
Bonjour,
[Le jour où nous avons défié les dieux… et les dieux n’ont rien pu faire]
Si, un peu tout de même : nous ignorer. « Les chiens aboient, la caravane passe . . .
N. Sarkozy, en chef de caravane s’est employé, par son projet avorté, puis par son intervention dans l’élaboration du traité de Lisbonne en 2007 et son inique ratification via le Parlement, aux ordres, à effacer la décision démocratique française,puis à réintégrer notre pays dans le carcan de l’Otan avec pour corollaire une participation accrue dans l’opération d’Afghanistan, une mise en branle aventureuse et prétentieuse des rapports diplomatiques péri méditerranéens.
Résultat : les Français ont été roulés dans la farine, ne semblent même pas s’en être aperçus, et sont maintenant prêts à parachever, dès 2017, la soumission programmée de longue date à la doxa européaniste.
Au juste, quelqu’un peut-il me dire quel est le projet européen officiel ? c’est un peu comme la remarque que formulait Saint Augustin au sujet du temps : « Qu’est-ce donc que le temps? Si personne ne m’interroge, je le sais ; si je veux répondre à cette demande, je l’ignore ». Pour l’Europe, c’est un peu la même chose, une notion difficilement explicable sans se perdre dans des circonvolutions improbables.
@ Marcailloux
[Le jour où nous avons défié les dieux… et les dieux n’ont rien pu faire][Si, un peu tout de même : nous ignorer. « Les chiens aboient, la caravane passe . . .]
Je vous ai déjà expliqué pourquoi je ne suis pas d’accord avec cette vision. Les dieux bruxellois n’ont pas pu « ignorer » le résultat du référendum, et si aujourd’hui on est convaincu au Berlaymont qu’il serait folie d’essayer de modifier les traités et encore plus de chercher à établir une constitution européenne, c’est en grande partie parce qu’ils n’ont pas oublié la baffe reçue il y a dix ans.
Quant au traité de Lisbonne, même s’il reprend certaines dispositions du TCE, ce n’est plus un traité constitutionnel, et cela change tout.
Bonjour Descartes.
Je vous invite à lire le magnifique discours d’Henri Guaino prononcé lors du congrès de son parti politique, le 30 mai.
J’ai rarement entendu un aussi beau plaidoyer pour la France.
https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=10152766576941736&id=14814041735 (désolé pour le lien “facebook” mais le texte n’est, pour le moment, pas disponible ailleurs.)
Bon courage et bonne continuation !
@ Michel Travis
Merci beaucoup. J’avais suivi ce discours à la télévision, et il m’avait beaucoup ému. Je l’avais trouvé superbe et je n’arrivais pas à retrouver le texte. C’est un discours magnifique, non seulement par les idées qu’il exprime, mais parce qu’il y a un souci réel, et si rare aujourd’hui, d’esthétique. C’est mieux qu’un bon discours, c’est un beau discours.
Merci pour cet article revigorant aussi proche de la vérité qu’éloigné de la propagande officielle que le pouvoir déverse quotidiennement sur nous.
En introduction,puisque des appréciations négatives sont trop souvent émises sur ce PCF de seconde divison dont je suis membre,voici quelques unes de mes appréciations qui ne contredisent pas les vôtres mais les complètent.
Des 35h,à la CMU,du mariage pour tous,à l’enterrement civil,de la conservation des allocations sociales, au 57% du PIB consacré au collectivisme en France,le bilan du PCF seconde division,est quand même assez positif depuis 20 ans,pour un coco de mon accabit.Personne n’est obligé de partager ce point de vue,mais j’ai voulu préciser cela cordialement,car j’apprécie le climat d’honnêteté intellectuelle,chaleureuse,qui prévaut dans votre site.Descartes,je vous en remercie.Cela change du collège..
Sans compter le bilan anti-raciste législatif qui sanctuarise l’antiracisme et permet aux victimes du racisme de se défendre et de gagner à coup sûr devant les tribunaux(cf:lois gayssot et corpus législatif).
Merci au PCF dont je suis membre..et aux anciens membres du PCF comme Descartes ;total respect pour son attitude respectueuse de Georges Marchais et du PCF jusqu’à Martigues.
Mais ,Descartes savez vous qu’aujourd’hui,je croise dans ma ville d’anciens PCF,trés nombreux d’ailleurs?
cela ne me gène pas au contraire une certaine cordialité existe entre nous.Tant mieux,c’est préfèrable au tirage de gueule.
Certains trés rares sont cependant,vindicatifs à mon égard.Ils m’ont fait paradoxalement,payé trés cher d’avoir été au PCF,,mais je le comprends car l’esprit revenchard stérile .
Aujourd’hui,les vives irritations liées à ce passé,semblent remplacer par une défiance généralisée.
C’est pas plus mal.
Cela élève le niveau des exigences.Décentrons ,le débat,hors-PCF,pour observer le FN.
Un leader politique comme Filipot,remplacera dans la médiato-sphère,les anciennes figures de prou du PCF,comme André Wurmser,René Andrieux,ou Charb.Pourquoi?Parceque Filipot est dans le collimateur de beaucoup de gens.Il gène au Fhaine,chez les sarkozystes,les chévenemtisites etc..
Or,le Qatar a décidé d’attaquer Filipot en diffamation.
Or Filipot n’a fait qu’énoncer que le Qatar finance le terrorisme.
Ce pocès aura certainement comme conséquence de faire monter positivement l’image de Filipot.
Jusqu’à faire de l’ombre aux lepen femelles?
Eh,oui,je reste persuadé que Filipot n’est que de passage au Fhaine.
Il sera un jour victime d’un réajustement,dans quelques années ou quelques mois.
Le Fhaine canal historique à ce Jauressien égaré chez les Maurassiens.
De nombreuses surprises ne manqueront pas d’arriver encore car nous sommes toujours dans le sillage de l’aprés 11/01/2015 et ses recompositions idéologiques..
@ bovard
[Des 35h à la CMU, du mariage pour tous à l’enterrement civil, de la conservation des allocations sociales au 57% du PIB consacré au collectivisme en France, le bilan du PCF seconde division est quand même assez positif depuis 20 ans, pour un coco de mon accabit.]
Je ne comprends pas votre commentaire. D’abord, le « bilan » est assez contrasté. Prenez par exemple les 35h : elles on été très appréciées certainement par les « classes moyennes » qui, ayant des revenus confortables, peuvent s’offrir des loisirs de qualité. Mais pour la classe ouvrière, les 35 heures se sont traduites par un déclassement symbolique et par une baisse très réelle du revenu. Car la contrepartie des 35h a été la « modération salariale » et la flexibilité dans l’organisation du travail, éléments qu’il faudrait inclure dans votre bilan.
Mais surtout, vous semblez penser que le PCF a joué un très grand rôle dans ces réformes, quand dans les faits son rôle a été tout à fait marginal voire nul. Croyez-vous vraiment que le soutien du PCF au soi-disant « mariage pour tous » ait été déterminant dans le vote de la loi ? Je ne le pense pas un instant. Et je dirais que c’est heureux pour l’image du PCF, parce que je ne pense pas que ce soit une réforme dont un progressiste puisse être véritablement fier.
[Sans compter le bilan anti-raciste législatif qui sanctuarise l’antiracisme et permet aux victimes du racisme de se défendre et de gagner à coup sûr devant les tribunaux(cf:lois Gayssot et corpus législatif).]
Là aussi, il y aurait beaucoup à dire. La loi du 13 juillet 1990 dite « Gayssot » n’apporte pas grande chose en matière de lutte contre le racisme. Elle ne fait que reprendre les dispositions de la loi du 1er juillet 1972 relative à la lutte contre le racisme, dite « loi Pleven ». Sa seule innovation est la criminalisation de la « négation du crime contre l’humanité », disposition qui n’a aucun rapport avec « l’antiracisme ». Quant à la « sanctuarisation de l’antiracisme », j’avoue qu’en tant que défenseur passionné de la laïcité je me méfie de toutes les religions instituées…
[Merci au PCF dont je suis membre..et aux anciens membres du PCF comme Descartes ;total respect pour son attitude respectueuse de Georges Marchais et du PCF jusqu’à Martigues.]
Personnellement, je suis « respectueux » du PCF même après Martigues. Mais ce n’est pas manquer de respect que de rappeler certaines réalités. Par exemple, que le PCF aujourd’hui est un parti gauchiste dont la base sociologique est constituée essentiellement des « classes moyennes ».
[Mais, Descartes savez vous qu’aujourd’hui, je croise dans ma ville d’anciens PCF, très nombreux d’ailleurs? cela ne me gène pas au contraire une certaine cordialité existe entre nous. Tant mieux, c’est préférable au tirage de gueule.]
Et pourquoi pas. Moi je croise dans ma ville des militants et des anciens de l’UMP, du FN, du PS… et je suis toujours très cordial. Pourquoi ne le serais-je pas avec les militants ou ex-militants du PCF ? Mais il ne faut pas confondre la cordialité avec des personnes – après tout nous ne sommes pas en guerre civile – et les rapports politiques. Aujourd’hui, le PCF joue à gauche un rôle au mieux insignifiant, au pire néfaste.
[Certains très rares sont cependant vindicatifs à mon égard. Ils m’ont fait paradoxalement payé très cher d’avoir été au PCF, mais je le comprends car l’esprit revanchard stérile.]
Je les comprends un peu. C’est aussi le manque de vigilance, de volonté, de réflexion de beaucoup de militants communistes qui a permis à la coterie du père UbHue soutenue par la mafia des « notables » communistes de prendre le pouvoir dans le Parti et d’amorcer la « mutation » puis la liquidation. Avec beaucoup de ceux qui nous sommes battus contre la « mutation », je partage une certaine amertume envers eux. Particulièrement contre ceux qui avaient des rôles dirigeants et qui, comme de proverbiales girouettes, nous faisaient la leçon à l’époque et partagent nos critiques aujourd’hui tout en prétendant n’avoir pas changé d’avis.
Moi je suis prêt à pardonner toutes les erreurs à une condition, qu’elles soient admises et assumées. Le PCF a enterré la « mutation » mais jamais admis que ceux qui s’y étaient opposés avaient raison. Et c’est cela qui explique peut-être que certains anciens camarades soient un peu « vindicatifs »…
[Cela élève le niveau des exigences. Décentrons, le débat hors-PCF, pour observer le FN.]
Si vous êtes militant du PCF, alors le premier débat devrait vous intéresser bien plus que le second. Parce que vous n’avez aucun pouvoir sur les choix des dirigeants du FN, et vous en avez – du moins si j’en crois les proclamations du PCF sur la merveilleuse démocratie interne qui y règne – sur les choix du PCF. Mais il est vrai qu’il est toujours plus facile de jeter de la merde sur les fenêtres des autres que de laver les siennes…
Un leader politique comme Philipot, remplacera dans la médiato-sphère, les anciennes figures de proue du PCF, comme André Wurmser, René Andrieux, ou Charb.]
J’ignorais que Charb était une « figure de proue du PCF ». Comparer Philippot à Wurmser ou à Andrieux n’a pas de sens. Wurmser et Andrieux étaient des intellectuels, des écrivains, des journalistes. Ils n’étaient pas des organisateurs, des administrateurs, des politiciens. A la rigueur, vous pouvez comparer Philippot à Plissonnier.
[Pourquoi? Parce que Philipot est dans le collimateur de beaucoup de gens. Il gène au Fhaine, chez les sarkozystes, les chévenemtisites etc..]
Comme disais je ne sais plus qui, la dimension d’un homme se mesure à la qualité des ennemis qu’il se fait.
[Or, le Qatar a décidé d’attaquer Philipot en diffamation. Or Philipot n’a fait qu’énoncer que le Qatar finance le terrorisme. Ce procès aura certainement comme conséquence de faire monter positivement l’image de Philipot.]
Je ne le pense pas. Les procès de ce genre, révérence parlée, tout le monde s’en fout, en dehors d’une petite colonie journalistique qui fréquente la 17ème chambre.
[Jusqu’à faire de l’ombre aux lepen femelles?]
Si vous voulez croire que Philippot veut être calife à la place du calife, ou que Marine Le Pen pourrait craindre qu’il le devienne, je pense que vous vous fourrez le doigt dans l’œil. Les deux personnalités sont beaucoup trop complémentaires pour imaginer qu’elles puissent se substituer l’une à l’autre. Philippot n’a en rien le profil ou la carrure nécessaire pour prendre le premier rôle, et je pense qu’il en est assez conscient. Il est justement trop « entier » pour assumer la part d’ambiguïté nécessaire à un premier rôle en politique. Comme Séguin, comme Chevènement, comme Guaino, et plus en arrière comme Georges Boris ou Michel Debré, ils sont condamnés au mieux à être le conseiller écouté, l’éminence grise redoutée…
Merci pour avoir répondu à une partie de mon commentaire précédent.
Mais j’aimerais connaître ton point de vue sur l’autre partie, cette fameuse “grille de lecture”, utilisée parfois par des personnes qui se disent sincèrement “de gauche”, voire “marxistes”, des guerres de 70, 14 et 39. Pour rappel :
a. 3 fois, l’armée française a été écrasée par l’armée allemande (certes pas complètement en 14) qui a alors envahi la France.
b. mis à part en 39, l’impérialisme français était au moins aussi agressif que l’impérialisme allemand, la guerre de 70 tenant moins à une volonté d’expansion de l’Allemagne qu’à une opposition classique entre truands.
c. en 14, la guerre fut causée par le militarisme revanchard français et le refus des truands français de partager le gâteau colonial avec les truands allemands, au moins autant que par le militarisme allemand.
d. la montée du nazisme – et donc la Seconde Guerre Mondiale – est largement due au poids insupportable des réparations exigées par la France, celle-ci ayant occupé et humilié l’Allemagne après l’avoir déclarée seule responsable de la guerre, alors que la France (voir c.) en était tout aussi responsable.
@ Anne Iversaire
[Mais j’aimerais connaître ton point de vue sur l’autre partie, cette fameuse “grille de lecture”, utilisée parfois par des personnes qui se disent sincèrement “de gauche”, voire “marxistes”, des guerres de 70, 14 et 39. Pour rappel :]
En fait, la « grille de lecture » à laquelle tu fais référence est une grille de lecture qui est fondée directement sur la lecture qu’on faisait de Marx avant la guerre de 1914. A savoir, que le prolétariat international était un et indivisible, qu’il partageait les mêmes intérêts et que par conséquent les guerres ne pouvaient provenir que de l’opposition des intérêts des bourgeoisies nationales. En fait, cette lecture conduisait à considérer les nations comme des constructions « bourgeoises » et à leur opposer un « internationalisme » radical.
Mais cette analyse s’est fracassée contre la réalité en 1914. En effet, c’est sur cette base que le mouvement socialiste avait déduit qu’il était possible d’organiser les prolétaires pour refuser d’aller faire la guerre, rendant celle-ci impossible de facto. Or, que constate-t-on en 1914 ? Les partis ouvriers et les organisations ouvrières dans leur immense majorité soutiennent les gouvernements « d’union nationale » qui font la guerre. Les prolétaires et les paysans non seulement ne refusent pas d’aller au front, mais y vont avec le sentiment d’un devoir civique. En 1918 on trouve encore parmi les bolchéviques une majorité pour penser que l’exemple russe permettra de déclencher une révolution mondiale qui conduira à la paix.
Il est vrai que Marx et Engels font une analyse pour le moins sommaire du fait national. Mais il faut dire qu’ils ont des circonstances atténuantes : il se sont formés intellectuellement dans un espace germanique ou la Nation était en formation, et ils ont écrit à une époque ou le fait national n’a pas encore l’importance qu’il prendra par la suite. Mais ce sont surtout les continuateurs socialistes de Marx qui ont répété les analyses du maître sans se rendre compte que le capitalisme était en train de changer, et que la Nation était devenu l’institution politique par excellence. C’est pourquoi ils ont été surpris de voir les prolétaires démontrer un authentique attachement pour leur pays. Il avait fallu se rendre à l’évidence : le prolétaire avait quelque chose à perdre en plus de ses chaînes. Certains socialistes l’avaient d’ailleurs entrevu : « pour celui qui n’a rien, sa Patrie est son seul bien ». La paternité de la citation est attribuée à Jaurès par certains, vigoureusement contestés par d’autres, mais ce qui est par contre incontestable est que Jaurès se démarque dans ses écrits de l’idée de Marx selon laquelle « les prolétaires n’ont pas de Patrie ». Mais il faudra attendre les années 1930 et la victoire au sein du mouvement communiste des partisans du « socialisme dans un seul pays » contre ceux de la « révolution mondiale » pour que le mouvement communiste se dote d’une véritable réflexion sur la question nationale. Le mariage « du drapeau rouge et du drapeau tricolore » défendue par Thorez date de 1937.
La « grille de lecture » que tu décris est donc un retour à la vision pré-1914, celle ou la guerre ne peut venir que de la confrontation entre deux « impérialismes », d’une querelle entre les bourgeois pour al répartition du gâteau. Et qui revient donc, en poussant le raisonnement jusqu’au bout, à renvoyer dos à dos les « truands français » et les « truands allemands » en déclarant que tous sont « également responsables ». C’est d’ailleurs avec cette lecture que les pacifistes des années 1930 ont défendu la politique de passivité devant la montée du nazisme.
Personnellement, je rejette cette grille de lecture. Avec l’apparition du fait national, la guerre est devenue un phénomène infiniment trop complexe pour pouvoir la réduire à un affrontement de « truands ». On l’a vu avec la dynamique de la seconde guerre mondiale : la défaite ne s’est pas seulement traduite par une répartition différente du gâteau entre les « truands » français et allemands. Elle s’est traduite par une situation ou le prolétariat a non seulement perdu ses conquêtes, mais sa sécurité et sa vie même. Le paysan de l’époque de Louis XIV n’avait rien à gagner et rien à perdre avec la victoire de son roi. Pour le prolétaire de 1870 la victoire ou la défaite de son pays avait déjà quelque effet, et lui donnait donc quelque intérêt. En 1945, l’intérêt du prolétaire français à la victoire de la France était incontestable. Dès lors que l’Etat a cessé d’être un simple gendarme et est devenu le grand ordonnateur de la redistribution, le prolétaire n’est plus indifférent au sort de sa patrie.
Si vous me le permettez, une citation de Jaurès qui me semble s’inscrire dans le débat :
« Je n’ai jamais, pour ma part, pris au tragique les paradoxes contre la patrie. La patrie n’est pas une idée épuisée, c’est une idée qui se transforme et s’agrandit. J’ai toujours été assuré que le prolétariat ne souscrirait pas dans l’intimité de son être, à une doctrine d’abdication et de servitude nationale. Se révolter contre le despotisme des rois, contre la tyrannie du patronat et du capital, et subir passivement le joug de la conquête, la domination du militarisme étranger, ce serait une contradiction si puérile, si misérable, qu’elle serait emportée à la première alerte par toutes les forces soulevées de l’instinct et de la raison. »
L’armée nouvelle
@ morel
[Si vous me le permettez, une citation de Jaurès qui me semble s’inscrire dans le débat : (…)]
Merci de cette référence. Elle est un bon exemple du fait qu’une partie des marxistes français, loin de suivre aveuglement comme parole d’évangile les écrits de Marx, avaient une vision critique et étaient prêts à remettre en cause le « dogme » en fonction de leur expérience. Tout le monde ne partageait pas l’aveuglement des « gauchistes » de la IIème internationale qui répétaient comme des perroquets que « le prolétariat n’a pas de patrie ».
@Michael Travis
Oui,le discours de Guaino est un beau discours.Pour avoir pratiqué la littérature de Luis Aragon,j’y ai retrouvé la même beauté ‘française’.
cependant mon patriotisme n’est pas fondé sur ces émotions esthétiques.Bien sur,nos climats ,nos paysages,notre gastronomie,notre culture sont attachantes mais pas supérieures aux autres pour qui comme moi ,’tout ce qui est humain,m’intéresse’.Mon patriotisme(mon fils parlerait de Nationalisme,ce que je nie depuis le Nasdp) est fondé sur le constat que la France est au Top,depuis 1945,au moins dans les domaines des lois sociales,de la santé , de la laïcité etc.
Indubitablement,le Gaullo-communisme y est pour beaucoup.Mais 10 ans après,le référendum du TCE,pour lequel Guaino avait peut être voté Oui,le gallo-communisme français est en danger.
Pour la France, on n’est certes pas obligé de partager le pessimisme d’Emmanuel Todd qui a vu dans les manifestations du 11 janvier un bloc hégémonique “MAZ” (classes moyennes, personnes âgées, catholiques zombies) déjà constitué autour d’un “néorépublicanisme” « qui prétend parler la langue de Marianne mais définit dans les faits une République d’exclusion » (Qui est Charlie ? Sociologie d’une crise religieuse. Seuil / mai 2015). Mais il faut bien constater que le terrain n’est pas encore occupé par une nouvelle affirmation citoyenne massive contre les inégalités.
Comme c’est la crise, sociale et politique, la République sert à tout le monde de référence pour les rassemblements sociaux et les mobilisations politiques. Mais, dans la devise ternaire indissociable, l’égalité et la fraternité sont laissés pour compte. Par le FN qui veut une “République” anti immigrés, anti musulmans et xénophobe. Par le LR qui ajoute à l’injonction de l’assimilation et au rejet de l’immigration, l’aggravation de la politique néo libérale inégalitaire. Et par le PS qui fait, jusqu’à la déchirure, le grand écart entre les paroles (le discours de François Hollande au Panthéon) et les actes.
@ bovard
[cependant mon patriotisme n’est pas fondé sur ces émotions esthétiques.]
C’est dommage… l’esthétique fait aussi partie d’un héritage. Ce n’est pas par hasard si l’idéal de la beauté grec, qui est grosso modo le notre, n’est pas universel.
[Mais 10 ans après, le référendum du TCE, pour lequel Guaino avait peut être voté Oui, le gallo-communisme français est en danger.]
Henri Guaino a été l’une des personnalités de l’UMP qui s’est singularisé en faisant campagne pour le « non » contre son propre parti. Si le « gaullo-communisme » est en danger, ce n’est certainement pas la faute des gens comme Guaino.
@ samuel
[Mais il me semble que les gens qui pensent comme cela, devraient plus prendre au sérieux cet argument de la nécessité que les pays européens se solidarisent entre eux : que chacun se dispose à réagir comme si on l’avait agressé lui, quand on agresse un des autres, de manière à former une entité géopolitique capable de se défendre face aux grosse entités géopolitiques de l’avenir. Car, même à l’avenir, personne n’aura de droits qu’il n’a la force de défendre.]
Ne verras t on,pas dans les prochains jours,en Grèce des évènements qui infirmeront ou confirmeront cette thèse?
Autre émergence ,contre toute attente ce n’est pas le droit français aui est modifié mais le droit allemend.
Ainsi en ce qui concerne le salaire minimum.Une ébauche incomplète est mise en oeuvre à partir de 2016 en Allemegne.En 2015,le droit du sang typique de la germanité sera remplacé par le droit du sol,typique de la Francité.
La question qui me taraude est qu’à l’heure de la mondiamisation n’assite t on pas à un regroupement des voisine européens sur des bases modernes,laïques et sociales,à le française.Auquel cas ,la position europo sceptique peut se comprendre ,plus qu’une position absolue de rejet européen.D’ailleurs une partie du FN serait en train d’atténuer lrut rejet de toute Europe.selon certains ‘politologue’s à la Dominique Reynié.
Au fond,c’est pour cette hypothétique possibilité,que je reste membre du PCF seconde divison.
Je parlais surtout de solidarité militaire, diplomatique, et industrielle.
L’euro n’est pas à mes yeux une forme souhaitable de solidarisation entre européens.
Et cela me semble encore moins une forme de solidarisation souhaitable, que les autres pays européens se mettent à imiter la France en tout, ou que l’Europe devienne un lieu de diffusion d’une soi-disant “francité”, dont le droit du sol ferait prétendument partie.
Il me semble d’ailleurs contradictoire de rattacher une notion de “pays-ité” à un pays qui a le droit du sol, plutot que du sang. Quand un pays a le droit du sang, il se pense comme une communauté culturelle, et c’est elle qui porte la “pays-ité”, qui a une certaine stabilité (etant transmise de generation en generation), et consistant en des choses que notre coeur peut aimer (comme des traits culturels, des liens de confiance et d’obligation ayant une force propre aux liens de filiation)… Mais quand un pays a le droit du sol, se pense donc comme un Etat qui, s’il etait congruent avec une communauté culturelle, ne le serait qu’accidentellement ; quand en plus, comme pour la France, la fortune à laquelle il s’est remis pour savoir s’il serait congruent avec une communauté culturelle, a voulu qu’il n’y ait pas cette congruence : je ne trouve pas que cela a des lors du sens de parler de la “francité”…
@ samuel
[Je parlais surtout de solidarité militaire, diplomatique, et industrielle.]
Mais en quoi consiste exactement cette « solidarité » ?
[Il me semble d’ailleurs contradictoire de rattacher une notion de “pays-ité” à un pays qui a le droit du sol, plutot que du sang.]
Je vous rappelle que la France n’a pas le « droit du sol ». Notre pays a depuis très longtemps un droit mixte : les enfants de français peuvent se faire reconnaître comme français, même nés à l’étranger.
[Quand un pays a le droit du sang, il se pense comme une communauté culturelle,]
Justement, non. Un pays qui reconnaît le droit du sang se conçoit d’abord comme une collectivité ethique, ou la nationalité se transmet par l’hérédité biologique, et non pas la culture. Pour l’Allemagne, le fils d’allemands est allemand, quand bien même il ne parlerait pas la langue allemande et ne connaîtrait pas la culture allemande.
[Mais quand un pays a le droit du sol, se pense donc comme un Etat qui, s’il etait congruent avec une communauté culturelle, ne le serait qu’accidentellement ; quand en plus, comme pour la France, la fortune à laquelle il s’est remis pour savoir s’il serait congruent avec une communauté culturelle, a voulu qu’il n’y ait pas cette congruence : je ne trouve pas que cela a des lors du sens de parler de la “francité”…]
Je n’ai rien compris à ce paragraphe.
V I V E L ‘ E U R O P E , à bas les pleurnichards !
@ zelectron
[V I V E L ‘ E U R O P E, à bas les pleurnichards !]
J’avoue que le sens de cette intervention m’échappe.
Le traité “Giscard” était plutôt un catalogue de bonnes intention qui demandait à chaque gouvernement d’amender, modifier, aménager chaque ligne ! Je me demande toujours aujourd’hui pourquoi le non l’a emporté puisque somme toute il était plus favorable à la France que le “lisbonnais” !
@ zelectron
[Le traité “Giscard” était plutôt un catalogue de bonnes intention qui demandait à chaque gouvernement d’amender, modifier, aménager chaque ligne !]
Vraiment ? Prenons pour exemple l’article I-3 (« objectifs de l’Union ») deuxième alinéa : « L’Union offre à ses citoyens (…) un marché intérieur où la concurrence est libre et non faussée ». Pourriez-vous m’indiquer quelles étaient les possibilités du gouvernement « d’amender, modifier ou aménager » cette ligne ?
Le « traité Giscard » était, il ne faut pas l’oublier, un traité CONSTITUTIONNEL. Et les « bonnes intentions » une fois constitutionnalisées deviennent des principes auxquels toute législation doit se conformer. L’effet de l’alinéa ci-dessus aurait été de rendre contraire au droit de l’Union toute mesure s’opposant à une « libre » concurrence. Tiens, par exemple, la loi qui en France m’interdit de vendre mon sang – loi dite Arjoleux – ou mes reins aurait-elle survécu au vote du TCE ? Probablement pas, puisqu’elle s’oppose à l’établissement d’un « marché libre et non faussé » du sang ou des organes…
[Je me demande toujours aujourd’hui pourquoi le non l’a emporté puisque somme toute il était plus favorable à la France que le “lisbonnais” !]
Quand un fait est inexplicable, c’est souvent parce que les prémisses qui fondent notre analyse sont fausses. En quoi le TCE aurait été plus « favorable » pour la France que le traité de Lisbonne ? Franchement, entre un mauvais traité à valeur constitutionnelle et un traité pire mais à valeur de simple traité, je préfère de loin la deuxième solution. Parce que les autorités issues d’un simple traité n’ont que les compétences que le traité leur donne, et les autorités issues d’un traité constitutionnel ont potentiellement la pleine souveraineté.
Je serais par ailleurs très curieux de savoir comment arrivez vous à la conclusion que le traité de Lisbonne serait « moins favorable à la France » que le TCE…
Descartes
Avez-vous pris connaissance du texte commun adopté par les responsables de sept organisations syndicales ?
http://www.humanite.fr/apres-le-11-janvier-vivre-ensemble-travailler-ensemble-texte-syndical-commun-576121
J’ai précisé l’origine car on pourrait confondre avec une motion présentée au congrès du PS…
@ morel
Vous êtes méchant… “une motion présentée au congrès du PS”…
En fait, c’est un bon résumé de ce qu’est aujourd’hui la “bienpensance de gauche”: une pincée de féminisme par ci, une cuillerée de “diversité par là”… on y trouve tout, y compris les grandes confusions de la gauche : entre “travail” et “emploi”, entre “laïcité” et “liberté du culte”…
Remarquez, ce genre de déclaration ne fait de mal à personne. En dehors de ses auteurs, je doute que quelqu’un l’ait vraiment lue.
@Descartes
>Vous êtes méchant… “une motion présentée au congrès du PS”…< Méchant ?
Ce qui fait vraiment mal, c’est que notre ami “morel” aurait pu parler de congrès du PCF… Franchement, ce genre de texte ne manque pas non plus au “parti de la classe ouvrière” de nos jours. En fait, je ne vois vraiment pas pourquoi on s’emmerde à écrire des textes si longs pour au final ne rien dire. On pourrait juste clamer “si tout le monde était gentil, le monde serait gentil aussi” en boucle, ça reviendrait au même politiquement parlant et ça économiserait les forces des militants…
@ BolchoKek
[En fait, je ne vois vraiment pas pourquoi on s’emmerde à écrire des textes si longs pour au final ne rien dire. On pourrait juste clamer “si tout le monde était gentil, le monde serait gentil aussi” en boucle, ça reviendrait au même politiquement parlant et ça économiserait les forces des militants…]
Des fois je me demande d’ailleurs pourquoi on écrit de nouveaux textes. Pourquoi ne pas reprendre tout simplement ceux de l’année dernière ?
Ne croyez pas que je cherche à discourir à l’infini sur ce texte qui n’en vaut pas la peine mais lorsqu’on est engagé dans un syndicalisme lutte des classes l’effet n’est pas le même.
Ainsi les dirigeants représentant la grande majorité des organisations syndicales de notre pays, constatant :
« La situation sociale est grave. Le chômage, toutes catégories confondues, frappe plus de 5 millions de nos concitoyens, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté s’élève à 8,5 millions, la précarité gagne du terrain, les conditions de travail se dégradent et les inégalités s’accroissent. »
ne préconisent, en guise de « remède » que les niaiseries politically correct tout en donnant un coup de chapeau à l’UE (admirez la mise en vue positive de directives) et de son allié la CES qui a systématiquement appelé à voter pour elle.
Quelque soient les suites données, c’est un mauvais coup au syndicalisme.
en 1992,les trotskystes n’avaient pas fait campagne contre Maastricht car ils ne voulaient pas le socialisme dans un seul pays comme en URSS.
Pourtant l’URSS était composé de dizaines de peuples différents ,de centaines d’ethnies et en 1950,plus de la moitié de l’humanité vivait dans des économies collectivisées à quasi 100%.
En 2005,l’URSS,avait éclaté en dizaine d’états et la chine bien avancé dans une certaine décollectivisation.Le strotskystes particpèrent au NON,au TCE…
Cela s’était passé sans que les trotskystes ne tirent les leçons de l’échec de la bolchévisation.
Paradoxalement,c’est Staline qui avait mis en oeuvre le programme de militarisation,des esprits,des comportements ,de l’URSS;programme essentiellement tiré des écrits deTRotsky.Si celui ci en voulait au monde communiste,c’était plus par rancoeur que par divergences politiques.
Le PCF avait fait ce travail de débolchévistaion depuis longtemps,essentiellement grâce à ses racines gallo-socialo-communiste.
A ce propos,je signale la parution en poche de’Les rouges’ de Pascale Fautrier.Du 1éième siècle à l’eurocommunisme,le gallo-communisme y est raconté avec une grande minutie historique,incomplète cependant tant le sujet est vaste.
Où nous apprenons que JC(Cambadélis) est qualifié de façon savoureuse pour un ancien strauss Kahnien,’d’amant céleste’.
Par contre,nous n’apprenons pas dans ce livre qui refait la généalogie du collectivisme en France,que Camba,le violent anti-PCF,est issu d’une famille de diamentaire,trés,trés éloigné du collectivisme…
@ bovard
[en 1992,les trotskystes n’avaient pas fait campagne contre Maastricht car ils ne voulaient pas le socialisme dans un seul pays comme en URSS.]
Je ne crois pas que ce fut là leur motivation. Les trotskystes n’ont pas fait campagne contre Maastricht surtout parce qu’ils ont été achetés à l’époque par Mitterrand avec la promesse de liquider le PCF et accessoirement de leur donner accès aux postes et aux honneurs. Les Weber, les Mélenchon, les Jospin, les Cambadélis, les Dray… vous les imaginez disant « non » au traité fétiche de leur patron ?
[Pourtant l’URSS était composé de dizaines de peuples différents, de centaines d’ethnies et en 1950, plus de la moitié de l’humanité vivait dans des économies collectivisées à quasi 100%.]
Et l’URSS n’était pas un cas isolé : d’autres états multinationaux – la Yougoslavie pour ne donner qu’un exemple – fonctionnaient sans conflit majeur. La logique développée par les soviétiques dans les années 1930 – respect de la culture de chacun, mais unité stricte des régimes juridiques un peu dans la logique de la laïcité à la française – a relativement bien fonctionné. C’est l’effondrement de ce système qui a vu une renaissance des « xénophobies intérieures » avec la guerre civile comme corolaire.
[En 2005,l’URSS,avait éclaté en dizaine d’états et la chine bien avancé dans une certaine décollectivisation.Le strotskystes particpèrent au NON,au TCE…]
Et surtout, Mitterrand était mort… vous croyez vraiment que Mitterrand vivant un homme comme Mélenchon aurait appelé à voter « non » ?
Bonjour Descartes, lecteur assidu depuis près d’un an de votre blog, à la fois les articles mais aussi (et surtout) les débats qui s’en suivent, qui correspond tout à fait à mes “analyses” politiques et contribue grandement à les enrichir, je tiens à vous remercier. Mines d’informations (très pratiques pour les débats! :)) , vos articles contiennent cependant parfois quelques points obscurs pour le jeune étudiant en première année d’études sup, fraichement majeur, que je suis. Dans celui-ci vous faites par exemple mention du “plan Davignon” et j’ai un peu de mal à savoir à quoi cela correspond, les articlessur internet n’étant pas très clairs sur ce sujet… Pourriez vous m’éclairer sur ce point? Merci d’avance.
@ patriotesocial
[Bonjour Descartes, lecteur assidu depuis près d’un an de votre blog, à la fois les articles mais aussi (et surtout) les débats qui s’en suivent, qui correspond tout à fait à mes “analyses” politiques et contribue grandement à les enrichir, je tiens à vous remercier.]
Je vous remercie beaucoup. Ca fait toujours plaisir de voir son travail reconnu.
[vos articles contiennent cependant parfois quelques points obscurs pour le jeune étudiant en première année d’études sup, fraichement majeur, que je suis. Dans celui-ci vous faites par exemple mention du “plan Davignon” et j’ai un peu de mal à savoir à quoi cela correspond, les articles sur internet n’étant pas très clairs sur ce sujet… Pourriez vous m’éclairer sur ce point? Merci d’avance.]
Le « plan Davignon » est aujourd’hui presque oublié, et c’est bien dommage, parce qu’il reste un exemple éclatant de la collusion du « système » bruxellois et des grands milieux d’affaires contre les intérêts des citoyens. A la fin des années 1970, l’Europe se trouve dans une situation de surproduction d’acier, et les prix s’effondrent. Pour un libéral, la question serait simple : les prix bas pousseront à arrêter les installations les plus vétustes et se traduiront dans des investissements dans les installations les plus efficaces. Mais cela n’arrange pas tellement les intérêts de la sidérurgie allemande et belge. La Commission européenne se saisit du problème et décide du « plan Davignon », du nom de celui qui était alors vice-président de la Commission, qui instaure des « quotas » par pays. Par une étrange coïncidence, le « quota » français est particulièrement défavorable, et pousse à arrêter des aciéries quasi-neuves, comme celle de Grandes-Maisons. A l’inverse, le plan protège les sidérurgies belge et allemande. Le fait que Davignon est président de la Société Minière du Haut Katanga, administrateur de ARBED et d’UMICORE, toutes sociétés ayant des intérêts dans la sidérurgie belge et allemande n’est certainement qu’une coïncidence.
Cet exemple montre qu’on a tort de penser que l’Union européenne est « libérale ». Ce n’est pas vrai : l’Union européenne est depuis le départ interventionniste, et intervient dans le sens des intérêts de celui qui paye plus cher. Du temps de Davignon, les commissaires conservaient des postes dans les conseils d’administrations des grandes entreprises sans que personne ne trouve à redire. Surtout pas les entreprises en question. Aujourd’hui, c’est un peu moins flagrant, mais on trouve par une étrange coïncidence un ancien commissaire aux télécommunications nommé quelques jours après la fin de son mandat à un haut poste dans une grande multinationale… opérant dans le domaine des télécommunications. Une promotion certainement due à ses grandes compétences. Qui pourrait penser qu’il s’agit au contraire d’une récompense pour services rendus ?
Lire ,’les rouges’ de Pascale Fautrier est passionnant pour connaitre les racines multi séculaire du gallo communisme.La chose la plus amusante concerne Cambadélis.Où nous y apprenons que JC(Cambadélis) est qualifié ,par l’auteur,de façon savoureuse pour un ancien strauss Kahnien,’d’amant céleste’.
Par contre,nous n’apprenons pas dans ce livre qui refait la généalogie du collectivisme en France,que Camba,le violent anti-PCF,est issu d’une famille de diamentaire…Camba,comme Mélenchon,avient un telle expertis anti-PCF grâce aux gropuscules ultra-violent de l’OCI/AJS,que Mitterand,les a embauché dès les année 80 dans son staff,pour en finir avec le PCF..
Pour prolonger ce propos,je signale que le site Regards en a parlé,avec un excellent article de Martelli,comme souvent,consacré à ’Les rouges’…
Sur une photo de 2005,en plus de Mélenchon et Bové,il manque Marie Georges Buffet et son ineffable tentative de mettre en avant le Comité National Antibéral.
En faisant disparaître le sigle PCF,en 2007,pour le remplacer par l’irréel Comité National Antibéral,elle s’est tirée une balle dans le pied :
elle a travaillé avec Mélenchon,qui souhaitait l’humiliée pour lui succéder
elle s’est coupé des ’rouges’ pour qui les termes de république,nation comptent et,ingunément s’est rapprochée de Mohamed Aounit,personnage préoccupé par la diffusion du pro-islamisme.
elle a pas compris que les traîtrises de Bové et Besancenot,serait suivies par Mélenchon et ses illuminés.
elle a démontrée qu’elle méprisait la forme parti,dont elle avait énormément profité pourtant..Bref,la totale imposture,qui s’est conclue par les célèbres 1,9% dont les mélenchonistes se moquent encore..
Alors que,ils ont tout fait pour en arriver là.
Benoitement,de façon énamourée MGB n’a rien vu…
Pourtant le passé de Mélenchon est celui d’un Maastrichtien fanatique,Miterrandôlatre et anti-PCF terriblement efficace .
@ bovard
[Pour prolonger ce propos,je signale que le site Regards en a parlé,avec un excellent article de Martelli,comme souvent,consacré à ’Les rouges’…]
L’expression « un excellent article de Martelli » est un oximore… quant à Marie-George Buffet, je n’aime pas trop tirer sur les corbillards. Paix à ses cendres.
Et si mon rêve se réalisait?
Si,en 2017,désireux de secouer le paysage politique JP.Chevénément se présentait en 2017 ?
Aprés tout El Cabssi en Tunisie va avoir 90 ans.
Si JP.Chevénément se présentait en 2017,alors le MRC se rallierait à lui,Montebourg aussi,Fillipot peut être,Anicet lepors d’autres,Dupont-Aignan,Nation-Bastille ,Lordon,Todd,Sapir,Mélenchon?
Enfin la révolte des souverainistes de gauche,se manifesterait,et se poserait la question des batailles électorales qu’il faut essayer de gagner au moins ici ou là même si mon parti le fdg-PCF est en deuxième division.
Car,les politiques représentant les souverainistes,il va falloir œuvrer pour attirer le suffrages sinon,le boulot est fait par le FN.
Et vous les bobos à la gauche de la gauche,je vais vous secouer le cocotier.
La question de fond est :
peut on faire alliance ,localement,avec des membres du PS,critiques ?s’ils le veulent,car vu que le fdg-PCF, disparait,sans élus visbles,il ne peut exister,et ça renforce le monopole d’élus PS.
Certains se demandent,quelle différence, entre des écologistes désireux de s’associer à un gouvernement PS et des communistes désireux de s’associer à un Conseil Municipal fut il PS frondeur ?
C’est trés différent.Au gouvernement ,revient la responsabilité de diriger.Pas au niveau local. Il est indispensable de mettre carte sur table, de crever l’abcès pour cesser de piétiner.Car la différence est immense.
Un conseil communal,est local.
Un gouvernement est actuellement européiste.Investissons à la Podemos,les casemates périphériques du pouvoir ,devenons culturellement hégémonique à la Gramsci,pour un jour gagner le pouvoir central.
Au fond quoi de plus normal pour un communiste français,non-bolchévik , de s’investir dans sa commune.
Or avec les pédégés,il ne faut pas,avoir des alliés locaux,de gauche c.a.d PS,car le parti de’ gauche(?)’,les a ex-communié.
A ce compte,vu que les électeurs de gauche votent PS au second tour,seuls le PS aura des élus,ou LR ou le FN.
C’est d’ailleurs le cas après la stratégie suicidaire anti-électoraliste’,c’est un comble quand on base sa stratégie sur les élections..
Cette perspective est inacceptable.Qui peut se réjouir que sur les 600000 élus de la république,seuls quelques dizaines soient de la gauche du PS ?en France ?
@ bovard
[Et si mon rêve se réalisait?]
Dieu vous en préserve. Souvenez vous des paroles de Goethe : « quand les dieux veulent nous punir, ils réalisent nos rêves »…
[Si, en 2017, désireux de secouer le paysage politique JP.Chevénément se présentait en 2017 ? Après tout El Cabssi en Tunisie va avoir 90 ans.]
Oui, mais la Tunisie sort d’une guerre civile, et a besoin d’un « père de la patrie », un vieux sage qui ait passé l’âge des ambitions. Peu de chances qu’on soit dans une telle position en France en 2017.
[Si JP.Chevénément se présentait en 2017, alors le MRC se rallierait à lui,Montebourg aussi, Fillipot peut être,Anicet lepors d’autres,Dupont-Aignan,Nation-Bastille ,Lordon,Todd,Sapir,Mélenchon?]
Mélenchon ? Philippot ? Vous rêvez. Et même si cela arrivait, tout ce monde représente quoi, au mieux, 10% ?
[peut on faire alliance ,localement,avec des membres du PS,critiques ? s’ils le veulent,car vu que le fdg-PCF, disparait, sans élus visibles, il ne peut exister,et ça renforce le monopole d’élus PS.]
Franchement, je pense que les supputations sur des alliances (avec EELV, avec les « critiques du PS », avec le NPA) sont une perte de temps. Avant de choisir l’outil politique, il faudrait savoir quel est le projet qu’on propose.
[Un gouvernement est actuellement européiste. Investissons à la Podemos, les casemates périphériques du pouvoir, devenons culturellement hégémonique à la Gramsci, pour un jour gagner le pouvoir central.]
Podemos est un mirage, un peu comme le FN. Il fait illusion aussi longtemps qu’il n’a pas à gouverner.
Nous voila 15 ans après et j’aimerai savoir si vous êtes en accord avec cette tribune collective publiée aujourd’hui dans ma Marianne ?
https://www.marianne.net/debattons/tribunes/29-mai-2005-liberte-j-ecris-ton-non?fbclid=IwAR1Lyzk4KZA9ihh7wl1LkvNXWH1zhG3ECLSsXQK9TanhCuRD2lrprbZglow
29 mai 2005 : Liberté, j’écris ton NON
“Le 29 mai 2005 est une date centrale de la vie démocratique en France, un moment où le peuple s’est saisi de son destin. Ce jour-là, les Français, en défendant la souveraineté nationale, montraient ce qu’est un peuple souverain. Peut-être posaient-ils sans le savoir la première pierre du monde d’après la crise ?”
En commémorant cet événement fondateur, les signataires de cette tribune rappellent que les Français ont toujours su, et sauront encore, se rassembler pour défendre l’indépendance nationale et l’intérêt général.
Il y a quinze ans, le 29 mai 2005, près de 55 % de nos compatriotes rejetaient le projet de traité « établissant une Constitution pour l’Europe ». Par ce vote, ils exprimaient leur refus de limiter leur liberté collective et de transférer le pouvoir à un échelon supérieur pour se fondre dans un hypothétique peuple européen – et se soumettre à un très réel pouvoir a-démocratique bruxellois. Nos concitoyens ne voulaient pas jeter aux oubliettes la Nation et la République françaises.
Ce « non » venait conclure une campagne marquée par des semaines de propagande pour le « oui ». L’écrasante majorité de la classe dirigeante promettait aux Français la guerre et les dix plaies d’Egypte s’ils osaient refuser. Tout ce que le pays comptait d’éditorialistes, d’experts et d’élus autorisés s’était coalisé pour présenter ce saut dans le fédéralisme continental comme le sens de l’histoire. Droite et gauche vibraient à l’unisson.
En s’opposant aux élites, les Français rejetaient sans équivoque le chemin ouvert par Maastricht – un traité qui avait d’ailleurs été adopté de justesse après, là aussi, une campagne massive pour le « oui » que seules quelques rares voies lucides avaient troublée. Ainsi Philippe Seguin, lors d’un discours prémonitoire à l’Assemblée nationale, nous avait-il prévenus : vous renoncez à votre monnaie pour gagner des emplois, vous allez perdre votre monnaie et vos emplois.
Nulle démocratie, nulle République ne peut exister sans souveraineté, c’est-à-dire sans liberté de ses choix.
Ce chemin était une impasse. Le peuple français, pas plus qu’aucun autre, n’aurait jamais dû se voir forcé de graver dans le marbre des traités des choix de politique économique, par nature contingents. La loi se modifie, des traités ayant valeur de quasi-constitution, non. Le problème est bien la constitutionnalisation des politiques économiques, alors que celles-ci devraient pouvoir s’adapter à la conjoncture. On peut être partisan du marché ou de l’interventionnisme, de la relance ou de l’austérité, de l’inflation ou du monétarisme, mais on ne saurait mettre ces choix à l’abri de la volonté populaire exprimée par le vote. C’est ainsi que l’Europe maastrichienne, alors qu’elle refinançait les banques pour 1 400 milliards d’euros, a durablement affaibli la Grèce en lui imposant un mémorandum excluant toute solidarité, malgré son rejet massif par le peuple grec lors du référendum du 5 juillet 2015.
Nulle démocratie, nulle République ne peut exister sans souveraineté, c’est-à-dire sans liberté de ses choix. Pourtant, depuis Maastricht, les traités européens organisent la servitude volontaire des pays signataires en matière de politique budgétaire, monétaire et commerciale, et imposent à la France, ad vitam aeternam et quels que soient les résultats des urnes, une seule stratégie économique, celle de la concurrence soi-disant libre et non faussée. Il en a résulté une désindustrialisation suicidaire, une contraction croissante et indifférenciée des dépenses publiques, la destruction des services publics, l’ouverture à la concurrence déloyale des pays à faibles exigences sociales et environnementales, l’interdiction de toute planification et de toute aide à nos entreprises et à nos secteurs stratégiques. Sans parler d’une dépendance sans cesse accrue envers la puissance économique et militaire américaine.
La crise du Covid-19 montre l’inanité de cette approche doctrinaire et imprégnée d’idéologie, avec la ruine de l’hôpital public et la dangereuse dépendance à l’égard des puissances industrielles asiatiques dans des secteurs vitaux. Le pilotage des économies européennes depuis Bruxelles, Luxembourg et Francfort nous a envoyés droit dans le mur.
Le 29 mai fut donc une date de résistance républicaine. Le grand « non » de 2005 biffait rageusement le petit « oui » de 1992. Pourtant, il fut présenté par les perdants – l’élite battue par son propre peuple – comme un repli sur soi, un acte honteux qu’il fallait effacer au plus vite. Personne n’en mesura alors la portée, imaginant, comme pour le référendum sur le Brexit, que le peuple ayant mal voté, il faudrait peut-être dissoudre le peuple. En contournant ce « non », quatre ans plus tard, avec l’adoption du traité de Lisbonne – qui n’avait de nouveau que le nom –, la classe dirigeante réunie en conclave à Versailles contourna un principe cardinal de la République, la souveraineté populaire, sans comprendre qu’elle brisait la confiance du peuple dans les partis traditionnels. Depuis ce jour, la France bouillonne et se méfie des chefs qu’elle place à sa tête, comme l’a démontré la crise des gilets jaunes marquée par la volonté de démocratie directe.
La souveraineté ne se partage pas plus que la démocratie ou la liberté. Soit on est libre, soit on s’aliène
Quinze ans après 2005, certains n’ont rien compris ni rien appris. Malgré le désastre industriel rendu manifeste par la crise sanitaire, malgré les divergences politiques insurmontables au sein de l’Union européenne et la crise de légitimité des gouvernants dans notre pays, les mêmes élites aveuglées proposent encore la même potion et tentent de nous vendre cet épouvantable oxymore, griffon juridique et monstre politique, qu’est la « souveraineté européenne ».
Or la souveraineté ne se partage pas plus que la démocratie ou la liberté. Soit on est libre, soit on s’aliène. Soit on donne le dernier mot au peuple, soit on cherche à lui imposer une voie qu’il n’a pas choisie. Il n’y a pas de « en même temps » lorsque l’on est démocrate.
Il est temps de redonner au « non » de 2005 le sens qui est le sien. Ce « non » n’était pas honteux ; ce n’était pas un rejet, mais une réaffirmation, celle de la volonté du peuple français de rester souverain en son pays. Toute l’histoire de France est une suite de « non » répétés à différents projets de démembrement, d’asservissement ou d’abaissement de notre pays. Nous pouvons être fiers de ce « non », comme de ceux qui l’ont précédé ; mais mieux qu’un souvenir glorieux, il faut en faire le point de départ de la reconquête de notre liberté. À l’heure où la France est confrontée à la crise la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale, nous devons nous appuyer sur la pierre solide de ce vote pour construire le monde d’après et recouvrer les moyens de notre indépendance.
Il est temps de faire trancher par le peuple la question de la souveraineté : valide-t-il le fédéralisme politique poussé en sous-main par le gouvernement actuel au prétexte de la crise du covid-19 – mutualisation de la dette européenne ou budget fédéral, voire transfert de souveraineté géopolitique ? Ou bien refuse-t-il ce moyen déguisé de reprendre le chemin qui va de Maastricht à Aix-la-Chapelle et veut-il réaffirmer, comme l’a fait la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe, la supériorité de sa Constitution sur le droit européen ?
Aux heures sombres de la guerre et de l’occupation, le Conseil national de la Résistance a su non seulement se battre pour rendre à la France sa pleine souveraineté, mais aussi donner à celle-ci un contenu concret. Aujourd’hui, les Français partisans de la démocratie – c’est à dire, du « pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple » – doivent se retrouver autour d’un programme de rassemblement qui convienne au plus grand nombre, centré sur les valeurs de la République, les principes de liberté, d’égalité et de fraternité, et répondant à l’intérêt général : non pas celui des technocrates de Bruxelles, mais celui du peuple français. Calamitas virtutis occasio est. La crise actuelle est grave ; qu’elle soit l’occasion de reprendre notre destin en main.
@ Laurent
[Nous voila 15 ans après et j’aimerai savoir si vous êtes en accord avec cette tribune collective publiée aujourd’hui dans ma Marianne ?]
Dans « ta » Marianne ? Curieux lapsus… à moins que c’en soit pas un ! 😉
Ce n’était vraiment pas la peine de recopier le texte complet dans la mesure ou vous donnez un lien accessible à tous…
Mais puisque vous me demandez mon avis, je suis d’accord à 99% avec ce qui est écrit. Mais je regrette que les auteurs du texte aient pris une position populiste qui tord le cou aux faits. Ainsi, on peut lire que : « En s’opposant aux élites, les Français rejetaient sans équivoque le chemin ouvert par Maastricht – un traité qui avait d’ailleurs été adopté de justesse après, là aussi, une campagne massive pour le « oui » que seules quelques rares voies lucides avaient troublée. Ainsi Philippe Seguin, lors d’un discours prémonitoire à l’Assemblée nationale, nous avait-il prévenus : vous renoncez à votre monnaie pour gagner des emplois, vous allez perdre votre monnaie et vos emplois.]
C’est oublier qu’une partie des « élites » tant décriées a fait campagne pour le « non ». A moins de considérer qu’un Laurent Fabius, un Henri Guaino, un Jean-Pierre Chèvenement ou même un Jean-Marie Le Pen ne font pas partie des élites… non, le résultat de 2005 n’avait pas opposé « le peuple » et « les élites ».
Pour le reste, j’aurais pu le signer.