Un héros très discret

Dimanche 10 septembre, le magazine qui suit le journal de la mi-journée sur la deuxième chaine était consacré… à Bernard Tapie, dont nos étranges lucarnes commémorent – on se demande bien pourquoi – l’anniversaire de la mort. Avec l’habituel défilé d’anciens copains – souvent coquins – y allant de leur couplet larmoyant sur les vertus supposées du disparu, cet homme « exceptionnel », « chaleureux », ce « battant » plein de « convictions ». Et pas un mot bien entendu sur les matchs truqués, les arbitrages achetés, les travailleurs licenciés, les mille et une combines, magouilles, mensonges, abus de confiance et autres escroqueries qui ont jalonné sa vie. Des morts, rien que du bien, disait ma grand-mère.

Quatre jours plus tôt, le 6 septembre, s’éteignait Marcel Boiteux. Un homme discret qui n’a eu cesse toute sa vie de servir son pays. Combattant engagé en Afrique du Nord pendant la guerre de 1939-45, économiste distingué, directeur général d’EDF en 1967, puis président en 1979 jusqu’à sa retraite en 1987, nous lui devons non seulement des travaux irremplaçables sur l’économie de l’électricité, mais aussi la modernisation d’EDF et le programme électronucléaire : pendant ses deux mandats, 56 réacteurs nucléaires ont été mis en chantier, et 42 mis en service. C’est lui qui a convaincu De Gaulle et Pompidou de l’intérêt d’adopter la filière eau pressurisée développée par les Américains – quitte à la « franciser » – plutôt que de poursuivre la filière graphite-gaz portée par le CEA (1). Choix difficile, mais qui fut capital dans le succès du programme électronucléaire, sur lequel Marcel Boiteux a su bâtir un consensus autant à l’intérieur de l’entreprise que dans l’opinion et dans l’ensemble des partis politiques. Là encore, ce n’était pas gagné d’avance.

A ses qualités professionnelles s’ajoutaient celles d’un homme d’exception. Marcel Boiteux était un homme délicieux, poli et cultivé, apprécié de ses collaborateurs et de l’ensemble des travailleurs de l’entreprise qu’il a tant contribué à construire. Jugement qui a survécu au passage des années : ce n’est pas tous les jours qu’une fédération syndicale publie un communiqué dithyrambique lors de la mort d’un ancien PDG. Marcel Boiteux était aussi un homme engagé, un militant du service public et de la souveraineté nationale, qu’il s’est employé à défendre jusqu’à son dernier souffle dans les papiers et les interventions qu’il publiait régulièrement.

Quel contraste, n’est-ce pas, entre cet homme discret et poli, dont l’intelligence et la ténacité nous laisse un œuvre dont nous profitons encore aujourd’hui – et pour laquelle il ne reçut qu’un juste salaire – et cet énergumène médiatique qui vécut comme un nabab de faillite en escroquerie, qui fit fortune en pompant les subventions publiques (2), qui truqua des matchs et acheta des arbitrages pour escroquer le trésor public. On s’attendrait à trouver ce contraste dans le traitement médiatique de leur souvenir… et on le retrouve bien, mais inversé. La mort de Tapie suscita il y a un an des réactions politiques de tous bords. Des réactions positives, cela va sans dire. Voici ce qu’écrivait « l’Obs », journal officiel de la gauche caviar, celle-là même qui fit de Tapie un ministre, le 4 octobre 2021 :

« Bernard Tapie, l’homme aux 1 001 vies, est mort dimanche 3 octobre à l’âge de 78 ans. Très vite, les réactions des personnalités politiques ont afflué : le président de la République Emmanuel Macron, le Premier ministre Jean Castex, le maire de Marseille Benoît Payan, la candidate socialiste à la présidentielle Anne Hidalgo, le patron des députés LREM Christophe Castaner et bien d’autres. Tous saluent l’homme d’affaires, le politique, le touche-à-tout. Et beaucoup louent son combat contre l’extrême droite. ». « Le Monde » de la même date, cite d’autres réactions dithyrambiques de personnalités du monde de la politique (Jean-Louis Borloo, Nicolas Sarkozy… et même Jean-Marie Le Pen). Les titres mêmes des articles sont révélateurs : « Après la mort de Bernard Tapie, Emmanuel Macron salue son « énergie », « source d’inspiration pour des générations » ».

Maintenant, comparons avec les papiers annonçant la mort de Marcel Boiteux. Pour « l’Obs », c’est simple: il n’en parle même pas. Dans « Le Monde », on a droit au torrent de fiel : « L’ancien président d’EDF Marcel Boiteux, chantre du « tout-nucléaire, tout-électrique », est mort » ». Tapie est, pour ceux qui font les titres du quotidien du soir, une « source d’inspiration pour des générations », Boiteux n’est qu’un « chantre », un propagandiste du « tout-nucléaire, tout-électrique », et rien de plus. Et peu importe si l’un a consacré sa vie au service public, bâti le plus grand succès industriel français du XXème siècle, et l’autre n’a pensé qu’à lui-même ; que l’un ait dirigé avec distinction une entreprise vitale pour le pays, et l’autre un club de foot qu’il mena à la victoire en truquant des matchs.

Ce contraste devrait nous interroger sur les modèles que notre société propose à sa jeunesse. Quand elle fait de Tapie une « inspiration pour des générations » et de Boiteux un simple « chantre » d’idées discutables, quel message transmet-elle ? Quand la grossièreté est plus valorisée que la politesse, le bagout plus que la réflexion, l’amour de l’argent plus que celui du savoir, le service de soi plus que le service des autres, le cancre plus que l’étudiant brillant, les paillettes plus que la substance, quel genre de comportements encourage-t-on, quels modèles on donne ?

Posons la question autrement : si vous aviez un enfant, préféreriez-vous qu’il ressemble à Bernard Tapie ou à Marcel Boiteux ? J’ose croire que la plupart de mes concitoyens choisiraient la seconde option, parce qu’il y a chez eux un fond de « common decency » que quarante ans de bourrage de crâne néolibéral n’ont pas réussi à effacer. Ou du moins, ils feraient ce choix s’ils savaient qui est Marcel Boiteux. Seulement voilà, ils ne le savent pas. Parce que les médias ne leur diront pas, ou si peu. Parce qu’il n’y aura pas de biopic sur Netflix – alors qu’il y aurait tant à montrer sur ce que fut l’aventure du nucléaire français. De toutes les choses dont on a privé notre jeunesse, la plus grande privation est certainement le vol de la mémoire.

A ce propos, une anecdote racontée par un ami qui est passé par l’ENA : Lors de la beuverie qui met fin à la « semaine d’intégration » à cette vénérable école aujourd’hui disparue, et durant laquelle après un débat acharné la promotion entrante choisit son nom, mon ami a proposé au débat le nom de Raoul Dautry (3). « Raoul qui ? » fut la réponse de ses condisciples. Imaginez-vous : pour des jeunes cultivés que sont les énarques nouvellement recrutés, censés connaître par le détail l’histoire administrative et institutionnelle de leur pays, le nom de Dautry, qui joua un rôle fondamental dans la reconstruction, qui participa à la création d’institutions aussi marquantes que le CEA ou la SNCF, n’évoque plus le moindre souvenir, la moindre référence. Il est vrai qu’il n’a jamais fait l’objet d’un film ou d’un biopic (4) pas plus qu’on ne songe – n’étant ni femme, ni membre d’une minorité visible – à le faire rentrer au Panthéon. Médiatiquement, Dautry n’existe pas. Et de nos jours, ce qui n’existe pas médiatiquement n’existe pas tout court. Et cette amnésie ne touche pas que « la France d’en bas ». Même les énarques sont les victimes de cette occultation.

Tapie était régulièrement dans le fenestron quand il était vivant, et on a droit périodiquement à une piqure de rappel – toujours bienveillante – de ses frasques depuis qu’il est mort. Même dans pour son (court) passage en prison ou sa démission honteuse, il est portraituré dans le rôle de la victime. Je ne me souviens pas d’avoir vu une seule émission sur Marcel Boiteux, sa vie et son œuvre, depuis au moins vingt ans. Les frasques de Tapie, que nous avons tous payés de notre poche, sont connus de tous, l’œuvre positive d’un Boiteux, dont nous profitons encore aujourd’hui, est oubliée en dehors des cercles restreints de technocrates – au bon sens du terme – pour qui il reste une référence. Alors que le décès de Boiteux n’est même mentionné aux journaux télévisés, Tapie droit à un biopic sorti ces jours-ci et qui bénéficie d’un accueil médiatique tout à fait bienveillant pour ne pas dire plus (5). Je prends les paris que Boiteux ne bénéficiera jamais d’un tel honneur. Et cela pour une raison simple : Tapie représente les valeurs d’une classe dominante, celle qui au tournant des années 1980 s’est vautrée dans les « années fric », qu’elle évoque toujours avec nostalgie, comme en témoigne la révérence avec laquelle elle parle toujours de cette période. Tapie, c’était le bon temps, celui de l’insouciance, celui où un peu de bagout vous amenait loin. Boiteux représente des valeurs de ténacité, de sacrifice de soi, d’effort, d’engagement, du travail bien fait, valeurs rejetées par la classe qui aujourd’hui contrôle l’espace idéologique, culturel, médiatique. Des valeurs d’une France « de grand papa », « rance », à mille lieux de l’idéologie libérale-libertaire qui est dominante aujourd’hui. Lorsqu’un grand site de paris en ligne tapisse le métro parisien d’affiches proclamant que « le plus important c’est de gagner », c’est la vision de Bernard Tapie qui nous est proposée. Et le fait que ces affiches ne provoquent pas le rejet – ce qui aurait été le cas il y a quarante ans – montre combien cette idéologie s’est imposée depuis, jusqu’à devenir naturelle.

Marcel Boiteux était un survivant, un témoin d’une autre époque, le porteur de valeurs démodées dans notre monde néolibéral. Ceux qui choisiront de les garder vivantes, un peu comme les hommes qui apprenaient les livres par cœur dans le « Fahrenheit 451 » de Bradbury, continuer ses combats, dans l’obscurité que n’éclaireront pas les médias, trop occupés à faire la promotion des « gagnants » éphémères. Et s’il existe un paradis pour les constructeurs, Marcel Boiteux doit y être, et discute peut-être amicalement avec un autre Marcel, Paul de son nom (6), lui aussi un grand oublié. Un autre Marcel avec lequel il était en désaccord sur beaucoup de choses, mais dont l’œuvre se confond avec la sienne. Preuve s’il en fallait une qu’il est possible de réunir autour d’un grand projet collectif des hommes que leurs origines et leurs idées séparent, pour peu qu’ils partagent le sens de l’intérêt général. Dans ces temps de recul et de confusion, cela fait du bien de se le rappeler.

Descartes

(1) Le CEA ne s’est jamais totalement remis de ce choix. Pour comprendre l’affaire, il faut aussi voir que les priorités du CEA et d’EDF n’étaient pas les mêmes. Pour EDF, la priorité était de se doter de réacteurs économiquement efficients et fiables pour la production d’électricité. Pour le CEA, c’était la production de radio-isotopes, et surtout de plutonium de qualité militaire, ce que permettaient les réacteurs graphite-gaz, mais pas ceux à eau pressurisée.

(2) On oublie maintenant que Tapie fait fortune dans les années 1980 en rachetant des entreprises en difficulté. Ces rachats étaient souvent rendus possibles par des aides publiques importantes consenties par des élus désespérés voulant à tout prix maintenir des activités dans le contexte de chômage de masse naissant. Une fois rachetées, et après une période de décence aussi courte que possible, le personnel était licencié, l’entreprise dépecée et ses actifs vendus. Les piles Wonder sont l’exemple le plus achevé de cette technique.

(3) Polytechnicien, entré à la compagnie des chemins de fer du Nord, il met en place en 1914 « la voie des cent jours » permettant de ravitailler les troupes efficacement. Il dirigera ensuite les chemins de fer de l’Etat, et participera à la nationalisation des chemins de fer et à la création de la SNCF en 1936. Ministre de l’Armement entre septembre 1939 et juin 1940, il fera l’impossible pour mettre l’industrie française en ordre de marche pour équiper les armées. C’est lui qui organise la récupération du stock d’eau lourde norvégien puis sa mise en sécurité en Grande Bretagne. Il passera la guerre 1939-45 retiré à Lourmarin, où il prépare discrètement la reconstruction industrielle du pays. Cela lui vaudra d’être nommé ministre de la reconstruction et de l’urbanisme au GPRF de 1944 à 1946, puis administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique nouvellement créé, dont il est l’un des promoteurs et des fondateurs.

(4) Il apparaît, jouant son propre rôle, dans le film de 1948 « La bataille de l’eau lourde » de Jean Dreville, à côté de plusieurs acteurs de l’épisode, dont Lev Kowarski et Frédéric Joliot. A l’époque, on savait mettre en valeur ce genre de personnage, ce genre d’évènement. Oh tempora, o mores…

(5) Le fait que le biopic en question soit réalisé par Tristan Séguéla, fils de Jacques, dont on connait l’entregent dans le milieu médiatique, n’a certainement aucun rapport avec cette bienveillance.

(6) Par une étrange coïncidence, le deuxième prénom de Marcel Boiteux, tel qu’il figure dans le décret qui lui confère la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur, est Paul…

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

23 réponses à Un héros très discret

  1. Bertrand dit :

    En ce qui concerne la vision médiatique, Les Echos et le Figaro y sont eux allés de leur hommage respectable. Et pour anecdote, un post twitter d’un pro-nucleaire américain sur la vie de Marcel Boiteux a aussi eu droit a un buzz et succes relatif (https://twitter.com/energybants/status/1700882584287223909).
    Ce n’est qu’un example, mais je trouve que cela illustre bien les dérives de plaques tectoniques politico-idéologiques des dernieres décennies…
     

     

     

     
     

    • Descartes dit :

      @ Bertrand

      Le texte en question mérite d’être traduit et publie in extenso:

      “Le plus grand homme dont vous n’avez jamais entendu parler est décédé cette semaine, le mercredi 6 septembre.

      Marcel Boiteux a construit le parc nucléaire français à la tête de la compagnie nationale EdF, en prenant des décisions superbes et clairvoyantes contre de puissants intérêts bien établis.

      Des décisions telles que l’abandon des réacteurs à gaz français, peu performants, au profit de la technologie exceptionnelle de Westinghouse. En insistant sur une standardisation impitoyable qui permettait un véritable apprentissage par la pratique, ses équipes réalisant plusieurs réacteurs par an pendant plus d’une décennie.

      Le parc qu’il a construit fournit 70 % de l’électricité française, et sans le sabotage de ses successeurs faibles et stupides au sein et à l’extérieur du gouvernement français, il devrait produire 50% de plus que les 56 réacteurs ne produisent aujourd’hui.

      Le parc de réacteurs de Boiteux (plus quelques unités supplémentaires après sa retraite) a coûté environ 150 milliards de dollars. Comparez cela avec l’Allemagne qui dépense environ 500 milliards de dollars pour sa « transition énergétique » qui l’oblige à maintenir presque toutes ses centrales au charbon et à gaz en service.

      Dans sa jeunesse, Marcel Boiteux a refusé d’accepter la défaite de la France et, à 21 ans, en 1942, alors qu’il était étudiant d’élite, il s’échappa de la France occupée par les nazis tout en escortant au-delà des Pyrénées les pilotes alliés abattus, pour les mettre en sécurité en Espagne.

      De l’engagement, du courage.

      Cet épisode a révélé le schéma du reste de sa vie.

      Après la guerre, il a étudié l’économie et a rédigé LE document fondateur de l’économie de l’électricité, sur la manière de fixer le prix du service électrique de manière à couvrir les coûts du système tout en étant juste et durable.

      Il comprenait parfaitement l’économie libérale et savait qu’elle ne s’appliquait pas aux réseaux et services électriques. Il a construit une énergie bon marché pour tous, et vu, après sa retraite, une bande d’économistes pathétiques briser le réseau avec des « marchés » idiots qui échouent partout dans le monde.

      Il gravit rapidement les échelons du service public après avoir obtenu son diplôme universitaire et, après sa nomination à la tête d’Électricité de France, construisit avec succès le système énergétique le plus étonnant de l’histoire du monde, prouvant pour toujours qu’un pays pouvait véritablement compter sur son propre parc de réacteurs nucléaires standardisés pour produire une énergie sans émissions à faible coût.

      Des terroristes antinucléaires ont fait exploser une bombe devant la porte de la maison familiale en 1977, mais il a continué à construire.

      Cela a dû être une torture pour ce véritable grand homme de voir pendant vingt ans des dirigeants imbéciles et superficiels commencer à détruire son bien-aimé EDF et sa flotte de réacteurs, conduisant la France tout droit dans sa pire crise énergétique depuis le choc pétrolier de 1973 qui avait déclenché le projet de construction du parc nucléaire en premier lieu.

      Mais il n’a pas eu l’idée d’un parc nucléaire permettant une électrification totale de l’économie en raison de la crise pétrolière. Il était trop prophétique pour être un simple réactionnaire. Au contraire, il a proclamé le slogan « Tout nucléaire, tout électrique » quelques mois avant l’embargo de l’OPEP en 1973.

      Marcel Boiteux est décédé cette semaine à l’âge de 101 ans.”

      L’auteur est Mark Nelson, un chercheur britannique spécialiste de l’énergie. Et je peux confirmer que dans les milieux sachants en Grande Bretagne, EDF est regardé comme un modèle. J’ai pu le constater moi-même: lors d’un déplacement professionnel il y a déjà plus d’une décennie, j’ai eu l’occasion de discuter avec le ministre de l’énergie britannique, qui me vantait les performances du parc nucléaire français, comparées aux difficultés du parc britannique. Je lui avais répondu que je ne pouvais que l’encourager à construire lui aussi un parc standardisé. Ce à quoi il m’avait répondu tristement “je voudrais bien, mais nous n’avons pas la chance que vous avez d’avoir EDF”…

      [Ce n’est qu’un example, mais je trouve que cela illustre bien les dérives de plaques tectoniques politico-idéologiques des dernieres décennies…]

      Mais aussi de ces dernières années. Je trouve d’ailleurs intéressant de constater combien la réaction des différents médias trace une ligne assez nette entre des “libéraux-libertaires” qui ont oublié qui était Boiteux, une bienpensance qui ne voit en lui que “le chantre du tout nucléaire”, et un ensemble qu’on pourrait qualifier de souverainiste qui lui rend hommage.

  2. Le petite communauté de vos lecteurs acharnés lira cet article sans vouloir en retrancher une virgule mais aussi avec la nostalgie qui nous étreint lorsque nous considérons le recul des consciences publiques et le gaspillages des potentialités de notre pays.
     
    Un article assez bienveillant ici (avec le rappel de l’attentat) : https://www.lefigaro.fr/entrepreneur/deces-de-l-ancien-president-d-edf-marcel-boiteux-a-101-ans-20230907

    • Descartes dit :

      @ Gerard Couvert

      [Un article assez bienveillant ici (avec le rappel de l’attentat) (…)]

      Très bel article, l’un des rares qui laisse transpirer une certaine émotion. La plupart des médias qu’on pourrait qualifier de “conservateurs” se sont contentés d’une dépêche rappelant en quelques points le parcours de Boiteux sous un titre neutre, ceux qualifiés de “progressistes” ont été plus fielleux… quand ils ne l’ont pas passé sous silence. Ainsi, pour ne donner qu’un exemple extrême, je n’ai pas réussi à trouver dans “l’Humanité” la moindre référence à la disparition de Boiteux – un comble! Ce n’est que dans “progressistes”, dernier refuge au PCF des militants attachés à la science et l’industrie, qu’on y trouve un hommage, d’ailleurs aigre-doux, puisqu’on reproche à Boiteux d’avoir été un “patron de choc”. Curieusement, l’hommage de la Fédération des mines et de l’énergie de la CGT ne contient pas ce genre de réserve…

  3. Magpoul dit :

    Bonjour !
    Je fais partie de ceux qui n’ont jamais entendu le nom de Marcel Boiteux à l’école. C’est grâce à votre blog que j’en ai fais la connaissance. Je vous remercie fortement, étant toujours en quête de modèles à suivre. Au fond, pour ceux qui souhaitent garder la flamme nationale intacte, le bouche à oreille est toujours efficace, en attendant que ces figures refassent surface et que les escrocs comme Tapie soient oubliés à jamais. 
    D’ailleurs, auriez-vous des ouvrages à recommander pour connaitre l’histoire du nucléaire français? Lesquels font, selon vous, référence? Avez-vous lu l’autobiographie de Mr. Boiteux? 
    Encore merci !
     

    • Descartes dit :

      @ Magpoul

      [Je fais partie de ceux qui n’ont jamais entendu le nom de Marcel Boiteux à l’école.]

      Comme beaucoup de monde, j’imagine. Il faut dire que l’école, en abandonnant toute volonté de transmettre un roman national, a banni de son projet le culte des grands hommes, cherchant plutôt à « déconstruire » les grandes figures de l’histoire qu’a en faire des exemples et des modèles. C’est ainsi que Colbert est devenu un affreux esclavagiste, Robespierre un fou terroriste, Napoléon un conquérant sans scrupules… et après on se plaint que la jeunesse n’ait pas de modèles…

      [D’ailleurs, auriez-vous des ouvrages à recommander pour connaitre l’histoire du nucléaire français ? Lesquels font, selon vous, référence ? Avez-vous lu l’autobiographie de Mr. Boiteux ?]

      En fait, il n’y a pas encore de véritable bibliographie historique sur le nucléaire français. La chose est trop politique encore pour que l’historien puisse travailler sérieusement sur la question. Il existe par contre des témoignages des principaux acteurs de la chose. L’autobiographie de Marcel Boiteux est très intéressante, mais ne touche la question que marginalement. Vous pouvez tenter de Lionel Taccoen, « Le pari nucléaire français : Histoire politique des décisions cruciales » , et de Boris Dänzer-Kantof et Félix Torres, « L’Énergie de la France. De Zoé aux EPR, l’histoire du programme nucléaire ». On m’a aussi recommandé de Nicole Colas-Linhart et Anne Petiet, « La saga nucléaire : Témoignages d’acteurs ».

      Pour Raoul Dautry, je conseille encore et toujours « Les français de l’an 40 » de Crémieux-Brilhac, et notamment le tome 2 qui aborde en détail l’action de Dautry au ministère de l’armement.

      • Magpoul dit :

        @Descartes
        Je vous remercie pour ces conseils !
        Je lis actuellement le dernier tome des mémoires de guerre et Dautry y est souvent mentionné. Je trouve très intéressants les commentaires du Général sur le régime des partis et l’attitude des “politiques” après la Libération. Il y a beaucoup de parallèles à tisser avec les parlementaires d’aujourd’hui qui sont plus des “tacticiens”, comme vous définissez souvent Mélenchon. De Gaulle disait de Blum que celui-ci préférait œuvrer à la reconstruction de son parti plutôt que du pays…
        Je me demande si les choses ont finalement évolué. J’ai l’impression que notre pays souffre souvent de ce personnel politique médiocre qui le mène dans le mur, avant de générer une crise telle qu’elle balaye la mélasse pour faire place à une période glorieuse et éphémère. Je garde foi néanmoins, la France a connu bien pire que notre situation actuelle. 

        • Descartes dit :

          @ Magpoul

          [Je lis actuellement le dernier tome des mémoires de guerre et Dautry y est souvent mentionné. Je trouve très intéressants les commentaires du Général sur le régime des partis et l’attitude des “politiques” après la Libération. Il y a beaucoup de parallèles à tisser avec les parlementaires d’aujourd’hui qui sont plus des “tacticiens”, comme vous définissez souvent Mélenchon. De Gaulle disait de Blum que celui-ci préférait œuvrer à la reconstruction de son parti plutôt que du pays…]

          Moins un parti est guidé par une idéologie, et plus il est sensible aux intérêts personnels de ses dirigeants. Ce n’est pas par hasard si De Gaulle s’est mieux entendu avec les dirigeants communistes, malgré les énormes différences idéologiques, qu’avec les dirigeants MRP ou SFIO. L’importance prise par la tactique sur la stratégie illustre en fait la « désidéologisation » des partis politiques.

          [Je me demande si les choses ont finalement évolué. J’ai l’impression que notre pays souffre souvent de ce personnel politique médiocre qui le mène dans le mur, avant de générer une crise telle qu’elle balaye la mélasse pour faire place à une période glorieuse et éphémère.]

          Oui, les choses ont évolué, et pas en bien. A côté des politiciens, la France pouvait compter sur une haute fonction publique dévouée et compétente capable de faire fonctionner le pays et d’assurer la continuité des politiques malgré l’instabilité gouvernementale. Aujourd’hui, cette fonction publique a été saccagée par des nominations qui n’ont plus rien à voir avec la compétence, par des allers-retours obligatoires vers le privé qui fabriquent des conflits d’intérêt à ne plus en finir, par la suppression des corps et la multiplication des contractuels.

          [Je garde foi néanmoins, la France a connu bien pire que notre situation actuelle.]

          Oui, mais jamais pendant aussi longtemps…

          • Louis dit :

            @Descartes

             
            [Je garde foi néanmoins, la France a connu bien pire que notre situation actuelle.]
            Oui, mais jamais pendant aussi longtemps…

             
            En êtes-vous sûr ? Sans doute pourriez-vous trouver à redire sur ce qu’on appelle la France, mais enfin, les premiers règnes de la maison de Valois, sont catastrophiques et s’étalent sur un siècle, même s’il est vrai que Charles V offre un intermède relativement long. En revanche, les règnes successifs de Louis XV et de Louis XVI sont pratiquement aussi désastreux, et ne souffrent aucun intermède, tout en étant au moins aussi long que le reflux néolibéral que nous subissons.
             
             

            • Descartes dit :

              @ Louis

              [En êtes-vous sûr ? Sans doute pourriez-vous trouver à redire sur ce qu’on appelle la France, mais enfin, les premiers règnes de la maison de Valois, sont catastrophiques et s’étalent sur un siècle, même s’il est vrai que Charles V offre un intermède relativement long.]

              La comparaison avec cette période est difficile, d’une part parce que l’Etat, au sens moderne du terme, n’était pas constitué. Les Valois avaient certes le trône, mais devaient compter avec une noblesse dont certaines familles étaient aussi puissantes qu’eux. Ce n’est qu’avec Louis XI (certains diront plutôt Louis XIII) qu’on peut vraiment comparer avec nos gouvernements modernes. Pour le règne de Louis XV, étais-ce vraiment une situation pire que l’actuelle ? Je ne suis pas sûr. Certes, la position de la France s’affaiblit un peu en Europe, mais du point de vue de la vie intellectuelle et économique, c’est plutôt une période d’expansion.

  4. vice-amiral DEBRAY dit :

    Je considère comme une chance et un honneur d’avoir été proche du Président Boiteux dans les dernières années de sa vie, et je suis heureux de lire le long texte ci-dessus. Je tiens à dire , en tant qu’ancien militaire, que les quelques mois de jeunesse de Marcel Boiteux qu’il a consacrés au service de la France sous l’uniforme, comme sous-lieutenant du génie en Italie étaient au milieu des pires dangers car il faisait  du déminage, avec les hommes qu’il commandait… et chacun, à tout instant, risquait “d’y passer” !!! Ce sont là des choses qu’il faut savoir et qu’il faut dire. Honneur à lui, et merci à ceux qui parlent si bien de son oeuvre!                                                                              

    • Descartes dit :

      @ vice-amiral DEBRAY

      [Honneur à lui, et merci à ceux qui parlent si bien de son oeuvre!]

      Je vous remercie. Je peux vous assurer que venant de quelqu’un qui a votre trajectoire, vos paroles me vont droit au cœur. Je n’ai pas eu, comme vous, la chance d’être proche de Marcel Boiteux, et je suis trop jeune pour avoir pu travailler sous sa direction. J’ai eu l’opportunité de le croiser une dizaine de fois, et à chaque fois j’étais frappé par son intelligence, sa culture, son écoute, sa sympathie. Ses qualités personnelles qui l’ont fait aimer et respecter par tous ceux qui l’ont connu, ajoutés à l’œuvre considérable qu’il laisse derrière lui devraient faire un exemple pour notre jeunesse, si seulement notre école était bien faite.

  5. pzorba75 dit :

    Sur Raoul Dautry, la prudence sur son action sous le gouvernement Daladier devrait être de mise, certains pensent que ce gouvernement et nombre de gouvernements précédents, avaient, avec succès, fait le choix de la défaite pour permettre la victoire de la Nouvelle Europe face au bolchévisme qu’il était prioritaire d’abattre.
    Ce qui fut finalement réalisé avec succès et un peu de patience.
    Le monde des cheminots connaît R. Dautry, et aussi P. Semard que les collaborateurs français successeurs des gouvernements Daladier – Pétain- Dautry, ministre de l’Armement, excusez du peu, avaient emprisonné et livré aux allemands pour le passer par les armes et le mettre hors d’état de nuire.
    Honte à ces collaborateurs!

    • Descartes dit :

      @ pzorba75

      [Sur Raoul Dautry, la prudence sur son action sous le gouvernement Daladier devrait être de mise, certains pensent que ce gouvernement et nombre de gouvernements précédents, avaient, avec succès, fait le choix de la défaite pour permettre la victoire de la Nouvelle Europe face au bolchévisme qu’il était prioritaire d’abattre.]

      Par « certains » j’imagine que vous visez Annie Lacroix-Riz, qui expose cette thèse dans « Le choix de la défaite ». Dans son ouvrage, elle cite des exemples de personnalités qui ont effectivement fait « le choix de la défaite », mais ces personnalités sont trop peu nombreuses pour pouvoir déduire qu’il y eut une « grande conspiration » de la banque et de la politique pour préparer la défaite. Que le grand capital ait voulu de toutes ses forces la défaite de la première expérience socialiste, c’est un fait. Qu’il se soit engagé dans une stratégique diabolique de favoriser la défaite de 1940 pour améliorer les chances de l’Allemagne de gagner la guerre, cela paraît plus douteux. D’autant plus que c’est cette défaite qui a préparé l’échec à long terme de l’expérience. Si l’Allemagne nazi, au lieu d’attaquer la France et ses alliés, avait recherché une alliance avec la Grande Bretagne et la France contre l’URSS, ses chances auraient été bien meilleures…

      [Le monde des cheminots connaît R. Dautry, et aussi P. Semard que les collaborateurs français successeurs des gouvernements Daladier – Pétain- Dautry, ministre de l’Armement, excusez du peu, avaient emprisonné et livré aux allemands pour le passer par les armes et le mettre hors d’état de nuire.]

      Dans ce « gouvernement Daladier-Pétain-Dautry », vous devriez inclure De Gaulle, qui y fut sécretaire d’Etat à la guerre du 6 au 16 juin 1940, probablement grâce à l’appui de Pétain… comme vous voyez, le monde est plus compliqué qu’on ne le croit. Difficile de mettre les gentils d’un côté, les méchants de l’autre. Je vous conseille la lecture du deuxième tome de « Les français de l’an 40 » de Crémieux-Brilhac, un auteur qu’on peut difficilement considérer favorable à la collaboration ou à l’Union européenne. Il dresse un tableau très vivant du caractère et de l’action de Dautry au ministère de l’armement. A cela, il faudrait ajouter son action lors de la reconstruction après 1945…

  6. Robert Val dit :

     

    Bien qu’en phase avec vous sur cet article, cela ne m’empêchera pas de faire une digression sur les remarques que vous m’avez adressées sur un article précédent.

    Qu’ai-je donc dit pour que vous me retourniez le reproche que je vous faisais d’être condescendant ?

    Je vous ai seulement fait part de ma déception quant à votre attitude.

    Et alors ? Me suis-je placé à un niveau supérieur, ai-je adopté un ton dogmatique ou professoral, ai-je dénigré vos pensées ou votre personne ?

    Du tout, mais au fait, pourquoi cette déception ? Parce que vous éludez le débat en mettant en œuvre les mêmes techniques que vous reprochez à vos adversaires de la NUPES, soit l’inversion accusatoire, le déni, la mauvaise foi et la tentation de vous justifier en prenant vos lecteurs à témoin.

    Cela s’appelle de la dissonance cognitive.

    Vous déformez mes propos, en déduisez des intentions que je n’ai pas, usez de raccourcis, niez des évidences, demandez des sources à tout propos, alors qu’elles sont étalées sur la place publique, affirmez que je n’ai pas d’arguments, juste après vous signalé que je ne comptais pas poursuivre le dialogue…

    De nous deux, si quelqu’un ne comprend pas ce qu’est le totalitarisme, c’est vous, mais de la part de quelqu’un qui n’a pas vraiment rompu avec le communisme, ce n’est pas surprenant.

    • Descartes dit :

      @ Robert Val

      [Qu’ai-je donc dit pour que vous me retourniez le reproche que je vous faisais d’être condescendant ? Je vous ai seulement fait part de ma déception quant à votre attitude.]

      Et en retour, je vous ai fait part de ma déception quant à la vôtre. Où est le problème ? Si vous vous accordez le droit de dire aux autres ce que vous pensez d’eux, vous ne devriez pas vous étonner que les autres vous retournent vos compliments.

      [Et alors ? Me suis-je placé à un niveau supérieur, ai-je adopté un ton dogmatique ou professoral, ai-je dénigré vos pensées ou votre personne ?]

      Oui. Et vous le refaites encore dans ce message. Voici ce que vous écrivez ci-dessous : « De nous deux, si quelqu’un ne comprend pas ce qu’est le totalitarisme, c’est vous ». Vous vous donnez le droit de juger qui « comprend » et qui « ne comprend pas ». Si ce n’est pas là « se placer à un niveau supérieur » et « adopter un ton dogmatique et professoral »…

      Et ensuite vous ajoutez : « mais de la part de quelqu’un qui n’a pas vraiment rompu avec le communisme, ce n’est pas surprenant ». N’est-ce pas là « dénigrer mes pensées ou ma personne » ?

      Oui, vous vous êtes placé dans une position professorale, dogmatique, et méprisante de mes idées. Et vous continuez à le faire chaque fois qu’au lieu d’argumenter sur le fond vous vous placez dans la position de la victime et prétendez me donner des leçons de maintien. Je suis désolé de vous le dire dans des termes crus, mais j’ai horreur de ça.

      [Vous déformez mes propos, en déduisez des intentions que je n’ai pas, usez de raccourcis, niez des évidences, demandez des sources à tout propos, alors qu’elles sont étalées sur la place publique, affirmez que je n’ai pas d’arguments, juste après vous signalé que je ne comptais pas poursuivre le dialogue…]

      Je ne comprends pas votre « déception ». Après tout, « de la part de quelqu’un qui n’a pas vraiment rompu avec le communisme, ce n’est pas surprenant ». C’est vous-même qui le dites… alors en quoi mon attitude devrait vous surprendre ?

      Pour ce qui me concerne, le sujet est clos.

      • Robert Val dit :

         

        Pour ce qui me concerne, le sujet est clos.

        En ce qui me concerne, ceci sera mon dernier message, que vous y répondiez ou non.

        Si vous vous accordez le droit de dire aux autres ce que vous pensez d’eux, vous ne devriez pas vous étonner que les autres vous retournent vos compliments.

        Sauf que je ne me suis pas montré condescendant avec vous, désagréable sûrement, car je ne supporte pas la malhonnêteté intellectuelle. r

        Oui. Et vous le refaites encore dans ce message. Voici ce que vous écrivez ci-dessous : « De nous deux, si quelqu’un ne comprend pas ce qu’est le totalitarisme, c’est vous ».

        Avez-vous bien écrit que toutes les religions sont totalitaires, ou non ?
        Certaines le sont, d’autres non : les religions se fondent sur un dogme, mais il ne faut pas confondre dogmatisme et totalitarisme.
        Si le dogme est librement consenti par les fidèles, que ceux-ci peuvent changer d’avis et ne cherchent pas à imposer à tout un chacun leur vision de la société par la force ou la ruse, je ne vois pas où est le problème.
        Votre pensée est bien confuse, entre religions, sectes, détournements de dogmes religieux à des fins politiques et totalitarisme ; voilà pourquoi je vous ai dit, à juste titre, que vous n’aviez rien démontré du tout.

        Et ensuite vous ajoutez : « mais de la part de quelqu’un qui n’a pas vraiment rompu avec le communisme, ce n’est pas surprenant ». N’est-ce pas là « dénigrer mes pensées ou ma personne » ?

        Vous sous-entendez donc que se revendiquer communiste vaut dénigrement. Pas moi, qui fus longtemps un sympathisant communiste, parce que je ne voulais alors voir que les aspects positifs du dogme.

        Je ne comprends pas votre « déception ».

        Ma déception vient du fait que vous torpillez à dessein le débat, sitôt que l’on vous contredit, même sur des détails anecdotiques ; relisez les réponses que vous faites aux autres intervenants.
        En tout cas, tous les totalitarismes ont pour dénominateur commun d’être sous la coupe de personnalités perverses, qui sont persuadées de détenir la Vérité, rejettent avec véhémence toutes les opinions qui les contredisent, veulent confisquer le débat, ne se remettent jamais en question, se vautrent dans la dissonance cognitive, n’éprouvent ni empathie ni remords, d’où les oppressions diverses qu’elles imposent à autrui, sans la moindre vergogne…
        Bien que ne voulant porter aucun jugement sur votre personne, je suis obligé de constater, à travers nos échanges, que vous cochez plusieurs cases.
         

  7. Marge dit :

    Excellent article !
    Où sont les hommes et femmes comparables à un Marcel Boiteux aujourd’hui ?
    C’est terrible d’assister impuissant à la destruction de la France par des voyous comme Tapie et les autres.
    Je conseille l’allocution d’Henri Proglio, président d’honneur d’EDF, qui explique à des députés inutiles comment EDF a été détruit :

    • Descartes dit :

      @ Marge

      [Où sont les hommes et femmes comparables à un Marcel Boiteux aujourd’hui ?]

      Si cela peut vous rassurer, ils existent, et j’en rencontre pas mal dans mon milieu professionnel ou amical. Seulement, ils sont cantonnés dans des fonctions secondaires, loin de la lumière médiatique et des premiers rôles. Et, pour reprendre le mot de Camus, ils consacrent l’énergie qu’on pourrait utiliser à refaire le monde à la tâche beaucoup plus frustrante de l’empêcher de se défaire. S’ils n’étaient pas là…

      Quand vous voyez ce qu’est aujourd’hui la haute fonction publique, vous aves l’impression d’un énorme gâchis de capacités et de compétences. Un peu comme si De Gaulle avait demandé à Boiteux non pas de construire un parc nucléaire, mais de préparer une campagne de communication.

      [Je conseille l’allocution d’Henri Proglio, président d’honneur d’EDF, qui explique à des députés inutiles comment EDF a été détruit (…)]

      Le parcours de Proglio est intéressant. Quand il arrive à la tête d’EDF (venant de Véolia), il tenait le discours classique du grand patron façon MEDEF, genre « EDF va devenir une entreprise comme les autres »… et en quelques mois il a été séduit par l’esprit maison, par la qualité de ses cadres et le sérieux de son modèle, jusqu’à en devenir l’un de ses plus farouches défenseurs. Curieuse métamorphose pour celui qui, à l’époque, était censé « normaliser » EDF.

      • FB dit :

        Bonjour,Cette allocution de Proglio à l’Assemblée Nationale est très instructive. Voici la vidéo complète: https://www.youtube.com/watch?v=E1bFTTMGPuM.Mais il y a mieux. A 1h24min32s, Proglio aborde le couple franco-allemand et en donne une image suggestive. Alors que les intervenants parlent depuis plus d’une heure de souveraineté, d’avenir du pays et des moyens de recouvrer une indépendance nationale, une députée de gauche (Julie Laernoes) intervient. Pittoresque et caractéristique de ce que sont devenues les priorités de la gauche en France aujourd’hui…

        • Descartes dit :

          @ FB

          [Alors que les intervenants parlent depuis plus d’une heure de souveraineté, d’avenir du pays et des moyens de recouvrer une indépendance nationale, une députée de gauche (Julie Laernoes) intervient. Pittoresque et caractéristique de ce que sont devenues les priorités de la gauche en France aujourd’hui…]

          Difficile de mieux illustrer le dicton chinois: “quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt”. Malheureusement, la gauche est, avec de rares et honorables exceptions, dans cette logique: s’attacher aux détails et négliger l’essentiel. L’analogie de Proglio, qui comparait le “couple franco-allemand” à un couple dont la France serait la femme n’était en rien sexiste. En toute rigueur, elle était tout à fait adaptée, puisque la France est représentée historiquement sous la forme d’une femme (Marianne), alors que l’Allemagne s’est choisie des symboles bien plus “masculins” (l’aigle). Et qui plus est, la question de savoir qui était la femme dans le couple n’était pas le point essentiel, et Proglio en homme intelligent l’a retirée sans difficulté, pour bien marquer que le point était ailleurs. S’il avait eu plus d’humour, il aurait joué sur le fait que “Allemagne” et “France” sont tous deux des noms féminins, et qu’il s’agissait donc d’un couple lesbien. Cela aurait probablement cloué le bec à l’élue en question…

      • optimiste? dit :

        [Seulement, ils sont cantonnés dans des fonctions secondaires, loin de la lumière médiatique et des premiers rôles.]
        En effet. Ce matin à la radio on parlait de la réception pour le roi Charles III à Versailles, en présence de “personnalités comme Charlotte Gainsbourg, Mick Jagger, Stéphane Bern”. Cela m’a fait penser à votre billet. Je n’ai rien contre acteurs et chanteurs, mais les gents qui nous dirigent ne savent pas penser à d’autres “personnalités”  pour représenter ce qui se fait de mieux en France ? Pourquoi invite-t-on la telle actrice, et on n’invite pas, par exemple, un Alain Aspect, dernier prix Nobel de physique ?
         

        • Descartes dit :

          @ optimiste?

          [En effet. Ce matin à la radio on parlait de la réception pour le roi Charles III à Versailles, en présence de “personnalités comme Charlotte Gainsbourg, Mick Jagger, Stéphane Bern”. Cela m’a fait penser à votre billet. Je n’ai rien contre acteurs et chanteurs, mais les gens qui nous dirigent ne savent pas penser à d’autres “personnalités” pour représenter ce qui se fait de mieux en France ? Pourquoi invite-t-on la telle actrice, et on n’invite pas, par exemple, un Alain Aspect, dernier prix Nobel de physique ?]

          Attention, là il y a un double filtre. Est-ce l’Elysée qui n’aurait invité que des chanteurs et des personnalités médiatiques, ou est-ce le journaliste de la radio qui, en voyant la liste d’invités, n’a remarqué que ce genre de personnalité ? Parce que pour la plupart des journalistes, le nom d’Alain Aspect est à peu près inconnu, alors que Birkin ou Bern, ils voient tout de suite qui c’est. Il serait intéressant de voir parmi les invités combien de personnalités « substantielles » ont été invitées à côté des personnalités médiatiques.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *