Front de Gauche: La défaite a dépassé toutes les espérances

Je l’avoue, je ne suis pas par nature un optimiste. Peut-être parce que comme disait mon grand père “l’optimiste et le pessimiste arrivent au même endroit, mais le pessimiste arrive content”. Mais après les résultats du premier tour des élections législatives, je vois un petit rayon de soleil pointer dans le ciel obscur.

Bien entendu, il faut attendre les résultats du deuxième tour pour faire un bilan complet. Mais d’ores et dejà on peut, à partir des résultats du premier tout tirer un bilan de la stratégie du Front de Gauche. Je dirais même qu’il le faut, ne serait-ce que pour ne pas laisser le terrain libre aux habituels sycophantes qui ne manqueront pas d’attribuer le désastre – car il s’agit bien d’un désastre – à la presse, au méchant PS, à la météo, à la stupidité des français, bref, à n’importe quelle cause à l’exception bien entendu celles sur lesquelles on a un quelconque contrôle, à savoir, sa propre tactique et stratégie. C’est pour les dirigeants une question de survie: si la défaite du Front de Gauche est due à la conjonction des planètes, alors personne n’est responsable. Par contre, si elle est la conséquence de mauvais choix tactiques et stratégique, alors on a le droit de se demander pourquoi – et par qui – ces choix ont été faits.

Et des erreurs, il y en a eu. La principale étant une absence totale de réflexion électorale – ce qui n’est pas la même chose qu’une réflexion électoraliste. Le Front de Gauche a construit un discours qui cherchait à faire plaisir à ses militants d’abord, à un électorat  “gauchiste” ensuite, sans se demander comment ce discours pouvait être reçu par les différents électorats. Cela est net lorsqu’on examine les travaux de préparation du “programme populaire partagé” devenu “l’humain d’abord” (1). C’est encore plus net lorsqu’on examine la campagne présidentielle du candidat Mélenchon. J’avais commenté dans ces colonnes combien le “débat” entre Mélenchon et Marine Le Pen à l’émission “des paroles et des actes” avait été mal abordé par le candidat du Front de Gauche: ayant une opportunité de s’adresser à l’électorat de Le Pen, Mélenchon a pris un ton que cet électorat ne pouvait accepter. Du coup, son intervention était inutile – voir contreproductive – puisqu’elle n’était audible que pour ses propres militants, c’est à dire précisément par ceux qui n’ont pas besoin d’être convaincus.

La première question qu’une organisation politique de masse doit se poser est celle de savoir où elle ira chercher ses “masses”. La campagne du Front de Gauche visait dans les faits l’électorat traditionnel de l’extrême gauche, le seul pour qui le discours mélenchonien était audible. Et si la mesure du succès est la conquête de cet électorat, alors on peut dire que Mélenchon a reussi à 99%. Seulement voilà, cet électorat est très étroit. Il ne pouvait pas amener Mélenchon à la présidentielle au dessus de 10-13% et 7-9% aux législatives (2). Pour aller au delà, il aurait fallu viser un autre électorat, répondre à ses interrogations et parler son langage. Et cela, les dirigeants du Front de Gauche ne l’ont même pas débattu. Avec l’arrogance intellectuelle qui caractérise l’extrême gauche, on a excommunié par avance tous ceux qui ont voulu sortir du langage bobo-femino-libertaire-europhile (comme André Gérin, pour ne donner qu’un exemple). Ceux qui voulaient sortir de l’Euro sont des “maréchalistes”, ceux qui admettent que l’immigration pose des problèmes sont des vendus au FN. Avec un tel positionnement, difficile d’élargir son électorat.

Plus fondamentalement, les candidats  du Front de Gauche se présentent devant les électeurs sans véritable projet. Et “l’humain d’abord”, me direz vous ? Et bien, qui peut croire qu’avec une dizaine de députés il y a une chance, aussi minime soit-elle, d’appliquer ce programme ? Lorsqu’on va à une élection législative, il faut porter devant les électeurs une posture qui soit moyennement réaliste. Répéter comme un disque rayé qu’il faut “de nombreux députés Front de Gauche” ne fait saliver personne. Que feront-ils ces députés une fois élus ? A quoi ils servent ? Voilà ce qu’il faut expliquer aux électeurs.

Mais l’erreur la plus grave, c’est certainement l’incapacité à se positionner rationnellement par rapport au PS. On arrive aujourd’hui à la situation ridicule dans laquelle les électeurs qui voteront pour un député Front de Gauche ne savent pas si celui-ci soutiendra le gouvernement – et éventuellement y participera – ou pas, puisque la principale organisation du Front de Gauche ne prendra cette décision qu’après le deuxième tour de l’élection législative.

Comme disait le Général, on ne fait de la politique qu’avec les réalités. Et la réalité, c’est que le PS est aujourd’hui devenu hégémonique à gauche. De son côté, le PCF n’a plus ce qui faisait sa force, un électorat discipliné, fortement marqué sociologiquement qui lui permettait, alors même qu’il était affaibli en moyenne, de conserver des “bastions” où il pouvait passer devant le parti socialiste au premier tour. Aujourd’hui, la logique du scrutin majoritaire fait que les autres partis de gauche ne peuvent avoir des élus qu’en s’entendant avec le PS, la seule exception étant constitué par les “notables” qui se font élire “intuito personae” et qui ne doivent rien ou si peu à leur parti. Depuis qu’il s’est engagé dans le Front de Gauche, le PCF perd à chaque élection entre le tiers et la moitié de ses élus, et au fur et à mesure que ses “notables” partent à la retraite il risque de devenir totalement marginal. De ce point de vue, la stratégie du Front de Gauche est un véritable échec: si elle a permis globalement de gagner des voix, la distribution géographique de ces voix, qui suit celle de l’électorat socialiste, fait qu’elle n’enraye pas – au contraire – la perte de sièges.

Ces erreurs de programme et de positionnement ont été encore accentués par la logique de médiatisation à outrance choisie par Mélenchon et son entourage. L’aventure de Hénin-Beaumont était à mon avis – je n’y reviens pas sur les raisons que j’avais abondamment abordé ici – une grave erreur au niveau local. Mais en plus, en polarisant la campagne du Front de Gauche sur cette circonscription et sur la seule problématique du Front National, ce parachutage a rendu inaudible la campagne locale des autres candidats du Front de Gauche, particulièrement en région parisienne.

Et c’est là qu’apparaît le petit rayon de soleil dont je parlais en introduction. Si Mélenchon avait fait un excellent résultat à la présidentielle, s’il avait réussi à se faire élire à Hénin-Beaumont, la stratégie “gauchiste” du Front de Gauche aurait été validée. Personne n’aurait osé la contester, tant il est vrai que la victoire justifie tout. La médiocre performance du Petit Timonier ouvre la porte à une remise en cause profonde de la stratégie suivie. Il n’est pas évident que l’opportunité soit saisie, parce que les “forces vives” du PCF capables de s’embarquer dans une véritable élaboration politique sont maintenant quasi-inexistantes. Mais qui sait…

Descartes

(1) Le changement de nom est terriblement significatif. Un “programme populaire partagé” est un objet déterminé: c’est d’abord un objet précis, un programme. Il s’adresse ensuite à un public précis, puisqu’il est populaire. Et enfin, il représente un accord entre plusieurs organisations, puisqu’il est partagé. Mais que veut dire exactement le titre “l’humain d’abord” ?

(2) D’ailleurs, la déception des militants qui ont fait la campagne est un effet de l’auto-intoxication habituelle de l’extrême gauche: parce qu’on a réussi un meeting, on s’imagine qu’on a “amorcé une dynamique”. Mais aux meetings on voit d’autres militants, des gens déjà mobilisés. Ce ne sont pas eux qui font l’élection. Ce sont les électeurs, dont les militants ne représentent qu’une infime proportion.

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81 réponses à Front de Gauche: La défaite a dépassé toutes les espérances

  1. Francois_Boers dit :

    Il y a quelques mois, Melenchon débattait avec Todd, et ensuite, avec Touati sur arret sur image. Dans ces vidéos, il remettait clairement en question la loi de 73 et avait un discours assez
    cohérent sur les élites, les journalistes, les oligarques. Des mots que je comprenais alors. En résumé, pour moi, Melenchon et sa grande gueule me prenaient aux trippes. Je suis alors devenu
    passionné de lui. Le personnage et sa rhétorique, oui oui…

    Il faut savoir qu’avant de le croiser sur le web j’étais passionné de Lepen, père et fille. Mais en l’écoutant, je me suis pris à me poser des questions sur le socialisme, le communisme, le
    progressisme, desquels j’avais de vagues idées. Je suis même allé m’acheter le manifeste du parti communiste, c’est dire.

    Bon , je vais faire court, car je crois que je pourrais pérorer longtemps sur mes turpitudes. Disons que ce que tu dis, Descartes, concernant le ton de Melenchon est absolument exact. J’étais
    devenu un militant de Melenchon. Quand j’en avais l’occasion je disais un bont sur lui sur les blogs dit ” nationalistes ”. Mais lorsqu’il s’est mis à mépriser et insulter le quidam moyen – le
    francais moyen dans mon esprit – à tour de bras, je me suis mis à le détester avec passion (passion), et avec lui, le communisme, le socialisme et l’idée même de progressisme.

    Je vais souvent sur des blogs dits ” de gauche ”. Tout ce que j’arrive à lire maintenant, c’est le mépris. Le mépris violent pour ceux qui ne pensent pas ” correctement ”.  Mais après
    t’avoir découvers sur le blog de Melenchon, avant ton éviction, je me doute que la bonne foi est quelque chose qui est équitablement partagée.

    • Descartes dit :

      Bon , je vais faire court, car je crois que je pourrais pérorer longtemps sur mes turpitudes.

      Pourquoi “turpitudes” ? Il faut pas se frapper la poitrine en politique. L’erreur est humaine et normale, et la seule chose grave est de ne pas vouloir la reconnaître. J’ai été moi aussi
      enthousiasmé par Mélenchon lorsqu’il a lancé le Parti de Gauche. D’une part, parce que je trouvais intéressante son idée de “parti creuset” permettant de récupérer ce qu’il y avait de mieux dans
      la tradition communiste, et d’autre part parce que son langage des premiers temps le positionnait dans le camp “républican” et à l’opposé du gauchisme “libéral-libertaire”. J’étais d’autant plus
      séduit que j’entretiens avec Jean-Luc Mélenchon des rapports amicaux, quelque puissent être nos différences politiques.

      Mais j’ai été obligé de constater que les promesses n’ont pas été tenues. Rapidement, Mélenchon s’est laissé isoler par un petit groupe de conseillers dans la plus pure tradition gauchisto-PS
      (car il ne faut pas oublier qu’il y a au PS un groupe important d’anciens trotskystes qui, dans la logique entriste qui était la leur, sont allés conquérir des positions au PS en mettant au
      service de leur ambition les excellentes techniques de magouille qui font le charme de l’extrême gauche: les Cambadélis, Désir, Lienemann, Dray, Weber…). Il a délaissé le positionnement
      “républicain” pour reprendre les vieilles antiennes bobo-gauchistes. Le “parti-creuset” s’est transformé rapidement en un rassemblement de “notables” et de tribus, ou la parole du chef est la loi
      et le débat à proprement parler politique est inexistant (vous souvenez-vous du document “ligne d’horizon” ?).

      Il n’y a aucune honte, aucune “turpitude” à avoir été, comme vous dites “militant de Mélenchon”. Ce qui serait honteux, ce serait de l’être de manière acritique, alors que de tout évidence il
      s’est fourvoyé par rapport à son projet originel.

      Mais lorsqu’il s’est mis à mépriser et insulter le quidam moyen – le francais moyen dans mon esprit – à tour de bras, je me suis mis à le détester avec passion (passion), et avec lui, le
      communisme, le socialisme et l’idée même de progressisme.

      Il ne faut pas détester les idées parce que les hommes qui prétendent les représenter ont failli à leur tache. Et je partage votre détestation envers la vision aristocratique de beaucoup de
      politiciens d’extrême gauche qui tendent à glorifier le “peuple souverain” mais ensuite à mépriser ses membres.

      Comme disait un ami à moi, pour servir l’Etat il faut aimer les gens. Un véritable républicain ne peut pas détester ceux-là mêmes en qui il voudrait déposer la souverainété. On peut bien entendu
      penser que le peuple se trompe, qu’il suit des mauvais bergers. Mais en dernière instance, on ne peut servir la République si on valorise pas le peuple.

      Je vais souvent sur des blogs dits ” de gauche ”. Tout ce que j’arrive à lire maintenant, c’est le mépris. Le mépris violent pour ceux qui ne pensent pas ” correctement ”.

      C’est le propre de toute pensée religieuse: celui qui n’est pas conforme au dogme est un dangereux hérétique qui menace l’intégrité de la Foi, et doit être exterminé pour le bien de la
      communauté. La pensée dite “de gauche” est devenue aujourd’hui une pensée essentiellement dogmatique.

       

  2. Nicolas 70 dit :

    Merci pour ce billet Descartes qui met des mots sur des maux.

     

    Lundi matin quand j’ai vu les résultats en banlieue parisienne, j’ai été dévasté. Les gauchistes depuis 68 voulaient tuer le PCF, ces législatives de 2012 en sont l’aboutissement.

    Le silence médiatique, par rapport à ce fait “historique” est inadmissible et suinte une grande joie.

     

    Peut-on demander aux militants communistes, qui restent, d’être disciplinés quand le Front de Gauche est un objet non-identifié, sans organisation, sans discipline, où le poids de ces différentes
    composantes, qu’importe sa taille groupusculaire, est mise en avant pour faire”-“valoir que le front est un rassemblement.

    D’accord avec vous. La campagne des législatives a été à nouveau centrée autour de Méluch’ avec pour thèmes : l’antifascisme, la régularisation de tous les sans-papiers, la sortie du nucléaire
    (après référendum), Méluch’ favorable à la légalisation du cannabis (et la tradition communiste !)… et j’en passe et des meilleures.

    Le pire pour le PCF s’est qu’en se ralliant au FDG, il est maintenant qualifié d’extrême-gauche. Normal qu’il se retrouve dimanche avec 10 députés.

     

     

    • Descartes dit :

      Lundi matin quand j’ai vu les résultats en banlieue parisienne, j’ai été dévasté. Les gauchistes depuis 68 voulaient tuer le PCF, ces législatives de 2012 en sont l’aboutissement.

      Je partage ton sentiment. En lisant que Pierre Gosnat était battu dans une circonscription ou le PCF a été élu sans discontinuer depuis 1920, j’ai compris comment a du se sentir Cassandre en
      contemplant la chute de Troie: ce n’est pas parce qu’on a prédit la catastrophe qu’elle est moins terrible.

      Le silence médiatique, par rapport à ce fait “historique” est inadmissible et suinte une grande joie.

      Le silence médiatique montre surtout combien le PCF est devenu marginal dans la politique française, au point que sa chute n’est même pas un motif de joie pour ses adversaires. En fait, tout le
      monde s’en fout. C’est ça qui est le plus triste.

      Peut-on demander aux militants communistes, qui restent, d’être disciplinés quand le Front de Gauche est un objet non-identifié, sans organisation, sans discipline, où le poids de ces
      différentes composantes, qu’importe sa taille groupusculaire, est mise en avant pour faire”-“valoir que le front est un rassemblement.

      Et surtout, un objet où les leaders disent ce qui leur passe par la tête – y compris sur des questions fondamentales – sans tenir le moins du monde compte de l’avis des militants. La conversion
      du Front de Gauche à l’Euro est peut-être l’exemple le plus remarquable: quand a-t-on débattu cette question à l’intérieur du PCF ? Jamais: tout à coup, les dirigeants du PCF (Wurtz en tête) on
      commencé à déclarer qu’il fallait sauver l’Euro – et accessoirement que ceux qui voulaient la peau de la monnaie unique étaient des “maréchalistes” – en oubliant toutes les objections que le même
      PCF avait soulevé lorsqu’il faisait signer des pétitions contre le traité de Maastricht.

      On fait souvent l’erreur chez les gauchistes de croire que la “discipline” est un outil pour asservir les militants de base aux décisions des “chefs”. En fait, c’est exactement l’inverse: la
      discipline de Parti existe pour imposer des limites aux “chefs”. Et la raison est simple: les outils disciplinaires sont inefficaces chez les militants de base. Que peut faire le parti au
      militant de base “désobéissant” ? Lui infliger un blâme ? L’exclure ? La belle affaire… au temps ou les partis ont du mal à attirer les bonnes volontés, cela ne fera peur à personne. Pour les
      “chefs”, c’est tout autre chose: une exclusion implique la perte de son emploi – si l’on est permanent – ou des fonctions électives et des postes. Parce qu’ils ont beaucoup plus à perdre, les
      “chefs” sont bien plus contraints par les outils disciplinaires dont un parti politique dispose que le militant de base.

      L’abolition du “centralisme démocratique”, saluée par tant de bobos “libéraux-libertaires” comme un acte de liberté, fut en fait l’annonce de la prise de pouvoir des “notables” sur le PCF. La
      logique du Front de Gauche n’est en fait que la conclusion logique du phénomène.

      Le pire pour le PCF s’est qu’en se ralliant au FDG, il est maintenant qualifié d’extrême-gauche.

      C’est un progrès: on commence à appeler un chat un chat.

      Normal qu’il se retrouve dimanche avec 10 députés.

      Pour être honnête, je m’attends à pire.

  3. demos dit :

    bah, avec l’abstention, PS et UMP ont écrasé tout le monde.
    Pour le PCF, tout est dans la continuité de ce qui se passe depuis 30 ans, non?
    Les ceintures rouges finissent de rosir suite a la gentryfication, et une partie uniforme des classes moyennes en declassement se gauchise. D’où un etalement spatial des voix de la “gauche de la
    gauche”
    Sous les eclats de voix et les coups de menton, le melenchonisme ne modifie rien de ces mouvements souterrains.

    C’est un peu hors sujet mais pour le pompon de la campagne la plus indigente, je place le Modem largement en tete:
    le combat contre la bipolarisation, pour l’humanisme et la moderation, il fallait faire vraiment fort pour proposer des slogans plus indigents.

    A coté, l’antifacisme du PG c’est de la grande stratégie politique. On s’adresse a un electorat restreint, mais au moins il existe!

    Quant a savoir si Melenchon pourra/voudra reprendre l’heritage de Chevenement… Pour une fois je suis plus pessimiste que toi!

    • Descartes dit :

      Pour le PCF, tout est dans la continuité de ce qui se passe depuis 30 ans, non?

      Pas tout à fait. Disons que c’est dans la continuité de ce qui se passe depuis 18 ans… ce serait plus graphique.

      Les ceintures rouges finissent de rosir suite a la gentryfication, et une partie uniforme des classes moyennes en declassement se gauchise. D’où un etalement spatial des voix de la “gauche de
      la gauche”

      C’est vrai… mais à cela il faut ajouter que la gentrification des “ceintures rouges” s’accompagne par une éjection des couches populaires vers le périurbain. C’est là que devraient se trouver
      les gisements de voix pour le PCF. Et c’est là que le FN, qui est la seule organisation qui s’occupe vraimnt aujourd’hui de cet électorat, fait ses meilleurs scores. Rêvons un peu: si le PCF
      avait fait un effort réel pour élaborer un projet et un langage qui s’adresse à ces couches, s’il avait réussi à les réconquérir, aurait-il réussi à reconstituer des “bastions” ? Je suis
      convaincu que la réponse est “oui”…

      Sous les eclats de voix et les coups de menton, le melenchonisme ne modifie rien de ces mouvements souterrains.

      A mon avis, il les accentue, puisqu’il tend à éloigner l’électorat populaire et à attirer un électorat de classe moyenne dont la distribution spatiale coïncide avec celle du PS.

      C’est un peu hors sujet mais pour le pompon de la campagne la plus indigente, je place le Modem largement en tete:

      Il ne sert à rien de tirer sur les ambulances, et encore moins sur les corbillards…

      Quant a savoir si Melenchon pourra/voudra reprendre l’heritage de Chevenement… Pour une fois je suis plus pessimiste que toi!

      Je doute que sur cette question particulière, ce soit possible… 😉

       

  4. joël dit :

    Cette analyse est intéressante, cependant le terme “gauchiste” me semble impropre pour qualifier la tactique du Front de Gauche en direction de segments (associations,communautés) d’électeurs que
    je qualifierai pour ma part d’approche sociétale,ce qui n’a que peu de rapports avec la lutte des classes, puisque les thèmes défendus dans ces “segments” traversent toutes les couches de la
    société.

    Cette manière de voir a été adoptée depuis longtemps par la CGT qui appelait ses organisations à s’engager dans ces secteurs situés hors des frontières de l’entreprise, comme le faisait la CFDT
    d’ailleurs.

     “gauchiste” le PS, qui  pour sa part a pu “s’impliquer” dans des groupes totalement étrangers au fond de sa politique  proclamée puis appliquée par exemple: Défense des identités
    régionales et de leur cultures traditionnellles, de ” militants indépendantistes (Pays Basque…) …?

    A moins que je ne me trompe sur le terme, prêter au FDG une stratégie “gauchiste” me semble exagéré, il s’agit pour moi d’un enrobage destiné à attirer des voix  venant du côté de certains
    secteurs “progressistes” du PS.

    • Descartes dit :

      Cette analyse est intéressante, cependant le terme “gauchiste” me semble impropre pour qualifier la tactique du Front de Gauche en direction de segments (associations,communautés) d’électeurs
      que je qualifierai pour ma part d’approche sociétale,ce qui n’a que peu de rapports avec la lutte des classes, puisque les thèmes défendus dans ces “segments” traversent toutes les couches de la
      société.

      Il est vrai que je n’ai pas fait un grand effort pour définir clairement ce que j’appelle “gauchiste”. Dans mon esprit, cela n’a aucun rapport avec la “lutte des classes”. Mais si en apparence
      certains thèmes societaux “traversent toutes les couches de la société”, en fait tous ces thèmes ont un contenu de classe. Car les effets des revindications dites “sociétales” ne sont pas
      neutres: ils profitent à certains, et se font au préjudice des autres. Prenons par exemple la “regularisation de tous les sans papiers”. Comme toute mesure qui augmente l’offre de travail, elle
      exercerait une pression à la baisse des salaires, essentiellement chez les moins qualifiés. A qui cela profite ? A ceux qui employent des salariés peu qualifiés. A qui cela porte préjudice ? Aux
      autres salariés peu qualifiés. Pouvons nous dire dans ces conditions qu’une telle mesure “n’a que peu de rapports avec la lutte des classes, puisqu’elle traverse toutes les couches de la société”
      ?

      Cette manière de voir a été adoptée depuis longtemps par la CGT qui appelait ses organisations à s’engager dans ces secteurs situés hors des frontières de l’entreprise, comme le faisait la
      CFDT d’ailleurs.

      Ce qui revient à faire sortir le syndicat de son rôle et à en faire un parti politique…

      “gauchiste” le PS, qui  pour sa part a pu “s’impliquer” dans des groupes totalement étrangers au fond de sa politique  proclamée puis appliquée par exemple: Défense des identités
      régionales et de leur cultures traditionnellles, de ” militants indépendantistes (Pays Basque…) …?

      Bien sur: il y a dans le PS une aile “gauchiste” qui se fait l’écho de ce genre de revindication. Qui n’est pas non plus absente chez le Front de Gauche, même si Mélenchon à titre personnel est
      plutôt proche de la ligne “jacobine” en matière de langues et identités régionales.

      A moins que je ne me trompe sur le terme, prêter au FDG une stratégie “gauchiste” me semble exagéré, il s’agit pour moi d’un enrobage destiné à attirer des voix  venant du côté de
      certains secteurs “progressistes” du PS.

      Je ne le crois pas. Le poids du “féminisme de genre”, du lobby des “sans-” et d’autres éléments “libéraux-libertaires” dans les textes du PCF, du PG et de la GU dépassent de très loin la simple
      stratégie électoraliste.

  5. marc.malesherbes dit :

    je m’interroge sur l’interprétation que vous faites du résultat de JL Mélenchon à Hénin-Beaumont, sans que cette interrogation remette en cause l’essentiel de vos conclusions. Néammoins, il me
    semble utile de bien voir tous les éléments.

     d’abord la circonscription en cause a été “redécoupée”, aussi il est difficile de faire des comparaisons. Pour ce faire il faudrait réconstituer les votes par communes “identiques”
    (peut-être même par bureau de vote). Je ne sais si cela a été fait et ou.

    J’ai donc “l’impression” que JL Mélenchon a quand même fait significativement mieux que précédement le PCF. Et peut-être que l’ensemble des forces à gauche du PS ont fait mieux. En l’admettant
    (cela fait beaucoup de suppositions), on pourrait dire que le pari de JL Mélenchon de consolider “le Front de gauche” a réussi.

    Reste la progression relative incontestable du FN (sous les mêmes réserves que précédemment). Comment l’interpréter ? Est-ce un effet indirect de la campagne de JL Mélenchon ?  Curieusement,
    il n’y avait pas d’UMP “patenté” (1), n’est-ce pas là en fait la principal raison de la progression du FN ?

    En conclusion, ne pourrait-on dire que le “jeune” Front de gauche a, à Hénin Beaumont comme ailleurs, élargi l’audience “traditionnelle” du PCF, sans pouvoir à ce stade inverser la tendance
    lourde à la non réélection des députés “PCF”. En fait cela est plutôt normal compte tenu du score général du PCF (Front de Gauche). Logiquement le PCF devrait avoir beaucoup moins d’élus que le
    FN, et si il en a encore, c’est grace au passé, et à l’entente avec le PS pour un désistement au deuxième tour. On peut donc considérer comme un heureux miracle ses élus restants.

    Il faut reconstruire, et le front de gauche peut être une de ces voies.

    (1) il y avait un candidat “centriste” ayant l’appui de l’UMP.

    • Descartes dit :

      J’ai donc “l’impression” que JL Mélenchon a quand même fait significativement mieux que précédement le PCF. Et peut-être que l’ensemble des forces à gauche du PS ont fait mieux.

      Les deux sont possibles. Mais en admettant que cela soit vrai, il serait difficile d’en tirer des conclusions, puisque les deux élections législatives précédentes (celle de 2007 et celle de 2002)
      se sont fait dans le contexte de l’élection d’un président de droite. Il faudrait comparer avec l’élection de 1997, qui avait vu la victoire de la gauche… et cela nous ramène 15 ans en arrière.

      En pratique, savoir si Mélenchon a “consolidé” le Front de Gauche à Henin-Beaumont ou pas n’a guère d’importance. Une action devrait se juger par rapport aux objectifs que ses auteurs se sont
      fixés. Quels étaient les objectifs de Mélenchon en allant à Hénin-Beaumont: terrasser l’hydre frontiste, être en tête de la gauche, emporter la circonscription. Ce n’est pas moi qui le dit, ce
      sont les objectifs que Mélenchon lui même a déclaré. Or, aucun des trois objectifs n’est atteint: Marine Le Pen fait un score lui aussi supérieur à celui qu’elle avait fait en 2007, Mélenchon est
      derrière le PS, et il n’est donc même pas présent au deuxième tour.

      Pour juger de la “consolidation”, il faudrait d’ailleurs attendre la prochaine élection. On verra alors si le résultat du FdG, très supérieur à celui du PCF tout seul, est véritablement
      “consolidé” où s’il s’agit d’un feu de paille. Je suis prêt à prendre les paris…

      Reste la progression relative incontestable du FN (sous les mêmes réserves que précédemment). Comment l’interpréter ? Est-ce un effet indirect de la campagne de JL Mélenchon ? 
      Curieusement, il n’y avait pas d’UMP “patenté” (1), n’est-ce pas là en fait la principal raison de la progression du FN ?

      Le vote étant secret, il est impossible de répondre à ces questions. Mais à supposer même que votre analyse soit correcte, cela veut dire que dans une circonscription populaire l’électorat qui
      aurait dans d’autres circonstances voté UMP prefère voter FN plutôt que de s’abstenir. Ce qui constituerait, là aussi, une nouveauté et un succès considérable du FN.

      En conclusion, ne pourrait-on dire que le “jeune” Front de gauche a, à Hénin Beaumont comme ailleurs, élargi l’audience “traditionnelle” du PCF,

      On peut le dire. Mais élargi à qui ? Voilà la question essentielle. Oui, il est certain que beaucoup de voix qui se reportaient sur l’extrême gauche “classique” ont voté pour le Front de Gauche.
      C’est peut-être pour cela que l’effet est beaucoup plus fort aux présidentielles (élection ou LCR-NPA et LO confondus sont arrivés à 10% en 2002) qu’aux législatives, élection ou l’extrême gauche
      traditonnelle fait de faibles scores. Si “l’élargissement” s’opère dans cette direction, alors il ne sert à rien.

      Logiquement le PCF devrait avoir beaucoup moins d’élus que le FN, et si il en a encore, c’est grace au passé, et à l’entente avec le PS pour un désistement au deuxième tour. On peut donc
      considérer comme un heureux miracle ses élus restants.

      Tout à fait. Un “miracle” qui doit beaucoup à l’implantation locale “historique” de quelques élus, véritables “notables” locaux. C’est d’ailleurs pourquoi une fois qu’une circonscription est
      “perdue”, elle est rarement réconquise. Sans un changement profond, l’avenir du PCF ne peut être qu’une longue attrition.

      Il faut reconstruire, et le front de gauche peut être une de ces voies.

      Je vois mal comment. “Reconstruire” implique une véritable institutionnalisation de l’organisation et un véritable débat politique. Or, les composantes du Front de Gauche sont en train de faire
      exactement l’inverse: ce sont de plus en plus des “clubs de notables” où les militants – quand il y en a – sont priés de se taire et coller les affiches. C’est évident pour la FASE, pour la GU,
      pour le PG et de plus en plus pour le PCF. Quels sont les processus de décision dans ces organisations ? Mystère. Lorsque Martine Billard ou Leïla Chaibi adhèrent au PG et se trouvent propulsées
      aux organes de direction, qui a négocié tout cela ? Qui l’a approuvé ? Quelles étaient les contreparties ? On n’en sait rien. Qui a approuvé le programme “l’humain d’abord” ? On n’en sait rien.
      L’accord entre les organisations du Front de Gauche accordait Hénin-Beaumont au PCF. Mélenchon décide tout à coup de se présenter. Est-ce que le PG a donné une autre circonscription au PCF en
      échange ? On n’en sait rien.

      Quant au débat politique, il est inexistant. Mélenchon peut qualifier les partisans de la sortie de l’Euro – nombreux au PCF – de “maréchalistes”, et personne ne moufte.

  6. Bannette dit :

    J’attendais ton billet sur la claque personnelle que s’est pris Mélenchon à Hénin-Beaumont tout en me doutant un peu de ce que
    tu allais dire.

    Le plus rageur dans tout ça, en lisant le billet sur son blog, il est toujours dans le déni le plus total quant aux raisons de
    son échec. Il continue à perdre une partie de son énergie à régler ses comptes avec des journalistes perfides (mais qui n’ont fait que lui renvoyer à la figure ses prétentions vociférantes à
    battre Marine Le Pen), et à se trouver des fauteurs de trouble. Tu as parlé d’auto-intoxication pré-électorale des militants pgistes, je rajouterais leur stupéfiante manie à vivre au
    conditionnel : il n’y a qu’à voir comment ils brandissent le « si les élections législatives étaient à la proportionnelle, on serait à 40 députés ! », tout comme ils disaient
    au soir du 1er tour des présidentielles : « 30 % des électeurs qui ont mis un bulletin pour
    Hollande étaient venus voter pour JLM mais se sont ravisés à cause du spectre du vote utile ; si ces 30 % de voix hollandaises avaient été pour JLM, il aurait été 3ème ! ». Déjà je me demande comment ils peuvent être si sûr de ces 30 % (les sondeurs ? mais je croyais qu’ils
    disaient que des conneries, style Mélenchon 2èmeà HB derrière Le Pen, et gagnant au
    2ème tour). Quand tu discutes avec eux, on dirait que pour eux ces projections de « 30 % » ou ces
    « 40 députés » sont des acquis pour la prochaine élection, tout comme ils annonçaient un score à 2 chiffres aux cantonales. Je ne pensais pas que le virtualisme pouvait aller si loin,
    et qu’il avait du mal à se fracasser devant des faits si têtus. En parlant de proportionnelle, il faut leur faire remarquer que le FN aurait lui dans les 50/60 députés, héhéhé…

    Je connais un peu Mélenchon, et je sais qu’il est au fonds de lui tétanisé par une si nette avance de Marine sur lui. Le vote FN
    lui échappe complètement, il le voit comme irrationnel, insaisissable. Or c’est le virtualisme dans lequel il se complait qui est irrationnel. J’essaie de me mettre à la place des habitants de
    HB, et voir ces cars de parisiens bobos venus faire sa campagne, des journalistes venus filmer ces « bêtes racistes du Nord » pour leurs reportages bidons, a du les agacer profondément.
    Ces militants et ces journalistes ne seraient jamais venus si Mélenchon n’avait pas lancé son défi ultra-médiatisé, ils ne s’intéressent pas à leur détresse.

    Je me désespère de ne pas voir Mélenchon jeter aux orties son entourage de bobos exaspérants. Il devrait écouter ce que lui dit
    son trouble et admettre que les « spécialistes/analystes du F-HAINE » dans son staff se sont royalement plantés. Au cours de mes discussions avec des amis de son parti, j’ai fini par
    comprendre un peu comment ça fonctionnait. Très souvent, pour les tares organisationnelles ou programmatiques que tu as relevées, ils disent qu’ils sont trop petits, en construction, etc. Or je
    pense au contraire qu’une grande partie des forces militantes, même peu nombreuses, est sous-employée car une poignée fait tout. Les commissions thématiques sont tenues par le staff personnel,
    car Mélenchon est un gros affectif qui a une peur bleue de la « trahison ». Il n’y a aucun risque d’évolution dans les lignes tracées, aucune confrontation, et très peu d’ouverture à
    des militants vierges. Ils se retrouvent à cramer les énergies de cet entourage qui fait tout (et qui peut aussi être des employés d’élus, des permanents, des élus), entourage qui de toute façon
    refuse de lâcher du lest même s’ils sont débordés. C’est un cercle vicieux : même si Mélenchon décidait d’envoyer valser, cet entourage et ces courtisans pourraient lui faire cher payer et
    donc il y aurait cette trahison dont il a si peur.

    Le PG risque d’avoir un seul député, à savoir… Marc Dolez, le cofondateur si discret. Un cas très intéressant. J’avais discuté
    avec des amis de Douai et évoqué ma surprise qu’un Dolez, pour qui j’ai de l’estime, soit si peu mis en avant, quand Billard est entrée avec pompes et circonstances. J’ai repensé à ce qu’ils
    m’avaient dit en ricanant : leur regret que Dolez s’investisse si peu au niveau national, qu’il ne pense qu’à sa carrière et à se faire réélire (typique de l’argumentaire bobo), qu’il faut
    faire des pieds et des mains pour le faire venir aux sauteries parisiennes type congrès, conseil national, manifs importantes, etc. Or Dolez qui a publiquement critiqué le coup de Mélenchon à HB
    (sans doute qu’il connait mieux les électeurs du Nord que son camarade), a prouvé que c’est lui qui fut le plus habile : à sa sortie du PS, il s’est évertué à soigner ses relations avec le
    PCF et le PS locaux, à développer son réseau local, il s’est tenu à l’écart de toute hystérie médiatique, résultat en 2012, alors qu’il n’a pas l’appareil du PS derrière lui, il arrive
    1er de la gauche dans sa circo, et la PS se désiste. Ce qui prouve en bon républicain qu’il a compris où
    était le vrai pouvoir : à l’assemblée, et non pas sur le plateau de « On n’est pas couché ». Ce que ces camarades locaux fascinés par JLM lui reprochaient fut sa force. J’aimerais
    tant que Mélenchon prenne exemple sur lui et renouvelle son staff, car de bons éléments comme Dolez se font rares (tu avais commenté l’affaire de cet économiste dont j’ai oublié le
    nom).

    Je parie plus sur un effritement du Front de Gauche. Côté communiste, ceux qui n’ont pas trop mis en avant leur étiquette
    « candidat du candidat à la présidentielle Mélenchon » s’en tirent pas trop mal. J’ai plutôt l’impression que l’étiquette JLM a desservi les sortants communistes : en
    Ile-de-France, c’est manifeste (ceux du 92, 93, 94).

    • Descartes dit :

      J’attendais ton billet sur la claque personnelle que s’est pris Mélenchon à Hénin-Beaumont tout en me doutant un peu de ce que tu allais dire.

      Je n’ai justement pas voulu trop insister sur la “claque personnelle”. Je n’aime pas tirer sur les ambulances, et encore moins sur les corbillards. Ce n’est pas la personne de Mélenchon qu’il
      faut analyser, mais le mode de fonctionnement et la stratégie du Front de Gauche. Analyser le comportement de Mélenchon peut permettre de comprendre comment on en est arrivé là, mais je ne
      voudrais pas qu’on fasse de lui un bouc émissaire: ceux qui en ont fait un dieu sont aussi responsables que lui.

      Le plus rageur dans tout ça, en lisant le billet sur son blog, il est toujours dans le déni le plus total quant aux raisons de son échec.

      Oui. Mais tu remarqueras, si tu lis les commentaires sur son blog, que ce déni est partagé par ses supporters. C’est en partie du à la censure exercé par le webmestre sur tout ce qui ressemble à
      une critique. Mais cette censure, c’est JLM qui l’a voulue. Ce qui montre que ce déni est, chez l’ancien candidat, très profond. Je pense que Mélenchon, si subtil lorsqu’il s’agit de comprendre
      les rapports de force dans les appareils, a du mal à comprendre les masses. Il reste sur des analyses dignes des “enragés” de mai 1968, qui eux non plus n’ont pas compris pourquoi le prolétariat
      ne les a pas suivis.

      Tu as parlé d’auto-intoxication pré-électorale des militants pgistes, je rajouterais leur stupéfiante manie à vivre au conditionnel :

      Je pense que tu as tout à fait raison. L’auto-intoxication prend beaucoup de formes: avant l’élection, on s’auto-intoxique en imaginant des résultats mirobolants (souviens-toi combien de
      participants à son blog le voyaient dejà à l’Elysée et se demandaient qui il choisirait comme premier ministre, sans que personne ne les ramène sur terre); après l’élection on s’invente des
      justifications pour expliquer avantageusement la défaite. C’est un cercle vicieux: l’impatience amène à se fixer des objectifs inateignables, et il faut ensuite se justifier de ne pas les avoir
      atteint…

      Je connais un peu Mélenchon, et je sais qu’il est au fonds de lui tétanisé par une si nette avance de Marine sur lui. Le vote FN lui échappe complètement, il le voit comme irrationnel,
      insaisissable. Or c’est le virtualisme dans lequel il se complait qui est irrationnel. J’essaie de me mettre à la place des habitants de HB, et voir ces cars de parisiens bobos venus faire sa
      campagne, des journalistes venus filmer ces « bêtes racistes du Nord » pour leurs reportages bidons, a du les agacer profondément.

      Tout à fait. Les gens n’aiment pas qu’on les prenne pour des gogos ou des faire-valoir.

      Je me désespère de ne pas voir Mélenchon jeter aux orties son entourage de bobos exaspérants. Il devrait écouter ce que lui dit son trouble et admettre que les « spécialistes/analystes du
      F-HAINE » dans son staff se sont royalement plantés.

      Exact. Mais je crains que Mélenchon ne soit pas capable de tirer cette conclusion.

      Or je pense au contraire qu’une grande partie des forces militantes, même peu nombreuses, est sous-employée car une poignée fait tout. Les commissions thématiques sont tenues par le staff
      personnel, car Mélenchon est un gros affectif qui a une peur bleue de la « trahison ».

      Que veux-tu: gauchiste un jour, gauchiste toujours. Et quand tu vois le genre de personnage qu’a produit le gauchisme français (Drai, Weber, July…) tu te dis que la peur de la trahison n’est
      pas si injustifiée que ça…

      Le PG risque d’avoir un seul député, à savoir… Marc Dolez, le cofondateur si discret.

      Je connais très mal Dolez, mais d’après ce que je sais, c’est le seul au PG qui soit un véritable polititique “de terrain”. Mais dans le marigot qu’est le Front de Gauche, il semble avoir choisi
      la discrétion.

  7. buridan dit :

    . Sur l’indifférence des médias à l’égard du Pcf : Je suis étonné que les baromètres de popularité qu’on voit dans la presse, depuis des années, ne mentionnent aucune personnalité communiste.
    Typiquement, Besancenot y figure, ou Philippe de Villiers, mais pas le secrétaire général du Pcf.

    Sur la gentrification de la banlieue. Dans la quatrième circonscription des Hauts-de-Seine (Nanterre-Suresnes) la gauche (J. Fraysse depuis 97, Pcf, puis ex-Pcf, maire de Nanterre, puis ayant
    laissé la place à un adjoint) a perdu en 93, et gagné depuis, en se renforçant régulièrement par rapport à la gauche au niveau national. Je me demande si ce n’est pas dû à un
    accroissement de la proportion de hlm sur la circonscription, ou si c’est dû à un accroissement relatif de la participation électorale de la population en hlm, dû à l’acquisition progressive de
    la nationalité française par un important segment de cette population. Cela peut aussi être dû à d’autres causes. Mais enfin, c’est étonnant et intéressant, ce député de la mouvance Pcf qui
    progresse au second tour, et qui se maintient très bien au premier (quoique, cette fois, il ait reculé relativement par rapport au candidat du Ps).

    • Descartes dit :

      Sur l’indifférence des médias à l’égard du Pcf : Je suis étonné que les baromètres de popularité qu’on voit dans la presse, depuis des années, ne mentionnent aucune personnalité
      communiste.

      Au point ou nous en sommes, “personnalité communiste” est un oxymore. Quelle “personnalité communiste” est aujourd’hui en mesure de sortir du bruit de fonds statistique ? A la rigueur
      Marie-George Buffet, et encore… Quant à Pierre Laurent, parler de “personnalité” me paraît très exagéré.

      Sur la gentrification de la banlieue. Dans la quatrième circonscription des Hauts-de-Seine (Nanterre-Suresnes) la gauche (J. Fraysse depuis 97, Pcf, puis ex-Pcf, maire de Nanterre, puis ayant
      laissé la place à un adjoint) a perdu en 93, et gagné depuis, en se renforçant régulièrement par rapport à la gauche au niveau national.

      Le “puis ex-PCF” prend ici toute son importance… Comme Braouezec, comme Brard, Fraysse a suivi le mouvement de “gentryfication” en se “gentryficant” elle même, et pour commencer, en rompant les
      liens avec le PCF. Par contre, vous vous trompez en écrivant qu’elle aurait “perdu” en 1993: J. Fraysse est députée sans discontinuer de 1978 à 1986, puis sénatrice de 1986 à 1997, puis à nouveau
      députée à partir de cette date. Elle est maire de Nanterre sans discontinuer de 1988 à 2004. Le typique et indéboulonable “notable” local.

       

  8. Sonia Bastille dit :

    Bonsoir Descartes,

    Je suis heureuse que vous ayez rédigé cette note qui fait le constat de la faillite d’une stratégie, d’un programme, d’un plan com !

    Le résultat de score médiocre de Jean-Luc Mélenchon à Hénin-Beaumont qu’il lui faut d’être éliminé comme les limites de son score du 1er tour à la présidentielle sont les conséquences du dérive
    “gauchiste”, “européiste”, anti-FN et aussi tellement clivante qui mettait le républicain qu’est Jean-Luc Mélenchon à mille lieues de l’idéal républicain d’égalité, d’intérêt général, de laïcité,
    de souveraineté nationale.

    Jean-Luc Mélenchon sous un verbe haut et fort “gauchiste” parlait plus aux classes moyennes et petites bourgeoises urbaines et péri-urbaines et qui se rencontrent fort peu dans ses vieilles
    terres ouvrières et industrielles à l’abandon !

    Marine LePen, au delà de ce qu’elle représente et de ce qu’est le FN et quelque soit son programme et sa crédibilité avait un langage qui semblait plus parler aux classes populaires et aux
    citoyens laissés à l’abandon dans cette région de destruction industrielle avancée et de désolidarisation prononcée. Le nier, le taire comme le fait une partie de la gauche dite radicale est bien
    c’est poursuivre la même stratégie d’échec.

    Egalement, sur l’UE et l’euro, la position de Jean-Luc Mélenchon comme celle du FDG sont tellement ambiguë, tellement ambivalente, tellement mal pensée et articulée que les citoyens
    principalement de classe ouvrière et de la petite paysannerie et bien sentent qu’il  y a anguille sous roche ! De voir JLM proner la “révolution citoyenne” tout en restant dans l’UE
    libre échangiste et anti Etat-Nation et dans l’euro la monnaie unique – dont le peuple n’a aucune part de souveraineté – et bien montre que JLM ne pouvait qu’etre que dans la posture et
    le verbe “gauchiste” ! Cela les citoyens de Hénin-Beaumont et du reste de la circonscription très populaire l’ont senti comme l’on sentit pas mal de Français lors du 1er tour de la
    présidentielle.

    JLM comme le PCF ou le PG ne sont pas prêts à remettre en cause l’UE et l’euro et donc ne mettront jamais en perspectives la reconquête de pleine souveraineté pour notre pays (souveraineté
    nationale, populaire, monétaire, budgétaire, économique, etc…) ainsi qu’un minimum de protections de notre marché intérieur !

    Comme lors de la présidentielle, JLM s’est égaré en proposant aux habitants du Pas de Calais un programme irréaliste, manichéen, non chiffré et purement démagogique. Il a aussi donné fortement
    dans le sociétal (mariage et adoption couple homosexuel, dépénalisation du cannabis, planification écologique, régularisation des sans papiers, etc…). Ces propositions sont du domaine du
    libertarisme de gauche !

    De voir JLM ou le FDG niait les questions nationales, de souveraineté ou d’identité ou encore les questions d’autorité, d’insécurité (et pas que sociale), d’incivilité, de remise en cause de
    l’unité de la république et la laïcité ou encore de l’école républicaine montre qu’ils [JLM et le FN] n’ont rien compris au déplacement, aux mutations, aux priorités de la classe
    ouvrière, des employés ou des paysans qui vont vers l’abstention, vers la droite ou vers l’extrême-droite !

    Tant que JLM et le FDG n’auront pas compris qu’il faut investir, reconstituer un capital industriel et agricole et le protéger, qu’il faut produire pour ensuite pouvoir partager et redistribuer
    et bien, l’un restera comme un candidat tribunicien et de témoignage, l’autre de conglomérat groupusculaire sans avenir !

    JLM était candidat dans une circonscription d’une région qui a un glorieux passé industriel et minier. Durant la campagne présidentielle, j’ai été atterrée de voir ou d’entendre le candidat du
    FDG de dire qu’il s’empêchait de prononcer le mot production !!! La stratégie d’échec part aussi de là de cette dérive idéologique basée sournoisement sur anti-productivisme, l’anti-science, la
    décroissance et le néo-naturalisme ! Les rêveries d’un gauchisme qui n’avait plus rien à voir avec le lambertisme des années de jeunesse et qui  ce sont transformées en propagande
    pabliste mâtinée d’écologisme obscurantiste qui sentait bon un revival du PSU !

    Tant que JLM n’osera pas dire et mettre dans son programme que pour relever le pays et aussi la région Nord-Pas de Calais, il faudra reconstituer le capital industriel et agricole de notre pays
    en mobilisant épargne,  banque, producteurs, état, collectivités locales, etc… tout en mettant en perspectives la reconquête de souveraineté nationale et monétaire d’une part et la
    mise en place de protections de nos marchés, de nos entreprises, de nos emplois (Dire adieu à l’UE et l’euro monnaie unique pour faire court) et biens les électeurs ouvriers, employés, paysans,
    artisans,  ne lui feront pas confiance ou trouveront que son programme sent la posture et la désillusion !

    Dans une Adresse au PG et au FDG, avec d’autres, Darthé-Payan et moi, avons écrit que  Le problème ce n’est ni le banquier, ni le patron, ni le rentier comme le dit le PG ou le FDG, ni
    l’immigré comme le disent Marine LePen et le FN mais les renoncements politiques depuis 30 ans et l’intégration forcée de la France, notre patrie républicaine dans l’Europe ; la
    désindustrialisation du pays, l’abandon des campagnes, la perte continuelle de souveraineté nationale, populaire, et de l’économie productive ou encore de l’Etat
    providence tout  en restant dans l’UE et l’euro et parce que restant dans l’UE et l’euro ; la non protection de nos services publiques, de nos entreprises, de nos marchés, de nos
    emplois du fait de l’UE et de l’euro et du libre échange ; le piétinement de la république une et indivisible et laïque et le foulage aux pieds de la loi, de l’intérêt général et de la sûreté
    publique ! Voilà pourquoi le FN et l’abstention montent et s’installent durablement !

     

    Les réponses de certains militants du PG ou du FDG étaient ahurissantes et complètement sectaires et dans le déni de la réalité !

    Je m’arrête là mais j’aurais tant à dire…

    Pour terminer, je vous propose un lien vers le site “La Sociale” qu’animent Denis Collin et Jacques Cotta. Denis Collin, Philosophe, et ancien mentor “idéologique” de JLM au temps de la Nouvelle
    Ecole Socialiste (1988-1991) et qui avait était l’une des sources d’inspiration pour le premier bouquin de JLM “A la conquête du chaos” vient de publier un constat et une analyse qui
    par beaucoup d’aspect se rapproche un peu de la vôtre. Peut-être l’avez-vous déjà lue ?

    http://la-sociale.viabloga.com/news/tirer-les-lecons-d-henin-beaumont

    • Descartes dit :

      Comme lors de la présidentielle, JLM s’est égaré en proposant aux habitants du Pas de Calais un programme irréaliste, manichéen, non chiffré et purement démagogique.

      Même pas. Pour la présidentielle, il avait un “programme” – irréaliste, manichéen et non chiffré, mais qui avait au moins le mérite d’exister. Pour les législatives, il est allé avec pour seul
      étendard “butter le FN hors de la circonscription”. Para doxalement, après avoir tant parlé de l’importance du parlement et vomi la Vème République présidentielle, on s’aperçoit que le FdG a
      construit un programme “présidentiel”, mais n’a pas véritablement réflechi à un programme “législatif”. Quand on sait qu’on aura au mieux une vingtaine d’élus, il faut travailler finement ses
      propositions pour convaincre les électeurs de voter pour soi. On ne peut pas continuer à promettre comme si on avait une chance d’avoir la majorité tout seul…

      De voir JLM ou le FDG niait les questions nationales, de souveraineté ou d’identité ou encore les questions d’autorité, d’insécurité (et pas que sociale), d’incivilité, de remise en cause de
      l’unité de la république et la laïcité ou encore de l’école républicaine montre qu’ils [JLM et le FN] n’ont rien compris au déplacement, aux mutations, aux priorités de la classe
      ouvrière, des employés ou des paysans qui vont vers l’abstention, vers la droite ou vers l’extrême-droite !

      Tout à fait. Le véritable danger aujourd’hui en France n’est pas l’extrême droite en elle même, mais l’autisme des classes moyennes dont le discours politique pousse l’électorat populaire dans
      les bras du FN.

      Durant la campagne présidentielle, j’ai été atterrée de voir ou d’entendre le candidat du FDG de dire qu’il s’empêchait de prononcer le mot production !!! La stratégie d’échec part aussi de
      là de cette dérive idéologique basée sournoisement sur anti-productivisme, l’anti-science, la décroissance et le néo-naturalisme ! Les rêveries d’un gauchisme qui n’avait plus rien à voir avec le
      lambertisme des années de jeunesse et qui  ce sont transformées en propagande pabliste mâtinée d’écologisme obscurantiste qui sentait bon un revival du PSU !

      Tout à fait d’accord.

      Pour terminer, je vous propose un lien vers le site “La Sociale” qu’animent Denis Collin et Jacques Cotta.

      Un site intéressant. Je ne suis pas forcément d’accord avec la position de Collin et Cotta, mais je partage avec eux au moins une affirmation: il faut abattre les vaches sacrées du gauchisme et
      ouvrir un débat fondé sur les réalités.

  9. dsk dit :

    J’attire votre attention sur un document qui me semble très intéressant, en ce qu’il me paraît que Jean-Luc Mélenchon, en toute candeur, y dévoile son véritable objectif.

    Ce document est accessible tout simplement sur son blog. Il s’agit d’une “Lettre à François Hollande à propos de l’appel à un rassemblement antilibéral de la gauche”, datée du 23 mai
    2006.

    Ainsi Jean-Luc Mélenchon y tente-t-il d’y convaincre François Hollande de la nécessité d’un “candidat de rassemblement de la gauche des ruptures” qui
    “devra appeler sans aucune ambiguïté à voter à gauche au deuxième tour, si lui-même n’y accède pas.”.

    En effet, “un éparpillement de la gauche des ruptures briderait sévèrement toute dynamique de rassemblement au second tour. Une partie de la gauche,
    niée et humiliée électoralement, se tiendrait à l’écart du combat. Sa défection se traduirait par une difficulté considérable à mobiliser en faveur de la gauche les milieux populaires qui se sont
    détournés de notre parti mais qui se sont massivement mobilisés le 29 mai 2005 contre son choix. Les ingrédients du désastre au premier tour ou de la défaite au second seraient alors
    réunis.”

    Cela me semble donc parfaitement clair. Il s’agit de “rassembler la gauche des ruptures” en vue de faire gagner, non pas la dite “gauche des ruptures”, comme certains de ses supporters pourraient
    naïvement le penser, mais la gauche en général, et le parti socialiste en particulier…

     

    http://www.jean-luc-melenchon.fr/2006/05/23/lettre-a-francois-hollande-a-propos-de-lappel-a-un-rassemblement-antiliberal-de-la-gauche/#more-412

    • Descartes dit :

      Il est toujours dangereux de croire que les gens ne changent pas, et que quelque soit le contexte ils poursuivent toujours le même dessein, mûrement réflechi. Qu’en 2006 Mélenchon, alors
      dirigeant du PS, ait compris qu’un candidat socialiste gagnerait d’autant plus facilement l’élection qu’il aurait sur sa gauche un rassemblement de la gauche “radicale” autour d’un candidat prêt
      à se désister sans ambiguïté pour lui, cela n’a rien d’illogique. Mais de là à croire que trois ans plus tard, dans un contexte différent, Mélenchon ait quitté son parti avec la mission secrète
      de construire ce rassemblement pour le plus grand bien du PS (ou pire, qu’il l’ait fait sans ordre de mission et de manière totalement désintéressé pour le plus grand profit de François
      Hollande), cela me semble relever d’une théorie du complot.

       

       

  10. marc.malesherbes dit :

    hors sujet: les orientations de JL Mélenchon et Syriza

    à retardement, je suis frappé de la proximité des orienattions de JLM et de Syriza (le “Parti de Gauche” grec) sur l’Europe. Tous les deux remettent en cause assez fondamentalement les
    orientations économiques de l’Europe (pas de plan d’austérité, et remise en cause de pas mal de “dogmes” europpéens …), tout en déclarant vouloir rester dans l’euro (et l’europe des 27). C’est
    évidement la quadrature du cercle (on veut le beurre, l’argent du beurre, et la .. ) (1). C’est également devenu la position du PCF.

    Et pourtant cela marche en Grèce. On veut rêver, et c’est bien normal. Aussi, je pense que JLM est plus fin politique qu’on ne le croît. Si la situation s’aggrave en France, il y a sans doute un
    avenir pour le Front de Gauche.

    (1) l’argument de JLM pour résoudre cette contradiction est “son caractère” (ou on voit ressurgir la thèse du Leader Maximo sud américain; curieux pour un républicain adepte de la VIème
    république, censée être plus démocratique). Mais aussi le “poids de la France” (au jeu des poids, Allemagne + Italie + GB cela fait un peu plus que nous …). On se demande comment tous les
    intellectuels qui le suivent peuvent se laisser convaincre. Mystère pour moi.                       
                   

    • Descartes dit :

      Tous les deux remettent en cause assez fondamentalement les orientations économiques de l’Europe (pas de plan d’austérité, et remise en cause de pas mal de “dogmes” europpéens …), tout en
      déclarant vouloir rester dans l’euro (et l’europe des 27).

      Ceci ne fait qu’exprimer la classique position des classes moyennes: vouloir le beurre et l’argent du beurre. La proposition de “désobéir” aux traités – de désobéir seulement aux dispositions qui
      ne nous conviennent pas, bien entendu – est une autre illustration de cette chimère. Les classes moyennes veulent les avantages de l’Euro sans ses inconvénients, et ne veulent pas comprendre que
      les uns et les autres sont intimement liés.

      Et pourtant cela marche en Grèce. On veut rêver, et c’est bien normal. Aussi, je pense que JLM est plus fin politique qu’on ne le croît. Si la situation s’aggrave en France, il y a sans doute
      un avenir pour le Front de Gauche.

      D’abord, parce qu’il faut savoir ce qu’on entend par “marcher”. Si vous voulez dire par là qu’un parti populiste peut faire un excellent score électoral en surfant sur une crise grave et sur la
      peur des classes moyennes, je dois dire que cela n’a rien de bien nouveau. Des exemples historiques – particulièrement pendant les années 1930 – le prouvent au delà du raisonnable. Mais que est
      “l’avenir” que vous voyez au Front de Gauche ? Celui d’arriver au pouvoir au milieu d’une crise grave alors qu’il n’a pas de projet réalisable pour la résoudre ?

      Par ailleurs, la France n’est pas la Grèce. Il y a chez nous un Etat fort, constitué, fiable. Qui voit généralement les crises venir de plus loin et prend les mesures nécessaires pour ne pas
      arriver à une situation “à la grecque”. Cet Etat est un rempart très efficace contre les populismes.

      On se demande comment tous les intellectuels qui le suivent peuvent se laisser convaincre. Mystère pour moi.  

      Je vous l’ai dit: l’envie de croire est une force d’une puissance inouïe…   

  11. dsk dit :

    “cela me semble relever d’une théorie du complot.”

     

    Pourquoi faut-il rejeter les théories du complot ? D’une part, précisément, parce qu’elles ne sont que des théories, non démontrées. D’autre part, et surtout, parce qu’elles désignent à la
    vindicte des “méchants comploteurs”, dont on se passe de prouver la culpabilité, si bien que l’on voit bien les dérives auxquelles elles pourraient conduire.

    Or en l’espèce, je ne vois pas en quoi mes propos correspondraient à de tels critères. Je vous ai simplement exposé une théorie, selon laquelle le but de Jean-Luc Mélenchon serait “de faire
    gagner, non pas la dite “gauche des ruptures”, comme certains de ses supporters pourraient naïvement le penser, mais la gauche en général, et le parti socialiste en particulier…”. Vous ne
    ssauriez qualifier ceci de “théorie du complot”, dans la mesure où je prends bien soin de vous le démontrer, au moyen des propos mêmes de Jean-Luc Mélenchon. C’est d’ailleurs bien ainsi que vous
    l’avez perçu, puisque vous vous êtes dès lors senti obligé d’y opposer votre propre théorie, selon laquelle Jean-Luc Mélenchon aurait changé depuis mai 2006.

    Pour ma part, je juge votre théorie hautement improbable, selon laquelle un militant du Parti socialiste depuis 1977, âgé de plus de 55 ans, se serait  brusquement transformé en héraut de la
    “Révolution citoyenne”, expression qui traduit d’ailleurs parfaitement ce concept d’union entre “gauche des ruptures” et “gauche républicaine”. Votre théorie me paraît en outre totalement
    démentie par les faits, de même que par l’ensemble des constatations que vous n’avez cessé de faire vous-même sur votre blog.

    Enfin, je ne dis nullement que Jean-Luc Mélenchon serait un “méchant comploteur”. Son objectif d’union des gauches me paraît en effet respectable. Je dirais que tout au plus, il entretient
    sciemment une certaine ambiguïté.     

     

    • Descartes dit :

      Pourquoi faut-il rejeter les théories du complot ? D’une part, précisément, parce qu’elles ne sont que des théories, non démontrées.

      Les théories du complot sont non seulement non démontrées, mais surtout non démontrables. Ou plutôt, pour être précis, non falsifiables (au sens poppérien du terme) puisque le fait même qu’il
      n’existe aucune preuve est lui même une preuve du complot…

      Je vous ai simplement exposé une théorie, selon laquelle le but de Jean-Luc Mélenchon serait “de faire gagner, non pas la dite “gauche des ruptures”, comme certains de ses supporters
      pourraient naïvement le penser, mais la gauche en général, et le parti socialiste en particulier…”.

      Oui. Mais avez vous un élément factuel pour soutenir cette affirmation ? Non. Tout ce que vous faites, c’est dire “il pensait ceci en 2006, il doit donc le penser aujourd’hui”. Désolé, mais ce
      n’est pas suffisant pour fonder une théorie.

      Vous ne ssauriez qualifier ceci de “théorie du complot”, dans la mesure où je prends bien soin de vous le démontrer, au moyen des propos mêmes de Jean-Luc Mélenchon.

      Sauf que des propos tenus en 2006 dans un contexte ne “démontrent” rien du tout lorsqu’il s’agit d’apprécier les actes de Mélenchon six ans plus tard et dans un contexte totalement différent.
      Vous me rappelez une autre théorie du complot, celle soutenue par les partisans de la thèse de “l’épée et le bouclier” dans la relation entre Pétain et De Gaulle. Là aussi, le fait que De Gaulle
      admirait Pétain dans les années 1920 (il lui a dédicacé l’un de ses livres) est utilisé pour en déduire qu’il l’admirait en 1940…

      puisque vous vous êtes dès lors senti obligé d’y opposer votre propre théorie, selon laquelle Jean-Luc Mélenchon aurait changé depuis mai 2006.

      Pas du tout. Relisez avec attention ce que j’ai écrit. Je n’ai nullement affirmé que Mélenchon ait changé depuis. Ce que j’ai dit, c’est qu’il est dangereux pour le raisonnement de postuler qu’il
      n’a pas changé, c’est tout. A-t-il changé ou pas ? Je n’en sais rien. Je n’ai donc pas “ma propre théorie” sur la question. Je m’appuie exclusivement sur les faits: rien dans le comportement de
      Mélenchon ne permet d’affirmer qu’il soit un “sous-marin” du PS. C’est à ceux qui, comme vous, pensent qu’il est qu’il incombe d’apporter la preuve.

      Pour ma part, je juge votre théorie hautement improbable, selon laquelle un militant du Parti socialiste depuis 1977, âgé de plus de 55 ans, se serait  brusquement transformé en héraut
      de la “Révolution citoyenne”, expression qui traduit d’ailleurs parfaitement ce concept d’union entre “gauche des ruptures” et “gauche républicaine”.

      Ce n’est certainement pas “ma théorie”. Mélenchon est un gauchiste qui est allé au PS parce que c’est là qu’il y avait du pouvoir. Il n’a aucune fidelité particulière au Parti socialiste – en
      dehors de la fidelité personnelle qu’il a pour Mitterrand, mélange d’admiration pour ses qualités de stratège et de reconnaissance du ventre – et l’a quité lorsqu’il a pensé que le PS ne lui
      offrait plus les possibilités de pouvoir qu’il convoitait. Au PS, il aurait toujours été un parmi d’autres, au Front de Gauche il est primum inter pares. Pas mal comme promotion.

       

  12. dsk dit :

    “Mélenchon est un gauchiste qui est allé au PS parce que c’est là qu’il y avait du pouvoir. Il n’a aucune fidelité particulière au Parti socialiste […] et l’a quité lorsqu’il a pensé que le
    PS ne lui offrait plus les possibilités de pouvoir qu’il convoitait. Au PS, il aurait toujours été un parmi d’autres, au Front de Gauche il est primum inter pares. Pas mal comme promotion.”

     

    Je vous remercie de me préciser là votre théorie. Je constate avec un certain soulagement que, comme tout homme normalement constitué, vous cherchez à expliquer les phénomènes qui se déroulent
    sous vos yeux, et pour cela, commencez par échafauder des théories. Ainsi, pour vous, Mélenchon aurait finalement toujours été un “gauchiste”, même au P.S., si bien qu’il serait aujourd’hui le
    leader sincère d’une extrême-gauche rassemblée au sein du Front de gauche.

    Dans ce cas, toutefois, je vous demanderais de bien vouloir m’expliquer comment il se fait que vous-même, qui êtes tout sauf un gauchiste, ayez pu un temps “espérer en lui”, ainsi que vous l’avez
    confié à Morel dans l’un de vos commentaires sur le billet précédent ?  

    D’autre part, je vous fais remarquer que cela ne colle pas avec le texte dont je vous ai communiqué le lien, où l’on voit que sa préoccupation, on ne peut plus clairement exprimée, n’est pas
    alors d’agir dans l’intérêt du “gauchisme”, mais de la gauche en général, et du parti socialiste en particulier. 

     

    “Oui. Mais avez vous un élément factuel pour soutenir cette affirmation ? Non. Tout ce que vous faites, c’est dire “il pensait ceci en 2006, il doit donc le penser aujourd’hui”. Désolé, mais
    ce n’est pas suffisant pour fonder une théorie.”

     

    Une théorie a pour but d’expliquer la réalité. Ainsi, par exemple, vous notez dans votre billet à juste titre que “La campagne du Front de Gauche visait dans les faits l’électorat
    traditionnel de l’extrême gauche […]. Seulement voilà, cet électorat est très étroit.”. Or comment expliquez vous cela ? Par la nullité ou la bêtise de Mélenchon ? Décidément,
    j’ai de plus en plus de mal à comprendre comment vous avez pu, un temps, “espérer” en un tel incompétent. Ma théorie, en revanche, l’explique à mon avis de façon beaucoup plus plausible : le but
    de Mélenchon n’était en fait que cela, rassembler la “gauche des ruptures”, afin de faire gagner la gauche en général.

     

    • Descartes dit :

      Je constate avec un certain soulagement que, comme tout homme normalement constitué, vous cherchez à expliquer les phénomènes qui se déroulent sous vos yeux, et pour cela, commencez par
      échafauder des théories.

      Vous savez, je suis un homme très “normal”. Il paraît que c’est à la mode…

      Mais j’attire votre attention sur la différence qu’il y a entre formuler une théorie, et formuler une “théorie du complot”. Je suis un grand partisan de la méthode hypothético-déductive: je
      construit une théorie et je la confronte aux faits. Mais pour que la méhtode marche, on ne peut pas construire n’importe quelle théorie: il faut s’en tenir au rasoir d’Occam, et commencer par les
      théories les plus simples. Si elles n’arrivent pas à expliquer les faits, alors on ira vers les plus complexes. Commencer par rechercher un “complot” implique aller directement au plus
      complexe…

      Ainsi, pour vous, Mélenchon aurait finalement toujours été un “gauchiste”, même au P.S., si bien qu’il serait aujourd’hui le leader sincère d’une extrême-gauche rassemblée au sein du Front de
      gauche.

      Pourquoi “sincère” ? Cela impliquerait de porter un jugement sur ses motivations, ce que je ne suis certainement pas en mesure de faire. Mélenchon a toujours été un “gauchiste”, et comme tous les
      gauchistes fasciné par la conquête du pouvoir conçue non pas à partir du mouvement des masses, mais de l’habilité d’un petit groupe – voir d’un homme seul – à organiser des “coups”, nouer des
      alliances de comité et s’en emparer d’un coup de main. Son admiration quasi religieuse pour Mitterrand, sa trajectoire au PS suivent cette logique. Et depuis la fondation du PG, il reproduit
      exactement cette formule. Il n’y a qu’à voir comment le PG, qui devait être le “parti creuset”, est devenu rapidement une sorte de “club” pour groupuscules en déshérence (les amis de Mélenchon,
      les copains de Billard, les suiveurs de Leïla Chaibi, les potes à Dolez…) dont les leaders étaient cooptés à la direction sans discussion. La candidature présidentielle fut un autre “coup”,
      cette fois-ci avec la complicité de la tendance Buffet-Laurent au PCF.

      Dans ce cas, toutefois, je vous demanderais de bien vouloir m’expliquer comment il se fait que vous-même, qui êtes tout sauf un gauchiste, ayez pu un temps “espérer en lui”, ainsi que vous
      l’avez confié à Morel dans l’un de vos commentaires sur le billet précédent ?

      Comme vous l’avez souligné, je suis un homme très normal. Sujet comme les autres à “l’envie de croire”. Moi aussi, j’ai voulu croire qu’il était possible de réfonder une “gauche radicale” en
      reprenant ce qu’il y avait de mieux dans l’héritage républicain et dans l’héritage communiste. J’ai interprété – à tort, je l’avoue – son départ du PS et son accord avec le PCF comme une rupture
      avec ce passé gauchiste, comme une prise de conscience que cette manière de concevoir la prise et l’exercice du pouvoir conduisait à une impasse. Et, pour avoir discuté à cette époque avec lui,
      je ne suis pas sûr qu’il n’était pas lui même sur cette longueur d’onde. Mais très rapidement ses réflexes “gauchistes” – et je pense aussi son entourage, dont Mélenchon, grand affectif, est très
      dépendant – ont repris le dessus.

      D’autre part, je vous fais remarquer que cela ne colle pas avec le texte dont je vous ai communiqué le lien, où l’on voit que sa préoccupation, on ne peut plus clairement exprimée, n’est pas
      alors d’agir dans l’intérêt du “gauchisme”, mais de la gauche en général, et du parti socialiste en particulier. 

      Sauf que, quand on est membre d’un parti politique et qu’on oeuvre à sa victoire, on oeuvre un peu pour ses propres intérêts. A l’époque, une victoire du PS rapprochait Mélenchon d’un ministère,
      donc du pouvoir. Et pour un gauchiste, accéder au pouvoir est le but ultime. C’est pourquoi j’insiste sur le changement du contexte: en 2012, aider le PS à accéder au pouvoir n’apporte absolument
      rien à Mélenchon.

      vous notez dans votre billet à juste titre que “La campagne du Front de Gauche visait dans les faits l’électorat traditionnel de l’extrême gauche […]. Seulement voilà, cet électorat est
      très étroit.”. Or comment expliquez vous cela ? Par la nullité ou la bêtise de Mélenchon ? Décidément, j’ai de plus en plus de mal à comprendre comment vous avez pu, un temps, “espérer” en un tel
      incompétent.

      Il ne faut jamais négliger “la nullité et la bêtise” des gens. Les théories historiques qui partent de l’hypothèse que tout ce que les dirigeants font est mûrement réflechi et exécuté arrivent en
      général à des paradoxes. Dans le cas présent, je pense qu’il y a une part de “bêtise”, ou plutôt de méconnaissance de l’électorat populaire de la part de l’entourage de JLM. Mais plus
      sérieusement, JLM est aussi prisonnier d’un rapport de forces. Sortir du “marigot électoral” de l’extrême gauche suppose une rupture fondamentale au niveau de la pensée et du langage. Une rupture
      totalement inadmissible pour la plupart des militants du PG et pour beaucoup au PCF, dont les intérêts sont ceux des classes moyennes. Pour Mélenchon, sortir du “gauchisme” aurait été aussi
      difficile que pour Copé prêcher la révolution socialiste.

      Ma théorie, en revanche, l’explique à mon avis de façon beaucoup plus plausible : le but de Mélenchon n’était en fait que cela, rassembler la “gauche des ruptures”, afin de faire gagner la
      gauche en général.

      Devant cette théorie, comme dans toute enquête, la première question à se poser est celle du mobile. Pour quelle raison Mélenchon irait faire cela ? Qu’est ce qu’il avait à gagner,
      personnellement ou politiquement ? Rien dans sa trajectoire ne fait de lui un personnage prêt à tout sacrifier pour que d’autres puissent gouverner, ou pire encore, pour une “idée”. C’est plutôt
      tout le contraire: son admiration pour Mitterrand c’est l’admiration pour un homme qui a tout sacrifié – idées, amis – pour le pouvoir personnel.

       

  13. dsk dit :

    “Je m’appuie exclusivement sur les faits: rien dans le comportement de Mélenchon ne permet d’affirmer qu’il soit un “sous-marin” du PS. C’est à ceux qui, comme vous, pensent qu’il est qu’il
    incombe d’apporter la preuve.”

     

    Je n’ai nullement affirmé qu’il était un “sous-marin” du PS. Je vous dirais qu’à mes yeux, cette question importe peu. Dans tous les cas, qu’il soit ou non piloté par le P.S., je pense qu’il
    s’agit d’un homme de conviction, qui croit qu’il existe une différence de nature entre une droite, qui irait de Bayrou à Adolf Hitler, et une gauche, qui irait de Trotsky à Carla Bruni. Dès lors,
    je pense que son objectif n’est, aujourd’hui tout comme en 2006, que de faire gagner son véritable camp, la gauche.

     

    • Descartes dit :

      Je n’ai nullement affirmé qu’il était un “sous-marin” du PS. Je vous dirais qu’à mes yeux, cette question importe peu.

      Elle est pourtant essentielle à la cohérence de votre théorie. Si Mélenchon n’est pas un “sous-marin” (c’est à dire, s’il ne peut attendre du PS aucune récompense dans un futur proche), quelle
      pourrait être sa motivation pour organiser la “gauche des ruptures” au profit du PS ?

      je pense qu’il s’agit d’un homme de conviction, qui croit qu’il existe une différence de nature entre une droite, qui irait de Bayrou à Adolf Hitler, et une gauche, qui irait de Trotsky à
      Carla Bruni.

      Je vois mal comment le culte de Saint Mitterrand s’insère dans cette vision.

      Dès lors, je pense que son objectif n’est, aujourd’hui tout comme en 2006, que de faire gagner son véritable camp, la gauche.

      Et tout ça, dans un parfait désintéressement ? C’est beau…

  14. Jard dit :

    N’y-a-t-il pas un parallèle à faire avec le NPA? Tentative de renouveau, discours bêtement européo-communautariste, échec et…rien. Europe, communautarisme, immigrationnisme ne sont-ils pas des
    marqueurs de partis de classes moyennes?

    • Descartes dit :

      Tout à fait. Et la raison est simple: ce sont les classes moyennes que bénéficient le plus de tout ça.

      L’Europe ? En créant un “marché libre et non faussé” elle a mis en concurrence les produits manufacturés (dont la production est la plus facilement délocalisable) et donc baissé les prix pour le
      consommateur. Bien sur, le prix est la perte d’emplois, mais celle-ci touche essentiellement les couches populaires, puisque les classes moyennes exercent des professions peu “délocalisables”.
      L’Euro, quant à lui, nous entraine dans une politique de monnaie forte et de faible inflation qui fait les affaires des rentiers – là encore, nombreux dans les classes moyennes – contre les
      salariés.

      Le communautarisme ? C’est le rêve des classes moyennes. La politique d’assimilation, les politiques de diffusion culturelle, les politiques d’aménagement du territoire, en un mot, toutes les
      politiques qui permettent d’assurer à chaque citoyen les mêmes droits et les mêmes possibilités, sont coûteuses. Or, les classes moyennes n’ont pas envie de payer pour les autres. Mieux vaut donc
      convaincre les gens de rester comme ils sont, pire, d’être “fiers de leurs différences”. L’analphabète restera analphabète (mais fier de l’être), l’ignorant ignorant, l’étranger étranger… et on
      économisera des millions qu’on pourra retourner en réduction d’impôts pour les classes moyennes.

      Quant à l’immigration, elle a pour effet de réduire les salaires des moins qualifiés. Ce qui appauvrit les couches populaires mais permet aux classes moyennes, grandes consommatrices, d’avoir des
      produits et des services moins chers.

  15. Antonio dit :

    Ca m’a pris un certain temps mais je me suis donné la peine de vous lire tous(tes). Je ne connais pas Mélanchon comme vous, même si je l’ai croisé deux fois, une en
    2005, la dernière récemment à Rouen. Certains qui l’ont touché de près m’en ont parlé, c’est pourquoi je ne suis pas surpris de vos paroles !

     On dirait que ce blog est envahi non par des extra-terrestres mais par d’illustres psys désabusés sur lesquels je suis tombé, tel petit garçon
    que cherchant sa fronde est tombé sur un aréopage fashon Terra Nova, Grande Loge ou quelque petit comité proche du Siècle.

    Je n’ai jamais entendu Mélanchon dire qu’il ne voulait pas entendre le mot PRODUCTION, comme quelqu’un la dénoncé. Je n’ose pas le démentir, même si, tout
    intellectuel qu’il est je ne l’imagine pas s’exprimer ainsi.

     Il me semble que l’on est allé trop loin dans la question du complot, et il me semble aussi que l’on se gargarise un peu avec le mot gauchiste.
    Ah les étiquettes ont la vie dure !

    Mélanchon c’est planté en allant à Henin-Beaumont, est devenu l’otage de sa garde rapprochée de bobos de tout poil, incapable de penser par lui-même encore moins
    d’agir. Mélanchon n’a pas de programme pour les législatives. Roule-t-il finalement pour le PS ou pas. Peut-être qu’il se drogue aux imphètes pour tenir le coup. Voilà un scoop ! Au fait à
    quoi peut-il encore servir, et que peut-il encore faire autrement que tenter renouveler sont mandat au prochaines européennes, ne serait-ce que pour garantir son ordinaire. En voilà des questions
    dans le stile to be or not to be.

    Une chose est sûre, à l’heure qu’il est il y a quelque chose de pourri au royaume du Danmark,…pardon, dans la Communauté Européenne en général, Euroland en
    particulier. Et voilà que Mélanchon au lieu de se concentrer sur les vrais problèmes perd son temps et fait perdre celui des autres ne pensant qu’à bouffer du efaine ! Mal lui en a
    pris que de bouffeur est devenu bouffé. Comme dirait Descartres, s’il avait gagné tout ce baratin n’aurait plus lieu d’exister puis que toute victoire est jolie. Non ? C’est pas ça ?
    Si.

    Tout cela pour dire comment un grand espoir porté par quelques millions d’imbéciles le temps d’une élection a tourné à l’eau de boudin, à la farce la plus
    rocambolesque et plus minable depuis Mitterand. Voilà comment tout en tas de spécialistes en tout genre, artistes et intellectuels et même quelques journalistes (rares, très rares) ont eux aussi
    cru, ou du moins fait semblant de croire qu’autre chose pourrait exister un petit peu à gauche (toujours ce putain de mot) de la social démocratie chancelante, un autre espace politique. Voilà
    comme tout un travail de mois sur le de terrain par tous les temps et par tous le fronts se réduit à un cortège de bobos suivis de sa meute de journaleux, un peu comme la charrette qui suivait
    Sarko en Camargue, pour la grande messe démago-populiste de  Marchais relooké au goût du jour. Voilà un politicard plutôt incompétent, bien incapable de faire quoi que ce soit
    sans un petit calcul d’apothicaire sans se demander ce que son sourire aux caméras va lui rapporter dans les sondages du lendemain. Voilà que cet homme qui ne cesse de parler de la classe
    ouvrière, comme cela existait encore, (on est tous devant on ordi comme chacun le sait) ne fait que cracher  sur les petits, spécialement s’ils sont journalistes stagiaires, en
    les méprisant au propre comme au figuré et que lorsqu’il prononce le mot peuple on a qu’une envie, lui crâcher à la gueule en lui priant de se faire pendre.

    Non, je pense que je n’ai pas compris grand chose à tout ce que j’ai lu. Je ne suis qu’un petit lambda qui a ouvert la porte qui ne fallait pas, un lobotomisé pris
    dans une sorte de fascination mélanchonesque, la petite main qui a déposé et dépose encore et encore son petit bout de papier avec un nom dessus dans une boîte avec une fente, sans trop savoir ni
    pour qui ni pourquoi il le fait. Seulement parce qu’il a encore envie d’y croire. Quelle prétention, quelle catastrophe…

    • Descartes dit :

      J’avoue que je ne comprends pas grande chose à ce commentaire. Quel est le message que vous voulez transmettre ? Que Mélenchon a eu raison d’aller à Hénin-Beaumont et de faire une campagne
      centrée sur un seul thème, “butter Marine hors de la circonscription” ? Qu’on a tort de se poser des questions de fond (ce que vous appelez des questions “style to be or not to be”) alors qu’en
      fait le monde est simple et qu’il suffit de voter Mélenchon et pas se poser des questions ? Je me fais un devoir de lire chaque commentaire et d’essayer d’y répondre sur le fond, mais j’avoue que
      l’ironie à double ou triple détente n’est pas mon fort.

      Je vais cependant vous répondre sur un point dans lequel vous me citez personnellement. Vous écrivez: “Comme dirait Descartres, s’il avait gagné tout ce baratin n’aurait plus lieu d’exister
      puis que toute victoire est jolie. Non ? C’est pas ça ? Si”. Je me vois obligé de vous contredire: j’ai critiqué l’aventure Hénin-Beaumont bien avant que les résultats soient connus. Ce que
      vous appellez “baratin” avait donc une raison d’être quelque soit le résultat. Bien entendu, si Mélenchon avait gagné ce qui est aujourd’hui une catastrophe – pour lui et pour la “gauche
      radicale” – n’aurait été qu’une erreur. Ses conséquences auraient été tout aussi négatives, mais elles seraient passées inaperçues plus longtemps et auraient été plus subtiles. Mais la victoire,
      contrairement à ce que croient précisement les gauchistes, n’est pas le test ultime qu’une politique est correcte et encore moins juste.

      Je reprends aussi votre conclusion: “Je ne suis qu’un petit lambda qui a ouvert la porte qui ne fallait pas, un lobotomisé pris dans une sorte de fascination mélanchonesque, la petite main
      qui a déposé et dépose encore et encore son petit bout de papier avec un nom dessus dans une boîte avec une fente, sans trop savoir ni pour qui ni pourquoi il le fait. Seulement parce qu’il a
      encore envie d’y croire”. Je ne me permettrai pas de contredire la description que vous faites vous même de votre démarche. L’envie de croire est bien plus efficace qu’une lobotomie à
      l’heure de conditionner les comportements.

  16. Antonio dit :

    Quel est le message que vous voulez transmettre ?

    La formation du Front de Gauche cherchant à réaliser une « synthèse idéologique » des diverses sensibilités de gauche, et opérer ainsi la reconfiguration
    de l’espace politique à la suite du référendum de 2005, semblait une alternative cohérente pour toute une frange de la population française, dès lors disponible pour des idées porteuses d’une
    remise en cause du système. Un énorme espoir est né et pour l’élection présidentielle il était essentiel de porter le choix d’une personnalité capable d’affronter le tumulte médiatique.

    Venons à l’aventure Hénin-Beaumont. Laurent Maffeïs dans le n°1206 de Politis donne une explication, plutôt acceptable, quant à la pertinence d’une
    candidature JLM sur cette circonscription de H.B.. Quand vous écrivez des erreurs, il y en a eu. La principale étant une absence totale de réflexion
    électorale, vous êtes tellement définitif que, qui que vous soyez je ne peux que reculer devant une si péremptoire affirmation.

     La campagne du Front de Gauche visait dans les faits l’électorat traditionnel de l’extrême gauche, le seul pour qui le discours mélenchonien était audible. La encore votre ton définitif me laisse froid car je
    connais des tas de gens parmi lesquelles votre humble serviteur, qui n’ont jamais porté des étendards de LO, du NPA ou même du PC. Des gens plutôt s’alignant sur la ligne G Filoche, par exemple
    donc pro, voire dans le PS. Ce qui contrarie la thèse selon laquelle les voix du FG s’est le siphonage de l’extrême gauche, ou si c’était le cas il ya fort à parier que l’on pourrait en dire
    autant à l’égard de la gauche du PS, voire ailleurs.

    Puis il y a eu le tournant du TCE avec le choix PS que l’on sait et dont il na pas fini de s’en mordre les doigts, car ces choses-là monsieur, ça ne s’oublie
    pas.

    alors qu’en fait le monde est simple et qu’il suffit de voter Mélenchon et pas se poser des questions ?

    Si le monde est simple c’est vous qui le dites.

    « Ni dieu ni maître ni césar. Il n’y a pas de sauveur suprême, etc » Hélas il ne suffit pas de voter Mélanchon je vous l’accorde. Encore et encore nous
    allons nous poser des questions car c’est notre devoir, oui Monsieur . Mais quand on dit ça, on a dit quoi ?

    Bien entendu, si Mélenchon avait gagné ce qui est aujourd’hui une – pour lui et pour la “gauche radicale” – n’aurait été qu’une erreur.

     Je vais vous faire un aveu. Quand j’ai appris que JLM allait croiser le fer avec la blondasse là où nous savons, je me suis demandé qu’allait- il
    faire dans cette galère où il n’avait que des coups à recevoir tellement le terrain me paraissait mouvant. Puis je me suis dit qu’après tout il devait connaître son affaire, moi comme d’autres,
    n’étais pas dans son staff de campagne.

    Peut-être je me suis laissé abuser ? Je ne l’écarte pas.

    Quand vous me parlez de catastrophe dans le contexte de la discussion je suis bien obligé d’être d’accord avec vous. Par contre comment vous y allez
    Monsieur Descartes, toujours si tranchant dans le propos quand vous parlez d’erreur au cas où il ait gagné ! Voilà pourquoi je n’arrive pas à donner du poids à de paroles qui ne font
    que rejeter en bloc quelque ait pu être l’issue. C’est pousser le propos à des limites qui finissent par dénaturer la démarche dans laquelle ce qui constituait une analyse finit par ressembler à
    du parti pris. Idem quand vous ne voyez que des gauchistes pour désigner tout ce qui se trouve non seulement à gauche du PS comme même à l’intérieur. A se demander si vous n’en voyez pas
    dans les partis de droite. En cherchant bien cela ne fera pas de doute. Quand on arrive là je me pose des questions quand au débat et c’est pour cela que j’ai parlé de
    « baratin ».

    Le Parti de Gauche et le Front de Gauche cherchait à combler un vide entre l’extrême gauche et le PS. Peut-être Mélanchon n’était pas le candidat de nos rêves mais
    il a été le seul à engager une dynamique dont il serait ridicule de discuter la création. Ce qu’elle v

    • Descartes dit :

      Venons à l’aventure Hénin-Beaumont. Laurent Maffeïs dans le n°1206 de Politis donne une explication, plutôt acceptable, quant à la pertinence d’une candidature
      JLM sur cette circonscription de H.B..

      Le document n’étant pas d’accès public, il serait peut-être intéressant de résumer l’argumentation de Maffeïs…

      Quand vous écrivez “des erreurs, il y en a eu. La principale étant une absence totale de réflexion électorale”,
      vous êtes tellement définitif que, qui que vous soyez je ne peux que reculer devant une si péremptoire affirmation.

      Vous pouvez aussi la réfuter, si elle vous semble incorrecte. Seulement, j’explique dans mon article comment j’arrive à cette conclusion. Et je ne suis pas le seul à
      y arriver, loin de là. Si quelqu’un me démontre que l’envoie des Mélenchanteurs en perruque sur la circonscription d’Hénin-Beaumont correspondait à une réflexion électorale tenant compte des
      réalités du terrain, je mange mon chapeau…

      je connais des tas de gens parmi lesquelles votre humble serviteur, qui n’ont jamais porté des étendards de LO, du NPA ou même du PC. Des gens plutôt s’alignant
      sur la ligne G Filoche, par exemple donc pro, voire dans le PS.

      Filoche, ancien trotskyste reconverti au PS (comme Mélenchon, quelle coïncidence) est l’exemple type du gauchiste. Désolé de vous décevoir, mais tous les gauchistes
      ne se trouvent pas chez LO ou le NPA… certains gauchistes ont compris depuis longtemps que le PS offrait de bien meilleures perspectives de carrière.

      Ce qui contrarie la thèse selon laquelle les voix du FG s’est le siphonage de l’extrême gauche, ou si c’était le cas il ya fort à parier que l’on pourrait en
      dire autant à l’égard de la gauche du PS, voire ailleurs.

      Il y a quand même un signe qui me paraît au contraire pointer en cette direction-là: si les voix de Mélenchon viennent de “la gauche du PS”, que sont devenues les
      voix qui naguère allaient à Besancenot ou Laguillier ? Comment expliquer que la baisse des uns soit presque exactement la montée de l’autre ?

      Puis il y a eu le tournant du TCE avec le choix PS que l’on sait et dont il na pas fini de s’en mordre les doigts, car ces choses-là monsieur, ça ne s’oublie
      pas.

      Dans ce cas, pourquoi faudrait-il oublier le Traité de Maastricht, dont Mélenchon fut un fervent supporter ? 

      Si le monde est simple c’est vous qui le dites. « Ni dieu ni maître ni césar. Il n’y a pas de sauveur suprême, etc »

      C’est vous qui dites mettre le bulletin de vote Mélenchon dans l’urne sans vous poser des questions, simplement parce que vous avez envie de croire. Pas moi…

      Je vais vous faire un aveu. Quand j’ai appris que JLM allait croiser le fer avec la blondasse là où nous savons, je me suis demandé qu’allait- il faire dans
      cette galère où il n’avait que des coups à recevoir tellement le terrain me paraissait mouvant. Puis je me suis dit qu’après tout il devait connaître son affaire, moi comme d’autres, n’étais pas
      dans son staff de campagne. Peut-être je me suis laissé abuser ? Je ne l’écarte pas.

      Comme quoi, il vaut mieux se poser les questions avant qu’après, et remettre en cause les décisions du leader plutôt que de dire “s’il le fait, c’est qu’il sait
      quelque chose que moi je ne sais pas”. Nous sommes d’accord là dessus.

      Par contre comment vous y allez Monsieur Descartes, toujours si tranchant dans le propos quand vous parlez d’erreur au cas où il ait gagné ! Voilà
      pourquoi je n’arrive pas à donner du poids à de paroles qui ne font que rejeter en bloc quelque ait pu être l’issue.

      Je vous ai expliqué pourquoi: parce que pour moi le critère pour accepter ou rejeter une stratégie n’est pas le gain ou la perte d’un siège, mais le
      fait de savoir si cela permet ou non de s’approcher de l’objectif. Faire une campagne centrée exclusivement sur le FN est pour moi une erreur qui nous éloigne du
      but. Et cela qu’on gagne ou qu’on perde l’élection. Si Mélenchon avait gagné, cette stratégie se serait trouvée aux yeux de beaucoup validée, et on aurait persisté dans l’erreur.

      Idem quand vous ne voyez que des gauchistes pour désigner tout ce qui se trouve non seulement à gauche du PS comme même à l’intérieur.

      Je pense avoir été plus précis que cela… je ne vois des “gauchistes” que là où je trouve des gens qui sous prétexte de défendre les intérêts des couches populaires
      proposent des politiques qui défendent d’abord et avant tout les intérêts des classes moyennes. Et oui, ces gens se trouvent autant à l’extrême gauche que dans le PS.

      Le Parti de Gauche et le Front de Gauche cherchait à combler un vide entre l’extrême gauche et le PS.

      Ah bon ? Il y avait un “vide” entre l’extrême gauche et le PS ?

      Votre message m’est arrivé incomplet. J’insiste encore une fois: n’utilisez pas des polices de caractères différentes à celle par défaut. Over-blog n’aime pas
      ça…

       

  17. dsk dit :

     

    “il faut s’en tenir au rasoir d’Occam, et commencer par les théories les plus simples.”

     

     

    Connaissez-vous une théorie plus simple, pour expliquer les objectifs d’un homme politique, que celle qui reprend au mot près ce qu’il en dit lui-même dans
    ses propres écrits ?

     

     

    “Devant cette théorie, comme dans toute enquête, la première question à se poser est celle du mobile. Pour quelle raison Mélenchon irait faire cela ?
    Qu’est ce qu’il avait à gagner, personnellement ou politiquement ?”

     

     

    Et bien cela me paraît tout-à-fait simple. S’il parvient à être celui qui fait gagner la gauche, c’est le
    triomphe de sa géniale stratégie, et cela fait de lui l’homme-clé incontournable et indispensable de la gauche. « Pas mal comme promotion », si vous me permettez de reprendre
    vos propres termes.

    Rappelez-vous d’ailleurs votre billet “Mélenchon découvre les socialistes” du 10 mai dernier. Vous commentiez ses propos, tenus sur son
    blog : “pour les chefs socialistes : le Front de Gauche, quézaco ? Ils, elles, remercient les « humanistes », et même le Modem, sans oublier « nos
    amis écologistes ». Bref tout ce qui compte pour du beurre dans le résultat et dont il est possible de caresser la tête sans risque. Mais le « Front de Gauche » ? C’est le
    parent qui fait honte ? On dirait bien. A moins qu’il soit considéré comme peu avouable de lui devoir autant ! Car il y avait un constat chiffré pourtant facile à faire. (…) Un fait
    qui ne nécessite que des connaissances mathématiques rudimentaires. Nicolas Sarkozy a été battu par le Front de Gauche. Car si l’on retire nos quatre millions de bulletins de vote, François
    Hollande ne recueille que 40, 2% des voix. Au deuxième tour on élimine. Nous l’avons fait. Nous avons éliminé Sarkozy” .

    N’était-ce pas là se plaindre amèrement du peu de reconnaissance que ses camarades socialistes témoignaient envers celui qui avait fait gagner la
    gauche ?

     

     

    “son admiration pour Mitterrand c’est l’admiration pour un homme qui a tout sacrifié – idées, amis – pour le pouvoir personnel.”

     

     

    Êtes-vous bien sûr que ce n’est pas, plutôt, de l’admiration pour celui qui a fait gagner la gauche ?

     

    • Descartes dit :

      Connaissez-vous une théorie plus simple, pour expliquer les objectifs d’un homme politique, que celle qui reprend au mot près ce qu’il en dit lui-même dans ses propres écrits ?

      Vous oubliez de préciser que dans ce cas vous expliquez les objectifs d’un homme politique aujourd’hui sur la base d’un texte vieux de six ans et écrit dans un contexte totalement
      différent.

      Et bien cela me paraît tout-à-fait simple. S’il parvient à être celui qui fait gagner la gauche, c’est le triomphe de sa géniale stratégie, et cela fait de lui l’homme-clé incontournable et
      indispensable de la gauche.

      Eh bien, il est parvenu à être celui qui fait gagner la gauche. Son plan – si je suis votre hypothèse – a réussi. Trouvez-vous vraiment que cela fasse de lui “l’homme clé incontournable et
      indispensable à la gauche” ? Si c’est le cas, il le dissimule extrêmement bien…

      Désolé, mais non. Dans la posture qui est la sienne aujourd’hui, il n’a aucun intérêt personnel, mais alors là aucun, à jouer les rabatteurs pour le PS. Aussi “incontournable” qu’il soit, le PS
      ne lui jetera pas un os, et la “gauche radicale” n’a rien à lui offrir.

      N’était-ce pas là se plaindre amèrement du peu de reconnaissance que ses camarades socialistes témoignaient envers celui qui avait fait gagner la gauche ?

      C’était plutôt un effort calimérique de distorsion de la vérité pour se présenter en victime. Mais Mélenchon connaissait parfaitement les socialistes. Il savait pertinement que, quelque soient
      les “services” qu’il ait pu prêter à la tête du Front de Gauche, ses ex-amis ne lui retourneraient certainement pas l’ascenseur. Alors, pourquoi le faire ?

      Êtes-vous bien sûr que ce n’est pas, plutôt, de l’admiration pour celui qui a fait gagner la gauche ?

      Mitterrand a fait gagner la gauche ? Première nouvelle… Mitterrand, a ma connaissance, n’a fait gagner que Mitterrand…

  18. dsk dit :

    @ Antonio

     

     “Je vais vous faire un aveu. Quand j’ai appris que JLM allait croiser le fer avec la blondasse là où nous savons, je me suis demandé
    qu’allait- il faire dans cette galère où il n’avait que des coups à recevoir tellement le terrain me paraissait mouvant. Puis je me suis dit qu’après tout il devait connaître son affaire, moi
    comme d’autres, n’étais pas dans son staff de campagne.”

     

    Permettez-moi de vous l’expliquer: Mélenchon désire vraiment très fort que vous votiez socialiste au deuxième tour. Et comme il sait que vous-même n’en avez pas
    franchement envie, il préfère commencer par vous mobiliser contre l’abjecte menace fasciste que représente le “FHaine”. Après quoi, il attire subtilement votre attention sur le fait que l’UMP
    montre de dangereux signes de convergences avec ces ignobles fascistes, si bien qu’il n’est pas exagéré de parler désormais de l'”UMPFHaine”. Et là, subitement, vous avez une envie folle de voter
    à gauche pour faire barrage à l'”UMPFHaine”. Etonnant, non ?

  19. Pereira Nunes dit :

     Désolé de ne pas avoir envoyé mon message dans de bonnes conditions. Voici ce avec quoi je me proposais de finir mon message d’avant :

    Le Parti de Gauche et le Front de Gauche cherchait à combler un vide entre l’extrême gauche et le PS. Peut-être que Mélanchon n’était pas le candidat de nos rêves
    mais il a été le seul à engager une dynamique dont il serait ridicule de discuter la création. Que va-t-elle devenir je le laisse aux personnes averties, et elles ne manquent pas dans les médias,
    ni les milieux intellectuels ni dans les blogs, pour ne pas parler du café du commerce où lamentablement beaucoup finissent par se retrouver, surtout en matière de divination. Point final.

     Maintenant il y a deux ou trois petites choses auxquelles vous avez d’ores et déjà répondu et que je ne peux pas laisser passer sans répondre.

     « Filoche, ancien trotskyste reconverti au PS (comme Mélenchon, quelle coïncidence) est l’exemple type du gauchiste. Désolé de vous décevoir, mais tous
    les gauchistes ne se trouvent pas chez LO ou le NPA… certains gauchistes ont compris depuis longtemps que le PS offrait de bien meilleures perspectives de carrière. »

    CQFD ! Bien sûr, comment ai-je pu ne pas y penser ? Pendant qu’on y est mettons-y les deux ex-premiers ministres l’ex-lambertiste Jospin, et l’ancien PSU
    Rocard, et ainsi de suite. A vous suivre je me demande bien qui n’est pas gauchiste du moment qu’il se présente à gauche de Bairou. Et puis qu’il a porté ses voix sur Hollande, marquons-le lui
    aussi, du fer rouge pendant qu’on y est, comme certains se sont déjà empressés de faire en le faisant payer le prix. Bref à part le PS, et encore qu’un certain nombre forcément très réduit, tout
    ce qui n’est pas à droite n’est qu’un ramassis de gauchistes plus ou moins mal léchées. Ca y est ! J’ai compris merci seigneur. Enfin la lumière fut !

    Même si pour tel ou tel personnage j’ai bien vie de vous donner raison, est-ce tout ce qu’il faut en déduire? Ca fait maigre, non ?

    A force d’enfermer ce débat dans l’optique gauchiste ou pas gauchiste, ne retenant une telle grille de lecture je doute fort que l’on puisse avancer dans la
    compréhension de ce vrai psychodrame.

     

    « Il y a quand même un signe qui me paraît au contraire pointer en cette direction-là: si les voix de Mélenchon viennent de “la gauche du PS”, que sont devenues
    les voix qui naguère allaient à Besancenot ou Laguillier ? Comment expliquer que la baisse des uns soit presque exactement la montée de l’autre ? »

    Vous avez certainement raison au moins jusqu’à un certain point. Comme de toute façon il n’y a pas moyen de le vérifier avec précision on pourra toujours penser ce
    que l’on veut.

     

    « Dans ce cas, pourquoi faudrait-il oublier le Traité de Maastricht, dont Mélenchon fut un fervent supporter ? »

    Je m’y attendais. Pour faire très très court je dirai qu’il n’y a que les imbéciles etc, etc. Votre proximité avec la perfection, ou quelque chose qui le ressemble,
    paraît vous empêcher de comprendre que dans notre existance il arrive que l’on puisse changer d’avis sans forcément y perdre son âme. Par ailleurs Mélanchon s’est largement exprimé sur la
    question. Je n’ai pas à interpréter ici ses propos.

     

    « C’est vous qui dites mettre le bulletin de vote Mélenchon dans l’urne sans vous poser des questions, simplement parce que vous avez envie de croire. Pas
    moi… »

    Sans me poser des questions ? Je n’ai rien dit de cela. Vous faîtes une fausse et grossière interprétation de mes paroles. J’ai dit « sans trop savoir ni
    pour qui ni pourquoi il le fait. » ce qui ne veut point dire ne pas se poser des questions.

    Bien sûr ! Vous allez voter pour quelqu’un dont vous vous sentez proche dans les idées et dans les objectifs que vous croyez avoir compris. Vous cherchez à en
    savoir davantage, éventuellement vous  le comparez à d’autres candidats. Bref, vous faites ce que vous pouvez pour suivre ce candidat, l’écouter, le lire, j’en passe. Vous
    doutez, vous revenez à lui et vous doutez encore ou pas. Il arrive un moment où tout en étant conscient d’être loin d’avoir toutes les billes, vous avez, ou pas, envie d’y croire.
     Si vous l’avez alors vous lui faîtes confiance et vous allez voter pour ce candidat puis qu’il faut bien prendre une décision, à moins de voter blanc ou nul ou tout simplement
    vous ne mettez pas les pieds dans le bureau de vote. Les gens doivent voter plus ou moins comme ça, je suppose.  Ils y vont tout en sachant, ou se doutant qu’il en est toujours
    beaucoup question d’un chèque en blanc.

    Les gens disais-je du haut de mes certitudes, doivent probablement voter comme ça. Sauf vous bien sûr…et certainement quelques autres je n’en doute pas une
    seconde.

     

    « Faire une campagne centrée exclusivement sur le FN est pour moi une erreur qui nous éloigne du but. Et cela qu’on gagne ou qu’on perde l’élection. Si
    Mélenchon avait gagné, cette stratégie se serait trouvée aux yeux de beaucoup validée, et on aurait persisté dans l’erreur. »

    Si l’épisode Henin-Beaumont m’a semblé contreproductif comme  je l’ai dit. De là à affirmer que la campagne du Front de Gauche était centrée
    exclusivement sur le FN me parait un grossier raccourci que à lui seul est loin d’expliquer les revers du FG, raccourci pas du tout adéquat avec la fine analyse des évènements à laquelle on
    prétend se frotter. Quant à votre théorie de l’erreur, je me suis déjà exprimé, je n’y reviendrai.

     

    «Je pense avoir été plus précis que cela… je ne vois des “gauchistes” que là où je trouve des gens qui sous prétexte de défendre les intérêts des couches
    populaires proposent des politiques qui défendent d’abord et avant tout les intérêts des classes moyennes ».

     Vous avez l’air d’avoir une idée plutôt préc

    • Descartes dit :

      Désolé de ne pas avoir envoyé mon message dans de bonnes conditions. Voici ce avec quoi je me proposais de finir mon message d’avant :

      Over-blog fait ça quand on utilise des polices de caractères autre que la police par défaut utilisée par son éditeur de messages… et il vous l’a fait encore une fois à la fin de ce message!

      Le Parti de Gauche et le Front de Gauche cherchait à combler un vide entre l’extrême gauche et le PS.

      Je ne savais pas qu’il y avait un “vide” entre l’extrême gauche et le PS…

      « Filoche, ancien trotskyste reconverti au PS (comme Mélenchon, quelle coïncidence) est l’exemple type du gauchiste. Désolé de vous décevoir, mais tous les gauchistes ne se trouvent pas chez
      LO ou le NPA… certains gauchistes ont compris depuis longtemps que le PS offrait de bien meilleures perspectives de carrière. » CQFD ! Bien sûr, comment ai-je pu ne pas y penser ?

      Nobody is perfect…

      Pendant qu’on y est mettons-y les deux ex-premiers ministres l’ex-lambertiste Jospin, et l’ancien PSU Rocard, et ainsi de suite.

      On pourrait certainement. Sauf que l’un et l’autre ont explicitement renié les idées de leur jeunesse et se sont convertis non seulement dans les faits, mais aussi dans les idées, à l’économie de
      marché et la concurrence libre et non faussée. Filoche, Mélenchon ou Drai clament au contraire être toujours fidèles aux idées de leur jeunesse…

      A vous suivre je me demande bien qui n’est pas gauchiste du moment qu’il se présente à gauche de Bairou.

      Plein de monde. Il ne me viendrait pas à l’idée par exemple de qualifier de “gauchiste” Chèvenement, Hollande, Gérin, Bocquet, Charasse, ou même Mitterrand, pour ne donner que quelques exemples.

      Et puis qu’il a porté ses voix sur Hollande, marquons-le lui aussi, du fer rouge pendant qu’on y est, comme certains se sont déjà empressés de faire en le faisant payer le prix.

      De qui parlez-vous ? Si vous commencez à marquer au fer rouge tous ceux qui ont porté leur voix sur Hollande, on n’a pas fini de sentir la barbaque cramée…

      Bref à part le PS, et encore qu’un certain nombre forcément très réduit, tout ce qui n’est pas à droite n’est qu’un ramassis de gauchistes plus ou moins mal léchées. Ca y est ! J’ai compris
      merci seigneur. Enfin la lumière fut !

      Vous n’avez rien compris du tout, et vous faites votre numéro de “tous pareils” en ignorant la définition fort précise que j’ai donné du “gauchiste”…

      « Dans ce cas, pourquoi faudrait-il oublier le Traité de Maastricht, dont Mélenchon fut un fervent supporter ? » Je m’y attendais. Pour faire très très court je dirai qu’il n’y a que les
      imbéciles etc, etc.

      Mais Mélenchon n’a pas – ou du moins le prétend-t-il – changé d’avis sur Maastricht. Il veut notamment garder l’élément fondamental de ce traité, la monnaie unique, au point de traiter de
      “maréchalistes” ceux qui voudraient au contraire l’abandonner. Dans toute sa campagne – à une occasion près, occasion sur laquelle je me suis étendu dans un autre papier – il n’est jamais revenu
      sur Maastricht, et il n’a jamais admis “avoir changé d’avis”.

      Votre proximité avec la perfection, ou quelque chose qui le ressemble, paraît vous empêcher de comprendre que dans notre existance il arrive que l’on puisse changer d’avis sans forcément y
      perdre son âme.

      Au contraire: je reconnais à tout le monde le droit de changer d’avis. A condition d’assumer ce changement et d’en expliquer les raisons. Chose que Mélenchon n’a jamais fait.

      Par ailleurs Mélanchon s’est largement exprimé sur la question. Je n’ai pas à interpréter ici ses propos.

      “Largement” ? Pourriez-vous donner un exemple – outre l’exception dont j’ai parlé plus haut, cette phrase prononcé dans un moment d’égarement lors d’une émission de télévision: “sur Maastricht,
      Chèvenement avait raison” – ou Mélenchon se soit exprimé sur Maastricht ?

      « C’est vous qui dites mettre le bulletin de vote Mélenchon dans l’urne sans vous poser des questions, simplement parce que vous avez envie de croire. Pas moi… » Sans me poser des questions
      ? Je n’ai rien dit de cela. Vous faîtes une fausse et grossière interprétation de mes paroles. J’ai dit « sans trop savoir ni pour qui ni pourquoi il le fait. » ce qui ne veut point dire ne pas
      se poser des questions.

      Ah bon ? On peut se poser des questions et continuer à voter sans savoir “ni pour qui ni pourquoi” ? Si vous le dites…

      « Faire une campagne centrée exclusivement sur le FN est pour moi une erreur qui nous éloigne du but. Et cela qu’on gagne ou qu’on perde l’élection. Si Mélenchon avait gagné, cette stratégie
      se serait trouvée aux yeux de beaucoup validée, et on aurait persisté dans l’erreur. » Si l’épisode Henin-Beaumont m’a semblé contreproductif comme  je l’ai dit. De là à affirmer que la
      campagne du Front de Gauche était centrée exclusivement sur le FN me parait un grossier raccourci que à lui seul est loin d’expliquer les revers du FG,

      Ah bon ? A votre avis, sur quoi était centrée la campagne législative du Front de Gauche ?

      «Je pense avoir été plus précis que cela… je ne vois des “gauchistes” que là où je trouve des gens qui sous prétexte de défendre les intérêts des couches populaires proposent des politiques
      qui défendent d’abord et avant tout les intérêts des classes moyennes ».

       Vous avez l’air d’avoir une idée plutôt préc

      Votre message a encore été coupé… pour la n-ième fois, chers lecteurs, utilisez l’éditeur de texte d’Over-blog…

  20. Paul dit :

    Quelle déception, chaque fois que j’entends à présent Melenchon, comme à la soirée électorale hier soir. Quand il est interrogé sur son rôle ou celui des députés du Front de Gauche, euh du PCF en
    fait, mais a-t-il encore son mot à dire dans ces conditions?

    Il se contente de faire part d’une appartenance à “la gauche”. Dans la gauche? Dans l’opposition, sur quoi?

    Il y a tout de même des échéances proches donbt il ne parle pas, ou ne peut pas parler. Et son silence devient assourdissant.

    L’Europe? Quid de la confrontation avec l’Allemagne? De l’enjeu d’une politique de croissance, alors que Eyraud commence déjà à faire passer le message de la rigueur, qui sonne comme une
    capitulation.

    Quid de l’école, là où il n’ya aplus de ministre de l’éducation nationale, si Peillon se définit “ministre des élèves”?

    Quid de la laicité, la question de l’Alsace et du concordat ne semblant plus en débat…

    J’ai peur d’en avoir tant d’autrees de questions qui me préoccupent…

  21. Trubli dit :

    Bonjour Descartes, voici l’interview d’un auteur intéressant :

    http://www.youtube.com/watch?v=Wyx402IXjAQ

    Il partage deux de vos convictions :

    1) qu’il n’existe pas de peuple européen

    2) que le peuple n’aspire pas à la démocratie directe, un état moderne a besoin de représentants, a besoin d’élite, mais le peuple désespère de ses élites.

    Sa définition du gauchisme me semble manquer de précision.

    J’apprécie sa description de l’Union Européenne comme empire, un empire incomplet car incapable de défendre ses frontières et dominé par la République impériale américaine. 

    Je vois que cet article est consacré au sort du front de gauche lors des élections législatives françaises. Moi c’est surtout les élections en Grèce que j’attendais. J’aurais voulu que Syriza
    passe pour accélérer l’effondrement de l’euroland à leur corp défendant. Mais le peuple grec dans sa grande peur a préféré voté pour le parti qui avait truqué les comptes pour rejoindre
    l’euroland.

    Olivier Berruyer fait remarquer que ce sont les plus de 55 ans – brefs les retraités rentiers – qui ont fait gagner la droite. Dans des moments
    comme ça il y a de quoi être fou de rage. Je n’aime pas les vieux, surtout ceux qui avaient 20 ans en 68, car je pense que c’est une des générations les plus débiles que le genre
    humain a enfanté : individualistes, romantiques, égoistes, irrationnels, dépravés (“jouir sans entraves”), gauchistes, etc. 

    • Descartes dit :

      La vidéo est intéressante. Particulièrement la distinction entre “démagogue” et “populiste”.

      2) que le peuple n’aspire pas à la démocratie directe, un état moderne a besoin de représentants, a besoin d’élite, mais le peuple désespère de ses élites.

      Il y a deux aspects à cette question: on peut penser qu’un état moderne a besoin de représentants, et que ces représentants devraient constituer une “élite” – c’est à dire, être les meilleurs –
      et il y a une deuxième position, qui consiste à penser qu’un était moderne a besoin de représentants parce qu’il a besoin d’une médiation entre le pouvoir et le citoyen, sans pour autant penser
      que ces “médiateurs” constituent une élite.

      Personnellement, je pense qu’il faut les deux: il faut une médiation, et c’est encore mieux si ces “médiateurs” sont de qualité.

      Mais le peuple grec dans sa grande peur a préféré voté pour le parti qui avait truqué les comptes pour rejoindre l’euroland.

      En votre âme et conscience, auriez-vous voté pour Syriza, c’est à dire, pour un parti qui proclame son intention de rester dans l’Euro tout en déroulant un programme qui ne peut aboutir qu’à une
      sortie ? Je suis favorable à une sortie de l’Euro, mais je suis favorable à une sortie ordonnée, préparée… je pense que si j’avais été grec, j’aurais hésité à voter pour des gens qui ne savent
      pas où ils vont.

       

  22. marc.malesherbes dit :

    les commentaires 17&18 d’Antonio ainsi que ceux de DSK, m’ont montré que l’on pourrait voir la stratégie politique de JL Mélenchon d’une manière tout à fait différente de celle majoritaire
    dans ce blog, tout en conservant l’analyse globale.

    D’abord, tout le monde paraît à peu près d’accord sur le fait que JL Mélenchon a réussit à fédérer et mobiliser à la fois l’électorat du PCF et l’électorat “gauchiste”. Ce n’est pas rien. Certes
    on peut regretter les bases sur lesquelles il l’a fait. mais il est vraisemblable qu’il n’aurait pas pu le faire sur une autre base. Ce faisant, il a réussi à fédérer le gros des forces à gauche
    du PS, et renvoie les partis trostkistes à l’insignifiance. Cela n’est pour déplaire ni au PCF (qui en bénéficie), ni au PS qui voit un allié défendant activement le vote PS au deuxième tour
    (l’affaiblissement du PCF, c’est une problème pour le PS).

    La satisfaction d’Antonio est tout à fait compréhensible, car JL Mélenchon c’est quand même beaucoup mieux que MG Buffet.

    Certes sa stratégie ne lui permet de reconquérir les classes populaires mais il n’y a que les anciens du PCF (en existe-t-il encore beaucoup ?) qui peuvent le regretter.

    Le parti “potentiel” des classes populaires est le FN. Le veut-il ? Y arrivera-t-il ? pour faire quoi ? Je ne sais pas.

    • Descartes dit :

      Certes sa stratégie ne lui permet de reconquérir les classes populaires mais il n’y a que les anciens du PCF (en existe-t-il encore beaucoup ?) qui peuvent le regretter.

      Oserais-tu insinuer que l’ensemble de la gauche bienpensante est satisfaite de voir laisser les classes populaires au FN ?

  23. dsk dit :

    “Vous oubliez de préciser que dans ce cas vous expliquez les objectifs d’un homme politique aujourd’hui sur la base d’un texte vieux de six ans et écrit dans un contexte totalement
    différent.”

     

    Qu’appelez-vous un “contexte totalement différent” ? Le fait qu’entre-temps, Mélenchon a quitté le P.S. pour créer le Front de Gauche ? Mais ceci s’inscrit, au contraire, dans la droite
    ligne de son texte de 2006. En effet, que se passe-t-il après ce texte, si ma mémoire est bonne ? Et bien, précisément, la “gauche des ruptures”, alias “du non”, alias “antilibérale”, se monte
    incapable de désigner son candidat de rassemblement pour la présidentielle de 2007. Ségolène Royal, n’ayant pas suffisamment de réserves de voix à gauche, en est réduite à improviser une danse
    des sept voiles humiliante devant Bayrou, au grand dam de Mélenchon. Après sa défaite, les socialistes envisagent de plus en plus sérieusement de construire l’alliance au centre pour gagner en
    2012. C’en est trop pour Mélenchon, qui décide alors de prendre lui-même en main ce rassemblement de la “gauche des ruptures” qu’il appelle des ses voeux. Il crée donc le Front de Gauche. Tout
    cela est expliqué en long et en large sur son blog.    

     

    “Eh bien, il est parvenu à être celui qui fait gagner la gauche. Son plan – si je suis votre hypothèse – a réussi.”

     

    Je ne fais qu’expliquer sa stratégie. Je ne dis aucunement qu’elle a réussi. Ainsi que vous l’avez vous-même expliqué, le P.S. aurait probablement gagné sans le Front de gauche, même si Mélenchon
    tente bien évidemment de soutenir le contraire.

    • Descartes dit :

      Qu’appelez-vous un “contexte totalement différent” ?

      Le fait que lorsque ce texte était écrit Mélenchon, en tant que dirigeant du PS, avait beaucoup à gagner d’une victoire de ce parti et de sa domination sur l’ensemble de la gauche, et
      qu’aujourd’hui, en tant que dirigeant d’un Parti marginal, il a au contraire tout à redouter de la position dominante du PS. Ne trouvez-vous pas que cela peut changer la perspective d’un homme
      politique ?

      Mais ceci s’inscrit, au contraire, dans la droite ligne de son texte de 2006. En effet, que se passe-t-il après ce texte, si ma mémoire est bonne ? Et bien, précisément, la “gauche des
      ruptures”, alias “du non”, alias “antilibérale”, se monte incapable de désigner son candidat de rassemblement pour la présidentielle de 2007. Ségolène Royal, n’ayant pas suffisamment de réserves
      de voix à gauche, en est réduite à improviser une danse des sept voiles humiliante devant Bayrou, au grand dam de Mélenchon. Après sa défaite, les socialistes envisagent de plus en plus
      sérieusement de construire l’alliance au centre pour gagner en 2012. C’en est trop pour Mélenchon, qui décide alors de prendre lui-même en main ce rassemblement de la “gauche des ruptures” qu’il
      appelle des ses voeux. Il crée donc le Front de Gauche. Tout cela est expliqué en long et en large sur son blog.    

      Et je vous repose la question de tout bon détective: quel est le mobile ? En d’autres termes, qu’est ce que monsieur Mélenchon gagne, à titre personnel autant qu’en termes politiques, avec cet
      acte ? Si vous laissez de côté la théorie du complot – i.e. que Mélenchon est un sous-marin du PS qui sera recompensé après un delai de décence raisonnable – il ne vous reste que la théorie de
      l’acte désintéressé… pensez-vous que celle-ci cadre avec la trajectoire de Mélenchon ?

       

  24. Pereira Nunes dit :

    Encore désolé d’avoir raté l’envoi de mon dernier message.

    Quand je parlais de ” voter sans savoir ni pour qui n’y pourquoi” il s’agissait de dire en forçant le trait que, à moins d’avoir une approche d’expert il est difficile d’avoir une pleine
    objectivité au moment du vote. L’adéquation entre ce que l’on souhaite et le candidat choisi tenant à tellement de affects que finalement on pourrait se demander si pour qui voire même pourquoi
    on vote. Je ne serais pas surpris que cette interrogation, cette percéption de la responsabilité individuelle face à l’acte de voter ne puisse expliquer une certaine abstention.

  25. Jard dit :

    Je n’ai plus accès aux commentaires à partir du 17 ème.

    Salutations.

  26. Jard dit :

    Toujours impossible de vous lire. didier.bous@orange.fr.

    • Descartes dit :

      Vous avez raison, il se passe des choses bizarres lorsque vous essayez de lire avec Microsoft Internet Explorer. Par contre, avec Firefox ca marche impeccable… je vais envoyer un avis de
      problème à Over-blog

  27. marc.malesherbes dit :

    “la gauche bienpensante est satisfaite de voir laisser les classes populaires au FN ?”

    je ne dirai pas cela.
    Tout le monde veut “tous les électeurs”, et le PS, JLM comme les autres souhaiteraient avoir autant d’électeurs que possibles d’ou qu’ils viennent.

    Seulement il faut une “stratégie” électorale qui veuille dire “quelque chose” pour donner envie de voter pour soi. Et du coup, si on attire, on repousse

    également. D’ou l’art de l’ambiguité, pour attirer le plus possible, sans déplaire à tel ou tel.

    On peut dire que le PS réussit encore pas mal avec les classes populaires. Mais comme l’a bien théorisé Terra Nova, et avant, le fameux D Strauss-Kahn,
    ce n’est pas sa cible prioritaire. Paradoxalement c’est beaucoup plus celle de l’UMP (mais oui, avec N Sarkozy et le “travailler plus pour gagner plus”, la droite populaire …) et du FN.

    Mais ce qui m’intrigue, c’est ce qu’est aujourd’hui le noyau des électeurs du PCF. Pour le voir clairement, il faut analyser les votes de MG Buffet aux
    élections présidentielles de 2007. On constate (à ma surprise) que ce n’est déjà plus un vote populaire: le seul point fort de son électorat, ce sont les enseignants !
    (http://www.cevipof.com/PEF/2007/V1/R15995_V1P1_Detail_Vol_02.pdf). Autrement dit peu de chose sépare sociologiquement ce vote de celui du PS.

    Si on regarde le vote JL Mélenchon de 2012 (1er tour présidentielle) on constate sa “percée” chez les ouvriers, environ 15% et les jeunes, environ  16% chez les moins de 24 ans et les moins
    favorisés (voir les tranches de revenus; les chômeurs). C’est donc un vote “ouvrier et d’avenir”. C’est vraiment pas mal, surtout si on le cumule avec un résultat d’ensemble élevé (11%) (voir
    Sondage OpinionWay – Fiducial pour Le Figaro, 10400 répondants). Et surtout c’est un vote plus populaire que celui du PCF, version MG Buffet.

    En résumé, bien que pas trop en phase et le personnage et ses orientations, je comprend que l’on puisse s’enthousiasmer pour lui et croire en son avenir (j’admire en particulier son habileté à
    dire qu’il veut de l’Europe et de l’euro, (ce qui rassure), tout en préconisant un tas de mesures incompatibles (ce qui plaît): c’est l’art de l’ambiguité)

    • Descartes dit :

      Autrement dit peu de chose sépare sociologiquement ce vote [celui du PCF] de celui du PS.

      J’en suis arrivé à la même conclusion. C’est d’ailleurs ce qui explique que les bons résultats du Front de Gauche aux législatives ne se traduisent pas en gain de sièges: le FdG gagne des voix
      dans les circonscriptions ou le PS en gagne aussi, ce qui fait que ses candidats, malgré les gains, passent derrière les candidats du PS au premier tour.

      Si on regarde le vote JL Mélenchon de 2012 (1er tour présidentielle) on constate sa “percée” chez les ouvriers, environ 15% et les jeunes, environ  16% chez les moins de 24 ans et les
      moins favorisés (voir les tranches de revenus; les chômeurs). C’est donc un vote “ouvrier et d’avenir”.

      “Percée” par rapport à quoi ? Faire 15% parmi les ouvriers quand on fait 11% sur la population en moyenne, ce n’est pas ce que j’appelle une “percée”. Quand aux jeunes, je ne vois pas en quoi ce
      serait un “vote d’avenir”. Les jeunes ne restent pas jeunes éternellement, et leur vote change. L’extrême gauche a toujours capitalisé un vote jeune, et cela ne lui a donné aucun “avenir”…

      En résumé, bien que pas trop en phase et le personnage et ses orientations, je comprend que l’on puisse s’enthousiasmer pour lui et croire en son avenir (j’admire en particulier son habileté
      à dire qu’il veut de l’Europe et de l’euro, (ce qui rassure), tout en préconisant un tas de mesures incompatibles (ce qui plaît): c’est l’art de l’ambiguité)

      Je ne doute pas de son habilité. Il a bien retenu les leçons de Mitterrand. Seulement, je vois mal comment sur de telles bases on peut faire une politique qui ne soit pas celle de
      Mitterrand…

  28. dsk dit :

    “Si vous laissez de côté la théorie du complot – i.e. que Mélenchon est un sous-marin du PS qui sera recompensé après un delai de décence raisonnable – il ne vous reste que la théorie de
    l’acte désintéressé… pensez-vous que celle-ci cadre avec la trajectoire de Mélenchon ?”

     

     

    Oui. Vous voyez bien que je n’ai vraiment rien d’un théoricien du complot, même si je pense que les complots existent, souvenez-vous en effet de ce qui m’est arrivé à New-York.

    Toutefois, j’y mettrais deux nuances importantes. La première est que le calcul, chez un homme politique, rencontre certaines limites. On est quand même obligé, si l’on veut que nos troupes nous
    suivent, que nos actes paraissent un minimum cohérents avec nos discours. Ceux-ci nous obligent en quelque sorte, même si nous n’en pensons pas un traître mot.

    Or Jean-Luc Mélenchon s’est toujours présenté comme un homme de la gauche du parti socialiste, si bien que la nette “droitisation” de celui-ci après 2007, avec notamment la perspective de ma
    future candidature à la présidentielle, l’a contraint à en démissionner, s’il voulait pouvoir continuer à exister en tant que représentant de la “vraie” gauche.

    Le second bémol à ce caractère “désinteréssé” de la démarche de mon ex-camarade est que si d’aventure la crise prend de l’ampleur, elle pourrait bien le conduire à des scores analogues à ceux de
    ses homologues de Syriza, sans qu’il ait besoin pour cela réaliser l’ingrat travail programmatique de fond que l’homme austère et intègre que vous êtes appelez de vos voeux. Or à 20%, pourquoi
    pas même 25% de l’électorat, mes ex-camarades socialistes pourront-ils continuer à l’ignorer si superbement ?

    • Descartes dit :

      “Si vous laissez de côté la théorie du complot – i.e. que Mélenchon est un sous-marin du PS qui sera recompensé après un delai de décence raisonnable – il ne vous reste que la théorie de
      l’acte désintéressé… pensez-vous que celle-ci cadre avec la trajectoire de Mélenchon ?” Oui. Vous voyez bien que je n’ai vraiment rien d’un théoricien du complot,

      Peut-être. Mais je suis obligé de conclure que vous êtes un assez mauvais psychologue… dans la carrière de Jean-Luc Mélenchon il n’y a pas un évènement, un seul, où il ait pris des risques ou
      sacrifié ses intérêts politiques sans attendre un retour. J’ai beaucoup de mal à croire à un Mélenchon jouant les martyrs pour faire gagner “la gauche”…

      Toutefois, j’y mettrais deux nuances importantes. La première est que le calcul, chez un homme politique, rencontre certaines limites. On est quand même obligé, si l’on veut que nos troupes
      nous suivent, que nos actes paraissent un minimum cohérents avec nos discours.

      Vraiment ? Pensez-vous par exemple que les actes de Mitterrand étaient “un minimum cohérents avec ses discours” ? Je rigole… Non: pour que nos troupes nous suivent, il suffit qu’elles aient
      envie de croire que nous sommes cohérents. C’est cette envie de croire qui permet d’abolir tout sens critique et qui fabrique les grandes victoires… Mais je m’égare: dans le cas présent, tout
      le monde aura oublié les paroles de Mélenchon en 2006. Croire qu’il aurait été se sacrifier pour le PS avec pour seule motivation de garder une cohérence avec un discours de congrès que tout le
      monde a oublié est, je pense, une erreur. Il y a eu, bien entendu, des gens qui se sont fabriqués un personnage et qui se sont sentis tenus ensuite de se sacrifier au personnage qu’ils avaient
      créé. C’est le cas de De Gaulle, mais certainement pas de Mélenchon.

      Or Jean-Luc Mélenchon s’est toujours présenté comme un homme de la gauche du parti socialiste, si bien que la nette “droitisation” de celui-ci après 2007, avec notamment la perspective de ma
      future candidature à la présidentielle, l’a contraint à en démissionner, s’il voulait pouvoir continuer à exister en tant que représentant de la “vraie” gauche.

      Vous savez… je ne voudrais pas vous offenser, mais si Mélenchon a pu estomaquer la candidature de l’ancien collabo, l’ancien “Algérie Française”, l’ancien OAS qu’était Mitterrand sans sentir
      que sa réputation d’homme de gauche était en danger, je ne pense pas qu’il aurait démissionner rien que pour réagir à votre candidature…et même s’il l’avait fait, je ne vois pas pourquoi après
      l’avoir fait il aurait été contribuer à la victoire de ce même parti “droitisé” qu’il s’était senti obligé de quitter.

      Le second bémol à ce caractère “désinteréssé” de la démarche de mon ex-camarade est que si d’aventure la crise prend de l’ampleur, elle pourrait bien le conduire à des scores analogues à ceux
      de ses homologues de Syriza, sans qu’il ait besoin pour cela réaliser l’ingrat travail programmatique de fond que l’homme austère et intègre que vous êtes appelez de vos voeux.

      Je ne le crois pas. La Grèce n’est pas la France, et le rôle de l’Etat et du politique n’est pas le même dans les deux pays. Les français pourraient être tentés d’amener au pouvoir un parti
      n’ayant pas de programme économique crédible en temps d’abondance. Mais en temps de crise, ils ont chaque fois privilégié la compétence technique.

       

       

  29. dsk dit :

    il n’y a pas un évènement, un seul, où il ait pris des risques ou sacrifié ses intérêts politiques sans attendre un retour. J’ai beaucoup de mal à croire à un Mélenchon jouant les martyrs
    pour faire gagner “la gauche”…

     

    Je ne vous comprends pas. Où ai-je dit qu’il n’attendait pas un retour ou qu’il jouait les martyrs ? Lorsque je vous confirme que je le crois désintéressé, je veux simplement dire par là que je
    crois qu’il agit selon ses convictions, ou en tout cas selon celles qu’il affiche.

     

    Croire qu’il aurait été se sacrifier pour le PS avec pour seule motivation de garder une cohérence avec un discours de congrès que tout le monde a oublié est, je pense, une erreur.

     

    Même remarque. En quoi ai-je dit qu’il aurait été se sacrifier ? Je ne vous cache pas que j’ai l’impression que cette discussion tourne un peu au dialogue de sourds. Peut-être cela tient-il à un
    malentendu quant à mon postulat de départ ? Lorsque je vous disais : ” Il s’agit de “rassembler la gauche des ruptures” en vue de faire gagner, non pas la dite “gauche des ruptures”, comme
    certains de ses supporters pourraient naïvement le penser, mais la gauche en général, et le parti socialiste en particulier…”, il ne s’agissait pas d’une théorie du complot selon laquelle
    Mélenchon serait un “sous-marin” des socialistes, ou un “martyr” désintéressé de la cause socialiste. Je voulais juste pointer une contradiction, dont il me semble que certains de ses supporters
    n’ont pas conscience : Mélenchon veut la victoire de la gauche en général, et non celle du Front de gauche, qui n’en constitue à ses yeux que le moyen. Or imagine-t-on, par exemple, que Georges
    Marchais n’ait conçu le PCF que comme un outil au service de la victoire du programme commun ?   

    • Descartes dit :

      Je ne vous comprends pas. Où ai-je dit qu’il n’attendait pas un retour ou qu’il jouait les martyrs ?

      Je vous ai posé la question plusieurs fois: quel est l’avantage – je parle d’un véritable avantage personnel ou politique, pas du plaisir du devoir accompli – que Mélenchon pourrait tirer du fait
      de fédérer la “gauche des ruptures” pour la mettre électoralementau service du PS. Vous n’avez jamais répondu. J’en ai déduit que pour vous il n’attendait aucun retour.

      Lorsque je vous confirme que je le crois désintéressé, je veux simplement dire par là que je crois qu’il agit selon ses convictions, ou en tout cas selon celles qu’il affiche.

      En d’autres termes, qu’il aurait tout sacrifié sans rien attendre en retour. Exactement le contraire de ce qu’il a fait depuis qu’il est en politique. Pensez-vous vraiment que ce soit crédible ?

      Même remarque. En quoi ai-je dit qu’il aurait été se sacrifier ?

      Relisez ce que vous écrivez, s’il vous plait. Vous admettez plus haut qu’il n’attend rien en retour. En d’autres termes, pour vous il aurait jeté par dessus bord sa carrière de dirigeant du PS –
      avec toutes les opportunités que cela offre – en échange de rien. Si ce n’est pas du sacrifice, c’est quoi à votre avis ?

      Je voulais juste pointer une contradiction, dont il me semble que certains de ses supporters n’ont pas conscience : Mélenchon veut la victoire de la gauche en général, et non celle du Front
      de gauche, qui n’en constitue à ses yeux que le moyen.

      Encore une fois, c’est une théorie qui ne s’appuie que sur l’idée qu’un texte écrit il y a six ans lorsque ce qu’il proposait était dans son intérêt reste valable pour interpréter sa conduite
      d’aujourd’hui, alors qu’il n’a plus aucun intérêt à faire valoir….

  30. dsk dit :

    “et même s’il l’avait fait, je ne vois pas pourquoi après l’avoir fait il aurait été contribuer à la victoire de ce même parti “droitisé” qu’il s’était senti obligé de quitter.”

     

    Parce qu’ils pensent, à juste titre sans doute, que ses ex-camarades socialistes n’ont d’autres convictions que celles qui assurent leur élection. Dès lors, si ceux-ci voient que la stratégie
    gauchisante de Mélenchon contribue à leur victoire mieux que la stratégie droitisante de moi-même, ils se mélenchonneront.

     

    “Les français pourraient être tentés d’amener au pouvoir un parti n’ayant pas de programme économique crédible en temps d’abondance. Mais en temps de crise, ils ont chaque fois privilégié la
    compétence technique.”

     

    Puisse Saint-Mitterrand vous entendre.

    • Descartes dit :

      Parce qu’ils pensent, à juste titre sans doute, que ses ex-camarades socialistes n’ont d’autres convictions que celles qui assurent leur élection. Dès lors, si ceux-ci voient que la stratégie
      gauchisante de Mélenchon contribue à leur victoire mieux que la stratégie droitisante de moi-même, ils se mélenchonneront.

      Certainement pas: ce que ses “ex camarades socialistes” verront, c’est que ce qui assure leur élection c’est précisement que le PS a une stratégie “droitisante” (qui lui permet de ramasser des
      électeurs au centre droit et au centre gauche) et que la “gauche radicale” leur amène gentiment ses voix sans rien demander en échange. Dans ces conditions, pourquoi diable se “melenchonneraient”
      ils ? Pourquoi changer une stratégie gagnante ?

      Puisse Saint-Mitterrand vous entendre.

      Si Saint-Mitterrand m’entends… désolé, mais j’allais dire une grossiérété.

  31. dsk dit :

    “En d’autres termes, pour vous il aurait jeté par dessus bord sa carrière de dirigeant du PS – avec toutes les opportunités que cela offre – en échange de rien. Si ce n’est pas du sacrifice,
    c’est quoi à votre avis ?”

     

    Ce n’est absolument pas ce que j’ai dit. Mais si je vous suis bien, vous pensez, de votre côté, que Mélenchon aurait forcément “jeté par dessus bord sa carrière de dirigeant du PS – avec
    toutes les opportunités que cela offre” en échange de quelque chose. Mais de quoi selon vous ? S’agirait-il de la promotion que représente son poste de leader du F.D.G., par rapport à son
    peu enviable statut d’emmerdeur gauchiste isolé au P.S. ? Et bien je n’ai jamais dit l’inverse, il me semble…

    Ceci dit, cher Descartes, si mon hypothèse vous ennuie, je propose à présent que nous en restions là. Pour ma part, je pense vous avoir exprimé suffisamment clairement mes vues. Si je ne vous ai
    pas convaincu, tant pis pour moi… 

     

    • Descartes dit :

      Ce n’est absolument pas ce que j’ai dit.

      Décidez vous. D’un côté, vous admettez que Mélenchon ne peut attendre de son geste aucun retour autre que la satisfaction morale. De l’autre côté, quand je tire la conclusion évidente qu’il a
      accepté de perdre tout ce qu’il avait au PS en échange de cette seule satisfaction, vous me dites “je n’ai pas dit ça”. Je vous repose la question pour la n-ième fois: pensez-vous, oui ou non,
      que Mélenchon attend une quelconque récompense pour avoir ramené les brebis de la “gauche radicale” dans l’enclos PS ? Et si la réponse est “non”, alors quelle est sa motivation ?

      Mais si je vous suis bien, vous pensez, de votre côté, que Mélenchon aurait forcément “jeté par dessus bord sa carrière de dirigeant du PS – avec toutes les opportunités que cela offre” en
      échange de quelque chose. Mais de quoi selon vous ? S’agirait-il de la promotion que représente son poste de leader du F.D.G

      Non, je ne le crois pas. Je pense que Mélenchon a véritablement cru qu’il pouvait faire du FdG une organisation politique capable de disputer le leadership de la gauche au PS ou du moins de le
      menacer suffisamment pour négocier avec un rapport de forces favorable un partage du pouvoir. Lorsqu’il a dit “je ne participerais pas à un gouvernement que je ne dirigerais pas” je pense qu’il
      croyait intimement pouvoir arriver à le diriger. Pour arriver à cette conclusion, outre ma connaissance du personnage, je m’appuie sur la manière dont les “commentaires” sur son blog sont
      filtrés: promenez-vous un peu la bas, vous remarquerez le grand nombre d’interventions donnant comme “évidente” sa présence au deuxième tour, voir son élection à la présidence de la République.
      Vous me direz qu’il y a toujours des crétins pour écrire n’importe quoi. Certes. Mais pourquoi laisser ces crétins publier, alors que les messages appelant à une appréciation plus réaliste de la
      situation étaient impitoyablement censurés ?

      Pour ma part, je pense vous avoir exprimé suffisamment clairement mes vues.

      Pas vraiment, en fait. J’ai compris qu’à votre avis Mélenchon quitte le PS pour “rassembler la gauche des ruptures” et ramener ces voix vers son parti d’origine. Mais pour ce geste vous avez
      proposé une motivation unique: la cohérence avec un écrit datant de six ans. Et chaque fois que j’ai essayé d’expliciter cette vision en vous faisant remarquer que cela impliquait un sacrifice
      considérable sans espoir du moindre retour, vous me répondez “je n’ai pas dit ça”… tout en réaffirmant qu’il n’y a le moindre retour à espérer. J’avoue que j’ai du mal à
      comprendre…

  32. BODET dit :

    Le problème du FRONT DE GAUCHE , c ‘ est qu ‘ il méprise tout ce qui n ‘ est pas lui !

    Et donc les résultats electoraux sont conformes à une réalité ignorée par lui . Salutations

  33. stu dit :

    Cher Descartes,

    J’ai une question un peu hors-sujet. Qu’est-ce que tu penses du POI ?

  34. dsk dit :

    Bon. J’en déduis que mon hypothèse ne vous ennuie peut-être pas tant que ça, puisque vous semblez ainsi vouloir poursuivre la discussion.

     

     

    “J’ai compris qu’à votre avis Mélenchon quitte le PS pour “rassembler la gauche des ruptures” et ramener ces voix vers son parti d’origine.”

     

     

    Peut-être toute notre difficulté à nous comprendre vient-elle de là. Je ne dis pas qu’il veut ramener les voix de la “gauche des ruptures” vers son parti d’origine. Je dis qu’il veut faire gagner
    la gauche, ce qui inclut son parti d’origine, mais aussi la “gauche des ruptures”. Je pense en effet que Mélenchon a bien conscience que l’extrême
    gauche ne saurait, à elle seule, arriver au pouvoir. Or Mélenchon, et c’est ce qui explique la très longue présence de ce “gauchiste” dans ce “parti de gouvernement” qu’était le Parti Socialiste,
    veut que la gauche   exerce effectivement le pouvoir.

    Mais une contradiction apparaît alors, que je cherchais à mettre en lumière dans mon premier message. La vraie cause de Mélenchon, c’est donc l’union des gauches en vue de mettre la gauche au
    pouvoir. Or comment conduire les troupes de la “gauche des ruptures”, lorsque l’on ne souhaite soi-même, en réalité, que gouverner avec les socialistes bourgeois ? 

     

     

    “Lorsqu’il a dit “je ne participerais pas à un gouvernement que je ne dirigerais pas” je pense qu’il croyait intimement pouvoir arriver à le diriger. Pour arriver à cette conclusion, outre ma
    connaissance du personnage, je m’appuie sur la manière dont les “commentaires” sur son blog sont filtrés: promenez-vous un peu la bas, vous remarquerez le grand nombre d’interventions donnant
    comme “évidente” sa présence au deuxième tour, voir son élection à la présidence de la République. Vous me direz qu’il y a toujours des crétins pour écrire n’importe quoi. Certes. Mais pourquoi
    laisser ces crétins publier, alors que les messages appelant à une appréciation plus réaliste de la situation étaient impitoyablement censurés ?”

     

     

    Tout ceci illustre parfaitement mes propos précédents. La grande difficulté, pour Mélenchon, était de convaincre ses troupes récalcitrantes du bien fondé d’un report au deuxième tour sur François
    Hollande. Pour mieux faire passer la pilule, il a dès lors conçu d’afficher la conviction délirante qu’il avait lui-même des chances sérieuses d’arriver au deuxième tour. La question pouvait
    alors se renverser : et vous, messieurs les socialistes, si je suis au deuxième tour, appelerez-vous à voter pour moi ? Et voilà comment la question gênante du report sur Hollande au deuxième
    tour se trouvait escamotée. Il n’était plus question d’une soumission au P.S. de Mélenchon, mais au contraire d’une soumission du P.S. à Mélenchon.

    • Descartes dit :

      Bon. J’en déduis que mon hypothèse ne vous ennuie peut-être pas tant que ça, puisque vous semblez ainsi vouloir poursuivre la discussion.

      Aucune hypothèse ne m’ennuie… mais comm je vous l’ai dit, je n’arrive pas à comprendr la votre.

      Peut-être toute notre difficulté à nous comprendre vient-elle de là. Je ne dis pas qu’il veut ramener les voix de la “gauche des ruptures” vers son parti d’origine. Je dis qu’il veut faire
      gagner la gauche, ce qui inclut son parti d’origine, mais aussi la “gauche des ruptures”.

      C’est une impossibilité physique. Un pays ne peut appliquer simultanément deux politiques contradictoires. Quand le PS gagne (et c’est cela que Mélenchon entend dans son écrit de 2006 par “la
      gauche”), on fait la politique du PS, qui ne se distingue pas précisement par ses “ruptures”. Et si la “gauche des ruptures” venait à gagner un jour, on imagine l’horreur dans les rangs du PS.

      Je pense en effet que Mélenchon a bien conscience que l’extrême gauche ne saurait, à elle seule, arriver au pouvoir. Or Mélenchon, et c’est ce qui explique la très longue présence de ce
      “gauchiste” dans ce “parti de gouvernement” qu’était le Parti Socialiste, veut que la gauche   exerce effectivement le pouvoir.

      Tout ça, c’est de la pure supposition. La plupart des gauchistes qui sont allés au PS l’ont fait pour se faire une carrière, pour goûter aux joies du pouvoir, et accessoirement pour faire la
      carrée au PCF, leur ennemi de toujours. Je pense que l’idée que “la gauche” dans son ensemble exerce le pouvoir leur était parfaitement indifférente. D’ailleurs, une fois qu’ils ont été au PS ils
      ont été généralement les plus ardents partisans de la politique hégémonique du PS sur la gauche.

      Tout ceci illustre parfaitement mes propos précédents. La grande difficulté, pour Mélenchon, était de convaincre ses troupes récalcitrantes du bien fondé d’un report au deuxième tour sur
      François Hollande.

      On revient toujours à la même question. Pourquoi Mélenchon aurait-il voulu “convaincre les troupes récalcitrantes du report sur François Hollande” ? Qu’avait-il à gagner ? Vous avez dejà admis
      qu’il ne pouvait rien attendre du PS. Mais alors, pourquoi le ferait-il ?

      Je ne crois pas un instant que l’objectif de Mélenchon ait été de faire voter pour le PS au deuxième tour. S’il a appellé ses troupes à le faire, c’est parce qu’il sait très bien que ne pas le
      faire aurait été un casus belli, avec le PS bien entendu mais aussi avec le PCF.

       

       

  35. dsk dit :

    “Je pense que Mélenchon a véritablement cru qu’il pouvait faire du FdG une organisation politique capable de disputer le leadership de la gauche au PS ou du moins de le menacer suffisamment
    pour négocier avec un rapport de forces favorable un partage du pouvoir.”

     

    Je le pense aussi. Mais c’était sans compter l’anti-sarkozysme, qui a permis cette fois au P.S. de se passer de son aide.

  36. dsk dit :

    J’avais dit : “Or Mélenchon, et c’est ce qui explique la très longue présence de ce “gauchiste” dans ce “parti de gouvernement” qu’était le Parti Socialiste, veut que la gauche exerce
    effectivement le pouvoir.”

    A quoi vous avez répliqué : “Tout ça, c’est de la pure supposition. La plupart des gauchistes qui sont allés au PS l’ont fait pour se faire une carrière, pour goûter aux joies du
    pouvoir,”

     

     

    Et bien je vous réponds que pour “gôuter aux joies du pouvoir”, encore faut-il justement que son parti l’exerce. Or je vous rappelle que Mélenchon, en 2006, pensait que si le P.S. voulait
    retrouver le pouvoir, il fallait que la “gauche des ruptures” se rassemble, analyse qui lui a semblé être confirmée par la défaite de Ségolène en 2007. Dès lors, s’il voulait goûter aux joies du
    pouvoir, il lui fallait impérativement, selon son analyse, procéder à ce rassemblement de la gauche des ruptures, que personne d’autre que lui ne semblait en mesure de réaliser. L’ironie, bien
    sûr, est qu’à présent qu’il n’est plus au P.S., celui-ci a retrouvé les joies du pouvoir, cependant que lui-même, qui prétend pourtant être celui qui a fait battre Sarkozy, s’en trouve exclu.
    Mais il ne s’agit pas là d’un sacrifice sublime au profit du P.S.. Il s’agit de l’effet de l’erreur d’analyse de départ de Mélenchon, qui avait sous-estimé l’anti-sarkozysme.

    • Descartes dit :

      Et bien je vous réponds que pour “gôuter aux joies du pouvoir”, encore faut-il justement que son parti l’exerce.

      Exactement. Quel est le sens alors de quiter le PS pour aller rassembler la “gauche du refus” pour permettre au PS d’aller au pouvoir alors qu’on n’est plus membre ?

      Dès lors, s’il voulait goûter aux joies du pouvoir, il lui fallait impérativement, selon son analyse, procéder à ce rassemblement de la gauche des ruptures, que personne d’autre que lui ne
      semblait en mesure de réaliser. L’ironie, bien sûr, est qu’à présent qu’il n’est plus au P.S., celui-ci a retrouvé les joies du pouvoir, cependant que lui-même, qui prétend pourtant être celui
      qui a fait battre Sarkozy, s’en trouve exclu.

      Et vous croyez vraiment que Mélenchon n’a pas anticipé ce que vous appelez une “ironie” ? Croyez vous vraiment qu’il se dit “pour que le PS soit au pouvoir, il faut que je quitte le PS pour
      rassembler la gauche des ruptures”, et qu’une fois que ce fut fait il se dit “merde, j’ai oublié que je ne suis plus au PS” ?

      Mais il ne s’agit pas là d’un sacrifice sublime au profit du P.S.. Il s’agit de l’effet de l’erreur d’analyse de départ de Mélenchon, qui avait sous-estimé l’anti-sarkozysme.

      En d’autres termes, sa stratégie n’a rien à voir avec son texte de 2006.

  37. dsk dit :

    “Quel est le sens alors de quiter le PS pour aller rassembler la “gauche du refus” pour permettre au PS d’aller au pouvoir alors qu’on n’est plus membre ?”

     

     

    Aucun, car je crois profondément que Mélenchon est un semi-dément. N’oubliez pas que vous l’avez comparé, fort justement, à Jeanne d’Arc. Peut-être a-t-il entendu des voix ? Peut-être
    Saint-Mitterrand en personne lui est-il apparu et lui a-t-il enjoint de sauver la gauche ? Nul ne le sait. Je pense que ceci restera à jamais connu dans l’histoire comme “l’énigme de
    Saint-Mélenchon”.

    Toutefois, si je cherche à présent une explication plus rationnelle, je dirais que vous avez vous-même fourni une grande partie de la réponse. En effet, lorsque je vous ai demandé en échange de
    quoi, selon vous, Mélenchon avait jeté par dessus bord sa brillante carrière de casse-pied au P.S., vous m’avez répondu : “Je pense que Mélenchon a véritablement cru qu’il pouvait faire du
    FdG une organisation politique capable de disputer le leadership de la gauche au PS ou du moins de le menacer suffisamment pour négocier avec un rapport de forces favorable un partage du
    pouvoir.”. Voici donc en quoi sa sortie du PS pour créér le FdG n’excluait pas, pour le moins, qu’il puisse par la suite goûter aux joies du pouvoir.

    Néanmoins, imaginons maintenant que fort de ses 11% aux présidentielles, il n’ait pas donné de consignes de vote à ses électeurs. C’était alors se transformer en une sorte de F.N. de gauche, or
    dois-je vous rappeler que ce dernier, avec 18% des voix aux présidentielles, n’a obtenu que deux sièges à l’Assemblée Nationale ?

    • Descartes dit :

      Aucun, car je crois profondément que Mélenchon est un semi-dément.

      Comme vous y allez, mon cher…

      N’oubliez pas que vous l’avez comparé, fort justement, à Jeanne d’Arc. Peut-être a-t-il entendu des voix ? Peut-être Saint-Mitterrand en personne lui est-il apparu et lui a-t-il enjoint de
      sauver la gauche ? Nul ne le sait.

      Certes, mais tout de même. Connaissant le personnage et sa trajectoire, je peux vous dire qu’il n’est pas du genre à entendre des voix, et encore moins à leur faire confiance. C’est un opérateur
      politique qui a les pieds bien sur terre, habitué à survivre dans les magouilles de courants et contre-courants du PS, expérience qui vous vaccine définitivement contre l’idéalisme. Ce n’est pas
      parce que Mélenchon tient un discours d’illuminé avec conviction qu’il croit vraiment ce qu’il dit. 

      Personnellement, je pense que l’attitude de Mélenchon n’est en rien celle d’un “sémi-dément”, au contraire, elle est parfaitement rationnelle. Seulement, elle part d’une analyse erronnée de la
      réalité des rapports de force. Après la défaite de Ségolène Royal, il a cru à tort que le modèle du “parti d’élus” du PS était épuisé, et que la situation était mûre pour détourner l’électorat
      situé “à la gauche du PS”. Le projet initial du Front de Gauche était celui-là: le PCF apportait la caution permettant de séduire l’électorat communiste, la GU l’électorat de l’extrême gauche, et
      le PG “captait” l’élécteur socialiste en rupture avec l’idéologie “sociale-libérale”. C’est cet éclairage qui permet le mieux de comprendre pourquoi le Front de Gauche n’a guère fait d’effort
      pour conquérir l’électorat populaire et l’arracher au FN. Sa “cible”, c’était de rassembler l’électorat allant de la gauche du PS à l’extrême gauche. C’est avec cet éclairage qu’on peut
      comprendre pourquoi le langage du Front de Gauche a été construit pour s’adresser à un électorat de classe moyennes, vaguement gauchiste, intéressé essentiellement par les questions sociétales.

      Le problème, c’est que Mélenchon s’est trompé: la liquéfaction du PS n’est pas pour demain, et l’électorat “gauchiste” du PS a peut-être le coeur à gauche mais le portefeuille à droite et fait
      toujours confiance au PS pour défendre ses intérêts. L’effet d’entraînement du PG est donc faible, et c’est toujours le PCF qui représente l’essentiel des forces du Front de Gauche. Or, si les
      communistes, traumatisés par le résultat de Marie-George Buffet étaient prêts à céder la candidature présidentielle à Mélenchon, ils ne sont pas prêts pour autant à lui offrir les clés du Front.
      Même si la campagne présidentielle a pu l’occulter, le baricentre du pouvoir au Front de Gauche est toujours au PCF.

      Néanmoins, imaginons maintenant que fort de ses 11% aux présidentielles, il n’ait pas donné de consignes de vote à ses électeurs. C’était alors se transformer en une sorte de F.N. de gauche,
      or dois-je vous rappeler que ce dernier, avec 18% des voix aux présidentielles, n’a obtenu que deux sièges à l’Assemblée Nationale ?

      Tout à fait. La différence étant que le FN a choisi depuis longtemps une stratégie d’influence qui ne passe pas par la conquête d’élus, mais plutôt par la conquête de l’hégémonie idéologique dans
      le débat public et l’utilisation de son pouvoir de nuisance pour obliger la droite – et la gauche aussi – à reprendre ses thématiques. Le PCF, qui avait fait un peu la même chose pendant ses
      années de “ghetto” (1947-1972) n’arrive plus à décider entre le positionnement de parti du système ou de parti anti-système.

       

  38. dsk dit :

    Au vu de votre dernier message, il me semble que nous nous sommes enfin compris. Je me permets, puisque vous m’objectez souvent le caractère éloigné dans le temps du texte de 2006, d’attirer
    votre attention sur un autre texte, daté quant à lui du 27 août 2008, soit moins de trois mois avant la création du Parti de Gauche. Il s’agit d’un communiqué de Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez,
    dont voici des extraits :

    “Notre premier objectif est d’empêcher le PS de devenir un « parti démocrate » comme il l’est devenu dans beaucoup de pays européens, avant de se transformer
    parfois en parti centriste comme en Italie, au prix d’une disparition totale de la gauche parlementaire.”

    “Tout cela bien sûr n’est possible que si le Parti socialiste est totalement clair sur sa stratégie d’alliances. Le rassemblement d’une majorité de Français pour
    accomplir ce programme ne peut se faire dans la confusion des accords politiciens avec un secteur de la droite. Il ne peut donc être question de pactiser avec le Modem. Nos alliances doivent se
    nouer exclusivement à gauche et sans exclusive à l’égard de l’extrême gauche.”

    Voilà. Il me semble donc évident que là est l’objectif politique de Jean-Luc Mélenchon avec le Front de Gauche : peser sur le PS afin de l’ancrer à gauche. Autrement
    dit, dans son esprit, le Front de Gauche n’est autre qu’une sorte de courant du Parti Socialiste.

    P.S. Voici le lien :

    http://www.jean-luc-melenchon.fr/2008/08/27/communique-de-jean-luc-melenchon-et-marc-dolez/#more-614

    • Descartes dit :

      puisque vous m’objectez souvent le caractère éloigné dans le temps du texte de 2006, d’attirer votre attention sur un autre texte, daté quant à lui du 27 août 2008, soit moins de trois mois
      avant la création du Parti de Gauche

      Encore une fois, ce que je vous objecte n’est pas – ou pas seulement – l’éloignement dans le temps du texte que vous citez, mais son éloignement dans le contexte. En d’autres
      termes, on ne peut pas utiliser un texte écrit quand Mélenchon était un dirigeant du Parti Socialiste pour soutenir une stratégie dont le PS était le seul bénéficiaire pour argumenter qu’il
      aurait la même stratégie une fois sorti du PS.

       

  39. dsk dit :

    “En d’autres termes, on ne peut pas utiliser un texte écrit quand Mélenchon était un dirigeant du Parti Socialiste pour soutenir une stratégie dont le PS était le seul bénéficiaire pour
    argumenter qu’il aurait la même stratégie une fois sorti du PS.”

     

    Je pense qu’il s’agit de la même stratégie, la seule différence étant qu’en 2006, Mélenchon essayait de la mettre en oeuvre de l’intérieur du PS, tandis qu’il essaye aujourd’hui de la mettre en
    oeuvre de l’extérieur. En effet, en 2006, il s’agissait que la “gauche des ruptures” se rassemble afin de faire gagner la gauche en général, en conférant accessoirement à Mélenchon le rôle
    central et incontournable de pivot entre PS et “gauche des ruptures”.

    Aujourd’hui, il s’agit toujours de faire gagner la gauche en général en rassemblant la “gauche des ruptures”, pour la simple raison que si le FdG n’était pas en mesure de faire gagner la gauche,
    Mélenchon n’aurait alors aucun pouvoir de négociation avec le PS, puisque précisément, il ne serait pas indispensable à sa victoire. Or malheureusement pour Mélenchon, c’est exactement l’inverse
    auquel on a assisté lors des dernières élections. Les sondages ayant toujours été désespérément bons pour Hollande, Mélenchon n’a à aucun moment été en situation d’imposer une négociation au PS,
    qui a dès lors pu se contenter de l’ignorer superbement.

    • Descartes dit :

      Je pense qu’il s’agit de la même stratégie,

      Contre la croyance, même les dieux luttent en vain… 

      la seule différence étant qu’en 2006, Mélenchon essayait de la mettre en oeuvre de l’intérieur du PS, tandis qu’il essaye aujourd’hui de la mettre en oeuvre de l’extérieur

      En d’autres termes, en 2006 Mélenchon voulait refaire la toiture de sa maison. En 2009 il a vendu la maison, mais persiste jusqu’à aujourd’hui à vouloir en refaire la toiture pour le plus grand
      bénéfice des nouveaux propriétaires ? Ce n’est pas une attitude très rationnelle…

      Aujourd’hui, il s’agit toujours de faire gagner la gauche en général en rassemblant la “gauche des ruptures”, pour la simple raison que si le FdG n’était pas en mesure de faire gagner la
      gauche, Mélenchon n’aurait alors aucun pouvoir de négociation avec le PS,

      Si je comprends bien, le but de Mélenchon est de devenir le pivot de la gauche, le “rassemblement de la gauche des ruptures” et la “victoire de la gauche” n’étant que des moyens au service de cet
      objectif. Présenté comme cela, je peux être d’accord. Mais de la manière dont vous le formulez, on a l’impression que les buts et les moyens sont inversés.

      Or malheureusement pour Mélenchon, c’est exactement l’inverse auquel on a assisté lors des dernières élections. Les sondages ayant toujours été désespérément bons pour Hollande, Mélenchon n’a
      à aucun moment été en situation d’imposer une négociation au PS, qui a dès lors pu se contenter de l’ignorer superbement.

      Effectivement. Rétrospectivement, on se dit qu’en mars, lorsque les sondages lui donnaient 15-17% et que cela a pendant quelques semaines inquiété le PS, il aurait pu négocier de très bons termes
      pour les législatives en échange de son retrait, et on n’aurait jamais su si les 17% étaient une réalité ou un fantasme. Mélenchon a donc été obligé de “bluffer” à fond parce qu’il n’avait en
      main que des mauvaises cartes… et il a poussé le “bluff” trop longtemps. Et le PS ne s’est pas laissé impressionner.

       

  40. dsk dit :

    “Si je comprends bien, le but de Mélenchon est de devenir le pivot de la gauche, le “rassemblement de la gauche des ruptures” et la “victoire de la gauche” n’étant que des moyens au service
    de cet objectif. Présenté comme cela, je peux être d’accord.”

     

    Ouf ! Alleluia M. Descartes ! C’est exactement cela. D’ailleurs, plutôt que “pivot”, l’on pourrait employer le quasi-synonyme de “Trait d’union”, nom de l’ancien courant du parti socialiste animé
    par Mélenchon, lequel  “entendait jouer le rôle de “trait d’union” entre la gauche de gouvernement PS et “l’autre gauche”. Pour les militants de PRS, pas de victoire de la gauche sans
    union sur une ligne claire, antilibérale.”

     

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Trait_d%27union_%28Parti_socialiste%29

     

    Or j’affirme que cet objectif n’a pas changé. Jean-Luc Mélenchon vise, aujourd’hui tout comme en 2006, la victoire d’une Union de la gauche dont il serait le pivot et le principal artisan, et non
    la victoire du seul Front de gauche, ce qui explique d’ailleurs l’inconsistance programmatique de ce dernier. En effet, mettre au point un programme sérieux implique que l’on s’imagine gouvernant
    seul.

  41. Inquiet dit :

    Voici un commentaire que j’ai tenté d’écrire sur le blog de qui vous savez. Tu jugeras bon, Descartes, de le publier ou pas. Commentaire suite à une vidéo affligeante du leader maximo à
    Hénin-Beaumont.

    “Que faire ?”

    Se soigner. C’est-à-dire :
    – ne pas aller insulter le prolo sur les marchés (“Gros imbécile”, “tu es un crétin”, etc…) Eviter le tutoiement aussi.
    – Eviter les attitudes agressives. Et je que je monte le ton, et que je te pousse du ventre, et que je bombe le torse. “Regardez-moi dans les yeux. Vous êtes un homme?” Attitude on ne peut
    plus machiste et viriliste, qui à priori ne sont pas les fondamentaux des féministes du FdG.
    – Ne pas éructer à 20 cm du visage de l’interlocuteur.
    – Eviter les phrases comme “Vous êtes plein de haine” quand on vient de donner un tel spectacle. C’est risible.

    Enfin bon, y a du gros boulot quoi. Et j’ai l’impression que c’est pas gagné. C’est même perdu en l’occurence. Lamentable. “

    Tu dis connaitre le personnage personnellement, mais je t’assure que quand on ne le connait pas, l’idée qu’on s’en fait sur une telle vidéo est absolument désastreuse. Et il est coutumier du fait
    en plus. On ferait bien de se regarder dans la glace avant de traiter les autres de semi-dément. Je n’en reviens pas !

    • Descartes dit :

      Voici un commentaire que j’ai tenté d’écrire sur le blog de qui vous savez.

      Je suis très ouvert, tu le sais, aux commentaires en sujet et hors sujet. Mais je ne voudrais pas que ce blog devienne le dépotoir de ce que le blog de qui je sais n’accepte pas. Faut arrêter:
      Mélenchon retourne maintenant à un rôle marginal, il y a une vie après lui…

      Tu dis connaitre le personnage personnellement, mais je t’assure que quand on ne le connait pas, l’idée qu’on s’en fait sur une telle vidéo est absolument désastreuse.

      Je sais. Autant il est charmant – quoique caractériel – avec les gens qu’il connaît bien, autant il peut être très violent avec les gens qui ne partagent pas ses options. En lisant ton
      commentaire, il m’est venu en mémoire un texte devenu classique:

      “XXX est trop brutal, et ce défaut, pleinement supportable dans les relations entre nous, communistes, devient intolérable dans la fonction de secrétaire général. C’est pourquoi je propose
      aux camarades de réfléchir au moyen de déplacer XXX de ce poste et de nommer à sa place un homme qui, sous tous les rapports, se distingue de Staline par une supériorité – c’est-à-dire qu’il soit
      plus patient, plus loyal, plus poli et plus attentionné envers les camarades, moins capricieux, etc. Cette circonstance peut paraître une bagatelle insignifiante, mais je pense que pour prévenir
      une scission, (…) ce n’est pas une bagatelle, à moins que ce ne soit une bagatelle pouvant acquérir une signification décisive”.

      Ce texte semble s’appliquer parfaitement à Mélenchon. En fait, il s’agit d’un extrait du “testament” de Lénine, ensemble de notes écrites par celui-ci fin 1922 et début 1923. J’ai remplacé
      “Staline” par “XXX” pour garder le suspense…

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