La violence, c’est mal !

La violence, c’est mal. C’est sale, c’est inacceptable. Et puis ça rend aveugle. Honte à ceux qui y ont recours ! C’est ce qu’on entend ces derniers jours dans la bouche des pontifes politico-médiatiques, des membres du gouvernement, de tous les députés LREM (du moins ceux qui débitent sagement leurs éléments de langage, c’est-à-dire presque tous). Et même – décidément le ridicule ne tue plus – les anciens soixante-huitards tels Cohn-Bendit, Goupil, July et consorts proclament leur horreur de la violence. Il y a un demi-siècle, ces gens lançaient dans la joie pavés et cocktails Molotov sur les CRS et exigeaient le départ de mongénéral. Aujourd’hui, devenus qui gourou des médias, qui cinéaste à la mode, qui ami du président, ils condamnent sans ambiguïté les artistes du pavé et de la bouteille d’essence, et proclament « ennemi de la démocratie » celui qui demanderait le départ de « leur » président. « Les bourgeois, c’est comme les cochons » chantait Brel. Il avait vu juste.

Mais arrêtons un instant, et rembobinons un peu le film. Pendant deux semaines le mouvement des « gilets jaunes » a été, à quelques incidents près, essentiellement pacifique. Sans casser ni brûler, il a mis presque 300.000 personnes dans la rue le 17 novembre, et pouvait compter sur le soutien ou sur la sympathie de quatre français sur cinq. Et qu’a-t-il obtenu ? Rien, absolument rien. Le Premier ministre a proclamé qu’il ne dévierait pas de sa route, et les députés LREM (du moins ceux qui débitent sagement leurs éléments de langage, c’est-à-dire presque tous) l’ont soutenu sans le moindre état d’âme. Edouard Philippe s’est même permis de rejeter avec mépris la main tendue d’un Laurent Berger, pourtant peu suspect de radicalité.

Un samedi de violence, avec un monument national endommagé, des boutiques saccagées, des voitures brûlées a fait ce que deux semaines de manifestations pacifiques n’avaient pas pu faire. Le Premier ministre inflexible et « droit dans ses bottes » est tout à coup devenu un Premier ministre sensible, plein d’empathie, prêt à écouter et à concéder. Les ministres, les députés LREM (du moins ceux qui débitent sagement leurs éléments de langage, c’est-à-dire presque tous) ont déclaré à qui mieux mieux qu’ils « écoutaient et comprenaient » cette même colère qui, quelques jours plus tôt, les laissait parfaitement insensibles. C’est tout de même fou ce que quelques graffitis, quelques voitures brûlées, quelques boutiques saccagées peuvent rendre les gens perceptifs…

Le gouvernement et ses soutiens répètent que « en démocratie il y a d’autres moyens d’exprimer ses désaccords ». Fort bien. Mais l’expérience de ces trois dernières semaines vient montrer que dans le nouveau monde de monsieur Macron, lorsqu’on s’exprime par ces « autres moyens » le pouvoir n’écoute pas. Alors que l’expression violente semble se traduire immédiatement dans des résultats tangibles. Je ne vous parle pas de beaux principes, mais d’une triste réalité. Comment nos concitoyens pourraient être convaincus des vertus de la protestation pacifique alors que les faits montrent que seule la protestation violente est entendue ?

De ce point de vue, la gestion de cette crise par le gouvernement pourrait être enseignée comme exemple de tout ce qu’il ne faut pas faire. Le gouvernement a montré son mépris et sa dureté lorsque le mouvement était pacifique, il a choisi de se déculotter lorsqu’il est devenu violent. Ce faisant, il donne raison aux plus radicaux et tort aux plus modérés. C’est une pédagogie irresponsable que de montrer que la violence paye, et que la revendication pacifique ne paye pas.

La violence d’aujourd’hui est la conséquence directe de l’inconscience de nos politiciens. Depuis trente ans, ils ont tout fait pour réduire les effets des actions pacifiques. C’est ainsi qu’on a limité le droit de grève, qu’on a criminalisé l’activité revendicative, qu’on a utilisé les ressources publiques pour « casser » les mouvements plutôt que d’écouter leurs revendications. Le plus magnifique symbole de cette inconscience est la déclaration de Nicolas Sarkozy, se réjouissant du fait que « maintenant, quand il y a une grève, personne ne s’en aperçoit ». Et bien, si la grève n’est plus un mode de lutte efficace, alors on peut difficilement reprocher aux travailleurs de s’en chercher un autre qui leur assure que, lorsqu’ils protestent, les gens « s’en aperçoivent ».

Il ne faut pas confondre la République avec une dictature élective. Tous les cinq ans, nous élisons un président de la République qui dispose normalement d’une majorité au Parlement. Mais cela ne lui donne pas le droit de faire ce qu’ils veut, ni même d’appliquer son programme sans discussion pendant cinq ans. Pendant tout leur mandat président, députés et sénateurs restent des représentants. Et il leur faut justifier de cette représentativité chaque jour. Pour cela, ils doivent en permanence prendre le pouls du pays, écouter son peuple, et s’assurer que les politiques qu’ils mettent en œuvre ont un large soutien. C’est à cette seule condition que les institutions seront solides, et les conflits arbitrés pacifiquement. Lorsque le gouvernement se cache derrière la légitimité électorale d’un jour pour ne pas écouter les citoyens, lorsqu’il refuse de tenir compte des protestations pacifiques, il pousse les citoyens à la violence, puisque celle-ci apparaît comme la seule façon de sortir le gouvernement de son autisme.

Descartes

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102 réponses à La violence, c’est mal !

  1. Impeccable, comme d’habitude ; j’attendais, si la conclusion sur la représentativité est implacable je ne pensais pas que vous iriez jusqu’au attendu du début. Il va y avoir des postes de cabinets qui vont se libérer, vous ne pouvez pas vous faufiler, au moins on aurait un peu de sagesse politique proche de nos croquignoles. Bon je ne dit rien sur l’origine diverse des casseurs …

    • Descartes dit :

      @ Gérard Couvert

      [Impeccable, comme d’habitude ; j’attendais, si la conclusion sur la représentativité est implacable je ne pensais pas que vous iriez jusqu’au attendu du début.]

      Pourquoi ? Je vais d’habitude jusqu’au bout de mes idées, non ?

      [Il va y avoir des postes de cabinets qui vont se libérer, vous ne pouvez pas vous faufiler, au moins on aurait un peu de sagesse politique proche de nos croquignoles.]

      Quelque chose me dit que c’est pas à moi qu’on offrira ce type de poste…

  2. Jacques Use dit :

    La violence vient du fait que le gouvernement a que trop tardé a apporté une réponse aux gilets jaunes, que le président a que trop méprisé son peuple, refusant de prendre en compte ses sollicitations. Le mouvement des gilets jaunes a libéré une colère qui est resté trop longtemps inexprimé, réduit à des portions de désespoirs. On a vue les weekends derniers, Le mouvement prendre de l’ampleur, et adopter des formes de plus en plus radicales, allant jusqu’à des affrontements violents et à un blocage des routes. Mais après ces accès de révolte, le mouvement devra se structurer, donner corps à leurs revendications. C’est pourquoi je considère que l’issue ne pourra être que politique.

    (ps) pourrez vous me donner une source pour les déclarations de Sarkozy ?

    • Descartes dit :

      @ Jacques Use

      [(ps) pourrez vous me donner une source pour les déclarations de Sarkozy ?]

      Il s’agit d’une déclaration faite au conseil national de l’UMP le 5 juillet 2008. La formule exacte était « désormais, quand il y a une grève, personne ne s’en aperçoit. »

  3. luc dit :

    @Descartes
    Oui,Descartes vous avez visé juste !La preuve,ce que vivent à Toulouse les enseignants des lycées,où grèves,incendies,dégradations,confinements suite à des intrusions se succèdent.
    Certains lycéens de Toulouse,et de France,ont effectivement sombré dans un comportement incendiaire,d’émeutier irrédentistes au prétexte que seule la violence paie.
    Mon cousin,enseignant à Toulouse,m’a raconté qu’il a été mis en confinement,type attaque de Daesch,enfermé avec 8 collègues et 6 élèves,parceque les barrières de son lycée avait été démoli par des lycéens.
    Tout le monde trouvait ça normal,puisque tels des gilets jaunes saccageant le musée du soldat inconnu,et obtenant satisfaction,les lycées toulousains étaient incendiés,leurs barrières démolies,seul le confinement anti-terroriste était de mise.
    Cela fait plusieurs jours que mon cousin souffre d’insomnies.Dans la famille,tout le monde sait,que ça fait des années, c’est depuis qu’il est enseignant,mais par politesse,nous l’écoutons,nous dire que ces émeutes l’on esquinté.
    Hier,sa narration,des professeurs,évoluant silencieusement,dans une pièce fermée à double tour,afin d’éviter les’terroristes’,c.a.d,leurs élèves était singulière.Comme ses collègues femmes,jouaient le jeu de la victime,telle Judith Forest ,au bout d’une heure,quand il a stoppé ‘le film d’horreur’,auquel ses collègues de 40 ans jouaient le rôle de leur vie’puisque toute l’administration était à la cantine,l’alerte étant passée,il s’est fait rabroué,comme étant ‘irresponsable’.A ce moment une des élèves confinée avec les profs,mais en communication avec les élèves qui manifestaient,lui a fait passer un message d’une élève qui manifestait.’Monsieur,Malika vous dit que vous avez oublié de lui compter sa note de cahier sur le bulletin’.
    Enfin,la fin du confinement vint.Mon cousin,s’épanche à qui veut l’entendre,sur tous ces dysfonctionnements.Nous le rassurons,en lui disant,qu’il n’est pas le seul à vivre des mauvais moments.
    Au fond de moi,je pense que tout ça est du,aux lacunes de Macron,à la main mise des Juppéistes,et aussi au leg du Hollandisme.
    Au final,ils auront tout fait,pour que la situation pourrisse jusqu’à la trêve des confiseurs.
    Macron,sait que quand il jouera le rôle de sauveur de la patrie,l’opinion se retournera en sa faveur.Il est à 18% d’opinions favorables,déjà une partie des LR,le soutient.
    Tout est fait par les Merdias,pour décourager une manifestation,populaire,puissante et pacifique,des gilets jaunes,élargie,ce samedi.
    Macron sait pertinemment,agir,pour pourrir un mouvement,et utilisera,in fine,le fusible Philippe.
    Comment ce président de la République âgé de 40 ans,devenu la risée du Monde entier,exécré par 80% des français,va t il rebondir?
    N’est ce pas lui qui incarne nos espoirs,puisqu’il ne démissionnera pas,sauf troubles psychiques,trop invalidants?
    Comment l’empêcher de tirer le pays vers le bas,vers le pourrissement ?
    Ne serait il pas positif pour la vitalité sociale du pays,que toutes les forces vives de la France appelle à une action nationale,avec la cgt,ce 12/12,suivi de négociations sérieuses?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Certains lycéens de Toulouse et de France ont effectivement sombré dans un comportement incendiaire d’émeutiers irrédentistes au prétexte que seule la violence paie.]

      Je ne suis pas sûr que ce soit le cas. Je pense surtout qu’il y a un phénomène d’accoutumance. A force de voir des incendies de poubelles se répéter sans que cela ne provoque de véritable réaction adulte, à force de voir les images correspondantes être diffusées complaisamment sur les réseaux sociaux et à la télévision sans que l’autorité ne réagisse, la chose devient presque banale. Il est d’ailleurs difficile, dans une société ou les objets ont une vie courte et sont en permanence remplacés par d’autres objets, d’expliquer aux jeunes que détruire un objet est censurable. D’ailleurs, lorsqu’il y a de la casse, l’autorité fait en sorte de tout réparer rapidement pour que cela ne se voie pas, ce qui accentue encore le fait que casser « ce n’est pas grave ». Vous observerez d’ailleurs qu’il y a en France une très grande différence dans la choréographie de la violence contre les choses et de la violence contre les personnes. La première est banalisée, la seconde pas.

      [Mon cousin, enseignant à Toulouse, m’a raconté qu’il a été mis en confinement, type attaque de Daesch, enfermé avec 8 collègues et 6 élèves, parce que les barrières de son lycée avait été démoli par des lycéens.]

      C’est une très bonne expérience je pense. Peut-être que les enseignants en question après cette expérience auront moins tendance à l’angélisme…

      [Au fond de moi, je pense que tout ça est dû aux lacunes de Macron, à la mainmise des Juppéistes, et aussi au legs du Hollandisme.]

      Il serait injuste de charger Macron de tous les maux dont ce mouvement n’est qu’un symptôme parmi d’autres. Le problème vient de très loin. La faute de Macron est d’avoir continué sur la même ligne – c’est amusant comment des gens intelligents peuvent continuer à faire ce qui n’a jamais marché – sans avoir perçu la fragilité de sa position. Parce qu’il connaît mal l’histoire de France, il a cru que parce qu’il avait pour lui la légitimité juridique de l’élection présidentielle et législative, il pouvait pendant cinq ans dire et faire ce qu’il voulait. C’est bien ce que je disais dans mon papier : le rapport qui fait de l’élu le représentant du peuple n’est pas un rapport qui se termine le soir de l’élection. C’est un contrat chaque jour renouvelé. En Allemagne, on obéit le führer légitime même lorsqu’il est devenu évident qu’il est fou. En France, cela n’a jamais marché.

      Cela étant dit, je ne vois pas à quoi vous faites référence lorsque vous parlez de « la mainmise des Juppéistes »… Ce ne sont pas les juppéistes qui ont soufflé à Macron ses petites phrases ou ses réformes à la hussarde. Et même si Macron reproduit par certains côtés les erreurs de Juppé en 1995, je pense que c’est plus parce qu’ils se ressemblent que parce que « les juppéistes » auraient trop de moids.

      [Au final, ils auront tout fait pour que la situation pourrisse jusqu’à la trêve des confiseurs.]

      Pas vraiment. Le dispositif mis en œuvre ce week-end pour éviter tout débordement montre qu’ils ont renoncé à l’idée que les violences allaient détacher l’opinion du mouvement, et qu’au contraire le pourrissement pourrait jouer contre le gouvernement en prêtant flanc à l’accusation d’impotence.

      [Macron sait que quand il jouera le rôle de sauveur de la patrie, l’opinion se retournera en sa faveur. Il est à 18% d’opinions favorables, déjà une partie des LR le soutient.]

      Je vois mal Macron faire le coup de Baden-Baden, et LREM mettre un million de personnes sur les Champs-Elysées. De Gaulle pouvait mettre les bottes du sauveur de la Patrie parce qu’il l’avait effectivement sauvée deux fois. On voit mal Macron être crédible dans ce rôle.

      [Ne serait-il pas positif pour la vitalité sociale du pays, que toutes les forces vives de la France appellent à une action nationale, avec la cgt, ce 12/12, suivi de négociations sérieuses?]

      Mais des « négociations » sur quoi, exactement ? C’est qui, les « forces vives » dont vous parlez ? Le problème, c’est que la difficulté ici ne tient pas à une mesure, à une décision qu’il suffirait de renverser pour que la difficulté soit résolue. La colère vise non pas une mesure, une décision, mais les conséquences multiformes d’une politique globale qui est celle des trente dernières années, et qui aboutit systématiquement à un transfert de richesse du travail vers le capital. Depuis trente ans, notre économie, notre droit, nos institutions ont été modelées dans ce sens. La véritable question posée par ce mouvement est à mon sens comment on amorce le transfert inverse. Et ça, ce n’est pas une négociation qui va le faire, c’est une révolution…

  4. Luxy Luxe dit :

    Excellente analyse structuraliste.

    Dans le même genre, voy. ceci : http://theconversation.com/deux-ou-trois-choses-dont-je-suis-presque-certain-a-propos-des-gilets-jaunes-108183

    La grande question est cependant de savoir dans quelle mesure le personnel politique est capable d’entendre ce type de raisonnement. A ce stade, il donne surtout l’impression d’une profonde immaturité et je ne serais pas étonné qu’il y ait de sérieuses tensions entre politiques et conseillers techniques (par exemple, qui est réellement à la manoeuvre à l’intérieur ? Castaner ou Nunez ?).

    Difficile, dans ces conditions, de démêler le vrai du faux. Je pense notamment à ces mises en garde concernant un déferlement de violence sur Paris le w-e prochain.

    Est-ce qu’on est dans le registre de la dramatisation pour discréditer le mouvement des gilets jaunes ?

    Est-ce que cela exprime une crainte réelle des services de renseignement ?

    Ou encore, comme le laisse entendre un article de Merchet dans l’Opinion, est-ce l’expression d’une peur-panique qui se serait emparée du personnel politique “du nouveau monde” (il écrit : « qui découvre stupéfaite que la politique peut être violente et les mettre en cause dans leur personne») ?

    • Descartes dit :

      @ Luxy Luxe

      [Dans le même genre, voy. ceci : (…)]

      Très intéressant article.

      [La grande question est cependant de savoir dans quelle mesure le personnel politique est capable d’entendre ce type de raisonnement. A ce stade, il donne surtout l’impression d’une profonde immaturité]

      Oui, c’est peut-être ce qui est le plus remarquable dans la situation. Lorsqu’on entend les députés LREM dans les médias, on est frappé par l’immaturité et le manque de culture politique ou historique de ces personnages. La plupart d’ailleurs se contente de réciter les éléments de langage distribués par leur parti, quitte à dire un jour le contraire de ce qu’ils ont dit la veille. C’est un spectacle insupportable de vacuité et d’insensibilité…

      [Difficile, dans ces conditions, de démêler le vrai du faux. Je pense notamment à ces mises en garde concernant un déferlement de violence sur Paris le w-e prochain. Est-ce qu’on est dans le registre de la dramatisation pour discréditer le mouvement des gilets jaunes ?]

      Je pense surtout qu’ils ont la trouille. Et qu’ils essayent de forcer l’ensemble des organisations politiques à faire bloc autour du président sous peine d’être considérés comme factieuses.

      [Ou encore, comme le laisse entendre un article de Merchet dans l’Opinion, est-ce l’expression d’une peur-panique qui se serait emparée du personnel politique « du nouveau monde » (il écrit : « qui découvre stupéfaite que la politique peut être violente et les mettre en cause dans leur personne») ?]

      Je peux vous dire que beaucoup de députes LREM sont en train de découvrir que la politique n’est pas un diner de gala…

      • PenArBed dit :

        La Politique n’est pas un diner de gala, certes, mais comme l’insignifiant occulte en permanence l’essentiel, nous n’avons que de la politique politicienne.
        Alors que notre pays s’enfonce, cette génération au pouvoir et celle de l’opposition, confortablement assises sur ses prébendes, sont incapables de s’unir afin de réformer ce pays. La loi sur la moralisation de la vie publique voter en septembre 2017 doit se poursuivre rapidement vers une mise à plat totale et transparente des budgets du Sénat (360M€) et de l’Assemblée (560M€).
        A l’évidence la France n’est pas simple à diriger, mais nos élus sont hors sol et le peuple n’est pas écouté.
        Une issue : mettre un terme à l’ENTRE-SOI du Sénat et de l’Assemblée et INCLURE EN PERMANENCE LE PEUPLE DANS LE CIRCUIT DES LOIS :
        1) fusionnons le Sénat (100 sénateurs maximum – au lieu de 348 sénateurs) avec le CESE (100 membres maximum – au lieu de 233 actuellement).
        Ce nouveau CESE siégera au Sénat et travaillera de concert avec les sénateurs. On ferme le Palais d’Iéna et on économisera les 40 M€/an actuels de budget ;
        Revoir sérieusement le budget du Sénat. 200 M€ devraient suffire pour désormais 200 membres (100 sénateurs et 100 CESE)
        2) les membres de ce nouveau CESE ne seront plus «nommés» par «l’entre-soi», mais seront des volontaires inscrits sur les listes électorales, tirés au sort, avec un mandat unique de trois ans ;

        • Descartes dit :

          @ PenArBed

          [La loi sur la moralisation de la vie publique voter en septembre 2017 doit se poursuivre rapidement vers une mise à plat totale et transparente des budgets du Sénat (360M€) et de l’Assemblée (560M€).]

          A votre avis, qu’est ce que cette “remise à plat” révélerait ?

          [Une issue : mettre un terme à l’ENTRE-SOI du Sénat et de l’Assemblée et INCLURE EN PERMANENCE LE PEUPLE DANS LE CIRCUIT DES LOIS :]

          Mais qu’est ce qui vous fait penser que le peuple a envie d’être “en permanence dans le circuit des lois” ? Comment comptez-vous le forcer ?

          Je vais vous apprendre une chose: tous les textes reglémentaires concernant de près ou de loin l’environnement doivent être soumis à consultation publique avant signature. Vous les trouverez donc sur le site du ministère de la transition écologique et solidaire, accompagnés d’une note de présentation. Et vous pouvez laisser un commentaire, une proposition de modification. Un bon exemple “d’inclusion du peuple dans le circuit des lois”, non ? Savez-vous combien de gens y participent ? Si vous laissez de côté les commentaires préfabriqués par des associations qui les font envoyer par leurs membres, entre quelques dizaines et quelques centaines.

          [1) fusionnons le Sénat (100 sénateurs maximum – au lieu de 348 sénateurs) avec le CESE (100 membres maximum – au lieu de 233 actuellement).]

          Pourquoi cent et pas cinquante ? On ferait encore plus d’économies… Mais surtout, quelle serait la légitimité de cette chambre “mixte” ? Les sénateurs sont élus, les membres du CESE sont nommés.

          [2) les membres de ce nouveau CESE ne seront plus «nommés» par «l’entre-soi», mais seront des volontaires inscrits sur les listes électorales, tirés au sort, avec un mandat unique de trois ans ;]

          En d’autres termes, ils seront tous néophites (puisque le “mandat unique” garantit qu’on n’aura jamais des gens expérimentés), et qui plus est dominés par les “classes moyennes”, parce qu’on sait très bien que lorsqu’on appelle des “volontaires”, ce sont les gens qui ont le temps et les moyens qui postulent…

          • PenArBed dit :

            Tout citoyen, bien que n’ayant pas fait l’école de la magistrature, peut devenir juré d’assises par tirage au sort
            Juré d’assises (source : https://www.service-public.fr): «Les jurés sont des citoyens tirés au sort sur les listes électorales. Ils participent aux côtés des magistrats professionnels au jugement des crimes, au sein de la cour d’assises. Ils exercent pleinement la fonction de juge pendant cette période. Les personnes retenues pour siéger après la procédure de sélection sont obligés de siéger, sauf s’ils invoquent un motif grave qui les en empêche. Les jurés qui siègent ont des obligations et ils peuvent percevoir des indemnités compensatoires».

            • Descartes dit :

              @ PenArBed

              [Tout citoyen, bien que n’ayant pas fait l’école de la magistrature, peut devenir juré d’assises par tirage au sort]

              Tout à fait. Mais j’attire votre attention sur le fait que si chaque citoyen PEUT devenir juré d’assises, rares sont ceux qui le souhaitent. Et lorsque le tirage au sort est effectué, une partie importante des tirés au sort offrent toutes sortes de prétextes pour être dispensés. Au point qu’on demande aux communes de tirer trois fois plus que le nombre demandé, pour pouvoir faire face aux dispenses. Ce qui tend à confirmer mon idée que les gens ne sont pas prêts à consentir l’effort associé à la participation civique. Et s’ils n’ont pas envie de s’enfermer dans une salle à écouter des témoignages et examiner des preuves, qu’est-ce qui vous fait penser qu’ils auront envie de s’enfermer dans une salle à lire des rapports et à discuter la loi ?

              Par ailleurs, si tout citoyen peut devenir juré, tout citoyen ne peut pas devenir membre de la Cour de Cassation. La raison est que les jurés populaires dans une Cour d’assises sont appelés à s’exprimer sur une question DE FAIT et non pas sur une question DE DROIT. Il leur appartient d’établir si la personne qui est devant eux a commis les faits qui lui sont reprochés. Ils entendent les témoignages, examinent les preuves, entendent les arguments, et se forgent une conviction. Et cela, bien évidemment, ne nécessite pas de connaissance particulière du droit. Pour répondre à la question de savoir « est-ce que monsieur X. a tué sa femme » ou « est-ce qu’il avait prémédité son geste », la parfaite connaissance du Code pénal ne vous est d’aucun secours.

              A l’inverse, le travail législatif ou réglementaire ne consiste pas à établir des faits, mais à écrire des règles – et donc à anticiper leurs effets du point de vue matériel, juridique, institutionnel, politique. Et pour ça, le simple bon sens ne suffit pas.

          • PenArBed dit :

            Merci pour votre réponse. Permettez-moi de vous répondre à mon tour
            Vous écrivez : « Pendant tout leur mandat président, députés et sénateurs restent des représentants. Et il leur faut justifier de cette représentativité chaque jour. Pour cela, ils doivent en permanence prendre le pouls du pays, écouter son peuple, et s’assurer que les politiques qu’ils mettent en œuvre ont un large soutien».
            Vous avez constaté comme moi qu’ils ne le font absolument pas au motif d’être hors sol. Je vous ai donc adressé ma proposition de fusion d’un nouveau CESE au Sénat regroupant des expérimentés (sénateurs) et des novices.
            Mais dites-moi combien de députés novices dans LREM ? Combien de lois ont-ils votés bien que n’ayant aucune expérience, leur travail comme vous l’écrivez consistant : «à écrire des règles – et donc à anticiper leurs effets du point de vue matériel, juridique, institutionnel, politique. Et pour ça, le simple bon sens ne suffit pas ».
            A l’évidence ces nouveaux députés se sont d’abord reposé sur leur bon sens, comme le feront les nouveaux membres du CESE.
            Alain : ” Je crois bien que dans toute constitution il y a de la Monarchie, de l’Oligarchie, de la Démocratie, mais plus ou moins équilibrées. L’exécutif est monarchique nécessairement car dans l’action il faut que quelqu’un dirige. Le législatif est oligarchique nécessairement car il faut des savants, juristes ou ingénieurs qui travaillent dans leur spécialité. La démocratie est le contrôle permanent des gouvernés sur les gouvernants contre les abus du pouvoir et est le pouvoir de déposer, à la minute, ceux qui ne conduisent pas les affaires selon l’intérêt du plus grand nombre. Ainsi il y aurait dans une société saine : Monarchie, Oligarchie, Démocratie, dans un juste équilibre”.
            Dès qu’on se laisse gouverner, on est mal gouverné. Ce qui importe, ce n’est pas l’origine des pouvoirs, c’est le contrôle continu et efficace que les gouvernés exercent sur les gouvernants.

            • Descartes dit :

              @ PenArBed

              [Vous écrivez : « Pendant tout leur mandat président, députés et sénateurs restent des représentants. Et il leur faut justifier de cette représentativité chaque jour. Pour cela, ils doivent en permanence prendre le pouls du pays, écouter son peuple, et s’assurer que les politiques qu’ils mettent en œuvre ont un large soutien». Vous avez constaté comme moi qu’ils ne le font absolument pas au motif d’être hors sol. Je vous ai donc adressé ma proposition de fusion d’un nouveau CESE au Sénat regroupant des expérimentés (sénateurs) et des novices.]

              Je ne pense pas que les représentants ne fassent pas ce travail « au motif d’être hors sol ». Je pense que le problème est surtout que nos élites politiques ont organisé leur propre impuissance. Une fois qu’ils ont transféré notre politique économique et budgétaire à Bruxelles, qu’ils ont renoncé à toute politique industrielle au nom du « marché libre et non faussée », qu’on a renoncé à toute velléité d’aménagement du territoire au nom de la décentralisation, et qu’on a accepté les contraintes budgétaires européennes, que reste-t-il à nos « représentants » sinon faire de la figuration ?

              Les meilleurs ne vont pas aujourd’hui faire de la politique. A quoi bon ? On a bien plus de pouvoir et on est bien mieux payé dans le privé. Conclusion : on a les plus médiocres.

              [A l’évidence ces nouveaux députés se sont d’abord reposé sur leur bon sens, comme le feront les nouveaux membres du CESE.]

              Le résultat n’est pas vraiment probant…

              [Dès qu’on se laisse gouverner, on est mal gouverné. Ce qui importe, ce n’est pas l’origine des pouvoirs, c’est le contrôle continu et efficace que les gouvernés exercent sur les gouvernants.]

              Encore faut-il que les gouvernants aient les moyens de gouverner. Si on organise l’impuissance des gouvernants, à quoi peut bien servir de les « contrôler » ?

          • PenArBed dit :

            Descartes vous écrivez en références aux nouveaux députés LERM : «le résultat n’est pas vraiment probant…». C’est une évidence, mais il faut bien commencer comme partout ailleurs avant d’être performant.
            Pour autant, vous écrivez aussi : «Je pense que le problème est surtout que nos élites politiques ont organisé leur propre impuissance»
            Comme vous le signalez, ils sont donc médiocres et ils ont effectivement organisé leur impuissance.
            Le fond de ma pensée est que seuls des circonstance et des Hommes changeront vraiment les choses, mais au motif comme le disait Camus qu’un pays vaut ce que vaut son peuple, en attendant ces circonstance et ces Hommes, je plaide pour la fusion des « élites médiocres » et du « peuple décevant » au sein du Sénat + CESE cité supra
            Montesquieu dans L’Esprit des Lois : «Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie. Le suffrage par le choix est de celle de l’aristocratie. Le sort est une façon d’élire qui n’afflige personne ; il laisse à chaque citoyen une espérance raisonnable de servir sa patrie ».

            • Descartes dit :

              @ PenArBed

              [Descartes vous écrivez en références aux nouveaux députés LERM : «le résultat n’est pas vraiment probant…». C’est une évidence, mais il faut bien commencer comme partout ailleurs avant d’être performant.]

              Ce qui me gêne n’est pas tant qu’ils ne soient pas « performants ». Après tout, comme vous le dites vous-même, le métier de représentant est un métier qui s’apprend, comme n’importe quel autre. Ce qui me gêne, c’est que j’ai l’impression que les députés LREM ne cherchent pas à apprendre leur métier. Je ne pense même pas qu’ils soient conscients du fait qu’ils ont quelque chose à apprendre.

              [Pour autant, vous écrivez aussi : «Je pense que le problème est surtout que nos élites politiques ont organisé leur propre impuissance» Comme vous le signalez, ils sont donc médiocres et ils ont effectivement organisé leur impuissance.]

              Ce n’est pas ça que je voulais dire. Ce ne sont pas les députés LREM qui ont organisé leur impuissance, c’est la génération précédente. C’est cette impuissance organisée qui a fait que le peuple se désintéresse d’une élection qui ne sert plus qu’à désigner quel sera le parti qui nous expliquera qu’on ne peut rien faire. Et c’est ce désintérêt qui a permis aux députés LREM d’être élus. Ils ne sont donc pas les organisateurs de l’impuissance, mais son produit.

              [Montesquieu dans L’Esprit des Lois : «Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie. Le suffrage par le choix est de celle de l’aristocratie. Le sort est une façon d’élire qui n’afflige personne ; il laisse à chaque citoyen une espérance raisonnable de servir sa patrie ».]

              Admettons. Mais quelle est la finalité de l’élection ? Donner au pays des dirigeants de qualité qui mettront en œuvre les politiques issues de la volonté générale ? Ou « donner à chaque citoyen l’espérance raisonnable de servir sa patrie » ? Personnellement, je penche pour la première option. Et j’assume le fait que ce choix est, d’une certaine manière, « aristocratique » au sens étymologique du terme.

          • PenArBed dit :

            Vous écrivez : «Quelle est la finalité de l’élection ? Donner au pays des dirigeants de qualité qui mettront en œuvre les politiques issues de la volonté générale ? Ou « donner à chaque citoyen l’espérance raisonnable de servir sa patrie » ? Personnellement, je penche pour la première option. Et j’assume le fait que ce choix est, d’une certaine manière, « aristocratique » au sens étymologique du terme ».
            A l’évidence je souscris à la première option, mais vous constatez comme l’attestent vos analyses et tous les commentaires transmis que ça ne marche pas avec cet «entre-soi» du Sénat et de l’Assemblée.
            Chaque citoyen sert sa patrie dans son cadre professionnel. Ce n’est malheureusement pas le cas de nos politiciens au motif de n’être en majorité que des politiciens et non des Hommes Politiques.
            Georges Orwell : « En politique on ne peut jamais opter que pour le moindre mal »
            Hannah Arendt : « Politiquement la faiblesse de l’argument du moindre mal a toujours été que ceux qui choisissent le moindre mal oublient très vite qu’ils ont choisi le mal »

            • Descartes dit :

              @ PenArBed

              [A l’évidence je souscris à la première option, mais vous constatez comme l’attestent vos analyses et tous les commentaires transmis que ça ne marche pas avec cet «entre-soi» du Sénat et de l’Assemblée.]

              Je ne crois pas avoir constaté pareille chose. Je veux bien à la rigueur « constater » que les représentants au Sénat et à l’Assemblée ne remplissent pas son rôle. Mais de là à en conclure que la raison est « l’entre soi », il y a un pas qui n’est pas aisément franchi. D’abord, il faudrait s’entendre sur ce que vous appelez « l’entre soi » : le problème pour vous est l’origine sociale des députés ? Le fait que ce sont des politiques professionnels ? Le fait qu’ils appartiennent en grande majorité à un certain milieu ?

              [Chaque citoyen sert sa patrie dans son cadre professionnel.]

              Diriez-vous qu’un trader à Goldman Sachs ou un publicitaire chez Procter & Gamble « servent la patrie » ? Non. Ceux qui choisissent une profession en fonction de leurs intérêts matériels ne servent pas la Patrie, mais leurs intérêts. Ceux qui acceptent des salaires inférieurs à ceux qu’ils pourraient avoir ailleurs parce qu’ils ont fait le choix d’assurer des missions d’intérêt public, ceux-là « servent la Patrie ».

              [Georges Orwell : « En politique on ne peut jamais opter que pour le moindre mal »
              Hannah Arendt : « Politiquement la faiblesse de l’argument du moindre mal a toujours été que ceux qui choisissent le moindre mal oublient très vite qu’ils ont choisi le mal »]

              Je suis personnellement plus proche de Orwell que de Arendt.

          • PenArBed dit :

            Vous écrivez : «D’abord, il faudrait s’entendre sur ce que vous appelez « l’entre soi » : le problème pour vous est l’origine sociale des députés ? Le fait que ce sont des politiques professionnels ? Le fait qu’ils appartiennent en grande majorité à un certain milieu ?»
            L’entre-soi est pour moi le fait qu’ils sont effectivement socialement entre-eux et le processus du vote n’y changera rien. La seule chance pour que La France d’En Bas soit représentée est le tirage au sort, contrairement à ce que proposait De Gaulle.
            De Gaulle Discours de Bayeux, 16 juin 1946 : «Il est clair et il est entendu que le vote définitif des lois et des budgets revient à une Assemblée élue au suffrage universel et direct. Mais le premier mouvement d’une telle Assemblée ne comporte pas nécessairement une clairvoyance et une sérénité entières. Il faut donc attribuer à une deuxième Assemblée, élue et composée d’une autre manière, la fonction d’examiner publiquement ce que la première a pris en considération, de formuler des amendements, de proposer des projets. Or, si les grands courants de politique générale sont naturellement reproduits dans le sein de la Chambre des Députés, la vie locale, elle aussi, a ses tendances et ses droits.
            (…) Tout nous conduit donc à instituer une deuxième Chambre dont, pour l’essentiel, nos Conseils généraux et municipaux éliront les membres. Cette Chambre complétera la première en l’amenant, s’il y a lieu, soit à réviser ses propres projets, soit à en examiner d’autres, et en faisant valoir dans la confection des lois ce facteur d’ordre administratif qu’un collège purement politique a forcément tendance à négliger. Il sera normal d’y introduire, d’autre part, des représentants, des organisations économiques, familiales, intellectuelles, pour que se fasse entendre, au-dedans même de l’État , la voix des grandes activités du pays. Réunis aux élus des assemblée locales des territoires d’outre-mer, les membres de cette Assemblée formeront le grand Conseil de l’Union française, qualifié pour délibérer des lois et des problèmes intéressant l’Union, budgets, relations extérieures, rapports intérieurs, défense nationale, économie, communications».

            Vous écrivez : «Diriez-vous qu’un trader à Goldman Sachs ou un publicitaire chez Procter & Gamble « servent la patrie » ? Non. Ceux qui choisissent une profession en fonction de leurs intérêts matériels ne servent pas la Patrie, mais leurs intérêts. Ceux qui acceptent des salaires inférieurs à ceux qu’ils pourraient avoir ailleurs parce qu’ils ont fait le choix d’assurer des missions d’intérêt public, ceux-là « servent la Patrie ».
            A l’évidence je pense à la deuxième, en regrettant d’avoir à le préciser !

            • Descartes dit :

              @ PenArBed

              [L’entre-soi est pour moi le fait qu’ils sont effectivement socialement entre-eux et le processus du vote n’y changera rien. La seule chance pour que La France d’En Bas soit représentée est le tirage au sort, contrairement à ce que proposait De Gaulle.]

              Encore une fois, il faudrait s’entendre sur ce que vous appelez « représentation ». S’agit-il d’une représentation STATISTIQUE ou d’une représentation POLITIQUE ? Au fond, la question est de savoir si pour vous ce qui est prioritaire est la représentation des personnes ou la représentation de leurs intérêts.

              Prenons un exemple classique : il est fort peu probable que dans un système électif un tueur en série ou un trisomique puissent entrer à l’Assemblée nationale. Cela ne veut pas dire que leurs intérêts ne soient pas représentés : il y a des députés qui, n’étant pas trisomiques, votent pourtant des lois qui les protègent ; il y a des députés qui n’étant pas tueurs en série adoptent des lois abolissant la peine de mort ou rendant le prisons plus humaines.

              Maintenant, dans une assemblée tirée au sort, il y aura possiblement un trisomique ou un tueur en série. Et l’Assemblée ainsi constituée sera plus « représentative » au sens statistique du terme qu’une assemblée élue, puisque trisomiques et tueurs en série font après tout partie de notre société. Mais pensez-vous que dans une telle assemblée les droits des trisomiques ou des tueurs en série seront mieux défendus ? J’avoue que je ne vois pas très bien pourquoi.

              Derrière l’idée de tirage au sort se trouve une croyance : celle qui veut que les intérêts d’une catégorie ne puissent être défendus que par les membres de cette catégorie. Qu’il faut une femme pour défendre les droits des femmes, un noir pour défendre efficacement les intérêts des noirs, et ainsi de suite. Le problème, c’est que cette idée conduit, par intersections successives, à conclure que la seule personne qui puisse défendre vos intérêts… c’est vous-même. Ou quelqu’un qui est identique à vous. L’autre problème, encore plus sérieux, est que l’expérience des siècles montre que ce système ne fonctionne pas. Que les meilleurs avocats ne ressemblent pas nécessairement à leurs clients. L’abbé de l’Epée a infiniment mieux défendu la cause des sourds-muets que le sourds-muets n’auraient pu le faire eux-mêmes. Jaurès fut un des meilleurs défenseurs de la classe ouvrière sans être lui-même ouvrier.

              La politique républicaine est fondée sur des regroupements de gens qui PENSENT pareil. La politique communautariste est fondée sur le regroupement de gens qui SONT pareils. L’idée qu’on ne peut être défendu que par quelqu’un qui me ressemble est profondément liée à la logique communautariste, qui met ce qu’on EST au-dessus de ce qu’on PENSE.

              J’ajoute que le tirage au sort ne fabrique une assemblée « représentative » que dans l’hypothèse où les gens seraient tirés au sort sur les listes électorales et ceux désignés par le sort seraient OBLIGES de siéger. En effet, si le tirage au sort se fait parmi des volontaires – ou si les personnes désignées peuvent se désister – vous aurez une surreprésentation des personnalités militantes et des couches sociales qui ont le temps et les moyens d’abandonner ou de négliger leur métier pour faire de la politique…

              [De Gaulle Discours de Bayeux, 16 juin 1946 : (…)]

              J’avoue que je ne vois pas très bien la pertinence de cette citation. En 1946, la vision « corporative » était encore forte, et les « organisations économiques, familiales, intellectuelles » avaient encore une réelle représentativité. Ce n’est plus du tout le cas maintenant : quelle « organisation intellectuelle » verriez-vous désigner des représentants à cette deuxième chambre aujourd’hui ?

          • PenArBed dit :

            De Gaulle Discours de Bayeux, 16 juin 1946 : (…)
            Vous écrivez : « J’avoue que je ne vois pas très bien la pertinence de cette citation. En 1946, la vision « corporative » était encore forte, et les « organisations économiques, familiales, intellectuelles » avaient encore une réelle représentativité. Ce n’est plus du tout le cas maintenant : quelle « organisation intellectuelle » verriez-vous désigner des représentants à cette deuxième chambre aujourd’hui ?
            Je vous ai transmis cet extrait dont l’essentiel, toujours aussi pertinent en 2018, à mes yeux est ceci :
            «…une Assemblée élue au suffrage universel et direct. Mais le premier mouvement d’une telle Assemblée ne comporte pas nécessairement une clairvoyance et une sérénité entières».
            (…) « Tout nous conduit donc à instituer une deuxième Chambre ….. Cette Chambre complétera la première en l’amenant, s’il y a lieu, soit à réviser ses propres projets, soit à en examiner d’autres, et en faisant valoir dans la confection des lois ce facteur d’ordre administratif qu’un collège purement politique a forcément tendance à négliger.»
            Le mouvement des Gilets Jaunes en atteste
            D’où au sein du Sénat, travaillant de concert avec les Sénateurs, ce nouveau CESE avec des membres volontaires, inscrits sur les listes électorales, tirés au sort, percevant les mêmes indemnités que les Sénateurs (Au 1er janvier 2018, le montant brut mensuel de l’indemnité parlementaire s’élève à 7 209,74 € et se décompose de la façon suivante : indemnité parlementaire de base : 5 599,80 € – indemnité de résidence : 167,99 € – indemnité de fonction : 1 441,95 € soit 5358,30€ net (source senat.fr)

            • Descartes dit :

              @ PenArBed

              [Je vous ai transmis cet extrait dont l’essentiel, toujours aussi pertinent en 2018, à mes yeux est ceci :
              «…une Assemblée élue au suffrage universel et direct. Mais le premier mouvement d’une telle Assemblée ne comporte pas nécessairement une clairvoyance et une sérénité entières».
              (…) « Tout nous conduit donc à instituer une deuxième Chambre ….. Cette Chambre complétera la première en l’amenant, s’il y a lieu, soit à réviser ses propres projets, soit à en examiner d’autres, et en faisant valoir dans la confection des lois ce facteur d’ordre administratif qu’un collège purement politique a forcément tendance à négliger.» Le mouvement des Gilets Jaunes en atteste]

              Pourtant, cette « deuxième chambre », elle existe aujourd’hui. Le monocaméralisme que De Gaulle dénonçait dans son discours n’a jamais vu le jour. Si le mouvement des « gilets jaunes » atteste de quelque chose, c’est que cette « deuxième chambre » ne résout pas par elle-même le problème de la représentation.

  5. Marcailloux dit :

    @ Descartes,
    Bonjour,
    Il serait incongru de ne pas adhérer à votre analyse. Cependant, je me permettrais deux objections que vous n’envisagiez peut-être pas dans votre réflexion :
    – La violence n’est pas tant, et de loin, celle des manifestants « ordinaire » que celle de quelques centaines de voyous qui recherchent, et rechercheront tant que les pouvoirs publics sont laxistes, les occasions de détruire par nihilisme ou par crapulerie. Que quelques excités se soient laissés entrainés à des exactions ne permet pas vraiment de qualifier le mouvement GJ de violent. Les gros plans des médias, le manque de recul du pouvoir en place, la convoitise des partis d’opposition, avides de revanche, transforment en tragédie nationale ce qui n’est qu’une jacquerie qu’il faut néanmoins prendre en compte avec le plus grand soin.
    – Alors que dans le monde, et particulièrement dans les dernières décennies les morts se comptent par centaines de milliers – sans insister sur les millions de morts du XXème siècle – nos société et tout particulièrement nos politiques sont terrorisés par l’hypothèse qu’un vandale insurrectionnel puisse être gravement blessé voire tué dans des affrontements avec les forces de l’ordre qui, elles, représentent la volonté démocratique de la nation.
    Chacun trouvera banal – en quelque sorte – qu’un motard, de temps en temps, transgressant les règlements du Code de la route, les principes élémentaires de prudence, l’instinct naturel de survie, se blesse gravement ou même se tue sur la route. « Il a pris des risques, il les assume » dira-t-on.
    Pour les casseurs et les pillards, il en va de même. La nation ne doit pas se laisser intimider et bafouer sans réagir avec la plus grande fermeté – tant pis pour la casse – face à ceux qui n’ont qu’un désir : la détruire. La prudence excessive confine à la veulerie.

    • Descartes dit :

      @ Marcailloux

      [Que quelques excités se soient laissés entrainés à des exactions ne permet pas vraiment de qualifier le mouvement GJ de violent.]

      Il est clair que ce ne sont pas les « gilets jaunes » qui ont saccagé des magasins, brûlé des voitures. Il est moins clair qui a dégradé l’Arc de Triomphe. Et il y a certainement des « gilets jaunes » qui ont lancé des bouteilles ou des pavés contre les CRS. La protestation publique a toujours un certain degré de violence, souvent d’ailleurs « chorégraphiée ».

      [Les gros plans des médias, le manque de recul du pouvoir en place, la convoitise des partis d’opposition, avides de revanche, transforment en tragédie nationale ce qui n’est qu’une jacquerie qu’il faut néanmoins prendre en compte avec le plus grand soin.]

      Effectivement, les ténors qui déclarent qu’on n’avait jamais vu une telle violence en France ne montrent qu’ne chose : leur ignorance de l’histoire du pays qu’ils sont censés diriger. Il y eut quand même en France deux guerres mondiales, la guerre d’Algérie, les attentats de l’OAS, Charlie Hebdo et le Bataclan…

      [– Alors que dans le monde, et particulièrement dans les dernières décennies les morts se comptent par centaines de milliers – sans insister sur les millions de morts du XXème siècle – nos société et tout particulièrement nos politiques sont terrorisés par l’hypothèse qu’un vandale insurrectionnel puisse être gravement blessé voire tué dans des affrontements avec les forces de l’ordre qui, elles, représentent la volonté démocratique de la nation.]

      Pas tout à fait. Si un « vandale insurrectionnel » était tué, les conséquences seraient minimes. Le risque, c’est de tuer un lycéen fils des « classes moyennes », un honnête père de famille ou retraité. Parce que tout le monde a en tête le précédent de Malik Oussekine, dont la mort sonna le glas de la loi Devaquet.

      • Vincent dit :

        > Si un « vandale insurrectionnel » était tué, les conséquences seraient
        > minimes. Le risque, c’est de tuer un lycéen fils des « classes moyennes »,
        > un honnête père de famille ou retraité.

        La Terreur révolutionnaire à Paris était bien moins terrible, en nombre de morts, que la répression de la Commune de 1870, ou la Terreur dans l’Ouest (2500 morts en 1 an, contre 30 000 morts en une semaine ou 80 000 morts en 1 an).
        Pourtant, jusqu’à aujourd’hui, elle reste le symbole de ce qui peut exister de plus horrible…
        La terreur en Vendée, elle, n’a pas intéressée grand monde jusqu’à récemment, et les Communards sont vus comme ayant certes été réprimés, mais bon… C’était une mesure de police assez logique…

        Et du point de vue politique, la chute de Robespierre a été, me semble-t-il causée par les morts de Paris, et pas par ceux de Vendée. Quand au régime de Thiers, il s’est consolidé sur la répression des Communards.

        Effectivement, politiquement ou mémoriellement, les morts dans des répressions ne se valent pas… Je suppose qu’on avait du enseigner tout cela au PCF d’antan ? Aviez vous cela à l’esprit dans votre réponse ?

        • Descartes dit :

          @ Vincent

          [La Terreur révolutionnaire à Paris était bien moins terrible, en nombre de morts, que la répression de la Commune de 1870, ou la Terreur dans l’Ouest (2500 morts en 1 an, contre 30 000 morts en une semaine ou 80 000 morts en 1 an). Pourtant, jusqu’à aujourd’hui, elle reste le symbole de ce qui peut exister de plus horrible…]

          Vous croyez ? Je ne pense pas que la Terreur parisienne « reste le symbole de ce qui peut exister de plus horrible ». D’une manière générale, l’histoire a beaucoup pardonné à la terreur révolutionnaire, et on trouve un peu partout des rues Robespierre et des avenues Carnot. Si la terreur parisienne a un poids symbolique que n’a ni la Terreur dans l’ouest, ni la répression de la Commune, c’est que la Terreur parisienne illustre l’idée que la Révolution, comme Cronos, mange ses propres enfants. Et bien entendu, il y a le fait non négligeable que la terreur parisienne a fait des victimes « people », beaucoup plus connues que celles de la répression des communards ou de la Terreur dans l’ouest, dont les victimes sont « des gens qui ne sont rien », pour parler comme Macron.

          [Effectivement, politiquement ou mémoriellement, les morts dans des répressions ne se valent pas… Je suppose qu’on avait du enseigner tout cela au PCF d’antan ? Aviez vous cela à l’esprit dans votre réponse ?]

          Pas vraiment. Et je ne me souviens pas que la question ait été « enseignée » au PCF.

  6. Gugus69 dit :

    Bonjour ami et camarade.
    Je suis tout-à-fait d’accord avec vous.
    Finalement, quand des “gilets jaunes” ont pris la bastille le 14 juillet 1789, ils ne pouvaient pas savoir que juste trois semaines plus tard, dans la nuit du 4 août, le système féodal s’effondrerait avec l’abolition des privilèges.
    Parce que la véritable analogie avec les gilets jaunes, c’est que la foule de 80 000 Parisiens (une grosse manif, en quelque sorte…) qui cherchaient des armes et de la poudre n’était contrôlée par personne.
    Mais la différence, c’est qu’en 1789 des forces se levaient aux États Généraux pour donner une expression politique à cette révolte, et en faire une révolution.
    Aujourd’hui, cette force n’existe pas. C’est pourquoi je ne m’attends pas à l’abolition des privilèges pour Noël…

    • Descartes dit :

      @ Gugus69

      [Mais la différence, c’est qu’en 1789 des forces se levaient aux États Généraux pour donner une expression politique à cette révolte, et en faire une révolution.]

      Lorsque 1789 arrive, les Lumières ont fait leur œuvre idéologique, qu’il existe une classe – la bourgeoisie – qui a conquis le pouvoir économique et aspire au pouvoir politique. Aujourd’hui, il s’agit de la révolte d’une « France périphérique » qui n’a aucun moyen de créer un rapport de force économique, et qui n’a derrière elle aucune idéologie qui lui permette de traduire son action politiquement…

  7. patriote dit :

    J’ai l’impression que ces deux discours se contredisent, vous pourriez développer?

    “Tous les cinq ans, nous élisons un président de la République qui dispose normalement d’une majorité au Parlement. Mais cela ne lui donne pas le droit de faire ce qu’il veut, ni même d’appliquer son programme sans discussion pendant cinq ans.”
    “La démocratie ne fonctionne pas comme ça. On ne vote pas un programme, on élit des hommes à qui on confie la tâche de nous représenter et de gouverner en notre nom. C’est d’ailleurs pour cette raison que la Constitution interdit tout mandat impératif.”

    • Descartes dit :

      @ patriote

      [« Tous les cinq ans, nous élisons un président de la République qui dispose normalement d’une majorité au Parlement. Mais cela ne lui donne pas le droit de faire ce qu’il veut, ni même d’appliquer son programme sans discussion pendant cinq ans. »
      « La démocratie ne fonctionne pas comme ça. On ne vote pas un programme, on élit des hommes à qui on confie la tâche de nous représenter et de gouverner en notre nom. C’est d’ailleurs pour cette raison que la Constitution interdit tout mandat impératif. »]

      Je ne vois pas très bien quelle est la « contradiction » que vous voyez entre ces deux affirmations. Je pense au contraire qu’elles sont au contraire la répétition d’un même principe, qui est celui de la démocratie représentative. Je crois que l’analogie la plus parlante est celle d’un avocat. Quand j’ai à me défendre devant un tribunal, je mandate un avocat pour me représenter. Mais le fait que j’ai mandaté un avocat n’implique pas que celui-ci peut agir à sa guise. Il doit au contraire en toute circonstance agir dans mon intérêt, et consulter fréquemment avec moi pour s’assurer que je suis d’accord avec la ligne de défense qu’il poursuit. Et s’il adopte une ligne de défense qui ne me convient pas, il aura failli dans son rôle de « représentant », même si je l’ai désigné dans les formes.

      En d’autres termes, en nommant mon « représentant » je ne lui donne pas un mandat impératif. C’est à lui d’élaborer une politique et de la mettre en œuvre. Mais il doit s’assurer en permanence que la politique ainsi mise en œuvre est conforme à la volonté de ses mandants. Et s’il découvre qu’un élément de son programme suscite une opposition massive, il doit y renoncer.

  8. FB dit :

    Bonjour Descartes,

    Vous nous gâtez en ce moment.

    Ce texte me rappelle une citation d’Al Capone: on obtient plus de choses en étant poli et armé plutôt qu’en étant tout simplement poli.

    En tout cas, bien malin celui qui pourra dire ce qui va se passer demain. S’il y a des morts parmi les policiers, cela pourrait entraîner la contagion de l’insurrection à ces fonctionnaires et menacerait la paix civile. S’il y a des morts parmi les casseurs, ils seront considérés comme des martyrs et ce pourrait être l’embrasement généralisé. Je comprends en effet que Macron ne soit pas complètement serein.

    Coïncidence, je viens de terminer 2 livres qui analysent le désarroi des classes populaires: La gauche sans le peuple d’Eric Conan (très bon) et No Society de Christophe Guilluy (le style est un peu lourd et répétitif). Comme quoi, les racines du mal sont connues depuis pas mal d’années…

    • Descartes dit :

      @ FB

      [Ce texte me rappelle une citation d’Al Capone: on obtient plus de choses en étant poli et armé plutôt qu’en étant tout simplement poli.]

      Excellente citation ! Mais justement, si nous voulons rester dans une société civilisée, il faut que le citoyen obtienne plus de choses parce qu’il est poli que parce qu’il est armé.

      [Coïncidence, je viens de terminer 2 livres qui analysent le désarroi des classes populaires: La gauche sans le peuple d’Eric Conan (très bon) et No Society de Christophe Guilluy (le style est un peu lourd et répétitif). Comme quoi, les racines du mal sont connues depuis pas mal d’années…]

      Ils sont dans ma liste de lectures pour la trêve des confiseurs…

  9. Vincent dit :

    Muriel Pénicaud : face à l'”urgence sociale absolue» dont témoigne la crise des gilets jaunes […]

    Il y a donc une urgence sociale… On passe d’un extrême à l’autre : il y a un mois, les français étaient des raleurs. Et il y a maintenant une urgence… Qui n’est pas plus urgente qu’il y a 1 ou 2 ans. Cela fait des années que plein de monde tirait la sonnette d’alarme, mais il faut des casseurs pour qu’il faille s’en préoccuper… en urgence comme d’habitude avec le nouveau management…

    Elle ne pourrait pas vous donner plus raison !

    • Descartes dit :

      @ Vincent

      [“Muriel Pénicaud : face à l’ »urgence sociale absolue» dont témoigne la crise des gilets jaunes […]” Il y a donc une urgence sociale…]

      Il faut comprendre que pour les politiques l’urgence est subjective: quelque chose devient “urgent” quand cela les touche directement – par exemple, quand cela crée un risque de voir leur tête sur une pique. Pour un politique, que les gens crèvent de faim n’est pas une “urgence”. Cela le devient quand les crève-la-faim sortent dans la rue.

      • Vincent dit :

        > pour les politiques l’urgence est subjective: quelque chose devient « urgent »
        > quand cela les touche directement – par exemple, quand cela crée un risque
        > de voir leur tête sur une pique. Pour un politique, que les gens crèvent de faim
        > n’est pas une « urgence ». Cela le devient quand les crève-la-faim sortent dans
        > la rue.

        C’est une interprétation. Mais je ne pense pas que ce soit la bonne. Muriel Pénicaud, ex RH, est parfaitement imprégnée de la novlangue managériale, qui est celle notamment celle en vigueur dans les cabinets de conseil en stratégie / changement ; et naturellement aussi celle des cadres dirigeants des grands groupes (et de plus en plus des politiques).

        Quand on la connait, on reconnait très vite cette langue. Et s’il y a une décision, une mesure à prendre, presque toujours, quel que soit le domaine et la situation :
        [Fac, mais recommandé] 1. on a un très gros problème qui fait qu’on va dans le mur,
        2. le monde change et il faut savoir s’adapter, voilà quelle mesure il faudrait prendre,
        3. et malheureusement, il y a réellement urgence.
        4. Et donc voilà quelle est la décision qui doit être mise en place sans attendre.

        Elle semble tellement imprégnée de cette démarche de ne jamais prendre de décision sans qu’il y ait le prétexte de l’urgence, qu’ici encore, vu qu’elle se dit qu’il va falloir prendre une décision, forcément, elle en déduit qu’il faut affirmer qu’il y a urgence, même si c’est évidemment ridicule compte tenu des discours qu’ils tenaient il y a quelques semaines.

        J’ai eu la chance de me retrouver (un peu par effraction, mais bon) à suivre une formation complète sur les métiers du conseil en stratégie et consorts. Le message était donné très clairement : quand un client a envie d’impulser un changement, le principal travail du consultant est de trouver les chiffres et de présenter les slides de manière à montrer qu’il y a urgence. Et c’est le fait qu’il y a urgence à agir qui permettra de justifier les décisions à prendre, sans qu’il soit nécessaire de démontrer de manière particulièrement rigoureuse l’absence d’autre orientation possible (si la présentation est bien faite, ça doit découler naturellement). En effet, l’objectif d’un consultant en stratégie n’est pas de présenter plusieurs alternatives à une direction, mais la seule alternative possible, car cela obligerait sinon à faire (et à assumer) des choix, ce qu’aussi bien les dirigeants de grands groupes que les politiques d’aujourd’hui détestent !

        Bref, plutôt qu’une réelle urgence pour eux mêmes, j’y vois plutôt un artifice de communication tellement grossier qu’il en devient ridicule…

        • Descartes dit :

          @ Vincent

          [Quand on la connait, on reconnait très vite cette langue. Et s’il y a une décision, une mesure à prendre, presque toujours, quel que soit le domaine et la situation :
          [Fac, mais recommandé] 1. on a un très gros problème qui fait qu’on va dans le mur,
          2. le monde change et il faut savoir s’adapter, voilà quelle mesure il faudrait prendre,
          3. et malheureusement, il y a réellement urgence.
          4. Et donc voilà quelle est la décision qui doit être mise en place sans attendre.]

          Je connais ce raisonnement. Mais je ne pense pas que quand le gouvernement parle aujourd’hui de « urgence sociale » il l’entende dans ce sens… Ce serait plutôt dans le genre « il faut trouver quelque chose à faire d’urgence, ou on risque de sérieux ennuis ».

        • Antoine dit :

          Mais la novlangue managériale n’a rien inventé. On trouve les mêmes artifices dans le discours militant.

          Qui n’a pas déjà lu un communiqué contenant une formule du genre « Désormais, on ne peut plus attendre » (avant on pouvait ?) ou bien « Plus que jamais, il est temps de patati et patata… » ? Ça m’amuse, personnellement, ce « plus que jamais » : si aujourd’hui c’est plus que jamais, ça veut dire que demain ce sera moins qu’aujourd’hui, et donc qu’il suffit de laisser le temps s’écouler pour que la situation s’améliore. Ce n’est certainement pas le message que voulaient faire passer les militants qui l’ont écrit…

          Bref, c’est un truc classique pour tenter de court-circuiter toute tentative de réflexion calme et posée, qui risquerait de trouver des défauts à la solution miracle alléguée. C’est l’urgence, on ne discute pas, hop, avançons en rang par deux.

          • morel dit :

            Oui, Trop de formules toutes faites dans nombre d’écrits militants y compris syndicaux qui laissent accroire que, pensant par slogans, on veut les inculquer,
            Plus de soin dans l’élaboration, forme et fond, susciter l’intérêt, la réflexion mais pas toujours le temps.
            Par contre, ne croyez pas qu’il s’agit systématiquement de « un truc classique pour tenter de court-circuiter toute tentative de réflexion calme et posée, qui risquerait de trouver des défauts à la solution miracle alléguée. C’est l’urgence, on ne discute pas, hop, avançons en rang par deux.». Si un simple écrit avait ce pouvoir…

    • Marcailloux dit :

      @ Vincent

      Bonjour,

      [Cela fait des années que plein de monde tirait la sonnette d’alarme, mais il faut des casseurs pour qu’il faille s’en préoccuper… en urgence comme d’habitude avec le nouveau management…]

      Tous les 4 ou 5 ans depuis des lustres il est possible de dire la même chose. Des décennies d’absence de véritable politique, la vraie, celle qui possède une colonne vertébrale et pas qu’un ventre mou, avec une myriade de mesurettes plus ou moins démagogiques et de court terme nous amènent là où nous sommes. Après 1968, l’assurance chômage, (elle culmina un temps à plus d’indemnisation que le salaire antérieur !) puis la multiplication des mises en préretraite (dès 50 ans quelquefois), ont servi aux gouvernants, de Pompidou à Chirac, de soporifique pour calmer la population face aux conséquences néfastes de la désindustrialisation du pays. Finalement, chacun y trouvait son compte, l’endettement du pays gonflait à vue d’œil dans l’indifférence générale. Conséquence : moins d’emplois et une couche supplémentaire pour gérer la pénurie d’emplois a consisté en 2002 à la partager « technocratiquement », au moyen des 35h imposées à toutes les entreprises sans mesurer les conséquences à court et moyen terme.
      L’urgence n’est donc pas le fait de Macron et de son gouvernement. Le court terme prévaut depuis plus de 50 ans et les Français se sont installés dans une situation longtemps confortable pour l’immense majorité – avec un niveau d’inégalité qui n’a, au demeurant, pas vraiment changé – n’ont pas, et c’est tout de même de leur responsabilité, imaginé qu’une telle situation ne pouvait durer indéfiniment.
      Nous ne sommes, probablement pas loin de la fin de la romance. Il va falloir payer les musiciens, et il est à craindre que ce ne sont pas ceux des premiers rangs qui vont régler la facture. La population le sait parce qu’elle le sent intuitivement et ça la rend plus que nerveuse.
      Depuis le début des années 70, certains tirent à pleine volée la « sonnette d’alarme » mais personne ne souhaite vraiment les écouter.
      Il est à craindre que pour la nième fois, des mesures à l’emporte pièce calment les manifestants, rassurent le bourgeois et nous font parcourir quelques pas de plus vers le précipice tout proche.

      • Descartes dit :

        @ Marcailloux

        [L’urgence n’est donc pas le fait de Macron et de son gouvernement. Le court terme prévaut depuis plus de 50 ans et les Français se sont installés dans une situation longtemps confortable pour l’immense majorité – avec un niveau d’inégalité qui n’a, au demeurant, pas vraiment changé – n’ont pas, et c’est tout de même de leur responsabilité, imaginé qu’une telle situation ne pouvait durer indéfiniment.]

        Quand vous écrivez que « le niveau d’inégalité n’a au demeurant pas changé », vous y allez un peu fort. Les statistiques montrent bien que depuis trente ans il y a eu un transfert important de la valeur ajoutée du travail vers le capital. Il est vrai que les inégalités de revenu, si elles ont augmenté, ne l’ont fait que modérément si l’on compare à d’autres pays européens. Mais le revenu ne dit pas tout. Le retrait ou la dégradation de la qualité des services publics ne touche pas de la même manière les riches et les pauvres. Pas plus que les problématiques liées au communautarisme, à la constitution de zones de non-droit. Il y a aussi la précarisation de l’emploi, qui ne touche pas de la même manière le médecin ou le cadre supérieur et l’ouvrier ou la caissière de supermarché…

        [Nous ne sommes, probablement pas loin de la fin de la romance. Il va falloir payer les musiciens, et il est à craindre que ce ne sont pas ceux des premiers rangs qui vont régler la facture. La population le sait parce qu’elle le sent intuitivement et ça la rend plus que nerveuse.]

        Exactement. Il va être difficile de faire payer la facture à ceux qui ont les moyens de quitter la table rapidement…

        [Depuis le début des années 70, certains tirent à pleine volée la « sonnette d’alarme » mais personne ne souhaite vraiment les écouter. Il est à craindre que pour la nième fois, des mesures à l’emporte-pièce calment les manifestants, rassurent le bourgeois et nous font parcourir quelques pas de plus vers le précipice tout proche.]

        Tout à fait. La logique de court-terme des « classes moyennes » sera difficile à briser tant qu’une véritable crise ne mettra à mal le modèle. Aussi longtemps qu’il y aura des gens assez bêtes pour nous prêter de l’argent, le train continuera à avancer…

        • Marcailloux dit :

          @ Descartes,
          Bonjour,
          Tout d’abord, j’apprécie toujours à sa juste valeur votre art d’infléchir l’expression des opinions de vos commentateurs pour – comme le judoka que vous êtes – mieux renforcer votre argumentation.
          Les faits : j’écrit : « avec un niveau d’inégalité qui n’a, au demeurant, pas vraiment changé », vous reprenez et me faites dire : « le niveau d’inégalité n’a au demeurant pas changé ». En supprimant simplement le « vraiment », vous transformez et pliez de sens de ma phrase dont vous reconnaissez qu’elle est – même après adaptation à votre futur argumentaire – partiellement fondée. Je plaisante un peu car je me délecte de votre virtuosité rhétorique.
          Comme il est question de violence, la passivité, les principes de précaution à outrance, les tergiversations, compromissions et demi-mesures permanentes sont des violences insidieuses génératrices de souffrances sourdes ressenties par une grande partie de la population, y compris parmi les classes relativement aisées (celles qui n’ont pas de problèmes de fin de mois). D’où, s’il n’y a soutien, il y a sympathie.
          Désolé, mais la cadence de TGV du blog, ne permet plus à mes « petites jambes » de suivre le train, et je réintègre la wagon à la gare suivante :-)) .
          Je reviens donc, ici, sur un de nos derniers échanges. Vous me répondez, avec force argumentation, dans le billet précédent :

          [Il faut revenir aux fondamentaux : on ne peut distribuer que ce qu’on produit. Et donc si vous voulez donner à une catégorie plus de valeur qu’elle ne produit, il vous faut prélever de la valeur sur une autre catégorie. Ce qui suppose que cette autre catégorie l’accepte, ou bien qu’elle n’ait pas le choix.]

          Je n’en disconviens pas. Cependant, actuellement 5€ (ou 4 ou 6 . . . ) sont distribués sans la moindre contrepartie de création de richesse. Ils le sont donc en pure perte et ils sont bien pourtant déjà prélevés dans la poche de ceux qui produisent.
          Certains estiment le coût total du chômage à plus de 100Mds€. Le coût indirect des derniers événement doit-il s’y ajouter ?
          De quelles poches sont extraites ces sommes faramineuses ?. Les créditeurs ont-ils le choix de participer ou non ?
          Quand des GJ vous déclarent : « nous ne voulons pas d’assistanat », ce sont, intuitivement « ce pognon de dingue » versé sans la moindre efficience qu’ils réprouvent. Alors, si 20 ou 25 % de cette masse financière était consacrée à un deal national sur un échange rémunération stable contre travail d’intérêt général non concurrentiel avec l’économie classique, un tel choc me paraît –si la volonté gouvernementale suit- susceptible de faire nettement bouger les lignes socio-économiques.
          La solidarité – à mon sens – ne doit surtout pas être une solidarité à sens unique. Que les plus nantis participent à l’amélioration du train de vie des plus démunis me paraît tout autant nécessaire – voire – indispensable que les plus démunis apportent leur contribution à la production de richesses qu’ils sont amenés à consommer.
          Sans entrer dans un développement qui prendrait rapidement une allure technocratique, je me place du point de vue du citoyen lambda (vous savez, celui qui lit et croit, au moins partiellement, aux fake news – je préfère le néologisme français « infox »). Comme les discours savants et bien structurés s’opposent et s’annihilent, rien ne permet de penser qu’une stratégie ou une politique est supérieure à terme.
          Je m’en tiens donc au sentiment qu’expriment les Français.
          Le ras le bol constaté ne remonte pas à la macronie et porte tout autant sur les iniquités fiscales, sociales, économiques ou territoriales.
          Des gens qui travaillent doivent dormir dans leur voiture et vivre un purgatoire dont ils ne peuvent plus espérer qu’il sera suivi du paradis. D’autres vivent sous la pression constante d’une activité contraignante qui ne leur permet que de survivre. D’autres consacrent une fraction importante de leur salaire pour se rendre à leur travail. D’autres encore ne disposent que de maigres moyens pour finir le mois lorsqu’ils ont payé le loyer de leur logement. La plupart cumulent plusieurs de ces contraintes.
          Ils constatent aussi qu’une fraction notable de la population slalome entre les différentes opportunités d’assistanat, complétées par de menues opérations lucratives, et arrive ainsi à vivre presque confortablement. Le travail et ainsi donc les efforts que cela implique est complètement « démonétisé ».
          Mon sentiment est que nous nous dirigeons à grands pas vers un chaos mou. Il pourrait revêtir une forme similaire à celle de la Grèce – je n’y crois pas – ou une forme édulcorée du Venezuela, que je trouve plus plausible.
          Pour échapper à ces éventualités dramatiques pour le pays, les pudeurs gouvernementales ne sont plus de mise.
          Si nous souhaitons conserver l’essence de notre modèle social, envié dans le monde entier, je défends le principe « d’activation nationale » sur lequel nous échangeons depuis pas mal de temps. Vous y opposez des contre-indications qui ne sont pas insurmontables. En effet, je préconise que les emplois abondés (à hauteur globale d’une fraction de ce que coûte actuellement le chômage) répondent à une demande intérieure. Ce n’est pas incompatible avec des dispositions tendant à développer les échanges internationaux, néanmoins plus difficiles à mettre en œuvre dans le court terme.
          Si, pour répondre aux problèmes de mobilité, liés étroitement aux questions du logement, vous lancez un grand plan de logements sociaux avec accession à la propriété pour les plus démunis, vous créez de l’emploi de masse qui par sa propre création de richesse « solvabilise »sa consommation. La plus value immobilière repose très souvent sur l’exploitation de la rareté qui fait gonfler les loyers et entraver les accédants à la propriété en les spoliant d’une part de leurs ressources.
          Une énergique réforme du droit foncier – avec municipalisation des sols, par exemple – devrait être imposée.
          Des mécanismes d’aménagement du territoire serait à instaurer en urgence et il ne manque pas d’urbanistes, d’architectes et d’ingénieurs, chez nous pour répondre à ce grand plan ambitieux. Les politiques fiscales et financières volontaristes et énergiques doivent être définies dans ce sens.
          Pour palier la probabilité de dégradation faramineuse de nos finances et la paix sociale, les moratoires et aumônes saupoudrées ne sont plus de la poudre aux yeux mais de la poudre à explosion !
          Vous allez trouver tout cela utopique. Ça peut se discuter, mais le coût à terme est bien moindre que la perte continuelle de richesses que l’on constate en France et qui est masqué par une dette qui s’accroit de plus de 50 Mds€ par an. Les 70Mds€ de déséquilibre de la balance des paiements que nous constatons annuellement doivent être résorbés avec le concours de mesures négociées avec l’UE en mettant dans la balance un possible « frexit » en cas d’échec. Il me paraît très hasardeux de quitter, maintenant que nous y sommes engagés jusqu’au cou, l’UE et/ou l’euro.
          Finalement, E.Macron n’a plus vraiment le choix –ni ses opposants d’ailleurs – et se trouve à la suite de ses maladresses et compromissions dans l’obligation de proposer des réformes de ce niveau d’ambition, sinon il sera paralysé jusqu’en 2022 – si les révoltes ne se multiplient pas – ou il sera balayé par ces mêmes révoltes ou par une cohabitation molle imposée par la rue.

          • Descartes dit :

            @ Marcailloux

            [Les faits : j’écris : « avec un niveau d’inégalité qui n’a, au demeurant, pas vraiment changé », vous reprenez et me faites dire : « le niveau d’inégalité n’a au demeurant pas changé ». En supprimant simplement le « vraiment », vous transformez et pliez de sens de ma phrase dont vous reconnaissez qu’elle est – même après adaptation à votre futur argumentaire – partiellement fondée. Je plaisante un peu car je me délecte de votre virtuosité rhétorique.]

            Je vous prie d’excuser cette citation tronquée. Mais vous êtes injuste en m’attribuant une volonté de nuire. Cette attribution est de toute évidence excessive, puisque dans ma réponse j’ai cité votre paragraphe ou le mot « vraiment » figurait. Le lecteur n’avait donc aucune difficulté à reconstituer le texte original. J’ajoute que la différence entre « n’a pas changé » et « n’a pas vraiment changé » est une nuance relativement subtile, et ne change pas « vraiment » le sens de votre commentaire.

            [Quand des GJ vous déclarent : « nous ne voulons pas d’assistanat », ce sont, intuitivement « ce pognon de dingue » versé sans la moindre efficience qu’ils réprouvent. Alors, si 20 ou 25 % de cette masse financière était consacrée à un deal national sur un échange rémunération stable contre travail d’intérêt général non concurrentiel avec l’économie classique, un tel choc me paraît –si la volonté gouvernementale suit- susceptible de faire nettement bouger les lignes socio-économiques.]

            Le problème est que les « travaux d’intérêt général non concurrentiels avec l’économie classique » ne produisent pas de la valeur – si c’était le cas, ils se développeraient dans « l’économie classique »… Essayez de trouver quelques exemples, et vous verrez !

            [Le ras le bol constaté ne remonte pas à la macronie et porte tout autant sur les iniquités fiscales, sociales, économiques ou territoriales.]

            Qu’il ne remonte pas à la macronie, je vous l’accorde. Mais je ne crois pas que la question soit tant « les iniquités ». Ces « iniquités » existent depuis bien longtemps, étant donné que la société française n’a jamais été une société égalitaire. Mais il fut un temps ou ces iniquités avaient un sens. Elles étaient justifiées par une utilité commune, et le politique était là pour veiller à ce qu’elles restent raisonnables. Ce n’est que récemment que les couches supérieures ont cessé de sentir le moindre sens du devoir envers les couches inférieures, que le politique a été soumis à des règles qui organisent son impuissance.

            [Mon sentiment est que nous nous dirigeons à grands pas vers un chaos mou. Il pourrait revêtir une forme similaire à celle de la Grèce – je n’y crois pas – ou une forme édulcorée du Venezuela, que je trouve plus plausible.]

            J’ai du mal à y croire. Notre histoire montre que ce genre de situations conduisent en France assez rapidement à une rupture.

            [Si, pour répondre aux problèmes de mobilité, liés étroitement aux questions du logement, vous lancez un grand plan de logements sociaux avec accession à la propriété pour les plus démunis, vous créez de l’emploi de masse qui par sa propre création de richesse « solvabilise » sa consommation. La plus-value immobilière repose très souvent sur l’exploitation de la rareté qui fait gonfler les loyers et entraver les accédants à la propriété en les spoliant d’une part de leurs ressources. Une énergique réforme du droit foncier – avec municipalisation des sols, par exemple – devrait être imposée.]

            Je suis tout à fait d’accord avec vous pour soutenir une relance par l’investissement – dans la production, dans les infrastructures, dans le logement, dans tout ce qui produit de la valeur. Seulement, cet investissement suppose un transfert de valeur du « block dominant » vers le reste de la société. Quelle sera à votre avis la réaction des « classes moyennes » devant une politique de construction qui en éliminant la rareté fera baisser la valeur des logements qui constituent une bonne partie de son patrimoine ?

            [Vous allez trouver tout cela utopique.]

            Non, je trouve cela parfaitement faisable… à condition de pouvoir forcer le « block dominant » à partager. C’est là que se trouve la difficulté…

            [Les 70Mds€ de déséquilibre de la balance des paiements que nous constatons annuellement doivent être résorbés avec le concours de mesures négociées avec l’UE en mettant dans la balance un possible « frexit » en cas d’échec. Il me paraît très hasardeux de quitter, maintenant que nous y sommes engagés jusqu’au cou, l’UE et/ou l’euro.]

            Inutile de mettre le « frexit » dans la balance si vous n’êtes pas disposé à aller jusqu’au bout. Si vous commencez à dire que cela est « très hasardeux », vous rendez votre propre menace peu crédible. Je pense que vous vous faites beaucoup d’illusions si vous pensez que des mesures du type nécessaires à votre politique peuvent être « négociées » avec l’UE.

            [Finalement, E.Macron n’a plus vraiment le choix –ni ses opposants d’ailleurs – et se trouve à la suite de ses maladresses et compromissions dans l’obligation de proposer des réformes de ce niveau d’ambition, sinon il sera paralysé jusqu’en 2022 – si les révoltes ne se multiplient pas – ou il sera balayé par ces mêmes révoltes ou par une cohabitation molle imposée par la rue.]

            Vous l’avez entendu ce soir ? De toute évidence, il n’entend pas proposer des réformes de cette nature…

          • Marcailloux dit :

            @ Descartes
            Bonjour,
            Tout d’abord, je voudrais vous rappeler une assertion de votre illustre inspirateur :
            « C’est proprement ne valoir rien que de n’être utile à personne » René Descartes, Discours de la méthode.
            Indépendamment des théories économiques ou sociales je ne désespère pas vous convaincre de l’impérative nécessité d’imposer, avec une certaine poigne si besoin, l’activation de quelques millions de Français qui peu à peu s’enkystent dans l’inutilité. Contrairement à ce que peuvent penser les catégories plus aisées, et à l’inverse de ce qu’exprime notre ami nationaliste-ethniciste, ce n’est pas par la fuite en Suisse ou à Lisbonne que leurs intérêts seront préservés. Ils peuvent partir avec une partie de leur patrimoine mais n’emporteront pas leur Patrie, ce qui les attache au sol natal, ce qu’ils ne pourront que regarder mélancoliquement d’ailleurs. C’est en traitant énergiquement les cancers qui se profilent dans nos sociétés, et particulièrement – pour ce qui concerne mon centre de préoccupation – celui de l’intégration ratée du plus grand nombre dans le système de production et de jouissance des richesses, qu’elles soient matérielles, culturelles ou relationnelles.
            Vous m’objectez :
            Le problème est que les « travaux d’intérêt général non concurrentiels avec l’économie classique » ne produisent pas de la valeur – si c’était le cas, ils se développeraient dans « l’économie classique »… Essayez de trouver quelques exemples, et vous verrez !
            C’est un point sur lequel j’ai du mal à vous suivre. Sans doute est-ce lié à une interprétation du terme « valeur » différente pour ma part de la notion marxiste de « valeur ». Lorsque j’évoque de multiples possibilités « de travaux d’intérêt général non concurrentiels avec l’économie classique » je ne me place pas dans le cadre d’une économie marxiste ou libérale mais dans une forme de troc dans lequel tout ce qui produit le moindre bien utile, le moindre service profitable a une valeur d’échange.
            Les besoins non satisfaits sont innombrables. Les capacités d’y répondre sont tout aussi innombrables.
            Pour des raisons qui dépassent ma capacité de compréhension, notre société maintient une grande partie de la population dans une privation de richesses potentielles qu’une autre partie de la population est susceptible de créer.
            Lorsqu’un « service », c’est à dire une activité humaine produit une richesse – quelque soit la forme de la richesse produite, produit matériel ou immatériel – il y a création de valeur qui bénéficie à celui qui la sollicite. Cette valeur va de zéro à l’infini et sera ou non solvable par son solliciteur. Notre système d’échange, basé sur la loi du marché est censé équilibrer l’offre et la demande. Mais l’interaction d’un coût minimal (le Smic), lié au temps passé pour créer cette richesse, introduit une distorsion qui élimine toutes les possibilités de recourir à une main d’œuvre dont la productivité ne crée pas une valeur au moins égale au coût du smic.
            En instaurant un smic pour protéger les salariés les moins qualifiés, notre système social les pénalise et nous nous retrouvons avec un nombre important de salariés très qualifiés proches du niveau du smic et de très nombreux salariés « inemployables » dans ces conditions.
            Les mesures de « prime à l’emploi » tentent de palier cette anomalie sans toutefois régler notre incapacité à réduire notablement le nombre de pauvres, de travailleurs précaires, etc . . . . . Ce sont des rustines en papier mâché.
            Au final, ce marasme socioéconomique coute à la collectivité près de 110 milliards d’euros par an (J.Y.Archer, cité dans Alternatives Economiques 19/6/2016) et aboutit à l’insurrection des « Gilets jaunes ». Ce coût faramineux, ce « pognon de dingue » en effet ne produit qu’assez peu d’effet et s’accroit inexorablement. Toutes les mesures adoptées jusqu’à maintenant n’ont pas réussie à endiguer cette hémorragie. Imaginez que 3 millions d’individus produisent pour 10 000 euros chacun – dans des conditions très précises – chaque année, ce qui est relativement peu (à 6€/h en moyenne) et ce qui génère cependant la création de 30 milliards d’euros de richesses consommées par des ménages, des particuliers, des collectivités, des artisans. Admettons que chacun en moyenne de ces individus, nouveaux producteurs, entraine un coût pour la collectivité de 20 000 euros (env.100 Mds€ / 5 millions d’allocataires divers) et que l’Etat ou la collectivité publique abonde de 12 000 € en moyenne, pour les amener à un smic, l’économie est de 8000€. Le PIB est augmenté de 30 Mds€. Autant de richesses en plus que ce que l’on produit actuellement, pour embellir, restaurer, entretenir nos cadres de vie, aider, accompagner, encadrer, ceux des particuliers qui souhaitent bénéficier de ces services, renforcer, assister, palier des manques divers dans de petites entreprises, associations, collectivités, etc . . . .
            Peut-être la France a la capacité d’aller au delà de ces 110 Mds€ évoqués, pourquoi pas 150 ou 200 ! Peut-être a-t-elle durablement altéré sa capacité à se redresser par ces dépenses en grande partie stériles.
            Assurément, j’ai bien conscience que mes chiffres sont simplistes et que la réalité est plus complexe. Cependant je me demande ce que des régiments d’énarques, de chercheurs au CNRS et ailleurs, aux think tanks de tous bords trouvent en solutions et simulations alors qu’ils sont employés et payés pour chercher. Ne devraient-ils pas proposer des options audacieuses soumises au vote éventuellement après débat national.
            J’ai le sentiment qu’intellectuellement notre paradigme politique, inspiré des règles économiques classiques, s’est enfermé depuis des décennies dans une spirale vicieuse qui mène les dirigeants de notre pays à décider des mesures palliatives pour résoudre nos problèmes. C’est ainsi que nous fuyons en avant et cette fuite s’accélère.
            Ce qui me désole, c’est cette propension généralisée à la critique systématique et une part infime accordée à la véritable innovation. La critique, même fondée, est à la longue néfaste au bien général car elle instaure un « pessimisme fataliste » ou un « nihilisme dévastateur » desquels il ne peut sortir rien de bon.
            J’entendais ces jours derniers cette quasi aporie qui situe assez bien notre nation : « La France est le seul pays communiste qui ait réussi ». Avec plus de 50% de dépense publique et près de 32% du PIB en dépenses sociales redistribuées, ce n’est pas loin d’être le cas. La Chine communiste se situe assez loin derrière. Et nous restons au milieu du Rubicon, paralysés par le constat de notre position, incapables ni d’avancer ni de reculer.
            Je trouve vos explications assez technocratiques et relevant de dogmes qui, même s’ils se vérifient en situation « normalisée » ne permettent pas d’envisager l’usage de mesures salvatrices. Votre « optimisme méthodologique » me paraît entravé par un défaut d’imagination que l’on peut regretter, justement, pour l’immense majorité de l’élite en France. Nous sommes un pays de commentateurs, de polémistes, de bretteurs même, mais qui s’arrêtent au premier sang. Les modèles, surtout économiques, sont régulièrement mis en échec. Vos arguments ne subsistent autant que des paris ne sont ni tentés ni réussis.
            L’optimisme fondé sur la seule « méthode » devient un « optimisme béat » s’il n’intègre pas ce que Bergson développait dans son « Évolution créatrice » : tout est en transformation permanente et le raisonnement, produit issu de l’intelligence (celle de nos élites en particulier), à tout à gagner du recours à l’intuition ressentie (celle du peuple, éclairé ou non) pour accompagner une évolution porteuse de progrès.

            • Descartes dit :

              @ Marcailloux

              [Indépendamment des théories économiques ou sociales je ne désespère pas vous convaincre de l’impérative nécessité d’imposer, avec une certaine poigne si besoin, l’activation de quelques millions de Français qui peu à peu s’enkystent dans l’inutilité.]

              Inutile d’essayer de me convaincre de ce dont je suis d’avance convaincu. La différence entre vous et moi n’est pas dans l’objectif, mais dans les moyens. Pour redonner une utilité à ceux qui aujourd’hui sont englués dans le chômage, il ne suffit pas de les mettre à faire des travaux inutiles – oui, le terme politiquement correct est « travaux qui ne sont pas dans le domaine concurrentiel », je sais – et la solution qui consiste à subventionner des emplois jusqu’à rendre rentable pour les patrons de les embaucher est un n-ième moyen de transférer l’argent public dans les poches privées…

              [Contrairement à ce que peuvent penser les catégories plus aisées, et à l’inverse de ce qu’exprime notre ami nationaliste-ethniciste, ce n’est pas par la fuite en Suisse ou à Lisbonne que leurs intérêts seront préservés. Ils peuvent partir avec une partie de leur patrimoine mais n’emporteront pas leur Patrie, ce qui les attache au sol natal, ce qu’ils ne pourront que regarder mélancoliquement d’ailleurs.]

              Je ne suis pas persuadé que les plus aisés aient une Patrie. On peut renverser la formule « pour celui qui n’a rien, la Patrie est le seul bien » : quand on a beaucoup de choses, la Patrie passe au second rang. Pour les couches populaires, la nation est le lieu d’une solidarité inconditionnelle qui leur est indispensable. Pour les couches aisées… le besoin est beaucoup moins évident.

              [« Le problème est que les « travaux d’intérêt général non concurrentiels avec l’économie classique » ne produisent pas de la valeur – si c’était le cas, ils se développeraient dans « l’économie classique »… Essayez de trouver quelques exemples, et vous verrez ! » C’est un point sur lequel j’ai du mal à vous suivre. Sans doute est-ce lié à une interprétation du terme « valeur » différente pour ma part de la notion marxiste de « valeur ».]

              J’attire votre attention sur le fait que la notion de « valeur » telle que le marxisme l’emploi n’est pas à strictement parler « marxiste », mais c’est celle de l’économie classique, la même qu’utilisent des penseurs classiques comme Smith ou Ricardo. Mais si vous souhaitez utiliser une autre, j’aimerais en connaître la définition…

              [Lorsque j’évoque de multiples possibilités « de travaux d’intérêt général non concurrentiels avec l’économie classique » je ne me place pas dans le cadre d’une économie marxiste ou libérale mais dans une forme de troc dans lequel tout ce qui produit le moindre bien utile, le moindre service profitable a une valeur d’échange.]

              Mais s’ils sont si « utiles », pourquoi diable ne sont-ils pas « concurrentiels » ? S’ils sont utiles, alors les gens devraient être prêts à payer pour eux. S’ils ne le sont pas, c’est soit que le produit de ces activités ne sont pas « utiles », soit qu’on peut satisfaire le besoin par des moyens plus efficients…

              [Lorsqu’un « service », c’est à dire une activité humaine produit une richesse – quelque soit la forme de la richesse produite, produit matériel ou immatériel – il y a création de valeur qui bénéficie à celui qui la sollicite. Cette valeur va de zéro à l’infini et sera ou non solvable par son solliciteur. Notre système d’échange, basé sur la loi du marché est censé équilibrer l’offre et la demande. Mais l’interaction d’un coût minimal (le Smic), lié au temps passé pour créer cette richesse, introduit une distorsion qui élimine toutes les possibilités de recourir à une main d’œuvre dont la productivité ne crée pas une valeur au moins égale au coût du smic.]

              Exactement. Mais si vous voulez donner à cette main d’œuvre un niveau de vie supérieur à celui qu’assure le SMIC, il vous faut donc prélever de la valeur quelque part. Chez qui proposez-vous de le prélever ?

              [Imaginez que 3 millions d’individus produisent pour 10 000 euros chacun – dans des conditions très précises – chaque année, ce qui est relativement peu (à 6€/h en moyenne) et ce qui génère cependant la création de 30 milliards d’euros de richesses consommées par des ménages, des particuliers, des collectivités, des artisans. Admettons que chacun en moyenne de ces individus, nouveaux producteurs, entraine un coût pour la collectivité de 20 000 euros (env.100 Mds€ / 5 millions d’allocataires divers) et que l’Etat ou la collectivité publique abonde de 12 000 € en moyenne, pour les amener à un smic, l’économie est de 8000€.]

              L’économie pour qui ? Là, je ne comprends pas ton raisonnement. Si je comprends bien, la collectivité recevrait 30 Md€ de richesse produite, et verserait 60 Md€. Il y a donc une destruction de valeur de 30 Md€. Qu’une partie soit payé par le consommateur et une autre pour le contribuable ne change en rien cette réalité.

              [Le PIB est augmenté de 30 Mds€. Autant de richesses en plus que ce que l’on produit actuellement, pour embellir, restaurer, entretenir nos cadres de vie, aider, accompagner, encadrer, ceux des particuliers qui souhaitent bénéficier de ces services, renforcer, assister, palier des manques divers dans de petites entreprises, associations, collectivités, etc . . . .]

              Oui, mais ces 30 Md€ de richesse sont produits par la consommation de 60 Md€… est-ce bien raisonnable ?

  10. C. dit :

    Cher Descartes,

    Merci pour ce billet. On y retrouve des idées sur la démocratie représentative que vous avez déjà exprimées à plusieurs reprises.

    J’ai aussi remarqué une certaine tendance à une vision “légaliste” de la démocratie, surtout chez ceux que vous appelez les “classes moyennes”. L’idée que dans la démocratie réside essentiellement dans la forme (constitution, élections libres, état de droit…), indépendamment de la réalité sous-jacente, est après tout une des bases du fédéralisme européen. Elle est également au cœur des désastres réalisés en Irak, en Libye et ailleurs…

    Dans le fond, je pense que ça rejoint vos réflexions sur la perte du sens du tragique. Nous avons une génération de gouvernants qui a connu très peu de conflits – ne serait-ce qu’idéologiques – et qui ne se rend pas vraiment compte de combien cet état de fait est extraordinaire et fragile. Si une partie importante de la population ne voit plus de moyens d’action dans la représentation politique et les démonstrations pacifiques, elle en tirera les conséquences.

    Comme vous le soulignez, Macron est loin d’être le premier à ignorer des mouvements même importants tant qu’ils ne font pas de dégâts. Il est dans la continuité d’une suite de choix politiques qui donnent la désagréable impression que la violence est in fine le seul outil efficace. La manif pour tous réussit une mobilisation remarquable et pacifique, ils sont pratiquement insultés à l’Assemblée ; ailleurs, 500 zadistes occupent par la force le site de Notre Dame des Landes et finissent par avoir gain de cause. Les premiers rassemblements des gilets jaunes ont été ignorés. Maintenant qu’ils ont saccagé l’Arc de Triomphe, le gouvernement fait arrière toute. Dans la même veine, l’exécutif précédent avait cédé contre les bonnets rouges qui détruisaient les portiques. Sans parler des différentes grèves qui ne font parler d’elles qu’en cas d’action d’éclat…

    Si on arrive au point où le recours à la violence est rationnellement le meilleur choix, c’est inquiétant pour la suite.

    • Descartes dit :

      @ C.

      [Merci pour ce billet. On y retrouve des idées sur la démocratie représentative que vous avez déjà exprimées à plusieurs reprises.]

      Entre la constance et l’originalité, je choisis mille fois la constance…

      [J’ai aussi remarqué une certaine tendance à une vision « légaliste » de la démocratie, surtout chez ceux que vous appelez les « classes moyennes ». L’idée que dans la démocratie réside essentiellement dans la forme (constitution, élections libres, état de droit…), indépendamment de la réalité sous-jacente, est après tout une des bases du fédéralisme européen. Elle est également au cœur des désastres réalisés en Irak, en Libye et ailleurs…]

      Ce n’est pas un hasard. Les “classes moyennes” tout comme la bourgeoisie savent que le nombre n’est pas de leur côté. Ces couches sociales vivent donc dans la terreur de la “masse”, de la “foule”, d’un leader “populiste” qui pourrait mettre le nombre derrière lui. C’est pourquoi elles ont l’obsession de remplacer la politique par le droit, de confier les décisions à des juges et autres “autorités indépendantes”. Etant entendu que par “indépendant” on entend “indépendant de l’autorité politique et du suffrage universel”.

      Cela ne veut pas dire que la “forme” n’ait pas d’importance. Non, la forme, le respect de la règle écrite est la garantie ultime du processus démocratique. Mais il ne faut pas oublier que les formes et les règles n’ont pas de légitimité intrinsèque: elles retirent leur légitimité d’un consensus populaire sur le fait qu’elles sont utiles et que les ignorer conduirait au chaos. C’est pourquoi la forme et la règle ne peuvent pas être des remparts contre la volonté populaire. Et ceux qui essayent de les utiliser dans ce but sapent les fondements de la République bien plus sûrement que ceux qui les contestent.

      C’est ainsi qu’il faut comprendre la formule de De Gaulle sur le fait qu’un traité qui “couillonne” le peuple peut être ignoré quand bien même il serait “juridiquement” contraignant.

      [Dans le fond, je pense que ça rejoint vos réflexions sur la perte du sens du tragique. Nous avons une génération de gouvernants qui a connu très peu de conflits – ne serait-ce qu’idéologiques – et qui ne se rend pas vraiment compte de combien cet état de fait est extraordinaire et fragile. Si une partie importante de la population ne voit plus de moyens d’action dans la représentation politique et les démonstrations pacifiques, elle en tirera les conséquences.]

      Tout à fait. La paix civile n’est pas la règle, elle est l’exception. C’est une plante fragile qu’il faut soigner en permanence si on veut qu’elle survive. Chaque fois qu’un gouvernement contourne la volonté populaire, chaque fois qu’il triche avec ses représentés, il donne un coup de canif dans la paix civile. Ce qui peut paraître le comble de l’habileté politique d’un point de vue tactique peut être incroyablement destructeur sur le long terme.

      [Comme vous le soulignez, Macron est loin d’être le premier à ignorer des mouvements même importants tant qu’ils ne font pas de dégâts. Il est dans la continuité d’une suite de choix politiques qui donnent la désagréable impression que la violence est in fine le seul outil efficace.]

      Ce n’est pas une “impression”, c’est la réalité: trois cent mille personnes dans la rue, deux semaines d’occupations ne font pas fléchir un Premier ministre. Une nuit de “casse”, et l’impôt est retiré. C’est un fait, pas une théorie. C’est pourquoi il est si important que les princes qui nous gouvernent soient véritablement enracinés, qu’ils soient capables de diagnostiquer les rapports de forces AVANT que la casse commence.

      [Si on arrive au point où le recours à la violence est rationnellement le meilleur choix, c’est inquiétant pour la suite.]

      On y est.

  11. R dit :

    Au-delà du sujet de la violence, il y a quelque chose d’ironique de voir l’exécutif appeler à l’aide pour donner des messages d’apaisement des corps intermédiaires, syndicats et partis politiques de “l’ancien monde” qu’il a vomi depuis dix-huit mois…

  12. Hbic dit :

    D’où tenez-vous vos chiffres ? 4 français sur 5 sympathisants ? Je n’ai pas été sondé.
    Le dernier sondage à avoir été fait était sur un échantillon de 1012 personnes et à donné comme résultat 72% de sympathisants.

    • Descartes dit :

      @ hbic

      [Le dernier sondage à avoir été fait était sur un échantillon de 1012 personnes et à donné comme résultat 72% de sympathisants.]

      Mais le premier sondage, fait le 17 novembre, donnait pour cette même question 80%. D’où mon commentaire. Relisez bien mon texte: j’ai dit que quatre français sur cinq soutenaient le mouvement le 17 novembre, et non que quatre français sur cinq le soutiennent MAINTENANT.

  13. Je lis naturellement avec attention tout ce qui s’écrit ici et j’entends aussi les “experts” qui pérorent à la radio.

    Je dois bien admettre que je ne comprends rien du tout à ce qui se passe. D’abord, l’ampleur du mouvement des “gilets jaunes” m’a surpris. J’étais convaincu que la baudruche allait se dégonfler, que les gens n’oseraient pas. Ils ont osé, et par centaines de milliers. Sans structure, sans organisation. Ensuite je me suis dit que le mouvement allait rapidement s’essouffler, car il n’obtiendrait rien et en novembre-décembre, il commence à faire froid. Eh bien, le mouvement ne s’essouffle pas.

    Mais que veulent ces gens exactement? Là encore, je ne comprends rien. Tout le monde y va de son interprétation (qui correspond toujours à sa grille de lecture, comme par hasard) pour ne pas dire de sa récupération. Il y a des années maintenant que la “France périphérique” voit son horizon s’obscurcir. Pourquoi se mobiliser maintenant? Comment croire qu’une énième hausse des taxes sur le carburant soit l’élément déclencheur? Et d’ailleurs, les gilets jaunes représentent-ils vraiment la “France périphérique”? Si tel est le cas, pourquoi brutalement cette France-là a décidé de ne plus se résigner à agoniser dans son coin? Y aurait-il eu des signes avant-coureurs? Je ne comprends pas.

    En tout état de cause, si les gilets jaunes représentent la “France périphérique” (ce dont je ne suis pas convaincu), je ne peux que leur conseiller de rentrer chez eux. Ces gens doivent comprendre que rien ne changera fondamentalement, même si les taxes sur le carburant sont suspendues ou supprimées. Rien ne changera parce que la métropolisation, c’est-à-dire la concentration des richesses, des pouvoirs, des services, des savoirs, des emplois dans les plus grandes villes, mais aussi la compétition entre les espaces et l’abandon de toute vraie politique d’aménagement du territoire, tout cela est une conséquence de la mondialisation, et ces phénomènes sont encouragés à l’échelle continentale par la politique de l’Union européenne. Ni Macron, ni aucun de ceux qui rêvent de prendre sa place (pas même peut-être Marine Le Pen) n’aura le courage de rompre avec l’Union européenne et le libre-échange. Ces gens doivent également comprendre qu’ils appartiennent au passé. Leur disparition est programmée, souhaitée. Ces gilets jaunes apparaissent trop blancs, trop “monoculturels”, trop franchouillards, pour ne pas dire trop français tout court. Ils ne sont plus le peuple de la France rêvée par ceux qui gouvernent, ceux qui pensent, ceux dont l’avis compte. Il leur faut laisser la place à ces populations immigrées, colorées, métissées, islamisées, ces nouveaux, ces vrais Français, turbulents certes, mais tellement créatifs, et producteurs d’une belle diversité, d’une nouvelle identité.

    La “France périphérique” doit se résigner à mourir, c’est son destin. Ce destin n’est pas une fatalité de la Providence. C’est un destin écrit et mis en oeuvre par ceux qui gouvernent, un destin qui correspond aux intérêts économiques d’une autre partie de la population. C’est d’ailleurs la même chose aux Etats-Unis: l’élection de Trump est le chant du cygne d’une Amérique “périphérique”, blanche, rurale ou ouvrière, un peu (donc beaucoup trop aux yeux de certains) nationaliste (on a vu pas mal de drapeaux tricolores brandis par les gilets jaunes). On pourrait sans doute trouver des similitudes avec d’autres pays occidentaux. Je n’ai ni sympathie, ni antipathie pour les gilets jaunes, je pense qu’ils perdent leur temps. Il leur faut émigrer ou se suicider.

    • Descartes dit :

      @ nationaliste-ethniciste

      [Mais que veulent ces gens exactement? Là encore, je ne comprends rien.]

      Comme vous dites, tout le monde y va de son interprétation. Alors, je vous propose la mienne. Je pense que le but est d’abord d’exprimer une angoisse, une colère. Ils ne demandent rien de précis, tout juste qu’on s’occupe d’eux. Ils ne veulent pas une réforme de la Constitution, de nouvelles institutions, de la démocratie directe ou que sais-je. Ils veulent que les dirigeants politiques soient attentifs à eux, qu’ils cherchent à résoudre leurs problèmes. C’est pourquoi je pense que ce mouvement n’est pas “anti-politique”. Il reflète au contraire une grande exigence envers les politiques, à qui on ne reproche pas tant leur toute-puissance que leur impuissance érigée en système.

      [Il y a des années maintenant que la « France périphérique » voit son horizon s’obscurcir. Pourquoi se mobiliser maintenant? Comment croire qu’une énième hausse des taxes sur le carburant soit l’élément déclencheur?]

      Parce qu’il y a toujours une goutte qui fait déborder le vase, une dernière bûche qui fait tomber l’âne. La mauvaise récolte de 1789 n’était pas la première mauvaise récolte de l’histoire de France.

      [Et d’ailleurs, les gilets jaunes représentent-ils vraiment la « France périphérique »?]

      Oui, je le pense. Autrement, le mouvement reçoit un tel niveau de soutien et de sympathie dans ces territoires.

      [Si tel est le cas, pourquoi brutalement cette France-là a décidé de ne plus se résigner à agoniser dans son coin? Y aurait-il eu des signes avant-coureurs? Je ne comprends pas.]

      Bien sur qu’il y a eu des “signes avant coureurs”. Il y a eu d’abord l’abstention de plus en plus massive dans les territoires périphériques, élection après élection. Il y a eu l’effondrement des partis qui encadraient politiquement et exprimaient les intérêts de cette France. Il y a eu toute une batterie d’indices statistiques qui montrent depuis des années une dégradation continue du tissu social. Il y a eu la violence croissante des conflits sociaux dans ces territoires…

      [En tout état de cause, si les gilets jaunes représentent la « France périphérique » (ce dont je ne suis pas convaincu), je ne peux que leur conseiller de rentrer chez eux. Ces gens doivent comprendre que rien ne changera fondamentalement, même si les taxes sur le carburant sont suspendues ou supprimées. Rien ne changera parce que la métropolisation, c’est-à-dire la concentration des richesses, des pouvoirs, des services, des savoirs, des emplois dans les plus grandes villes, mais aussi la compétition entre les espaces et l’abandon de toute vraie politique d’aménagement du territoire, tout cela est une conséquence de la mondialisation, et ces phénomènes sont encouragés à l’échelle continentale par la politique de l’Union européenne.]

      Je retrouve ici votre pessimisme invétéré. Si on suit votre raisonnement, il ne reste plus qu’à se résigner. Toute lutte est inutile, tout combat perdu d’avance… Comme vous le savez, je n’adhère pas à cette position. Au contraire, j’adhère à l’optimisme méthodologique. Il n’y aucun moyen de savoir si le combat sert ou non à quelque chose. Mais si on continue à se battre, peut-être qu’on aura un résultat, alors que si on renonce on est sur de ne rien avoir. Une sorte de pari pascalien, si vous voulez.

      [La « France périphérique » doit se résigner à mourir, c’est son destin. Ce destin n’est pas une fatalité de la Providence. C’est un destin écrit et mis en oeuvre par ceux qui gouvernent, un destin qui correspond aux intérêts économiques d’une autre partie de la population.]

      Dans ce cas, ce qu’un rapport de forces a fait, un autre peut le défaire.

      • @ Descartes,

        “Alors, je vous propose la mienne […]”
        Et je l’ai lue avec grand intérêt, croyez-le bien. Votre thèse est séduisante, je ne dis pas le contraire. Mais, puis-je vous dire sans vous offenser que c’est une interprétation parmi d’autres? Notre ami BolchoKek nous rappelle le profil quand même très divers des gilets jaunes. Est-il prudent et raisonnable de vouloir définir un “gilet jaune type”?

        “tout juste qu’on s’occupe d’eux.”
        Comment ça s’occuper d’eux? Comme on s’occupe d’enfants qui crient et qui hurlent parce que le robot n’a plus de piles? Ces gens sont des adultes. S’ils veulent qu’on “s’occupe d’eux”, il faudrait peut-être d’abord qu’ils entendent le discours souverainiste et eurosceptique. Ce qui nous arrive aujourd’hui, ce qui est arrivé à la Grèce il y a 10 ans, des gens comme Séguin et Chevènement le pressentaient dès les années 90. Ont-ils été écoutés? Non. L’ignorance est une vilaine excuse pour un citoyen.

        “Parce qu’il y a toujours une goutte qui fait déborder le vase, une dernière bûche qui fait tomber l’âne.”
        Ah bon? J’aurais aimé que ça déborde avant. Lors des émeutes des banlieues immigrées de 2005, où étaient les gilets jaunes? Lors des attentats de 2015, où étaient les gilets jaunes? Le problème, c’est que les gens ne voient que leurs petites personnes. L’avenir du pays, ils s’en foutent, tant que ça ne les concerne pas directement. Et maintenant qu’on touche au prix du gasoil, c’est la révolution. Si la “France périphérique” a enfin trouvé les mêmes moyens de se faire entendre que les racailles de banlieue, je n’y vois pas un progrès, et je n’applaudirai pas. J’ai écouté des témoignages de gilets jaunes, je suis sensible à la détresse et à l’angoisse de certains d’entre eux. En même temps, ils rejettent le combat politique, le combat syndical et ils n’ont pas su ou voulu empêché l’élection de Macron en 2017. N’est-ce pas un peu tard pour pleurer sur le champ de ruines?

        “Si on suit votre raisonnement, il ne reste plus qu’à se résigner. Toute lutte est inutile, tout combat perdu d’avance…”
        Pardon, pardon. J’ai fait ma part du combat, avec mes modestes moyens: j’ai voté à toutes les élections et référendums pendant 15 ans, j’ai adhéré à un syndicat, j’ai (modestement) soutenu financièrement un parti politique, j’ai tenu un blog pendant des années. D’accord, tout cela reste un engagement bien timoré diront certains. Je pourrais aussi parler de la lutte contre la bienpensance, au quotidien, dans la classe, dans la salle des profs, dans le cercle privé. Il n’y a pas de honte à reconnaître à un moment qu’on a perdu, que la France que j’ai tant aimé est morte, et que cela laisse de marbre la majorité des Français, sauf quelques nostalgiques grincheux dans mon genre. Rétrospectivement, j’ai mené un combat d’arrière-garde. Je ne regrette pas, je ne renie pas ce que j’ai défendu. Simplement, il faut savoir s’arrêter.

        Plus généralement, la bataille est perdue pour une raison plus profonde et plus grave: le déclin de la Raison elle-même. L’héritage des Lumières est moribond, même en France, et encore, moins qu’ailleurs. Nous avons sombré dans un effrayant relativisme culturel. Tout se vaut. Toutes les opinions ont la même valeur. Le créationnisme vaut bien le darwinisme, l’antispécisme vaut bien Platon… La culture française, aussi bien dans ce qu’elle avait d’universel (dans les sciences, les arts, les principes) que de proprement national (la langue, l’histoire, les institutions), a été méthodiquement détruite (pardon, “déconstruite”) par les gens, type Noiriel justement, qui maintenant nous explique qu’on a un problème! Sans déconner! Pour négocier, pour trouver des solutions, il faut parler même langage, se nourrir des mêmes références. Vous savez, il y avait moins de différences culturelles entre un Jaurès et un Barrès en 1900, qu’entre un député LREM et un Zemmour aujourd’hui. Aujourd’hui, on ne se comprend plus. Pour Barrès, pour Jaurès, la France, ce n’était pas tout à fait la même chose… et en même temps, il y avait un fond commun. En 2018, quand j’entends Obono, ou tout autre membre de la clique gaucho-écolo-féministo-multiculturaliste, parler de la France, mais de quoi me parlent ces gens?

        “Comme vous le savez, je n’adhère pas à cette position. Au contraire, j’adhère à l’optimisme méthodologique.”
        Je le sais. Mais mon rôle est de mettre à l’épreuve votre optimisme méthodologique… Un optimisme méthodologique qui ne me convainc pas mais que je jalouse en secret.

        @ Bolchokek,

        “Au moins, je me dis que cela a créé un précédent : je ne pense pas que l’on puisse faire à l’avenir de la politique en méprisant toujours autant les couches populaires.”
        Ne croyez pas cela. Quelques concessions bien senties finiront par calmer les gilets jaunes. Ils rentreront chez eux, satisfaits d’avoir fait plié le pouvoir… Et tout recommencera. La raison en est simple, Descartes lui-même l’a énoncée: la France “d’en haut” ou plutôt “centrale” (bourgeoisie, classes moyennes) n’a PAS BESOIN de la France périphérique. Il y a les pays à bas coût pour la production délocalisable, les immigrés pour les sales boulots non-délocalisables, il y a “le modèle allemand” ou le “modèle finlandais” pour se donner bonne conscience, il y a Monaco, la Suisse ou le Luxembourg pour planquer son pognon, et il y a même Londres, Bruxelles ou Lisbonne où aller habiter si vraiment la populace devient pénible. Alors croyez-vous que ces gens vont lâcher du lest sur l’essentiel? Que nenni.

        • Descartes dit :

          @ nationaliste-ethniciste

          [Et je l’ai lue avec grand intérêt, croyez-le bien. Votre thèse est séduisante, je ne dis pas le contraire. Mais, puis-je vous dire sans vous offenser que c’est une interprétation parmi d’autres?]

          Vous ne m’apprenez rien de nouveau. IL y a longtemps que j’ai cessé de croire que je détiens la vérité… cela étant dit, vous admettrez que la théorie en question colle assez bien à la réalité… ce qui en général est plutôt un bon signe.

          [Notre ami BolchoKek nous rappelle le profil quand même très divers des gilets jaunes. Est-il prudent et raisonnable de vouloir définir un « gilet jaune type »?]

          Non, bien sûr que non. Mais ce n’est pas ce que je fais. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas de définir un « gilet jaune type », mais à réfléchir sur le comportement politique collectif des gilets jaunes. Il est certain que parmi eux il y a des religieux et des athées, de droite et de gauche… mais aujourd’hui, ils semblent avoir les mêmes exigences vis-à-vis du pouvoir. C’est cela qui est important.

          [« tout juste qu’on s’occupe d’eux. » Comment ça s’occuper d’eux? Comme on s’occupe d’enfants qui crient et qui hurlent parce que le robot n’a plus de piles? Ces gens sont des adultes. S’ils veulent qu’on « s’occupe d’eux », il faudrait peut-être d’abord qu’ils entendent le discours souverainiste et eurosceptique.]

          Ces gens sont en effet des adultes. Mais ils n’ont pas votre chance ou la mienne d’avoir reçu de leurs parents, de leurs voisins, de leurs professeurs les instruments pour analyser leur situation. En d’autre termes, ils sont aliénés à une idéologie dominante. Au lieu de leur en vouloir, il serait plus productif de chercher à les comprendre.

          [Ah bon? J’aurais aimé que ça déborde avant. Lors des émeutes des banlieues immigrées de 2005, où étaient les gilets jaunes? Lors des attentats de 2015, où étaient les gilets jaunes? Le problème, c’est que les gens ne voient que leurs petites personnes. L’avenir du pays, ils s’en foutent, tant que ça ne les concerne pas directement.]

          Oui, c’est terrible, n’est-ce pas ? Pour faire de la politique, il faut aimer les gens. Et les gens tels qu’ils sont, pas tels qu’on voudrait qu’ils soient. Les Français qui ont fait la France de Richelieu, de Napoléon, de Foch ou De Gaulle que vous admirez tant n’étaient probablement pas bien meilleurs que ceux d’aujourd’hui. Dans le meilleur des cas, ils ont été capables de produire une petite minorité capable de faire de grandes choses et quelquefois, dans des circonstances exceptionnelles, d’oublier un peu leurs petites affaires pour se battre pour les grandes.

          [N’est-ce pas un peu tard pour pleurer sur le champ de ruines?]

          Bien entendu, j’aurais comme vous aimé que cela se fasse avant. Mais bon, il faut prendre le monde comme il est.

          [Rétrospectivement, j’ai mené un combat d’arrière-garde. Je ne regrette pas, je ne renie pas ce que j’ai défendu. Simplement, il faut savoir s’arrêter.]

          Pourquoi ? Il n’est pas donné à ceux qui vivent une époque de savoir quels sont les combats dont on sera vainqueur, et quels sont les combats perdus d’avance. Voltaire n’a pas vu le monde que ses écrits ont préparé.

          [Plus généralement, la bataille est perdue pour une raison plus profonde et plus grave: le déclin de la Raison elle-même. L’héritage des Lumières est moribond, même en France, et encore, moins qu’ailleurs. Nous avons sombré dans un effrayant relativisme culturel. Tout se vaut. Toutes les opinions ont la même valeur.]

          Oui, mais qu’est-ce qui vous fait penser qu’ayant perdue cette bataille la Raison est condamnée à perdre la guerre ?

          Je ne pense pas que l’héritage des Lumières soit moribond. Je pense que ce qui se meurt, c’est le projet d’universaliser cet héritage, de le rendre accessible à toutes les couches sociales. La bourgeoisie et les « classes moyennes » embrassent publiquement le relativisme culturel. Mais par derrière éduquent leurs propres enfants de la manière la plus traditionnelle dans des écoles qui continuent à mettre le savoir – et non l’élève – au centre, et leur réservent l’accès au patrimoine culturel le plus raffiné. En fait, c’est parce que le « block dominant » réalise parfaitement que la Raison est un instrument de libération qu’il entend s’en réserver l’usage.

          [Je le sais. Mais mon rôle est de mettre à l’épreuve votre optimisme méthodologique… Un optimisme méthodologique qui ne me convainc pas mais que je jalouse en secret.]

          C’est la chose la plus gentille que vous ne m’avez jamais dite…

          • @ Descartes,

            “Mais ils n’ont pas votre chance ou la mienne d’avoir reçu de leurs parents, de leurs voisins, de leurs professeurs les instruments pour analyser leur situation. En d’autre termes, ils sont aliénés à une idéologie dominante.”
            Ah, c’est vrai. J’oubliais que ces gens-là ne sont pas allés à l’école, ne savent ni lire ni écrire et travaillent à la mine 12 heures par jour, 6 jours sur 7. Finalement, rien n’a changé depuis Zola…

            “Oui, c’est terrible, n’est-ce pas ? Pour faire de la politique, il faut aimer les gens. Et les gens tels qu’ils sont, pas tels qu’on voudrait qu’ils soient. Les Français qui ont fait la France de Richelieu, de Napoléon, de Foch ou De Gaulle que vous admirez tant n’étaient probablement pas bien meilleurs que ceux d’aujourd’hui.”
            Ironisez, ironisez, cher ami. Aimer les gens n’exclut pas d’être sévère ou exigeant avec eux, première chose. Seconde chose, vous mélangez tout: les Français n’ont pas fait la France de Richelieu, c’est Richelieu qui a fait la France… Et contre l’avis des “Français” de son temps, le cardinal ayant atteint des sommets d’impopularité. Louis XIV, c’est pareil: il a fait la France avec ses guerres, ses chantiers, ses académies, mais les “Français” ont souffert et renâclé. Les choses ne changent qu’à la Révolution. Oui, je pense que les Français de Napoléon et ceux de Foch étaient bien meilleurs que les Français d’aujourd’hui. Je pense que le patriotisme, l’abnégation, le sens du devoir, l’esprit de sacrifice, bref les valeurs “aristocratiques”, étaient bien plus répandus qu’aujourd’hui. Il y a toujours eu des lâches et des profiteurs, mais dans une société qui encourage le service de la patrie et les vertus guerrières, au moins, on ne se vante pas de ses turpitudes. Aujourd’hui, un Tapie peut se vanter de ce qu’il a fait dans sa minable existence. C’est le règne de la médiocrité, à un point rarement atteint.

            “Pourquoi ? Il n’est pas donné à ceux qui vivent une époque de savoir quels sont les combats dont on sera vainqueur, et quels sont les combats perdus d’avance.”
            Je ne peux pas vous donner tort. Néanmoins, je suis bien obligé de prendre en compte l’évolution dont je suis témoin: né au début des années 80, j’ai vu mon pays approfondir sa participation à la construction européenne, se résigner à la désindustrialisation, au marasme économique et social, à être à la remorque de l’Allemagne; j’ai vu le développement de la repentance, de la “déconstruction”, de la diabolisation du récit national et de l’ “homme blanc” en général; j’ai vu le déclin des Français de souche, le développement de l’islam, le communautarisme s’étendre, la substitution de population s’accélérer, l’apparition du terrorisme islamiste; j’ai vu le mariage homo, la famille “traditionnelle” ringardisée et insultée, la filiation saccagée, le moindre désir humain érigé en droit de l’homme sacré et inaliénable; j’ai vu l’écologie culpabilisante érigée en nouvelle religion quasi officielle… J’arrête là, mais je dois vous dire que ça fait beaucoup. Le monde dans lequel j’aurais aimé vivre est en train de s’effondrer. On peut toujours me dire “il faut espérer”, j’avoue que c’est une maigre consolation.

            “Voltaire n’a pas vu le monde que ses écrits ont préparé.”
            Et heureusement pour lui. Il aurait été bien déçu…

            “Oui, mais qu’est-ce qui vous fait penser qu’ayant perdue cette bataille la Raison est condamnée à perdre la guerre ?”
            Je ne dis pas que la Raison a perdu définitivement. Je dis qu’à l’heure actuelle, elle cède de plus en plus de terrain sous les coups de boutoir de tout un tas d’idéologies irrationnelles. A court et peut-être moyen terme, la Raison est perdante. Je ne me prononce pas sur ce qu’il en sera dans un siècle. Il y aura toujours – je l’espère – des îlots de résistance qui finiront peut-être par opérer une “reconquête” par la raison du débat public. C’est ce que vous souhaitez également, je suppose.

            “C’est la chose la plus gentille que vous ne m’avez jamais dite…”
            Mais je suis quelqu’un de charmant… Vous l’ignoriez?

            • Descartes dit :

              @ nationaliste-ethniciste

              [« Mais ils n’ont pas votre chance ou la mienne d’avoir reçu de leurs parents, de leurs voisins, de leurs professeurs les instruments pour analyser leur situation. En d’autre termes, ils sont aliénés à une idéologie dominante. » Ah, c’est vrai. J’oubliais que ces gens-là ne sont pas allés à l’école, ne savent ni lire ni écrire et travaillent à la mine 12 heures par jour, 6 jours sur 7. Finalement, rien n’a changé depuis Zola…]

              Beaucoup de choses ont changé depuis Zola, et pas toutes dans le bon sens. Il y avait du temps de Zola des institutions – les partis ouvriers, les syndicats – qui concevaient et diffusaient les instruments d’analyse. Il y avait une école dont l’autorité intellectuelle était incontestée. Il y avait des adultes – les parents, les voisins – qui intervenaient en permanence dans la vie des jeunes et qui leur transmettaient une conscience. J’ai du mal à comprendre que vous ignoriez cet aspect de l’évolution de la société : aujourd’hui, le citoyen est réduit à un consommateur, et cela se traduit par une terrible solitude. Plus personne n’est légitime pour vous dire comment vous devez vous soigner, comment vous devez apprendre, comment vous devez voter. Et donc plus personne n’est légitime pour vous transmettre les instruments d’analyse de la réalité.

              Certains pensent que c’est là un progrès. Je pense au contraire que c’est une régression. Le monde où je peux faire confiance au médecin pour me soigner, au professeur pour m’enseigner, au représentant de me défendre mieux que je ne pourrais le faire moi-même est un monde plus agréable à vivre que ce monde où, personne n’étant légitime, je suis obligé de me méfier de tout le monde.

              [« Oui, c’est terrible, n’est-ce pas ? Pour faire de la politique, il faut aimer les gens. Et les gens tels qu’ils sont, pas tels qu’on voudrait qu’ils soient. Les Français qui ont fait la France de Richelieu, de Napoléon, de Foch ou De Gaulle que vous admirez tant n’étaient probablement pas bien meilleurs que ceux d’aujourd’hui. » Ironisez, ironisez, cher ami.]

              Je ne crois pas avoir été ironique. Je voulais souligner que les critiques que vous faites envers les Français ne doivent pas être très différentes de celles qu’on pouvait faire du temps de Richelieu, de Napoléon, de Foch ou de De Gaulle. Aimer la France, c’est aussi aimer ce peuple-là, avec ses énormes qualités et ses énormes défauts.

              [Seconde chose, vous mélangez tout: les Français n’ont pas fait la France de Richelieu, c’est Richelieu qui a fait la France… Et contre l’avis des « Français » de son temps, le cardinal ayant atteint des sommets d’impopularité.]

              Vous croyez vraiment qu’un homme peut gouverner seul contre tous ? Non, vous le savez bien, le gouvernement a toujours nécessité le consentement relatif des gouvernés. Et puis, Richelieu a eu besoin de soldats et de généraux pour combattre ses batailles, d’agents et de fonctionnaires pour faire appliquer ses édits et faire rentrer ses impôts. Richelieu était certainement très impopulaire dans certaines couches sociales, et d’abord chez les « classes bavardantes » de l’époque. Nous savons très peu sur ce que pensaient les autres couches sociales, pour des raisons évidentes.

              Ce n’est pas Richelieu qui fait la France de son époque, pas plus que Napoléon n’est allé jusqu’à Moscou tout seul, que Foch n’a pas gagné la Grande Guerre par la seule force de ses petits bras musclés ou que De Gaulle n’a libéré le territoire par sa seule force personnelle. Ces personnalités ont été instrumentales, au sens que cela ne se serait pas fait sans elles, mais leur grandeur tient aussi à ce qu’elles sont devenues le point focal d’énergies qui n’étaient pas exclusivement les leurs propres. Et c’est là où les Français, collectivement, entrent en scène…

              [Oui, je pense que les Français de Napoléon et ceux de Foch étaient bien meilleurs que les Français d’aujourd’hui. Je pense que le patriotisme, l’abnégation, le sens du devoir, l’esprit de sacrifice, bref les valeurs « aristocratiques », étaient bien plus répandus qu’aujourd’hui.]

              Sur ce point, je suis d’accord. Mais je vous fais remarquer que c’est exactement ce que je vous disais au début de cet échange lorsque je vous disais combien nos concitoyens sont dépourvus aujourd’hui des instruments pour comprendre la réalité. Les valeurs « aristocratiques » dont vous parlez n’étaient qu’une partie d’un système de pensée. Ce système de pensée a en partie disparu sans être véritablement remplacé.

              [(…) J’arrête là, mais je dois vous dire que ça fait beaucoup. Le monde dans lequel j’aurais aimé vivre est en train de s’effondrer. On peut toujours me dire « il faut espérer », j’avoue que c’est une maigre consolation.]

              Je partage un peu votre sentiment. Moi aussi, je vois ce monde que j’aimais disparaître, et même si je suis optimiste en termes historiques je sais que j’aurais beaucoup de chance si j’arrive à voir l’amorce du renouveau que j’appelle de mes vœux. Mais c’est pour moi une consolation de penser que ce monde dans lequel nous aurions aimé vivre subsiste dans quelques ilots de résistance.

              [« Voltaire n’a pas vu le monde que ses écrits ont préparé. » Et heureusement pour lui. Il aurait été bien déçu…]

              Très possible. Une fois qu’une idée est lâchée dans la nature, elle ne vous appartient plus…

              [Il y aura toujours – je l’espère – des îlots de résistance qui finiront peut-être par opérer une « reconquête » par la raison du débat public. C’est ce que vous souhaitez également, je suppose.]

              Oui. C’est un peu ce que j’avais écrit plus haut. La mission des progressistes, aujourd’hui, c’est de préserver ces ilots de résistance et d’en faire demain des ilots de reconquête…

              [« C’est la chose la plus gentille que vous ne m’avez jamais dite… » Mais je suis quelqu’un de charmant… Vous l’ignoriez?]

              Non, mais il est vrai qu’un peu de douceur dans ce monde de brutes, ça fait toujours plaisir.

        • Bannette dit :

          @N.E. Tu dis : la France « d’en haut » ou plutôt « centrale » (bourgeoisie, classes moyennes) n’a PAS BESOIN de la France périphérique. Il y a les pays à bas coût pour la production délocalisable, les immigrés pour les sales boulots non-délocalisables, il y a « le modèle allemand » ou le « modèle finlandais » pour se donner bonne conscience, il y a Monaco, la Suisse ou le Luxembourg pour planquer son pognon, et il y a même Londres, Bruxelles ou Lisbonne où aller habiter si vraiment la populace devient pénible. Alors croyez-vous que ces gens vont lâcher du lest sur l’essentiel? Que nenni.

          Si comme toi, je trouve que le réveil relatif est un peu tardif, je te trouve un peu excessif dans tes reproches faits aux gilets jaunes notamment dans leurs votes : Ils ont lancé des signaux très forts depuis près de 20 ans, on a eu 2 fois les Le Pen au 2ème tour de la présidentielle en 15 ans (alors que la probabilité d’avoir l’extrême gauche ou Mélenchon au 2ème tour est nulle), Sarkozy qui avait siphonné une bonne partie des voies du FN en 2007 parce qu’il repris une partie de ses thèmes était un autre de ces signaux (donc on pourrait presque considérer que c’est un proxy des Le Pen), de même que le Non à la Constitution Européenne. Ce n’est pas rien. Ces gilets jaunes ont à mon avis développé la solidarité de proximité et familiale pour tenir le coup, mais ça ne suffit plus. Je pense que cette perte de temps est là, ils ont bricolé comme ils pouvaient plutôt que de s’investir dans leur rôle de citoyen. Et n’oublions pas la manif géante après la mort de la rédaction de Charlie Hebdo, là encore c’est un signal très fort. Une taxe de trop semble être la goutte d’eau qui pourrait faire déborder le vase, et il y a d’autres exemples de l’histoire où une énième routine pas forcément plus grave en apparence que les précédentes s’est révélée comme le grain de sable qui a fait complètement dérailler la machine. J’aurais préféré que ce soit lors du vote du TCE, mais on ne décide jamais de la nature du grain de sable.

          Tu as tord de dire que la bobocratie n’a pas besoin des classes populaires de la périphérie parce qu’elle à sous la main ses domestiques immigrés et peut faire fabriquer en Chine les produits dont elle a besoin. La seule classe sociale qui peut réellement s’affranchir du peuple c’est la bourgeoisie, les classes moyennes selon la définition de notre hôte, n’ont justement pas assez de capital financier et immatériel pour émigrer de façon pérenne à l’étranger. Je pense que tu es victime d’un effet grossissant : la bourgeoisie n’est pas très nombreuse, par contre les classes moyennes l’est beaucoup plus, et leurs compétences ne sont pas si extraordinaires au niveau mondial. En fait, ce que j’appelle les classes bavardantes ne valent rien là où l’argent se fait : qui a besoin de nos bobos profs, fonctionnaires territoriaux drogués de l’argent public, zartistes, militants associatifs bouffeurs de subventions, écolos bons à rien, petits cadres de PME, et j’en passe ? Ces gens là n’ont rien à négocier au niveau international.
          Ce qui est réellement recherché dans les pays anglo-saxons c’est le profil Kerviel, les carnets d’adresse permettant de s’approprier un marché (du genre ces sales traitres de De Villepin M. le VIP du Qatar, ou plus récemment Pierre de Villiers qui est allé pantoufler chez un Cabinet de Conseil Américain, tout en pondant des bouquins, lui et son frère, sur le patriotisme blablabla, là où jamais Séguin, Chevènement ou Guaino n’auraient osé – même Sarkozy l’Américain n’est pas allé pantoufler dans ce genre de cabinet) et les compétences rares ; quant aux pays comme la Chine, parce qu’elle a une réelle politique industrielle, elle est avide de transfert technologique, donc si vous êtes dans le génie civile, faites dans les sciences dures, vous serez accueilli.
          Est-ce que l’ensemble des classes moyennes ont ce type de profil ? Et bien j’ai un doute. Les classes intermédiaires ont surinvesti les métiers de type idéologique qui soutiennent la bourgeoisie, mais n’oublions pas que les anglo-saxons ont leurs propres classes moyennes donc n’ont pas besoin de notre bobocratie bouffie d’elle-même.
          Ceux qui ont des compétences rares dans la technicité ou les sciences ne sont aussi influençables par l’argent, en fait ce qui les intéresse vraiment c’est qu’ont leur donne des opportunités : si la France ne fabrique plus rien, ne cherche pas à exhaucer le voeu de Tintin d’aller sur la Lune, et sabote son propre programme nucléaire, les savants et ingénieurs qui iraient à l’étranger le font de mauvaise grâce. On n’arrête pas de nous parler de ces jeunes compétents qui émigrent car la fiscalité est trop lourde en France, mais ces jeunes c’est plutôt le profil Kerviel ou les startupers, ce ne sont pas des bâtisseurs. Les scientifiques et les ingénieurs de haut niveau soutiendraient au contraire des politiques publiques de recherche ambitieuse (comme disait De Gaulle, j’ai pas besoin de chercheurs qui cherchent, mais des chercheurs qui trouvent !). C’est pour ça que j’insiste sur le fait que les classes moyennes françaises, prises dans leur ensemble, n’offrent pas de compétences si extraordinaires au niveau mondial, et que les pays anglo-saxons ont largement ce qu’il faut.

          Ce qui me rend confiante, c’est notre géographie : bobos dans les Métropoles, domestiques immigrés dans les banlieues et France Périphérique (où habitent encore 60 % des français selon Guilluy…). Pour faire le lien avec l’article de Descartes et les débordements violents, les bobos et les bourgeois ont changé de tactique après la période de mépris : ils ont eu beau essayé de faire porter le chapeau de la casse aux Gilets Jaunes, or ils savent au fonds que la majorité n’est pas forcément portée sur la violence, et que ce sont les casseurs professionnels de type black blocs et les racailles des banlieues qui sont majoritairement responsables. Tu connais le proverbe espagnol : Cria cuervos y te sacaran los ojos . Ils ont élevé depuis 30 ans des corbeaux à 30 minutes de RER du Parc Monceau, et c’est pour ça qu’ils appellent à la fin des manifs, car il y a des racailles opportunistes qui vont faire un carton. On est arrivé au risque de voir le droit de manifester disparaître dans une démocratie parce que 30 ans de laxisme judiciaire, et d’élevage de corbeaux racailles aux portes de Paris ont conduit à cette situation. Ils sont en train de se rendre compte de la proximité physique d’avec les racailles issues de la diversité, et le mur qu’était le foncier à 10 000 € le m2 est invisible et si facile à franchir physiquement. C’est pour ça que je dis que notre géographie et aménagement du territoire jouent pour nous sur le long terme : nous ne sommes pas un pays continent comme les USA, et j’insiste sur le fait que nos classes moyennes n’ont pas réellement les moyens financiers de se payer des gardes du corps qui sont des anciens marines ou du Mossad, ils ont besoin de nos servies régaliens.
          Surtout que tous les sondages ont montré que les forces de police, gendarmes et militaires soutiennent les GJ car les membres de leur famille en font partie, et que c’est souvent là qu’ils se recrutent. Mais leurs responsables ne cessent de tirer la sonnette d’alarme de leur état d’épuisement et sous équipement. Nous avons une police et une armée républicaine, nous ne sommes pas comme dans des pays d’Amérique Latine ou d’Afrique où ces corps d’état ont des pourcentages dans des entreprises publiques et peuvent tirer sans état d’âme sur leur peuple.

          • Descartes dit :

            @ Bannette

            [Si comme toi, je trouve que le réveil relatif est un peu tardif, je te trouve un peu excessif dans tes reproches faits aux gilets jaunes notamment dans leurs votes : Ils ont lancé des signaux très forts depuis près de 20 ans, on a eu 2 fois les Le Pen au 2ème tour de la présidentielle en 15 ans (alors que la probabilité d’avoir l’extrême gauche ou Mélenchon au 2ème tour est nulle), Sarkozy qui avait siphonné une bonne partie des voies du FN en 2007 parce qu’il repris une partie de ses thèmes était un autre de ces signaux (donc on pourrait presque considérer que c’est un proxy des Le Pen), de même que le Non à la Constitution Européenne. Ce n’est pas rien.]

            Tout à fait d’accord. Mais il faut aussi tenir compte d’un facteur supplémentaire : nous sommes un peuple cartésien, éduqué par une école cartésienne. Il est difficile pour les gens de dire « non » quand on ne sait pas proposer une alternative. C’est pourquoi l’argument « mais qu’est-ce que vous proposez à la place » est dans notre pays particulièrement lourd, alors qu’il est inopérant sous d’autres latitudes. Or, depuis trente ans les « classes moyennes » occupent l’ensemble du champ politique, et se sont appliquées à réduire au silence tous ceux qui pourraient proposer autre chose « à mettre à la place » des politiques qui servent leur intérêt. Les couches populaires ont été enfermées dans une logique d’opposition, ou l’on peut toujours dire « non », mais il n’y a jamais quelque chose à laquelle on ait envie de dire « oui ».

            Les exemples que vous donnez sont, comme vous dites, des signaux : on a dit « non » au candidat bien comme il faut des « classes moyennes » en votant Le Pen. On a dit « non » à l’establishment eurolâtre en votant contre le TCE. On a même voté pour le candidat qui défrisait le Boul’Mich, ce Sarkozy inculte et facho. Mais on n’a jamais eu l’opportunité de voter pour un candidat qui proposait de manière crédible de faire autre chose. Et ce sera pareil la prochaine fois : on aura le choix entre une extrême droite et une « gauche radicale » incapables de gouverner et des candidats d’un centre mou qui feront toujours les mêmes politiques. C’est pour cela que les « gilets jaunes » ne se structurent pas, et ils ont parfaitement raison. Se structurer, c’est risquer de voir les « classes moyennes », celles qui ont les instruments intellectuels, de prendre le pouvoir sur le mouvement. Si demain le mouvement se donne des structures, qui apparaîtra à la télé ? Qui tiendra la plume pour écrire les revendications ? Qui a le langage et la technique pour aller discuter avec le gouvernement ? Ce ne sera pas Mme Michu, croyez-moi…

            Le rôle fondamental joué par le parti socialiste au tournant du XXème siècle, puis par le PCF après 1920 était celui-là : donner un relai, une parole, des instruments intellectuels aux intérêts des classes populaires. Il le faisait de deux façons : par une formation poussée qui permettait à des militants d’origine ouvrière d’acquérir ces instruments, et en attirant des artistes, des ingénieurs, des scientifiques, des intellectuels « traitres à leur classe » qui pendant un temps plus ou moins long aidaient à enrichir le message. Tout ça a aujourd’hui disparu : le champ politique est aujourd’hui totalement occupé par les « classes moyennes ». Et la meilleure preuve de ce phénomène est l’atomisation : hier, parce qu’il y avait des partis qui proposaient des politiques vraiment différentes correspondant à des intérêts différents, on se rassemblait parce qu’on avait vraiment peur que l’autre puisse prendre le pouvoir. Aujourd’hui, est-ce que les intérêts des électeurs de Hamon seraient vraiment menacés si Faure prenait le pouvoir ? Mmmh ?

            [Et n’oublions pas la manif géante après la mort de la rédaction de Charlie Hebdo, là encore c’est un signal très fort.]

            Oui. Il y a entre les deux un point commun remarquable que personne ne semble avoir souligné. Lors de la manifestation monstre après l’attentat de Charlie Hebdo, la foule ne chantait qu’un chant, « La Marseillaise », et n’agitait qu’un symbole, le drapeau tricolore. Lorsqu’on observe les « gilets jaunes », on retrouve cette même symbolique. Sur les ronds-points occupés, on voit souvent battre le drapeau national, tout comme on l’a vu dans les manifestations parisiennes, et on chante l’hymne national. Pas d’Internationale, la Marseillaise. Lorsqu’on se souvient que dans notre pays le camp qui se prétend être radicalement du côté des travailleurs a craché pendant des années sur ces symboles…

            [Tu as tort de dire que la bobocratie n’a pas besoin des classes populaires de la périphérie parce qu’elle à sous la main ses domestiques immigrés et peut faire fabriquer en Chine les produits dont elle a besoin. La seule classe sociale qui peut réellement s’affranchir du peuple c’est la bourgeoisie, les classes moyennes selon la définition de notre hôte, n’ont justement pas assez de capital financier et immatériel pour émigrer de façon pérenne à l’étranger.]

            Vrai. Mais elles peuvent vivre de ce qui tombe de la table de la bourgeoisie, d’autant plus qu’ils ont le pouvoir de négociation pour que ce qui tombe soit raisonnable. L’idéal des « classes moyennes » bobocratiques c’est Singapour : une grande métropole sans arrière-pays, ou la citoyenneté est réservée aux très riches et aux « classes moyennes » qui les servent directement, et où tout le reste vient « d’ailleurs ». La distribution géographique du vote sur le Brexit a montré la dichotomie entre Londres, métropole « singapourienne », et un arrière-pays oublié. Certains adversaires du Brexit avaient d’ailleurs proposé que la City déclare son indépendance pour pouvoir rester dans l’UE…

            [Je pense que tu es victime d’un effet grossissant : la bourgeoisie n’est pas très nombreuse, par contre les classes moyennes l’est beaucoup plus, et leurs compétences ne sont pas si extraordinaires au niveau mondial. En fait, ce que j’appelle les classes bavardantes ne valent rien là où l’argent se fait : qui a besoin de nos bobos profs, fonctionnaires territoriaux drogués de l’argent public, zartistes, militants associatifs bouffeurs de subventions, écolos bons à rien, petits cadres de PME, et j’en passe ? Ces gens-là n’ont rien à négocier au niveau international.]

            Oui et non. D’abord, une classe dominante ne peut pas vivre sans une idéologie qui justifie sa domination. Et les « classes moyennes » ont réussi à s’assurer un monopole sur la fabrication des idées. La bourgeoisie a besoin des bobos profs, des artistes subventionnés, des militants associatifs, des zadistes pour cultiver et propager ces idéologies. Pourquoi croyez-vous que les intermittents du spectacle ont un pouvoir de nuisance sans commune mesure avec celui des cheminots ou des sidérurgistes ?

            Mais il est vrai que plus l’internationalisation et l’uniformisation culturelle progresse, plus les « classes moyennes » seront en compétition avec celles des autres pays, de la même manière que la classe ouvrière l’a été depuis les années 1960… la principale différence étant que, contrairement à la classe ouvrière, les « classes moyennes » contrôlent soigneusement cette concurrence : peu d’enfants, blocage de l’ascenseur social…

            [Ce qui est réellement recherché dans les pays anglo-saxons c’est le profil Kerviel, les carnets d’adresse permettant de s’approprier un marché (du genre ces sales traitres de De Villepin M. le VIP du Qatar, ou plus récemment Pierre de Villiers qui est allé pantoufler chez un Cabinet de Conseil Américain]

            Le fameux « capital immatériel »…

            [Ceux qui ont des compétences rares dans la technicité ou les sciences ne sont aussi influençables par l’argent, en fait ce qui les intéresse vraiment c’est qu’ont leur donne des opportunités : si la France ne fabrique plus rien, ne cherche pas à exhaucer le voeu de Tintin d’aller sur la Lune, et sabote son propre programme nucléaire, les savants et ingénieurs qui iraient à l’étranger le font de mauvaise grâce.]

            C’est un peu vrai, et cela s’explique : avoir des compétences rares dans les sciences et les techniques nécessite un énorme investissement, des années de travail ingrat, difficile, solitaire. Cet investissement n’est pratiquement jamais rentable sur le plan financier : combien de prix Nobel sont morts milliardaires ? Pratiquement aucun. C’est pourquoi ceux pour qui l’argent est un paramètre important ne choisissent généralement pas cette carrière. Pour le scientifique, les principaux attracteurs sont la reconnaissance publique et le financement de ses travaux, moins que la rémunération.

            [On n’arrête pas de nous parler de ces jeunes compétents qui émigrent car la fiscalité est trop lourde en France, mais ces jeunes c’est plutôt le profil Kerviel ou les startupers, ce ne sont pas des bâtisseurs. Les scientifiques et les ingénieurs de haut niveau soutiendraient au contraire des politiques publiques de recherche ambitieuse (comme disait De Gaulle, j’ai pas besoin de chercheurs qui cherchent, mais des chercheurs qui trouvent !). C’est pour ça que j’insiste sur le fait que les classes moyennes françaises, prises dans leur ensemble, n’offrent pas de compétences si extraordinaires au niveau mondial, et que les pays anglo-saxons ont largement ce qu’il faut.]

            Pour le moment, les compétences de trader restent, à l’échelle mondiale, rares. Pourquoi croyez-vous que les banques les rémunèrent à prix d’or, s’il était si facile de trouver, sur le marché international, des jeunes capables de faire ce travail ? On peut toujours se dire que dans quelques années, le marché étant ce qu’il est, d’autres pays produiront massivement ces compétences et leur prix diminuera en conséquence. Mais pour le moment, ce n’est pas le cas. Et les « classes moyennes » font tout ce qu’ils peuvent pour que le marché ne soit pas saturé.

          • @ Bannette,

            “Si comme toi, je trouve que le réveil relatif est un peu tardif, je te trouve un peu excessif dans tes reproches faits aux gilets jaunes notamment dans leurs votes”
            C’est plus un constat qu’un reproche. Si vraiment la Patrie est importante pour ceux qui ont peu, alors ces derniers ont le devoir de prendre soin de la Patrie. Je comprends la colère des gilets jaunes. J’ai écouté certains témoignages, et j’avoue que je n’imaginais pas la souffrance de certains de mes compatriotes. En même temps, je ne comprends pas bien ce qu’espèrent ces gens avec leur mouvement, hormis quelques concessions de circonstance. Mais ce n’est que mon avis.

            “Ils ont lancé des signaux très forts depuis près de 20 ans, on a eu 2 fois les Le Pen au 2ème tour de la présidentielle en 15 ans (alors que la probabilité d’avoir l’extrême gauche ou Mélenchon au 2ème tour est nulle), Sarkozy qui avait siphonné une bonne partie des voies du FN en 2007 parce qu’il repris une partie de ses thèmes était un autre de ces signaux (donc on pourrait presque considérer que c’est un proxy des Le Pen), de même que le Non à la Constitution Européenne.”
            Excuse-moi, mais comment pouvons-nous savoir ce qu’ont voté les gilets jaunes? D’ailleurs, j’ai voté “non” au TCE, et j’ai voté Le Pen à plusieurs reprises, et je ne suis pas un gilet jaune…

            “Et n’oublions pas la manif géante après la mort de la rédaction de Charlie Hebdo, là encore c’est un signal très fort.”
            J’avoue que cet exemple ne me convainc guère. Je me souviens que dans ma ville, à la manif (très importante), il y avait la plupart des “bobos” que je connais ainsi que la bonne bourgeoisie locale. Il n’est pas juste de dire que les gilets jaunes ont nécessairement fourni le gros des manif après le carnage de Charlie.

            “Ce qui me rend confiante, c’est notre géographie : bobos dans les Métropoles, domestiques immigrés dans les banlieues et France Périphérique (où habitent encore 60 % des français selon Guilluy…).”
            Les choses sont loin d’être aussi simples: il y a des bobos qui investissent certains espaces ruraux, et les immigrés représentent une part croissante de la population de “la France des sous-préfectures”. Il faut se rappeler par exemple que les opérations de rénovation urbaine dans les banlieues tendent à gentrifier certains secteurs tandis que les populations immigrées sont pour une partie relogées dans les espaces périurbains voire ruraux. Même dans les petites villes reculées de mon département, il y a des communautés marocaines ou turques.

            “Tu connais le proverbe espagnol : Cria cuervos y te sacaran los ojos .”
            Non, j’ai fait allemand 🙂

            “Nous avons une police et une armée républicaine”
            La police, sans doute. Mais l’armée… Comme toute armée professionnelle, elle est composée pour une bonne part de mercenaires. De toute façon, aujourd’hui, ça veut dire quoi “républicain”? Tout le monde est républicain: Macron, Le Pen, Mélenchon, Taubira, Obono…

            • Descartes dit :

              @ nationaliste-ethniciste

              [J’ai écouté certains témoignages, et j’avoue que je n’imaginais pas la souffrance de certains de mes compatriotes. En même temps, je ne comprends pas bien ce qu’espèrent ces gens avec leur mouvement, hormis quelques concessions de circonstance.]

              C’est une révolte, sire, ce n’est pas une révolution. Et dans toute révolte, il y a un côté carnavalesque : un rêve d’égalité et de fraternité qui dure quelques jours, la permission de faire ce qui est interdit d’habitude, comme par exemple de brûler le roi – ne serait-ce qu’en effigie. Je ne crois d’ailleurs pas que les gens qui sont sur les ronds-points aient de grandes espérances. Ils savent très bien que leur mouvement n’a pas d’issue politique. Ils profitent simplement du plaisir que procure le fait de faire peur aux « puissants » – et croyez-moi, ces gens ont eu peur – que vous jugez responsables de vos malheurs. Mais ils savent parfaitement que ce mouvement par lui-même n’a pas d’issue politique.

              C’est d’ailleurs pourquoi à mon avis ils refusent de s’organiser, de désigner des porte-parole. Ils savent très bien que leur mouvement porte un vote de défiance envers l’existant, et non un vote de confiance vers une vision différente, sans laquelle il n’y a pas à proprement parler de politique. Et ils ont parfaitement raison d’agir ainsi : on a toujours tort d’obéir à l’injonction de vos adversaires. Pourquoi à votre avis nos élites dépréciées demandent à cor et à cri aux « gilets jaunes » de se donner des structures et des représentants ? Les seigneurs féodaux faisaient pendre haut et court les dirigeants jacqueries. Les seigneurs modernes se plaignent amèrement que les jacques refusent se donner de tels dirigeants. C’est que, contrairement aux seigneurs féodaux, les seigneurs des « classes moyennes » ont compris qu’ils ont les moyens de noyauter toute structure. Si demain les « gilets jaunes » se structuraient en parti politique, vous pouvez parier que ce seraient les « classes moyennes » qui en prendraient rapidement le contrôle.

              J’avais écrit au départ du mouvement que la révolte des « gilets jaunes » ne peut avoir d’issue proprement politique, et rien dans le déroulement de l’affaire ne m’a fait changer d’avis. Le gouvernement a bien lâché du lest – qu’il reprendra à la première occasion, dès que les citoyens auront le dos tourné, parce que l’argent distribué va bien devoir sortir de quelque part – sur les impôts, sur le pouvoir d’achat. Mais il faut être très naïf pour croire que ce mouvement provoquera chez Macron un minimum d’introspection, qu’il le poussera à s’attaquer aux politiques qui sont aux racines du mal. D’ailleurs, chercherait-il à le faire qu’il aurait sur le dos les « classes moyennes », dont le pouvoir de nuisance est autrement plus important que celui des « gilets jaunes ».

              Cela ne veut pas dire que l’effet du mouvement sera nul. Les prochaines « réformes » libérales que Macron avait dans sa besace risquent d’être retardées ou même pour certaines enterrées. Mais cela ne résoudra pas les problèmes de fond.

              [Excuse-moi, mais comment pouvons-nous savoir ce qu’ont voté les gilets jaunes? D’ailleurs, j’ai voté « non » au TCE, et j’ai voté Le Pen à plusieurs reprises, et je ne suis pas un gilet jaune…]

              A strictement parler, vous avez raison. Il semblerait d’ailleurs selon les premières enquêtes que beaucoup de « gilets jaunes » viennent du camp abstentionniste. Tout ce qu’on peut dire, c’est que la sociologie – et la distribution géographique – des « gilets jaunes » coïncide avec celle de l’électorat de Marine Le Pen aux dernières présidentielles. Mais il est difficile d’aller plus loin.

              [Il n’est pas juste de dire que les gilets jaunes ont nécessairement fourni le gros des manif après le carnage de Charlie.]

              Tout à fait d’accord. Là, les distributions géographiques et sociologiques tendent à vous donner raison : les manifestations ont touché d’abord les métropoles.

              [« Nous avons une police et une armée républicaine » La police, sans doute. Mais l’armée… Comme toute armée professionnelle, elle est composée pour une bonne part de mercenaires.]

              Je vous trouve un peu dur. Contrairement à un mercenaire, le soldat professionnel est soumis à une discipline stricte et à un droit. Si vous êtes prêt à risquer votre peau, vous pouvez gagner beaucoup mieux votre vie ailleurs que dans les armées « officielles ». Oui, l’argent est une motivation pour ceux qui s’engagent dans les armées françaises, mais c’est très loin d’être le premier argument. Et vous noterez que les campagnes publicitaires de nos armées ne mentionnent même pas ce point.

          • Jacques Use dit :

            A quoi ça sert de se révolter si c’est inutile. La révolte des gilets jaunes vient après 40 ans de délitement de la société, de l’appareil de travail. Il semble qu’on ait atteint maintenant un point de non-retour.

            Vous avez pointé très justement la responsabilité du gouvernement dans le déroulement de cette mobilisation, en refusant de les écouté et en les écoutant que quand il était trop tard. Mais il y a aussi une responsabilité des gilets jaunes dans le bon déroulement des opérations, en faisant que tout ce passe dans le calme, en ne cédant pas à des actes qui pourront se retourner contre eux.

            Pour l’instant ils refusent toute forme d’organisation. Je les comprend, négocier c’est se placer sur le terrain de l’adversaire, devoir par exemple s’expliquer dans les studios de JM Apathie 😉 . Ils ont bien compris qu’ils ne font pas le poids en utilisant des moyens classique.

            Mais je pense que l’on n’est qu’à l ‘acte I de la mobilisation, que tout cela peut se reproduire à tout moment.

    • BolchoKek dit :

      @ N-E

      [Mais que veulent ces gens exactement? Là encore, je ne comprends rien. ]

      C’est quand même sacrément divers, il faut l’avouer, quand je regarde les “gilets jaunes” que je connais. Si je compare mon voisin chauffeur de taxi indépendant qui y est allé surtout par anti-fiscalisme et anti-bureaucratisme, et mon cousin nationaliste breton (on ne choisit pas sa famille) pour qui c’est enfin la revanche contre l’État jacobin qui maltraite les bretons depuis des siècles par pure jalousie du génie celtique, autant dire qu’ils ont peu de choses en commun. Mais je pense que c’est assez fondamentalement un mouvement des classes populaires, “périphériques” comme dirait Guilluy : j’ai parlé avec mes amis policiers, qui bien qu’ils se soient pris des pavés sur la gueule par intermittence pendant les trois dernières semaines, soutiennent toujours le mouvement en privé. Je pense que c’est du à ce que sociologiquement, la police et la gendarmerie recrutent beaucoup dans ces département “périphériques”.
      Ce dont on peut être sûr, c’est que les évènements des dernières semaines traduisent un malaise aigu de la société Française, malaise sourd depuis des années, qui touchent des catégories sociales aux intérêts différents et mêmes contradictoires, et nous avons vu le point de rupture. Au moins, je me dis que cela a créé un précédent : je ne pense pas que l’on puisse faire à l’avenir de la politique en méprisant toujours autant les couches populaires.

      @ Descartes

      [Je retrouve ici votre pessimisme invétéré. Si on suit votre raisonnement, il ne reste plus qu’à se résigner. Toute lutte est inutile, tout combat perdu d’avance…]

      Ah, c’est la marque de fabrique de notre ami… S’il voulait être vraiment descriptif, il devrait se renommer Schaden ohne Freude

  14. ac. dit :

    [Il ne faut pas confondre la République avec une dictature élective. Tous les cinq ans, nous élisons un président de la République qui dispose normalement d’une majorité au Parlement. Mais cela ne lui donne pas le droit de faire ce qu’ils veut, ni même d’appliquer son programme sans discussion pendant cinq ans.]

    Tout à fait ! Sans doute ce Président là a t il oublié qu’il ne fut qualifié pour le deuxième tour qu’ avec 8 millions de voix …https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9sultats_d%C3%A9taill%C3%A9s_de_l%27%C3%A9lection_pr%C3%A9sidentielle_fran%C3%A7aise_de_2017
    Cela n’enlevant rien à la légitimité de son élection, ceci dit 20 millions de voix au second tour sur 47 millions d’inscrits, il y a pas de quoi pavoiser

  15. bernard dit :

    Bonjour Descartes , au delà de tout ce qui est dit et écrit ici et la , de la révolution citoyenne de Mélenchon au coup d’état Todd ou de trop de prélèvements des LR , je crois qu’il n’y a pas beaucoup de marche de manœuvre pour qui que ce soit serait en charge du pays . Du coté syndical CGT les revendications sont complétement décalés avec l’Europe sociale , l’Egalite professionnelle ou le smic a 1800euros ou la retraite minimum au niveau du smic !

    • Descartes dit :

      @ bernard

      [Bonjour Descartes, au-delà de tout ce qui est dit et écrit ici et là, de la révolution citoyenne de Mélenchon au coup d’état Todd ou de trop de prélèvements des LR, je crois qu’il n’y a pas beaucoup de marge de manœuvre pour qui que ce soit serait en charge du pays.]

      Cela dépend des hypothèses que vous prenez en compte. Il est évident qu’un dirigeant qui voudrait rester dans le cadre des règles européennes aurait une marge de manœuvre très faible. Mais pour un dirigeant qui prendrait le parti de s’en affranchir, les marges sont loin d’être négligeables. Nous sommes toujours un pays qui compte dans le monde. Nous avons des ouvriers, des ingénieurs, des techniciens, des fonctionnaires compétents et bosseurs. Nous avons des infrastructures de qualité, même si elles ont besoin d’un sérieux coup de jeune.

      • PenArBed dit :

        Descartes, vous écrivez : «Il est évident qu’un dirigeant qui voudrait rester dans le cadre des règles européennes aurait une marge de manœuvre très faible. Mais pour un dirigeant qui prendrait le parti de s’en affranchir, les marges sont loin d’être négligeables».
        Au regard de ce que vous écrivez dans vos écrits, dans l’état où se trouve cette Union Européenne, je m’étonne que vous pensiez qu’un dirigeant d’aujourd’hui puisse s’affranchir des règles acceptées par ses prédécesseurs. L’exemple de l’Italie le démontre : les marchés vont les remettre dans la Doxa.
        Outre les circonstances qui éventuellement le permettraient, De Gaulle n’a toujours pas de successeur !
        Alain Peyrefitte (c’était De Gaulle) : «Le traité de Rome n’a rien prévu pour qu’un de ses membres le quitte»
        De Gaulle : «C’est de la rigolade ! Vous avez déjà vu un grand pays s’engager à rester couillonné, sous prétexte qu’un traité n’a rien prévu pour le cas où il serait couillonné ? Non. Quand on est couillonné, on dit : « Je suis couillonné. Eh bien, voilà, je fous le camp ! Ce sont des histoires de juristes et de diplomates, tout ça».

        Encore que vous avez me semble-t-il déjà employé le mot «couillonné»

        • Descartes dit :

          @PenArBed

          [Au regard de ce que vous écrivez dans vos écrits, dans l’état où se trouve cette Union Européenne, je m’étonne que vous pensiez qu’un dirigeant d’aujourd’hui puisse s’affranchir des règles acceptées par ses prédécesseurs. L’exemple de l’Italie le démontre : les marchés vont les remettre dans la Doxa.]

          Je ne vois pas en quoi les italiens se seraient « affranchis des règles ». Sont-ils sortis de l’Euro ? Non. Sont-ils sortis de l’UE ? Non plus. Alors, de quelle règle se sont-ils « affranchis » ? Il ne faut pas confondre « désobéir » et « s’affranchir ». Désobéir, cela n’implique pas qu’on ne soit plus soumis à la règle : le voleur ne cesse pas d’être soumis au Code pénal pour la simple raison qu’il a décidé de ne pas le respecter. S’affranchir, c’est bien plus que désobéir, c’est rendre nulle la règle elle-même. Ce qui est bien entendu impossible pour le voleur de mon exemple, mais qui est parfaitement possible pour une entité souveraine.

          C’est là mon désaccord fondamental avec la vision de LFI. Mélenchon pense qu’on peut « désobéir » aux règles qui ne l’arrangent pas tout en restant dans le contexte qui les sous-tend. Pour moi, c’est une illusion : le cadre européen est fait de mécanismes punitifs qui assurent l’obéissance aux règles, sans quoi les règles ne sont que des tigres de papier. C’est pourquoi la politique qui consiste à « désobéir » sans remettre en cause le cadre lui-même ne peut pas nous amener très loin. On ne peut rester dans l’Euro et ne pas respecter durablement la discipline que cette appartenance implique.

          [Outre les circonstances qui éventuellement le permettraient, De Gaulle n’a toujours pas de successeur !]

          Non. Mais De Gaulle n’a pu surgir que dans un rapport de forces particulier, après une catastrophe qui avait mis à terre les couches sociales dominantes, et avec un parti communiste suffisamment menaçant pour que ces couches soient disposées à beaucoup de concessions…

          [Encore que vous avez me semble-t-il déjà employé le mot «couillonné»]

          Oui mais toujours en référence à ce dialogue. Ce n’est pas un mot qui fasse partie de mon vocabulaire…

  16. luc dit :

    ume des choses,ne nous masquent elle pas que les gens devant leur TV,soutiennent Macron,car il représente la légitimité face aux émeutiers ?
    Prenez le site Regards:C’est un site virulemment anti-PCF,(parti dont je suis membre,ainsi que toute ma famille)animé par Roger Martelli.
    Marie-Pierre Vieu,avait sur ce site exprimé tout son mépris pour les Gilets Jaunes,confirmant ainsi,qu’elle est un des électrons libres de la politique ,les plus ahurissants qui soit.
    Quant aux 15 autres personnalités,interrogées,elles semblent découvrir,ce que les Gilets Jaunes sont..des français.
    Toutes ces 15 personnalités sont violemment Immigrationnistes ,’à la Léonarda’,de façon consumériste,économiste,dogmatique et répétitive.Rien à voir avec l’acceptation nécessaire,et internationaliste des réfugiés.
    Ces 15 immigrationnistes oeuvrent ,en totale inconscience ‘pour le grand remplacement’.
    ‘Ce le grand remplacement’,devenu quantitativement,le thème majeur de la littérature française,depuis le début du 21ième siècle.Le regroupement familial,de Giscard et Chirac en 1974,n’est il pas passé par là ?
    Le site ‘Regards’ et ses 15 personnalités sont donc totalement discréditées.Qu’elles continuent ainsi,ne me gêneraient pas,puisqu’elles sont insignifiantes.Mais elles expriment une opinion,qui en niant l’aspect affectivo-socio-culturel de la France, insécurise totalement les citoyens ,y compris les néo nationaux récents.
    Quoi,la France serait un espace économique ouvert au monde entier où aides et primes à l’installation seraient accordées massivement aux migrants avec toute leur famille,pendant que les natifs toucheraient des allocations misérables?
    C’est une petite musique,souvent entendues.
    Pendant ce temps Macron détricote les contrats sociaux,puis le tour est joué.’Adieu Gaulois râleurs,bonjour migrants soumis,l’économie est en croissance! ‘.
    Tout va bien.
    Circulez y a rien à voir,ni la violence dans les quartiers,les problèmes sociaux etc..
    Il me semble que les gilets jaunes,sont aussi issus de cette ambiance hautement anxiogène,peut être fantasmée,non?
    Quant au rapport Kapital/Travail,il est évidemment déterminant,et aussi à l’oeuvre dans tous les problèmes évoqués,ici ,mais superstructure,et infrastructure sont liées,certes mais comment les rendre évidentes aux citoyens sans tomber dans la haine de ‘l’autre’?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Prenez le site Regards: C’est un site virulemment anti-PCF,(parti dont je suis membre,ainsi que toute ma famille)animé par Roger Martelli. Marie-Pierre Vieu avait sur ce site exprimé tout son mépris pour les Gilets Jaunes, confirmant ainsi qu’elle est un des électrons libres de la politique ,les plus ahurissants qui soit. Quant aux 15 autres personnalités, interrogées, elles semblent découvrir ce que les Gilets Jaunes sont… des français.)

      Cela ne sert à rien de se scandaliser de ce qui est évident. On sait depuis longtemps quelle est l’orientation de « Regards ». C’est la tribune de la « gauche radicale » bobo, bienpensante, trop gauchiste pour se sentir à l’aise dans la vision jacobine de Mélenchon, et qui passe une part non négligeable de son temps à régler ses comptes et ses aigreurs avec le PCF. Quand vous allez sur le site, vous savez d’avance ce que vous allez trouver…

  17. luc dit :

    Les apparences entre les cabanes des gilets jaunes et celles des sans papiers sont frappantes.
    Celles des similitudes de précarité entre les migrants dans leurs bidonvilles partout dans les périphéries de nos villes,et les cabanes et braséros des gilets jaunes dans les ronds points ,aussi.
    Il me semble que ce n’est pas un hasard.
    En effet,les migrants répondants aux sollicitations de nos gouvernants sans cesses réitérer (type accord de Marrakech;Aquarius;idéologies immigrationnistes;couvertures médiatiques permanentes etc…) sont soutenus,encadrés,et financés par les gouvernements pro capitalistes de l’UE depuis des décennies.
    Les Gilets jaunes en adoptant les apparences de migrants,en adoptant des attitudes de migrants qui ‘migrent’ vers Paris,chaque Dimanche,se conforment à cette apparence d’associalisation.
    Comme les migrants,ils cherchent à ce que le gouvernement s’occupe d’eux.
    Ils prennent l’apparence de précaires,de migrants et vivent comme tels dans leurs cabanes sur ronds points .
    N’est ce pas évident que les lacunes sociaux culturelles induites par les politiques imigrationnistes,ont déteint sur les gilets jaunes puisqu’elles sont essentiellement consuméristes ,non civiques,agressives et massivement invasives dans leurs apparences,comme les Gilets Jaunes sur les champs Elysées,chaque Dimanche ?
    Tout ceci,n’est il pas en rapport?
    Immigrationnisme et abandon des classes natives hexagonales ne sont elles pas liées,même inconsciemment?
    Macron,n’a t il rien retenu de l’épisode Léonarda,tout Jupiter qu’il croit être,il s’oriente vers un 5ième jDimanche (le 15/12) d’émeute nationale sans avoir encore compris que c’est son rôle de s’occuper de la Nation,avant d’aller chercher en masse des migrants pour ces chiffres économiques?
    Rien n’est moins sûr et je parie que lors de son intervention prochaine,il sortira le Violon National pour jouer la mélodie française de son amour de la Patrie,sans évoquer une seule fois les migrants et leurs % de croissance,pari tenu ?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Les apparences entre les cabanes des gilets jaunes et celles des sans papiers sont frappantes.]

      Oui, mais vous savez, il n’y a pas trente-six manières d’installer une cabane provisoire avec des moyens de fortune. Je ne tirerais donc pas trop de conclusions de ce genre de ressemblance…

      [En effet,les migrants répondants aux sollicitations de nos gouvernants sans cesses réitérer (type accord de Marrakech; Aquarius; idéologies immigrationnistes; couvertures médiatiques permanentes etc…) sont soutenus, encadrés, et financés par les gouvernements pro capitalistes de l’UE depuis des décennies.]

      Il ne faudrait pas trop exagérer dans l’amalgame et le complotisme. Non, les « gouvernants » ne « sollicitent » rien du tout, l’accord de Marrakech ne change pas grande chose, et l’Aquarius n’est pas une opération gouvernementale. C’est moins les gouvernements que le patronat qui favorise l’immigration, non mas par idéologie mais par intérêt.

      Quant à l’idéologie immigrationniste n’est pas le résultat d’un complot gouvernemental, mais du besoin des couches dominantes de justifier une immigration qui fournit de la main d’œuvre bon marché. Et accessoirement, parce que l’immigré fournit un « pauvre de substitution » qui permet à ces couches sociales de montrer un visage social sans avoir à se coltiner la véritable contradiction, celle entre le capital et le travail.

      [Les Gilets jaunes en adoptant les apparences de migrants, en adoptant des attitudes de migrants qui ‘migrent’ vers Paris, chaque Dimanche, se conforment à cette apparence d’associalisation. Comme les migrants, ils cherchent à ce que le gouvernement s’occupe d’eux. Ils prennent l’apparence de précaires, de migrants et vivent comme tels dans leurs cabanes sur ronds-points.]

      Excusez-moi, mais là vous êtes dans le fantasme. Diriez-vous que les campeurs « adoptent les attitudes des migrants » parce qu’ils partent en vacances sous la tente ? J’ajoute que les migrants, en général, ne cherchent pas à ce que le gouvernement « s’occupe d’eux », bien au contraire !

      [Tout ceci, n’est-il pas en rapport?]

      Non, non et non.

  18. Manchego dit :

    Bonjour à tous,
    On ne peut que déplorer et condamner la violence, mais il faut admettre que c’est très souvent une réponse à une agression, une méthode de survie…. A l’évidence ce n’est pas nouveau (à mon sens c’est même dans l’ADN d’homo sapiens…).
    Et des agressions en col blanc il y en a eu depuis 18 mois. Par exemple, le Smicard qui roule au diesel, se chauffe au fioul et fume des clopes, il en a pris “plein la gueule” tout en observant les mesures prises par Macron pour gaver d’avantage les plus riches (suppression de l’ISF, flat tax ……. ). Le retraité a qui on a fait les poches (+1,7 % de CSG, désindexation des pensions sur l’inflation malgré une forte reprise de cette dernière ….), il a aussi été agressé (et l’attaque n’est probablement pas terminée, la réversion semble être dans le collimateur Macronien…).
    Personnellement je ne suis pas déçu par Macron, je n’ai pas voté pour lui et donc je n’en attendais rien de bon (mais je lui reconnais néanmoins une certaine franchise car il avait largement annoncé la couleur pendant sa campagne….). Par contre ce qui m’interpelle, c’est par quel mécanisme on peut passer de la banque Rothschild au poste de président, via un ministère dans un gouvernement dit “Socialiste”?

    • Descartes dit :

      @ Manchego

      [Et des agressions en col blanc il y en a eu depuis 18 mois. Par exemple, le Smicard qui roule au diesel, se chauffe au fioul et fume des clopes, il en a pris « plein la gueule » tout en observant les mesures prises par Macron pour gaver d’avantage les plus riches (suppression de l’ISF, flat tax ……. ).]

      Les mots ont un sens. Ce que vous décrivez est peut-être une « agression », mais ce n’est certainement pas une « violence ». Sauf à donner à ce terme un sens tellement général qu’on finit par mettre dans le même sac un discours et quarante coups de couteau.

  19. FILIPPI-CODACCIONI dit :

    Vous renvoyez tout le monde dos à dos en ne prenant pas résolument parti pour une revolution citoyenne. Ce faisant …vous ne servez à rien….

    • Descartes dit :

      @ FILIPPI-CODACCIONI

      [Vous renvoyez tout le monde dos à dos en ne prenant pas résolument parti pour une revolution citoyenne.]

      Ce n’est pas parce qu’on ne voit pas dans Mélenchon le sauveur de l’Univers qu’on « renvoie tout le monde dos à dos ». J’ai mes préférences, et elles apparaissent assez clairement sur ce blog. Je connais trop bien Mélenchon pour voir en lui autre chose qu’un ancien trotskyste soutien et admirateur inconditionnel de Mitterrand. Et c’est pourquoi je doute fort que son attachement à la « révolution citoyenne » soit plus sincère que l’anticapitalisme de François Mitterrand. Voyez-vous, quand un politicien change les louanges de la démocratie directe mais concentre tous les pouvoirs dans son mouvement, quelque chose cloche…

      [Ce faisant …vous ne servez à rien….]

      Si… à faire enrager les gens comme vous…

  20. bernard dit :

    Bonjour Descartes . Mélenchon devant l’assemblée a fond le maintien de la France dans l’Union Européenne et soutient que le Frexit serait une catastrophe . Finit le plan B vous aviez raison !

    • Descartes dit :

      @ bernard

      [Bonjour Descartes . Mélenchon devant l’assemblée a fond le maintien de la France dans l’Union Européenne et soutient que le Frexit serait une catastrophe . Finit le plan B vous aviez raison !]

      Vous avez la référence de cette intervention ?

      • bernard dit :

        Bonjour Descartes ,Sauf erreur de ma part sur la chaine YouTube Mélenchon parle du Brexit devant l ‘assemblée nationale
        Merci encore a vous pour votre blog

      • Jean-François dit :

        @bernard

        Bof, il a toujours plus ou moins tenu ce discours, qu’il faut maintenir la France dans l’UE tout en “sortant des traités”, ou tout en “désobéissant”. Au mieux il a dit des choses comme “soit on change l’Europe, soit on la quitte”. Mais comme me l’avait fait remarquer Descartes à l’époque (c’était pendant la dernière campagne présidentielle), il ne dit jamais précisément ce qu’il entend par “on change l’Europe”.

        Un indicateur plus fiable à mon avis, c’est l’évolution du “plan B” entre la synthèse des propositions qui avaient été faites sur son site de campagne et le programme final.

        Dans la synthèse, le “plan B” était intitulé “la sortie”, son premier point était “Sortir de l’Union Européenne et de la zone euro et nationalisation des banques” et son troisième point “Instauration d’un protectionnisme solidaire aux frontières nationales”.

        Dans le programme final de la présidentielle, cela est devenu :
        – Stopper la contribution de la France au budget de l’Union européenne (22 milliards d’euros par an dont 7 milliards d’euros decontribution «nette»)
        – Réquisitionner la Banque de France pour transformer l’euro en monnaie commune et non plus unique
        – Mettre en place un contrôle des capitaux et des marchandises aux frontières nationales pour éviter l’évasion fiscale des plus riches et des grands groupes, et se protéger des attaques spéculatives et du dumping social, fiscal et écologique
        – Construire de nouvelles coopérations avec les États qui le souhaitent en matière culturelle, éducative, scientifique, etc.

        En d’autres termes, la synthèse parlait à peu près clairement de sortie de l’UE, alors que le programme final listait des mesures pour lesquelles on ne pouvait à peu près trouver de sens que dans la perspective d’un maintien de la France dans l’UE.

        Si vraiment il avait été prêt à sortir de l’UE ou de l’euro, il ne me semble pas que cette évolution fût possible, d’autant que la question est fondamentale.

        Quand on ajoute à cela le fait qu’un livret thématique sur le plan B devait sortir pendant la présidentielle, mais n’est jamais sorti… https://avenirencommun.fr/livret-plan-b/

        • Descartes dit :

          @ Jean-François

          [Bof, il a toujours plus ou moins tenu ce discours, qu’il faut maintenir la France dans l’UE tout en « sortant des traités », ou tout en « désobéissant ».]

          C’est le grand problème de sa théorie. Tel que le système européen est fait, la « désobéissance » a des règles aussi fondamentales que celles qui conditionnent l’appartenance du pays à la zone Euro ne peut être qu’un état temporaire et je dirais même qu’une menace. En effet, dès lors qu’on « désobéirait », la BCE fermerait le robinet à liquidités. Comment le pays pourrait fonctionner alors que sa balance extérieure est déficitaire et qu’il n’a plus la possibilité de mettre de la monnaie en circulation ?

          Mélenchon s’imagine donc que la France occupe une position tellement centrale qu’il suffira de « désobéir » – ou plutôt de menacer de le faire – pour que les autres pays lui donnent satisfaction. L’exemple du Brexit montre que c’est une illusion. La Grande Bretagne, dont le poids politique et économique est proche de celui de la France n’a réussi à obtenir aucune concession pour éviter son départ. Pourquoi la France réussirait-elle là où la Grande Bretagne a échoué ?

          Mélenchon – comme Mitterrand en son temps, et comme beaucoup d’eurolâtres qui n’ont que « le moteur franco-allemand » à la bouche – s’imaginent que l’Allemagne a encore besoin de nous. C’était vrai avant la réunification, du temps ou les Allemands cherchaient à se faire réadmettre dans l’espèce humaine. Mais ce n’est plus du tout le cas. En quoi une sortie de la France du système européen serait de nature à faire peur aux Allemands ?

          [Au mieux il a dit des choses comme « soit on change l’Europe, soit on la quitte ». Mais comme me l’avait fait remarquer Descartes à l’époque (c’était pendant la dernière campagne présidentielle), il ne dit jamais précisément ce qu’il entend par « on change l’Europe ».]

          Tout à fait. Parce que dans sa logique, le « plan B » n’est pas là pour être éventuellement mis en œuvre, mais pour servir de menace. Menace devant laquelle, pas de doute possible, tous nos partenaires changeront d’avis, enterreront l’Europe libérale qu’ils construisent avec une notable continuité depuis trente-cinq ans, et se convertiront à la « souveraineté populaire » et autres mots magiques. Mais quelle est la crédibilité d’une menace dont celui-là même qui l’emploi affirme qu’elle serait désastreuse pour son propre pays ?

          [Un indicateur plus fiable à mon avis, c’est l’évolution du « plan B » entre la synthèse des propositions qui avaient été faites sur son site de campagne et le programme final.]

          Un excellent indicateur en effet. Je vous remercie par ailleurs de rappeler l’histoire du livret thématique sur le « plan B », dont la publication avait été annoncée mais qui n’a jamais vu le jour.

      • Colin dit :

        Au cas-où elle serait toujours passée sous les regards Descartiens:
        https://www.youtube.com/watch?v=B-Jmmw2-YHQ

        • Descartes dit :

          @ Colin

          [Au cas-où elle serait toujours passée sous les regards Descartiens:]

          Je ne regarde en général pas trop des vidéos… mais là j’avoue que j’ai été scotché par la sélection d’extraits. Je me souvenais bien entendu de ces campagnes, mais le rappel est toujours salutaire. Et je dois dire que je suis tout à fait d’accord avec la conclusion d’Asselineau.

          Quant à Mélenchon… il rêve toujours d’un rapport de forces qui n’existe pas dans la réalité, et du coup il propose une stratégie impossible. Ce qu’il nous dit, c’est que ce n’est pas la peine de sortir de l’UE puisqu’il suffirait que la France – “sans qui l’Europe n’existe pas” – sonne les trompettes pour que les murailles bruxelloises tombent, et que “l’Europe sociale” apparaisse miraculeusement. Cela fait trente longues années que les socialistes de différentes obédiences tiennent ce discours, comme le film le rappelle utilement. Il y en a un des extraits qui rappelle qu’à une époque la majorité des gouvernements européens appartenaient à l’internationale socialiste. Et qu’est-ce qu’il en est sorti ? Des traités chaque fois plus libéraux, chaque fois moins sociaux.

          Il faut revenir à la réalité. La construction européenne est PAR ESSENCE libérale. Ce n’est pas une question de choix, mais de sens. A quoi servirait de créer des institutions communes au niveau européen si ces institutions n’avaient pas le pouvoir d’imposer aux Etats leurs décisions ? Si c’est des simples clubs ou l’on se réunit pour discuter, pas la peine de faire des traités. La construction européenne est donc une machine à uniformiser. Mais quel intérêt d’uniformiser si ce n’est pour permettre un échange libre de marchandises et une circulation libre des personnes ? Le seul intérêt d’une construction européenne, c’est le marché unique. Et le marché unique est par essence libéral.

    • PenArBed dit :

      26 septembre 2017, Macron fait un discours à la Sorbonne «Initiative pour l’Europe» :
      «Nous devons refonder le projet européen, par et avec le peuple, avec une exigence démocratique beaucoup plus forte qu’une simple question binaire. C’est pourquoi, si nous voulons avancer à nouveau, je souhaite que nous passions par des conventions démocratiques qui feront partie intégrante de la refondation européenne. Je souhaite qu’une fois que nous aurons défini des termes simples d’une feuille de route partagée par les principaux gouvernements qui seront prêts à aller dans ce sens, nous puissions, pendant six mois, l’année prochaine, dans tous les pays qui le souhaitent, organiser autour des mêmes questions un vaste débat pour identifier les priorités, les préoccupations, les idées qui nourriront notre feuille de route pour l’Europe de demain. Remettre les choses dans le bon ordre, au lieu de demander, en fin de course, perclus de fantasmes et d’incompréhension, si c’est oui ou si c’est non, sur un texte illisible, écrit dans le secret, organisons un débat ouvert, libre, transparent, européen pour construire ce projet qui donne enfin un contenu et un enjeu à nos élections européennes de 2019»
      Dans ce discours, alors que les peuples («Gilets Jaunes») ne veulent pas de cette UE supranationale fédéraliste, il nous dit aussi ceci :
      «Je défends, pour 2019, des listes transnationales qui permettront aux Européens de voter pour un projet cohérent et commun. (…) Et je souhaite qu’aux élections suivantes, le vrai pas en avant puisse être que la moitié du Parlement européen soit élue sur ces listes transnationales».
      Le 17 avril 2018, Macron s’exprime devant le Parlement européen : «Il faut entendre la colère des peuples d’Europe aujourd’hui, certains nous disent avec aplomb que les peuples ne veulent plus de l’Europe. Ce n’est pas le peuple qui a abandonné l’idée européenne c’est la trahison des clercs”.
      Le 13 décembre 2018. Voici qu’après le soulèvement des Gilets Jaunes, Macron à Bruxelles nous dit : «Aucun pays n’avance s’il n’entend pas cette part de colère légitime de son peuple»
      Les Gilets Jaunes ont-ils sifflé la fin de la récréation ? Personnellement je crois que non, le vrai pouvoir étant dans les mains du Monde des Affaires.
      Pierre Bourdieu : «Les hommes d’appareil, et tout spécialement ceux qui ne sont rien en dehors de l’appareil, sont prêts à tout donner à un appareil qui leur a tout donné ».

      • Descartes dit :

        @ PenArBed

        [Les Gilets Jaunes ont-ils sifflé la fin de la récréation ? Personnellement je crois que non, le vrai pouvoir étant dans les mains du Monde des Affaires.]

        Nous savons que le Monde des Affaires -il aimerait supprimer le SMIC ou le droit de grève. Pourquoi ne le fait-il pas, alors qu’il a selon vous « le vrai pouvoir » ?

        Vous parlez du « pouvoir » comme si c’était un objet, une baguette magique qui pourrait être dans les mains de tel ou tel groupe. C’est à mon avis une vision erronée. Aucun groupe n’a « le pouvoir », ni même « le vrai pouvoir ». Chaque groupe social participe dans un rapport de forces avec les autres, et ce sont ces rapports de force qui déterminent le fonctionnement de la société. Le « Monde des Affaires » – faudrait m’expliquer d’où viennent les majuscules – peut faire beaucoup de choses, c’est vrai. Mais il y a beaucoup d’autres qu’il ne peut pas faire, tout simplement parce que le rapport de forces dans ces domaines ne lui est pas favorable.

        [Pierre Bourdieu : «Les hommes d’appareil, et tout spécialement ceux qui ne sont rien en dehors de l’appareil, sont prêts à tout donner à un appareil qui leur a tout donné ».]

        Je ne vois pas très bien la pertinence de cette citation. Les « appareils » au sens où l’entend Bourdieu ont aujourd’hui un pois néglilgéable.

  21. morel dit :

    – Ce qu’on a interdit de s’exprimer dans l’entreprise surgit sur un autre terrain et, retour de bâton pour ceux qui ont par leur politique favorisé cette situation, prend une tournure directement politique visant le sommet du pouvoir.
    – Les gilets jaunes «qui fument des clopes et qui roulent au diesel.» comme disait M, Griveaux qui, lui, ne souffre pas de mésestime de soi, sont moqués par les  gens biens» quand ils n’en ont pas peur : ils ne savent pas ce qu’ils veulent, ne sont des intellectuels, ils ont une orthographe lamentable,,,
    Plus vous vous regardez dans votre miroir, plus vous vous trouvez beaux,
    Oui, les couches populaires n’ont pas toujours raison, n’ont pas toutes les qualités, ni tous les défauts, Elles sont le travail à l’origine de la création de toute richesse dont la vôtre,
    Et puis, fréquentez-les un peu , vous y trouverez aussi des choses très sensées, je ne vous en dis pas plus,

    Blocage rond-point direction sur la route du CHU, Ma fille qui conduit négocie avec charme le passage pour ne pas être en retard au rendez-vous, En retour ,le GJ lui demande de klaxonner en guise de soutien, Je dis que je voudrais savoir ce que je soutiens avant, si c’est klaxonner pour applaudir Macron,,,Un du groupe : contre les taxes ! Je réponds : ,il y a taxe et taxe, celle du diesel OK mais avant il y avait une TVA à 33 % sur les produits de luxe, Gars perplexe, Ma fille a démarré et au retour on a pris un autre chemin,

    • Descartes dit :

      @ morel

      [mais avant il y avait une TVA à 33 % sur les produits de luxe,]

      Vous parlez d’une autre époque… presque d’un autre monde !

      • xc dit :

        Taux de 33,33%, pour être précis, qui frappait certains produits culturels comme les disques vinyle et K7 audio (vraiment une autre époque!) , les rendant plus difficilement accessibles aux catégories modestes.

        • Descartes dit :

          @ xc

          [Taux de 33,33%, pour être précis, qui frappait certains produits culturels comme les disques vinyle et K7 audio (vraiment une autre époque!) , les rendant plus difficilement accessibles aux catégories modestes.]

          Sans vouloir vous offenser, votre argument illustre à la perfection le raisonnement des « classes moyennes » : défendre ses intérêts en faisant croire que ce sont les intérêts des « catégories modestes ». C’est comme la gratuité des musées, mesure présentée comme ayant pour but de permettre aux « catégories modestes » d’accéder aux musées. Seulement, dans les faits, la gratuité en question n’a rien changé du public qui visite les musées, mais permet aux « classes moyennes », qui sont les principaux bénéficiaires, de ne pas payer et donc de reporter le coût sur l’ensemble des contribuables…

          Oui, le taux de 33 % sur les disques et les cassettes rendaient plus difficile pour les plus modestes l’accès à ces médias. Mais qui en était le principal consommateur, et donc le principal bénéficiaire de la mesure ? Les « classes moyennes ». Et l’argent prélevé sur eux grâce à la TVA à 33% pouvait servir à financer des actions volontaristes permettant aux plus modestes d’accéder à la culture…

          C’est un peu comme l’Université. A votre avis, quel est le système le plus démocratique ? Celui où les études sont payés par les étudiants, et les étudiants les plus modestes reçoivent des bourses, ou le système d’université “gratuite” supporté donc par l’impôt que tous – y compris ceux qui ne font pas d’études universitaires – payent ?

          • Combeferre dit :

            Toujours sur la question des classes moyennes Descartes, j’ai beaucoup pensé à vous en relisant cet article de The Economist de l’année dernière. C’est là que l’on voit toute la part stratégique qui consiste à pointer du doigt les “1%” pour mieux passer entre les mailles du filet.

            https://www.economist.com/books-and-arts/2017/06/29/why-the-20-and-not-the-1-are-the-real-problem

            • Descartes dit :

              @ Combeferre

              [Toujours sur la question des classes moyennes Descartes, j’ai beaucoup pensé à vous en relisant cet article de The Economist de l’année dernière.]

              Encore un livre que j’aurais pu écrire, et que quelqu’un d’autre a écrit avant moi! Damned!

          • Timo dit :

            [Sans vouloir vous offenser, votre argument illustre à la perfection le raisonnement des « classes moyennes » : défendre ses intérêts en faisant croire que ce sont les intérêts des « catégories modestes ». C’est comme la gratuité des musées, mesure présentée comme ayant pour but de permettre aux « catégories modestes » d’accéder aux musées. Seulement, dans les faits, la gratuité en question n’a rien changé du public qui visite les musées, mais permet aux « classes moyennes », qui sont les principaux bénéficiaires, de ne pas payer et donc de reporter le coût sur l’ensemble des contribuables…]

            Il me semble que c’est également un de leurs arguments lorsqu’il est question de taxer le secteur aérien, “les riches pourront toujours continuer à voyager alors que les pauvres ne pourront plus prendre l’avion”. Sachant qu’une grande partie des français ne prend déjà quasiment jamais l’avion..

            • Descartes dit :

              @ Timo

              [Il me semble que c’est également un de leurs arguments lorsqu’il est question de taxer le secteur aérien, “les riches pourront toujours continuer à voyager alors que les pauvres ne pourront plus prendre l’avion”. Sachant qu’une grande partie des français ne prend déjà quasiment jamais l’avion…]

              Exactement. Vous trouverez la même construction argumentale sur beaucoup de questions. La logique est toujours la même: faire baisser le prix d’un service au prétexte que cela le rendra accessible aux couches populaires, alors que la barrière à l’accès de ces couches réside ailleurs. Le cas des études universitaire gratuites est peut-être l’exemple le plus éclatant…

  22. luc dit :

    Une des grandes qualités qu’avec brio,vous mettez en oeuvre sur ce blog est votre érudition sympathique.
    Si nous y ajoutons,votre courtoisie,non naïve,nous arrivons à un cocktail de qualités inédites sur les autres blogs.
    Cela fait 10 ans que ça dure …
    Une fois de plus,je vous en remercie.:-) !!
    Faisons un peu de fiction,et imaginons que vous soyez Président de la République,qu’auriez vous fait face
    aux gilets jaunes?
    Pensez vous que vous pourriez utiliser ces qualités évidentes sur votre blog, tout au long d’un mandat de Président de la République ,si par bonheur vous étiez élu ?
    Autrement dit,Macron est il,si nul et critiquable que ça,au vu de la façon dont il traverse cette fin d’année?

    • Descartes dit :

      @ luc

      [Faisons un peu de fiction, et imaginons que vous soyez Président de la République, qu’auriez vous fait face aux gilets jaunes?]

      Je vous répondrais avec la formule de Napoléon : « la pire erreur, c’est de se laisser enfermer dans une situation à partir de laquelle il n’y a que des mauvaises solutions ». Si j’étais président de la République, il n’y aurait pas eu de « gilets jaunes ». J’aurais peut-être les « classes moyennes » contre la moi dans la rue, mais j’aurais les « gilets jaunes » avec moi, parce que j’aurais été dès le départ attentif à leurs problèmes, et que mon objectif est de leur proposer un avenir meilleur.

      [Autrement dit, Macron est-il si nul et critiquable que ça, au vu de la façon dont il traverse cette fin d’année?]

      Ce n’est pas qu’il soit « nul ou criticable » qu’on peut lui reprocher, mais le fait qu’il ne comprend pas le pays qu’il gouverne. D’autres avant lui ont gouverné dans l’intérêt du « bloc dominant », mais il est peut-être le premier qui ne comprend pas combien ces politiques provoquent des tensions qui risquent de déchirer le tissu social si on n’y prête pas attention.

  23. MONIQUE MILLET dit :

    Bernard, je vous somme de répondre. Sachant que je ne suis ni anti/proMélenchon, ni classable, ni se revendiquant d’une appartenance idéologique ou politique. Simplement, curieuse et furieuse. Voir apparaître des propos simples, honnêtes, hors idéologie. Je ne situe presque rien dans vos débats, je n’accepte que le bon sens, tourné vers le bien commun. J’espère, vu mon inadaptation à simplement ce mode de communication, être apte à valider ce commentaire.

    • Descartes dit :

      @ MONIQUE MILLET

      [Bernard, je vous somme de répondre.]

      Quelle est la question ? Et qui vous a donné le pouvoir de “sommer” qui que ce soit de faire quoi que ce soit ?

      [Sachant que je ne suis ni anti/proMélenchon, ni classable, ni se revendiquant d’une appartenance idéologique ou politique. Simplement, curieuse et furieuse. Voir apparaître des propos simples, honnêtes, hors idéologie. Je ne situe presque rien dans vos débats, je n’accepte que le bon sens, tourné vers le bien commun. J’espère, vu mon inadaptation à simplement ce mode de communication, être apte à valider ce commentaire.]

      En toute franchise, je me suis demandé si ce message n’était pas issu d’un générateur automatique…

  24. Danielle dit :

    Une ancienne rumeur sur la « dette fictive » qui serait créée par les banques privées a repris de la vigueur parmi les « gilets jaunes dit le Monde.La rumeur, après bien d’autres, s’est répandue en quelques jours au sein des groupes « gilets jaunes » sur les réseaux sociaux et les plateaux télévisés : la dette publique serait fictive, résultant d’une loi de 1973, passée par et sous la présidence de Georges Pompidou – ancien directeur de la banque Rothschild – pour favoriser les banques, au détriment des citoyens.Ce que dit la rumeur :Cette idée d’une « loi scélérate », source de l’endettement excessif de la France et donc, indirectement, de tous ses maux économiques depuis plus de quarante ans, est fréquemment évoquée par Debout la France, le Rassemblement national, Jacques Cheminade ou François Asselineau, mais aussi par de nombreux blogs d’extrême droite et de gauche radicale. Elle postule que l’Etat pouvait auparavant emprunter à un taux d’intérêt nul auprès de la Banque de France, ce qui lui a été interdit par la loi, comme l’explique par exemple le site Reveillez-vous.fr :« La “dette publique” a été créée artificiellement par la loi scélérate dite “Pompidou-Rothschild” pondue en 1973, et qui interdit à l’Etat d’emprunter à taux zéro auprès de la Banque de France, ce qui était la norme jusqu’à cette date. »POURQUOI C’EST FAUX :Cette rumeur n’est pas nouvelle. Elle avait déjà été démontée dans Le Monde en décembre 2011 dans une tribune de l’économiste Alain Beitone. Quelques mois plus tard, une autre tribune des économistes Pierre-Cyrille Hautcœur et Miklos Vari détaillaient le mécanisme de propagation de cette « légende urbaine », qui serait partie d’un livre publié en 2008 par un certain André-Jacques Holbecq, passionné d’ovnis et d’économie. Explications :Une loi de clarification, pas de révolution.La loi de 1973 n’a pas bouleversé le système d’organisation de la Banque de France, mais a surtout permis de rassembler en un seul texte des statuts et règles disséminés dans de nombreuses lois, ordonnances et décrets qui s’étaient empilés depuis sa prise de contrôle par l’Etat en 1936 et sa nationalisation en décembre 1945.L’article 25 en première ligne.La plupart des critiques se concentrent en réalité sur l’article 25 de la loi du 3 janvier 1973, constitué d’une seule phrase : « Le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France. » Pour ses détracteurs, cela implique que l’Etat ne peut plus créer de monnaie et se trouve donc désormais obligé de se financer auprès des banques privées (dont la banque Rothschild).L’escompte est une forme d’avance de liquidités consentie par une banque en échange d’une créance. C’est un système de financement à court terme, utilisé à l’époque par les entreprises notamment – elles échangent une promesse de paiement (un effet de commerce, lettre d’échange ou billet à ordre) contre de l’argent disponible immédiatement.Selon l’article 25, le Trésor public, c’est-à-dire l’organisme chargé des finances de l’Etat, ne peut présenter ses propres obligations (bons du Trésor ou autre) à la Banque de France comme garantie pour obtenir des liquidités.Le simple rappel d’une règle existante.Mais en fait, la règle qui interdit à l’Etat de s’appuyer sur ses propres créances pour obtenir des liquidités, existait déjà dans les statuts adoptés en 1936 par la Banque de France, avec une formulation plus alambiquée : « Tous les effets de la dette flottante émis par le Trésor public et venant à échéance dans un délai de trois mois au maximum, sont admis sans limitation au réescompte, sauf au profit du Trésor public. » L’article 25 ne fait que reclarifier ce principe.Giscard et Pompidou n’étaient pas à la manœuvre.De plus, comme l’explique l’économiste Guillaume Nicoulaud, sur le site Contrepoints, cette précision ne figurait pas dans le projet de loi initial. Il a été introduit par un amendement au Sénat, que le gouvernement s’est contenté d’accepter. A aucun moment on ne peut donc affirmer que l’article 25 serait une initiative émanant du président Georges Pompidou ou de son ministre de l’économie, Valéry Giscard d’Estaing.Pas d’interdiction de financer l’Etat!Non seulement la loi de 1973 ne crée pas de nouveau mécanisme empêchant la Banque de France de financer l’Etat, mais il réaffirme cette possibilité dans son article 19, qui permet en plus au Parlement d’approuver « les conditions dans lesquelles l’Etat peut obtenir des avances et des prêts ».A la suite de cette loi, une convention a été passée permettant à la Banque de France de verser 10,5 milliards de francs à l’Etat gratuitement, et dix autres milliards à faible taux. Cette pratique a perduré, puisque ce « concours non rémunéré » s’élevait à 40,3 milliards de francs en 1992, selon le bilan annuel de l’institution.
    Pour ses détracteurs, la loi de 1973 serait à l’origine de la dette française, puisqu’elle aurait obligé l’Etat à se financer sur les marchés, donc à payer des taux d’intérêt qui alourdissent toujours davantage la facture. En réalité, l’Etat se finançait auprès des banques bien avant 1973, et a bien sûr continué par la suite.Un article abrogé en 1994:Quant aux demandes répétées d’« abroger la loi Pompidou-Rothschild », elles ne sont pas non plus fondées, puisque l’article 25 a déjà été abrogé le 1er janvier 1994. En effet, il était en contradiction avec le traité de Maastricht, qui interdit aux banques centrales de créer de la monnaie en accordant des crédits aux Etats membres de l’Union européenne pour éviter tout risque d’inflation.
    S’en prendre à la loi de 1973 est une manière détournée de remettre en cause ces politiques européennes, qui font par ailleurs l’objet de nombreuses critiques.Qu’en pensez vous,M.Descartes ?

    • Descartes dit :

      @ Danielle

      [S’en prendre à la loi de 1973 est une manière détournée de remettre en cause ces politiques européennes, qui font par ailleurs l’objet de nombreuses critiques. Qu’en pensez-vous, M.Descartes ?]

      J’ai plusieurs fois commenté cette « légende urbaine ». Ce que je trouve intéressant dans le raisonnement de ceux qui la propagent, c’est son côté magique. Ces gens nous disent : hier, l’Etat empruntait à la Banque de France à coût nul, aujourd’hui elle doit emprunter aux banques privées à intérêt. Mais lorsque l’Etat empruntait à la Banque de France, à qui empruntait-il réellement ?

      La Banque de France n’a pas un mécanisme magique de création d’argent. Elle crée de la monnaie grâce à la planche à billets. La quantité de biens que cette monnaie peut acheter restant constante, faire tourner la planche à billets revient à dévaluer la monnaie que chaque citoyen a dans la poche. Lorsque l’Etat empruntait « sans intérêt » à la Banque de France, en fait il empruntait à chaque citoyen. Et comme les emprunts à la Banque de France n’étaient jamais remboursés, ce n’était pas un emprunt, c’était un prélèvement.

      Avant la loi de 1973, les « avances » jamais remboursées et à taux nul auprès de la Banque de France permettaient à l’Etat de se financer par la création monétaire, c’est-à-dire, en prélevant un « impôt inflationnaire » à côté des impôts classiques. Le problème est que dans le contexte du début des années 1970, alors que la croissance des « trente glorieuses » marquait le pas, les politiques avaient une certaine tendance à avoir recours trop facilement à « l’impôt inflationnaire » du fait qu’il est moins douloureux politiquement que les impôts classiques. D’où un risque d’hyperinflation. La loi de 1973 avait pour but d’assainir cette situation, obligeant l’Etat à se financer par l’impôt classique plutôt que par l’impôt inflationnaire. La baisse de l’inflation aurait dû s’accompagner par une hausse de l’impôt classique. C’aurait été économiquement neutre… mais politiquement désastreux !

      Ce qui n’avait pas été prévu, c’est que pour éviter l’impopularité qui aurait accompagné un tel transfert, les gouvernements auraient recours massivement aux emprunts bancaires, gonflant ainsi la dette… Il n’est donc pas tout à fait faux de dire que la loi de 1973 a provoqué le gonflement de la dette. Mais pas tout à fait pour les raisons qu’on croit…

  25. FILIPPI-CODACCIONI dit :

    Juste factuellement. Ceci dit vous enfoncez des portes ouvertes.

    • Descartes dit :

      @ FILIPPI-CODACCIONI

      [Juste factuellement. Ceci dit vous enfoncez des portes ouvertes.]

      Cela vaut toujours mieux que de se casser le nez sur des portes fermées…

  26. J’apprécie votre passage “Il ne faut pas confondre la République avec une dictature élective …”

    Je l’ai d’ailleurs cité sur mon blog.

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