Et maintenant, mes frères, prions Mélenchon…

Je ne crois pas apprendre quoi que ce soit de nouveau à mes lecteurs en disant ma tristesse devant le résultat du vote des militants communistes samedi dernier. Je dis bien tristesse, et non déception, car je n’attendais pas vraiment quelque choses de différent. Poussés par les prises de position de leurs principaux dirigeants, effrayés par les déclarations de plusieurs « notables » parmi les plus puissants ne laissant pas le moindre doute sur le fait que le rejet de la motion de soutien à Mélenchon provoquerait une division du PCF, les militants ont choisi la voie de l’abandon et de la facilité. Ils ont eu peur de faire 2%, peur d’être accusés d’avoir cassé la dynamique de la « gauche radicale ». Ils se sont convaincus que la « France Insoumise » peut aboutir à un véritable rassemblement, qu’à l’ombre de Mélenchon ils pourront faire une « campagne autonome », que la « dynamique des insoumis » allait profiter à leurs candidats aux législatives.

 

Je pense qu’ils ont tort, et qu’ils vont le découvrir assez vite. Mélenchon est dans une logique hégémonique, et rien ne pourra pousser à côté de lui. Quelque soient les discours en apparence généreux et modestes du Grand Leader, la « France Insoumise » reste une secte contrôlée par un gourou qui – entouré par une petite cour – décide de tout. Ce gourou ne veut pas des partenaires, mais des vassaux. Et les communistes vont très vite s’en apercevoir.

 

Vous me trouvez trop sévère ? Et bien, pour illustrer mon propos je vous propose un document publié par la direction de cette « France Insoumise ». Il s’agit du « Document support pour les assemblées de circonscription » (1), distribué aux « insoumis » inscrits sur le site de Mélenchon en préparation des « assemblées de circonscription » censées initier le processus de sélection des candidats législatifs de la « France Insoumise ».

 

Ce document donne les directives pour le déroulement des réunions en question. Cela commence assez innocemment (vidéo d’introduction, tour de table). Mais ensuite, cela se corse :

 

Préparation des élections législatives (1h10maxi)

Pour ce second temps de discussion, la salle est organisée en cercle de l’ensemble des participant·e·s.

 

20h10: Lecture collective de la charte des candidat·e·s de la France insoumise et du document ressource sur les élections législatives fourni par l’équipe nationale de campagne.

 

ACTIONS SUR LA FICHE RETOUR: Chaque participant.e doit approuver la charte en signant symboliquement sur le document retour. L’animateur/animatrice est ensuite chargée d’indiquer le nombre de participant·e·s ayant signé la charte : la suite de la réunion est réservée aux signataires de la charte.

 

C’est la première fois, en plus de trente ans de militantisme, que je vois conditionner la participation à une réunion à « l’approbation » – par écrit, s’il vous plaît – d’un document. On se croirait tombé dans une église : la réunion commence par la récitation collective de la profession de foi, à laquelle chacun doit affirmer son adhésion sans restrictions. Et par écrit, en plus…

 

C’est là une question fondamentale. Dans une société démocratique, nous sommes tenus de nous soumettre à des règles dans notre comportement, pas dans nos pensées. Nous sommes tenus de respecter le Code de la route ou le Code pénal, mais nous ne sommes pas tenus de les « approuver ». Nous avons même le droit d’être en désaccord avec eux et de voter leur modification. Il n’y a que dans les sociétés totalitaires que la société impose aux gens non seulement comment ils doivent agir, mais aussi comment ils doivent penser.

 

Car c’est là l’originalité inquiétante de la demande des « insoumis » : la participation au processus n’est pas conditionnée à l’obéissance à la Charte, mais à son approbation. En d’autres termes, si l’on veut participer à la sélection des candidats il ne suffit pas de s’engager à suivre les règles. Il faut en plus qu’on les « approuve », qu’on les trouve bonnes. On ne peut participer à la « dynamique » des insoumis si l’on n’est pas d’accord avec un seul point de la Charte. Que se passerait-il avec « l’insoumis » qui dirait « moi je ne suis pas d’accord avec tel point de la Charte » ? Et bien, il serait exclu du processus puisqu’en toute honnêteté on ne peut concevoir que quelqu’un « approuve » un texte dans ces conditions. Il devient impossible dès lors pour un insoumis de contester  la Charte sans être exclu. Comment pourrait-on critiquer un document qu’on a soi même « approuvé » en y apposant sa signature ?

 

Je pense que ce document est particulièrement révélateur du fonctionnement des « insoumis ». C’est une secte. En haut un gourou qui écrit une « Charte », en bas des adeptes qui sont tenus de prêter serment de fidélité dessus. Parce que cette signature, c’est un serment. Et celui qui ne serait pas d’accord s’exclut de lui-même de la « dynamique » salvatrice. Et bien, je vais aller demain dans la réunion des « insoumis » de mon quartier, et je refuserai de signer la « Charte ». Pour voir ce que ça fait…

 

 

Descartes

 

 

(1)https://d3n8a8pro7vhmx.cloudfront.net/plp/pages/12349/attachments/original/1480266471/DocumentSupport.pdf?1480266471

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55 réponses à Et maintenant, mes frères, prions Mélenchon…

  1. Françoise dit :

    bof, moi j’ai signé une charte ces deux derniers dimanches et je n’ai pas eu l’impression de rentrer dans une secte…

    • Descartes dit :

      @ Françoise

      [bof, moi j’ai signé une charte ces deux derniers dimanches et je n’ai pas eu l’impression de rentrer dans une secte…]

      La “charte” que vous avez signé n’a aucune valeur normative. Elle ne fait que témoigner de votre adhésion à un corpus de “valeurs” dont vous êtes par ailleurs seul juge. La “Charte” dont il s’agit ici est au contraire un texte normatif. Par ailleurs, vous noterez que la “charte” que vous avez signé conditionnait votre droit à voter, et non votre participation à un débat politique. Je ne connais pas d’exemple – et j’ai vu pas mal de choses dans ma vie militante – où l’on ait fait sortir d’une réunion les gens qui refusaient “d’approuver” un texte normatif.

    • Françoise dit :

      Comment? je n’ai pas participé à un débat politique? excusez moi mais en deux signatures et 4 euros, j’ai éliminé Sarko, Juppé (et probablement Le Pen en clarifiant la ligne UMP) et surtout, j’ai ouvert un boulevard pour Macron!

      Mélenchon construit un parti politique, il veut éviter les frondeurs, cela ne me choque pas. Je ne sais pas s’il y a plusieurs chartes mais celle de Mélenchon concerne les élus, pas le militant de base qui va à une réunion.

    • Descartes dit :

      @ Françoise

      [Comment? je n’ai pas participé à un débat politique? excusez moi mais en deux signatures et 4 euros, j’ai éliminé Sarko, Juppé (et probablement Le Pen en clarifiant la ligne UMP) et surtout, j’ai ouvert un boulevard pour Macron!]

      Et où est le débat, là dedans ? J’ai l’impression que vous confondez « débat » avec « vote ». Dans un débat, on échange des arguments. Dans un vote, vous mettez des bulletins dans une urne et celui qui en a le plus gagne. Vous voyez la différence ? Vous noterez que dans la logique des « insoumis », la signature de la « Charte » est une condition pour participer à la réunion, et non pour y voter…

      [Mélenchon construit un parti politique,]

      Lui dit le contraire. L’accuseriez-vous de menteur ?

      [il veut éviter les frondeurs, cela ne me choque pas.]

      Ah bon. Cela ne vous choque pas que dans un parti politique le pouvoir soit concentré sur un homme et que celui-ci utilise ce pouvoir pour « éviter » toute idée différente à la sienne. Dont acte. Nous n’avons de toute évidence pas la même idée de ce qu’est un parti politique.

      [Je ne sais pas s’il y a plusieurs chartes mais celle de Mélenchon concerne les élus, pas le militant de base qui va à une réunion.]

      Non, il n’y a qu’une seule. Et c’est cette Charte qu’on demande aux « insoumis » de « approuver » comme condition préalable à la participation à une discussion.

    • Françoise dit :

      Vous avez donc été à une réunion des “insoumis”?;))
      Je ne sais pas comment vous pouvez dire cela puisque cette charte est destinée aux candidats aux législatives, pas au pékin qui vient écouter ( ou “débattre”)
      Voici ce que vous écriviez dans un autre texte le 6 nov 2016 ‘De la “démocratie” selon le PCF…” :
      “Ensuite, et c’est là encore important, il y eut unanimité pour rejeter la « Charte » que la « France Insoumise » – c’est-à-dire Mélenchon, ne nous voilons pas la face – veut imposer aux candidats aux législatives comme condition d’investiture.”
      Alors???
      Allez voir les statuts du FN, c’est pareil, et même plus, celui qui n’est pas en accord est viré sans motivation nécessaire.
      Quant à votre précision comme quoi la France insoumise ne serait pas un parti, je ne dit pas que JLM ment (à vrai dire je m’en fiche pas mal) mais si les dons sont attestés par la CNCCFP, ce n’est pas une association de pêche…

    • Descartes dit :

      @ Françoise

      [Vous avez donc été à une réunion des “insoumis”?;))]

      Plusieurs, même. Vous savez que ma curiosité n’a pas de limites. Et puis, c’est beaucoup plus amusant qu’à la télé.

      [Je ne sais pas comment vous pouvez dire cela puisque cette charte est destinée aux candidats aux législatives, pas au pékin qui vient écouter ( ou “débattre”)]

      Relisez mon papier. Vous y trouverez un extrait d’un document censé servir de guide pour les organisateurs des réunions de ce soir ou seront discutées les propositions de candidature des « insoumis ». Il est clairement indiqué dans ce document qu’en ouverture de réunion on fera une lecture collective de la charte, que « Chaque participant.e doit approuver la charte en signant symboliquement sur le document retour » (oui, je sais, « signer symboliquement » ça ne veut rien dire, mais ce n’est pas moi qui ai écrit ce texte). Il est ensuite indiqué que « la suite de la réunion est réservée aux signataires de la charte ». La Charte est bien donc à signer par le « pekin qui vient écouter (ou « débattre ») », et pas seulement par les candidats…

      [Voici ce que vous écriviez dans un autre texte le 6 nov 2016 ‘De la “démocratie” selon le PCF…” : « Ensuite, et c’est là encore important, il y eut unanimité pour rejeter la « Charte » que la « France Insoumise » – c’est-à-dire Mélenchon, ne nous voilons pas la face – veut imposer aux candidats aux législatives comme condition d’investiture. » Alors???]

      Alors quoi ? Je ne comprends pas très bien la question.

      [Allez voir les statuts du FN, c’est pareil, et même plus, celui qui n’est pas en accord est viré sans motivation nécessaire.]

      Pourriez-vous indiquer une référence précise ? Dans quel article il est indiqué que « celui qui n’est pas d’accord (avec quoi ?) est « viré sans motivation nécessaire » ?

      [Quant à votre précision comme quoi la France insoumise ne serait pas un parti, je ne dit pas que JLM ment (à vrai dire je m’en fiche pas mal) mais si les dons sont attestés par la CNCCFP, ce n’est pas une association de pêche…]

      Mélenchon proclame qu’il n’est pas en train de créer un nouveau parti. Il écrit même que la « forme parti » est finie, dépassée, kaput. Il me semble donc un peu hasardeux d’affirmer que « Mélenchon est en train de créer un parti ». Par ailleurs, je ne vois pas très bien ce que vient faire la CNCCFP. Celle-ci enregistre les dons aux « formations politiques », qu’elles soient ou non des « partis ».

    • Françoise dit :

      Pinaillons donc, Mélenchon construit une “formation” politique, whatever.

      Pour votre phrase du 6 nov: relisez la, la charte ne concerne que les futurs candidats.

      Pour les statuts du FN:
      “Le Conseil d’Administration (Bureau Politique), son Bureau (Bureau Exécutif) ou son Président statue souverainement sur toutes les demandes d’adhésion. Dans le cas de refus d’une demande, leur décision n’est pas nécessairement motivée et elle est sans appel.
      La qualité de membre de l’Association se perd :
      (…)
      3. Par l’adhésion à un autre parti ou groupement politique de droit ou de fait ;
      4. Par une candidature concurrente ou le soutien à une candidature concurrente de celle présentée ou soutenue par le Front National ;
      (…)
      Les décisions du Conseil d’Administration, du Bureau ou du Président en matière disciplinaire sont sans appel et, de convention expresse, ne peuvent donner lieu à aucune action judiciaire quelconque sur les biens de l’Association.”

    • Descartes dit :

      @ Françoise

      [Pinaillons donc, Mélenchon construit une “formation” politique, whatever.]

      Ce n’est pas « pinaillons donc ». Vous affirmez que « Mélenchon est en train de créer un parti politique ». L’intéressé le nie. Donc, soit il ment, soit vous vous êtes trompé. Mais il est vrai que vous êtes incapable de reconnaître une erreur… alors, bien évidement, c’est ma faute.

      [Pour votre phrase du 6 nov: relisez la, la charte ne concerne que les futurs candidats.]

      La répétition, je vous le rappelle, ne constitue pas un argument. Le document de préparation indique EXPLICITEMENT que la participation aux réunions de circonscription est conditionnée à l’approbation de la charte par apposition d’une signature. La charte ne concerne donc pas que les futurs candidats, quelque soit sa rédaction.

      [Pour les statuts du FN:]

      Je rappelle votre affirmation : « Allez voir les statuts du FN, c’est pareil, et même plus, celui qui n’est pas en accord est viré sans motivation nécessaire ». Et maintenant, examinons vos citations :

      [“Le Conseil d’Administration (Bureau Politique), son Bureau (Bureau Exécutif) ou son Président statue souverainement sur toutes les demandes d’adhésion. Dans le cas de refus d’une demande, leur décision n’est pas nécessairement motivée et elle est sans appel.]

      On ne parle donc pas ici de « virer sans motivation » un adhérent, mais de ne pas accepter une adhésion. Cela n’a donc aucun rapport avec la question posée. Suite :

      [La qualité de membre de l’Association se perd :
      (…)
      3. Par l’adhésion à un autre parti ou groupement politique de droit ou de fait ;
      4. Par une candidature concurrente ou le soutien à une candidature concurrente de celle présentée ou soutenue par le Front National ;
      (…)]

      Là encore, on voit mal le rapport avec votre affirmation. Les deux situations décrites ici ne se réfèrent pas à ce que l’adhérent PENSE mais à ce que l’adhérent FAIT. On ne sanctionne pas un désaccord, mais un agissement.

      [Les décisions du Conseil d’Administration, du Bureau ou du Président en matière disciplinaire sont sans appel et, de convention expresse, ne peuvent donner lieu à aucune action judiciaire quelconque sur les biens de l’Association.”]

      En d’autres termes, les décisions en question sont appelables devant la justice ordinaire (c’est un principe d’ordre public). L’appel interjeté par Jean-Marie Le Pen contre la décision disciplinaire qui le frappe – et dont il a obtenu la révocation partielle – est un bon exemple. Par ailleurs, une décision disciplinaire doit toujours être motivée (là encore c’est un principe d’ordre public) et doit être prévue par les statuts. Donc, contrairement à votre affirmation, les statuts du FN ne permettent pas de « virer celui qui n’est pas d’accord sans motivation nécessaire ».

    • Françoise dit :

      Oui!
      ô Grand Maître de la raison, qui avez toujours raison!

    • Descartes dit :

      @ Françoise

      [ô Grand Maître de la raison, qui avez toujours raison!]

      Faut dire qu’avec vous, avoir toujours raison ce n’est pas vraiment difficile.

  2. barbey dit :

    N’oubliez pas, cher Descartes, la suite de l’histoire. A demain donc!

  3. Coma81 dit :

    “Tout ce qui est excessif est insignifiant”
    Non Mélenchon ne représente pas une menace totalitaire. (Le PCF des années 50 non plus d’ailleurs).

    Hier réunion de préparation à la désignation des candidats. Lors du débat, les mélenchonistes ont clairement expliqué que la rupture avec l’UE pourrait être nécessaire. Quant à eux, les communistes “insoumis” nous ont bassiné avec l’Europe sociale et les bienfaits du nucléaire.
    Pitié, communistes, rejoignez Montebourg.

    • Descartes dit :

      @ Coma81

      [Non Mélenchon ne représente pas une menace totalitaire. (Le PCF des années 50 non plus d’ailleurs).]

      Pour le PCF, c’est certain. Pour Mélenchon… je ne suis pas si sûr. Bien entendu, je ne pense pas qu’il arrivera au pouvoir. Mais l’installation à gauche d’un mouvement fonctionnant comme une secte n’est pas sans danger.

      [Hier réunion de préparation à la désignation des candidats. Lors du débat, les mélenchonistes ont clairement expliqué que la rupture avec l’UE pourrait être nécessaire.]

      Ont-ils expliqué pourquoi ?

      [Quant à eux, les communistes “insoumis” nous ont bassiné avec l’Europe sociale et les bienfaits du nucléaire.]

      Beh… chacun défend ces idées. C’est bien ça qu’on appelle « démocratie », non ?

      [Pitié, communistes, rejoignez Montebourg.]

      Ceux qui ont des parrainages à donner aussi ?

  4. Gugus69 dit :

    Mon cher camarade, excusez-moi, mais je crois que vous vous faites du mal pour rien.
    La messe est dite, et il est inutile de continuer à argumenter autour de la nature de la candidature de Mélenchon.
    Ses adeptes , vous le dites vous-même, sont des croyants, par essence insensibles au débat raisonné.
    Par ailleurs les communistes ont acté leur suicide politique collectif.
    Par paresse idéologique, ils refusent les leçons de l’histoire et abandonnent une fois de plus leur sort à l’étreinte mortelle du nouveau Mitterrand aux petits pieds.
    Eh bien ! Tant pis pour eux !
    Et puisqu’on ne fait de la politique que sur le réel, les Britanniques viennent de nous montrer qu’on peux frapper efficacement.
    Car aujourd’hui, la mère de toutes les batailles se livre contre l’Union européenne et l’Euro.
    Là est maintenant l’enjeu : renforçons le camp du Frexit.
    En vrais léninistes, favorisons l’union de tous ses partisans, sans exclusive !
    Dupont-Aignan ? Asselineau ? un autre ? Il faut frapper le capital où ça fait mal : à l’euro !
    Nous serons plus utiles ainsi aux travailleurs de France, qu’en pleurant des larmes amères sur un parti de classe mort, de fait, depuis 20 ans…

    • Descartes dit :

      @ Gugus69

      [Mon cher camarade, excusez-moi, mais je crois que vous vous faites du mal pour rien.
      La messe est dite, et il est inutile de continuer à argumenter autour de la nature de la candidature de Mélenchon.]

      Peut-être, mais j’ai du mal à me résigner à la fin ignominieuse de l’aventure commencée en 2008. Et au fait que le PCF se saborde sans combattre.

      [Eh bien ! Tant pis pour eux !]

      J’aime trop les gens pour que leurs souffrances futures me consolent…

      [Et puisqu’on ne fait de la politique que sur le réel, les Britanniques viennent de nous montrer qu’on peux frapper efficacement. Car aujourd’hui, la mère de toutes les batailles se livre contre l’Union européenne et l’Euro. Là est maintenant l’enjeu : renforçons le camp du Frexit.]

      Le problème, c’est que ce camp est totalement occupé par la droite. La gauche a capitulé en rase campagne – si tant est qu’on puisse encore parler de « gauche » aujourd’hui.

      [En vrais léninistes, favorisons l’union de tous ses partisans, sans exclusive !]

      Je suis d’accord. Malheureusement, ils sont très divers et ont tous mauvais caractère…

      [Dupont-Aignan ? Asselineau ? un autre ? Il faut frapper le capital où ça fait mal : à l’euro !
      Nous serons plus utiles ainsi aux travailleurs de France, qu’en pleurant des larmes amères sur un parti de classe mort, de fait, depuis 20 ans…]

      L’un n’empêche pas l’autre…

  5. luc dit :

    [Et bien, je vais aller demain dans la réunion des « insoumis » de mon quartier, et je refuserai de signer la « Charte ». ]
    Est ce une formule de rhétorique ou chez vous y a t il réellement des réunions de France Insoumise?Chez moi y a rien et pourtant tous mes radars fonctionnent au maximum.
    Pour 2017,oui, c’est dommage que Chassaigne n’ait pas été choisi.
    Nous aurions eu 2 candidats car ,de toute façon aucun candidat de gauche n’arrivera au second tour.
    2017 est l’occasion de faire fructifier les candidats au discours défendant l’état social à la française.
    Quant JLM arrache ma sympathie,c’est parce qu’il défend la sécu,lesymbole de Fidel Castro,la cgt au total,l’ensemble des valeurs du PCF des années 50,60?710,80,90 qui furent l’environnement où j’ai grandi.
    Le génie de JLM,est de répéter mot à mot,ce que Duclos,Thorez,Marchais disaient .
    Mitterand avait fait de même dans les années 70 puis au pouvoir avait déglingué le PCF.
    Ce qui me scotche avec JLM,c’est que c’est le seul trotskyste à flatter la sphère idéologique de ce que fut le PCF.
    Plurquoi alors n’adhère t il pas au pcf?
    Lorsqu’on écoute Brossat ,Laurent qui pourtant ont ,avec un succès indéniable,tout fait pour un soutien du pcf à JLM,quel crédit leur accordé?
    Aucun attachement à l’état social français,à la laïcité,au remarquable effort du peuple français pour intégrer ces masses de millions de personnes durant les dernières décennies,n’est perceptible chez la direction actuelle du pcf.
    La division des rôles est favorable à jlm,depuis que le pcf est devenu la chose Huïste que l’on connait.
    Pour Laurent,MGB,Front de gauche,la cécité,la stérilité politique d’un gauchisme anti état social français.Pour JLM,le discours qui attire l’adhésion au niveau national qui était le discours de Thorez,Duclos,Marchais depuis Vaillant Coututrier dans l’ex-pcf.
    JLM occupe ce vide et a bien évidemment un énorme succès.
    L’histoire nous aura réservé la surprise de voir un ex-trotskyste converti au républicanisme Jauressien,alors qu’une direction entière du PCF est tombée, dans le piège mortifiant de la négation des acquis sociaux de la nation française,n’est ce pas significatif du génie de la sociale à la française?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Est ce une formule de rhétorique ou chez vous y a t il réellement des réunions de France Insoumise? Chez moi y a rien et pourtant tous mes radars fonctionnent au maximum.]

      Normalement, ce soir dans toutes les circonscriptions de France à 19h30 les « insoumis » sont censés se réunir pour proposer des candidatures pour les législatives. Vous pouvez regarder sur le site de Mélenchon il y a une carte indiquant les lieux de réunion circonscription par circonscription. Bien sur, tout ça est parfaitement cosmétique : les propositions seront examinées par une « commission électorale » nommée par Mélenchon qui décidera souverainement des candidatures. Mais bon, si ça leur fait plaisir… en tout cas, j’ai l’intention d’y aller rien que pour voir comment fonctionne le processus.

      [Quant JLM arrache ma sympathie, c’est parce qu’il défend la sécu, le symbole de Fidel Castro, la cgt au total, l’ensemble des valeurs du PCF des années 50,60,70,80,90 qui furent l’environnement où j’ai grandi.]

      JLM est certainement un grand orateur, et sait sur quelles cordes il faut jouer pour s’adresser aux émotions des gens de gauche. Mais lorsqu’on décortique plus avant le discours, on voit que derrière les apparences il n’a rien à voir avec « l’ensemble des valeurs du PCF ». Le PCF des années 50 à 80 était un parti profondément rationaliste – vous souvenez-vous du nom de la revue théorique du PCF dans les années 1960-70 ? – et qui faisait confiance aux scientifiques, aux chercheurs, aux ingénieurs, aux « sachants ». Il n’est jamais tombé dans le populisme et la démagogie « citoyenne » qui consiste à caresser Mme Michu dans le sens du poil en la persuadant qu’elle est aussi compétente qu’un prix nobel de physique pour décider sur le nucléaire. Le PCF était un parti institutionnaliste, foncièrement attaché au texte et à la procédure comme garanties d’un fonctionnement démocratique. Mélenchon ne reprend rien de cette tradition, au contraire…

      [Ce qui me scotche avec JLM,c’est que c’est le seul trotskyste à flatter la sphère idéologique de ce que fut le PCF. Plurquoi alors n’adhère t il pas au pcf?]

      Si on lui promettait le poste de secrétaire national, il le ferait sans hésiter. Mais Mélenchon n’a jamais été dans un groupe dont il n’est pas le chef.

      [L’histoire nous aura réservé la surprise de voir un ex-trotskyste converti au républicanisme Jauressien,]

      Je vous rassure, cette conversion est fort superficielle. Grattez le jauressien, et vous trouverez l’OCI.

    • luc dit :

      Cette analyse parue sur regards est incomplète.
      Cependant,les manques qui désignent les choix de l’auteur,penchent nettement vers la seine saint denis où les votes des 24,25,26 Novembre au sein du PCF ont été multiplié par 2 par rapport au congrès quelques mois avant.
      Cette augmentation des votes s’est fait au profit de JLM,et a eu lieu dans les munipalités PCF,en 93 et même ailleurs comme à Dieppe ou dans le 59 et 13.
      Toutes ces zones étant des lieux où les municipalités sus nommées sont menacées par LR,FN et PS.
      Le vote JLM a été plus un vote local pour sauvegarder ces mairies d’union avec un maire PCF qu’un vote conçu pour éviter la disparition du PCFau niveau national .
      En effet ,rationnellemnt,seul le vote Chassaigne,était favorable au pcf.
      Une fois de plus les élus pcf se préoccupent plus de leur réélection que du pcf.

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Cependant,les manques qui désignent les choix de l’auteur,penchent nettement vers la seine saint denis où les votes des 24,25,26 Novembre au sein du PCF ont été multiplié par 2 par rapport au congrès quelques mois avant.]

      Que veux-tu, c’est de la Seine-saint-denis (autrefois le bastion communiste dans la banlieue rouge) que Refondateurs et Huistes ont fait leur terrain d’expérimentation avec les résultats que l’on sait. Quelques exemples : le « bébé Hue » Gatignon passé à l’écologie pour sauver sa mairie, les Réfondateurs Braouezec et Asensi…

      [Une fois de plus les élus pcf se préoccupent plus de leur réélection que du pcf.]

      Oui, le PCF est devenu un parti de « notables ».

  6. luc dit :

    [(1)https://d3n8a8pro7vhmx.cloudfront.net/plp/pages/12349/attachments/original/1480266471/DocumentSupport.pdf?1480266471]
    Ce lien n’a pas fonctionné sur mon moteur Mozilla.
    Ne trouvez vous pas que vous rejoignez certaines remarques contenues ici (http://www.regards.fr/web/article/derriere-melenchon-des-soutiens-encore-sous-conditions#comments)?

    • Descartes dit :

      @luc

      Le lien marche sur mon navigateur… et c’est Mozilla aussi!

      [Ne trouvez vous pas que vous rejoignez certaines remarques contenues ici (…)]

      Oui, bien sur. Je trouve d’ailleurs très révélateurs les commentaires des uns et des autres, notamment ceux de Leila Chaibi, qui confirment parfaitement mon analyse.

  7. THEROND Patrice dit :

    Bonjour,
    Je trouve très intéressante la distinction qui est faite dans ce texte entre “respecter des règles” et “approuver des règles”.
    Mais à mon sens il ne faut pas se limiter à conclure sur le seul « FI » et sur le fait que c’est une secte – ce qui est de plus en plus vrai – car il y a là un élément fondamental pour développer la réflexion sur ce que peut être la démocratie dans une organisation, ou même plus largement dans la société.
    La distinction “respecter” et “approuver” est fondamentale à faire. Dans le premier cas non seulement il est possible de contester et de demander à faire changer – comme indiquer dans l’article – mais c’est un élément de base pour vivre en collectivité autrement que comme des moutons dociles. C’est un ciment qui doit justement organiser les relations entre les personnes et leurs permettre de vivre en collectivité en faisant que les désaccords exprimés, et surtout discutés et débattus, ne déstructurent pas cette collectivité mais l’enrichissent. C’est ainsi que, paradoxalement, le respect des règles conduira à leur évolutions, il semble difficile de trouver une autre démarche.
    Dans une situation d’approbation « volontaire », tout conduira à une lobotomisation généralisée puisque rien ne pourra être exprimé et discuté.
    Dans ce cas la seule échappatoire ne peut passer que par l’affrontement (pas de possibilité de débat contradictoire et constructif) et à l’éclatement.
    Il y a donc aussi dans cette distinction « respecter »/ « approuver », un autre aspect important qui amène à réfléchir : c’est le rassemblement des citoyens. Dans le premier cas il est possible, dans le second non.
    Sans rassemblement, la transformation de la société, même progressive mais significative puisque c’est cela qui nous intéresse, ne peut pas être espéré ni même, plus grave, pensé.
    Cordialement.

    • Descartes dit :

      @ THEROND Patrice

      [Je trouve très intéressante la distinction qui est faite dans ce texte entre “respecter des règles” et “approuver des règles”.]

      Je pense que c’est une distinction essentielle. « Respecter les règles », c’est de l’ordre de l’action. « Approuver les règles », c’est de l’ordre de la pensée. Or, tout le combat des Lumières concerne la question de la liberté dans le domaine de la pensée, question qui a conduit les penseurs des Lumières à entrer en conflit avec l’Eglise. Parce que le propre d’une église est de revendiquer un droit à contrôler non seulement les actes mais aussi les pensées de ses ouailles : « Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu ne commettras pas d’adultère. Mais moi je vous dis : Quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis adultère avec elle dans son cœur. » (Matthieu 5.27-28)

      Je trouve fascinant qu’un mouvement issu de la « gauche radicale » adopte dans cette querelle le point de vue de l’Eglise en exigeant de ses membres une affirmation publique de conformité en pensée.

      [Mais à mon sens il ne faut pas se limiter à conclure sur le seul « FI » et sur le fait que c’est une secte – ce qui est de plus en plus vrai – car il y a là un élément fondamental pour développer la réflexion sur ce que peut être la démocratie dans une organisation, ou même plus largement dans la société.]

      Tout à fait. La démocratie – et plus profondément, la République – repose sur la séparation des sphères privée et publique. Et nos pensées font partie de la sphère privée. On peut nous imposer de respecter des règles, on ne peut pas nous imposer de les « approuver ».

      [Dans une situation d’approbation « volontaire », tout conduira à une lobotomisation généralisée puisque rien ne pourra être exprimé et discuté. Dans ce cas la seule échappatoire ne peut passer que par l’affrontement (pas de possibilité de débat contradictoire et constructif) et à l’éclatement.]

      Tout à fait. La logique de l’approbation conduit à faire de l’homogénéité une valeur. Et dans ce cas, c’est moins l’éclatement que l’exclusion qui est à craindre. Car si on commence par exclure tous ceux qui « n’approuvent » pas – et c’est ce qui est indiqué dans le document que j’ai cité dans mon papier – l’étape suivante est de se demander si ceux qui « approuvent » ne sont finalement pas des simulateurs, si derrière leur profession de foi publique ne se cache en fait un désaccord privé… et c’est ainsi que naissent les inquisitions.

      [Sans rassemblement, la transformation de la société, même progressive mais significative puisque c’est cela qui nous intéresse, ne peut pas être espéré ni même, plus grave, pensé.]

      Tout à fait. Mais le « rassemblement » fondé sur une homogénéité est à mon avis une illusion – et qui plus est, une illusion dangereuse. On ne « rassemblera » pas des gens sur nos idées, tout bêtement parce que d’autres gens ont d’autres opinions et surtout d’autres intérêts, qui les conduisent à avoir des idées différentes. Le mieux qu’on puisse viser, c’est à trouver un compromis le plus large possible, qui permettent à des gens qui ont des idées différentes – et dont la différence n’est pas niée – de travailler ensemble. 1936, 1945, mais aussi 1789 et autres grands moments de notre histoire ont été des moments de compromis.

  8. xc dit :

    “…le rejet de la motion de soutien à Mélenchon provoquerait une division du PCF…” Vu le résultat du vote des adhérents, net sans être un raz-de-marée, ne pensez-vous pas que c’est ce qui pourrait bien se passer tout de même ?

    Hors sujet, quoique…: un commentaire à propos de l’accrochage entre Mélenchon et Cohn-Bendit, dimanche soir, sur le plateau de France 2 ?

    • Descartes dit :

      @xc

      [Vu le résultat du vote des adhérents, net sans être un raz-de-marée, ne pensez-vous pas que c’est ce qui pourrait bien se passer tout de même ?]

      Non, je ne le crois pas. D’abord, parce que la fraction battue est la plus disciplinée, celle qui a le plus l’esprit de Parti. Cette fraction grognera, refusera de faire campagne, s’occupera des législatives, recouvrira les affiches de la France Insoumise, mais ne fera pas de scandale. La fraction “mélenchoniste” – celle des anciens de Réfondations aux “bébés Hue” – a montré au contraire sa capacité de nuisance médiatique et sa facilité à se délier de toute discipline. C’est d’elle que venait le danger.

      [Hors sujet, quoique…: un commentaire à propos de l’accrochage entre Mélenchon et Cohn-Bendit, dimanche soir, sur le plateau de France 2 ?]

      Deux anciens soixante-huitards qui ont mal vieilli. Rien d’autre à ajouter.

    • Antoine dit :

      Bonjour Descartes,

      Je viens d’aller lire ce fameux document (don gratuit de mon temps alors que je n’envisage pas d’aller à une réunion de l’auto-proclamée “France Insoumise”). C’est quand même un sacré charabia… Ce qui ressort d’abord, c’est qu’il s’agit de décider de “candidatures pertinentes” alors même que le programme et les lignes directrices de la campagne restent très vagues. Autant mettre la charrue avant les boeufs.

      La phraséologie utilisée semble tenir du grand style “langue de bois groupusculaire, période début XXIè”.

      « cette option doit être réservée aux situations dans lesquelles il n’y a pas de candidature, ou dans le cas où des propositions de candidatures très intéressantes pourraient être décidées dans les prochaines semaines »

      Des “propositions” pourraient (sic) être “décidées” ? Kezako ? Par qui ? Selon quel critère ?

      « l’équilibre des profils des candidat·e·s au niveau national et départemental est un paramètre important pour nos candidatures. Ainsi, le choix du binôme préférentiel dans une circonscription peut être influencé par le choix d’un binôme dans une autre circonscription »

      C’est d’un précis…

      « Roger est syndicaliste de l’entreprise implanté dans la circonscription, Jeanne est conseillère municipale d’une petite commune de la circonscription. Ce binôme permettrait d’allier la représentation d’une insoumission et l’identification d’une élue porteuse de radicalités concrètes. »

      Défense de rire.

      « Léa est étudiante et Moussa est animateur d’un groupe d’appui très actif de la circonscription. Ce binôme permettrait de porter un renouvellement des candidatures et une activité politique importante pour convaincre de la pertinence de nos idées. »

      “Renouveler” les candidatures, de la part d’un parti qui n’existait pas il y a encore un an, ce n’est pas trop dur, certes. À mon avis, la “France Insoumise” risque d’avoir le même problème que le FN il y a quelques années : un lourd déficit de candidats crédibles à présenter.

      Il est vrai qu'”étudiante” est un critère important pour aller se présenter. Ça me rappelle Danièle Obono qui se présentait aux municipales en tant que “chercheuse précaire”. Sa présentation ne disait rien sur son domaine de “recherches” (est-ce une information sans intérêt ? en tout cas, moi, j’aurais été curieux de savoir), mais elle insistait bien sur sa “précarité”. Quand le fait d’être (soi-disant) défavorisé devient un argument de vente… Bientôt, la “gauche de gauche” ressemblera à la cour des miracles : “je suis étudiante voilée, précaire et transgenre persécutée par la gérontocratie patriarcale islamophobe hétéronormative, votez pour moi”.

      Dans les exemples de binôme, tous sont “mixtes” (un homme, une femme) et presque tous comportent un prénom “issu de la diversité” (mais toujours la même diversité, c’est bizarre, non ? On a donc “Salima”, “Moussa” et “Karim”, mais pas “Olaf”, “Igor”, “Concepcion”…). Cela témoigne d’un certain univers mental.

      « Bien sûr, il ne s’agit ici que de plusieurs exemples de binômes. D’autres profils peuvent être tout aussi
      intéressants. »

      On ne sait toujours pas ce qu’est un “profil intéressant” (oreilles décollées ? nez aquilin ?), même si on devine certaines caractéristiques désirées (issu de la “diversité”, etc.).

      « Elle peut également proposer qu’un·e candidat·e d’une autre circonscription ou une personnalité représentant une insoumission au niveau national soit candidat·e sur la circonscription. »

      Quelqu’un pour expliquer ce que “représenter une insoumission” veut dire ? Il y a quand même une caractéristique commune à François Hollande (ou d’autres caciques du PS) et à la “gauche radicale” : celle de massacrer la langue française, de la transformer en une pâtée inélégante et incompréhensible.

      « Faire passer une urne pour permettre à chacun de contribuer financièrement à la campagne »

      Je n’ai jamais participé à une campagne électorale, mais c’est vraiment comme ça que ça se passe ? Une urne où chacun verse un peu d’argent liquide ? J’imaginais quelque chose d’un peu plus formalisé…

      « boissons / nourriture pour accueillir ou clore la réunion par un pot convivial »

      C’est bien la seule chose qui me semble alléchante dans ce programme.

    • Descartes dit :

      @ Antoine

      [« l’équilibre des profils des candidat•e•s au niveau national et départemental est un paramètre important pour nos candidatures. Ainsi, le choix du binôme préférentiel dans une circonscription peut être influencé par le choix d’un binôme dans une autre circonscription » C’est d’un précis…]

      Au contraire, c’est d’une extrême précision. Il ne vous aura pas échappé que toute cette mécanique vise à donner aux militants de base l’illusion qu’ils participent à un processus de décision tout en conservant fermement la maîtrise des choix au niveau central. En fait, cette formule prépare les militants à la phase suivante, celle où on leur expliquera que leur proposition était fort pertinente, mais que malheureusement elle n’a pas pu être retenue car « l’équilibre des profils au niveau national et départemental », vous comprenez, exige des sacrifices…

      En fait, nous savons qu’il y aura des candidats imposés par le haut. Et nous le savons parce que Mélenchon a déjà présente les « vingt premiers candidats de la France Insoumise » lors de la Convention de Lille, avant le début du processus. Il résulte donc que ces candidats seront parachutés dans une circonscription même si personne ne songe à les proposer…

      [« Roger est syndicaliste de l’entreprise implanté dans la circonscription, Jeanne est conseillère municipale d’une petite commune de la circonscription. Ce binôme permettrait d’allier la représentation d’une insoumission et l’identification d’une élue porteuse de radicalités concrètes. » Défense de rire.]

      Au contraire, le rire est excellent pour la santé…

      [“Renouveler” les candidatures, de la part d’un parti qui n’existait pas il y a encore un an, ce n’est pas trop dur, certes. À mon avis, la “France Insoumise” risque d’avoir le même problème que le FN il y a quelques années : un lourd déficit de candidats crédibles à présenter.]

      Bien pire, à mon avis. Le FN est un parti ancien, qui avait des structures locales, même si elles sont faibles. Les « insoumis » n’ont aucune structure du tout. Dans ces conditions, comment « filtrer » efficacement les candidats ? Comment s’assurer du pedigree de ceux-ci pour ne pas embarquer des escrocs, des illuminés, voire des sous-marins d’autres organisations ?

      [Il est vrai qu'”étudiante” est un critère important pour aller se présenter. Ça me rappelle Danièle Obono qui se présentait aux municipales en tant que “chercheuse précaire”. Sa présentation ne disait rien sur son domaine de “recherches” (est-ce une information sans intérêt ? en tout cas, moi, j’aurais été curieux de savoir), mais elle insistait bien sur sa “précarité”.]

      Vous savez, je pourrais vous signaler un paquet de candidats du PG qui se présentent comme « doctorants » depuis dix ans…

      [Quand le fait d’être (soi-disant) défavorisé devient un argument de vente… Bientôt, la “gauche de gauche” ressemblera à la cour des miracles : “je suis étudiante voilée, précaire et transgenre persécutée par la gérontocratie patriarcale islamophobe hétéronormative, votez pour moi”.]

      Oui, c’est une variante intéressante de la logique « victimiste » qui règne dans la « gauche radicale ». Quelquefois, ça prend des allures bien plus sinistres : on se souvient comment Clémentine Autain a révélé son viol pendant une campagne pour en faire un argument électoral. J’attends de voir si Mélenchon fera de Kerviel fera un candidat « insoumis » !

      [« Elle peut également proposer qu’un•e candidat•e d’une autre circonscription ou une personnalité représentant une insoumission au niveau national soit candidat•e sur la circonscription. » Quelqu’un pour expliquer ce que “représenter une insoumission” veut dire ?]

      Ca veut dire « qui sort de l’ordinaire ». En fait, toute cette affaire « d’insoumission » ne fait que faire rentrer la société du spectacle dans la politique. Il faut faire tourner l’audimat, et pour cela n’importe quoi sauf l’ordinaire. L’ouvrier blanc qui va à la messe, c’est mauvais. L’employée qui élève avec son mari ses deux enfants dans un pavillon de banlieue, c’est pire. Vous savez ce qu’on dit, les gens heureux n’ont pas d’histoire.

      [« Faire passer une urne pour permettre à chacun de contribuer financièrement à la campagne » Je n’ai jamais participé à une campagne électorale, mais c’est vraiment comme ça que ça se passe ? Une urne où chacun verse un peu d’argent liquide ? J’imaginais quelque chose d’un peu plus formalisé…]

      Ce que je trouve très drôle, c’est le mot « urne » dans ce contexte. Effectivement, celui qui a écrit ce texte n’a jamais fait un porte-à-porte. Mais effectivement, c’est comme ça que ça se passe pour les petits dons, du moins au PCF. Il y a deux formes : soit ce qu’on appelle « la collecte au drapeau » (un drapeau rouge est tenu horizontalement au deux bouts par des militants sans être tendu, de manière de former un creux, et les gens en quittant la salle jettent des pièces et quelquefois des billets), soit la « quête à la tirelire » (une caisse en carton fermée avec une fente coupée au dessus est promenée dans la salle), soit – et c’est le plus fréquent – le trésorier est identifié au début de la réunion et les gens vont le voir pour lui remettre l’argent. Bien sur, tout ça marche pour les petits dons en liquide. Les dons plus importants sont obligatoirement faits par chèque et donnent lieu à un reçu.

      [« boissons / nourriture pour accueillir ou clore la réunion par un pot convivial » C’est bien la seule chose qui me semble alléchante dans ce programme.]

      Le plus drôle, c’est qu’on ait besoin de le rappeler dans le document…

  9. marc.malesherbes dit :

    rien de politique dans ce message … juste un sentiment.

    Il est toujours triste de voir vieillir, puis disparaître les amours de sa jeunesse. C’est ce qui arrive au PCF, en lente décrépitude depuis longtemps, et en phase terminale. Mais, pour se consoler, les phases de coma dépassé, cela peut durer encore longtemps, avec des rémissions (voir les différentes sectes trotskystes, le parti radical …)

    Sur le fond, ce qui manque au PCF c’est une orientation politique qui s’adresse clairement aux classes populaires, et pas seulement un vague appel à la solidarité vis à vis de tous les défavorisés. On ne fait pas de la politique en s’adressant uniquement aux bons sentiments, mais en proposant des solutions adaptées à notre monde d’aujourd’hui et à ses difficultés *.

    * je suis peut être injuste, mais il est vrai que le préchi précha de MG Buffet à son époque m’a exaspéré. Quand aux dernières propositions du PCF, « l’Humain d’abord », elles m’ont paru un catalogue de bonnes intentions, au titre bisounours, sans aucune crédibilité. Un peu un remake de « Aimons-nous les uns les autres ». Aucune réponse aux difficultés de notre société française.

    Par exemple l’école : plus de moyens ? meilleur salaire des enseignants ? C’est sympha, mais qui peut croire que cela va enrayer notre glissade dans toutes les études comparatives internationales ou inter-temporelles.

    • Descartes dit :

      @ marc.malesherbes

      [Il est toujours triste de voir vieillir, puis disparaître les amours de sa jeunesse. C’est ce qui arrive au PCF, en lente décrépitude depuis longtemps, et en phase terminale.]

      Bien entendu. Mon attachement au PCF est autant sentimental que politique, et j’en suis pleinement conscient.

      [Sur le fond, ce qui manque au PCF c’est une orientation politique qui s’adresse clairement aux classes populaires, et pas seulement un vague appel à la solidarité vis à vis de tous les défavorisés. On ne fait pas de la politique en s’adressant uniquement aux bons sentiments, mais en proposant des solutions adaptées à notre monde d’aujourd’hui et à ses difficultés.]

      Tout à fait d’accord. Et d’ailleurs, ces « bons sentiments » montrent bien le changement sociologique à l’œuvre au PCF. Du temps où c’était le « parti de la classe ouvrière », le discours misérabiliste n’avait pas de sens parce que les militants venaient eux-mêmes des classes populaires. Ils n’allaient pas passer leur temps à s’apitoyer sur eux-mêmes. Si le discours misérabiliste peut aujourd’hui se déployer, c’est parce que pour ceux qui le tiennent les miséreux, ce sont les autres. D’où cet insupportable discours de dame patronnesse s’émouvant sur « ses pauvres ».

      La désagrégation du PCF est la conséquence de la prise de pouvoir des « classes moyennes » sur le champ politique. De ce fait, il n’y a plus de place pour un parti ouvrier. Robert Hue n’a pas provoqué ce mouvement, il n’a fait que le suivre, d’en tirer les conséquences. Et les classes populaires se sont réfugiées dans l’abstention ou sont allés dans l’unique organisation qui échappe au pouvoir des « classes moyennes », le FN.

      [Par exemple l’école : plus de moyens ? meilleur salaire des enseignants ? C’est sympha, mais qui peut croire que cela va enrayer notre glissade dans toutes les études comparatives internationales ou inter-temporelles.]

      Surtout, les moyens et les effectifs sont la tarte à la crème qu’on ressort lorsqu’on n’a pas envie de se mettre personne à dos. Parce qu’il y aurait beaucoup à dire sur la manière dont l’école est gérée et sur les gens qui la gèrent.

    • Timo dit :

      [Si le discours misérabiliste peut aujourd’hui se déployer, c’est parce que pour ceux qui le tiennent les miséreux, ce sont les autres. D’où cet insupportable discours de dame patronnesse s’émouvant sur « ses pauvres ».]

      Dans le genre il y a le passage sur cette vidéo de Mélenchon entre 10min 46 et 15min 50, c’est assez caricatural :

      https://youtu.be/oWTHYsVUSPM

      Au début il nous explique rapidement ce que c’est d’être pauvre, et après il propose sa solution : le Secours Populaire. Comme si la seule façon d’agir c’était la charité, plutôt que proposer des mesures politiques pour essayer de résoudre le problème il se contente d’appeler ces partisans à donner des pièces aux mendiants. Son discours moralisateur ça me rappelle un peu mes séances de catéchisme quand on nous sermonait qu’il faut toujours être gentil avec nos petits camarades et partager notre goûter s’ils ont oublié le leur.
      Vous devriez la regarder dès le début si vous avez le temps, je trouve que le ton de ces vidéos est assez incroyable. On ne sait pas s’il s’adresse à des potentiels électeurs pour essayer de les convaincre, ou s’il est en train de raconter à sa mère comment s’est passé sa semaine. “Et pis après j’ai pris le train et pis je me suis enrhumé à cause de la clim’ parce que y’a toujours trop de clim’ dans le train” Ça nous aurait même pas étonné qu’il commence à nous raconter comment ça se passe avec sa femme ces temps-ci ou si ça marche toujours bien à l’école pour le petit dernier!

    • Descartes dit :

      @ Timo

      [Dans le genre il y a le passage sur cette vidéo de Mélenchon entre 10min 46 et 15min 50, c’est assez caricatural : (…)]

      C’est le côté « causerie au coin du feu » de Mélenchon. J’avoue que j’ai du mal à supporter le style, parce que j’ai été formé à un militantisme de l’écrit, ou les gens exprimaient leurs arguments et contre-arguments dans des textes. Le retour à une forme d’oralité, qui favorise le spectacle, m’effraie.

      [Vous devriez la regarder dès le début si vous avez le temps, je trouve que le ton de ces vidéos est assez incroyable. On ne sait pas s’il s’adresse à des potentiels électeurs pour essayer de les convaincre, ou s’il est en train de raconter à sa mère comment s’est passé sa semaine.]

      En fait, l’objectif est de créer avec l’auditeur une complicité. C’est comme si Mélenchon s’installait avec toi au zinc du bistrot. Et le discours qu’il tient, c’est le discours du café du commerce. Sur des sujets complexes, il assène des « vérités d’évidence » qui n’en sont pas.

      Il est vrai que le développement sur la pauvreté – avec son appel à la charité – est gratiné. Mais son exposé sur les barrages ne l’est pas moins. Pour le dire simplement, il n’a rien compris à la manière dont le système électrique est géré.

  10. Frederic _N dit :

    Bonjour, je reviens vers vous, mais un peu pour m’étonner de la manière dont vous avez rédigé de post si prévisible, et excusez moi de le dire si conforme à la tradition d’idéologie qui a tant étouffé les intellectuels français
    Pour m’expliquer je vais commencer par abonder dans votre sens, car la description que vous faites sonne juste. Mais en vous racontant une vieille anecdote. La dernière fois que j’ai côtoyé quelque chose de votre Parti de cœur (à part les chercheurs prétendument marxistes que j’ai dû me coltiner lorsque j’ai travaillé avec le regretté M Labica), cette dernière fois donc, est le jour du coup d’état du camarade Jaruzelski. Nous étions montés de province pour une réunion dite « unitaire à la base » en plein triomphe Mitterrandien. Cela existait. On avait bataillé dur pour cette réunion, cramé fric et temps pour « monter » à Paris pour la tenir. Et le jour dit patatras : au lieu de pouvoir travailler nous assistâmes héberlués aux gesticulations de communistes hystériques, déclarant se mettre au service du peuple polonais. Mais surtout empêchant la réunion de se tenir : « le peuple souffre ! « nous disaient-ils. On avait beau leur expliquer 1/ que l’on savait un peu mieux qu’eux ce qui se passait en Pologne – dame on avait le contact avec Solidarnosc 2/ qu’il s’agissait d’un coup d’Etat light auquel les Polonais étaient bien préparés et 3/ que , Jaruzelski ou pas, le compte à rebours était plus qu’engagé. Bref que l’on ne pouvait faire autre chose de mieux ce jour là que travailler… rien n’y fit . Le travail d’une année jeté par-dessus bord pour sacrifier à l’affect de « militants » effrayés – non pas du sort du peuple polonais – mais de la manière dont ils seraient perçus dans leur entourage
    Car c’est là l’important. Leur réaction n’était qu’un leurre pour éviter ce douloureux travail critique qui leur disait : s’ils se trouvaient dans une situation si pitoyable, c’est qu’ils s’étaient trompés lourdement, depuis longtemps, et que le réel leur présentait l’addition. Et que la seule chose qu’ils avaient à faire c’était de rechercher pourquoi ; le peuple polonais se débrouillerait bien sans eux ( un travail que j’avais déjà entamé, soit dit en passant, et que l’épisode m’a encouragé à poursuivre).
    Si je vous parle de cet épisode c’est que cette « affaire Mélenchon » , telle que vous la rapportez est du même ordre. Ce que vous décrivez de vos camarades, ce sont les mêmes numéros pour éviter de se retrouver nus devant le réel : au moins Mélenchon va faire plus de 10 %, on sera protégés ! Mais la question va aussi vers vous : vous épargnez à votre lecteur les grands affects sur la « douleur du peuple » et le coup des « heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire ». Et c’est très bien. Mais il serait plus que temps que vous vous sachiez qu’en soulignant la logique despotique de Mélenchon, vous n’avez enfoncé que des portes ouvertes : il en a toujours été ainsi de la gauche radicale depuis 1793 y compris aux-heures –les- moins- sombres –de- notre -histoire. On voit mal qu’il en soit autrement . C’est chez les libéraux qu’on est démocrate !
    Que vous le découvriez est très bien, mais cela ressemble trop à mes communistes « surpris » du coup d’état de Jaruzelski. Il serait temps que vous vous disiez : je me retrouve isolé à me battre contre des moulins à vent pour sauver l’apparence de l’apparence de l’apparence de ce qui fut le Parti Communiste. C’est vain, et sans doute me suis-je trompé sur le fond pour en arriver là. Il serait temps de l’accepter .
    Cordialement

    • Descartes dit :

      @ Frederic_N

      [Bonjour, je reviens vers vous, mais un peu pour m’étonner de la manière dont vous avez rédigé de post si prévisible,]

      S’il était si prévisible, je m’étonne que vous vous étonniez… 😉

      [Mais en vous racontant une vieille anecdote. (…)]

      N’y voyez pas de mauvaise foi, mais je vous avoue que je n’ai pas très bien compris à votre anecdote. Si j’ai bien compris, vous étiez monté à Paris pour une « réunion unitaire à la base » (entre qui et qui ? sur quoi ? à quel niveau ?) avec des dirigeants du PCF, et le jour venu vos interlocuteurs avaient la tête ailleurs suite aux évènements en Pologne. Vous interprétez leur angoisse comme la manifestation de la difficulter d’éviter un « douloureux travail critique » et de reconnaître « qu’ils s’étaient trompés lourdement ».

      Admettons. Et alors ? Que le « travail critique » soit « douloureux », que les gens aient du mal à reconnaître « qu’ils s’étaient trompés lourdement » c’est une évidence. Mais cela ne concerne pas que les communistes. On attend toujours que les « guerriers froids » de tous acabits fassent leur « douloureux travail critique » sur leur aide aux djihadistes – pardon, aux « freedom fighters », où avais-je la tête – en Afghanistan au début des années 1980. Et quand à reconnaître qu’ils « s’étaient trompés lourdement »… faudra là aussi repasser. Tenez, si vous étiez remonté chez eux pour une réunion le 11 septembre 2001, pensez-vous que la réunion aurait pu se tenir ? Et auriez-vous attribué leur réaction à la difficulté d’entamer ce « douloureux travail critique » ?

      Vous reprochez aux communistes ce qui, finalement, est le propre de l’esprit humain. Des deux côtés on s’est « trompé lourdement » à l’occasion : ceux qui ont soutenu Gomulka ou Jaruselsky pas plus que ceux qui ont soutenu Massoud ou Pinochet. Et personne à ma connaissance ne fait ce « douloureux travail critique » si ce n’est bien après les faits et sous la contrainte la plus extrême.

      [Si je vous parle de cet épisode c’est que cette « affaire Mélenchon » , telle que vous la rapportez est du même ordre. Ce que vous décrivez de vos camarades, ce sont les mêmes numéros pour éviter de se retrouver nus devant le réel : au moins Mélenchon va faire plus de 10 %, on sera protégés !]

      Je ne le crois pas que les deux questions soient du même ordre. Dans l’anecdote que vous racontez – du moins si j’ai bien compris – il s’agit d’un évènement sur lequel les communistes français n’avaient aucun contrôle. Ce ne sont pas les communistes français qui ont négocié Yalta, ils n’ont pas eu leur mot à dire sur l’organisation de la Pologne de l’après-guerre, pas plus qu’ils n’ont eu voix au chapitre sur la politique des gouvernements polonais successifs ou sur celle du gouvernement soviétique. Tout ce qu’on pouvait leur reprocher, c’est d’avoir cru que ces politiques conduisaient à autre chose.

      Dans « l’affaire Mélenchon », au contraire, les communistes ont eu des décisions à prendre qui ont un effet réel. Et leur choix est – mais c’est je crains une constante de l’époque – le choix du chien crevé au fil de l’eau.

      [Et c’est très bien. Mais il serait plus que temps que vous vous sachiez qu’en soulignant la logique despotique de Mélenchon, vous n’avez enfoncé que des portes ouvertes : il en a toujours été ainsi de la gauche radicale depuis 1793 y compris aux-heures –les- moins- sombres –de- notre -histoire. On voit mal qu’il en soit autrement.]

      C’est bien là notre désaccord. D’abord, et même aux heures les plus sombres de notre histoire, la « gauche radicale » n’a jamais été despotique. Elle a au contraire une méfiance atavique pour le pouvoir personnel, et garde un fort attachement à la délibération collective. Robespierre n’est pas un despote, il gouverne avec et sous le contrôle du Comité de salut public. Par ailleurs, vous noterez que la « gauche radicale » n’a guère gouverné en France que dans des périodes particulièrement sombres et difficiles. Il n’est donc pas facile de projeter ce qu’aurait été un gouvernement de la « gauche radicale » dans une période normale.

      [C’est chez les libéraux qu’on est démocrate !]

      Et c’est pourquoi les libéraux ont soutenu les régimes de Videla, de Pinochet, de Franco… Mais j’oubliais que quelquefois il faut détruire la démocratie pour la sauver, comme disait un officier américain…

      [Il serait temps que vous vous disiez : je me retrouve isolé à me battre contre des moulins à vent pour sauver l’apparence de l’apparence de l’apparence de ce qui fut le Parti Communiste. C’est vain, et sans doute me suis-je trompé sur le fond pour en arriver là.]

      Vous vous placez dans une logique très judéo-chrétienne de rétribution : la Création étant parfaite, si on échoue, c’est nécessairement parce qu’on a commis une faute. Personnellement, je ne me place pas dans cette logique. Si les idées de Galilée n’ont pas été acceptées en son temps, ce n’est pas parce qu’il a fait une erreur de communication, ou parce que ces idées étaient fausses, mais parce que le contexte, le rapport de forces de son temps rendaient ces idées inacceptables.

      Le fait qu’un projet, qu’une idée échoue démontre tout au plus qu’elle n’était pas adaptée au contexte matériel et idéologique de son temps. Mais cela ne démontre nullement que ceux qui la portaient aient commis des erreurs ou des fautes, et encore moins que ce projet, cette idée contient un défaut interne. Pour arriver à cette conclusion, il faut une analyse plus fine où le succès où l’échec n’ont pas sa place.

    • frederic_N dit :

      Je vous remercie beaucoup de cette réponse, dont seule la dernière partie me semble acceptable car permettant de débattre. Mais je ne dois pas polémiquer sur un blog où vous avez mis beaucoup de sueur pour organiser un débat.
      Juste un point sur Galilée : vous sacrifiez à un véritable mythe. Galilée était dans une position intellectuelle très favorable au moment où il écrit. Il est même de facto protégé par le pape Et la réaction contre lui vient d’abord de l’Université qui sentait son pouvoir se déliter ( bien avant lui d’ailleurs). Ce sont les “profs de pape” qui ont obtenu “sa tête” auprès du Pape ;

    • Descartes dit :

      @ Frederic_N

      [Je vous remercie beaucoup de cette réponse, dont seule la dernière partie me semble acceptable car permettant de débattre.]

      La première aussi vous permet de débattre…

      [Mais je ne dois pas polémiquer sur un blog où vous avez mis beaucoup de sueur pour organiser un débat.]

      Vous pouvez, vous pouvez. La polémique fait aussi partie du débat…

      [Juste un point sur Galilée : vous sacrifiez à un véritable mythe. Galilée était dans une position intellectuelle très favorable au moment où il écrit. Il est même de facto protégé par le pape.]

      Je n’ai pas dit le contraire. Ce qu’on peut constater, ce que ses idées étaient justes et pourtant il a été obligé à les renier. Ce qui montre qu’une idée peut être juste et, pour des questions de rapport de force, perdre tout de même la bataille… et c’était là mon point.

  11. tête chercheuse dit :

    http://www.pcfbassin.fr/178-pcf-vie-et-debats/pcf-vie-et-debats-2016/32052-consultation-des-communistes-comment-unir-les-communistes
    Cette adresse ,renvoie à des analyses de la tendance Unir les communistes sur les scrutins de Novembre au pcf.
    La Seine saint denis se distingue or c’est le département où l’immigration est la plus présente et la part Gauloise en cours de disparaitre comme l’a dit Chevénement.Les municipalités pcf de ce département ne préfère t elle pas être sontenue par le ‘maghrébin’,immigré Mélenchon,islamophile,que le gaulois auvergnat Chassaigne?
    De plus le PIR c’est plusieurs fois vanté d’avoir contribué à faire échouer les municipalités pcf comme à Bobigny en 2014.
    Mon hypoyhèse est que ce choix ahurissant pro-Mélenchon pour le pcf,vient des désiquilibres engendrés par les apports massifs exogènes dus à l’immigration majoritaire dans certaines zones de la république,non?

    • Descartes dit :

      @ tête chercheuse

      [Cette adresse, renvoie à des analyses de la tendance Unir les communistes sur les scrutins de Novembre au pcf.]

      L’analyse met en fait le phénomène dominant au PCF que j’ai plusieurs fois abordé ici. Il ne s’agit plus d’un parti organisé autour du niveau national, mais d’un parti féodalisé où élus et « notables » font la pluie et le beau temps. Ainsi, en fonction de l’engagement des directions fédérales et des « grands élus », un département peut basculer et donner des résultats contradictoires d’une consultation à l’autre.

      [La Seine saint denis se distingue or c’est le département où l’immigration est la plus présente et la part Gauloise en cours de disparaitre comme l’a dit Chevénement.]

      La Seine Saint Denis est un exemple extrême, mais suit la logique des départements de la petite couronne parisienne, en voie de boboisation accélérée, et qu’on retrouve dans les départements ou la densité du réseau d’élus est importante. Je ne pense pas que l’immigration pèse le moins du monde dans une consultation de ce type.

      [Mon hypothèse est que ce choix ahurissant pro-Mélenchon pour le pcf, vient des déséquilibres engendrés par les apports massifs exogènes dus à l’immigration majoritaire dans certaines zones de la république, non?]

      Votre hypothèse ne supporte pas la confrontation avec les chiffres. Dans le Val de Marne, qui compte lui aussi une très forte population immigrée, c’est les anti-Mélenchon qui l’emportent. Alors qu’on trouve un fort vote pro-Mélenchon dans la Dordogne, qui pourtant n’est pas connue comme bénéficiant de forts « apports exogènes »…

    • BolchoKek dit :

      >La Seine Saint Denis est un exemple extrême, mais suit la logique des départements de la petite couronne parisienne, en voie de boboisation accélérée, et qu’on retrouve dans les départements ou la densité du réseau d’élus est importante. Je ne pense pas que l’immigration pèse le moins du monde dans une consultation de ce type.< Absolument. La politique de petite couronne est très spéciale, du moins pour le PCF. Le camarade Brard, qui avait pourtant le vote “immigré” avec lui, mais la sainte-alliance bobo en face en sait quelque chose… Je fais d’ailleurs remarquer que malgré les pressions assez hallucinantes des élus locaux, le 94 a voté “option 2”. Le 94, département communiste historique (département de Marchais d’ailleurs), alors que le 92, assez massivement à droite, a voté “option 1” à plus de 60%. C’est d’ailleurs un peu la cartographie que l’on retrouve dans l’article mis en lien : les fédés “fortes”, du genre Marseille, Toulouse, Metz, les fédés qui ont en gros un certain passif “populaire”, ont voté “option 2”, et ne parlons pas du NPC et de la Picardie… En fait, il est assez amusant de voir que la “option 1” a gagné dans les zones qui recoupent à la fois une certaine ruralité, un vote systématique pour l’europe aux référendums successifs, une faible présence communiste historique ainsi qu’une faible percée frontiste…

    • Trublion dit :

      Bonjour,
      j’ai aussi trouvé ceci sur La tribune.Et bien, les langues se délient !

      http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/l-equilibre-commercial-ou-l-euro-il-va-bien-falloir-choisir-621369.html

      Pour aller plus loin pourriez-vous expliquer quelles sont les conséquences d’un déficit de la balance des transactions courantes ? L’extr^me gauche a tendance à penser que c’est sans conséquences et qu’il suffit de taxer les riches pour résoudre le problème.

    • Descartes dit :

      @ Trublion

      [j’ai aussi trouvé ceci sur La tribune. Et bien, les langues se délient !]

      Tout à fait. D’une certaine façon, après le Brexit et la crise grecque, tout le monde a fini par accepter que le roi est nu, et qu’une zone monétaire sans transferts inconditionnels ne peut conduire qu’à une concentration de la richesse chez les uns, à l’appauvrissement des autres. De plus ne plus, vous trouvez des gens qui disent qu’il faut « changer la parité interne des monnaies dans la zone Euro ». On ne dit pas qu’il faut sortir de l’Euro, mais c’est implicite.

      [Pour aller plus loin pourriez-vous expliquer quelles sont les conséquences d’un déficit de la balance des transactions courantes ? L’extrême gauche a tendance à penser que c’est sans conséquences et qu’il suffit de taxer les riches pour résoudre le problème.]

      L’extrême gauche est aveuglée par son fétichisme de la monnaie. Pour elle, de l’argent il y en a, il suffit de le prendre. Et bien entendu, une fois qu’on l’aura pris, il se régénérera automatiquement, pour qu’on puisse le reprendre demain. La doctrine c’est « de l’argent, il y en a chez les riches ». Mais une fois qu’on l’aura pris et dépensé, on fait quoi ?

      Pour répondre à votre question : imaginez un pays dont la balance des paiements est en déficit. Cela veut dire que les entrées de monnaie sont inférieures aux sorties de monnaie. On voit bien que si le processus continue indéfiniment, à un moment le pays en question se videra de monnaie. Comment on évite ça ? Première solution : on emprunte la différence, pour maintenir la quantité de monnaie en circulation. Bien sur, cette solution n’est pas durable, parce qu’un jour il faudra rendre l’argent…

      Seconde solution : on imprime de la monnaie, ce qui revient à imposer un « impôt inflationniste » sur la population. Par ailleurs, plus de monnaie veut dire une baisse de sa cotisation vis-à-vis des monnaies étrangères, ce qui pousse les exportations et rend plus difficiles les importations, et cela tend à ramener le système à l’équilibre. Mais cela n’est possible que si on a la maîtrise de la monnaie, ce qui n’est pas le cas dans la logique de l’Euro.

      Troisième solution : celle utilisé par les nations vis-à-vis de leurs régions : des transferts inconditionnels et permanents compensent dans les régions les plus pauvres la sortie de monnaie, aux frais des régions les plus riches. Mais ce qui est possible dans une nation, dont les citoyens sont liés par des liens de solidarité impersonnelle et inconditionnelle, n’est pas possible en Europe : la crise grecque a bien montré que pour les allemands, il est hors de question de transférer.

  12. Antoine dit :

    Bonjour Descartes,

    Je ne sais pas si vous avez vu cette analyse des propositions économiques de Fillon, qui font de lui un champion des intérêts des classes moyennes et de la bourgeoisie :
    http://www.latribune.fr/economie/france/francois-fillon-un-conservateur-du-19e-siecle-620428.html

    • Descartes dit :

      @ Antoine

      [Je ne sais pas si vous avez vu cette analyse des propositions économiques de Fillon, qui font de lui un champion des intérêts des classes moyennes et de la bourgeoisie : (…)]

      Je pense que c’est une excellente analyse, même si elle fait un peu l’impasse sur la modification des « classes moyennes » – qui n’ont pas aujourd’hui la même conformation qu’en 1914. Et dire qu’il faut maintenant s’en remettre à « La Tribune » pour faire une analyse matérialiste du triomphe de Fillon…

    • BolchoKek dit :

      >Et dire qu’il faut maintenant s’en remettre à « La Tribune » pour faire une analyse matérialiste du triomphe de Fillon<
      J’avoue que je lis “La Tribune” extrêmement rarement – quitte à lire des libéraux, je préfère aller les chercher outre-manche, ils y sont moins acrimonieux. Mais l’auteur de cet article, Romaric Godin, a par ailleurs fait un papier également assez intéressant sur Macron.
      http://www.latribune.fr/economie/presidentielle-2017/emmanuel-macron-ou-le-populisme-d-extreme-centre-617015.html

    • Descartes dit :

      @ BolchoKek

      [J’avoue que je lis “La Tribune” extrêmement rarement – quitte à lire des libéraux, je préfère aller les chercher outre-manche, ils y sont moins acrimonieux.]

      C’est vrai que “The Economist” a un sens de l’humour qu’on ne retrouve pas chez nous. Mais il en est de “La Tribune” comme du “Financial Times”: c’est lu par des gens qui ont besoin des informations pour placer leur argent, et qui préfèrent donc qu’on leur dise la vérité même si elle est désagréable. C’est pourquoi les journaux financiers sont souvent meilleurs que la presse généraliste.

      [Mais l’auteur de cet article, Romaric Godin, a par ailleurs fait un papier également assez intéressant sur Macron.]

      Très intéressant. Je retrouve un peu l’analyse que j’avais faite des “égo-politiciens”. Avec quelques changements mineurs, l’article en question pourrait décrire Mélenchon…

  13. luc dit :

    Jusqu’à presque le fin,de son discours,j’ai cru qu’aprés avoir égrénné son bilan,les menaces sur la France,le danger des ultras,j’ai cru qu’il allait die…Je suis candidat…….Non:mais Holland,ne sera pas candidat peut être,car là il va rementer dans les chaudières.Ce soir ,beaucoup de gens pleurent dans leur chaumière,car quelque part Holland incarne la république française.
    Une chance pour Montebourg,Valls Mélenchon,ou Lepen?
    C’est bien la preuve qu’il ne faut jamais parier en politique,non?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Ce soir, beaucoup de gens pleurent dans leur chaumière, car quelque part Hollande incarne la république française.]

      Franchement, je doute qu’il y ait beaucoup de gens pour pleurer dans leur chaumière. Précisément parce que Hollande n’a jamais vraiment réussi à « incarner la République française ». Les seuls qui pleureront, je pense, sont les hollandistes historiques pour qui ce retrait sonne l’échec et annonce la retraite…

      [Une chance pour Montebourg,Valls Mélenchon,ou Lepen?]

      Très difficile à dire. En fait, Hollande était déjà devenu politiquement inexistant. La preuve en est que son retrait ne change finalement pas fondamentalement les perspectives…

      [C’est bien la preuve qu’il ne faut jamais parier en politique, non?]

      En effet, en effet…

  14. luc dit :

    [son retrait ne change finalement pas fondamentalement les perspectives…]Pas si sûr,cher Descartes…Cela libère,une plce,non?
    Macron en bénéficiera peut être car il est moins clivant que Valls,dans une primaire à laquelle il a dit qu’il ne participerait pas.
    En sortant un livre que je n’ai pas lu,au titre qui sent bon 1789,’Révolution’,il se positionne comme un postulant d’une primaire à laquelle il a dit qu’il ne participerait pas;Erreur d’avoir parlé trop vite…Idem pour Mélenchon,que vous aviez mis dans le même panier que Macron,celui des aventuriers sans parti de masse.
    En poussant plus loin le raisonnement,c’est Montebourg qui semble le mieux placé,mais veut il arracher la première place?
    Car Valls a les dents longues et Royal pourrait postuler.
    Oui,Royal,n’est ce pas la bonne pioche pour le ps s’il veut être au second tour?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [« son retrait ne change finalement pas fondamentalement les perspectives… »]Pas si sûr,cher Descartes…Cela libère,une place, non?]

      Oui, mais c’est une place de loser. La primaire de la gauche risque d’être un festival, et en fin de compte ils choisiront celui qui va se prendre la déculottée.

      [En sortant un livre que je n’ai pas lu,au titre qui sent bon 1789,’Révolution’, il se positionne comme un postulant d’une primaire à laquelle il a dit qu’il ne participerait pas;]

      Et il tiendra cette promesse au moins, il n’ira pas à la primaire.

  15. luc Capievic dit :

    “On se croirait tombé dans une église : la réunion commence par la récitation collective de la profession de foi, à laquelle chacun doit affirmer son adhésion sans restrictions.”…
    J’ai, l’an dernier fait appel à l’Eglise de mon village pour l’enterrement de ma femme. Les responsables de cette communauté chrétienne savaient mon athéisme.
    Ils ont chauffé, ils ont mis la sono à disposition. Je n’ai chanté aucune profession de foi , je n’ai rien signé.

    • Descartes dit :

      @ luc Capievic

      [J’ai, l’an dernier fait appel à l’Eglise de mon village pour l’enterrement de ma femme. Les responsables de cette communauté chrétienne savaient mon athéisme. Ils ont chauffé, ils ont mis la sono à disposition. Je n’ai chanté aucune profession de foi , je n’ai rien signé.]

      Vous avez tout à fait raison. Dans beaucoup d’endroits, l’Eglise catholique est beaucoup moins sectaire que la « France Insoumise ».

  16. odp dit :

    Bonjour Descartes,

    J’avoue ne pas comprendre pourquoi vous êtes si exigeant avec Mélenchon et si indulgent avec Trump?

    Si, pour ce qui est des principes et de la “gouvernance”, Trump passe la barre, Mélenchon devrait le faire dans un fauteuil non?

    • Descartes dit :

      @ odp

      [J’avoue ne pas comprendre pourquoi vous êtes si exigeant avec Mélenchon et si indulgent avec Trump?]

      Où voyez-vous que je sois “indulgent” avec Trump ? Qu’ais-je écrit pour mériter pareille accusation ?

    • odp dit :

      @ Descartes

      J’ai vu, apparemment à tort, dans votre papier sur Trump, un soutien sans nuance au personnage qui, même si je fais maintenant la part des choses, m’a légèrement heurté. J’y voyais une nouvelle illustration de votre matérialisme et votre volonté de vous focaliser sur le fond (la mise en oeuvre d’une politique “antilibérale”) plutôt que sur la forme (le cynisme, l’outrance et la vulgarité); même si, en politique comme en beaucoup d’autres choses, la forme crée du fond et qu’il y a peu d’exemples, dans l’histoire, d’expériences de transgressions formelles “alla Trump” qui se terminent bien.

      Néanmoins, à cette aune, je me demandais si vous ne devriez en définitive adouber la candidature de Mélenchon, quitte à passer par pertes et profit une forme qui vous irrite tant.

    • Descartes dit :

      @ odp

      [J’ai vu, apparemment à tort, dans votre papier sur Trump, un soutien sans nuance au personnage qui, même si je fais maintenant la part des choses, m’a légèrement heurté.]

      Je reconnais là votre tendance à toujours penser le mal d’autrui… Non, je n’ai manifesté le moindre soutien à Trump. Tout ce que j’ai dit, c’est qu’il a gagné parce que dans un contexte ou personne ne s’occupe des couches populaires, celles-ci ont trouvé en lui un exutoire pour marquer leur mécontentement et leur rejet du carcan idéologique « libéral-libertaire » qui est devenu celui de la gauche et de la droite modérée confondues. Et j’ai souligné que la dénonciation des défauts personnels de Trump a été inefficace parce que ces électeurs votent pour lui non pas en tant que personne, mais en tant que symbole de rejet.

      [J’y voyais une nouvelle illustration de votre matérialisme et votre volonté de vous focaliser sur le fond (la mise en oeuvre d’une politique “antilibérale”) plutôt que sur la forme (le cynisme, l’outrance et la vulgarité); même si, en politique comme en beaucoup d’autres choses, la forme crée du fond et qu’il y a peu d’exemples, dans l’histoire, d’expériences de transgressions formelles “alla Trump” qui se terminent bien.]

      Je partage l’idée qu’il y a une dialectique entre la forme et le fond. Mais d’un autre côté, les hommes capables de changer le cours de l’histoire se font aujourd’hui très rares. La plupart des politiques en place aujourd’hui suivent leurs électeurs plutôt que de les précéder. Je pense que Trump fera une politique bien plus favorable aux américains modestes que ne l’aurait fait Clinton ou même Sanders, non parce qu’il le veut, mais parce que son électorat le poussera dans cette direction-là. C’est un peu le raisonnement que je faisais sur ce blog à propos de Marine Le Pen : il y a une dialectique entre l’homme politique et son électorat, et dans cette dialectique ce que l’homme politique pense vraiment au fond de son âme passe souvent au second plan.

      [Néanmoins, à cette aune, je me demandais si vous ne devriez en définitive adouber la candidature de Mélenchon, quitte à passer par pertes et profit une forme qui vous irrite tant.]

      Si Mélenchon avait derrière lui les couches populaires, j’aurais certainement une position très différente. Vous savez, pendant de très longues années j’ai fait campagne vigoureusement pour des candidats PCF qui ne me plaisaient pas plus que ça personnellement, mais qui avaient pour eux de porter les revendications de classe. Et aujourd’hui, je regarde avec intérêt les mutations du FN sous l’impulsion de Philippot un peu pour les mêmes raisons.

      Mais lorsque je regarde les « insoumis », je suis obligé de constater que les couches populaires sont totalement absentes. C’est un mouvement des « classes moyennes », par les « classes moyennes » et pour les « classes moyennes ». A partir de là, et indépendamment du personnage de Mélenchon, on peut imaginer ce que serait sa politique s’il parvenait à se faire élire.

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