Bonne Année !

Comme l’ordonne la tradition – et, vous le savez, je suis au fond un traditionnaliste, comme presque tous les vrais communistes – le premier papier de l’année est consacré à la santé de ce blog et au regard rétrospectif sur l’année écoulée.

Pour ce qui concerne la santé du blog, elle me préoccupe toujours même si elle n’est pas trop mauvaise. Le blog a connu une fréquentation en hausse, avec 234.000 visiteurs contre 210.000 l’année passée. Il faut dire que, poussé par l’actualité, j’ai été beaucoup plus prolifique cette année : 38 articles publiés contre 28 en 2023. Pour ce qui concerne les commentaires, le débat reste vif avec 2542 commentaires contre 2175 l’année dernière. Le nombre de commentaires par article a par contre diminué, (66 contre 78), mais dans la mesure où les commentateurs de ce blog poursuivent les débats sur un papier alors qu’un nouveau papier a été publié, ce chiffre est peu significatif.

Cette stabilité n’est pas surprenante. En relisant mes papiers je m’aperçois que j’ai une tendance à me répéter – à radoter diront les mauvaises langues. C’est logique : on n’a pas d’idées nouvelles tous les jours. J’ai proposé mon analyse sur la nouvelle « classe » que, après longues discussions ici, je me suis résolu finalement à appeler « classe intermédiaire ». Quel que soit l’intérêt de ce concept, ce n’est pas le genre de chose que je vais inventer tous les jours. Je peux développer la théorie, essayer de l’appliquer à l’actualité pour l’enrichir… mais c’est moins excitant qu’une théorie nouvelle, et je comprends donc que mes lecteurs, une fois qu’ils ont compris le mécanisme et discuté les points qui les interpellent, n’aient plus la motivation pour continuer la discussion. Peut-être faudrait-il enrichir ce blog en abordant d’autres sujets ? Faudrait-il que je me résigne à laisser la plume à d’autres – ce que je me suis toujours refusé à faire jusqu’à maintenant – pour enrichir la discussion d’autres points de vue ? En tout cas, j’y réfléchis.

Quittant ce blog pour le vaste monde… que dire sans tomber dans un pessimisme improductif ? 2024 aura, contrairement à ce que disent beaucoup de commentateurs, apporté une sérieuse clarification. La façade Potemkine qu’était le macronisme est tombée, et le désastre est apparu dans toute sa splendeur. Nous sommes un pays fracturé : les classes dominantes vivent dans un monde à elles et ont perdu tout contact avec les couches populaires. Les élites politiques se sont autonomisées par rapport à leurs électeurs : une fois les urnes rangées, elles ne pensent pour les uns qu’à garder le pouvoir, pour les autres à le conquérir, sans que l’intérêt national entre dans le débat. Et puis, le modèle dans lequel on produit de moins en moins et on consomme de plus en plus, la dette couvrant la différence, atteint maintenant ses limites. Quant aux rêves de « la fin de l’histoire », l’évolution de la géopolitique mondiale montre combien ils étaient illusoires. Les théoriciens du capitalisme heureux ont cru pouvoir se passer des structures liées à la nation, elles lui reviennent en pleine figure.

Ce tableau peut paraître apocalyptique, il ne l’est pas, et j’y trouve des motifs d’optimisme. Le « en même temps » macroniste, la « fin de l’histoire » façon Fukuyama, c’étaient des invitations à ne pas réfléchir. Leur effondrement ouvre au contraire le champ pour penser ou repenser le monde. Et parce qu’il faudra dans les années qui viennent faire des choix critiques, et que ces choix ne peuvent être faits sans y associer les couches populaires, les possibilités existent du retour à un vrai débat politique. J’aimerais – et ce sera mon vœu pour 2025 – que ce blog y contribue.

En attendant, je tiens ici à remercier les commentateurs qui, par leur participation au débat font véritablement vivre ce blog. Je remercie aussi ceux de mes lecteurs qui m’aident à la correction des articles en m’envoyant, en toute discrétion, la liste des fautes et coquilles qui se glissent dans mes textes. Je remercie enfin le lecteur qui, tout aussi discrètement, m’aide avec les problèmes techniques liés à l’hébergement du blog. Même si c’est moi qui prends en charge l’animation, ce blog reste pour moi un ouvrage collectif.

Pour vous tous qui me lisez, je vous souhaite une année pleine de bonnes choses : santé, paix, prospérité pour vous et tous ceux qui vous sont chers… et plein de débats, de livres, d’idées nouvelles pour rendre le monde intéressant.

Descartes

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95 réponses à Bonne Année !

  1. Glarrious dit :

    Bonne année et bonne santé !

  2. Dell Conagher dit :

    Bonne année 2025 M. Descartes, et bravo pour la tenue de votre blog depuis maintenant plus de quinze ans si je ne m’abuse. J’en profite pour dire que l’augmentation de votre rythme de publication sur l’année écoulée a été une heureuse surprise, et qu’elle n’a en rien nuit à la qualité des articles.
    Vous écrivez :
    [Peut-être faudrait-il enrichir ce blog en abordant d’autres sujets ?]
    Il faut dire que de toute façon, notre situation politique étant ce qu’elle est, les commentaires sur l’actualité finissent par tourner en rond.Maintenant, si, comme vous le dites (et je partage votre analyse), le régime actuel touche à sa fin et qu’un changement de politique est à venir pourquoi ne pas, dans vos billets, contribuer à préparer cette étape justement ? Ce pourrait être tant des conseils sur l’organisation ou le militantisme pour les partis souverainistes que des textes sur la politique industrielle ou autres sujets de politiques publiques par exemple.

    • Descartes dit :

      @ Dell Conagher

      [Bonne année 2025 M. Descartes, et bravo pour la tenue de votre blog depuis maintenant plus de quinze ans si je ne m’abuse.]

      Vous ne vous abusez pas, le premier article de ce blog date du 28 février 2009…

      [Il faut dire que de toute façon, notre situation politique étant ce qu’elle est, les commentaires sur l’actualité finissent par tourner en rond.Maintenant, si, comme vous le dites (et je partage votre analyse), le régime actuel touche à sa fin et qu’un changement de politique est à venir pourquoi ne pas, dans vos billets, contribuer à préparer cette étape justement ?]

      C’est une piste. Ce blog a commencé à une époque de recomposition, avec le projet de fondation d’un « parti creuset » par un Mélenchon soutenu par la direction du PCF. A l’époque, j’avais fait toute une série de papiers intitulés « le discours de la méthode » qui abordaient des sujets d’organisation, de militantisme, de travail programmatique. Peut-être faut-il reprendre le flambeau ?

      • Vincent dit :

        “Reprendre le flambeau”
        D’un point de vue intellectuel, votre série “discours de la méthode” forme déjà un ensemble assez complet, si quelqu’un veut s’y intéresser.
        Et vue que cela n’intéresse personne, inutile d’en faire plus.
         
        Votre analyse sur les “ego-politiciens” était parfaite. Même un intellectuel, comme Zemmour, dont on aurait pu espérer qu’avec sa culture politique, il aurait pu fonder un parti sur des bases réfléchies, est tombé dans tous les pires travers de l’ego-politique, comme un vulgaire LFI / LREM.
        Si un des rares intellectuels se lancant en politique n’en a rien à faire de créer un parti sur des bases saines, c’est qu’il faut laisser tomber l’idée de donner des outils intellectuels à ceux qui voudraient créer un parti politique.
         
        En réalité, si je tente de résumer, à travers le souvenir que j’en ai, les conditions nécessaires à l’apparition d’un parti “sain” : il faut une forte base militante, correctement formée (intellectuellement), et capable d’aborder avec recul les sujets de fond. Que cette base militante soit suffisamment investie pour passer du temps à la fois à travailler les sujets, à en discuter avec les autres militants, à confronter leurs idées avec des non militants, et à faire de la propagande sur les marchés, dans les réunions publiques, etc.
        Sans même parler de la manière dont ce travail de base peut être remonté sous forme programmatique : est il possible, aujourd’hui, d’avoir une telle base militante ?
        Quel est aujourd’hui le profil d’un militant politique ? J’en distingue 3 types, auxquels je me permettrais de donner les noms qui m’inspirent au moment où j’écris :
        – Les adolescents : ceux qui ont compris une idéologie politique, qui sont à fond dedans, et n’ont pas l’ouverture d’esprit de comprendre que chaque idéologie a ses limites. On les retrouve dans les mouvements identitaires d’extrème droite, chez les souverainistes (coucou Asselineau), chez les woke et décoloniaux, chez les animalistes, voire même des libéraux (des miléistes, pour qui l’Etat est la cause de tous les maux). Pour eux, tous les problèmes de la société seront résolus par un coup de baguette magique si on appliquait la solution qu’ils ont en tête. Et surtout, à part les libéraux et souverainistes (voire les royalistes / cathos tradis), il s’agit de projet “contre”, visant à détruire la société actuelle, mais qui, si on creuse un tout petit peu, n’ont aucune vision alternative.
        – Les obsédés : ceux qui sont monomaniaques, ont une marotte, et intègrent des structures politiques pour défendre leur marotte : l’opposition aux ondes électromagnétiques, aux pesticides, au nucléaire, aux vaccins, à la chasse, etc. Certains partis sont des refuges pour ces obsédés (coucou Philippot, Dupont-Aignan, ou EELV !)
        – Les Rastignac : On les retrouve dans tous les partis. Le profil typique : issus de CSP+ urbains, diplômé d’une petite école de commerce ou d’un IEP de province, milite pour être le plus visible possible, et obtenir un poste d’assistant parlementaire, comme tremplin vers une belle carrière politique, avec parfois quelques alternances dans des cabinets de conseil amis, chargé de relations institutionnelles dans des entreprises, etc.
         
        Comment construire un parti sérieux avec comme base militante ces 3 profils ?

        • Descartes dit :

          @ Vincent

          [D’un point de vue intellectuel, votre série “discours de la méthode” forme déjà un ensemble assez complet, si quelqu’un veut s’y intéresser. Et vue que cela n’intéresse personne, inutile d’en faire plus.]

          Vous êtes dur, là. Cela commence un peu à dater, le contexte a as mal évolué, et mes analyses aussi – enfin, je l’espère !

          [Votre analyse sur les “ego-politiciens” était parfaite. Même un intellectuel, comme Zemmour, dont on aurait pu espérer qu’avec sa culture politique, il aurait pu fonder un parti sur des bases réfléchies, est tombé dans tous les pires travers de l’ego-politique, comme un vulgaire LFI / LREM.]

          Mais Zemmour a-t-il une véritable culture politique ? Oui, c’est un homme très cultivé, mais il n’a jamais véritablement milité dans un parti politique. Je crois que c’est là une formation incontournable si l’on veut faire de la politique au sens noble du terme. Militer – je veux dire militer vraiment, pas faire de la politicaillerie dans un syndicat étudiant – c’est une véritable école. Quand on fait les marchés tous les samedis, quand on fait le porte-à-porte une fois par semaine, quand il faut gérer une permanence, financer une campagne, organiser une réunion publique, on comprend combien « pour faire ce métier il faut aimer les gens ». Vous me direz que dans la plupart des partis politiques aujourd’hui on ne fait plus de porte-à-porte et on n’est guère présent sur les marchés sauf en période électorale…

          [En réalité, si je tente de résumer, à travers le souvenir que j’en ai, les conditions nécessaires à l’apparition d’un parti “sain” : il faut une forte base militante, correctement formée (intellectuellement), et capable d’aborder avec recul les sujets de fond. Que cette base militante soit suffisamment investie pour passer du temps à la fois à travailler les sujets, à en discuter avec les autres militants, à confronter leurs idées avec des non militants, et à faire de la propagande sur les marchés, dans les réunions publiques, etc.]

          Oui. Construire un parti, c’est d’abord construire une base militante. C’est attirer des gens, les former à l’action mais aussi à la réflexion, créer entre eux un véritable esprit de corps et un climat interne qui les encourage à travailler, à étudier, à s’améliorer en permanence, qui canalise les efforts pour éviter qu’ils se dispersent dans des luttes de pouvoir et d’égo. Le reste est contingent.

          Pour cela, il faut une idéologie suffisamment forte, suffisamment transcendante pour pouvoir servir de colonne vertébrale. Une idéologie qui encourage les gens à sortir d’eux-mêmes, à se préoccuper de questions qui dépassent leur sphère immédiate. Qui permette de « partir de ce que les gens ont dans la tête » pour le dépasser. Et c’est probablement cela qui manque le plus aujourd’hui. Si vous ne voyez pas ce que je veux dire, regardez ce merveilleux film qu’est « tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes »…

          [Sans même parler de la manière dont ce travail de base peut être remonté sous forme programmatique : est il possible, aujourd’hui, d’avoir une telle base militante ?]

          C’est une très bonne question. J’aurais tendance à répondre que c’est extraordinairement difficile. Seules les sectes comme LO y arrivent, parce que cela suppose de créer une « contre-société » qui tourne le dos aux valeurs individualistes du capitalisme mondialisé.

          [– Les adolescents : ceux qui ont compris une idéologie politique, qui sont à fond dedans, et n’ont pas l’ouverture d’esprit de comprendre que chaque idéologie a ses limites. On les retrouve dans les mouvements identitaires d’extrème droite, chez les souverainistes (coucou Asselineau), chez les woke et décoloniaux, chez les animalistes, voire même des libéraux (des miléistes, pour qui l’Etat est la cause de tous les maux). Pour eux, tous les problèmes de la société seront résolus par un coup de baguette magique si on appliquait la solution qu’ils ont en tête. Et surtout, à part les libéraux et souverainistes (voire les royalistes / cathos tradis), il s’agit de projet “contre”, visant à détruire la société actuelle, mais qui, si on creuse un tout petit peu, n’ont aucune vision alternative.]

          Je ne suis pas sûr que ce soit une question de « comprendre que chaque idéologie a ses limites ». Difficile pour celui qui croirait cela de s’engager véritablement, corps et âme. Le bon militant est d’abord un croyant. Certains, les plus intelligents, les plus savants ou les plus cyniques, arrivent à établir une différence entre ce qu’on « sait » et ce qu’on « croit ». Mais seule la foi peut vous donner la force de vous engager de cette manière. Et c’est pourquoi le militantisme ne va pas non plus sans un certaine dose de manichéisme, et donc une certaine pensée magique.

          [– Les obsédés : ceux qui sont monomaniaques, ont une marotte, et intègrent des structures politiques pour défendre leur marotte : l’opposition aux ondes électromagnétiques, aux pesticides, au nucléaire, aux vaccins, à la chasse, etc. Certains partis sont des refuges pour ces obsédés (coucou Philippot, Dupont-Aignan, ou EELV !)]

          Ceux-là, c’est un fléau. Je me souviens d’un membre du comité national du PCF du sexe féminin qui intervenait systématiquement à chaque réunion, et qui n’a jamais fait une intervention sur un autre sujet que les droits des femmes. Quelque fut le sujet en discussion – la crise économique, la situation en Palestine, l’élevage des pingouins dans l’Antarctique – il fallait qu’elle défende sa marotte.

          [– Les Rastignac : On les retrouve dans tous les partis. Le profil typique : issus de CSP+ urbains, diplômé d’une petite école de commerce ou d’un IEP de province, milite pour être le plus visible possible, et obtenir un poste d’assistant parlementaire, comme tremplin vers une belle carrière politique, avec parfois quelques alternances dans des cabinets de conseil amis, chargé de relations institutionnelles dans des entreprises, etc.]

          La aussi, c’est un fléau. Mais vous retrouvez ce profil surtout dans les partis qui ont une chance d’être aux affaires…

          [Comment construire un parti sérieux avec comme base militante ces 3 profils ?]

          Avec les adolescents, vous pouvez faire de bons militants. Les autres sont irrécupérables.

  3. faborux dit :

    Bonjour Descartes,
    Pourrais-tu donner la référence de l’article dans lequel tu as donné ton article de la “classe intermédiaire” ?
     

    • Descartes dit :

      @ faborux

      [Pourrais-tu donner la référence de l’article dans lequel tu as donné ton article de la “classe intermédiaire” ?]

      Je ne pense pas avoir écrit un article spécifiquement sur cette question, qui a été pourtant abordée de nombreux fois de façon incidente et dans les débats. Peut-être faudrait-il que je me mette à préciser le modèle dans un article spécifiquement dédié à la question ?

      • optimiste dit :

        @Descartes[Je ne pense pas avoir écrit un article spécifiquement sur cette question, qui a été pourtant abordée de nombreux fois de façon incidente et dans les débats. Peut-être faudrait-il que je me mette à préciser le modèle dans un article spécifiquement dédié à la question ?]Je vote pour, absolument ! En effet, vous faites souvent référence à votre modèle sur les “classes intermédiaires”, ce serait une excellente chose d’avoir un texte spécifique sur la question, qui mette les points sur les i. Surtout pour un lecteur comme moi, qui a découvert votre blog en cours de route et qui essaie tant bien que mal de s’éduquer sur ces thèmes, en partant toutefois de très loin… Et on peut espérer que même pour vous ce ne serait pas un exercice inutile de vous obliger à coucher sur papier votre modèle dans ses détails après des années de gestation et de discussions. En tout cas, un grand grand merci pour votre travail extraordinaire ! Votre blog est une véritable perle rare, que j’ai découvert par hasard, je ne sais plus comment…ce qui m’amène à vous soumettre une autre idée. Pourquoi ne pas donner, dans votre blog, des “conseils de lecture” ? Par exemple dans une section dédiée. Souvent les blogs proposent des liens à d’autres sources, blogs ou autre…Si vous connaissez d’autres blogs dignes d’intérêt, je suis sûr que cela intéresserait beaucoup de lecteurs, car souvent le problème sur internet est de trouver quelque chose qui vaut la peine d’être lu.De nouveau merci, et une très bonne année 2025 à vous et à tous les lecteurs et commentateurs !

        • Descartes dit :

          @ optimiste

          [Je vote pour, absolument ! En effet, vous faites souvent référence à votre modèle sur les “classes intermédiaires”, ce serait une excellente chose d’avoir un texte spécifique sur la question, qui mette les points sur les i.]

          Ok, ok, je vais essayer d’écrire un texte théorique sur la question… mais pas tout de suite, il faut du temps pour le faire mûrir…

          [En tout cas, un grand grand merci pour votre travail extraordinaire ! Votre blog est une véritable perle rare, que j’ai découvert par hasard, je ne sais plus comment…]

          Merci pour cet encouragement, ça m’aide à continuer…

          [ce qui m’amène à vous soumettre une autre idée. Pourquoi ne pas donner, dans votre blog, des “conseils de lecture” ? Par exemple dans une section dédiée. Souvent les blogs proposent des liens à d’autres sources, blogs ou autre…Si vous connaissez d’autres blogs dignes d’intérêt, je suis sûr que cela intéresserait beaucoup de lecteurs, car souvent le problème sur internet est de trouver quelque chose qui vaut la peine d’être lu.]

          Honnêtement, je lis des livres. Là, je peux vous donner des conseils. En fait, je n’ai ni trop le temps ni l’inclinaison de suivre d’autres blogs… en dehors des blogs de personnages politiques qui, souvent, ne sont guère intéressants !

  4. Alphonse dit :

    En vous remerciant et vous souhaitant bon courage pour ce blog, Je vous souhaite également une bonne année et une bonne santé.

  5. Geo dit :

     
    À Descartes:
    [La façade Potemkine qu’était le macronisme est tombée, et le désastre est apparu dans toute sa splendeur.]
    Et ce n’est pas rien en effet. Le climat de mécréance et d’exaspération dans lequel se poursuit le quinquennat amuse et désole à la fois.  Bonne année quoiqu’il advienne.
     

    • Descartes dit :

      @ Geo

      [Et ce n’est pas rien en effet. Le climat de mécréance et d’exaspération dans lequel se poursuit le quinquennat amuse et désole à la fois.]

      Moi, elle me désole. S’il n’y avait pas des évènements comme la restauration de Notre Dame ou l’organisation des Jeux Olympiques, qui montrent que lorsqu’on se mobilise sur un sujet et qu’on se donne les moyens on arrive à faire les choses mieux que bien, il y aurait de quoi angoisser. Ce n’est pas l’état du pays qui rend la situation critique, c’est le fait que le pays n’a plus de direction, que les élites politiques ont abandonné toute prétention de faire de la politique et jouent un jeu d’échecs complexe ou l’intérêt général et l’avenir du pays ne pèsent pas lourd devant la conquête de postes et de prébendes. Le parcours d’un Bayrou, qui a fait toute sa carrière par le chantage et non par la proposition, et dont chaque jour montre mieux son incapacité à construire une vision qui ne se réduise pas aux magouilles de couloir, est peut être le meilleur symbole de l’époque…

      • Vincent dit :

        Moi, au contraire, ça me ravit.
         

        “L’aristocratie a trois âges successifs : l’âge des supériorités, l’âge des privilèges et l’âge des vanités. Sortie du premier, elle dégénère dans le second et s’éteint dans le dernier.”

         
        Nous savions depuis longtemps que nous étions passé de l’âge des supériorités à l’âge des vanités entre 1970 et 1990 environ.
        Le passage dans l’âge des vanités était largement engagé, mais maintenant, celui ci ne peut pu faire le moindre doute à quelque observateur que ce soit.
        Cela signifie que la fin se rapproche… Et, comme optimiste, je ne peux qu’espérer que ce sera mieux après !

  6. Gautier Weinmann dit :

    Bonne année.
    Il me semble que l’actualité et l’impasse économique donne une fenêtre de tir aux “souverainistes”, à savoir notamment les forces politiques critiques vis-à-vis de l’Union européenne.
    Les partis sont forcés à bosser. Ils sont forcés à mettre cartes sur table, à dire et expliquer ce qu’ils feraient au pouvoir, quel est le programme… En quelque sorte, les postures deviennent intenables. Ceux qui s’en sortiront seront ceux qui parleront clairement, de manière intelligibles, simplement, et qui sauront ne pas escamoter les sujets essentiels.
    La gauche est très mal embarquée de ce point de vue.

    • Descartes dit :

      @ Gautier Weinmann

      [Il me semble que l’actualité et l’impasse économique donne une fenêtre de tir aux “souverainistes”, à savoir notamment les forces politiques critiques vis-à-vis de l’Union européenne.]

      Oui, pour peu qu’elles arrivent à définir une vision qui ne se réduise pas à une proposition négative. La critique envers l’Union européenne ne constitue pas en elle-même une politique. Que proposent les souverainistes en termes de politique économique ? Comment on distribue l’indispensable effort ? Parce qu’il ne faut pas se raconter d’histoires : sortir du système où l’on finance l’écart entre ce qu’on produit et ce qu’on consomme par l’emprunt implique, au moins au départ, une baisse de la consommation. Même si on arrive à relancer l’investissement et la productivité, cela prendra du temps. Et pendant ce temps, il faudra se serrer la ceinture. La question du partage de ce serrage est donc absolument capitale.

      [Les partis sont forcés à bosser. Ils sont forcés à mettre cartes sur table, à dire et expliquer ce qu’ils feraient au pouvoir, quel est le programme… En quelque sorte, les postures deviennent intenables.]

      Ne croyez pas ça. Tant qu’on ne se confronte pas à l’exercice du pouvoir, on peut débiter un discours totalement irréel. Tant qu’on dit ce que les gens ont envie de croire – par exemple, qu’on peut s’en sortir en reportant l’effort chez quelqu’un d’autre, ou bien qu’il existe quelque part une réserve infinie de richesse dans laquelle on peut puiser – on peut maintenir la fiction très longtemps. Et le morcellement politique contribue à cette irréalité : dans la mesure où aucun parti n’a une majorité pour appliquer son programme, ils peuvent participer au pouvoir tout en expliquant les échecs par le fait qu’on ne leur a pas laissé les mains libres. Les eurolâtres utilisent ce recours depuis des décennies en expliquant que si l’action de l’UE est désastreuse, c’est parce qu’on ne leur a pas laissé mettre en œuvre tout leur programme…

      [Ceux qui s’en sortiront seront ceux qui parleront clairement, de manière intelligibles, simplement, et qui sauront ne pas escamoter les sujets essentiels.]

      Je vous trouve bien optimiste… n’oubliez pas que les gens croient ce qu’ils ont envie de croire. Pensez-vous que les Français aient aujourd’hui envie de croire qu’il leur faudra faire des sacrifices pour redresser leur pays ?

      [La gauche est très mal embarquée de ce point de vue.]

      Pas plus que la droite. La gauche fait rêver son électorat en lui racontant qu’il évitera les sacrifices en « taxant les riches », la droite fait rêver son électorat en lui expliquant qu’il évitera les sacrifices en coupant les transferts vers les couches populaires. Personne ne promet « du sang, de la sueur et des larmes » à l’ensemble de l’électorat. Et c’est logique : Churchill pouvait se permettre cette sortie parce que la gravité de la situation était évidente pour tous. Aujourd’hui, la situation n’est pas assez grave pour faire prendre conscience à l’ensemble des citoyens qu’il faudra bien s’y mettre. Et la façon dont notre classe politique procrastine ne contribue pas à transmettre un message d’urgence.

  7. Sami dit :

    Bonne année ! 
    Bonne année, en espérant un jour vous voir, dans l’arène publique, affronter avec toute votre rigueur d’analyse, les innombrables politiciens et autres “experts” médiatiques qui saturent désespérément le paysage politique, à coup, au mieux, de tombereaux “d’élément de langage”, et au pire, de propos consternants de médiocrité. On n’en peut plus d’eux !

    • Descartes dit :

      @ Sami

      [Bonne année, en espérant un jour vous voir, dans l’arène publique, affronter avec toute votre rigueur d’analyse, les innombrables politiciens et autres “experts” médiatiques qui saturent désespérément le paysage politique, à coup, au mieux, de tombereaux “d’élément de langage”, et au pire, de propos consternants de médiocrité.]

      Je ne demande pas mieux… mais personne ne m’invite. Il fut un temps où le PCF voulait se donner un air d’ouverture, et où l’on m’invitait souvent dans les débats publics du PCF pour faire l’avocat du diable. Mais il faut croire que le diable était trop bien défendu… un jour, les invitations se sont taries, et je me suis laissé dire qu’il y eut pour cela une directive venue d’en haut, pour être précis, de la « commission féminismes »…

      J’aime bien me rendre aux débats et autres tables rondes organisées par les partis ou les associations, et je suis frappé par la manière dont les voix discordantes ont disparu depuis quelques années. Il arrive qu’on invite des gens dont l’opposition est frontale (Pécresse à la fête de l’Huma) parce que dans ce cas, le risque de corruption est minime. Ce qu’on évite à tout prix, c’est de confronter des gens qui, à partir d’un même cadre idéologique, font des analyses différentes…

  8. Magpoul dit :

    Bonne année à vous et aux lecteurs du blog et encore merci pour votre travail. C’est toujours un vrai plaisir de vous lire et de lire les commentaires. Et de participer de temps en temps, bien sur !
    Je garderai de 2024 la réussite des JO et la réouverture de Notre-Dame. Ces deux chantiers montrent notre capacité à accomplir encore de belles choses ensemble. 

    • Descartes dit :

      @ Magpoul

      [Bonne année à vous et aux lecteurs du blog et encore merci pour votre travail. C’est toujours un vrai plaisir de vous lire et de lire les commentaires. Et de participer de temps en temps, bien sur !]

      Je ne peux que vous encourager, c’est la participation des lecteurs qui fait l’essentiel de l’intérêt de ce blog.

      [Je garderai de 2024 la réussite des JO et la réouverture de Notre-Dame. Ces deux chantiers montrent notre capacité à accomplir encore de belles choses ensemble.]

      Je suis d’accord. Et dans les deux cas on retrouve une constante : lorsqu’on constitue une structure spécialisée avec les pouvoirs qu’il faut, qu’on y met des gens compétents, qu’on se donne les moyens, ça marche. C’est comme ça qu’on a réussi le programme nucléaire, Concorde, le programme autoroutier, le TGV et j’en passe. Par contre, quand on confie le travail a des structures variées qui se battent pour contrôler la chose, qu’on met à leur tête des gens dont on ne sait que faire, qu’on commence par faire des économies de bouts de chandelles, les projets s’enlisent.

  9. varenne claude dit :

    meilleurs voeux  pour cette nouvelle année
    nous vous lisons toujours avec beaucoup d’intérêt
    merci pour ce blog
     
     

  10. Gérard Jeannesson dit :

    Merci.Meilleurs voeux pour la nouvelle année , pour vous même et pour ce blog.
    GJ

  11. tmn dit :

    Bonne année, merci encore pour ce blog !

  12. Manchego dit :

    Meilleurs voeux 2025 à tous les lecteurs du blog, et bien sur à Descartes que je remercie pour son travail sur le blog.
    @ Descartes
    Outre la qualité de vos articles, vous avez un autre mérite très chronophage : vous répondez à tous les commentaires, en argumentant et en nourrissant le débat, avec aussi beaucoup de patience et pédagogie. Je crois que c’est à saluer.
    Nota : Il y a très longtemps que je suis lecteur de votre blog, même si je ne commente pas beaucoup (toutefois un peu plus en 2024), je me souviens aussi de vos interventions  sur le blog du Parti de gauche (cela ne nous rajeuni pas !) et vos positions, notamment sur le nucléaire, qui heurtaient bien des gauchistes qui fréquentaient ce blog, mais avec lesquelles j’était personnellement très souvent en phase.

    • Descartes dit :

      @ Manchego

      [Outre la qualité de vos articles, vous avez un autre mérite très chronophage : vous répondez à tous les commentaires, en argumentant et en nourrissant le débat, avec aussi beaucoup de patience et pédagogie. Je crois que c’est à saluer.]

      C’est ce qui fait, depuis le départ, la spécificité de ce blog. Avant de le créer, j’ai participé comme commentateur à de nombreux blogs (dont celui de Mélenchon, dont je fus chassé, et ceux du PCF et de Corbières, aujourd’hui disparus). Cette expérience m’a montré que le débat entre intervenants dégénère très vite en échange de noms d’oiseau : Ceux qui prennent la peine d’écrire des réponses argumentées au papier du blog sont souvent ignorés (car répondre à ce type de papier prend du temps) alors que le débat se concentre sur des remarques courtes, amusantes sur la forme mais pauvres sur le fond.

      C’est pourquoi j’ai expérimenté le format que vous connaissez : en répondant personnellement et de façon détaillée à chaque message, on valorise les interventions les plus sérieuses et on les encourage, tout en gardant la main lorsqu’un échange dérape. Cela prend du temps, mais c’est extrêmement productif pour moi : j’apprends beaucoup en travaillant mes réponses…

      [je me souviens aussi de vos interventions sur le blog du Parti de gauche (cela ne nous rajeuni pas !)]

      En effet, en effet… je regrette un peu cette époque, qui me donnait l’opportunité de me confronter à des gens qui étaient éloignés de mes propres opinions. Je trouve que la diversité est un peu moins grande sur mon blog, l’effet de sédimentation (les gens d’accord restent, les gens en désaccord partent) étant ce qu’il est. Mais le fait est que les espaces d’échange se sont réduits comme peau de chagrin. Les réseaux sociaux privilégient les échanges très courts qui ne permettent pas de développer une idée, et les blogs « à commentaire » ont pratiquement disparu, notamment parce que les hommes politiques qui les animaient n’ont pas envie de voir leurs propos contestés, leurs erreurs soulignées…

  13. Lafleur dit :

    Bonne année @Descartes !
    Meilleurs voeux et avant tout de la santé. Merci pour ce blog fort intéressant et stimulant. 

    [ Faudrait-il que je me résigne à laisser la plume à d’autres – ce que je me suis toujours refusé à faire jusqu’à maintenant – pour enrichir la discussion d’autres points de vue ? ]
    Des lieux de “compilation” existent déjà. Mais peut-être des analyses, dans un style dialogue, d’autres auteurs pourraient être intéressantes car permettant une mise en perspective et le débat d’idées.
    Enfin, votre analyse sur les relations intérieures sont déjà très développées sur la vision sociétale libertaire, qui anime nos “progressistes” altercapitalistes de salon et anticampistes totalement américanoïde. Vous  pourriez peut-être développer davantage causes/conséquences des relations internationales, l’évolution de l’impérialisme (au sens léniniste) en cours avec sa nouvelle dégénérescence, engendrant l’actuel processus de fascisation contre les politiques d’émancipation des peuples du capitalisme, la défense et la promotion de la paix  et donc les conséquences de l’avènement des BRICS+ face à un Occident libéral conservateur, réduit parfois à son centre Etats-Uniens; comme hier avec l’information, comme nous y serions, de la fusillade en Louisiane. Une critique de la pensée unique actuelle qui fait que les classes intermédiaires se sentent comme le prône les “anti-campistes” Colombani et Plenel : “Nous sommes tous des américains“.

    [’ai proposé mon analyse sur la nouvelle « classe » que, après longues discussions ici, je me suis résolu finalement à appeler « classe intermédiaire ».]
    Notion fort utile et pertinente, comme celle de l’égo politique.
    Elle fait écho à celle de “néo-petite bourgeoisie” d’un auteur contemporain, Jean-Pierre Garnier. Si vous ne l’avez pas lu, je vous recommande “Le Grand-Guignol de la gauche radicale. Chroniques marxistes-burlonistes”, publié aux Éditions Critiques, 2017, qui fait une analyse humoristique des années 2014-2016.

    [ Et puis, le modèle dans lequel on produit de moins en moins et on consomme de plus en plus, la dette couvrant la différence, atteint maintenant ses limites.]
    Manifestement, ce modèle est à bout de souffle. Et au-delà de la problématique gestionnaire, c’est le mode de production et d’échange qui doit être dépassé par le socialisme (à la française pour notre Nation) :
    Et en citant Churchill après la bataille de El Alamein fin 42 :
    Now this is not the end. It is not even the beginning of the end. But it is, perhaps, the end of the beginning*”
    *Ceci n’est pas la fin, ni même le commencement de la fin, mais c’est peut-être la fin du commencement.
     

    • Descartes dit :

      @ Lafleur

      [« Faudrait-il que je me résigne à laisser la plume à d’autres – ce que je me suis toujours refusé à faire jusqu’à maintenant – pour enrichir la discussion d’autres points de vue ? » Des lieux de “compilation” existent déjà. Mais peut-être des analyses, dans un style dialogue, d’autres auteurs pourraient être intéressantes car permettant une mise en perspective et le débat d’idées.]

      Je ne pensais pas à la reproduction de textes publiés par ailleurs : pour cela, il existe des sites de « compilation », et je peux toujours mettre un lien. Non, l’idée est qu’un autre auteur publie ici ses papiers et – et c’est là l’essentiel – anime le débat avec les différents intervenants, un peu comme je le fais. Mais j’avoue que pour le moment je n’ai trouvé personne qui soit prêt à relever le gant !

      [Enfin, votre analyse sur les relations intérieures sont déjà très développées sur la vision sociétale libertaire, qui anime nos “progressistes” altercapitalistes de salon et anticampistes totalement américanoïde. Vous pourriez peut-être développer davantage causes/conséquences des relations internationales, l’évolution de l’impérialisme (au sens léniniste) en cours avec sa nouvelle dégénérescence, (…)]

      J’avoue que je me méfie de l’international. C’est un domaine où il est trop facile de faire du café du commerce. Quand on analyse la réalité nationale, on la fait sous le contrôle d’intervenants et commentateurs qui peuvent confronter ce que vous dites à leur expérience, et signaler les incohérences. Sur l’international, on peut dire un peu n’importe quoi sans être contredit – il suffit d’écouter nos chaînes d’information continue pour s’en convaincre. C’est pourquoi j’évite de rentrer dans les grandes fresques internationales, sauf lorsqu’il s’agit de sujets que je connais très bien.

      [Une critique de la pensée unique actuelle qui fait que les classes intermédiaires se sentent comme le prône les “anti-campistes” Colombani et Plenel : “Nous sommes tous des américains“.]

      Les anti-campistes façon « Le Monde » me font toujours beaucoup rire. Dans leur vision du monde, il y a des « campistes » bornés qui n’écoutent que ceux qui sont d’accord avec eux, et puis il y a les êtres supérieurs qui voient le monde sous son vrai jour – ensemble qui inclut bien évidement les journalistes en question. Il suffit de se rappeler des débats de 1992 sur Maastricht ou de 2005 sur le TCE pour voir combien cela est faux : le « cercle de la raison » avait fait une campagne dont le sectarisme ne cédait en rien aux partisans de Trump.

      [Elle fait écho à celle de “néo-petite bourgeoisie” d’un auteur contemporain, Jean-Pierre Garnier. Si vous ne l’avez pas lu, je vous recommande “Le Grand-Guignol de la gauche radicale. Chroniques marxistes-burlonistes”, publié aux Éditions Critiques, 2017, qui fait une analyse humoristique des années 2014-2016.]

      Le titre est prometteur, je vais le chercher. J’avais lu des extraits, au moins c’est écrit avec un sens de l’humour qui manque suivant aux pamphlets actuels…

      • Pierrick dit :

        Bonjour Descartes, bonjour tout le monde.Mille mercis pour le travail que vous effectuez. Concernant votre idée d ‘ouvrir de temps en temps votre blog à d’autres plumes ,pourvu qu’elles aient à cœur de mener le débat ensuite, je pense souvent que certains échanges de très haute tenue en commentaires, une fois formalisés par leurs auteurs pourraient gagner en visibilité en accédant à la dignité d’article à part entière.Bon,le risque de tourner en vase clos ( disons sans appel d’air)peut rebuter , mais nous sommes nombreux à en apprécier l’ écosystème nourrissant et amical.

        • Descartes dit :

          @ Pierrick

          [Concernant votre idée d ‘ouvrir de temps en temps votre blog à d’autres plumes ,pourvu qu’elles aient à cœur de mener le débat ensuite,]

          C’est surtout là le problème. Je connais des gens qui connaissent bien certains sujets, et qui seraient même prêtes à écrire des papier… mais pas à s’investir au niveau du débat. Pour le moment, ce que j’ai fait est de les consulter sur leur domaine d’expertise… et puis c’est moi qui écrit le papier et anime le débat !

          [je pense souvent que certains échanges de très haute tenue en commentaires, une fois formalisés par leurs auteurs pourraient gagner en visibilité en accédant à la dignité d’article à part entière.]

          C’est à ça que je pensais moi aussi. Mais les réactions des lecteurs semblent très mitigées, alors…

  14. Carloman dit :

    Cher Descartes,
     
    Je vous souhaite une bonne et heureuse année, et longue vie à ce blog!
     
    [Faudrait-il que je me résigne à laisser la plume à d’autres – ce que je me suis toujours refusé à faire jusqu’à maintenant – pour enrichir la discussion d’autres points de vue ?]
    Je pense que ce ne serait pas une bonne idée, pardon de vous le dire franchement. Ce qui fait la force de votre blog, c’est la cohérence impeccable de la ligne politique et idéologique qui y est défendue. Le débat a lieu dans les commentaires, et c’est très bien. Mais ce n’est que mon avis.

    • Descartes dit :

      @ Carloman

      [« Faudrait-il que je me résigne à laisser la plume à d’autres – ce que je me suis toujours refusé à faire jusqu’à maintenant – pour enrichir la discussion d’autres points de vue ? » Je pense que ce ne serait pas une bonne idée, pardon de vous le dire franchement. Ce qui fait la force de votre blog, c’est la cohérence impeccable de la ligne politique et idéologique qui y est défendue. Le débat a lieu dans les commentaires, et c’est très bien. Mais ce n’est que mon avis.]

      Un avis qu’au fond je partage. Je ne céderai la plume qu’a une autre personne qui ait une cohérence idéologique de même nature que la mienne (même s’il adhère à une idéologie différente) et qui accepterait de faire comme moi d’animer le débat en répondant à chaque intervenant. C’est là un oiseau rare que je n’ai pas encore trouvé.

  15. Abbé Béat dit :

    Bonjour et meilleurs voeux.
    Je vous avais fait mes adieux il y a quelques temps, me sentant trop vieux pour ne pas dire de bêtises. Je reviens (temporairement, n’ayez crainte! ) sur cette décision, car divers commentaires actuels ci-dessus m’y poussent. Je pense comme vous et quelques autres que la notion de “classe intermédiaire” est fondamentale aujourd’hui pour théoriser le monde, comme l’était en son temps les notions de classe, de plus-value, etc… introduites par Marx. Oui, nous avons besoin d’une théorie du monde actuel qui utilise ce concept! Ce serait bien que des cartésiens, des marxistes, des communistes peut-être mêmes des insoumis entreprennent ce travail. Ne pourriez-vous pas y consacrer un certain temps…car il faut bien qu’on y croit un peu (ce qui est votre cas, il, me semble?) pour amorcer la pompe…
    ,

    • Descartes dit :

      @ Abbé Béat

      [Je vous avais fait mes adieux il y a quelques temps, me sentant trop vieux pour ne pas dire de bêtises.]

      Ne vous censurez pas. Je pense qu’il règne sur ce blog une ambiance bienveillante. Si vous dites une bêtise, le pire qui puisse arriver est que l’un des commentateurs vous corrige gentiment. Et puis, il nous arrive à tous de dire des bêtises, et pas seulement aux plus vieux d’entre nous ! « C’est avec les jeunes cons qu’on fait des vieux cons, plus tard » (Aragon, aux jeunes qui le traitaient de « vieux con » en 1968)

      [Je reviens (temporairement, n’ayez crainte! ) sur cette décision,]

      Ma crainte serait plutôt que vous ne reveniez plus. Ne vous sentez pas chassé, alors que vous êtes le bienvenu.

      [Je pense comme vous et quelques autres que la notion de “classe intermédiaire” est fondamentale aujourd’hui pour théoriser le monde, comme l’était en son temps les notions de classe, de plus-value, etc… introduites par Marx. Oui, nous avons besoin d’une théorie du monde actuel qui utilise ce concept! Ce serait bien que des cartésiens, des marxistes, des communistes peut-être mêmes des insoumis entreprennent ce travail.]

      Je ne vois pas les insoumis, qui représentent à l’état pur l’hypocrisie des classes intermédiaires, qui entreprendront ce travail. J’aurais aimé qu’au PCF on reprenne mes réflexions, mais je n’ai jamais eu le moindre écho de ce côté, et pas faute d’avoir essayé. Mais je vous rassure : je ne me sens pas propriétaire de cette théorie, et quiconque veut la reprendre est le bienvenu.

      [Ne pourriez-vous pas y consacrer un certain temps…car il faut bien qu’on y croit un peu (ce qui est votre cas, il, me semble?) pour amorcer la pompe…]

      C’est un projet que je caresse, mais je ne suis pas sûr d’avoir suffisamment de connaissances pour pouvoir mener ce travail tout seul jusqu’au bout. Peut-être un pamphlet pour lancer le débat ? En tout cas, j’y réfléchis…

  16. Paul dit :

    Mes meilleurs voeux, camarade ! J’entends que vous ne cédez pas à quelque découragement que ce soit. Donc, cet espace continue à vivre. 
    Je me rappelle un titre de chanson de Radiohead: “Video kills the radio stars”. Or, votre blog, grâce notamment aux réponses que vous faites à vos lecteurs, tient bon au milieu de toutes les expressions politiques en video (réseaux ou TV) qui musèlent le spectateur. Il y a débat.
    A propos de spectacle, est-ce que ne vient pas la fin de celui de Maggie, “there is no alternative” ? Peut-être le bloc dominant vacille-t-il ? Peut-être la bourgeoisie financière devra bien prendre en compte les forces productives ? Il me semble que c’est une condition importante d’un “vrai débat politique”.
    Je repense à ce que vous écrivez dans vos derniers articles, dans les réponses aux commentaires: Une politique efficiente doit prendre en compte la situation réelle de notre société, et annoncer les efforts auxquels l’ensemble des citoyens doit souscrire. Vous parliez notamment de taxer plutôt la consommation afin d’encourager la production, notamment par la TVA “sociale”. J’aimerais que vous développiez ce sujet, surtout si je me trompe. Et est-ce possible dans le cadre de l’UE ?
    Je pense que pour préparer le débat politique qui doit se faire, il faut lancer des axes de réflexion et d’action. Je suis d’accord avec vous sur le fait que les partisans de la sortie de l’UE ne proposent pas de projet, ce qui limite la dénomination de souverainisme. 
    Mes meilleurs voeux, Paul

    • Descartes dit :

      @ Paul

      [Mes meilleurs voeux, camarade ! J’entends que vous ne cédez pas à quelque découragement que ce soit. Donc, cet espace continue à vivre.]

      Je suis d’un naturel optimiste… alors mes meilleurs vœux pour vous aussi, et si vous êtes toujours à Marseille ce serait un plaisir de vous revoir !

      [A propos de spectacle, est-ce que ne vient pas la fin de celui de Maggie, “there is no alternative” ? Peut-être le bloc dominant vacille-t-il ? Peut-être la bourgeoisie financière devra bien prendre en compte les forces productives ? Il me semble que c’est une condition importante d’un “vrai débat politique”.]

      Tout à fait. Après trente ans de pensée unique, peut être assisterons nous au moment où ce consensus se brisera sur la réalité.

      [Je repense à ce que vous écrivez dans vos derniers articles, dans les réponses aux commentaires: Une politique efficiente doit prendre en compte la situation réelle de notre société, et annoncer les efforts auxquels l’ensemble des citoyens doit souscrire. Vous parliez notamment de taxer plutôt la consommation afin d’encourager la production, notamment par la TVA “sociale”. J’aimerais que vous développiez ce sujet, surtout si je me trompe. Et est-ce possible dans le cadre de l’UE ?]

      L’UE est une machine à mettre en compétition les différents systèmes productifs. La seule stratégie possible dans cette logique est d’augmenter la compétitivité du système productif, ce qui suppose de reporter l’ensemble des charges sur les autres activités, et notamment sur la consommation. Même s’il existe des règles européennes qui limitent ce qu’on peut faire avec la TVA ou la taxation des combustibles, elles laissent bien plus de marges (y compris de désobéissance) que les règles de concurrence…

      [Je pense que pour préparer le débat politique qui doit se faire, il faut lancer des axes de réflexion et d’action.]

      Tout à fait. Mais cela nécessite un travail collectif. Ce serait théoriquement aux partis politiques de le faire…

      [Je suis d’accord avec vous sur le fait que les partisans de la sortie de l’UE ne proposent pas de projet, ce qui limite la dénomination de souverainisme.]

      Le souverainisme est malheureusement né comme une réaction contre les dérives supranationales. Et cette réaction a regroupé historiquement des gens trop différents pour s’entendre sur un projet. C’est cette diversité qui a rendu impossible l’apparition d’un véritable « programme » souverainiste. C’est cela qu’il faut dépasser, en pensant aux conditions d’un nouveau « pacte » similaire à celui qui a donné naissance au CNR.

  17. Louis dit :

    Meilleurs vœux pour la nouvelle année !
    Merci beaucoup pour ce que vous faites. Bien sûr, les discussions, pour ne pas tourner en rond, se tassent parfois d’elles-mêmes. Vous n’en avez pas moins indiqué comment y remédier : si vous estimez avoir contribué à poser correctement le problème, grâce à l’idée des classes intermédiaires, pourquoi ne pas entreprendre de chercher à le résoudre, dans une moindre mesure, et dans les domaines que vous maîtrisez ?
     
    Je ne suis ni le premier ni le seul à vous lire avec d’autant plus d’assiduité, que lorsque vous parlez, par exemple, de la manière dont les prix de l’électricité sont décidés, de ce qui empêche que de grands travaux soient faits, ou que sais-je encore. Vos discussions, notamment avec cdg (que je remercie donc au passage), pour entrer bien souvent dans le détail d’une politique industrielle ou fiscale, fourmillent de sujets que vous semblez maîtriser, mais auxquels vous ne consacrez que trop rarement d’articles spécifiques.
     
    Pourquoi ne pas exposer ce qu’il est bon de savoir, à l’heure de vouloir redresser l’industrie, ce que vous jugez indispensable d’avoir être ? Expliquer le fonctionnement de telle institution, de telle branche, ses us et ses coutumes, ses lois, qu’il ne faut pas ignorer si l’on veut en juger en honnête citoyen ? Ou bien pourquoi ne pas, sans pour autant jouer les utopistes, expliquer les différentes étapes que vous estimeriez nécessaires pour s’attaquer aux différents problèmes qui, malheureusement, empirent depuis des décennies ?
     
    Je vous souhaite de trouver les forces de poursuivre, quoi que vous choisissiez d’écrire, tant votre lecture est instructive, et, le cas échéant, discuter avec vous peut être fertile et ardu.
     

    • Descartes dit :

      @ Louis

      [Vous n’en avez pas moins indiqué comment y remédier : si vous estimez avoir contribué à poser correctement le problème, grâce à l’idée des classes intermédiaires, pourquoi ne pas entreprendre de chercher à le résoudre, dans une moindre mesure, et dans les domaines que vous maîtrisez ?]

      Parce que les instruments d’analyse peuvent permettre de comprendre pourquoi le monde est tel qu’il est, mais ne fournit pas vraiment d’instrument pour « résoudre les problèmes ». Mon analyse permet d’expliquer comment on est arrivé là, mais en même temps ne fournissent pas de sortie. Tout au plus, on peut en conclure qu’aussi longtemps que les intérêts de la bourgeoisie et ceux des classes intermédiaires seront convergents, il est difficile d’imaginer une transformation qui bénéficierait aux couches populaires.

      Il y a en fait deux « problèmes » différents, et il est important de comprendre la différence. D’un côté, il y a un certain nombre de problèmes qui tiennent à la structure même du capitalisme. Le fait qu’une partie de la valeur produite par les travailleurs leur est confisquée par une classe qui empoche cette valeur sans travailler n’a de solution que par un changement structurel. D’un autre côté, même en admettant qu’on accepte cette injustice fondamentale et ses conséquences, on peut faire fonctionner le capitalisme de différentes manières, dont certaines sont plus conformes à l’intérêt de la collectivité nationale dans son ensemble que les autres.

      Personnellement, vous l’aurez compris, je ne crois pas qu’un changement structurel soit dans les cartes. Le capitalisme trouvera ses limites un jour, mais ce jour n’est pas venu et ne viendra pas dans un avenir prévisible. Il faut donc, en attendant, chercher à bâtir un capitalisme le plus social, le plus humain, le moins aliéné possible. Et dans ce travail, il y a des périodes où l’on engrange des avancées (1936, 1945) et des reculs (1968, 1981). Depuis les années 1980, on a assisté à un recul continu qui nous a amené à l’état ou nous sommes…

      [Pourquoi ne pas exposer ce qu’il est bon de savoir, à l’heure de vouloir redresser l’industrie, ce que vous jugez indispensable d’avoir être ? Expliquer le fonctionnement de telle institution, de telle branche, ses us et ses coutumes, ses lois, qu’il ne faut pas ignorer si l’on veut en juger en honnête citoyen ? Ou bien pourquoi ne pas, sans pour autant jouer les utopistes, expliquer les différentes étapes que vous estimeriez nécessaires pour s’attaquer aux différents problèmes qui, malheureusement, empirent depuis des décennies ?]

      J’essaye, j’essaye… mais j’essaye d’éviter de faire du café du commerce, ce qui suppose de ne parler de sujets que je connais bien – ou pour lesquels j’ai envie de faire l’effort de me documenter.

  18. Bob dit :

    28 février 2009 ! pour le premier article de ce blog. Je l’ai découvert beaucoup plus récemment. Sa longévité autant que le nombre élevé de lecteurs atteste de sa valeur.
    Manchego l’a dit, mais on ne le dira jamais assez : votre assiduité, sur la longue durée, à répondre aux commentateurs de manière étayée, tout en ouvrant souvent le débat, est tout à fait remarquable. Soyez-en remercié.
    Outre celle du maître des lieux, il faut aussi saluer, je crois, la qualité des commentateurs de ce blog. En ces temps de la réflexion en quelque 140 caractères (ou quelque chose comme ça), voir des lecteurs qui prennent le soin d’argumenter leur position est une chose qui devient rare ; même sur les plateaux télé où les professionnels sont censés régner, on assiste plutôt à des déclarations peu construites… Peut-être que l’écrit aide. J’apprécie particulièrement les débats où le commentateur est en désaccord avec vous, Descartes, car cela vous oblige, lui et vous, à aller au bout de votre logique, et c’est là où les choses prennent se révèlent
     
    En incise, vous avez précisé : “Un blog pour parler politique, économie, société, poésie…”. Force est de constater que la politique (française surtout) et, dans un second temps, l’économie, prennent quasiment toute la place. Cela se comprend parfaitement car ces deux thèmes conditionnent tout le reste. Néanmoins – c’est ma première suggestion – j’apprécierais que vos billets couvrent peut-être davantage ce qu’on qualifie, au sens large, de “faits de société” (intelligence artificielle, wokisme, écriture inclusive, fin de vie, découvertes scientifiques, revue de films/livres importants, etc.).
     
    Ma deuxième suggestion serait de regarder un peu plus hors de nos frontières. Vous dites vous méfier de l’international et vouloir éviter le “café du commerce” – je crois que vos lecteurs sont si nombreux précisément parce ce blog est tout sauf le café du commerce -, cependant, à titre d’exemple, moi qui ne connais rien de ce pays, j’avais trouvé hautement intéressant le billet que vous aviez consacré à l’Argentine et à son fonctionnement lors de l’élection de Milei (autant, comme toujours ici, que les commentaires qui avaient suivi). Brésil, États-Unis, Italie, Allemagne, Angleterre, il y a matière il me semble, et je serais curieux de lire vos billets s’y rapportant.
    Récemment par exemple un commentateur vous a questionné sur l’annulation par la cour constitutionnelle roumaine du résultat de l’élection présidentielle. Un fait d’une telle importance aurait, à mon sens, mérité un billet à part entière de votre part.
     
    “Faudrait-il que je me résigne à laisser la plume à d’autres” ?
    Je dirais oui, à l’occasion. Il ne s’agit pas de se résigner, mais au contraire de vivifier votre blog, de le bonifier encore, par l’apport de points de vue possiblement complémentaires au vôtre. Ou pourquoi pas opposés au vôtre sur certains sujets ? Rien de pire que la pensée uniforme, n’est-ce pas ?
    Il y a quelques années je lisais beaucoup les billets de l’avocat blogueur Maître Eolas. Celui-ci, à un moment, “passait la main” à deux ou trois de ses confrères, sous la forme de “billets invités” qui apparaissaient de temps à autre, sans pour autant dénaturer la “ligne directrice” de départ. Selon moi, cela donnait une touche de fraîcheur à ses publications. L’angle de vue de ses confères était souvent légèrement différent, tout comme le style d’écriture, les sujets abordés. Selon moi, son blog s’en trouvait enrichi.
     
    Vive ce blog !
    Bonne année à tous !

    • Descartes dit :

      @ Bob

      [28 février 2009 ! pour le premier article de ce blog.]

      Eh oui, ça ne nous rajeunit pas…

      [Outre celle du maître des lieux, il faut aussi saluer, je crois, la qualité des commentateurs de ce blog. En ces temps de la réflexion en quelque 140 caractères (ou quelque chose comme ça), voir des lecteurs qui prennent le soin d’argumenter leur position est une chose qui devient rare ; même sur les plateaux télé où les professionnels sont censés régner, on assiste plutôt à des déclarations peu construites… Peut-être que l’écrit aide.]

      L’écrit aide certainement. C’est pourquoi je résiste toutes les tentations de communiquer par le son ou par l’image, malgré des gentilles suggestions de mes lecteurs. L’écrit est irremplaçable. A l’oral et surtout dans une vidéo, il y a toutes sortes de distracteurs, on peut utiliser toutes sortes de techniques de distraction ou de manipulation. A l’oral, on peut ne rien dire tout en donnant l’illusion d’avoir tout dit. L’écrit, parce qu’il peut être immédiatement relu, est bien plus exigeant. La vacuité d’un écrit apparaît bien plus évidente que celle d’un discours.

      Mais vous avez raison, et je me joins à vos remerciements. Les commentateurs sont une pièce essentielle dans l’intérêt de ce blog. Et certains prennent font l’effort d’écrire des commentaires argumentés, à aller chercher des faits et des chiffres, avec une qualité de rédaction qui en fait des véritables articles. Certains m’accompagnent ainsi depuis des années. Qu’ils en soient remerciés !

      [J’apprécie particulièrement les débats où le commentateur est en désaccord avec vous, Descartes, car cela vous oblige, lui et vous, à aller au bout de votre logique, et c’est là où les choses prennent se révèlent]

      Moi aussi. Malheureusement, le « campisme » ambiant fait qu’ils sont rares les libéraux, les européistes, les « insoumis », les frontistes qui restent ici le temps de croiser le fer…

      [En incise, vous avez précisé : “Un blog pour parler politique, économie, société, poésie…”. Force est de constater que la politique (française surtout) et, dans un second temps, l’économie, prennent quasiment toute la place.]

      J’ai commencé des papiers sur la poésie ou la littérature… mais je n’arrive jamais à les finir ! Il y en a un sur le métier faisant le parallèle entre deux auteurs que j’aime beaucoup, J.R.R Tolkien et T. Pratchett, mais je n’arrive pas à le finir…

      [j’apprécierais que vos billets couvrent peut-être davantage ce qu’on qualifie, au sens large, de “faits de société” (intelligence artificielle, wokisme, écriture inclusive, fin de vie, découvertes scientifiques, revue de films/livres importants, etc.).]

      Sur les « faits de société », ils figurent souvent dans mes papiers : la fin de vie, l’écriture inclusive, le wokisme ont été discutés dans des papiers récents.

      [Ma deuxième suggestion serait de regarder un peu plus hors de nos frontières. Vous dites vous méfier de l’international et vouloir éviter le “café du commerce” – je crois que vos lecteurs sont si nombreux précisément parce ce blog est tout sauf le café du commerce -, cependant, à titre d’exemple, moi qui ne connais rien de ce pays, j’avais trouvé hautement intéressant le billet que vous aviez consacré à l’Argentine et à son fonctionnement lors de l’élection de Milei (autant, comme toujours ici, que les commentaires qui avaient suivi). Brésil, États-Unis, Italie, Allemagne, Angleterre, il y a matière il me semble, et je serais curieux de lire vos billets s’y rapportant.]

      Je peux écrire facilement sur les pays ou j’ai vécu ou travaillé, parce qu’à chaque fois je me suis intéressé aux affaires locales. Mais écrire sur des pays que je ne connais que de loin, cela me semble futile. Quel pourrait-être ma valeur ajoutée sur ces pays ?

      [Récemment par exemple un commentateur vous a questionné sur l’annulation par la cour constitutionnelle roumaine du résultat de l’élection présidentielle. Un fait d’une telle importance aurait, à mon sens, mérité un billet à part entière de votre part.]

      Mais ais-je assez d’informations sérieuses pour faire un papier ? Je vous rappelle que je ne suis qu’un journaliste amateur, et que j’ai par ailleurs un boulot. Je ne peux pas écrire sur des sujets qui me demanderaient des semaines de travail pour me documenter…

      • Bob dit :

        @ Descartes
         
        [Malheureusement, le « campisme » ambiant fait qu’ils sont rares les libéraux, les européistes, les « insoumis », les frontistes qui restent ici le temps de croiser le fer…]
         
        C’est fort dommage.
         
        [J’ai commencé des papiers sur la poésie ou la littérature… mais je n’arrive jamais à les finir !]
         
        Dommage.
         
        [Il y en a un sur le métier faisant le parallèle entre deux auteurs que j’aime beaucoup, J.R.R Tolkien et T. Pratchett, mais je n’arrive pas à le finir…]
         
        Voyez, vous me mettez déjà l’eau à la bouche. J’aime également beaucoup Tolkien mais n’avais jamais entendu parler de Pratchett.
         
        [Sur les « faits de société », ils figurent souvent dans mes papiers : la fin de vie, l’écriture inclusive, le wokisme ont été discutés dans des papiers récents]
         
        Je suis passé à côté.
        En tapant “wokisme” dans la zone au-dessus des “Commentaires récents”, on tombe uniquement sur l’article “Adieu, monsieur le proviseur…”, qui utilise le mot une fois, mais dont ce n’est pas le sujet.
        Je n’ai rien trouvé pour l’écriture inclusive.
        Mais ce n’était là que des exemples, mon point était que les sujets non purement politiques sont, en tout cas pour moi, très intéressants lorsque vous les passez par votre grille d’analyse.
         
         
        [Mais écrire sur des pays que je ne connais que de loin, cela me semble futile. Quel pourrait-être ma valeur ajoutée sur ces pays ?]
         
        En effet. L’article sur l’Argentine m’avait marqué par sa profondeur (aussi les échanges dans les commentaires qui avaient prolongé l’analyse) et je n’avais pas pensé que vous y aviez vécu/travaillé. Je me suis dit alors dit que votre point de vue sur les événements dans d’autres pays “vaudraient le déplacement” (qui, je vous l’accorde, est rapide pour nous lecteurs…).
         
        [Mais ais-je assez d’informations sérieuses pour faire un papier ? Je vous rappelle que je ne suis qu’un journaliste amateur, et que j’ai par ailleurs un boulot. Je ne peux pas écrire sur des sujets qui me demanderaient des semaines de travail pour me documenter…]
        Évidemment. Loin de moi l’idée de vous imposer quoi que ce soit. Ce n’était qu’une suggestion.
        Je me délecte tellement de vos articles que j’en oublie que leur rédaction prend du temps, nécessite sans doute parfois de se documenter, etc. alors que leur lecture, relativement, est rapide ; un peu comme le temps et les efforts pour réaliser une pâtisserie est important alors que le gourmand les dévore en 1 minute…
         

        • Descartes dit :

          @ Bob

          [« Malheureusement, le « campisme » ambiant fait qu’ils sont rares les libéraux, les européistes, les « insoumis », les frontistes qui restent ici le temps de croiser le fer… » C’est fort dommage.]

          Je ne vous le fais pas dire… Mais je ne peux que constater le fait. Même la provocation est inefficace à l’heure d’attirer des débatteurs venus d’autres contrées intellectuelles. Avec tout ce que j’ai pu écrire sur Mélenchon et ses « insoumis », j’aurais pensé que quelques-uns parmi eux auraient pu avoir envie de venir défendre leurs positions – d’autant que je n’ai jamais censuré ici quelque opinion que ce soit, dès lors qu’on respecte les règles de courtoisie. Et bien, les rares « insoumis » qui sont intervenus ne sont guère restés.

          Cela ne me surprend qu’à moitié. Lorsque j’intervenais sur un blog de LFI, je me souviens que la plupart des intervenants n’avait de cesse de demander au modérateur de me censurer ou de me demander de partir pour pouvoir « être entre eux ». Je me souviens même d’une intervenante qui m’accusait de « corroder les certitudes » des militants LFI… et je vous assure que ce n’est guère mieux ailleurs. Aujourd’hui, les militants veulent surtout communier avec des gens qui leur ressemblent, et surtout pas risquer une remise en cause…

          [« Il y en a un sur le métier faisant le parallèle entre deux auteurs que j’aime beaucoup, J.R.R Tolkien et T. Pratchett, mais je n’arrive pas à le finir… » Voyez, vous me mettez déjà l’eau à la bouche. J’aime également beaucoup Tolkien mais n’avais jamais entendu parler de Pratchett.]

          Tolkien n’a pas besoin de présentation… même s’il a un sérieux besoin d’être relu, parce que le vieux professeur d’Oxford se retournerait dans sa tombe s’il pouvait voir ce que Hollywood a fait de son monde imaginaire. Terry Pratchett est un auteur contemporain (1948-2015) est un auteur britannique qui a pastiché le style du roman fantastique, mais dont les livres contiennent souvent des réflexions très profondes sur la religion, la politique, l’humanité. Pour faire une analogie qui vaut ce qu’elle vaut, Tolkien c’est la Bible, Pratchett c’est « La vie de Brian » des Monthy Python…

          [« Sur les « faits de société », ils figurent souvent dans mes papiers : la fin de vie, l’écriture inclusive, le wokisme ont été discutés dans des papiers récents » Je suis passé à côté. En tapant “wokisme” dans la zone au-dessus des “Commentaires récents”, on tombe uniquement sur l’article “Adieu, monsieur le proviseur…”, qui utilise le mot une fois, mais dont ce n’est pas le sujet.]

          C’est normal. Je me méfie des mots à la mode, surtout quand ce sont des mots-valise ou chacun met ce qu’il a envie de mettre. J’essaye d’utiliser un vocabulaire plus précis. Même si les fanatiques de la théorie du genre rejoignent souvent ceux du victimisme diversitaire, ce sont deux phénomènes séparés et les joindre sous le vocable « wokisme » ne me semble pas clarifier les choses.

          [Je n’ai rien trouvé pour l’écriture inclusive.]

          Pourtant, je me souviens d’avoir fait un papier notant combien l’écriture inclusive dans les documents politiques était sélective – on féminise des mots tels que « travailleur », « exploité », mais jamais les mots « patron », « exploiteur », comme s’il était important de signaler le genre chez les « gentils » mais qu’on peut s’accommoder du masculin englobant lorsqu’il s’agit des méchants.

          • Bob dit :

            @ Descartes
             
            [je n’ai jamais censuré ici quelque opinion que ce soit]
             
            C’est tout à votre honneur. Cela illustre bien la différence entre votre ouverture d’esprit et celle de LFI. A leur décharge, je dois dire que je pense que vous faites figure d’exception.
            Quel que soit le milieu (LFI ou autre), je trouve que notre société accepte de moins en moins le débat, le vrai, pas celui où vous mettez sur un plateau télé des journalistes – car malheureusement le niveau général actuel est si bas qu’il nous faut nous contenter de journalistes pour analyser les choses plutôt que de vrais intellectuels – et des “politologues” (je pense, entre autres, aux émissions de France 5, du style C dans l’air) qui pensent quasiment la même chose. Et je le retrouve autour de moi, professionnellement ; dès que les sujets prêtent à un vrai débat avec des positions fortement antagonistes (prenons l’exemple de l’Ukraine), la plupart préfèrent couper court à une vraie argumentation par des arguments qui sont censés emporter la conviction – selon eux – comme  (je grossis le trait, mais l’idée est là) : “de toute façon, Poutine est fou et l’Ukraine c’est le bien”… Chose que je trouve regrettable, car il n’est rien de plus stimulant que de discuter avec quelqu’un qui ne partage pas du tout vos positions.
            Je me rappelle avec une certaine nostalgie (j’étais pourtant jeune) les débats de Michel Polac. Autres temps, autres mœurs…
             
            [« corroder les certitudes »] (de LFI).
             
            Cela ne manque pas de sel, si je puis dire…
             
            [Le vieux professeur d’Oxford se retournerait dans sa tombe s’il pouvait voir ce que Hollywood a fait de son monde imaginaire]
            Pourquoi dites-vous cela ? Les films d’Hollywood ne me semblent pas avoir trahi l’œuvre de Tolkien, que ce soit les Hobbits ou Le seigneur des anneaux.
             
            [Pour faire une analogie qui vaut ce qu’elle vaut, Tolkien c’est la Bible, Pratchett c’est « La vie de Brian » des Monthy Python…]
             
            Je mets Pratchett sur ma liste de lecture alors.
            Vous aviez mentionné « La vie de Brian » avant Noël, ce qui m’a donné envie de le regarder une nouvelle fois (je pense l’avoir vu pas loin d’une dizaine de fois tellement j’adore) ; je n’ai pas regretté. C’est toujours aussi drôle, et par les temps actuels maussades, ça fait du bien.
            Pour faire le lien avec ce que je disais plus haut, il n’est pas évident qu’un film comme celui-ci soit possible aujourd’hui; d’ailleurs, on n’en voit plus…
             

            • Descartes dit :

              @ Bob

              [C’est tout à votre honneur. Cela illustre bien la différence entre votre ouverture d’esprit et celle de LFI. A leur décharge, je dois dire que je pense que vous faites figure d’exception.]

              Tout à fait. Presque tous les blogs politiques se permettent de censurer les expressions qui ne conviennent pas au propriétaire, quand bien même les règles de publication sont respectées.

              [Je me rappelle avec une certaine nostalgie (j’étais pourtant jeune) les débats de Michel Polac. Autres temps, autres mœurs…]

              Pas moi. Je trouvais les émissions de Polack détestables. C’est un peu lui qui a créé la mode des débats ou l’on ne s’écoute pas, et où ce sont les « clash » qui font l’audience, plus que la richesse des échanges. Sans compter avec son côté lèche-cul du pouvoir du jour. Je me souviens encore de sa première émission lorsque TF1 fut privatisée… il avait été d’une servilité envers Bouygues à gerber. Ca ne lui a d’ailleurs servi à rien.

              [« Le vieux professeur d’Oxford se retournerait dans sa tombe s’il pouvait voir ce que Hollywood a fait de son monde imaginaire » Pourquoi dites-vous cela ? Les films d’Hollywood ne me semblent pas avoir trahi l’œuvre de Tolkien, que ce soit les Hobbits ou Le seigneur des anneaux.]

              Personnellement, j’ai trouvé l’adaptation de Peter Jackson kitchissime. Mais je pense que c’est un livre inadaptable au cinéma. Le problème est que le pouvoir d’évocation du bouquin est tel qu’il suscite chez chacun d’entre nous des images différentes. Et ce qu’on voit à l’écran ne peut que nous décevoir…

              [Je mets Pratchett sur ma liste de lecture alors.]

              Si vous lisez l’anglais, je vous conseille vivement de le lire en VO. Je vous conseille « Small gods » et « Carpe Jugulum » (qui traite de la religion), « Wird Sisters » (pastiche de Macbeth), « Going Postal » (qui discute des services publics), « unseen academicals » (sur la passion du football), « interesting times » (sur les groupuscules révolutionnaires) et mon préféré : « Gards, gards ! » qui traite du pouvoir et de la politique. Si vous ne lisez pas l’anglais, vous trouverez aisément les titres de la publication en français. Je crois qu’ils sont tous traduits. Si vous les lisez en anglais, je vous conseille de consulter la « pratchett anotated file », qui contient l’ensemble des références de l’édition anglaise (et il y en a des tonnes !).

              [Pour faire le lien avec ce que je disais plus haut, il n’est pas évident qu’un film comme celui-ci soit possible aujourd’hui; d’ailleurs, on n’en voit plus…]

              L’art de la caricature s’est perdu, peut-être parce que la réalité est trop caricaturale pour pouvoir être pastichée…

            • P2R dit :

              @ Descartes
               
              La traduction des œuvres de Pratchett est un chef d’œuvre en soi. C’est assez rare pour être souligné ! Patrick Couton a d’ailleurs été maintes fois récompensé par ses pairs pour son travail. 

            • Descartes dit :

              @ P2R

              [La traduction des œuvres de Pratchett est un chef d’œuvre en soi. C’est assez rare pour être souligné ! Patrick Couton a d’ailleurs été maintes fois récompensé par ses pairs pour son travail.]

              Ayant lu Pratchett d’abord en version originale, la lecture de la traduction me procure une impression pénible… mais compte tenu de la difficulté de la tâche, je pense que Couton a fait du mieux qu’il est possible de faire. Le problème est que le texte de Pratchett est rempli de références qui n’ont rien d’évident pour le lecteur français (d’où l’intérêt de “l’annotated pratchett file”) et de jeux de mots très difficiles à traduire. C’est pourquoi, si vous lisez l’anglais, ça vaut la peine de faire l’effort.

            • Bob dit :

              @ Descartes
               
              En effet, cet épisode (que j’ignorais) ne plaide pas en faveur de Polac. C’est l’émission “politique” de ma jeunesse qui m’a le plus marqué, sans doute en vertu des “clashs” (et de l’ambiance)…
               
              [Il est très amusant… mais personnellement je vous proposerais plutôt de commencer par « Guards, guards ! » !]
              Entendu, je me range à ce conseil.

          • Bob dit :

            Si un lecteur peut me renvoyer vers le billet  qui évoque l’écriture inclusive, je lui en saurais gré.

            • Descartes dit :

              @ Bob

              [Si un lecteur peut me renvoyer vers le billet qui évoque l’écriture inclusive, je lui en saurais gré.]

              En fait, le sujet a été abordé très incidemment dans la critique des documents de congrès du PCF et du PG, et bien entendu dans les commentaires. Mais puisque le sujet semble vous intéresser, je vais essayer de faire un papier sur la question.

            • Bob dit :

              @ Descartes
               
              [Mais puisque le sujet semble vous intéresser]
               
              Le sujet m’intéresse non seulement parce que je suis très attaché à notre belle langue – vous aurez compris que j’ai l’écriture inclusive en sainte horreur, elle m’écorche les yeux – mais aussi et surtout parce que cette “invention” en “dit long” sur notre société.
               
               
              [je vais essayer de faire un papier sur la question.]
               
               
              Je me sens privilégié. Merci par avance.
              J’ai aussi la faiblesse de penser que d’autres lecteurs seront intéressés.
               

          • Kranck dit :

            Bonne année descartes,
            Petit cachottier vous aviez bien entamé un article de critique littéraire !
             
            J’espère que vous parviendrez à le terminer. J’ai hâte de lire ça !

          • Bob dit :

            @ Descartes
             
            [Je trouvais les émissions de Polack détestables. C’est un peu lui qui a créé la mode des débats ou l’on ne s’écoute pas].
             
            Ce n’est pas faux. Ce qui doit me manquer doit être les émissions où des points de vue divergents s’affrontent frontalement.
             
            [Mais je pense que c’est un livre inadaptable au cinéma. Le problème est que le pouvoir d’évocation du bouquin est tel qu’il suscite chez chacun d’entre nous des images différentes. Et ce qu’on voit à l’écran ne peut que nous décevoir…]
             
            Je suis d’accord.
             
             
            Concernant Pratchett, merci pour ces références, je le lirai en anglais et commencerai probablement par Going Postal.

            • Descartes dit :

              @ Bob

              [« Je trouvais les émissions de Polack détestables. C’est un peu lui qui a créé la mode des débats ou l’on ne s’écoute pas » Ce n’est pas faux. Ce qui doit me manquer doit être les émissions où des points de vue divergents s’affrontent frontalement.]

              Mais si c’est cela qui vous manque, il ne faut pas invoquer les mânes de Polack, parce qu’il avait sur cette question une vision fort restrictive. Je me souviens de la première émission de « droit de réponse » après la privatisation de TF1. Une fois par mois, l’émission recevait les éditorialistes des différents journaux, et particulièrement Cabanes qui représentait « l’Humanité ». Mais à la première émission après privatisation, alors que le sujet de l’émission était plus ou moins celui-là, Cabanes avait disparu de la liste des invités – pas question de faire de la peine à Bouygues, nouveau propriétaire de la chaîne. L’Humanité avait bien entendu protesté devant ce retrait, et s’était vu répondre par Polack à l’antenne « j’invite qui je veux, et si Cabanes n’est pas content je ne l’inviterai plus jamais ». Alors, quand on me parle de Saint Polack patron de la liberté d’expression et de débat, vous m’excuserez de ne pas enlever mon chapeau.

              Concernant Pratchett, merci pour ces références, je le lirai en anglais et commencerai probablement par Going Postal.

              Il est très amusant… mais personnellement je vous proposerais plutôt de commencer par « Guards, guards ! » !

  19. P2R dit :

    Cher Descartes,
     
    Avant tout, je vous souhaite, à vous et à vos proches, une bonne année 2025. Que soient au rendez-vous la santé, le bonheur et la prospérité, ainsi que l’inspiration pour vos billets qui sont souvent le seul endroit où je retrouve la richesse et la sérénité d’un débat sain, respectueux et honnête. Et au-delà de nos personnes, souhaitons que 2025 soit une année qui ouvre de nouvelles perspectives ! Puisque depuis quelques années se fissure doucement le mur du dogme dominant, et que des thèmes jusque-là tabous pénètrent progressevement dans le débat public, permettons nous d’être prudemment optimistes: c’est loin d’être le début de quelquechose de neuf, mais c’est certainement le début de la fin d’une certaine vision du monde, ultralibérale et mondialiste.
     
    [En relisant mes papiers je m’aperçois que j’ai une tendance à me répéter – à radoter diront les mauvaises langues. C’est logique : on n’a pas d’idées nouvelles tous les jours. J’ai proposé mon analyse sur la nouvelle « classe » que, après longues discussions ici, je me suis résolu finalement à appeler « classe intermédiaire ». Quel que soit l’intérêt de ce concept, ce n’est pas le genre de chose que je vais inventer tous les jours.]
     
    Je pense que le gros point faible de votre blog est la dispersion des commentaires. Prenez l’exemple de votre théorie des classes intermédiaires: des pages et des pages de débats fructueux ont été écrites sur ce blog, mais elles sont ventilées au gré des articles, noyées dans des centaines de commentaires, de sorte que seul un lecteur régulier et assidu peut avoir une vision globale de votre pensée. Je pense que vous gagneriez à réfléchir à un moyen mettre en évidence et à disposition des lecteurs quelques articles “références” vos principaux axes de pensée et vos théories fondatrices, en quelque sorte les pierres angulaires de votre réflexion. Ces articles pourraient être amendés au gré des progressions de votre théorie, et pourraient être liés à des discussions exclusivement centrées sur le sujet en question.
     
    Peut-être qu’un format de type forum, avec une sous section par papier, éventuellement regroupées par thématiques serait plus lisible, et surtout plus fécond pour qui voudrait retourner à la recherche de discussions anciennes. On pourrait imaginer que chaque nouveau papier de votre part soit épinglé en tête d’une section de forum dédiée, et que les commentateurs qui souhaitent discuter un point de votre papier le fassent en ouvrant un sujet dans la même section, sous un intitulé à base de mots-clés qui permettrait de faciliter la recherche. Par exemple, si suite à votre papier “l’homme qui rêvait de Matignon” je souhaitais débattre de la question du parisiannisme des élites, c’est sous cet intitulé que j’ouvrirai mon sujet.
     
    [Peut-être faudrait-il enrichir ce blog en abordant d’autres sujets ? Faudrait-il que je me résigne à laisser la plume à d’autres – ce que je me suis toujours refusé à faire jusqu’à maintenant – pour enrichir la discussion d’autres points de vue ? En tout cas, j’y réfléchis.]
     
    Les gens qui viennent sur ce blog le font pour trouver VOTRE rigueur d’analyse, VOTRE hauteur de vue. Confier la plume et un pouvoir éditorial à un ou des tiers, je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Je pense qu’il faut plutôt imaginer la chose comme recevoir ponctuellement un invité dans votre salon de discussion. Relayer un article que vous jugez pertinent en permettant à son auteur de répondre aux commentaires, oui, ce serait un gros plus. Mais c’est la partie “réponse aux commentaires” qui, je suppose, pose problème en ce qu’elle peut être chronophage. Pour autant, serait-ce grave si sur des publications tierces relayées par vous, le débat se poursuivait sans l’intervention de l’auteur ? Je pense qu’il y a suffisemment de gens cultivés et réfléchis sur ce blog, à commencer par notre hôte, pour garantir la richesse des échanges.
     
    Question naïve: pour élargir le lectorat, quid d’un relai de vos articles sur réseau social (type facebook) avec commentaires désactivés, et invitation à commenter/discuter sur le blog ? En gros utiliser le réseau exclusivement pour ses fonctions de partage de publications.. Mais peut-être que vos articles y circulent déjà ?
     
    En attendant, je vous renouvelle mes voeux, et vous remercie encore pour le travail d’utilité publique que vous accomplissez ici depuis tant d’années.
     

    • Descartes dit :

      @ P2R

      [Avant tout, je vous souhaite, à vous et à vos proches, une bonne année 2025. Que soient au rendez-vous la santé, le bonheur et la prospérité, ainsi que l’inspiration pour vos billets qui sont souvent le seul endroit où je retrouve la richesse et la sérénité d’un débat sain, respectueux et honnête. Et au-delà de nos personnes, souhaitons que 2025 soit une année qui ouvre de nouvelles perspectives !]

      Merci de vos vœux. J’évite de répondre à tous sur ce sujet pour éviter la répétition, mais les vôtres sont si fleuris que j’ai du mal à rester indifférent. Merci de vos encouragements, car le but de mon travail est précisément de stimuler un débat le plus riche, les plus respectueux, les plus honnête et – le mot que vous avez utilisé me semble bien résumer la situation, le plus « sain » possible. C’est bien la santé de notre système démocratique qui doit nous préoccuper. Et la principale menace à laquelle il a à faire face ne vient pas – contrairement à ce qu’on cherche à nous faire croire – de tel ou tel parti extrême, mais de la quasi disparition des enceintes où un débat « sain », où une confrontation argumentée peut avoir lieu.

      Nous assistons à une censure insidieuse, infiniment plus dangereuse que celle que peut instaurer une dictature. Cette censure est la conséquence d’une passivité, de celle d’une société d’individus qui n’ont pas envie d’avoir d’ennuis. Qui ne pensent pas qu’il existe une idée, une valeur, une institution mérite qu’on meure pour elle. L’anarchisme d’un Brassens raillant ceux qui voulaient « mourir pour des idées » – écrit, rappelons-le, dans une France qui gardait le souvenir du fait que pas mal de Français avaient risqué leur vie pour des idées et des principes – semblait sympathique à l’époque. Mais quand la « communauté éducative » refuse de donner le nom de Samuel Paty au collège où le malheureux professeur enseignait parce que cela pourrait « mettre en danger » les élèves et le personnel, on ne peut que se rendre à l’évidence : la liberté n’est possible que si des gens sont prêts à prendre tous les risques pour elle. Dans une société où un producteur refuse de produire un film parce que celui-ci risque de lui attirer des ennuis, il n’y aura plus que des films conformistes.

      [Puisque depuis quelques années se fissure doucement le mur du dogme dominant, et que des thèmes jusque-là tabous pénètrent progressivement dans le débat public, permettons nous d’être prudemment optimistes: c’est loin d’être le début de quelque chose de neuf, mais c’est certainement le début de la fin d’une certaine vision du monde, ultralibérale et mondialiste.]

      Les fissures dont vous parlez existent, et appellent à l’optimisme. Mais il faut rester prudent : pour le moment, les fissures sont à peine perceptibles. La vision du monde néolibérale reste le dogme dominant. Bien sûr, on assiste à un décalage croissant entre le discours et la réalité, entre les promesses du modèle et ce qu’il est capable de livrer en pratique. Mais ce décalage peut être géré longtemps grâce aux discours du genre « les défaillances de l’Europe prouvent qu’il faut plus d’Europe ». En fait, je pense que le craquement viendra, comme toujours, des rapports de classe. La cohésion sociale est aujourd’hui maintenue en achetant la paix sociale à grands coups de transferts financés par la dette. Ce système devient intenable…

      [Je pense que le gros point faible de votre blog est la dispersion des commentaires. Prenez l’exemple de votre théorie des classes intermédiaires: des pages et des pages de débats fructueux ont été écrites sur ce blog, mais elles sont ventilées au gré des articles, noyées dans des centaines de commentaires, de sorte que seul un lecteur régulier et assidu peut avoir une vision globale de votre pensée. Je pense que vous gagneriez à réfléchir à un moyen mettre en évidence et à disposition des lecteurs quelques articles “références” vos principaux axes de pensée et vos théories fondatrices, en quelque sorte les pierres angulaires de votre réflexion.]

      Vous avez raison. Il serait peut-être une bonne idée de relire ce qui a été écrit ici au gré des débats sur un certain nombre de sujets récurrents, et de commettre de temps en temps un papier récapitulatif de l’état de la question… quitte à lancer de nouveaux débats !

      [Peut-être qu’un format de type forum, avec une sous section par papier, éventuellement regroupées par thématiques serait plus lisible, et surtout plus fécond pour qui voudrait retourner à la recherche de discussions anciennes. On pourrait imaginer que chaque nouveau papier de votre part soit épinglé en tête d’une section de forum dédiée, et que les commentateurs qui souhaitent discuter un point de votre papier le fassent en ouvrant un sujet dans la même section, sous un intitulé à base de mots-clés qui permettrait de faciliter la recherche. Par exemple, si suite à votre papier “l’homme qui rêvait de Matignon” je souhaitais débattre de la question du parisiannisme des élites, c’est sous cet intitulé que j’ouvrirai mon sujet.]

      Ce que vous proposez implique un changement de structure qui semble difficile compte tenu du format adopté pour ce blog. Mais peut-être faudrait-il créer un « forum de Descartes » en parallèle au blog ? Je vais y réflechir.

      [Question naïve: pour élargir le lectorat, quid d’un relai de vos articles sur réseau social (type facebook) avec commentaires désactivés, et invitation à commenter/discuter sur le blog ? En gros utiliser le réseau exclusivement pour ses fonctions de partage de publications.. Mais peut-être que vos articles y circulent déjà ?]

      Je sais que certains lecteurs font circuler les articles, mais je vous avoue que je connais très mal la dynamique de ces « réseaux sociaux » (que je ne fréquente guère). Mes rares incursions ne m’ont guère donné l’envie de m’investir…

      • Erwan dit :

        [Mais quand la « communauté éducative » refuse de donner le nom de Samuel Paty au collège où le malheureux professeur enseignait parce que cela pourrait « mettre en danger » les élèves et le personnel, on ne peut que se rendre à l’évidence : la liberté n’est possible que si des gens sont prêts à prendre tous les risques pour elle.]

        Un petit bémol à ce propos. Un assez grand nombre d’établissements scolaires ont été nommés “Samuel Paty”. Par exemple :

        Collège Samuel-Paty à Valenton
        École Samuel-Paty à Montpellier
        École Samuel-Paty à La Teste-de-Buch
        École Samuel-Paty à Nîmes
        École Samuel-Paty à Buxières-les-Mines
        Lycée Samuel-Paty à Montévrain

        Certes, le collège Le Bois d’Aulne où enseignait Samuel Paty a refusé suite à des craintes du personnel enseignant, mais c’est un cas particulier. En fait, je pense qu’en la matière, la France a finalement encore de beaux restes !

        • Descartes dit :

          @ Erwan

          [« Mais quand la « communauté éducative » refuse de donner le nom de Samuel Paty au collège où le malheureux professeur enseignait parce que cela pourrait « mettre en danger » les élèves et le personnel, on ne peut que se rendre à l’évidence : la liberté n’est possible que si des gens sont prêts à prendre tous les risques pour elle. » Un petit bémol à ce propos. Un assez grand nombre d’établissements scolaires ont été nommés “Samuel Paty”. Par exemple : 5…)]

          Je pensais au collège du Bois de l’Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine, établissement ou le professeur assassiné exerçait ses fonctions, et qui me paraît le lieu logique pour lui rendre hommage. Il a fallu quatre années et pas mal de péripéties pour que le changement de nom soit entériné par le conseil départemental, contre l’avis des associations de parents d’élèves (dont la lettre ouverte à ce sujet est un modèle de faux-culisme).

          Mais vous avez raison, la République a encore de beaux restes, et un certain nombre de courageux ont ignoré une peur bien légitime et mis la défense des valeurs républicains au-dessus de leur petit confort. Je pense aussi qu’il ne faut pas se laisser emporter par l’émotion : donner le nom de Samuel Paty à un établissement dans lequel il a enseigné a un sens, mais on ne va pas non plus renommer toutes les écoles « Samuel Paty ». En regardant la liste, on ne peut que remarquer d’ailleurs qu’on a donné le nom du professeur à des écoles primaires ou bien à des collèges en construction (autrement dit, qui n’ont pas encore de « communauté éducative »)… il semblerait que donner le nom à un collège « constitué » ne soit en rien évident…

          Je me suis demandé aussi combien de collèges ou écoles portent le nom de Coluche. Elles sont bien plus nombreuses… il faut croire que les parents d’élèves n’y voient aucun problème.

      • Antoine dit :

        Bonsoir Descartes, les remarques de P2R correspondent si bien à ce que je pense que je me limite à me joindre à ses louanges. Je commence désormais à la lecture de vos articles à anticiper votre point de vue ce qui montre la cohérence de vos réflexions. J’ai presque l’impression de vous connaître sans vous connaître ce qui n’est pas désagréable à l’heure de l’égotisme audiovisuel.Si je lis assidûment chacun de vos articles et y retourne quelques fois  pour lire les commentaires qu’ils ont suscités, je ne participe que très rarement directement aux échanges. Et le point que soulève P2R au sujet de la dispersion des commentaires l’explique en partie.(“Je pense que le gros point faible de votre blog est la dispersion des commentaires. Prenez l’exemple de votre théorie des classes intermédiaires: des pages et des pages de débats fructueux ont été écrites sur ce blog, mais elles sont ventilées au gré des articles, noyées dans des centaines de commentaires, de sorte que seul un lecteur régulier et assidu peut avoir une vision globale de votre pensée. “)Je préciserai que même pour un lecteur relativement régulier, le format des échanges ne permet pas une lecture et a plus forte raison, une rédaction des commentaires complètement fluide, surtout sur des écrans de téléphone. => Aussi le ” forum de Descartes” auquel vous pensez me paraît extrêmement  pertinent. Evidemment ces points-là ne viennent aucunement diminuer vos mérites, la joie et la stimulation intellectuelle que vous offrez. Soyez-en encore une fois remercié. 

        • Descartes dit :

          @ Antoine

          [Je commence désormais à la lecture de vos articles à anticiper votre point de vue ce qui montre la cohérence de vos réflexions. J’ai presque l’impression de vous connaître sans vous connaître ce qui n’est pas désagréable à l’heure de l’égotisme audiovisuel.]

          Merci de cet encouragement. Le point négatif est qu’il devient de plus en plus difficile de surprendre mes lecteurs… même si je me livre quelquefois à la provocation.

          [Si je lis assidûment chacun de vos articles et y retourne quelques fois pour lire les commentaires qu’ils ont suscités, je ne participe que très rarement directement aux échanges. Et le point que soulève P2R au sujet de la dispersion des commentaires l’explique en partie. (“Je pense que le gros point faible de votre blog est la dispersion des commentaires. Prenez l’exemple de votre théorie des classes intermédiaires : des pages et des pages de débats fructueux ont été écrites sur ce blog, mais elles sont ventilées au gré des articles, noyées dans des centaines de commentaires, de sorte que seul un lecteur régulier et assidu peut avoir une vision globale de votre pensée. “)]

          J’ai bien noté la remarque. Je me demande s’il ne faudrait pas, sur certaines grandes thématiques comme celle des « classes intermédiaires », que je prenne de temps en temps le travail d’écrire un article de synthèse pour faire le point des avancées suite aux débats qui ont eu lieu sur le blog. Cela étant dit, il ne faut pas je pense oublier que l’essentiel de l’intérêt de ce blog n’est pas dans les archives, mais dans le travail que chacun d’entre nous – moi mais aussi vous, les lecteurs et commentateurs – faisons dans nos têtes. Les commentaires du passé ont beau être noyés dans l’archive, mais ceux qui les ont lu ont évolué dans leur réflexion, et c’est là le plus important. Il est vrai que pour le lecteur qui arrive, qui ne connaît pas l’histoire, cela peut être un peu frustrant. C’est pourquoi j’essaye de faire que chaque article soit autoportant, et que je répète par exemple la définition des « classes intermédiaires » de temps en temps, pour raccrocher les lecteurs…

          [Evidemment ces points-là ne viennent aucunement diminuer vos mérites, la joie et la stimulation intellectuelle que vous offrez. Soyez-en encore une fois remercié.]

          Rassurez-vous, je ne prends pas ces commentaires comme une critique, mais comme une suggestion constructive d’amélioration. Il faut que je réfléchisse, parce qu’un tel forum pose des problèmes techniques et de gestion, et que mes moyens – et mon temps – sont comptés…

  20. Vinz dit :

    bonne année, ainsi qu’a tous les contributeurs de ce blog !
     
    j’en profite pour vous remercier, la qualité de vos articles et votre rigueur/courtoisie dans les réponses me font envie. Je ne pense pas que vous ayez raison sur tout mais je dois admettre que quand je vous lis, il m’est difficile de ne pas être d’accord, je l’ai particulièrement constaté lors de la période COVID.
    je m’arrête ici pour les flatteries. Si vous cherchez un sujet il y en a un qui me tiens à cœur et qui est “la décarbonation de l’économie” la décroissance ayant déjà été abordée sur ce blog, la France est un des rare pays ou le sujet est abordé et pourtant les progrès sont plus que timides, tellement de freins qui touchent à tous les secteurs politique, économique, énergie, sociaux sans parler de récupération, réactance ou de désinformation.
    si je ne me trompe pas la croissance est inscrite dans la constitution européenne, un pays conscient de ces enjeux peut-il rester dans l’UE ? la politique de l’autruche a-t-elle des limites ? n’avons nous pas assez sacrifier d’entreprises et de services publiques sur l’autel européens au nom de la mondialisation ? pardonnez mon manque d’optimisme en l’avenir, la tâche semble immense alors qu’a titre personnel “jusqu’ici tout va bien” ce n’est pas le cas de tout le monde même en Europe.

    • Descartes dit :

      @ Vinz

      [j’en profite pour vous remercier, la qualité de vos articles et votre rigueur/courtoisie dans les réponses me font envie. Je ne pense pas que vous ayez raison sur tout mais je dois admettre que quand je vous lis, il m’est difficile de ne pas être d’accord, je l’ai particulièrement constaté lors de la période COVID.]

      Je vous remercie de ces encouragements, qui donnent leur sens à mon travail. Je ne pense pas avoir toujours raison – même si je suis profondément convaincu de ce que je dis – et les années mon guéri de l’idée qu’on puisse posséder la vérité – et même qu’une telle « vérité » absolue existe. J’aime beaucoup la formule de Renoir « le plus terrible dans ce bas monde est que tout le monde a ses raisons ».

      [je m’arrête ici pour les flatteries. Si vous cherchez un sujet il y en a un qui me tiens à cœur et qui est “la décarbonation de l’économie” la décroissance ayant déjà été abordée sur ce blog, la France est un des rare pays ou le sujet est abordé et pourtant les progrès sont plus que timides, tellement de freins qui touchent à tous les secteurs politique, économique, énergie, sociaux sans parler de récupération, réactance ou de désinformation.]

      Je vous trouve bien pessimiste. La situation de la France est paradoxale : grâce au programme nucléaire et à celui des grands barrages, la France s’est doté d’un système électrique très performant et presque totalement décarboné. Et comme l’électricité n’était pas chère, il y a eu plein de secteurs émetteurs de CO2 qui sont « passés à l’électrique » bien plus et plus tôt que dans d’autres pays. C’est l’une des raisons qui fait que nos progrès semblent « timides » par rapport à d’autres pays européens : les réductions d’émissions sont calculées par rapport à des « années de référence » prises dans les années 1990, c’est-à-dire, à une époque où bien des gisements d’économie d’émissions avaient été déjà exploités. Il est bien plus facile à la Pologne de gagner 10% sur ses émissions (il suffit de remplacer quelques centrales charbon par des centrales au gaz) qu’à la France de faire de même.

      [si je ne me trompe pas la croissance est inscrite dans la constitution européenne, un pays conscient de ces enjeux peut-il rester dans l’UE ?]

      Il n’y a pas de « constitution européenne ». Difficile donc d’y « inscrire » quoi que ce soit. Je ne vois pas très bien par ailleurs le rapport entre la décarbonation de l’économie et la question de la croissance.

      [n’avons nous pas assez sacrifier d’entreprises et de services publiques sur l’autel européens au nom de la mondialisation ?]

      Là, je ne vous comprends plus. Dans le paragraphe précédent, vous semblez appeler de vos vœux la fin de la croissance. Mais reconstruire nos entreprises industrielles et nos services publics implique nécessairement créer plus de valeur, et donc de la croissance. On ne peut vouloir le beurre et l’argent du beurre…

      [pardonnez mon manque d’optimisme en l’avenir, la tâche semble immense alors qu’a titre personnel “jusqu’ici tout va bien” ce n’est pas le cas de tout le monde même en Europe.]

      Pardon, mais même à titre personnel « tout ne va pas bien ». La dégradation est lente mais soutenue, et si nous ne nous en apercevons pas, c’est parce que la capacité de l’être humain à s’habituer et à tirer le meilleur parti de son environnement est infinie. Mais quand son fait des comparaisons, on voit ce qu’on a perdu. J’ai connu comme étudiant un Paris joyeux et amical, j’y reviens aujourd’hui à un Paris maussade et agressif. Quand je vois le lycée, ou j’ai été si heureux il y a de nombreuses années, gangrené par la violence, les rackets, les trafics. Si vous posez la question aux lycéens qui le fréquentent, ils se diront probablement heureux, parce que n’ayant connu rien d’autre, il est difficile de comparer.

      • Vinz dit :

        Il n’y a pas de « constitution européenne ». Difficile donc d’y « inscrire » quoi que ce soit. Je ne vois pas très bien par ailleurs le rapport entre la décarbonation de l’économie et la question de la croissance.

        Merci pour ce recadrage en douceur, j’ai une mauvaise connaissance de nos institution (la preuve est faites), ce n’est vraiment pas mon domaine mais j’apprends (enfin j’essaie) le pacte de stabilité et de croissance correspond plus à mon idée. est-ce faux de penser que plus le PIB est important, plus on peut se permettre dette/déficit important ? et d’en conclure un objectif de croissance ?
        est-ce que la décarbonation de l’économie ne passerait pas par un ralentissement ? pourquoi alors garder un objectif de croissance (PIB) à un moment ça ne passera plus! est-ce simplement un discourt pour rassurer l’électeur ?

        Là, je ne vous comprends plus. Dans le paragraphe précédent, vous semblez appeler de vos vœux la fin de la croissance. Mais reconstruire nos entreprises industrielles et nos services publics implique nécessairement créer plus de valeur, et donc de la croissance. On ne peut vouloir le beurre et l’argent du beurre…

        si je peux me permettre, que je le souhaite ou pas, je pense que la décroissance va arriver et qu’il vaut mieux s’y préparer que de la subir. pour l’industrie et les services publiques je voulais juste souligner le sacrifice au nom de l’argent, ceci dit la décroissance générale ne permettrait pas la croissance dans certain secteurs ? je pense que si mais il va falloir faire des choix. je vous avoue que j’ai l’impression de tourner en rond dans mes explications ce qui me fait dire qu’il y a probablement quelque chose que je ne comprends pas.
         
        enfin le “jusqu’ici tout va bien” n’est qu’un clin d’œil à l’image de l’homme qui saute d’un immeuble et qui à chaque étage se répète cette phrase. l’important ce n’est pas la chute, c’est atterrissage. la situation se dégrade nous sommes d’accord.

        • Descartes dit :

          @ Vinz

          [est-ce faux de penser que plus le PIB est important, plus on peut se permettre dette/déficit important ? et d’en conclure un objectif de croissance ?]

          La croissance mesure l’évolution des ressources dont une société dispose. Il est donc clair que plus la croissance est importante, et plus on aura des ressources pour financer des investissements et de la consommation. C’est là l’objectif, et non pas de « se permettre une dette/déficit important ». En fait, ce serait plutôt l’inverse : plus la croissance est forte, et moins on a besoin de creuser la dette.

          Mais derrière la croissance il y a une notion qui est bien plus profonde que la croissance économique. On pourrait dire que nous sommes biologiquement programmés pour rechercher la croissance. Dans tous les domaines, nous cherchons a étendre nos possibilités, à accumuler plus d’objets, plus de connaissances, à nous faire plus d’amis. Nous faisons du sport pour être plus forts, nous écrivons pour diffuser plus largement nos idées. Quand nous avons des enfants, nous aspirons à les voir grandir et s’épanouir. Nous sommes programmés pour le « toujours plus », sans quoi nous serions encore en train de grimper aux arbres. Connaissez-vous beaucoup de gens qui se fixent comme objectif dans la vie de devenir moins riches, moins savants, moins entourés, moins forts, moins écoutés ?

          C’est d’ailleurs pourquoi la « décroissance » dont on nous parle n’est jamais une véritable « décroissance ». On nous explique qu’il est désirable de « décroitre » notre consommation d’objets manufacturés ou de matières premières, mais que cela s’accompagnera d’une « croissance » dans d’autres domaines : les relations humaines, le savoir et la culture, que sais-je. Une idéologie qui poserait une décroissance « pure » n’aurait à mon avis aucune chance de s’imposer.

          [est-ce que la décarbonation de l’économie ne passerait pas par un ralentissement ? pourquoi alors garder un objectif de croissance (PIB) à un moment ça ne passera plus! est-ce simplement un discourt pour rassurer l’électeur ?]

          Mais par un « ralentissement » de quoi, exactement ? Le PIB n’est qu’un instrument de mesure de la croissance, plus ou moins partiel comme le montrent certains paradoxes. Ainsi, par exemple, une guerre, une catastrophe sont source de « croissance » puisque la reconstruction « dope » artificiellement le PIB. On pourrait « ralentir » la progression du PIB sans pour autant « ralentir » la croissance de certaines productions humaines, notamment de la production intellectuelle ou celle des services publics non marchands, qui sont très difficilement pris en compte par l’indicateur du PIB.

          [si je peux me permettre, que je le souhaite ou pas, je pense que la décroissance va arriver et qu’il vaut mieux s’y préparer que de la subir.]

          Qu’est ce qui vous fait penser que « la décroissance va arriver » ? A terme, il y aura une décroissance de la consommation de matières premières, compte tenu de la finitude de la planète dans laquelle nous vivons. Mais grâce à l’ingéniosité humaine, on a les moyens de réduire cette consommation sans pour autant réduire la production – grâce au recyclage. Question énergie, nous avons une source potentiellement infinie (du moins à l’échelle de notre espèce) grâce au soleil.

          [pour l’industrie et les services publiques je voulais juste souligner le sacrifice au nom de l’argent, ceci dit la décroissance générale ne permettrait pas la croissance dans certain secteurs ? je pense que si mais il va falloir faire des choix. je vous avoue que j’ai l’impression de tourner en rond dans mes explications ce qui me fait dire qu’il y a probablement quelque chose que je ne comprends pas.]

          Je pense que vous vous attachez un peu trop à la mesure que représente le PIB. Or, le PIB est un indicateur très partiel, qui mesure la « valeur » créée en postulant que celle-ci est égale à la différence entre le prix d’achat des facteurs de production et le prix de vente du produit fini. Cette mesure a l’avantage d’être statistiquement très simple, mais présente le désavantage très important de ne prendre en compte correctement que les productions marchandes pour lesquelles il existe un marché pur et parfait (autrement dit, dans lesquels il n’y a pas de distorsion de prix due aux imperfections du marché). Par ailleurs, il ne fait pas de distinction entre les activités utiles et les activités inutiles : Si vous payez des gens pour creuser un trou, et d’autres pour le reboucher, vous créez du PIB.

          Il faut donner au terme « croissance » un sens moins comptable et plus général. Est-ce que l’avenir de l’humanité est une société du « toujours moins » ? Est-ce que les sociétés humaines peuvent se résigner à voir leurs moyens, leurs perspectives, leurs connaissances se réduire progressivement ? Si l’on fait un parallèle osé, on pourrait dire que la société de croissance est la jeunesse, alors qu’une société de décroissance s’apparente à la vieillesse. Et nous savons tous ce qu’il y a au bout de la vieillesse…

          [enfin le “jusqu’ici tout va bien” n’est qu’un clin d’œil à l’image de l’homme qui saute d’un immeuble et qui à chaque étage se répète cette phrase. l’important ce n’est pas la chute, c’est atterrissage. la situation se dégrade nous sommes d’accord.]

          C’était mon point, justement. L’homme qui saute ne voit pas « sa situation se dégrader » jusqu’au moment où il rencontre le sol. A l’inverse, notre société voit la situation se dégrader pendant la chute. C’est en ce sens que je trouve la comparaison fausse et même dangereux. L’impact est peut-être proche ou peut-être lointain, mais d’ores et déjà nous voyons une dégradation générale qui est en cours depuis trente ou quarante ans, et à laquelle nous nous sommes progressivement habitués au point que nous trouvons « normal » des choses qu’il y a trente ou quarante ans auraient sorti un million de personnes dans la rue et achevé un gouvernement.

          • Bob dit :

            @ Descartes
             
            Que pensez-vous des approches qui tentent d’inclure des notions difficilement quantifiables, comme le bonheur d’une population (le Bouthan arrive souvent en tête…), dans ces indicateurs économiques ?
            Le but de toute société n’est-il pas de tendre vers le bonheur des gens ?
             
            [L’impact est peut-être proche ou peut-être lointain, mais d’ores et déjà nous voyons une dégradation générale qui est en cours depuis trente ou quarante ans, et à laquelle nous nous sommes progressivement habitués au point que nous trouvons « normal » des choses qu’il y a trente ou quarante ans auraient sorti un million de personnes dans la rue et achevé un gouvernement.]
             
            Je crois que l’homme a une faculté d’adaptation, au bien comme au mal, étonnante.
            Avez-vous une explication à ce qui s’apparente à une sorte de résignation collective ?

            • Descartes dit :

              @ Bob

              [Que pensez-vous des approches qui tentent d’inclure des notions difficilement quantifiables, comme le bonheur d’une population (le Bouthan arrive souvent en tête…), dans ces indicateurs économiques ?]

              Pour moi, essayer de quantifier sur la base d’indicateurs difficilement quantifiables, c’est une contradiction dans les termes.

              [Le but de toute société n’est-il pas de tendre vers le bonheur des gens ?]

              Je ne le pense pas. Le problème est que le « bonheur » n’est même pas un concept subjectif : c’est une sensation. Sauriez-vous me dire si le paysan du moyen-âge était plus ou moins « heureux » que celui due la Renaissance, celui du XIXème siècle, celui d’aujourd’hui ? Il y a des pauvres heureux, et des riches malheureux…

              Non, le but de la société est de nous donner le plus de choix possibles. Mais se fixer comme but de rendre les gens heureux, c’est courir derrière une chimère.

              [Je crois que l’homme a une faculté d’adaptation, au bien comme au mal, étonnante.
              Avez-vous une explication à ce qui s’apparente à une sorte de résignation collective ?]

              Je pense que c’est le résultat de quarante ans de batailles perdues. Depuis la fin des années 1980, tous les combats des couches populaires se sont achevés par une défaite. Les gens se sont battus contre la désindustrialisation, contre le chômage, contre la privatisation des services publics, contre l’abdication de notre souveraineté. Et à chaque fois, ils ont été battus. A la longue, ça use.

          • Vinz dit :

            Qu’est ce qui vous fait penser que « la décroissance va arriver » ? A terme, il y aura une décroissance de la consommation de matières premières, compte tenu de la finitude de la planète dans laquelle nous vivons. Mais grâce à l’ingéniosité humaine, on a les moyens de réduire cette consommation sans pour autant réduire la production – grâce au recyclage. Question énergie, nous avons une source potentiellement infinie (du moins à l’échelle de notre espèce) grâce au soleil.

             
            Je ne sais pas s’il est possible de faire des panneaux solaires en recyclant des panneaux solaires, j’ai un doute sur la capacité à faire aussi bien, j’ai en tête que recycler c’est créer un sous produit, il y a bien sur des exceptions.
            pensez-vous que la conversion au tout électrique est possible ?
            Je sais que vous n’aimez pas trop YouTube mais ça va m’éviter de retranscrire https://www.youtube.com/watch?v=1H5yCvmIZVg la vidéo fait 7minutes

            • Descartes dit :

              @ Vinz

              [Je ne sais pas s’il est possible de faire des panneaux solaires en recyclant des panneaux solaires, j’ai un doute sur la capacité à faire aussi bien, j’ai en tête que recycler c’est créer un sous produit, il y a bien sur des exceptions.]

              C’est une question économique. Il n’y a pas de limite théorique au recyclage, simplement chaque point de pourcentage gagné a un coût en travail humain. Plus les matières premières deviendront rares, et plus aller loin dans le recyclage deviendra intéressant. Et j’ai une confiance infinie dans le génie humain pour trouver des solutions dès lors qu’il a intérêt à le faire.

              [pensez-vous que la conversion au tout électrique est possible ?]

              Cela dépend de ce que vous appelez « conversion au tout électrique ». Comme disait l’autre, ce n’est pas en améliorant la lampe à pétrole qu’on a inventé l’ampoule électrique. Il y a des choses qu’on peut faire facilement avec les énergies fossiles et qu’on ne fera pas avec l’électricité tout simplement parce que ce n’est pas intéressant. Et si l’électricité est abondante et bon marché, on fera avec l’électricité des choses qu’on n’aurait pas songé à faire avec l’énergie hydrocarbonée.

              Un exemple classique est le frigo. Il n’y a jamais eu de frigo domestique fonctionnant à l’essence ou au diesel. Cela n’aurait pas été économique. C’est la généralisation de l’électricité qui a permis la création d’un objet nouveau. Et de la même manière, il est probable que la moto (c’est-à-dire, un moyen de transport capable de faire de longs trajets à grande vitesse) disparaîtra – ou deviendra très cher – avec les combustibles fossiles.

              [Je sais que vous n’aimez pas trop YouTube mais ça va m’éviter de retranscrire (…)]

              Comme la vidéo est courte, j’ai pris la peine quand même de la regarder. Et franchement, je ne suis pas impressionné. Jancovici est très convainquant en général, mais souvent il n’est pas assez rigoureux, et ici il arrive à une conclusion fausse avec son raisonnement sur le prix du pétrole. Son idée est que comme le pétrole est une matière première nécessaire à la vie économique, sa raréfaction n’en fera pas forcément augmenter le prix. Le raisonnement est le suivant : moins de pétrole sur le marché implique certes une réduction de l’offre, mais aussi un ralentissement de l’économie, et donc une moindre demande. Seulement, qu’est ce qui pousse les consommateurs à demander moins ? Le fait qu’un ralentissement de l’économie implique une baisse du pouvoir d’achat. Autrement dit, ce n’est pas le prix – facial – qui monte, mais votre salaire qui baisse…

              Jancovici a raison quand il dit que le développement des énergies fossiles a amené un progrès du niveau de vie, du pouvoir d’achat, de l’espérance de vie et la mondialisation. Mais contrairement à ce qu’il suggère, le retour aux renouvelables n’implique pas nécessairement un retour en arrière. Tout simplement, parce que les technologies pour exploiter l’énergie du vent ou du soleil ont fait quelques progrès depuis le début de la révolution industrielle. Une éolienne moderne exploite le vent beaucoup plus efficacement qu’un moulin à vent naguère.

  21. Louis dit :

    Parce que les instruments d’analyse peuvent permettre de comprendre pourquoi le monde est tel qu’il est, mais ne fournit pas vraiment d’instrument pour « résoudre les problèmes ». Mon analyse permet d’expliquer comment on est arrivé là, mais en même temps ne fournissent pas de sortie. Tout au plus, on peut en conclure qu’aussi longtemps que les intérêts de la bourgeoisie et ceux des classes intermédiaires seront convergents, il est difficile d’imaginer une transformation qui bénéficierait aux couches populaires.

     
    J’entends bien, j’entends bien, et ne vous demande pas de jouer au prophète. En fait, c’est moi qui ne me suis pas fait comprendre. C’est moins ce qu’il vaudrait mieux faire, que j’avais en tête, tant cela dépend d’un état futur et de circonstances inconnues, mais de ce qui pourrait être fait. Souvent, au cours d’échanges qui me dépassent un peu, je vous lis exposer à votre interlocuteur : “si vous supprimez X, le prix se répercutera sur Y”, “si l’on veut faire baisser le prix de A, il faudrait investir dans B, ce qui impacterait C”, etc.
     
    Vous avez, par votre expérience ou vos lectures, une hauteur de vue toute relative à l’ignorance de vos lecteurs. Sur certains domaines, vous embrassez plus largement les tenants et les aboutissants du coût réel de telle ou telle politique. Laquelle faudrait-il mener ? C’est une autre affaire. Mais si vous pouviez nous aider à y réfléchir en nous exposant le fonctionnement, institutionnel ou économique, de telle ou telle branche dont vous avez une connaissance particulière, vous nous seriez d’autant plus utile que vous ne le faites que rarement. Votre article sur le prix de l’électricité était justement l’un de ceux que j’aimerais plus souvent lire, par exemple.
     

    J’essaye, j’essaye… mais j’essaye d’éviter de faire du café du commerce, ce qui suppose de ne parler de sujets que je connais bien – ou pour lesquels j’ai envie de faire l’effort de me documenter.

     
    Votre modestie vous honore, mais vous avez d’ores et déjà, par votre métier, des connaissances de spécialistes que vous pourriez expliquer ; et, par votre fonction, une expérience que vous pourriez, autant que la discrétion le permet, partager, à l’heure pour vos lecteurs de se faire une idée sur le nucléaire ou la haute fonction publique, notamment.
     
     

    • Descartes dit :

      @ Louis

      [Vous avez, par votre expérience ou vos lectures, une hauteur de vue toute relative à l’ignorance de vos lecteurs. Sur certains domaines, vous embrassez plus largement les tenants et les aboutissants du coût réel de telle ou telle politique. Laquelle faudrait-il mener ? C’est une autre affaire. Mais si vous pouviez nous aider à y réfléchir en nous exposant le fonctionnement, institutionnel ou économique, de telle ou telle branche dont vous avez une connaissance particulière, vous nous seriez d’autant plus utile que vous ne le faites que rarement. Votre article sur le prix de l’électricité était justement l’un de ceux que j’aimerais plus souvent lire, par exemple.]

      Ok, je note le conseil ! Et merci de vos encouragements !

      • Bob dit :

        @ Descartes, Louis
         
        [ si vous pouviez nous aider à y réfléchir en nous exposant le fonctionnement, institutionnel ou économique, de telle ou telle branche dont vous avez une connaissance particulière, vous nous seriez d’autant plus utile que vous ne le faites que rarement.]
        Oui !
         
        [Votre article sur le prix de l’électricité était justement l’un de ceux que j’aimerais plus souvent lire]
        Idem pour moi.

  22. Claustaire dit :

    Bonne année à vous aussi, santé, résistance morale et bon courage pour la suite. Nous en aurons tous besoin.
    Sur le fond, la démocratie, ses urgences, ses nuances, et ses apories, je viens de lire sur un site centriste (mais néanmoins souvent prodigue en réflexions possibles) une petite contribution (fort diplomatique, et pour cause) que je vous propose en guise de cadeau de Nouvel An :
    https://www.telos-eu.com/fr/sur-quelques-attentes-contradictoires-et-illusoire.html
     

    • Descartes dit :

      @ Claustaire

      [Sur le fond, la démocratie, ses urgences, ses nuances, et ses apories, je viens de lire sur un site centriste (mais néanmoins souvent prodigue en réflexions possibles) une petite contribution (fort diplomatique, et pour cause) que je vous propose en guise de cadeau de Nouvel An : (…)]

      Sans mépriser votre cadeau, je vous avoue que ce texte ne parle pas en bien de son auteur, qui est pourtant normalien et énarque. Il contient des erreurs de raisonnement tellement grossières qu’on se demande s’il s’est relu. C’est particulièrement vrai lorsqu’il cherche des exemples d’équilibre entre « droits » et « devoirs ». Les « devoirs » qu’il évoque sont tellement grotesques qu’on se demande s’il a bien compris son sujet.

      Prenons un premier exemple : « Ainsi, la liberté d’expression a pour contrepartie le devoir de silence et d’écoute. On ne peut parler que si les autres consentent à se taire ; on ne peut écrire utilement que si l’on trouve des lecteurs portés à lire avec attention et recueillement ». Franchement, pensez-vous qu’on puisse parler d’un « devoir de lire avec attention et recueillement », qui serait la contrepartie du « droit d’écrire » ? C’est absurde. La « liberté d’expression » trouve sa contrepartie dans le devoir d’user de prudence dans ses discours, de modérer sa parole. Mais certainement pas dans un « devoir » d’écouter ou de lire avec attention.

      Deuxième exemple : « Le droit de s’instruire a pour envers le devoir d’apprendre, la curiosité pour les choses de l’esprit, la honte de sa propre ignorance. Et la contrepartie de ce droit est l’obligation de se soumettre à des examens impartiaux. » Là encore, on se pince pour voir si l’on rêve. Le « droit de s’instruire » ne vous oblige en rien à se soumettre à des « examens », impartiaux ou pas. Si je vais suivre un cours de poterie ou de jardinage à la MJC de ma ville, la seule chose à laquelle je m’oblige est à payer la cotisation correspondante et à suivre les instructions de l’animateur. Mais il n’y a à la sortie aucun examen.

      En fait, l’auteur de cet étrange papier confond tout. Tous les « droits » n’ont pas de « contrepartie » spécifique, même s’ils peuvent avoir une contrepartie générale. Nous avons un ensemble de droits qui ont comme contrepartie un ensemble de devoirs, mais il est très difficile de rattacher chaque droit à un devoir spécifique, et réciproquement. Le cas le plus classique est celui du devoir de s’armer en défense de la nation. A quel « droit » le rattacheriez-vous ? C’est un devoir qui tend au maintien des lois, et donc de TOUS les droits.

      Mais il y a pire : la vision économique de ce personnage est désespérément malthusienne. Ainsi, il écrit que : « Un État, pas plus qu’une entreprise ou une association, ne « crée », à proprement parler, aucune ressource, ni aucun emploi ; il use des ressources humaines et matérielles existantes et essaie de les gérer au mieux, afin d’en tirer le plus de fruit ». On dirait ici que les ressources « humaines et matérielles » sont fournies par la nature, puisqu’elles ne sont pas « créées » par l’activité humaine. C’est évidemment faux : lorsque l’Etat construit un réacteur nucléaire, lorsqu’une entreprise installe une chaine de fabrication de voitures, ils « créent » une ressource. L’un pourra ensuite distribuer de l’électricité, l’autre des voitures qui n’auraient pas existé sans son action. L’auteur oublie que le « fruit » dont il parle peut-être, lui aussi, une « ressource ». Et du coup, il tire une conclusion fausse : « Tout emploi en chasse un autre, toute allocation de ressources en écarte une autre ». C’est là un pur raisonnement budgétaire : une dépense est une dépense, et toutes les dépenses se valent. Mais c’est évidemment faux : les ressources utilisées pour construire une centrale électrique, un barrage ou une ligne de chemin de fer font des petits, celles utilisées pour rémunérer un consultant en communication, non.

      • Bob dit :

        @ Descartes
         
        [La « liberté d’expression » trouve sa contrepartie dans le devoir d’user de prudence dans ses discours, de modérer sa parole.].
        Je pensais que c’était précisément le contraire : que tant qu’on reste dans les limites fixées par la loi, la liberté d’expression, justement, autorise l’exagération, voire l’outrance, de tenir des propos qui pourront choquer tel ou tel, sembler infâmes à d’autres (tout cela sans tomber dans l’insulte évidemment). Je dirais que c’est très bien ainsi.
        Si on se “modère”, cela revient en quelque sorte à s’auto-censurer ; cette liberté d’expression “douce” me semble bien fade.

        • Descartes dit :

          @ Bob

          [« La « liberté d’expression » trouve sa contrepartie dans le devoir d’user de prudence dans ses discours, de modérer sa parole. » Je pensais que c’était précisément le contraire : que tant qu’on reste dans les limites fixées par la loi, la liberté d’expression, justement, autorise l’exagération, voire l’outrance, de tenir des propos qui pourront choquer tel ou tel, sembler infâmes à d’autres (tout cela sans tomber dans l’insulte évidemment). Je dirais que c’est très bien ainsi.]

          C’était bien mon point. La loi consacre la « liberté d’expression » et institue en retour un certain nombre de « devoirs » pour celui qui en use. Celui de modérer ses propos, d’éviter l’incitation à la haine ou à la violence, d’éviter la négation de certains crimes. Dans la mesure où le respect de ces obligations est considéré indispensable au maintien de la liberté d’expression – comment pourrait continuer à dire ce qu’on pense si on pouvait appeler à la violence contre celui qui s’exprime ? – on peut considérer cela comme une « contrepartie ».

          Cela étant dit, comme je l’ai expliqué, je ne crois pas à l’idée d’un lien direct entre un droit spécifique et un devoir spécifique. Nous avons un ensemble de devoirs qui apparaissent comme nécessaires au maintien d’un fonctionnement social qui nous garantit un ensemble de droits. Le lien est donc général, et non particulier.

          [Si on se “modère”, cela revient en quelque sorte à s’auto-censurer ; cette liberté d’expression “douce” me semble bien fade.]

          Aucun droit, aucune liberté n’est absolue. C’est du moins la conception française, et elle me semble bien plus conforme à un fonctionnement collectif que le principe anglosaxon de droits absolus, qui oblige à une hypocrisie générale lorsqu’il s’avère nécessaire de les modérer dans les faits.

          • Bob dit :

            @ Descartes
             
            [un certain nombre de « devoirs » pour celui qui en use. Celui de Celui de modérer ses propos, d’éviter l’incitation à la haine ou à la violence, d’éviter la négation de certains crimes].
             
            L’incitation à la haine ou à la violence, la négation de certains crimes tombent sous le coup de la loi.
            Mais mon point est que la liberté d’expression à la française n’implique nullement une quelconque modération des propos. Ainsi les propos tenus sur tel sujet peuvent tout à fait être perçus comme sans aucune mesure, outranciers – car ils ne sont aucunement modérés – sans pour autant être “hors” de la liberté d’expression.
            En bref, ma compréhension est que tant que le cadre légal est respecté, il n’y a aucun devoir à modérer ses propos.

            • Descartes dit :

              @ Bob

              [L’incitation à la haine ou à la violence, la négation de certains crimes tombent sous le coup de la loi.
              Mais mon point est que la liberté d’expression à la française n’implique nullement une quelconque modération des propos.]

              Relisez ces deux phrases. Ne voyez-vous pas une contradiction ? D’un côté vous admettez que la loi crée une obligation de modérer ses propos e évitant certaines « expressions », de l’autre que la liberté d’expression à la française « n’implique aucune modération ».

              [En bref, ma compréhension est que tant que le cadre légal est respecté, il n’y a aucun devoir à modérer ses propos.]

              Mais c’est justement le « cadre légal » qui précise cette « modération »…

            • Bob dit :

              @ Descartes
               
              [Ne voyez-vous pas une contradiction ?]
               
              Pas vraiment.
               
              [Mais c’est justement le « cadre légal » qui précise cette « modération »…].
               
              Oui. Nous nous modérons pour “rester” dans le cadre légal imparti par la loi, une fois dans ce cadre-là, la liberté d’expression n’a pas à être modérée, quand bien même elle se manifesterait de manière outrancière ou infamante pour certains.
              J’avais cru comprendre que selon vous même une fois le cadre légal respecté, on doive continuer à modérer ses propos, ce avec quoi je suis en désaccord.

            • Descartes dit :

              @ Bob

              [« Ne voyez-vous pas une contradiction ? » Pas vraiment.]

              Un changement de lunettes s’impose…

              [« Mais c’est justement le « cadre légal » qui précise cette « modération »… » Oui. Nous nous modérons pour “rester” dans le cadre légal imparti par la loi,]

              Autrement dit, il existe un devoir de modération. CQFD

              [J’avais cru comprendre que selon vous même une fois le cadre légal respecté, on doive continuer à modérer ses propos, ce avec quoi je suis en désaccord.]

              Non. J’ai dit qu’il y avait un « devoir de modération », pas que ce devoir soit « en plus » de l’obligation imposée par la loi. Votre raisonnement me fait penser que pour vous les « devoirs » sont des obligations extra-légales. C’est inexact : un grand nombre de nos « devoirs » sont imposés par la loi.

          • Bob dit :

            @ Descartes
             
            [J’ai dit qu’il y avait un « devoir de modération », pas que ce devoir soit « en plus » de l’obligation imposée par la loi. Votre raisonnement me fait penser que pour vous les « devoirs » sont des obligations extra-légales. C’est inexact : un grand nombre de nos « devoirs » sont imposés par la loi.]
             
            Je l’avais en effet compris comme un devoir qui viendrait s’additionner à ce que la loi préconise. Il y a donc “devoir de modération” pour rentrer dans le cadre légal, et ça s’arrête là ; ce qui permet l’outrance, l’offense, etc. Une liberté d’expression trop corsetée n’en est pas une dans les faits.

          • Bob dit :

            @ Descartes
             
            Puisque est arrivée la commémoration des 10 ans de l’attentat contre Charlie Hebdo, le thème de la liberté d’expression refait la une.
            J’ai trouvé cet article intéressant :
            https://www.francetvinfo.fr/economie/medias/charlie-hebdo/les-terroristes-ont-gagne-dix-ans-apres-l-attentat-contre-charlie-hebdo-les-dessinateurs-de-presse-font-grise-mine_6948803.html
             
            Je retiens en particulier ces phrases de dessinateurs de presse :
            “Clairement, la liberté d’expression en France s’est cassé la gueule.””On réfléchit forcément. Les dessinateurs qui vous disent qu’il n’y a aucune autocensure, je pense que ce sont des menteurs.””Les limites à la liberté d’expression se sont multipliées.”
            ça pourrait être une idée de billet.

            • Descartes dit :

              @ Bob

              [Je retiens en particulier ces phrases de dessinateurs de presse :
              “Clairement, la liberté d’expression en France s’est cassé la gueule.””On réfléchit forcément. Les dessinateurs qui vous disent qu’il n’y a aucune autocensure, je pense que ce sont des menteurs.””Les limites à la liberté d’expression se sont multipliées.” ça pourrait être une idée de billet.]

              Je prépare un billet sur la question. Mais en attendant, je ne peux que redire ce que j’avais écrit il y a dix ans : l’attentat chez Charlie marque la fin d’une époque, celle d’une certaine liberté de ton. Mais comme souvent, on confond le symptôme et la cause. Cette liberté de ton dont Charlie est un peu le symbole est morte petit à petit, au fur et à mesure que la « culture de l’offense » s’est lentement insinué dans nos sociétés. Bien sûr, il y a la menace des islamistes. Mais si les éditeurs embauchent des « responsables de diversité » qui lisent les textes et les modifient lorsqu’ils risquent d’offenser tel ou tel groupe – pensez au titre du roman d’Agatha Christie, « Dix petits nègres », devenu dans la dernière édiction « Ils étaient dix » – cela ne doit rien aux frères Kouachi. C’est Gérard Oury qui constatait, et c’était avant le 7 janvier 2015, qu’il n’aurait pu réaliser aujourd’hui des films comme « Rabbi Jacob » : les producteurs auraient refusé de prendre le risque, les assureurs d’assurer la production.

              La question n’est donc pas de savoir si les terroristes ont « gagné ». Les terroristes, ici, ne sont qu’une manifestation d’un phénomène beaucoup plus vaste, celui qui fait que nos sociétés permettent aux individus « offensés » par telle ou telle expression de « canceler » celle-ci. Les Kouachi n’ont fait que ce que font tant d’autres personnes… avec d’autres moyens.

      • claustaire dit :

        Merci d’avoir pris le temps ( la peine ?) de lire le texte vers lequel je vous mettais un lien. Bonne occasion de rappeler que ce qui peut sembler pourtant évident à première lecture et à un certain état d’esprit serait aisément démontable par qui y mettrait un peu de rigueur intellectuelle (ou de doute systématique).
        Pour ma part, j’avais surtout été sensible à ce rappel que, dans une société (avec ce que cela implique de mutualisme et de réciprocité), la revendication de droits implique celle de devoirs (même si pas systématiquement symétriques bien sûr, comme le fait le texte mis en lien), ainsi le droit du citoyen d’avoir un gouvernement démocratiquement élu me semble nécessairement appeler celui du devoir d’électeur.
        Le droit à la liberté de la presse (voire de la caricature) sera d’autant mieux assuré que tout le monde respecterait le devoir de supporter ce qu’on pourrait trouver déplaisant d’y lire (ou d’y voir dessiné).
        Qu’on se souvienne des fondements d’une assistance sociale mutuelle où chacun serait d’autant mieux assisté dans ses besoins (ou droits) qu’il aurait préalablement contribué selon ses moyens (ou devoirs).
        Pour ma part, je lis sans rechigner le genre de phrase suivante : “Le mérite de la démocratie est de faire en sorte que l’équilibre entre droits et devoirs soit le moins arbitraire, le plus juste, le plus équitable, le plus transparent possible ; il n’est pas de multiplier nos droits.”
        Même si je n’oublie pas qu’il est des personnes et des situations pour lesquelles et dans lesquelles le devoir d’assistance sociale (éducative, curative, etc.) n’attend pas la vérification de préalables devoirs faits ou non (même si le droit à l’éducation implique l’attention ou l’obéissance minimale sans laquelle peu d’éducation serait utile). 
        De même l’assistance accordée sans compter dans l’urgence pourra ensuite se soucier d’en appeler à la contribution éventuelle (sous une forme ou une autre) de l’assisté. Je peux me faire aujourd’hui un devoir de sauver la personne en risque de noyade, mais ne trouverais pas anormal ensuite de l’assister dans le devoir qu’elle se ferait d’apprendre à nager (évidemment selon ses moyens).
         
        Bref, une société pourra toujours fournir d’autant plus d’assistance qu’elle pourra compter sur des assistants plus nombreux. Et jouir d’autant plus de droits que chacun se ferait un devoir de les servir.
        Pour ma part, voici le genre de couplet patriotique que je me verrais volontiers chanter :
        “Allons enfants de la patrie,voici venu le jour de gloireoù chacun connaîtra le prixde ses droits et de ses devoirs”
        Bien à vous.

        • Descartes dit :

          @ Claustaire

          [Pour ma part, j’avais surtout été sensible à ce rappel que, dans une société (avec ce que cela implique de mutualisme et de réciprocité), la revendication de droits implique celle de devoirs (même si pas systématiquement symétriques bien sûr, comme le fait le texte mis en lien), ainsi le droit du citoyen d’avoir un gouvernement démocratiquement élu me semble nécessairement appeler celui du devoir d’électeur.]

          C’était là justement mon point. Oui, il y a un lien entre droits et devoirs, et ce lien tient au fait que les droits abstraits ne deviennent concrets que s’il y a une organisation sociale capable de les garantir. Or, cette organisation sociale n’est possible que si chacun y contribue – et si ceux qui n’y contribuent pas pouvant le faire sont poursuivis comme passagers clandestins. Mais faire un lien entre tel ou tel « droit » et tel ou tel « devoir » me paraît un raisonnement très dangereux, parce qu’il accrédite l’idée que si on renonce à tel ou tel droit, on peut s’affranchir de tel ou tel devoir. Or, ce n’est pas comme ça que le monde fonctionne : si je m’affranchis d’un de mes devoirs, ce sont TOUS mes droits qui en souffrent, et pas un seul.

          Prenons un exemple : se je renonce à mon droit aux allocations chômage – par exemple, parce que je fais un métier où le chômage est très rare, puis-je m’affranchir du paiement des cotisations afférentes ?

          [Pour ma part, je lis sans rechigner le genre de phrase suivante : “Le mérite de la démocratie est de faire en sorte que l’équilibre entre droits et devoirs soit le moins arbitraire, le plus juste, le plus équitable, le plus transparent possible ; il n’est pas de multiplier nos droits.”]

          Moi, pas. Je pense que c’est une vision extrêmement idéaliste de la démocratie. La démocratie, c’est un ensemble de procédures qui permettent aux rapports de force entre les groupes sociaux de s’exprimer sans confrontation violente. Autrement dit, c’est un moyen d’arriver à des décisions conformes à ce rapport de forces sans avoir à verser du sang ou de casser le matériel. Mais cela ne garantit en rien un équilibre entre droits et devoirs « juste » ou « équitable ». Il n’y a qu’à voir la réalité : la France est une démocratie. Pensez-vous que l’équilibre entre les droits économiques du capital et du travail aient évolué vers plus de justice et d’équité ces trente dernières années ? Ne serait-ce plutôt le contraire ?

          Plus qu’un équilibre entre droits et devoirs individuels, il faut à mon sens éduquer les gens dans l’idée d’équilibre entre droits et devoirs collectifs. Nous appartenons à une collectivité nationale, et une telle collectivité se caractérise par l’idée d’une solidarité inconditionnelle entre ses membres. Mais une collectivité ne peut accorder que ce qu’elle a. Nos devoirs matérialisent notre contribution au bon fonctionnement de cette collectivité, bon fonctionnement qui lui permet de garantir des droits. Autrement dit, il faut expliquer le processus par lequel les devoirs sont liés aux droits. L’idée que tel devoir se transforme en droit par lui -même, sans qu’intervienne entre les deux un processus social, ne me parait pas très pédagogique, ni conforme à la réalité.

          • Claustaire dit :

            Sur cette notion des Droits et Devoirs, juste une dernière intervention pour vous faire part de cette réflexion de Fabrice Nicolino (dans le Charlie Hebdo de commémoration historique de l’attentat de 2015 visant leur rédaction) appelant, après la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme à une Déclaration Universelle des Devoirs de l’Homme à l’égard du biotope planétaire commun que nous partageons avec les autres formes de vies, que, par notre productivisme et notre consumérisme, nous condamnons sans cesse à disparaître de plus en plus nombreuses.

            • Descartes dit :

              @ Claustaire

              [Sur cette notion des Droits et Devoirs, juste une dernière intervention pour vous faire part de cette réflexion de Fabrice Nicolino (dans le Charlie Hebdo de commémoration historique de l’attentat de 2015 visant leur rédaction) appelant, après la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme à une Déclaration Universelle des Devoirs de l’Homme à l’égard du biotope planétaire commun que nous partageons avec les autres formes de vies, que, par notre productivisme et notre consumérisme, nous condamnons sans cesse à disparaître de plus en plus nombreuses.]

              N’ayant pas accès au texte de Nicolino, j’ignore s’il a fait l’exercice. Mais je mets au défi quiconque aurait deux doigts de jugeotte de rédiger ce que pourrait être une « déclaration universelle des devoirs de l’Homme à l’égard du biotope » sans tomber dans les abîmes du ridicule, ou dans les affres de l’enfonçage de portes ouvertes.

  23. Erwan dit :

    Petite suggestion pour les prochains articles de nouvelle année : pourquoi ne pas inclure tes 3 meilleurs articles (selon ta propre appréciation) et en faire une synthèse ? Cela permettrait de dresser un bilan plus riche et plus précis de l’année, tout en permettant à tes lecteurs de retrouver ces articles plus facilement.
     
    Pour cette année, que dirais-tu de faire cela en réponse à mon commentaire ? Pas forcément la synthèse, mais au moins les 3 articles, je suis curieux de voir lesquels tu choisirais.

  24. NG dit :

    Merci pour vos billets, toujours appréciés.

  25. Bone la coquette dit :

    Bonjour
    je vous souhaite une très belle année 2025.
    La qualité de vos articles et de vos échanges font de ce blog un lieu de réflexion dans un monde où ces lieux sont devenus rares. Comme vous le notez souvent, ce sont les échanges qui permettent d’affuter la réflexion, les arguments et qui permettent les remises en cause de points de vue et d’idées. J’espère pouvoir réussir à intervenir régulièrement dans les discussions pour participer à mon humble niveau à cette réflexion commune.
    Vous posiez la question de thèmes à aborder. Je vous propose celui-ci. En 2025, c’est la phase active de la préparation des élections municipales. Quels seraient pour vous (et pour les lecteurs) les points essentiels à défendre dans un programme municipale pour une liste et des candidats qui souhaiteraient construire une alternative pour défendre la production, les classes populaires, la nation et la République alors que ce sont essentiellement les classes intermédiaires qui gèrent les collectivités au profit des classes intermédiaires. La question de la production de richesse par l’activité économique est ainsi rarement posée et celle de la production de richesse par la collectivité encore moins. On parle impôts, partage des ressources de la collectivité mais pratiquement jamais de l’augmentation de la richesse de la collectivité pour avoir plus de moyens. On en arrive aujourd’hui à chercher à faire des économies parce que les moyens ont diminué en accusant l’Etat après avoir tant demandé de décentralisation. Or la décentralisation implique d’être responsables mais, et je parle d’expériences d’élu, la plupart des élus n’assument pas cette responsabilité. Ils veulent être autonomes mais avec l’argent des autres. Cela n’a fait que conforter ma vision jacobine dans un monde d’élus locaux qui s’imaginent comme des petits maîtres de leurs petits (ou grands) territoires sans se poser la question de leurs responsabilités puisque l’état pourvoira à leurs finances et si possible sans contrôle.
    Merci encore à vous.
     

    • Descartes dit :

      @ Bone la coquette

      [La qualité de vos articles et de vos échanges font de ce blog un lieu de réflexion dans un monde où ces lieux sont devenus rares. Comme vous le notez souvent, ce sont les échanges qui permettent d’affuter la réflexion, les arguments et qui permettent les remises en cause de points de vue et d’idées. J’espère pouvoir réussir à intervenir régulièrement dans les discussions pour participer à mon humble niveau à cette réflexion commune.]

      Vous serez toujours le bienvenu. Et ne renoncez pas si vous vous prenez quelques tartes dans la discussion. Comme disait ma grand-mère, « ce sont les coups qui font les hommes »…

      [Vous posiez la question de thèmes à aborder. Je vous propose celui-ci. En 2025, c’est la phase active de la préparation des élections municipales. Quels seraient pour vous (et pour les lecteurs) les points essentiels à défendre dans un programme municipal pour une liste et des candidats qui souhaiteraient construire une alternative pour défendre la production, les classes populaires, la nation et la République alors que ce sont essentiellement les classes intermédiaires qui gèrent les collectivités au profit des classes intermédiaires.]

      L’échelon municipal est celui du cadre de vie plutôt que celui de la production. Sa seule intervention dans ce champ se manifeste au niveau de la planification de l’urbanisme et des infrastructures. Par contre, c’est l’échelon essentiel lorsqu’il s’agit de maintenir le lien social, notamment au niveau des jeunes : urbanisme, culture, éducation, sport… c’est aussi l’école où l’on peut former des élites capables demain de gouverner autrement au niveau national. J’aurais tendance à dire que pour une liste progressiste, l’essentiel est de « partir de ce que les gens ont dans la tête » et de définir à partir de là une action municipale concrète.

      [La question de la production de richesse par l’activité économique est ainsi rarement posée et celle de la production de richesse par la collectivité encore moins. On parle impôts, partage des ressources de la collectivité mais pratiquement jamais de l’augmentation de la richesse de la collectivité pour avoir plus de moyens.]

      Tout à fait. Dans beaucoup de collectivités, on ne veut pas d’usine – ça fait des nuisances – mais on se plaint de ne pas avoir des moyens. On oublie un peu vite que les ressources sont toujours un prélèvement sur l’activité productive…

      [On en arrive aujourd’hui à chercher à faire des économies parce que les moyens ont diminué en accusant l’Etat après avoir tant demandé de décentralisation. Or la décentralisation implique d’être responsables mais, et je parle d’expériences d’élu, la plupart des élus n’assument pas cette responsabilité. Ils veulent être autonomes mais avec l’argent des autres.]

      C’est tout le problème de la « décentralisation à la française ». La VRAIE décentralisation, ce serait que chaque collectivité prélève elle-même les ressources nécessaires et en assume la responsabilité. Le problème est qu’une telle logique implique d’accepter une concurrence entre collectivités, avec des collectivités riches offrant des services que les collectivités pauvres ne peuvent se permettre. Autrement dit, cela conduit à une différentiation des droits selon l’endroit où l’on vit, une notion que les Français, dans leur grande majorité, rejettent. D’où ce système de « compétences obligatoires » avec des services assurés par les collectivités mais financés par l’Etat, qui conduisent à une déresponsabilisation générale des élus, qui ont beau jeu dire que si le service n’est pas bien rendu, c’est que l’Etat ne finance pas assez…

      Il n’y a pas de magie : ou bien on accepte que vos droits soient différents selon le territoire où vous habitez – c’est la dérive dans laquelle on est engagés et à laquelle l’UE nous encourage – et on peut décentraliser, ou bien on exige les mêmes droits partout, et alors il faut quelqu’un qui garantisse la péréquation entre les collectivités riches et les collectivités pauvres.

      [Cela n’a fait que conforter ma vision jacobine dans un monde d’élus locaux qui s’imaginent comme des petits maîtres de leurs petits (ou grands) territoires sans se poser la question de leurs responsabilités puisque l’état pourvoira à leurs finances et si possible sans contrôle.]

      C’est l’histoire de notre pays. Dans d’autres pays, la noblesse locale était vue comme une protection contre la rapacité du monarque. En France, c’est l’inverse : l’Etat central a acquis sa légitimité en protégeant les gens de la rapacité des « barons » locaux. Les intendants de Louis XIV – les ancêtres des préfets jacobins – étaient peut-être vénaux, mais ils l’étaient infiniment moins que les noblesses locales…

      C’est pourquoi il faudrait à mon avis revenir sur la décentralisation. Il y a des compétences qui sont mieux exercées au niveau local, et celles-ci peuvent être parfaitement financées par des impôts locaux dont la municipalité assume la responsabilité. Mais pour ce qui concerne les questions où l’égalité entre territoires est fondamentale ou qui engagent l’intérêt national, elles doivent être laissées à l’Etat. Décentraliser les transports ferroviaires ou routiers, l’énergie, l’éducation, les ports est une absurdité.

  26. Mechrouge dit :

    Bonjour M.Descartes,
     
    Je vous souhaite également une bonne et heureuse année 2025.
    Je profite de ce post pour vous remercier de toutes ces années à maintenir ce blog.
    Etant un lecteur depuis 2013, ce lieu reste une mine d’or d’informations sur la vision des personnes ayant vécu avant les années 80 et voulant exprimer leurs témoignages.
    Je me rappelle avoir suivi avec beaucoup d’intérêt vos débats avec national ethniciste, cvt et même Françoise où je voyais dans vos échanges un combat entre l’argumentation et l’émotion.
    J’ai également beaucoup appris à travers vos récits (ce qu’est une règle en Té, un bijou qui a disparu des classes…) la vision des anciens partis de gauche avant Robert Hue et le fonctionnement de décisions dans un groupe politique. 
    J’ai aussi eu plaisir à avoir vos commentaires sur EDF et le secteur de l’énergie qui datent d’une dizaine d’année et dont on commence à voir plus en plus les effets aujourd’hui.
    Vos posts sur le fonctionnement de l’UE ont été aussi également riche en enseignement que je n’ai trouvé nulle part ailleurs ou du moins pas gratuitement.
    Mon seul grand regret à travers ces années et de n’avoir pas pu assisté à votre café pour vous rencontrer en personne ainsi que les lecteurs.
    Bref, je vous remercie encore grandement pour vos billets et souhaite à ce blog qui me tient à coeur une très longue vie. Il a autant de valeur pour moi qu’un livre d’Histoire et d’enseignement que j’avais à l’école à l’époque ou la vision du monde était différente et j’oserai même dire, optimiste.

    • Descartes dit :

      @ Mechrouge

      [Etant un lecteur depuis 2013, ce lieu reste une mine d’or d’informations sur la vision des personnes ayant vécu avant les années 80 et voulant exprimer leurs témoignages.]

      Bon ok, on a compris, je suis un dinosaure. Un gentil dinosaure, mais un dinosaure quand même… 😉

      [Mon seul grand regret à travers ces années et de n’avoir pas pu assisté à votre café pour vous rencontrer en personne ainsi que les lecteurs.]

      Ca fait un bout de temps qu’on n’a pas fait une réunion, c’est vrai… il faut dire que le mérite de l’organisation du café revenait à notre ami Bolchokek, dont je n’ai pas de nouvelles depuis déjà un certain temps. Si quelqu’un veut reprendre le flambeau et en organiser un…

      [Bref, je vous remercie encore grandement pour vos billets et souhaite à ce blog qui me tient à coeur une très longue vie. Il a autant de valeur pour moi qu’un livre d’Histoire et d’enseignement que j’avais à l’école à l’époque ou la vision du monde était différente et j’oserai même dire, optimiste.]

      Merci de ces encouragements. Ils m’aident beaucoup à continuer.

      • BolchoKek dit :

        [il faut dire que le mérite de l’organisation du café revenait à notre ami Bolchokek, dont je n’ai pas de nouvelles depuis déjà un certain temps.]
         
        Je suis toujours lecteur assidu, même s’il est vrai que je me fais rare en commentaires… Au risque de décevoir mes admirateurs, je ne suis qu’un homme, et la morosité ambiante de ce deuxième quinquennat jovien m’atteint un peu. Je n’ai pas grand chose à rajouter à ce qui est déjà dit, et le peu que je pourrais dire se rapproche beaucoup trop de chouineries pour que mon amour propre ne retienne ma main.
        Pour ce qui est d’organiser un café, je suis toujours partant pour m’en occuper !

        • Descartes dit :

          @ BolchoKek

          [Je suis toujours lecteur assidu, même s’il est vrai que je me fais rare en commentaires…]

          Ravi de te savoir parmi nous, et désolé de te voir intervenir si peu…

          [Au risque de décevoir mes admirateurs, je ne suis qu’un homme, et la morosité ambiante de ce deuxième quinquennat jovien m’atteint un peu. Je n’ai pas grand chose à rajouter à ce qui est déjà dit, et le peu que je pourrais dire se rapproche beaucoup trop de chouineries pour que mon amour propre ne retienne ma main.]

          On en est tous un peu là…

          [Pour ce qui est d’organiser un café, je suis toujours partant pour m’en occuper !]

          Au printemps on se fera quelque chose…

  27. Denis W. dit :

    Merci infiniment de faire vivre ce blog qui est un rare lieu de débat intelligent (rare y compris sur la toile).
    Je suis d’accord avec vous le monde est plein de perspectives réjouissantes l’ennui  étant que nous français sommes du mauvais côté de l’histoire…pour le moment !
    Très belle et enrichissante année à vous.
     
     
     

  28. MJJB dit :

    Bonne année à vous de même. Je lis votre blog de temps à autre. Je ne m’y fends que rarement d’un commentaire, car un de mes principes de vie, c’est de tomber le moins possible dans le “C’est pas parce qu’on rien à dire qu’il faut fermer sa g…”. Enfin bref, continuez. Je ne suis pas sûr d’être forcément d’accord avec vous (et en effet, la plupart du temps, je ne le suis pas), mais vous alimentez ma réflexion.

  29. Bob dit :

    @ MJJB
     
    Si je peux me permettre d’intervenir, il est d’autant plus dommage que vous n’apportiez pas vos commentaires quand vous êtes en désaccord avec Descartes, car à mon avis c’est dans ce cas-là que les échanges les plus intéressants ont lieu.

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