Et dieu dans tout ça… ?

Dans le désastre qui nous entoure, il y a quelquefois un rayon de soleil. Le mien, c’est la réouverture de la cathédrale Notre Dame de Paris. J’avais eu l’occasion d’écrire ici, il y a cinq ans, mon désarroi devant le feu qui avait détruit la toiture et la flèche de la cathédrale, et qui avait failli provoquer la ruine de l’édifice. Dans un papier dont le titre traduisait mon sentiment de l’époque (1), j’avais exprimé mes craintes d’une « reconstruction » – le mot est d’Emmanuel Macron – bâclée et modernisatrice, plutôt qu’une restauration soigneuse et amoureuse. Ces craintes ne se sont pas réalisées. Et – hommage à qui hommage est dû – si la cathédrale nous est rendue aujourd’hui « restaurée » et non « reconstruite », c’est en grande partie grâce à Emmanuel Macron qui, pour une fois, a renoncé à être « transgressif » et retenu l’avis des très conservateurs architectes des monuments historiques plutôt que celui de la bienpensance culturelle « progressiste ».

La « cérémonie liturgique » de samedi puis la messe inaugurale du dimanche, retransmises par les médias, nous ont permis d’admirer une cathédrale magnifiquement restaurée. Un peu trop peut-être : la crasse des siècles ne permettait peut-être pas d’admirer la couleur de la pierre ou l’éclat des vitraux, mais faisait partie d’une ambiance. Est-ce qu’on aura la même impression en visitant une église toute propre, toute neuve ? N’aura-t-on pas l’impression de visiter une reconstruction genre Disney ? J’attends de pouvoir faire l’expérience pour vous en parler.

Mais ce qui ne cesse de me surprendre, c’est le discours de l’Eglise à travers celui de ses dignitaires. Il faut ici revenir aux fondamentaux : La fonction de la foi religieuse, c’est de donner un sens à ce qui n’en a pas. La science peut répondre à la question « comment », mais c’est la foi qui invente un « pourquoi ». On pouvait donc s’attendre à ce que le clergé parisien cherche à donner un sens à l’incendie de Notre Dame. Or, ce ne fut pas du tout le cas. Le discours uniforme de l’ensemble des prélats qui sont apparus dans le fenestron réduisait l’incendie de la cathédrale à un pur accident, et sa préservation à l’œuvre humaine. La cause de l’incendie ? Un court-circuit peut-être, ou une lampe à souder laissée allumée sans surveillance dans le chantier de restauration de la flèche de Viollet-le-Duc. Le salut de l’édifice ? le mérite revient aux pompiers qui ont lutté contre les flammes, aux artisans qui l’ont de leurs mains réparé les blessures, ceux qui ont permis par leurs dons que cette restauration aille au bout et, last but not least, l’Etat qui a organisé et conduit le chantier.

Et Dieu dans tout ça ? Lui, qui est pourtant partout et qui voit tout, a dû se sentir bien oublié. Dans les remerciements, il n’a pas fait le poids devant les pompiers ou les tailleurs de pierre. Et personne n’a songé non plus à s’interroger sur son rôle dans l’incendie, personne n’a cherché un sens à celui-ci, un message que le Seigneur aurait voulu transmettre aux catholiques français – et aux prêtres censés les conduire.

Il y a deux ou trois siècles, on n’aurait pas hésité : on aurait vu dans l’incendie un signe de la colère divine, on aurait appelé hautement à la pénitence. Les causes de cette colère auraient fait l’objet d’âpres débats, entre ceux qui l’auraient attribué au relâchement moral du royaume, et ceux préférant les turpitudes de la Cour, ou la corruption du clergé. Plus près de nous, en 1940, certains philosophes chrétiens et hommes d’église voyaient dans la défaite française un châtiment divin, juste réponse à la rupture de 1905 qui avait construit « l’Etat sans dieu », et au relâchement moral amené par le Front Populaire. Aujourd’hui, rien de tel. L’incendie est un accident, on vous dit. Il n’a de causes que naturelles. Et si l’édifice a finalement été sauvé, ce n’est pas par le pouvoir de la prière, par une intervention surnaturelle, mais par le travail des hommes. Inutile donc de chercher un sens, un « pourquoi » à tout ça, puisque l’église elle-même y renonce.

Ce fait n’est pas un hasard. On a chassé la figure du Père – c’est-à-dire, celui qui fixe la règle et punit la transgression – dans la famille, on l’a expulsé dans l’Etat, on l’a chassé dans la plupart de nos institutions. Il serait étonnant qu’il n’en aille pas de même à l’Eglise. Ce Dieu-le-Père sourcilleux, qui manifeste sa colère et n’accorde le pardon qu’en échange de l’obéissance et de la pénitence n’est plus de notre temps. Le nôtre, c’est un Dieu « cool », qui ne met que des bonnes notes et ne punit personne. S’il est interdit à nos professeurs de mettre en péril cette « confiance en soi » si nécessaire à leurs élèves, on ne va pas tolérer qu’un Dieu qui n’existe même pas le fasse.


Descartes

(1) https://descartes-blog.fr/2019/04/20/notre-dame-nest-plus/

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37 réponses à Et dieu dans tout ça… ?

  1. Piter dit :

    L’église catholique croit-elle seulement encore en Dieu ? Pour avoir participé de très près à la messe d’intronisation de l’archevêque de Strasbourg (j’étais au beau milieu des prêtres), le sentiment laissé par les petits commentaires entendus de part et d’autre est que pour le clergé local, la question se pose…
    Pour Notre-Dame (de Paris… la cathédrale de Strasbourg étant également dédiée à Notre-Dame), l’heureux et rapide dénouement trouve-t-il sa motivation première dans la foi ou la nécessité de restaurer au plus vite un élément essentiel du tourisme parisien ?

    • Descartes dit :

      @ Piter

      [L’église catholique croit-elle seulement encore en Dieu ?]

      Le fait est que l’idée de transcendance, si présente dans les sociétés d’avant 1968, a presque disparu aujourd’hui. C’est vrai chez les catholiques comme chez les communistes. Avec l’avènement de l’individu tout-puissant, il n’y a plus de place pour une toute-puissance qui ne soit pas la sienne. C’est d’ailleurs pourquoi ceux qui cherchent aujourd’hui une spiritualité le font très souvent en s’inventant un dieu à leur image, un dieu qui pense comme eux. Et les églises ont tendance à suivre leurs fidèles : chez les chrétiens, Dieu ne punit plus, chez les communistes, il n’est plus question de « grand soir ».

      Bien sûr, ceci crée un malaise, parce que la transcendance est un besoin humain, le seul moyen que nous ayons de faire face à notre mortalité. Et c’est pourquoi une partie – pour le moment très minoritaire, mais qui a son poids – de la jeunesse cherche cet encadrement dans des pratiques qui exagèrent le rigorisme.

      [Pour avoir participé de très près à la messe d’intronisation de l’archevêque de Strasbourg (j’étais au beau milieu des prêtres), le sentiment laissé par les petits commentaires entendus de part et d’autre est que pour le clergé local, la question se pose…]

      Ne soyez pas trop sévère… on sait tous que les institutions, même les plus sacrées, sont gérées par des hommes, avec leurs lots de bassesses, d’envies, d’avidité. Mais l’institution transcende ceux qui la font fonctionner. Je me souviens toujours de la formule de François George, parlant de ses parents staliniens : « ils croyaient en quelque chose de grand, et cette croyance les grandissait ». Et cela reste vrai quelque soient les turpitudes des serviteurs du stalinisme…

      [Pour Notre-Dame (de Paris… la cathédrale de Strasbourg étant également dédiée à Notre-Dame), l’heureux et rapide dénouement trouve-t-il sa motivation première dans la foi ou la nécessité de restaurer au plus vite un élément essentiel du tourisme parisien ?]

      Ni l’un, ni l’autre. Notre Dame est un monument national. Les dommages qu’elle a subi ont provoqué une émotion qui dépasse très largement les croyants ou les hôteliers. Par certains côtés, restaurer Notre Dame c’est un peu restaurer notre propre image en tant que nation.

  2. Cyril Vailly dit :

    Bonjour cher Descartes,
    Vous avez tout dit ! Même si je n’ai pas suivi ces cérémonies, le peu que j’ai pu entrevoir m’a laissé le même goût de déréliction, voire de négation d’une quelconque transcendance. Et nous avons là de bien triste clercs à la tête de l’Église de France, cette fille ainée.
    Avec un peu d’avance, je vous souhaite de belles fêtes de Noël.
    Cordialement.

  3. P2R dit :

    @ Descartes
     
    Merci pour ce billet. Je n’ai pas eu encore le temps de regarder la cérémonie, mais je note, et c’est particulièrement remarquable, que je n’ai pas entendu une seule critique sur la restauration, même parmi les pisse-froids professionnels. Je me dis que le résultat doit être plus qu’à la hauteur, et j’attends avec hâte de pouvoir contempler cette œuvre de mes propres yeux. 
     
    Et par ailleurs je me réjouis qu’après l’orga des JO, on retrouve à nouveau cet esprit du “impossible n’est pas français”. Au-delà de Notre-Dame, puisse ce chantier démontrer à nos concitoyens que lorsque les moyens et la volonté politique sont présents, la France sait soulever des montagnes, sait transcender les lourdeurs administratives pour simplement “faire”. Et faire bien.
     
    Prochain défi, une dizaine de centrales nucléaires ? 

    • Descartes dit :

      @ P2R

      [Merci pour ce billet. Je n’ai pas eu encore le temps de regarder la cérémonie, mais je note, et c’est particulièrement remarquable, que je n’ai pas entendu une seule critique sur la restauration, même parmi les pisse-froids professionnels.]

      C’est vrai, et c’est assez remarquable pour être signalé. Moi j’attends de pouvoir y aller, et de retrouver de vieux amis. La clôture du chœur, que je trouve remarquable… mais aussi le lézard en plomb qui lézardait sur le toit depuis que Viollet le Duc l’avait placé là. Je ne l’ai pas perçu dans les différents documentaires, mais j’ose espérer qu’ils l’ont remis à sa place!

      [Et par ailleurs je me réjouis qu’après l’orga des JO, on retrouve à nouveau cet esprit du “impossible n’est pas français”. Au-delà de Notre-Dame, puisse ce chantier démontrer à nos concitoyens que lorsque les moyens et la volonté politique sont présents, la France sait soulever des montagnes, sait transcender les lourdeurs administratives pour simplement “faire”. Et faire bien.]

      Je vous suis totalement sur ce point. Nous avons en France les savoir-faire et l’organisation pour réussir les projets. Quand la volonté politique est là et qu’on se donne des moyens, ça marche: on trouve des gens compétents pour les mettre aux commandes, les bonnes décisions sont prises et mises en œuvre au bon moment, les moyens sont gérés avec probité… vous savez, ce n’est pas le cas partout.

      [Prochain défi, une dizaine de centrales nucléaires ?]

      Vous voyez une quelconque volonté politique sur ce sujet ?

  4. Vincent dit :

    Votre texte rejoint, par une voie totalement différente, une réflexion que j’ai depuis quelques mois, de manière plus ou moins confuse, et que je n’arrive pas totalement à structurer.
    Si je devais le résumer : j’ai l’impression que l’Église catholique, en France, du moins dans la France des métropoles (et plus particulièrement l’enseignement catholique), s’est totalement éloignée de son message spirituel originel, au profit d’une pensée “macroniste” pur jus.
    Ainsi, quelques exemples en vrac :
    – J’ai entendu un grand ponte de l’enseignement catholique prendre l’exemple, le modèle, d’un ancien cadre d’un board de trading dans une banque, qui a décidé de se reconvertir comme prof de collège. Il avait cité, non sans admiration, que, quand il lui avait dit : “vous savez que vous allez fortement baisser de salaire”, il lui avait répondu : “oui, je vais le diviser par 100”.  Est-il vraiment dans l’esprit catholique d’honorer et de citer en exemple quelqu’un qui a fait les 2/3 de sa carrière en gagnant des sommes invraisemblables pour ne rien produire d’utile à son prochain ?
    – Le même gars, devant une assemblée de plus de 100 personnes, critiquait vertement les inégalités de statut entre fonctionnaire et non fonctionnaires, au niveau du régime de retraite, en trouvant incompréhensible que le régime de retraite par points voulu par Macron n’ait pas été rendu possible… Est il réellement dans son rôle de prendre une telle position politique ?
    – Les établissements d’enseignement catholique rivalisent d’imagination pour se rapprocher du modèle anglosaxon à tous les niveaux : voyages d’études aux USA, cours d’anglais renforcé (on pourrait avoir l’impression que c’est la seule manière importante en regardant certains sites), projets d’école comportant “développer ses soft skills”, n’ayant qu’à la bouche les mots d’inclusion et de diversité, alors qu’il s’agit d’établissements hyper homogènes d’enfants de CSP+ du tertiaire, avec parfois quelques “quotas diversité… Et que ces établissements savent qu’ils font le plein de candidatures, justement des enfants dont les parents fuient la diversité !
    – Plutôt qu’une prise en compte des exigences de moralité religieuses dans la vie de tous les jours, on y privilégie l’engagement dans des associations, qui permettront de rajouter la ligne qui va bien sur le CV. En réalité un catholicisme d’affichage, qui permet de montrer et d’afficher sa générosité sans avoir à prendre en compte quoi que ce soit dans ses principaux choix de vie.
    – On n’y parle que d’épanouissement individuel des enfants, alors qu’il s’agit de beaucoup de “bachottage” et de pression pour avoir les meilleurs indicateurs objectifs de l’établissement, au détriment de la formation intellectuelle préparant à l’après lycée.
     
    En réalité, j’ai l’impression qu’il s’agit d’excellentes formations pour réussir dans les grands groupes ou au sein de l’appareil d’État : devenir des spécialistes, depuis le plus jeune âge, de la dissociation entre le discours et le comportement.
    – N’avoir que la diversité à la bouche, alors qu’on la fuit,
    – Savoir parler de son investissement et de sa compassion pour les pauvres et déshérités, alors que par ses choix politiques, on leur plonge la tête sous l’eau,
    – Apprendre à séduire et à se mettre en avant, plutôt que rester humble et travailler au profit de son prochain.
     
    Pourquoi une telle évolution ?
    Sans doute que ceux qui fréquentent encore les églises sont beaucoup de CSP+ du tertiaire, qui cherchent par l’Église à compenser la mauvaise conscience qu’ils ont, du fait de l’inutilité qu’ils ressentent de leur travail ?
    Et l’Église, comme n’importe quel parti politique, fait évoluer sa doctrine en fonction de l’intérêt de ses fidèles ?
     
    Désolé pour ce message, j’en ai consciente, assez décousu, sans doute caricatural, et en tout cas certainement pas objectif…

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [Si je devais le résumer : j’ai l’impression que l’Église catholique, en France, du moins dans la France des métropoles (et plus particulièrement l’enseignement catholique), s’est totalement éloignée de son message spirituel originel, au profit d’une pensée “macroniste” pur jus.]

      Je ne sais pas s’il faut aller aussi loin, mais il est clair que l’Eglise, comme toutes les institutions, ne pouvait rester insensible aux effets idéologiques de la révolution néolibérale en cours depuis une quarantaine d’années. Continuer à répéter qu’il est plus facile à un chameau de passer par le chas d’une aiguille qu’à un riche de rentrer au royaume des cieux devient très difficile dans une société qui fait de l’argent la mesure de toute chose, au point que toutes les autres hiérarchies – celles du savoir ou de l’effort, par exemple – se plient devant lui.

      Je m’excuse de faire un parallèle qui vous semblera biscornu, mais on voit la même transformation dans « l’église » communiste : a l’ancienne tradition où les militants étaient motivés par une idée transcendante de révolution prolétarienne dont chacun était le serviteur, on a substitué progressivement l’idée que le Parti n’était qu’un instrument où chaque militant venait pour faire avancer ses combats et ses idées personnelles (c’était la théorie du « parti-outil »).

      [– J’ai entendu un grand ponte de l’enseignement catholique prendre l’exemple, le modèle, d’un ancien cadre d’un board de trading dans une banque, qui a décidé de se reconvertir comme prof de collège. Il avait cité, non sans admiration, que, quand il lui avait dit : “vous savez que vous allez fortement baisser de salaire”, il lui avait répondu : “oui, je vais le diviser par 100”. Est-il vraiment dans l’esprit catholique d’honorer et de citer en exemple quelqu’un qui a fait les 2/3 de sa carrière en gagnant des sommes invraisemblables pour ne rien produire d’utile à son prochain ?]

      Si l’argent est la mesure de toute chose, le sacrifice monétaire est le meilleur signe du dévouement. Ce monsieur a fait sacrifice de son argent pour enseigner à des petits catholiques. N’est-ce pas là, dans une société obsédée par l’argent, le sacrifice ultime ?

      [– Le même gars, devant une assemblée de plus de 100 personnes, critiquait vertement les inégalités de statut entre fonctionnaire et non fonctionnaires, au niveau du régime de retraite, en trouvant incompréhensible que le régime de retraite par points voulu par Macron n’ait pas été rendu possible… Est il réellement dans son rôle de prendre une telle position politique ?]

      Je ne connais pas le contexte de cette intervention. Normalement, les personnels enseignants dans les écoles privées sous contrat sont tenus à la neutralité politique. Mais l’église catholique a souvent flirté avec cette limite.

      [– Les établissements d’enseignement catholique rivalisent d’imagination pour se rapprocher du modèle anglosaxon à tous les niveaux : voyages d’études aux USA, cours d’anglais renforcé (on pourrait avoir l’impression que c’est la seule manière importante en regardant certains sites), projets d’école comportant “développer ses soft skills”, n’ayant qu’à la bouche les mots d’inclusion et de diversité, alors qu’il s’agit d’établissements hyper homogènes d’enfants de CSP+ du tertiaire, avec parfois quelques “quotas diversité… Et que ces établissements savent qu’ils font le plein de candidatures, justement des enfants dont les parents fuient la diversité !]

      C’est le capitalisme, camarade. Le marché de l’éducation est un marché compétitif, et si vous voulez attirer les enfants du « bloc dominant » – c’est là que se trouve l’argent et le pouvoir – il faut offrir ce que le client demande. Si l’église a survécu deux millénaires, c’est parce qu’elle a su s’adapter à son contexte, et si pour cela il faut s’asseoir sur les principes – ou plutôt les changer pour d’autres, plus conformes à la demande – elle le fait. Avec du retard, avec des hésitations, mais elle le fait.

      [En réalité, j’ai l’impression qu’il s’agit d’excellentes formations pour réussir dans les grands groupes ou au sein de l’appareil d’État : devenir des spécialistes, depuis le plus jeune âge, de la dissociation entre le discours et le comportement.]

      C’est ce que les parents demandent, non ? Si vous ne leur donnez pas ça, ils iront ailleurs…

      [Pourquoi une telle évolution ?]

      Parce que la société évolue, et qu’elle évolue – du moins pour le moment – dans le sens d’un approfondissement du capitalisme. Dans une société de l’individu-roi, une institution comme l’Eglise catholique ne peut survivre qu’en mettant en sourdine le message transcendant et en se concentrant sur le matériel. Les églises protestantes – notamment les évangéliques – l’ont fait depuis longtemps, et se portent très bien.

      [Et l’Église, comme n’importe quel parti politique, fait évoluer sa doctrine en fonction de l’intérêt de ses fidèles ?]

      Bienvenu au monde réel…

      • Vincent dit :

        @Descartes

        [Continuer à répéter qu’il est plus facile à un chameau de passer par le chas d’une aiguille qu’à un riche de rentrer au royaume des cieux devient très difficile dans une société qui fait de l’argent la mesure de toute chose, au point que toutes les autres hiérarchies – celles du savoir ou de l’effort, par exemple – se plient devant lui.]

        Même plus jeune – car j’ai suivi le catéchisme- je ne me souviens pas qu’on m’ait parlé de cet extrait. Comme quoi, rien de neuf sous le Soleil de ce point de vue.
         

        [on voit la même transformation dans « l’église » communiste : a l’ancienne tradition où les militants étaient motivés par une idée transcendante de révolution prolétarienne dont chacun était le serviteur, on a substitué progressivement l’idée que le Parti n’était qu’un instrument où chaque militant venait pour faire avancer ses combats et ses idées personnelles (c’était la théorie du « parti-outil »).]

        Ca n’a rien de biscornu. Le parallèle entre le parti communiste et la religion catholique est en effet tout à fait saisissant. L’un voit le Paradis dans l’ “au delà”, l’autre dans un futur lointain de l’humanité. L’un voit le péché originel dans l’envie, l’autre dans la propriété individuelle (sachant que les deux sont intimement liés). Les deux ont leur clergé, qui tendait à s’immiscer dans toutes les strates dirigeantes, et auxquels tous les dirigeants devaient rendre des comptes…… Et comme vous le pointez justement, les deux se sont effondrés pour tenter de s’adapter au culte de l’individu roi. Et je pense que les deux ont eu tort de sacrifier ce qui faisait leur raison d’être pour tenter -sans réussite- de racoler ici et là.Au final, dans un cas comme dans l’autre, il ne leur reste que ceux qui peuvent se servir de leur “église” pour servir leur intérêt, en se drapant dans une forme vertu morale, qui  leur permet de se sentir supérieur (moralement) aux autres, et légitime donc leur supériorité réelle en matière économique (car, s’il est évident que les catholiques sont des CSP+ en majorité, je pense ne pas trop me tromper si j’affirme que, chez les moins de 45 ans, les communistes sont, eux aussi, des diplômés du supérieurs, cadres, etc.)
         

        [Si l’argent est la mesure de toute chose, le sacrifice monétaire est le meilleur signe du dévouement. Ce monsieur a fait sacrifice de son argent pour enseigner à des petits catholiques. N’est-ce pas là, dans une société obsédée par l’argent, le sacrifice ultime ?]

        En occurrence, il n’a rien sacrifié du tout. Il avait fait son temps comme trader, avait accumulé un paquet de dizaines de millions, pouvait vivre comme rentier, et avait décidé de s’occuper comme prof. Je ne vois aucun sacrifice là dedans !En quoi est-il plus méritant que quelqu’un qui a eu une carrière de cadre à 3500€ par mois, et qui accepte de rogner sur son salaire -sans être millionaire- pour se reconvertir comme enseignant ? Pour moi, c’est l’inverse. Mais c’est lui qu’il avait cité comme exemple des très nombreux enseignants en reconversion professionnelle, avec un air d’admiration.Personnellement, peut être en raison justement d’une éducation catholique, j’admire infiniment plus quelqu’un qui a décidé, depuis le début, de consacrer sa carrière à un métier vraiment utile.
         

        [Je ne connais pas le contexte de cette intervention. Normalement, les personnels enseignants dans les écoles privées sous contrat sont tenus à la neutralité politique. Mais l’église catholique a souvent flirté avec cette limite.]

        Vous avez raison. Il n’y avait aucun élève, ni même de parent d’élève (ès qualité) à ce discours. Il s’agissait d’un discours face à des enseignants ou potentiels futurs enseignants de l’enseignement catholique.
        Est-ce mieux ? Personnellement, j’ai été choqué de cette allusion, justement car, selon moi, la stricte neutralité politique est un impératif absolu dans de telles circonstance…La faute est-elle excusable du fait qu’il s’adressait à des enseignants du privé, pour dénoncer l’injustice de traitement dont ils étaient victimes face aux enseignants du public ?

        [si vous voulez attirer les enfants du « bloc dominant » – c’est là que se trouve l’argent et le pouvoir – il faut offrir ce que le client demande.]

        Est ce réellement le projet de l’école catholique ? Si oui, en tout cas, ça n’est absolument pas le projet affiché : ni en communication institutionnelle, ni même en communication interne. On n’y parle que d’ouverture, de diversité, et de respect des valeurs fondatrices.
        Je ne crois pas que le “modèle anglosaxon” soit une valeur fondatrice de l’église catholique !A noter tout de même, pour ne pas trop être manichéen, un entretien que j’ai pu avoir, en privé, avec un chef d’établissement d’un établissement catholique parisien, qui m’a expliqué, à deux moments différents : d’une part, qu’ils veillaient à avoir une partie d’élèves venant de banlieues (je ne parle pas de Neuilly 😉 ) pour que la mixité sociale soit une réalité ; et, par ailleurs, qu’ils continuaient à résister à la pression des parents d’élèves de créer des sections internationales anglais, et de conserver des classes d’allemand.
         

        [Si l’église a survécu deux millénaires, c’est parce qu’elle a su s’adapter à son contexte, et si pour cela il faut s’asseoir sur les principes – ou plutôt les changer pour d’autres, plus conformes à la demande – elle le fait. Avec du retard, avec des hésitations, mais elle le fait.]

        A la rigueur, si l’Église catholique voulait faire évoluer sa doctrine vers une forme de jansénisme, qui était jadis très prisé de la bourgeoisie, pour se mettre plus en conformité avec les attentes de sa “clientèle”, je dirais : “pourquoi pas !”. Mais le problème est que le discours n’évolue quasiment pas, alors que la pratique a changé du tout au tout. On arrive dans une forme de double pensée qui est à l’opposé du message catholique : l’hypocrisie est à l’opposé de la vertu de vérité, et est un péché très grave.
         

        [[En réalité, j’ai l’impression qu’il s’agit d’excellentes formations pour réussir dans les grands groupes ou au sein de l’appareil d’État : devenir des spécialistes, depuis le plus jeune âge, de la dissociation entre le discours et le comportement.]C’est ce que les parents demandent, non ? Si vous ne leur donnez pas ça, ils iront ailleurs…]

        En tout cas, le moins qu’on puisse dire est que ça n’est pas affiché !
        Faut il comprendre que l’éducation catholique soit le meilleur moyen d’apprendre dès le plus jeune âge les vertus de la séduction et de l’hypocrisie dans la vie professionnelle…
        Notez, pas mal de choses plaident dans ce sens :
        – Attal, Macron, et une large partie de la macronie, qui excellent en “double pensée” ont fait leur scolarité dans le privé chrétien,
        – Les jésuites sont historiquement connus pour leur capacité à se faire les meilleurs avocats moraux de n’importe quelle cause, même celle à priori la plus indéfendable,
        – et leurs ennemis, les jansénistes, ont servi de modèle à “Tartuffe”, dont on ne peut pas dire qu’il ait attendu de néolibéralisme pour exister…

        • Descartes dit :

          @ Vincent

          [« Continuer à répéter qu’il est plus facile à un chameau de passer par le chas d’une aiguille qu’à un riche de rentrer au royaume des cieux devient très difficile dans une société qui fait de l’argent la mesure de toute chose, au point que toutes les autres hiérarchies – celles du savoir ou de l’effort, par exemple – se plient devant lui. » Même plus jeune – car j’ai suivi le catéchisme- je ne me souviens pas qu’on m’ait parlé de cet extrait. Comme quoi, rien de neuf sous le Soleil de ce point de vue.]

          Le catéchisme n’est plus ce qu’il était… peut-être parce qu’on n’a pas envie de faire peur aux petits enfants qui peuvent avoir des doutes sur la capacité de leurs parents d’entrer dans le royaume des cieux ?

          Ca n’a rien de biscornu. Le parallèle entre le parti communiste et la religion catholique est en effet tout à fait saisissant. (…) Les deux ont leur clergé, qui tendait à s’immiscer dans toutes les strates dirigeantes, et auxquels tous les dirigeants devaient rendre des comptes…]

          Et surtout, et c’est pour moi ce qui rend pertinente la comparaison, toutes deux avaient une vision « totalitaire » de leur rôle prescriptif, prétendant réguler tant la sphère publique comme la sphère privée…

          [Et comme vous le pointez justement, les deux se sont effondrés pour tenter de s’adapter au culte de l’individu roi. Et je pense que les deux ont eu tort de sacrifier ce qui faisait leur raison d’être pour tenter -sans réussite- de racoler ici et là.]

          C’est un débat passionnant. J’ai pensé comme vous, mais aujourd’hui je suis un peu plus nuancé. Je pense que « l’effondrement » était inévitable, quelque fut le choix stratégique. On ne peut pas s’opposer durablement à l’idéologie dominante. Si les organisations comme l’Eglise ou le PCF étaient restées « droites dans leur bottes », elles auraient quand même perdu l’essentiel de leurs fidèles, attirés par des idéologies qui correspondent mieux à ce qu’ils ont envie de faire. Cela étant dit, avec ce choix ces organisations seraient restées cohérentes intellectuellement, et donc capables de porter une voix qui, même minoritaire, aurait pu contribuer au débat. En sacrifiant l’idéologie au racolage, ces organisations perdent finalement toute opportunité d’exercer une influence, même marginale.

          [« Si l’argent est la mesure de toute chose, le sacrifice monétaire est le meilleur signe du dévouement. Ce monsieur a fait sacrifice de son argent pour enseigner à des petits catholiques. N’est-ce pas là, dans une société obsédée par l’argent, le sacrifice ultime ? » En occurrence, il n’a rien sacrifié du tout. Il avait fait son temps comme trader, avait accumulé un paquet de dizaines de millions, pouvait vivre comme rentier, et avait décidé de s’occuper comme prof. Je ne vois aucun sacrifice là dedans !]

          Et bien, s’il avait continué comme trader, il aurait pu ajouter au paquet de dizaines de millions un autre paquet… c’est là le « sacrifice ».

          [En quoi est-il plus méritant que quelqu’un qui a eu une carrière de cadre à 3500€ par mois, et qui accepte de rogner sur son salaire -sans être millionaire- pour se reconvertir comme enseignant ?]

          En ce qu’il « rogne » beaucoup moins son salaire, bien entendu ! Passer de quelques millions à quelques milliers est un gros sacrifice !
          [Personnellement, peut être en raison justement d’une éducation catholique, j’admire infiniment plus quelqu’un qui a décidé, depuis le début, de consacrer sa carrière à un métier vraiment utile.]

          Bien entendu. Je n’ai pas eu d’éducation catholique, et j’ai la même appréciation…

          [« si vous voulez attirer les enfants du « bloc dominant » – c’est là que se trouve l’argent et le pouvoir – il faut offrir ce que le client demande. » Est ce réellement le projet de l’école catholique ?]

          Certainement. L’Eglise est avant tout une institution dont le but premier est d’installer son pouvoir, de le maintenir et, si possible, de l’étendre. Et une façon de conserver et étendre votre pouvoir, c’est de contrôler l’éducation des classes dominantes. Ne soyez pas naïf : si l’Eglise se bat bec et ongles pour conserver le contrôle d’institutions d’enseignement de prestige dans les beaux quartiers, ce n’est pas parce qu’elle est préoccupée par le salut des âmes des habitants de Neuilly sur Seine ou de Versailles.

          [Si oui, en tout cas, ça n’est absolument pas le projet affiché : ni en communication institutionnelle, ni même en communication interne. On n’y parle que d’ouverture, de diversité, et de respect des valeurs fondatrices.]

          On n’en est pas encore à pouvoir tenir publiquement le discours que Oliver Stone fait tenir à Gordon Gekko dans le film « Wall Street ». On n’ose pas encore dire en chaire « greed is good », même si d’impeccables catholiques soutiennent aujourd’hui sans complexes la position d’Adam Smith selon laquelle « les vices privés font la vertu publique » par la magie du marché. Mais croyez-moi, ça va venir…

          [« Si l’église a survécu deux millénaires, c’est parce qu’elle a su s’adapter à son contexte, et si pour cela il faut s’asseoir sur les principes – ou plutôt les changer pour d’autres, plus conformes à la demande – elle le fait. Avec du retard, avec des hésitations, mais elle le fait. » A la rigueur, si l’Église catholique voulait faire évoluer sa doctrine vers une forme de jansénisme, qui était jadis très prisé de la bourgeoisie, pour se mettre plus en conformité avec les attentes de sa “clientèle”, je dirais : “pourquoi pas !”. Mais le problème est que le discours n’évolue quasiment pas, alors que la pratique a changé du tout au tout. On arrive dans une forme de double pensée qui est à l’opposé du message catholique : l’hypocrisie est à l’opposé de la vertu de vérité, et est un péché très grave.]

          Le problème est qu’il n’en existe pas UNE église, mais plusieurs. Il y a l’église des pauvres, et l’église des riches. Et elles ne peuvent pas avoir des discours trop contradictoires sans menacer la stabilité de l’édifice. C’est pourquoi on reste dans un discours du « juste milieu », ou l’on condamne sans beaucoup de conviction « l’argent qui corrompt »…

          [Faut-il comprendre que l’éducation catholique soit le meilleur moyen d’apprendre dès le plus jeune âge les vertus de la séduction et de l’hypocrisie dans la vie professionnelle…]

          L’enseignement privé est dans une logique client-fournisseur. Et le client est roi… si le système récompense l’hypocrisie et la séduction – et l’exemple Macron montre que c’est le cas – alors les parents des classes supérieures exigeront de l’école privée qu’elle transmette ces pratiques à leurs chères têtes blondes…

  5. Bob dit :

    @ Descartes
     
    Que pensez-vous de la non venue du Pape pour la réouverture de Notre Dame de Paris ? De prime abord, c’est quand même surprenant.

    • Descartes dit :

      @ Bob

      [Que pensez-vous de la non venue du Pape pour la réouverture de Notre Dame de Paris ? De prime abord, c’est quand même surprenant.]

      Je ne connais pas assez les relations entre Paris et le Vatican pour avoir une opinion. Est-ce lié au débat sur la fin de vie, sur la PMA-GPA ? Est-ce qu’il s’agit d’une difficulté protocolaire ? Est-ce que la santé du Pape ne lui permettait pas de faire le déplacement en Corse (auquel il tenait beaucoup) et celui de Notre Dame la même semaine ? Plus généralement, Bergoglio a réorienté l’église vers le tiers-monde, et dans ses déplacement tend à snober les grandes capitales européennes…

  6. Cording1 dit :

    S’il faut saluer la restauration de Notre Dame de Paris la société est marquée par le déclin des croyances religieuses d’où une certaine anomie dont certains faits divers en sont la traduction. 
    Le clergé catholique est très prudent sur les questions politiques et sociales. Même la mort des “cathos de gauche” ne l’en a pas délivré. Dans un France largement déchristianisée comme l’explique Marcel Gauchet Notre Dame de Paris détruite par le feu a été et reste le symbole d’un passé révolu. Et comme l’explique Emmanuel Todd le déclin des deux églises, la catholique et la communiste, sont les signes de notre société d’après Mai 68. On dit que la France vire à droite mais pas sur la question sociale comme l’a démontré les manifestations et les oppositions à la rétrograde “réforme” des retraites.

    • Descartes dit :

      @ Cording1

      [S’il faut saluer la restauration de Notre Dame de Paris la société est marquée par le déclin des croyances religieuses d’où une certaine anomie dont certains faits divers en sont la traduction.]

      Ce ne sont pas les « croyances » qui déclinent. Au contraire, elles se portent très bien. Il suffit de regarder une vidéo complotiste – il y en a des centaines sur la toile, pensez par exemple à « Hold-Up », cette triste vidéo complotiste de l’ère Covid – ou un journal écologiste pour s’en convaincre. Les gens sont tout à fait prêts à croire n’importe quoi, y compris des choses bien plus absurdes que la multiplication des pains. C’est la façon de croire qui a changé. Les « croyances » sont maintenant individuelles, et chacun se fabrique ses dieux et ses diables. Ces croyances ne sont plus « religieuses », au sens étymologique du terme. Elles ne « relient » pas les « croyants », elles ne permettent pas de constituer des institutions. Plus que les « croyances », ce sont les institutions fondées sur la croyance qui s’étiolent : que ce soit l’église catholique ou que ce soit des organisations politiques, on ne retrouve plus chez les « fidèles » cette adhésion totale, ce don de soi qu’on pouvait trouver il y a trente ou quarante ans. Les militants gaullistes ou communistes étaient des « croyants », autant que les fidèles de l’église catholique ou du temple protestant.

      [Le clergé catholique est très prudent sur les questions politiques et sociales.]

      Et il a raison : dans une société qui refuse aux institutions toute légitimité pour prescrire, toute parole d’autorité est risquée.

      [Dans un France largement déchristianisée comme l’explique Marcel Gauchet Notre Dame de Paris détruite par le feu a été et reste le symbole d’un passé révolu.]

      Mais l’émotion que cette destruction a soulevée – tout comme le soulagement de la voir restaurée – montrent que ce passé n’est pas si « révolu » que cela, du moins dans notre imaginaire. Si l’on admet que d’une certaine manière l’incendie de Notre Dame a été vécu comme symbolique de la fin d’une certaine France, la réaction des Français a montré que cette fin n’est nullement admise comme une réalité à laquelle il faudrait se résigner, au contraire. Si ce passé était « révolu », on aurait pu s’attendre à une indifférence de l’opinion. Ce fut le contraire : l’idée qu’il fallait restaurer et restaurer vite a fait la quasi-unanimité tout de suite.

      [Et comme l’explique Emmanuel Todd le déclin des deux églises, la catholique et la communiste, sont les signes de notre société d’après Mai 68.]

      Je suis d’accord avec lui. Le déclin des deux églises, c’est le signe d’une réorganisation plus profonde, celle qui consiste à remplacer le pouvoir prescriptif – et donc régulateur – des institutions par la toute-puissance individuelle. C’est schématiquement un résumé de l’idéologie néolibérale.

      [On dit que la France vire à droite mais pas sur la question sociale comme l’a démontré les manifestations et les oppositions à la rétrograde “réforme” des retraites.]

      Avant de demander si « la France vire à droite », il faudrait définir ce qu’est exactement être « de droite ». Pour moi, vous le savez, c’est une catégorie vide. Chacun y met ce qu’il a envie de mettre.

      • Marie BOUGNET dit :

        Oui, les Français sont prêts à croire n’importe quoi. La preuve ils ont cru qu’on leur fournirait un vaccin covid sûr en 6 mois, ( au lieu de 10 ans jusqu’alors) et sans tests sur toutes les catégories de patients.  

        • Descartes dit :

          @ Marie BOUGNET

          [Oui, les Français sont prêts à croire n’importe quoi. La preuve ils ont cru qu’on leur fournirait un vaccin covid sûr en 6 mois, ( au lieu de 10 ans jusqu’alors) et sans tests sur toutes les catégories de patients.]

          Eh oui… il paraît même que les Français sont prêts à croire que la terre est ronde. Heureusement, il y a encore des gens qui tiennent haut le drapeau du terraplanisme…

          Au demeurant, je ne vois pas très bien ce que vous appelez un vaccin “sûr”. Tout vaccin implique un risque, et même les vaccins testés depuis vingt ou trente ans ont un coefficient de risque. Après, il s’agit de mesurer ce risque vis à vis de l’avantage attendu. Si on a le choix entre attendre qu’un vaccin soit testé dix ans en laissant mourir des dizaines de milliers de gens, ou bien diffuser un vaccin testé pendant six mois en acceptant quelques centaines de cas d’effets secondaires graves, le choix rationnel est celui de la deuxième option.

  7. cdg dit :

    En resumé vous reprochez en clergé de ne pas encourager la suspertition et d utiliser la credulite du peuple pour faire passer un accident pour une colere divine. Eh oui, le clerge francais ne va pas construire une basilique pour expier la defaite de 1870 ou organiser une procession pour qu il pleuve.
    N etant pas tres religieux et croyant je vais pas ici defendre l existance de dieu mais il est clair que ce n est pas en racontant n importe quoi qui pourra etre facilement dementi par les faits (par ex si on trouve la raison de depart de feu)

    • Descartes dit :

      @ cdg

      [En resumé vous reprochez en clergé de ne pas encourager la superstition et d’utiliser la crédulité du peuple pour faire passer un accident pour une colère divine.]

      D’abord, je ne « reproche » rien à personne. Je constate.
      Ensuite, je ne pense pas que ce soit une question de « superstition ». Il ne s’agit pas d’EXPLIQUER l’incendie en l’attribuant à la colère divine, mais de lui donner un SENS. La différence est subtile mais importante. Aujourd’hui, il y a un large consensus dans la société pour fonder l’explication des phénomènes à la connaissance scientifique, et seuls quelques groupuscules fondamentalistes songent à le contester. Mais expliquer un phénomène est une chose, et lui donner un sens en est un autre. La théorie de l’évolution peut nous dire comment nous sommes arrivés à ce que nous sommes, mais ne peut pas nous fournir un « pourquoi ». Peut-être même que ce « pourquoi » n’existe tout simplement pas. Il ne reste pas moins que l’absence de réponse à cette question est pour l’homme une source d’angoisse.

      Cette angoisse, on peut la traiter de beaucoup de manières. La religion est l’une d’elles, parce que, pour reprendre une formule que j’aime bien, « la religion donne du sens à ce qui n’en a pas ». Faire le lien entre l’incendie de Notre Dame et la colère divine serait de l’obscurantisme s’il y avait derrière une volonté explicative. Cela serait absurde. Mais faire le lien en termes symboliques, cela me paraît être la fonction même d’une église.

      [Eh oui, le clergé français ne va pas construire une basilique pour expier la defaite de 1870 ou organiser une procession pour qu’il pleuve.]

      Et pourtant, on organise bien des marches contre le réchauffement climatique ou contre la mondialisation. En quoi est-ce si différent ?

      [N’étant pas très religieux et croyant je ne vais pas ici défendre l’existence de dieu mais il est clair que ce n’est pas en racontant n’importe quoi qui pourra être facilement démenti par les faits (par ex si on trouve la raison de départ de feu)]

      Relisez Popper : Les « faits » ne peuvent démentir l’idée de volonté divine. Quand bien même vous réussiriez à prouver que le feu à Notre Dame a démarré par une lampe à souder laissée allumée, vous ne pourrez jamais prouver que ce n’est pas Dieu qui a fait oublier à l’ouvrier sa lampe allumée, ou bien qu’il a rallumé la lampe qu’il avait éteinte avant de partir. Le propre de la construction théologique est de ne pas être falsifiable. La science nous permet de dater des fossiles et de montrer que le monde n’a pas été créé en sept jours… mais si dieu est tout puissant, il a les moyens de fausser nos mesures.

      Mais la question ici n’est pas la possibilité pour l’église de fournir une EXPLICATION à l’incendie. Il s’agit de faire un lien symbolique entre celle-ci et la colère divine, de la même façon qu’on peut faire le lien entre le pardon divin et la restauration de la cathédrale.

      • Manchego dit :

        @ Descartes
        ***La théorie de l’évolution peut nous dire comment nous sommes arrivés à ce que nous sommes, mais ne peut pas nous fournir un « pourquoi ». Peut-être même que ce « pourquoi » n’existe tout simplement pas. Il ne reste pas moins que l’absence de réponse à cette question est pour l’homme une source d’angoisse.***
        Oui, c’est comme l’infiniment grand ou l’infiniment petit, c’est une source d’angoisse et quelque chose d’insupportable. Mais admettre un “pourquoi” de nature divine n’est pas à la portée de tout le monde, il faut sans doute être très intelligent et avoir une grosse capacité d’abstraction (ou bien être d’une nature très crédule ?).
         

        • Descartes dit :

          @ Manchego

          [Mais admettre un “pourquoi” de nature divine n’est pas à la portée de tout le monde, il faut sans doute être très intelligent et avoir une grosse capacité d’abstraction (ou bien être d’une nature très crédule ?).]

          C’est une question complexe. Non, la foi n’a pas besoin “d’une grande intelligence et d’une grosse capacité d’abstraction”. Pendant des siècles, des gens sont allés au lit le soir rassurés par le fait que quelqu’un de très puissant était là haut et s’assurait que le monde ne déraille pas, que les bons soient finalement récompensés et les mauvais punis. Que ce “très puissant” soit de nature divine ou que ce soit un homme divinisé ne change rien à l’affaire.

          Pour croire, la condition essentielle est d’avoir envie de croire. Et on peut avoir envie de croire pour beaucoup de raisons: parce qu’on a envie d’être rassuré, consolé, mais aussi quelquefois parce qu’on a envie de se couler dans la peau de la victime, de justifier ses échecs. Autrement dit, on croit parce que cette croyance a une utilité, et non parce que ce à quoi on croit est particulièrement convainquant. Quelquefois, c’est même l’inverse: on s’ingénie à compliquer le dogme jusqu’à le rendre absurde. Quel besoin avait l’église catholique d’introduire le dogme de la trinité, totalement incompréhensible pour la plupart des fidèles ?

          • Manchego dit :

            @ Descartes
            ***Pour croire, la condition essentielle est d’avoir envie de croire.***
            C’est sans doute vrai, mais je me demande si ce n’est pas aussi une question d’éducation, un formatage pendant l’enfance ?
            ***Quel besoin avait l’église catholique d’introduire le dogme de la trinité, totalement incompréhensible pour la plupart des fidèles***
            Oui, c’est ce type de dogme qui me faisait dire qu’il faut avoir une capacité d’abstraction pour comprendre ou admettre… Par ailleurs, les trois religions monothéistes se revendiquent d’un dieu unique, mais est-ce le même dieu unique pour tous ? Je ne suis pas assez cultivé pour répondre, mais si ce n’est pas le même cela complexifie encore les choses.

            • Descartes dit :

              @ Manchego

              [« Pour croire, la condition essentielle est d’avoir envie de croire. » C’est sans doute vrai, mais je me demande si ce n’est pas aussi une question d’éducation, un formatage pendant l’enfance ?]

              Ce n’est pas contradictoire. Conserver les croyances de son enfance – et les transmettre à ses enfants – c’est d’une certaine façon préserver notre enfance dans l’idée de filiation. Abandonner les de notre enfance, celles que nous ont transmis nos parents, c’est d’une certaine façon renier ce qui nous a fait. C’est pourquoi des gens qui ne vont jamais à l’église et qui dans la vie courante agissent comme des agnostiques retrouvent souvent les rites de leurs parents dans les occasions qui ont trait à cette filiation : le mariage, le baptême, le rite funèbre.

              [« Quel besoin avait l’église catholique d’introduire le dogme de la trinité, totalement incompréhensible pour la plupart des fidèles » Oui, c’est ce type de dogme qui me faisait dire qu’il faut avoir une capacité d’abstraction pour comprendre ou admettre…]

              Ou bien qui permet au charbonnier de croire sans se poser des questions. « Le Fils de Dieu a été crucifié ? Je n’ai pas honte puisqu’il faut avoir honte. Le Fils de Dieu est mort ? Il faut y croire puisque c’est absurde. Il a été enseveli, il est ressuscité : cela est certain puisque c’est impossible » écrit Tertullien (c’est de là que vient la formule qui lui est attribuée « credo quia absurdum », « je crois parce que c’est absurde »).

              [Par ailleurs, les trois religions monothéistes se revendiquent d’un dieu unique, mais est-ce le même dieu unique pour tous ? Je ne suis pas assez cultivé pour répondre, mais si ce n’est pas le même cela complexifie encore les choses.]

              C’est le même dieu. Le christianisme comme l’Islam reconnaissent les faits racontés dans la Torah juive (qui contient en particulier le récit de la genèse et celui de l’exode) même si c’est avec des nuances, notamment pour ce qui concerne l’Islam le récit abrahamique. C’est l’interprétation des textes qui est différente, et surtout le « caractère » du dieu en question. Pour les juifs, il s’agit d’un dieu jaloux et colérique, particulariste au point de choisir un peuple parmi les nations, et qui n’hésite pas à se montrer ou à intervenir lui-même dans les affaires des hommes. Pour les chrétiens, il s’agit d’un dieu occulte, qui n’intervient plus directement, et la rédemption de nos péchés par le Christ permet à dieu d’accueillir tous les hommes et de leur pardonner. Je ne connais pas assez l’Islam pour savoir quelle est la conception qu’ils ont d’Allah…

  8. Je sens comme une petite nostalgie chez l’auteur, face au patriarcat menacé actuellement.
    Un peu de taquineries cher Descartes mais j’ai toujours plaisir à vous lire.
    joyeux solstice d’hiver.
    Ni dieu, ni maître
    Bertrand

    • Descartes dit :

      @ Bertrand BARERE

      [Je sens comme une petite nostalgie chez l’auteur, face au patriarcat menacé actuellement.]

      Nostalgie non. Je ne crois pas au retour au passé. Mais inquiétude, oui. Non parce que le “patriarcat” serait menacé: le “patriarcat” n’existe plus depuis bien longtemps. Mais parce que je crois profondément que les deux fonctions, celle du Père et celle de la Mère, sont nécessaires dans la construction d’un individu sain, et que lorsque l’un de ces pôles nie l’autre, la santé mentale d’une société se dégrade.

      [Un peu de taquineries cher Descartes mais j’ai toujours plaisir à vous lire.]

      Merci de cet encouragement, et n’hésitez pas à intervenir, ce sont les débats qui font l’intérêt de ce blog plus que mes papiers.

  9. democ-soc dit :

    Hors sujet (quoique… Le sujet est aussi la religion)
    Je sais que notre nouveau 1er ministre n’est pas ta tasse de thé. Personnellement, j’avais été beaucoup impressionné à l’époque par une interview qu’il avait donné au figaro en 2007, apres le discours du Latran de Sarkozy.
     
    https://www.lefigaro.fr/politique/2007/12/26/01002-20071226ARTFIG00005-bayrou-sarkozy-remet-en-cause-la-laicite-republicaine.php
     
    Le personnage est sans doute un pietre politique et un pro-UE borné, mais je lui accorderais au moins une certaine intelligence (c’est un homme de lettre, comme cette interview me semble le démontrer), une densité (on a pas affaire à un produit marketing genre Attal) et il connait un peu son pays, lui.
    Mais je n’attends rien de lui non plus, hein. Il est là pour gagner un peu de temps : il fera 3 mois, son suivant idem, et puis il sera temps de dissoudre à nouveau.

    • Descartes dit :

      @ democ-soc

      [Je sais que notre nouveau 1er ministre n’est pas ta tasse de thé. Personnellement, j’avais été beaucoup impressionné à l’époque par une interview qu’il avait donné au figaro en 2007, apres le discours du Latran de Sarkozy.]

      Preuve, s’il en fallait une, de la malfaisance du personnage. Souvenez-vous qu’en 1993, lorsqu’il était ministre de l’Education nationale dans le gouvernement Balladur, il avait fait voter une modification de la loi Falloux pour supprimer le plafonnement qui empêchait les collectivités locales de financer librement les écoles privées. Une modification si évidemment contraire au principe de laïcité que le Conseil constitutionnel avait censuré la disposition. Comment est-il devenu un gardien sourcilleux de la laïcité quatorze ans plus tard ? La réponse est simple : en 2007, il s’agissait de trouver un motif pour critiquer Sarkozy, avec qui il avait des rapports exécrables. C’est ça, le problème avec Bayrou : c’est un homme de principes, mais ces principes changent en fonction de ses inimitiés et de ses ambitions.

      [Le personnage est sans doute un pietre politique et un pro-UE borné,]

      C’est surtout une baudruche incompétente, qui a construit toute sa carrière sur son pouvoir de nuisance. En quarante ans de carrière politique, on ne lui connait pas un projet, une proposition originale, une réalisation. Tout ce qu’il a fait, c’est de critiquer les autres et d’avancer sa carrière à coups de chantage. Et son dernier exploit illustre peut-être à la perfection ce trait de caractère.

      [mais je lui accorderais au moins une certaine intelligence (c’est un homme de lettre, comme cette interview me semble le démontrer),]

      C’est un professeur agrégé de Français. Ca ne suffit pas à en faire « un homme de lettres ». Aucun de ses (nombreux) livres n’a laisse une trace indélébile chez les lecteurs, et je ne connais aucune formule de lui qui soit couramment citée.

      [une densité (on a pas affaire à un produit marketing genre Attal)]

      Non. Ca, c’est vrai. C’est un vieux produit rance de la pire politique centriste. Un exemple de ces gens qui s’incrustent au pouvoir parce que, n’ayant pas d’idées, ils sont censés être « compatibles » avec à peu près tout le monde. Et quand ses alliés ne lui donnent pas les postes et les honneurs qu’il convoite, il devient nuisible. C’est l’illustration même de la formule de Kissinger : « il vaut mieux l’avoir dans la tente pissant dehors, que hors de la tente pissant dedans ».

      [et il connait un peu son pays, lui.]

      Oui. Surtout ses mauvais côtés. Il a parfaitement compris combien les Français sont sensibles à la démagogie du « bon sens paysan ». Au point de remise son agrégation de lettres aux oubliettes et de se fabriquer une image d’éleveur de chevaux.

      [Mais je n’attends rien de lui non plus, hein. Il est là pour gagner un peu de temps : il fera 3 mois, son suivant idem, et puis il sera temps de dissoudre à nouveau.]

      Je crains que ce ne soit bien pire que ça. Mais le problème n’est pas Bayrou, c’est le fait que le pays soit prêt à en faire un premier ministre.

  10. Sami dit :

    Pour ceux qui ne croient pas en Dieu, si je peux me permettre, la messe est dite, ils peuvent arrêter la lecture de mon message ici même 😀 
    Pour ceux qui croient en Dieu :
    D’évidence, Dieu nous a mis sur cette planète. Nous sommes bien là, c’est un fait. Peu importe le processus (la théorie scientifique de l’évolution est tout à fait recevable en vérité, pour un croyant). Dieu, tout le long de l’histoire, de l’aventure humaine, nous a donné, par le biais de révélations (diverses et variées, plus ou moins “complexes” selon les niveaux culturels destinataires…), des “signes”, des voies, des principes… Le Bien et le Mal, le fait que l’univers (immense, infini…) est SA création (en fait, même le Bien et le Mal sont sa création…), l’au-delà, l’enfer et le paradis, avec parfois des images métaphoriques, parfois des descriptions adaptées aux peuples divers selon leur emplacement, leur histoire anthropologique, leur culture, etc etc etc… 
    Mais Dieu ne nous a JAMAIS dit le “Pourquoi” de sa création, le Pourquoi de TOUT cela. En tant que croyants, en vérité, nous ne savons rien de rien, à part des montages mythologiques grossiers de la part des clergés de toute obédience (toutes religions confondues). Dieu nous a placé sur cette planète (ailleurs aussi peut-être), c’est un donc un fait, mais avec quelques super casse-tête absolument insolubles, du type de la prédestination ou de la raison de notre création… Dans tout les cas, concernant ces problèmes, nous en sommes réduits (pour ceux qui ne supportent pas de rester dans cet abyssal trou noir de non-savoir) à des conjectures en vérité sans intérêt, manifestement fausses, pures inventions humaines, au mieux de laborieux montages pseudo mystiques, etc etc…
    Bref.
    Et donc, pour Notre Dame :
    Dieu nous a mis sur cette terre, avec des capacités absolument mystérifiques. Il nous a clairement (par le biais de certaines révélations) appris qu’il existe en nous une part, même infime, de Lui en nous. Nous avons en nous la possibilité de CRÉER, le pire (surtout) et le meilleur. Notre Dame (ou les pyramides, ou l’équation d’Einstein, ou le concerto en LA majeur de Mozart…) sont autant de signes de nos capacités créatrices proprement fabuleuses, notre part de divin. 
    Notre Dame, sa construction, est un des signes de notre génie créateur. Et sa restauration est aussi un signe de ce même génie. Quel bonheur d’ailleurs, de nous apercevoir qu’en ces temps pourris par un néo capitalisme dévastateur à tous égards (spirituel, écologique, social, politique…), quel bonheur de nous apercevoir qu’il existe une multitude (suffisamment en tout cas) d’artisans, de techniciens, d’ingénieurs,  absolument géniaux, d’hommes et de femmes encore mus par la passion de la beauté, de la spiritualité constructive, si j’ose dire…(et je n’oublie pas les pompiers !), capables de transcender la dictature du fric, de l’intérêt égoïste…
    La volonté politique ? bah, si peu… Quel citoyen, à la place de Macron, n’aurait pas d’évidence décidé de restaurer la cathédrale au mieux des possibilités disponibles ? Même l’argent, bon an mal an, est venu des dons privés (même si ces dons proviennent en grande partie de ces même capitalistes qui pourrissent cette planète, cette humanité… mais bon, on ne va pas faire la fine bouche non plus). Il y a dans cette affaire, 1% de volonté politique, et 99% de ce que l’Homme a de meilleur en lui. Et cela a été ressenti, je crois, universellement. C’est bien, par ces sombres temps qui courent. D’ailleurs on a vu comment l’achèvement de la restauration a été récupéré par le “politique” : qu’aurait pensé Jésus, s’il avait pénétré dans ce temple reconstruit, et ne voyant autour de lui que la multitude des nantis de ce monde, et si peu de son peuple à lui, le peuple des humbles…
    Dieu dans tout cela ? Il nous a donc placé sur cette planète, avec un minimum d’éléments qui nous parlent du TOUT  qui nous dépasse tragiquement, puis, c’est comme s’il nous avait dit : “Maintenant, débrouillez-vous, faites ce que vous avez à faire, vous comprendrez après”… Et nous sommes là, avec assez d’intelligence pour être capable de découvrir les questions (pourquoi ? pourquoi ? pourquoi ?…), mais avec une incapacité absolue de concevoir les réponses. Dans le “plan” divin, il nous est tout simplement impossible d’appréhender cette réponse (la fameuse transcendance…) (cela a été retiré du logiciel de notre “compétence logique”), au même titre que la fourmi qui ne peut comprendre le pourquoi des maisons humaines, de la présence humaine, des comportements humains… Et pourtant la fourmi possède quelque chose qu’on peut comparer à de la conscience, à sa mesure bien sûr. 
    Oui, ce mur infranchissable qui se dresse dans notre intime conscience, pour un croyant, est dur à vivre, parfois insupportable, mais c’est comme ça… Alors certains “croient” en ce construisants des trucs intellectuels dérisoires car inutiles, et les autres, bah, tout simplement, ils ne “croient” pas. Ainsi soit-il.
    etc etc…
    Pardon pour toutes ces considérations plus ou moins théologiques, mais elles me semblaient inévitables, pour continuer à répondre globalement à votre question. 

    • Descartes dit :

      @ Sami

      [Pour ceux qui ne croient pas en Dieu, si je peux me permettre, la messe est dite, ils peuvent arrêter la lecture de mon message ici même 😀]

      Je vais quand même prendre le risque de continuer, mécréant que je suis…

      [D’évidence, Dieu nous a mis sur cette planète. Nous sommes bien là, c’est un fait. Peu importe le processus (la théorie scientifique de l’évolution est tout à fait recevable en vérité, pour un croyant). Dieu, tout le long de l’histoire, de l’aventure humaine, nous a donné, par le biais de révélations (diverses et variées, plus ou moins “complexes” selon les niveaux culturels destinataires…), des “signes”, des voies, des principes… Le Bien et le Mal, le fait que l’univers (immense, infini…) est SA création (en fait, même le Bien et le Mal sont sa création…), l’au-delà, l’enfer et le paradis, avec parfois des images métaphoriques, parfois des descriptions adaptées aux peuples divers selon leur emplacement, leur histoire anthropologique, leur culture, etc etc etc…]

      Tout ça est assez disputé. Selon les croyants, on peut interpréter la bible d’une manière littérale ou symbolique, croire que dieu nous a crées en sept jours, ou au contraire passer par l’idée d’un « intelligent design ». Mais bon, ce n’est pas là l’essentiel.

      [Mais Dieu ne nous a JAMAIS dit le “Pourquoi” de sa création, le Pourquoi de TOUT cela.]

      Bien sur que si. Dieu est lui-même le pourquoi. « Pourquoi » nous existons ? Parce que Dieu l’a voulu et qu’ils nous a créé. « Pourquoi » le mal existe ? Parce qu’il a décidé de nous accorder le libre arbitre. Croire en dieu, c’est croire que le monde a été conçu par un être doué d’intention. Et quand bien même cette intention nous demeure obscure, elle existe.

      [Dans tout les cas, concernant ces problèmes, nous en sommes réduits (pour ceux qui ne supportent pas de rester dans cet abyssal trou noir de non-savoir) à des conjectures en vérité sans intérêt, manifestement fausses, pures inventions humaines, au mieux de laborieux montages pseudo mystiques, etc etc…]

      Peut-être. Mais pour ceux qui ne croient pas, l’affaire est entendue : le processus qui nous a amené là où nous sommes ne contient aucune volonté, et notre existence n’a donc aucun sens. Vous comprenez alors pourquoi tant de gens choisissent plutôt de croire…

      [Notre Dame, sa construction, est un des signes de notre génie créateur. Et sa restauration est aussi un signe de ce même génie. Quel bonheur d’ailleurs, de nous apercevoir qu’en ces temps pourris par un néo capitalisme dévastateur à tous égards (spirituel, écologique, social, politique…), quel bonheur de nous apercevoir qu’il existe une multitude (suffisamment en tout cas) d’artisans, de techniciens, d’ingénieurs, absolument géniaux, d’hommes et de femmes encore mus par la passion de la beauté, de la spiritualité constructive, si j’ose dire…(et je n’oublie pas les pompiers !), capables de transcender la dictature du fric, de l’intérêt égoïste…]

      Oui. C’est en ce sens que je suis ému par la renaissance de Notre Dame. Et vous noterez – c’était un peu le point de mon papier – que ces artisans, ces techniciens, ces ingénieurs, ces hommes et femmes qui ont la passion de la beauté, ces pompiers qui ont sauvé l’édifice, ont été d’abord motivés par une impulsion qu’on peut qualifier de « civique », et seulement de manière accessoire par une croyance religieuse. Et que même l’église, par la voix de ses représentants, a renoncé à associer dieu à ce travail…

      [La volonté politique ? bah, si peu… Quel citoyen, à la place de Macron, n’aurait pas d’évidence décidé de restaurer la cathédrale au mieux des possibilités disponibles ?]

      Je n’ose imaginer ce qu’un Jack Lang aurait pu faire à sa place…

      [Il y a dans cette affaire, 1% de volonté politique, et 99% de ce que l’Homme a de meilleur en lui. Et cela a été ressenti, je crois, universellement.]

      Je ne vois pas pourquoi vous opposez « la volonté politique » et « ce que l’homme a de meilleur en lui ». Je ne partage pas votre diagnostic. La volonté politique a beaucoup pesé. Peut-être que sans elle la cathédrale aurait fini par être restaurée. Mais le politique a fait son boulot en levant les obstacles règlementaires, en prenant les bonnes décisions au bon moment. Autant je suis critique de presque tout ce que Macron a fait ces sept dernières années, autant je lui dois de reconnaître ce qu’il a bien fait.

      [C’est bien, par ces sombres temps qui courent. D’ailleurs on a vu comment l’achèvement de la restauration a été récupéré par le “politique” : qu’aurait pensé Jésus, s’il avait pénétré dans ce temple reconstruit, et ne voyant autour de lui que la multitude des nantis de ce monde, et si peu de son peuple à lui, le peuple des humbles…]

      Il se serait dit « finalement, la secte que j’ai fondée a bien réussi », et se serait frotté les mains. A supposer que Jesus ait vraiment existé – ce qui n’est pas historiquement établi – il est assez difficile de savoir ce qui dans sa prédication était sincère, et ce qui relevait d’un intérêt politique.

    • Vincent dit :

      [Quel citoyen, à la place de Macron, n’aurait pas d’évidence décidé de restaurer la cathédrale au mieux des possibilités disponibles ?]

      Je vous laisse admirer certaines propositions architecturales venant de “citoyens”, qui, à la place de Macron, avaient eu plein d’idées :
      https://www.novethic.fr/actualite/environnement/ressources-naturelles/isr-rse/ces-projets-ecologiques-plus-ou-moins-serieux-pour-reconstruire-notre-dame-de-paris-147207.html

  11. Bob dit :

    @ Descartes
     
     
    [c’est un homme de lettre]
     
    Sans doute, pourtant paradoxalement l’écouter m’est très pénible, probablement à cause de sa diction hachée, et outre ses formulations alambiquées on a souvent l’impression qu’il bute et cherche ses mots. Agrégé certes, mais pas d’éloquence !
     
    [C’est l’illustration même de la formule de Kissinger : « il vaut mieux l’avoir dans la tente pissant dehors, que hors de la tente pissant dedans ».]
     
    Je me répète, ce genre de formule est jubilatoire. D’autres svp.

  12. kati dit :

    Je suis comme un milieu entre Dieu et le néant.
    René Descartes
    cqfd : (https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordres_de_grandeur_de_longueur)
    puissance6 de 10 : entre l’atome et l’etoilevspuissance9 de 10 : nanoparticule vs transbillgatisme

    (work in progress : https://mastodonapp.uk/@anarchynano)
    (a tout saigneur tout honneurs :https://diaspora.psyco.fr/posts/4b30e6e09d0e013d48f80025900e4586#fb7a27509d34013d987e7054d219cb33)
     
     

  13. marc malesherbes dit :

     
    Il est heureux que la France sache conduire de grands projets liés au spectacle (les jeux olympiques) ou à l’architecture moyenâgeuse (Notre Dame de Paris). Voici qui va renforcer notre image mondiale de pays du bien vivre et de pays touristique.
    Pour ce qui est de notre capacité technologique d’aujourd’hui, c’est une autre affaire. Nos déboires dans la construction d’un EPR à Hinkley Point en GB, sont inexcusables. Pour Flamanville, on peut admettre que c’était une première. Mais pour Hinkley Point, nous avions déjà l’expérience en cours de Flamanville, de l’EPR de Finlande et de Chine. Nous persévérons dans les errements *.
     
    * dans mon souvenir le directeur financier avait démissionné à l’époque, en désaccord avec les conditions du projet. Mais la direction a persévéré dans la signature du contrat tel qu’il état. Bien sûr, ce sont les contribuables qui paient et vont payer la facture, comme pour l’EPR de Flamanville, de Finlande. Seul l’EPR de Chine a été conduit à peu prés dans les clous … grâce au savoir faire chinois. Dans une société responsable toute la direction d’Areva, EdF aurait du et devrait être débarquée. Je ne sais, en dehors du cas Anne Lauvergeon et de la disparition d’Areva de ce qui a été réellement fait. A-t-on gardé les mêmes ?

    • Descartes dit :

      @ marc malesherbes

      [Nos déboires dans la construction d’un EPR à Hinkley Point en GB, sont inexcusables. Pour Flamanville, on peut admettre que c’était une première. Mais pour Hinkley Point, nous avions déjà l’expérience en cours de Flamanville, de l’EPR de Finlande et de Chine. Nous persévérons dans les errements *.]

      Je ne sais pas qui a écrit ces lignes. Mais je peux imaginer qu’il s’agit d’un de ces plumitifs qui donne des conseils au monde entier. La question n’est pas de savoir si les déboires de l’EPR sont ou non “excusables”, mais de comprendre d’où vient le problème et de le corriger. Or, quels sont les “errements” dont parle l’auteur ? Mystère… Quant à imaginer qu’on résout les problèmes en “débarquant” les directions, je trouve que c’est d’une rare naïveté.

  14. marc malesherbes dit :

     
    EdF suite
     
    EdF a réussi a installé un parc d’éolienne au large de Cherbourg.
    La partie technique, les pales, étaient fabriquée par une entreprise US, LM Wind Power.Une autre partie importante, la construction des piliers a été faite par Smulders, une entreprise néerlandaise. GE Renewable Energy a joué un rôle clé en fournissant les turbines éoliennes ainsi que les systèmes de conversion d’énergie les équipements nécessaires pour connecter les turbines au réseau électrique à terre.
    Autrement dit EdF a agit efficacement en tant qu’ensemblier, mais en ne s’appuyant sur presqu’aucune compétence technique française.Ce cas représentatif de nos énergies d’avenir montre bien où en est une grande partie de la technologie française. (idem pour les batteries des voitures électrique)
     
    Heureusement, il nous reste l’aéronautique, l’espace, le militaire où nous avons encore de belles réalisations.

    • Descartes dit :

      @ marc.malesherbes

      [EdF a réussi a installé un parc d’éolienne au large de Cherbourg.
      La partie technique, les pales, étaient fabriquée par une entreprise US, LM Wind Power. Une autre partie importante, la construction des piliers a été faite par Smulders, une entreprise néerlandaise. GE Renewable Energy a joué un rôle clé en fournissant les turbines éoliennes ainsi que les systèmes de conversion d’énergie les équipements nécessaires pour connecter les turbines au réseau électrique à terre.]

      Faut savoir ce qu’on veut. Dans votre commentaire précédent, vous signalez les “déboires” d’Hinkley Point et ceux de Flamanville. IL vaut bien voir qu’à l’heure de construire des grands projets, c’est moins cher et plus sûr de faire faire ailleurs, vu l’état de notre appareil industriel. Sur l’éolien, les autres ont pris de l’avance, ils ont les installations et les compétences qui nous manquent. Prendre des fournisseurs français peut aider à développer des compétences et à maintenir une industrie nationale, mais c’est prendre le risque de “déboires”, de retards ou de payer plus cher. EDF a su conserver sa compétence d’ensemblier, et du point de vue de l’intérêt étroit de l’entreprise, elle a tout intérêt à se concentrer sur ce créneau et sous-traiter le reste.

      Si l’on veut garder une industrie nationale, il faut supporter sur la durée les “déboires” d’une industrie apprenante. Personne ne réussit des projets complexes du premier coup – et si l’on regarde ce qui se passe de par le monde, les “déboires” d’EDF à Hinkley Point n’ont rien d’exceptionnel lorsqu’on compare à d’autres grands projet. Pensez à l’aéroport de Berlin, qui a défrayé la chronique outre-Rhin depuis des années…

      [Heureusement, il nous reste l’aéronautique, l’espace, le militaire où nous avons encore de belles réalisations.]

      Où ça, où ça ? De plus en plus, nos entreprises agissent comme “ensembliers”, assemblant des composants fabriqués ailleurs…

  15. Roman dit :

    Bonjour Descartes
    Je suis curieux de connaître votre analyse de l’expérience Milei en Argentine. Baisse de l’inflation, réduction drastique de la dépense publique, réequilibrage de la balance extérieur, baisse de l’immobilier mais hausse du taux de pauvreté et une croissance qui n’est pas du tout reparti. 

    • Descartes dit :

      @ Roman

      [Je suis curieux de connaître votre analyse de l’expérience Milei en Argentine. Baisse de l’inflation, réduction drastique de la dépense publique, réequilibrage de la balance extérieur, baisse de l’immobilier mais hausse du taux de pauvreté et une croissance qui n’est pas du tout reparti.]

      Je suis un peu de loin cette “expérience”, mais je peux essayer de mettre par écrit quelques éléments. D’abord, il ne faut pas oublier que l’Argentine a une économie de rente. Ce sont “les viandes et les blés” qui fournissent l’essentiel du revenu du pays, avec une agriculture extensive qui, finalement, emploie assez peu de monde. La politique argentine est donc essentiellement un combat pour le partage de cette rente. Ensuite, il faut garder en tête que seule la moitié de l’économie argentine fonctionne légalement. L’économie “noire” (qu’on appelle aujourd’hui “informelle”, paraît que cela fait plus joli) est de taille équivalente. Enfin, il s’agit d’un pays de mentalité féodale, avec un fonctionnement clanique ou le “seigneur” (maire, syndicaliste, gouverneur de province, entrepreneur, juge…) achète le soutien de ses partisans en leur concédant fiefs et prébendes. Et cela fonctionne à tous les niveaux. Chaque dirigeant d’institution a ses “punteros”, personnes qui reçoivent de lui argent (public) et positions (notamment des postes d’agent public), dont ils redistribuent une partie à l’étage en dessous en échange d’un soutien et d’une fidélité canine.

      Dans ce contexte, les péronistes – divisés en plusieurs clans qui se battent entre eux pour se partager le gâteau – ont gouverné entre 2019 et 2023. Pendant cette période, ils ont distribué massivement de l’argent pour acheter des soutiens, empochant des sommes considérables au passage. Ce fut un véritable pillage de l’Etat, mais surtout la distribution était financée par la planche à billets, provocant une dérive inflationnaire et une fuite vers le dollar (notons tout de même que les “libéraux” qui avaient précédé les péronistes ont eux aussi pillé l’Etat, mais ils ont financé leur achat de voix par l’emprunt, et non la planche à billets, d’où la dette colossale qui met l’Argentine au bord d’un n-ième défaut). A la fin de la présidence Fernandez, l’inflation allait vers un 25% mensuel (oui, j’ai bien écrit “mensuel”), rappelant les épisodes hyperinflationnaires du passé.

      Milei, c’est la réaction à cette dérive. Il est arrivé avec un mandat précis: éviter l’hyperinflation à tout prix. Et on peut dire qu’il a réussi: aujourd’hui l’inflation est autour de 3% mensuel, ce qui paraît énorme pour nous, mais qui pour l’Argentine est une excellente performance. Pour cela, il a mélangé des recettes orthodoxes avec d’autres qui le sont moins. Pour les premières, il a réduit massivement la dépense publique. Pour cela, il a viré beaucoup de fonctionnaires, ce qui n’a pas suscité de réaction de la population compte tenu que beaucoup de ces fonctionnaires étaient en fait le résultat de recrutements clientélistes, destinés à récompenser des services rendus et non un travail réel; il a aussi arrêté tous les travaux d’infrastructure, ce qui risque de se ressentir gravement dans quelques années (notamment sur l’énergie et les transports); il a aussi mis fin à un certain nombre de niches qui permettaient à des gens bien placés et informés de s’enrichir avec des monopoles de fait (notamment dans la santé). Mais il a aussi eu recours à des solutions moins orthodoxes quoique très argentines: Pour dépenser moins sans baisser son niveau de vie, il suffit de ne plus payer les fournisseurs. Ainsi, l’acheteur unique sur le marché électrique argentin, CAMNESA, ne paye plus ses fournisseurs depuis plusieurs mois…

      Cette politique de compression de la dépense a un effet prévisible: pour éviter l’hyperinflation, on a amené l’économie à la récession et poussé toute une frange de la population, qui vit de la redistribution “clanique”, dans la pauvreté. Le système tient parce qu’en Argentine le logement et la nourriture sont relativement bon marché, alors que les biens manufacturés sont au contraire excessivement chers. La pauvreté ne menace donc pas – comme c’est le cas en France – les essentiels à la vie. La question maintenant est comment, alors que l’inflation est domestiquée, faire repartir la machine économique sans que les prix détalent. Ce n’est pas du tout évident à faire dans un pays où l’ensemble des produits manufacturés est importé…

      Il faut d’ailleurs être prudent dans la lecture de l’expérience Milei avec des yeux français. Lorsque Milei parle de démanteler l’Etat, il s’agit d’un Etat qui n’a rien à voir avec le notre. C’est un Etat bouffi d’institutions inutiles qui ne servent qu’à payer des salaires aux amis et soutiens du gouvernement du jour, où les budgets “s’évaporent” pour aller dans la poche des fonctionnaires et des politiciens. On peut comprendre que les Argentins ne soient pas prêts à sortir dans la rue pour défendre cet Etat-là…

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