Les raisins de la colère

En visite dans l’ile de Saint-Martin ravagée par le cyclone Irma, le président de la République a déclaré « comprendre la colère des habitants ». Et bien, il doit être beaucoup plus intelligent que moi, parce que, franchement, j’ai du mal à la comprendre. Je conçois la tristesse, l’angoisse, la désolation de ceux qui en quelques heures ont perdu leur logement, leur bien, leurs souvenirs de famille et, dans des cas heureusement très peu nombreux, un être cher. Mais pourquoi la « colère » ? Colère contre quoi ? Contre qui ?

 

Cette réaction illustre encore une fois le comportement maladif de notre société. Devant le malheur, il nous faut des coupables. Nous ne sommes plus capables de faire un travail de deuil sur nous-mêmes, il nous faut un bouc émissaire sur lequel décharger nos malheurs dans une explosion de « colère ». Et le bouc émissaire idéal est bien entendu l’Etat, censé nous protéger contre tous les dangers, y compris contre nous-mêmes. Et au diable la cohérence : ceux-là même qui nous expliquaient hier qu’il fallait réduire les impôts et la dépense publique crient au scandale parce que l’Etat n’aurait pas les moyens d’arrêter la course du soleil. Ceux qui hier avaient recours aux méthodes les moins reluisantes pour obtenir un permis de construire sur une zone déclarée inondable ou dangereuse, aujourd’hui font reproche à l’Etat de ne pas le leur avoir refusé.

 

Et le problème n’est pas seulement qu’on on trouve des habitants de Saint-Martin pour crier une « colère » absurde. C’est qu’on trouve des médias qui tendent des micros complaisants et se font l’écho des accusations les plus absurdes sans le moindre esprit critique. Et bien entendu, aucun politique n’a le cran – ou l’inconscience – de dire aux citoyens leurs quatre vérités. Au contraire : on voit un président de la République justifier leurs préjugés en manifestant sa « compréhension ».

 

Et bien, moi aussi, je suis en colère. Je suis en colère quand j’entends un habitant de Saint Martin crier dans le micro « personne n’a rien prévu, on nous a abandonné ». Et je suis en colère parce que les jours qui ont précédé le passage d’Irma et ceux qui ont suivi j’ai passé avec pas mal de collègues des nuits et des jours en salle de crise, ou bien à préparer les envois de matériel, de groupes électrogènes, de carburant pour rétablir au plus vite les services essentiels, a recruter des volontaires – et ils ont été nombreux – pour relever le personnel présent sur place durement éprouvé. Et nous n’étions pas les seuls : à la gendarmerie, dans les préfectures, dans les aéroports, d’autres équipes ont travaillé dur pour porter secours à nos compatriotes des îles. Par quel miracle croyez-vous que seulement quatre jours après le passage d’Irma on a remis en route la centrale électrique et réalimenté l’ensemble en électricité des sites sensibles ? Comment croyez-vous que des dizaines de groupes électrogènes de grande puissance ont fleuri à Saint-Martin, leurs réservoirs pleins, pour desservir les usagers séparés du réseau ? Par opération du Saint Esprit ? Non, bien entendu. Tout ça et bien d’autres choses ont été possibles parce qu’il y a dans ce pays des gens qui se dévouent au service public, et qui préparent longtemps à l’avance les moyens de faire face à ce type de catastrophes.

 

Sait-on qu’EDF – contrairement aux fournisseurs privés d’électricité, avec lesquels elle est pourtant en concurrence depuis que nos politiques ont décidé d’ouvrir le marché – entretient une réserve de matériel toujours prêt à être utilisé ? Qu’elle dispose d’un vivier d’agents volontaires – une centaine se sont présentés pour aller secourir les habitants de Saint-Martin, malgré les risques – qui ne toucheront pas un sou de plus pour leurs peines ? Qu’EDF dispose aussi d’une « force d’action rapide nucléaire » prévue pour faire face à une crise nucléaire, dont les moyens ont pu être mobilisés pour faire face à cette crise ? Non, bien sur que non. Et ce qui est vrai d’EDF – dont je parle ici parce que je suis bien placé pour savoir ce qu’ils font – est aussi vrai des autres services publics : la santé, l’ordre public, la distribution des denrées vitales a été rétablie en quelques heures. Mais ça n’intéresse personne. On sait bien que les trains qui arrivent à l’heure ne font pas vendre du papier. Il est plus intéressant pour les médias de tendre le micro à des gens qui n’y connaissent rien, mais qui vomissent leur bile, et qui désignent le coupable avant que l’instruction n’ait commencée, plutôt que de donner une place à des serviteurs publics dévoués, courageux… et bien mal payés pour leurs peines.

 

On me dira qu’il faut apprendre de ses erreurs, et qu’il en a forcément eu. C’est vrai. Mais ceux qui se répandent en critiques dans les médias ne cherchent pas à améliorer le dispositif, mais à désigner les coupables et les clouer au pilori. Des gens qui n’ont jamais géré une crise pérorent doctement – après coup, bien entendu – en expliquant à des gens qui font cela depuis des années, et pas trop mal ma foi, comment ils auraient du agir. Au risque de tomber dans le ridicule (1). Je ne dis pas que la gestion de cette crise ait été parfaite. Il y a certainement beaucoup de points à améliorer. Mais ce ne sont pas des politiciens ou les personnalités médiatiques qui n’y connaissent rien à la question qui vont trouver les solutions aux difficultés en deux coups de cuillère à pot ou par la grâce d’une « commission d’enquête ».

 

Ce que je demande, c’est un minimum de respect pour le travail des gens qui consacrent leur vie à ce genre de questions. Ce que je demande, c’est que ces gens puissent travailler sans se trouver confrontés à une inquisition médiatique ou parlementaire, que leur travail soit reconnu avant d’être critiqué.

 

Mais il y a mieux encore. Il y a cet habitant de Saint-Martin qui, après avoir dénoncé devant les caméras « l’abandon » dans lequel le méchant Etat le tient, conclut son intervention en criant « a quoi ça sert d’avoir un passeport français ? ». Et bien, monsieur, en toute amitié, je vous conseille de faire un petit tour à la Dominique, par exemple. Vous verrez « à quoi ça sert » de pouvoir compter sur la solidarité inconditionnelle de ses concitoyens de métropole. Car l’affaire de Saint-Martin illustre à la perfection cette caractéristique – pour moi définitoire – de la Nation. Dès que la catastrophe a été connue, l’aide a été envoyée. Et personne ne s’est même posé la question de savoir s’il était juste que le pays consacre ses moyens – c'est-à-dire l’argent des contribuables –  à l’aide et à la reconstruction. Non, cette solidarité est de l’ordre de l’évidence, tout simplement parce que les Saint-Martinois sont français. Nous ne dépensons pas à caisse ouverte pour la Dominique, pour St Kitts, ou pour n’importe quelle autre île de la région touchée par la catastrophe. Nous ne nous sentons pas obligés de financer leur reconstruction. A Saint Martin, oui. Et cet effort reste de l’ordre de l’évidence alors même que ces dernières années les territoires comme Saint-Martin ont cherché à se soustraire à la loi commune, par le biais de « défiscalisations » avantageuses et autres « lois de pays » dérogeant au droit commun. Les habitants des territoires d’outre-mer feraient d’ailleurs bien de réfléchir à cette question : plus ils réclameront des droits particuliers, plus ils s’éloigneront de la nation. Et plus ils s’éloigneront, moins ils pourront compter sur la solidarité inconditionnelle de leurs concitoyens. L’exemple de la Dominique, dont les britanniques se sont lavés les mains il y a quelques années, devrait les faire réfléchir…

 

Mais ce « à quoi sert d’avoir un passeport français », exprimé sans fard, montre aussi comment on est passé du concept de citoyen à celui de client. Le passeport devient finalement une sorte de carte de crédit, ou mieux encore une carte d’assurance. Il ne représente plus un rapport réciproque, mais une créance. On n’est plus citoyen parmi ses concitoyens, on est un client qui exige d’en avoir pour son argent – sauf que dans le cas présent, grâce à la défiscalisation, on ne paye même pas…

 

Le soir du passage d’Irma, vingt personnes représentant tous les services de l’Etat étaient réunis à la Préfecture de Saint-Martin. Ces personnes avaient laissé leur maison, leur famille, leurs êtres chers pour se consacrer à la protection de tous, et sans espoir d’une récompense particulière. Ils ont failli y rester lorsque le bâtiment public s’est effondré. Et bien, je me demande ce que ces gens peuvent ressentir lorsqu’ils entendent les médias se répandre sur « le manque de préparation de l’Etat ». De la colère, peut-être, devant une telle injustice. De la lassitude, sûrement, tellement elle est devenue coutumière. Ingrat métier que celui de servir un Etat qui vous abandonne, des concitoyens incapables de la moindre reconnaissance.

 

Car c’est là le vrai problème. Nous sommes devenus incapables de remercier. L’individu regarde le reste du monde du haut de sa tour d’ivoire avec un esprit qui mélange méfiance et revendication. Parce que nous nous sommes faits tous seuls, nous ne devons rien à nos maîtres. Parce que nous sommes devenus des clients, nous ne devons rien à ceux qui nous servent. Nous sommes entourés d’imbéciles, d’incapables ou pire, des escrocs qui montent mille et un complots pour nous imposer des vaccins inutiles, des ondes dangereuses, des herbicides cancérigènes.

 

Ci-git le mot « merci »…

 

 

Descartes

 

(1) Ainsi, certains expliquent qu’il aurait fallu prépositionner des moyens humains et matériels à Saint-Martin, alors qu’une simple réflexion de bon sens leur aurait montré que cela suppose de prendre le risque que ces moyens soient endommagés par le cyclone. 

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98 réponses à Les raisins de la colère

  1. CVT dit :

    @Descartes,

    “mais en temps”, comme dirait notre cher président Macron, les habitants de St Martin ne sont pas connus pour être les gens les plus civiques de la planète: beaucoup d’entre eux ont placé leurs éconocroques dans la partie hollandaise, qui est un “parasite” fiscal réputé…

    Oui, cher camarade, nous sommes bien dans la France qui a mis à sa tête E.Macron. Un personne si cynique, si infatué de lui-même, et qui pour se faire mousser, a le culot d’affirmer qu’on a organisé le plus grand pont aérien de l’histoire de France (c’est ironique, bien sûr; mais vu la grossièreté de l’affirmation d’origine, pourquoi se priver?). Pour moi, il est l’archétype des habitants de St Martin qui ont hurlé contre l’Etat, alors que par leur attitude, ils le privent des moyens d’agir!
    J’ai mal au coeur depuis le soir du 23 avril dernier, car depuis ce moment, les incultes, les rageux, les chouineurs, les ingrats et les égoïstes sont désormais à la tête de notre beau pays. Ceux-là même qui ont passé leur temps à applaudir “les réformes” et les restrictions budgétaires qui privent nos armées et nos forces d’intervention sur notre territoire et à l’étranger sont les premiers à pleurer quand bien même elles arrivent malgré à les sauver…

    Une société solidaire ne fonctionne que si le sentiment de gratitude, de dette morale de chaque membre les uns avec les autres persiste: faute de quoi, plus personne ne s’aidera mutuellement, au risque de passer pour la “bonne poire”. On connaît bien sûr la suite: c’est la fameuse guerre de tous contre tous, soit l’état de nature… Or l’avènement de Macron à l’Elysée, c’est bien le signe que cette gratitude, le fameux “merci”, comme vous dites, appartient désormais au passé, et je crains que la barbarie, qui a déjà frappé depuis janvier 2015, trouvera un terrain favorable pour miner encore un peu plus notre société…

    • Descartes dit :

      @ CVT

      [“mais en même temps”, comme dirait notre cher président Macron, les habitants de St Martin ne sont pas connus pour être les gens les plus civiques de la planète: beaucoup d’entre eux ont placé leurs éconocroques dans la partie hollandaise, qui est un “parasite” fiscal réputé…]

      Oui, enfin, si on triait les citoyens en fonction de leur civisme, je ne dirais pas qu’ils sont pires que les Corses ou les Marseillais. D’une manière générale, je ne crois pas au civisme spontané. Cela peut paraître cynique, mais je pense toujours à la formule de Peron : « l’homme est naturellement bon, et il est encore meilleur quand on le surveille ».

      [Un personne si cynique, si infatué de lui-même, et qui pour se faire mousser, a le culot d’affirmer qu’on a organisé le plus grand pont aérien de l’histoire de France]

      Je ne crois même pas qu’il soit « cynique ». C’est bien pire : il croit probablement que c’est vrai. La France de Macron, c’est d’une certaine manière la fin de l’histoire, non parce que l’histoire s’arrête, mais parce qu’elle est ignorée. L’illustration parfaite est fournie par ces députés qui arrivent à l’Assemblée nationale, et qui se comportent comme si la vénérable histoire du lieu, avec ses traditions et ses règles, n’avaient rien à leur apprendre. Et cela touche autant les députés macronistes que les mélenchoniens. L’égo-politique a encore frappé.

      [J’ai mal au coeur depuis le soir du 23 avril dernier, car depuis ce moment, les incultes, les rageux, les chouineurs, les ingrats et les égoïstes sont désormais à la tête de notre beau pays.]

      Tout à fait d’accord. Et c’est pour cela que nous avons un président qui à chaque discours déborde de « compréhension » pour toutes sortes de « colères » – sauf, bien entendu, celles des couches populaires, qui n’ont qu’à travailler si elles veulent se payer un costard.

      [Une société solidaire ne fonctionne que si le sentiment de gratitude, de dette morale de chaque membre les uns avec les autres persiste: faute de quoi, plus personne ne s’aidera mutuellement, au risque de passer pour la “bonne poire”.]

      Tout à fait. Et cette gratitude, cette dette morale se constitue à partir d’une dette intergénérationnelle. Nous nous devons une solidarité inconditionnelle parce que nous sommes concitoyens, et que nous avons donc une dette envers le même passé, la même histoire, les mêmes ancêtres symboliques. Et c’est pourquoi l’assimilation est si importante : l’immigré assimilé, en faisant sienne cette histoire, assume sa part de la dette qui fonde la solidarité à l’intérieur de la nation.

      C’est pourquoi une société solidaire ne peut être fondée que sur l’histoire. De la même manière que nous devons solidarité à nos frères au nom de la dette que nous avons envers nos ancêtres communs, la solidarité entre concitoyens ne peut-être fondée que sur la mémoire d’une histoire commune. Couper nos liens avec l’histoire, décréter que les « choses du passé » n’ont rien à nous apprendre, c’est supprimer le fondement de la solidarité. Or, c’est précisément ce que nous voyons depuis trente ans, et dont Macron est le couronnement : la construction d’une société sans histoire, qui déteste tout ce qui est « vieux » et n’a des yeux que pour ce qui est « nouveau », qui vomit les traditions et les usages au nom d’une « modernisation » qui, à défaut d’un véritable projet, devient un objectif en soi.

    • bip dit :

      @ Descartes

      [Couper nos liens avec l’histoire, décréter que les « choses du passé » n’ont rien à nous apprendre, c’est supprimer le fondement de la solidarité. Or, c’est précisément ce que nous voyons depuis trente ans, et dont Macron est le couronnement : la construction d’une société sans histoire, qui déteste tout ce qui est « vieux » et n’a des yeux que pour ce qui est « nouveau », qui vomit les traditions et les usages au nom d’une « modernisation » qui, à défaut d’un véritable projet, devient un objectif en soi.]

      Et ensuite, ça vient se plaindre que certains préfèrent partir à l’étranger pour payer moins d’impôts…

      De Giscard à Macron, ça fait 40 ans qu’ils se sont échinés à détruire les liens qui unissaient les Français, 40 ans qu’ils nous ont répétés que la France c’était fini et que c’était l’Europe notre avenir.
      Pourquoi donc ne se réjouissent-Ils pas de voir des gens appliquer ce qu’ils ont promu ? Et si ça ne les réjouit pas, pourquoi continuent-ils ? Quelle bande de déchets…

    • Descartes dit :

      @ bip

      [De Giscard à Macron, ça fait 40 ans qu’ils se sont échinés à détruire les liens qui unissaient les Français, 40 ans qu’ils nous ont répétés que la France c’était fini et que c’était l’Europe notre avenir. Pourquoi donc ne se réjouissent-Ils pas de voir des gens appliquer ce qu’ils ont promu ? Et si ça ne les réjouit pas, pourquoi continuent-ils ? Quelle bande de déchets…]

      Je ne l’avais pas considéré sous cet angle, mais au fond vous avez raison. La construction européenne c’était depuis le début la « liberté de circulation des hommes et des capitaux ». Pourquoi reprocher à des individus riches d’utiliser la liberté qui leur est accordée pour aller là où les impôts sont plus faibles au Portugal, en Irlande ou au Luxembourg ? La liberté ne serait bonne qu’à condition de ne pas s’en servir ?

      Il faudrait être cohérent: les eurolâtres devraient applaudir la conduite de ceux qui exercent les libertés que la construction européenne leur a accordées!

  2. cdg dit :

    Tout a fait d accord jusqu a votre dernier paragraphe. Car la collusion entre la haute fonction publique et certaines industries est quand meme etablie. Pensez par exemple a Servier qui arrosait genereusement le ministere de la santé, lequel avait evidement aucune raison d interdire de vendre le mediator. Et aucun des protagoniste n a ete vraiment sanctionné. La seule qui a eut de serieux probleme c est la lanceuse d alerte

    Vous avez aussi la pure incompetance, un peu liee a ce que vous denoncez : le politique n ose pas aller contre et prefere abonder dans le sens de la plainte. OUvrir le parapluie, surtout quand c est pas vous qui payez, c est toujours la decision la plus sure.
    C est ainsi qu on a achete des dizaines de millions de vaccins contre la grippe (et qui n ont evidement pas servit)

    • Descartes dit :

      @ cdg

      [Tout a fait d accord jusqu’à votre dernier paragraphe. Car la collusion entre la haute fonction publique et certaines industries est quand même établie.]

      « Etablie » par qui ? A ma connaissance, aucune condamnation d’un haut fonctionnaire n’a été prononcée dans cette affaire. Et jusqu’à nouvel ordre, une émission d’Elise Lucet ne constitue pas une preuve.

      [Pensez par exemple a Servier qui arrosait généreusement le ministère de la santé, lequel avait évidement aucune raison d interdire de vendre le médiator.]

      Pouvez-vous indiquer d’où vous tirez que Servier « arrosait généreusement le ministère de la santé » ? Des faits précis, j’entends, pas de vagues accusations. J’ajoute que si l’AFFSAPS a été condamnée, c’est pour négligence, le tribunal administratif ayant estimé qu’elle aurait du retirer le Mediator du marché bien avant. Aucun fait de corruption n’a été établi, ni même reproché.

      [Et aucun des protagonistes n’a été vraiment sanctionné. La seule qui a eut de sérieux problème c’est la lanceuse d alerte]

      Les procédures judiciaires n’étant pas terminées, on voit mal comment on pourrait « vraiment sanctionner » les protagonistes – sauf à supposer qu’il faudrait sanctionner des gens avant que leur culpabilité soit établie. Quant à la « lanceuse d’alerte », pourriez-vous préciser les « sérieux problèmes » qu’elle aurait eu ? A ma connaissance, elle n’a eu droit qu’à un procès pour diffamation lorsqu’elle a publié son livre relatant l’affaire, et dont l’issue lui a été favorable.

    • cdg dit :

      Pour les preuves de la collusion Servier/ministere de la santé:
      http://www.lejdd.fr/politique/une-nouvelle-affaire-servier-cible-douste-blazy-3431882
      http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/06/21/servier-a-finance-des-activites-promues-par-douste-blazy_1539036_823448.html
      https://www.pharmacorama.com/2011/02/mediator-laboratoire-servier-ministere-sante/

      Je me rappelle avoir lu (canard enchainé ?) que les hauts dirigeants du ministère etait recu au domicile de Servier et que la police suite a l affaire Mediator avait saisi un carnet ou ceux ci etaient notés en fonction de leur docilité vis a vis du labo.

      Quant aux condamnations, a moins d etre vraiment tres maladroit (genre encaisser un cheque sur son compte perso ou ecrire une lettre disant “je sais que votre medicament est dangereux mais je le dereference pas”) vous passerez a travers les gouttes. Vous pouvez toujours plaider la naiveté, la negligence, l oubli (c etait il y a 10 ans monsieur le juge, je me rappelle plus) ou simplement le manque de preuve (apres tout un collègue a Douste Blazy qui avait batit sa gentilhommière le WE avec ses petites mains, Balladur a financé sa campagne presidentielle avec des T-shirt ..)

      Autre scandale du meme genre (collusion haute administration/industrie) on peut citer l action du “comité amiante” (https://fr.wikipedia.org/wiki/Comit%C3%A9_permanent_amiante)

    • Descartes dit :

      @ cdg

      [Pour les preuves de la collusion Servier/ministere de la santé: (…)]

      Ne changez pas de sujet. Vous aviez écrit « Car la collusion entre la haute fonction publique et certaines industries est quand même établie ». Or, aucun des articles que vous citez ne parle de collusion entre « la haute fonction publique » et Servier. Le premier parle de « collusion » entre Servier et « des politiques » dont le ministre Douste-Blazy, mais ne mentionne nulle part la « haute fonction publique ». Le second parle des « liens d’intérêt » de Servier avec Douste-Blazy, et là encore les hauts fonctionnaires ne sont pas évoqués. Le troisième, enfin, parle de « complicité du ministère de la Santé » sans aucune précision, tout en saluant le travail des hauts fonctionnaires de l’IGAS.

      Je trouve votre commentaire très illustratif du travers que je dénonçais dans mon papier : la tendance à accuser l’Etat et ses fonctionnaires de tous les maux, alors que ceux-ci n’y sont généralement pour rien.

      [Quant aux condamnations, a moins d’être vraiment très maladroit (genre encaisser un cheque sur son compte perso ou écrire une lettre disant “je sais que votre médicament est dangereux mais je le déréférence pas”) vous passerez a travers les gouttes.]

      Pourriez-vous expliciter les éléments sur lesquels se fonde cette opinion ? Prenez l’affaire du sang contaminé : elle avait valu de lourdes condamnations à plusieurs hauts fonctionnaires, dont Jacques Roux, directeur général de la santé. La plus lourde étant celle de Michel Garretta, avec quatre ans de prison ferme et 500.000 F d’amende.

      Encore une fois, il y a un mythe qui veut que les hauts fonctionnaires ne soient jamais sanctionnés quelque soient les erreurs qu’ils commettent. C’est faux : les directeurs, les directeurs généraux, les préfets sont régulièrement sanctionnés quand ils font des bêtises. Et la sanction est d’autant plus lourde que, contrairement à ce qui se passe dans le privé, elles brisent net une carrière.

      [Vous pouvez toujours plaider la naiveté, la negligence, l’oubli (c’etait il y a 10 ans monsieur le juge, je me rappelle plus) ou simplement le manque de preuve (après tout un collègue a Douste Blazy qui avait batit sa gentilhommière le WE avec ses petites mains, Balladur a financé sa campagne presidentielle avec des T-shirt ..)]

      Vous pouvez plaider tout ce que vous voulez. Encore faut-il que le juge suive votre plaidoirie. Je constate par ailleurs qu’ici encore vous confondez « hauts fonctionnaires » et politiques. Et finalement, je me demande ce que vous voulez dire lorsque vous reprochez aux politiques d’être relaxés pour « manque de preuves ». Voulez-vous dire que les juges devraient condamner des gens sur des simples suppositions ?

      [Autre scandale du meme genre (collusion haute administration/industrie) on peut citer l action du “comité amiante”]

      Je ne vois pas de quelle « collusion » vous voulez parler. Le CPA est une structure purement privée, créé par les industriels de l’amiante et n’ayant aucun pouvoir. Des fonctionnaires d’un certain nombre de ministères concernés ont été invités à assister à ses réunions, c’est tout. Faut arrêter de fantasmer…

  3. Enoch dit :

    Bonjour,
    Je trouve votre article très juste, qui me semble être les effets des dérives droit de l’hommiste, où les droits individuels ont la primauté sur la cohérence de l’ensemble, où les minorités ont des droits d’exception face à la supposé « majorité » (qui semble se réduire comme peau de chagrin), tout le monde à bien compris qu’il était de bon ton d’être une victime.
    Et il semble qu’à travers ces dérives, on retrouve aussi un dévoiement de la conception de notre état. Puisqu’on se trouve dans un état qui maternalise les français mais qui a oublié, me semble-t-il, sa fonction « paternel ».
    Et vous avez raison, de préciser que sur la fonction horizontale, notre état fonctionne très bien. Et que la féminisation des esprits fait que cela va de soi. On ne remet pas en cause les fonctions maternalisant de notre état, c’est le fameux CARE, de Mme Aubry. Son nom n’est bien sûr pas citée au hasard, tant, elle représente, avec Mme Hidalgo, cette dérive presque totalitaire.
    Par contre, je trouve que notre état fonctionne de plus en plus sur une jambe. Car pour moi, ce qui m’a le plus marqué c’est les pillages d’après catastrophe. Notre état semble si faible pour faire appliquer la loi républicaine.
    Nous vivons avec le mythe post guerre mondiale d’un état de paix. Et il semble que nos politiques sont persuadés d’avoir atteint l’état « Nyrvanesque » de paix perpétuel. Nous avons vaincu la faim, les épidémies et la guerre. Je pense que c’est un mythe qui habite nos sociétés depuis 60 ans.
    Et notre état, tout repus de sa fonction protectrice de l’individu, même celui qui a « pêché », n’est pas vraiment coupable, c’est qu’on l’a pas suffisamment cajolé, a presque totalement oublié sa fonction guerrière.
    Nous voyons très bien, dans nos quartiers, dits difficile, (700 sur le territoire français), une société parallèle d’économie narcotique, géré par des lois mafieuses, et l’impuissance totale de notre état, a enrayé le phénomène.
    Chaque jour qui passe, il y a recul ! Il suffit de regarder la série Narcos, pour comprendre l’étendu du cancer qui gangrène notre société. L’argent de la drogue peut tout corrompre, TOUT !!! Et surtout TOUT détruire, a commencé par l’état providence.
    Et je trouve qu’on ne lit pas suffisamment d’analyse sur l’augmentation du volume de drogue et le délitement de notre société, pour moi, il y a bien sur un lien (ce n’est pas le seul évidemment).
    Le politiquement correcte empêche publiquement de faire les liens qui s’impose à tous, comme une évidence, dans les chaumières. Mais les gens ont aussi compris qu’en parler publiquement c’est potentiellement être brulé en place publique!
    Pourtant je suis intiment persuadé que les critiques vis-à-vis de l’état ne se situe pas au niveau qu’ils sont publiquement exprimés. Il est évidement, moins risqué, de critiquer l’état français (qui sous la domination d’une certaine gauche – la gauche olfactive – a une connotation d’ordre fasciste) que de pointés du doigt des populations criminogènes, qui sous l’effet de l’antiracisme doctrinale, deviennent de plus en plus violentes et revendicatives.
    Bien que ce soit de l’ordre du non-dit, cela est perçu, par la population majoritaire comme une injustice.
    Donc, il ne reste plus, à cette population majoritaire et bâillonné moralement, qu’à exprimer son mal être, face à l’unique cible qui est moralement acceptable de critiquer : l’état français !!!
    C’est vraiment injuste pour ceux qui maintienne le mécanisme et qui prouve son efficacité. Mais avec une élite française incohérente qui veut absolument détruire notre état, au profit d’une entité ectoplasmique, comme l’EU et sous le joug moral du politiquement correcte, que la population, elle-même, soumis au bombardement médiatique de ces pensées incohérentes, est finalement un comportement qui tourne à la démence.
    Nous vivons un moment de rupture et potentiellement de chaos ! Avant qu’un système s’effondre, il devient de plus en plus chaotique et sans cohérence, il donne l’impression de la folie.
    Nous en sommes les tristes témoins !
    Bravo pour votre blog.

    • Descartes dit :

      @ Enoch

      [Et il semble qu’à travers ces dérives, on retrouve aussi un dévoiement de la conception de notre état. Puisqu’on se trouve dans un état qui maternalise les français mais qui a oublié, me semble-t-il, sa fonction « paternel ».]

      Je trouve cette observation très juste. D’ailleurs, elle rejoint pas mal d’analyses qui pointent à la disparition de la fonction paternelle et l’invasion de la totalité de l’espace psychique par la fonction maternelle. C’est Onfray je crois qui dit qu’en mai 1968, en tuant le père, on s’est condamnés à rester pour toujours des adolescents.

      [Par contre, je trouve que notre état fonctionne de plus en plus sur une jambe. Car pour moi, ce qui m’a le plus marqué c’est les pillages d’après catastrophe. Notre état semble si faible pour faire appliquer la loi républicaine.]

      C’est un sujet dont on parle peu parce que ce n’est pas le genre de chose qu’on aime s’avouer à soi même, mais qui n’est pas sans précédent dans notre histoire. En 1940, lors de l’exode, on a constaté là aussi le pillage des boutiques et des logements abandonnées, et certains préfets, sous-préfets ou maires ont du prendre, avec les maigres ressources que leur laissait le chaos général, des mesures pour protéger la propriété privée. Que dans une situation de chaos l’Etat n’ait pas les moyens pendant quelques heures de faire appliquer la loi n’est pas tout à fait une nouveauté.

      Ce qui est tout de même notable – et rassurant – c’est que les pillards établissent tout de même une différence une hiérarchie entre les différents types de propriété. Il semble beaucoup moins grave de piller un magasin qu’un domicile privé. Quant à la propriété publique, elle n’a pas vraiment fait objet de pillage.

      [Nous vivons avec le mythe post guerre mondiale d’un état de paix. Et il semble que nos politiques sont persuadés d’avoir atteint l’état « Nyrvanesque » de paix perpétuel. Nous avons vaincu la faim, les épidémies et la guerre. Je pense que c’est un mythe qui habite nos sociétés depuis 60 ans.]

      Tout à fait. En particulier, on se comporte comme si la guerre était impossible en Europe. Et à mon avis, on a tort. « Si vis pacem, para bellum » reste aussi vrai que du temps de César… Et sur le plan intérieur, la guerre civile n’est jamais très loin. Je crois que nos concitoyens voient l’Etat comme un père tout-puissant, et ne sont pas conscients que cette toute-puissance n’est que le reflet de la confiance qu’ils lui délèguent. C’est un incroyable miracle chaque jour renouvelé qui fait que nous ne nous ruons pas tous sur les magasins pour prendre ce qui nous plait gratuitement, alors même que nous savons que si nous le faisions les forces de l’ordre ne pourraient pas faire grande chose.

      [Et notre état, tout repus de sa fonction protectrice de l’individu, même celui qui a « pêché », n’est pas vraiment coupable, c’est qu’on l’a pas suffisamment cajolé, a presque totalement oublié sa fonction guerrière.]

      Plus que sa fonction « guerrière », je parlerais d’une fonction « répressive ». Terme sur lequel il faudrait enlever l’anathème prononcé depuis la fin des années 1960 pour le revaloriser comme l’une des fonctions fondamentales de l’Etat. Ce qui fonde l’Etat, c’est le monopole de la violence légitime. Ce qui suppose donc que les citoyens refusent en bloc de légitimer toute violence qui ne viendrait pas de lui, mais aussi qu’ils acceptent de légitimer celle qu’il exerce dans l’intérêt général. Lorsqu’un voyou est blessé en résistant à une arrestation, la sympathie publique doit aller au policier et non au voyou.

      [Nous voyons très bien, dans nos quartiers, dits difficile, (700 sur le territoire français), une société parallèle d’économie narcotique, géré par des lois mafieuses, et l’impuissance totale de notre état, a enrayé le phénomène.]

      L’Etat n’a de « puissance » que parce que la société la lui confère. L’Etat est toujours impuissant à combattre les situations dont la société – et notamment les couches dominantes – s’accommode. Quand les bobos consomment hashish et cocaïne, ils ne vont pas insister pour que la police poursuive les trafiquants dont ils constituent la clientèle. Et puis, pour sortir les quartiers dits « difficiles » du trou, il faudrait mettre en place des politiques d’assimilation qui sont coûteuses. Vu du point de vue des « classes moyennes » et supérieures, mieux vaut les laisser croupir dans leur quartier. Et si la chose devient grave, on se construira des quartiers fermés avec des gardes armés, comme aux Etats-Unis. C’est plus intéressant que de payer une police républicaine faisant appliquer la loi partout.

      [Et je trouve qu’on ne lit pas suffisamment d’analyse sur l’augmentation du volume de drogue et le délitement de notre société, pour moi, il y a bien sur un lien (ce n’est pas le seul évidemment).]

      Je pense que c’est un symptôme plus qu’une cause. Un peu comme l’alcoolisme des couches populaires à la fin du XIXème et début du XXème siècle.

  4. Marcailloux dit :

    @ Descartes

    Bonjour,

    C’est à la communauté d’indignation que l’on ressent la communauté d’esprit.
    Je ne retiens qu’une de vos phrases pour dire combien j’ai éprouvé d’agacement à la vision des reportages qui étaient consacrés à Saint Martin.

    « « « Mais ce « à quoi sert d’avoir un passeport français », exprimé sans fard, montre aussi comment on est passé du concept de citoyen à celui de client. » » »

    Ce qui finalement m’irrite le plus n’est pas la réaction primaire, égotique de cet habitant que la France entière a eu l’occasion d’écouter.
    Je la comprends.
    Mais comprendre au sens réel que nous en donne le CNRTL par exemple, c’est : « Se faire une idée claire des causes, des conséquences, etc., qui se rattachent à telle chose et qui l’expliquent. »
    J’espère seulement que E.Macron dont on ne doute pas de sa culture littéraire, l’adopte dans le même sens.
    Et dire que l’on « comprend » n’exprime pas pour autant le contenu de ce que l’on comprend. En fait « cela ne mange pas de pain » que de dire cette banalité creuse.
    Personnellement, si je comprends que l’on puisse « péter les plombs » en pareil circonstance, je l’attribue au fait que certains, probablement, sur ces iles, se sentent dispensés de tout sens des responsabilités et que personne ne s’est chargé jusque là de le leur dire.
    On a entendu et vu, par ailleurs, des habitants qui attendaient d’avoir des trombes d’eau sur la tête pour se précipiter dans les superettes pour s’approvisionner de quoi se nourrir et boire pendant quelques jours. C’est à croire qu’ils attendent le biberon quotidien pour survivre. Mais enfin, on est sur les iles paradisiaques, et au paradis le dieu Etat pourvoit à tout.

    Ce qui m’irrite disais-je, c’est encore une fois l’inconséquence de nos médias qui, systématiquement, cherchent le buzz.
    Elles ont perdu le sens du décent et finalement ne font que rechercher la matière qui créera le plus d’émotion, donc le plus d’addiction à leur antenne.
    C’est tout de même aux programmateurs des séquences TV de sélectionner ce qui ressort de l’information objective. Parce que j’imagine qu’ils ont recueilli des dizaines de témoignages et leur choix final est bien plus responsable que la réaction épidermique du sinistré lambda.

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [Ce qui finalement m’irrite le plus n’est pas la réaction primaire, égotique de cet habitant que la France entière a eu l’occasion d’écouter. Je la comprends.]

      Je ne vois pas pourquoi le fait de « comprendre » une réaction devrait vous empêcher d’être irrité par elle. C’est justement là mon point : si Macron avait dit « je comprends votre colère, mais vous avez tort », j’aurais salué son courage. Mais la « compréhension » chez Macron est toujours exempte de critique et implique un haut degré de justification. C’est cela qui me pose problème.

      Si les fonctionnaires sont tenus au devoir de réserve, ils ont en contrepartie le droit d’être défendus par l’autorité politique. Ce qui est irritant dans cette affaire, c’est que non seulement les citoyens ont des réactions « primaires et égotiques », mais qu’il ne se trouve pas une seule autorité politique pour le leur dire en face.

      [Et dire que l’on « comprend » n’exprime pas pour autant le contenu de ce que l’on comprend. En fait « cela ne mange pas de pain » que de dire cette banalité creuse.]

      Pardon, pardon. Il y a un différence entre dire « je comprends votre colère » et dire « je comprends votre colère MAIS… ». Dans le premier cas, la compréhension s’accompagne d’un certain degré de justification.

      [Personnellement, si je comprends que l’on puisse « péter les plombs » en pareil circonstance, je l’attribue au fait que certains, probablement, sur ces iles, se sentent dispensés de tout sens des responsabilités et que personne ne s’est chargé jusque là de le leur dire.]

      C’es bien mon propos… J’aurais aimé que Macron le leur dise, pour une fois ! Et si je peux comprendre qu’un individu puisse « péter les plombs », je trouve très malsain l’attitude des médias de diffuser ce « pétage de plombs » à une heure de grande écoute et sans la moindre distance critique.

      [On a entendu et vu, par ailleurs, des habitants qui attendaient d’avoir des trombes d’eau sur la tête pour se précipiter dans les superettes pour s’approvisionner de quoi se nourrir et boire pendant quelques jours. C’est à croire qu’ils attendent le biberon quotidien pour survivre. Mais enfin, on est sur les iles paradisiaques, et au paradis le dieu Etat pourvoit à tout.]

      Pourtant, l’Etat a diffusé des messages d’alerte, demandant aux habitants de se mettre à l’abri. Les gendarmes sont passés maison par maison pour encourager les gens à prendre leurs précautions – et notamment à se réfugier loin de la mer et dans les bâtiments les plus solides. Un ami me disait qu’autour de 7000 personnes ont refusé. Alors, faut savoir ce que l’on veut. L’Etat peut beaucoup, mais pas encore arrêter la course des cyclones.

  5. Vincent dit :

    > Ceux qui hier avaient recours aux méthodes les moins reluisantes pour obtenir un permis de
    > construire sur une zone déclarée inondable ou dangereuse, aujourd’hui font reproche à l’Etat
    > de ne pas le leur avoir refusé.

    Il s’agit d’une allusion à Xynthia, je suppose… où les principales personnes à avoir protesté contre l’impréparation de l’Etat sont aussi celles qui cherchaient avant à bloquer par tous les recours administratifs les zonages ou travaux prévus par la préfecture… Ce qui justifie pleinement les accusations lancées contre ces personnes qui se comportent comme de simples clients, niant la légitimité de l’Etat à prendre des décisions, mais attendant tout de lui…

    Cela me fait également penser à cet épisode ‘extraordinaire’, où Jospin (alors 1er Ministre) s’était fait accuser des inondations à Abbeville. Soit disant parcequ’il aurait délibérément choisi d’inonder Abbeville pour protéger Paris…

    On était typiquement dans un autre aspect de ce que vous décrivez : “Nous ne sommes plus capables de faire un travail de deuil sur nous-mêmes, il nous faut un bouc émissaire sur lequel décharger nos malheurs dans une explosion de « colère ». Et le bouc émissaire idéal est bien entendu l’Etat”

    Ceci dit, il me semble que, dans le cas présent, il y a tout de même aussi, au milieu de cela, une critique légitime de l’action de l’Etat, et surtout de son impréparation…

    > Mais ce ne sont pas des politiciens ou les personnalités médiatiques qui n’y connaissent
    > rien à la question qui vont trouver les solutions aux difficultés en deux coups de cuillère à
    > pot ou par la grâce d’une « commission d’enquête ».

    Vous voyez les choses depuis ce que vous avez vu, où il semble que cela n’a pas bien fonctionné. Si je comprends bien, l’essentiel des critique vient des initiatives du ministère de l’intérieur, particulièrement en matière de sureté ; pas des services publics en général.
    Ce ce que j’ai cru voir, il y a eu un clair manque de moyens prépositionnés, de moyens de réserve préparés en métropole, etc. Cela inclut l’indisponibilité, ou de la disponibilité tardive (? et insuffisante ?), des moyens militaires.
    Et cela, pour le coup, c’est la conséquence directe de décisions politiques… d’engager massivement nos troupes aux 4 coins du monde, en affectant les moyens matériels et de maintenance à ces opérations, ce qui ne laisse aucune marge pour pouvoir faire face à une petite crise supplémentaire.
    C’est pour cette raison qu’a démissionné le CEMA en Juillet, la décision de Juillet faisant suite à une longue série d’arbitrages du même genre.

    Je suis en effet étonné, alors qu’on savait qu’un ouragan très violent allait passer environ 1 semaine à l’avance, qu’il ait fallu attendre une semaine après le passage de l’ouragan pour qu’un seul bateau de logistique ne parte vers cette ile. Et, si j’ai bien compris, 2 ou 3 jours pour qu’un unique avion de transport lourd (type A400M, Transall, ou Hercules) parte en direction des Antilles pour permettre un ravitaillement (qui n’a pas, à ma connaissance, été complété par un second avion).

    Par ailleurs, il y a eu de nombreuses critiques sur la gestion de la crise par la préfecture. Je ne sais pas si c’est mérité, en supposant que oui…
    Est ce que le fait que, de plus en plus, les préfets sont poussés à devenir des “personnalités médiatiques qui n’y connaissent rien à la question” n’est pas pour quelque chose dans le fait qu’ils n’arrivent pas à agir efficacement ?
    Je pense que des préfets du début du XIXème, dont le role était celui d’un général civil, plus que d’un relai de communication, auraient été mieux armés pour gérer ce type de crise ?

    Aujourd’hui, à l’inverse, c’est aux généraux (militaires) que les seuls reproches sérieux que l’on trouve à faire sont des fautes de communication (il suffit de regarder ceux qui ont été sanctionnés ces dernières années…). Sous la pression politique, ceux qui doivent pouvoir gérer des crises réelles sont de plus en plus évalués sur leur capacité à maitriser l’art de la communication. Là encore, pour moi, il y a une responsabilité politique à cette crise (même si ce n’est pas au nouveau gouvernement qu’on peut spécifiquement l’imputer).

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [Il s’agit d’une allusion à Xynthia, je suppose… où les principales personnes à avoir protesté contre l’impréparation de l’Etat sont aussi celles qui cherchaient avant à bloquer par tous les recours administratifs les zonages ou travaux prévus par la préfecture… Ce qui justifie pleinement les accusations lancées contre ces personnes qui se comportent comme de simples clients, niant la légitimité de l’Etat à prendre des décisions, mais attendant tout de lui…]

      Oui, je pensais à Xynthia, mais pas seulement. A Saint-Martin aussi la préfecture essaye avec des moyens dérisoires de s’opposer aux constructions en zone dangereuse ou inondable que les élus locaux s’empressent d’autoriser, souvent moyennant finance. Mais l’affaire de Xynthia, où l’on a vu des personnes se retourner y compris par voie de justice contre ce maire qui finalement n’a fait que leur donner ce qu’ils voulaient est exemplaire.

      [Ceci dit, il me semble que, dans le cas présent, il y a tout de même aussi, au milieu de cela, une critique légitime de l’action de l’Etat, et surtout de son impréparation…]

      Il y a certainement une critique légitime de l’action de l’Etat. C’est celle qui s’exprime dans les cellules de retour d’expérience des ministères, des préfectures ou des services d’EDF, ou l’on peut entendre des gens qui ont suivi le déroulement des opérations et qui ont une expérience de décennies dans la gestion de crise analyser ce qui a marché et ce qui n’a pas marché. Voilà la seule « critique légitime ». Malheureusement, de cette critique le citoyen ne saura rien…

      [Vous voyez les choses depuis ce que vous avez vu, où il semble que cela n’a pas bien fonctionné. Si je comprends bien, l’essentiel des critique vient des initiatives du ministère de l’intérieur, particulièrement en matière de sureté ; pas des services publics en général.]

      Pardon. J’ai entendu des critiques tout aussi dures – et tout aussi injustifiées – sur le fait que l’électricité tardait à être rétablie, ou sur la distribution d’eau potable toujours insuffisante. Non, cela ne se limite pas aux questions de sûreté, même si ces questions attirent, pour des raisons évidentes, une plus forte attention médiatique.

      [Ce ce que j’ai cru voir, il y a eu un clair manque de moyens prépositionnés, de moyens de réserve préparés en métropole, etc. Cela inclut l’indisponibilité, ou de la disponibilité tardive (? et insuffisante ?), des moyens militaires.]

      Là encore, faut savoir de quoi on parle. On peut reprocher à un gestionnaire de crise d’avoir mal utilisé les moyens dont il dispose. On ne peut lui reprocher de ne pas avoir mis en œuvre les moyens dont il ne dispose pas. Ce n’est pas l’Etat qui décide combien de fonctionnaires de police ou de gendarmerie on recrute, combien de véhicules on achète pour les équiper, combien d’avions pour les transporter. C’est là une décision du pouvoir politique. Si les citoyens ne sont pas contents parce qu’il n’y a pas assez de moyens pour gérer la crise, alors c’est au politique qu’il faut s’adresser. Mais il faut être cohérent aussi : on ne peut pas vouloir plus de gendarmes et moins d’impôts.

      [Je suis en effet étonné, alors qu’on savait qu’un ouragan très violent allait passer environ 1 semaine à l’avance, qu’il ait fallu attendre une semaine après le passage de l’ouragan pour qu’un seul bateau de logistique ne parte vers cette ile. Et, si j’ai bien compris, 2 ou 3 jours pour qu’un unique avion de transport lourd (type A400M, Transall, ou Hercules) parte en direction des Antilles pour permettre un ravitaillement (qui n’a pas, à ma connaissance, été complété par un second avion).]

      Je me dois de corriger votre perception. Rien que pour EDF, deux avions très lourds (un Antonov et un IL, seuls avions de taille suffisante pour transporter les gros groupes électrogènes) ont été affrétés dans les vingt-quatre heures qui ont suivi la catastrophe. Compte tenu du temps nécessaire pour faire un diagnostic des moyens nécessaires sur place, de faire venir les avions et de charger les équipements, on voit mal comment on aurait pu faire mieux.

      Pour ce qui concerne les « bateaux de logistique », là encore vos informations sont fausses. Des barges sont parties de Guadeloupe et de Martinique dès que l’état de la mer l’a permis, transportant des gendarmes et leurs véhicules, mais aussi du carburant et des groupes électrogènes. Une frégate de la Marine nationale a d’ailleurs appareillé le jour suivant la catastrophe avec à son bord de l’eau potable en quantité, sans quoi on n’aurait pas pu approvisionner les St-Martinois…

      Il faut savoir de quoi on parle. St Martin est, cela ne vous a pas échappé, une île. Une île qui dispose d’un aéroport international – situé dans la partie néerlandaise de l’ile – qui peut recevoir des gros avions mais qui a été rendu inutilisable par Irma, et un aérodrome régional situé en partie française qui ne peut recevoir que des petits avions. Pour ce qui concerne les ports, Irma a précipité des containers dans le bassin et endommagé les grues. Il n’était donc pas évident de faire arriver du ravitaillement. Il a fallu d’abord dégager les pistes de l’aéorodrome avec les moyens locaux pour permettre aux premiers avions d’arriver. Puis faire trouver et faire venir un bateau spécial pourvu d’une grue maritime pour dégager les chenaux d’accès aux ports avant de pouvoir décharger quoi que ce soit. Tout ça ne se fait pas en deux coups de cuiller à pot…

      [Par ailleurs, il y a eu de nombreuses critiques sur la gestion de la crise par la préfecture. Je ne sais pas si c’est mérité, en supposant que oui…]

      Pourquoi « supposer que oui » et pas « supposer que non » ? Pourquoi l’incompétence se présume et la compétence se prouve ? Vous savez, il n’a jamais manqué dans ce pays des « y’a qu’a faut qu’on » qui vous expliquent après coup comment il aurait fallu faire les choses. Tiens, je propose qu’on prenne le nom de tous ces « critiques », et que la prochaine fois ce soit eux qui soient en salle de crise à la Préfecture, pour gérer les affaires. On verra alors comment ils se débrouillent.

      [Est ce que le fait que, de plus en plus, les préfets sont poussés à devenir des “personnalités médiatiques qui n’y connaissent rien à la question” n’est pas pour quelque chose dans le fait qu’ils n’arrivent pas à agir efficacement ? Je pense que des préfets du début du XIXème, dont le role était celui d’un général civil, plus que d’un relai de communication, auraient été mieux armés pour gérer ce type de crise ?]

      La plupart des préfets – du moins ceux que je connais, et j’en connais quelques uns – résistent farouchement au mouvement qui veut faire d’eux des « personnalités médiatiques ». Et s’ils ne sont pas eux-mêmes des experts, ils savent faire travailler les différents services de l’Etat, se faire conseiller et, last but not least, ils savent prendre les décisions difficiles. Et s’ils ont des antennes politiques, en contexte de crise ils sont moins soumis aux diktats de la politique qu’on ne le croit.

    • Vincent dit :

      > Mais l’affaire de Xynthia, où l’on a vu des personnes se retourner y compris par voie
      > de justice contre ce maire qui finalement n’a fait que leur donner ce qu’ils voulaient est exemplaire.

      Si mes informations sont correctes, il y a eu au moins 1 cas où le conseil général avait voulut rehausser des digues, et où des riverains s’y étaient opposés (cela bouchait leur vue sur la mer), et ont eu gain de cause au tribunal administratif.
      Cela pose, à mon avis, une question assez intéressante. Qui est alors responsable des dégâts, et des morts ?
      Celui qui a porté plainte ? Normalement, non, puisqu’il a simplement voulu faire dire le droit.
      Le juge ? Il me semble qu’un juge ne peut pas être tenu pour responsable des conséquences de son jugement ?
      Le CG, pour s’être insuffisamment battu, ou pour ne pas avoir fait appel ?

      Bref, on en sort pas…

      > Pour ce qui concerne les « bateaux de logistique », là encore vos informations sont fausses

      Mes informations étaient effectivement partielles. Je n’ai regardé que les moyens lourds mis en place par les armées. Mais je reste étonné qu”il n’y ait eu qu’un avion de transport lourd, et encore après un certain temps, et, dans une moindre mesure qu’il ait fallu plus d’une semaine pour qu’un de nos 3 BPC puisse bouger.

      > Pourquoi l’incompétence se présume et la compétence se prouve ?

      Je ne sais pas si c’est vrai. Mais ce que j’ai lu est que la préfete avait carrément quitté l’ile dans les jours suivants, en profitant des premiers moyens d’évacuation disponible. C’est cela que je voulais dire par “de nombreuses critiques sur la gestion de la crise par la préfecture. Je ne sais pas si c’est mérité”.
      Même si on peut comprendre le traumatisme, la place d’un capitaine dans la marine, d’un officier avec ses troupes, ou d’un préfet avec son ile, en cas de crise grave, c’est avec les personnes qu’il a en charge. Ca a suffisamment été reproché au capitaine du Concordia, par ex…

      > La plupart des préfets résistent farouchement au mouvement qui veut faire d’eux des
      > « personnalités médiatiques ».
      > Et s’ils ont des antennes politiques, en contexte de crise ils sont moins soumis aux
      > diktats de la politique qu’on ne le croit.

      Tant mieux. Je ne connais personne dans la préfectorale, et cela me rassure de savoir qu’il y a des résistances au mouvement du temps !

    • Luxy Luxe dit :

      Affréter des avions lourds, trouver des bateaux dotés d’une grue maritime, etc… Fameux boulot, chouette emploi. Le scribouillard de troisième zone que je suis est émerveillé et un poil envieux…

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [Si mes informations sont correctes, il y a eu au moins 1 cas où le conseil général avait voulut rehausser des digues, et où des riverains s’y étaient opposés (cela bouchait leur vue sur la mer), et ont eu gain de cause au tribunal administratif. Cela pose, à mon avis, une question assez intéressante. Qui est alors responsable des dégâts, et des morts ?]

      Très bonne question. Je ne connais pas assez l’affaire pour savoir si le Tribunal administratif a annulé la décision du Conseil général pour une question de forme ou de procédure – auquel cas la responsabilité reste chez le Conseil général – ou s’il a jugé sur le fond en décidant par exemple que la mesure de rehaussement était inutile, auquel cas la responsabilité devrait clairement reposer sur le juge…

      Mais le problème que vous posez est très réel : on ne peut pas dépouiller nos élus et nos institutions du pouvoir de faire des choses en les ligotant par le biais de réglementations absurdes ou d’une judiciarisation permanente des décisions, et ensuite leur demander d’assumer les responsabilités pour ce qu’ils n’ont pas fait. L’impuissance va de pair avec l’irresponsabilité.

      [Mais je reste étonné qu”il n’y ait eu qu’un avion de transport lourd, et encore après un certain temps, et, dans une moindre mesure qu’il ait fallu plus d’une semaine pour qu’un de nos 3 BPC puisse bouger.]

      Mais en quoi cela vous étonne ? On peut toujours faire décoller un avion lourd en 24h. Mais avant de le faire décoller, il est prudent de se demander avec quoi on va le charger – ce qui suppose de faire un diagnostic des besoins – et de trouver le matériel pour le charger. Et ensuite, il faut se demander où on va le faire atterrir, en tenant compte que St-Martin n’avait plus d’aéroport capable d’accueillir un tel avion. De même, un BPC n’est pas la panacée. En fait, son envoi ressemble plus à une opération de communication qu’à autre chose.

      [« Pourquoi l’incompétence se présume et la compétence se prouve ? » Je ne sais pas si c’est vrai.]

      C’est vrai puisque vous-même vous écrivez : « Par ailleurs, il y a eu de nombreuses critiques sur la gestion de la crise par la préfecture. Je ne sais pas si c’est mérité, en supposant que oui… ». Pourquoi « supposer que oui » plutôt que « supposer que non » ?

      [Mais ce que j’ai lu est que la préfete avait carrément quitté l’ile dans les jours suivants, en profitant des premiers moyens d’évacuation disponible.]

      Et bien, c’est faux. C’est une rumeur qui a couru, et que les médias ne se sont pas dépêchés à démentir. Je vous laisse deviner comment s’est sentie la préfète, après avoir vu sa préfecture s’effondrer, après avoir travaillé sans dormir pendant 48 heures, se dévouant à l’intérêt général plutôt que de s’occuper de sa famille, en apprenant que certains l’accusaient sans le moindre élément de preuve de désertion.

      Pour ceux qui ne le sauraient pas, je rappelle qu’un préfet ne peut quitter le département dont il a la charge sans l’autorisation du ministre de l’Intérieur.

    • Descartes dit :

      @ Luxy Luxe

      [Affréter des avions lourds, trouver des bateaux dotés d’une grue maritime, etc… Fameux boulot, chouette emploi. Le scribouillard de troisième zone que je suis est émerveillé et un poil envieux…]

      Je ne me plains pas… la gestion de crise, c’est un boulot passionnant et en plus on se sent vraiment utile, même si l’on sait par expérience que les gens qu’on aide ne vous montreront jamais aucune reconnaissance. Ou alors très rarement, et quelquefois sous des formes très paradoxales.

    • Vincent dit :

      On m’accuse souvent d’être trop pointilleux sur les termes utilisés, mais je dois avouer que je suis en faute. Légère, vous me l’accorderez ?

      > C’est vrai puisque vous-même vous écrivez : « Par ailleurs, il y a eu de nombreuses critiques sur la
      > gestion de la crise par la préfecture. Je ne sais pas si c’est mérité, en supposant que oui… ».
      > Pourquoi « supposer que oui » plutôt que « supposer que non » ?

      J’aurais du écrire “en faisant l’hypothèse que oui”. Ce qui ne présuppose rien.
      Cela signifiait implicitement pour moi : “en faisant l’hypothèse que ce que j’ai lu sur la désertion était vrai”. Puisque vous m’apprenez qu’en plus c’est faux, je n’ai qu’à ravaler ma fierté…

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [On m’accuse souvent d’être trop pointilleux sur les termes utilisés, mais je dois avouer que je suis en faute. Légère, vous me l’accorderez ?]

      Faute avouée, faute pardonnée… 😉

      [Puisque vous m’apprenez qu’en plus c’est faux, je n’ai qu’à ravaler ma fierté…]

      Ce n’était pas là mon but, loin de là. Ce que j’essayais de faire, c’est de réfléchir à partir de vos propres expressions. Pourquoi une personne intelligente comme vous – car si vous n’étiez pas intelligente, vous ne participeriez pas à ce blog, gnark gnark – prête oreille aux bobards de ce type ? Pourquoi acceptez vous aussi facilement de croire que la préfète a quitté son poste sans la moindre vérification, simplement parce que les médias l’ont dit, alors que le cas d’abandon de poste par un préfet est un fait rarissime dans notre histoire ?

      C’est ce décalage que je voulais analyser dans ce commentaire – et dans d’autres sur ce même papier. L’affirmation « les hauts fonctionnaires sont corrompus » ou « les hauts fonctionnaires abandonnent leur poste » apparaissent automatiquement comme crédibles et sont répétées sans analyse critique, alors qu’elles ne correspondent à aucune réalité. Et la meilleure preuve en est que dès que vous demandez des exemples, il n’y a plus personne…

  6. luc dit :

    Effectivement,c’est une entreprise de décérébration continue,générale qui est en cours..
    Macron est il susceptible selon vous de défendre l’idéal républicain français?

  7. xc dit :

    [Sait-on qu’EDF – contrairement aux fournisseurs privés d’électricité, avec lesquels elle est pourtant en concurrence depuis que nos politiques ont décidé d’ouvrir le marché – entretient une réserve de matériel toujours prêt à être utilisé ?]
    La concurrence “libre et non faussée”, je suppose ?

    EDF n’a pas de service de communication pour faire connaître le travail de ses employés suite à la catastrophe “Irma” ?

    Ne faut-il pas relativiser un peu les réactions des habitants de Saint-Martin ? Apparemment, ils n’étaient pas prêts psychologiquement à cet événement (à supposer qu’on puisse l’être), ce qui leur a fait dire n’importe quoi. Quelquefois, il vaut mieux ne pas tenter de raisonner les gens et attendre que le temps fasse son œuvre.
    Il n’empêche qu’ils donnent l’impression d’avoir improvisé, comme si, pour eux, les cyclones étaient nécessairement pour les autres îles. On peut s’interroger sur les normes appliquées en matière de construction, à supposer qu’il y en ait eu. Certains ont attendu le dernier moment pour faire leurs provisions de crise. Les mêmes, ou d’autres, ont vu trop court en la matière et se sont rapidement trouvés au bord de la mort de faim et de soif. Par contre, des “survivalistes” étaient parés, eux!

    • Descartes dit :

      @ xc

      [EDF n’a pas de service de communication pour faire connaître le travail de ses employés suite à la catastrophe “Irma” ?]

      Bien sur que si. Le service presse d’EDF diffuse une fois par jour un point de situation dans lequel il met en exergue le travail de ses employés. Et je suis sûr que si les médias leur tendaient un micro, les agents EDF se feraient un plaisir de dire ce qu’ils font. Mais encore une fois, les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent pas grand monde dans les rédactions…

      [Ne faut-il pas relativiser un peu les réactions des habitants de Saint-Martin ? Apparemment, ils n’étaient pas prêts psychologiquement à cet événement (à supposer qu’on puisse l’être), ce qui leur a fait dire n’importe quoi. Quelquefois, il vaut mieux ne pas tenter de raisonner les gens et attendre que le temps fasse son œuvre.]

      Qu’ils disent n’importe quoi, c’est leur problème. Que ce n’importe quoi passe en boucle sur les médias sans le moindre commentaire critique, c’est le notre.

      [On peut s’interroger sur les normes appliquées en matière de construction, à supposer qu’il y en ait eu.]

      Une question en effet très importante. Lors de leur changement de statut, les élus locaux de Saint-Martin ont utilisé les possibilités ouvertes par l’article 74 de la Constitution pour se faire accorder la compétence sur la réglementation de la construction. Compétence qu’ils ont utilisé pour libérer leurs électeurs de toutes ces affreuses tracasseries imposées par le Code de la construction français, en le remplaçant par un code « light » qui n’oblige à rien ou presque. Encore un bel exemple de décentralisation en action.

  8. Il faut parfois écouter les étrangers. Aux Pays-Bas (puisque l’île de Saint-Martin est partagé entre la France et ce pays), la gestion française de la catastrophe a été présentée comme exemplaire à ce que j’ai entendu… Comme quoi, les Néerlandais sont un peu plus lucides.

    • Descartes dit :

      @ nationaliste-ethniciste

      [Il faut parfois écouter les étrangers. Aux Pays-Bas (puisque l’île de Saint-Martin est partagé entre la France et ce pays), la gestion française de la catastrophe a été présentée comme exemplaire à ce que j’ai entendu… Comme quoi, les Néerlandais sont un peu plus lucides.]

      Tout à fait. Et bien plus reconnaissants de ce qu’on fait pour eux – car il faut savoir qu’une bonne partie des services publics est assurée depuis la partie française – parce qu’ils sont conscients que ce n’est pas un “du”. L’inconditionnalité de la solidarité nationale n’a pas que du bon…

    • jo2 dit :

      “Aux Pays-Bas (puisque l’île de Saint-Martin est partagé entre la France et ce pays), la gestion française de la catastrophe a été présentée comme exemplaire à ce que j’ai entendu”
      C’est très intéressant, je ne consulte pas les médias étranger, or en écoutant les médias français et en consultant les réseaux sociaux on a l’impression que c’est l’inverse que les Pays-Bas se sont biens mieux débrouillés. Comme quoi rien de mieux que les Français pour rabaisser la France et dire que rien ne fonctionne dans ce pays et surtout pas son Etat.

      C’est d’ailleurs pour cela que je trouve cette article très bien, il donne un avais complètement différend à tout ce que l’on dit sur la gestion de cet ouragan. D’ailleurs Descartes que pensez-vous de cet article de l’UPR?

      https://www.upr.fr/actualite/non-assistance-a-peuple-francais-danger-ravages-provoques-louragan-irma-aux-antilles-francaises-revelent-scandale-choix-budgetaires-de-macron

    • Bannette dit :

      @NE : merci de la précision, car les polémiques iniques qu’on a entendues ont aussi été alimentées par le fait que les autres (Hollandais, Américains) auraient beaucoup mieux géré la crise Irma que nous, toujours avec cette détestable manie qu’a la presse française de dire que tout ce que fait la France c’est de la m***de, et les autres génial.
      La situation a apparemment été bien gérée niveau US, surtout en ce qui concerne la coopération des instances fédérales et locales, il faut se souvenir ce qu’a été Katrina, c’était le minimum d’avoir pris les leçons des commissions post-Katrina. Les américains ont parfois un tropisme anti-Feds, mais la bonne gestion a montré l’importance d’avoir des services fédéraux travaillant en bonne intelligence avec les autorités locales, et pour se le permettre, il faut se les payer.
      D’autres ont loué la compétence et le dévouement des japonais lors de Fukushima, et l’absence totale de scènes de pillages, mais comme Descartes l’avait suggéré précédemment, c’est du à la spécificité de la discipline sociale nippone, inconcevable chez les descendants des 68ards.
      On a un autre cas, c’est Cuba qui en dépit de sa grande pauvreté, gère plutôt bien les conséquences de ses catastrophes naturelles, mais comme pour le Japon, et dans une culture et un contexte totalement différent, il existe une forme de contrôle social qui fait que pour ces populations, certaines choses ne se font pas, ce qui facilite grandement le travail des autorités.

      Après, il y a la question des pillages, et il semble qu’ils soient dus à des bandes de type ethnique. Que ces bandes ethniques soient des locaux ou des clandestins, leur comportement montre à quel point la ligne de ce qui ne se fait pas a été franchie. Ça et notre propre Lampedusa à nous qu’est Mayotte (merci Sarko du cadeau) nous ramène toujours à la question fondamentale de ce qu’est une Nation.
      Il est intéressant de voir que le vote FN lors des dernières élections a été bon dans certains DOM-TOM, je me souviens que la décennie passée, leurs habitants pleurnichaient sur le racisme des békés, et maintenant, ils se plaignent des mêmes conséquences de l’immigration clandestine que Trump. Que ce soient eux ou les bretons, j’avoue qu’entendre geindre ces gens là sur le jacobinisme français me fout parfois en rogne. On ne peut pas exiger un Etat moderne, efficace et compétent, et en même temps d’innombrables dérogations pour ne pas participer au pot commun ni partager la même discipline sociale au nom d’une spécificité culturelle. Tous ces gens là feraient bien de relire Renan et Bainville.

      @Descartes : le passage sur à quoi ça sert d’avoir un passeport français me choque profondément.
      Ça me rappelle une anecdote avec un énervant blédi-blédard binational franco-algérien de ma connaissance, mais ne cessant de cracher dans la soupe française et affichant orgueilleusement son algérité. Une fois en vacances à l’étranger, il a un terrible accident avec une chute quasi-mortelle dans une crevasse difficilement accessible. Et que n’a-t-il pas fait bien sûr, sortir son passeport français joker, qui a fait que les autorités françaises se sont pliées en 4 pour le rapatrier en hélico et le faire soigner, ce qui lui a sauvé la vie. M’étant souvent prise le bec avec lui, je l’ai poussé dans ses retranchements pour lui demandé pourquoi il a revendiqué sa nationalité française lors de cet accident, et pas l’algérienne ? Ils n’ont pas de consulat, pas de services diplomatiques, pas de conducteurs d’hélico ? La solidarité algérienne ça n’existe pas ? Qu’est ce qui lui permettait de préjuger que l’administration française est plus compétente que l’algérienne ? Il a admis que ses contacts avec l’administration algérienne au bled l’ont convaincu de son incompétence, alors qu’en France, c’est le genre à gueuler sur le guichetier de la Poste ou le fonctionnaire de la Mairie.
      Ce genre de personnage m’a convaincue que la binationalité est une aberration, qui fait que des gens s’excluent du devoir de participer au pot commun (qu’il soit financier comme Pagny ou symbolique par le respect du pays d’accueil comme le blédi-blédard) et utilisent leurs passeports comme des jokers pour leurs intérêts individuels.

      Personnellement, mon tropisme pro-services publics me vient de mes parents qui m’ont bien mis dans le crâne depuis que je suis toute petite qu’il existe des dizaines de pays dans le monde où une simple requête du genre demander un extrait d’état civil n’allait pas de soi, et qu’en France ils ont trouvé un pays magique où quand vous vous adressez aux autorités et remplissez les conditions requises, et bien tout se passe comme il faut.

    • Descartes dit :

      @ Bannette

      [Que ce soient eux ou les bretons, j’avoue qu’entendre geindre ces gens là sur le jacobinisme français me fout parfois en rogne. On ne peut pas exiger un Etat moderne, efficace et compétent, et en même temps d’innombrables dérogations pour ne pas participer au pot commun ni partager la même discipline sociale au nom d’une spécificité culturelle. Tous ces gens là feraient bien de relire Renan et Bainville.]

      100% d’accord. Il faut arrêter de ménager les gens et leur parler un langage de vérité : pour pouvoir bénéficier de la solidarité de la collectivité nationale, il faut être prêt à payer sa cotisation – qu’elle soit matérielle ou symbolique. Si on n’a pas envie de payer, alors on n’a rien à demander.

      [Ce genre de personnage m’a convaincue que la binationalité est une aberration, qui fait que des gens s’excluent du devoir de participer au pot commun (qu’il soit financier comme Pagny ou symbolique par le respect du pays d’accueil comme le blédi-blédard) et utilisent leurs passeports comme des jokers pour leurs intérêts individuels.]

      Là encore, 100% d’accord. Le passeport est un contrat, et un contrat marche dans les deux sens. Aujourd’hui, et on peut s’en réjouir, avoir un passeport français ne vous expose pas à l’obligation d’aller mourir dans les tranchées. Mais le minimum qu’on peut exiger, c’est que son porteur s’abstienne de débiner son pays à chaque opportunité.

      [Personnellement, mon tropisme pro-services publics me vient de mes parents qui m’ont bien mis dans le crâne depuis que je suis toute petite qu’il existe des dizaines de pays dans le monde où une simple requête du genre demander un extrait d’état civil n’allait pas de soi, et qu’en France ils ont trouvé un pays magique où quand vous vous adressez aux autorités et remplissez les conditions requises, et bien tout se passe comme il faut.]

      Je partage. J’ai vécu mon enfance dans un pays où lorsqu’on prenait le train, on ne savait pas quand on allait arriver à destination… si tant est qu’on arrivait ! Alors, quand j’entends le bon français déclarer « la SNCF c’est de la merde » parce que le TGV a dix minutes de retard… j’ai bien envie de lui casser les dents. On m’a explique qu’en fait les français ne pensent pas ce qu’ils disent. Que ce râle continuel a une fonction différente : celle d’empêcher précisément la dégradation des services publics en maintenant un haut niveau d’exigence. C’est peut-être vrai. Mais à la longue, qu’est ce que c’est fatigant…

    • Descartes dit :

      @ jo2

      [Comme quoi rien de mieux que les Français pour rabaisser la France et dire que rien ne fonctionne dans ce pays et surtout pas son Etat.]

      Ce n’est pas nouveau. La « haine de soi » est une caractéristique de la pensée française et cela depuis très longtemps. Peut-être parce que la France est un pays ouvert qui s’est toujours intéressé aux autres, et qui a tendance donc à trouver que l’herbe est toujours plus verte de l’autre côté de la barrière.

      [C’est d’ailleurs pour cela que je trouve cette article très bien, il donne un avais complètement différend à tout ce que l’on dit sur la gestion de cet ouragan. D’ailleurs Descartes que pensez-vous de cet article de l’UPR?]

      Je le trouve un peu injuste. S’il a raison de dénoncer la dégradation des moyens d’intervention de l’Etat (ici l’exemple du désarmement du BATRAL Dumont d’Urville), il a tort d’attribuer obsessionnellement la faute à Macron. Trois mois se sont écoulés à peine depuis son élection, et déjà ce pauvre Emmanuel est coupable de toutes les erreurs des trente dernières années…

      Faut être sérieux. La dégradation de nos infrastructures, de nos équipements, de nos institutions ne date pas du mois de juin. C’est un processus continu commencé au début des années 1980 et qui a été poursuivi avec plus ou moins d’enthousiasme par tous les gouvernements depuis. En attribuer la faute à Macron tout seul revient à exonérer un peu vite ses prédécesseurs…

    • Françoise dit :

      @ jo2 et pseudo D
      Veuillez excuser mon intrusion trollesque mais le Batral était prévu de désarmer depuis des années, il était prolongé jusqu’à cet été.
      le B2M le remplace bientôt grâce à Hollande, et entre temps (temps où Irma a choisi de frapper) deux frégates de surveillance ont fait le boulot sans attendre le BPC.
      Si vous voulez fustiger un prédécesseur, allez plutôt voir ce qu’a fait Sarko pour la Marine

    • xc dit :

      @Banette
      “Ce genre de personnage m’a convaincue que la binationalité est une aberration”
      Comme dit dans le billet ci-dessous: “Chaque État décide souverainement qui est son national et qui ne l’est pas.”.
      http://www.maitre-eolas.fr/post/2011/07/02/Pour-en-finir-avec-la-binationalit%C3%A9

    • Descartes dit :

      @ xc

      [Comme dit dans le billet ci-dessous: “Chaque État décide souverainement qui est son national et qui ne l’est pas.”.]

      J’apprécie souvent les billets de maitre Eolas, mais là je dois dire que je trouve celui-ci particulièrement contradictoire.

      Pour commencer, Eolas écrit : « D’entrée, posons un point essentiel : la binationalité, ça n’existe pas. Le mot est un abus de langage de pour désigner des personnes ayant deux nationalités ou plus (les cas de cumul au-delà de trois sont rares, mais théoriquement pas impossibles). »

      En deux phrases Eolas affirme une chose et son contraire. D’un côté, il décrète que « la binationalité n’existe pas ». De l’autre, que le terme « binationalité » est utilisé pour désigner une situation qui existe réellement (celle d’une personne ayant deux nationalités ou plus). Il n’y à la aucun « abus de langage », mais un mot qui correspond à une chose. Et dès lors que la chose existe…

      Ensuite, Eolas écrit : « Et vous avez désormais en main les données du problème. Quand un citoyen français a une autre nationalité, deux souverainetés se heurtent, et aucune ne peut l’emporter. L’autre Etat a tout autant que la France le droit de décider qui sont ses ressortissants, et le législateur français n’a aucun pouvoir pour limiter la transmission de cette autre nationalité. Qui n’est tout simplement pas son affaire. Pour la France, l’intéressé est Français, point. »

      Ce qui est aller un peu vite en besogne. Le législateur français n’a pas le pouvoir pour limiter la transmission de l’autre nationalité, mais il a parfaitement le pouvoir de limiter la transmission de la nationalité française aux personnes qui auraient une autre nationalité. Le législateur français ne peut pas empêcher le fils d’un Algérien de devenir lui-même algérien, mais il peut empêcher le fils d’Algérien devenu algérien de rester français.

      Je ne dis pas qu’il faille prendre cette option. Mais le problème des juristes comme maître Eolas est que souvent ils confondent le débat juridique et le débat politique.

    • Descartes dit :

      @ Françoise

      [Veuillez excuser mon intrusion trollesque mais le Batral était prévu de désarmer depuis des années, il était prolongé jusqu’à cet été.]

      Merci Wikipédia…

      [le B2M le remplace bientôt grâce à Hollande,]

      Si vous aviez lu l’article cité par jo2 avec attention, vous auriez vu que ce n’est pas le cas. En effet, les BATRAL (et non “le” Batral, il s’agit d’un type de navire et non d’un navire particulier) ont la facilité de pouvoir débarquer des moyens directement sur une plage, c’est à dire, sans recours à un port accessible. Ce n’est pas le cas des B2M. Quand on dit que les B2M “remplacent” les BATRAL, ce la veut dire simplement que le budget qui allait aux uns va aux autres, et non qu’ils peuvent assurer les mêmes fonctions.

      [et entre temps (temps où Irma a choisi de frapper) deux frégates de surveillance ont fait le boulot sans attendre le BPC.]

      De quel “boulot” vous voulez parler ? Non, les deux frégates de surveillance n’ont pas pu “faire le boulot” de débarquer des véhicules et du matériel avant que le port soit remis en état. En fait, il a fallu dérouter un signalier – c’est le bateau qui pose les bouées et la signalisation maritime – seul bateau à disposer à bord d’une grue capable éventuellement d’enlever les objets qui bloquaient le port.

      [Si vous voulez fustiger un prédécesseur, allez plutôt voir ce qu’a fait Sarko pour la Marine]

      Je n’ai aucune envie de “fustiger un prédécesseur” en particulier. Contrairement à vous, je ne fais pas de fixation sur telle ou telle personne. L’affaiblissement de nos infrastructures et de nos moyens d’intervention – que ce soit à la sécurité civile ou chez les militaires – ne sont pas le fait d’aucun gouvernement en particulier. C’est le résultat d’une politique pratiquée avec plus ou moins d’enthousiasme par les gouvernements qui se suivent depuis plus de trente ans, et qui consiste à sacrifier l’investissement de long terme pour assurer la consommation des “classes moyennes” dans le cadre contraint des traités européens. Sarkozy ou Hollande ne sont pas plus coupables que Mitterrand ou Chirac.

    • Françoise dit :

      @pseudo D
      je vois que vous avez réponse à tout, pardon d’vous l’dire mais je connais un peu mieux la Marine que vous

      le Batral Dumont d’Urville, ou BATRAL Dumont d’Urville si vous préférez, était le dernier à être en service, celui-ci ayant été prolongé jusqu’à l’arrivée du B2M.

      “Ce n’est pas le cas des B2M”
      le B2M a aussi capacité amphibie car il a une barge qui a un tirant d’eau bien plus faible que le Batral mais vous avez presque raison, ce n’est pas le sujet car le B2M des Antilles n’est pas encore prêt.

      “Non, les deux frégates de surveillance n’ont pas pu “faire le boulot” de débarquer des véhicules et du matériel avant que le port soit remis en état “
      le Ventôse et le Germinal ont pu débarquer leur fret très rapidement et d’ailleurs ils ont un hélico si jamais le port n’est pas accessible; votre grue est arrivée quelques jours plus tard!

      “Un personne si cynique, si infatué de lui-même, et qui pour se faire mousser, a le culot d’affirmer qu’on a organisé le plus grand pont aérien de l’histoire de France]

      Je ne crois même pas qu’il soit « cynique ». C’est bien pire : il croit probablement que c’est vrai. La France de Macron, c’est d’une certaine manière la fin de l’histoire, non parce que l’histoire s’arrête, mais parce qu’elle est ignorée. “
      pour le pont aérien, si vous avez un autre exemple français de cette envergure (200 en 15 jours), je suis impatiente de vous lire.

    • Descartes dit :

      @ pseudo F

      [pardon d’vous l’dire mais je connais un peu mieux la Marine que vous]

      Y a-t-il un seul sujet que vous ne connaissiez pas mieux que moi ? J’aimerais le connaître…

      [le Batral Dumont d’Urville, ou BATRAL Dumont d’Urville si vous préférez, était le dernier à être en service, celui-ci ayant été prolongé jusqu’à l’arrivée du B2M.]

      Encore une fois, « l’arrivée du B2M » est une expression dépourvue de sens. B2M désigne une catégorie de navires, et non un navire particulier. Par ailleurs, le premier B2M, le « D’Entrecasteaux », est rentré en service le 31 août 2016. Le dernier BATRAL, le « Dumont D’Urville » a été désarmé en juillet 2017. Soit un an après. Il a donc été prolongé AU DELA de l’arrivée du premier B2M…

      [le B2M a aussi capacité amphibie]

      Très réduite. Au point que l’IFRAP, dans un papier de recherche du 20 février 2017, note que « les capacités amphibies des B2M sont inférieures, non seulement à celles des BATRAL, mais aussi à celles des 4 bâtiments d’intervention et de souveraineté (BIS) qui n’ont pas été retenus à ce titre dans le cadre de la LPM 2014 – 2019 » pour conclure que « Les éléments cités supra mettent en évidence (…) l’absence de capacités amphibies de la marine nationale prépositionneés en outre-mer avec le désarmement des BATRAL et non compensées par la mise en service des B2M ». Le papier est consultable sur le site de l’IFRAP (http://www.ifrap.org/etat-et-collectivites/capacite-de-transport-amphibie-de-la-marine-nationale-renforcer). Mais un expert des questions de la Marine telle que vous le connaît sûrement…

      [« Non, les deux frégates de surveillance n’ont pas pu “faire le boulot” de débarquer des véhicules et du matériel avant que le port soit remis en état » le Ventôse et le Germinal ont pu débarquer leur fret très rapidement et d’ailleurs ils ont un hélico si jamais le port n’est pas accessible; votre grue est arrivée quelques jours plus tard!]

      Non, ma grue est arrivée quelques jours plus tôt, et c’est pourquoi à leur arrivée les deux frégates ont pu décharger à quai, et non par hélicoptère. Par ailleurs, les hélicoptères disponibles à bord de ce type de frégate sont très mal adaptés au transport de charges lourdes, et décharger des tonnes de bouteilles d’eau par ce moyen aurait été très long.

      [« Un personne si cynique, si infatué de lui-même, et qui pour se faire mousser, a le culot d’affirmer qu’on a organisé le plus grand pont aérien de l’histoire de France ». Pour le pont aérien, si vous avez un autre exemple français de cette envergure (200 en 15 jours), je suis impatiente de vous lire.]

      Dien Bien Phu me paraît un excellent exemple : ainsi, par exemple, en février 1954, il y eut en moyenne 74 missions de transport PAR JOUR (non comprises les missions aériennes de reconnaissance, d’appui et de liaison) pour un total de 68 T/jour (chiffres extraits de l’article de Philippe Gras, « Aspects du soutien aérien dans la bataille de Dien Bien Phu », in « Guerres mondiales et conflits contemporains » n° 211, PUF, 2003). Ca répond à votre question ?

    • Françoise dit :

      @pseudo D
      pinaillons donc puisque c’est votre raison d’être:

      oui je connais la Marine, je “baigne” dedans depuis presque 50 ans.

      le B2M Dumont d’Urville n’est pas encore prêt pour les Antilles, vous parlez d’un autre B2M, le d’Entrecasteaux (celui de Nouméa en 2016) donc rien à voir.

      Pour les capacités amphibie, je note que vous passez de “ce n’est pas le cas” à “très réduite”, vous progressez!
      je connais également votre think tank de référence et ce n’est pas la première fois que je remarque que leurs conclusions sont biaisées par leur couleur politique…

      Si l’on en croit le préfet de la Guadeloupe, la grue de 5 tonnes est arrivée le 11 septembre à Saint Martin (http://www.lejdd.fr/societe/ouragan-irma-la-france-avait-elle-bien-prevu-lampleur-de-la-catastrophe-3433295) alors que le Ventôse avait débarqué son fret dès le 7 septembre par hélico, puis le 10 septembre à quai ainsi que le Germinal (http://www.defense.gouv.fr/operations/operations/points-de-situation/point-de-situation-des-operations2)
      Oseriez-vous dire que l’armée française nous ment?

      Pour votre pont aérien de Diên Biên Phû:
      “Pour l’armée de l’Air, la problématique de cette bataille est de connaître son engagement véritable, ses limites d’utilisation dans le respect du contrat « Terre-Air » de novembre 1953 
      Ce fameux contrat est un point capital de l’histoire aérienne de Diên Biên Phû. Au terme de difficiles négociations, l’armée de l’Air s’est engagée à fournir les 65 t/jour si la piste reste dégagée. En retour, l’état-major de l’armée de Terre prend l’engagement de garder la piste ouverte. Or, la piste n’est plus praticable après une semaine de bataille ! Dans ces conditions, la mission était-elle réalisable ?”
      (chiffres extraits de l’article de Philippe Gras, « Aspects du soutien aérien dans la bataille de Dien Bien Phu », in « Guerres mondiales et conflits contemporains » n° 211, PUF, 2003)
      Cela répond-il à votre affirmation?

      Je préfère quand vous faites votre laïus sur les classes moyennes, ou quand vous crachez sur les egos bidules, vous êtes plus rigolo….

    • Descartes dit :

      @ pseudo F

      [pinaillons donc puisque c’est votre raison d’être:]

      Ne prenez pas votre cas pour une généralité.

      [oui je connais la Marine, je “baigne” dedans depuis presque 50 ans.]

      Si vous le dites… en mon expérience, les gens qui invoquent ce genre d’argument d’autorité ne sont pas celles qui s’y connaissent le mieux.

      [le B2M Dumont d’Urville n’est pas encore prêt pour les Antilles, vous parlez d’un autre B2M, le d’Entrecasteaux (celui de Nouméa en 2016) donc rien à voir.]

      C’est vous qui avez déclaré que le BATRAL Dumont d’Urville « avait été prolongé jusqu’à l’arrivée du B2M ». Maintenant vous me dites que le B2M devant remplacer le Dumont d’Urville n’est pas encore prêt… et pourtant le BATRAL a été désarmé quand même. Souvent femme varie…

      [Pour les capacités amphibie, je note que vous passez de “ce n’est pas le cas” à “très réduite”, vous progressez!]

      Vous ne savez pas lire : « Les éléments cités supra mettent en évidence (…) L’ABSENCE DE CAPACITES AMPHIBIES de la marine nationale prépositionneés en outre-mer avec le désarmement des BATRAL et non compensées par la mise en service des B2M ». C’est clair ? D’ailleurs, vous admettez vous-même que le B2M destiné aux Antilles n’est pas encore prêt. Alors ?

      [je connais également votre think tank de référence et ce n’est pas la première fois que je remarque que leurs conclusions sont biaisées par leur couleur politique…]

      Et bien… donnez-nous les sources de vos affirmations et nous pourrons alors voir si elles sont plus sérieuses que les miennes…

      [Si l’on en croit le préfet de la Guadeloupe, la grue de 5 tonnes est arrivée le 11 septembre à Saint Martin]

      Tout à fait. Sauf que vous confondez deux grues. Je vous parlais de la grue embarquée qui permet au baliseur d’enlever d’éventuels obstacles pour permettre de libérer les accès au port. Vous, vous parlez de la grue de 5 tonnes débarquée pour permettre le déchargement à quai.

      [Oseriez-vous dire que l’armée française nous ment?]

      Non, mais j’oserais dire que vous ne savez pas lire, et que vous ne comprenez que ce qui vous arrange…

      [Pour votre pont aérien de Diên Biên Phû: (…)]

      Je ne vois pas très bien le sens de ce paragraphe copié au hasard. Contestez-vous le fait que le pont aérien mis en place sur Dien Bien Phu a été bien plus important que celui mis en place à Saint-Martin ? Si oui, il faut expliquer où les chiffres de Philippe Gras sont fausses et alors on ne voit pas trop l’intérêt de citer son texte. Et si non, il vous faut reconnaître que Macron s’est trompé lorsqu’il fait du pont aérien de Saint-Martin « le plus important de l’histoire de France ».

      [Je préfère quand vous faites votre laïus sur les classes moyennes, ou quand vous crachez sur les egos bidules, vous êtes plus rigolo….]

      Je préfère quand vous fermez votre gueule. Vous êtes nettement plus intelligente… ou du moins vous le paraissez.

      Et comme je constate que vous n’êtes pas capable d’éviter les attaques ad hominem, je considère cet échange avec vous comme terminé.

  9. Pierrot dit :

    Encore une fois un article de belle facture, où l’on ressent la force du vécu qui s’allie avec la rigueur du raisonnement.
    Un petit hs : que pensez-vous de la prise de contrôle d’Alsthom par Siemens. Le TGV allemand, pas beau ça ? Mon dieu j’ai l’impression de vivre un cauchemar, quand cette descente aux enfers s’arrêtera-t-elle ?

    • Descartes dit :

      @ Pierrot

      [Un petit hs : que pensez-vous de la prise de contrôle d’Alsthom par Siemens.]

      J’ai donné une première réponse dans un autre commentaire. Comme je ferai certainement un papier sur la question, je n’en dirai pas plus…

    • bip dit :

      [Le TGV allemand, pas beau ça ?]

      Prenons 2 économies comparables, la France et l’Allemagne en 1975.

      En 40 ans, les capitaux allemands ont permis de maintenir et de développer une des plus belles machines industrielles du monde, de réunifier le pays et de dominer l’Europe.

      Depuis 40 ans, les capitaux français ont servi à quoi ? Financer l’installation de nouveaux habitants et une bulle immobilière.

      On récolte donc ce que l’on a semé. Un TGV allemand et une séparation des populations en France. Chapeau les artistes.

    • Descartes dit :

      @ bip

      [En 40 ans, les capitaux allemands ont permis de maintenir et de développer une des plus belles machines industrielles du monde, de réunifier le pays et de dominer l’Europe.]

      Ce qui au passage démontre que tous les discours du style « les pays européens sont trop petits pour tirer tous seuls leur épingle dans le commerce international et concurrencer les géants industriels comme la Chine ou l’Inde » sont totalement dénués de fondement. Ce n’est pas grâce à l’Europe que l’Allemagne a construit cette « machine industrielle ». C’est grâce à des politiques industrialistes purement nationales (et au fait que la BCE fait la politique de la Bundesbank).

      [Depuis 40 ans, les capitaux français ont servi à quoi ? Financer l’installation de nouveaux habitants et une bulle immobilière.]

      Pas tout à fait. Le capital français investit dans des activités qui lui procurent des taux de rendement enviables. Dans les services, dans le luxe, dans les pays à faibles couts de main d’œuvre…

      [On récolte donc ce que l’on a semé.]

      Ca dépend qui est ce « on ». Personnellement, je n’ai rien « semé » qui ressemble à ce que je récolte…

    • bip dit :

      @ Descartes

      [Ca dépend qui est ce « on ». Personnellement, je n’ai rien « semé » qui ressemble à ce que je récolte…]

      Je me doute bien. 😉

      J’aurais dû écrire “On récolte ce qui a été semé avec le plus d’ampleur” ? En gros ce qui a été semé par la plupart de nos dirigeants politiques (gérant les capitaux publics), et donc par ceux qui les ont élus, et par la plupart de nos grands, et moins grands, capitalistes.

      D’ailleurs qu’est-ce que vous pensez de ce que les Français font de leur épargne ? En gros de la pierre et de la dette publique (notamment étrangère) ?

  10. Paul dit :

    Par contre, quand Florent Pagny s’enfuit au Portugal pour ne pas payer d’impôts, personne ne trouve rien à redire…

    • Descartes dit :

      @ Paul

      [Par contre, quand Florent Pagny s’enfuit au Portugal pour ne pas payer d’impôts, personne ne trouve rien à redire…]

      Pire: après avoir été poursuivi et condamné pour fraude fiscale, il commettra une chanson, “ma liberté de penser”, essayant de se faire passer pour une victime. Et sa chanson sera un “tube”… pauvres de nous.

    • Vincent dit :

      @Descartes

      > il commettra une chanson, “ma liberté de penser”, essayant de se faire passer pour une victime.
      > Et sa chanson sera un “tube”… pauvres de nous.

      Il faut reconnaitre que, musicalement, elle est pas mal. C’est quand même l’essentiel pour une chanson !

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [Il faut reconnaitre que, musicalement, elle est pas mal. C’est quand même l’essentiel pour une chanson !]

      Personnellement, je donne une certaine importance au texte.

  11. Antoine dit :

    Bonjour à tous,

    Rien à voir, mais je signale cette interview analysant le discours de Macron à la Sorbonne :
    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2017/09/27/31001-20170927ARTFIG00265-macron-a-la-sorbonne-ou-l-art-du-contresens-historique.php

    J’ai particulièrement aimé cet extrait :

    « Au risque de passer pour un grincheux, cette extension d’Erasmus n’est ni aussi bonne ni aussi audacieuse qu’elle paraît. En réalité, dans l’auberge espagnole d’Erasmus on parle surtout et de plus en plus globish. Chaque année, l’école de commerce que je dirige envoie des centaines de jeunes étudier à Barcelone, Madrid, Turin, Francfort, Vienne ou Copenhague.

    Or dans quelle langue sont-ils enseignés? Dans quelle langue communiquent-ils avec les autres Européens? Dans un mauvais anglo-américain. Nous sommes très loin de l’esprit d’Erasme, des humanités européennes et de l’apprentissage de la variété des langues du vieux continent. L’UE est un rouleau compresseur à aplanir la diversité des cultures européennes. L’euro culture unifiée promue par Erasmus, c’est celle de Zuckerberg et de Britney Spears, pas celle de Goethe ni de Dante. »

    • Descartes dit :

      @ Antoine

      [Rien à voir, mais je signale cette interview analysant le discours de Macron à la Sorbonne : (…)]

      Très intéressant. Le ton est un peu outrancier, mais le raisonnement est rigoureux et bien exprimé.

  12. @Descartes

    “Macron est le couronnement : la construction d’une société sans histoire, qui déteste tout ce qui est « vieux » et n’a des yeux que pour ce qui est « nouveau », qui vomit les traditions et les usages au nom d’une « modernisation ».”

    N’est-ce pas le comportement normal d’une certaine bourgeoisie affairée à “se créer un monde à son image” (dixit le Manifeste communiste), à remodeler villes et territoires au nom du progrès, à dévaluer les autorités traditionnelles (le voltarisme) tout en décrétant, le pouvoir pris, qu’en matière d’ordre social et politique “il y a eu de l’Histoire mais il n’y en a plus” (Marx toujours) ?

    Certains -à droite typiquement- pourraient en outre vous reprocher de déplorer les effets dont vous chérissez les causes, ce mouvement progressiste et modernisateur étant au cœur des tendances dominantes du marxisme (« Toutes les situations qui se sont succédées dans l’histoire ne sont que des étapes transitoires dans le développement sans fin de la société humaine progressant de l’inférieur vers le supérieur. » -Friedrich Engels, Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, 1888). “Du passé faisons table rase” n’est pas tout à fait un mot d’ordre libéral…

    • Descartes dit :

      @ Johnathan R. Razorback

      [N’est-ce pas le comportement normal d’une certaine bourgeoisie affairée à “se créer un monde à son image” (dixit le Manifeste communiste), à remodeler villes et territoires au nom du progrès, à dévaluer les autorités traditionnelles (le voltarisme) tout en décrétant, le pouvoir pris, qu’en matière d’ordre social et politique “il y a eu de l’Histoire mais il n’y en a plus” (Marx toujours) ?]

      Oui et non. Que la bourgeoisie ait cherché à réécrire l’histoire à son image, c’est un fait. Ce n’est pas par hasard si notre histoire souligne chez nos « grands hommes » les vertus libérales : ardeur au travail, honnêteté, pragmatisme, tolérance… il est clair que les vertus que les contemporains reconnaissaient à Colbert ou à Richelieu n’étaient pas tout à fait les mêmes que celles que nous leur reconnaissons aujourd’hui.

      Mais si la bourgeoisie triomphante du XIXème et XXème siècles a pris la peine de réécrire l’histoire et de l’enseigner à l’école, c’est parce qu’elle reconnaissait l’importance capitale du « roman national » pour assurer la cohésion de la société. Ce qui est nouveau, avec la domination des « classes moyennes », c’est la négation de ce principe : l’histoire devient en fait la description des turpitudes humaines, et elle ne peut fournir des exemples, tout au plus des repoussoirs.

      La transformation est intéressante par le contraste. La bourgeoisie avait cherché à inscrire le capitalisme dans la continuité historique, à se montrer comme aboutissement de l’histoire. Les « classes moyennes » se conçoivent comme post-historiques : elles se permettent de juger l’histoire dans la tranquille assurance qu’il n’y aura pas d’histoire après elles pour les juger.

      [Certains -à droite typiquement- pourraient en outre vous reprocher de déplorer les effets dont vous chérissez les causes, ce mouvement progressiste et modernisateur étant au cœur des tendances dominantes du marxisme (« Toutes les situations qui se sont succédées dans l’histoire ne sont que des étapes transitoires dans le développement sans fin de la société humaine progressant de l’inférieur vers le supérieur. » -Friedrich Engels, Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, 1888). “Du passé faisons table rase” n’est pas tout à fait un mot d’ordre libéral…]

      Mais ce n’est pas tout à fait un mot d’ordre marxiste non plus. Il me semble qu’on peut faire beaucoup de reproches aux marxistes, mais certainement pas celui de se placer dans une logique de « fin de l’histoire ». Au contraire, les marxisme dans toutes ses composantes est farouchement attaché à l’idée que chaque situation est un produit historique, explicable seulement à la lumière de son passé.

  13. luc dit :

    Comme Saint-Barthélémy,le PCF subit des désastres depuis des décennies.
    Comment la direction s’y prend elle pour continuer à occuper les postes aprés toutes ces mutations,tactiques différentes,reniements etc?
    Nous sommes dboussolés,car notre doctrine le centralisme démocratique est officiellement abandonné depuis presque 30 ans!
    Le centralisme démocratique avait été notre liberté, celle de penser notre engagement abnégatif de militant, mais surtout celle d’agir, penser et transformer dans un même acte… On nous avait dit que son abandon allait être un plus de liberté, en fait les communistes ont continué de mal en pis et peu à peu ont été privés de leurs moyens d’exercer cette liberté, une formation, un lieu de débat-action et une stratégie incompréhensible, ça fait beaucoup.
    Autre réflexion,avec Pierre Laurent,nous voulons être gentils, mais à écouter les gens je me dis qu’ils en ont tellement marre qu’ils veulent quelqu’un d’efficace et le temps des « méchants » est peut-être revenu, sinon des méchants à tout le moins de ceux qui trancheront dans le vif et nous débarrasseront de ces vampires qui nous gouvernent.
    Quand nous avons fait le 22e congrès, que nous avons voulu une autre stratégie, les temps étaient différents, Ce qui est sûr c’est que ceux à qui nous avons parlé n’en sont pas à réclamer un Staline, mais ils sont excédés, il ne suffit plus d’être un beau parleur,sénateur.Les électeurs condamnent les divisions à l’intérieur de la gauche, les disputes d’ego. Tout ça n’est pas sérieux, pas à la hauteur de ce qu’ils vivent.Macron est là,et taille dans le vif!
    La réponse de la direction est un questionnaire,genre inquisiteur,qui dégoutte encore plus nombre de militants.
    Comme d’autres,Moi aussi avec le questionnaire ,je me sens flottant,presque ‘touché/coulé’!
    D’autant plus,que suivant ma conscience,j’ai voté Mélenchon et Macron,en phase avec la direction de mon parti,le PCF,même si je suis souverainiste.Les clivages Lepen/Philipot.asselineau/Dupont-Aignan étant trop manifeste pour me rassurer quant à une sortie réussie de l’Euro.J’ai préféré resté dans mon pré carré,le PCF!
    Mais ce questionnaire prend à rebroussepoils,comme le score du PCF,en juin 2017,1,2% des inscrits,le plus bas de son histoire.
    A la libération,les meilleurs militants remplissaient ces questionnaires pour accéder aux responsabilités.
    Krasuki l’a même rempli à la libération de Buchenwald,encore dans le camp,comme des dizaines de camarades .Paul Boulland en parle dans son livre’les Vies en rouge’ aux éditions de l’atelier.
    De plus en 2017,les questionnaires dits de satisfaction,sont distribués dans les voyages organisés,les stages,etc..Cependant,il me semble,que tout ça est du au fait que des dizaines de milliers sont isolés et que la direction craint qu’un déchainement de critiques coupées du réel et motivées par d’insondables frustrations ne la submerge.
    C’est aussi pour ça que l’écrasante majorité des miltants sont légitimistes.
    Par exemple,pour moi,Pierre Laurent peut rester,si enfin il change de discours par rapport à l’UE,même si celle ci est comme l’URSS un certain dépassement des nationalismes.Mais l’UE a trop de dysfonctionnements,selon moi.
    Si nous,les rares militants qui restent,nous nous dézingons entre nous,quelle sera notre estime de nous ,aprés tant et tant de revers?
    Car nous devons survivre à ce congrès,avec une nouvelle stratégie,non?
    Il nous faut garder un groupe consistant et rallier à nous un maximum de gens,en restant UNIS.

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Comme Saint-Barthélémy, le PCF subit des désastres depuis des décennies.]

      La comparaison est osée… d’autant plus qu’une partie des « désastres » que subit le PCF est auto-infligée.

      [Comment la direction s’y prend elle pour continuer à occuper les postes après toutes ces mutations, tactiques différentes, reniements etc?]

      Ma foi… elle compte sur le légitimisme des communistes. Et elle a bien raison, au vu des résultats. Depuis les débuts de la « mutation », la direction n’a pas eu à faire face une seule fois à une véritable révolte de la base. Ceux qui n’étaient pas contents sont partis, où bien ont-ils continué à militer par inertie.

      Et surtout, elle a pu compter sur la faiblesse de l’opposition interne, divisée en plusieurs chapelles à la mentalité groupusculaire, plus occupées à se proclamer les seuls « purs » et à jeter l’anathème les unes les autres que de chercher des points de convergence ou à définir un véritable projet qui ne se réduise pas à une simple nostalgie du passé ou à la défense des vaches sacrées. Je ne vais pas mentionner des noms pour ne pas faire de jaloux, mais je ne suis pas persuadé que la grande république révolutionnaire de Corée du Nord puisse constituer un exemple pour la France à ressortir dans une conférence fédérale (sic, j’étais là, je l’ai vu), ou que les prolétaires français se passionnent par le débat sur Cuba. Les rares – je pense à André Gérin – qui ont essayé d’injecter un peu de réalisme dans tout ça se font rembarrer sous l’accusation de « rouges-bruns »…

      [Nous sommes déboussolés, car notre doctrine le centralisme démocratique est officiellement abandonné depuis presque 30 ans!]

      Autant j’ai toujours défendu le CD, autant je ne peux laisser dire que c’était notre « doctrine ». Le CD est un PRINCIPE D’ORGANISATION. Il n’a d’ailleurs rien de particulièrement « communiste », et d’autres organismes – l’Eglise catholique, pour commencer – y ont adhéré plus ou moins explicitement au cours de leur histoire. La « doctrine » du PCF, si tant y est qu’il y en ait une, c’est le matérialisme dialectique et le matérialisme historique.

      [Le centralisme démocratique avait été notre liberté, celle de penser notre engagement abnégatif de militant, mais surtout celle d’agir, penser et transformer dans un même acte… On nous avait dit que son abandon allait être un plus de liberté, en fait les communistes ont continué de mal en pis et peu à peu ont été privés de leurs moyens d’exercer cette liberté, une formation, un lieu de débat-action et une stratégie incompréhensible, ça fait beaucoup.]

      « On nous a dit »… mais pourquoi diable les militants communistes ont-ils fait confiance à ce « on » si prévenant, au lieu de penser par eux-mêmes ? Pourquoi ont-ils accepté un changement qui a transféré le pouvoir aux « barons » ?

      [Autre réflexion, avec Pierre Laurent, nous voulons être gentils, mais à écouter les gens je me dis qu’ils en ont tellement marre qu’ils veulent quelqu’un d’efficace et le temps des « méchants » est peut-être revenu, sinon des méchants à tout le moins de ceux qui trancheront dans le vif et nous débarrasseront de ces vampires qui nous gouvernent.]

      Avant de nous débarrasser des vampires qui nous gouvernent, il faudrait savoir ce qu’on mettrait à la place. Parce qu’autrement, chasser les vampires pourrait in fine nous apporter d’être gouverner par des vampires encore pires. Pierre Laurent est « gentil » parce qu’il n’a pas le choix. En politique, pour se permettre d’être méchant, il faut avoir quelque chose à proposer.

      [Quand nous avons fait le 22e congrès, que nous avons voulu une autre stratégie,]

      Toutes mes félicitations, vous l’avez eu. Maintenant, faut assumer.

      [Ce qui est sûr c’est que ceux à qui nous avons parlé n’en sont pas à réclamer un Staline, mais ils sont excédés, il ne suffit plus d’être un beau parleur, sénateur. Les électeurs condamnent les divisions à l’intérieur de la gauche, les disputes d’ego. Tout ça n’est pas sérieux, pas à la hauteur de ce qu’ils vivent. Macron est là, et taille dans le vif!]

      Non, les gens ne sont pas « excédés ». Les gens ont peur. Et ce n’est pas du tout la même chose. Ils ont peur pour le sort de leurs enfants, ils ont peur de perdre leur emploi ou leur situation, ils ont peur du déclassement, et par la grâce d’une campagne permanente, ils ont peur du réchauffement climatique, peur de l’aluminium dans les vaccins, peur des compteurs Linky… en un mot, ils ont peur que l’avenir soit pire que le passé. Les « divisions à l’intérieur de la gauche », tout le monde s’en fout, en dehors d’une petite couche militante. Comme tout le monde se fout de la division gauche/droite, et les dernières élections l’ont montré amplement.

      Si l’égo-politique marche, c’est parce qu’elle joue à fond sur ces peurs. L’égo-politicien se présente comme le seul bouclier entre lui et la catastrophe. Peut-être que le PCF devrait s’essayer à l’égo-politique ?

      [La réponse de la direction est un questionnaire, genre inquisiteur, qui dégoutte encore plus nombre de militants.]

      « Genre inquisiteur » ? Bof… franchement, ce « questionnaire », cela ressemble plutôt à une tentative de faire un peu de spectacle, un peu comme les hologrammes de Mélenchon. Quand on n’a pas d’idées sur le fond, on joue sur la forme. Le congrès ne produira probablement rien de bien nouveau comme résultat, mais au moins on pourra dire qu’il était « novateur » dans sa préparation.

      Cela étant dit, la multiplication des « questionnaires » adressés par la direction du PCF aux militants est un aveu : la direction reconnaît à demi-mots que les circuits normaux de remontée des désirs de la « base » – par le biais des comités fédéraux et des membres du Comité national – ne fonctionnent pas. Du temps de Marchais, la direction n’avait pas besoin de faire des questionnaires pour savoir quelles étaient les interrogations de la « base ». Mais bien sur, en ce temps-là les membres du Comité central allaient encore aux réunions de cellule…

      [A la libération,les meilleurs militants remplissaient ces questionnaires pour accéder aux responsabilités.]

      Non. Les militants remplissaient d’autres questionnaires, bien plus précis, qui permettaient de s’assurer que l’organisation ne soit pas infiltrée par des réseaux politiques ou policiers. Vous ne pouvez pas comparer avec le questionnaire aujourd’hui proposé par la direction du PCF.

      [Si nous, les rares militants qui restent, nous nous dézingons entre nous, quelle sera notre estime de nous, aprés tant et tant de revers? Car nous devons survivre à ce congrès, avec une nouvelle stratégie, non? Il nous faut garder un groupe consistant et rallier à nous un maximum de gens, en restant UNIS.]

      Oui et non. Chercher des convergences sur une stratégie et un projet qui rassemblent le plus grand nombre possible de communistes, oui. Mais il faut aussi savoir trancher les différences. On ne peut dans une organisation politique avoir des « courants » qui défendent des stratégies ou des projets diamétralement opposés. A un certain moment, il faut bien que certains se soumettent à la décision majoritaire, ou bien partent pour défendre leurs positions en dehors de l’organisation.

      Il faut un équilibre entre la vision « groupusculaire » ou l’on se sépare au moindre désaccord, et cette idée qu’il faut rester « unis » à tout prix, y compris celui de l’incohérence.

  14. xc dit :

    @Descartes
    Ma question va être du type “Ne faudrait-il pas réinventer l’eau chaude?”, mais je vous la pose, car elle “me travaille” et, contrairement à moi, vous me semblez avoir des compétences en matière de gestion des catastrophes.
    Que ce soit par légèreté de leur part, ou parce que c’est, de toute façon, hors de leurs moyens, il ne faut pas compter sur les individus pour prendre toutes dispositions pour se mettre à l’abri des conséquences d’un cyclone.
    Si j’en juge par vos explications, les premiers secours sont arrivés sur place rapidement, mais pas immédiatement.
    Serait-il absurde, inutile, hors de prix… que L’État stocke sur place, à l’abri des intempéries et des vols, ce qui permettrait de parer aux premiers besoins: nourriture, eau, médicaments…?
    Au moins quelques uns des groupes électrogènes dont vous parlez plus bas, ne pourraient-ils être prépositionnés en permanence en un lieu sûr ?
    Bien évidemment, cela entraînerait des gaspillages, mais ils seraient clairement assumés. Comme le disait un slogan publicitaire: “L’assurance n’est chère qu’avant l’accident.”.

    • Descartes dit :

      @ xc

      [Que ce soit par légèreté de leur part, ou parce que c’est, de toute façon, hors de leurs moyens, il ne faut pas compter sur les individus pour prendre toutes dispositions pour se mettre à l’abri des conséquences d’un cyclone.]

      C’est une question de culture. Il y a des pays ou des régions ou les gens sont habitués à gérer eux mêmes certains types d’accidents ou de catastrophes. C’est en particulier le cas dans les pays ou les régions ou l’Etat est peu présent. Personnellement, je me demande si en France on n’a pas tendance ces dernières années à trop « materner » les citoyens, mais la question n’est pas simple. Bien évidement, lorsqu’une catastrophe dépasse une certaine dimension, seul l’Etat a les moyens d’y faire face.

      [Si j’en juge par vos explications, les premiers secours sont arrivés sur place rapidement, mais pas immédiatement.]

      Non. Les « premiers secours » étaient sur place. L’hôpital de Saint-Martin a pu fonctionner pendant le cyclone, et personne à ma connaissance n’y est mort faute de soins.

      [Serait-il absurde, inutile, hors de prix… que L’État stocke sur place, à l’abri des intempéries et des vols, ce qui permettrait de parer aux premiers besoins: nourriture, eau, médicaments…?
      Au moins quelques uns des groupes électrogènes dont vous parlez plus bas, ne pourraient-ils être prépositionnés en permanence en un lieu sûr ?]

      Mais comment trouver un « lieu sûr » ? C’est là toute la question. Si vous concentrez des moyens importants dans les zones de danger, vous prenez le risque de voir ces moyens détruits par la catastrophe. N’est ce pas plus sage de les stocker dans une zone « sûre » et d’investir plutôt dans des moyens de transport performants plutôt que dans la sécurité de stockages qui sera toujours aléatoire ?

      La question s’est posée après l’accident de Fukushima. La doctrine en matière de sécurité nucléaire était de faire de chaque centrale autosuffisante, en la dotant de tous les équipements nécessaires pour faire face à un accident. Or, à Fukushima le tsunami a rendu inutilisables une bonne partie des équipements. Aujourd’hui, la doctrine a changé – et j’en suis très fier, parce que j’étais l’un de ceux qui proposait ce changement. On ne « bunkerise » plus les centrales, au contraire, on préfère stocker les équipements nécessaires à la gestion de crise dans des lieux éloignés des centrales, en les dotant de moyens de transport adaptés. Ainsi, pour se retrouver dans la situation de Fukushima, il faudrait que le tsunami affecte simultanément la centrale et le lieu de stockage, distant de plusieurs dizaines – voire centaines – de kilomètres. C’est en conséquence qu’on a créé en France la « Force d’action rapide nucléaire » (FARN) qui stocke en lieu sur des pompes, des groupes électrogènes, etc. Les centrales ont été modifiées pour permettre une connexion rapide de ces équipements « volants ».

  15. C. dit :

    Bonjour Descartes,
    Merci pour cet excellent article auquel je souscris pleinement.

    Je vais moi aussi partir dans le hors sujet. Que pensez-vous de la situation en Catalogne? J’ai du mal à me faire une idée sur les “origines et les fondements” du mouvement indépendantiste catalan que je ne connais que très mal. J’ai donc peur de passer à côté du sujet en l’abordant par le prisme français. Est-ce que vous ou l’un de vos lecteurs seriez un peu plus au courant de l’historique de la chose?

    Au delà du bien fondé des sentiments indépendantistes, j’ai été étonné des nombreuses voix qui soutiennent que le gouvernement espagnol a eu tout faux, qu’il aurait dû laisser le referendum puisque le non allait gagner. Et que la répression qu’il a mise en œuvre passe pour un déni de démocratie.
    Je trouve ça absurde de plusieurs point de vue. Tout d’abord, un gouvernement qui ne fait pas appliquer sa propre Constitution commet une faute irréparable, quels que soient les avantages à le faire. Ensuite, même en supposant que le non l’aurait emporté (toujours se méfier des sondages…), ça aurait légitimé le principe même du referendum d’indépendance. Et qui sait de quel côté penchera la balance dans 20 ans?

    • Descartes dit :

      @ C.

      [Je vais moi aussi partir dans le hors sujet. Que pensez-vous de la situation en Catalogne?]

      Je vais essayer d’en faire un papier… mon dieu, quand je pense tous les sujets passionnants que j’aimerais traiter et le retard que j’ai pris… 😉

      [J’ai du mal à me faire une idée sur les “origines et les fondements” du mouvement indépendantiste catalan que je ne connais que très mal. J’ai donc peur de passer à côté du sujet en l’abordant par le prisme français.]

      En fait, c’est très simple à comprendre. La Catalogne est la région la plus riche d’Espagne. Et elle n’a plus envie de payer pour les régions pauvres. L’indépendantisme catalan est une manifestation de ce qu’on pourrait appeler « l’indépendantisme des riches », qu’on retrouve avec la Flandre en Belgique ou l’Ecosse au Royaume-Uni. Et qui devrait devenir de plus en plus fréquent, au fur et à mesure que la mondialisation et la Pax Europaea limitent les avantages que les régions riches tirent de l’appartenance à un ensemble plus grand.

      En France, cet « indépendantisme des riches » se manifeste beaucoup moins parce que les régions les plus riches, celles qui contribuent au pot commun – l’Ile de France et Rhône-Alpes – sont des régions centrales, et que le brassage des populations voulu par la République jacobine les a privé de toute véritable identité régionale. Les régions périphériques – Bretagne, Corse, Pays Basque – ont une identité régionale plus forte, mais profitent trop des transferts des régions riches pour que l’indépendance soit intéressante. C’est d’ailleurs pourquoi les mouvements « indépendantistes » deviennent en fait « autonomistes »…

      [Au delà du bien fondé des sentiments indépendantistes, j’ai été étonné des nombreuses voix qui soutiennent que le gouvernement espagnol a eu tout faux, qu’il aurait dû laisser le referendum puisque le non allait gagner.]

      Des « Y’a qu’a faut qu’on », ça ne manque jamais. Mais il faut revenir aux fondamentaux. D’abord, l’Espagne a une Constitution et des lois. Et le gouvernement de Madrid ne peut pas s’asseoir sur elles pour une simple question d’expédience politique. Ensuite, il y a une question politique : qui assure que le « non » l’aurait emporté ? Et que fait-on si le « oui » l’emporte, alors que le gouvernement en permettant le vote lui accorde par avance une légitimité ?

      [Et que la répression qu’il a mise en œuvre passe pour un déni de démocratie.]

      La démocratie, ce n’est pas la possibilité pour chacun d’organiser un vote quand ça lui chante. La démocratie, c’est d’abord le respect des procédures prévues par la loi. Et si la loi prévoit que les régions ne peuvent pas organiser des référendums, et bien, le fait d’appliquer cette loi en s’opposant à l’organisation d’un tel référendum n’est pas un « déni de démocratie » mais la démocratie en action.

      Imaginez demain si un maire décidait d’organiser un référendum sur l’expulsion des étrangers de sa ville. S’opposer – y compris par la force – à l’organisation d’un tel vote serait-il un « déni de démocratie » ? Et bien le vote catalan ressemble drôlement à ça…

    • Antoine dit :

      @Descartes

      > L’indépendantisme catalan est une manifestation de ce qu’on pourrait appeler « l’indépendantisme des riches », qu’on retrouve avec la Flandre en Belgique ou l’Ecosse au Royaume-Uni.

      Concernant l’Ecosse, notons tout de même qu’elle bénéficie d’une rente gazière et pétrolière. Rente dont les sources vont s’épuiser d’ici 20 ans… Il n’est pas dit que l’Ecosse gagne beaucoup à son indépendance, sauf si elle choisit un modèle économique basé sur le parasitage fiscal comme l’Irlande.

      Mais ces paramètres ne sont peut-être pas à l’esprit des partisans de l’indépendance.

    • cdg dit :

      Je pense pas qu on puisse plaquer une vue francaise sur la situation espagnole. Je connais pas bien l espagne et la catalogne, mais c est sur qu il y a une culture catalane. Par exemple, j ai ete surpris de voir que les jeunes s expriment pas en espagnol mais en catalan (en france qui s exprime encore en provencal spontanement ?)
      Apres c est pas parce que le pays a plusieurs langue qu il doit forcement exploser (cf la suisse) ou qu une langue unique est suffisante (faites le test avec des suisses romands, les belges voire les quebecois). Mais reduire les volontes independantiste catalane a une question de gros sous est faux.

      Pour le cas du referendum, c est a mon avis une enorme erreur de l avoir interdit violemment, ca va juste radicaliser les gens et l etat espagnol a le mauvais role.
      Quant au respect de la constitution, c est assez hypocrite. Je pense qu aucune constitution ne prevoit la dissolution de l etat qu elle regit. Pourtant il arrive que ca soit la meilleure solution si les 2 parties n arrivent pas a s entendre (cf tchecoslovaquie). Car l autre solution, c est soit la guerre civile (yougoslavie) soit le conflit larvé et la paralysie (belgique).

      Les constitutions sont des regles faites par des hommes, elles peuvent donc etre adaptees. De Gaulle est arrive au pouvoir en 58 par une voie pas tres constitutionnelle (le fils de communiste qui tient ce blog ne devrait qu abonder 😉 )
      Quant a la constitution americaine, je suis sur que les peres fondateurs seraient tres surpris qu on se sert de leur texte pour decider des droits des transexuels (apres avoir donne le droit de vote aux femmes ou aux noirs, ce qui n etait surement pas venu a l idee des redacteurs du texte)

    • Descartes dit :

      @ Antoine

      [Concernant l’Ecosse, notons tout de même qu’elle bénéficie d’une rente gazière et pétrolière. Rente dont les sources vont s’épuiser d’ici 20 ans…]

      C’est probablement pour cette raison qu’après avoir pesé le pour et le contre les écossais ont finalement dit “non” à l’indépendance…

    • @ Descartes,

      “La Catalogne est la région la plus riche d’Espagne. Et elle n’a plus envie de payer pour les régions pauvres.”
      Et d’un autre côté, la Catalogne a une dette abyssale. Elle a d’ailleurs dû, il y a quelques années, se tourner vers l’Etat espagnol, jugé plus fiable, pour garantir son financement… J’entendais sur France Info un spécialiste de la péninsule ibérique qui faisait remarquer que certes, la Catalogne était la région la plus riche d’Espagne, mais que cette richesse provenait pour une bonne part de son intégration à l’économie espagnole. Il semblait douter de la viabilité économique d’une Catalogne indépendante, mais de fait sortie de l’UE et de l’euro…

      Il faut reconnaître que les Catalans ont bien manœuvré: les images des policiers chargeant ont horrifié tous les bobos occidentaux. Ils ont de la chance, ils sont devenus des victimes. En revanche, ils n’ont aucune culture historique: la liberté d’une nation, cela se conquiert les armes à la main. Je ne suis pas favorable à un Kurdistan indépendant, mais il faut reconnaître que les Kurdes luttent parfois depuis des décennies pour avoir un Etat. Je ne suis pas de leur côté, mais leur combat a “de la gueule”. L’indépendantisme catalan, c’est du nationalisme de petits bobos pusillanimes: “oh, les méchants policiers qui nous empêchent de faire notre gentil référendum illégal…” Le pacifisme niais s’apparente à de la lâcheté. Les Catalans attendent au fond que des voix s’élèvent (à Bruxelles?) pour sommer l’Espagne de leur donner leur liberté, comme on cède un jouet à un enfant capricieux.

    • Descartes dit :

      @cdg

      Je pense pas qu’on puisse plaquer une vue française sur la situation espagnole. Je connais pas bien l’Espagne et la catalogne, mais c est sur qu’il y a une culture catalane. Par exemple, j ai ete surpris de voir que les jeunes s expriment pas en espagnol mais en catalan (en France qui s’exprime encore en provençal spontanément ?) (…) Mais réduire les volontés indépendantistes catalanes a une question de gros sous est faux.]

      Mais justement, votre commentaire apporte de l’eau à mon moulin. Vous avez pu vous-même constater que la Catalogne a une pleine autonomie culturelle au sein de l’Espagne. Les Catalans peuvent utiliser la langue locale non seulement dans la rue, mais aussi dans les services publics, dans les écoles et les universités, dans le gouvernement et même dans les tribunaux. La Catalogne a déjà une large autonomie culturelle, politique, juridique. Qu’est ce que l’indépendance lui apportera de plus, à part le contrôle sur « les questions de gros sous » ?

      Allez discuter dans les cafés de Barcelone. Quel est la justification qu’on vous sort en permanence pour l’indépendance ? « La Catalogne est exploitée », « c’est nous qui payons pour les autres (surtout pour les Andalous) », « la Catalogne paye pour les paresseux »… et encore, je vous épargne d’autres expressions plus crues et de ce fait impubliables…

      [Pour le cas du referendum, c’est a mon avis une énorme erreur de l avoir interdit violemment, ca va juste radicaliser les gens et l’Etat espagnol a le mauvais rôle.]

      Je ne sais pas. Avant de décider si c’est une erreur, j’aimerais entendre les alternatives. A votre avis, qu’aurait du faire le gouvernement espagnol ?

      [Quant au respect de la constitution, c’est assez hypocrite. Je pense qu’aucune constitution ne prévoit la dissolution de l’etat qu’elle régit.]

      Et bien, vous avez tort. Les constitutions prévoient une certaine organisation de l’Etat. Et pour changer l’organisation de l’Etat, il suffit de changer la Constitution. Chez nous, la Nouvelle Calédonie aura en pleine légalité son référendum d’indépendance, pour ne donner qu’un exemple. L’Ecosse a eu le sien en pleine légalité et sans porter atteinte à l’ordre constitutionnel britannique.

      Bien sur, faire les choses légalement implique qu’il ne peut y avoir de décision unilatérale. On ne peut changer la Constitution ou amputer le territoire sans que l’ensemble de la nation – et non seulement une petite partie – soit consultée. Justement, pour éviter que les intérêts d’une partie prévalent sur les intérêts du tout.

      [Pourtant il arrive que ca soit la meilleure solution si les 2 parties n arrivent pas a s entendre (cf tchecoslovaquie).]

      L’exemple est mal choisi, puisque dans ce cas les deux parties se sont « entendues » sur le processus de séparation.

      [Car l’autre solution, c’est soit la guerre civile (yougoslavie) soit le conflit larvé et la paralysie (belgique).]

      Beh oui. C’est toujours mieux que la liberté donnée à une communauté d’imposer sa volonté aux autres.

      [Les constitutions sont des regles faites par des hommes, elles peuvent donc être adaptées.]

      Et bien, les Catalans n’ont qu’à introduire une proposition de modification de la Constitution espagnole, et convaincre leurs concitoyens que c’est la meilleure solution. En attendant, la tentative de sécession unilatérale reste illégale.

      [De Gaulle est arrive au pouvoir en 58 par une voie pas tres constitutionnelle (le fils de communiste qui tient ce blog ne devrait qu abonder 😉 )]

      A supposer que ce soit le cas (ce qui n’est pas tout à fait vrai, mais passons) la première chose qu’il fait c’est de proposer une nouvelle constitution à l’ensemble du peuple français, et non à une partie. Qu’auriez-vous pensé s’il avait fait voter la Constitution par les habitants de l’Ile de France, arguant que puisque c’est la région la plus riche, elle devrait pouvoir imposer sa volonté aux autres ?

      [Quant a la constitution américaine, je suis sur que les pères fondateurs seraient très surpris qu on se sert de leur texte pour décider des droits des transsexuels (après avoir donne le droit de vote aux femmes ou aux noirs, ce qui n’était surement pas venu a l idée des rédacteurs du texte)]

      Mais les fondateurs de la constitution américaine avaient bien décidé d’instituer une Cour Suprême en lui donnant le pouvoir d’interpréter la Constitution pour prendre en charge les « trous » qu’ils auraient oublié de remplir. De ce point de vue, la Constitution américaine est une Constitution « auto-évolutive »…

      Cela étant dit, l’Espagne a une Constitution, et on peut difficilement reprocher à son gouvernement de chercher à la faire appliquer.

    • Descartes dit :

      @ nationaliste-ethniciste

      [Et d’un autre côté, la Catalogne a une dette abyssale. Elle a d’ailleurs dû, il y a quelques années, se tourner vers l’Etat espagnol, jugé plus fiable, pour garantir son financement…]

      Mais bien sur. A quoi cela sert d’être riche, si ce n’est pas à pouvoir emprunter ? « On ne prête qu’aux riches, et on a tort, ils ne remboursent jamais ». Oui, la Catalogne est très endettée. C’est aussi la région d’Espagne qui, avec Madrid, possède la plus puissante « classe moyenne »…

      [J’entendais sur France Info un spécialiste de la péninsule ibérique qui faisait remarquer que certes, la Catalogne était la région la plus riche d’Espagne, mais que cette richesse provenait pour une bonne part de son intégration à l’économie espagnole. Il semblait douter de la viabilité économique d’une Catalogne indépendante, mais de fait sortie de l’UE et de l’euro…]

      Les indépendantistes catalans sont persuadés que leur « indépendance » ne coupera pas les liens économiques avec le reste de l’Espagne et qu’ils pourront rester – ou re-entrer en fait – dans l’UE. Et il faut dire que la Commission, qui rêve toujours de la dissolution des états-nations et d’une « Europe des régions » ne fait rien pour les décourager.

      Les indépendantistes catalans sont victimes de la même illusion que les mélenchonistes de chez nous : ils croient qu’on peut « désobéir » sans que cela se traduise par une réaction de l’autre côté. Que le monde et l’humanité ont trop besoin de la Catalogne pour la sanctionner. On verra ce que ça donnera.

      [En revanche, ils n’ont aucune culture historique: la liberté d’une nation, cela se conquiert les armes à la main.]

      Pas nécessairement. Pensez par exemple à la division de la Tchécoslovaquie, acquise dans un divorce pour convenance mutuelle.

      [Je ne suis pas favorable à un Kurdistan indépendant, mais il faut reconnaître que les Kurdes luttent parfois depuis des décennies pour avoir un Etat. Je ne suis pas de leur côté, mais leur combat a “de la gueule”.]

      Mais les Kurdes, c’est de l’indépendantisme du pauvre. Le mécanisme n’est à mon avis pas du tout le même. La volonté d’indépendance des Kurdes ne vient pas d’un refus de payer pour les autres, plus pauvres qu’eux. Elle vient de l’expérience de constructions nationales qui n’ont jamais réussi à effacer les barrières ethniques, et où les Kurdes sont des citoyens de seconde zone.

      En fait, on voit en retrospective combien la construction d’une véritable « nation » moderne passe par deux piliers fondamentaux : l’égalité des droits et le brassage des populations. Quand on ne veut pas – ou qu’on ne peut pas – satisfaire à ces conditions, on a des problèmes.

      [L’indépendantisme catalan, c’est du nationalisme de petits bobos pusillanimes: “oh, les méchants policiers qui nous empêchent de faire notre gentil référendum illégal…” Le pacifisme niais s’apparente à de la lâcheté.]

      Ne croyez pas ça. La société espagnole est au contraire une société qui contient une terrible violence refoulée, qui peut exploser à n’importe quel moment. On a du mal à imaginer en France, en Grande-Bretagne, en Italie une guerre civile prenant les proportions de celle de 1936-39 – trois ans de guerre, vous imaginez ça en France ? Les indépendantistes catalans ont décidé d’utiliser l’arme de la communication, et comme vous le soulignez, ont très bien compris l’intérêt de se poser en victimes. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de violence. Pourquoi croyez-vous que les anti-indépendantistes gardent un silence prudent ?

    • Bannette dit :

      @Descartes, tu dis : “En fait, on voit en retrospective combien la construction d’une véritable « nation » moderne passe par deux piliers fondamentaux : l’égalité des droits et le brassage des populations. Quand on ne veut pas – ou qu’on ne peut pas – satisfaire à ces conditions, on a des problèmes.”

      Quand je suis allée en Thaïlande, j’ai appris avec la plus grande surprise que cela s’y vérifiait. Dans le cadre d’une visite touristique dans la vieille ville qui a été fondée par des chinois, la guide nous a expliqué qu’il s’agissait d’immigrants chinois qui travaillaient dans les mines dans des conditions effroyables et qui s’étaient violemment rebellés. L’ancien roi de Siam, pour sortir de la crise, les a autorisés à s’installer définitivement en exigeant de leur part l’allégeance et de se fondre dans la population, notamment en se mariant avec des thaïlandaises. Ce qu’elle me racontait avait presque un parfum de décret Crémieux, dans un contexte et une culture totalement différente. C’est en imposant fermement l’assimilation que ce roi est sorti d’une crise politique.
      La guide elle-même avait un aïeul chinois (je me disait bien qu’elle faisait plus chinoise que thaï) mais elle ne parlait pas le mandarin, elle a du l’apprendre lorsqu’elle a été embauchée par la compagnie de tourisme ; de toute façon, son aïeul parlait un dialecte local loin du mandarin post-Deng Xioaping, dialecte qui n’a pas été transmis dans la famille.
      Quand on a visité les temples bouddhistes, elle nous expliquait les différences de la pratique du bouddhisme en Thaïlande et les autres pays d’Asie. Tout ça pour dire qu’un pot commun (comme bouddha + yeux bridés pour aller vite) ne fait pas forcément un peuple ni une coexistence a priori pacifique (le socle chrétien, i.e. l’explication souvent avancée par les identitaires pour expliquer pourquoi les précédentes immigrations en France ont été réussies), s’il n’y a pas comme tu le rappelles un brassage (illustré dans ce cas par le mariage entre chinois et thaïlandaises, et non l’importation de cousins du bled comme on l’a fait en France depuis Mitterrand), et une politique d’assimilation énergique (les droits des chinois reconnus, notamment leur travail, accordés contre un engagement de loyauté envers l’autorité royale).
      Comme quoi, les recettes qui ont marché chez nous se vérifient à l’autre bout du monde !

      “La société espagnole est au contraire une société qui contient une terrible violence refoulée, qui peut exploser à n’importe quel moment.”

      Oulà tu me fais peur. J’ai déploré l’égoïsme des catalans d’autant plus que faire ce genre de revendications quelques semaines après les attentats de Barcelone, c’est vraiment bas. L’Etat espagnol me semble être vraiment compétent dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Si leur orgueil leur fait croire que sans la solidarité nationale, ils pourront efficacement combattre la menace terroriste islamique, visant particulièrement les espagnols du fait du mythe Al-Andalous, ils se plantent gravement.
      Vraiment cet activisme des caméras avec des pleurnicheurs qui provoquent les autorités légitimes pour se faire passer pour des victimes d’une dictature (on l’a vu avec les manif anti-Trump post-élection, qui peuvent être très violentes, ou chez nous les zadistes) est une plaie dans notre société et brouillent toutes les cartes.

    • @ Descartes,

      “Pensez par exemple à la division de la Tchécoslovaquie, acquise dans un divorce pour convenance mutuelle.”
      Je pense que c’est assez différent. La Tchécoslovaquie est née de l’ “association” de deux nations distinctes, la nation tchèque (partie intégrante du Saint Empire depuis le Moyen Âge, région riche formant le vieux royaume de Bohême sous influence allemande) et la nation slovaque (région périphérique et agricole du royaume de Hongrie). Et cette association datait de 1919 seulement. Là, on parle de la Catalogne qui fait partie de l’Espagne unifiée depuis le XV° siècle… Mais je vous accorde qu’en Yougoslavie, pays de l’âge de la Tchécoslovaquie, ça s’est très mal passé.

      “l’égalité des droits et le brassage des populations”
      Et pourtant, la Catalogne accueille une importante population originaire des autres régions d’Espagne. Je me souviens d’une discussion avec un Catalan originaire d’Andalousie… Et qui était indépendantiste! Pour une raison que je ne m’explique pas, la Généralité a réussi à “catalaniser” beaucoup de ses citoyens venus d’autres régions espagnoles. Je pense qu’après le centralisme franquiste, l’Espagne est passé trop vite à un système régionalisé accordant beaucoup d’autonomie aux régions. En tout cas, la preuve est faite qu’accorder l’autonomie ne désarme pas les indépendantistes. A méditer.

      “La société espagnole est au contraire une société qui contient une terrible violence refoulée, qui peut exploser à n’importe quel moment. On a du mal à imaginer en France, en Grande-Bretagne, en Italie une guerre civile prenant les proportions de celle de 1936-39 – trois ans de guerre, vous imaginez ça en France ?”
      Les guerres de religion ont duré quarante ans… Plus proche de nous, la Commune, certes brève, a été très meurtrière. Je pense que la société espagnole a changé, plus que vous ne le pensez: la tradition catholique est à l’agonie (le mariage homo y est passé plus facilement que chez nous), la grandeur nationale jetée aux oubliettes plus encore que chez nous (on parle d’un pays qui a conquis la moitié de l’Amérique, qui a imposé sa langue et sa culture à un immense espace, du rio grande à la Terre de feu). Les Espagnols, plus encore que les Français, se sont repliés sur leurs petites régions, leurs petites “communautés autonomes”, leurs dialectes locaux. Où est l’orgueil des tercios? Où est passée l’ “ardente Espagne” pour reprendre un article d’encyclopédie que je lisais émerveillé petit? L’Espagne est une nation mourante… Quant à la violence, je note que depuis les années 2000, les islamistes ont frappé plusieurs fois l’Espagne et les mosquées n’ont pas brûlé, les Maures n’ont pas été jetés dans les rivières. L’Espagne n’est plus ce qu’elle était. Elle n’est qu’un exemple de la déliquescence de certaines nations occidentales.

      Cela m’attriste, mais je dois dire que les Catalans sont pénibles. Je souhaiterais presque qu’ils soient indépendants… mais je me rappelle que le Roussillon fait partie de la Catalogne historique. Il faut se garder d’ouvrir la boîte de Pandore.

    • Descartes dit :

      @ Bannette

      [Comme quoi, les recettes qui ont marché chez nous se vérifient à l’autre bout du monde !]

      Oui, parce que ces « recettes » sont pragmatiques. Elles sont construites à partie d’une analyse du monde tel qu’il est, et non tel qu’on voudrait qu’il soit. Il faut relire Hobbes : si les hommes constituent des collectivités politiques, c’est d’abord parce qu’ils ont intérêt à faire cesser la guerre de tous contre tous. Et ces collectivités ne fonctionnent que si leurs membres savent pouvoir compter sur la solidarité inconditionnelle et impersonnelle des autres membres du groupe. Dès lors que se forment dans la société des groupes qui utilisent la langue, la religion, la couleur de la peau pour se séparer du reste en refusant ces liens de solidarité, il y a danger. Et cela est vrai ici et en Chine.

      [« La société espagnole est au contraire une société qui contient une terrible violence refoulée, qui peut exploser à n’importe quel moment. » Oulà tu me fais peur.]

      C’est le but. Tout le monde regarde le mouvement catalan comme une révolution pacifique, mais on a tort. Ce mouvement porte en lui une énorme violence. Une violence qui pour le moment reste symbolique, mais n’est pas pour autant moins réelle. La meilleure preuve, c’est qu’alors que les études font penser que les anti-indépendantistes représentent la moitié de la population, ils n’osent exprimer leurs opinions en public. Pas de manifestations, pas de déclarations, pas même de figures qui s’expriment. Pourquoi, à votre avis ?

      La réponse m’a été donnée par un ami qui habite à Barcelone. Les gens ont PEUR. Peur d’être mis au ban de la collectivité, peur des réprésailles, peur de ce qui pourrait arriver à ceux qui se seront opposés à l’indépendance au cas où celle-ci devrait advenir. La manière dont les élus anti-indépendance sont traités au parlement catalan donne une idée de ce que pourrait être une Catalogne indépendante. Parce que tout le monde est parfaitement conscient de la charge de violence potentiellement explosive qui est derrière ce mouvement.

      [L’Etat espagnol me semble être vraiment compétent dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.]

      L’Etat espagnol est un état faible. Et cela ne date pas d’aujourd’hui, c’est une constante de l’histoire espagnole. Alors que la France ou l’Angleterre sortaient de l’époque féodale avec la mise en place de monarchies « nationales » centralisatrices dont la légitimité s’est construite sur leur capacité à défendre les manants contre les excès d’une noblesse rapace, l’Espagne restera une monarchie faible dominée par les « grands » et par des rois faibles, fous ou étrangers. La monarchie ne fait donc aucun effort d’uniformisation, de centralisation, d’unification. Et pour empirer les choses, la « rente » que constitue l’or des Amériques n’encourage pas les élites à se tourner vers l’industrie, et la domination de l’église catholique empêche l’arrivée des idées nouvelles et de l’éthique du capitalisme.

    • Descartes dit :

      @ nationaliste-ethniciste

      [Là, on parle de la Catalogne qui fait partie de l’Espagne unifiée depuis le XV° siècle…]

      « Unifiée »… ma non troppo. Il faut en fait attendre les « decretos de la nueva planta » au début du XVIIIème siècle pour voir abolir les « fors », qui permettaient à la principauté de Catalogne d’avoir son propre système législatif et judiciaire, et pour voir imposer la langue espagnole comme langue administrative, deux siècles après la France…

      [« l’égalité des droits et le brassage des populations » Et pourtant, la Catalogne accueille une importante population originaire des autres régions d’Espagne. Je me souviens d’une discussion avec un Catalan originaire d’Andalousie… Et qui était indépendantiste!]

      Et bien, moi j’ai connu pas mal d’andalous vivant en Catalogne, et qui se plaignaient au contraire d’être traités comme des sous-hommes, exploités et méprisés par les Catalans « de souche ». Mais vous soulevez un point important : le gouvernement catalan a mis en œuvre une véritable politique d’assimilation, avec une pression sociale qu’on n’oserait pas mettre en œuvre en France en particulier pour ce qui concerne la langue. « L’immigré » qui voudrait vivre en Catalogne sans apprendre le catalan et sans adhérer aux codes culturels de la société d’accueil est sanctionné… on se prend à rêver !

      [Je pense qu’après le centralisme franquiste, l’Espagne est passé trop vite à un système régionalisé accordant beaucoup d’autonomie aux régions. En tout cas, la preuve est faite qu’accorder l’autonomie ne désarme pas les indépendantistes. A méditer.]

      Je pense qu’il y a deux choses à voir. D’abord, le « centralisme franquiste » n’était qu’une pause dans un pays ou le « centralisme » n’a jamais vraiment fonctionné. On pourrait dire qu’après une parenthèse « centraliste », on revient aux fondamentaux. Ensuite, la question de l’autonomie ne se pose pas dans les mêmes termes lorsqu’il s’agit d’une région pauvre et une région riche. Dans une région pauvre – la Corse, au hasard – les barons locaux ont intérêt à demander la plus large autonomie tout en gardant les subventions. Ce n’est pas le cas de la Catalogne, qui est contributeur net.

      [« La société espagnole est au contraire une société qui contient une terrible violence refoulée, qui peut exploser à n’importe quel moment. On a du mal à imaginer en France, en Grande-Bretagne, en Italie une guerre civile prenant les proportions de celle de 1936-39 – trois ans de guerre, vous imaginez ça en France ? » Les guerres de religion ont duré quarante ans…]

      Oui, mais le monde a changé depuis.

      [Plus proche de nous, la Commune, certes brève, a été très meurtrière.]

      Certes, mais d’une part elle n’a duré que quelques semaines, et d’autre part il a fallu la défaite aux mains d’une puissance étrangère, l’occupation du territoire et l’effondrement du gouvernement pour que cela soit possible.

      [Je pense que la société espagnole a changé, plus que vous ne le pensez: la tradition catholique est à l’agonie (le mariage homo y est passé plus facilement que chez nous),]

      Je suis moins convaincu que vous. L’église catholique a certainement perdu beaucoup de pouvoir, d’autant plus que la tradition ultramontane de l’église espagnole l’a moins bien préparé à faire des concessions à la modernité que le gallicanisme ne l’a fait chez nous. Mais la « tradition » ne se limite pas à l’église, et on trouve encore dans le système scolaire espagnol une pensée scolastique et dogmatique. Descartes n’a toujours pas traversé les Pyrenées…

      [la grandeur nationale jetée aux oubliettes plus encore que chez nous (on parle d’un pays qui a conquis la moitié de l’Amérique, qui a imposé sa langue et sa culture à un immense espace, du rio grande à la Terre de feu).]

      Oui, mais la « grandeur » espagnole ne fut jamais « nationale » au sens où l’on peut l’entendre en France ou en Angleterre. La conquête de l’Amérique ne fut pas le fait d’armées « nationales » mais de « adelantados », personnes privées à la tête d’armées privées qui obtenaient du roi d’Espagne une autorisation pour aller chercher de l’or en échange d’une part du butin. La fierté espagnole a souvent été une fierté pour sa « comarca » (région, pays) et non une fierté « nationale » au sens où nous l’entendons. Pour vous donner une idée : ce n’est que depuis 1908 que le drapeau rouge et jaune flotte en Espagne sur les bâtiments publics civils…

  16. Ananymous dit :

    Bonjour Descartes

    Que pensez-vous du départ de Philippot ? Allez-vous écrire un article ?

    • Descartes dit :

      @ Ananymous

      [Que pensez-vous du départ de Philippot ? Allez-vous écrire un article ?]

      J’aimerais bien… mais je n’ai pas assez de matériel. Je ne connais pas les arcanes du FN, je n’ai pas de contacts là dedans pour me faire raconter les choses… alors si j’écris un papier, je ne pourrai que commenter ce que disent les médias et que n’importe qui peut voir…

      Pour dire quelques mots, je pense que Philippot a été la victime d’une sainte alliance de fait entre les élites politico-médiatiques bienpensantes et la frange la plus réactionnaire et traditionnaliste du FN. Pour les premiers, le FN traditionnel était un “diable de confort” commode, un diable enfermé dans sa boite et qui ne risquait pas de sortir, alors que Philippot était un danger parce qu’il orientait le FN vers une ligne “social-souverainiste” qui risquait de sortir le FN de son isolement et en faire une force politique crédible. Pour les seconds, Philippot était un danger parce qu’ils voyaient le moment où leur propre organisation risquait de leur échapper.

      L’attaque a d’ailleurs été très bien menée. D’abord, ce fut la surenchère médiatique pour prensenter les dernières élections comme un désastre pour le FN – alors que, il faut le rappeler, le FN a fait les meilleurs résultats de son histoire, avec un votant sur trois au deuxième tour – causée par l’entêtement de Philippot à soutenir une ligne souverainiste au lieu de revenir aux “fondamentaux” du FN. Pendant ce temps, on donnait complaisamment la parole à l’aile la plus rétrograde du FN et on insinuait qu’en gardant Philippot à ses côtés, MLP mettrait en danger sa propre position…

      On savait tous que la “ligne Philippot” n’allait pas de soi au FN, que tôt ou tard on arriverait à une confrontation dès que Philippot serait en position de faiblesse. L’opportunité se présente maintenant parce que la campagne médiatique a infligé à Marine Le Pen une blessure narcissique, et qu’elle a besoin d’un bouc émissaire pour se reprendre.

    • Vincent dit :

      > L’opportunité se présente maintenant parce que la campagne médiatique
      > a infligé à Marine Le Pen une blessure narcissique, et qu’elle a besoin d’un
      > bouc émissaire pour se reprendre.

      Je ne pense pas que vous ayez tort, mais je vais chercher à vous titiller. Vous cherchez d’habitude plus des explications fondamentales que des explications relatives à des psychologies individuelles. Et cette explication fondamentale, on pourrait sans doute la trouver.

      On pourrait évoquer que, face à un président qui joue à peu près franc jeu, il y a un mouvement général de clarification des lignes politiques. Le PS a explosé sur la question de la ligne politique, l’UMP aussi, et je crois comprendre qu’il y a eu aussi des turbulences sur ces questions chez DLF ou au PCF. Et le départ de Philippot correspond à l’éclatement du PS ou de l’UMP pour le FN. Mais, si c’est un mouvement général, ce n’est effectivement pas une explication.

      Mon explication est que ce qui faisait tenir le FN ensemble, c’était la perspective de gagner des élections et d’avoir plus de postes. La stratégie Philippot, qui n’est pas dans les gènes du FN, était tolérée tant qu’il y avait un espoir d’avoir plein de députés, d’être la seule force d’opposition crédible, etc.
      Clairement, ça n’a pas fonctionné, sans doute en partie grâce / à cause de Mélenchon.
      Du coup, vu que la stratégie Philippot ne fonctionne pas, il n’y a pas de raison de conserver sa ligne, qui en gène beaucoup ! En gros, il s’agit d’un changement de stratégie : être solide sur son marché électoral de niche, pour faire fructifier ses affaires, plutôt que de chercher à conquérir des parts de marché ailleurs, vu qu’on y arrive de toute manière pas…

    • Ananymous dit :

      Merci pour la réponse.

      Le FN pourra-t-il s’en remettre ? Bien que le point de raccord de tout l’électorat du FN soit l’immigration je ne suis pas sûr que l’éviction de Philippot sera aussi bien accepté dans le Nord (plus social-souverainiste) que dans le Sud (plus libéral-identitaire). N’est-ce pas le moment pour la FI d’en profiter et de se dire clairement souverainiste ?

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [Je ne pense pas que vous ayez tort, mais je vais chercher à vous titiller. Vous cherchez d’habitude plus des explications fondamentales que des explications relatives à des psychologies individuelles. Et cette explication fondamentale, on pourrait sans doute la trouver.]

      Quand on parle de phénomènes historiques, il faut effectivement chercher les explications dans les transformations de grande échelle. Mais lorsqu’on pense aux décisions d’un seul homme, on ne peut pas évacuer la dimension psychologique. Si Cleopâtre avait été moche, l’empire romain se serait déchiré quand même, mais Jules Cesar ne serait pas tombé amoureux d’elle…

      La décision de Marine Le Pen de se séparer d’un conseiller apprécié et à qui revient une grande partie du mérite d’avoir fait du FN le premier parti de France s’explique certainement par des rapports de force complexes au sein du FN, mais il y a à mon avis un élément psychologique. Il y a quelque temps, MLP n’avait pas hésité à braver les « réacs » du FN en expulsant son propre père de la boutique. Cette fois-ci, elle ne l’a pas fait. Pourquoi ?

      [On pourrait évoquer que, face à un président qui joue à peu près franc jeu, il y a un mouvement général de clarification des lignes politiques. Le PS a explosé sur la question de la ligne politique, l’UMP aussi, et je crois comprendre qu’il y a eu aussi des turbulences sur ces questions chez DLF ou au PCF.]

      Je vous trouve bien optimiste. Le PS n’a pas « explosé sur la question de la ligne politique ». Il a explosé parce que, devenu une écurie électorale, il n’avait plus rien à offrir à ses « barons », et que du coup ceux-ci sont allés chercher la soupe ailleurs. A l’UMP, c’est pareil : croyez-vous vraiment que si Fillon l’avait emporté le parti serait dans l’état où il est ? Même chose au PCF : le conflit ne porte pas sur la « ligne politique », mais se réduit à un affrontement entre les « barons » qui pensent pouvoir sauver leurs sièges en couchant avec la FI et ceux qui pensent au contraire qu’il vaut mieux rester dans le lit du PS. Quant à DLF, ne connaissant pas les luttes internes je veux bien vous faire confiance, mais vous admettrez qu’on ne peut pas à partir de DLF parler d’un « mouvement général »…

      Il n’y a pas de « clarification des lignes politiques » parce que personne ne propose de véritable « ligne politique ». Ce qui a explosé, ce n’est pas le « système politique ». C’est la façade qui permettait à ce monde politique de faire croire qu’il s’intéressait à autre chose qu’à la carrière de ses membres. Et ce qu’on voit aujourd’hui, c’est qu’un soi-disant « socialiste », un soi disant « vert », un soi-disant « démocrate » et un soi-disant « gaulliste » peuvent communier dans la même politique.

      Paradoxalement, il n’y a qu’au FN qu’on s’écharpe encore sur des idées, qu’on discute avec passion s’il faut ou non proposer la sortie de l’Euro, s’il faut ou non se concentrer sur l’immigration…

      [Mon explication est que ce qui faisait tenir le FN ensemble, c’était la perspective de gagner des élections et d’avoir plus de postes. La stratégie Philippot, qui n’est pas dans les gènes du FN, était tolérée tant qu’il y avait un espoir d’avoir plein de députés, d’être la seule force d’opposition crédible, etc. Clairement, ça n’a pas fonctionné, sans doute en partie grâce / à cause de Mélenchon.]

      Je ne suis pas persuadé que ce soit la bonne explication. Après tout, le FN a multiplié par quatre sa représentation parlementaire – et ne parlons pas de ses succès aux municipales, aux régionales, aux européennes. Difficile de dire que la ligne Philippot n’a pas payé, même si elle ne paye pas assez vite pour certains. Je pense au contraire que ce sont les partisans du « petit FN » – c’est-à-dire, ceux qui préfèrent un FN marginal mais sous leur contrôle plutôt qu’un FN puissant mais où ils deviendraient minoritaires – qui ont pris l’ascendant. Comme Jean-Marie Le Pen, ces gens là ne cherchent pas le pouvoir, au contraire, ils le craignent. S’ils virent aujourd’hui Philippot, ce n’est pas parce qu’il n’a pas gagné les élections, mais parce qu’il pourrait les faire gagner…

    • Descartes dit :

      @ Ananymous

      [N’est-ce pas le moment pour la FI d’en profiter et de se dire clairement souverainiste ?]

      La FI ne va pas “se dire clairement souverainiste” parce que la FI n’est pas, et ne sera jamais souverainiste. Il faut arrêter de rêver. Mélenchon a fini par admettre – et encore, du bout des lèvres – que ratifier le traité de Maastricht était une erreur. Mais il n’a jamais renoncé au rêve qui l’a poussé à prendre position pour le “oui”, à savoir, le rêve d’une Europe supranationale. Pour le dire autrement, Mélenchon n’a aucune révérence particulière pour la souveraineté nationale, il ne reconnaît pas la nation comme une institution indispensable au politique.

      Et si vous me trouvez sévère, relisez son programme. Pourquoi proposer une logique “plan A/plan B”, si ce n’est parce que le plan A – qui prévoit une Union Européenne tout aussi supranationale mais “démocratisée” – a sa préférence ?

    • Antoine dit :

      @Descartes

      > Paradoxalement, il n’y a qu’au FN qu’on s’écharpe encore sur des idées, qu’on discute avec passion s’il faut ou non proposer la sortie de l’Euro, s’il faut ou non se concentrer sur l’immigration…

      Avec passion ? Le principal reproche qui a été fait à la sortie de l’euro, ce n’est pas que ce serait une mauvaise politique, c’est que cela faisait fuir des électeurs potentiels… En fait, le seul qui tenait passionnément à ses idées, c’est Philippot, et c’est justement lui qui a été viré (ou, disons, invité à partir). Les autres tiennent juste, comme le dit Vincent, à faire tourner la boutique.

    • Descartes dit :

      @ Antoine

      [Avec passion ? Le principal reproche qui a été fait à la sortie de l’euro, ce n’est pas que ce serait une mauvaise politique, c’est que cela faisait fuir des électeurs potentiels…]

      Je parlais des débats entre militants, et non des calculs politiques des dirigeants. Il est clair qu’au niveau des dirigeants du FN, on retrouve la même prédominance des petits calculs tactiques que dans les autres partis. C’est pourquoi la figure de Philippot, le seul qui défendait un projet politique – et qui, les faits ont montré, préfère sacrifier sa carrière plutôt que d’y renoncer – donnait aux électeurs du FN l’impression d’un parti différent des autres. Avec son départ, il y a à craindre que le FN devienne un parti comme les autres, c’est-à-dire, une écurie électorale.

  17. Tietie007 dit :

    Macron est responsable d’Irma, pour Merluchon !

  18. Axelzzz dit :

    Bonsoir Descartes,

    Que d’amertume encore dans ce billet!

    Il m’a semblé que votre sujet illustre à merveille comment les deux logiques de coordination collective que sont la coopération et l’échange marchand sont au fond en concurrence.

    A plusieurs reprises vous opposez en effet les bénévoles qui donnent de leur temps, savoir faire et force de travail pour gérer les crises dans le cadre d’un service public. Toute cet esprit de coopération se soldant par un sommet d’ingratitude des administrés (plutôt que citoyens, puisqu’on parle d’une ‘service public’) qui prétendent être abandonnés.

    Mais la solution de ce paradoxe n’est elle pas toute simple: la privatisation. Une fois privatisés, les dits services publics feront payer leur gestion de crise (plus ou moins efficaces) aux dits clients qui se plaindront sans doute mais en auront pour leur argent ni plus ni moins.

    C’est finalement ça le problème: tous ces gens qui voudraient arracher à leur concitoyen une reconnaissance symbolique en échange de leur coopération. Car la coopération suit un schéma de don contre don qui est nécessairement codé ou enraciné dans une culture partagée. L’écheveau des dettes symboliques est d’ailleurs potentiellement plus inextricable encore que l’interdépendance économique et bien mal intentionnés ceux qui dans un tel système voudraient régler leurs comptes (symbolique) à leurs voisins… En effet, le compte symbolique ne se solde par définition jamais (sauf à faire rupture totale avec le groupe).

    Et bien, voyez vous dans un monde sans service public, personne ne fait du travail qu’il n’est pas obligé de faire… ou du moins pas payé pour faire. Du coup plus personne n’est lésé puisque l’échange marchand assure que chaque échange est rétribué à sa juste valeur (dès lors que le marché fonctionne correctement ).

    En somme si vous pensez que ‘les bons comptes font les bons amis’, vous devriez souhaiter la privatisation des services publics qui ne sont que prétextes à détournements et abus déguisés sous le masque avantageux de l’intérêt général.
    Si au contraire vous pensez que la dette que nous avons envers nos concitoyens va au-delà d’un simple principe de bon voisinage, le principe de coopération se justifie, mais souffrira forcément des conflits d’intérêt car il est incompatible avec les règlement de compte à OK Coral. Or, vous en conviendrez peut-être?, le principe même de la démocratie est d’arbitrer sur la scène politique les conflits, ce qui suppose de les mettre en scène et par là affaiblit forcément la logique de coopération des services publics.

    A propos, que pensez vous des fameux ‘régime spéciaux’: réformer ou conserver selon-vous?
    Ne sont-ils qu’une maigre compensation des service de gestion de crise que les agents des servies publics qui en bénéficient bénévolement et en toute discrétion assurent pour leur concitoyens ou des avantages hérités d’un passé révolu et transofrmés aujourd’hui un fardeau injuste qui pèse sur une solidarité nationale par ailleurs affaiblie?

    Bien à vous,
    Axelzzz

    • Descartes dit :

      @ Axelzzz

      [Que d’amertume encore dans ce billet!]

      Oui, je l’admets. Quand on est jeune, on peut s’offrir le luxe de se montrer spartiate et de sauver le monde malgré lui. Mais plus vous vous approchez du moment de faire un bilan de ce qu’on a fait dans sa vie, et plus on est amer de constater que votre travail n’est pas reconnu.

      [A plusieurs reprises vous opposez en effet les bénévoles (…)]

      Je n’ai pas parlé de « bénévoles ». Les gens dont je parle sont des serviteurs publics et payés en tant que tels. Simplement, ils considèrent que le supplément de travail et les sacrifices que nécessite une situation exceptionnelle font partie de ce travail, et n’a pas à être rémunéré en plus. Ce n’est pas tout à fait la même chose.

      Dans la logique originelle de la fonction publique, le fonctionnaire travaille gratuitement, pour le bonheur de servir son pays. Sa rémunération n’est pas le paiement de son travail, mais une allocation lui permettant de vivre et de tenir son rang dignement dans la société et de ne pas être proie aux tentations de la corruption. C’est d’ailleurs pourquoi on ne parle pas de « salaire » pour un fonctionnaire, mais de « traitement ». En pratique, on observe que les agents publics – qu’ils soient ou pas fonctionnaires – restent assez attachés à ce modèle, et d’autant plus attachés que leur niveau hiérarchique est élevé.

      [Mais la solution de ce paradoxe n’est elle pas toute simple: la privatisation. Une fois privatisés, les dits services publics feront payer leur gestion de crise (plus ou moins efficaces) aux dits clients qui se plaindront sans doute mais en auront pour leur argent ni plus ni moins.]

      La gestion de crise est la dernière chose qu’on puisse privatiser. La raison est très simple : pour qu’on puisse privatiser un service, il faut qu’il y ait un marché qui ne soit pas trop dysfonctionnel pour pouvoir révéler le prix du service. Or, ce qui caractérise la situation de crise, c’est que le marché est par essence dysfonctionnel comme le montre le phénomène de « marché noir ». Imaginez-vous que vous deviez négocier le prix du secours des pompiers alors que vous êtes au dixième étage dans un appartement en flammes, ou le prix du secours du SAMU quand vous êtes en train de perdre votre sang après un accident de la route… quel prix n’accepteriez-vous de payer ? Pensez-vous que ce prix refléterait la réalité du marché ?

      Par ailleurs, votre proposition pose des questions éthiques vis-à-vis du principe d’égalité. Aimeriez-vous vivre dans un pays ou l’ambulance qui vous prend en charge après un accident de la route dépend de votre compte en banque ? Moi pas. Et je ne doute pas que l’immense majorité de mes concitoyens partagent ce sentiment.

      [C’est finalement ça le problème: tous ces gens qui voudraient arracher à leur concitoyen une reconnaissance symbolique en échange de leur coopération. Car la coopération suit un schéma de don contre don qui est nécessairement codé ou enraciné dans une culture partagée.]

      Vous avez tout à fait raison, et sans vouloir vous offenser, ne faites que reprendre ce que Marx écrivait déjà dans le « manifeste » en 1848 : le capitalisme tend à supprimer toutes les récompenses symboliques en les remplaçant par le « payement au comptant ». Ce faisant, il est efficace puisque l’avantage de la récompense monétaire sur la récompense symbolique est qu’elle peut fonctionner sans avoir comme préalable cette culture partagée. Je veux bien admettre que l’évolution que je dénonce soit inévitable sous un régime capitaliste… mais elle me peine quand même.

      [Et bien, voyez vous dans un monde sans service public, personne ne fait du travail qu’il n’est pas obligé de faire… ou du moins pas payé pour faire. Du coup plus personne n’est lésé puisque l’échange marchand assure que chaque échange est rétribué à sa juste valeur (dès lors que le marché fonctionne correctement).]

      Et bien non. Je crois que cette remarque rejoint une discussion qu’on avait par ailleurs avec d’autres intervenants sur les poilus de 1914-18. A quelle valeur un « marche qui fonctionne correctement » aurait estimé leur sacrifice ? Combien aurait-il fallu payer à quelqu’un pour qu’il aille à une mort quasi-certaine ?

      Par ailleurs, dans une société, il y a des fonctions qu’il est difficile – voire dangereux – de laisser à la logique du marché. Imaginez par exemple une armée purement mercenaire : qui vous garantit qu’elle obéirait à l’autorité légitime, et non à celui qui serait prêt à lui offrir le plus d’argent ? Ou bien un système ou les pompiers seraient rémunérés par le « marché ». Leur intérêt serait alors qu’il y ait beaucoup d’incendies…

      [En somme si vous pensez que ‘les bons comptes font les bons amis’, vous devriez souhaiter la privatisation des services publics qui ne sont que prétextes à détournements et abus déguisés sous le masque avantageux de l’intérêt général.]

      Au contraire. Pour moi, l’argent ne remplace pas la reconnaissance. Et je ne serais pas moins amer si pour récompenser mes peines mon employeur m’offrait une prime. Ce que je voudrais, c’est la reconnaissance des gens que j’ai aidé à vivre, et non celle d’un employeur qui grâce à mon travail aura gagné beaucoup d’argent.

      [Si au contraire vous pensez que la dette que nous avons envers nos concitoyens va au-delà d’un simple principe de bon voisinage, le principe de coopération se justifie, mais souffrira forcément des conflits d’intérêt car il est incompatible avec les règlement de compte à OK Coral. Or, vous en conviendrez peut-être?]

      Peut-être, si j’arrivais à comprendre votre point. Mais j’avoue que je ne suis pas très sûr de bien comprendre le paragraphe qui précède. De quel « règlement de comptes » parlez vous ? Qu’est ce que vous appelez « logique de coopération » ?

      [A propos, que pensez vous des fameux ‘régime spéciaux’: réformer ou conserver selon-vous?]

      Pour moi, les régimes spéciaux se justifient parce que certaines professions sont soumis à des contraintes et des obligations particulières, qui nécessitent des adaptations du régime général. Ce qui justifie aussi de les réformer lorsque les conditions de travail et les sujétions changent en fonction des nouvelles technologies ou de l’organisation du travail. Certains régimes spéciaux ne se justifient plus, et on pourrait les supprimer. Mais de nouvelles professions justifient peut-être qu’on en crée de nouveaux…

      Cela étant dit, je voudrais combattre un mythe, celui selon lequel les régimes spéciaux seraient toujours plus favorables que le régime général. En fait, les régimes sont globalement assez largement équivalents, et c’est logique dans la mesure où les travail se vend sur un marché libre. Imaginons par exemple que les « régime spécial » d’EDF ou de la SNCF soit beaucoup plus favorable globalement que celui de la métallurgie privée. Il y aurait alors un afflux de candidats massif qui délaisseraient les ateliers métallurgiques pour postuler aux postes vacants à EDF ou à la SNCF. Et du coup ces deux entreprises n’auraient plus besoin de proposer des salaires attractifs pour trouver des bons candidats. On verrait donc les salaires baisser jusqu’à équilibrer le marché.

      Et c’est ce qu’on observe en pratique. Parce que le statut de la fonction publique offre la sécurité de l’emploi et que cela attire des candidats, l’Etat peut se permettre de geler les salaires nominaux – ce qui implique une baisse en termes réels – pendant plus de dix ans, ce qu’aucune branche professionnelle ne pourrait se permettre. On a donc un « statut spécial » qui offre des avantages en termes de sécurité et de retraite par rapport à d’autres régimes, et les compense par des salaires inférieurs. Globalement, on retrouve ses petits…

      J’ai eu à gérer l’évolution d’une entreprise dont le personnel relevait de la convention collective des industries pétrolières, et qui par le jeu des évolutions du secteur ont eu la possibilité d’adhérer au régime des industries électriques et gazières, qui est le « régime spécial » qui régit EDF. Et bien, les personnels se sont battus contre : le « régime général » des pétroles était considéré bien plus favorable que le « régime spécial » des IEG…

      En tout cas, et pour parler à titre personnel, lorsque j’ai quitté le régime général pour bénéficier du “régime spécial” ou je suis aujourd’hui, j’ai perdu 30% de mon salaire. Alors, croyez-moi, du point de vue personnel un retour au “régime général” ne me fait pas peur…

    • @ Descartes,

      “Quand on est jeune, on peut s’offrir le luxe de se montrer spartiate et de sauver le monde malgré lui.”
      Pardonnez la malice de mon intervention, mais je pense, pour connaître un peu le sujet, que justement, Sparte a toujours veillé avec beaucoup d’attention à accorder des récompenses (essentiellement symboliques mais très précieuses) à ceux de ses citoyens qui montraient le plus d’ardeur dans la défense des intérêts de la cité. Sinon, on ne comprend pas cette étonnante émulation, cette volonté permanente de rivaliser dans le dévouement civique, qui était le quotidien des Spartiates. A Sparte, le sens du devoir, l’héroïsme, le dévouement a la chose publique étaient encouragés parce qu’ils étaient reconnus.

    • Descartes dit :

      @ nationaliste-ethniciste

      [Pardonnez la malice de mon intervention, mais je pense, pour connaître un peu le sujet, que justement, Sparte a toujours veillé avec beaucoup d’attention à accorder des récompenses (essentiellement symboliques mais très précieuses) à ceux de ses citoyens qui montraient le plus d’ardeur dans la défense des intérêts de la cité.]

      Nous avons tous deux raison. Mon commentaire faisait référence à l’idéologie de la cité spartane – commune à beaucoup de cités grecques, en fait – qui voulait que le citoyen devait se dévouer pour la cité sans attendre d’elle la moindre récompense. Il était même admis que le service à la cité puisse vous valoir l’ostracisme – par exemple, pour empêcher qu’un trop bon gouvernant puisse devenir un dictateur.

      Cela étant dit, il est vrai que les cités grecques et Sparte tout particulièrement rendaient souvent un hommage appuyé aux citoyens qui se dévouaient pour la défense de la cité.

      [Sinon, on ne comprend pas cette étonnante émulation, cette volonté permanente de rivaliser dans le dévouement civique, qui était le quotidien des Spartiates. A Sparte, le sens du devoir, l’héroïsme, le dévouement a la chose publique étaient encouragés parce qu’ils étaient reconnus.]

      Tout a fait. Mais la forme supérieure de la reconnaissance était la « renomée », qui d’ailleurs retombait sur l’ensemble de la famille, et non la récompense matérielle. Un bon sujet de réflexion pour nos politiques d’aujourd’hui…

  19. morel dit :

    Comme beaucoup d’autres intervenants, sur St Martin, j’avoue avoir été choqué par les propos outranciers complaisamment relayés par les médias mais je m’interroge : est-il bien représentatif ce citoyen arguant « à quoi sert d’avoir un passeport français », sont-ils majoritaires ? S’agit-il d’une réaction, certes imbécile, très conjoncturelle ?
    C’est pourquoi, je soulignerais la grande irresponsabilité des médias et de tous ceux politiques ou à fonction institutionnelle qui les relaient.

    Sur la Catalogne, les gesticulations des petits bourgeois indépendantistes me font hurler par leur inconsistance qui n’est pas sans rappeler celle de nos amis de la FI :
    – bien entendu, les catalans sont les « damnés de la terre » ibérique : en relation et suite de la crise amenant la détérioration de la situation financière des communautés autonomes d’Espagne, le gouvernement central a créé un fonds de liquidés autonome pour aider celles-ci à faire face à leurs problèmes de trésorerie en accordant des prêts à taux plancher. La Catalogne fut la troisième entité à faire appel à ce fond, les marchés ayant refusé de prêter davantage à Barcelone.
    – comme tous les indépendantistes, ils appellent de leurs vœux le maintien dans l’U.E.
    en clair, refusant la solidarité avec le reste de l’Espagne, il est curieux qu’ils « oublient » que cette même U.E. est bien plus gourmande pour des pays comme la Roumanie et d’autres bien plus démunis.

    Dérisoire toutes ces âneries.

    • Descartes dit :

      @ morel

      [Comme beaucoup d’autres intervenants, sur St Martin, j’avoue avoir été choqué par les propos outranciers complaisamment relayés par les médias mais je m’interroge : est-il bien représentatif ce citoyen arguant « à quoi sert d’avoir un passeport français », sont-ils majoritaires ? S’agit-il d’une réaction, certes imbécile, très conjoncturelle ?]

      Ce citoyen n’est probablement pas représentatif – du moins, on peut l’espérer – et il regrette peut-être aujourd’hui ce qu’il a dit sous le coup du désastre. Mais ce qui m’importe c’est moins le fait qu’il se soit trouvé une personne pour le dire – on trouvera toujours une personne pour dire n’importe quoi – mais que ce discours soit complaisamment relayé par les médias.

      [C’est pourquoi, je soulignerais la grande irresponsabilité des médias et de tous ceux politiques ou à fonction institutionnelle qui les relaient.]

      Tout à fait, c’est précisément mon point.

      [[Sur la Catalogne, les gesticulations des petits bourgeois indépendantistes me font hurler par leur inconsistance qui n’est pas sans rappeler celle de nos amis de la FI :]

      C’est toujours la même classe sociale qui est aux manettes : des « classes moyennes » qui ne veulent pas payer pour les autres, mais que cela ne gêne pas de vivre d’emprunts.

  20. luc dit :

    Certes,la catalogne est la région d’espagne la plus riche,avec le pays basque.
    Mais rappelons que ces deux régions furent les moins putchistes en 1936 !
    Or ,Fraco le sanguinaire,a inventé cette royauté fantoche,qui rend Félipe6,inaudible puisque directement issu du Franquisme et de l’ignoble guerre civile,dont ces illégimistes fascistoïdes semblent vouloir rallumer les horreurs.
    En Espagne,la légitimité vient du peuple.Cette légitimité a été broyé en 1936.
    Les catalans qui soutiennent la république nous rappellent que la royauté espagnole actuelle a été octroyé par Franco,sous
    conditions…non?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Certes,la catalogne est la région d’espagne la plus riche,avec le pays basque. Mais rappelons que ces deux régions furent les moins putchistes en 1936 !]

      Et alors ? Ca, c’était en 1936. Depuis, le monde a bien changé et les Catalans qui ont tenu devant les troupes franquistes sont depuis longtemps morts et enterrés. Et leurs enfants n’adhérent pas forcément aux mêmes idées. Paris était la ville de la Commune en 1870 et celle de « la manif pour tous » en 2013.

      [Or ,Franco le sanguinaire,a inventé cette royauté fantoche, qui rend Félipe VI inaudible puisque directement issu du Franquisme et de l’ignoble guerre civile, dont ces illégimistes fascistoïdes semblent vouloir rallumer les horreurs.]

      Arrêtons de regarder la réalité espagnole d’aujourd’hui avec les yeux de 1936. Franco est mort et enterré depuis bien longtemps, et si les espagnols n’étaient pas contents avec la constitution de 1978 qui institue la monarchie, ils ont eu largement le temps de la changer. Par ailleurs, on peut ne pas aimer la monarchie, mais dans un pays profondément divisé comme l’est l’Espagne, le fait que la responsabilité symbolique soit confié à une personnalité extérieure aux jeux politiques est un facteur de stabilité. Je suis républicain de cœur, mais en même temps – comme dirait notre président – je ne peux que constater que certains pays ne sont pas encore mûrs pour vivre en République.

      Par ailleurs, vous noterez que le but des « catalanistes » n’est pas d’établir une république en Espagne ou de réformer sa constitution pour donner le pouvoir aux citoyens espagnols, mais au contraire de s’affranchir des obligations du citoyen, et notamment, du payement de l’impôt commun.

      [En Espagne, la légitimité vient du peuple. Cette légitimité a été broyée en 1936.]

      Oui, et rétablie en 1978. Depuis cette date, le peuple vote et élit ses gouvernants, et peut modifier la Constitution si celle-ci lui déplait. Il ne l’a pas fait. Qui sommes nous pour décréter qu’il a tort ?

      [Les catalans qui soutiennent la république nous rappellent que la royauté espagnole actuelle a été octroyé par Franco, sous conditions…non?]

      Cela dépend. Les Catalans qui soutiennent un changement de la constitution espagnole pour en faire une République, certainement. Mais ce ne sont pas ceux qu’on voit et qu’on entend s’exprimer ces derniers jours. Ceux-là se foutent que l’Espagne soit une République, une monarchie ou un régime tribal, aussi longtemps que la Catalogne est indépendante et n’a pas à verser sa contribution au pot commun. Le reste, ils s’en foutent.

      Quant aux autres… je vous le répète : Franco est mort et enterré depuis bientôt un demi-siècle. Si la royauté qu’il a institué il y a quarante ans ne convient pas au peuple espagnol, celui-ci a eu amplement le temps de le faire savoir et de rétablir la République. Il ne l’a pas fait, et nous devons donc déduire qu’il a fait le choix de conserver la monarchie. Il n’est pas sérieux, quarante ans après, de considérer la monarchie espagnole comme chargée d’un pêché originel irréparable.

      Derrière ce débat se cache un autre, bien plus inavouable. Franco n’était pas un martien, et l’armée franquiste n’était pas une force d’occupation étrangère. S’il y a eu guerre civile, et si celle-ci a été si terrible, c’est parce le peuple espagnol était profondément divisé. Croire que le peuple espagnol était uniformément républicain et que le franquisme s’est imposé contre lui est une grave erreur. Le franquisme pouvait compter sur un soutien populaire aussi nombreux que la République. Et c’est pourquoi, contrairement à ce que vous pensez, la monarchie « rétablie par Franco » peut compter sur un puissant soutien populaire. Lorsqu’on parle de guerre civile, il est toujours très difficile de savoir lequel des deux côtés a la « légitimité populaire » avec lui… Si vous admettez que la République avait la légitimité populaire puisqu’elle avait gagné les élections, vous ne pouvez denier aux gouvernements issus de la Constitution de 1978 la même légitimité.

  21. C. dit :

    Le comité Nobel qui décerne le prix Nobel de la Paix à l’International Campaign to Abolish Nuclear Weapons… J’ai beau savoir à chaque fois que je ne vais probablement pas approuver leur choix, ils arrivent toujours à me décevoir.

    • Descartes dit :

      @ C.

      [Le comité Nobel qui décerne le prix Nobel de la Paix à l’International Campaign to Abolish Nuclear Weapons… J’ai beau savoir à chaque fois que je ne vais probablement pas approuver leur choix, ils arrivent toujours à me décevoir.]

      Chacun est dans son rôle. Le comité Nobel est un enfant de l’idéalisme romantique du début du XXème siècle, empreint de pacifisme bêlant. Celui de « si tous les gars du monde… ». Cet idéalisme, comme les faits l’ont montré à la fin des années 1930, est un très mauvais guide en matière politique, mais en tant qu’utopie, il a beaucoup de force et de charme. Personnellement, je trouve qu’il est utile qu’il y ait des gens pour rêver à un monde sans armes nucléaires et même sans armes du tout. Simplement, il faut être conscients que c’est un rêve, et que dans le monde réel peuplé d’hommes réels, l’arme nucléaire a été un facteur de stabilité extrêmement important. Je suis fermement convaincu que l’arme nucléaire, en rendant certaines guerres impossibles, a économisé bien plus de vies qu’elle n’a fauché.

    • jo2 dit :

      C’est vrai que les armes nucléaires ont fait plus pour la paix que n’importe quelles autres innovations technologiques mais je doute que le comité Nobel puisse décerner le prix Nobel de la paix à ses armes, cela ferait mauvais genre.

      Il faut par contre reconnaître que les plus lucides parmi les opposants aux armes nucléaires sont tout à fait conscient que leur suppression entraînerait forcément un risque de guerre très fort entre grande puissance mais ils estiment que cela est préférable aux risques d’annihilation de l’humanité que comporte l’existence des armes nucléaires.

      D’ailleurs sur ce sujet que pensez-vous Descartes du dossier de la Corée du Nord et plus généralement de la question de la prolifération nucléaire?

    • Descartes dit :

      @ jo2

      [C’est vrai que les armes nucléaires ont fait plus pour la paix que n’importe quelles autres innovations technologiques mais je doute que le comité Nobel puisse décerner le prix Nobel de la paix à ses armes, cela ferait mauvais genre.]

      Bien entendu. Le pacifisme a fait beaucoup de mal – il suffit de se souvenir de Munich pour s’en convaincre – et ceux qui ont forgé l’arme nucléaire et la doctrine de dissuasion ont fait beaucoup de bien. Mais il est bon je pense que notre société proclame un idéal de paix et d’un monde sans armes, même s’il ne faut pas confondre idéal et réalité.

      [Il faut par contre reconnaître que les plus lucides parmi les opposants aux armes nucléaires sont tout à fait conscient que leur suppression entraînerait forcément un risque de guerre très fort entre grande puissance mais ils estiment que cela est préférable aux risques d’annihilation de l’humanité que comporte l’existence des armes nucléaires.]

      Il faut reconnaître qu’en France même les opposants par principe aux armes nucléaires ont été rationnels et pragmatiques, et font bien la distinction entre le monde idéal et le monde réel. Ainsi, par exemple, le PCF fut toujours l’un de plus solides soutiens du Mouvement de la Paix, qui combat les armes nucléaires, et son soutien est resté le même après la décision prise dans les années 1970 de se rallier à la dissuasion nucléaire française. Et personne ne voit une contradiction entre le fait de vouloir un monde sans armes nucléaires – et sans armes en général – et le besoin, dans le monde réel, de conserver la poudre sèche, pour reprendre la formule de Cromwell… Il faut dire que ce n’est pas le cas dans d’autres pays, comme la Grande Bretagne ou l’Allemagne.

      [D’ailleurs sur ce sujet que pensez-vous Descartes du dossier de la Corée du Nord et plus généralement de la question de la prolifération nucléaire?]

      Là encore, il y a le principe et il y a la réalité. Du point de vue du principe, on voit mal pourquoi on interdirait aux autres ce qu’on a fait nous-mêmes. Peu de gens se souviennent aujourd’hui, mais lorsque la France décide dans les années 1950 de se doter de l’arme nucléaire, elle se heurtera aux sanctions américaines. Ainsi, les scientifiques français n’étaient pas admis dans les installations nucléaires américaines, et les américains avaient interdiction de coopérer avec eux. Les biens dits « de double usage » étaient interdits d’exportation vers la France. Bien entendu, on peut toujours invoquer le fait que la France de 1950 était un pays « raisonnable », ce qui n’est pas forcément le cas du Pakistan ou de la Corée du Nord. Mais on voit tout de suite la faiblesse de l’argument. Qui est juge, au niveau international, de la « raisonnabilité » d’un pays ?

      Maintenant, si on s’écarte du principe pour penser la réalité, il est clair que nous avons intérêt à ce que le club des puissances nucléaires soit le plus réduit possible, ne serait-ce que parce que cela augmente notre propre puissance. Notre intérêt nous commande donc de défendre autant que faire se peut le régime de non prolifération. Cela étant dit, les faits semblent donner raison au père de la doctrine de dissuasion française : les pays qui se dotent de l’arme nucléaire se voient obligés à repenser leurs positions internationales, et cela les conduit à une plus grande prévisibilité. Ainsi, l’Inde et le Pakistan se sont fait régulièrement la guerre au Kashmir avant d’avoir l’arme nucléaire. Depuis qu’ils l’ont, chacun est rassuré quand à sa capacité à se défendre et on est obligé de se parler pour éviter tout accident. La situation est toujours tendue, certes, mais il n’y a pas eu de clash frontal depuis fort longtemps.

      C’est pourquoi je pense que l’affaire Nord-Coréenne est dramatisée à l’excès. Bien sur, il serait mieux si la Corée du Nord n’avait pas l’arme nucléaire. En même temps – comme dirait notre président – ce n’est pas une tragédie si elle l’avait.

    • jo2 dit :

      Pour revenir sur le sujet du nucléaire, pensez-vous Descartes que l’existence de ces armes rendent caduques une partie des thèses de Lénine sur l’impérialisme puisqu’elles empêchent la guerre chaude entre les plus grandes puissances impérialistes ? Ou sinon est-ce que vous souscrivez plutôt à la position d’autres communistes notamment au prcf, qui ont élaboré le concept d’exterminisme et qui considère que le capitalisme a dépassé le stade impérialiste et qu’il est devenue exterministe et donc qu’un conflit nucléarisé est possible.

    • Descartes dit :

      @ jo2

      [Pour revenir sur le sujet du nucléaire, pensez-vous Descartes que l’existence de ces armes rendent caduques une partie des thèses de Lénine sur l’impérialisme puisqu’elles empêchent la guerre chaude entre les plus grandes puissances impérialistes ?]

      Pas tout à fait : les puissances impérialistes sont toujours en conflit violent, mais ces conflits ne prennent plus la forme d’une « guerre chaude » – ce qui, il faut bien le dire, est un progrès considérable. Lorsque les américains montent un réseau d’espionnage pour piquer nos secrets industriels, lorsqu’ils imposent des amendes arbitraires à nos banques, lorsqu’ils utilisent leur pouvoir militaire pour nous fermer certains marchés, il s’agit d’actes qu’on peut assimiler à des actes de guerre « froide ». Par beaucoup de côtés, ces conflits « froids » ont les mêmes effets que les guerres « chaudes » d’autrefois, celles que Lénine avait analysé. Ses thèses restent donc en partie valables, mais seulement en partie.

      [Ou sinon est-ce que vous souscrivez plutôt à la position d’autres communistes notamment au prcf, qui ont élaboré le concept d’exterminisme et qui considère que le capitalisme a dépassé le stade impérialiste et qu’il est devenue exterministe et donc qu’un conflit nucléarisé est possible.]

      Non. Je pense que le PCRF et autres gauchistes se laissent entraîner dans une logique « apocalyptique » qui n’a plus aucun rapport avec une analyse matérialiste. Quel intérêt auraient les capitalistes à un conflit nucléarisé ? Tant qu’on n’a pas inventé une arme nucléaire qui tue les pauvres sans toucher les riches…

  22. xc dit :

    Hors sujet:
    Que pensez vous des révélations de Greenpeace à propos de la sécurité des centrales nucléaires ? Je ne mets pas de guillemets, faute du moindre début d’opinion personnelle. Mais, s’agissant de Greenpeace, j’éprouve quand-même une certaine méfiance.
    Et de son feu d’artifice ?

    • Descartes dit :

      @ xc

      [Que pensez vous des révélations de Greenpeace à propos de la sécurité des centrales nucléaires ?]

      On parle d’un rapport que personne n’a vu, écrit par des « experts internationaux » dont le nom n’est pas connu, et qui a été remis à « sept personnalités » dont non ne connait pas le nom. Si ça se trouve, ce fameux rapport dont tout le monde parle n’existe pas.

      Alors, on nous dit que ce rapport arriverait à telles ou telles conclusions. Je ne vois là dedans aucune « révélation ». Une « révélation » implique qu’il y aurait un fait caché à révéler. Or, je ne vois aucun tel fait pointer à l’horizon. Tous ceux qui connaissent comment est faite une centrale nucléaire savent que les piscines de stockage du combustible usé sont moins protégées que le réacteur lui-même, et c’est logique puisque c’est dans le cœur du réacteur que se trouve le principal risque. Le combustible contenu dans les piscines présente un risque très inférieur. D’abord, il a souvent refroidi pendant des mois, voire des années, et il dégage donc beaucoup moins de chaleur. Même mis à l’air, il mettrait longtemps à fondre si tant est qu’il puisse fondre du tout. Ensuite, il se trouve dans une piscine ouverte, et même si la piscine était trouée et perdait son eau, il est beaucoup plus facile de rajouter de l’eau que dans un cœur de réacteur enfermé dans une cuve étanche.

      Il y a ensuite la question du mur « qui ne résisterait pas à une arme antichar ». Admettons. Mais cela veut dire quoi « résister » ? Ce n’est pas parce qu’une arme antichar tirée du bon endroit et avec le bon angle arriverait à faire un trou que la catastrophe nucléaire est à nos portes. Une installation nucléaire a plusieurs barrières de protection, et un trou dans un mur d’enceinte n’est pas synonyme de catastrophe nucléaire.

      Greenpeace a fait son cinéma. Et comme d’habitude, on a entendu à la télévision tout le monde… sauf ceux qui y connaissent quelque chose. Ce qui a permis toutes sortes de jean foutre de dire n’importe quoi sans crainte d’être contredits. Quand on pense qu’on appelle ça « liberté de l’information »…

      [Et de son feu d’artifice ?]

      Il ne présente aucun danger – et une charge explosive placée à l’endroit où le feu d’artifice a été tiré n’en présenterait non plus. Comme d’habitude, Greenpeace a réussi à passer la première enceinte de protection (il y en a quatre ou cinq…) et fait croire qu’il a atteint le cœur du réacteur, ce qui est ridicule.

      Le problème, c’est que les gens qui protègent les centrales sont devant un choix cornélien. On sait pratiquement toujours quand une intrusion va avoir lieu (d’une part parce que le renseignement fonctionne, et d’autre part parce que Greenpeace même fait en sorte que ça se sache, pour éviter les accidents). A ce moment-là, la protection des centrales a deux possibilités : soit on fait comme si c’était une véritable attaque terroriste – c’est-à-dire on tire dans le tas – et ils passent pour des assassins, les militants morts devenant des martyrs du nucléaire, injustement assassinés par l’Etat répresseur ; soit ils ne tirent pas et ils passent pour des incompétents incapables de protéger les installations contre d’éventuels terroristes.

      Mais un jour, il y aura un accident… et ce n’est pas moi qui pleurera.

    • Antoine dit :

      @Descartes

      > Mais un jour, il y aura un accident… et ce n’est pas moi qui pleurera.

      D’ailleurs, EDF a clairement mis en garde Greenpeace (je ne sais pas si c’est la première fois qu’ils lancent un tel avertissement) :
      http://www.europe1.fr/societe/nucleaire-pour-edf-greenpeace-a-joue-avec-la-vie-de-ses-militants-3462230

      J’avoue, j’aimerais bien que la prochaine arrestation soit plus musclée… sans blessures graves si possible, mais suffisamment impressionnante et brutale pour que ces « militants » comprennent les risques qu’ils encourent.

    • machine à café dit :

      Bonjour Descartes,

      Le résumé du rapport est disponible à l’adresse suivante :

      https://cdn.greenpeace.fr/site/uploads/2017/10/R%C3%A9sum%C3%A9-Rapport_FR.pdf

      J’ai eu la même interrogation que toi concernant les auteurs de ce rapport.
      Sur les 10 auteurs, 8 me semblent être lié à une organisation anti-nucléaire (à vérifier toutefois, je peux me tromper). Les deux autres doivent certainement servir de caution à Greenpeace (mais je tombe dans le procès d’intention).

      Je dois avouer ne pas comprendre les “critiques” faites sur le manque de sécurité lié au feu d’artifice dans l’enceinte de la centrale. Aurait-il fallu tirer dans le tas pour démontrer la sécurité ?

      En te souhaitant une bonne soirée.

    • Descartes dit :

      @ Antoine

      [J’avoue, j’aimerais bien que la prochaine arrestation soit plus musclée… sans blessures graves si possible, mais suffisamment impressionnante et brutale pour que ces « militants » comprennent les risques qu’ils encourent.]

      Je pense malheureusement qu’ils ne comprendront jamais. Ces gens-là sont des fanatiques. Le martyre ne leur fait pas peur… pour moi, le problème est surtout de montrer à l’opinion publique que les installations sont bien protégées.

    • Descartes dit :

      @ machine à café

      [Le résumé du rapport est disponible à l’adresse suivante :]

      Merci. Franchement, ca casse pas trois pattes à un canard. On y trouve des remarques du genre de celle-ci:

      “Cette analyse conclut en premier lieu que le déroulement de l’accident et son ampleur finale peuvent fortement dépendre de ces différents facteurs. Par conséquent, des personnes dotées d’intentions criminelles possédant les compétences nécessaires pourraient chercher à exploiter ces facteurs, par exemple en choisissant le moment de leur attaque et le type de dégâts qu’elles essaient de provoquer, afin de maximiser la gravité de l’accident et les relâchements auxquels il conduit. Cet effet pourrait être
      renforcé par la neutralisation, au cours de la même attaque, de dispositifs techniques ou humains destinés à secourir la piscine dans ce type d’accident.”

      Avouez que Monsieur de La Pallice n’aurait pas dit mieux…

      [J’ai eu la même interrogation que toi concernant les auteurs de ce rapport. Sur les 10 auteurs, 8 me semblent être lié à une organisation anti-nucléaire (à vérifier toutefois, je peux me tromper).]

      Ce n’est pas le pire. En fait, les soi-disant “experts” n’ont qu’une expertise fort limitée. Voici le CV de l’un d’eux – mis en ligne par lui même:

      Nom : BOILLEY
      Prénom : David
      Date de naissance : 22 mai 1966

      FONCTIONS ACTUELLES
      • Président de l’Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l’Ouest (ACRO)
      • Conseiller scientifique du laboratoire citoyen de mesure de la radioactivité Chikurin (Japon)
      • Représentant de l’ACRO à la CLI du Centre de Stockage de la Manche
      • Bénévole actif au sein de l’ANCCLI (Groupe Permanent sur les Matières et Déchets Radioactifs)

      CARRIERE
      • Depuis 2012 : Membre du groupe « REX Fukushima » du CODIRPA
      • Depuis 2008 : Représentant de l’ACRO au Comité d’Orientation des Recherches de l’IRSN
      • 2008 – 2010 : Participation au GT Tritium de l’ASN
      • 1996 – 2001 : Membre du Groupe Radioécologique Nord Cotentin
      • Depuis 1994 : Enseignant-chercheur en physique

      FORMATION
      • Agrégé de physique
      • Docteur en physique nucléaire

      Relisez avec attention: pensez-vous que l’expérience de ce personnage le qualifie pour faire un diagnostic de la sécurité des centrales nucléaires ?

      A part ça, on trouve comme d’habitude dans ce genre d’opération Yves Marignac et ses créatures… quant aux étrangers, il s’agit d’illustres inconnus, de personnes qui n’ont aucun rapport avec le sujet ou de militants qui justifient difficilement le titre de “expert indépendant”. Gordon McKerron, pour ne prendre qu’un exemple, est un économiste, Oda Becker, une militante écologiste qui vit de “l’expertise indépendante” payée par les ONG…

      [Je dois avouer ne pas comprendre les “critiques” faites sur le manque de sécurité lié au feu d’artifice dans l’enceinte de la centrale. Aurait-il fallu tirer dans le tas pour démontrer la sécurité ?]

      Je crains que la réponse soit positive.

    • Marcailloux dit :

      @xc,

      Bonjour,

      « Au lieu de discuter, calculons » disait Detoeuf, éminent polytechnicien, essayiste et premier président d’Alsthom.

      Ce n’est pas parce que l’on peut affirmer, à juste titre qu’il y aura, un jour ou l’autre un accident grave sur le nucléaire, que cette alternative se présente avec une probabilité du genre 50% de oui – 50% de non. C’est pourtant un peu ce qui, inconsciemment, marque la plupart des esprits et ce sur quoi s’appuient des organisations comme Green Peace.

      C’est malheureusement le défaut de la communication institutionnelle que de ne pas suffisamment rationaliser, auprès du grand public, l’enjeu, en terme de risques et opportunités, de l’exploitation de l’énergie nucléaire.
      Le citoyen lambda, même doté d’un solide bagage technique ou scientifique, n’a que peu de moyens objectifs de se constituer une opinion fiable. Il ne peut que faire ou non confiance à ceux qui ont la charge de la sécurité nucléaire en France et dans le monde. Cela ne doit pas l’empêcher de raisonner et de faire un bilan prévisionnel à partir des pertes possibles et des gains escomptables de l’usage du nucléaire.

      Les risques du nucléaire sont perçus comme ceux du transport aérien. Les accidents sont « spectaculaires ». Rarement moins de 100 morts à la fois. Suffisant pour alimenter les gazettes pendant une semaine.

      Or, pour faire simple, le transport aérien, ramené au km parcouru, est le plus sûr des moyens de transport, et s’il fallait faire ces trajets en voiture ou en train, il y aurait plus de morts, cela nous prendrait un temps fou qui nous dissuaderait de bénéficier de cette liberté de déplacement. Si l’on y ajoute la pollution de certains moyens de transport terrestres qui contribuent, à petit feu, au décès de millier de personnes, le bilan est plus que probablement favorable à l’avion.
      Et puis comment peut-on imaginer que les pilotes, les ingénieurs et techniciens des constructeurs qui utilisent comme tout le monde l’avion, seraient disposer à courir un risque élevé en y montant dedans ?

      Nous sommes dans une société qui nous apporte de multiples avantages, bien supérieurs à ceux qui nous ont précédés, et ce dans les domaines du transport, de l’énergie, de la santé, etc . . .
      Ces avantages sont assortis d’un certain nombre de risques qu’il s’agit pour le grand public d’évaluer et d’accepter ou non.
      Et si l’on chiffre, en terme de probabilité, d’une manière la plus scientifique possible, les gains l’emportent plus que probablement très nettement sur les pertes.

      Ce qui manque aux discours officiels, c’est cette quantification d’un risque bien réel qui doit être consentit face à l’évaluation des opportunités que l’usage des technologies modernes apportent.
      Les mots sans les chiffres ne valent rien.
      5000 morts d’un seul coup, avec une probabilité de 1/1000 sur une période de 10 ans, sont-ils plus à craindre que 50 000 morts répartis en 40 000 évènements singuliers sur la même période, imperceptibles médiatiquement, avec une probabilité de 99/100 ?

      Ce qui manque, encore, c’est une parole forte, du style :
      « OK, si ça pète ça fera mal. Et c’est pourquoi c’est très improbable car les dépenses liées à la sécurité sont colossales.
      Nous voulons voir disparaître les moteurs thermiques et les remplacer par des moteurs électriques sur les voitures.
      Nous voulons abandonner l’énergie fossile utilisée dans le chauffage urbain.
      Ces énergies tuent de manière sûre et continue bien plus que ne le ferait une catastrophe nucléaire improbable.
      Vivre dans une société moderne implique un pari collectif qui doit être assumé collectivement dans la mesure où il bénéficie à tous. Les oiseaux de mauvais augure ont tout de même l’utilité d’entretenir une tension salutaire à la sécurité, mais il ne faut pas pour autant leur accorder plus de crédit qu’ils n’en méritent objectivement »

      Voilà le type de prise de position que j’aimerais voir adopter par nos institutions et par l’État au risque de déplaire à la frange de forte sensibilité écologique d’une partie des électeurs. Il n’y a, me semble-t-il jamais eu de débat – en dehors des évènements graves – sur l’énergie nucléaire. Un accident n’est pas une occasion propice à la sérénité du débat.

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [C’est malheureusement le défaut de la communication institutionnelle que de ne pas suffisamment rationaliser, auprès du grand public, l’enjeu, en terme de risques et opportunités, de l’exploitation de l’énergie nucléaire.]

      Je crains, malheureusement, que ce soit plus grave que ça. Le rêve d’une République éduquée dans laquelle le « grand public » pourrait comprendre les enjeux « en termes de risques et d’opportunités » de l’ensemble des choix politiques, techniques, scientifiques, militaires, juridiques et j’en passe n’est malheureusement qu’un rêve. Le monde est trop complexe pour être compris par chaque individu dans toutes ses composantes.

      Une société aussi complexe que la notre ne peut fonctionner que sur la base de la confiance. Ce qui ne veut pas dire que les « experts » ne doivent pas s’expliquer, et chercher à faire comprendre leurs choix. Mais il faut que le citoyen reçoive ces explications avec confiance. Il doit être conscient que toute l’information ne lui est pas accessible, et que pour la partie à laquelle il n’accède pas il fasse confiance à ceux qui savent – parce qu’ils ont consacré leur vie au domaine.

      [Et puis comment peut-on imaginer que les pilotes, les ingénieurs et techniciens des constructeurs qui utilisent comme tout le monde l’avion, seraient disposer à courir un risque élevé en y montant dedans ?]

      Et bien, parce que pilotes, ingénieurs et techniciens ne sont pas infaillibles. Ils peuvent se tromper. Je pense que le bon argument n’est pas de dire que si les pilotes, les ingénieurs et les techniciens font quelque chose, c’est qu’ils ont raison. Ils peuvent avoir tort, mais le bon raisonnement est qu’on risque moins de se tromper en les suivant qu’en suivant sa propre opinion…

      [Voilà le type de prise de position que j’aimerais voir adopter par nos institutions et par l’État au risque de déplaire à la frange de forte sensibilité écologique d’une partie des électeurs.]

      Le problème est moins chez l’électeur que chez le lobby. Sans tomber dans un matérialisme schématique, il ne faudrait pas oublier que les discours apocalyptiques ont toujours fait vivre beaucoup de monde. Il y a aujourd’hui une galaxie qui vit de cette peur : ONG’s, cabinets de consultants, laboratoires et pseudo-experts « indépendants », élus…

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