Honneur à qui honneur est dû. Il faut reconnaître, même si cela doit nous coûter, que Mélenchon a vu juste. Seul parmi les politiques il a compris à quel point notre système démocratique a été détérioré par trente ans de fausse alternance entre des néolibéraux enthousiastes dits « de droite » et des néolibéraux honteux dits « de gauche », qui ont conduit les mêmes politiques – ou plutôt qui les ont laissées conduire par l’Union européenne. Seul parmi les politiques il a vu que dans ces conditions il suffisait de secouer l’édifice pour qu’il s’effondre. Sa tactique de « bordélisation » a finalement été très efficace pour paralyser l’Assemblée. Au point qu’elle est maintenant copiée par d’autres groupes parlementaires.
Si vous ne me croyez pas, un exemple devrait vous convaincre : celui des débats sur l’abrogation de la réforme des retraites. Un texte devenu symbolique de la brutalité avec laquelle le macronisme a imposé aussi longtemps qu’il l’a pu ses « réformes » aux pays. L’abrogation de cette réforme aurait pu être là aussi un symbole, celui d’une rupture avec un macronisme qui aurait pris acte de ses défaites électorales de l’été dernier. Car il n’y a pas d’ambigüité là-dessus. Lors de l’élection de juillet, une majorité de citoyens a voté pour des partis ou des coalitions qui condamnaient sans ambigüité la réforme, qui promettaient un retour en arrière sur l’âge de départ. Les études d’opinion montrent d’ailleurs que ce rejet était largement partagé dans l’opinion. En bonne logique démocratique, l’abrogation de la réforme aurait dû être une formalité.
Mais ce n’est pas du tout comme cela que les choses se sont passées. Pour commencer, à gauche on a inversé les priorités : l’abrogation devient finalement une question secondaire, l’essentiel étant de ne pas en laisser le bénéfice politique à un adversaire. Le sort ayant donné au RN la première « niche parlementaire », celui-ci a bien déposé une proposition de loi conforme à son engagement de revenir sur la réforme. La gauche avait donc le choix entre soutenir cette proposition, conforme sur le fond à celle qu’elle avait porté pendant la campagne électorale, ou bien de la saboter pour éviter de donner une victoire symbolique au Rassemblement national. Et comme cela était prévisible, c’est le sectarisme qui a gagné : dès lors que la proposition est portée par le RN, il n’était pas question pour la gauche de laisser ce projet prospérer, dussent les futurs retraités en souffrir. Les députés du Nouveau front populaire se sont donc donnés à cœur joie en commission, avec le soutien enthousiaste – il faut le souligner, parce que c’est important – du « bloc central » macroniste, pour vider en commission le projet de sa substance. Et le texte ainsi vidé fut « verrouillé » ensuite par la présidente de l’Assemblée en utilisant l’article 40, sans que la gauche n’y trouve rien à redire. Le texte sera finalement rejeté le 31 octobre avec l’abstention hypocrite du NFP.
Comment a-t-on expliqué aux citoyens cette trahison ? En prétendant que l’abrogation proposée par le RN était une « fausse » abrogation, qu’il fallait attendre la « vraie » abrogation, celle qui serait bien entendu proposée par la gauche. Et la proposition de loi a été dûment inscrite dans la « niche » communiste du jeudi 28 novembre. Le RN, décidément beaucoup moins sectaire que le NFP, avait annoncé cette fois qu’il voterait le projet, et le passage en commission s’est donc déroulé normalement. Seulement voilà, une fois arrivé à l’hémicycle, le « bloc central », qui fut le complice du NFP pour saborder le texte du RN, tourna casaque et déposa des centaines et des centaines d’amendements de manière à rendre impossible le vote du texte avant que le carrosse de la « niche » se transforme en citrouille. Et le texte, qui avait potentiellement une majorité solide derrière lui, n’a donc pas été soumis au vote. Scandaleux ? Certainement. Mais les cris d’orfraie de la gauche en général et des « insoumis » en particulier seraient nettement plus convaincants s’ils n’avaient pas systématiquement usé des mêmes méthodes depuis des années pour s’opposer au passage des textes des autres.
La « bordélisation » introduite par les « insoumis » dans l’enceinte de l’Assemblée a contaminé la plupart des groupes. Les débats de fond, qui étaient jusqu’aux années 1990 étaient la règle, sont devenus l’exception. La manœuvre a remplacé l’argumentation. On ne combat plus un texte, on le sabote. De plus en plus, l’Assemblée fonctionne comme un jeu compliqué que seuls les initiés peuvent suivre, où la lettre du règlement prend le pas sur son esprit, où le droit ne sert plus à protéger l’intérêt général, mais à empêcher. Tout n’est plus que calcul politique, sans que l’effet de ces calculs sur les citoyens soit vraiment pris en compte.
Après l’élection de juillet, la logique aurait voulu que la minorité macroniste accepte sa défaite, et laisse l’Assemblée nouvellement élue voter, à l’initiative de l’un ou plusieurs groupes parlementaires, cette abrogation voulue par les Français. Peu importe ici de savoir si cette réforme est ou non juste, si elle est ou non indispensable à l’équilibre des finances publiques. Le fait est qu’en démocratie, c’est le peuple souverain qui est l’ultime juge des politiques mises en œuvre. Les macronistes ont eu largement le temps d’expliquer leur réforme. Si toutes ces explications n’ont pas suffi à convaincre le peuple de la justesse de leur position, la position démocratique serait d’y renoncer.
Abroger la réforme aurait eu une immense vertu pédagogique : elle aurait permis de montrer que le système politique écoute le peuple, et que le vote sert à quelque chose. Piétiner la volonté populaire en usant de toutes les ruses procédurales a l’effet inverse, celui de montrer une classe politique qui n’écoute que ses intérêts. Alors que tout le monde reconnaît l’effet délétère du vote de 2008, quand l’establishment politique – gauche et droite confondues – s’est assis sur le résultat du référendum de 2005 en ratifiant le traité de Lisbonne, on reproduit exactement la même situation en maintenant une réforme qu’une majorité d’électeurs a rejeté. Le fait est qu’on a voté à deux-tiers contre la réforme, et que celle-ci continuera à s’appliquer. Comment dans ces conditions le citoyen pourrait se sentir représenté par un parlement qui, de toute évidence, ne l’écoute pas ?
Le spectacle que donne l’Assemblée nationale est désolant. La teneur des débats montre chaque jour plus une classe politique qui, tous partis confondus, se regarde le nombril. Les problèmes de la France – autrement dit, ceux des Français – sont oubliés ou minimisés par des députés dont le seul objectif semble être d’obtenir des victoires tactiques à la petite semaine. Faire la nique au RN devient plus important qu’abroger la réforme des retraites. Et face à cette Assemblée, un gouvernement sans vision, sans unité, où dominent des ministres macronistes dont le seul objectif semble être que rien ne change aux politiques mises en œuvre ces sept dernières années avec les brillants résultats que l’on sait.
Mais pas pour longtemps. Parce que selon toute vraisemblable, le gouvernement sera bientôt censuré. Et s’il tombe, c’est parce qu’il se trouve devant une contradiction insoluble : il doit concilier un « bloc central » qui ne supporte pas la moindre remise en cause du crédo macroniste – moins d’impôts, plus d’argent pour les entreprises, démantèlement de l’Etat – et une extrême droite qui doit donner des gages à un électorat qui a voté pour lui avec l’espoir d’en finir avec l’héritage de monsieur Macron.
On nous explique que la chute de Michel Barnier est un signe d’une crise démocratique. Pour moi, c’est exactement le contraire. Il y a crise de la démocratie chaque fois que l’establishment politique se permet d’ignorer l’avis du peuple. Il y a crise de la démocratie quand une réforme des retraites continue en vigueur alors que deux tiers des citoyens l’ont rejetée. Il y aurait une véritable crise de notre démocratie si un macronisme largement battu dans les urnes réussissait quand même à faire approuver une loi de finances conforme à ses désirs. Le fait qu’il y échoue devrait être salué par tous les démocrates.
Michel Barnier a échoué parce qu’au lieu de marquer la rupture avec le macronisme que le pays attendait, il a essayé au contraire d’assurer sa continuité. Or, dans un pays qui a majoritairement rejeté le macronisme, une telle ligne ne pouvait que mettre en porte à faux par rapport à leurs électeurs ceux qui, à droite comme à gauche, auraient pu le soutenir. Quand Marine Le Pen exprime ses « lignes rouges » – non indexation des pensions, taxe sur l’électricité, maintient de l’aide médicale d’Etat, déremboursement de certains médicaments – elle ne le fait pas pour le plaisir de faire du chantage. Elle le fait parce qu’elle sait que laisser passer un budget purement macroniste la mettrait en grande difficulté vis-à-vis de ses électeurs, qu’il lui faut pouvoir leur montrer que voter RN sert à quelque chose. Et les socialistes ont un peu le même problème : s’ils votent la censure, ce n’est pas seulement parce qu’ils sont mis sous pression par les « insoumis ». Quel intérêt d’élire un député socialiste si ensuite il vote comme s’il était affilié au « bloc central » ?
Michel Barnier a eu tort d’oublier qu’il a été gaulliste. Il a conçu sa stratégie en recherchant le soutien de l’Assemblée nationale, alors que c’est le soutien du pays qu’il aurait dû sortir chercher. Parce que s’il avait l’électorat derrière lui, si les Français étaient convaincus que la loi de finances qui leur est proposée, sans être parfaite, est le mieux qu’on peut faire compte tenu des contraintes, qu’elle distribue justement les efforts demandés, et qu’elle prépare un avenir désirable, aucun parti n’aurait pris la responsabilité de le censurer. Oui, c’est entendu, le succès n’était pas garanti. Mais entre une stratégie qui a une petite chance de réussir, et une stratégie qui a toutes les chances d’échouer, le choix est vite fait.
C’est là à mon sens que se trouve la solution à la crise politique que nous vivons. Il faut remettre les choses à leur juste place. Le gouvernement est certes responsable devant l’Assemblée, mais il est d’abord et avant tout responsable devant le peuple français. Si la configuration de l’Assemblée nationale est telle qu’elle ne permet pas au gouvernement d’obtenir une véritable légitimité qui le mette à l’abri de la censure, c’est au pays qu’il doit la demander. C’est là l’esprit même de nos institutions. Celui qui succédera à Michel Barnier doit faire un discours de politique générale devant la nation, et non devant l’Assemblée nationale. Il doit construire un discours qui soit susceptible d’emporter l’adhésion non d’une majorité à l’Assemblée – c’est aujourd’hui clairement impossible – mais une majorité de citoyens. Et c’est avec cette caution populaire qu’il pourra se présenter devant l’Assemblée sans crainte d’être censuré. Parce qu’en démocratie, c’est le peuple qui est le juge suprême, n’est-ce pas ?
Descartes
Comme je ne cesse de le dire sur nombre pages Facebook il ne fallait pas sauver la mise des macroniens. Le NFP et la droite ont le fruit de leur politique électorale de Front républicain. Je dirais plus : bien fait pour eux ! Macron est indélogeable avant son départ officiel en 2027.
L’anti-Macron que j’étais dès 2014 avait bien raison. Il est le fruit pervers du quinquennat Hollande. Hollande ou cette erreur de casting. Je pense qu’il a clos un cycle historique entamé par le congrès d’Epinay et l’élection de François Mitterrand. La gauche toute réunie ne fait que 28% des voix. JLM par la NUPES puis par le NFP a permis d’éviter temporairement le naufrage total de la gauche voire son élimination de la représentation parlementaire. En effet par le PS elle a mis en place une Europe néolibérale irréformable parce qu’il y faut l’unanimité de ses membres or la plupart des pays de l’Europe du nord s’en trouve très bien.
Michel Barnier n’est pas un gaulliste sinon cela se serait vu depuis longtemps. Il est un vieux représentant de la droite chiraquienne celle qui a liquidé le gaullisme. Comme le dit le député centriste Charles de Courson c’est le responsable de ce bordel Macron qui doit partir.
Comme je ne le cesse de le dire à maints militants politiques qui se moquent de ma marotte qui est pourtant fondamentale : tant que vous ne voulez pas sortir de cette Europe et de son carcan nommé euro vous serez impuissants ou ne pourrez faire tôt ou tard qu’une politique économique et sociale néolibérale conforme aux traités.
Le déni démocratique a commencé le 29 mai 2005 et tant que la classe politique et médiatique en sera dans son déni il n’est guère possible de faire vraiment autre chose. Peu importe le successeur de Barnier, c’est la forme alors que ce qui compte c’est le fonds.
@ Cording1
[Macron est indélogeable avant son départ officiel en 2027.]
Vous allez un peu vite en besogne, je pense…
[L’anti-Macron que j’étais dès 2014 avait bien raison. Il est le fruit pervers du quinquennat Hollande. Hollande ou cette erreur de casting. Je pense qu’il a clos un cycle historique entamé par le congrès d’Epinay et l’élection de François Mitterrand. La gauche toute réunie ne fait que 28% des voix.]
Je n’en suis pas convaincu. En histoire, un cycle est clos quand un nouveau cycle commence. Or, je ne vois rien de nouveau à l’horizon. Oui, Macron est dans la continuité d’une logique qui s’est lentement imposée à partir de la fin des années 1960. Les prémisses de cette logique sont déjà visibles dans ce mouvement anti-institutionnel des classes intermédiaires que fut mai 1968. Avec Giscard, on peut déjà percevoir les premiers éléments de la révolution néolibérale qui se mettent en place, même si à l’époque personne ne pouvait faire le lien. Après l’élection de Mitterrand, et surtout de l’échec de la stratégie de relance par la consommation qui mit la gauche au pied du mur en 1983, l’ambigüité n’est plus de mise. On voit d’abord une alternance entre néolibéraux radieux et néolibéraux honteux – certains jouant l’un et l’autre rôle, pensez au Chirac de 1986 comparé à celui de 1995.
Ce « cycle », c’est celui de la prise du pouvoir par les classes intermédiaires, de la conformation d’un bloc dominant constitué par l’addition de celles-ci avec la bourgeoisie. Et je ne vois pas qu’il soit « terminé », même si certains craquements se font entendre.
[JLM par la NUPES puis par le NFP a permis d’éviter temporairement le naufrage total de la gauche]
Pourquoi parlez-vous de « naufrage » ? A ce que je sais, nous avons un président de la République qui vient de la gauche. Le principal groupe du « bloc central » vient lui aussi de la gauche, tout comme les deux premiers ministres qui ont précédé Baroin. Après tout, qu’est ce qui différentie fondamentalement un Macron ou un Attal des apparatchiks socialistes ?
[Comme je ne le cesse de le dire à maints militants politiques qui se moquent de ma marotte qui est pourtant fondamentale : tant que vous ne voulez pas sortir de cette Europe et de son carcan nommé euro vous serez impuissants ou ne pourrez faire tôt ou tard qu’une politique économique et sociale néolibérale conforme aux traités.]
Tout à fait d’accord. On ne peut imaginer un instant qu’on pourrait faire une politique qui serait dans l’intérêt de la France et en même temps obéir aux injonctions d’un système fait pour défendre d’autres intérêts. Je ne sais pas s’il faut aller jusqu’à la sortie de l’UE ou de l’Euro, mais qu’il faut casser quelque chose, j’en suis convaincu.
Et comment, je vous prie, pourra t’on juger de l’adhésion du peuple à ce discours de politique générale ? Par référendum ? Mais cela est la prérogative du Président, et on sait ce que ce dernier pense du peuple.
Par ailleurs, j’ai du mal à suivre votre raisonnnement : vous semblez appeler de vos voeux l’abrogation de la réforme des retraites, alors que, ab imo pectore, vous savez parfaitement, et vous l’avez répété, que cette réforme est indispensable, ou du moins qu’UNE réforme est indispensable.
@ maleyss
[Et comment, je vous prie, pourra t’on juger de l’adhésion du peuple à ce discours de politique générale ?]
De la même manière que Marine Le Pen a pu juger que son électorat voulait voir Barnier dégager le plancher, ou que Mélenchon a pu juger que son électorat a envie de le voir manifester contre l’islamophobie. En écoutant les Français dans les usines, dans les marchés, dans la rue. Directement ou à travers des militants qui font monter le ressenti du terrain. On peut reprocher beaucoup de choses à nos élus, mais dans leur grande majorité ils sont parfaitement capables de prendre le pouls de leur électorat, et savent parfaitement quelles sont les positions qui leur feront perdre des voix, et lesquelles leur en feraient gagner.
[Par ailleurs, j’ai du mal à suivre votre raisonnement : vous semblez appeler de vos voeux l’abrogation de la réforme des retraites, alors que, ab imo pectore, vous savez parfaitement, et vous l’avez répété, que cette réforme est indispensable, ou du moins qu’UNE réforme est indispensable.]
Pardon : ce n’est pas parce qu’on est persuadé qu’UNE réforme est indispensable qu’on doit garder CETTE réforme, que je considère désastreuse. Mais la question n’est pas là : bonne ou mauvaise, cette réforme a une valeur symbolique : elle symbolise la brutalité avec laquelle le macronisme a abusé des institutions pour imposer une réforme a un pays qui n’en voulait pas. Et les symboles ont leur importance : un gouvernement qui maintient la réforme marque sa continuité avec le programme et les méthodes macronistes. Or, cette continuité a été rejetée massivement par les électeurs. Il faut donc marquer une rupture, et la seule manière de la faire c’est d’abattre le symbole.
@ Descartes
Les Français ont dit clairement non à la réforme des retraites proposée par Macron, avec des manifestations pas vues depuis des décennies, dans la rue ; ils l’ont redit par le vote. Celle-ci est toujours en vigueur. Que faut-il faire ?
[un gouvernement sans vision, sans unité, où dominent des ministres macronistes]
Ce simple fait est pour moi une éclatante défaite de notre démocratie. Balayés par les élections – et comment ! – les macronistes sont toujours là, avec un pouvoir d’action, voire de nuisance contre la majorité populaire.
[ Il doit construire un discours qui soit susceptible d’emporter l’adhésion non d’une majorité à l’Assemblée – c’est aujourd’hui clairement impossible – mais une majorité de citoyens. Et c’est avec cette caution populaire qu’il pourra se présenter devant l’Assemblée sans crainte d’être censuré.]
Fort bien, mais en pratique comment savoir si le discours de politique générale à l’accord majoritaire de la Nation ?
Et puis, en imaginant qu’on le sache, on en revient à une situation de quasi blocage puisque le prochain futur gouvernement sera irrémédiablement mis en difficulté par le bloc macroniste qui s’obstine à refuser le verdict des urnes ; il lui sera donc très difficile d’avoir ce vote d’adhésion qui in fine est voté par… les députés.
@ Bob
[Les Français ont dit clairement non à la réforme des retraites proposée par Macron, avec des manifestations pas vues depuis des décennies, dans la rue ; ils l’ont redit par le vote. Celle-ci est toujours en vigueur. Que faut-il faire ?]
Ca dépend qui est « il ».
[Ce simple fait est pour moi une éclatante défaite de notre démocratie. Balayés par les élections – et comment ! – les macronistes sont toujours là, avec un pouvoir d’action, voire de nuisance contre la majorité populaire.]
Oui, mais leur pouvoir d’action est sévèrement limité, comme la situation actuelle le montre. Jusqu’à la dissolution, ils pouvaient se permettre le luxe de « réformer » contre une majorité des Français. Plus maintenant.
[Fort bien, mais en pratique comment savoir si le discours de politique générale à l’accord majoritaire de la Nation ?]
On peut reprocher beaucoup de choses à nos élus. Mais pas de ne pas connaître leurs électeurs. Et dans les marchés, dans les rues, dans les usines, dans leurs permanences, les gens disent aux élus – et aux militants de leurs partis – ce qu’ils en pensent. Prenons un exemple : quand Marine Le Pen décide de voter la censure, pensez-vous qu’elle n’a pas pris avant la peine d’écouter ses électeurs ?
[Et puis, en imaginant qu’on le sache, on en revient à une situation de quasi blocage puisque le prochain futur gouvernement sera irrémédiablement mis en difficulté par le bloc macroniste qui s’obstine à refuser le verdict des urnes ; il lui sera donc très difficile d’avoir ce vote d’adhésion qui in fine est voté par… les députés.]
Mais pour commencer il n’a pas besoin que les députés votent pour lui, il lui suffit que les députés ne le censurent pas. Or, il est difficile de censurer un homme qui est populaire dans le pays. Je ne vous dis pas que ce soit facile. Il faudrait un homme ayant « une certaine idée de la France », et la capacité à la faire partager. Je ne sais si cet homme existe aujourd’hui – franchement, je ne vois personne. Mais on dit que les circonstances exceptionnelles révèlent les hommes exceptionnels…